Acceptabilité des zones à faibles émissions - Les enseignements à tirer de l'expérience des pays européens - Appui à Mme Barbara Pompili
LAMBERT, Patrick ;SCHWOB, Bernard
Auteur moral
France. Inspection générale de l'environnement et du développement durable (IGEDD)
Auteur secondaire
Résumé
<div style="text-align: justify;">La transition écologique fait l'objet d'attentes fortes pour limiter les conséquences dommageables du changement climatique, des pollutions et de la perte de biodiversité, tout en suscitant aussi des appréhensions liées à une éventuelle remise en question des modes de vie. Les zones à faibles émissions, politiques ambivalentes, ont pour objectif d'améliorer la qualité de l'air, mais limiteraient la liberté de déplacement des personnes. Pour améliorer l'acceptabilité des zones à faibles émissions (ZFE) en France, la méthode de la mission a consisté à étudier les ZFE existantes dans d'autres pays européens en privilégiant les pays où les ZFE concernent les véhicules des particuliers et non les seuls poids lourds (Royaume-Uni, Pays-Bas, Belgique, Allemagne, Italie et Espagne). Les risques de la mauvaise qualité de l'air sur la santé ont fait l'objet d'études menées déterminant le nombre annuel de décès prématurés imputables à la pollution par les particules fines et le dioxyde d'azote. La conception des ZFE varie en fonction de critères dont les principaux sont le périmètre géographique couvert, le niveau d'exigences en termes d'émissions de polluants, (exprimé en fonction de la norme Euro), le calendrier d'évolution éventuel de ces exigences, et les véhicules concernés. En se concentrant sur les ZFE couvrant un large périmètre et ciblant à la fois les véhicules des particuliers et des poids lourds, la mission a mis en évidence un ensemble de ZFE bien acceptées à Amsterdam, Madrid, Londres, Bruxelles, Stuttgart et Milan. Les ZFE sont un outil efficace pour améliorer la qualité de l'air dans les villes, les émissions de polluants des véhicules bénéficiant des normes les plus récentes étant nettement plus faibles. Dans la perspective d'une révision prochaine de la directive européenne sur la qualité de l'air, les autres villes de plus de 150 000 habitants devraient se préparer aux nouvelles règles plus exigeantes à respecter pour 2030. La perception d'une ZFE utile joue dans son acceptabilité : la concertation préalable et l'information du public étant essentiels, par les messages sur les enjeux de la qualité de l'air en matière de santé, sans que les ménages et les entreprises se sentent entravés dans leur mobilité. La ZFE doit s'inscrire dans une démarche globale incluant le développement des transports publics, du vélo et des services de mobilité. En outre, les entreprises, intervenant souvent sur plusieurs ZFE, attendent une harmonisation des règles. La mission recommande un renforcement du dispositif de soutien financier sur les territoires en dépassement des valeurs limites de pollution, avec notamment l'augmentation du montant des aides de l'État pour les entreprises installées à proximité du périmètre et intervenant dans la ZFE. Le réexamen du dispositif devrait être effectué en tenant compte de la complémentarité entre les aides de l'État et des collectivités locales. La mission propose d'encourager la solution économique du rétrofit, notamment la transformation d'un véhicule en hybride rechargeable. L'acceptabilité d'une ZFE dépend du sentiment d'équité ressenti par les citoyens et si la collectivité sait construire le récit de la ville de demain, dont la ZFE sera l'un des éléments; cela replacera cette politique dans un contexte plus global des enjeux tels que le changement climatique, la préservation de la biodiversité ou la lutte contre les pollutions pouvant devenir les moteurs d'un nouveau développement économique, de nouveaux modes de vie et de nouvelles relations sociales.</div>
Editeur
IGEDD
Descripteur Urbamet
qualité de l'air
;changement climatique
;pollution atmosphérique
;véhicule
Descripteur écoplanete
particule en suspension
Thème
Environnement - Paysage
;Aménagement du territoire
Texte intégral
Les enseignements à tirer de l?expérience
des pays européens
Barbara Pompili
octobre 2023
Acceptabilité des zones à faibles émissions
P
U
B
L
I É
octobre 2023 Acceptabilité des zones à faibles émissions Page 2/134
PUBLIÉ
octobre 2023 Acceptabilité des zones à faibles émissions Page 3/134
Sommaire
Sommaire........................................................................................................................ 3
Résumé ........................................................................................................................... 6
Liste des recommandations .......................................................................................... 9
Introduction .................................................................................................................. 10
1 Démêler le vrai du faux sur les ZFE en France: que disent les textes et quelles
sont les difficultés identifiées? .............................................................................. 12
1.1 5 villes doivent dans les meilleurs délais améliorer la qualité de l?air et toutes
devront respecter des exigences de qualité plus fortes en 2030 ......................... 12
1.2 Des difficultés d?acceptabilité des ZFE sont identifiées et des propositions
présentées pour y remédier ................................................................................ 14
2 Les ZFE, c?est possible ! La preuve par l?exemple dans plusieurs pays
d?Europe ................................................................................................................... 17
2.1 En Italie, des Zones à Trafic Limité existent depuis les années 70 et des ZFE
plus ambitieuses se développent avec une bonne acceptabilité, notamment à
Milan, tandis que les réactions sont plus mitigées à Rome ................................. 17
2.2 Les Pays-Bas ont mis en place une ZFE portuaire et s?orientent vers des zones
à zéro émission pour la logistique ....................................................................... 20
2.3 Au Royaume-Uni, grâce à une ZFE ambitieuse, Londres a ouvert la voie à des
« zones d?air pur » dans l?ensemble du pays ...................................................... 22
2.4 En Allemagne, des « zones environnementales » existent depuis 2010, et
plusieurs villes engagent une nouvelle étape plus contraignante ........................ 25
2.5 En Belgique, Bruxelles se distingue par une ZFE couvrant l?ensemble de la ville,
qui évolue progressivement vers une zone à zéro émission ............................... 27
2.6 En Espagne, la réussite des ZFE de Madrid et Barcelone a conduit le
gouvernement à prévoir la mise en place de ZFE dans les villes de plus de
50 000 habitants ................................................................................................. 29
2.7 Si chaque pays a sa propre histoire, un message commun se dégage ............... 30
3 Les résultats montrent que les ZFE sont un outil efficace pour améliorer la
qualité de l?air dans les villes ................................................................................. 33
3.1 La mauvaise qualité de l?air a des effets néfastes sur la santé : statistiques et
exemples concrets .............................................................................................. 33
3.2 Le parangonnage montre que les ZFE permettent d?améliorer la qualité de l?air . 35
PUBLIÉ
octobre 2023 Acceptabilité des zones à faibles émissions Page 4/134
3.3 Une révision du dispositif Crit?air permettrait de mieux prendre en compte le
niveau de performance des normes Euro ........................................................... 39
4 Les facteurs-clés de succès d?une ZFE, premiers fondement de l?acceptabilité 40
4.1 Annoncer à l?avance un calendrier pluriannuel d?évolution des normes minimales
Euro donne de la visibilité ................................................................................... 40
4.2 Avoir un niveau d?exigences en termes de normes Euro suffisant et réaliste : les
exigences législatives françaises sont d?ores et déjà appliquées dans plusieurs
ZFE européennes ............................................................................................... 40
4.3 Des dérogations adaptées apportent de la souplesse ......................................... 42
4.4 Harmoniser les dispositifs pour plus d?efficacité : une tendance dans toute
l?Europe ............................................................................................................... 45
4.5 Se préparer à l?entrée en vigueur de règles européennes plus protectrices : la
zone à zéro émission succédera-t-elle à la zone à faibles émissions ? ............... 45
5 Pour que la ZFE soit acceptée, il est nécessaire de lever les obstacles à la
mobilité pour les ménages et les entreprises ....................................................... 47
5.1 La ZFE doit s?inscrire dans un projet global de mobilité et d?aménagement urbain
............................................................................................................................ 47
5.2 Dans les pays du parangonnage, les États apportent des aides pour l?achat de
véhicules électriques ou pour les solutions alternatives de mobilité .................... 49
5.3 En l?absence d?alternative au véhicule individuel, lorsque le véhicule existant ne
peut être remplacé, le rétrofit pourra offrir une très bonne solution, qui est aussi
une opportunité industrielle ................................................................................. 51
6 Malgré tous les dispositifs opérationnels, une ZFE ne pourra être acceptée que
si elle est perçue comme utile et équitable et si elle est intégrée dans un récit
plus large sur le futur du territoire ........................................................................ 52
6.1 Un projet « co-construit » avec les acteurs et perçu comme utile sera mieux
accepté : la consultation et l?information du public sont essentielles ................... 52
6.2 L?acceptabilité du dispositif dépend du « sentiment d?équité » qu?il inspire ......... 55
6.3 L?importance du récit et de la vision pour l?acceptation de la ZFE ....................... 57
Conclusion ................................................................................................................... 60
Annexes ........................................................................................................................ 62
Annexe 1. Lettre de mission........................................................................................ 63
Annexe 2. Liste des personnes rencontrées ............................................................. 66
PUBLIÉ
octobre 2023 Acceptabilité des zones à faibles émissions Page 5/134
Annexe 3. Glossaire des sigles et acronymes ........................................................... 75
Annexe 4. Vignette française Crit?air et norme Euro ................................................. 76
Annexe 5. Allemagne ................................................................................................... 80
Annexe 6. Italie ............................................................................................................. 89
Annexe 7. Belgique ...................................................................................................... 95
Annexe 8. Espagne ...................................................................................................... 98
Annexe 9. Royaume Uni ............................................................................................ 100
Annexe 10. Pays-Bas ................................................................................................. 105
Annexe 11. Comparaison entre les pays du parangonnage ................................... 109
Annexe 12. Aides financières.................................................................................... 117
Annexe 13. Dérogations ............................................................................................ 124
Annexe 14. Bibliographie .......................................................................................... 130
PUBLIÉ
octobre 2023 Acceptabilité des zones à faibles émissions Page 6/134
Résumé
La transition écologique fait l?objet d?attentes fortes de la part de nos concitoyens désireux que des
politiques ambitieuses soient menées pour limiter les conséquences dommageables du
changement climatique, des pollutions et de la perte de biodiversité. Cette transition suscite aussi
des peurs, chez les Français inquiets d?une éventuelle remise en question de leur mode de vie.
Les zones à faibles émissions font partie de ces politiques ambivalentes. Alors qu?elles ont pour
objectif d?améliorer la qualité de l?air, les effets nocifs de la mauvaise qualité de l?air sur la santé
étant bien établis, il leur est reproché de porter atteinte à la liberté de déplacement des personnes.
Une objection fréquente est que les ménages modestes n?ont pas les moyens de remplacer leur
véhicule diesel ancien par un véhicule électrique et, faute de transports publics à proximité de leur
domicile, n?ont souvent pas de solution alternative.
Pour rechercher les moyens d?améliorer l?acceptabilité des zones à faibles émissions (ZFE) en
France, la méthode de la mission a consisté à étudier les ZFE mises en place dans d?autres pays
européens et à identifier les bonnes pratiques.
Pour que la comparaison avec la France soit pertinente, la mission a privilégié les pays où les ZFE
concernent les véhicules des particuliers et non les seuls poids lourds. Six pays ont été retenus :
le Royaume-Uni, les Pays-Bas, la Belgique, l?Allemagne, l?Italie et l?Espagne. Dans ces pays, la
mission a recherché des villes reflétant la diversité de taille des villes françaises concernées par
les ZFE. Elle s?est ainsi rendue notamment à Londres, mais aussi à Aix-la-Chapelle, en Allemagne.
Elle s?est entretenue avec les responsables des villes retenues. Elle a également tenu des
entretiens avec les acteurs concernés en France, afin de bien appréhender les difficultés
rencontrées.
Les risques de la mauvaise qualité de l?air sur la santé ont fait l?objet d?études menées selon une
méthodologie solidement établie, déterminant le nombre annuel de décès prématurés imputables
à la pollution par les particules fines et le dioxyde d?azote. Derrière les analyses statistiques, des
personnes apparaissent : au Royaume-Uni, une décision de justice a établi que la pollution de l?air
était responsable du décès d?une fillette de 9 ans qui vivait à proximité d?un axe routier important.
En France, l?État a été condamné en 2023 à indemniser deux familles, dont les enfants ont souffert
de pathologies pour lesquelles les symptômes coïncidaient avec les épisodes de pollution de l?air.
La mission a constaté que la conception des ZFE variait en fonction d?un certain nombre de critères
dont les principaux sont le périmètre géographique couvert, le niveau d?exigences en termes
d?émissions de polluants, qui est exprimé en fonction de la norme Euro, le calendrier d?évolution
éventuel de ces exigences, ainsi que les véhicules concernés.
En se concentrant sur les ZFE couvrant un large périmètre et ciblant à la fois les véhicules des
particuliers et des poids lourds, la mission a mis en évidence, dans les six pays du parangonnage,
un ensemble de ZFE mises en oeuvre avec succès et bien acceptées : les ZFE d?Amsterdam et
Madrid, où la norme minimale actuelle pour les véhicules des particuliers est Euro 4; les ZFE de
Londres, Bruxelles, Stuttgart et Milan, où la norme minimale actuelle pour les véhicules des
particuliers est Euro 5 ou Euro 6.
Ces exemples illustrent la faisabilité de l?exigence légale française d?instituer pour les véhicules
diesel légers la norme minimale Euro 4 en 2024 et Euro 5 en 2025, dans les ZFE des villes où les
règles de qualité de l?air ne sont pas respectées de façon régulière.
La mission a constaté que les ZFE étaient un outil efficace pour améliorer la qualité de l?air dans
les villes. En effet, les émissions de polluants des véhicules bénéficiant des normes les plus
récentes sont nettement plus faibles. Grâce notamment à l?exigence minimale Euro 6 pour les
véhicules diesel, l?ULEZ de Londres a ainsi obtenu une diminution de 23 % des concentrations de
NOx.
PUBLIÉ
octobre 2023 Acceptabilité des zones à faibles émissions Page 7/134
Comme à Bruxelles ou à Milan, les villes françaises ne respectant pas les valeurs limites
réglementaires devraient annoncer un calendrier d?évolution progressive de la norme minimale
Euro admise pour circuler dans la ZFE, afin que les acteurs concernés, qu?il s?agisse des ménages
ou des entreprises, disposent de la visibilité indispensable pour s?adapter.
Dans la perspective d?une révision prochaine de la directive européenne sur la qualité de l?air, les
autres villes de plus de 150 000 habitants devraient se préparer aux nouvelles règles, sensiblement
plus exigeantes, qui seront à respecter pour 2030.
Pour être bien acceptée, une ZFE doit tout d?abord être perçue comme utile: à cet effet,
l?information du public joue un rôle essentiel, et notamment les messages sur les enjeux de la
qualité de l?air en matière de santé. Le projet sera également mieux accepté si le public participe à
son élaboration: la concertation préalable joue ainsi un rôle essentiel. A Bruxelles, la concertation
initiale a permis de définir les sujets à approfondir.
Pour que la ZFE soit bien acceptée, les ménages et les entreprises ne doivent pas se sentir
entravés dans leur mobilité. À cet effet, la ZFE doit s?inscrire dans une démarche globale incluant
le développement des transports publics, du vélo et des services de mobilité.
Il convient de rechercher le bon point d?équilibre entre efficacité et souplesse de mise en oeuvre
pour que les ménages et les entreprises ne se sentent pas piégés. Des dérogations temporaires
peuvent y contribuer. En outre, les entreprises, qui interviennent souvent sur plusieurs ZFE, sont
très désireuses d?une harmonisation des règles. Les Pays-Bas se sont livrés à cet exercice en
2019. La demande est légitime et y donner suite améliorera l?acceptabilité des ZFE.
La mission recommande un renforcement du dispositif de soutien financier sur les territoires en
dépassement des valeurs limites de pollution. Elle propose en ce sens des orientations, notamment
l?augmentation du montant des aides de l?État pour les entreprises installées à proximité du
périmètre et intervenant dans la ZFE. En effet, ces entreprises ne bénéficient pas actuellement des
aides apportées par la collectivité mettant en place la ZFE. Ce réexamen du dispositif devrait être
effectué en tenant compte de la complémentarité entre les aides de l?État et des collectivités locales.
La mission propose également d?encourager la solution économique du rétrofit, notamment la
transformation d?un véhicule en hybride rechargeable.
L?acceptabilité d?une ZFE dépend du sentiment d?équité qu?elle inspire :
les acteurs qui respectent les règles de la ZFE estiment injuste que ceux qui ne les
respectent pas ne soient pas sanctionnés ; c?est pourquoi la mise en place d?un système
de contrôle automatisé par caméra est indispensable. La plupart des pays du
parangonnage ont opté pour cette solution ;
? Il est important d?expliquer que les véhicules hauts de gamme lourds sont autorisés à
circuler dans une ZFE s?ils émettent peu de polluants, mais qu?ils sont financièrement
pénalisés grâce au dispositif de malus.
Enfin, une ZFE ne pourra être acceptée que si la collectivité sait construire le récit de la ville de
demain, dont la ZFE sera l?un des éléments : cette question du récit est essentielle pour replacer
cette politique dans un contexte plus global, dans lequel des enjeux tels que le changement
climatique, la préservation de la biodiversité ou la lutte contre les pollutions peuvent devenir les
moteurs d?un nouveau développement économique, de nouveaux modes de vie et de nouvelles
relations sociales.
PUBLIÉ
octobre 2023 Acceptabilité des zones à faibles émissions Page 8/134
PUBLIÉ
octobre 2023 Acceptabilité des zones à faibles émissions Page 9/134
Liste des recommandations
Rendre plus efficace le dispositif Crit?air: adapter la catégorie Crit?air 2,
qui comprend les véhicules diesel Euro 5 et Euro 6, afin de distinguer les véhicules diesel
Euro 6b et au-delà, dont les émissions de NOx sont plus faibles. ..................................... 39
Permettre aux ménages et aux entreprises de se préparer aux
évolutions à venir : lorsqu?une évolution des exigences Crit?air doit intervenir en plusieurs
étapes, annoncer le calendrier à l?avance........................................................................... 40
Optimiser le périmètre des ZFE: permettre de déroger à l?obligation
portant sur la proportion minimale de la population incluse dans le périmètre de la ZFE, s?il
apparaît que cette obligation peut conduire à des solutions non optimales ....................... 42
Mettre en place des dérogations sans compromettre les objectifs:
utiliser pendant quelques mois le dispositif de contrôle sanction à des fins d?information et
autoriser à titre temporaire l?accès des véhicules non conformes pendant quelques jours par
an. ........................................................................................................................................ 43
Harmoniser le cadre des ZFE: établir en particulier un cadre national
de dérogations, à adapter par les territoires lorsque leurs spécificités le justifient. ........... 45
Anticiper: étudier les mesures à prendre dans la perspective d?une
évolution de la réglementation européenne imposant des valeurs limites sensiblement plus
basses à respecter pour 2030. ............................................................................................ 46
Offrir des alternatives à la voiture: accompagner le projet de ZFE d?une
politique de développement des transports publics, du vélo, de la mobilité partagée et des
parkings-relais ainsi que d?une politique pour la logistique urbaine. .................................. 48
Renforcer les aides sur les zones prioritaires: remettre à plat le
dispositif global d?aides pour permettre une action renforcée sur les territoires en
dépassement des valeurs limites et sur leur périphérie, en assurant la complémentarité des
aides de l?Etat et des collectivités ; dans ce cadre, augmenter le montant de la prime à la
conversion pour les entreprises installées à proximité du périmètre et intervenant dans une
ZFE. ..................................................................................................................................... 50
Encourager les alternatives au véhicule particulier : créer au bénéfice
des ménages renonçant à remplacer leur véhicule une aide financière pour l?achat d?un
abonnement aux transports publics ou à un service de mobilité. ....................................... 50
Développer le rétrofit: encourager les solutions économiques de
rétrofit, qu?il s?agisse de la transformation en véhicule électrique ou en hybride rechargeable.
............................................................................................................................................. 51
Mieux faire connaître les ZFE: lancer une campagne de
communication au niveau national pour expliquer les enjeux des ZFE.............................. 55
Faciliter l'accès à l'information et aux aides: mettre en place un portail
d?information unique, incluant un guichet unique pour la gestion des aides, et un service de
conseil en mobilité pour les ménages et une assistance personnalisée pour les entreprises.
............................................................................................................................................. 55
Finaliser sans délai le cahier des charges de l?appel d?offres relatif au
contrôle sanction automatisé et mener ensuite avec diligence la procédure d?appel d?offres.
............................................................................................................................................. 57
PUBLIÉ
octobre 2023 Acceptabilité des zones à faibles émissions Page 10/134
Introduction
Par lettre en date du 24 mars 2023, la Première ministre Élisabeth Borne m?a chargée d?une
mission temporaire ayant pour objet « l'acceptabilité de la transition écologique à travers l'étude
d'un cas emblématique : la mise en place des zones à faibles émissions - mobilité ». Un décret du
même jour me confère le statut de parlementaire en mission, en référence à l?article L.144 du code
électoral.
La mise en place de zones à faibles émissions (ZFE) constitue un important enjeu de santé
publique. Le sujet est d?une grande actualité et fait l?objet de nombreux travaux, mais donne lieu
aussi parfois à des informations peu objectives, voire relevant de la désinformation. Les ménages
et les entreprises peuvent être inquiets des contraintes à venir pour leur mobilité au quotidien.
Dans ce contexte, la mission a été menée en deux temps : il convenait tout d?abord, pour bien
appréhender la problématique française, de rencontrer les acteurs français concernés ; des
déplacements dans les pays retenus au titre du parangonnage ont ensuite été entrepris.
La mission a pris connaissance des différents travaux effectués en France, y compris dans la
période récente, tels que la mission flash des députés Millienne et Leseul, ainsi que le rapport
d?information du sénateur Tabarot. Elle a rencontré les acteurs investis dans ce sujet, notamment
dans le cadre de la concertation lancée par le ministre de la transition écologique et de la cohésion
des territoires: les associations de collectivités locales, les associations représentant les
entreprises, les associations ou entités spécialisées ayant mené des études sur le sujet, ainsi
que des entreprises susceptibles de fournir des prestations facilitant la mise en oeuvre des ZFE,
par exemple dans le domaine du rétrofit1.
En parallèle, la mission a cherché à identifier à partir des publications existantes les pays
européens et les villes susceptibles de fournir des enseignements pertinents pour le cas français.
Le benchmark des ZFE établi par l?ADEME, dont la mise à jour a été récemment publiée, a apporté
une aide précieuse.
La mission a préféré écarter les pays où les ZFE privilégient les restrictions de circulation pour les
poids lourds, considérant que l?acceptabilité par les ménages était un aspect essentiel en France.
Ce choix a conduit à laisser de côté les pays du Nord de l?Europe. Ensuite, la mission a considéré
qu?étaient incontournables les pays comprenant de nombreuses ZFE, susceptibles de constituer
un modèle. L?Allemagne, l?Italie et, compte tenu de sa plus petite taille, les Pays-Bas rentraient
dans cette catégorie. Il convenait aussi de retenir les pays dotés d?au moins une ZFE citée en
exemple dans la littérature: la Grande-Bretagne, pour Londres, et la Belgique, pour Bruxelles. Enfin,
l?Espagne se distinguait par la politique volontariste de l?État, prévoyant la mise en place de ZFE
dans les villes de plus de 50 000 habitants. Cette politique se rapproche de celle de la France, où
les villes de plus de 150 000 habitants doivent mettre en place des ZFE.
Compte tenu aussi de ce seuil en France, pour ce qui concerne la taille des villes, la mission a
cherché à ne pas se limiter aux grandes villes et à sélectionner des villes de moindre taille, telles
qu?Aix-la-Chapelle, Birmingham ou Bologne.
Sachant qu?il existe en Europe des zones à faibles émissions très différentes les unes des autres,
la mission a retenu celles correspondant à la définition de l?ADEME : une zone à faibles émissions
(ZFE) est une zone dont l?accès est interdit aux véhicules ne répondant pas à certains critères sur
leurs émissions de polluants atmosphériques, notamment les particules fines (PM) et les oxydes
1 Dans le domaine automobile, le retrofit consiste à modifier ou remplacer le moteur thermique d?un véhicule pour
le rendre moins polluant : il peut s?agir du remplacement du moteur thermique par un moteur électrique, de la
transformation en hybride ou, pour les véhicules diesel les plus anciens, de l?installation d?un filtre à particules.
PUBLIÉ
octobre 2023 Acceptabilité des zones à faibles émissions Page 11/134
d?azote (NOX).
Pour la préparation des déplacements et des entretiens, la mission s?est largement appuyée sur le
réseau des services économiques régionaux, rattaché à la direction générale du Trésor et placé
auprès des ambassades.
Le rapport établi par la mission selon cette méthode comprend 6 chapitres :
Le chapitre 1 décrit la problématique française des ZFE ;
Le chapitre 2 présente de façon synthétique les ZFE dans chacun des pays retenus par la
mission et effectue une comparaison entre eux ;
Le chapitre 3 montre que les ZFE sont un outil efficace pour améliorer la qualité de l?air et
le chapitre 4 analyse les facteurs-clés de succès, qui sont les premiers fondements de
l?acceptabilité ;
Enfin, les chapitres 5 et 6 traitent plus particulièrement de deux aspects essentiels de
l?acceptabilité: pour qu?une ZFE soit acceptée, les ménages et les entreprises ne doivent
pas se sentir entravés dans leur mobilité (chapitre 5) ; la ZFE doit être considérée comme
utile et équitable et la collectivité doit savoir porter une vision du futur du territoire (chapitre
6).
Le rapport comprend des recommandations inspirées par les enseignements des pays étudiés.
Il est complété par des annexes et notamment, pour chacun des pays retenus au titre du
parangonnage, une annexe détaillant le dispositif national et les caractéristiques des ZFE les plus
significatives.
PUBLIÉ
octobre 2023 Acceptabilité des zones à faibles émissions Page 12/134
1 Démêler le vrai du faux sur les ZFE en France: que disent
les textes et quelles sont les difficultés identifiées?
1.1 5 villes doivent dans les meilleurs délais améliorer la qualité de
l?air et toutes devront respecter des exigences de qualité plus
fortes en 2030
La législation en France sur les ZFE et sa mise en oeuvre
En France, 10 métropoles en dépassement régulier des valeurs limites de la qualité de l?air en
2020 ont mis en place une ZFE, conformément aux dispositions de l?article L 2213-4-1 du code
général des collectivités territoriales : Grand Paris, Lyon, Aix-Marseille, Toulouse, Nice, Toulon,
Strasbourg, Rouen, Montpellier et Grenoble.
La loi Climat-Résilience du 22 aout 2021 a modifié cet article, et les obligations en matière de ZFE
concernent désormais les agglomérations de plus de 150 000 habitants (hors outremer), soit 43
villes.
Deux cas de figure sont à considérer :
1) En cas de dépassement régulier des valeurs limites de la qualité de l?air, obligation de
mettre en place une ZFE respectant les deux exigences suivantes :
? imposer des restrictions de circulation aux automobiles et aux véhicules utilitaires
légers.
? fixer pour les automobiles le calendrier minimal de restrictions suivant:
o Automobiles Crit?air 4 interdites au 1er janvier 20242,
o Automobiles Crit?air 3 interdites au 1er janvier 2025, ce qui revient pour les
automobiles diesel à demander au minimum la norme Euro 5
La loi n?impose ainsi aucune obligation aux poids lourds ou aux véhicules Crit?air 2. En pratique, la
plupart des ZFE existantes visent à la fois les véhicules légers et les poids lourds.
5 agglomérations (Paris, Lyon, Rouen, Strasbourg et Aix-Marseille-Provence) se trouvent
aujourd?hui dans ce premier cas de figure.
2) En l?absence de dépassement régulier des valeurs limites de la qualité de l?air, obligation
d?instaurer une ZFE avant le 31 décembre 2024
Une grande liberté est laissée aux collectivités concernées sur les voies et moyens à choisir pour
mettre en place ces ZFE.
L?obligation de créer une ZFE peut être levée lorsque les concentrations moyennes annuelles en
dioxyde d?azote (NO2), sont inférieures ou égales à 10 ?g/m3, ce qui correspond à la valeur
recommandée en 2021 par l?OMS, ou lorsque des actions autres qu?une ZFE permettent d?atteindre
ce critère.
Dans les deux cas, la ZFE doit couvrir au moins 50 % de la population de l?EPCI le plus peuplé de
l?agglomération.
2 Le dispositif Crit?air et la norme Euro sont présentés en annexe 4.
PUBLIÉ
octobre 2023 Acceptabilité des zones à faibles émissions Page 13/134
La réglementation européenne et ses perspectives d?évolution
La réglementation française sur les ZFE est destinée à améliorer la qualité de l?air dans les villes
et à leur permettre de répondre aux obligations fixées par la directive européenne 2008/50/CE sur
la qualité de l?air, qui portent notamment sur des polluants émis par le trafic routier, les particules
fines et le dioxyde d?azote.
Ces polluants provoquent des décès prématurés et des maladies respiratoires. Ils constituent
également un facteur aggravant pour certaines allergies (cf.§3.1).
Le tableau ci-après présente de façon synthétique les seuils fixés par la directive européenne, ainsi
que les perspectives d?évolution, sur la base de la proposition de refonte présentée en 2022 par la
Commission européenne. Le tableau compare ces valeurs aux valeurs guide proposées par l?OMS
en 2005 et en 2021. Les seuils de la réglementation actuelle sont supérieurs aux valeurs guides
de l?OMS.
Tableau 1: synthèse sur les perspectives d'évolution de la réglementation
européenne
Valeur limite sur
une année civile
(en µg/m3)
Réglementation européenne Valeur guide de l?OMS
Actuelle Proposition * 2005 2021
PM 2,5 - 10 10 5
PM 10 40 20 20 15
NO 2 40 20 40 10
* valeur limite devant être atteinte au plus tard le 1er janvier 2030
La simple évolution du parc automobile au fil des années, conduisant à la diminution du nombre
des véhicules anciens les plus polluants, a déjà permis une baisse sensible des niveaux de
concentration de polluants dans les agglomérations françaises, sans permettre toutefois d?atteindre
partout les valeurs cibles. La population exposée à des niveaux dommageables pour leur santé
reste élevée, et il est nécessaire de se préparer à un renforcement de la réglementation
européenne.
Le renforcement des exigences de qualité de l?air envisagé pour 2030 peut paraître élevé. Toutefois,
la qualité du parc de véhicules s?améliore année après année : la DGEC finalise actuellement une
étude sur les mesures de la loi d?orientation pour les mobilités (LOM), qui compare en 2025
différents scénarios de ZFE et de mesures de la LOM à la situation dite « au fil de l?eau », en
l?absence des ZFE et mesures LOM. L?étude montre que les émissions du transport routier dans
le « scénario 2025 au fil de l?eau » sont nettement inférieures aux émissions du scénario de
référence 2018. Les émissions continueront à baisser au-delà de 2025, pour les mêmes raisons.
Le Parlement européen a adopté le 13 septembre 2023 une position établissant des valeurs limites
et des objectifs plus stricts pour plusieurs polluants d?ici 2035, et notamment les particules (PM2,5,
PM10) et le dioxyde d?azote (NO2). Les députés ont souligné que les normes de qualité de l'air
proposées par la Commission devraient constituer un objectif intermédiaire à atteindre dès que
possible, et au plus tard en 2030.
PUBLIÉ
octobre 2023 Acceptabilité des zones à faibles émissions Page 14/134
La problématique en France
Les effets de la mauvaise qualité de l?air sur la santé sont présentés au §3.1 ci-dessous.
Sur le plan juridique, au niveau européen, dans son arrêt du 24 octobre 2019, la CJUE a constaté
que la France n?avait pas respecté les valeurs limites applicables aux concentrations de dioxyde
d?azote dans 12 agglomérations et zones de qualité de l?air et n?avait pas veillé à ce que la période
de dépassement soit la plus courte possible, comme exigé par la directive 2008/50/CE. En
décembre 2020, la Commission européenne a formellement demandé à la France d?exécuter cet
arrêt.
Au niveau français, en juillet 2020, le Conseil d'État a ordonné au Gouvernement d?agir pour
améliorer la qualité de l?air dans plusieurs zones en France, sous peine d?une astreinte de 10
millions d?euros par semestre de retard. Constatant ensuite que les progrès n?étaient pas suffisants,
il a décidé le versement de cette somme pour la période de janvier à juillet 2022. Par ailleurs, l?État
a été pour la première fois en 2023 condamné à indemniser deux familles dont les enfants ont
souffert de maladies respiratoires directement imputables à la pollution de l?air.
Dans ce contexte juridique, compte tenu de la situation des villes françaises et des perspectives
d?évolution de la réglementation européenne, deux questions principales se posent :
Comment les 5 villes où les exigences réglementaires actuelles ne sont pas respectées
doivent-elles agir pour se mettre en conformité dans les meilleurs délais ?
Comment l?ensemble des villes concernées peuvent-elles se préparer au mieux pour
respecter la réglementation qui sera applicable ?
1.2 Des difficultés d?acceptabilité des ZFE sont identifiées et des
propositions présentées pour y remédier
Dans le cadre du rapport d?information de juin 2023 fait au nom de la commission de
l?aménagement du territoire et du développement durable du Sénat sur les zones à faibles
émissions mobilité, M. Philippe Tabarot a procédé à une consultation publique à laquelle plus de
50 000 personnes ont répondu. Les réponses font état d?une très faible acceptabilité des ZFE pour
les particuliers comme pour les professionnels ayant pris part à la consultation ; 86 % des
particuliers et 79 % des professionnels ont indiqué être opposés à leur déploiement.
Cette même question de l?acceptabilité d?une ZFE a été posée dans le cadre d?une étude sur le
projet de ZFE de Grenoble, dont l?objet était d?identifier les critères déterminants pour l?acceptabilité
du projet. Dans ce cadre, une enquête a été menée auprès d?un échantillon de personnes. La
figure ci-après présente la distribution des niveaux d?acceptabilité du projet de ZFE, parmi
l?échantillon de personnes ayant participé à l?enquête.
Une majorité de 54% des répondants sont partisans du projet, 28% sont opposés et 17% sont
neutres ou indécis :
PUBLIÉ
octobre 2023 Acceptabilité des zones à faibles émissions Page 15/134
Figure 1: niveau d'acceptabilité individuelle du projet de ZFE à Grenoble
Force est de constater que la consultation publique et l?étude sur le projet de Grenoble
n?aboutissent pas aux mêmes conclusions.
Dans le cas de l?enquête grenobloise, le projet avait été présenté aux personnes consultées avant
qu?elles soient invitées à se prononcer, ce qui suggère que l?information dont disposent les
personnes interrogées peut jouer un rôle décisif dans les réponses qu?elles apportent. Ce sujet
sera approfondi au § 6.1. En outre, l?enquête a été menée sur un échantillon de personnes
représentatif de l?ensemble de la population, alors que, dans le cas d?une consultation publique,
les opposants sont surreprésentés dans les réponses.
Malgré son constat sur la faible acceptabilité des ZFE, le rapport de M. Tabarot ne rejette pas le
dispositif, mais formule des propositions pour améliorer cette acceptabilité.
Dans le rapport de la mission d?information flash sur les mesures d?accompagnement à la mise en
oeuvre des zones à faibles émissions, établi en octobre 2022 au nom de la commission du
développement durable et de l'aménagement du territoire de l?Assemblée nationale, MM. Bruno
Millienne et Gérard Leseul ont constaté un déficit d?information sur le dispositif et des difficultés de
mise en oeuvre.
En outre, le ministre de la transition écologique et de la cohésion des territoires a lancé début 2023,
en lien avec France Urbaine, une concertation nationale sur les ZFE, dont les conclusions ont été
présentées le 10 juillet par Jean Luc Moudenc, maire de Toulouse, et Anne-Marie Jean, vice-
présidente de l?Eurométropole de Strasbourg. Elles comportent « 25 propositions pour allier
transition écologique et justice sociale ».
Le rapprochement entre ces propositions et celles de la mission de MM. Millienne et Leseul fait
apparaître une large convergence de vue. Les deux rapports recommandent :
D?améliorer l?information ;
D?harmoniser les dispositifs ;
De cibler davantage les ménages modestes dans l?attribution des aides et, pour les
professionnels, de faciliter l?utilisation de véhicules à la norme Euro 6 ;
De mettre en place un guichet unique pour la gestion des aides ;
De modifier le système des vignettes Crit?air, l?analyse étant toutefois différente sur ce qu?il
conviendrait de faire ;
PUBLIÉ
octobre 2023 Acceptabilité des zones à faibles émissions Page 16/134
De prendre des mesures d?assouplissement des ZFE: donner la possibilité d?entrée
gratuitement dans la zone quelques jours par an, par exemple ;
D?accélérer le déploiement des mobilités alternatives à la voiture dans les territoires
concernés ;
De développer le rétrofit.
Chacun des deux rapports se distingue par des propositions spécifiques :
Le rapport parlementaire souligne l?importance de développer les plateformes logistiques
multimodales, permettant aux professionnels d'effectuer les derniers kilomètres en mode
décarboné ;
Le rapport issu de la concertation nationale met l?accent sur l?aide aux habitants des
territoires voisins d?un territoire abritant une zone à faibles émissions et mentionne la
nécessité de contrôler les véhicules étrangers.
De son côté, afin de mieux appréhender la problématique de l?acceptabilité des ZFE en France, la
présente mission a mené une série d?entretiens avec les acteurs français. Les principales
interrogations et propositions qui en ressortent peuvent être résumées comme suit :
1) D?une manière générale, les ZFE sont jugées mal connues, de même que les enjeux de la
pollution de l?air sur la santé publique, ce qui suscite des interrogations sur la légitimité-même
du dispositif; les acteurs en déduisent que la concertation et l?information sont essentielles
pour faciliter l?acceptabilité.
2) Malgré les aides existantes les ménages modestes n?ont pas les moyens de remplacer leur
véhicule par un véhicule moins polluant ou ne connaissent pas les dispositifs auxquels ils
peuvent prétendre.
3) Les entreprises relèvent l?écart entre le nombre de VUL à remplacer dans le temps imparti et
le nombre actuel d?immatriculations neuves ; le remplacement des PL est très coûteux ; sus-
ceptibles de travailler sur plusieurs ZFE, elles souhaitent l?harmonisation des dispositifs.
4) L?absence d?un dispositif de contrôle automatisé entraîne un risque d?inéquité et donc de
tensions entre les personnes qui s?obligeraient à respecter les règles et celles qui ne les res-
pecteraient pas.
5) Il est essentiel de développer le réseau de transport public, les solutions de mobilité (trans-
ports publics, parkings relais, pistes cyclables, ?), les usages partagés de la voiture (covoitu-
rage, autopartage, ...). D?une manière générale la ZFE ne peut pas se faire sans une action
plus générale sur les mobilités dans le périmètre concerné et au-delà.
6) Il est opportun de mettre en place des mesures d?incitation favorisant le changement de
comportement.
7) Une attention particulière doit être apportée à la problématique des personnes ne résidant
pas dans les ZFE mais qui doivent y entrer régulièrement, pour travailler, pour des raisons de
santé ou familiales.
Ces constats et orientations attendues rejoignent largement les analyses de la mission
parlementaire de 2022 et de la concertation nationale.
Pour mieux appréhender la question de l?acceptabilité des ZFE en France, le présent rapport
examine comment le dispositif est mis en place ailleurs en Europe.
PUBLIÉ
octobre 2023 Acceptabilité des zones à faibles émissions Page 17/134
2 Les ZFE, c?est possible ! La preuve par l?exemple dans
plusieurs pays d?Europe
La mission a choisi d?étudier 6 pays susceptibles d?apporter les enseignements les plus pertinents
pour la France, dans la mesure où ils comportent tous des ZFE sur un périmètre large et
s?appliquant à la fois aux véhicules légers et aux poids lourds. Plusieurs de ces pays (l?Italie,
l?Allemagne, les Pays-Bas et le Royaume-Uni) disposent depuis de nombreuses années de zones
à trafic limité, que le critère de limitation soit le niveau d?émission de polluants ou un autre critère.
Dans d?autres pays (l?Espagne et l?Italie), les ZFE ont été créées plus récemment.
2.1 En Italie, des Zones à Trafic Limité existent depuis les années 70
et des ZFE plus ambitieuses se développent avec une bonne
acceptabilité, notamment à Milan, tandis que les réactions sont
plus mitigées à Rome
Le dispositif national permet une large variété de dispositifs
En Italie, des « zones à trafic limité » (ZTL) ont été mises en place dès les années 70, sur des
périmètres restreints au centre-ville dans des villes soucieuses de préserver leur patrimoine
archéologique et architectural.menacé par les émissions de particules des véhicules.
Selon une disposition législative sur les ZTL mise en place en 1992 :
- les villes fixent les modalités, sur la base d?un dispositif national ;
- le ministère publie une liste de villes autorisées à instituer une ZTL.
Une directive ministérielle de 1997 précise les modalités d?application, qui sont très souples, de
sorte qu?une ZTL peut recouvrir :
- Une zone à trafic limité dans son acception initiale : une autorisation de circulation est
accordée uniquement pour certains usages (livraison par exemple) ou certaines catégories
de la population (par exemple, les résidents d?un quartier, détenteurs d?un permis d?accès
qui peut être payant) ;
- Une zone à faibles émissions au sens où on l?entend en France : interdiction de circulation
pour les véhicules les plus polluants; dans certaines régions, le dispositif est activé
seulement l?hiver, le niveau de pollution étant plus élevé dans cette période.
- Un péage urbain.
Certaines villes, telles que Milan et Rome, ont mis en place plusieurs dispositifs sur différents
périmètres.
PUBLIÉ
octobre 2023 Acceptabilité des zones à faibles émissions Page 18/134
A Milan, l?adoption d?un plan de mobilité durable a préparé la mise en place d?une
ZFE sur un périmètre étendu
En 2018, la ville de Milan adopte un plan pour la mobilité durable : une large place est donnée à la
ville à 30km/h. Le réseau cyclable est largement développé. De nouvelles lignes de métro et de
tramway sont lancées. La mobilité partagée est encouragée.
Figure 2 Signalétique de l?entrée de la ZFE de Milan
Source C40 Knowledge
Le terrain est ainsi bien préparé pour la mise en place en 2019 d?un dispositif comprenant deux
zones à faibles émissions :
- La zone C (centrale), d?une surface de 8 km2, couvre le centre-ville et comprend aussi un
péage urbain ;
- La zone B, d?une surface de 130 km2, couvre 97% de la population de la ville.
Pour la zone B, deux mesures, qui ne peuvent être cumulées, ont été mises en place pour aider à
la transition :
- après interdiction d?une catégorie de véhicules, 50 accès gratuits sont offerts à ces véhicules
la première année et 25 l?année suivante. Après le premier passage, une lettre d?information est
transmise au propriétaire du véhicule.
- le dispositif Move in : il s?agit d?un boitier installé dans le véhicule qui enregistre le nombre de
km parcourus dans Area B pendant la journée. En fonction de la classe d?émission, le véhicule non
conforme est autorisé à parcourir un certain nombre de km par an dans la zone. Ce système donne
PUBLIÉ
octobre 2023 Acceptabilité des zones à faibles émissions Page 19/134
la possibilité de ne remplacer le véhicule qu?un peu plus tard et d?avoir quand même un accès pour
des besoins limités (2000 km pour un véhicule diesel Euro 5, mais 300 seulement pour un diesel
Euro 1). En décembre 2022, 59 000 véhicules étaient équipés du boitier Move-in.
Certaines villes transforment la Zone à trafic limité ( ZTL) historique en ZFE
Des villes telles que Bologne (population de 400 000 habitants et 1 M pour l?agglomération) ou
Padoue (population de 200 000 habitants) ont mis en place depuis de nombreuses années une
ZTL dans le centre-ville : l?accès de la zone est restreint aux véhicules disposant d?une autorisation
(résidents, livraison, ?). Les véhicules électriques sont désormais autorisés.
À Bologne, en 2018, il a été décidé d?introduire des critères environnementaux, exprimés en
fonction de la norme Euro, le niveau d?exigence étant relevé d?année en année. La ZTL est donc
désormais également une ZFE. La ville prévoit d?étendre le périmètre de la zone à une date qui
coïnciderait avec la mise en service de la première ligne de tramway à la fin des années 2020.
Cette démarche témoigne de l?importance d?une bonne desserte en transports publics dans la mise
en place d?une ZFE sur un périmètre étendu.
Si une ZFE ambitieuse paraît bien acceptée à Milan, à Rome la mise en place
prochaine d?un système de contrôle automatisé est délicate
Il est intéressant de comparer le niveau d?exigences exprimé en fonction de la norme Euro, pour
les véhicules légers, dans les villes de Milan et de Rome. La comparaison porte sur la zone la plus
étendue, qui correspond aux ZFE telles qu?on les entend en France : la zone B à Milan et la « zone
verte » à Rome3.
À Milan, l?évolution du dispositif est annoncée jusqu?à 2030, date d?interdiction des véhicules diesel
légers dans la zone B. Le niveau d?exigence est déjà élevé: Euro 6 pour les véhicules légers diesel.
Le maire, que la mission a rencontré, réfléchit à de nouvelles évolutions.
À Rome, les exigences réglementaires en matière de qualité de l?air n?étant pas respectées, la ville
vient de confirmer le passage à Euro 5 à partir de novembre 2023, puis Euro 6 à partir de novembre
2024, pour les véhicules légers diesel. L?annonce, qui a été faite à l?occasion de la parution d?une
ordonnance le 30 juin 2023 prolongeant jusqu?en octobre les dispositions en place 4, a soulevé des
réactions s?expliquant notamment par la mise en service du système de contrôle automatisé en
novembre. Par ailleurs, les transports publics sont bien moins performants à Rome qu?à Milan. Des
mesures sont à l?étude pour atténuer l?impact des nouvelles restrictions. En particulier, le recours
au dispositif Move-in est évoqué, ainsi que des aides pour l?achat de véhicules moins polluants et
des dérogations pour certaines catégories, telles que les taxis.
Des courriers seront transmis aux propriétaires des véhicules interdits à partir de novembre 2023
pour les informer de la mesure, qui concerne concerne 30 000 résidents, mais aussi plus de
300 000 véhicules qui accèdent à la zone verte depuis des zones extérieures.
Le tableau ci-après résume les normes minimales applicables à Milan et à Rome pour les véhicules
légers. Des précisions sur les autres types de véhicules sont données dans l?annexe relative à
l?Italie.
3 pour plus de détails sur Rome, voir l?annexe sur l?Italie
4 https://www.comune.roma.it/web-resources/cms/documents/O.S._n._76_del_30_giugno_2023.pdf
PUBLIÉ
octobre 2023 Acceptabilité des zones à faibles émissions Page 20/134
Tableau 2: norme Euro minimale pour les véhicules légers à Milan et Rome
Ville Diesel Essence
MILAN zone B
2019
2020
2022
2025
2028
2030
Euro 4
Euro 6
Euro 6 d *
Euro 6 d
Interdit
Euro 1
Euro 2
Euro 3
Euro 4
Euro 5
ROME Zone verte5
- Actuellement :
- à partir de 11 2023 :
- à partir de 11 2024 :
Euro 4
Euro 5 **
Euro 6**
Euro 3
Euro 4
* si le véhicule est acheté après 2018
** y compris pour les véhicules utilitaires N1, N2, N3, sur 2 tranches horaires
2.2 Les Pays-Bas ont mis en place une ZFE portuaire et s?orientent
vers des zones à zéro émission pour la logistique
Des ZFE existent de longue date aux Pays-Bas
Les premières zones environnementales (« milieuzones ») ont été mises en place par les
municipalités néerlandaises en 2007. À l?origine orientées vers les poids lourds, elles se sont
étendues à partir de 2013 vers d?autres types de véhicules avec des calendriers, des modalités et
même des signalisations différentes selon les villes. Alors que les autres villes se concentrent sur
les véhicules à motorisation diesel, Rotterdam a mis en place en 2016 une zone environnementale
étendue aux véhicules à essence, mais a dû renoncer à restreindre l?accès aux véhicules
particuliers en 2020, du fait d?une décision de justice.
À cette époque, les zones environnementales sont contestées : comme elles ne concernent qu?une
faible part du parc de véhicules particuliers (les diesels ne représentent que 11% du parc contre
55% en France), elles sont considérées comme peu équitables et leur efficacité n?est pas flagrante.
Les périmètres sont souvent très restreints (sauf à Amsterdam et Rotterdam).
Une nouvelle donne se met en place au niveau national en 2019 dans le cadre de
la lutte contre le dérèglement climatique
Après concertation avec les milieux professionnels, les ONG et les collectivités, le gouvernement
néerlandais a publié en 2019 un accord national pour le climat, dont un des axes importants
concerne la mobilité, avec des objectifs forts de décarbonation et d?incitation à la mobilité électrique.
Ces objectifs passent par des politiques fiscales incitatives et par un nouvel élan des ZFE locales,
la priorité étant affichée sur les véhicules affectés à la logistique.
5 https://romamobilita.it/it/servizi/ztl/fascia-verde
PUBLIÉ
octobre 2023 Acceptabilité des zones à faibles émissions Page 21/134
Il est décidé d?homogénéiser les zones existantes et de leur donner un cadre national unique. Les
villes doivent mettre en place des zones violettes pour les véhicules lourds, qui doivent dorénavant
respecter la norme Euro VI. Elles ont le choix entre le jaune (Euro 3) et le vert (Euro 4) pour les
diesels, véhicules des particuliers et utilitaires légers. En pratique, il n?existe plus de zone jaune,
quatre villes disposent d?une zone verte (Amsterdam, Arnhem, La Haye, Utrecht) et 14 de zones
violettes.
Un cadre national de dérogation existe, avec des possibilités de souplesse à l?initiative des villes ;
c?est ainsi que des dérogations pour l?accès de véhicules polluants sont possibles, les villes devant
définir les bénéficiaires (poids lourds, utilitaires ou véhicules particuliers), le nombre de jours
autorisés annuellement (dans la limite de 12) et le tarif de la dérogation. À la suite de mouvements
de protestation, des négociations locales ont conduit à des dispositions temporaires spécifiques
pour certaines catégories telles que les taxis.
En ce qui concerne les particuliers, l?acceptabilité des mesures est facilitée compte tenu du faible
taux de véhicules diesel. Les distances moyennes moins importantes pratiquées dans ce pays très
dense facilitent aussi la transition. Des aides complémentaires locales existent à des niveaux
semble-t-il peu significatifs, mais la qualité du réseau de transport en commun et surtout du réseau
cyclable, d?un usage très courant, voire spectaculaire pour un oeil français, permettent de proposer
des alternatives crédibles à l?usage du véhicule automobile dans la plupart des situations.
L?objectif est désormais l?émission zéro
L?accord national sur le climat incite les villes à s?engager dans une démarche de « zones zéro
émissions » (ZEZ), visant à la sortie du diesel en 2030 pour les poids lourds et véhicules utilitaires
légers. Ces zones se superposent a priori aux zones violettes et ne concernent pas les véhicules
légers.
Il s?agit d?une démarche volontaire, adoptée d?ores et déjà par les 28 villes les plus importantes
des Pays-Bas. Cette politique, affichée dès 2019 pour une mise en oeuvre étalée entre 2025 et
2030 a fait l?objet de nombreux échanges avec les milieux professionnels pour identifier les freins,
liés notamment à la disponibilité de véhicules, et à adapter le calendrier en conséquence. Dans un
premier temps, les véhicules existants pourront continuer à circuler et seules les nouvelles
immatriculations devront être électriques. Dans un deuxième temps, tous les véhicules seront
concernés.
Il ne s?agit pas de remplacer chaque véhicule par un véhicule électrique, mais d?en réduire le
nombre en réorganisant la logistique urbaine, et par exemple en développant la livraison par vélo
cargo. Les municipalités promeuvent cette politique en faisant valoir la perspective d?un cadre de
vie plus agréable, mais aussi d?un dynamisme économique accru du fait d?une plus grande
attractivité et de la libération d?espaces bien situés.
Malgré des débats internes très vifs sur les questions environnementales, la « crise de l?azote6 »
et la montée en puissance récente d?un « parti des agriculteurs », cette politique semble à ce jour
peu contestée. Certains des interlocuteurs rencontrés souhaitent le report des échéances les plus
proches, mais l?objectif final apparaît bien accepté. L?étape suivante, qui concernerait les véhicules
des particuliers, n?est envisagée qu?au-delà de 2030, en ligne avec la fin de la vente de véhicules
thermiques en 2035.
Il ne sera possible de juger du succès de la démarche néerlandaise qu?à partir de 2025, mais d?ores
et déjà on peut saluer la constance de la vision affichée depuis 2019 et l?attachement à poursuivre
la concertation entamée depuis cette date.
6 Confronté à des teneurs en azote trop élevées dans les milieux naturels, le gouvernement a été conduit à prendre
des mesures fortes dans plusieurs domaines, notamment l?agriculture, pour réduire les émissions. La réduction des
émissions de Nox est incluse dans ce plan, ainsi que la limitation de l?artificialisation des sols.
PUBLIÉ
octobre 2023 Acceptabilité des zones à faibles émissions Page 22/134
À Rotterdam, des ZFE couvrent certaines zones portuaires
Il est prévu que la ZFE existante (seulement pour les poids lourds) en centre-ville évolue en 2025
vers une zone zéro émission pour la logistique. Cette zone recouvre le centre-ville et s?étend
également sur la partie ancienne du port, et en particulier sur le terminal croisière.
L?extension la plus récente du port, l?île artificielle de Maasvlakte, est également incluse dans une
milieuzone et donc accessible uniquement aux camions diesel Euro VI. Cette mesure doit se
comprendre dans le contexte d?une très forte part modale des modes massifiés que sont le rail et
la voie d?eau. Elle s?accompagne de la mise en place d?infrastructures pour le branchement à quai
des navires permettant ainsi de réduire notablement la pollution générée par le transport maritime.
2.3 Au Royaume-Uni, grâce à une ZFE ambitieuse, Londres a ouvert
la voie à des « zones d?air pur » dans l?ensemble du pays
Le Grand Londres a mis en place à partir de 2003 des dispositifs destinés à
limiter la congestion et la pollution routières
En matière de lutte contre la pollution de l?air et la congestion routière, Londres fait figure de
précurseur au Royaume-Uni.
L?entité politique compétente est le Grand Londres, en charge notamment de la gestion de la
circulation (hors autoroutes) et des transports en commun (tutelle de Transport for London - TFL).
Un péage urbain (congestion charge) est mis en place dès 2003. Il concerne tous les véhicules
rentrant dans la zone centrale, quel que soit le type de motorisation. Destiné à limiter la congestion
routière et à contribuer au financement des transports en commun, il est maintenant complètement
intégré par les usagers et, à défaut d?avoir conduit à une réduction significative du trafic, il a permis
d?en limiter la croissance. Le contrôle et la facturation sont réalisés à partir d?un système de lecture
automatique des plaques d?immatriculation par caméra.
Une Low Emission Zone (LEZ) a été mise en place en 2008 pour les poids lourds de plus de 12 T,
sur un périmètre proche de celui du Grand Londres. Elle a été progressivement étendue à
l?ensemble des poids lourds et aux autobus et autocars, avec des critères renforcés. Depuis 2021,
ces véhicules doivent respecter la norme Euro 6. Les véhicules non conformes peuvent accéder à
la zone, mais doivent s?acquitter d?une redevance.
En complément de la LEZ applicable aux poids lourds, une ULEZ (« ultra low emission zone ») a
été décidée en 2019 pour les véhicules légers, qui doivent acquitter une redevance journalière
(actuellement 12.5 £) s?ils ne sont pas conformes à la norme Euro 4 pour les motorisations essence,
et à Euro 6 pour les véhicules diesel (soit un niveau intermédiaire entre Crit?air 1 et 2). À l?origine
limitée au périmètre du péage urbain, l?ULEZ a été étendue en 2021 aux arrondissements centraux
de Londres (4 millions d?habitants). La nouvelle extension, qui conduit le périmètre de l?ULEZ et de
la LEZ à coïncider et donc à concerner l?essentiel de l?agglomération londonienne, a provoqué de
vives réactions, mais est entrée en vigueur le 29 août 2023.
Les évaluations présentées par la mairie de Londres en 20237, font apparaître un bilan positif de
la mise en place de l?ULEZ avec une baisse des concentrations de dioxyde d?azote entre 2019 et
2022 de 23 %, et de 7 % pour les particules fines. Par ailleurs, des études menées sur la santé,
notamment celle des enfants, ont confirmé la corrélation entre la qualité de l?air et la santé, mais
n?ont pas encore permis d?observer une diminution des effets négatifs de la pollution de l?air. Les
préoccupations en faveur de la santé des enfants sont particulièrement vives en Angleterre,
notamment à la suite d?un jugement de 2020 qui a reconnu que le décès à la suite d?une crise
7 Mairie de Londres, Inner London ULEZ Expansion 1 Year Report, février 2023
PUBLIÉ
https://www.london.gov.uk/sites/default/files/2023-02/Inner%20London%20ULEZ%20One%20Year%20Report%20-%20final.pdf
octobre 2023 Acceptabilité des zones à faibles émissions Page 23/134
d?asthme d?une fillette de 9 ans habitant près d?une voie très circulée était lié à la pollution de l?air.
Une association dénommée « Mums for lungs » (« des mamans pour les poumons ») est
particulièrement active pour l?information et le lobbying auprès des autorités sur ce sujet.
Le Royaume-Uni adopte en 2017 un plan global de lutte contre les émissions de
NO2 à décliner dans chaque nation selon des modalités spécifiques
Dans le plan de lutte contre les émissions de NO2 publié en juillet 2017, le gouvernement
britannique affirme sa détermination à diminuer cette pollution, essentiellement provoquée par le
trafic routier 8. En effet, la pollution continue de poser des problèmes de santé publique malgré la
baisse des concentrations observée lors des dernières années. Les autorités locales sont invitées
à prendre les mesures nécessaires, notamment la mise en place de LEZ. Le gouvernement
annonce qu?il fournira un cadre général, destiné à être décliné par chaque nation (Angleterre,
Ecosse, pays de Galles), et veillera, notamment dans l?attribution de subventions, à ce que les
plans locaux soient suffisamment ambitieux pour permettre d?atteindre les résultats recherchés.
Le plan mentionne les possibilités offertes par le rétrofit, considéré comme une démarche
vertueuse. Il invite les autorités locales à être attentives à la situation des personnes ayant de
bonne foi acheté des véhicules diesel ces dernières années, auxquelles une solution doit être
proposée.
L?Ecosse a choisi un dispositif de « low emission zones » (LEZ) comportant des restrictions d?accès
pour les véhicules les plus polluants (normes inférieures à essence Euro 4 et diesel Euro 6) et des
amendes pour les contrevenants. La LEZ de Glasgow est opérationnelle depuis juin 2023 et trois
autres sont annoncées pour 2024, à Edinburgh, Dundee et Aberdeen.
Dans le dispositif anglais des « clean air zones » (CAZ), comme à Londres,
l?accès reste libre, mais soumis à une redevance pour les véhicules les plus
polluants
Le plan global de lutte contre les émissions de NO2 est décliné en 2017 pour l?Angleterre par la
définition d?un « cadre pour les zones d?air pur » (clean air zones framework) 9 établi par les
ministères de l?environnement et des transports du Royaume-Uni.
Le « cadre pour les zones d?air pur » permet aux villes anglaises de mettre en place des « clean
air zone » (CAZ) selon une typologie comprenant quatre catégories, de A à D, en fonction des
types de véhicules concernés :
A Bus, cars, taxis, véhicules de location privés
B Mêmes véhicules que A, plus poids lourds
C Mêmes véhicules que B, plus véhicules utilitaires légers, minibus
D Mêmes véhicules que C, plus véhicules légers ; l?autorité locale peut inclure les deux-roues
motorisés
La logique de cette classification est de cibler prioritairement les véhicules les plus émetteurs à
l?intérieur de la zone, en émission par véhicule10. Le document fixe le niveau d?exigence minimum,
qui correspond à celui de l?ULEZ de Londres : essence Euro 4 et diesel Euro 6. Les véhicules non
conformes peuvent circuler en s?acquittant d?une redevance journalière.
8 https://assets.publishing.service.gov.uk/government/uploads/system/uploads/attachment_data/file/633269/air-
quality-plan-overview.pdf
9 https://www.gov.uk/government/publications/air-quality-clean-air-zone-framework-for-england
10 https://www.gov.uk/government/publications/air-quality-clean-air-zone-framework-for-england/clean-air-zone-
framework
PUBLIÉ
octobre 2023 Acceptabilité des zones à faibles émissions Page 24/134
Le choix du type de CAZ relève d?une décision locale en fonction du niveau de pollution observé,
l?objectif étant de revenir en dessous des normes de pollution en NOx. Le seuil actuel est le même
que le seuil européen et il n?est pas exclu qu?il soit revu à la baisse à moyen terme. 7 CAZ sont
actuellement en place: Portsmouth et Newcastle ont opté pour le niveau B ; Bradford, Bath et
Sheffield pour le C ; Bristol et Birmingham pour le D. Un projet à Manchester a été mis en suspens,
la ville examinant si d?autres mesures, telles que l?électrification de la flotte de bus, peuvent suffire
à assurer le respect de la réglementation.
À Birmingham, où une CAZ de type D a été mise en place sur un périmètre correspondant au
centre-ville qui bénéficie d?une très bonne desserte en transports en commun, un premier bilan
réalisé en 2022 après six mois d?existence de la LEZ constate une baisse de 13% des NOx par
rapport à 2019 (année de référence avant covid).
Figure 3 vélo en libre-service à Birmingham
Source mission
PUBLIÉ
octobre 2023 Acceptabilité des zones à faibles émissions Page 25/134
2.4 En Allemagne, des « zones environnementales » existent depuis
2010, et plusieurs villes engagent une nouvelle étape plus
contraignante
Vers 2010, les « zones environnementales » exigent le standard Euro 4 pour les
véhicules diesel
Une loi fédérale de 2006 11 a défini un dispositif de « zones environnementales » ( Umweltzonen),
que les villes ainsi que les régions (Länder) peuvent créer. Le dispositif consiste en un système de
vignettes correspondant au niveau d?émission du véhicule et d?une liste de catégories de véhicules
exemptés, que les collectivités territoriales peuvent compléter, et un dispositif de sanction. Les «
zones environnementales » se mettent en place vers 2010. Ainsi, à Berlin, la zone
environnementale est créée en 2 étapes, en 2008 et 2010 respectivement.
48 zones environnementales sont actuellement en vigueur12 en Allemagne. En principe, les villes
choisissent le niveau d?exigence. En pratique, à une exception près, toutes les villes ont choisi la
vignette « verte », la plus exigeante du dispositif fédéral de 2006 (pour les véhicules diesel,
exigence Euro 4 ou, Euro 3 avec filtre à particules). Cette vignette correspond à peu près à la
vignette française Crit?air 3. Ainsi, les villes allemandes ont pris de l?avance sur les villes françaises
pour l?élimination des diesels les plus polluants.
En 2023, 90% du parc de véhicules immatriculés répond aux critères de la vignette verte, qui n?est
donc plus discriminante. Le dispositif, désormais sans effets significatifs, est jugé obsolète par de
nombreux acteurs.
Vers 2020, à défaut d?autres solutions, les villes en dépassement de la valeur
limite du NO2 adoptent les normes minimales Euro 5 ou Euro 6
En 2017, le gouvernement fédéral, constatant que 65 villes étaient en dépassement de la valeur
limite du NO2, a lancé un « programme immédiat air propre 2017-2020 », doté de 1,5 Md ¤, pour
financer par exemple des équipements de dépollution en rétrofit sur les bus diesel ou l?achat de
bus électriques. Ainsi, le renforcement des « zones environnementales » n?est pas la voie choisie
par le gouvernement pour diminuer la pollution de l?air.
Pourtant, certaines villes mettent en place vers 2020 un dispositif dit « d?interdiction » de circulation
des véhicules diesel (« Dieselfahrverbot »), qui vient renforcer la « zone environnementale ». Cette
approche résulte en fait d?une décision de justice: un arrêt de 2018 de la cour suprême fédérale
(Bundesverwaltungsgericht) rend obligatoire ce dispositif, à moins que d?autres solutions ne soient
trouvées, dans les villes où la réglementation européenne en matière de qualité de l?air n?est pas
respectée, ce qui concerne en pratique la valeur limite du NO2.
Le dispositif « d?interdiction » de circulation des véhicules diesel n?interdit pas au sens strict ces
véhicules. Il s?agit le plus souvent de fixer le niveau minimum de la norme pour les véhicules diesel
à Euro 5/V ou Euro 6/VI et, parfois, pour les véhicules essence, à Euro 3. Le dispositif s?applique
dans les villes de Darmstadt, Francfort, Hambourg, Mayence, Munich et Stuttgart et peut concerner
certaines rues ou quartiers, ou bien la ville entière (cas de Stuttgart). Dans ce dernier cas, les
dérogations accordées pour les livraisons limitent toutefois la portée des restrictions.
Certaines villes concernées par un dépassement de la valeur limite du NO2 s?efforcent d?éviter
« l?interdiction » de circulation des véhicules diesel, en adoptant d?autres mesures. Cologne et Aix-
11 Verordnung zur Kennzeichnung der Kraftfahrzeuge mit geringem Beitrag zur Schadstoffbelastung
https://www.gesetze-im-internet.de/bimschv_35/index.html
12 https://gis.uba.de/website/umweltzonen/index.php#uwz
PUBLIÉ
octobre 2023 Acceptabilité des zones à faibles émissions Page 26/134
la-Chapelle ont ainsi échappé à l?interdiction, tandis que Berlin a pu lever en 2022 l?interdiction
instaurée en 2020. Munich devrait pouvoir s?en tenir à la première étape d?un dispositif d?interdiction
qui en comporte trois.
Le tableau ci-après compare les caractéristiques minimales de la « vignette verte » et de
« l?interdiction » de circulation des véhicules diesel avec les exigences du dispositif national
français applicable dans le cas où les normes de qualité de l?air ne sont pas respectées « de
manière régulière » :
Tableau 3: comparaison des exigences minimales en Allemagne et en France
Standard
minimum
exigé
Allemagne
France *
( véhicules légers,
2 roues non concernés)
Zone environnementale
historique :
« vignette verte »
(tous véhicules,
sauf 2 roues )
« Interdiction » de
circulation des
véhicules diesel
Au 1er Janvier
2024
Au 1er Janvier
2025
Diesel Euro 4
ou Euro 3 avec FAP
Euro 5 ou 6
Euro 4
(interdiction
des crit?air 4)
Euro 5
(interdiction
des crit?air 3)
Essence Euro 2
ou Euro 1
avec pot catalytique
Dans certains cas :
Darmstadt : Euro 3
- Euro 4
(interdiction
des crit?air 3)
* lorsque les normes de qualité de l?air ne sont pas respectées de manière régulière, au sens de
l?article L.2213-4-1 du code général des collectivités territoriales
La poursuite de l?amélioration de la qualité de l?air à l?horizon 2030 devrait
s?appuyer sur les politiques de neutralité climatique et les zones à zéro
émission.
Plusieurs des régions et des villes que la mission a rencontrées en Allemagne ont entamé de
premières réflexions sur les moyens de respecter des exigences réglementaires renforcées à
l?horizon 2030. Elles relèvent tout d?abord que les actions menées en matière de diminution des
émissions de gaz à effet de serre contribueront à la diminution de la pollution de l?air. La création
de zones à zéro émission fait partie des pistes de travail.
Néanmoins, le véhicule électrique ne résout pas le problème des émissions de particules fines,
puisqu?il émet encore des particules par abrasion. L?agence fédérale de l?environnement est d?avis
qu?il convient de développer un nouveau concept de mobilité, privilégiant notamment les transports
publics et le vélo.
PUBLIÉ
octobre 2023 Acceptabilité des zones à faibles émissions Page 27/134
Figure 4 stationnement vélos à Stuttgart
Source mission
2.5 En Belgique, Bruxelles se distingue par une ZFE couvrant
l?ensemble de la ville, qui évolue progressivement vers une zone
à zéro émission
En Belgique, les ZFE sont de la compétence des régions. Le pays comprend 3 Régions : la Région
de Bruxelles-capitale, la Région flamande et la Région wallonne.
La Région flamande a mis en place un dispositif qui définit précisément les caractéristiques des
ZFE, dénommées en Belgique « Zones de basse émission » (ZBE). Gand et Anvers ont adopté le
dispositif sur des périmètres limités (21 km2 à Anvers, pour une superficie de la ville de 200 km2).
À Bruxelles, la stratégie consiste à faire évoluer progressivement les caractéristiques de la ZBE,
créée en 2018, et à s?orienter pour 2035 vers une zone à zéro émission. La norme minimale
actuellement en vigueur est Euro 5 pour les véhicules légers diesel, ce qui correspondrait en
France à un Crit?air 2. Le périmètre couvre l?ensemble de la ville.
Le tableau ci-dessous résume les principales caractéristiques des ZBE de Bruxelles et, dans la
région flamande, de Gand et Anvers. Les dispositifs de Bruxelles et de la région flamande sont très
PUBLIÉ
octobre 2023 Acceptabilité des zones à faibles émissions Page 28/134
proches, mais Bruxelles se distingue par l?adoption d?un périmètre large et par la définition des
évolutions successives jusqu?à 2036.
Tableau 4: principales caractéristiques des ZFE de Bruxelles et de la région
flamande
Ville Caractéristiques Standard minimum VL Observations
Diesel essence
Bruxelles13
créé en 2018
160 km2
1,2 M d?habitants.
couvre l?ensemble
de la ville, mais
certaines voies
telles que le boule-
vard périphérique
en sont exclues
2018 : Euro 2 /II
2019 : Euro 3 / III
2020 : Euro 4 /IV
2022 : Euro 5/V
2025 : Euro 6/ VI
2028 : Euro 6d/VI
2030 : interdit/VId
Les PL VI d restent
autorisés
-
Euro 2/II
Euro2/II
Euro 2/II
Euro 3/III
Euro 4
Euro 6d
Applicable 7j/7,
24h/24
2 roues et poids lourds
concernés
à partir de 2025.
renforcement
jusqu?en 2036
Anvers et
Gand
Dispositif
régional
pour la
Flandre
Gand : périmètre
de 7 km2 sur 157
- actuellement :
- au 1er janvier
2025*
Euro 5
Euro 6
Euro 2
Euro 3
Il est prévu de préciser
le dispositif au-delà de
la période actuelle-
ment prise en compte
et jusqu?à 2035, avec
notamment une inter-
diction des VL diesel
en 2031
* date susceptible d?être décalée au 1 er Janvier 2026.
Le dispositif bruxellois s?appuie sur le plan régional de mobilité « Good Move », axé sur le
développement d?alternatives à la voiture individuelle. Le plan a pour objectif de réduire la part
modale de la voiture de 25% en 2030 par rapport à 2018, en visant le transfert modal et la
diminution de la possession de la voiture. Good Move favorise fortement la marche, le vélo, les
transports publics et le développement des services de mobilité numériques (Mobility as a Service
ou MaaS).
Il n?y a pas en Belgique de mesures du type bonus écologique ou prime à la casse pour encourager
l?achat de véhicules électriques par les particuliers. À Bruxelles, ceux-ci bénéficient de la prime de
mobilité Bruxell?Air : la prime permet à un ménage qui renonce à sa voiture de bénéficier d?un
budget de mobilité pour l?ensemble des membres du ménage, pour l?achat d?abonnements aux
services de transport public ou à d?autres services de mobilité (voiture partagée, services de
taxi, ?) ; soumise à conditions de ressources, la prime s?élève au maximum à 900¤.
L?accent est mis sur la voiture partagée: le document stratégique présente le « Social Green Deal »
avec le secteur de la voiture partagée, qui permet une coopération intensive avec ce secteur pour
lever les barrières, ainsi que l?appel à projets Low Emission Mobility, pour financer des projets dans
le secteur de la voiture partagée.
13 https://www.lagrandeconversation.com/debat/ecologie/zones-de-faible-emission-un-risque-dexclusion-sociale-
dans-les-villes/#retours-dexperience-de-quatre-zfe-europeennes-berlin-bruxelles-londres-madrid
https://leefmilieu.brussels/sites/default/files/arrete_lez.pdf
PUBLIÉ
https://www.lagrandeconversation.com/debat/ecologie/zones-de-faible-emission-un-risque-dexclusion-sociale-dans-les-villes/#retours-dexperience-de-quatre-zfe-europeennes-berlin-bruxelles-londres-madrid
https://www.lagrandeconversation.com/debat/ecologie/zones-de-faible-emission-un-risque-dexclusion-sociale-dans-les-villes/#retours-dexperience-de-quatre-zfe-europeennes-berlin-bruxelles-londres-madrid
octobre 2023 Acceptabilité des zones à faibles émissions Page 29/134
Enfin, parmi les points forts du dispositif bruxellois, on peut relever le service personnalisé de
conseil en mobilité (Mobility Coach), qui permet d?obtenir des informations sur la prime mobilité
Bruxell?Air et de répondre grâce à des visites sur le terrain à toutes les questions que les Bruxellois
peuvent se poser sur les dispositifs de mobilité à leur disposition.
En Wallonie, un dispositif de zone à faibles émissions comparable est prévu à l?échelle de la région,
mais son entrée en vigueur initialement prévue en 2023 a été reportée en 2025.
2.6 En Espagne, la réussite des ZFE de Madrid et Barcelone a
conduit le gouvernement à prévoir la mise en place de ZFE dans
les villes de plus de 50 000 habitants
L?Espagne suit un chemin proche de celui de la France pour la mise en place des
« zonas de bajas emisiones » (ZBE)
La France et l?Espagne sont les pays européens où les véhicules diesel sont les plus représentés
dans le parc (en 2021, 55% en France, 54% en Espagne), et les deux pays ont mis en place en
2016 un système de vignettes classant les véhicules selon leur niveau de pollution. Le système
espagnol prévoit ainsi quatre types de vignettes : Zéro émission, classe Eco, classe C, classe B.
Pour bénéficier d?une vignette de classe B, les véhicules légers essence doivent être au moins
conformes à la norme Euro 3, les véhicules légers diesel à la norme Euro 4. Les poids lourds
doivent se conformer au moins à la norme Euro IV.
Alors que la loi française « Climat et résilience » du 22 août 2021 impose aux agglomérations
françaises de plus de 150 000 habitants de mettre en place une ZFE avant 2025, la loi espagnole
sur le changement climatique et la transition énergétique du 20 mai 2021 demande la mise en
place d?une ZBE pour début 2023 dans les villes de plus de 50 000 habitants, dans les villes de
plus de 20 000 habitants qui ne respectent pas les normes européennes et dans les
agglomérations insulaires.
Avant la loi de 2021, Madrid et Barcelone avaient pris l?initiative de créer une ZFE.
La ZBE de Madrid a bénéficié d?une forte mobilisation citoyenne
Alors que la ZBE mise en place en 2017 sur un périmètre restreint du centre-ville était compromise
par un changement de gouvernance et par des difficultés juridiques, la mobilisation d?habitants et
d?organisations madrilènes a conduit la nouvelle équipe municipale à relancer le dispositif en 2019,
avec un plan d?ensemble sur les mobilités (généralisation des zones 30, renouvellement de la flotte
de bus, lancement de liaisons rapides et cadencées Nord Sud, encouragement de l?autopartage).
La ZBE s?étend maintenant sur un vaste périmètre délimité par l?autoroute périphérique. L?accès à
la zone est limité aux véhicules de norme Euro 4 au minimum. Les habitants et les commerçants
bénéficient d?une dérogation temporaire jusqu?en 2025 et des dérogations journalières peuvent
être accordées aux véhicules non conformes. Sur le périmètre initial du centre-ville et sur un autre
plus petit secteur particulièrement exposé, les véhicules de classe B ne peuvent accéder qu?aux
parkings.
Les mesures effectuées en 2019 ont montré que les concentrations en NO2 avait baissé de 3% à
22% par rapport à une situation de référence de 2010.
PUBLIÉ
octobre 2023 Acceptabilité des zones à faibles émissions Page 30/134
Une ZBE est également en vigueur à Barcelone depuis 2021 sur un large périmètre de l?aide
métropolitaine. Comme à Madrid, les véhicules non classés ne peuvent accéder à la zone, ce qui
correspond à la norme minimale Euro 4 pour pouvoir y accéder. À la différence de Madrid, la zone
barcelonaise a pour particularité de n?être active qu?en semaine, de 7h à 20h.
Figure 5: dispositif de vignettes en Espagne
Une dizaine d?autres villes de plus de 50 000 habitants ont aussi mis en place une
ZBE
La loi de mai 2021 est très peu prescriptive et laisse une grande latitude aux villes dans la définition
du projet. Dans ces conditions, une dizaine des 149 villes concernées ont mis en place leur ZBE à
la date de publication du présent rapport. Dans les autres villes, le processus peut être ralenti par
les prises de position tranchées des acteurs, alors même que le délai imparti était court.
2.7 Si chaque pays a sa propre histoire, un message commun se
dégage
La présentation par pays qui vient d?être proposée met en évidence à quel point les ZFE sont le
résultat d?une histoire propre à chaque pays, chacun ayant son calendrier : l?Italie reste marquée
par les ZTL des années 70, l?Allemagne par les zones environnementales (Umweltzonen) des
années 2010, tandis que le Royaume-Uni et l?Espagne ont bâti plus récemment leur dispositif
national. Dans ces deux derniers pays, la capitale a joué le rôle de pionnier influençant le dispositif
national.
PUBLIÉ
octobre 2023 Acceptabilité des zones à faibles émissions Page 31/134
Au-delà de ces histoires propres à chaque pays, des orientations largement partagées ressortent14:
L?adoption d?un cadre national ménageant des souplesses de mise en oeuvre locale: dans
le cadre de ce dispositif national, seule l?Espagne a, comme la France, créé une obligation
d?instaurer une ZFE ;
Des autorisations de circulation fondées sur la norme minimale Euro admise dans le
périmètre, avec ou sans vignette;
Un contrôle automatisé par caméra.
Dans chacun des pays du parangonnage, des ZFE ciblent à la fois les véhicules légers et
les poids lourds.
Surtout, ces pays délivrent ensemble un message : les ZFE, c?est possible !
Les ZFE, c?est possible !
En Italie, à Milan, la zone dite « area B », qui couvre 97% de la population de la ville et dispose
d?un contrôle d?accès automatisé, est bien acceptée par la population. Fort de cette réussite, le
maire, très impliqué, a fait part à la mission qu?il comptait préparer de nouvelles étapes.
En revanche, à Rome, où les transports publics sont moins performants, la confirmation de la mise
en service d?un système de contrôle automatisé en novembre 2023 a suscité des réactions
négatives, auxquelles le maire cherche à répondre en mettant en place des mesures de
compensation.
En Belgique, la ZFE de Bruxelles a fait l?objet d?une large concertation. Couvrant un large périmètre
et fixant des normes minimales Euro élevées, elle est bien acceptée, les aides financières pour les
particuliers portant sur les abonnements aux services de transport public et aux services de
mobilité et non sur l?achat d?un véhicule électrique.
En Allemagne, l?une des zones de la ZFE de Stuttgart couvre la ville entière et comporte également
des normes minimales Euro élevées, tempérées toutefois par une dérogation accordée pour les
livraisons. Compte tenu de l?équilibre ainsi obtenu, elle est bien acceptée aussi.
Aux Pays-Bas, la situation est contrastée : à Amsterdam, la ZFE couvre la plus grande partie de la
ville, tandis qu?à Rotterdam la ZFE ciblant les véhicules particuliers a été supprimée après quatre
ans d?existence. Mais ces deux municipalités, et la plupart des grandes villes du pays, s?engagent
de manière volontaire dans une démarche visant à exclure les moteurs thermiques pour les
véhicules de livraison, poids lourds et utilitaires légers, à l?horizon 2030.
En Angleterre, un sondage récent15 indique que plus de la moitié des Londoniens (58%) sont
favorables à l?ULEZ . Celle-ci vient d?être étendue à la quasi-totalité du territoire du Grand Londres,
ce qui a néanmoins suscité des réactions négatives qui peuvent s?expliquer par la moins bonne
desserte en transport en commun de la périphérie. Par ailleurs, les CAZ font l?objet de contestations
locales par certaines catégories les plus touchées (les taxis par exemple). La contestation peut
être forte avant la mise en oeuvre de la nouvelle réglementation et s?atténue quand les habitants
se rendent compte que le dispositif n?entraîne pas autant de contraintes qu?ils ne le craignaient.
La ZFE peut être demandée par la population: à Madrid, en 2015, le maire avait fait campagne sur
la création d?une ZFE, qui a été mise en place en 2017 sur un périmètre restreint au centre de
Madrid. En 2019, le nouveau maire impose un moratoire comportant notamment l?interruption des
14 La comparaison entre pays est détaillée en annexe 11.
15 https://redfieldandwiltonstrategies.com/plurality-of-londoners-support-expanding-londons-ultra-low-emissions-
zone-ulez/
PUBLIÉ
octobre 2023 Acceptabilité des zones à faibles émissions Page 32/134
contrôles, la suppression de la ZFE étant l?une de ses promesses de campagne électorale. Cette
décision est contestée par une partie de la population qui manifeste dans les rues de la ville et, en
juillet 2019, le tribunal administratif de Madrid suspend l?interruption.
En conséquence, le maire présente en septembre 2019 un nouveau projet nommé « Madrid 360 »,
se substituant à celui de son prédécesseur. Le projet est adopté en mai 2021 dans le cadre de la
nouvelle ordonnance sur la mobilité durable.
Ainsi, la ZFE de Madrid, qui s?inscrit dans le cadre d?un projet plus global, bénéficie d?une forte
adhésion. L?exemple de Madrid a suscité des attentes au niveau national et c?est pour y répondre
que le gouvernement a mis en place en 2021 une obligation de créer une ZFE dans les villes de
plus de 50 000 habitants, ce qui concerne 150 villes.
Une sélection de ZFE parmi les 6 pays du parangonnage
Ainsi, en passant en revue les pays du parangonnage, la mission a mis en évidence une sélection
de ZFE où chacun de ces pays est représenté. Ces ZFE sont caractérisées par :
Un périmètre large ;
Des restrictions de circulation à la fois pour les VL et les PL ;
Un contrôle automatisé par caméra (sauf dans un cas très spécifique).
Pour la norme minimale Euro exigée, deux niveaux d?exigence apparaissent :
PUBLIÉ
octobre 2023 Acceptabilité des zones à faibles émissions Page 33/134
3 Les résultats montrent que les ZFE sont un outil efficace
pour améliorer la qualité de l?air dans les villes
3.1 La mauvaise qualité de l?air a des effets néfastes sur la santé :
statistiques et exemples concrets
Les études menées par Santé publique France
La mauvaise qualité de l?air a des effets néfastes sur la santé : elle provoque des décès prématurés,
des affections cardio-respiratoires et des maladies telles que l?asthme, ainsi que des naissances
prématurées. Elle constitue également un facteur aggravant pour les allergies respiratoires.
Les effets sont visibles aussi bien sur le court terme que sur le long terme 16 :
Les effets de court terme
Même à de faibles niveaux, l?exposition aux polluants peut provoquer, le jour même ou dans les
jours qui suivent, des symptômes irritatifs au niveau des yeux, du nez et de la gorge. Elle peut
aggraver des pathologies respiratoires chroniques (asthme, bronchite?) ou favoriser la survenue
d?un infarctus du myocarde, voire provoquer le décès.
Les études menées par Santé publique France ont montré qu?une augmentation de 10 µg/m3 des
niveaux de PM10 du jour et des cinq jours précédents se traduit par une augmentation de 0,5% de
la mortalité non accidentelle. Une augmentation de 10 µg.m-3 de NO2 du jour et de la veille se
traduit par une augmentation de 0,75 % de la mortalité non accidentelle.
Ces résultats confirment ceux des études menées dans d?autres pays, qui ont conclu à une
augmentation, d?une part, de la mortalité et des hospitalisations pour causes cardiovasculaires,
attribuables aux particules fines (PM10 et PM2.5), et, d?autre part, de la mortalité et des
hospitalisations pour causes respiratoires, attribuable au dioxyde d?azote (NO2). L'exposition au
NO2 est associée à court terme avec la mortalité, même à des concentrations conformes à la
réglementation européenne.
Les effets de long terme
À plus long terme, même à de faibles niveaux de concentration, une exposition sur plusieurs
années à la pollution atmosphérique peut induire des effets sur la santé bien plus importants qu?à
court terme.
De nombreuses études montrent un rôle de la pollution atmosphérique sur la perte d?espérance de
vie et la mortalité, mais également sur le développement de maladies cardiovasculaires, maladies
respiratoires et du cancer du poumon. En effet, les polluants peuvent induire :
- au niveau cardiovasculaire: une réduction de la variabilité du rythme cardiaque, une
augmentation de la pression artérielle et de la coagulabilité sanguine et une progression de
l?athérosclérose conduisant au développement de maladies coronariennes (infarctus du myocarde)
et d?accidents vasculaires cérébraux.
- au niveau respiratoire: une réduction de la capacité respiratoire, une augmentation de la
réactivité bronchique, une croissance cellulaire anormale pouvant conduire au développement
d?une bronchopneumopathie chronique obstructive, de l?asthme, d?infections respiratoires
inférieures, et dans certains cas à un cancer du poumon.
16 Source Santé publique France
PUBLIÉ
octobre 2023 Acceptabilité des zones à faibles émissions Page 34/134
Des études montrent également un rôle de la pollution de l?air sur les troubles de la reproduction,
les troubles du développement de l?enfant, les affections neurologiques et le diabète de type 2.
À partir d?études menées selon une méthodologie recommandée par l?OMS et adoptée au niveau
international, Santé Publique France a évalué pour la France le nombre annuel de morts
prématurées causées par les polluants à 40 000 pour les particules fines (PM 2,5) et à 7000 pour
les NOx17.
De son côté, l?OMS s?est appuyée sur la revue systématique et la synthèse de plus de 500 articles
pour établir les « lignes directrices pour la qualité de l?air » présentées au § 1.118.
Exemples concrets
Au-delà des évaluations à valeur statistique, des jugements récents des tribunaux illustrent
concrètement les conséquences de la mauvaise qualité de l?air sur la santé des personnes :
En Grande-Bretagne, le tribunal du coroner de Southwark a jugé, en décembre 2020, que
la pollution de l?air avait contribué au décès d?un enfant habitant à proximité d?une voie
routière très circulée, où les concentrations de NO2 excédaient les valeurs limites de la
réglementation européenne et britannique, tandis que les concentrations de particules
excédaient les valeurs guides de l?OMS 19 ;
En France, le tribunal administratif de Paris a condamné l?État, en juin 2023, à indemniser
deux familles habitant près du boulevard périphérique de Paris, dont les enfants ont souffert
de maladies respiratoires ou de pathologies de la sphère ORL avec des symptômes qui
coïncidaient avec les épisodes de pollution à dépassement de seuil 20.
Selon une étude récemment publiée dans la revue « The Lancet », « les résultats actuels indiquent
que les ZFE peuvent réduire les problèmes de santé liés à la pollution de l'air, avec l'effet le plus
net sur les maladies cardiovasculaires. »21
17 https://www.santepubliquefrance.fr/presse/2021/pollution-de-l-air-ambiant-nouvelles-estimations-de-son-impact-
sur-la-sante-des-francais
18 https://apps.who.int/iris/bitstream/handle/10665/346555/9789240035423-fre.pdf
19 https://www.cieh.org/ehn/environmental-protection/2020/december/ella-adoo-kissi-debrah-verdict-shows-
human-cost-of-air-pollution/
20 Décisions n° 2019924/4-2 et 2019925/4-2 du tribunal administratif de Paris (4e section ? 2e chambre) en date
du 16 juin 2023
21 The Lancet Public Health July 23 « Health effects of low emission and congestion charging zones: a systematic
review » https://www.thelancet.com/journals/lanpub/article/PIIS2468-2667(23)00120-2/fulltext#%20
PUBLIÉ
octobre 2023 Acceptabilité des zones à faibles émissions Page 35/134
3.2 Le parangonnage montre que les ZFE permettent d?améliorer la
qualité de l?air
La diminution des émissions de particules fines des véhicules intervient dès la
norme Euro 3 et s?amplifie avec la norme Euro 5
Les véhicules conformes aux normes Euro récentes émettent moins de particules fines et moins
de NOx : la diminution des émissions de particules des véhicules diesel intervient en deux étapes
successives : une première étape à partir de la norme Euro 3, une seconde à partir de la norme
Euro 5, ainsi que le montre l?illustration ci-après :
Figure 6: évolution des émissions de particules des voitures diesel
Source : ADEME, benchmark des zones à faibles émissions, mise à jour 2022
Ainsi, l?étape d?interdiction des véhicules Euro 4, soit en France l?interdiction des véhicules Crit?air
3, qui correspond à l?exigence légale à mettre en oeuvre au 1er Janvier 2025 lorsque les normes
de qualité de l?air ne sont pas respectées de façon régulière, apparait justifiée pour poursuivre la
baisse des émissions de particules fines. Cela correspond à la norme minimale Euro 5 pour les
véhicules diesel.
PUBLIÉ
octobre 2023 Acceptabilité des zones à faibles émissions Page 36/134
la diminution des émissions de NOx des véhicules diesel intervient à partir de la
norme Euro 6b
Si la diminution des émissions de NOx intervient seulement à partir de la norme Euro 6b et ne
concerne que les véhicules diesel, les véhicules à essence sont nettement moins émetteurs :
Figure 7: évolution des émissions de NOx des voitures
Source : ADEME, benchmark des zones à faibles émissions, mise à jour 2022
Pour obtenir une nette baisse des émissions de NOx des véhicules diesel, il convient de porter le
niveau d?exigence minimale à Euro 6b.
Il est justifié de définir des restrictions de circulation pour tous les types de
véhicules
Pour examiner les niveaux d?émission par type de véhicule, on peut raisonner soit sur les émissions
de l?ensemble des véhicules d?un type donné (par exemple, véhicule léger, véhicule utilitaire léger,
poids lourd), soit sur les émissions d?un véhicule d?un type donné.
Voici tout d?abord le tableau pour l?ensemble des véhicules d?un type donné :
Tableau 5: émissions de l'ensemble des véhicules d'un type donné
En kT/an pour 2022
En métropole
NOx PM 2,5 PM 10
VP Diesel 152 7,0 9,1
VP essence 11 1,7 2,9
VUL Diesel 80 2,4 3,5
PL diesel 60 2,3 3,8
????.. ??.. ??? ???
Total transport
routier
311 14,3 20,6
Source : CITEPA, données par substance de polluants atmosphériques, édition 2023
PUBLIÉ
octobre 2023 Acceptabilité des zones à faibles émissions Page 37/134
On constate que, sur les NOx par exemple, les émissions des véhicules commerciaux (VUL et PL)
s?élèvent à 140 kT/an, soit le même ordre de grandeur que les émissions des véhicules légers (152
kT/an). Les émissions de particules des véhicules commerciaux sont plus faibles que celles des
véhicules légers, tout en restant dans le même ordre de grandeur.
Si l?on examine ensuite les émissions par véhicule des différents types de véhicules, en prenant à
titre indicatif les véhicules de norme Euro 3 (véhicules mis en circulation à partir de Janvier 2000),
on constate, conformément à l?intuition, qu?un poids lourd diesel émet davantage de polluant qu?une
voiture diesel :
Tableau 6: émissions d'un véhicule d'un type donné
Pour un véhicule de
norme Euro 3
NOx
(g/km)
PM 2,5 *
(g/km)
PM 10 *
(g/km)
VP Diesel 1,302 0,050 0,050
VP essence 0,235 0,002 0,002
VUL Diesel 1,788 0,113 0,113
PL diesel 7,426 0,213 0,213
* émissions à l?échappement, hors abrasion (usure des freins, pneus, chaussée)
Source : ADEME
Ainsi, l?examen des émissions globales par catégories de véhicules montre que, sauf cas particulier,
une politique de réduction de la pollution devrait porter sur l?ensemble des catégories de véhicules
pour être pleinement efficace. L?examen des émissions par véhicule met en évidence l?enjeu des
émissions d?un poids lourd.
Les résultats des ZFE en matière d?amélioration de la qualité de l?air sont
cohérents avec la performance des normes Euro
Les résultats des études ex post sur l?amélioration de la qualité de l?air résultant des ZFE sont
cohérents avec les performances des normes Euro :
Dans la zone environnementale de la Ruhr, qui concerne plusieurs villes de ce territoire,
l'analyse des données de 26 stations de mesure a montré au début des années 2010 une
diminution de la pollution supérieure à 2 µg/m3 pour les particules fines (PM10) et variant
de 1 à 4 µg/m3 pour le NO2 en moyenne annuelle.22 Cette diminution est bien attribuable
à la zone environnementale, car les résultats tiennet compte d?une correction pour tenir
compte des changements mesurés dans les stations de fond ou dans les stations de trafic
en dehors des zones environnementales. Des calculs de modélisation sur la diminution de
la pollution de l'air à proximité des axes routiers, à météorologie et pollution de fond
constantes, ont confirmé ces résultats 23.
Il faut toutefois être conscient que le gain résultant du dispositif proprement dit baisse au fil
des années, compte tenu de l?amélioration du parc de véhicules. Ce gain ne correspond
donc pas à celui qui résulterait aujourd?hui d?une mesure équivalente.
22 Agence fédérale de l?environnement
https://www.umweltbundesamt.de/themen/luft/luftschadstoffe/feinstaub/umweltzonen-in-deutschland#10-welche-
grundlegenden-effekte-hatten-die-umweltzonen-bisher
23 P.Bruckmann et al. ?Verbessern Umweltzonen die Luftqualität?? Landesamt für Natur, Umwelt und
Verbraucherschutz, Recklinghausen, VDI-Berichte Nr. 2113, 2011
PUBLIÉ
octobre 2023 Acceptabilité des zones à faibles émissions Page 38/134
A Londres, l?ULEZ, où le standard minimum Ero 6 est exigé, a permis une diminution
importante du niveau de concentration du NO224 .
Selon l?étude réalisée, les concentrations de NO2 le long des routes dans le périmètre appelé
« Inner London » sont inférieures de 23 % à ce qu'elles auraient été sans l?ULEZ et son extension.
Dans le centre de Londres, les concentrations de NO2 sont inférieures de 44 % à ce qu'elles
auraient été :
Figure 8: évolution des concentrations moyennes de NO2 à Londres
avec et sans ULEZ
Le niveau d?exigence Euro 6 peut être atteint par étapes :
Bruxelles, création en 2018, norme minimale Euro 6 pour les véhicules diesel en 2025 ;
Milan, création de la zone B (étendue) en 2019, norme minimal Euro 6 pour les véhicules
diesel en 2022.
24 https://www.london.gov.uk/sites/default/files/expanded_ultra_low_emission_zone_six_month_report.pdf
PUBLIÉ
octobre 2023 Acceptabilité des zones à faibles émissions Page 39/134
3.3 Une révision du dispositif Crit?air permettrait de mieux prendre
en compte le niveau de performance des normes Euro
Plusieurs options sont envisageables en ce qui concerne l?avenir du dispositif Crit?air. Sa
suppression pure et simple peut être envisagée : le système est rigide et la référence à la norme
Euro est suffisante, notamment en cas de contrôle par lecture automatique de plaque. Plusieurs
pays (Pays-Bas, Belgique, Royaume-Uni) se passent d?un système de vignette et d?autres se
heurtent à son obsolescence (Allemagne). Il semble cependant difficile de revenir aujourd?hui sur
un système qui a fait l?objet d?efforts importants de communication et qu?un grand nombre de
ménages se sont appropriés, même si des critiques se font entendre.
Plusieurs pistes d?évolution ont été proposées, notamment à l?occasion de la concertation nationale
de 2023. Face au constat d?une augmentation sensible de la taille des véhicules neufs, la prise en
compte des émissions de CO2 ou du poids des véhicules a été évoquée. La proposition a été faite
de prendre en compte la qualité d?entretien des véhicules pour l?attribution de leur vignette Crit?air.
Ces propositions répondent à des questions légitimes mais présentent des difficultés concrètes de
mise en oeuvre. Leur prise en compte aurait aussi l?inconvénient de rendre encore plus complexe
le système, alors que d?autres solutions sont sans doute envisageables : faire évoluer la fiscalité
(augmentation du malus pour les véhicules lourds), adapter les politiques de stationnement (prise
en compte de la taille du véhicule, comme cela est envisagé par exemple à Paris ou Lyon).
La mission constate que la discussion sur la prise en compte de la qualité d?entretien des véhicules
nécessiterait de disposer d?informations sur le supplément d?émission des véhicules mal
entretenus. À défaut d?informations sur le sujet, la proposition paraît fragile et peu motivée.
Intuitivement, on peut penser que, plus un véhicule est ancien, plus le supplément d?émissions par
rapport au niveau théorique peut être grand. Cela suggère que la stratégie consistant à écarter les
véhicules les plus anciens, qui est la stratégie du dispositif Crit?air, est la plus pertinente.
La mission est donc réservée sur la proposition de prendre en compte la qualité de l?entretien dans
l?attribution de la vignette Crit?air et propose de maintenir le cadre actuel, en procédant néanmoins
à des adaptations dans la définition des différentes classes.
Sachant que la vignette Crit?air 2 correspond à la fois au diesel Euro 5 et Euro 6, il pourrait en effet
être pertinent de retoucher le dispositif pour distinguer ces deux normes Euro ou, plus précisément,
Euro 5 et Euro 6 a d?une part, Euro 6 b et au-dessus d?autre part.
Un aménagement du dispositif Crit?air paraît d?autant plus approprié que le Crit?air 2 correspond à
une proportion importante des véhicules : 36% des véhicules légers, 54% des véhicules utilitaires
légers et 53% des poids lourds au 1er Janvier 2022. Une adaptation du dispositif aurait
l?inconvénient d?imposer aux propriétaires actuels d?un véhicule Crit?air 2 de changer leur vignette,
mais cet inconvénient paraît mineur en comparaison de l?avantage résultant de la modification.
Avant de procéder à une modification du dispositif Crit?air, la question peut se poser d?attendre les
informations qui devraient résulter de l?étude sur la nouvelle norme Euro 7, notamment sur la prise
en compte des émissions de particules fines dues à l?abrasion. Inversement, il est opportun de
donner de la visibilité aux acteurs sur la classification des véhicules de norme Euro 6. La mission
est d?avis que cette dernière exigence l?emporte et que l?adaptation du dispositif Crit?air devrait être
réalisée rapidement.
Rendre plus efficace le dispositif Crit?air: adapter la catégorie Crit?air 2,
qui comprend les véhicules diesel Euro 5 et Euro 6, afin de distinguer les véhicules diesel
Euro 6b et au-delà, dont les émissions de NOx sont plus faibles.
PUBLIÉ
octobre 2023 Acceptabilité des zones à faibles émissions Page 40/134
4 Les facteurs-clés de succès d?une ZFE, premiers
fondement de l?acceptabilité
4.1 Annoncer à l?avance un calendrier pluriannuel d?évolution des
normes minimales Euro donne de la visibilité
Milan et Bruxelles ont annoncé un calendrier s?étendant sur le long terme : pour Milan, jusqu?à
2030, date à laquelle les VL diesel seront interdits et, pour Bruxelles jusqu?à 2036, date à laquelle
les PL Euro VId seront interdits, les PL Euro VIe restant autorisés.
À Londres, la LEZ a évolué à plusieurs reprises entre 2008 année de sa création et 2012, puis en
2020, pour s?étendre à tous les véhicules lourds. L?ULEZ décidée en 2019 concerne les véhicules
légers sur un périmètre restreint. En 2019, il est décidé d?agrandir une première fois ce périmètre,
et de l?étendre à l?essentiel du Grand Londres en 2023, ce qui a été mis en oeuvre comme prévu.
Aux Pays-Bas la disparition progressive des moteurs thermiques pour les véhicules logistiques est
annoncée depuis 2019, avec un calendrier échelonné entre 2025 et 2030 selon les catégories de
véhicules.
Il est opportun de donner de la visibilité aux ménages et aux entreprises pour leur permettre
d?anticiper les décisions à prendre. Une méthode pertinente consiste à annoncer à l?avance les
étapes successives, sur une période qui peut être supérieure à 10 ans (cf. Bruxelles). Ces étapes
consisteront le plus souvent en une augmentation progressive du niveau d?exigences exprimé en
norme Euro (Bruxelles et Milan). Il pourra également s?agir de la levée de dérogations octroyées
initialement (Munich).
Un tel calendrier annoncé à l?avance paraît particulièrement opportun dans le cas où un certain
niveau minimum de la norme paraît indispensable pour respecter la valeur limite du NO2, mais doit
être atteint en plusieurs étapes.
Cette façon de faire permettra aux particuliers, aux professionnels et aux industriels de se projeter
sur une trajectoire claire d?évolution du parc de véhicules thermiques, étant entendu que la date
de fin de la mise en vente de ces véhicules est d?ores et déjà fixée à 2035.
Un calendrier prévisionnel sur le long terme permet d?éviter que des ménages ou des entreprises
n?acquièrent des véhicules qui ne pourront plus circuler dans la zone quelques années plus tard.
Permettre aux ménages et aux entreprises de se préparer aux évolutions
à venir : lorsqu?une évolution des exigences Crit?air doit intervenir en plusieurs étapes,
annoncer le calendrier à l?avance.
4.2 Avoir un niveau d?exigences en termes de normes Euro suffisant
et réaliste : les exigences législatives françaises sont d?ores et
déjà appliquées dans plusieurs ZFE européennes
La diminution des concentrations de NO2, dont certaines villes ne respectent pas la valeur limite,
constitue l?enjeu à court terme de la pollution de l?air dans les villes.
La réduction des émissions de NO2 des véhicules diesel intervient avec la norme Euro 6b.
PUBLIÉ
octobre 2023 Acceptabilité des zones à faibles émissions Page 41/134
En pratique, dans plusieurs pays, des villes où la valeur limite du NO2 n?est pas respectée, ou
l?État dans son dispositif global, ont adopté soit la norme minimale Euro 6, soit un calendrier
prévoyant une date d?adoption de cette norme.
En Angleterre, le dispositif national comporte la norme minimale Euro 6 pour les véhicules diesel,
quelle que soit la classe de Clean Air Zone adoptée par la ville. L?ULEZ de Londres exige également
cette norme minimale Euro 6 pour les véhicules diesel.
En Allemagne, si la valeur limite du NO2 n?est pas respectée, en l?absence d?autres solutions,
« l?interdiction » de circulation des véhicules diesel est mise en place ; à Stuttgart, le niveau minimal
exigé pour les véhicules diesel est Euro 5 sur la zone large et Euro 6 sur la zone restreinte.
À Milan, pour la zone B, Euro 6 est exigé pour les véhicules légers diesel depuis 2022 ; Euro 6d
sera exigé en deux étapes, de 2025 à 2028.
En Belgique, dans la Région flamande, la norme minimale pour les véhicules légers est
actuellement Euro 5. Elle passera à Euro 6 en 2025 ou 2026. À Bruxelles, bien que la
réglementation européenne actuelle soit respectée, Euro 5 est exigé pour les véhicules diesel
depuis 2022 et Euro 6 le sera à partir de 2025.
Le tableau ci-après fournit une vision synthétique, en se concentrant sur une ville de chacun des
pays du parangonnage où la ZFE couvre un large périmètre et vise à la fois les véhicules légers et
les poids lourds.
Dans deux villes, Madrid et Amsterdam, cette norme est Euro 4 pour les véhicules légers. Euro 4
est aussi la norme Euro minimale demandée en Allemagne dans les ZFE mises en place dans les
années 2010.
Dans 4 villes, la norme Euro minimale pour les véhicules diesel (VL, VUL et PL) est Euro 5 ou 6.
Ces exemples illustrent la faisabilité du dispositif français prévoyant pour les véhicules légers la
norme Euro 4 au 1er Janvier 2024 et Euro 5 au 1er Janvier 2025, lorsque les normes de qualité de
l?air ne sont pas respectées de manière régulière.
Tableau 7: norme Euro minimale sur une sélection de ZFE
VILLE Diesel
Actuellement 2025
FRANCE * -
VL : Euro 5
Villes où l?exigence minimale est au moins Euro 5 pour les véhicules légers en 2025
LONDRES :
ULEZ (VL) et LEZ ( PL)
VL, VUL et PL : Euro 6
-
BRUXELLES VL et VUL : Euro 5 VL, VUL, PL : Euro 6
MILAN
Area B
VL : Euro 6 VL, VUL et PL : Euro 6
achat après 2018 : Euro 6 d
STUTTGART
zone large
VL, VUL et PL : Euro 5 -
Villes où l?exigence minimale est inférieure à Euro 5 pour les véhicules légers en 2025
AMSTERDAM VL et VUL: Euro 4
PL : Euro 6
-
MADRID VL, VUL et PL : Euro 4 -
* lorsque les normes de qualité de l?air ne sont pas respectées de manière régulière, au sens de
l?article L.2213-4-1 du code général des collectivités territoriales
PUBLIÉ
octobre 2023 Acceptabilité des zones à faibles émissions Page 42/134
4.3 Des dérogations adaptées apportent de la souplesse
Il convient de rechercher le bon point d?équilibre entre l?efficacité du dispositif, qui nécessite un
niveau d?exigences élevé applicable au plus grand nombre possible de véhicules, et la souplesse
de mise en oeuvre, qui assure que les ménages vulnérables et les petites entreprises ne se sentent
pas piégés et dépourvus de solutions.
À cet effet, les villes recherchent le périmètre optimal, permettant de répondre aux objectifs de
qualité de l?air, tout en évitant les restrictions de circulation dans les zones peu desservies en
transport public.
Elles mettent en oeuvre des dérogations, permanentes ou temporaires, présentées plus en détail
en annexe 13. La ZFE est le plus souvent active en permanence, l?utilisation des horaires de
fonctionnement comme marge de manoeuvre étant assez rare.
Des dérogations éventuelles à la règle relative au périmètre minimal de la zone
Le périmètre est l?un des paramètres importants d?une ZFE : un périmètre restreint facilite la mise
en oeuvre, mais limite aussi l?effet sur la qualité de l?air. Un optimum est à trouver.
Ainsi, la ville de Bristol disposait d?une palette de possibilités : introduire ou non un péage urbain,
choisir parmi les 4 classes de Clean Air Zones, et définir un périmètre. L?étude comparative de
différents scénarios a mis en évidence qu?une CAZ de type D sur un périmètre restreint, avec
péage urbain, était la solution la plus appropriée.
Parmi les ZFE s?étendant sur un périmètre restreint, on peut citer les CAZ de type D en Angleterre
(Birmingham, Bristol), les ZFE en Flandre (Anvers, Gand), ainsi que les ZTL historiques en Italie.
Des ZFE s?étendant sur un large périmètre sont présentes dans chacun des pays du parangonnage.
On peut citer : l?ULEZ de Londres, Bruxelles, Amsterdam, Stuttgart, Milan, Madrid et Barcelone.
La définition du périmètre devrait ainsi faire l?objet d?une étude préalable et donner lieu à
concertation. Le périmètre doit tenir compte de la configuration spatiale de la ville (densité,
polarisation des flux domicile-travail, qualité du réseau de transports en commun, présence d?axes
de contournement, ?). L?extension d?un périmètre peut être un sujet délicat : à Londres, l?extension
de l?ULEZ du périmètre de Londres à celui du Grand Londres a soulevé de vives réactions, avant
d?entrer en vigueur le 29 août 2023.
On observe une relation entre la taille de l?agglomération et la part du territoire de la ville couverte
par la ZFE : dans les plus grandes villes, la ZFE s?étend souvent sur une très grande partie, voire
la totalité du périmètre urbanisé, ce qui peut s?interpréter par la présence d?enjeux plus importants
de pollution, par une bonne qualité du réseau de transport public et par des longueurs de
déplacement moyennes plus élevées. En revanche, dans les villes plus petites et moins bien
desservies par les transports publics, la ZFE se limite souvent à un centre-ville étendu, ce périmètre
suffisant à atteindre les objectifs de qualité de l?air recherchés.
En France existe une règle légale selon laquelle la ZFE doit couvrir au moins la moitié de la
population de l?EPCI le plus peuplé de l?agglomération. Ce seuil se concevait bien pour la première
série de ZFE, qui concernait des métropoles importantes. En revanche, la mission n?exclut pas qu?il
ne soit pas toujours adapté à des villes de plus petite taille, où le réseau de transport public est
moins dense. Ainsi, la règle relative au périmètre de la ZFE pourrait éventuellement conduire à des
solutions non optimales. Aucune règle de ce type n?existe dans les pays du parangonnage.
Optimiser le périmètre des ZFE: permettre de déroger à l?obligation
portant sur la proportion minimale de la population incluse dans le périmètre de la ZFE, s?il
apparaît que cette obligation peut conduire à des solutions non optimales
PUBLIÉ
octobre 2023 Acceptabilité des zones à faibles émissions Page 43/134
Une difficulté propre à la France peut intervenir dans la mise en oeuvre des ZFE : la présence au
sein des métropoles de nombreuses communes aux responsabilités propres est une spécificité
française et les pays du parangonnage présentent en général une architecture des compétences
plus simple. En France, les intercommunalités sont responsables de la définition et de la mise en
oeuvre des ZFE, et sont également compétentes en matière de mobilité et d?aménagement et de
planification urbaine. Cependant les pouvoirs de police restent dévolus aux maires, ce qui peut
conduire à des disparités dans la définition du périmètre de la ZFE.
Les dérogations temporaires pour faciliter la transition
Certaines ZFE mettent en place des calendriers d?évolution de la ZFE, prévoyant qu?un type de
véhicules donné est concerné à partir d?une certaine date. Par exemple, les poids lourds sont
concernés à partir de 2025 à Madrid et à Bruxelles. Cela équivaut à une dérogation temporaire.
Dans les zones « zéro émission » des Pays-Bas, l?objectif est de ne plus avoir de véhicules
logistiques à moteur thermique en 2030. Dès 2025, tout véhicule nouvellement immatriculé sera
nécessairement électrique. En revanche, les véhicules existants sont provisoirement admis, avec
des échéances intermédiaires d?interdiction entre 2025 et 2030 selon le type de véhicule.
Les dérogations peuvent consister à autoriser un véhicule non conforme à rouler un certain nombre
de jours dans l?année ou à bénéficier d?un certain nombre d?accès ou encore d?un certain nombre
de kilomètres.
À Milan, pour la zone B, dans la première année d?interdiction d?une catégorie de véhicule, les
automobilistes bénéficient de 50 accès gratuits, et, l?année suivante, 25 accès pour les résidents
et 5 pour les non-résidents. En pratique, après le premier passage, est envoyée une lettre (liée au
contrôle par caméra), qui explique le fonctionnement du dispositif, la possibilité de s?enregistrer
pour utiliser les 50 accès libres, les sanctions en cas de dépassement de cette limite et les
dérogations possibles.
Dans le même esprit à Rotterdam, au premier passage d?un véhicule non conforme, la sanction
n?est pas appliquée et un rappel de la règle est effectué. Ainsi, dans une première période, le
dispositif de contrôle par caméra est utilisé pour informer et non pour sanctionner. Cela permet une
mise en oeuvre progressive, qui permet de faciliter la transition. Cela paraît d?autant plus important
dans le cas de la France, où les contrôles par radar peuvent renvoyer au projet d?écotaxe poids
lourds, qui avait provoqué le mouvement des « bonnets rouges ».
Toujours à Milan et, plus généralement dans les régions Lombardie, Émilie-Romagne et Piémont,
le boîtier « Move in » installé dans le véhicule offre la possibilité, jusqu?en septembre 2024, de
parcourir un certain nombre de kilomètres dans la zone B, ce nombre variant en fonction de la
norme Euro du véhicule. Ce dispositif a concerné 58 000 véhicules en 2022. Rome envisage aussi
d?y recourir.
Il peut s?agir aussi de tenir compte des délais de livraison d?un véhicule à basses émissions : Milan,
Amsterdam et Birmingham ont mis en place une dérogation accordée sous réserve de justifier de
la commande d?un véhicule à basses émissions. Cette dérogation prend tout son sens au moment
où l?offre de véhicules de ce type peine à répondre à la demande.
Mettre en place des dérogations sans compromettre les objectifs:
utiliser pendant quelques mois le dispositif de contrôle sanction à des fins d?information et
autoriser à titre temporaire l?accès des véhicules non conformes pendant quelques jours
par an.
PUBLIÉ
octobre 2023 Acceptabilité des zones à faibles émissions Page 44/134
Les dérogations permanentes
Toutes les ZFE accordent des dérogations permanentes, justifiées par le fait que le respect de la
réglementation serait impossible ou trop difficile pour certains types de véhicules, certaines
catégories de personnes ou certains trajets.
La liste de dérogations accordées à Bruxelles pour certaines catégories de véhicules paraît
pertinente :
- Véhicules adaptés aux transport de personnes handicapées, véhicules de personnes
handicapées
- Véhicules de foires et marchés
- Véhicules pour l?entretien d?infrastructures et d?installations
- Véhicules des forces armées
- Véhicules de collection
Aux Pays-Bas, dans le cadre du dispositif national adopté en 2019, les villes peuvent accorder des
dérogations payantes aux véhicules non conformes pour un certain nombre de jours dans l?année,
dans la limite de 12 pour les poids lourds et de 6 pour les véhicules utilitaires. De même, à Bruxelles,
le « pass » d?une journée est payant. Il est possible d?acheter 24 pass par an et par véhicule.
Les ZFE européennes sont le plus souvent actives en permanence
Dans le tableau ci-après, la mission a repris la sélection de villes introduites au § 2.7, pour examiner
le critère « horaires de fonctionnement de la ZFE ». Il apparaît que ces ZFE sont le plus souvent
permanentes. Quelques-unes fonctionnent en semaine pendant la journée, ce qui laisse aux
véhicules non conformes des possibilités de circuler.
La liste de villes a été complétée par Barcelone, pour montrer que, dans un même pays, deux
grandes villes peuvent faire des choix différents.
Tableau 8: horaires de fonctionnement d'une ZFE
Ville Horaires de fonctionnement
ULEZ de Londres (VL)
et LEZ ( PL) Permanent
Bruxelles Permanent
Stuttgart- zone large Permanent
Milan - zone large (area B) Du lundi au vendredi de 7h30 à
19h30, hors jours fériés
Amsterdam permanent
Madrid Permanent
Barcelone Du lundi au vendredi
de 7h à 20h
À Milan, la zone B est active du lundi au vendredi de 7h30 à 19h30, hors jours fériés. Toutefois, le
caractère non permanent de la zone a été motivé plutôt par des raisons juridiques, la mobilité étant
un droit constitutionnel. Cette analyse pourrait du reste être réexaminée. Ainsi, Rome envisage une
zone fonctionnant 24h sur 24. À Milan, le trafic augmente le weekend depuis la fin de la pandémie,
ce qui incite à envisager de mettre en place les restrictions également le weekend.
PUBLIÉ
octobre 2023 Acceptabilité des zones à faibles émissions Page 45/134
4.4 Harmoniser les dispositifs pour plus d?efficacité : une tendance
dans toute l?Europe
À l?exception de l?Italie, les pays du parangonnage ont adopté un dispositif national (Allemagne,
Angleterre, Espagne, Pays-Bas) ou régional (Belgique). Au niveau national, certains pays ont
d?emblée recherché une cohérence d?ensemble : en Allemagne, toutes les villes ont opté pour la
même vignette et une liste de dérogations a été établie au niveau fédéral.
La tendance est aujourd?hui à l?harmonisation :
Aux Pays-Bas, les « milieuzones » préexistantes ont disposé d?un délai d?un an pour se
mettre en conformité avec le cadre national adopté en 2019, qui fixe une liste de
dérogations ; si chaque ville peut décider en complément d?accorder des dérogations
payantes pour un certain nombre de jours dans l?année, elle ne peut le faire que dans la
limite d?un nombre maximum de jours fixé au niveau national.
En Angleterre, le cadre national fixe en particulier la norme Euro minimale permettant de
circuler gratuitement dans la zone. Il définit quatre niveaux possibles de CAZ, différant par
les catégories de véhicules ciblées. La collectivité choisit le niveau de CAZ en tenant
compte de l?ampleur de la diminution des émissions de polluants à obtenir. L?ULEZ de
Londres est un cas à part, mais fonctionne comme une CAZ D, avec les mêmes normes
Euro minimales.
En France, les professionnels soulignent qu?ils peuvent travailler sur plusieurs ZFE et que les
différences d?une ZFE à l?autre sont une source de complication. Ils expriment une forte attente en
matière d?harmonisation, notamment pour ce qui concerne les dérogations. Conformément à la
bonne pratique de « co-construction » énoncée au § 6.1 ci-dessous, il est souhaitable que les
collectivités locales prennent en compte l?attente ainsi exprimée.
Les spécificités locales trouveront à s?exprimer, notamment, dans la définition du périmètre et, si
nécessaire, dans le calendrier d?évolution des exigences Crit?air, qui peut varier en fonction du
niveau de pollution.
Harmoniser le cadre des ZFE: établir en particulier un cadre national de
dérogations, à adapter par les territoires lorsque leurs spécificités le justifient.
4.5 Se préparer à l?entrée en vigueur de règles européennes plus
protectrices : la zone à zéro émission succédera-t-elle à la zone
à faibles émissions ?
Les LEZ les plus ambitieuses étudiées par la mission interdisent les voitures diesel à partir de 2030:
à Bruxelles, où les valeurs limites sont respectées, et à Milan, où elles ne le sont pas, les véhicules
légers diesel seront interdits en 2030. Dans les deux cas, aucune date d?interdiction n?est fixée
pour les poids lourds diesel.
Ainsi, le calendrier des ZFE françaises prévoyant l?interdiction des véhicules Crit?air 2- et donc de
tous les véhicules légers diesel - dès 2028 (cas de Montpellier, Strasbourg et du périmètre central
de Lyon) paraît ambitieux (alors que la loi ne prévoit pas d?échéance pour une telle interdiction) et
pourrait être réexaminé. Dans l?état actuel des connaissances, sachant que la norme Euro 6d
permet une baisse importante des émissions de NO2, il ne semble pas nécessaire d?interdire les
véhicules diesel légers avant 2030. 2030 est la date à laquelle les valeurs limites de la nouvelle
réglementation européenne devront être respectées. Compte tenu des délais de mise en place des
dispositions permettant de diminuer la pollution de l?air, il paraît opportun d?étudier dès maintenant
les mesures à prendre pour que les valeurs limites puissent être respectées à la date fixée. Il
PUBLIÉ
octobre 2023 Acceptabilité des zones à faibles émissions Page 46/134
ressort des réflexions menées en Allemagne que ces mesures coïncident largement avec celles
qui ont pour objectif d?atténuer le changement climatique : développement des transports publics
et des pistes cyclables, diminution de la circulation routière, électrification du parc de véhicules.
La ville d?Aix-la-Chapelle, qui participe à la Mission européenne sur « la neutralité climatique dans
100 villes », dispose d?une réflexion intéressante sur le sujet25 . Les mesures qu?elle envisage
reposent sur deux principes :
- Rendre attractive l?offre pour un changement durable des moyens de transport ;
- Ne plus rendre attractive la voiture comme moyen de transport premier dans la circulation
individuelle motorisée.
Parmi les options possibles sont envisagées :
- Des mesures relevant du niveau fédéral :
o L?établissement de zones réservées aux véhicules Euro 6+ ou « zéro émission » ; la
durée de mise en oeuvre pourrait s?échelonner de 2030 à 2035 ;
o L?augmentation rapide du prix du CO2 ou des taxes sur les carburants fossiles ;
o La limitation de vitesse à 30 km/h sur de vastes surfaces dans les grandes villes ;
o Une réforme de la taxation des véhicules ayant une orientation climatique (par
exemple, la prise en compte du poids) ;
- Des mesures relevant de la collectivité locale :
o L?extension du réseau de pistes cyclables ;
o La priorisation des transports publics dans les rues d'Aix-la-Chapelle ;
o La construction de garages de quartier ;
o La création de places de P+R et une nouvelle augmentation du prix des places de
stationnement dans les espaces publics ;
o L?optimisation de la fluidité du trafic pour réduire les émissions polluantes ;
o Le recours à l?intelligence artificielle ?
Ainsi, à Aix-la-Chapelle, les zones à zéro émission sont l?une des options envisagées. Certaines
villes sont plus avancées sur cette voie. Par exemple, le dispositif adopté à Bruxelles évolue
progressivement jusqu?en 2036 vers une zone à zéro émission, aucune date n?étant toutefois fixée
à ce jour pour les poids lourds.
Les Pays-Bas ont également adopté un principe de zone à zéro émission, mais selon une approche
différente, voire opposée pour ce qui concerne les types de véhicules pris en compte. En effet, le
dispositif, qui a vocation à se superposer aux LEZ existantes, ne concerne que les poids lourds et
utilitaires, avec une orientation forte sur la décarbonation de la logistique urbaine. Un calendrier
est établi au niveau national avec des interdictions progressives sur les véhicules existants jusque
2030, mais dès 2025 les véhicules neufs devront être électriques pour pouvoir accéder à la zone.
Pour les services de la ville de Berlin, la zone à zéro émission fait également partie des pistes de
travail. L?agence fédérale de l?environnement allemande vient toutefois tempérer cette idée, en
soulignant que les véhicules électriques émettent des particules fines.
Anticiper: étudier les mesures à prendre dans la perspective d?une
évolution de la réglementation européenne imposant des valeurs limites sensiblement plus
basses à respecter pour 2030.
25 https://research-and-innovation.ec.europa.eu/funding/funding-opportunities/funding-programmes-and-open-
calls/horizon-europe/eu-missions-horizon-europe/climate-neutral-and-smart-cities_en
PUBLIÉ
octobre 2023 Acceptabilité des zones à faibles émissions Page 47/134
5 Pour que la ZFE soit acceptée, il est nécessaire de lever
les obstacles à la mobilité pour les ménages et les
entreprises
Les ménages modestes possédant un véhicule polluant nécessaire à leur vie quotidienne, sans
transports publics desservant leur domicile, n?ont pas les moyens d?acheter un véhicule moins
polluant, tandis que les ménages aisés habitant dans un quartier bien desservi par les transports
publics peuvent acheter un véhicule électrique ou n?ont pas besoin de véhicule. Les petites
entreprises, artisans ou commerçants, utilisent un véhicule utilitaire souvent ancien, et pourraient
se trouver dans l?incapacité d?exercer leur métier qui participe pourtant à l?activité urbaine à
l?intérieur du périmètre de la ZFE.
Pour que les zones à faibles émissions ne deviennent pas des zones « à forte exclusion », il faut
veiller à ce que chacun, ménage modeste ou petite entreprise, dispose d?une solution concrète.
5.1 La ZFE doit s?inscrire dans un projet global de mobilité et
d?aménagement urbain
L?acceptabilité des ZFE dépend beaucoup de l?existence d?alternatives en matière de mobilité. En
effet, la solution consistant à remplacer systématiquement un véhicule polluant par un véhicule à
basses émissions paraît vaine. Non seulement les contraintes financières ne le permettent pas,
mais en plus cette façon de faire ne résoudrait pas les phénomènes de congestion urbaine et
empêcherait la reconquête d?espaces urbains pour d?autres usages.
Il est donc indispensable d?accompagner le projet de ZFE par le développement d?alternatives à la
voiture individuelle : développement des transports publics, création de parkings relais, nouvelles
formes de mobilité, autopartage?
Ainsi, à Bruxelles, la ZFE s?appuie sur le plan régional de mobilité « good move », fortement axé
sur le développement d?alternatives à la voiture individuelle. Le plan a pour objectif de réduire la
part modale de la voiture de 25% en 2030 par rapport à 2018, en visant le transfert modal et la
diminution de la possession de la voiture. Good Move favorise fortement la marche, le vélo, les
transports publics, l?autopartage et le développement des services de mobilité numériques (Mobility
as a Service ou MaaS). Par ailleurs, 5 parkings P+R sont disponibles à l?entrée de la zone.
En 2018, la ville de Milan a adopté un plan pour la mobilité durable : une large place est donnée à
la ville à 30 km/h. Le réseau cyclable est largement développé. De nouvelles lignes de métro et de
tramway sont lancées. La mobilité partagée est encouragée. Le terrain est ainsi préparé pour la
mise en place en 2019 d?une seconde ZFE sur un périmètre beaucoup plus étendu.
A contrario, la ville de Bologne explique qu?elle mettra en place une ZFE sur un périmètre étendu
à la mise en service de la première ligne de tramway.
Une étude récente menée à Milan a mesuré l?influence de l?offre de transports en commun sur
l?adhésion au projet de péage urbain Aera C, en utilisant les résultats du référendum mené en 2011.
L?analyse des résultats montre que plus une zone est desservie par les transports en commun,
plus les habitants de cette zone sont susceptibles d'accepter ce type de mesure car ils disposent
d'alternatives de transport efficaces pour atteindre la zone tarifée.26
À Madrid, l?extension de la ZBE décidée en 2019 a été accompagnée par la mise en place d?une
nouvelle ligne de bus gratuite traversant la ville du Nord au Sud, ainsi que par un plan
d?électrification de la flotte de bus.
26 Source Ademe, p37
PUBLIÉ
octobre 2023 Acceptabilité des zones à faibles émissions Page 48/134
Aux Pays-Bas, la mise en place des ZEZ s?inscrit dans une politique globale visant à améliorer
l?attractivité des centres-villes en donnant plus de place à d?autres usages. Cela n?est possible que
par une réorganisation de la logistique urbaine : déploiement d?entrepôts logistiques en périphérie
de la zone, développement d?alternatives comme le vélo-cargo pour la livraison du « dernier
kilomètre ». Cette question est d?autant plus sensible, en France et dans les pays du parangonnage,
que le développement du commerce en ligne risque de provoquer en l?absence de régulation une
aggravation de la congestion et des nuisances avec la multiplication des livraisons par véhicule
utilitaire. Il est rappelé à cette occasion que la Loi d?orientation des mobilités donne compétence
aux autorités organisatrices pour « organiser ou contribuer au développement des services de
transport de marchandises et de logistique urbaine », la mise en place de ZFE pouvant rentrer
dans ce cadre.
Offrir des alternatives à la voiture: accompagner le projet de ZFE d?une
politique de développement des transports publics, du vélo, de la mobilité partagée et des
parkings-relais ainsi que d?une politique pour la logistique urbaine.
Figure 9 Vélocargo à La Haye
Source : mission
PUBLIÉ
octobre 2023 Acceptabilité des zones à faibles émissions Page 49/134
5.2 Dans les pays du parangonnage, les États apportent des aides
pour l?achat de véhicules électriques ou pour les solutions
alternatives de mobilité
À l?exception de la Belgique, les États des pays du parangonnage apportent des
aides financières pour l?achat d?un véhicule à basses émissions
Les aides concernent le plus souvent à la fois les ménages et les entreprises27. Seul le Royaume-
Uni n?apporte des aides qu?aux entreprises, à l?exclusion des ménages. Ces aides nationales ne
sont pas liées à l?existence d?une ZFE, mais sont évidemment de nature à faciliter leur déploiement.
Les collectivités locales peuvent apporter leur propre contribution, que ce soit en l?absence d?aides
nationales (Bruxelles, Londres, Birmingham) ou en complément (Madrid, Milan).
Les subventions peuvent être indirectes sous forme d?allègements fiscaux pour les entreprises
et/ou pour les particuliers. Les aides directes peuvent être liées à la mise au rebut de véhicules
anciens. Ces « primes à la casse » sont en général consacrées à l?achat d?un nouveau véhicule
moins polluant. À Bruxelles, elle est exclusivement consacrée à l?accompagnement des ménages
dans le changement de leurs pratiques de mobilité.
Dans les pays du parangonnage, les États tendent à diminuer les aides qu?ils
apportent aux ménages pour l?achat d?un véhicule électrique
Deux pays n?ont pas mis en place de dispositif d?aide nationale directe. Au Royaume-Uni, une
prime à la casse pour les véhicules de tourisme est offerte selon des modalités différentes à
Londres et à Birmingham. Dans cette dernière ville, elle est réservée aux ménages à faibles
revenus travaillant dans la Clean Air Zone.
En Belgique, en l?absence d?aide financière directe pour l?achat d?un véhicule électrique, un
dispositif fiscal national permet des exonérations de taxes pour l?achat et la possession de
véhicules électriques. Par ailleurs, la Région de Bruxelles-capitale a mis en place, à l?intention des
ménages qui ne remplacent pas leur véhicule, une aide pour l?achat d?un abonnement aux
transports publics ou pour l?utilisation de services de mobilité.
Pour les entreprises, les situations différent selon la nature des véhicules
Les États apportent des aides aux entreprises pour l?achat d?un véhicule électrique, à l?exception
du cas particulier de la Belgique, où cette politique relève des régions. C?est le cas de la Région
de Bruxelles-capitale qui aide les TPE et PME pour remplacer des VUL anciens, à l?exclusion des
poids lourds.
La première difficulté rencontrée par les entreprises est celle de la disponibilité de modèles adaptés
à leurs besoins. La situation semble évoluer favorablement pour les véhicules utilitaires légers les
plus courants, pour lesquels des modèles sont disponibles à la commande, parfois avec des délais
de livraison importants. Dans ce cas, plusieurs municipalités proposent des dérogations provisoires
pour l?usage de véhicules anciens, dans l?attente de la livraison.
S?agissant des poids lourds, la situation est différente et la gamme disponible est pour le moment
encore peu développée, avec des coûts importants et des caractéristiques qui ne sont pas encore
adaptées à tous les usages (autonomie insuffisante, cas des véhicules spécialisés). Des
programmes d?aide existent dans les pays du parangonnage à l?exception de la Belgique, avec des
montants unitaires importants. L?Allemagne et la France utilisent à cette fin des « appels à projet »
27 Ces éléments sont détaillés en annexe 12.
PUBLIÉ
octobre 2023 Acceptabilité des zones à faibles émissions Page 50/134
qui permettent d?une part d?adapter le produit recherché aux besoins de l?entreprise, d?autre part
de financer le surcoût du véhicule, référence plus significative pour le moment que le coût lui-même.
La mission considère que cette pratique est bien adaptée au cadre technologique actuel.
En France, le dispositif d?aide pourrait être optimisé
En France, l?État apporte aux ménages et aux entreprises des aides pour l?achat de véhicules à
basses émissions (bonus écologique et prime à la conversion pour les voitures et véhicules
utilitaires, appel à projets ADEME pour les poids lourds), qui sont en règle générale plus
généreuses que celles pratiquées dans les pays du parangonnage.
La prime à la conversion est majorée pour les personnes résidant ou travaillant à l?intérieur du
périmètre d?une ZFE et pour les entreprises disposant d?un établissement dans ce périmètre. La
mission est d?avis que, dans les territoires en dépassement des valeurs limites, la majoration
pourrait être étendue aux particuliers habitant près de la ZFE, ainsi qu?aux entreprises installées à
proximité du périmètre de la ZFE et intervenant dans ce périmètre. Les conditions de cette
majoration devraient alors tenir compte de la contribution des intercommunalités concernées.
Le dispositif d?aide pourrait être réexaminé plus globalement pour permettre une action renforcée
sur les territoires en dépassement des valeurs limites sans augmenter le budget total.
Renforcer les aides sur les zones prioritaires: remettre à plat le dispositif
global d?aides pour permettre une action renforcée sur les territoires en dépassement des
valeurs limites et sur leur périphérie, en assurant la complémentarité des aides de l?Etat et
des collectivités ; dans ce cadre, augmenter le montant de la prime à la conversion pour les
entreprises installées à proximité du périmètre et intervenant dans une ZFE.
La France pourrait également s?inspirer du dispositif mis en place à Bruxelles pour encourager
l?utilisation des transports publics et des services de mobilité par les ménages renonçant à leur
véhicule. Cette aide pourrait concerner les territoires en dépassement des valeurs limites.
Encourager les alternatives au véhicule particulier : créer au bénéfice
des ménages renonçant à remplacer leur véhicule une aide financière pour l?achat d?un
abonnement aux transports publics ou à un service de mobilité.
Par ailleurs, le gouvernement a annoncé la mise en place prochaine d?un dispositif de « leasing à
100¤ », sous conditions de ressources, pour la location longue durée de véhicules électriques. Ce
dispositif, qui conjugue aides publiques, montage financier (location de très longue durée) et baisse
de coût de production des véhicules sera accessible aux ménages modestes, d?autant plus que
les coûts d?usage sont réduits par rapport à une voiture thermique pour les ménages disposant
d?un accès facile au rechargement. Il serait donc particulièrement adapté pour les ménages
vulnérables, possédant un véhicule polluant utilisé fréquemment, mais n?ayant pas accès à une
solution alternative, ni les moyens d?acheter un véhicule à basses émissions.
Enfin, en ce qui concerne les entreprises, une enveloppe de 35.75 M¤ est consacrée en 2023 à un
PUBLIÉ
octobre 2023 Acceptabilité des zones à faibles émissions Page 51/134
appel à projets28 pour l?acquisition de poids lourds électriques ou le rétrofit d?un poids lourd diesel.
L?aide est de 65% de l?écart entre le prix du véhicule électrique et celui d?un véhicule diesel de
même gamme ou de 65% du coût du rétrofit. Ce programme s?inspire d?un dispositif mis en place
en Allemagne.
La mission a été interpellée par des acteurs français, qui avaient identifié le programme allemand
et souhaitaient la mise en place d?un programme équivalent en France, sans avoir connaissance
de l?appel à projets lancé par l?Ademe. Cela illustre bien l?enjeu d?un site d?information unique
fournissant une information exhaustive sur les différentes aides disponibles.
5.3 En l?absence d?alternative au véhicule individuel, lorsque le
véhicule existant ne peut être remplacé, le rétrofit pourra offrir
une très bonne solution, qui est aussi une opportunité
industrielle
Certains pays encouragent ou ont encouragé une solution de rétrofit consistant en l?installation
d?un filtre à particules sur des véhicules anciens qui en sont démunis (Allemagne, Royaume-Uni).
En France, il serait pertinent de reconnaitre pour les véhicules lourds les procédés de dépollution
(filtre à particules, système DeNOx), permettant d?atteindre les performances des véhicules Euro
VI pour les PM et les NOx, et donc d?obtenir un surclassement Crit?air 2.
Par ailleurs, plusieurs entreprises françaises proposent des solutions de rétrofit, vers l?électrique
ou l?hybride rechargeable, avec un panel de solutions qui semblent industrialisables à court terme
sous réserve des soutiens adéquats (aides pour l?homologation, extension du champ du
bonus écologique).
Cette solution devrait être encouragée par l?État : en complément du leasing social présenté ci-
dessus, elle offre une solution compétitive aux ménages modestes dépourvus de solutions
alternatives. En outre, elle permet de consolider en France une nouvelle filière industrielle.
Développer le rétrofit: encourager les solutions économiques de
rétrofit, qu?il s?agisse de la transformation en véhicule électrique ou en hybride
rechargeable.
28 https://agirpourlatransition.ademe.fr/entreprises/aides-financieres/20230330/ecosystemes-
vehicules-lourds-electriques-2023
PUBLIÉ
https://agirpourlatransition.ademe.fr/entreprises/aides-financieres/20230330/ecosystemes-vehicules-lourds-electriques-2023
https://agirpourlatransition.ademe.fr/entreprises/aides-financieres/20230330/ecosystemes-vehicules-lourds-electriques-2023
octobre 2023 Acceptabilité des zones à faibles émissions Page 52/134
6 Malgré tous les dispositifs opérationnels, une ZFE ne
pourra être acceptée que si elle est perçue comme utile
et équitable et si elle est intégrée dans un récit plus large
sur le futur du territoire
6.1 Un projet « co-construit » avec les acteurs et perçu comme
utile sera mieux accepté : la consultation et l?information du
public sont essentielles
La création d?une ZFE nécessite un important travail de définition du projet (périmètre, niveau
d?exigence Crit?air pour respecter la réglementation en matière de qualité de l?air?).
Cette étape ne peut pas être menée en vase clos par la collectivité en charge du projet. En effet,
les études menées dans le domaine de la psychologie sociale, notamment une étude menée sur
l?introduction de LEZ en Ecosse montrent que la façon dont le public perçoit la pertinence du
dispositif et son efficacité a un effet direct significatif sur son attitude à l'égard des LEZ, tandis que
la sensibilité aux problèmes de qualité de l'air a un effet indirect important.29
À partir de ce constat, cette étude recommande :
a) de mener des consultations publiques et d?assurer la transparence du processus d?élaboration
du projet : cette démarche permettra de montrer la pertinence du projet, ce qui en renforcera
l?acceptabilité. En France, cette démarche est prévue par la loi, en conformité avec la
convention d?Aarhus et la charte de l?environnement. La qualité de cette phase est essentielle.
À Bruxelles, une consultation des acteurs a été menée en 2018. Elle a permis de définir différentes
questions à approfondir par le biais d?études : émissions du transport, budget des flottes des
pouvoirs publics, santé ; mobilité, aspects économiques et sociaux, énergie. Sur la base de ces
études, une feuille de route « mobilité à faible émission » a été adoptée en juillet 2022.
À Birmingham, des échanges avec les organisations professionnelles, pendant un an et demi, ont
permis de définir des mesures d?accompagnement et de proposer des dérogations temporaires.
Cette phase a également permis à la municipalité de communiquer sur le projet et, ainsi, de
remédier aux rumeurs.
Certaines agglomérations françaises, comme Grenoble et Lyon, ont organisé la concertation sous
l?égide de la Commission nationale du débat public (CNDP).
b) de veiller à la bonne information du public, en communiquant :
- sur l?évaluation de projets déjà réalisés, pour montrer que les bénéfices attendus de la
politique sont effectivement obtenus ;
- sur les conséquences de la pollution de l'air sur la santé humaine.
29 Acceptabilité des ZFE par le public : le rôle des attitudes, des normes, des émotions et de la confiance, université
de Leeds, 2021
PUBLIÉ
octobre 2023 Acceptabilité des zones à faibles émissions Page 53/134
Cette démarche de consultation et d?information est d?autant plus importante que, selon l?étude, le
niveau de confiance à l?égard des décideurs influe sur les sentiments et les jugements du public
sur la politique qu?ils mènent. Ce constat conduit les auteurs de l?étude à recommander un
processus d?élaboration du projet qui soit transparent et inclusif. La démarche peut prendre la
forme d?une consultation publique élargie, qui témoignera de la compétence des autorités dans la
mise en oeuvre de dispositifs complexes. De même, l?information fournie sur des projets précédents
réussis, montrant que le projet pourra atteindre ses objectifs, contribuera à renforcer la confiance
à l?égard des décideurs.
En France, les dispositions législatives relatives à la création de ZFE, notamment l?article L 2213-
4-1, prévoient effectivement qu?une étude sur la création de la ZFE est mise à la disposition du
public et qu?une procédure de participation du public est mise en oeuvre selon les modalités de
l?article L. 123-19- 1 du code de l?environnement. Ces dispositions législatives prévoient également
la réalisation d?une campagne d?information locale, d?une durée minimale de trois mois. Ces
procédures sont essentielles et la mission recommande qu?elles soient menées avec le plus grand
soin.
À cet égard, les travaux de recherche fournissent des recommandations qui paraissent pertinentes.
Pour ce qui concerne les démarches de consultation publique, ces travaux, constatant que les
restrictions de circulation peuvent être perçues comme une atteinte à la liberté de circuler,
recommandent plus précisément, pour faciliter l?acceptabilité, de laisser des points ouverts à la
concertation, de « co-construire » le projet, afin que le public se sente acteur du changement.
Encadré 1 : comment promouvoir l?acceptabilité des ZFE
« Dans une société où la valeur autonomie est prégnante, les restrictions de circulation peuvent
être perçues comme injustes, les atteintes à la liberté individuelles illégitimes, et entraîner un effet
de réactance, où les usagers de la route refusent d?obéir à la règle pour restaurer un sentiment de
liberté. Afin d?induire de la contrôlabilité et donc de l?acceptabilité, il convient d?associer en amont
de la mise en place de la mesure le public afin qu?il participe activement en laissant une « véritable
marge » de manoeuvre en mettant en débat, par exemple, l?étendue géographique de la zone, le
type de véhicules interdits?
Être « acteur », donc contrôler, ne signifie pas forcément se sentir efficace dans son contrôle. Si
nous avons besoin de nous sentir autonomes pour accepter une mesure, nous avons également
besoin de nous sentir en capacité afin de changer nos comportements. »
Frédéric Martinez, Université Gustave Eiffel, revue TEC, juin 2019 ?extrait
Par exemple, à Amsterdam, lors des concertations, plusieurs situations ont conduit à solliciter des
dérogations. Pour la municipalité, l?essentiel est de préserver l?objectif final, des dérogations
temporaires pouvant faciliter la mise en oeuvre de la Zone zéro émission sans compromettre le
résultat final.
À Grenoble, une concertation informelle a permis de préciser le cadre de mise en place de la ZFE
(horaires, périmètre, dérogations?). 30
Les travaux de recherche fournissent également des indications précieuses sur le cadrage de la
communication, c?est-à-dire la façon de formuler les messages.
30 https://www.grenoble.fr/953-faq-zone-a-faibles-emissions.htm
PUBLIÉ
octobre 2023 Acceptabilité des zones à faibles émissions Page 54/134
En s?appuyant sur les théories de la psychologie sociale 31 , les résultats du programme de
recherche expérimentale PUNCH32 , réalisé à l?initiative de l?ADEME, montrent quel cadrage du
message il convient de privilégier dans le domaine du transport.
Concrètement, les principaux résultats sont les suivants :
- Les messages doivent mettre en exergue des conséquences immédiates (plutôt que de long
terme) et les illustrer narrativement à l?aide d?un seul exemple plutôt que par des statistiques.
- Les messages doivent préconiser des stratégies additives (Utilisez le vélo, le covoiturage, les
transports en commun) plutôt que soustractives (Renoncez à la voiture individuelle)
- Les messages doivent souligner les gains (Améliorez la qualité de l?air) plutôt que l?évitement
de pertes (Evitez la pollution de l?air).
Ainsi, c?est une communication positive qui est préconisée. Cette communication devrait permettre
au public d?appréhender la raison d?être du dispositif et d?anticiper les dispositions à prendre.
Pour que l?ensemble des personnes concernées puissent bénéficier de l?information nécessaire, la
visite de contrôle technique pourrait permettre de relayer l?information de manière personnalisée.
En matière d?information, certains acteurs regrettent que le nom des « zones à faibles émissions »
prête lui-même à confusion, puisque rien ne permet de savoir qu?il s?agit d?émissions de polluants
et non d?émissions de gaz à effet de serre. De ce point de vue, la dénomination anglaise de « zones
d?air pur » (clean air zones) paraît bien plus claire et concrète. Il paraît néanmoins délicat de
procéder à un changement de nom en France.
La communication devrait comprendre un portail unique d?information sous la forme d?un site
national, donnant lui-même accès à des portails propres aux différentes ZFE. Ces portails devraient
indiquer si un lieu donné (domicile, ?) est dans la ZFE ou si un itinéraire donné est concerné par
la ZFE. Ces portails devraient aussi offrir un « guichet » unique de gestion des aides financières,
afin de simplifier l?accès à ces aides.
Une bonne pratique complémentaire consiste à apporter un conseil en mobilité personnalisé,
comme cela existe à Bruxelles avec le Mobility Coach : il s?agit d?un service que les ménages
peuvent solliciter pour obtenir des informations adaptées à leur situation en matière de mobilité.
En France, Nice a également mis en place un tel service. Ce conseil pourrait être apporté en
« mobilité inversée », le conseiller se rendant sur le lieu où se trouve le public à informer.
Afin de sensibiliser le public aux enjeux de la qualité de l?air, une bonne pratique consiste, comme
cela a été fait à Bruxelles lors de la phase d?information préalable, à mettre à disposition des
capteurs permettant aux particuliers de mesurer eux-mêmes le niveau de pollution.
Une attention particulière doit également être portée à l?information et l?accompagnement des
entreprises. À Rotterdam, la municipalité apporte une aide personnalisée et gratuite aux
entreprises de toute taille, dans le cadre du programme Ecostar. Ce programme existait avant la
décision de mettre en place une zone zéro émission et était destinée à l?origine à promouvoir les
bonnes pratiques environnementales. Il a permis d?instaurer une relation de confiance avec les
entreprises.
31 Il s?agit notamment des travaux de Tversky et Kahneman sur l?effet de cadrage ou framing effect
32 Favoriser le report modal des urbains pour améliorer la qualité de l?air, ADEME, mars 2020
PUBLIÉ
octobre 2023 Acceptabilité des zones à faibles émissions Page 55/134
Mieux faire connaître les ZFE: lancer une campagne de communication
au niveau national pour expliquer les enjeux des ZFE.
Faciliter l'accès à l'information et aux aides: mettre en place un portail
d?information unique, incluant un guichet unique pour la gestion des aides, et un service de
conseil en mobilité pour les ménages et une assistance personnalisée pour les entreprises.
Une fois la ZFE créée, la communication doit se poursuivre sur la durée : il convient d?informer sur
l?évolution de la qualité de l?air et, plus généralement, les résultats de la ZFE en matière de
transformation des mobilités. Plusieurs villes, dont Bruxelles, présentent chaque année un bilan de
la qualité de l?air et de l?impact de la ZFE. Birmingham a ouvert un accès direct aux résultats des
stations de mesure de l?agglomération.
Figure 10 Supports de communication à Birmingham
Source : mission
6.2 L?acceptabilité du dispositif dépend du « sentiment d?équité »
qu?il inspire
Le classement en crit?air 1 de véhicules haut de gamme lourds est mal compris
Les objectifs de baisse des émissions de CO2 et d?amélioration de la qualité de l?air étant largement
confondus dans l?esprit du grand public, le fait que des véhicules haut de gamme lourds ayant une
PUBLIÉ
octobre 2023 Acceptabilité des zones à faibles émissions Page 56/134
consommation élevée soient classés Crit?air 1, tandis que de petits véhicules anciens consommant
peu sont mal classés, suscite beaucoup d?incompréhension.
Or l?acceptabilité du dispositif dépend beaucoup du « sentiment d?équité » qu?il inspire. Si certaines
des personnes concernées par les restrictions jugent que d?autres en sont dispensées de façon
injuste (les véhicules haut de gamme lourds, les véhicules étrangers, les camions, les taxis, etc.),
l?acceptabilité du dispositif diminue considérablement33.
Il est donc essentiel que le dispositif paraisse juste et de veiller à bien expliquer ce qui peut susciter
l?incompréhension. La FAQ du portail internet peut contribuer à ces explications.
À cet égard, il convient de rappeler que les véhicules dont le poids est élevé supportent un malus
et qu?ils sont donc bien pénalisés, grâce à ce dispositif.
Le contrôle automatisé par caméra est nécessaire à l?acceptabilité de la ZFE
En France, les acteurs évoquent l?inéquité d?une situation de ZFE sans sanction, où les personnes
ayant fait l?effort de respecter la règle sont désavantagées par rapport à celles qui l?auront ignorée.
Dans les pays du parangonnage, si l?on fait abstraction des cas particuliers de l?Allemagne et des
ZFE dédiées aux poids lourds de certaines villes néerlandaises, la règle qui se dégage est que le
contrôle des ZFE est effectué par un système de contrôle automatisé par caméra. Cela vaut pour
le Royaume-Uni, où la règle est fixée dans le dispositif national, les Pays-Bas (Amsterdam,
Rotterdam, Utrecht, La Haye, Arnhem et Haarlem), la Belgique, l?Italie et l?Espagne.
Cela peut paraître contre-intuitif de lier l?acceptabilité à la mise en place de contrôles automatisés,
notamment dans un pays qui a connu la crise des gilets jaunes et celle des bonnets rouges. Mais
l?expérience du parangonnage montre que ces contrôles permettent de diminuer le sentiment
d?inéquité et de mettre en oeuvre effectivement la ZFE. Chacun sait qu?en entrant dans la zone il
sera contrôlé. En revanche, l?introduction de ce contrôle doit se faire de manière progressive, avec
une information directement adressée aux publics concernés . À Bruxelles par exemple, pendant
plusieurs mois les conducteursflashés n?ont pas reçu d?amende mais un courrier personnalisé les
informant de la mise en oeuvre prochaine de la ZFE et leur donnant toutes les informations utiles
pour les accompagner, soit pour un changement de véhicule, soit vers d?autres types de mobilités
adaptées à leurs besoins.
Pour ce qui concerne les modalités de mise en place du système de contrôle automatisé, la mission
relève que la ville de Milan a lancé un appel d?offres, qui a été remporté par l?opérateur de transport
public. Au Royaume-Uni, en concertation avec les collectivités concernées et les professionnels,
le DEFRA (Ministère de l?environnement) a développé une interface entre les fichiers nationaux
d?immatriculations et les systèmes locaux de reconnaissance de plaques et de facturation des
« CAZ charges ».
La France a opté pour une solution mutualisée pilotée par les ministères de l?intérieur et de la
transition écologique : ces deux ministères élaborent le cahier des charges techniques d?un appel
d?offres, qui sera lancé par l?UGAP, en vue de la conclusion d?un marché public ; les collectivités
locales pourront passer commande dans le cadre de ce marché. L?intérêt de la démarche est
d?éviter que chaque collectivité doive mener son propre appel d?offres, et d?assurer l?interface avec
le fichier des immatriculations d?une part, le système de gestion des amendes ANTAI de l?autre.
Toutefois, entamée depuis plusieurs années, la procédure reste aujourd?hui encalminée au stade
de la mise au point du cahier des charges. Cette absence d?avancée de la procédure constitue un
obstacle majeur pour le déploiement effectif des ZFE. Les collectivités locales sont fondées à
interpeller l?État sur cette question.
Le calendrier prévisionnel de l?administration prévoit le lancement de la consultation en 2023, la
33 Source Ademe, travaux de F.Martinez ( UGE)
PUBLIÉ
octobre 2023 Acceptabilité des zones à faibles émissions Page 57/134
réalisation des tests prévus en 2024 et le déploiement des systèmes en 2025.
Finaliser sans délai le cahier des charges de l?appel d?offres relatif au
contrôle sanction automatisé et mener ensuite avec diligence la procédure d?appel d?offres.
Pour des raisons d?équité également, l?application du contrôle sanction aux véhicules étrangers est
souhaitée - en France et aussi dans les autres pays visités, où la mission a rencontré la même
préoccupation -, mais des dispositions devront être prises au niveau européen pour la mettre en
oeuvre. Ce sujet fait l?objet de discussions dans le cadre de la révision de la directive (UE) 2015/413
du parlement européen et du conseil du 11 mars 2015 facilitant l'échange transfrontalier
d'informations concernant les infractions en matière de sécurité routière, qui ne vise actuellement
pas les questions environnementales. Cette solution est appropriée, mais sa mise en oeuvre
effective prendra du temps. Dans un premier temps, il pourrait être pertinent de conclure des
accords bilatéraux, comme l?ont fait la Belgique et les Pays-Bas.
Enfin, la question de l?affectation du produit des amendes est posée. Ces amendes peuvent dans
certains pays atteindre un niveau élevé (Bruxelles). Il convient qu?un retour soit fait à la collectivité
en charge du déploiement de la ZFE, a minima pour couvrir les frais de mise en oeuvre de cette
zone, si possible pour contribuer au développement des solutions alternatives. En Angleterre, avec
une approche différente, c?est un droit d?accès qui est prélevé, et qui revient aux collectivités. À
Londres le revenu de la « congestion charge » limitée à l?hyper centre, et qui concerne tous les
véhicules, est important, mais la « ULEZ charge » ou la « CAZ charge » dans les autres villes
anglaises sont moins importantes, car les usagers se sont très vite adaptés.
6.3 L?importance du récit et de la vision pour l?acceptation de la ZFE
Au-delà de la communication elle-même, le portage politique de la ZFE joue un rôle essentiel : un
leadership politique décisif était un aspect visible de l'introduction réussie du péage urbain à
Göteborg, en Suède. La mission a également relevé le fort engagement des maires de Londres et
de Milan, ainsi que de l?adjoint au maire de Birmingham, dans le projet de ZFE.
Les enseignements tirés du parangonnage montrent qu?il s?agit pour la collectivité porteuse du
projet de donner à voir ce que sera la ville une fois qu?elle aura été transformée. Elle doit rassembler
les habitants et entreprises autour d?une vision du territoire tel qu?il sera dans cinq, dix ou quinze
ans, en intégrant dans cette vision les conséquences de la ZFE. La ZFE sera ainsi vue pour ce
qu?elle est, un aspect parmi d?autres d?un nouveau visage de la ville, plus désirable (avec un air
plus pur, de nombreuses facilités pour se déplacer) dans laquelle chaque citoyen pourra se projeter.
La collectivité devrait ainsi amener les citoyens à changer leur point de vue sur un projet qui ne
devrait plus apparaître comme une contrainte imposée aux habitants, mais comme une opportunité
de façonner une ville plus désirable, sans laisser personne sur le bord du chemin.
En outre, promouvoir une opinion positive du projet auprès du public contribue à répandre l?idée
selon laquelle la ZFE n?est pas imposée « du haut vers le bas » par les décideurs politiques, mais
est soutenue par un « mouvement populaire » de citoyens préoccupés par la qualité de l'air. Ce fut
effectivement le cas à Milan, où un référendum soutenu par des associations de citoyens a conduit
à renforcer les exigences de la ZFE par rapport au projet initial des autorités locales34.
Ainsi que le rappelle Frédéric Martinez dans l?article précité 35 , une pratique, lorsqu?elle est
34 Acceptabilité des ZFE par le public : le rôle des attitudes, des normes, des émotions et de la confiance, université
de Leeds, 2021
35 comment promouvoir l?acceptabilité des ZFE, Frédéric Martinez, Université Gustave Eiffel, revue TEC, juin 2019
PUBLIÉ
octobre 2023 Acceptabilité des zones à faibles émissions Page 58/134
valorisée « a davantage de possibilités de devenir visible, de constituer un support d?apprentissage
social par observation et imitation. La norme sociale est considérée comme un puissant
déterminant des comportements, qui peut ainsi inciter les individus à agir dans un sens donné ».
L?illustration ci-après montre comment une campagne d?information en cours à Cologne cherche à
promouvoir le vélo en interpellant le spectateur pour lui suggérer d?adopter la pratique représentée
de façon positive sur l?image :
Figure 11: campagne d'information sur la mobilité.
"Cologne devient plus mobile. Toi aussi?"
Source mission
Il en est des ZFE comme de beaucoup d?autres politiques de transition écologique. Tant qu?elles
sont vécues comme subies et ne sont pas accompagnées d?une vision globale, elles ne peuvent
générer que craintes et résistances, quand il ne s?agit pas d?un rejet complet. La question du récit
est absolument essentielle pour replacer cette politique dans un contexte plus global, dans lequel
des enjeux qui nous dépassent comme le changement climatique, la perte de la biodiversité ou la
lutte contre les pollutions peuvent devenir les moteurs d?un nouveau développement économique,
de nouveaux modes de vie, de nouvelles relations sociales. Et au lieu d?envisager cela comme un
fardeau, le concevoir comme une opportunité de construire, ensemble, un territoire où il fera mieux
vivre.
C?est également l?opportunité de rappeler que « nous sommes tous dans le même bateau » et que
ces enjeux doivent être l?occasion de reconstruire de l?action collective, de renouveler les
PUBLIÉ
octobre 2023 Acceptabilité des zones à faibles émissions Page 59/134
processus démocratiques et l?association des citoyens à la décision.
Qu?enfin l?avenir (ou la ZFE !) ne soit plus vu comme une abstraction suscitant l?angoisse mais
comme une vision porteuse d?espoir et d?envie.
PUBLIÉ
octobre 2023 Acceptabilité des zones à faibles émissions Page 60/134
Conclusion
Je remercie vivement les différents interlocuteurs, dans les pays du parangonnage et en France,
qui ont bien voulu consacrer de leur temps à la mission pour répondre à ses questions. Je remercie
également les ambassades, les services économiques régionaux et les consulats généraux, pour
leur aide dans l?organisation des entretiens et des déplacements, toujours très riches
d?enseignements. Je remercie enfin, l'IGEDD, pour son appui, et en particulier Patrick Lambert et
Bernard Schwob, inspecteurs généraux
Il apparaît que des ZFE ont été mises en oeuvre avec succès dans chacun des pays du
parangonnage. Ce constat est un encouragement pour les acteurs français. Il apparaît également
que les projets ou leur évolution suscitent des réactions dans certaines villes, qui s?efforcent de les
surmonter. Ce second constat confirme, s?il en était besoin, l?importance de respecter de bonnes
pratiques dans la préparation des projets et leur mise en oeuvre.
L?information sur les enjeux de la qualité de l?air, la concertation avec les acteurs dans la définition
des projets font partie de ces bonnes pratiques. L?information est essentielle pour battre en brèche
les idées préconçues, voire les fausses informations qui peuvent être martelées par certains
acteurs. La concertation permettra de rechercher le bon équilibre entre le niveau d?exigences en
matière d?émission de polluants des véhicules et la souplesse de mise en oeuvre indispensable
pour assurer l?acceptabilité du projet. À cet égard, des dérogations temporaires peuv33ent
utilement être accordées.
Par ailleurs, les ZFE ne peuvent constituer des projets isolés, mais s?inscrivent dans une stratégie
d?ensemble en matière de mobilité et d?aménagement du territoire. Elles accompagnent des projets
de développement des transports publics, du réseau cyclable et des services de mobilité tels que
l?autopartage. Elles s?insèrent dans un travail plus global avec les acteurs du territoire sur
l?organisation des mobilités (déplacements domicile-travail, accès aux services publics et aux
loisirs, organisation du télétravail) et sur la circulation des marchandises au sein des ZFE et dans
les territoires limitrophes.
Le parangonnage a clairement mis en évidence que les stratégies d?amélioration de la qualité de
l?air rejoignaient celles en faveur de l?atténuation du changement climatique : les « zones à faibles
émissions » de polluants et les mesures qui les accompagnent coïncident largement avec les
mesures permettant la réduction des émissions de gaz à effet de serre.
Cinq villes françaises doivent adapter la ZFE existante en vue de diminuer les effets de la mauvaise
qualité de l?air sur la santé de leurs habitants et respecter dans les meilleurs délais la
réglementation. Afin de les accompagner le mieux possible, un rééquilibrage des aides financières
pourra être opéré en faveur des villes en situation de dépassement des valeurs limites de
concentration de polluants.
Pour les autres villes et pour les acteurs au niveau national, il est important d?entamer des études
sur l?évolution de la qualité de l?air à l?horizon 2030 et sur les mesures à prendre afin que les règles
qui seront prochainement fixées au niveau européen puissent être respectées dès 2030, pour
assurer la santé des habitants.
Si la nécessité de préparer les dispositions à prendre pour 2030 ressort nettement du
parangonnage, d?autres recommandations du présent rapport, issues des bonnes pratiques
européennes, rejoignent et complètent celles formulées dans des travaux récents. Je me réjouis
de cette convergence de vues sur les mesures à prendre, qui me paraît de bonne augure pour leur
mise en oeuvre effective.
Les conclusions rejoignent également les propos tenus par la Première ministre le 13 juillet devant
le Conseil national de transition écologique et je lui donne ainsi le dernier mot :
PUBLIÉ
octobre 2023 Acceptabilité des zones à faibles émissions Page 61/134
« Enfin, dernier débat qui nous bloque souvent : celui de l'acceptabilité de notre action. Pour être
réussie, la transition écologique ne peut pas se faire malgré les Français ou contre eux. Nous
devons, au contraire, travailler avec eux, demander des efforts à la hauteur des moyens de chacun,
protéger et accompagner les plus fragiles et offrir systématiquement des solutions. Pour prendre
un exemple important, la voiture, il n'est pas question d'empêcher d'en disposer, mais d'offrir à
chacun l'accès pratique à un moyen de transport décarboné, soit un véhicule propre, soit d'autres
moyens de transport propre ».
Barbara Pompili
PUBLIÉ
octobre 2023 Acceptabilité des zones à faibles émissions Page 62/134
Annexes
PUBLIÉ
octobre 2023 Acceptabilité des zones à faibles émissions Page 63/134
Annexe 1. Lettre de mission
PUBLIÉ
octobre 2023 Acceptabilité des zones à faibles émissions Page 64/134
PUBLIÉ
octobre 2023 Acceptabilité des zones à faibles émissions Page 65/134
PUBLIÉ
octobre 2023 Acceptabilité des zones à faibles émissions Page 66/134
Annexe 2. Liste des personnes rencontrées
Nom Prénom Organisme Fonction
Date de
rencontre
FRANCE
BÉCHU Christophe Ministère de la
transition écologique
et de la cohésion
des territoires
Ministre 04/05/2023
FIRMIN LE BODO Agnès Ministère chargé de
l?organisation
territoriale et des
professionnels de
santé
Ministre déléguée 10/05/2023
ALHENC-GELAS Vincent Ministère délégué
chargé des PME, du
Commerce, de
l'Artisanat et du
Tourisme
Directeur de
cabinet
03/04/2023
MAISONNEUVE Sylvain Ministère délégué
chargé des PME, du
Commerce, de
l'Artisanat et du
Tourisme
Conseiller
commerce au
cabinet
03/04/2023
NGUYEN My-Lan Ministère délégué
chargé des PME, du
Commerce, de
l'Artisanat et du
Tourisme
Conseillère
parlementaire au
cabinet
03/04/2023
TABAROT Philippe Sénat Rapporteur
mission flash ZFE
05/04/2023
PECH Thierry Terra Nova Directeur général 20/04/2023
MILLER Laure Assemblée
nationale
Députée 02/05/2023
HERMINE Jean-
Philippe
IDDRI Directeur général 02/05/2023
MILLIENNE Bruno Assemblée
nationale
Rapporteur
mission flash ZFE
03/05/2023
LESEUL Gérard Assemblée
nationale
Rapporteur
mission flash ZFE
03/05/2023
ZAKHARTCHOUK Adrien Ministère de la
transition écologique
et de la cohésion
des territoires
Directeur adjoint
de cabinet
04/05/2023
LAVAL Sylvain Association des
Maires de France
Coprésident de la
commission
transports
09/05/2023
PUBLIÉ
octobre 2023 Acceptabilité des zones à faibles émissions Page 67/134
Nom Prénom Organisme Fonction
Date de
rencontre
LARCHER Louise Association des
Maires de France
Conseillère
transport et
urbanisme
09/05/2023
DE FONTAINES Charlotte Association des
Maires de France
Chargée des
relations avec le
Parlement
09/05/2023
AYADI Nadia Chambre de
commerce et
d?industrie Paris Ile-
de-France
Présidente de la
commission de
développement
économique
régional
09/05/2023
DUESO Nadine ADEME Cheffe du service
qualité de l?air
09/05/2023
DERKENNE Chantal ADEME Ingénieure 09/05/2023
BRETON Pierre Ministère chargé de
l?organisation
territoriale et des
professionnels de
santé
conseiller
Territoires, élus et
santé
environnementale
au cabinet
10/05/2023
BERTHELOT Florence Fédération
Nationale des
Transports Routiers
Déléguée
générale
10/05/2023
MARTIN Pauline Fédération
Nationale des
Transports Routiers
Déléguée
régionale
10/05/2023
MAILLART-
MEHAIGNERIE
Laurence Assemblée
nationale
Rapporteure
rapport
d?application loi
climat résilience
10/05/2023
GAZEAU Bruno Fédération
Nationale des
Associations
d?Usagers des
Transports
Président 15/05/2023
RICHNER Alain Fédération
Nationale des
Associations
d?Usagers des
Transports
Vice-président 15/05/2023
BOUILLON Christophe Association des
petites villes de
France
Président
//KAUFFMANN Anne Airparif Directrice études
et prospective
17/05/2023
LABORIE Anne ATMO France Déléguée
générale
17/05/2023
PUBLIÉ
octobre 2023 Acceptabilité des zones à faibles émissions Page 68/134
Nom Prénom Organisme Fonction
Date de
rencontre
ROSE Christian Confédération des
Grossistes de
France
Responsable
transport et
logistique
22/05/2023
HOURQUES Kristelle Confédération des
Grossistes de
France
Directrice des
affaires publiques
22/05/2023
JEAN Anne
Marie
France urbaine Vice-présidente
l?Eurométropole
de Strasbourg
22/05/2023
CHAUFOUR Etienne France urbaine Directeur en
charge des
mobilités
22/05/2023
CHANTRENNE Nicolas Ministère délégué
en charge de
l?industrie
Directeur adjoint
de cabinet
25/05/2023
FAURE Johann Ministère délégué
en charge de
l?industrie
Conseiller
automobile
25/05/2023
BOUDOT Éric GCK Président 07/06/2023
COLDEFY Jean Expert mobilité 07/06/2023
BARBRY Bénédicte Mobivia Directrice affaires
publiques
29/06/2023
DEGARDIN Léa Via ID Directrice Impact
et affaires
publiques
29/06/2023
LECONTE Manuel IGEDD Inspecteur
général
04/09/2023
RIVOALLON-
PUSTOC?H
Catherine IGEDD Inspectrice
générale
04/09/2023
DRUON Stéphanie IGEDD Inspectrice 04/09/2023
SCHMITT Christophe TLF Co-Président
commission
logistique urbaine
04/09/2023
PONCELET Olivier TLF Délégué général 04/09/2023
DOUY Jérôme TLF Directeur délégué
Logistique
urbaine
04/09/2023
MANDON Thierry Conseil national du
commerce
Secrétaire
général
04/09/2023
DE BOISSIEU Marie Direction générale
des entreprises
Sous directrice du
commerce et de
la restauration
04/09/2023
LE ROCH Emmanuel PROCOS Délégué général 04/09/2023
PUBLIÉ
octobre 2023 Acceptabilité des zones à faibles émissions Page 69/134
Nom Prénom Organisme Fonction
Date de
rencontre
VILLIER Nadine Fédération des
marchés de France
Secrétaire
générale
04/09/2023
PALOMBI Francis Confédération des
commerçants de
France
Président 04/09/2023
RUINART DE
BRIMONT
Laure Confédération des
commerçants de
France
Déléguée
générale
04/09/2023
BIZE Sandrine Confédération
générale de
l?alimentation de
détail
Chef de
département
04/09/2023
LAYANI Stéphane Marché d?intérêt
National de Rungis
Président
directeur général
05/09/2023
CAULLET Jean-Yves Préfet Président de la
commission des
professions
foraines et
circassiennes
11/09/2023
BELGIQUE
SENEMAUD François Ambassade de
France
Ambassadeur 23/05/2023
BOULANGER Arnaud Ambassade de
France
Chef du service
économique
régional
23/05/2023
CROZE Laurie Ambassade de
France
Adjointe au chef
de service
23/05/2023
VAN DEN
BERGHE
Jelle Ministère de
l?environnement de
la Région flamande
Membre du
cabinet
23/05/2023
DE BACKER Toby Ministère de
l?environnement de
la Région flamande
Membre du
cabinet
23/05/2023
DORNIER Pierre Les chercheurs d?air Président 23/05/2023
MARON Alain Ministère de
l?environnement de
la Région Bruxelles-
capitale
Ministre 23/05/2023
DEMUELENAERE Lucas Ministère de
l?environnement de
la Région Bruxelles-
capitale
Conseiller
mobilité, air et
climat
23/05/2023
ESPAGNE
RIBERA Teresa Ministère de la
transition écologique
Ministre 01/06/2023
PUBLIÉ
octobre 2023 Acceptabilité des zones à faibles émissions Page 70/134
Nom Prénom Organisme Fonction
Date de
rencontre
ALLEMAGNE
KUNSCHAK Martin Munich Collaborateur
personnel de la
maire
20/06/2023
LUTZ Martin
Berlin
Département de la
mobilité, des
transports, de
l?action climatique et
de l?environnement
Chef du pôle
« management
de la qualité de
l?air »
6/07/ 2023
ZIMMER Elke
Ministère des
transports, Land du
Bade-Wurtemberg
Secrétaire d'État 10/07/2023
ERDMENGER Christoph
idem
Chef du
département
mobilité durable
10/07/2023
WEESE Udo
idem
Chef d'unité
protection contre
le bruit et
protection de l'air
10/07/2023
HERMANNS Michael
Ministère de
l'Environnement, de
la Protection de la
Nature et des
Transports du Land
de Rhénanie du
Nord-Westphalie
Chef de la
division VIII ?
développement
durable
11/07/2023
SZAFINSKI Heike
idem
Directrice adjointe
de la division V-
protection contre
la pollution
11/07/2023
OCHSENFAHRT Volker
idem
Chef d'unité V 3 -
protection de l'air
11/07/2023
EHLERS Christian
idem
Unité V 3 -
protection de l'air
11/07/2023
REICHARD Ulf
Agence de Rhénanie
du Nord- Wesphalie
pour le climat,
NRW4Climate
directeur 11/07/2023
STIELER Patrick
Mairie de Cologne,
Office pour le
management de la
circulation
directeur 11/07/2023
PUBLIÉ
octobre 2023 Acceptabilité des zones à faibles émissions Page 71/134
Nom Prénom Organisme Fonction
Date de
rencontre
STROMPEN Frederik
Mairie de Cologne
directeur de
cabinet de
l?adjoint au maire
en charge de la
mobilité
11/07/2023
KEUPEN Sybille
Mairie d?Aix-la-
Chapelle
maire 12/07/2023
MEINERS Klaus
Idem,
Département Climat
et Environnement
directeur 12/07/2023
STREHLE Isabel
Idem,
Département
Urbanisme et
infrastructures
directrice 12/07/2023
LANGNER Marcel
Agence fédérale de
l?environnement
Chef du
département air
18/07/2023
ITALIE
ORIOLI Valentina
Mairie de Bologne
Assesseur à la
mobilité
26/06/2023
BONI Anna-Lisa
idem
Assesseur à la
transition
écologique
26/06/2023
MAGLIULO Claudio
Cleancities
Directeur de
Cleancities, Italie
26/06/2023
BONAVINA Sergio
Mairie de Padoue
Assesseur à la
sécurité
26/06/2023
SALA Giuseppe
Mairie de Milan
maire 27/06/2023
CENSI Ariana
Mairie de Milan
Adjointe au maire
pour la mobilité et
les transports
27/06/2023
RIAZZOLA Stefano
Mairie de Milan
Directeur de la
mobilité
27/06/2023
GIANA Arigo
ATM ( transports
publics de Milan
Directeur général 27/06/2023
MARCHETTI Paolo
ATM
Directeur de la
stratégie, de
l?innovation et de
la durabilité
27/06/2023
PUBLIÉ
octobre 2023 Acceptabilité des zones à faibles émissions Page 72/134
Nom Prénom Organisme Fonction
Date de
rencontre
FERRARA Paolo
ATM
Directeur du
système
d?information
27/06/2023
CARRERI Roberto
ATM
Responsable des
données
27/06/2023
PAYS-BAS
ALABRUNE François
Ambassade de
France
Ambassadeur 03/07/2023
ROBIN-
MITREVSKI
Aude
Ambassade de
France
Cheffe du service
économique
régional
03/07/2023
OUAHSINE Samy
Ambassade de
France
Conseiller
développement
durable
03/07/2023
KRAAIJVANGER Bart
Transdev Nederland
Manager zero
emission
03/07/2023
VALLENGOED-
UDO
Josette
Ville d?Amsterdam
Directrice du
programme zéro
émission
03/07/2023
DE BRUIN Elmer
Transport en
Logistiek Nederland
Directeur des
affaires
internationales
03/07/2023
NELCK Anne-
Marie
Transport en
Logistiek Nederland
Responsable
secteur
distribution
03/07/2023
KAPTEIJNS Arjen
Ville de La Haye
Adjoint au maire
en charge de
l?environnement
03/07/2023
VAN BREE Emma
Ministère des
infrastructures et de
la voie d?eau
Coordinatrice
zéro émission et
logistique
04/07/2023
CRAMER Rosemarie
RVO
Conseillère
mobilités et
développement
durable
04/07/2023
STAAL Peter
KNAK
directeur 04/07/2023
ONNEN Nienke
Natuur en Milieu
Responsable du
programme
mobilités
durables
04/07/2023
KOERHUIS Daniel
Parlement
Député 04/07/2023
ZELLER Helene
Ville de Rotterdam
Conseillère
affaires
internationales
11/10/2023
PUBLIÉ
https://www.denhaag.nl/nl/bestuur-en-organisatie/college-van-burgemeester-en-wethouders/wethouder-arjen-kapteijns.htm
https://www.denhaag.nl/nl/bestuur-en-organisatie/college-van-burgemeester-en-wethouders/wethouder-arjen-kapteijns.htm
octobre 2023 Acceptabilité des zones à faibles émissions Page 73/134
Nom Prénom Organisme Fonction
Date de
rencontre
STRENG Jos
Ville de Rotterdam
Responsable du
programme zéro
émission
11/10/2023
SCHRIJNEN Laurens
Ville de Rotterdam
Directeur du
programme rues
sures
11/10/2023
ROYAUME-UNI
DUCHENE Hélène
Ambassade de
France
Ambassadrice 17/07/2023
MAST Jeremy
Ambassade de
France
Conseiller
développement
durable
17/07/2023
AUCLAIR Léa
Ambassade de
France
Attachée
transports
17/07/2023
DANCE Seb
Ville de Londres
Adjoint au maire
en charge des
transports
17/07/2023
REYNOLDS Charlotte
Transport for London
Principal City
Planner
17/07/2023
HAYWARD-
SPEIGHT
Lucy
Transport for London
Head of
environment
strategy and
planning
17/07/2023
JAMES Simon
DEFRA
Directeur adjoint
Joint air quality
unit
17/07/2023
FYFIELD Dan
DEFRA
Head of digital
delvery
17/07/2023
VALJI Nandu
Department for
Transport
Projetc delivery
Lead
17/07/2023
WALTERS Fiona
DEFRA
Local authority
account manager
17/07/2023
FEENEY Hannah
DEFRA
Communication
and stakeholders
manager
17/07/2023
FITZHARRIS Ruth
Mums for Lungs
Porte-parole 17/07/2023
CLEMENTS Liz
Ville de Birmingham
Adjointe au maire
en charge des
transports
17/07/2023
ZAFFAR Wasseem
Ville de Birmingham
Conseiller
municipal
17/07/2023
ARNOLD Stephen
Ville de Birmingham
Directeur de la
CAZ
17/07/2023
PUBLIÉ
octobre 2023 Acceptabilité des zones à faibles émissions Page 74/134
PUBLIÉ
octobre 2023 Acceptabilité des zones à faibles émissions Page 75/134
Annexe 3. Glossaire des sigles et acronymes
Acronyme Signification
ADEME Agence de la transition énergétique
CAZ Clean air zone ? zone d?air pur (en Angleterre)
DEFRA
Département de l'Environnement, de
l'Alimentation et des Affaires rurales
( Royaume-Uni)
EPCI
Établissement public de coopération
intercommunale
FAP Filtre à particules
IGEDD
Inspection générale de l?environnement et du
développement durable
NO2 Dioxyde d?azote
NOx Oxyde d?azote
PM Particulate matter- particules fines
OMI Organisation maritime internationale
OMS Organisation mondiale de la santé
PL Poids lourd
TfL Transport for London
UGAP Union des groupements d?achat public
VL Véhicule léger
VUL Véhicule utilitaire léger
ZBE Zone de basses émissions (Belgique, Espagne)
ZEZ Zone zéro émission
ZFE Zone à faibles émissions
ZTL Zone de trafic limité (Italie)
PUBLIÉ
octobre 2023 Acceptabilité des zones à faibles émissions Page 76/134
Annexe 4. Vignette française Crit?air et norme Euro
Depuis 1992, la Commission européenne définit une norme d?émission, appelée « norme euro »,
pour les moteurs des véhicules. L?objectif est de limiter les émissions de polluants liées à la
circulation routière. Les exigences de la norme sont régulièrement révisées à la hausse, afin que
les constructeurs mettent sur le marché des véhicules de moins en moins polluants. Ainsi, les
véhicules neufs doivent désormais être conformes à la norme Euro 6 pour les véhicules légers et
Euro VI pour les poids lourds, en application du règlement européen n° 595/2009 en date du 18
juin 2009.
La commission européenne a proposé en novembre 2022 un projet de règlement « Euro 7 »,
destiné à entrer en vigueur en 2025, qui renforce les exigences de réduction des émissions de
polluants et prend en compte pour la première fois les émissions de particules fines causées par
l?abrasion des freins et des pneumatiques. Contesté par l?industrie automobile, ce projet fait
actuellement l?objet de débats entre les pays membres. Le Conseil de l?Europe a adopté le 25
septembre 2023 une version moins exigeante que celle proposée par la commission.
En France, l?article R 318-2 du code de la route stipule que « le classement des véhicules à moteur
en fonction de leur contribution à la limitation de la pollution atmosphérique (?) est établi à partir
de leur niveau d'émission de polluants atmosphériques ». L?arrêté du 21 juin 2016 établit la
nomenclature des véhicules, qui sont classés en fonction de leur niveau d'émission de polluants
atmosphériques en référence aux normes Euro et aux dates d?immatriculation des véhicules. Le
système de vignettes Crit?air ainsi défini comporte 6 catégories, qui se traduisent par des vignettes
de couleur différentes. La vignette est apposée sur le pare-brise du véhicule et permet d?identifier
visuellement son niveau de pollution théorique.
Dans l?échantillon étudié par la mission, seuls deux pays européens ont adopté un système de
vignettes, l?Allemagne et L?Espagne. Un système équivalent existe également en Autriche. Ces
vignettes sont propres à chaque pays et ne sont pas reconnues, sauf exception, à l?extérieur des
frontières. Des débats ont eu lieu il y a quelques années sur la possibilité d?instaurer une vignette
européenne unique valable dans l?ensemble des pays de l?Union. Ce débat, qui se heurtait au
principe de subsidiarité, est resté sans suite : les pays ayant mis en place des systèmes de contrôle
par reconnaissance des plaques d?immatriculation considéraient que le dispositif de vignette n?avait
qu?un intérêt limité.
Les figures ci-dessous présentent les vignettes françaises Crit?air dans le cas des voitures
particulières, des véhicules utilitaires légers et des poids lourds.
PUBLIÉ
octobre 2023 Acceptabilité des zones à faibles émissions Page 77/134
Figure 12: vignette crit'air:
voitures particulières, véhicules utilitaires légers, poids lourds
PUBLIÉ
octobre 2023 Acceptabilité des zones à faibles émissions Page 78/134
PUBLIÉ
octobre 2023 Acceptabilité des zones à faibles émissions Page 79/134
Source : https://www.ecologie.gouv.fr/certificats-qualite-lair-critair
PUBLIÉ
octobre 2023 Acceptabilité des zones à faibles émissions Page 80/134
Annexe 5. Allemagne
L?annexe sur l?Allemagne présente :
Les « zones environnementales » créées vers 2010
« L?interdiction de circulation des véhicules diesel » dans certaines villes vers 2020
Les réflexions sur l?amélioration de la qualité de l?air à l?horizon 2030
Dès 2010, les « zones environnementales » exigent le standard Euro 3 ou 4 pour
les véhicules diesel.
Une loi fédérale de 2006 36 crée un dispositif de « zone environnementale » ( Umweltzone)
comprenant un système de vignettes, comme en France, une liste de catégories de véhicules
exemptés et un dispositif de sanction en cas de violation des restrictions de circulation. L?objectif
principal est de réduire la pollution causée par les particules fines (PM 10).
Dans ce pays fédéral, c?est la région (le Land), qui est compétente pour la surveillance de la qualité
de l?air et la planification des mesures nécessaires. Si les exigences réglementaires ne sont pas
respectées dans une ville, la région lance l?établissement d?un plan de qualité de l?air. Les autorités
locales y contribuent en identifiant les mesures possibles, qu?il s?agisse de la création d?une « zone
environnementale » (Umweltzone) ou d?autres mesures. Elles assurent ensuite la mise en oeuvre
du plan.
Ainsi, à Berlin, la zone environnementale est mise en place en deux étapes : la vignette rouge est
imposée en 2008 et en 2010 la vignette verte, qui est la plus exigeante. Stuttgart procède de même
en 2008 et 2012 respectivement.
Il appartient aux villes de choisir le niveau d?exigence. En pratique, à une exception près, toutes
les villes ont choisi la vignette « verte », la plus exigeante du dispositif fédéral (exigence minimale
Euro 4 pour le diesel).
Il convient de noter que le dispositif allemand prévoit la possibilité de moderniser un véhicule diesel
avec un système de filtre à particules. Vers les années 2010, l?acceptabilité du dispositif a été
grandement facilitée par la possibilité d?effectuer ce rétrofit consistant à installer un filtre à particules
sur un véhicule diesel Euro 3. À Berlin, cette opération a concerné 58 000 véhicules. Dès 2012,
toutefois, en France, un avis de l?ADEME déconseillait cette solution, considérée comme peu
efficace.
Par ailleurs, des dispositions temporaires ont été mises en place pour faciliter la transition.
Aujourd?hui, ces zones environnementales sont à peine perçues comme une restriction. En effet,
en 2022, 90 % du parc immatriculé en Allemagne bénéficie de la vignette verte, ce qui signifie que
le dispositif n?est plus discriminant. Nos interlocuteurs considèrent qu?il est obsolète.
Le tableau ci-dessous montre du reste que l?exigence de la vignette verte est inférieure à l?exigence
légale applicable aux ZFE en France au 1er janvier 2025 lorsque les normes de qualité de l?air ne
sont pas respectées de manière régulière :
36 Verordnung zur Kennzeichnung der Kraftfahrzeuge mit geringem Beitrag zur Schadstoffbelastung
https://www.gesetze-im-internet.de/bimschv_35/index.html
PUBLIÉ
octobre 2023 Acceptabilité des zones à faibles émissions Page 81/134
Tableau 9: comparaison des exigences minimales en Allemagne et en France
Standard
minimum
exigé
Allemagne
(tous véhicules, sauf 2 roues )
« vignette verte »
France
( véhicules légers ,
2 roues non concernés)
Au 1er Janvier 2024* Au 1er Janvier 2025*
Diesel Euro 4
ou Euro 3 avec filtre à particule
Euro 4
(interdiction des
crit?air 4)
Euro 5
(Interdiction des
crit?air 3)
Essence Euro 1 avec pot catalytique - Euro 4
(Interdiction des
crit?air 3)
* Lorsque les normes de qualité de l?air ne sont pas respectées de manière régulière, au sens de
l?article L.2213-4-1 du code général des collectivités territoriales.
Une liste de dérogations a été introduite au niveau fédéral. Elle peut être complétée au niveau local.
Les dérogations introduites initialement pour les riverains et les artisans ont été supprimées depuis
longtemps. Un dispositif de « bonus écologique » pour l?achat d?un véhicule électrique est en place
au niveau fédéral. En revanche, la « prime à la casse » mise en place en 2009 a été supprimée
l?année suivante.
Le contrôle par caméra était interdit jusqu?en 2021 37. Néanmoins, nos interlocuteurs de Berlin
excluent cette solution, qui soulèvent dans ce pays de fortes objections de principe. À Munich, la
ville a pu vérifier par des contrôles dans les parkings que le taux de respect de la règle était
supérieur à 95%. De même, à Stuttgart, les services du Land expliquent qu?il n?y a pas de contrôles
fléchés sur la zone environnementale. Ces contrôles sont effectués à l?occasion des contrôles de
vitesse et des contrôles dans les parkings. Les infractions sont souvent de nature formelle : par
exemple, plaquette manquante ou illisible.
Les véhicules immatriculés à l?étranger sont concernés par les zones environnementales. Ils
doivent se procurer la vignette.
Pour ce qui concerne l?effet de ces zones environnementales, on peut citer le cas de la zone
environnementale de la Ruhr, qui concerne plusieurs villes de ce territoire. L'analyse des données
de 26 stations de mesure a montré une diminution de la pollution supérieure à 2 µg/m3 pour les
particules fines (PM10) et variant de 1 à 4 µg/m3 pour le NO2 en moyenne annuelle 38. Cette
diminution est bien l?effet attribuable à la zone environnementale, car les résultats ont été obtenus
en effectuant une correction pour tenir compte des changements mesurés dans les stations de
fond ou dans les stations de trafic en dehors des zones environnementales. Des calculs de
modélisation sur la diminution de la pollution de l'air à proximité des axes routiers, à météorologie
et pollution de fond constantes ont confirmé ces résultats. 39
37 https://www.lagrandeconversation.com/debat/ecologie/zones-de-faible-emission-un-risque-dexclusion-sociale-
dans-les-villes/#retours-dexperience-de-quatre-zfe-europeennes-berlin-bruxelles-londres-madrid
38 Agence fédérale de l?environnement
https://www.umweltbundesamt.de/themen/luft/luftschadstoffe/feinstaub/umweltzonen-in-deutschland#10-welche-
grundlegenden-effekte-hatten-die-umweltzonen-bisher
39 P.Bruckmann et al. ?Verbessern Umweltzonen die Luftqualität?? Landesamt für Natur, Umwelt und
Verbraucherschutz, Recklinghausen, VDI-Berichte Nr. 2113, 2011
PUBLIÉ
octobre 2023 Acceptabilité des zones à faibles émissions Page 82/134
Il faut toutefois être conscient que le gain résultant du dispositif proprement dit baisse au fil des
années, compte tenu de l?amélioration du parc de véhicules.
Cette amélioration de la qualité du parc a incité 10 villes à décider la suppression de la zone
environnementale, au motif qu?elle n?était plus nécessaire pour assurer le respect de la
réglementation en matière de qualité de l?air.
Enfin, les dispositifs mis en oeuvre par les villes dans le cadre de leur plan pour la qualité de l?air
comprennent, le cas échéant, la zone environnementale, mais aussi un ensemble d?autres
mesures, telles que le développement du réseau de pistes cyclables ou le renouvellement de la
flotte de bus.
A la date de mai 2023, 48 zones environnementales sont en place en Allemagne.
Vers 2020, les villes en dépassement de la valeur limite pour le NO2 adoptent les
normes minimales Euro 5 ou 6 ? ou d?autres solutions
Au dispositif de « zone environnementale » défini par la loi fédérale de 2006 s?ajoute dans certaines
villes un dispositif dit « d?interdiction » de circulation des véhicules diesel (« Dieselfahrverbot »).
Ce dispositif résulte d?un arrêt de 2018 de la cour suprême fédérale (Bundesverwaltungsgericht)
et peut être mis en place dans les villes où la réglementation européenne en matière de qualité de
l?air n?est pas respectée, ce qui concerne en pratique la valeur limite du NO2. Les villes concernées
restent libres de rechercher le respect de la réglementation européenne par d?autres dispositions
que cette interdiction de circulation des véhicules diesel.
Le dispositif « d?interdiction » de circulation des véhicules diesel n?interdit pas au sens strict ces
véhicules. Il s?agit le plus souvent de fixer le niveau minimum de la norme à pour les véhicules
diesel à Euro 6/VI et, parfois, pour les véhicules essence à Euro 3. Le dispositif s?applique dans
les villes de Darmstadt, Francfort, Hambourg, Mayence, Munich et Stuttgart40 et peut concerner
certaines rues ou quartiers ou bien la ville entière.
Le tableau ci-après complète le tableau 10 ci-dessus et met en évidence que les caractéristiques
minimales de « l?interdiction » de circulation des véhicules diesel sont proches du dispositif national
français applicable dans le cas où les normes de qualité de l?air ne sont pas respectées « de
manière régulière » :
Tableau 10: comparaison des exigences minimales en Allemagne et en France
Standard
minimum
exigé
Allemagne
France
( véhicules légers,
2 roues non concernés)
Zone environnementale
traditionnelle :
« vignette verte »
(tous véhicules,
sauf 2 roues )
« Interdiction » de
circulation des
véhicules diesel
Au 1er Janvier
2024
Au 1er Janvier
2025
Diesel Euro 4
ou Euro 3 avec FAP
Euro 5 ou 6
Euro 4 Euro 5
Essence Euro 2
ou Euro 1
avec pot catalytique
Dans certains cas :
Darmstadt : Euro 3
- Euro 4
40 https://www.db-anwaelte.de/abgasskandal/diesel-fahrverbot/
PUBLIÉ
octobre 2023 Acceptabilité des zones à faibles émissions Page 83/134
À propos de l?acceptabilité du dispositif « d?interdiction » de circulation des véhicules diesel, les
services de la région de Baden Wurtemberg relèvent l?écart entre les exigences pour le diesel (Euro
6) et celles pour l?essence (Euro 2). Ils soulignent que les ménages n?ayant pas les moyens de
remplacer leur véhicule diesel peuvent plus facilement le remplacer par un véhicule à essence.
Cinq villes où la valeur limite du NO2 était dépassée illustrent différentes approches possibles pour
y remédier, en recourant ou non à « l?interdiction » de circulation des diesels.
Dans 3 villes, « l?interdiction » de circulation des véhicules diesel a été mise en place ? et elle a
pu être levée deux ans après dans l?une d?entre elles :
- À Stuttgart, la région, qui est compétente, a mis en place une « interdiction » de circuler des
véhicules diesels ; Il existe deux zones, l?une mise en place en 2019 et couvrant la ville
entière, où la norme Euro 5 est exigée, l?autre mise en place en 2020 sur un périmètre
restreint, où la norme Euro 6 est exigée. Grâce à ces mesures, la valeur limite du NO2 est
respectée depuis 2021.En 2019, les ménages et les entreprises ont reçu une information
préalable (envoi d?un dépliant).
Les services de la région estiment que la population approuve la mesure. Ils rappellent à
cet égard le dispositif d?alerte sur les particules fines qui existaient précédemment. À
l?époque, les gens se plaignaient des troubles qu?ils ressentaient dans ces périodes et se
demandaient quand les autorités prendraient des mesures sérieuses sur le sujet. Par
ailleurs, les articles du journal local sur la qualité de l?air ont contribué à sensibiliser le
public au sujet.
Quelques sections très spécifiques qui pâtissaient d?un fort niveau de pollution en particules
fines et dioxyde d?azote a été équipée de colonnes filtrantes, permettant de réduire le niveau
de pollution :
Figure 13: colonnes filtrantes, à Stuttgart, Neckartor
PUBLIÉ
octobre 2023 Acceptabilité des zones à faibles émissions Page 84/134
Source mission
- À Munich, le dispositif « d?interdiction » de circuler des véhicules diesels comporte 3 étapes
successives :
o La valeur moyenne du NO2 dépassant en 2022 la valeur limite sur plusieurs points de
mesure, la 1ère étape est intervenue au 1er février 2023. À cette date, le périmètre de
la zone environnementale, qui comprenait la zone comprise strictement à l?intérieur du
périphérique intermédiaire (Mittlerer Ring) est étendu à ce périphérique lui-même ; le
niveau d?exigence minimum est porté à Euro 5/V ; outre les dérogations habituelles (les
personnes handicapées, les services de soin, ...), de larges dérogations sont prévues
à ce stade, notamment pour les résidents de la zone, les livraisons et les artisans.
Il était prévu que les deux autres étapes seraient mises en oeuvre respectivement au 1er
octobre 2023 et au 1er avril 2024, si cela était nécessaire pour obtenir le respect de la valeur
limite du NO2 :
o La 2ème étape consiste à porter l?exigence minimale à Euro 6/VI ;
o La 3ème étape consiste à supprimer les dérogations pour les résidents et les livraisons.
Toutefois, la ville a décidé, fin juillet, de suspendre temporairement l?a mise en oeuvre de l?étape
2 et de renoncer à l?étape 3.
- À Stuttgart, comme à Munich, même si l?on fait abstraction dans le cas de Munich des
dérogations temporaires pour les résidents et les livraisons, le dispositif de dérogation est
très large (cf. annexe 5).
- À Berlin, la zone environnementale nécessitant la vignette « verte » couvre environ 10% de
la surface de la ville et concerne 1 M de personnes sur une population totale de 3,7 M. Une
« interdiction » de circuler des véhicules diesel a été mise en place en 2020. Elle présente
la particularité d?être limitée à 8 voies. L?interdiction a été levée en 2022, car elle n?était plus
nécessaire au respect de la réglementation. Nos interlocuteurs de Berlin sont d?avis que cette
solution d?interdiction de certaines voies comporte des limites : elle permet d?éviter le
dépassement de la valeur limite, mais ne fait que déplacer le trafic et, par conséquent, la
pollution.
Dans deux villes, des solutions autres que « l?interdiction » de circulation des véhicules diesel sont
mises en place :
À Cologne, en 2019, la valeur limite du NO2 n?était pas respectée et la ville était menacée d?une
interdiction de circulation des véhicules diesel. Cette situation a suscité un large débat sur le rythme
du changement en matière de transport urbain. Le débat a fait apparaître que des mesures moins
radicales que l?interdiction de circulation des véhicules diesel pouvaient être envisagées.
Les mesures suivantes ont été mises en oeuvre :
o L?optimisation des feux de circulation ;
o La diminution du nombre de voies sur le pont sur le Rhin ;
o La création de lignes de bus express ;
o L?extension du périmètre de la zone environnementale à la quasi-totalité de la ville, soit
une surface de 137 km2, les autoroutes, le port et une zone d?activité étant exclus ;
o L?interdiction de transit des poids lourds ;
o La gestion améliorée des places de parking (diminution du nombre de places de
stationnement, augmentation du prix du parking pour les résidents, ?) ;
o Le développement des voies cyclables ;
o L?électrification de la flotte de bus, qui a bénéficié d?une subvention à hauteur de 70%
par l?État fédéral
Un système de suivi en temps réel du trafic et de la pollution de l?air a été mis en place. Il
s?appuie à la fois sur des données de points de mesure et des données de modélisation. Dès
2020, les exigences réglementaires en matière de qualité de l?air ont été respectées. La ville de
PUBLIÉ
octobre 2023 Acceptabilité des zones à faibles émissions Page 85/134
Cologne a par ailleurs mené avec Ford une expérimentation portant sur l?utilisation de véhicules
hybrides dans les zones environnementales : fondé sur la blockchain, le dispositif permettait
l?enclenchement automatique du moteur électrique à l?entrée dans la zone et le suivi des
données de circulation pertinentes. 41
- À Aix-la-Chapelle, la limite n?était pas respectée non plus sur 6 points de mesure pour le
NO242 ; à la suite d?une décision du tribunal administratif supérieur (Oberverwaltungsgericht
de Münster) déclarant illégal le plan de qualité de l?air de 2019, des mesures ont été adoptées
pour éviter une interdiction de circulation des véhicules diesel: acquisition de bus Euro 6 ou
électriques, installation de filtres à NO2 sur le parc existant, augmentation sensible du prix
du stationnement sur la voie publique et limitation de la durée à une heure, extension du
réseau de voies cyclables. En 2023, les exigences réglementaires sont respectées.
-
Le tableau ci-après récapitule le niveau d?exigences Euro dans les cinq villes :
Tableau 11: caractéristiques des zones environnementales étudiées par la
mission
Ville Périmètre Norme
minimale
diesel
Norme
minimale
essence
Observations
Stuttgart 43
Dieselfahrverbot sur 2
périmètres
(quelques sections ex-
clues) :
-ville entière
-petite zone
-Euro 5/V
-Euro 6/VI 44
-Contrôle par la po-
lice
-Nombreux P+R
Munich
Dieselfahrverbot mis
en place en 3 étapes
1ère étape au 1er fé-
vrier 2023
A cette date, Le péri-
mètre de la Umwelt-
zone est étendu au
Mittlerer Ring
Vignette verte
+
1ère étape du
Dieselfahrver-
bot :
Euro 5/ V
dérogations
temporaires :
résidents, livrai-
son, artisans
Vignette
verte
Si les exigences sur
le NO2 ne sont pas
respectées :
- au 1er octobre
2023 : Euro 6/VI
- au 1er avril 2024 :
suppression des
dérogations pour
résidents et livrai-
sons
41 https://media.ford.com/content/fordmedia/feu/de/de/news/2021/01/22/geofencing-und-blockchain-modell-
projekt-praesentiert-ergebnisse.html
42https://www.aachen.de/DE/stadt_buerger/umwelt/luft-
stadtklima/luftreinhalteplan_umweltzone/luftreinhalteplan_2022/luftreinhalteplan_aachen_03_fortschreibung_2022
.pdf
43 https://www.stuttgart.de/leben/mobilitaet/dieselverkehrsverbot/dieselverkehrsverbot.php
44 possibilité d?équiper les PL d?un système de traitement des gaz d?échappement
https://vm.baden-wuerttemberg.de/de/mensch-umwelt/luftreinhaltung/umweltzonen-und-lkw-durchfahrtsverbote
PUBLIÉ
octobre 2023 Acceptabilité des zones à faibles émissions Page 86/134
Berlin
ZFE = 88 km2 sur 892
km2
-concerne 1M de per-
sonnes sur 3,7 M pour
Berlin
vignette verte
Mesures complé-
mentaires en
201945 :
-limitation à
30km/h sur cer-
tains tronçons ;
Cologne 46
Quasi-totalité
de la ville
Vignette verte
Aix-la-Chapelle47
25km2 sur 160km2
Zone comprise à l?in-
térieur du périphé-
rique extérieur
-Vignette verte
-les inconvénients du NO2 pour
des concentrations relativement
faibles sont soulignés48
4 P+R
Les réflexions sur l?amélioration de la qualité de l?air à l?horizon 2030 s?appuient
sur les politiques de neutralité climatique
Un projet de « vignette bleue », qui aurait concerné les véhicules électriques et les véhicules diesel
Euro 6 a été abandonné par le gouvernement en 2016, faute d?un accord politique sur le sujet. En
pratique, le dispositif « d?interdiction » des véhicules diesel, qui a été imposé par les tribunaux, est
équivalent.
Pour ce qui concerne les évolutions à long terme, les entretiens menés par la mission ont montré
que les régions (Länder) et les villes ont entamé une réflexion sur les moyens de respecter les
futures exigences réglementaires au niveau européen.
Les services de la région de Baden Wurtemberg se montrent confiants dans la possibilité
d?atteindre aisément une valeur limite de 20 µg/m3 pour le NO2, même dans une ville comme
Stuttgart. La valeur limite de l?ozone serait en revanche plus délicate à respecter. Ils justifient leur
optimisme en se référant aux effets sur la qualité de l?air des mesures prévues en matière de
limitation des émissions de gaz à effet de serre. La région s?est fixée comme objectif d?atteindre la
neutralité carbone en 2040 et une diminution de 55% des émissions dès 2030. Les sous-objectifs
correspondants comprennent :
- Le doublement de l?utilisation des transports publics ;
- La moitié des déplacements réalisés à pied ou à vélo ;
- Une voiture sur deux actionnée par une énergie renouvelable ;
- La diminution de 20% de la circulation routière dans les villes et les zones rurales ;
- La moitié du fret transporté par des moyens climatiquement neutres.
Dans la région de Rhénanie du Nord-Westphalie, dans la perspective d?exigences de qualité de
l?air plus sévères à l?avenir, les réflexions portent sur la possibilité d?imposer la norme minimale
45 https://www.lagrandeconversation.com/debat/ecologie/zones-de-faible-emission-un-risque-dexclusion-sociale-
dans-les-villes/#retours-dexperience-de-quatre-zfe-europeennes-berlin-bruxelles-londres-madrid
46 https://www.stadt-koeln.de/artikel/03399/index.html
https://www.bezreg-
koeln.nrw.de/brk_internet/leistungen/abteilung05/53/luftreinhalteplaene/luftreinhalteplan_koeln_03_fortschreibung
.pdf
47 https://www.aachen.de/DE/stadt_buerger/umwelt/luft-
stadtklima/luftreinhalteplan_umweltzone/pdf_materialien_fotos/umweltzone_ac_karte.pdf
48 https://www.aachen.de/DE/stadt_buerger/umwelt/luft-
stadtklima/luftreinhalteplan_umweltzone/luftqualitaet_viertel/index.html
PUBLIÉ
octobre 2023 Acceptabilité des zones à faibles émissions Page 87/134
Euro 5 et sur la création de zones à zéro émission, pour laquelle des dispositions législatives seront
nécessaires. Plus généralement, la région considère que la pratique actuelle de circulation
individuelle motorisée ne pourra pas être poursuivie. Dans l?alternative entre « interdire ceci » ou
« encourager cela », une préférence est exprimée en faveur de la seconde solution. Par exemple,
réserver une voie de circulation aux bus et aux taxis est préférable à une mesure d?interdiction, car
la liberté de circulation est un principe fondamental.
Le représentant de la ville de Berlin, au niveau des services, a indiqué que, à son niveau, les
réflexions intégraient désormais, entre autres, la perspective de l?évolution de la réglementation
sur la qualité de l?air à l?horizon 2030. Il a indiqué que, dans ce contexte, la « zone à zéro émission »
faisait partie des pistes de travail. Il a émis le souhait que les grandes villes (Paris, Amsterdam, ...)
puissent réfléchir ensemble à ces questions. Néanmoins, la zone à zéro émission ne figure pas
parmi les pistes de travail du gouvernement conservateur en place.
La ville d?Aix-la-Chapelle, constatant que l?évolution des différents polluants a atteint un plateau,
estime, dans le même esprit, que la poursuite de la diminution nécessite de privilégier des mesures
qui servent également à la neutralité climatique. La ville d?Aix-la-Chapelle dispose d?une réflexion
approfondie sur le sujet, puisqu?elle participe à la Mission européenne sur « la neutralité climatique
dans 100 villes. »49
Les mesures envisagées reposent sur deux principes :
- Rendre attractive l?offre pour un changement durable des moyens de transport
- Ne plus rendre attractive la voiture comme moyen de transport premier dans la circulation
individuelle motorisée.
Parmi les options possibles sont envisagées :
- Des mesures relevant du niveau fédéral :
o L?établissement de zones réservées aux véhicules Euro 6+ ou « zéro émission » ; la
durée de mise en oeuvre pourrait s?échelonner de 2030 à 2035 ;
o L?augmentation rapide du prix du CO2 ou des taxes sur les carburants fossiles ; effet
de levier à court terme ;
o La limitation de vitesse à 30 km/h sur de vastes surfaces dans les grandes villes; effet
de levier à court terme ;
o Une réforme de la taxation des véhicules ayant une orientation climatique (par
exemple, la prise en compte du poids) ; effet de levier à court terme
- Des mesures relevant de la collectivité locale :
o L?extension du réseau de pistes cyclables ; la priorisation des transports publics dans
les rues d'Aix-la-Chapelle ; réaménagement urbain à long terme ;
o La construction de garages de quartier ; la création de places de P+R ; stratégie à
long terme ;
o Une nouvelle augmentation du prix des places de stationnement dans les espaces
publics ; peut être mise en oeuvre rapidement ;
o L?optimisation de la fluidité du trafic pour réduire les émissions polluantes ; recours à
l?intelligence artificielle ?
L?office fédéral pour l?environnement souligne que, dans la perspective de la nouvelle directive sur
l?air, le problème majeur ne serait plus le NO2, comme actuellement, mais les particules. En effet,
les véhicules électriques permettent de maîtriser les émissions de NO2, mais non celles des
particules fines. Certes, les émissions des véhicules électriques au freinage sont plus faibles,
puisque leur système de ralentissement sollicite moins les freins mécaniques. Mais les véhicules
électriques, étant plus lourds, sont équipés de pneus plus larges, qui émettent plus de particules.
Globalement, leurs émissions de particules fines sont équivalentes aux émissions de particules
49 https://research-and-innovation.ec.europa.eu/funding/funding-opportunities/funding-programmes-and-open-
calls/horizon-europe/eu-missions-horizon-europe/climate-neutral-and-smart-cities_en
PUBLIÉ
octobre 2023 Acceptabilité des zones à faibles émissions Page 88/134
fines, hors échappement, des véhicules à énergie fossile. Or ces émissions hors échappement
représentent la moitié environ des émissions des véhicules à énergie fossile. Par conséquent, le
véhicule électrique ne résout pas la question des particules fines.
L?office fédéral pour l?environnement estime donc qu?il sera nécessaire d?abandonner la mobilité
individuelle motorisée et d??inventer un nouveau concept de mobilité, reposant notamment sur les
transports publics et le vélo.
Quant aux « zones à zéro émission », il ne pourra pas s?agir de zones accueillant largement les
véhicules électriques.
Enfin, la diminution de la pollution de l?air nécessite d?agir sur les autres sources de pollution. Notre
interlocuteur a mentionné la loi sur le chauffage, en cours de discussion, qui ferait évoluer le
chauffage des bâtiments vers les pompes à chaleur.
PUBLIÉ
octobre 2023 Acceptabilité des zones à faibles émissions Page 89/134
Annexe 6. Italie
L?annexe sur l?Italie présente :
Le dispositif national
La ZFE de Milan
La ZFE de Rome
Le cas de Bologne
Une comparaison des normes Euro minimales pour ces 3 villes
Le dispositif national permet une large variété de dispositifs
En Italie, des « zones à trafic limité » (ZTL) ont été mises en place dès les années 70, sur des
périmètres restreints au centre-ville, dans des villes désireuses de restreindre le trafic dans les
zones où les émissions de particules des véhicules noircissaient le patrimoine archéologique et
architectural, notamment à Ferrare, Florence et Sienne.
Selon une disposition législative sur les ZTL mise en place en 1992 :
- les villes fixent les modalités, sur la base d?un dispositif national ;
- le ministère publie une liste de villes autorisées à instituer une ZTL.
Une directive ministérielle de 1997 précise les modalités d?application, qui sont très souples, de
sorte qu?une ZTL peut recouvrir :
- Une zone à trafic limité dans son acception initiale : une autorisation de circulation est
accordée uniquement pour certains usages (livraison par exemple) ou certaines catégories
de la population (par exemple, les résidents d?un quartier, détenteurs d?un permis d?accès
qui peut être payant) ;
- Une zone à faibles émissions au sens où on l?entend en France : interdiction de circulation
pour les véhicules les plus polluants; dans certaines régions, le dispositif est activé
seulement l?hiver, le niveau de pollution étant plus élevé dans cette période;
- Un péage urbain.
Certaines villes, telles que Milan et Rome, ont mis en place plusieurs dispositifs sur différents
périmètres.
Des accords ont été conclus au niveau régional : la LEZ de Lombardie regroupe 570 communes,
dont Milan, qui se répartissent en 3 « bandes », où les restrictions sont différentes.
A Milan, l?adoption d?un plan de mobilité durable a préparé la mise en place d?une
ZFE sur un périmètre étendu
Un péage urbain calculé en fonction du niveau d?émissions du véhicule est mis en place dans le
centre-ville en 2008. En 2011, un référendum a confirmé le péage à une large majorité (79%).
Toutefois, pour éviter l?augmentation du trafic qui résultait du remplacement des véhicules anciens
par des véhicules à basses émissions, le dispositif est remplacé en 2012 par un péage urbain dont
le prix ne varie pas en fonction de la classe du véhicule.
En 2018, la ville de Milan adopte un plan pour la mobilité durable : une large place est donnée à la
ville à 30km/h. Le réseau cyclable est largement développé. De nouvelles lignes de métro et de
tramway sont lancées. La mobilité partagée est encouragée.
Le terrain est ainsi bien préparé pour la mise en place en 2019 d?une seconde zone à faibles
émissions sur un périmètre beaucoup plus étendu. La ville de Milan comprend ainsi deux zones à
PUBLIÉ
octobre 2023 Acceptabilité des zones à faibles émissions Page 90/134
faibles émissions :
- La première, dite zone C, d?une surface de 8 km2, couvre le centre-ville et comprend aussi
un péage urbain ;
- La seconde, dite zone B, d?une surface de 130 km2, couvre 70 % de la surface de la ville
et 97% de sa population ; elle est en vigueur du lundi au vendredi de 7h30 à 19h30 hors
jours fériés.
Figure 14: périmètres de la zone C (en vert) et de la zone B (en rouge)
Source : http://www.comune.milano.it/wps/portal/ist/it/servizi/mobilita/Area_B
La zone C a donné lieu à beaucoup de discussions avec les professionnels pour rechercher une
bonne acceptabilité. Elle est bien acceptée dans la mesure où l?augmentation de la vitesse
commerciale des véhicules et les aides au remplacement des véhicules viennent compenser le
péage.
Pour la zone B, deux mesures ont été mises en place pour aider à la transition :
- après interdiction d?une catégorie de véhicules, 50 accès gratuits sont offerts à ces véhicules
la première année et 25 l?année suivante. Après le premier passage, une lettre d?information est
transmise au propriétaire du véhicule.
- le dispositif Move in : il s?agit d?un boitier installé dans le véhicule qui enregistre le nombre de
km parcourus dans Area B pendant la journée. En fonction de la classe d?émission, le véhicule non
conforme est autorisé à parcourir un certain nombre de km par an dans la zone. Ce système donne
la possibilité de ne remplacer le véhicule qu?un peu plus tard et d?avoir quand même un accès pour
des besoins limités (2000 km pour un véhicule diesel Euro 5, mais 300 seulement pour un diesel
Euro 1). L?expérimentation est menée avec les régions Lombardie, Émilie-Romagne et Piémont.
Des discussions sont en cours avec le ministère pour examiner si le dispositif ne pourrait pas se
substituer aux caméras pour le contrôle des ZTL. En décembre 2022, 59 000 véhicules étaient
équipés du boitier Move-in.
PUBLIÉ
octobre 2023 Acceptabilité des zones à faibles émissions Page 91/134
Le dispositif d?aide financière de la ville de Milan vient compléter celui de l?État. La subvention de
la ville est désormais réservée à l?achat de véhicules neufs, alors qu?elle distinguait précédemment
les véhicules neufs, 0 km et d?occasion.
L?aide aux particuliers (résidents à Milan) est accordée pour l?achat d?un véhicule de catégorie M1,
électrique, hybride ou essence d?une valeur inférieure à 45 000 ¤. Une majoration est consentie
aux ménages modestes (revenus ISEE- ie revenu de référence) inférieurs ou égaux à 20 000 ¤).
Les montants accordés varient également en fonction du niveau d?émission de CO2.
L?aide aux petites et moyennes entreprises est accordée selon les mêmes principes, pour l?achat
d?un véhicule, électrique, hybride ou essence, en fonction du niveau d?émission de CO2.
De 2018 à 2022, les aides accordées par la ville ont atteint 22 M¤, dont 12 M¤ pour les entreprises
et 16 M¤ pour les particuliers. En 2022, ces montants ont atteint 2 M¤ pour les entreprises et 3M¤
pour les particuliers.
Rome a également défini plusieurs périmètres
Depuis 1989, la ZTL de Rome (« zone à trafic limité ») interdit l'accès à certains types de véhicules
à certaines heures de la journée. Cette ordonnance municipale s'applique désormais à différentes
zones de la ville, chacune avec des restrictions spécifiques. Il existe plusieurs zones :
- La ZTL du centre historique ; en brun sur la carte ci-après ;
La circulation est réservée aux résidents, aux personnes travaillant dans la zone, aux véhicules
transportant des personnes handicapées, aux taxis et VTC.
- Les ZTL anneau ferroviaire et VAM (cars touristiques) ; en bleu
et la « Fascia Verde » (« la zone verte ») ;
Ces zones sont des ZFE : la circulation est autorisée pour les véhicules répondant à une norme
minimale Euro (cf. tableau 12 ci-après).
En outre, un dispositif de péage urbain serait mis en place en 2024 sur la partie centrale de la
zone verte50.
Ces zones sont représentées sur la carte ci-après :
50 https://www.romatoday.it/attualita/fascia-verde-roma-multe-quando.html
PUBLIÉ
octobre 2023 Acceptabilité des zones à faibles émissions Page 92/134
Figure 15: périmètre des ZTL à Rome
A Bologne, la ZFE ne sera mise en place qu?à la mise en service de la première
ligne de tramway
La ville de Bologne (population de 400 000 habitants et 1 M pour l?agglomération) a mis en place
depuis de nombreuses années une ZTL dans le centre-ville : l?accès de la zone est restreint aux
véhicules disposant d?une autorisation (résidents, livraison).
En 2018, il a été décidé d?introduire des critères environnementaux, exprimés en fonction de la
norme Euro, le niveau d?exigence étant relevé d?année en année (voir tableau ci-). Des incitations
financières pour la mise à la casse d?un véhicule polluant sont octroyées sous la forme de
réductions pour les abonnements de transport public ou la mobilité partagée. La transition est
facilitée par l?octroi de permis d?entrée, pour une durée de deux ans, pour les personnes
propriétaires de véhicules non conformes. Le contrôle est un contrôle automatisé par caméra.
La ville prévoit d?étendre le périmètre de la zone à une date qui coïnciderait avec la mise en service
de la première ligne de tramway à la fin des années 2020.
Si une ZFE ambitieuse paraît bien acceptée à Milan, à Rome la mise en place
prochaine d?un système de contrôle automatisé suscite des réactions négatives
Si une ZFE ambitieuse paraît bien acceptée à Milan, à Rome la confirmation de la mise en place
prochaine d?un système de contrôle automatisé a soulevé des protestations.
Il est intéressant de comparer, pour les 3 villes présentées ci-dessus, le niveau d?exigence exprimé
en fonction de la norme Euro, pour les véhicules légers. Pour Milan et Rome, la comparaison porte
sur la zone la plus étendue, qui correspond aux ZFE telles qu?on les entend en France : la zone B
à Milan et la « zone verte » à Rome.
À Milan, l?évolution du dispositif est annoncée jusqu?à 2030, date d?interdiction des véhicules diesel
légers dans la zone B. Le niveau d?exigence est déjà élevé : Euro 6 pour les véhicules légers diesel.
Le maire, que la mission a rencontré, réfléchit à de nouvelles évolutions.
À Rome, les exigences réglementaires en matière de qualité de l?air n?étant pas respectées, la ville
PUBLIÉ
octobre 2023 Acceptabilité des zones à faibles émissions Page 93/134
vient de confirmer le passage à Euro 5 à partir de novembre 2023, puis Euro 6 à partir de novembre
2024, pour les véhicules légers diesel. L?annonce, qui a été faite à l?occasion de la parution d?une
ordonnance le 30 juin 2023 prolongeant jusqu?en octobre les dispositions en place 51, a soulevé
des protestations s?expliquant notamment par la mise en service du système de contrôle
automatisé en novembre. Par ailleurs, les transports publics sont bien moins performants à Rome
qu?à Milan. Des mesures sont à l?étude pour atténuer l?impact des mesures. En particulier, le
recours au dispositif Move in est évoqué, ainsi que des aides pour l?achat de véhicules moins
polluants et des dérogations pour certaines catégories, telles que les taxis.
Des courriers seront transmis aux propriétaires des véhicules interdits à partir de novembre 2023
pour les informer de la mesure. La mesure concerne 30 000 résidents, mais aussi plus de 300 000
véhicules qui accèdent à la zone verte depuis des zones extérieures .
Bologne prévoit aussi d?exiger Euro 5 sur la ZTL au 1er janvier 2024, mais le périmètre limité de la
zone facilite cette évolution. L?extension du périmètre est envisagée et coïnciderait avec la mise
en service de la première ligne de tramway.
Le tableau ci-après présente les normes minimales applicables à Milan, Rome et Bologne :
Tableau 12: norme Euro minimale à Milan, Rome et Bologne
Ville Diesel essence
MILAN Area B
Véhicules légers :
2019
2020
2022 VP
2025 VP et VUL
2028
2030
Transports de
marchandises :
2024
2025
2028
Euro 4
Euro 6
Euro 6d **
Euro 6d
interdit
Euro 6
Euro 6 d **
Euro 6 d
Euro 1
Euro 2
Euro 3
Euro 4
Euro 5
Euro 3
Euro 4
Euro 5
ROME Zone verte52 VL
- Actuellement :
- à partir de 11 2023 :
- à partir de 11 2024 :
Euro 4
Euro 5 **
Euro 6**
Euro 3
Euro 4
BOLOGNE VL
périmètre de la ZTL :
- Actuellement
- 1er Janvier 2024
- 1er Janvier 2025
L?hiver,
périmètre de la ville :
- hiver 2023
- hiver 2025
Euro 4
Euro 5
Euro 6
Euro 5
Euro 6
Euro 3
Euro 3
Euro 3
* si le véhicule est acheté avant 2018
** y compris pour les véhicules utilitaires N1, N2, N3, sur 2 tranches horaires
51 https://www.comune.roma.it/web-resources/cms/documents/O.S._n._76_del_30_giugno_2023.pdf
52 https://romamobilita.it/it/servizi/ztl/fascia-verde
PUBLIÉ
octobre 2023 Acceptabilité des zones à faibles émissions Page 94/134
Pour ce qui concerne les véhicules autres que les véhicules légers, précisons le cas de Milan :
la zone B s?applique à l?ensemble des véhicules, y compris les 2 roues, le calendrier étant
toutefois différent.
En conclusion, un tableau nuancé ressort de l?exemple italien :
La norme minimale Euro 6 étant d?ores et déjà en place sur un large périmètre, Milan offre
l?exemple d?une ZFE ambitieuse (norme minimale Euro 6 pour les véhicules diesel) et bien
acceptée ;
À Rome, où le réseau de transports publics est moins performant, la confirmation de la
mise en service prochaine d?un système de contrôle automatisé, à l?occasion du passage
à la norme minimale Euro 5 pour les véhicules diesel, a entraîné des réactions, que la
ville s?efforce de maîtriser en annonçant des aides et des mesures de transition ; cela
confirme a contrario l?importance d?une concertation préalable portant notamment sur les
dérogations et le cas échéant sur les aides financières de la collectivité territoriale.
En prévoyant la mise en place de la ZFE à la date de la mise en service d?une première
ligne de tramway, Bologne confirme l?importance de la qualité du réseau de transports
publics pour la réussite du projet.
PUBLIÉ
octobre 2023 Acceptabilité des zones à faibles émissions Page 95/134
Annexe 7. Belgique
L?annexe sur la Belgique présente :
Les dispositifs régionaux ;
La ZFE de Bruxelles
La ZFE de Gand
Les dispositifs régionaux
En Belgique, les ZFE sont de la compétence des régions. Le pays comprend 3 régions : la Région
de Bruxelles-capitale, la Région flamande et la Région wallonne.
Bruxelles a mis en place une ZFE en 2018.
La Flandre a mis en place un dispositif qui définit précisément les caractéristiques des ZFE. Il
appartient aux villes de décider de les mettre en place ou non.
La Wallonie a adopté en 2019 un décret organisant l'interdiction progressive de circuler des
véhicules les plus polluants. Ce décret comporte deux volets :
La possibilité pour les villes et communes de mettre en place une zone de basses
émissions ; actuellement, aucune ville n'a mis en place la mesure.
L'interdiction progressive de circuler pour les véhicules les plus polluants sur tout le terri-
toire de la région wallonne ; le démarrage de cette interdiction progressive de circuler était
initialement prévu au 1er janvier 2023, mais a été reporté au 1er janvier 2025 en raison
des difficultés résultant de l?augmentation des prix de l?énergie.
Le tableau ci-dessous résume les principales caractéristiques des ZFE de Bruxelles et, en Flandre
de Gand et Anvers. Ces dispositifs de Bruxelles et de la Région flamande sont très proches, mais
Bruxelles se distingue en décrivant des évolutions successives jusqu?à 2036.
Tableau 13: principales caractéristiques des ZFE de Bruxelles et de la Flandre
Ville Caractéristiques Standard minimum VL observations
Diesel Essence
Bruxelles53
créé en 2018
160 km2
1,2 M d?habitants.
couvre l?ensemble
de la ville, mais
certaines voies
telles que le boule-
vard périphérique
en sont exclues
2018 : Euro 2 /II
2019 : Euro 3 / III
2020 : Euro 4 /IV
2022 : Euro 5/V
2025 : Euro 6/ VI
2028 : Euro 6d/VI
2030 : interdit/VId
Les PL VI d restent
autorisés jusqu?en
2035, les PL VI e
sans limite
-
Euro 2/II
Euro2/II
Euro 2/II
Euro 3/III
Euro 4
Euro 6d
Applicable 7j/7,
24h/24
2 roues et poids lourds
concernés
à partir de 2025.
renforcement
jusqu?en 2036
53 https://www.lagrandeconversation.com/debat/ecologie/zones-de-faible-emission-un-risque-dexclusion-sociale-
dans-les-villes/#retours-dexperience-de-quatre-zfe-europeennes-berlin-bruxelles-londres-madrid
https://leefmilieu.brussels/sites/default/files/arrete_lez.pdf
PUBLIÉ
https://www.lagrandeconversation.com/debat/ecologie/zones-de-faible-emission-un-risque-dexclusion-sociale-dans-les-villes/#retours-dexperience-de-quatre-zfe-europeennes-berlin-bruxelles-londres-madrid
https://www.lagrandeconversation.com/debat/ecologie/zones-de-faible-emission-un-risque-dexclusion-sociale-dans-les-villes/#retours-dexperience-de-quatre-zfe-europeennes-berlin-bruxelles-londres-madrid
octobre 2023 Acceptabilité des zones à faibles émissions Page 96/134
Anvers et
Gand
Dispositif
régional
pour la
Flandre
Gand : périmètre
de 7 km2 sur 157
- actuellement :
- au 1er janvier
2025*
Euro 5
Euro 6
Euro 2
Euro 3
Il est prévu de préciser
le dispositif au-delà de
la période actuelle-
ment prise en compte
et jusqu?à 2035, avec
notamment une inter-
diction des VL diesel
en 2031
* date susceptible d?être décalée au 1er Janvier 2026.
La ZFE de Bruxelles
Un premier arrêté, publié en 2018, a défini les règles jusqu?à 2025. Le dispositif actuellement défini
décrit les évolutions jusqu?en 2036.
Dans la phase préparatoire, des actions de sensibilisation sur les enjeux de la qualité de l?air ont
été menées en fournissant aux particuliers des capteurs leur permettant de prendre conscience de
la mauvaise qualité de l?air.
Une consultation des acteurs a été menée en 2018. Elle a permis de définir différentes questions
à approfondir par le biais d?études : émissions du transport, budget des flottes des pouvoirs publics,
santé, mobilité, aspects économiques et sociaux, énergie.
Sur la base de ces études, une feuille de route « mobilité à faible émission » a été adoptée en
juillet 2022. Décrivant la stratégie de la Région pour la mise en oeuvre concrète de la décarbonation
du transport, elle contient les différentes actions et mesures d?accompagnement à entreprendre,
auprès de différents publics cibles, afin que la transition soit juste et sociale.
L?objectif annoncé est d?aller vers une zone à zéro émission : à partir de 2035, la zone à faibles
émissions deviendra une zone « zéro émission directe » pour les voitures personnelles, les
camionnettes et les deux-roues motorisés, et, à partir de 2036, pour les bus urbains. Aucune date
n?a encore été décidée pour les poids lourds et les autocars.
Le dispositif s?appuie sur le plan régional de mobilité « good move », fortement axé sur le
développement d?alternatives à la voiture individuelle. Le plan a pour objectif de réduire la part
modale de la voiture de 25% en 2030 par rapport à 2018, en visant le transfert modal et la
diminution de la possession de la voiture. Good Move favorise fortement la marche, le vélo, les
transports publics et le développement des services de mobilité numériques (Mobility as a Service
ou MaaS); par ailleurs, il existe 5 P+R.
Des mesures sont adoptées pour faciliter l?acceptation :
Période transitoire de 3 mois sans amende à chaque changement de réglementation ;
Pass journalier payant pour les véhicules non conformes ;
Un service personnalisé de conseil en mobilité (Mobility Coach) est proposé: il permet notamment
d?obtenir des informations sur la prime mobilité Bruxell?Air.
Des financières sont apportées:
Pour les professionnels:
? les petites et moyennes entreprises peuvent bénéficier d?une aide allant jusqu?à
15000¤ pour le remplacement d?un véhicule utilitaire ; la prime peut également couvrir
l?achat et l?installation d?une borne de recharge ;
? Il existe aussi une prime pour les vélos cargo ;
PUBLIÉ
octobre 2023 Acceptabilité des zones à faibles émissions Page 97/134
Pour les particuliers, la prime Bruxell?Air : lorsqu?un ménage se sépare de sa voiture, la
prime permet de bénéficier d?un budget mobilité pour l?ensemble des membres du ménage
parmi différents services de mobilité ; soumise à conditions de ressources, elle s?élève au
maximum à 900¤.
Pour les ménages vulnérables, l?accent est mis sur la voiture partagée : outre la prime Bruxell?air,
qui permet de financer l?utilisation de voitures partagées et des services de taxi, le document
stratégique présente le « Social Green Deal » avec le secteur de la voiture partagée, qui permet
une coopération intensive avec ce secteur pour lever les barrières, ainsi que l?appel à projets Low
Emission Mobility, pour financer des projets dans le secteur de la voiture partagée.
La fiscalité joue un rôle :
Le système fiscal fédéral soutient fortement l?électrification des voitures de société ;
Bruxelles prépare un projet de réforme de la taxation des véhicules : il s?agirait de passer
à une tarification à l?usage, qui dissuaderait l??utilisation de la voiture aux heures de pointe.
En revanche, il n?y a pas en Belgique de mesures du type bonus écologique ou prime à la casse
pour encourager l?achat de véhicules électriques par les particuliers.
Le contrôle de la ZFE par un système de contrôle automatisé comprenant 300 caméras.
Le rapport d?évaluation de la ZFE pour 2021 indique que la valeur limite de 40µg/m3 est respectée
en 2021 pour le NO2, pour la deuxième année consécutive 54; curieusement, la valeur pour les
particules fines n?est pas traitée dans le rapport.
La ZFE de Gand
Dans le même esprit qu?à Bruxelles, des mesures sont adoptées pour faciliter l?acceptation :
Autorisation temporaire pour certains véhicules jusqu?à fin 2024 moyennant une taxe ;
Pass journalier payant pour 8 jours maximum, sans condition sur le véhicule.
À noter un dispositif propre à cette municipalité, qui, seule en Belgique, apporte une aide à l?achat
de voitures électriques à la condition que le projet d?achat soit porté par au moins quatre personnes,
et donc en vue d?une utilisation en autopartage.
Comme à Bruxelles, le contrôle est effectué par un système de contrôle automatisé par caméras.
Les véhicules étrangers doivent s?enregistrer, le défaut d?enregistrement entraînant une amende.
54 https://www.lez.brussels/medias/RAPP-2021-LEZ-
FR.pdf?context=bWFzdGVyfHBkZnw5NjQ1OTAyfGFwcGxpY2F0aW9uL3BkZnxoZjMvaGFlLzg4NzY2MDY2NTI0
NDYvUkFQUF8yMDIxX0xFWl9GUi5wZGZ8OWE1YmIxNGZhNTQxOWM2NzkyYzM0ZjFmNzgzMGRlZGQ4OWE
5MDlkOWJkYTkzNDMxMWVhZWY5M2Q4NDE0MmE4Yw&attachment=true
PUBLIÉ
octobre 2023 Acceptabilité des zones à faibles émissions Page 98/134
Annexe 8. Espagne
L?Espagne fait partie des pays qui ont adopté un système de vignettes
Un système de vignettes (« distintivo ambiental ») a été défini au niveau national en 2016, la même
année qu?en France pour le système Crit?air. Ce système identifie 4 types de vignettes, Zéro, ECO,
C et B.
Les véhicules non classés, parfois identifiés comme « catégorie A » ne peuvent bénéficier d?une
vignette ; ils seraient également non classés en France pour les véhicules à essence, mais
pourraient relever de la catégorie Crit?air 4 ou 5 pour les véhicules diesel. Ces vignettes permettent
d?accéder aux « Zonas de bajas emisiones » (ZBE) selon des dispositions propres à chaque ville
concernée. À l?origine, le contrôle est visuel, mais les villes importantes se sont équipées de
caméras pour assurer un contrôle automatique par lecture de plaque d?immatriculation.
ZBE de Madrid
La mise en place de la ZBE de Madrid a connu plusieurs rebondissements en fonction de l?actualité
politique et judiciaire. Mise en place à l?origine en 2017 sur un périmètre restreint au centre de la
ville, elle a fait l?objet d?un moratoire l?année suivante, les élections municipales ayant conduit à un
changement de majorité. En 2020, la ZBE est annulée par un tribunal, mais une forte mobilisation
citoyenne conduit la municipalité à remettre en place une nouvelle ZBE à partir de 2021 en
l?accompagnant de mesures fortes sur la mobilité : création d?une ligne de bus gratuite à haute
fréquence reliant le nord au sud de Madrid, la fourniture de 600 nouveaux bus électriques d'ici
2027, encouragement de l?autopartage et généralisation des zones 30 sur les routes à une voie.
La ZBE de Madrid porte sur l?ensemble du territoire à l?intérieur du périphérique M-30 et distingue
deux zones particulières: le centre de Madrid (Distrito centro) et la Plaza Eliptica (un secteur
identifié comme particulièrement sujet à la pollution routière).
À partir du 1 janvier 2023, les véhicules non classés ne peuvent plus accéder au périmètre de la
ZBE, avec une dérogation jusque 2025 pour les véhicules domiciliés à l?intérieur de cette zone.
Dans la zone centrale et la plaza eliptica, les véhicules non classés ne peuvent plus accéder depuis
2021, avec des exemptions pour les résidents et les commerçants. Dans le secteur central les
véhicules classés B ne peuvent rentrer que pour accéder aux parcs de stationnement.
La municipalité de Madrid déploie une politique de subvention à l?achat de véhicules moins
polluants, avec des montants pouvant aller jusque 6000¤ pour l?achat d?un véhicule électrique, et
de 2500¤ pour un véhicule critère C à la condition qu?un véhicule non classé soit mis au rebut.
ZBE de Barcelone
À Barcelone, une ZBE (Zona de baixes emissions) est en place depuis 2020, les véhicules non
classés ne pouvant accéder à une zone comprenant une grande partie de la ville et de quelques
villes limitrophes au sein de l?aire métropolitaine de Barcelone. Les véhicules non classés ne
peuvent pas entrer dans a zone du lundi au vendredi de 7h à 20h.
PUBLIÉ
octobre 2023 Acceptabilité des zones à faibles émissions Page 99/134
Figure 16: périmètre de la ZBE de Barcelone
Dispositions nationales
La loi du 20 mai 2021 instaure l?obligation de créer avant 2023 une ZBE dans toutes les villes de
plus de 50 000 habitants, celles de plus de 20 000 habitants ne respectant pas les valeurs limites,
et dans les îles (alors que les territoires français ultramarins sont exemptés de l?obligation créée
par la loi climat et résilience). La loi laisse une grande latitude aux villes pour le choix du périmètre,
des vignettes des véhicules autorisés à circuler et des modalités de contrôle. Le ministère de la
Transition écologique et du Défi démographique a établi dès 2021 un guide pour la création de
ZFE55. L?objectif affiché est l?amélioration de la qualité de l?air, mais la réduction des émissions de
gaz à effet de serre et la réduction des nuisances sonores en ville sont également invoquées. Des
mesures sont prises par ailleurs par le gouvernement espagnol pour favoriser l?utilisation des
transports en commun, en particulier la gratuité des trains régionaux et des trains de banlieue
depuis septembre 2022, la mesure étant prolongée sur toute l?année 2023.
Le décret d?application ne date que du 27 décembre 2022, ce qui rend le respect de l?obligation de
délai assez formel. Sur un potentiel de 149 villes qui regroupent au total plus de la moitié de la
population espagnole, alors que des études et des concertations ont été engagées dans plusieurs
d?entre elles, on ne compte à ce jour que 14 ZBE actives. Plusieurs valeurs circulent pour le nombre
de ZBE actives, du fait de l?existence de ZBE concernant des communes limitrophes, de petites
villes ayant opté pour des zones piétonnes identifiées comme des ZBE (Pontevedra) et de la
suspension de certaines démarches à la suite des élections municipales de mai 2023 (Gijón).
55 https://www.miteco.gob.es/content/dam/miteco/es/calidad-y-evaluacion-
ambiental/publicaciones/directricesparalacreaciondezonasdebajasemisiones_tcm30-533017.pdf
PUBLIÉ
octobre 2023 Acceptabilité des zones à faibles émissions Page 100/134
Annexe 9. Royaume Uni
Le gouvernement britannique considère la pollution de l?air comme le « premier
risque environnemental pour la santé publique au Royaume-Uni ».
L?exposition prolongée à un air pollué serait responsable de 28 000 à 36 000 décès par an en
Angleterre, d?après une étude56 de 2019 de Public Health England. Elle aurait en outre des effets
sur la santé des individus tout au long de leur vie d?après le rapport de décembre 2022 du Chief
Medical Officer, Chris Witty57 . L?opinion publique britannique est particulièrement sensible aux
enjeux de pollution de l?air depuis le décès en 2013 d?Ella Adoo-Kissi-Debrah, une fille de 9 ans, à
la suite d?une crise d?asthme, la justice ayant reconnu en 2020 que la pollution de l?air figurait parmi
les causes du décès.
Malgré son départ de l?UE, le Royaume-Uni continue d?appliquer des normes équivalentes aux
standards européens sur la qualité de l?air, transposées en droit interne. Les Air Quality Standards
Regulations définissent notamment des seuils de concentration annuelle moyenne à respecter
pour différents types de polluants atmosphériques, comme le NO2 (40 µg/m3), les PM10 (40 µg/m3)
et les PM2,5 (25 µg/m3), ainsi que le nombre de dépassements autorisés pour chaque polluant sur
une période donnée. Il convient de rappeler que la protection de l?environnement est une
compétence dévolue : l?Ecosse a ainsi pu adopter en 2016 des seuils d?émissions plus ambitieux
pour les PM10 (10 µg/m3) et les PM2,5 (10 µg/m3) et en phase avec les recommandations de
l?OMS publiées en 2005.
Depuis le début des années 2010, le Royaume-Uni ne respecte pas les seuils d?émissions de
dioxyde d?azote (NO2) dans les zones métropolitaines, ce qui a conduit à l?ouverture de diverses
procédures contentieuses à l?encontre de l?État central. Avant son départ de l?Union Européenne,
le Royaume-Uni était ciblé depuis 2014 par une procédure précontentieuse ouverte par la
Commission européenne et avait reçu une ultime mise en demeure en 2017 pour non-respect
répété des seuils de concentration de NOx dans 16 agglomérations. Après l?ouverture d?une
procédure d?infraction par la Commission le 17 mai 2018, la CJUE a jugé le 4 mars 202158 que le
Royaume-Uni avait « de façon systématique et persistante » violé l?obligation de respecter les
seuils d?émissions et n?avait pas adopté de mesures appropriées pour que la durée de ces
dépassements soit la plus courte possible. En parallèle, l?État central a fait face à 3 recours (judicial
review) portés devant les juridictions britanniques par l?ONG ClientEarth depuis 2010 : en 2018, la
Haute Cour de Justice a ainsi condamné l?État pour son incapacité à faire en sorte que les
collectivités locales respectent les seuils d?émissions fixés par la réglementation nationale
transposant la directive européenne sur la qualité de l?air et a enjoint le gouvernement britannique
à présenter un plan d?amélioration de la qualité de l?air permettant de réduire les émissions de
polluants « le plus rapidement possible » dans 33 agglomérations parmi les 45 concernées (la Cour
considérant que 12 agglomérations seraient en conformité d?ici la fin de l?année 2018).
Le Royaume-Uni s?appuie sur la création de zones à faibles émissions pour
réduire la pollution par les NOx
Si l?État est juridiquement responsable en dernier ressort, le respect des obligations en matière de
concentration de polluants repose principalement sur les autorités locales. Celles-ci ont pour
obligation d?évaluer régulièrement le niveau de pollution atmosphérique dans leur zone de
compétence et de prendre des mesures si celui-ci est trop élevé. Afin de répondre aux injonctions
de la Haute Cour de Justice, le gouvernement a mis en place un programme dédié à la réduction
des émissions d?oxydes d?azote (le NO2 programme) et présenté un plan d?actions qui identifie la
56 Public Health England, Review of interventions to improve outdoor air quality and public health, mars
2019
57 Chief Medical Officer, Chief Medical Officer?s Annual Report 2022 : Air pollution, décembre 2022
58 CJUE, 4 Mars 2021, Commission / United Kingdom (Valeurs limites - NO2) (C-664/18)
PUBLIÉ
https://assets.publishing.service.gov.uk/government/uploads/system/uploads/attachment_data/file/938623/Review_of_interventions_to_improve_air_quality_March-2019-2018572.pdf
https://assets.publishing.service.gov.uk/government/uploads/system/uploads/attachment_data/file/1124738/chief-medical-officers-annual-report-air-pollution-dec-2022.pdf
file:///C:/Users/emmanuelmasse/Library/Containers/com.apple.mail/Data/Library/Mail%20Downloads/5D3A0D32-4920-4532-B695-5CA5131DF730/EUR-Lex%20-%2062018CJ0664%20-%20EN%20-%20EUR-Lex%20(europa.eu)
octobre 2023 Acceptabilité des zones à faibles émissions Page 101/134
mise en place de zones à faibles émissions payantes (« charging clean air zones ») comme la
mesure la plus efficace pour atteindre l?objectif de réduire « le plus rapidement possible » les
émissions de NOx. Le gouvernement n?a toutefois pas imposé aux local authorities la création de
telles zones : celles-ci sont libres de ne pas les créer si elles parviennent à identifier des mesures
alternatives au moins aussi efficaces et aussi ? voire moins ? coûteuses à mettre en place pour
atteindre cet objectif, sous réserve néanmoins d?approbation finale de leur plan d?action local par
l?État.
L?État a défini un référentiel commun, le Clean Air Zone Framework59, pour guider les autorités
locales dans la mise en place des clean air zones (CAZ). Il a notamment imposé que les zones
créées adoptent les mêmes normes d?émissions (Euro VI pour les bus, cars et poids lourds, Euro
4 pour les voitures et utilitaires légers à essence, Euro 6 pour les voitures et utilitaires légers diesel)
et adoptent la même gradation dans le type de véhicules autorisés, les véhicules des particuliers
n?étant concernés que par la dernière catégorie, la « CAZ D ». Il donne également des précisions
sur le fonctionnement des contrôles, les exemptions possibles et les niveaux de tarification
envisageables.
Figure 17: catégories de "clean air zones"
selon le type de véhicules concernés
Les autorités locales bénéficient par ailleurs de financements de l?État pour accompagner la mise
en place de ces dispositifs. Les fonds sont attribués sur la base d?appels à projets. Au total, le
National Audit Office60 estimait que les subventions allouées par l?État représentaient, en janvier
2020, 70 % des dépenses totales engagées par les collectivités pour améliorer la qualité de l?air.
L?État aurait ainsi alloué aux collectivités 522 M£ jusqu?à la fin de l?année budgétaire 2021/22,
auxquels il faut ajouter 180 M£ budgétés pour l?année 2022-2023.
L?acceptabilité des clean air zones dépend fortement des contextes politiques
locaux
A la date du 11 août 2023, 8 villes anglaises (Londres, Birmingham, Bradford, Bristol, Portsmouth,
Sheffield, Tyneside (Newcastle and Gateshead) et 4 villes écossaises (Edinburgh, Glasgow,
Dundee, Aberdeen) ont mis en place une zone à faibles émissions, avec des calendriers d?entrée
en vigueur progressifs61.
59 UK government, Clean Air Zone Framework, 6 octobre 2022
60 National Audit Office, Tackling local breaches of air quality, 17 juin 2022
61 Pour plus de détails sur les règles de chaque zone, voir le briefing de la Chambre des Communes Clean Air
Zones, Low Emission Zones and the London ULEZ
PUBLIÉ
https://www.gov.uk/government/publications/air-quality-clean-air-zone-framework-for-england/clean-air-zone-framework
https://www.nao.org.uk/wp-content/uploads/2022/01/Tackling-local-breaches-of-air-quality.pdf
https://researchbriefings.files.parliament.uk/documents/CBP-9816/CBP-9816.pdf
https://researchbriefings.files.parliament.uk/documents/CBP-9816/CBP-9816.pdf
octobre 2023 Acceptabilité des zones à faibles émissions Page 102/134
La ville de Londres est un cas particulier puisqu?elle fut la première à mettre en place dès 2003 une
congestion charge afin de réduire la circulation dans l?hypercentre. Le dispositif a été complété en
2008 par une low emission zone, touchant les poids lourds uniquement, et en 2019 par une ultra
low emission zone (ULEZ) ciblant tous les véhicules particuliers et utilitaires légers. Une première
extension de l?ULEZ en octobre 2021 a fait l?objet d?un rapport d?évaluation publié en février 202362,
dans lequel la mairie de Londres tire un premier bilan positif de cette mesure et souligne que les
concentrations de dioxyde d?azote dans la capitale entre 2019 et 2022 seraient inférieures de 23 %
à ce qu?elles auraient été sans mise en oeuvre de l?ULEZ ; ce chiffre est de 7 % pour les particules
fines. Une nouvelle extension entrée en vigueur à compter du 29 août 2023 a conduit l?ULEZ à
couvrir presque l?intégralité du territoire du Grand Londres. Malgré la mise en place de mesures
d?accompagnement social, cette dernière extension a fait l?objet de fortes oppositions locales
(recours de 5 councils conservateurs rejetés par la Haute Cour de Justice ; actes de vandalisme
contre les caméras récemment installées, etc.) et suscité un débat national sur l?acceptabilité
sociale des politiques environnementales après la courte victoire des conservateurs (à rebours des
résultats très défavorables aux conservateurs dans les deux autres législatives partielles) lors de
l?élection partielle dans la circonscription d?Uxbridge and South Ruislip le 20 juillet 2023.
À noter cependant qu?un sondage63 publié en juin 2023 montrait une adhésion des Londoniens au
dispositif et une (faible) majorité en faveur de l?extension, majorité plus marquée dans le centre
déjà couvert que dans les banlieues nouvellement concernées.
Mise en place en juin 2021 dans un contexte difficile marqué par de fortes craintes de la population
locale, la clean air zone de Birmingham serait désormais bien acceptée par la population d?après
la municipalité. Dans son rapport d?évaluation des six premiers mois d?entrée en vigueur du
dispositif, la ville a constaté une baisse de 13 % en moyenne de la concentration en dioxyde
d?azote par rapport aux niveaux de 2019 et une progression du taux de conformité de l?ensemble
des véhicules de 9 points, de 79,9 % en juin 2021 à 88,8 % en décembre 2021. Selon l?équipe de
la municipalité, l?acceptabilité a été facilitée par le déploiement d?une stratégie de communication
complète en amont (prise en compte des préoccupations des acteurs les plus touchés, mobilisation
de relais d?opinion, dont les médecins, lutte contre la désinformation dans les médias et en ligne),
la création d?une exemption de 2 ans pour les habitants de la zone et mise en place d?aides ciblées
(pour les personnes résidant hors de la CAZ mais travaillant dans la CAZ, les véhicules utilitaires
et poids lourds ainsi que les taxis). La mairie a également adopté une démarche de transparence
sur les résultats de sa politique (publication mensuelle de données, rapports d?évaluation réguliers)
ainsi qu?une communication prudente sur les effets de la mesure.
A l?inverse, la ville de Manchester a suspendu son projet de créer une clean air zone après un
mouvement d?opposition locale lancé fin 2021. Celle-ci devait s?appliquer à compter de mai 2022
aux bus, cars et poids lourds et à compter de 2023 pour les taxis et utilitaires légers. Les habitants
du Grand Manchester avaient déjà rejeté en 2008 par référendum (78,8 %) la création d?une
congestion charge, qui se serait appliquée ? entre autres ? aux véhicules particuliers (à la
différence du projet de CAZ). Le gouvernement, qui avait également enjoint la ville de Manchester
à créer cette CAZ, a accepté de reporter de 2024 à 2026 l?échéance de mise en conformité avec
les seuils d?émission de NO2. Le plan d?amélioration de la qualité de l?air de la ville, privilégiant des
aides à l?achat de véhicules moins polluants et l?achat de bus à faibles ou zéro émissions, est
toujours en cours d?examen par le Ministère des transports à la date du 17 août 2023.
62 Mairie de Londres, Inner London ULEZ Expansion 1 Year Report, février 2023
63 https://redfieldandwiltonstrategies.com/plurality-of-londoners-support-expanding-londons-ultra-low-emissions-
zone-ulez/
PUBLIÉ
https://www.london.gov.uk/sites/default/files/2023-02/Inner%20London%20ULEZ%20One%20Year%20Report%20-%20final.pdf
octobre 2023 Acceptabilité des zones à faibles émissions Page 103/134
Figure 18: Extension de l?ULEZ de Londres
La mission a identifié un certain nombre de spécificités dans la mise en oeuvre
des Clean Air Zones visant à améliorer leur acceptabilité
? La possibilité offerte aux véhicules non conformes de payer pour avoir le droit d?entrer
dans la zone. Symboliquement, ce choix assimile l?instrument à une taxe environnementale
plutôt qu?à une interdiction formelle dont le non-respect entrainerait immédiatement une
amende. À noter que l?Ecosse a fait un choix différent de l?Angleterre : les Low Emission Zones
écossaises ne permettent pas à des véhicules non conformes d?entrer dans la zone en contre-
partie du paiement d?un droit.
? La gradation du type de véhicules concernés par la clean air zone selon le contexte local.
Au Royaume-Uni, les collectivités se sont concentrées sur les types de véhicules contribuant
le plus à la pollution de l?air, selon un calcul en émission par véhicule (sont ainsi concernés
dans tous les cas les bus, cars, taxis et VTC), et n?envisagent d?inclure les voitures particulières
qu?en dernier ressort (seules trois CAZ s?appliquent aux voitures particulières : Londres, Bristol
et Birmingham).
? La mise en place de mesures d?accompagnement social selon le contexte local. D?une
part, toutes les collectivités prévoient des aides à l?achat de véhicules plus propres pour les
publics les plus concernés (« scrappage scheme »), financées en majorité par le gouverne-
ment. À titre d?exemple, la ville de Birmingham a proposé des aides aux chauffeurs des taxis,
ainsi qu?aux personnes gagnant moins de 30 000 £/an et devant prendre leur voiture pour venir
travailler dans le périmètre de la CAZ. Il est intéressant de noter que le montant de la « prime
à la casse » peut être majoré si le bénéficiaire préfère un versement pour prendre les transports
en commun plutôt que l?achat d?un nouveau véhicule. D?autre part, certaines collectivités pré-
voient des exemptions temporaires, allant de quelques semaines à deux ans, pour certains
types de publics. La ville de Londres a ainsi prévu une période de grâce jusqu?en octobre 2027
pour l?application de la dernière extension de l?ULEZ aux véhicules transportant des personnes
handicapées, tandis que la ville de Birmingham a prévu une exemption de 2 ans pour les mé-
nages vivant dans le périmètre de la CAZ.
PUBLIÉ
octobre 2023 Acceptabilité des zones à faibles émissions Page 104/134
? La mise en oeuvre par les collectivités locales d?une stratégie de communication ciblée
dans le cadre de la préparation de la mise en place des CAZ. À titre d?exemple, la ville de
Birmingham a longuement travaillé avec les acteurs économiques et les organisations ayant
les plus grandes flottes pour comprendre leurs inquiétudes et proposer des mesures
d?accompagnement répondant à leurs besoins. Par ailleurs, il est intéressant de relever la forte
implication, d?une part, de la communauté médicale et hospitalière, d?autre part, de l?ONG
Mums for Lungs portant la voix des parents, dans des campagnes de sensibilisation grand
public sur les dangers de la pollution de l?air et les bénéfices associés aux CAZ. Pour autant,
le gouvernement central n?a pas souhaité mener une campagne de communication nationale
qui aurait permis de favoriser l?acceptabilité des CAZ, dans un contexte politique complexe
d?opposition entre le gouvernement britannique et les grandes villes anglaises dont Londres.
? La mise en place par les services de l?État (Defra) d?une démarche partenariale pour
construire un service numérique adapté aux usages et aux besoins des différents
acteurs. Concrètement, la Joint Air Quality Unit a développé une API faisant l?interface entre
le registre des immatriculations, le réseau de caméras à lecture automatique et les systèmes
d?information des autorités locales (afin de vérifier la conformité des véhicules) et les usagers
(qui peuvent vérifier en ligne si leur véhicule est concerné par la CAZ). Cette équipe a
également travaillé avec les principaux gestionnaires de flotte, comme l?entreprise Royail Mail,
pour développer une interface et des fonctionnalités dédiées à leurs besoins : ces derniers
peuvent par exemple enregistrer rapidement des milliers des véhicules sur leur compte ou
payer les droits d?entrée dans les différentes CAZ d?un grand nombre de véhicules en une seule
transaction, plutôt que devoir réaliser une transaction pour chaque véhicule.
PUBLIÉ
octobre 2023 Acceptabilité des zones à faibles émissions Page 105/134
Annexe 10. Pays-Bas
Des ZFE anciennes dont les résultats sont limités
Aux Pays-Bas, des ZFE (« milieuzones » ou zones environnementales) existent depuis 2007. Ces
zones, au nombre de 13 en 2020, sont à l?initiative des villes et concernent les véhicules diesel,
sauf à Rotterdam. Les règles sont variables dans le temps et d?une LEZ à l?autre. À partir de 2013,
il est imposé aux poids lourds d?être au moins conformes à la norme Euro IV, et c?est à partir de
cette date que certaines municipalités commencent à réglementer l?accès des véhicules utilitaires
et particuliers.
Une étude de 2012 indique que les villes concernées ont connu une amélioration de la qualité de
l?air, mais la contribution des milieuzones est jugée peu significative, du fait de la faible proportion
des véhicules concernés. En effet, les véhicules diesel sont aux Pays-Bas en proportion nettement
moins importante (11%) qu?en France (55%) 64. Une étude de 2014 portant sur Amsterdam est plus
positive, la réduction des polluants (de l?ordre de 6% pour les PM et les NOx) pouvant dans ce cas
être attribuée à la mise en place de la ZFE65.
À Rotterdam, depuis 2016, la ZFE concernait tous les véhicules, quelle que soit leur motorisation,
mais elle a été annulée en 2020 par un tribunal, au motif que la nocivité des moteurs essence
n?était pas suffisamment démontrée. Depuis, rien n?a été remis en place dans cette ville pour les
véhicules particuliers, mais la proportion de véhicules diesel anciens avait déjà fortement régressé
auparavant. La ZFE reste en place pour les poids lourds.
À la fin des années 2010, le dispositif des milieuzones est contesté du fait d?une grande
hétérogénéité (même les panneaux de signalisation peuvent varier d?une ville à l?autre !), d?une
efficacité limitée et d?un sentiment d?injustice, car il épargne complètement les véhicules à essence.
Il a été complètement refondu en 2019 dans un cadre plus général de lutte contre le dérèglement
climatique.
Une harmonisation récente
En 2019, le gouvernement néerlandais décline sa feuille de route pour atteindre ses objectifs de
réduction des émissions de CO2 et propose un « accord national sur le climat »66. Dans le domaine
de la mobilité, l?accent est mis sur le développement des véhicules électriques et la décarbonation
des transports. Les zones environnementales sont citées comme un outil efficace pour atteindre
ces objectifs, avec une priorité affichée sur la logistique et donc les poids lourds et véhicules légers
utilitaires. Dans le même temps, à la suite d?une longue démarche de concertation entre
municipalités, milieux économiques et ONG, un texte national vient harmoniser les ZFE existantes,
pour une mise en place en 2020, ce qui a conduit à un durcissement des règles dans certaines
villes comme Amsterdam ou La Haye.
La loi permet aux villes de choisir entre plusieurs couleurs de zones :
Les « milieuzones jaunes » : véhicules diesel au moins conformes à la norme Euro 3 ; il
n?en existe plus.
Les « milieuzones vertes » : véhicules diesel au moins conformes à la norme Euro 4 ; il en
existe quatre : Amsterdam, Arnhem, La Haye et Utrecht.
Les milieuzones violettes : elles ne concernent que les poids lourds diesel, qui doivent être
conformes à la norme Euro VI ; il en existe 14, dont les 4 villes précitées et Rotterdam, où
64 Valeurs 2021- véhicules particuliers. Source Eurostat
65 Source étude ADEME- annexe Pays Bas
66 https://www.government.nl/topics/climate-change/climate-policy
PUBLIÉ
octobre 2023 Acceptabilité des zones à faibles émissions Page 106/134
la zone couvre également une partie du port industriel. Ces zones vont évoluer vers des «
zones zéro émission » (ZEZ- cf. infra).
Figure 19: signalisation des "milieuzones"
La taille des ZFE est souvent réduite au centre-ville, à l?exception notable d?Amsterdam et de
Rotterdam (dans cette ville pour les poids lourds uniquement).
Figure 20: périmètre de la ZFE d'Amsterdam
Dans un cadre national, les villes peuvent décider de dérogations, en particulier un nombre de
jours d?accès libre, dans la limite de 12 pour les poids lourds et de 6 pour les VUL. Ces dérogations
sont payantes.
Le choix de la méthode de contrôle appartient à chaque municipalité. En pratique, dans toutes les
PUBLIÉ
octobre 2023 Acceptabilité des zones à faibles émissions Page 107/134
zones concernant les véhicules particuliers, le contrôle est effectué par lecture automatique des
plaques d?immatriculation. Les amendes sont collectées par l?État et restent dans son budget.
Une nouvelle étape : vers des « Zones à zéro émissions »
L?accord national de 2019 prévoit également la mise en place progressive de Zones à zéro
émission (ZEZ). À cet effet, diverses municipalités, des représentants des secteurs professionnels
et le Gouvernement ont conclu un accord pour développer des zones zéro émissions dans les
centres urbains à horizon 2025.
Cette démarche est proposée aux villes et les plus importantes des villes néerlandaises ont pour
la plupart adhéré à ce dispositif, puisque 28 villes se sont engagées sur un potentiel de 40.
Cette politique est affichée par les municipalités comme un élément d?une politique urbaine plus
vaste, avec par exemple la généralisation des zones 30, le développement des infrastructures de
recharge pour les véhicules électriques, la réduction progressive du nombre de places de
stationnement et la mise en place de parkings P+R en périphérie. L?organisation de la logistique
urbaine devra évoluer en conséquence, avec le développement de l?usage du vélo cargo pour la
livraison finale, le rapprochement de petits centres d?éclatement en limite de zone, etc? La mise
en place des ZEZ est présentée comme un élément fort pour l?attractivité et le développement
économique des centres-villes, la place gagnée grâce à la réduction du nombre de véhicules
pouvant être réaffectée à d?autres usages. Les municipalités doivent elles-mêmes se montrer
exemplaires par l?électrification de leur flotte de service public, ce qui est en bonne voie pour les
transports en commun (dans un contexte où le service est largement concédé), mais apparemment
plus difficile pour le ramassage des déchets.
Les entreprises font l?objet d?un accompagnement spécifique, courrier systématiquement envoyé,
à Rotterdam possibilité de recourir à un accompagnement personnalisé pour accompagner la
transition dans le cadre du programme Ecostars. Le succès du projet repose sur la visibilité de long
terme, la règle étant que les ZEZ ne peuvent rentrer en vigueur qu?après un délai de quatre ans à
compter de la décision formelle de la municipalité.
Un calendrier de sortie du moteur thermique est affiché avec des échéances rythmées entre 2025
et 2030 selon le type de véhicule (VUL d?abord, PL ensuite) et une règle selon laquelle dans un
premier temps les véhicules anciens peuvent continuer de circuler, seuls les véhicules
nouvellement immatriculés devant être électriques ; dans un deuxième temps et au plus tard en
2030, l?interdiction d?accès est étendue à l?ensemble des véhicules. Cela pose à l?évidence deux
types de problèmes : la disponibilité effective de bornes de recharge d?une puissance suffisante,
avec des enjeux non négligeables pour le réseau de distribution électrique, la disponibilité effective
de modèles de véhicules adaptés aux besoins. Les interlocuteurs rencontrés se sont montrés
cependant pour la plupart attachés à la poursuite de cette politique annoncée et discutée de longue
date, quitte à obtenir les dérogations et assouplissements nécessaires le moment venu.
Les incitations pour le développement des véhicules électriques, annoncées dans l?accord national
de 2019, relèvent de politiques nationales, et ne sont donc pas spécifiques aux territoires couverts
par les ZFE:
Exonération de fiscalité à l?achat et à la possession (vignette annuelle) de véhicules ; cette
fiscalité est en effet élevée aux Pays Bas. Il est prévu de supprimer ces exonérations à
partir de 2025. Devraient subsister les avantages fiscaux pour les véhicules électriques de
société.
Subvention à l?acquisition de véhicules électriques; les subventions pour les véhicules
neufs vont être supprimées en 2026, les objectifs en termes de première immatriculation
ayant été atteints. Un effort particulier est fait pour développer le marché de l?occasion.
Subvention à l?acquisition de poids lourds et véhicules utilitaires électriques. Les lignes
budgétaires ne permettent pas de répondre à la demande.
PUBLIÉ
octobre 2023 Acceptabilité des zones à faibles émissions Page 108/134
La mission n?a pas identifié de programme local d?aide d?envergure. On peut signaler la « prime à
la casse » de 1000¤ de la municipalité de La Haye, qui incite ainsi au report modal.
Une communication forte a été mise en place au niveau national. Plusieurs sites d?information ont
été mis en place :
Dohetzero.nl : pour les ZEZ
Milieuzones.nl : pour les LEZ
Opwegnaarzes.nl : site spécialisé logistique
Sur ces sites, il est possible (pour les véhicules néerlandais), en indiquant son numéro
d?immatriculation, d?obtenir directement l?information sur les éventuelles restrictions de circulation.
Par ailleurs, un courrier a été envoyé à tous les propriétaires de véhicules concernés par les
premières vagues de restriction des ZEZ en 2025.
Le cas particulier du port de Rotterdam
Le plus important port d?Europe s?étend sur plus de 30 km à l?embouchure de la Meuse, entre le
centre-ville de Rotterdam et l?extension la plus récente de la Maasvlakte, île artificielle gagnée sur
la mer. En sus de la zone environnementale centrale destinée à devenir une zone à zéro émission,
la Maasvlakte est également couverte par une zone environnementale. Ce qui était à l?origine une
mesure de compensation environnementale a été intégré en 2022 dans le cadre national des
milieuzones et seuls les camions Euro VI peuvent donc maintenant accéder à cette zone qui
comprend plusieurs terminaux conteneurs. Cette mesure a conduit les professionnels à
réorganiser leur flotte de poids lourds. Les liaisons entre Rotterdam et son arrière-pays du Benelux
et de l?Allemagne bénéficiant d?infrastructures fluviales et ferroviaires de très grande capacité, avec
des sites d?éclatement en amont, le port de Rotterdam affiche une part modale routière
particulièrement faible, ce qui tend à faciliter la modernisation du parc de véhicules.
Les règlementations internationales de l?OMI obligent les armateurs à réduire les émissions
polluantes de leurs navires et les ports à équiper leurs terminaux d?installations pour le
branchement électrique à quai pendant les escales. Ces dispositions sont cohérentes avec les
objectifs de moindre émission des poids lourds sur la Maasvlakte et de zéro émission en centre-
ville, à proximité du terminal croisière.
PUBLIÉ
octobre 2023 Acceptabilité des zones à faibles émissions Page 109/134
Annexe 11. Comparaison entre les pays du
parangonnage
Le dispositif national laisse aux villes la responsabilité de définir les
caractéristiques de la ZFE ou la possibilité de choisir entre plusieurs solutions
Dans les pays du parangonnage, un dispositif national a été mis en place, sauf en Belgique où la
ZFE est de la compétence des régions. Le tableau ci-dessous compare ces dispositifs, en
examinant si le dispositif crée une obligation pour les villes de mettre en place une ZFE et s?il laisse
aux villes la responsabilité d?en définir le contenu ou la possibilité de choisir entre plusieurs
solutions. Le tableau indique également si le pays dispose ou non d?un dispositif de vignette :
Figure 21: comparaison des dispositifs nationaux du parangonnage
Pays Un dispositif légal impose une
obligation de créer une ZFE
Le dispositif laisse aux villes la
responsabilité d?en définir le
contenu ou la possibilité de choisir
entre plusieurs solutions
France
(en gras, les
pays avec
vignettes)
-Dans les villes de plus de 150 000
habitants
- Euro 5 minimum pour les VL Diesel
au 1er janvier 2025 si les valeurs
limites ne sont pas respectées
Les modalités de la ZFE sont de
compétence locale, à l?exception de la
taille minimale (règle des 50%) et de
certaines règles minimales, notamment
lorsque les valeurs limites ne sont pas
respectées
Espagne Loi de 2021 :
-Dans les villes de plus de 50 000
habitants
-Dans les villes de plus de 20 000
habitants si les valeurs limites ne sont
pas respectées.
- Les modalités de la ZFE sont de
compétence locale, le dispositif de
vignette offrant une grande souplesse
dans la définition des catégories de
véhicules concernées
Royaume-Uni
Pas d?obligation, mais le respect des
valeurs limites est vérifié au niveau
national
- Plusieurs catégories de ZFE, en
fonction des types de véhicules pris en
compte : la classe la plus large inclut
VL, VUL et PL.
- Norme minimale fixée :
Diesel Euro 6, essence Euro 4
Italie le dispositif de « zone à trafic limité »
(ZTL), très souple, permet aussi de
créer une ZFE et un péage urbain
Allemagne pas d?obligation légale, mais une
jurisprudence impose la norme
minimale Euro 5 ou 6 pour les
véhicules diesel si les valeurs limites
ne sont pas respectées
Le dispositif national définit une liste de
dérogations, qui peut être complétée
localement
La ville choisit la vignette, qui
s?applique à l?ensemble des catégories
de véhicules ; en pratique, toutes ont
choisi la vignette verte.
PUBLIÉ
octobre 2023 Acceptabilité des zones à faibles émissions Page 110/134
Pays-Bas
Décret d?harmonisation de 2019 :
-plusieurs catégories de ZFE définies
par la norme minimale Euro ;
-possibilités d?option sur le type de
véhicules concernés (tous ou PL seuls)
et le contrôle (par caméra ou non) ;
- Possibilité de zones à zéro émission
à partir de 2025 pour la logistique
Région
Flandre
en Belgique
La Région définit un cadre précis, les
villes décident de réaliser ou non une
ZFE selon ces modalités
Parmi les 6 pays du parangonnage, seule l?Espagne a, comme la France, créé une obligation de
mettre en place une ZFE.
En revanche, parmi ces 6 pays, une tendance se dégage en matière de gouvernance ou, plus
précisément, de partage des compétences entre l?État et les collectivités locales : l?État met en
place un dispositif laissant aux villes la possibilité de choisir entre plusieurs solutions.
Ce dispositif se présente sous deux formes : le Royaume-Uni et les Pays-Bas ont créé des
catégories de ZFE, entre lesquelles les villes peuvent choisir, et l?Allemagne et l?Espagne, comme
la France, un système de vignettes, qui permet aussi aux villes de choisir entre plusieurs solutions.
Les catégories du dispositif britannique portent sur le type de véhicules concernés : poids lourd,
véhicule léger, ? Le dispositif s?applique en pratique à l?Angleterre : les villes anglaises se sont
bien appropriées le dispositif et en utilisent les différentes catégories.
Les catégories du dispositif néerlandais portent sur la norme Euro minimale à partir de laquelle un
véhicule est autorisé à circuler.
En Espagne, les différentes catégories du dispositif prennent la forme d?un système de vignettes
et portent également sur la norme Euro minimale à partir de laquelle un véhicule est autorisé à
circuler.
Enfin, en Allemagne, les différentes catégories de ZFE sont également concrétisées par un
système de vignette.
Ce système de vignette, s?il a permis de diminuer la pollution dans les années 2010, est désormais
considéré comme inopérant par les acteurs, puisque 90% des véhicules immatriculés remplissent
aujourd?hui les critères de la vignette du niveau le plus élevé. En l?absence d?un accord politique
sur le sujet, le gouvernement a renoncé en 2016 à introduire une nouvelle vignette plus exigeante.
En 2017, confronté à la nécessité de réduire les émissions excessives de NO2 constatées dans
de nombreuses villes, plutôt que de s?appuyer sur le dispositif de ZFE, le gouvernement allemand
a fait le choix de subventionner les investissements permettant de diminuer les émissions des
véhicules ou de remplacer ces véhicules. La « zone environnementale » ne constitue plus un outil
d?action privilégié par les gouvernements allemands dans la période récente.
Ainsi, la mission estime que l?existence de 48 « zones environnementales » en Allemagne ne doit
pas être interprétée comme l?illustration d?un succès actuel du dispositif. En revanche, plusieurs
villes allemandes ont utilisé la ZFE dans la période récente en vue de respecter la réglementation
européenne.
PUBLIÉ
octobre 2023 Acceptabilité des zones à faibles émissions Page 111/134
En matière de dispositif à la disposition des villes, les deux derniers pays du parangonnage ont
adopté des approches à l?opposé l?une de l?autre :
En Italie, l?État a mis en place un dispositif qui offre une grande souplesse. Au-delà des zones à
trafic limité (ZTL) historiques, il permet aussi bien la mise en place d?un péage urbain que de
restrictions de circulation formulées sous la forme de normes Euro minimales (principe des zones
à faibles émissions).
Les ZTL historiques, sur des périmètres restreints, restent aujourd?hui le type de zones les plus
répandues en Italie et, même si elles peuvent désormais intégrer des exigences exprimées à partir
des normes Euro, elles ne constituent pas fondamentalement des dispositifs destinés à améliorer
la qualité de l?air à l?échelle de la ville. On peut citer à cet égard le cas de Bologne, qui a doté sa
ZTL historique d?exigences de normes Euro minimales, mais attend la mise en service d?une
première ligne de tramway pour en étendre le périmètre et réaliser une zone à faible émission
ayant pleinement pour objectif l?amélioration de la qualité de l?air.
La ville de Milan offre l?exemple d?une telle ZFE, sur un large périmètre.
À l?opposé de l?approche italienne, en Belgique, la Région flamande a défini un dispositif ne
comportant qu?une seule catégorie : en d?autres termes, la région définit précisément un ensemble
unique de caractéristiques de la ZFE, que les villes restent libres de mettre en place ou non.
Anvers et Gand ont adopté le dispositif, mais sur des périmètres limités, alors que le dispositif
bruxellois, proche dans son principe, couvre l?ensemble de la ville. Quant à la Région wallonne,
elle a également défini un dispositif, mais seuls des projets de ZFE existent pour l?instant dans
cette région.
Des ZFE s?étendant sur un large périmètre sont présentes dans chacun des pays
du parangonnage
Pour introduire la problématique du périmètre d?une ZFE, il est intéressant d?examiner le cas de
Bristol, en Angleterre. D?après le dispositif national décrit au §2.6, la ville disposait d?une palette de
possibilités : en particulier, introduire ou non un péage urbain, choisir parmi les 4 classes de Clean
Air Zones et définir un périmètre.
Les études menées par la ville ont montré que la mise en place d?une redevance permettait de
respecter les valeurs limites plus rapidement. Parmi les solutions avec redevance ont été étudiées
différentes combinaisons de périmètres et de classes en fonction d?un certain nombre de critères
d?évaluation et de facteurs-clés de succès. Il est apparu que les zones avec large périmètre
seraient beaucoup plus longues à mettre en place67. La ville a finalement opté pour une zone avec
redevance, sur un périmètre restreint et de classe D (couverture la plus large en matière de
véhicules concernés).
Cet exemple illustre les réflexions auxquelles peut donner lieu le choix du périmètre d?une ZFE. La
ZFE de Bristol a été mise en service fin 2022.
Dès lors que la qualité de la desserte en transports publics est moindre dans les espaces péri-
urbains, les inconvénients d?un large périmètre pourraient l?emporter sur les avantages.
L?autre CAZ de type D créée en Angleterre, celle de Birmingham, est également sur un périmètre
limité au centre-ville. Les CAZ de Bath, Bradford, Oxford (en projet), Portsmouth et Tyneside sont
aussi sur un périmètre de centre-ville ou de centre-ville élargi.
C?est le cas aussi, dans la Région flamande de Belgique, pour les ZFE de Gand et Anvers : le
périmètre couvre environ 10% de la surface de la ville.
67 https://www.cleanairforbristol.org/wp-content/uploads/2018/05/Strategic-Outline-Case_BCC_Final_05.04.18.pdf
PUBLIÉ
octobre 2023 Acceptabilité des zones à faibles émissions Page 112/134
À Berlin, le périmètre se limite à 10% de la surface de la ville, mais n?en couvre pas moins une
population d?1 M d?habitants sur un total de 3,7 M pour la ville. Les études, qui ont porté sur ce
périmètre et sur un périmètre couvrant la ville entière, ont montré que l?élargissement du périmètre
n?améliorait pas significativement la qualité de l?air, mais augmentait les inconvénients.
Une route circulaire peut aussi constituer une limite pertinente : ainsi, à Munich, le périphérique
intermédiaire (Mittlerer Ring) constitue la limite de la zone environnementale. À Birmingham, le
périmètre de la CAZ s?étend sur le centre-ville et est limité par un périphérique intermédiaire (A4540
Middleway).
Parmi les ZFE s?étendant sur un périmètre restreint, on peut ainsi citer les CAZ de type D en
Angleterre (Birmingham, Bristol), les ZFE en Flandre (Anvers, Gand), ainsi que les ZTL en Italie
(Bologne, ?)
Il n?en reste pas moins que des ZFE s?étendant sur un large périmètre sont présentes dans chacun
des pays du parangonnage. On peut citer : l?ULEZ de Londres, Bruxelles, Amsterdam, Stuttgart,
Milan, Madrid et Barcelone.
L?extension d?un périmètre peut être un sujet délicat : à Londres, avec le projet d?extension de
l?ULEZ du périmètre de Londres à celui du Grand Londres a soulevé des réactions.
Le tableau ci-après illustre les choix effectués dans une sélection de villes parmi les différents pays
retenus par la mission dans le cadre du parangonnage. Il convient de souligner que cette sélection
n?a pas de valeur statistique et a seulement pour objet d?illustrer différentes situations possibles.
Tableau 14: périmètre de la ZFE dans une sélection de villes
Pays Périmètre
France Le périmètre doit couvrir au moins 50 % de la
part de la population de l?EPCI le plus peuplé
de l?agglomération
Espagne Madrid : hypercentre, puis ville entière
(intérieur M 30) à partir du 1 /1 / 2023
Barcelone : 95 km2 ; couvre une grande partie
de la ville ainsi qu?une partie ou la totalité de
plusieurs villes contigües.
Royaume-Uni Londres : ULEZ étendue en aout 23 au Grand
Londres
(norme minimale Euro 6 pour les VL)
Autres villes d?Angleterre :
-CAZ de type D : des périmètres restreints :
- Bristol : périmètre défini après
comparaison multicritères d?un ensemble de
solutions
- Birmingham: périmètre de centre-ville
-autres CAZ :
-centre-ville élargi : Bath, Bradford,
PUBLIÉ
octobre 2023 Acceptabilité des zones à faibles émissions Page 113/134
-centre-ville : Oxford (en projet),
Portsmouth, Tyneside
Italie Milan : la zone B couvre 97% de la population
de la ville.
Allemagne Stuttgart : il existe 2 zones, dont l?une couvre
la ville entière
Berlin : la zone environnementale couvre 1 M
d?habitants sur une population de 3,7M ( la
vignette verte est désormais peu
contraignante)
Pays-Bas Amsterdam : partie principale de la ville, limitée
par le périphérique A10
Belgique Bruxelles : le périmètre couvre l?ensemble de
la ville à l?intérieur du périphérique
(périphérique exclu)
Flandre : des périmètres limités :
- Gand : 7 km2 sur 157 km2
- Anvers : 21 km2 sur 200 km2
Les normes Euro minimales adoptées sont souvent plus élevées que celles
définies dans la loi française
Dans les pays du parangonnage, seul le Royaume-Uni a, comme la France, défini les exigences
de normes Euro à prendre en compte dans les ZFE anglaises. En Belgique, où le cas de Bruxelles
est également particulier, la Région flamande a également défini ces exigences.
Dans les deux cas du Royaume-Uni et de la Belgique, la norme minimale pour les véhicules diesel
concernés par la ZFE ? parfois toutes les catégories de véhicules - est Euro 6, soit dès aujourd?hui,
soit en 2025. Pour la région flamande, un report de l?entrée en vigueur de la norme Euro 6 à 2026
est envisagé, mais la norme minimale actuellement en vigueur est Euro 5. En Angleterre, les
véhicules concernés varient selon la catégorie de Clean Air Zones (CAZ). Pour les CAZ de
catégorie D, il s?agit de l?ensemble des types de véhicules, l?autorité locale pouvant décider d?y
inclure les deux-roues motorisés.
En Allemagne, le dispositif de vignettes établi au niveau fédéral revient d?une certaine façon à
définir des normes minimales possibles dans les zones environnementales. Mais, comme évoqué
plus haut, ce dispositif est considéré comme obsolète, puisque 90% du parc est conforme à
l?exigence retenue. La Cour suprême fédérale a imposé une « interdiction de circulation des
véhicules diesel » conduisant en pratique à imposer la norme minimale Euro 6, ou parfois Euro 5,
pour les véhicules diesel, lorsque la valeur limite pour le NO2 n?est pas respectée.
Le tableau ci-après résume les dispositions adoptées par les États des pays du parangonnage ou
par les villes, en l?absence de norme minimale nationale à respecter. Les dispositions présentées
sont celles en vigueur et celles prévues pour 2025 :
PUBLIÉ
octobre 2023 Acceptabilité des zones à faibles émissions Page 114/134
Tableau 15: norme minimale Euro exigée par pays et catégories de véhicules
concernés
Pays
ou ville
Véhicules concernés Diesel Essence
France *
véhicules légers :
-Au 1er Janvier 2024
-Au 1er Janvier 2025
Euro 4 (interdiction
des Crit?air 4)
Euro 5 (interdiction
des Crit?air 3)
-
Euro 4 (interdiction
des Crit?air 3)
Allemagne
Tous véhicules (sauf 2 roues) :
- Vignette verte
- « interdiction » de circulation
des véhicules diesel
Euro 4
(ou Euro 3 avec
FAP)
Euro 6
Euro 2
(ou Euro 1 avec pot
catalytique)
Dans certains cas :
Euro 3 (Darmstadt) :
Pays-Bas Milieuzone (Amsterdam, ?):
-Camions et bus (zone violette,
choix unique depuis 2022)
-Autres catégories de véhicules
(VL et VUL) : couleur verte rete-
nue actuellement pour les mi-
lieuzone ciblant ces véhicules
Zone à zéro émission
- PL et VUL
Euro 6
Euro 4
Interdits pour les
véhicules neufs
Non concernés par les
restrictions
Interdits pour les véhi-
cules neufs
Belgique :
Bruxelles :
PL et deux roues concernés
à partir de 2025 :
-Au 1er janvier 2022
-Au 1er janvier 2025
Dispositif flamand : VL et PL
- actuellement
- Au 1er janvier 2025 ( sus-
ceptible d?être reporté à 2026)
Euro 5
Euro 6, VI
Euro 5
Euro 6
Euro 2
Euro 3, III
Euro 2
Euro 3
Royaume- Uni -Angleterre :
-Londres :
-ULEZ (VL)
-LEZ ( PL)
Euro 6
Euro 6
Euro 6
Euro 4
Euro 4
Italie:
Milan
Véhicules légers :
2022 véhicules particuliers
2025 ( yc VUL)
2028
2030
Transports de marchandises :
2024 marchandises
2025
2028
Euro 6
Euro 6d **
Euro 6d
interdit
Euro 6
Euro 6 d **
Euro 6 d
Euro 3
Euro 4
Euro 5
Euro 3
Euro 4
Euro 5
Espagne :
VP et VUL: Euro 4
VP et VUL: Euro 3,
PUBLIÉ
octobre 2023 Acceptabilité des zones à faibles émissions Page 115/134
Madrid et Bar-
celone
PL : Euro IV PL : euro IV
* lorsque les normes de qualité de l?air ne sont pas respectées de manière régulière, au sens de l?article
L.2213-4-1 du code général des collectivités territoriales
** les véhicules Euro 6 a,b et c achetés avant 2018 sont autorisés
Le tableau ci-après fournit une vision plus synthétique, en se concentrant sur une ville de chacun des
pays du parangonnage où la ZFE couvre un large périmètre et vise à la fois les véhicules légers et les
poids lourds.
Tableau 16: norme Euro minimale sur une sélection de ZFE
Ville Diesel
Actuellement 2025
ULEZ de Londres (VL)
LEZ ( PL)
VL et VUL: Euro 6
PL : Euro 6
-
Bruxelles VL et VUL : Euro 5 VL, VUL, PL : Euro 6
Stuttgart- zone large VL, VUL et PL : Euro 5 -
Milan Area B VL : Euro 6 VL, VUL et PL* : Euro 6 d
Amsterdam VL et VUL: Euro 4
PL : Euro 6
VUL et PL neufs électriques
seulement-
Madrid VL, VUL et PL : Euro 4 -
* les véhicules Euro 6 a, b et c achetés avant 2018 sont autorisés
Ainsi, les normes minimales adoptées par les États des pays du parangonnage ou par les villes de
ces pays, en l?absence de norme nationale, tendent à confirmer la faisabilité de la disposition de la
loi française consistant à imposer la norme minimale Euro 5 en 2025 pour les véhicules diesel dans
les ZFE, lorsque les normes de qualité de l?air ne sont pas respectées de manière régulière.
Dans l?ensemble des pays du parangonnage, des ZFE ciblent à la fois les
véhicules légers et les poids lourds
Rappelons tout d?abord que la mission, dans sa sélection des pays à étudier, a fait le choix de
retenir des pays où existent des ZFE concernant les véhicules légers et non pas les seuls poids
lourds. Dans cette sélection où les véhicules légers sont concernés, les poids lourds ne sont pas
délaissés pour autant.68
Un pays cible les poids lourds plus que les véhicules particuliers. Au Royaume-Uni, les poids lourds
sont inclus dans la CAZ B et les véhicules légers seulement dans la CAZ la plus complète, de type
D ; la justification est qu?il s?agit de cibler prioritairement les véhicules les plus émetteurs à l?intérieur
de la zone, en émission par véhicule.
À Londres, la LEZ ciblant les poids lourds a été mise en place dès 2008 et l?ULEZ ciblant les VL
68 Pour simplifier, l?analyse n?inclut pas des deux-roues motorisés
PUBLIÉ
octobre 2023 Acceptabilité des zones à faibles émissions Page 116/134
en 2019 ;
Aux Pays-Bas, si la plupart des ZFE ne ciblent que les poids lourds, quelques-unes ciblent aussi
les véhicules légers (Amsterdam, La Haye, Arnhem) , avec un niveau d?exigence plus fort pour
les poids lourds ; en revanche la prochaine étape des « Zones zero émission » concerne en
priorité les véhicules logistiques (VUL et PL)
Certains pays ou certaines villes ciblent de façon équivalente poids lourds et véhicules légers :
? L?Allemagne, aussi bien pour les ZFE s?appuyant sur le système de vignettes que pour
celles prenant en compte l?interdiction de circulation des véhicules diesel ;
? La Région flamande, en Belgique.
? Barcelone
Dans certaines villes, la différenciation entre véhicules légers et poids lourds porte sur le
calendrier :
- En Italie, à Milan, l?exigence Euro 6 intervient dès 2022 pour les véhicules légers diesel et
seulement en 2024 pour les poids lourds diesel.
- À Bruxelles et à Madrid, les poids lourds ne sont concernés qu?à partir de 2025
Dans l?ensemble des pays du parangonnage, des ZFE ciblent à la fois les véhicules légers et les
poids lourds : Londres, Amsterdam, Arnhem, Bruxelles, Stuttgart, Milan, Madrid et Barcelone.
Sauf cas particuliers, le contrôle est effectué par un système automatisé de
lecture de plaque
Dans la majorité des pays du parangonnage, le contrôle est effectué par un système de contrôle
automatisé par lecture de plaque :
Royaume-Uni : le dispositif-cadre des clean air zone britannique prévoit un contrôle
automatisé par caméra ;
Belgique : à Bruxelles, Anvers et Gand le contrôle automatisé par caméra est en vigueur ;
Italie : À Milan, les zones B et C sont équipées d?un système de contrôle automatisé par
caméra, tandis que Rome prévoit l?installation d?un tel système ;
Espagne : le contrôle automatisé par caméra est en place à Madrid et Barcelone ;
Pays-Bas : le choix du système de contrôle de la responsabilité des villes ; Amsterdam,
Rotterdam, Utrecht, La Haye, Arnhem et Haarlem ont des caméras ; il s?agit des
agglomérations les plus importantes ; les autres municipalités disposent d?un contrôle
physique (zones concernant les poids lourds).
Enfin, en Allemagne, il n?y a pas de système de contrôle automatisé par caméra, lequel était même
interdit jusqu?en 2021, mais les interlocuteurs rencontrés par la mission ont fait valoir un contexte
très particulier : d?une part, les réserves à l?égard des dispositifs de contrôle des citoyens sont
fortes pour des raisons historiques et, d?autre part, le respect des règles est meilleur que dans
d?autres pays.
En conclusion, si l?on fait abstraction des cas particuliers de l?Allemagne et de ZFE dédiées aux
poids lourds de certaines villes néerlandaises, la règle qui se dégage est que le contrôle des ZFE
est effectué par un système de contrôle automatisé par caméra.
PUBLIÉ
octobre 2023 Acceptabilité des zones à faibles émissions Page 117/134
Annexe 12. Aides financières
La mission a cherché à identifier les dispositifs d?aide apportés par les États aux ménages et aux
entreprises pour l?achat de véhicules électriques. Elle a recherché également les aides apportées
par les collectivités locales pour faciliter la mise en oeuvre des ZFE.
Ces aides sont de différents types :
des aides à l?acquisition de véhicules électriques, soit directes (subvention de type bonus
écologique), soit indirectes (allègements fiscaux) ;
des primes à la casse : pour aider les ménages à se séparer d?une voiture ancienne, soit
pour en racheter une récente moins polluante (prime à la conversion), soit pour accéder à
des services alternatifs de mobilité ;
des aides au rétrofit.
Les aides sont différentes suivant les segments concernés (véhicules particuliers, véhicules
utilitaires légers, poids lourds), peuvent ou non concerner les véhicules d?occasion, peuvent relever
de dispositifs nationaux ou locaux, sont soumises ou non à des conditions de revenus. Elles sont
parfois adossées à une ZFE. Il est assez difficile de disposer d?une vue d?ensemble sur chaque
dispositif local et cette annexe ne prétend pas à l?exhaustivité. Les aides concernant les deux roues
n?ont pas été examinées.
Rappel du dispositif français
Le « bonus écologique » est une prime à l?achat d?un véhicule électrique. Pour les voitures, cette
prime est de 27% du cout d?acquisition, plafonné à 5000¤ (3000¤ pour les personnes morales).
Pour les utilitaires légers, le taux est de 40%, et le plafond de 6000¤ (4000¤ pour les personnes
morales). Le bonus est majoré de 2000¤ pour les ménages les plus modestes. Le bonus est de
1000¤ en cas d?acquisition d?un véhicule d?occasion.
La « prime à la conversion » est accordée pour l?acquisition d?un véhicule léger (y compris utilitaire)
neuf ou, pour les particuliers, d?occasion, à la condition de se séparer d?un véhicule Crit?air 3 ou
plus. L?aide est attribuée aux particuliers sous condition de revenus et peut atteindre 4000¤ pour
l?achat d?un véhicule Crit?air 1, neuf ou d?occasion, et 6000 ¤ pour l?achat d?un véhicule de tourisme
électrique, neuf ou d?occasion. Ce montant est porté à 10 000 ¤ pour un utilitaire électrique. Une
majoration de 1000 ¤ est accordée aux personnes résidant ou travaillant à l?intérieur d?une ZFE et
aux personnes morales justifiant d'un établissement dans une telle zone. Cette surprime de 1000¤
est augmentée du même montant que l'aide éventuelle apportée par une collectivité locale, dans
la limite de 2000 ¤ supplémentaires. La prime à la conversion est cumulable avec le bonus
écologique.
Il existe également une aide pour le rétrofit électrique, qui peut atteindre 80% du coût de la
transformation, dans la limite de 6000¤. Les surprimes ZFE sont applicables dans les mêmes
conditions que pour la prime à la conversion.
Plusieurs métropoles fournissent également des aides à l?achat de véhicules électriques
cumulables avec les aides de l?État.
Les acquéreurs de véhicules électriques neufs bénéficient d?exonérations sur le coût du certificat
d?immatriculation et ne sont pas soumis au « malus CO2 ».
L?achat ou la location d?un véhicule lourd neuf fonctionnant à l?électricité ou à l?hydrogène permettait
jusqu?au 1er janvier 2023 de bénéficier du bonus. Son montant s?élevait à 40 % du coût d?acquisition,
dans la limite de 50 000 ¤ pour un poids lourd. Ce dispositif est remplacé à partir de 2023 par un
appel à projets lancé par l?ADEME pour l?acquisition de poids lourds électriques. L?aide est de 65%
du surcout d?acquisition par rapport à un véhicule de référence de même gamme, ou de 65% du
cout du rétrofit.
PUBLIÉ
octobre 2023 Acceptabilité des zones à faibles émissions Page 118/134
Synthèse
Le tableau ci-après résume les dispositifs en place, en distinguant le bonus écologique et la prime
à la casse éventuellement mis en place par l?État, d?une part, et les autres aides, d?autre part.
Le tableau montre que les dispositifs d?aide du type bonus écologique ou prime à la casse mis en
place par les États du parangonnage offrent des montants moins élevés qu?en France.
Tableau 17: synthèse des aides financières pour l'achat de véhicules électriques,
par pays
Pays
L?État a mis en place un bonus
écologique et, éventuellement,
une prime à la conversion
Autres aides
France
Voitures particulières :
- Bonus écologique : 7000¤
maximum (véhicule neuf)
- Prime à la conversion :
9000¤ maximum ( cas incluant la
surprime maximale en ZFE),
cumulable avec le bonus
Véhicules utilitaires :
Les VUL bénéficient du bonus
écologique et de la prime à la
conversion.
Espagne
Voitures particulières :
jusqu?à 4500¤
Véhicules utilitaires :
Jusqu?à 7000¤
en cas de mise à la casse d?un
véhicule, montants portés
respectivement à 7000 et 9000¤
Royaume-
Uni
Véhicules utilitaires :
« plug in grant » : jusqu?à
2500£ pour un VUL et
25000£ pour un PL
À Londres : « Scrappage scheme » 69 :
pour les ménages à faible revenu et les
personnes handicapées, ainsi que
certaines très petites entreprises.
Montant maximum :
- 2000£ pour un VL
- 9500£ pour un VUL
Italie
Voitures particulières :
électriques70 : 4500 ¤ maximum,
porté à 7500 ¤ maximum en cas
de remise d?un véhicule usagé à la
casse ;
Milan :
Aide supplémentaire de 9000 ¤ pour les
voitures électriques, portée jusqu?à
12 480 ¤ pour les ménages modestes.
Allemagne
Voitures particulières :
Bonus écologique revu à la
baisse : 3000 ¤ maximum
Prime à la casse :
mise en place en 2009
et supprimée au bout d?un an
- « programme immédiat air propre
2017 - 2020 », d?un coût de 1,5 Md ¤,
pour diminuer les émissions de NO2 ;
- programme de soutien aux véhicules
utilitaires à basses émissions et aux
infrastructures : aide égale à 80% du
69 https://tfl.gov.uk/modes/driving/ultra-low-emission-zone/scrappage-schemes
70 https://www.idealista.it/fr/news/conseil-financier-en-italie/2022/11/06/171617-incentives-voitures-electriques-
italie-2023
PUBLIÉ
octobre 2023 Acceptabilité des zones à faibles émissions Page 119/134
surcoût du véhicule 71
Pays-Bas Voitures particulières : 2950¤ pour
un véhicule neuf
Véhicules utilitaires : subvention
de 10% dans la limite de 5000¤
Avantages fiscaux pour les
particuliers détenant un véhicule
électrique ou bénéficiant d?un véhicule
électrique de fonction
Belgique
Non
Bruxelles :
Professionnels : remplacement d?un
véhicule utilitaire : 15 000 ¤ maximum
Particuliers : en cas d?abandon d?un
véhicule, aide pour l?abonnement à des
services de mobilité : 900 ¤ maximum
En Allemagne, le bonus environnemental est désormais réservé aux personnes
privées
Le dispositif d?aide à l?achat de véhicules électriques, appelé bonus environnemental, a été mis en
place en 2016 et offrait initialement des montants pouvant aller jusqu?à 6000¤. Les montants ont
été abaissés au 1er janvier 2023 et évolueront à nouveau à la baisse au 1er janvier 2024. L?aide,
qui sera désormais plafonnée à 3000¤, est accordée pour l?achat ou le leasing d?un véhicule
électrique neuf ou récent. Les véhicules hybrides sont désormais exclus. L?aide est cumulable avec
d?autres subventions, notamment celles des régions (Länder). À partir de septembre 2023, seules
les personnes privées sont éligibles.
Tableau 18: bonus environnemental en Allemagne à partir du 1er janvier 2024
Aide réservée aux
personnes privées
Contribution fédérale
pour les véhicules
neufs
Contribution fédérale
pour les véhicules
d?occasion récents
Durée de
conservation
minimale
Achat 3000¤ 2400 ¤ 12 mois
Leasing d?une durée
de 12 à 23 mois
1500¤ 1200¤ 12 mois
Leasing d?une durée
supérieure à 23 mois
3000¤ 2400 ¤ 24 mois
Source :
https://www.bafa.de/DE/Energie/Energieeffizienz/Elektromobilitaet/Neuen_Antrag_stellen/neuen_
antrag_stellen.html
Prime à la casse :
La prime à la casse qui a été mise en place en 2009 a été supprimée l?année suivante. Elle a coûté
5 Md ¤.
Programme d?aide pour les véhicules utilitaires à basses émissions, légers ou lourds, ainsi que les
infrastructures correspondantes :
Le programme KsNI (« Klimaschonende Nutzfahrzeuge und Infrastruktur », véhicules utilitaires à
71 Le programme fonctionne par appels à projet et il n?y a pas eu d?appel à projets en 2023 à la date d?aujourd?hui
https://www.balm.bund.de/SharedDocs/Downloads/DE/Foerderprogramme/KsNI/2_Foerderaufruf/KsNI_FAQ_Foe
dergegenstand_KsN.pdf?__blob=publicationFile&v=6
PUBLIÉ
https://www.bafa.de/DE/Energie/Energieeffizienz/Elektromobilitaet/Neuen_Antrag_stellen/neuen_antrag_stellen.html
https://www.bafa.de/DE/Energie/Energieeffizienz/Elektromobilitaet/Neuen_Antrag_stellen/neuen_antrag_stellen.html
octobre 2023 Acceptabilité des zones à faibles émissions Page 120/134
basses émissions et infrastructures) définit les aides aux véhicules utilitaires à basses émissions
(100 % électriques et hydrogène). Ce programme, chiffré à 1,3 Mds ¤ pour les véhicules et 6,3
Mds ¤ pour l?infrastructure de recharge et d?hydrogène, est destiné aux véhicules utilitaires. Il est
placé sous la tutelle du Bundesamt für Güterverkehr (Office fédéral pour le transport de
marchandises), une autorité fédérale indépendante liée au ministère du numérique et des
transports.
Ce programme de subventions est entré en vigueur le 2 août 2021, après validation par la
Commission européenne. Il donne la possibilité aux pouvoirs publics de publier jusqu?à 4 appels à
projets par an, jusqu?au 31 décembre 2024, avec à chaque fois un préavis de deux semaines pour
la préparation des demandes de subventions. Celles-ci peuvent s?élever jusqu?à 80% des coûts
d?investissement supplémentaires liés à la technologie, tandis que les infrastructures de recharge
correspondantes peuvent être subventionnées à hauteur de 80% des dépenses totales liées au
projet et aux études de faisabilité.
En juin 2022 a été lancé un second appel à projet, associé à un « appel à projets exceptionnel »
concernant les « véhicules spéciaux » (par exemple, ambulances, fourgons de police, camion de
pompiers).
À cette occasion, la Secrétaire d?État auprès du ministre du Numérique et des Transports, Daniela
KLUCKERT, est revenue sur le 1er appel à projet lié à la KsNI :
« Après le premier appel à projets [dépôt des demandes le 16 août 2021], qui a permis d'obtenir
environ 2 000 véhicules utilitaires respectueux du climat de toutes catégories et technologies de
propulsion, nous poursuivons cette grande réussite avec le deuxième appel à projets, ainsi qu'avec
un appel supplémentaire pour les véhicules spéciaux et leurs infrastructures. Avec les moyens mis
à disposition, nous aidons le secteur à prendre ses responsabilités en matière de protection du
climat et à réduire les émissions dans le transport routier de marchandises. »
Aucun nouvel appel à projets n?a été lancé depuis l?été dernier (la limite de 4 par an est loin d?être
atteinte).
Le 7 décembre 2022, le programme KsNI a été prolongé jusqu?au 31 décembre 2026 suite à une
demande du BMDV (ministère du Numérique et des Transports).
D?autres programmes fédéraux de soutien concernent :
- L?encouragement à l'achat de bus électriques pour les transports en commun ;
- Différents programmes de soutien pour l'e-mobilité / l'infrastructure de recharge
- La promotion de la mise aux normes des bus diesel dans les transports publics (BMVI)
- La promotion de la mise à niveau du matériel pour les véhicules communaux, pour les
véhicules utilitaires des artisans et pour ceux de livraison (BMVI)
- Initiative pour la protection du climat ? subventions pour les vélos cargo électriques dans
l'économie et pour les communes : subvention de 25% dans la limite d?une dépense de
2500 ¤ par vélo72.
Le « programme immédiat air propre 2017 - 2020 », d?un coût de 1,5 Md ¤, était dédié à la
diminution des émissions de NO2 73 .
En effet, en 2017, il avait été constaté que 65 communes dépassaient la valeur limite de ce polluant.
72 https://www.bafa.de/DE/Energie/Energieeffizienz/E-Lastenfahrrad/e-lastenfahrrad_node.html
73 https://www.umweltbundesamt.de/themen/sofortprogramm-saubere-luft-ist-schritt-in-richtige
https://bmdv.bund.de/SharedDocs/DE/Publikationen/G/broschuere-sofortprogramm-saubere-
luft.pdf?__blob=publicationFile
PUBLIÉ
https://www.umweltbundesamt.de/themen/sofortprogramm-saubere-luft-ist-schritt-in-richtige
octobre 2023 Acceptabilité des zones à faibles émissions Page 121/134
Le programme permettait de financer notamment :
l?équipement de bus diesel de convertisseurs catalytiques d?oxyde d?azote ;
les véhicules électriques ( bus, taxis, et véhicules utilitaires) ;
la mise en oeuvre de solutions de logistique ;
la numérisation de la circulation ( système de guidage pour le stationnement et système
de navigation) ;
les voies cyclables.
Les moyens financiers étaient concentrés sur les communes en dépassement de la limite du NO2.
En Belgique, les approches sont différentes selon les Régions
En Belgique, la possession d?un véhicule neuf est soumise au paiement d?une taxe à l?achat (taxe
de mise en circulation), puis d?une taxe annuelle (taxe de circulation). Le barème de ces taxes
relève de chaque région. Les véhicules électriques font l?objet de réductions importantes et sont
même totalement exonérés dans la Région flamande.
L?attribution de véhicules de société aux salariés est une pratique très répandue. Fiscalement, elle
est considérée comme un avantage en nature, dont le montant est fixé à un niveau très faible pour
les véhicules électriques, ce qui est très avantageux pour les entreprises.
Il n?existe en revanche pas de système d?aide directe aux particuliers pour l?achat de véhicules
électriques, à l?exception de celui institué par la ville de Gand, qui apporte une subvention de
4500 euros dans le cas où le véhicule électrique est acheté dans un but d?autopartage.
La région de Bruxelles capitale a mis en place deux systèmes d?aides différents pour les entreprises
et les particuliers.
Les TPE et PME (moins de 250 salariés) du secteur privé peuvent bénéficier de la « prime LEZ »
pour remplacer des VUL qui n?auraient plus accès à la ZBE par un véhicule moins polluant, neuf
ou d?occasion (Arrêté en date du 25/11/2021 du Gouvernement de la Région de Bruxelles-Capitale
relatif à l'aide pour la mise en conformité aux normes de la zone de basses émissions). En cas
d?acquisition d?un véhicule essence ou gaz, la subvention est de 20% du montant de l?achat dans
la limite de 3000¤. Pour l?acquisition d?un véhicule électrique, la subvention est plafonnée à 15 000¤
et son taux varie selon l?ancienneté et la motorisation du véhicule réformé. Un calendrier définit en
effet l?éligibilité et l?évolution dans le temps du taux de subvention (40%, puis 30% avant d?être
réduite à zéro, en parallèle à l?évolution des normes d?accès à la ZBE).
Le programme « Bruxell?Air 74» concerne les particuliers. Il ne prévoit pas de subvention à l?achat
de véhicules, mais permet aux ménages qui se séparent de leur voiture de bénéficier d?un budget
mobilité d?un montant compris entre 500 et 900¤ selon le niveau de revenu. Ce budget peut être
utilisé pour acheter un vélo, pour souscrire un abonnement de transports en commun ou recourir
à la location de vélo ou de voiture partagée. Un « mobility coach » est disponible pour conseiller
les ménages concernés.
Le dispositif espagnol ne cible pas les ZBE
Le programme national « MOVES III » vise à développer l?électromobilité, avec des aides à
l?installation de bornes de recharge et des subventions à l?acquisition de véhicules électriques neufs
ou d?occasion très récente (moins de 12 mois). Ce programme est un élément du plan de relance
74 https://environnement.brussels/citoyen/services-et-demandes/primes-et-aides-financieres/la-prime-mobilite-
bruxellair-pour-se-deplacer-autrement-bruxelles
PUBLIÉ
octobre 2023 Acceptabilité des zones à faibles émissions Page 122/134
et de résilience espagnol et fait l?objet à ce titre d?un financement de l?Union européenne. La gestion
du programme est déléguée par l?État aux communautés autonomes. Le montant de la subvention
peut atteindre 4500 ¤ pour les véhicules de tourisme et 7000 ¤ pour les utilitaires. Ces montants
sont portés respectivement à 7 000 et 9 000 ¤ en cas de mise à la casse d?un véhicule
(« achatarramiento »).
Un dispositif spécifique est par ailleurs en place pour les poids lourds et autocars. La gestion en
est également déléguée aux communautés autonomes, et les subventions peuvent atteindre
20 000¤ pour un rétrofit électrique, et 200 000 ¤ (150 000¤ pour les grandes entreprises) pour
l?acquisition d?un poids lourd électrique ou hybride.
Le dispositif italien vise directement la baisse des émissions de CO2
En Italie, un dispositif de subventions à l?achat de véhicules moins polluants est en place. Le
montant de subvention dépend du niveau d?émission de CO2 du véhicule, sans lien direct donc
avec l?émission de polluants. La subvention à l?acquisition de voitures de tourisme est de 4500 ¤
pour un véhicule électrique, de 3000 ¤ pour un véhicule émettant entre 21 et 60 g de CO2 (hybrides
rechargeables), ces montants étant majorés de 3000 ¤ en cas de mise à la casse d?un véhicule.
Pour la gamme 61-135 g CO2/km, une aide de 2000 ¤ est apportée à la condition de mise au rebut
d?un véhicule de norme Euro 5 ou inférieure. Le niveau des aides est réduit si le revenu de
référence du ménage (revenu « ISEE », qui tient compte de la composition du ménage) dépasse
les 30 000 ¤ annuels.
La ville de Milan apporte une aide supplémentaire d?un montant de 9 000 ¤ pour les voitures
électriques et 6000 ¤ pour les hybrides. Si le revenu ISEE est inférieur à 20 000 ¤, la subvention
est majorée, avec un maximum de 12 480 euros pour les ménages d?un revenu ISEE inférieur à
12 000 euros75.
Les subventions à l?achat de poids lourds électriques sont plafonnées à 24 000¤, avec un bonus
de 10% pour les PME.
Aux Pays-Bas, les aides se concentreront dans les années à venir sur les
véhicules logistiques
Les entreprises néerlandaises sont susceptibles de bénéficier d?une subvention de 10% du prix
d?achat d?un véhicule léger électrique neuf (voiture de société ou utilitaire), avec un plafond de
5 000¤. Le taux est porté à 12% pour les petites entreprises et les organismes à but non lucratif 76.
Un programme spécifique est consacré à l?achat de poids lourds électriques77. Ce programme
initialement budgété pour 2023 à 30 M¤ a dû être abondé en cours d?année de 27,4 M¤, et n?a
cependant pas pu honorer toutes les demandes.
Les particuliers détenant une voiture électrique bénéficient de l?exonération de la taxe
d?immatriculation et de la taxe annuelle de circulation jusqu?en 2025, ainsi que d?un barème
avantageux pour les avantages en nature liés à l?utilisation d?un véhicule de fonction. Une
subvention à l?achat d?une voiture électrique est également prévue78, d?un montant de 2950¤ pour
un véhicule neuf, de 2000 ¤ pour un véhicule d?occasion. La suppression à partir de 2026 de cette
prime pour les véhicules neufs a été annoncée.
75 https://www.comune.milano.it/-/mobilita.-dal-comune-cinque-milioni-di-euro-di-contributi-a-cittadini-e-imprese-
per-la-sostituzione-dei-veicoli-inquinanti
76 https://www.rvo.nl/subsidies-financiering/seba#voorwaarden
77 https://www.rvo.nl/subsidies-financiering/aanzet
78 https://www.rvo.nl/subsidies-financiering/sepp
PUBLIÉ
octobre 2023 Acceptabilité des zones à faibles émissions Page 123/134
En Angleterre, les primes à la casse ont des cibles variables selon les villes
Le Royaume-Uni, a mis en place un dispositif (« plug in grant ») d?aide à l?acquisition de véhicules
neufs peu polluants (moins de 50g CO2/km, donc électriques ou hybrides). Ce système, qui n?est
pas ouvert aux véhicules de tourisme, offre à l?acquéreur une réduction pouvant aller jusque 35%
du coût d?acquisition du véhicule, dans la limite de 2500 £ pour les utilitaires (de moins de 2,5T). Il
est transparent pour l?acquéreur, car le vendeur est chargé de collecter l?aide et de la répercuter
sur le prix de vente. Pour les poids lourds, la subvention peut aller jusque 25000 £.
Des dispositifs spécifiques existent dans les villes ayant mis en place une ZFE, les municipalités
pouvant solliciter une aide du gouvernement britannique pour financer ce plan, avec un droit de
regard du gouvernement en contrepartie. À Birmingham, existe une prime à la casse (« scrappage
scheme ») destinée à aider les ménages à faible revenus travaillant à l?intérieur de la CAZ et dont
le véhicule ne remplit pas les conditions pour accéder gratuitement à la CAZ. Cette prime, d?un
montant de 2000 £, peut être utilisée soit pour acheter un véhicule neuf ou d?occasion conforme
(donc au moins Euro 4 essence ou Euro 6 diesel), soit sous forme de réduction sur les
abonnements de transports en commun de la région.
Le Grand Londres a également mis en place un « scrappage scheme », sans bénéficier pour autant
de subvention du gouvernement. La prime à la casse est accessible sans condition de revenus
aux ménages habitant au sein de l?ULEZ, le périmètre d?éligibilité de la prime a donc été étendu en
même temps que celui de la zone fin août 2023. Sont éligibles, outre les ménages, les TPE (moins
de 50 salariés) et les « charities » (organisations à but non lucratif) basées dans le périmètre. La
prime est de 2000 £ pour un véhicule de tourisme, ce montant étant majoré si une partie est utilisée
pour acquérir un abonnement de transports en commun. Pour les utilitaires, la prime peut monter
jusque 11500 £ et peut être utilisée pour certains véhicules à financer leur rétrofit.
PUBLIÉ
octobre 2023 Acceptabilité des zones à faibles émissions Page 124/134
Annexe 13. Dérogations
Toutes les ZFE comportent des dérogations aux règles de restriction de circulation. Elles
concernent en général des catégories de public ou des types de véhicules pour lesquels le coût
d?adaptation serait trop élevé par rapport au bénéfice attendu en termes de réduction des
émissions. Certaines de ces dérogations sont définies au niveau national, d?autres sont le résultat
de la concertation locale préalable à la mise en oeuvre des ZFE.
La mission a observé lors des entretiens la préoccupation des différents interlocuteurs de parvenir
à un cadre lisible et compréhensible pour tous les usagers, et notamment pour les entreprises qui
ne devraient pas être entravées dans leurs activités.
Le tableau ci-dessous présente les dérogations, temporaires ou permanentes, adoptées dans les
6 villes que la mission a examinées de façon plus précise (cf. §2.7) :
Tableau 19: dérogations dans une sélection de 6 villes
ville Dérogations
Temporaires Permanentes
ULEZ de Londres (VL)
et LEZ ( PL)
-Véhicules de personnes
handicapées, véhicules
adapté au transport de
personnes handicapées
exemptées jusque 2027
-jusque 2024, pour les TPE et
« charities », exemption dans
l?intervalle entre la commande
et la livraison d?un véhicule
moins polluant
- Taxis londoniens de moins
de 12 ans (les taxis neufs
doivent être zéro émission)
- Véhicules historiques
- Forains
Bruxelles
- PL concernés à partir de
2025
- Possibilité d?acheter un pass
pour les véhicules non
conformes
- Véhicules adaptés aux
transport de personnes
handicapées, véhicules de
personnes handicapées
- Véhicules de foires et
marchés
- Véhicules pour l?entretien
d?infrastructures et
d?installations
- Véhicules des forces
armées
- Véhicules de collection
-Livraisons (y compris artisans
et véhicules dans le domaine
du bâtiment),
- Trajets vers un P+R,
- Taxis, voitures de location,
-autopartage,
PUBLIÉ
octobre 2023 Acceptabilité des zones à faibles émissions Page 125/134
Stuttgart- zone large
-Véhicules avec coûts
d?aménagement élevés,
- Travail posté
- etc?
- Dérogations de base *
Milan Area B -Nombre limité d?accès
gratuits pendant 2 ans pour
les véhicules non conformes
et dispositif Move in
- Délai d?un an pour le travail
posté, les auto-écoles, les
représentants
- Administration municipale,
- Assistance sanitaire, soin à
domicile
-Dérogations de base*
Amsterdam - Un calendrier de transition
indique les dates d?interdiction
progressive entre 2025 et
2030 des Vul et PL thermiques
selon leur âge
- Véhicules adaptés à des
personnes handicapées
- Dans l?attente de la livraison
d?un véhicule moins polluant
- Pour les PL pass journalier
payants (12 jours max)
Madrid - PL concernés à partir de
2025
- Véhicules des résidents à
partir de 2025
Dérogations de base *
* Dérogations de base : Transport de personnes handicapées, véhicules d?urgence, véhicules de
collection
Complément sur le dispositif de dérogation à Bruxelles
Des dérogations sont accordées de façon automatique ou sur demande :
- Véhicules adaptés aux transport de personnes handicapées, véhicules de personnes
handicapées ;
- Véhicules de foires et marché ;
- Véhicules pour l?entretien d?infrastructures et d?installations ;
- Véhicules des forces armées ;
- Véhicules de collection ;
- Autocaravanes .
On observe que ces dérogations se limitent aux cas qui s?imposent de façon évidente.
PUBLIÉ
octobre 2023 Acceptabilité des zones à faibles émissions Page 126/134
Complément sur le dispositif de dérogation en Allemagne, dans le cas d?une
interdiction de circuler des véhicules diesel
Il existe une liste de dérogations au niveau fédéral, adoptée en 2006 dans le cadre du dispositif
sur les zones environnementales. Cette liste peut être complétée au niveau local.
Les dérogations définies par la loi fédérale :
- les forces d?intervention : ambulances, police, pompier, service hivernal, ?
- les ambulances, voitures de médecin avec la vignette « intervention médicale d?urgence »
- les véhicules ayant fait l?objet d?un aménagement complémentaire
- les véhicules pour personnes handicapées
- les engins mobiles, machines de travail, machines agricoles et forestières ; les véhicules
pour les ordures ménagères par exemple ;
- les deux et trois roues
- les véhicules de collection
Cette liste étant ancienne, il nous semble qu?elle ne peut pas faire référence.
En présence d?une « interdiction » de circulation des véhicules diesel, on observe à partir des cas
de Stuttgart et de Munich que les dérogations comprennent des dérogations générales s?ajoutant
à celles définies au niveau fédéral et la possibilité d?autorisations spécifiques accordées sur de-
mande.
Cas de Stuttgart 79 :
Dérogations générales
Cas de la « grande zone » : livraisons (y compris artisans et véhicules dans le domaine
du bâtiment), trajets vers un P+R, taxis, voitures de location, autopartage, corbillards
Autorisations accordées sur demande :
- Véhicules spéciaux avec des coûts d?aménagement élevés
- Visites régulières chez le médecin, pour une personne ne pouvant pas emprunter les
transports publics ;
- travailleurs postés qui ne peuvent pas utiliser les transports en commun
- entreprises et les personnes privées, lorsque l'achat d'un véhicule de replacement ap-
proprié mettrait en danger leur existence ou que l'achat de remplacement va au-delà de
ce qui est économiquement raisonnable ; il y aurait finalement peu de demandes de
ce type
- les personnes privées qui peuvent fournir des preuves appropriées de raisons person-
nelles et urgentes, telles que :
a. les voyages n'ont lieu que pour une courte durée ou seulement dans de rares
cas particuliers tels qu?un déménagement ;
b. les quelques trajets spéciaux mensuels sont utilisés pour la garde familiale
d'enfants de moins de 8 ans, à l'exception des trajets réguliers à l'école, à la
crèche, à la garderie, au jardin d'enfants ou pour des activités de loisirs (ap-
pelés "taxis des parents") (objectif de s'occuper de jeunes enfants) ;
c. le but du voyage est similaire aux dérogations générales existantes ; par
exemple, des exceptions devraient être possibles pour les voyages privés
destinés à soigner des membres de la famille, puisque ces exceptions s'ap-
pliquent également aux services de soins professionnels.
79https://www.stuttgart.de/leben/mobilitaet/dieselverkehrsverbot/ausnahmen-von-den-diesel-verkehrsverboten.php
PUBLIÉ
octobre 2023 Acceptabilité des zones à faibles émissions Page 127/134
Cas de Munich 80 :
Le dieselfahrverbot s?accompagne d?un système complet de dérogations (exemptions), dont l?ob-
jectif est de tenir compte des aspects sociaux et éviter des difficultés excessives. Ces dérogations
sont définies en fonction de chacune des 3 étapes. Le document fait 9 pages.
Ces dérogations sont définies de façon à préserver le principe de proportionnalité fixé par la loi
fondamentale (constitution fédérale). Le diselfahrverbot ayant une profondeur d?action considé-
rable, il ne peut être mis en oeuvre de façon appropriée que par la définition d?exceptions. Certains
trajets considérés comme d?intérêt public sont donc autorisés. En complément, des exceptions
payantes sont autorisées.
Certaines exceptions sont prévues par la loi fédérale :
- Les personnes handicapées ;
- Les forces d?intervention : ambulances, police, pompier, service hivernal,?
Certaines dérogations sont limitées aux étapes 1 et 2 :
- Les résidents et les livraisons ( residents and deliveries) ;
- Les taxis et voitures de location (Taxis and rental cars) ;
- Les trajets vers ou depuis la gare de bus centrale.
D?autres dérogations sont permanentes :
- Les urgences médicales ( y compris sans ambulance) ;
- Les corbillards ;
- Les artisans titulaires d?une autorisation de stationnement (craftsmen) ;
- Les services sociaux et les services de soin ;
- Les activités en horaires décalés et les déplacements des personnes vers et depuis leur lieu
de travail si, en ce qui concerne soit le voyage aller et/ou retour, l?utilisation des transports en
commun n'est pas raisonnable et si aucun véhicule conforme n?est disponible. Notamment :
industrie, hôpitaux, installations médicales, ainsi que les boulangers, les bouchers et les per-
sonnes actives dans la restauration.
- Les trajets vers ou en provenance du marché de gros, de la gare, du stade olympique, du
terrain de camping.
Des autorisations individuelles peuvent être accordées sur demande :
- Réparation et maintenance d?installations ;
- Réparation de dommages aux bâtiments ;
- Fourniture à la population de biens d?importance vitale ;
- Véhicules spéciaux comportant des coûts élevés d?aménagement et effectuant peu de dé-
placements ;
- Véhicules spécialement aménagés pour les personnes handicapées ;
- Véhicules destinées aux visites régulières de médecins ;
- Cas d?urgences privés ;
- Trajets pour la maintenance des processus de fabrication et de production ;
- Livraison à des manifestations.
80https://stadt.muenchen.de/infos/umweltzone-muenchen.html
https://stadt.muenchen.de/dam/jcr:34fa0db3-ab88-4792-a2d2-
69b6bc678322/230324_Anlage%202%20-%20230322_Ausnahmekonzept_Neu_BV-Bekanntgabe-
nach%20RM%20KVR.pdf
PUBLIÉ
octobre 2023 Acceptabilité des zones à faibles émissions Page 128/134
Synthèse sur les dérogations accompagnant les interdictions de circulation des véhicules diesel
Les dérogations peuvent être très larges dans le cas allemand de l?interdiction de circulation des
véhicules diesel. En effet, dans ce cas, la mise en place du dispositif provient d?une décision
juridique plus que d?un projet de la collectivité. La collectivité cherche à répondre à l?obligation qui
lui est imposée, tout en minimisant la gêne occasionnée.
Une première approche de la collectivité consiste à répondre à la décision juridique qui lui est
imposée en se plaçant elle-même sur le terrain du droit et en montrant que telles et telles
dérogations sont « d?intérêt public » et, par conséquent, justifiées sur le plan juridique.
C?est ainsi que, à Stuttgart, on trouve dans les dérogations les livraisons, dans un sens très large
(y compris artisans et véhicules dans le domaine du bâtiment), les taxis, les voitures de location et
l?autopartage.
Il n?en reste pas moins que le dispositif, avec ses dérogations, doit permettre le respect de la
réglementation européenne. Néanmoins, il nous semble que ce cas est trop spécifique pour
inspirer la réflexion en France.
À Munich, l?optimum est recherché par l?établissement d?un projet en 3 étapes, les étapes 2 et 3
n?étant activées que si l?étape précédente n?a pas permis d?obtenir le respect de la réglementation.
Des dérogations temporaires sont accordées pour les résidents, les livraisons, les taxis et les
voitures de location. Ces dérogations seraient levées lors de la mise en oeuvre de l?étape 3. Il vient
d?être décidé que cette étape ne serait pas activée, les résultats obtenus grâce à l?étape 1 rendant
son activation inutile.
Aux Pays-Bas, un cadre national de dérogations a été défini
Le gouvernement néerlandais a décidé par un décret en date du 29 octobre 2019 81 de donner un
cadre réglementaire harmonisé pour les ZFE existantes et à venir. Le décret porte aussi bien sur
les normes Euro à respecter dans les différents types de zones (cf. annexe 10) que sur la
signalisation de ces zones ou encore les dérogations possibles.
Des dérogations sont accordées systématiquement et s?imposent à toutes les ZFE. Il s?agit:
? Des véhicules anciens (plus de 40 ans) ;
? Des véhicules accessibles aux fauteuils roulants ;
? Des camping-cars des habitants des zones concernées ;
? Des véhicules forains ou de cirque ;
? Des véhicules de déménagement.
Par ailleurs des dérogations supplémentaires peuvent être décidées par chaque municipalité. En
particulier, celles-ci peuvent émettre des autorisations payantes d?accès journalier aux véhicules
exclus selon les règles de la ZFE, dans la limite de 12 jours par an pour les poids lourds et de 6
pour les utilitaires. Au-delà de cette limite, les entreprises en difficulté financière peuvent solliciter
une « clause de sauvegarde ».
Les municipalités peuvent également exonérer temporairement les propriétaires de véhicules non
81 Besluit van 29 oktober 2019 tot wijziging van het Reglement verkeersregels en verkeerstekens 1990, het Besluit
administratieve bepalingen inzake het wegverkeer en het Kentekenreglement in verband met de harmonisatie van
milieuzones
PUBLIÉ
octobre 2023 Acceptabilité des zones à faibles émissions Page 129/134
conformes dans l?attente de la livraison d?un véhicule moins polluant en commande.
PUBLIÉ
octobre 2023 Acceptabilité des zones à faibles émissions Page 130/134
Annexe 14. Bibliographie
Documentation sur les ZFE en Europe et sur la réglementation européenne
ADEME, benchmark des zones à faibles émissions à travers l?Europe. Synthèse et monographies.
Version 2023 ( ouvrage disponible sur le site https://librairie.ademe.fr/)
ADEME, Émissions de particules et de NOx par les véhicules routiers, 2018
Urban Access Regulations in Europe (site internet, développé avec le soutien de l?UE, fournissant
des informations sur les ZFE) : https://urbanaccessregulations.eu/
Clean Cities Campaign, Quantifying the impact of low- and zero-emission zones: Evidence Review.
2022
Clean Cities, the development trends of low- and zero-emission zones in Europe, 2022
Clean Cities, how low can cities go, mai 2023 (étude sur les zones à zéro émission)
Clean cities, thank you for sharing, juillet 2023
Quentin Perrier, la grande conversation. Retours d?expérience de quatre ZFE européennes : Berlin,
Bruxelles, Londres, Madrid. Mars 2023
Lucas Belliard, les zones à faibles émissions en France et en Europe, mémoire de master 2,
octobre 2021
Directive 2008/50/CE du Parlement européen et du Conseil du 21 mai 2008 concernant la qualité
de l?air ambiant et un air pur pour l?Europe
Proposition de directive du Parlement européen et du Conseil concernant la qualité de l?air ambiant
et un air pur pour l?Europe (refonte), 2022
OMS, lignes directrices relatives à la qualité de l?air, 2021
Documentation par pays
France
Commission du développement durable et de l'aménagement du territoire de l?Assemblée natio-
nale, Bruno Millienne et Gérard Leseul. Mission d?information flash. Les mesures d?accompagne-
ment à la mise en oeuvre des zones à faibles émissions, octobre 2022
Sénat, Philippe Tabarot, rapport d?information fait au nom de la commission de l?aménagement du
territoire et du développement durable relatif aux zones à faibles émissions mobilité (ZFE-m), Juin
2023
Les Zones à Faibles Émissions, 25 propositions pour allier transition écologique et justice sociale,
rapport remis à M. Christophe Béchu, ministre de la transition écologique et de la cohésion des
territoires, juillet 2023
Il s?agit du rapport des groupes de travail mis en place début 2023 et rassemblant les représentants
des collectivités territoriales, des associations, des entreprises et des artisans, des acteurs du
transport routier et de l?Etat.
Santé publique France, impact de la pollution de l'air sur la mortalité, avril 2021
PUBLIÉ
https://librairie.ademe.fr/
octobre 2023 Acceptabilité des zones à faibles émissions Page 131/134
Direction générale de la Santé, Questions-Réponses air extérieur et santé, mai 2021
Université de Paris, Inserm, Inrae. Impact de l?exposition à la pollution atmosphérique d?origine
automobile sur la morbidité respiratoire et allergique au cours de l?enfance : leçons de la cohorte
Paris. Août 2022.
MTECT, bilan de la qualité de l?air extérieur en France, octobre 2022
Laboratoire d?économie appliquée de Grenoble, les déterminants de l?acceptabilité sociale des
ZFE en France : le cas de la future ZFE de Grenoble, février 2023
Frédéric Martinez, Université Gustave Eiffel, comment promouvoir l?acceptabilité des ZFE ? Revue
TEC n°242, juin 2019
Respire, CleanCities, Fabrique des mobilités. Pour des ZFE-m saines et justes : anticiper la
transition des mobilités, juillet 2023
Réseau Action Climat et UNICEF France, de l?injustice sociale dans l?air, pauvreté des enfants et
pollution de l?air, octobre 2021
Secours catholique, pour des métropoles et des agglomérations à faibles émissions et à forte
accessibilité
Terra Nova. Les ZFE : fake news politiques, urgences sanitaires et solutions locales, décembre
2022
Terra Nova. Zones à faible émission, un risque d?exclusion sociale dans les villes, décembre 2022
Union routière de France. ZFE, comment éviter la fracture sociale ? Décembre 2022
Organisation des transporteurs routiers européens (OTRE). Mise en place des zones à faibles
émissions, position et propositions.
TLF, L?abécédaire des ZFE-m en France, mars 2023
Allemagne
Gouvernement fédéral, Ordonnance sur les vignettes pour les véhicules à faible contribution à la
pollution, 2006
Berlin, Plan qualité de l?air, 2ème mise à jour, 2019
P. Bruckmann et al. Agence régionale de l?environnement. « Les zones environnementales
améliorent-elles la qualité de l?air ? ». 2011
Belgique
Bruxelles environnement, sortie des véhicules thermiques : impact sur les émissions du transport,
2021
Bruxelles, guide multimodal
à destination des personnes impactées par la Zone de Basses Émissions et de toutes celles qui
souhaitent découvrir les alternatives de mobilité disponibles à Bruxelles
Bruxelles mobilité, évaluation de la zone de basses émissions. Rapport 2021.
PUBLIÉ
octobre 2023 Acceptabilité des zones à faibles émissions Page 132/134
Eva Ramires, projet de fin d?études de master, pollution de l?air et inégalités environnementales,
l?exemple de la zone de basses émissions de la région de Bruxelles - capitale, 2020
Italie
Cerema, Zones à trafic limité (ZTL) italiennes : retour sur la visite de Turin, Cuneo et Milan mai
2022
Clean cities, Mal?Aria di città, janvier 2023
Espagne
Ministerio para la transición ecológica y el reto demográfico, Directrices para la creación de
zonas de bajas emisiones (ZBE), 2021
Área Metropolitana de Barcelona, Guía técnica para la implementación de zonas de bajas elisiones,
février 2021
CEOE Empresas españolas, Situación actual de las Zonas de bajas emisiones (ZBE) en España,
janvier 2023
Royaume-Uni
Department for Environment, Food and Rural affairs, Department for Transport, UK plan for tackling
roadside nitrogen dioxide concentrations, an overview, juillet 2017
Mairie de Londres, A guide to the Ultra Low Emission Zone operating across all London boroughs,
juin 2023
Birmingham City Council, Clean Air Zone- six month report, mars 2022
Mairie de Londres, Inner London Ultra Low Emission Zone, bilan après un an, février 2023
Université de Leeds, public acceptability towards Low Emission Zones: the role of attitudes, norms,
emotions and trust. 2021
Pays-Bas
Décret du 29 octobre 2019 modifiant le Règlement de 1990 sur les règles et les panneaux de
circulation, le Décret sur les dispositions administratives relatives à la circulation routière et le
Règlement sur l'enregistrement dans le cadre de l'harmonisation des zones environnementales.
City logistics, Will zero-emission zones improve air quality? Maybe not?, juin 2023
Ville de Rotterdam : Covenant ZECL-Together towards zero- décembre 2020
PUBLIÉ
PUBLIÉ
PUBLIÉ
Sommaire
Résumé
Liste des recommandations
Introduction
1 Démêler le vrai du faux sur les ZFE en France: que disent les textes et quelles sont les difficultés identifiées?
1.1 5 villes doivent dans les meilleurs délais améliorer la qualité de l?air et toutes devront respecter des exigences de qualité plus fortes en 2030
1.2 Des difficultés d?acceptabilité des ZFE sont identifiées et des propositions présentées pour y remédier
2 Les ZFE, c?est possible ! La preuve par l?exemple dans plusieurs pays d?Europe
2.1 En Italie, des Zones à Trafic Limité existent depuis les années 70 et des ZFE plus ambitieuses se développent avec une bonne acceptabilité, notamment à Milan, tandis que les réactions sont plus mitigées à Rome
2.2 Les Pays-Bas ont mis en place une ZFE portuaire et s?orientent vers des zones à zéro émission pour la logistique
2.3 Au Royaume-Uni, grâce à une ZFE ambitieuse, Londres a ouvert la voie à des « zones d?air pur » dans l?ensemble du pays
2.4 En Allemagne, des « zones environnementales » existent depuis 2010, et plusieurs villes engagent une nouvelle étape plus contraignante
2.5 En Belgique, Bruxelles se distingue par une ZFE couvrant l?ensemble de la ville, qui évolue progressivement vers une zone à zéro émission
2.6 En Espagne, la réussite des ZFE de Madrid et Barcelone a conduit le gouvernement à prévoir la mise en place de ZFE dans les villes de plus de 50 000 habitants
2.7 Si chaque pays a sa propre histoire, un message commun se dégage
3 Les résultats montrent que les ZFE sont un outil efficace pour améliorer la qualité de l?air dans les villes
3.1 La mauvaise qualité de l?air a des effets néfastes sur la santé : statistiques et exemples concrets
3.2 Le parangonnage montre que les ZFE permettent d?améliorer la qualité de l?air
3.3 Une révision du dispositif Crit?air permettrait de mieux prendre en compte le niveau de performance des normes Euro
4 Les facteurs-clés de succès d?une ZFE, premiers fondement de l?acceptabilité
4.1 Annoncer à l?avance un calendrier pluriannuel d?évolution des normes minimales Euro donne de la visibilité
4.2 Avoir un niveau d?exigences en termes de normes Euro suffisant et réaliste : les exigences législatives françaises sont d?ores et déjà appliquées dans plusieurs ZFE européennes
4.3 Des dérogations adaptées apportent de la souplesse
4.4 Harmoniser les dispositifs pour plus d?efficacité : une tendance dans toute l?Europe
4.5 Se préparer à l?entrée en vigueur de règles européennes plus protectrices : la zone à zéro émission succédera-t-elle à la zone à faibles émissions ?
5 Pour que la ZFE soit acceptée, il est nécessaire de lever les obstacles à la mobilité pour les ménages et les entreprises
5.1 La ZFE doit s?inscrire dans un projet global de mobilité et d?aménagement urbain
5.2 Dans les pays du parangonnage, les États apportent des aides pour l?achat de véhicules électriques ou pour les solutions alternatives de mobilité
5.3 En l?absence d?alternative au véhicule individuel, lorsque le véhicule existant ne peut être remplacé, le rétrofit pourra offrir une très bonne solution, qui est aussi une opportunité industrielle
6 Malgré tous les dispositifs opérationnels, une ZFE ne pourra être acceptée que si elle est perçue comme utile et équitable et si elle est intégrée dans un récit plus large sur le futur du territoire
6.1 Un projet « co-construit » avec les acteurs et perçu comme utile sera mieux accepté : la consultation et l?information du public sont essentielles
6.2 L?acceptabilité du dispositif dépend du « sentiment d?équité » qu?il inspire
6.3 L?importance du récit et de la vision pour l?acceptation de la ZFE
Conclusion
Annexes
Annexe 1. Lettre de mission
Annexe 2. Liste des personnes rencontrées
Annexe 3. Glossaire des sigles et acronymes
Annexe 4. Vignette française Crit?air et norme Euro
Annexe 5. Allemagne
Annexe 6. Italie
Annexe 7. Belgique
Annexe 8. Espagne
Annexe 9. Royaume Uni
Annexe 10. Pays-Bas
Annexe 11. Comparaison entre les pays du parangonnage
Annexe 12. Aides financières
Annexe 13. Dérogations
Annexe 14. Bibliographie
(ATTENTION: OPTION es.
Sachant que la vignette Crit?air 2 correspond à la fois au diesel Euro 5 et Euro 6, il pourrait en effet
être pertinent de retoucher le dispositif pour distinguer ces deux normes Euro ou, plus précisément,
Euro 5 et Euro 6 a d?une part, Euro 6 b et au-dessus d?autre part.
Un aménagement du dispositif Crit?air paraît d?autant plus approprié que le Crit?air 2 correspond à
une proportion importante des véhicules : 36% des véhicules légers, 54% des véhicules utilitaires
légers et 53% des poids lourds au 1er Janvier 2022. Une adaptation du dispositif aurait
l?inconvénient d?imposer aux propriétaires actuels d?un véhicule Crit?air 2 de changer leur vignette,
mais cet inconvénient paraît mineur en comparaison de l?avantage résultant de la modification.
Avant de procéder à une modification du dispositif Crit?air, la question peut se poser d?attendre les
informations qui devraient résulter de l?étude sur la nouvelle norme Euro 7, notamment sur la prise
en compte des émissions de particules fines dues à l?abrasion. Inversement, il est opportun de
donner de la visibilité aux acteurs sur la classification des véhicules de norme Euro 6. La mission
est d?avis que cette dernière exigence l?emporte et que l?adaptation du dispositif Crit?air devrait être
réalisée rapidement.
Rendre plus efficace le dispositif Crit?air: adapter la catégorie Crit?air 2,
qui comprend les véhicules diesel Euro 5 et Euro 6, afin de distinguer les véhicules diesel
Euro 6b et au-delà, dont les émissions de NOx sont plus faibles.
PUBLIÉ
octobre 2023 Acceptabilité des zones à faibles émissions Page 40/134
4 Les facteurs-clés de succès d?une ZFE, premiers
fondement de l?acceptabilité
4.1 Annoncer à l?avance un calendrier pluriannuel d?évolution des
normes minimales Euro donne de la visibilité
Milan et Bruxelles ont annoncé un calendrier s?étendant sur le long terme : pour Milan, jusqu?à
2030, date à laquelle les VL diesel seront interdits et, pour Bruxelles jusqu?à 2036, date à laquelle
les PL Euro VId seront interdits, les PL Euro VIe restant autorisés.
À Londres, la LEZ a évolué à plusieurs reprises entre 2008 année de sa création et 2012, puis en
2020, pour s?étendre à tous les véhicules lourds. L?ULEZ décidée en 2019 concerne les véhicules
légers sur un périmètre restreint. En 2019, il est décidé d?agrandir une première fois ce périmètre,
et de l?étendre à l?essentiel du Grand Londres en 2023, ce qui a été mis en oeuvre comme prévu.
Aux Pays-Bas la disparition progressive des moteurs thermiques pour les véhicules logistiques est
annoncée depuis 2019, avec un calendrier échelonné entre 2025 et 2030 selon les catégories de
véhicules.
Il est opportun de donner de la visibilité aux ménages et aux entreprises pour leur permettre
d?anticiper les décisions à prendre. Une méthode pertinente consiste à annoncer à l?avance les
étapes successives, sur une période qui peut être supérieure à 10 ans (cf. Bruxelles). Ces étapes
consisteront le plus souvent en une augmentation progressive du niveau d?exigences exprimé en
norme Euro (Bruxelles et Milan). Il pourra également s?agir de la levée de dérogations octroyées
initialement (Munich).
Un tel calendrier annoncé à l?avance paraît particulièrement opportun dans le cas où un certain
niveau minimum de la norme paraît indispensable pour respecter la valeur limite du NO2, mais doit
être atteint en plusieurs étapes.
Cette façon de faire permettra aux particuliers, aux professionnels et aux industriels de se projeter
sur une trajectoire claire d?évolution du parc de véhicules thermiques, étant entendu que la date
de fin de la mise en vente de ces véhicules est d?ores et déjà fixée à 2035.
Un calendrier prévisionnel sur le long terme permet d?éviter que des ménages ou des entreprises
n?acquièrent des véhicules qui ne pourront plus circuler dans la zone quelques années plus tard.
Permettre aux ménages et aux entreprises de se préparer aux évolutions
à venir : lorsqu?une évolution des exigences Crit?air doit intervenir en plusieurs étapes,
annoncer le calendrier à l?avance.
4.2 Avoir un niveau d?exigences en termes de normes Euro suffisant
et réaliste : les exigences législatives françaises sont d?ores et
déjà appliquées dans plusieurs ZFE européennes
La diminution des concentrations de NO2, dont certaines villes ne respectent pas la valeur limite,
constitue l?enjeu à court terme de la pollution de l?air dans les villes.
La réduction des émissions de NO2 des véhicules diesel intervient avec la norme Euro 6b.
PUBLIÉ
octobre 2023 Acceptabilité des zones à faibles émissions Page 41/134
En pratique, dans plusieurs pays, des villes où la valeur limite du NO2 n?est pas respectée, ou
l?État dans son dispositif global, ont adopté soit la norme minimale Euro 6, soit un calendrier
prévoyant une date d?adoption de cette norme.
En Angleterre, le dispositif national comporte la norme minimale Euro 6 pour les véhicules diesel,
quelle que soit la classe de Clean Air Zone adoptée par la ville. L?ULEZ de Londres exige également
cette norme minimale Euro 6 pour les véhicules diesel.
En Allemagne, si la valeur limite du NO2 n?est pas respectée, en l?absence d?autres solutions,
« l?interdiction » de circulation des véhicules diesel est mise en place ; à Stuttgart, le niveau minimal
exigé pour les véhicules diesel est Euro 5 sur la zone large et Euro 6 sur la zone restreinte.
À Milan, pour la zone B, Euro 6 est exigé pour les véhicules légers diesel depuis 2022 ; Euro 6d
sera exigé en deux étapes, de 2025 à 2028.
En Belgique, dans la Région flamande, la norme minimale pour les véhicules légers est
actuellement Euro 5. Elle passera à Euro 6 en 2025 ou 2026. À Bruxelles, bien que la
réglementation européenne actuelle soit respectée, Euro 5 est exigé pour les véhicules diesel
depuis 2022 et Euro 6 le sera à partir de 2025.
Le tableau ci-après fournit une vision synthétique, en se concentrant sur une ville de chacun des
pays du parangonnage où la ZFE couvre un large périmètre et vise à la fois les véhicules légers et
les poids lourds.
Dans deux villes, Madrid et Amsterdam, cette norme est Euro 4 pour les véhicules légers. Euro 4
est aussi la norme Euro minimale demandée en Allemagne dans les ZFE mises en place dans les
années 2010.
Dans 4 villes, la norme Euro minimale pour les véhicules diesel (VL, VUL et PL) est Euro 5 ou 6.
Ces exemples illustrent la faisabilité du dispositif français prévoyant pour les véhicules légers la
norme Euro 4 au 1er Janvier 2024 et Euro 5 au 1er Janvier 2025, lorsque les normes de qualité de
l?air ne sont pas respectées de manière régulière.
Tableau 7: norme Euro minimale sur une sélection de ZFE
VILLE Diesel
Actuellement 2025
FRANCE * -
VL : Euro 5
Villes où l?exigence minimale est au moins Euro 5 pour les véhicules légers en 2025
LONDRES :
ULEZ (VL) et LEZ ( PL)
VL, VUL et PL : Euro 6
-
BRUXELLES VL et VUL : Euro 5 VL, VUL, PL : Euro 6
MILAN
Area B
VL : Euro 6 VL, VUL et PL : Euro 6
achat après 2018 : Euro 6 d
STUTTGART
zone large
VL, VUL et PL : Euro 5 -
Villes où l?exigence minimale est inférieure à Euro 5 pour les véhicules légers en 2025
AMSTERDAM VL et VUL: Euro 4
PL : Euro 6
-
MADRID VL, VUL et PL : Euro 4 -
* lorsque les normes de qualité de l?air ne sont pas respectées de manière régulière, au sens de
l?article L.2213-4-1 du code général des collectivités territoriales
PUBLIÉ
octobre 2023 Acceptabilité des zones à faibles émissions Page 42/134
4.3 Des dérogations adaptées apportent de la souplesse
Il convient de rechercher le bon point d?équilibre entre l?efficacité du dispositif, qui nécessite un
niveau d?exigences élevé applicable au plus grand nombre possible de véhicules, et la souplesse
de mise en oeuvre, qui assure que les ménages vulnérables et les petites entreprises ne se sentent
pas piégés et dépourvus de solutions.
À cet effet, les villes recherchent le périmètre optimal, permettant de répondre aux objectifs de
qualité de l?air, tout en évitant les restrictions de circulation dans les zones peu desservies en
transport public.
Elles mettent en oeuvre des dérogations, permanentes ou temporaires, présentées plus en détail
en annexe 13. La ZFE est le plus souvent active en permanence, l?utilisation des horaires de
fonctionnement comme marge de manoeuvre étant assez rare.
Des dérogations éventuelles à la règle relative au périmètre minimal de la zone
Le périmètre est l?un des paramètres importants d?une ZFE : un périmètre restreint facilite la mise
en oeuvre, mais limite aussi l?effet sur la qualité de l?air. Un optimum est à trouver.
Ainsi, la ville de Bristol disposait d?une palette de possibilités : introduire ou non un péage urbain,
choisir parmi les 4 classes de Clean Air Zones, et définir un périmètre. L?étude comparative de
différents scénarios a mis en évidence qu?une CAZ de type D sur un périmètre restreint, avec
péage urbain, était la solution la plus appropriée.
Parmi les ZFE s?étendant sur un périmètre restreint, on peut citer les CAZ de type D en Angleterre
(Birmingham, Bristol), les ZFE en Flandre (Anvers, Gand), ainsi que les ZTL historiques en Italie.
Des ZFE s?étendant sur un large périmètre sont présentes dans chacun des pays du parangonnage.
On peut citer : l?ULEZ de Londres, Bruxelles, Amsterdam, Stuttgart, Milan, Madrid et Barcelone.
La définition du périmètre devrait ainsi faire l?objet d?une étude préalable et donner lieu à
concertation. Le périmètre doit tenir compte de la configuration spatiale de la ville (densité,
polarisation des flux domicile-travail, qualité du réseau de transports en commun, présence d?axes
de contournement, ?). L?extension d?un périmètre peut être un sujet délicat : à Londres, l?extension
de l?ULEZ du périmètre de Londres à celui du Grand Londres a soulevé de vives réactions, avant
d?entrer en vigueur le 29 août 2023.
On observe une relation entre la taille de l?agglomération et la part du territoire de la ville couverte
par la ZFE : dans les plus grandes villes, la ZFE s?étend souvent sur une très grande partie, voire
la totalité du périmètre urbanisé, ce qui peut s?interpréter par la présence d?enjeux plus importants
de pollution, par une bonne qualité du réseau de transport public et par des longueurs de
déplacement moyennes plus élevées. En revanche, dans les villes plus petites et moins bien
desservies par les transports publics, la ZFE se limite souvent à un centre-ville étendu, ce périmètre
suffisant à atteindre les objectifs de qualité de l?air recherchés.
En France existe une règle légale selon laquelle la ZFE doit couvrir au moins la moitié de la
population de l?EPCI le plus peuplé de l?agglomération. Ce seuil se concevait bien pour la première
série de ZFE, qui concernait des métropoles importantes. En revanche, la mission n?exclut pas qu?il
ne soit pas toujours adapté à des villes de plus petite taille, où le réseau de transport public est
moins dense. Ainsi, la règle relative au périmètre de la ZFE pourrait éventuellement conduire à des
solutions non optimales. Aucune règle de ce type n?existe dans les pays du parangonnage.
Optimiser le périmètre des ZFE: permettre de déroger à l?obligation
portant sur la proportion minimale de la population incluse dans le périmètre de la ZFE, s?il
apparaît que cette obligation peut conduire à des solutions non optimales
PUBLIÉ
octobre 2023 Acceptabilité des zones à faibles émissions Page 43/134
Une difficulté propre à la France peut intervenir dans la mise en oeuvre des ZFE : la présence au
sein des métropoles de nombreuses communes aux responsabilités propres est une spécificité
française et les pays du parangonnage présentent en général une architecture des compétences
plus simple. En France, les intercommunalités sont responsables de la définition et de la mise en
oeuvre des ZFE, et sont également compétentes en matière de mobilité et d?aménagement et de
planification urbaine. Cependant les pouvoirs de police restent dévolus aux maires, ce qui peut
conduire à des disparités dans la définition du périmètre de la ZFE.
Les dérogations temporaires pour faciliter la transition
Certaines ZFE mettent en place des calendriers d?évolution de la ZFE, prévoyant qu?un type de
véhicules donné est concerné à partir d?une certaine date. Par exemple, les poids lourds sont
concernés à partir de 2025 à Madrid et à Bruxelles. Cela équivaut à une dérogation temporaire.
Dans les zones « zéro émission » des Pays-Bas, l?objectif est de ne plus avoir de véhicules
logistiques à moteur thermique en 2030. Dès 2025, tout véhicule nouvellement immatriculé sera
nécessairement électrique. En revanche, les véhicules existants sont provisoirement admis, avec
des échéances intermédiaires d?interdiction entre 2025 et 2030 selon le type de véhicule.
Les dérogations peuvent consister à autoriser un véhicule non conforme à rouler un certain nombre
de jours dans l?année ou à bénéficier d?un certain nombre d?accès ou encore d?un certain nombre
de kilomètres.
À Milan, pour la zone B, dans la première année d?interdiction d?une catégorie de véhicule, les
automobilistes bénéficient de 50 accès gratuits, et, l?année suivante, 25 accès pour les résidents
et 5 pour les non-résidents. En pratique, après le premier passage, est envoyée une lettre (liée au
contrôle par caméra), qui explique le fonctionnement du dispositif, la possibilité de s?enregistrer
pour utiliser les 50 accès libres, les sanctions en cas de dépassement de cette limite et les
dérogations possibles.
Dans le même esprit à Rotterdam, au premier passage d?un véhicule non conforme, la sanction
n?est pas appliquée et un rappel de la règle est effectué. Ainsi, dans une première période, le
dispositif de contrôle par caméra est utilisé pour informer et non pour sanctionner. Cela permet une
mise en oeuvre progressive, qui permet de faciliter la transition. Cela paraît d?autant plus important
dans le cas de la France, où les contrôles par radar peuvent renvoyer au projet d?écotaxe poids
lourds, qui avait provoqué le mouvement des « bonnets rouges ».
Toujours à Milan et, plus généralement dans les régions Lombardie, Émilie-Romagne et Piémont,
le boîtier « Move in » installé dans le véhicule offre la possibilité, jusqu?en septembre 2024, de
parcourir un certain nombre de kilomètres dans la zone B, ce nombre variant en fonction de la
norme Euro du véhicule. Ce dispositif a concerné 58 000 véhicules en 2022. Rome envisage aussi
d?y recourir.
Il peut s?agir aussi de tenir compte des délais de livraison d?un véhicule à basses émissions : Milan,
Amsterdam et Birmingham ont mis en place une dérogation accordée sous réserve de justifier de
la commande d?un véhicule à basses émissions. Cette dérogation prend tout son sens au moment
où l?offre de véhicules de ce type peine à répondre à la demande.
Mettre en place des dérogations sans compromettre les objectifs:
utiliser pendant quelques mois le dispositif de contrôle sanction à des fins d?information et
autoriser à titre temporaire l?accès des véhicules non conformes pendant quelques jours
par an.
PUBLIÉ
octobre 2023 Acceptabilité des zones à faibles émissions Page 44/134
Les dérogations permanentes
Toutes les ZFE accordent des dérogations permanentes, justifiées par le fait que le respect de la
réglementation serait impossible ou trop difficile pour certains types de véhicules, certaines
catégories de personnes ou certains trajets.
La liste de dérogations accordées à Bruxelles pour certaines catégories de véhicules paraît
pertinente :
- Véhicules adaptés aux transport de personnes handicapées, véhicules de personnes
handicapées
- Véhicules de foires et marchés
- Véhicules pour l?entretien d?infrastructures et d?installations
- Véhicules des forces armées
- Véhicules de collection
Aux Pays-Bas, dans le cadre du dispositif national adopté en 2019, les villes peuvent accorder des
dérogations payantes aux véhicules non conformes pour un certain nombre de jours dans l?année,
dans la limite de 12 pour les poids lourds et de 6 pour les véhicules utilitaires. De même, à Bruxelles,
le « pass » d?une journée est payant. Il est possible d?acheter 24 pass par an et par véhicule.
Les ZFE européennes sont le plus souvent actives en permanence
Dans le tableau ci-après, la mission a repris la sélection de villes introduites au § 2.7, pour examiner
le critère « horaires de fonctionnement de la ZFE ». Il apparaît que ces ZFE sont le plus souvent
permanentes. Quelques-unes fonctionnent en semaine pendant la journée, ce qui laisse aux
véhicules non conformes des possibilités de circuler.
La liste de villes a été complétée par Barcelone, pour montrer que, dans un même pays, deux
grandes villes peuvent faire des choix différents.
Tableau 8: horaires de fonctionnement d'une ZFE
Ville Horaires de fonctionnement
ULEZ de Londres (VL)
et LEZ ( PL) Permanent
Bruxelles Permanent
Stuttgart- zone large Permanent
Milan - zone large (area B) Du lundi au vendredi de 7h30 à
19h30, hors jours fériés
Amsterdam permanent
Madrid Permanent
Barcelone Du lundi au vendredi
de 7h à 20h
À Milan, la zone B est active du lundi au vendredi de 7h30 à 19h30, hors jours fériés. Toutefois, le
caractère non permanent de la zone a été motivé plutôt par des raisons juridiques, la mobilité étant
un droit constitutionnel. Cette analyse pourrait du reste être réexaminée. Ainsi, Rome envisage une
zone fonctionnant 24h sur 24. À Milan, le trafic augmente le weekend depuis la fin de la pandémie,
ce qui incite à envisager de mettre en place les restrictions également le weekend.
PUBLIÉ
octobre 2023 Acceptabilité des zones à faibles émissions Page 45/134
4.4 Harmoniser les dispositifs pour plus d?efficacité : une tendance
dans toute l?Europe
À l?exception de l?Italie, les pays du parangonnage ont adopté un dispositif national (Allemagne,
Angleterre, Espagne, Pays-Bas) ou régional (Belgique). Au niveau national, certains pays ont
d?emblée recherché une cohérence d?ensemble : en Allemagne, toutes les villes ont opté pour la
même vignette et une liste de dérogations a été établie au niveau fédéral.
La tendance est aujourd?hui à l?harmonisation :
Aux Pays-Bas, les « milieuzones » préexistantes ont disposé d?un délai d?un an pour se
mettre en conformité avec le cadre national adopté en 2019, qui fixe une liste de
dérogations ; si chaque ville peut décider en complément d?accorder des dérogations
payantes pour un certain nombre de jours dans l?année, elle ne peut le faire que dans la
limite d?un nombre maximum de jours fixé au niveau national.
En Angleterre, le cadre national fixe en particulier la norme Euro minimale permettant de
circuler gratuitement dans la zone. Il définit quatre niveaux possibles de CAZ, différant par
les catégories de véhicules ciblées. La collectivité choisit le niveau de CAZ en tenant
compte de l?ampleur de la diminution des émissions de polluants à obtenir. L?ULEZ de
Londres est un cas à part, mais fonctionne comme une CAZ D, avec les mêmes normes
Euro minimales.
En France, les professionnels soulignent qu?ils peuvent travailler sur plusieurs ZFE et que les
différences d?une ZFE à l?autre sont une source de complication. Ils expriment une forte attente en
matière d?harmonisation, notamment pour ce qui concerne les dérogations. Conformément à la
bonne pratique de « co-construction » énoncée au § 6.1 ci-dessous, il est souhaitable que les
collectivités locales prennent en compte l?attente ainsi exprimée.
Les spécificités locales trouveront à s?exprimer, notamment, dans la définition du périmètre et, si
nécessaire, dans le calendrier d?évolution des exigences Crit?air, qui peut varier en fonction du
niveau de pollution.
Harmoniser le cadre des ZFE: établir en particulier un cadre national de
dérogations, à adapter par les territoires lorsque leurs spécificités le justifient.
4.5 Se préparer à l?entrée en vigueur de règles européennes plus
protectrices : la zone à zéro émission succédera-t-elle à la zone
à faibles émissions ?
Les LEZ les plus ambitieuses étudiées par la mission interdisent les voitures diesel à partir de 2030:
à Bruxelles, où les valeurs limites sont respectées, et à Milan, où elles ne le sont pas, les véhicules
légers diesel seront interdits en 2030. Dans les deux cas, aucune date d?interdiction n?est fixée
pour les poids lourds diesel.
Ainsi, le calendrier des ZFE françaises prévoyant l?interdiction des véhicules Crit?air 2- et donc de
tous les véhicules légers diesel - dès 2028 (cas de Montpellier, Strasbourg et du périmètre central
de Lyon) paraît ambitieux (alors que la loi ne prévoit pas d?échéance pour une telle interdiction) et
pourrait être réexaminé. Dans l?état actuel des connaissances, sachant que la norme Euro 6d
permet une baisse importante des émissions de NO2, il ne semble pas nécessaire d?interdire les
véhicules diesel légers avant 2030. 2030 est la date à laquelle les valeurs limites de la nouvelle
réglementation européenne devront être respectées. Compte tenu des délais de mise en place des
dispositions permettant de diminuer la pollution de l?air, il paraît opportun d?étudier dès maintenant
les mesures à prendre pour que les valeurs limites puissent être respectées à la date fixée. Il
PUBLIÉ
octobre 2023 Acceptabilité des zones à faibles émissions Page 46/134
ressort des réflexions menées en Allemagne que ces mesures coïncident largement avec celles
qui ont pour objectif d?atténuer le changement climatique : développement des transports publics
et des pistes cyclables, diminution de la circulation routière, électrification du parc de véhicules.
La ville d?Aix-la-Chapelle, qui participe à la Mission européenne sur « la neutralité climatique dans
100 villes », dispose d?une réflexion intéressante sur le sujet25 . Les mesures qu?elle envisage
reposent sur deux principes :
- Rendre attractive l?offre pour un changement durable des moyens de transport ;
- Ne plus rendre attractive la voiture comme moyen de transport premier dans la circulation
individuelle motorisée.
Parmi les options possibles sont envisagées :
- Des mesures relevant du niveau fédéral :
o L?établissement de zones réservées aux véhicules Euro 6+ ou « zéro émission » ; la
durée de mise en oeuvre pourrait s?échelonner de 2030 à 2035 ;
o L?augmentation rapide du prix du CO2 ou des taxes sur les carburants fossiles ;
o La limitation de vitesse à 30 km/h sur de vastes surfaces dans les grandes villes ;
o Une réforme de la taxation des véhicules ayant une orientation climatique (par
exemple, la prise en compte du poids) ;
- Des mesures relevant de la collectivité locale :
o L?extension du réseau de pistes cyclables ;
o La priorisation des transports publics dans les rues d'Aix-la-Chapelle ;
o La construction de garages de quartier ;
o La création de places de P+R et une nouvelle augmentation du prix des places de
stationnement dans les espaces publics ;
o L?optimisation de la fluidité du trafic pour réduire les émissions polluantes ;
o Le recours à l?intelligence artificielle ?
Ainsi, à Aix-la-Chapelle, les zones à zéro émission sont l?une des options envisagées. Certaines
villes sont plus avancées sur cette voie. Par exemple, le dispositif adopté à Bruxelles évolue
progressivement jusqu?en 2036 vers une zone à zéro émission, aucune date n?étant toutefois fixée
à ce jour pour les poids lourds.
Les Pays-Bas ont également adopté un principe de zone à zéro émission, mais selon une approche
différente, voire opposée pour ce qui concerne les types de véhicules pris en compte. En effet, le
dispositif, qui a vocation à se superposer aux LEZ existantes, ne concerne que les poids lourds et
utilitaires, avec une orientation forte sur la décarbonation de la logistique urbaine. Un calendrier
est établi au niveau national avec des interdictions progressives sur les véhicules existants jusque
2030, mais dès 2025 les véhicules neufs devront être électriques pour pouvoir accéder à la zone.
Pour les services de la ville de Berlin, la zone à zéro émission fait également partie des pistes de
travail. L?agence fédérale de l?environnement allemande vient toutefois tempérer cette idée, en
soulignant que les véhicules électriques émettent des particules fines.
Anticiper: étudier les mesures à prendre dans la perspective d?une
évolution de la réglementation européenne imposant des valeurs limites sensiblement plus
basses à respecter pour 2030.
25 https://research-and-innovation.ec.europa.eu/funding/funding-opportunities/funding-programmes-and-open-
calls/horizon-europe/eu-missions-horizon-europe/climate-neutral-and-smart-cities_en
PUBLIÉ
octobre 2023 Acceptabilité des zones à faibles émissions Page 47/134
5 Pour que la ZFE soit acceptée, il est nécessaire de lever
les obstacles à la mobilité pour les ménages et les
entreprises
Les ménages modestes possédant un véhicule polluant nécessaire à leur vie quotidienne, sans
transports publics desservant leur domicile, n?ont pas les moyens d?acheter un véhicule moins
polluant, tandis que les ménages aisés habitant dans un quartier bien desservi par les transports
publics peuvent acheter un véhicule électrique ou n?ont pas besoin de véhicule. Les petites
entreprises, artisans ou commerçants, utilisent un véhicule utilitaire souvent ancien, et pourraient
se trouver dans l?incapacité d?exercer leur métier qui participe pourtant à l?activité urbaine à
l?intérieur du périmètre de la ZFE.
Pour que les zones à faibles émissions ne deviennent pas des zones « à forte exclusion », il faut
veiller à ce que chacun, ménage modeste ou petite entreprise, dispose d?une solution concrète.
5.1 La ZFE doit s?inscrire dans un projet global de mobilité et
d?aménagement urbain
L?acceptabilité des ZFE dépend beaucoup de l?existence d?alternatives en matière de mobilité. En
effet, la solution consistant à remplacer systématiquement un véhicule polluant par un véhicule à
basses émissions paraît vaine. Non seulement les contraintes financières ne le permettent pas,
mais en plus cette façon de faire ne résoudrait pas les phénomènes de congestion urbaine et
empêcherait la reconquête d?espaces urbains pour d?autres usages.
Il est donc indispensable d?accompagner le projet de ZFE par le développement d?alternatives à la
voiture individuelle : développement des transports publics, création de parkings relais, nouvelles
formes de mobilité, autopartage?
Ainsi, à Bruxelles, la ZFE s?appuie sur le plan régional de mobilité « good move », fortement axé
sur le développement d?alternatives à la voiture individuelle. Le plan a pour objectif de réduire la
part modale de la voiture de 25% en 2030 par rapport à 2018, en visant le transfert modal et la
diminution de la possession de la voiture. Good Move favorise fortement la marche, le vélo, les
transports publics, l?autopartage et le développement des services de mobilité numériques (Mobility
as a Service ou MaaS). Par ailleurs, 5 parkings P+R sont disponibles à l?entrée de la zone.
En 2018, la ville de Milan a adopté un plan pour la mobilité durable : une large place est donnée à
la ville à 30 km/h. Le réseau cyclable est largement développé. De nouvelles lignes de métro et de
tramway sont lancées. La mobilité partagée est encouragée. Le terrain est ainsi préparé pour la
mise en place en 2019 d?une seconde ZFE sur un périmètre beaucoup plus étendu.
A contrario, la ville de Bologne explique qu?elle mettra en place une ZFE sur un périmètre étendu
à la mise en service de la première ligne de tramway.
Une étude récente menée à Milan a mesuré l?influence de l?offre de transports en commun sur
l?adhésion au projet de péage urbain Aera C, en utilisant les résultats du référendum mené en 2011.
L?analyse des résultats montre que plus une zone est desservie par les transports en commun,
plus les habitants de cette zone sont susceptibles d'accepter ce type de mesure car ils disposent
d'alternatives de transport efficaces pour atteindre la zone tarifée.26
À Madrid, l?extension de la ZBE décidée en 2019 a été accompagnée par la mise en place d?une
nouvelle ligne de bus gratuite traversant la ville du Nord au Sud, ainsi que par un plan
d?électrification de la flotte de bus.
26 Source Ademe, p37
PUBLIÉ
octobre 2023 Acceptabilité des zones à faibles émissions Page 48/134
Aux Pays-Bas, la mise en place des ZEZ s?inscrit dans une politique globale visant à améliorer
l?attractivité des centres-villes en donnant plus de place à d?autres usages. Cela n?est possible que
par une réorganisation de la logistique urbaine : déploiement d?entrepôts logistiques en périphérie
de la zone, développement d?alternatives comme le vélo-cargo pour la livraison du « dernier
kilomètre ». Cette question est d?autant plus sensible, en France et dans les pays du parangonnage,
que le développement du commerce en ligne risque de provoquer en l?absence de régulation une
aggravation de la congestion et des nuisances avec la multiplication des livraisons par véhicule
utilitaire. Il est rappelé à cette occasion que la Loi d?orientation des mobilités donne compétence
aux autorités organisatrices pour « organiser ou contribuer au développement des services de
transport de marchandises et de logistique urbaine », la mise en place de ZFE pouvant rentrer
dans ce cadre.
Offrir des alternatives à la voiture: accompagner le projet de ZFE d?une
politique de développement des transports publics, du vélo, de la mobilité partagée et des
parkings-relais ainsi que d?une politique pour la logistique urbaine.
Figure 9 Vélocargo à La Haye
Source : mission
PUBLIÉ
octobre 2023 Acceptabilité des zones à faibles émissions Page 49/134
5.2 Dans les pays du parangonnage, les États apportent des aides
pour l?achat de véhicules électriques ou pour les solutions
alternatives de mobilité
À l?exception de la Belgique, les États des pays du parangonnage apportent des
aides financières pour l?achat d?un véhicule à basses émissions
Les aides concernent le plus souvent à la fois les ménages et les entreprises27. Seul le Royaume-
Uni n?apporte des aides qu?aux entreprises, à l?exclusion des ménages. Ces aides nationales ne
sont pas liées à l?existence d?une ZFE, mais sont évidemment de nature à faciliter leur déploiement.
Les collectivités locales peuvent apporter leur propre contribution, que ce soit en l?absence d?aides
nationales (Bruxelles, Londres, Birmingham) ou en complément (Madrid, Milan).
Les subventions peuvent être indirectes sous forme d?allègements fiscaux pour les entreprises
et/ou pour les particuliers. Les aides directes peuvent être liées à la mise au rebut de véhicules
anciens. Ces « primes à la casse » sont en général consacrées à l?achat d?un nouveau véhicule
moins polluant. À Bruxelles, elle est exclusivement consacrée à l?accompagnement des ménages
dans le changement de leurs pratiques de mobilité.
Dans les pays du parangonnage, les États tendent à diminuer les aides qu?ils
apportent aux ménages pour l?achat d?un véhicule électrique
Deux pays n?ont pas mis en place de dispositif d?aide nationale directe. Au Royaume-Uni, une
prime à la casse pour les véhicules de tourisme est offerte selon des modalités différentes à
Londres et à Birmingham. Dans cette dernière ville, elle est réservée aux ménages à faibles
revenus travaillant dans la Clean Air Zone.
En Belgique, en l?absence d?aide financière directe pour l?achat d?un véhicule électrique, un
dispositif fiscal national permet des exonérations de taxes pour l?achat et la possession de
véhicules électriques. Par ailleurs, la Région de Bruxelles-capitale a mis en place, à l?intention des
ménages qui ne remplacent pas leur véhicule, une aide pour l?achat d?un abonnement aux
transports publics ou pour l?utilisation de services de mobilité.
Pour les entreprises, les situations différent selon la nature des véhicules
Les États apportent des aides aux entreprises pour l?achat d?un véhicule électrique, à l?exception
du cas particulier de la Belgique, où cette politique relève des régions. C?est le cas de la Région
de Bruxelles-capitale qui aide les TPE et PME pour remplacer des VUL anciens, à l?exclusion des
poids lourds.
La première difficulté rencontrée par les entreprises est celle de la disponibilité de modèles adaptés
à leurs besoins. La situation semble évoluer favorablement pour les véhicules utilitaires légers les
plus courants, pour lesquels des modèles sont disponibles à la commande, parfois avec des délais
de livraison importants. Dans ce cas, plusieurs municipalités proposent des dérogations provisoires
pour l?usage de véhicules anciens, dans l?attente de la livraison.
S?agissant des poids lourds, la situation est différente et la gamme disponible est pour le moment
encore peu développée, avec des coûts importants et des caractéristiques qui ne sont pas encore
adaptées à tous les usages (autonomie insuffisante, cas des véhicules spécialisés). Des
programmes d?aide existent dans les pays du parangonnage à l?exception de la Belgique, avec des
montants unitaires importants. L?Allemagne et la France utilisent à cette fin des « appels à projet »
27 Ces éléments sont détaillés en annexe 12.
PUBLIÉ
octobre 2023 Acceptabilité des zones à faibles émissions Page 50/134
qui permettent d?une part d?adapter le produit recherché aux besoins de l?entreprise, d?autre part
de financer le surcoût du véhicule, référence plus significative pour le moment que le coût lui-même.
La mission considère que cette pratique est bien adaptée au cadre technologique actuel.
En France, le dispositif d?aide pourrait être optimisé
En France, l?État apporte aux ménages et aux entreprises des aides pour l?achat de véhicules à
basses émissions (bonus écologique et prime à la conversion pour les voitures et véhicules
utilitaires, appel à projets ADEME pour les poids lourds), qui sont en règle générale plus
généreuses que celles pratiquées dans les pays du parangonnage.
La prime à la conversion est majorée pour les personnes résidant ou travaillant à l?intérieur du
périmètre d?une ZFE et pour les entreprises disposant d?un établissement dans ce périmètre. La
mission est d?avis que, dans les territoires en dépassement des valeurs limites, la majoration
pourrait être étendue aux particuliers habitant près de la ZFE, ainsi qu?aux entreprises installées à
proximité du périmètre de la ZFE et intervenant dans ce périmètre. Les conditions de cette
majoration devraient alors tenir compte de la contribution des intercommunalités concernées.
Le dispositif d?aide pourrait être réexaminé plus globalement pour permettre une action renforcée
sur les territoires en dépassement des valeurs limites sans augmenter le budget total.
Renforcer les aides sur les zones prioritaires: remettre à plat le dispositif
global d?aides pour permettre une action renforcée sur les territoires en dépassement des
valeurs limites et sur leur périphérie, en assurant la complémentarité des aides de l?Etat et
des collectivités ; dans ce cadre, augmenter le montant de la prime à la conversion pour les
entreprises installées à proximité du périmètre et intervenant dans une ZFE.
La France pourrait également s?inspirer du dispositif mis en place à Bruxelles pour encourager
l?utilisation des transports publics et des services de mobilité par les ménages renonçant à leur
véhicule. Cette aide pourrait concerner les territoires en dépassement des valeurs limites.
Encourager les alternatives au véhicule particulier : créer au bénéfice
des ménages renonçant à remplacer leur véhicule une aide financière pour l?achat d?un
abonnement aux transports publics ou à un service de mobilité.
Par ailleurs, le gouvernement a annoncé la mise en place prochaine d?un dispositif de « leasing à
100¤ », sous conditions de ressources, pour la location longue durée de véhicules électriques. Ce
dispositif, qui conjugue aides publiques, montage financier (location de très longue durée) et baisse
de coût de production des véhicules sera accessible aux ménages modestes, d?autant plus que
les coûts d?usage sont réduits par rapport à une voiture thermique pour les ménages disposant
d?un accès facile au rechargement. Il serait donc particulièrement adapté pour les ménages
vulnérables, possédant un véhicule polluant utilisé fréquemment, mais n?ayant pas accès à une
solution alternative, ni les moyens d?acheter un véhicule à basses émissions.
Enfin, en ce qui concerne les entreprises, une enveloppe de 35.75 M¤ est consacrée en 2023 à un
PUBLIÉ
octobre 2023 Acceptabilité des zones à faibles émissions Page 51/134
appel à projets28 pour l?acquisition de poids lourds électriques ou le rétrofit d?un poids lourd diesel.
L?aide est de 65% de l?écart entre le prix du véhicule électrique et celui d?un véhicule diesel de
même gamme ou de 65% du coût du rétrofit. Ce programme s?inspire d?un dispositif mis en place
en Allemagne.
La mission a été interpellée par des acteurs français, qui avaient identifié le programme allemand
et souhaitaient la mise en place d?un programme équivalent en France, sans avoir connaissance
de l?appel à projets lancé par l?Ademe. Cela illustre bien l?enjeu d?un site d?information unique
fournissant une information exhaustive sur les différentes aides disponibles.
5.3 En l?absence d?alternative au véhicule individuel, lorsque le
véhicule existant ne peut être remplacé, le rétrofit pourra offrir
une très bonne solution, qui est aussi une opportunité
industrielle
Certains pays encouragent ou ont encouragé une solution de rétrofit consistant en l?installation
d?un filtre à particules sur des véhicules anciens qui en sont démunis (Allemagne, Royaume-Uni).
En France, il serait pertinent de reconnaitre pour les véhicules lourds les procédés de dépollution
(filtre à particules, système DeNOx), permettant d?atteindre les performances des véhicules Euro
VI pour les PM et les NOx, et donc d?obtenir un surclassement Crit?air 2.
Par ailleurs, plusieurs entreprises françaises proposent des solutions de rétrofit, vers l?électrique
ou l?hybride rechargeable, avec un panel de solutions qui semblent industrialisables à court terme
sous réserve des soutiens adéquats (aides pour l?homologation, extension du champ du
bonus écologique).
Cette solution devrait être encouragée par l?État : en complément du leasing social présenté ci-
dessus, elle offre une solution compétitive aux ménages modestes dépourvus de solutions
alternatives. En outre, elle permet de consolider en France une nouvelle filière industrielle.
Développer le rétrofit: encourager les solutions économiques de
rétrofit, qu?il s?agisse de la transformation en véhicule électrique ou en hybride
rechargeable.
28 https://agirpourlatransition.ademe.fr/entreprises/aides-financieres/20230330/ecosystemes-
vehicules-lourds-electriques-2023
PUBLIÉ
https://agirpourlatransition.ademe.fr/entreprises/aides-financieres/20230330/ecosystemes-vehicules-lourds-electriques-2023
https://agirpourlatransition.ademe.fr/entreprises/aides-financieres/20230330/ecosystemes-vehicules-lourds-electriques-2023
octobre 2023 Acceptabilité des zones à faibles émissions Page 52/134
6 Malgré tous les dispositifs opérationnels, une ZFE ne
pourra être acceptée que si elle est perçue comme utile
et équitable et si elle est intégrée dans un récit plus large
sur le futur du territoire
6.1 Un projet « co-construit » avec les acteurs et perçu comme
utile sera mieux accepté : la consultation et l?information du
public sont essentielles
La création d?une ZFE nécessite un important travail de définition du projet (périmètre, niveau
d?exigence Crit?air pour respecter la réglementation en matière de qualité de l?air?).
Cette étape ne peut pas être menée en vase clos par la collectivité en charge du projet. En effet,
les études menées dans le domaine de la psychologie sociale, notamment une étude menée sur
l?introduction de LEZ en Ecosse montrent que la façon dont le public perçoit la pertinence du
dispositif et son efficacité a un effet direct significatif sur son attitude à l'égard des LEZ, tandis que
la sensibilité aux problèmes de qualité de l'air a un effet indirect important.29
À partir de ce constat, cette étude recommande :
a) de mener des consultations publiques et d?assurer la transparence du processus d?élaboration
du projet : cette démarche permettra de montrer la pertinence du projet, ce qui en renforcera
l?acceptabilité. En France, cette démarche est prévue par la loi, en conformité avec la
convention d?Aarhus et la charte de l?environnement. La qualité de cette phase est essentielle.
À Bruxelles, une consultation des acteurs a été menée en 2018. Elle a permis de définir différentes
questions à approfondir par le biais d?études : émissions du transport, budget des flottes des
pouvoirs publics, santé ; mobilité, aspects économiques et sociaux, énergie. Sur la base de ces
études, une feuille de route « mobilité à faible émission » a été adoptée en juillet 2022.
À Birmingham, des échanges avec les organisations professionnelles, pendant un an et demi, ont
permis de définir des mesures d?accompagnement et de proposer des dérogations temporaires.
Cette phase a également permis à la municipalité de communiquer sur le projet et, ainsi, de
remédier aux rumeurs.
Certaines agglomérations françaises, comme Grenoble et Lyon, ont organisé la concertation sous
l?égide de la Commission nationale du débat public (CNDP).
b) de veiller à la bonne information du public, en communiquant :
- sur l?évaluation de projets déjà réalisés, pour montrer que les bénéfices attendus de la
politique sont effectivement obtenus ;
- sur les conséquences de la pollution de l'air sur la santé humaine.
29 Acceptabilité des ZFE par le public : le rôle des attitudes, des normes, des émotions et de la confiance, université
de Leeds, 2021
PUBLIÉ
octobre 2023 Acceptabilité des zones à faibles émissions Page 53/134
Cette démarche de consultation et d?information est d?autant plus importante que, selon l?étude, le
niveau de confiance à l?égard des décideurs influe sur les sentiments et les jugements du public
sur la politique qu?ils mènent. Ce constat conduit les auteurs de l?étude à recommander un
processus d?élaboration du projet qui soit transparent et inclusif. La démarche peut prendre la
forme d?une consultation publique élargie, qui témoignera de la compétence des autorités dans la
mise en oeuvre de dispositifs complexes. De même, l?information fournie sur des projets précédents
réussis, montrant que le projet pourra atteindre ses objectifs, contribuera à renforcer la confiance
à l?égard des décideurs.
En France, les dispositions législatives relatives à la création de ZFE, notamment l?article L 2213-
4-1, prévoient effectivement qu?une étude sur la création de la ZFE est mise à la disposition du
public et qu?une procédure de participation du public est mise en oeuvre selon les modalités de
l?article L. 123-19- 1 du code de l?environnement. Ces dispositions législatives prévoient également
la réalisation d?une campagne d?information locale, d?une durée minimale de trois mois. Ces
procédures sont essentielles et la mission recommande qu?elles soient menées avec le plus grand
soin.
À cet égard, les travaux de recherche fournissent des recommandations qui paraissent pertinentes.
Pour ce qui concerne les démarches de consultation publique, ces travaux, constatant que les
restrictions de circulation peuvent être perçues comme une atteinte à la liberté de circuler,
recommandent plus précisément, pour faciliter l?acceptabilité, de laisser des points ouverts à la
concertation, de « co-construire » le projet, afin que le public se sente acteur du changement.
Encadré 1 : comment promouvoir l?acceptabilité des ZFE
« Dans une société où la valeur autonomie est prégnante, les restrictions de circulation peuvent
être perçues comme injustes, les atteintes à la liberté individuelles illégitimes, et entraîner un effet
de réactance, où les usagers de la route refusent d?obéir à la règle pour restaurer un sentiment de
liberté. Afin d?induire de la contrôlabilité et donc de l?acceptabilité, il convient d?associer en amont
de la mise en place de la mesure le public afin qu?il participe activement en laissant une « véritable
marge » de manoeuvre en mettant en débat, par exemple, l?étendue géographique de la zone, le
type de véhicules interdits?
Être « acteur », donc contrôler, ne signifie pas forcément se sentir efficace dans son contrôle. Si
nous avons besoin de nous sentir autonomes pour accepter une mesure, nous avons également
besoin de nous sentir en capacité afin de changer nos comportements. »
Frédéric Martinez, Université Gustave Eiffel, revue TEC, juin 2019 ?extrait
Par exemple, à Amsterdam, lors des concertations, plusieurs situations ont conduit à solliciter des
dérogations. Pour la municipalité, l?essentiel est de préserver l?objectif final, des dérogations
temporaires pouvant faciliter la mise en oeuvre de la Zone zéro émission sans compromettre le
résultat final.
À Grenoble, une concertation informelle a permis de préciser le cadre de mise en place de la ZFE
(horaires, périmètre, dérogations?). 30
Les travaux de recherche fournissent également des indications précieuses sur le cadrage de la
communication, c?est-à-dire la façon de formuler les messages.
30 https://www.grenoble.fr/953-faq-zone-a-faibles-emissions.htm
PUBLIÉ
octobre 2023 Acceptabilité des zones à faibles émissions Page 54/134
En s?appuyant sur les théories de la psychologie sociale 31 , les résultats du programme de
recherche expérimentale PUNCH32 , réalisé à l?initiative de l?ADEME, montrent quel cadrage du
message il convient de privilégier dans le domaine du transport.
Concrètement, les principaux résultats sont les suivants :
- Les messages doivent mettre en exergue des conséquences immédiates (plutôt que de long
terme) et les illustrer narrativement à l?aide d?un seul exemple plutôt que par des statistiques.
- Les messages doivent préconiser des stratégies additives (Utilisez le vélo, le covoiturage, les
transports en commun) plutôt que soustractives (Renoncez à la voiture individuelle)
- Les messages doivent souligner les gains (Améliorez la qualité de l?air) plutôt que l?évitement
de pertes (Evitez la pollution de l?air).
Ainsi, c?est une communication positive qui est préconisée. Cette communication devrait permettre
au public d?appréhender la raison d?être du dispositif et d?anticiper les dispositions à prendre.
Pour que l?ensemble des personnes concernées puissent bénéficier de l?information nécessaire, la
visite de contrôle technique pourrait permettre de relayer l?information de manière personnalisée.
En matière d?information, certains acteurs regrettent que le nom des « zones à faibles émissions »
prête lui-même à confusion, puisque rien ne permet de savoir qu?il s?agit d?émissions de polluants
et non d?émissions de gaz à effet de serre. De ce point de vue, la dénomination anglaise de « zones
d?air pur » (clean air zones) paraît bien plus claire et concrète. Il paraît néanmoins délicat de
procéder à un changement de nom en France.
La communication devrait comprendre un portail unique d?information sous la forme d?un site
national, donnant lui-même accès à des portails propres aux différentes ZFE. Ces portails devraient
indiquer si un lieu donné (domicile, ?) est dans la ZFE ou si un itinéraire donné est concerné par
la ZFE. Ces portails devraient aussi offrir un « guichet » unique de gestion des aides financières,
afin de simplifier l?accès à ces aides.
Une bonne pratique complémentaire consiste à apporter un conseil en mobilité personnalisé,
comme cela existe à Bruxelles avec le Mobility Coach : il s?agit d?un service que les ménages
peuvent solliciter pour obtenir des informations adaptées à leur situation en matière de mobilité.
En France, Nice a également mis en place un tel service. Ce conseil pourrait être apporté en
« mobilité inversée », le conseiller se rendant sur le lieu où se trouve le public à informer.
Afin de sensibiliser le public aux enjeux de la qualité de l?air, une bonne pratique consiste, comme
cela a été fait à Bruxelles lors de la phase d?information préalable, à mettre à disposition des
capteurs permettant aux particuliers de mesurer eux-mêmes le niveau de pollution.
Une attention particulière doit également être portée à l?information et l?accompagnement des
entreprises. À Rotterdam, la municipalité apporte une aide personnalisée et gratuite aux
entreprises de toute taille, dans le cadre du programme Ecostar. Ce programme existait avant la
décision de mettre en place une zone zéro émission et était destinée à l?origine à promouvoir les
bonnes pratiques environnementales. Il a permis d?instaurer une relation de confiance avec les
entreprises.
31 Il s?agit notamment des travaux de Tversky et Kahneman sur l?effet de cadrage ou framing effect
32 Favoriser le report modal des urbains pour améliorer la qualité de l?air, ADEME, mars 2020
PUBLIÉ
octobre 2023 Acceptabilité des zones à faibles émissions Page 55/134
Mieux faire connaître les ZFE: lancer une campagne de communication
au niveau national pour expliquer les enjeux des ZFE.
Faciliter l'accès à l'information et aux aides: mettre en place un portail
d?information unique, incluant un guichet unique pour la gestion des aides, et un service de
conseil en mobilité pour les ménages et une assistance personnalisée pour les entreprises.
Une fois la ZFE créée, la communication doit se poursuivre sur la durée : il convient d?informer sur
l?évolution de la qualité de l?air et, plus généralement, les résultats de la ZFE en matière de
transformation des mobilités. Plusieurs villes, dont Bruxelles, présentent chaque année un bilan de
la qualité de l?air et de l?impact de la ZFE. Birmingham a ouvert un accès direct aux résultats des
stations de mesure de l?agglomération.
Figure 10 Supports de communication à Birmingham
Source : mission
6.2 L?acceptabilité du dispositif dépend du « sentiment d?équité »
qu?il inspire
Le classement en crit?air 1 de véhicules haut de gamme lourds est mal compris
Les objectifs de baisse des émissions de CO2 et d?amélioration de la qualité de l?air étant largement
confondus dans l?esprit du grand public, le fait que des véhicules haut de gamme lourds ayant une
PUBLIÉ
octobre 2023 Acceptabilité des zones à faibles émissions Page 56/134
consommation élevée soient classés Crit?air 1, tandis que de petits véhicules anciens consommant
peu sont mal classés, suscite beaucoup d?incompréhension.
Or l?acceptabilité du dispositif dépend beaucoup du « sentiment d?équité » qu?il inspire. Si certaines
des personnes concernées par les restrictions jugent que d?autres en sont dispensées de façon
injuste (les véhicules haut de gamme lourds, les véhicules étrangers, les camions, les taxis, etc.),
l?acceptabilité du dispositif diminue considérablement33.
Il est donc essentiel que le dispositif paraisse juste et de veiller à bien expliquer ce qui peut susciter
l?incompréhension. La FAQ du portail internet peut contribuer à ces explications.
À cet égard, il convient de rappeler que les véhicules dont le poids est élevé supportent un malus
et qu?ils sont donc bien pénalisés, grâce à ce dispositif.
Le contrôle automatisé par caméra est nécessaire à l?acceptabilité de la ZFE
En France, les acteurs évoquent l?inéquité d?une situation de ZFE sans sanction, où les personnes
ayant fait l?effort de respecter la règle sont désavantagées par rapport à celles qui l?auront ignorée.
Dans les pays du parangonnage, si l?on fait abstraction des cas particuliers de l?Allemagne et des
ZFE dédiées aux poids lourds de certaines villes néerlandaises, la règle qui se dégage est que le
contrôle des ZFE est effectué par un système de contrôle automatisé par caméra. Cela vaut pour
le Royaume-Uni, où la règle est fixée dans le dispositif national, les Pays-Bas (Amsterdam,
Rotterdam, Utrecht, La Haye, Arnhem et Haarlem), la Belgique, l?Italie et l?Espagne.
Cela peut paraître contre-intuitif de lier l?acceptabilité à la mise en place de contrôles automatisés,
notamment dans un pays qui a connu la crise des gilets jaunes et celle des bonnets rouges. Mais
l?expérience du parangonnage montre que ces contrôles permettent de diminuer le sentiment
d?inéquité et de mettre en oeuvre effectivement la ZFE. Chacun sait qu?en entrant dans la zone il
sera contrôlé. En revanche, l?introduction de ce contrôle doit se faire de manière progressive, avec
une information directement adressée aux publics concernés . À Bruxelles par exemple, pendant
plusieurs mois les conducteursflashés n?ont pas reçu d?amende mais un courrier personnalisé les
informant de la mise en oeuvre prochaine de la ZFE et leur donnant toutes les informations utiles
pour les accompagner, soit pour un changement de véhicule, soit vers d?autres types de mobilités
adaptées à leurs besoins.
Pour ce qui concerne les modalités de mise en place du système de contrôle automatisé, la mission
relève que la ville de Milan a lancé un appel d?offres, qui a été remporté par l?opérateur de transport
public. Au Royaume-Uni, en concertation avec les collectivités concernées et les professionnels,
le DEFRA (Ministère de l?environnement) a développé une interface entre les fichiers nationaux
d?immatriculations et les systèmes locaux de reconnaissance de plaques et de facturation des
« CAZ charges ».
La France a opté pour une solution mutualisée pilotée par les ministères de l?intérieur et de la
transition écologique : ces deux ministères élaborent le cahier des charges techniques d?un appel
d?offres, qui sera lancé par l?UGAP, en vue de la conclusion d?un marché public ; les collectivités
locales pourront passer commande dans le cadre de ce marché. L?intérêt de la démarche est
d?éviter que chaque collectivité doive mener son propre appel d?offres, et d?assurer l?interface avec
le fichier des immatriculations d?une part, le système de gestion des amendes ANTAI de l?autre.
Toutefois, entamée depuis plusieurs années, la procédure reste aujourd?hui encalminée au stade
de la mise au point du cahier des charges. Cette absence d?avancée de la procédure constitue un
obstacle majeur pour le déploiement effectif des ZFE. Les collectivités locales sont fondées à
interpeller l?État sur cette question.
Le calendrier prévisionnel de l?administration prévoit le lancement de la consultation en 2023, la
33 Source Ademe, travaux de F.Martinez ( UGE)
PUBLIÉ
octobre 2023 Acceptabilité des zones à faibles émissions Page 57/134
réalisation des tests prévus en 2024 et le déploiement des systèmes en 2025.
Finaliser sans délai le cahier des charges de l?appel d?offres relatif au
contrôle sanction automatisé et mener ensuite avec diligence la procédure d?appel d?offres.
Pour des raisons d?équité également, l?application du contrôle sanction aux véhicules étrangers est
souhaitée - en France et aussi dans les autres pays visités, où la mission a rencontré la même
préoccupation -, mais des dispositions devront être prises au niveau européen pour la mettre en
oeuvre. Ce sujet fait l?objet de discussions dans le cadre de la révision de la directive (UE) 2015/413
du parlement européen et du conseil du 11 mars 2015 facilitant l'échange transfrontalier
d'informations concernant les infractions en matière de sécurité routière, qui ne vise actuellement
pas les questions environnementales. Cette solution est appropriée, mais sa mise en oeuvre
effective prendra du temps. Dans un premier temps, il pourrait être pertinent de conclure des
accords bilatéraux, comme l?ont fait la Belgique et les Pays-Bas.
Enfin, la question de l?affectation du produit des amendes est posée. Ces amendes peuvent dans
certains pays atteindre un niveau élevé (Bruxelles). Il convient qu?un retour soit fait à la collectivité
en charge du déploiement de la ZFE, a minima pour couvrir les frais de mise en oeuvre de cette
zone, si possible pour contribuer au développement des solutions alternatives. En Angleterre, avec
une approche différente, c?est un droit d?accès qui est prélevé, et qui revient aux collectivités. À
Londres le revenu de la « congestion charge » limitée à l?hyper centre, et qui concerne tous les
véhicules, est important, mais la « ULEZ charge » ou la « CAZ charge » dans les autres villes
anglaises sont moins importantes, car les usagers se sont très vite adaptés.
6.3 L?importance du récit et de la vision pour l?acceptation de la ZFE
Au-delà de la communication elle-même, le portage politique de la ZFE joue un rôle essentiel : un
leadership politique décisif était un aspect visible de l'introduction réussie du péage urbain à
Göteborg, en Suède. La mission a également relevé le fort engagement des maires de Londres et
de Milan, ainsi que de l?adjoint au maire de Birmingham, dans le projet de ZFE.
Les enseignements tirés du parangonnage montrent qu?il s?agit pour la collectivité porteuse du
projet de donner à voir ce que sera la ville une fois qu?elle aura été transformée. Elle doit rassembler
les habitants et entreprises autour d?une vision du territoire tel qu?il sera dans cinq, dix ou quinze
ans, en intégrant dans cette vision les conséquences de la ZFE. La ZFE sera ainsi vue pour ce
qu?elle est, un aspect parmi d?autres d?un nouveau visage de la ville, plus désirable (avec un air
plus pur, de nombreuses facilités pour se déplacer) dans laquelle chaque citoyen pourra se projeter.
La collectivité devrait ainsi amener les citoyens à changer leur point de vue sur un projet qui ne
devrait plus apparaître comme une contrainte imposée aux habitants, mais comme une opportunité
de façonner une ville plus désirable, sans laisser personne sur le bord du chemin.
En outre, promouvoir une opinion positive du projet auprès du public contribue à répandre l?idée
selon laquelle la ZFE n?est pas imposée « du haut vers le bas » par les décideurs politiques, mais
est soutenue par un « mouvement populaire » de citoyens préoccupés par la qualité de l'air. Ce fut
effectivement le cas à Milan, où un référendum soutenu par des associations de citoyens a conduit
à renforcer les exigences de la ZFE par rapport au projet initial des autorités locales34.
Ainsi que le rappelle Frédéric Martinez dans l?article précité 35 , une pratique, lorsqu?elle est
34 Acceptabilité des ZFE par le public : le rôle des attitudes, des normes, des émotions et de la confiance, université
de Leeds, 2021
35 comment promouvoir l?acceptabilité des ZFE, Frédéric Martinez, Université Gustave Eiffel, revue TEC, juin 2019
PUBLIÉ
octobre 2023 Acceptabilité des zones à faibles émissions Page 58/134
valorisée « a davantage de possibilités de devenir visible, de constituer un support d?apprentissage
social par observation et imitation. La norme sociale est considérée comme un puissant
déterminant des comportements, qui peut ainsi inciter les individus à agir dans un sens donné ».
L?illustration ci-après montre comment une campagne d?information en cours à Cologne cherche à
promouvoir le vélo en interpellant le spectateur pour lui suggérer d?adopter la pratique représentée
de façon positive sur l?image :
Figure 11: campagne d'information sur la mobilité.
"Cologne devient plus mobile. Toi aussi?"
Source mission
Il en est des ZFE comme de beaucoup d?autres politiques de transition écologique. Tant qu?elles
sont vécues comme subies et ne sont pas accompagnées d?une vision globale, elles ne peuvent
générer que craintes et résistances, quand il ne s?agit pas d?un rejet complet. La question du récit
est absolument essentielle pour replacer cette politique dans un contexte plus global, dans lequel
des enjeux qui nous dépassent comme le changement climatique, la perte de la biodiversité ou la
lutte contre les pollutions peuvent devenir les moteurs d?un nouveau développement économique,
de nouveaux modes de vie, de nouvelles relations sociales. Et au lieu d?envisager cela comme un
fardeau, le concevoir comme une opportunité de construire, ensemble, un territoire où il fera mieux
vivre.
C?est également l?opportunité de rappeler que « nous sommes tous dans le même bateau » et que
ces enjeux doivent être l?occasion de reconstruire de l?action collective, de renouveler les
PUBLIÉ
octobre 2023 Acceptabilité des zones à faibles émissions Page 59/134
processus démocratiques et l?association des citoyens à la décision.
Qu?enfin l?avenir (ou la ZFE !) ne soit plus vu comme une abstraction suscitant l?angoisse mais
comme une vision porteuse d?espoir et d?envie.
PUBLIÉ
octobre 2023 Acceptabilité des zones à faibles émissions Page 60/134
Conclusion
Je remercie vivement les différents interlocuteurs, dans les pays du parangonnage et en France,
qui ont bien voulu consacrer de leur temps à la mission pour répondre à ses questions. Je remercie
également les ambassades, les services économiques régionaux et les consulats généraux, pour
leur aide dans l?organisation des entretiens et des déplacements, toujours très riches
d?enseignements. Je remercie enfin, l'IGEDD, pour son appui, et en particulier Patrick Lambert et
Bernard Schwob, inspecteurs généraux
Il apparaît que des ZFE ont été mises en oeuvre avec succès dans chacun des pays du
parangonnage. Ce constat est un encouragement pour les acteurs français. Il apparaît également
que les projets ou leur évolution suscitent des réactions dans certaines villes, qui s?efforcent de les
surmonter. Ce second constat confirme, s?il en était besoin, l?importance de respecter de bonnes
pratiques dans la préparation des projets et leur mise en oeuvre.
L?information sur les enjeux de la qualité de l?air, la concertation avec les acteurs dans la définition
des projets font partie de ces bonnes pratiques. L?information est essentielle pour battre en brèche
les idées préconçues, voire les fausses informations qui peuvent être martelées par certains
acteurs. La concertation permettra de rechercher le bon équilibre entre le niveau d?exigences en
matière d?émission de polluants des véhicules et la souplesse de mise en oeuvre indispensable
pour assurer l?acceptabilité du projet. À cet égard, des dérogations temporaires peuv33ent
utilement être accordées.
Par ailleurs, les ZFE ne peuvent constituer des projets isolés, mais s?inscrivent dans une stratégie
d?ensemble en matière de mobilité et d?aménagement du territoire. Elles accompagnent des projets
de développement des transports publics, du réseau cyclable et des services de mobilité tels que
l?autopartage. Elles s?insèrent dans un travail plus global avec les acteurs du territoire sur
l?organisation des mobilités (déplacements domicile-travail, accès aux services publics et aux
loisirs, organisation du télétravail) et sur la circulation des marchandises au sein des ZFE et dans
les territoires limitrophes.
Le parangonnage a clairement mis en évidence que les stratégies d?amélioration de la qualité de
l?air rejoignaient celles en faveur de l?atténuation du changement climatique : les « zones à faibles
émissions » de polluants et les mesures qui les accompagnent coïncident largement avec les
mesures permettant la réduction des émissions de gaz à effet de serre.
Cinq villes françaises doivent adapter la ZFE existante en vue de diminuer les effets de la mauvaise
qualité de l?air sur la santé de leurs habitants et respecter dans les meilleurs délais la
réglementation. Afin de les accompagner le mieux possible, un rééquilibrage des aides financières
pourra être opéré en faveur des villes en situation de dépassement des valeurs limites de
concentration de polluants.
Pour les autres villes et pour les acteurs au niveau national, il est important d?entamer des études
sur l?évolution de la qualité de l?air à l?horizon 2030 et sur les mesures à prendre afin que les règles
qui seront prochainement fixées au niveau européen puissent être respectées dès 2030, pour
assurer la santé des habitants.
Si la nécessité de préparer les dispositions à prendre pour 2030 ressort nettement du
parangonnage, d?autres recommandations du présent rapport, issues des bonnes pratiques
européennes, rejoignent et complètent celles formulées dans des travaux récents. Je me réjouis
de cette convergence de vues sur les mesures à prendre, qui me paraît de bonne augure pour leur
mise en oeuvre effective.
Les conclusions rejoignent également les propos tenus par la Première ministre le 13 juillet devant
le Conseil national de transition écologique et je lui donne ainsi le dernier mot :
PUBLIÉ
octobre 2023 Acceptabilité des zones à faibles émissions Page 61/134
« Enfin, dernier débat qui nous bloque souvent : celui de l'acceptabilité de notre action. Pour être
réussie, la transition écologique ne peut pas se faire malgré les Français ou contre eux. Nous
devons, au contraire, travailler avec eux, demander des efforts à la hauteur des moyens de chacun,
protéger et accompagner les plus fragiles et offrir systématiquement des solutions. Pour prendre
un exemple important, la voiture, il n'est pas question d'empêcher d'en disposer, mais d'offrir à
chacun l'accès pratique à un moyen de transport décarboné, soit un véhicule propre, soit d'autres
moyens de transport propre ».
Barbara Pompili
PUBLIÉ
octobre 2023 Acceptabilité des zones à faibles émissions Page 62/134
Annexes
PUBLIÉ
octobre 2023 Acceptabilité des zones à faibles émissions Page 63/134
Annexe 1. Lettre de mission
PUBLIÉ
octobre 2023 Acceptabilité des zones à faibles émissions Page 64/134
PUBLIÉ
octobre 2023 Acceptabilité des zones à faibles émissions Page 65/134
PUBLIÉ
octobre 2023 Acceptabilité des zones à faibles émissions Page 66/134
Annexe 2. Liste des personnes rencontrées
Nom Prénom Organisme Fonction
Date de
rencontre
FRANCE
BÉCHU Christophe Ministère de la
transition écologique
et de la cohésion
des territoires
Ministre 04/05/2023
FIRMIN LE BODO Agnès Ministère chargé de
l?organisation
territoriale et des
professionnels de
santé
Ministre déléguée 10/05/2023
ALHENC-GELAS Vincent Ministère délégué
chargé des PME, du
Commerce, de
l'Artisanat et du
Tourisme
Directeur de
cabinet
03/04/2023
MAISONNEUVE Sylvain Ministère délégué
chargé des PME, du
Commerce, de
l'Artisanat et du
Tourisme
Conseiller
commerce au
cabinet
03/04/2023
NGUYEN My-Lan Ministère délégué
chargé des PME, du
Commerce, de
l'Artisanat et du
Tourisme
Conseillère
parlementaire au
cabinet
03/04/2023
TABAROT Philippe Sénat Rapporteur
mission flash ZFE
05/04/2023
PECH Thierry Terra Nova Directeur général 20/04/2023
MILLER Laure Assemblée
nationale
Députée 02/05/2023
HERMINE Jean-
Philippe
IDDRI Directeur général 02/05/2023
MILLIENNE Bruno Assemblée
nationale
Rapporteur
mission flash ZFE
03/05/2023
LESEUL Gérard Assemblée
nationale
Rapporteur
mission flash ZFE
03/05/2023
ZAKHARTCHOUK Adrien Ministère de la
transition écologique
et de la cohésion
des territoires
Directeur adjoint
de cabinet
04/05/2023
LAVAL Sylvain Association des
Maires de France
Coprésident de la
commission
transports
09/05/2023
PUBLIÉ
octobre 2023 Acceptabilité des zones à faibles émissions Page 67/134
Nom Prénom Organisme Fonction
Date de
rencontre
LARCHER Louise Association des
Maires de France
Conseillère
transport et
urbanisme
09/05/2023
DE FONTAINES Charlotte Association des
Maires de France
Chargée des
relations avec le
Parlement
09/05/2023
AYADI Nadia Chambre de
commerce et
d?industrie Paris Ile-
de-France
Présidente de la
commission de
développement
économique
régional
09/05/2023
DUESO Nadine ADEME Cheffe du service
qualité de l?air
09/05/2023
DERKENNE Chantal ADEME Ingénieure 09/05/2023
BRETON Pierre Ministère chargé de
l?organisation
territoriale et des
professionnels de
santé
conseiller
Territoires, élus et
santé
environnementale
au cabinet
10/05/2023
BERTHELOT Florence Fédération
Nationale des
Transports Routiers
Déléguée
générale
10/05/2023
MARTIN Pauline Fédération
Nationale des
Transports Routiers
Déléguée
régionale
10/05/2023
MAILLART-
MEHAIGNERIE
Laurence Assemblée
nationale
Rapporteure
rapport
d?application loi
climat résilience
10/05/2023
GAZEAU Bruno Fédération
Nationale des
Associations
d?Usagers des
Transports
Président 15/05/2023
RICHNER Alain Fédération
Nationale des
Associations
d?Usagers des
Transports
Vice-président 15/05/2023
BOUILLON Christophe Association des
petites villes de
France
Président
//KAUFFMANN Anne Airparif Directrice études
et prospective
17/05/2023
LABORIE Anne ATMO France Déléguée
générale
17/05/2023
PUBLIÉ
octobre 2023 Acceptabilité des zones à faibles émissions Page 68/134
Nom Prénom Organisme Fonction
Date de
rencontre
ROSE Christian Confédération des
Grossistes de
France
Responsable
transport et
logistique
22/05/2023
HOURQUES Kristelle Confédération des
Grossistes de
France
Directrice des
affaires publiques
22/05/2023
JEAN Anne
Marie
France urbaine Vice-présidente
l?Eurométropole
de Strasbourg
22/05/2023
CHAUFOUR Etienne France urbaine Directeur en
charge des
mobilités
22/05/2023
CHANTRENNE Nicolas Ministère délégué
en charge de
l?industrie
Directeur adjoint
de cabinet
25/05/2023
FAURE Johann Ministère délégué
en charge de
l?industrie
Conseiller
automobile
25/05/2023
BOUDOT Éric GCK Président 07/06/2023
COLDEFY Jean Expert mobilité 07/06/2023
BARBRY Bénédicte Mobivia Directrice affaires
publiques
29/06/2023
DEGARDIN Léa Via ID Directrice Impact
et affaires
publiques
29/06/2023
LECONTE Manuel IGEDD Inspecteur
général
04/09/2023
RIVOALLON-
PUSTOC?H
Catherine IGEDD Inspectrice
générale
04/09/2023
DRUON Stéphanie IGEDD Inspectrice 04/09/2023
SCHMITT Christophe TLF Co-Président
commission
logistique urbaine
04/09/2023
PONCELET Olivier TLF Délégué général 04/09/2023
DOUY Jérôme TLF Directeur délégué
Logistique
urbaine
04/09/2023
MANDON Thierry Conseil national du
commerce
Secrétaire
général
04/09/2023
DE BOISSIEU Marie Direction générale
des entreprises
Sous directrice du
commerce et de
la restauration
04/09/2023
LE ROCH Emmanuel PROCOS Délégué général 04/09/2023
PUBLIÉ
octobre 2023 Acceptabilité des zones à faibles émissions Page 69/134
Nom Prénom Organisme Fonction
Date de
rencontre
VILLIER Nadine Fédération des
marchés de France
Secrétaire
générale
04/09/2023
PALOMBI Francis Confédération des
commerçants de
France
Président 04/09/2023
RUINART DE
BRIMONT
Laure Confédération des
commerçants de
France
Déléguée
générale
04/09/2023
BIZE Sandrine Confédération
générale de
l?alimentation de
détail
Chef de
département
04/09/2023
LAYANI Stéphane Marché d?intérêt
National de Rungis
Président
directeur général
05/09/2023
CAULLET Jean-Yves Préfet Président de la
commission des
professions
foraines et
circassiennes
11/09/2023
BELGIQUE
SENEMAUD François Ambassade de
France
Ambassadeur 23/05/2023
BOULANGER Arnaud Ambassade de
France
Chef du service
économique
régional
23/05/2023
CROZE Laurie Ambassade de
France
Adjointe au chef
de service
23/05/2023
VAN DEN
BERGHE
Jelle Ministère de
l?environnement de
la Région flamande
Membre du
cabinet
23/05/2023
DE BACKER Toby Ministère de
l?environnement de
la Région flamande
Membre du
cabinet
23/05/2023
DORNIER Pierre Les chercheurs d?air Président 23/05/2023
MARON Alain Ministère de
l?environnement de
la Région Bruxelles-
capitale
Ministre 23/05/2023
DEMUELENAERE Lucas Ministère de
l?environnement de
la Région Bruxelles-
capitale
Conseiller
mobilité, air et
climat
23/05/2023
ESPAGNE
RIBERA Teresa Ministère de la
transition écologique
Ministre 01/06/2023
PUBLIÉ
octobre 2023 Acceptabilité des zones à faibles émissions Page 70/134
Nom Prénom Organisme Fonction
Date de
rencontre
ALLEMAGNE
KUNSCHAK Martin Munich Collaborateur
personnel de la
maire
20/06/2023
LUTZ Martin
Berlin
Département de la
mobilité, des
transports, de
l?action climatique et
de l?environnement
Chef du pôle
« management
de la qualité de
l?air »
6/07/ 2023
ZIMMER Elke
Ministère des
transports, Land du
Bade-Wurtemberg
Secrétaire d'État 10/07/2023
ERDMENGER Christoph
idem
Chef du
département
mobilité durable
10/07/2023
WEESE Udo
idem
Chef d'unité
protection contre
le bruit et
protection de l'air
10/07/2023
HERMANNS Michael
Ministère de
l'Environnement, de
la Protection de la
Nature et des
Transports du Land
de Rhénanie du
Nord-Westphalie
Chef de la
division VIII ?
développement
durable
11/07/2023
SZAFINSKI Heike
idem
Directrice adjointe
de la division V-
protection contre
la pollution
11/07/2023
OCHSENFAHRT Volker
idem
Chef d'unité V 3 -
protection de l'air
11/07/2023
EHLERS Christian
idem
Unité V 3 -
protection de l'air
11/07/2023
REICHARD Ulf
Agence de Rhénanie
du Nord- Wesphalie
pour le climat,
NRW4Climate
directeur 11/07/2023
STIELER Patrick
Mairie de Cologne,
Office pour le
management de la
circulation
directeur 11/07/2023
PUBLIÉ
octobre 2023 Acceptabilité des zones à faibles émissions Page 71/134
Nom Prénom Organisme Fonction
Date de
rencontre
STROMPEN Frederik
Mairie de Cologne
directeur de
cabinet de
l?adjoint au maire
en charge de la
mobilité
11/07/2023
KEUPEN Sybille
Mairie d?Aix-la-
Chapelle
maire 12/07/2023
MEINERS Klaus
Idem,
Département Climat
et Environnement
directeur 12/07/2023
STREHLE Isabel
Idem,
Département
Urbanisme et
infrastructures
directrice 12/07/2023
LANGNER Marcel
Agence fédérale de
l?environnement
Chef du
département air
18/07/2023
ITALIE
ORIOLI Valentina
Mairie de Bologne
Assesseur à la
mobilité
26/06/2023
BONI Anna-Lisa
idem
Assesseur à la
transition
écologique
26/06/2023
MAGLIULO Claudio
Cleancities
Directeur de
Cleancities, Italie
26/06/2023
BONAVINA Sergio
Mairie de Padoue
Assesseur à la
sécurité
26/06/2023
SALA Giuseppe
Mairie de Milan
maire 27/06/2023
CENSI Ariana
Mairie de Milan
Adjointe au maire
pour la mobilité et
les transports
27/06/2023
RIAZZOLA Stefano
Mairie de Milan
Directeur de la
mobilité
27/06/2023
GIANA Arigo
ATM ( transports
publics de Milan
Directeur général 27/06/2023
MARCHETTI Paolo
ATM
Directeur de la
stratégie, de
l?innovation et de
la durabilité
27/06/2023
PUBLIÉ
octobre 2023 Acceptabilité des zones à faibles émissions Page 72/134
Nom Prénom Organisme Fonction
Date de
rencontre
FERRARA Paolo
ATM
Directeur du
système
d?information
27/06/2023
CARRERI Roberto
ATM
Responsable des
données
27/06/2023
PAYS-BAS
ALABRUNE François
Ambassade de
France
Ambassadeur 03/07/2023
ROBIN-
MITREVSKI
Aude
Ambassade de
France
Cheffe du service
économique
régional
03/07/2023
OUAHSINE Samy
Ambassade de
France
Conseiller
développement
durable
03/07/2023
KRAAIJVANGER Bart
Transdev Nederland
Manager zero
emission
03/07/2023
VALLENGOED-
UDO
Josette
Ville d?Amsterdam
Directrice du
programme zéro
émission
03/07/2023
DE BRUIN Elmer
Transport en
Logistiek Nederland
Directeur des
affaires
internationales
03/07/2023
NELCK Anne-
Marie
Transport en
Logistiek Nederland
Responsable
secteur
distribution
03/07/2023
KAPTEIJNS Arjen
Ville de La Haye
Adjoint au maire
en charge de
l?environnement
03/07/2023
VAN BREE Emma
Ministère des
infrastructures et de
la voie d?eau
Coordinatrice
zéro émission et
logistique
04/07/2023
CRAMER Rosemarie
RVO
Conseillère
mobilités et
développement
durable
04/07/2023
STAAL Peter
KNAK
directeur 04/07/2023
ONNEN Nienke
Natuur en Milieu
Responsable du
programme
mobilités
durables
04/07/2023
KOERHUIS Daniel
Parlement
Député 04/07/2023
ZELLER Helene
Ville de Rotterdam
Conseillère
affaires
internationales
11/10/2023
PUBLIÉ
https://www.denhaag.nl/nl/bestuur-en-organisatie/college-van-burgemeester-en-wethouders/wethouder-arjen-kapteijns.htm
https://www.denhaag.nl/nl/bestuur-en-organisatie/college-van-burgemeester-en-wethouders/wethouder-arjen-kapteijns.htm
octobre 2023 Acceptabilité des zones à faibles émissions Page 73/134
Nom Prénom Organisme Fonction
Date de
rencontre
STRENG Jos
Ville de Rotterdam
Responsable du
programme zéro
émission
11/10/2023
SCHRIJNEN Laurens
Ville de Rotterdam
Directeur du
programme rues
sures
11/10/2023
ROYAUME-UNI
DUCHENE Hélène
Ambassade de
France
Ambassadrice 17/07/2023
MAST Jeremy
Ambassade de
France
Conseiller
développement
durable
17/07/2023
AUCLAIR Léa
Ambassade de
France
Attachée
transports
17/07/2023
DANCE Seb
Ville de Londres
Adjoint au maire
en charge des
transports
17/07/2023
REYNOLDS Charlotte
Transport for London
Principal City
Planner
17/07/2023
HAYWARD-
SPEIGHT
Lucy
Transport for London
Head of
environment
strategy and
planning
17/07/2023
JAMES Simon
DEFRA
Directeur adjoint
Joint air quality
unit
17/07/2023
FYFIELD Dan
DEFRA
Head of digital
delvery
17/07/2023
VALJI Nandu
Department for
Transport
Projetc delivery
Lead
17/07/2023
WALTERS Fiona
DEFRA
Local authority
account manager
17/07/2023
FEENEY Hannah
DEFRA
Communication
and stakeholders
manager
17/07/2023
FITZHARRIS Ruth
Mums for Lungs
Porte-parole 17/07/2023
CLEMENTS Liz
Ville de Birmingham
Adjointe au maire
en charge des
transports
17/07/2023
ZAFFAR Wasseem
Ville de Birmingham
Conseiller
municipal
17/07/2023
ARNOLD Stephen
Ville de Birmingham
Directeur de la
CAZ
17/07/2023
PUBLIÉ
octobre 2023 Acceptabilité des zones à faibles émissions Page 74/134
PUBLIÉ
octobre 2023 Acceptabilité des zones à faibles émissions Page 75/134
Annexe 3. Glossaire des sigles et acronymes
Acronyme Signification
ADEME Agence de la transition énergétique
CAZ Clean air zone ? zone d?air pur (en Angleterre)
DEFRA
Département de l'Environnement, de
l'Alimentation et des Affaires rurales
( Royaume-Uni)
EPCI
Établissement public de coopération
intercommunale
FAP Filtre à particules
IGEDD
Inspection générale de l?environnement et du
développement durable
NO2 Dioxyde d?azote
NOx Oxyde d?azote
PM Particulate matter- particules fines
OMI Organisation maritime internationale
OMS Organisation mondiale de la santé
PL Poids lourd
TfL Transport for London
UGAP Union des groupements d?achat public
VL Véhicule léger
VUL Véhicule utilitaire léger
ZBE Zone de basses émissions (Belgique, Espagne)
ZEZ Zone zéro émission
ZFE Zone à faibles émissions
ZTL Zone de trafic limité (Italie)
PUBLIÉ
octobre 2023 Acceptabilité des zones à faibles émissions Page 76/134
Annexe 4. Vignette française Crit?air et norme Euro
Depuis 1992, la Commission européenne définit une norme d?émission, appelée « norme euro »,
pour les moteurs des véhicules. L?objectif est de limiter les émissions de polluants liées à la
circulation routière. Les exigences de la norme sont régulièrement révisées à la hausse, afin que
les constructeurs mettent sur le marché des véhicules de moins en moins polluants. Ainsi, les
véhicules neufs doivent désormais être conformes à la norme Euro 6 pour les véhicules légers et
Euro VI pour les poids lourds, en application du règlement européen n° 595/2009 en date du 18
juin 2009.
La commission européenne a proposé en novembre 2022 un projet de règlement « Euro 7 »,
destiné à entrer en vigueur en 2025, qui renforce les exigences de réduction des émissions de
polluants et prend en compte pour la première fois les émissions de particules fines causées par
l?abrasion des freins et des pneumatiques. Contesté par l?industrie automobile, ce projet fait
actuellement l?objet de débats entre les pays membres. Le Conseil de l?Europe a adopté le 25
septembre 2023 une version moins exigeante que celle proposée par la commission.
En France, l?article R 318-2 du code de la route stipule que « le classement des véhicules à moteur
en fonction de leur contribution à la limitation de la pollution atmosphérique (?) est établi à partir
de leur niveau d'émission de polluants atmosphériques ». L?arrêté du 21 juin 2016 établit la
nomenclature des véhicules, qui sont classés en fonction de leur niveau d'émission de polluants
atmosphériques en référence aux normes Euro et aux dates d?immatriculation des véhicules. Le
système de vignettes Crit?air ainsi défini comporte 6 catégories, qui se traduisent par des vignettes
de couleur différentes. La vignette est apposée sur le pare-brise du véhicule et permet d?identifier
visuellement son niveau de pollution théorique.
Dans l?échantillon étudié par la mission, seuls deux pays européens ont adopté un système de
vignettes, l?Allemagne et L?Espagne. Un système équivalent existe également en Autriche. Ces
vignettes sont propres à chaque pays et ne sont pas reconnues, sauf exception, à l?extérieur des
frontières. Des débats ont eu lieu il y a quelques années sur la possibilité d?instaurer une vignette
européenne unique valable dans l?ensemble des pays de l?Union. Ce débat, qui se heurtait au
principe de subsidiarité, est resté sans suite : les pays ayant mis en place des systèmes de contrôle
par reconnaissance des plaques d?immatriculation considéraient que le dispositif de vignette n?avait
qu?un intérêt limité.
Les figures ci-dessous présentent les vignettes françaises Crit?air dans le cas des voitures
particulières, des véhicules utilitaires légers et des poids lourds.
PUBLIÉ
octobre 2023 Acceptabilité des zones à faibles émissions Page 77/134
Figure 12: vignette crit'air:
voitures particulières, véhicules utilitaires légers, poids lourds
PUBLIÉ
octobre 2023 Acceptabilité des zones à faibles émissions Page 78/134
PUBLIÉ
octobre 2023 Acceptabilité des zones à faibles émissions Page 79/134
Source : https://www.ecologie.gouv.fr/certificats-qualite-lair-critair
PUBLIÉ
octobre 2023 Acceptabilité des zones à faibles émissions Page 80/134
Annexe 5. Allemagne
L?annexe sur l?Allemagne présente :
Les « zones environnementales » créées vers 2010
« L?interdiction de circulation des véhicules diesel » dans certaines villes vers 2020
Les réflexions sur l?amélioration de la qualité de l?air à l?horizon 2030
Dès 2010, les « zones environnementales » exigent le standard Euro 3 ou 4 pour
les véhicules diesel.
Une loi fédérale de 2006 36 crée un dispositif de « zone environnementale » ( Umweltzone)
comprenant un système de vignettes, comme en France, une liste de catégories de véhicules
exemptés et un dispositif de sanction en cas de violation des restrictions de circulation. L?objectif
principal est de réduire la pollution causée par les particules fines (PM 10).
Dans ce pays fédéral, c?est la région (le Land), qui est compétente pour la surveillance de la qualité
de l?air et la planification des mesures nécessaires. Si les exigences réglementaires ne sont pas
respectées dans une ville, la région lance l?établissement d?un plan de qualité de l?air. Les autorités
locales y contribuent en identifiant les mesures possibles, qu?il s?agisse de la création d?une « zone
environnementale » (Umweltzone) ou d?autres mesures. Elles assurent ensuite la mise en oeuvre
du plan.
Ainsi, à Berlin, la zone environnementale est mise en place en deux étapes : la vignette rouge est
imposée en 2008 et en 2010 la vignette verte, qui est la plus exigeante. Stuttgart procède de même
en 2008 et 2012 respectivement.
Il appartient aux villes de choisir le niveau d?exigence. En pratique, à une exception près, toutes
les villes ont choisi la vignette « verte », la plus exigeante du dispositif fédéral (exigence minimale
Euro 4 pour le diesel).
Il convient de noter que le dispositif allemand prévoit la possibilité de moderniser un véhicule diesel
avec un système de filtre à particules. Vers les années 2010, l?acceptabilité du dispositif a été
grandement facilitée par la possibilité d?effectuer ce rétrofit consistant à installer un filtre à particules
sur un véhicule diesel Euro 3. À Berlin, cette opération a concerné 58 000 véhicules. Dès 2012,
toutefois, en France, un avis de l?ADEME déconseillait cette solution, considérée comme peu
efficace.
Par ailleurs, des dispositions temporaires ont été mises en place pour faciliter la transition.
Aujourd?hui, ces zones environnementales sont à peine perçues comme une restriction. En effet,
en 2022, 90 % du parc immatriculé en Allemagne bénéficie de la vignette verte, ce qui signifie que
le dispositif n?est plus discriminant. Nos interlocuteurs considèrent qu?il est obsolète.
Le tableau ci-dessous montre du reste que l?exigence de la vignette verte est inférieure à l?exigence
légale applicable aux ZFE en France au 1er janvier 2025 lorsque les normes de qualité de l?air ne
sont pas respectées de manière régulière :
36 Verordnung zur Kennzeichnung der Kraftfahrzeuge mit geringem Beitrag zur Schadstoffbelastung
https://www.gesetze-im-internet.de/bimschv_35/index.html
PUBLIÉ
octobre 2023 Acceptabilité des zones à faibles émissions Page 81/134
Tableau 9: comparaison des exigences minimales en Allemagne et en France
Standard
minimum
exigé
Allemagne
(tous véhicules, sauf 2 roues )
« vignette verte »
France
( véhicules légers ,
2 roues non concernés)
Au 1er Janvier 2024* Au 1er Janvier 2025*
Diesel Euro 4
ou Euro 3 avec filtre à particule
Euro 4
(interdiction des
crit?air 4)
Euro 5
(Interdiction des
crit?air 3)
Essence Euro 1 avec pot catalytique - Euro 4
(Interdiction des
crit?air 3)
* Lorsque les normes de qualité de l?air ne sont pas respectées de manière régulière, au sens de
l?article L.2213-4-1 du code général des collectivités territoriales.
Une liste de dérogations a été introduite au niveau fédéral. Elle peut être complétée au niveau local.
Les dérogations introduites initialement pour les riverains et les artisans ont été supprimées depuis
longtemps. Un dispositif de « bonus écologique » pour l?achat d?un véhicule électrique est en place
au niveau fédéral. En revanche, la « prime à la casse » mise en place en 2009 a été supprimée
l?année suivante.
Le contrôle par caméra était interdit jusqu?en 2021 37. Néanmoins, nos interlocuteurs de Berlin
excluent cette solution, qui soulèvent dans ce pays de fortes objections de principe. À Munich, la
ville a pu vérifier par des contrôles dans les parkings que le taux de respect de la règle était
supérieur à 95%. De même, à Stuttgart, les services du Land expliquent qu?il n?y a pas de contrôles
fléchés sur la zone environnementale. Ces contrôles sont effectués à l?occasion des contrôles de
vitesse et des contrôles dans les parkings. Les infractions sont souvent de nature formelle : par
exemple, plaquette manquante ou illisible.
Les véhicules immatriculés à l?étranger sont concernés par les zones environnementales. Ils
doivent se procurer la vignette.
Pour ce qui concerne l?effet de ces zones environnementales, on peut citer le cas de la zone
environnementale de la Ruhr, qui concerne plusieurs villes de ce territoire. L'analyse des données
de 26 stations de mesure a montré une diminution de la pollution supérieure à 2 µg/m3 pour les
particules fines (PM10) et variant de 1 à 4 µg/m3 pour le NO2 en moyenne annuelle 38. Cette
diminution est bien l?effet attribuable à la zone environnementale, car les résultats ont été obtenus
en effectuant une correction pour tenir compte des changements mesurés dans les stations de
fond ou dans les stations de trafic en dehors des zones environnementales. Des calculs de
modélisation sur la diminution de la pollution de l'air à proximité des axes routiers, à météorologie
et pollution de fond constantes ont confirmé ces résultats. 39
37 https://www.lagrandeconversation.com/debat/ecologie/zones-de-faible-emission-un-risque-dexclusion-sociale-
dans-les-villes/#retours-dexperience-de-quatre-zfe-europeennes-berlin-bruxelles-londres-madrid
38 Agence fédérale de l?environnement
https://www.umweltbundesamt.de/themen/luft/luftschadstoffe/feinstaub/umweltzonen-in-deutschland#10-welche-
grundlegenden-effekte-hatten-die-umweltzonen-bisher
39 P.Bruckmann et al. ?Verbessern Umweltzonen die Luftqualität?? Landesamt für Natur, Umwelt und
Verbraucherschutz, Recklinghausen, VDI-Berichte Nr. 2113, 2011
PUBLIÉ
octobre 2023 Acceptabilité des zones à faibles émissions Page 82/134
Il faut toutefois être conscient que le gain résultant du dispositif proprement dit baisse au fil des
années, compte tenu de l?amélioration du parc de véhicules.
Cette amélioration de la qualité du parc a incité 10 villes à décider la suppression de la zone
environnementale, au motif qu?elle n?était plus nécessaire pour assurer le respect de la
réglementation en matière de qualité de l?air.
Enfin, les dispositifs mis en oeuvre par les villes dans le cadre de leur plan pour la qualité de l?air
comprennent, le cas échéant, la zone environnementale, mais aussi un ensemble d?autres
mesures, telles que le développement du réseau de pistes cyclables ou le renouvellement de la
flotte de bus.
A la date de mai 2023, 48 zones environnementales sont en place en Allemagne.
Vers 2020, les villes en dépassement de la valeur limite pour le NO2 adoptent les
normes minimales Euro 5 ou 6 ? ou d?autres solutions
Au dispositif de « zone environnementale » défini par la loi fédérale de 2006 s?ajoute dans certaines
villes un dispositif dit « d?interdiction » de circulation des véhicules diesel (« Dieselfahrverbot »).
Ce dispositif résulte d?un arrêt de 2018 de la cour suprême fédérale (Bundesverwaltungsgericht)
et peut être mis en place dans les villes où la réglementation européenne en matière de qualité de
l?air n?est pas respectée, ce qui concerne en pratique la valeur limite du NO2. Les villes concernées
restent libres de rechercher le respect de la réglementation européenne par d?autres dispositions
que cette interdiction de circulation des véhicules diesel.
Le dispositif « d?interdiction » de circulation des véhicules diesel n?interdit pas au sens strict ces
véhicules. Il s?agit le plus souvent de fixer le niveau minimum de la norme à pour les véhicules
diesel à Euro 6/VI et, parfois, pour les véhicules essence à Euro 3. Le dispositif s?applique dans
les villes de Darmstadt, Francfort, Hambourg, Mayence, Munich et Stuttgart40 et peut concerner
certaines rues ou quartiers ou bien la ville entière.
Le tableau ci-après complète le tableau 10 ci-dessus et met en évidence que les caractéristiques
minimales de « l?interdiction » de circulation des véhicules diesel sont proches du dispositif national
français applicable dans le cas où les normes de qualité de l?air ne sont pas respectées « de
manière régulière » :
Tableau 10: comparaison des exigences minimales en Allemagne et en France
Standard
minimum
exigé
Allemagne
France
( véhicules légers,
2 roues non concernés)
Zone environnementale
traditionnelle :
« vignette verte »
(tous véhicules,
sauf 2 roues )
« Interdiction » de
circulation des
véhicules diesel
Au 1er Janvier
2024
Au 1er Janvier
2025
Diesel Euro 4
ou Euro 3 avec FAP
Euro 5 ou 6
Euro 4 Euro 5
Essence Euro 2
ou Euro 1
avec pot catalytique
Dans certains cas :
Darmstadt : Euro 3
- Euro 4
40 https://www.db-anwaelte.de/abgasskandal/diesel-fahrverbot/
PUBLIÉ
octobre 2023 Acceptabilité des zones à faibles émissions Page 83/134
À propos de l?acceptabilité du dispositif « d?interdiction » de circulation des véhicules diesel, les
services de la région de Baden Wurtemberg relèvent l?écart entre les exigences pour le diesel (Euro
6) et celles pour l?essence (Euro 2). Ils soulignent que les ménages n?ayant pas les moyens de
remplacer leur véhicule diesel peuvent plus facilement le remplacer par un véhicule à essence.
Cinq villes où la valeur limite du NO2 était dépassée illustrent différentes approches possibles pour
y remédier, en recourant ou non à « l?interdiction » de circulation des diesels.
Dans 3 villes, « l?interdiction » de circulation des véhicules diesel a été mise en place ? et elle a
pu être levée deux ans après dans l?une d?entre elles :
- À Stuttgart, la région, qui est compétente, a mis en place une « interdiction » de circuler des
véhicules diesels ; Il existe deux zones, l?une mise en place en 2019 et couvrant la ville
entière, où la norme Euro 5 est exigée, l?autre mise en place en 2020 sur un périmètre
restreint, où la norme Euro 6 est exigée. Grâce à ces mesures, la valeur limite du NO2 est
respectée depuis 2021.En 2019, les ménages et les entreprises ont reçu une information
préalable (envoi d?un dépliant).
Les services de la région estiment que la population approuve la mesure. Ils rappellent à
cet égard le dispositif d?alerte sur les particules fines qui existaient précédemment. À
l?époque, les gens se plaignaient des troubles qu?ils ressentaient dans ces périodes et se
demandaient quand les autorités prendraient des mesures sérieuses sur le sujet. Par
ailleurs, les articles du journal local sur la qualité de l?air ont contribué à sensibiliser le
public au sujet.
Quelques sections très spécifiques qui pâtissaient d?un fort niveau de pollution en particules
fines et dioxyde d?azote a été équipée de colonnes filtrantes, permettant de réduire le niveau
de pollution :
Figure 13: colonnes filtrantes, à Stuttgart, Neckartor
PUBLIÉ
octobre 2023 Acceptabilité des zones à faibles émissions Page 84/134
Source mission
- À Munich, le dispositif « d?interdiction » de circuler des véhicules diesels comporte 3 étapes
successives :
o La valeur moyenne du NO2 dépassant en 2022 la valeur limite sur plusieurs points de
mesure, la 1ère étape est intervenue au 1er février 2023. À cette date, le périmètre de
la zone environnementale, qui comprenait la zone comprise strictement à l?intérieur du
périphérique intermédiaire (Mittlerer Ring) est étendu à ce périphérique lui-même ; le
niveau d?exigence minimum est porté à Euro 5/V ; outre les dérogations habituelles (les
personnes handicapées, les services de soin, ...), de larges dérogations sont prévues
à ce stade, notamment pour les résidents de la zone, les livraisons et les artisans.
Il était prévu que les deux autres étapes seraient mises en oeuvre respectivement au 1er
octobre 2023 et au 1er avril 2024, si cela était nécessaire pour obtenir le respect de la valeur
limite du NO2 :
o La 2ème étape consiste à porter l?exigence minimale à Euro 6/VI ;
o La 3ème étape consiste à supprimer les dérogations pour les résidents et les livraisons.
Toutefois, la ville a décidé, fin juillet, de suspendre temporairement l?a mise en oeuvre de l?étape
2 et de renoncer à l?étape 3.
- À Stuttgart, comme à Munich, même si l?on fait abstraction dans le cas de Munich des
dérogations temporaires pour les résidents et les livraisons, le dispositif de dérogation est
très large (cf. annexe 5).
- À Berlin, la zone environnementale nécessitant la vignette « verte » couvre environ 10% de
la surface de la ville et concerne 1 M de personnes sur une population totale de 3,7 M. Une
« interdiction » de circuler des véhicules diesel a été mise en place en 2020. Elle présente
la particularité d?être limitée à 8 voies. L?interdiction a été levée en 2022, car elle n?était plus
nécessaire au respect de la réglementation. Nos interlocuteurs de Berlin sont d?avis que cette
solution d?interdiction de certaines voies comporte des limites : elle permet d?éviter le
dépassement de la valeur limite, mais ne fait que déplacer le trafic et, par conséquent, la
pollution.
Dans deux villes, des solutions autres que « l?interdiction » de circulation des véhicules diesel sont
mises en place :
À Cologne, en 2019, la valeur limite du NO2 n?était pas respectée et la ville était menacée d?une
interdiction de circulation des véhicules diesel. Cette situation a suscité un large débat sur le rythme
du changement en matière de transport urbain. Le débat a fait apparaître que des mesures moins
radicales que l?interdiction de circulation des véhicules diesel pouvaient être envisagées.
Les mesures suivantes ont été mises en oeuvre :
o L?optimisation des feux de circulation ;
o La diminution du nombre de voies sur le pont sur le Rhin ;
o La création de lignes de bus express ;
o L?extension du périmètre de la zone environnementale à la quasi-totalité de la ville, soit
une surface de 137 km2, les autoroutes, le port et une zone d?activité étant exclus ;
o L?interdiction de transit des poids lourds ;
o La gestion améliorée des places de parking (diminution du nombre de places de
stationnement, augmentation du prix du parking pour les résidents, ?) ;
o Le développement des voies cyclables ;
o L?électrification de la flotte de bus, qui a bénéficié d?une subvention à hauteur de 70%
par l?État fédéral
Un système de suivi en temps réel du trafic et de la pollution de l?air a été mis en place. Il
s?appuie à la fois sur des données de points de mesure et des données de modélisation. Dès
2020, les exigences réglementaires en matière de qualité de l?air ont été respectées. La ville de
PUBLIÉ
octobre 2023 Acceptabilité des zones à faibles émissions Page 85/134
Cologne a par ailleurs mené avec Ford une expérimentation portant sur l?utilisation de véhicules
hybrides dans les zones environnementales : fondé sur la blockchain, le dispositif permettait
l?enclenchement automatique du moteur électrique à l?entrée dans la zone et le suivi des
données de circulation pertinentes. 41
- À Aix-la-Chapelle, la limite n?était pas respectée non plus sur 6 points de mesure pour le
NO242 ; à la suite d?une décision du tribunal administratif supérieur (Oberverwaltungsgericht
de Münster) déclarant illégal le plan de qualité de l?air de 2019, des mesures ont été adoptées
pour éviter une interdiction de circulation des véhicules diesel: acquisition de bus Euro 6 ou
électriques, installation de filtres à NO2 sur le parc existant, augmentation sensible du prix
du stationnement sur la voie publique et limitation de la durée à une heure, extension du
réseau de voies cyclables. En 2023, les exigences réglementaires sont respectées.
-
Le tableau ci-après récapitule le niveau d?exigences Euro dans les cinq villes :
Tableau 11: caractéristiques des zones environnementales étudiées par la
mission
Ville Périmètre Norme
minimale
diesel
Norme
minimale
essence
Observations
Stuttgart 43
Dieselfahrverbot sur 2
périmètres
(quelques sections ex-
clues) :
-ville entière
-petite zone
-Euro 5/V
-Euro 6/VI 44
-Contrôle par la po-
lice
-Nombreux P+R
Munich
Dieselfahrverbot mis
en place en 3 étapes
1ère étape au 1er fé-
vrier 2023
A cette date, Le péri-
mètre de la Umwelt-
zone est étendu au
Mittlerer Ring
Vignette verte
+
1ère étape du
Dieselfahrver-
bot :
Euro 5/ V
dérogations
temporaires :
résidents, livrai-
son, artisans
Vignette
verte
Si les exigences sur
le NO2 ne sont pas
respectées :
- au 1er octobre
2023 : Euro 6/VI
- au 1er avril 2024 :
suppression des
dérogations pour
résidents et livrai-
sons
41 https://media.ford.com/content/fordmedia/feu/de/de/news/2021/01/22/geofencing-und-blockchain-modell-
projekt-praesentiert-ergebnisse.html
42https://www.aachen.de/DE/stadt_buerger/umwelt/luft-
stadtklima/luftreinhalteplan_umweltzone/luftreinhalteplan_2022/luftreinhalteplan_aachen_03_fortschreibung_2022
.pdf
43 https://www.stuttgart.de/leben/mobilitaet/dieselverkehrsverbot/dieselverkehrsverbot.php
44 possibilité d?équiper les PL d?un système de traitement des gaz d?échappement
https://vm.baden-wuerttemberg.de/de/mensch-umwelt/luftreinhaltung/umweltzonen-und-lkw-durchfahrtsverbote
PUBLIÉ
octobre 2023 Acceptabilité des zones à faibles émissions Page 86/134
Berlin
ZFE = 88 km2 sur 892
km2
-concerne 1M de per-
sonnes sur 3,7 M pour
Berlin
vignette verte
Mesures complé-
mentaires en
201945 :
-limitation à
30km/h sur cer-
tains tronçons ;
Cologne 46
Quasi-totalité
de la ville
Vignette verte
Aix-la-Chapelle47
25km2 sur 160km2
Zone comprise à l?in-
térieur du périphé-
rique extérieur
-Vignette verte
-les inconvénients du NO2 pour
des concentrations relativement
faibles sont soulignés48
4 P+R
Les réflexions sur l?amélioration de la qualité de l?air à l?horizon 2030 s?appuient
sur les politiques de neutralité climatique
Un projet de « vignette bleue », qui aurait concerné les véhicules électriques et les véhicules diesel
Euro 6 a été abandonné par le gouvernement en 2016, faute d?un accord politique sur le sujet. En
pratique, le dispositif « d?interdiction » des véhicules diesel, qui a été imposé par les tribunaux, est
équivalent.
Pour ce qui concerne les évolutions à long terme, les entretiens menés par la mission ont montré
que les régions (Länder) et les villes ont entamé une réflexion sur les moyens de respecter les
futures exigences réglementaires au niveau européen.
Les services de la région de Baden Wurtemberg se montrent confiants dans la possibilité
d?atteindre aisément une valeur limite de 20 µg/m3 pour le NO2, même dans une ville comme
Stuttgart. La valeur limite de l?ozone serait en revanche plus délicate à respecter. Ils justifient leur
optimisme en se référant aux effets sur la qualité de l?air des mesures prévues en matière de
limitation des émissions de gaz à effet de serre. La région s?est fixée comme objectif d?atteindre la
neutralité carbone en 2040 et une diminution de 55% des émissions dès 2030. Les sous-objectifs
correspondants comprennent :
- Le doublement de l?utilisation des transports publics ;
- La moitié des déplacements réalisés à pied ou à vélo ;
- Une voiture sur deux actionnée par une énergie renouvelable ;
- La diminution de 20% de la circulation routière dans les villes et les zones rurales ;
- La moitié du fret transporté par des moyens climatiquement neutres.
Dans la région de Rhénanie du Nord-Westphalie, dans la perspective d?exigences de qualité de
l?air plus sévères à l?avenir, les réflexions portent sur la possibilité d?imposer la norme minimale
45 https://www.lagrandeconversation.com/debat/ecologie/zones-de-faible-emission-un-risque-dexclusion-sociale-
dans-les-villes/#retours-dexperience-de-quatre-zfe-europeennes-berlin-bruxelles-londres-madrid
46 https://www.stadt-koeln.de/artikel/03399/index.html
https://www.bezreg-
koeln.nrw.de/brk_internet/leistungen/abteilung05/53/luftreinhalteplaene/luftreinhalteplan_koeln_03_fortschreibung
.pdf
47 https://www.aachen.de/DE/stadt_buerger/umwelt/luft-
stadtklima/luftreinhalteplan_umweltzone/pdf_materialien_fotos/umweltzone_ac_karte.pdf
48 https://www.aachen.de/DE/stadt_buerger/umwelt/luft-
stadtklima/luftreinhalteplan_umweltzone/luftqualitaet_viertel/index.html
PUBLIÉ
octobre 2023 Acceptabilité des zones à faibles émissions Page 87/134
Euro 5 et sur la création de zones à zéro émission, pour laquelle des dispositions législatives seront
nécessaires. Plus généralement, la région considère que la pratique actuelle de circulation
individuelle motorisée ne pourra pas être poursuivie. Dans l?alternative entre « interdire ceci » ou
« encourager cela », une préférence est exprimée en faveur de la seconde solution. Par exemple,
réserver une voie de circulation aux bus et aux taxis est préférable à une mesure d?interdiction, car
la liberté de circulation est un principe fondamental.
Le représentant de la ville de Berlin, au niveau des services, a indiqué que, à son niveau, les
réflexions intégraient désormais, entre autres, la perspective de l?évolution de la réglementation
sur la qualité de l?air à l?horizon 2030. Il a indiqué que, dans ce contexte, la « zone à zéro émission »
faisait partie des pistes de travail. Il a émis le souhait que les grandes villes (Paris, Amsterdam, ...)
puissent réfléchir ensemble à ces questions. Néanmoins, la zone à zéro émission ne figure pas
parmi les pistes de travail du gouvernement conservateur en place.
La ville d?Aix-la-Chapelle, constatant que l?évolution des différents polluants a atteint un plateau,
estime, dans le même esprit, que la poursuite de la diminution nécessite de privilégier des mesures
qui servent également à la neutralité climatique. La ville d?Aix-la-Chapelle dispose d?une réflexion
approfondie sur le sujet, puisqu?elle participe à la Mission européenne sur « la neutralité climatique
dans 100 villes. »49
Les mesures envisagées reposent sur deux principes :
- Rendre attractive l?offre pour un changement durable des moyens de transport
- Ne plus rendre attractive la voiture comme moyen de transport premier dans la circulation
individuelle motorisée.
Parmi les options possibles sont envisagées :
- Des mesures relevant du niveau fédéral :
o L?établissement de zones réservées aux véhicules Euro 6+ ou « zéro émission » ; la
durée de mise en oeuvre pourrait s?échelonner de 2030 à 2035 ;
o L?augmentation rapide du prix du CO2 ou des taxes sur les carburants fossiles ; effet
de levier à court terme ;
o La limitation de vitesse à 30 km/h sur de vastes surfaces dans les grandes villes; effet
de levier à court terme ;
o Une réforme de la taxation des véhicules ayant une orientation climatique (par
exemple, la prise en compte du poids) ; effet de levier à court terme
- Des mesures relevant de la collectivité locale :
o L?extension du réseau de pistes cyclables ; la priorisation des transports publics dans
les rues d'Aix-la-Chapelle ; réaménagement urbain à long terme ;
o La construction de garages de quartier ; la création de places de P+R ; stratégie à
long terme ;
o Une nouvelle augmentation du prix des places de stationnement dans les espaces
publics ; peut être mise en oeuvre rapidement ;
o L?optimisation de la fluidité du trafic pour réduire les émissions polluantes ; recours à
l?intelligence artificielle ?
L?office fédéral pour l?environnement souligne que, dans la perspective de la nouvelle directive sur
l?air, le problème majeur ne serait plus le NO2, comme actuellement, mais les particules. En effet,
les véhicules électriques permettent de maîtriser les émissions de NO2, mais non celles des
particules fines. Certes, les émissions des véhicules électriques au freinage sont plus faibles,
puisque leur système de ralentissement sollicite moins les freins mécaniques. Mais les véhicules
électriques, étant plus lourds, sont équipés de pneus plus larges, qui émettent plus de particules.
Globalement, leurs émissions de particules fines sont équivalentes aux émissions de particules
49 https://research-and-innovation.ec.europa.eu/funding/funding-opportunities/funding-programmes-and-open-
calls/horizon-europe/eu-missions-horizon-europe/climate-neutral-and-smart-cities_en
PUBLIÉ
octobre 2023 Acceptabilité des zones à faibles émissions Page 88/134
fines, hors échappement, des véhicules à énergie fossile. Or ces émissions hors échappement
représentent la moitié environ des émissions des véhicules à énergie fossile. Par conséquent, le
véhicule électrique ne résout pas la question des particules fines.
L?office fédéral pour l?environnement estime donc qu?il sera nécessaire d?abandonner la mobilité
individuelle motorisée et d??inventer un nouveau concept de mobilité, reposant notamment sur les
transports publics et le vélo.
Quant aux « zones à zéro émission », il ne pourra pas s?agir de zones accueillant largement les
véhicules électriques.
Enfin, la diminution de la pollution de l?air nécessite d?agir sur les autres sources de pollution. Notre
interlocuteur a mentionné la loi sur le chauffage, en cours de discussion, qui ferait évoluer le
chauffage des bâtiments vers les pompes à chaleur.
PUBLIÉ
octobre 2023 Acceptabilité des zones à faibles émissions Page 89/134
Annexe 6. Italie
L?annexe sur l?Italie présente :
Le dispositif national
La ZFE de Milan
La ZFE de Rome
Le cas de Bologne
Une comparaison des normes Euro minimales pour ces 3 villes
Le dispositif national permet une large variété de dispositifs
En Italie, des « zones à trafic limité » (ZTL) ont été mises en place dès les années 70, sur des
périmètres restreints au centre-ville, dans des villes désireuses de restreindre le trafic dans les
zones où les émissions de particules des véhicules noircissaient le patrimoine archéologique et
architectural, notamment à Ferrare, Florence et Sienne.
Selon une disposition législative sur les ZTL mise en place en 1992 :
- les villes fixent les modalités, sur la base d?un dispositif national ;
- le ministère publie une liste de villes autorisées à instituer une ZTL.
Une directive ministérielle de 1997 précise les modalités d?application, qui sont très souples, de
sorte qu?une ZTL peut recouvrir :
- Une zone à trafic limité dans son acception initiale : une autorisation de circulation est
accordée uniquement pour certains usages (livraison par exemple) ou certaines catégories
de la population (par exemple, les résidents d?un quartier, détenteurs d?un permis d?accès
qui peut être payant) ;
- Une zone à faibles émissions au sens où on l?entend en France : interdiction de circulation
pour les véhicules les plus polluants; dans certaines régions, le dispositif est activé
seulement l?hiver, le niveau de pollution étant plus élevé dans cette période;
- Un péage urbain.
Certaines villes, telles que Milan et Rome, ont mis en place plusieurs dispositifs sur différents
périmètres.
Des accords ont été conclus au niveau régional : la LEZ de Lombardie regroupe 570 communes,
dont Milan, qui se répartissent en 3 « bandes », où les restrictions sont différentes.
A Milan, l?adoption d?un plan de mobilité durable a préparé la mise en place d?une
ZFE sur un périmètre étendu
Un péage urbain calculé en fonction du niveau d?émissions du véhicule est mis en place dans le
centre-ville en 2008. En 2011, un référendum a confirmé le péage à une large majorité (79%).
Toutefois, pour éviter l?augmentation du trafic qui résultait du remplacement des véhicules anciens
par des véhicules à basses émissions, le dispositif est remplacé en 2012 par un péage urbain dont
le prix ne varie pas en fonction de la classe du véhicule.
En 2018, la ville de Milan adopte un plan pour la mobilité durable : une large place est donnée à la
ville à 30km/h. Le réseau cyclable est largement développé. De nouvelles lignes de métro et de
tramway sont lancées. La mobilité partagée est encouragée.
Le terrain est ainsi bien préparé pour la mise en place en 2019 d?une seconde zone à faibles
émissions sur un périmètre beaucoup plus étendu. La ville de Milan comprend ainsi deux zones à
PUBLIÉ
octobre 2023 Acceptabilité des zones à faibles émissions Page 90/134
faibles émissions :
- La première, dite zone C, d?une surface de 8 km2, couvre le centre-ville et comprend aussi
un péage urbain ;
- La seconde, dite zone B, d?une surface de 130 km2, couvre 70 % de la surface de la ville
et 97% de sa population ; elle est en vigueur du lundi au vendredi de 7h30 à 19h30 hors
jours fériés.
Figure 14: périmètres de la zone C (en vert) et de la zone B (en rouge)
Source : http://www.comune.milano.it/wps/portal/ist/it/servizi/mobilita/Area_B
La zone C a donné lieu à beaucoup de discussions avec les professionnels pour rechercher une
bonne acceptabilité. Elle est bien acceptée dans la mesure où l?augmentation de la vitesse
commerciale des véhicules et les aides au remplacement des véhicules viennent compenser le
péage.
Pour la zone B, deux mesures ont été mises en place pour aider à la transition :
- après interdiction d?une catégorie de véhicules, 50 accès gratuits sont offerts à ces véhicules
la première année et 25 l?année suivante. Après le premier passage, une lettre d?information est
transmise au propriétaire du véhicule.
- le dispositif Move in : il s?agit d?un boitier installé dans le véhicule qui enregistre le nombre de
km parcourus dans Area B pendant la journée. En fonction de la classe d?émission, le véhicule non
conforme est autorisé à parcourir un certain nombre de km par an dans la zone. Ce système donne
la possibilité de ne remplacer le véhicule qu?un peu plus tard et d?avoir quand même un accès pour
des besoins limités (2000 km pour un véhicule diesel Euro 5, mais 300 seulement pour un diesel
Euro 1). L?expérimentation est menée avec les régions Lombardie, Émilie-Romagne et Piémont.
Des discussions sont en cours avec le ministère pour examiner si le dispositif ne pourrait pas se
substituer aux caméras pour le contrôle des ZTL. En décembre 2022, 59 000 véhicules étaient
équipés du boitier Move-in.
PUBLIÉ
octobre 2023 Acceptabilité des zones à faibles émissions Page 91/134
Le dispositif d?aide financière de la ville de Milan vient compléter celui de l?État. La subvention de
la ville est désormais réservée à l?achat de véhicules neufs, alors qu?elle distinguait précédemment
les véhicules neufs, 0 km et d?occasion.
L?aide aux particuliers (résidents à Milan) est accordée pour l?achat d?un véhicule de catégorie M1,
électrique, hybride ou essence d?une valeur inférieure à 45 000 ¤. Une majoration est consentie
aux ménages modestes (revenus ISEE- ie revenu de référence) inférieurs ou égaux à 20 000 ¤).
Les montants accordés varient également en fonction du niveau d?émission de CO2.
L?aide aux petites et moyennes entreprises est accordée selon les mêmes principes, pour l?achat
d?un véhicule, électrique, hybride ou essence, en fonction du niveau d?émission de CO2.
De 2018 à 2022, les aides accordées par la ville ont atteint 22 M¤, dont 12 M¤ pour les entreprises
et 16 M¤ pour les particuliers. En 2022, ces montants ont atteint 2 M¤ pour les entreprises et 3M¤
pour les particuliers.
Rome a également défini plusieurs périmètres
Depuis 1989, la ZTL de Rome (« zone à trafic limité ») interdit l'accès à certains types de véhicules
à certaines heures de la journée. Cette ordonnance municipale s'applique désormais à différentes
zones de la ville, chacune avec des restrictions spécifiques. Il existe plusieurs zones :
- La ZTL du centre historique ; en brun sur la carte ci-après ;
La circulation est réservée aux résidents, aux personnes travaillant dans la zone, aux véhicules
transportant des personnes handicapées, aux taxis et VTC.
- Les ZTL anneau ferroviaire et VAM (cars touristiques) ; en bleu
et la « Fascia Verde » (« la zone verte ») ;
Ces zones sont des ZFE : la circulation est autorisée pour les véhicules répondant à une norme
minimale Euro (cf. tableau 12 ci-après).
En outre, un dispositif de péage urbain serait mis en place en 2024 sur la partie centrale de la
zone verte50.
Ces zones sont représentées sur la carte ci-après :
50 https://www.romatoday.it/attualita/fascia-verde-roma-multe-quando.html
PUBLIÉ
octobre 2023 Acceptabilité des zones à faibles émissions Page 92/134
Figure 15: périmètre des ZTL à Rome
A Bologne, la ZFE ne sera mise en place qu?à la mise en service de la première
ligne de tramway
La ville de Bologne (population de 400 000 habitants et 1 M pour l?agglomération) a mis en place
depuis de nombreuses années une ZTL dans le centre-ville : l?accès de la zone est restreint aux
véhicules disposant d?une autorisation (résidents, livraison).
En 2018, il a été décidé d?introduire des critères environnementaux, exprimés en fonction de la
norme Euro, le niveau d?exigence étant relevé d?année en année (voir tableau ci-). Des incitations
financières pour la mise à la casse d?un véhicule polluant sont octroyées sous la forme de
réductions pour les abonnements de transport public ou la mobilité partagée. La transition est
facilitée par l?octroi de permis d?entrée, pour une durée de deux ans, pour les personnes
propriétaires de véhicules non conformes. Le contrôle est un contrôle automatisé par caméra.
La ville prévoit d?étendre le périmètre de la zone à une date qui coïnciderait avec la mise en service
de la première ligne de tramway à la fin des années 2020.
Si une ZFE ambitieuse paraît bien acceptée à Milan, à Rome la mise en place
prochaine d?un système de contrôle automatisé suscite des réactions négatives
Si une ZFE ambitieuse paraît bien acceptée à Milan, à Rome la confirmation de la mise en place
prochaine d?un système de contrôle automatisé a soulevé des protestations.
Il est intéressant de comparer, pour les 3 villes présentées ci-dessus, le niveau d?exigence exprimé
en fonction de la norme Euro, pour les véhicules légers. Pour Milan et Rome, la comparaison porte
sur la zone la plus étendue, qui correspond aux ZFE telles qu?on les entend en France : la zone B
à Milan et la « zone verte » à Rome.
À Milan, l?évolution du dispositif est annoncée jusqu?à 2030, date d?interdiction des véhicules diesel
légers dans la zone B. Le niveau d?exigence est déjà élevé : Euro 6 pour les véhicules légers diesel.
Le maire, que la mission a rencontré, réfléchit à de nouvelles évolutions.
À Rome, les exigences réglementaires en matière de qualité de l?air n?étant pas respectées, la ville
PUBLIÉ
octobre 2023 Acceptabilité des zones à faibles émissions Page 93/134
vient de confirmer le passage à Euro 5 à partir de novembre 2023, puis Euro 6 à partir de novembre
2024, pour les véhicules légers diesel. L?annonce, qui a été faite à l?occasion de la parution d?une
ordonnance le 30 juin 2023 prolongeant jusqu?en octobre les dispositions en place 51, a soulevé
des protestations s?expliquant notamment par la mise en service du système de contrôle
automatisé en novembre. Par ailleurs, les transports publics sont bien moins performants à Rome
qu?à Milan. Des mesures sont à l?étude pour atténuer l?impact des mesures. En particulier, le
recours au dispositif Move in est évoqué, ainsi que des aides pour l?achat de véhicules moins
polluants et des dérogations pour certaines catégories, telles que les taxis.
Des courriers seront transmis aux propriétaires des véhicules interdits à partir de novembre 2023
pour les informer de la mesure. La mesure concerne 30 000 résidents, mais aussi plus de 300 000
véhicules qui accèdent à la zone verte depuis des zones extérieures .
Bologne prévoit aussi d?exiger Euro 5 sur la ZTL au 1er janvier 2024, mais le périmètre limité de la
zone facilite cette évolution. L?extension du périmètre est envisagée et coïnciderait avec la mise
en service de la première ligne de tramway.
Le tableau ci-après présente les normes minimales applicables à Milan, Rome et Bologne :
Tableau 12: norme Euro minimale à Milan, Rome et Bologne
Ville Diesel essence
MILAN Area B
Véhicules légers :
2019
2020
2022 VP
2025 VP et VUL
2028
2030
Transports de
marchandises :
2024
2025
2028
Euro 4
Euro 6
Euro 6d **
Euro 6d
interdit
Euro 6
Euro 6 d **
Euro 6 d
Euro 1
Euro 2
Euro 3
Euro 4
Euro 5
Euro 3
Euro 4
Euro 5
ROME Zone verte52 VL
- Actuellement :
- à partir de 11 2023 :
- à partir de 11 2024 :
Euro 4
Euro 5 **
Euro 6**
Euro 3
Euro 4
BOLOGNE VL
périmètre de la ZTL :
- Actuellement
- 1er Janvier 2024
- 1er Janvier 2025
L?hiver,
périmètre de la ville :
- hiver 2023
- hiver 2025
Euro 4
Euro 5
Euro 6
Euro 5
Euro 6
Euro 3
Euro 3
Euro 3
* si le véhicule est acheté avant 2018
** y compris pour les véhicules utilitaires N1, N2, N3, sur 2 tranches horaires
51 https://www.comune.roma.it/web-resources/cms/documents/O.S._n._76_del_30_giugno_2023.pdf
52 https://romamobilita.it/it/servizi/ztl/fascia-verde
PUBLIÉ
octobre 2023 Acceptabilité des zones à faibles émissions Page 94/134
Pour ce qui concerne les véhicules autres que les véhicules légers, précisons le cas de Milan :
la zone B s?applique à l?ensemble des véhicules, y compris les 2 roues, le calendrier étant
toutefois différent.
En conclusion, un tableau nuancé ressort de l?exemple italien :
La norme minimale Euro 6 étant d?ores et déjà en place sur un large périmètre, Milan offre
l?exemple d?une ZFE ambitieuse (norme minimale Euro 6 pour les véhicules diesel) et bien
acceptée ;
À Rome, où le réseau de transports publics est moins performant, la confirmation de la
mise en service prochaine d?un système de contrôle automatisé, à l?occasion du passage
à la norme minimale Euro 5 pour les véhicules diesel, a entraîné des réactions, que la
ville s?efforce de maîtriser en annonçant des aides et des mesures de transition ; cela
confirme a contrario l?importance d?une concertation préalable portant notamment sur les
dérogations et le cas échéant sur les aides financières de la collectivité territoriale.
En prévoyant la mise en place de la ZFE à la date de la mise en service d?une première
ligne de tramway, Bologne confirme l?importance de la qualité du réseau de transports
publics pour la réussite du projet.
PUBLIÉ
octobre 2023 Acceptabilité des zones à faibles émissions Page 95/134
Annexe 7. Belgique
L?annexe sur la Belgique présente :
Les dispositifs régionaux ;
La ZFE de Bruxelles
La ZFE de Gand
Les dispositifs régionaux
En Belgique, les ZFE sont de la compétence des régions. Le pays comprend 3 régions : la Région
de Bruxelles-capitale, la Région flamande et la Région wallonne.
Bruxelles a mis en place une ZFE en 2018.
La Flandre a mis en place un dispositif qui définit précisément les caractéristiques des ZFE. Il
appartient aux villes de décider de les mettre en place ou non.
La Wallonie a adopté en 2019 un décret organisant l'interdiction progressive de circuler des
véhicules les plus polluants. Ce décret comporte deux volets :
La possibilité pour les villes et communes de mettre en place une zone de basses
émissions ; actuellement, aucune ville n'a mis en place la mesure.
L'interdiction progressive de circuler pour les véhicules les plus polluants sur tout le terri-
toire de la région wallonne ; le démarrage de cette interdiction progressive de circuler était
initialement prévu au 1er janvier 2023, mais a été reporté au 1er janvier 2025 en raison
des difficultés résultant de l?augmentation des prix de l?énergie.
Le tableau ci-dessous résume les principales caractéristiques des ZFE de Bruxelles et, en Flandre
de Gand et Anvers. Ces dispositifs de Bruxelles et de la Région flamande sont très proches, mais
Bruxelles se distingue en décrivant des évolutions successives jusqu?à 2036.
Tableau 13: principales caractéristiques des ZFE de Bruxelles et de la Flandre
Ville Caractéristiques Standard minimum VL observations
Diesel Essence
Bruxelles53
créé en 2018
160 km2
1,2 M d?habitants.
couvre l?ensemble
de la ville, mais
certaines voies
telles que le boule-
vard périphérique
en sont exclues
2018 : Euro 2 /II
2019 : Euro 3 / III
2020 : Euro 4 /IV
2022 : Euro 5/V
2025 : Euro 6/ VI
2028 : Euro 6d/VI
2030 : interdit/VId
Les PL VI d restent
autorisés jusqu?en
2035, les PL VI e
sans limite
-
Euro 2/II
Euro2/II
Euro 2/II
Euro 3/III
Euro 4
Euro 6d
Applicable 7j/7,
24h/24
2 roues et poids lourds
concernés
à partir de 2025.
renforcement
jusqu?en 2036
53 https://www.lagrandeconversation.com/debat/ecologie/zones-de-faible-emission-un-risque-dexclusion-sociale-
dans-les-villes/#retours-dexperience-de-quatre-zfe-europeennes-berlin-bruxelles-londres-madrid
https://leefmilieu.brussels/sites/default/files/arrete_lez.pdf
PUBLIÉ
https://www.lagrandeconversation.com/debat/ecologie/zones-de-faible-emission-un-risque-dexclusion-sociale-dans-les-villes/#retours-dexperience-de-quatre-zfe-europeennes-berlin-bruxelles-londres-madrid
https://www.lagrandeconversation.com/debat/ecologie/zones-de-faible-emission-un-risque-dexclusion-sociale-dans-les-villes/#retours-dexperience-de-quatre-zfe-europeennes-berlin-bruxelles-londres-madrid
octobre 2023 Acceptabilité des zones à faibles émissions Page 96/134
Anvers et
Gand
Dispositif
régional
pour la
Flandre
Gand : périmètre
de 7 km2 sur 157
- actuellement :
- au 1er janvier
2025*
Euro 5
Euro 6
Euro 2
Euro 3
Il est prévu de préciser
le dispositif au-delà de
la période actuelle-
ment prise en compte
et jusqu?à 2035, avec
notamment une inter-
diction des VL diesel
en 2031
* date susceptible d?être décalée au 1er Janvier 2026.
La ZFE de Bruxelles
Un premier arrêté, publié en 2018, a défini les règles jusqu?à 2025. Le dispositif actuellement défini
décrit les évolutions jusqu?en 2036.
Dans la phase préparatoire, des actions de sensibilisation sur les enjeux de la qualité de l?air ont
été menées en fournissant aux particuliers des capteurs leur permettant de prendre conscience de
la mauvaise qualité de l?air.
Une consultation des acteurs a été menée en 2018. Elle a permis de définir différentes questions
à approfondir par le biais d?études : émissions du transport, budget des flottes des pouvoirs publics,
santé, mobilité, aspects économiques et sociaux, énergie.
Sur la base de ces études, une feuille de route « mobilité à faible émission » a été adoptée en
juillet 2022. Décrivant la stratégie de la Région pour la mise en oeuvre concrète de la décarbonation
du transport, elle contient les différentes actions et mesures d?accompagnement à entreprendre,
auprès de différents publics cibles, afin que la transition soit juste et sociale.
L?objectif annoncé est d?aller vers une zone à zéro émission : à partir de 2035, la zone à faibles
émissions deviendra une zone « zéro émission directe » pour les voitures personnelles, les
camionnettes et les deux-roues motorisés, et, à partir de 2036, pour les bus urbains. Aucune date
n?a encore été décidée pour les poids lourds et les autocars.
Le dispositif s?appuie sur le plan régional de mobilité « good move », fortement axé sur le
développement d?alternatives à la voiture individuelle. Le plan a pour objectif de réduire la part
modale de la voiture de 25% en 2030 par rapport à 2018, en visant le transfert modal et la
diminution de la possession de la voiture. Good Move favorise fortement la marche, le vélo, les
transports publics et le développement des services de mobilité numériques (Mobility as a Service
ou MaaS); par ailleurs, il existe 5 P+R.
Des mesures sont adoptées pour faciliter l?acceptation :
Période transitoire de 3 mois sans amende à chaque changement de réglementation ;
Pass journalier payant pour les véhicules non conformes ;
Un service personnalisé de conseil en mobilité (Mobility Coach) est proposé: il permet notamment
d?obtenir des informations sur la prime mobilité Bruxell?Air.
Des financières sont apportées:
Pour les professionnels:
? les petites et moyennes entreprises peuvent bénéficier d?une aide allant jusqu?à
15000¤ pour le remplacement d?un véhicule utilitaire ; la prime peut également couvrir
l?achat et l?installation d?une borne de recharge ;
? Il existe aussi une prime pour les vélos cargo ;
PUBLIÉ
octobre 2023 Acceptabilité des zones à faibles émissions Page 97/134
Pour les particuliers, la prime Bruxell?Air : lorsqu?un ménage se sépare de sa voiture, la
prime permet de bénéficier d?un budget mobilité pour l?ensemble des membres du ménage
parmi différents services de mobilité ; soumise à conditions de ressources, elle s?élève au
maximum à 900¤.
Pour les ménages vulnérables, l?accent est mis sur la voiture partagée : outre la prime Bruxell?air,
qui permet de financer l?utilisation de voitures partagées et des services de taxi, le document
stratégique présente le « Social Green Deal » avec le secteur de la voiture partagée, qui permet
une coopération intensive avec ce secteur pour lever les barrières, ainsi que l?appel à projets Low
Emission Mobility, pour financer des projets dans le secteur de la voiture partagée.
La fiscalité joue un rôle :
Le système fiscal fédéral soutient fortement l?électrification des voitures de société ;
Bruxelles prépare un projet de réforme de la taxation des véhicules : il s?agirait de passer
à une tarification à l?usage, qui dissuaderait l??utilisation de la voiture aux heures de pointe.
En revanche, il n?y a pas en Belgique de mesures du type bonus écologique ou prime à la casse
pour encourager l?achat de véhicules électriques par les particuliers.
Le contrôle de la ZFE par un système de contrôle automatisé comprenant 300 caméras.
Le rapport d?évaluation de la ZFE pour 2021 indique que la valeur limite de 40µg/m3 est respectée
en 2021 pour le NO2, pour la deuxième année consécutive 54; curieusement, la valeur pour les
particules fines n?est pas traitée dans le rapport.
La ZFE de Gand
Dans le même esprit qu?à Bruxelles, des mesures sont adoptées pour faciliter l?acceptation :
Autorisation temporaire pour certains véhicules jusqu?à fin 2024 moyennant une taxe ;
Pass journalier payant pour 8 jours maximum, sans condition sur le véhicule.
À noter un dispositif propre à cette municipalité, qui, seule en Belgique, apporte une aide à l?achat
de voitures électriques à la condition que le projet d?achat soit porté par au moins quatre personnes,
et donc en vue d?une utilisation en autopartage.
Comme à Bruxelles, le contrôle est effectué par un système de contrôle automatisé par caméras.
Les véhicules étrangers doivent s?enregistrer, le défaut d?enregistrement entraînant une amende.
54 https://www.lez.brussels/medias/RAPP-2021-LEZ-
FR.pdf?context=bWFzdGVyfHBkZnw5NjQ1OTAyfGFwcGxpY2F0aW9uL3BkZnxoZjMvaGFlLzg4NzY2MDY2NTI0
NDYvUkFQUF8yMDIxX0xFWl9GUi5wZGZ8OWE1YmIxNGZhNTQxOWM2NzkyYzM0ZjFmNzgzMGRlZGQ4OWE
5MDlkOWJkYTkzNDMxMWVhZWY5M2Q4NDE0MmE4Yw&attachment=true
PUBLIÉ
octobre 2023 Acceptabilité des zones à faibles émissions Page 98/134
Annexe 8. Espagne
L?Espagne fait partie des pays qui ont adopté un système de vignettes
Un système de vignettes (« distintivo ambiental ») a été défini au niveau national en 2016, la même
année qu?en France pour le système Crit?air. Ce système identifie 4 types de vignettes, Zéro, ECO,
C et B.
Les véhicules non classés, parfois identifiés comme « catégorie A » ne peuvent bénéficier d?une
vignette ; ils seraient également non classés en France pour les véhicules à essence, mais
pourraient relever de la catégorie Crit?air 4 ou 5 pour les véhicules diesel. Ces vignettes permettent
d?accéder aux « Zonas de bajas emisiones » (ZBE) selon des dispositions propres à chaque ville
concernée. À l?origine, le contrôle est visuel, mais les villes importantes se sont équipées de
caméras pour assurer un contrôle automatique par lecture de plaque d?immatriculation.
ZBE de Madrid
La mise en place de la ZBE de Madrid a connu plusieurs rebondissements en fonction de l?actualité
politique et judiciaire. Mise en place à l?origine en 2017 sur un périmètre restreint au centre de la
ville, elle a fait l?objet d?un moratoire l?année suivante, les élections municipales ayant conduit à un
changement de majorité. En 2020, la ZBE est annulée par un tribunal, mais une forte mobilisation
citoyenne conduit la municipalité à remettre en place une nouvelle ZBE à partir de 2021 en
l?accompagnant de mesures fortes sur la mobilité : création d?une ligne de bus gratuite à haute
fréquence reliant le nord au sud de Madrid, la fourniture de 600 nouveaux bus électriques d'ici
2027, encouragement de l?autopartage et généralisation des zones 30 sur les routes à une voie.
La ZBE de Madrid porte sur l?ensemble du territoire à l?intérieur du périphérique M-30 et distingue
deux zones particulières: le centre de Madrid (Distrito centro) et la Plaza Eliptica (un secteur
identifié comme particulièrement sujet à la pollution routière).
À partir du 1 janvier 2023, les véhicules non classés ne peuvent plus accéder au périmètre de la
ZBE, avec une dérogation jusque 2025 pour les véhicules domiciliés à l?intérieur de cette zone.
Dans la zone centrale et la plaza eliptica, les véhicules non classés ne peuvent plus accéder depuis
2021, avec des exemptions pour les résidents et les commerçants. Dans le secteur central les
véhicules classés B ne peuvent rentrer que pour accéder aux parcs de stationnement.
La municipalité de Madrid déploie une politique de subvention à l?achat de véhicules moins
polluants, avec des montants pouvant aller jusque 6000¤ pour l?achat d?un véhicule électrique, et
de 2500¤ pour un véhicule critère C à la condition qu?un véhicule non classé soit mis au rebut.
ZBE de Barcelone
À Barcelone, une ZBE (Zona de baixes emissions) est en place depuis 2020, les véhicules non
classés ne pouvant accéder à une zone comprenant une grande partie de la ville et de quelques
villes limitrophes au sein de l?aire métropolitaine de Barcelone. Les véhicules non classés ne
peuvent pas entrer dans a zone du lundi au vendredi de 7h à 20h.
PUBLIÉ
octobre 2023 Acceptabilité des zones à faibles émissions Page 99/134
Figure 16: périmètre de la ZBE de Barcelone
Dispositions nationales
La loi du 20 mai 2021 instaure l?obligation de créer avant 2023 une ZBE dans toutes les villes de
plus de 50 000 habitants, celles de plus de 20 000 habitants ne respectant pas les valeurs limites,
et dans les îles (alors que les territoires français ultramarins sont exemptés de l?obligation créée
par la loi climat et résilience). La loi laisse une grande latitude aux villes pour le choix du périmètre,
des vignettes des véhicules autorisés à circuler et des modalités de contrôle. Le ministère de la
Transition écologique et du Défi démographique a établi dès 2021 un guide pour la création de
ZFE55. L?objectif affiché est l?amélioration de la qualité de l?air, mais la réduction des émissions de
gaz à effet de serre et la réduction des nuisances sonores en ville sont également invoquées. Des
mesures sont prises par ailleurs par le gouvernement espagnol pour favoriser l?utilisation des
transports en commun, en particulier la gratuité des trains régionaux et des trains de banlieue
depuis septembre 2022, la mesure étant prolongée sur toute l?année 2023.
Le décret d?application ne date que du 27 décembre 2022, ce qui rend le respect de l?obligation de
délai assez formel. Sur un potentiel de 149 villes qui regroupent au total plus de la moitié de la
population espagnole, alors que des études et des concertations ont été engagées dans plusieurs
d?entre elles, on ne compte à ce jour que 14 ZBE actives. Plusieurs valeurs circulent pour le nombre
de ZBE actives, du fait de l?existence de ZBE concernant des communes limitrophes, de petites
villes ayant opté pour des zones piétonnes identifiées comme des ZBE (Pontevedra) et de la
suspension de certaines démarches à la suite des élections municipales de mai 2023 (Gijón).
55 https://www.miteco.gob.es/content/dam/miteco/es/calidad-y-evaluacion-
ambiental/publicaciones/directricesparalacreaciondezonasdebajasemisiones_tcm30-533017.pdf
PUBLIÉ
octobre 2023 Acceptabilité des zones à faibles émissions Page 100/134
Annexe 9. Royaume Uni
Le gouvernement britannique considère la pollution de l?air comme le « premier
risque environnemental pour la santé publique au Royaume-Uni ».
L?exposition prolongée à un air pollué serait responsable de 28 000 à 36 000 décès par an en
Angleterre, d?après une étude56 de 2019 de Public Health England. Elle aurait en outre des effets
sur la santé des individus tout au long de leur vie d?après le rapport de décembre 2022 du Chief
Medical Officer, Chris Witty57 . L?opinion publique britannique est particulièrement sensible aux
enjeux de pollution de l?air depuis le décès en 2013 d?Ella Adoo-Kissi-Debrah, une fille de 9 ans, à
la suite d?une crise d?asthme, la justice ayant reconnu en 2020 que la pollution de l?air figurait parmi
les causes du décès.
Malgré son départ de l?UE, le Royaume-Uni continue d?appliquer des normes équivalentes aux
standards européens sur la qualité de l?air, transposées en droit interne. Les Air Quality Standards
Regulations définissent notamment des seuils de concentration annuelle moyenne à respecter
pour différents types de polluants atmosphériques, comme le NO2 (40 µg/m3), les PM10 (40 µg/m3)
et les PM2,5 (25 µg/m3), ainsi que le nombre de dépassements autorisés pour chaque polluant sur
une période donnée. Il convient de rappeler que la protection de l?environnement est une
compétence dévolue : l?Ecosse a ainsi pu adopter en 2016 des seuils d?émissions plus ambitieux
pour les PM10 (10 µg/m3) et les PM2,5 (10 µg/m3) et en phase avec les recommandations de
l?OMS publiées en 2005.
Depuis le début des années 2010, le Royaume-Uni ne respecte pas les seuils d?émissions de
dioxyde d?azote (NO2) dans les zones métropolitaines, ce qui a conduit à l?ouverture de diverses
procédures contentieuses à l?encontre de l?État central. Avant son départ de l?Union Européenne,
le Royaume-Uni était ciblé depuis 2014 par une procédure précontentieuse ouverte par la
Commission européenne et avait reçu une ultime mise en demeure en 2017 pour non-respect
répété des seuils de concentration de NOx dans 16 agglomérations. Après l?ouverture d?une
procédure d?infraction par la Commission le 17 mai 2018, la CJUE a jugé le 4 mars 202158 que le
Royaume-Uni avait « de façon systématique et persistante » violé l?obligation de respecter les
seuils d?émissions et n?avait pas adopté de mesures appropriées pour que la durée de ces
dépassements soit la plus courte possible. En parallèle, l?État central a fait face à 3 recours (judicial
review) portés devant les juridictions britanniques par l?ONG ClientEarth depuis 2010 : en 2018, la
Haute Cour de Justice a ainsi condamné l?État pour son incapacité à faire en sorte que les
collectivités locales respectent les seuils d?émissions fixés par la réglementation nationale
transposant la directive européenne sur la qualité de l?air et a enjoint le gouvernement britannique
à présenter un plan d?amélioration de la qualité de l?air permettant de réduire les émissions de
polluants « le plus rapidement possible » dans 33 agglomérations parmi les 45 concernées (la Cour
considérant que 12 agglomérations seraient en conformité d?ici la fin de l?année 2018).
Le Royaume-Uni s?appuie sur la création de zones à faibles émissions pour
réduire la pollution par les NOx
Si l?État est juridiquement responsable en dernier ressort, le respect des obligations en matière de
concentration de polluants repose principalement sur les autorités locales. Celles-ci ont pour
obligation d?évaluer régulièrement le niveau de pollution atmosphérique dans leur zone de
compétence et de prendre des mesures si celui-ci est trop élevé. Afin de répondre aux injonctions
de la Haute Cour de Justice, le gouvernement a mis en place un programme dédié à la réduction
des émissions d?oxydes d?azote (le NO2 programme) et présenté un plan d?actions qui identifie la
56 Public Health England, Review of interventions to improve outdoor air quality and public health, mars
2019
57 Chief Medical Officer, Chief Medical Officer?s Annual Report 2022 : Air pollution, décembre 2022
58 CJUE, 4 Mars 2021, Commission / United Kingdom (Valeurs limites - NO2) (C-664/18)
PUBLIÉ
https://assets.publishing.service.gov.uk/government/uploads/system/uploads/attachment_data/file/938623/Review_of_interventions_to_improve_air_quality_March-2019-2018572.pdf
https://assets.publishing.service.gov.uk/government/uploads/system/uploads/attachment_data/file/1124738/chief-medical-officers-annual-report-air-pollution-dec-2022.pdf
file:///C:/Users/emmanuelmasse/Library/Containers/com.apple.mail/Data/Library/Mail%20Downloads/5D3A0D32-4920-4532-B695-5CA5131DF730/EUR-Lex%20-%2062018CJ0664%20-%20EN%20-%20EUR-Lex%20(europa.eu)
octobre 2023 Acceptabilité des zones à faibles émissions Page 101/134
mise en place de zones à faibles émissions payantes (« charging clean air zones ») comme la
mesure la plus efficace pour atteindre l?objectif de réduire « le plus rapidement possible » les
émissions de NOx. Le gouvernement n?a toutefois pas imposé aux local authorities la création de
telles zones : celles-ci sont libres de ne pas les créer si elles parviennent à identifier des mesures
alternatives au moins aussi efficaces et aussi ? voire moins ? coûteuses à mettre en place pour
atteindre cet objectif, sous réserve néanmoins d?approbation finale de leur plan d?action local par
l?État.
L?État a défini un référentiel commun, le Clean Air Zone Framework59, pour guider les autorités
locales dans la mise en place des clean air zones (CAZ). Il a notamment imposé que les zones
créées adoptent les mêmes normes d?émissions (Euro VI pour les bus, cars et poids lourds, Euro
4 pour les voitures et utilitaires légers à essence, Euro 6 pour les voitures et utilitaires légers diesel)
et adoptent la même gradation dans le type de véhicules autorisés, les véhicules des particuliers
n?étant concernés que par la dernière catégorie, la « CAZ D ». Il donne également des précisions
sur le fonctionnement des contrôles, les exemptions possibles et les niveaux de tarification
envisageables.
Figure 17: catégories de "clean air zones"
selon le type de véhicules concernés
Les autorités locales bénéficient par ailleurs de financements de l?État pour accompagner la mise
en place de ces dispositifs. Les fonds sont attribués sur la base d?appels à projets. Au total, le
National Audit Office60 estimait que les subventions allouées par l?État représentaient, en janvier
2020, 70 % des dépenses totales engagées par les collectivités pour améliorer la qualité de l?air.
L?État aurait ainsi alloué aux collectivités 522 M£ jusqu?à la fin de l?année budgétaire 2021/22,
auxquels il faut ajouter 180 M£ budgétés pour l?année 2022-2023.
L?acceptabilité des clean air zones dépend fortement des contextes politiques
locaux
A la date du 11 août 2023, 8 villes anglaises (Londres, Birmingham, Bradford, Bristol, Portsmouth,
Sheffield, Tyneside (Newcastle and Gateshead) et 4 villes écossaises (Edinburgh, Glasgow,
Dundee, Aberdeen) ont mis en place une zone à faibles émissions, avec des calendriers d?entrée
en vigueur progressifs61.
59 UK government, Clean Air Zone Framework, 6 octobre 2022
60 National Audit Office, Tackling local breaches of air quality, 17 juin 2022
61 Pour plus de détails sur les règles de chaque zone, voir le briefing de la Chambre des Communes Clean Air
Zones, Low Emission Zones and the London ULEZ
PUBLIÉ
https://www.gov.uk/government/publications/air-quality-clean-air-zone-framework-for-england/clean-air-zone-framework
https://www.nao.org.uk/wp-content/uploads/2022/01/Tackling-local-breaches-of-air-quality.pdf
https://researchbriefings.files.parliament.uk/documents/CBP-9816/CBP-9816.pdf
https://researchbriefings.files.parliament.uk/documents/CBP-9816/CBP-9816.pdf
octobre 2023 Acceptabilité des zones à faibles émissions Page 102/134
La ville de Londres est un cas particulier puisqu?elle fut la première à mettre en place dès 2003 une
congestion charge afin de réduire la circulation dans l?hypercentre. Le dispositif a été complété en
2008 par une low emission zone, touchant les poids lourds uniquement, et en 2019 par une ultra
low emission zone (ULEZ) ciblant tous les véhicules particuliers et utilitaires légers. Une première
extension de l?ULEZ en octobre 2021 a fait l?objet d?un rapport d?évaluation publié en février 202362,
dans lequel la mairie de Londres tire un premier bilan positif de cette mesure et souligne que les
concentrations de dioxyde d?azote dans la capitale entre 2019 et 2022 seraient inférieures de 23 %
à ce qu?elles auraient été sans mise en oeuvre de l?ULEZ ; ce chiffre est de 7 % pour les particules
fines. Une nouvelle extension entrée en vigueur à compter du 29 août 2023 a conduit l?ULEZ à
couvrir presque l?intégralité du territoire du Grand Londres. Malgré la mise en place de mesures
d?accompagnement social, cette dernière extension a fait l?objet de fortes oppositions locales
(recours de 5 councils conservateurs rejetés par la Haute Cour de Justice ; actes de vandalisme
contre les caméras récemment installées, etc.) et suscité un débat national sur l?acceptabilité
sociale des politiques environnementales après la courte victoire des conservateurs (à rebours des
résultats très défavorables aux conservateurs dans les deux autres législatives partielles) lors de
l?élection partielle dans la circonscription d?Uxbridge and South Ruislip le 20 juillet 2023.
À noter cependant qu?un sondage63 publié en juin 2023 montrait une adhésion des Londoniens au
dispositif et une (faible) majorité en faveur de l?extension, majorité plus marquée dans le centre
déjà couvert que dans les banlieues nouvellement concernées.
Mise en place en juin 2021 dans un contexte difficile marqué par de fortes craintes de la population
locale, la clean air zone de Birmingham serait désormais bien acceptée par la population d?après
la municipalité. Dans son rapport d?évaluation des six premiers mois d?entrée en vigueur du
dispositif, la ville a constaté une baisse de 13 % en moyenne de la concentration en dioxyde
d?azote par rapport aux niveaux de 2019 et une progression du taux de conformité de l?ensemble
des véhicules de 9 points, de 79,9 % en juin 2021 à 88,8 % en décembre 2021. Selon l?équipe de
la municipalité, l?acceptabilité a été facilitée par le déploiement d?une stratégie de communication
complète en amont (prise en compte des préoccupations des acteurs les plus touchés, mobilisation
de relais d?opinion, dont les médecins, lutte contre la désinformation dans les médias et en ligne),
la création d?une exemption de 2 ans pour les habitants de la zone et mise en place d?aides ciblées
(pour les personnes résidant hors de la CAZ mais travaillant dans la CAZ, les véhicules utilitaires
et poids lourds ainsi que les taxis). La mairie a également adopté une démarche de transparence
sur les résultats de sa politique (publication mensuelle de données, rapports d?évaluation réguliers)
ainsi qu?une communication prudente sur les effets de la mesure.
A l?inverse, la ville de Manchester a suspendu son projet de créer une clean air zone après un
mouvement d?opposition locale lancé fin 2021. Celle-ci devait s?appliquer à compter de mai 2022
aux bus, cars et poids lourds et à compter de 2023 pour les taxis et utilitaires légers. Les habitants
du Grand Manchester avaient déjà rejeté en 2008 par référendum (78,8 %) la création d?une
congestion charge, qui se serait appliquée ? entre autres ? aux véhicules particuliers (à la
différence du projet de CAZ). Le gouvernement, qui avait également enjoint la ville de Manchester
à créer cette CAZ, a accepté de reporter de 2024 à 2026 l?échéance de mise en conformité avec
les seuils d?émission de NO2. Le plan d?amélioration de la qualité de l?air de la ville, privilégiant des
aides à l?achat de véhicules moins polluants et l?achat de bus à faibles ou zéro émissions, est
toujours en cours d?examen par le Ministère des transports à la date du 17 août 2023.
62 Mairie de Londres, Inner London ULEZ Expansion 1 Year Report, février 2023
63 https://redfieldandwiltonstrategies.com/plurality-of-londoners-support-expanding-londons-ultra-low-emissions-
zone-ulez/
PUBLIÉ
https://www.london.gov.uk/sites/default/files/2023-02/Inner%20London%20ULEZ%20One%20Year%20Report%20-%20final.pdf
octobre 2023 Acceptabilité des zones à faibles émissions Page 103/134
Figure 18: Extension de l?ULEZ de Londres
La mission a identifié un certain nombre de spécificités dans la mise en oeuvre
des Clean Air Zones visant à améliorer leur acceptabilité
? La possibilité offerte aux véhicules non conformes de payer pour avoir le droit d?entrer
dans la zone. Symboliquement, ce choix assimile l?instrument à une taxe environnementale
plutôt qu?à une interdiction formelle dont le non-respect entrainerait immédiatement une
amende. À noter que l?Ecosse a fait un choix différent de l?Angleterre : les Low Emission Zones
écossaises ne permettent pas à des véhicules non conformes d?entrer dans la zone en contre-
partie du paiement d?un droit.
? La gradation du type de véhicules concernés par la clean air zone selon le contexte local.
Au Royaume-Uni, les collectivités se sont concentrées sur les types de véhicules contribuant
le plus à la pollution de l?air, selon un calcul en émission par véhicule (sont ainsi concernés
dans tous les cas les bus, cars, taxis et VTC), et n?envisagent d?inclure les voitures particulières
qu?en dernier ressort (seules trois CAZ s?appliquent aux voitures particulières : Londres, Bristol
et Birmingham).
? La mise en place de mesures d?accompagnement social selon le contexte local. D?une
part, toutes les collectivités prévoient des aides à l?achat de véhicules plus propres pour les
publics les plus concernés (« scrappage scheme »), financées en majorité par le gouverne-
ment. À titre d?exemple, la ville de Birmingham a proposé des aides aux chauffeurs des taxis,
ainsi qu?aux personnes gagnant moins de 30 000 £/an et devant prendre leur voiture pour venir
travailler dans le périmètre de la CAZ. Il est intéressant de noter que le montant de la « prime
à la casse » peut être majoré si le bénéficiaire préfère un versement pour prendre les transports
en commun plutôt que l?achat d?un nouveau véhicule. D?autre part, certaines collectivités pré-
voient des exemptions temporaires, allant de quelques semaines à deux ans, pour certains
types de publics. La ville de Londres a ainsi prévu une période de grâce jusqu?en octobre 2027
pour l?application de la dernière extension de l?ULEZ aux véhicules transportant des personnes
handicapées, tandis que la ville de Birmingham a prévu une exemption de 2 ans pour les mé-
nages vivant dans le périmètre de la CAZ.
PUBLIÉ
octobre 2023 Acceptabilité des zones à faibles émissions Page 104/134
? La mise en oeuvre par les collectivités locales d?une stratégie de communication ciblée
dans le cadre de la préparation de la mise en place des CAZ. À titre d?exemple, la ville de
Birmingham a longuement travaillé avec les acteurs économiques et les organisations ayant
les plus grandes flottes pour comprendre leurs inquiétudes et proposer des mesures
d?accompagnement répondant à leurs besoins. Par ailleurs, il est intéressant de relever la forte
implication, d?une part, de la communauté médicale et hospitalière, d?autre part, de l?ONG
Mums for Lungs portant la voix des parents, dans des campagnes de sensibilisation grand
public sur les dangers de la pollution de l?air et les bénéfices associés aux CAZ. Pour autant,
le gouvernement central n?a pas souhaité mener une campagne de communication nationale
qui aurait permis de favoriser l?acceptabilité des CAZ, dans un contexte politique complexe
d?opposition entre le gouvernement britannique et les grandes villes anglaises dont Londres.
? La mise en place par les services de l?État (Defra) d?une démarche partenariale pour
construire un service numérique adapté aux usages et aux besoins des différents
acteurs. Concrètement, la Joint Air Quality Unit a développé une API faisant l?interface entre
le registre des immatriculations, le réseau de caméras à lecture automatique et les systèmes
d?information des autorités locales (afin de vérifier la conformité des véhicules) et les usagers
(qui peuvent vérifier en ligne si leur véhicule est concerné par la CAZ). Cette équipe a
également travaillé avec les principaux gestionnaires de flotte, comme l?entreprise Royail Mail,
pour développer une interface et des fonctionnalités dédiées à leurs besoins : ces derniers
peuvent par exemple enregistrer rapidement des milliers des véhicules sur leur compte ou
payer les droits d?entrée dans les différentes CAZ d?un grand nombre de véhicules en une seule
transaction, plutôt que devoir réaliser une transaction pour chaque véhicule.
PUBLIÉ
octobre 2023 Acceptabilité des zones à faibles émissions Page 105/134
Annexe 10. Pays-Bas
Des ZFE anciennes dont les résultats sont limités
Aux Pays-Bas, des ZFE (« milieuzones » ou zones environnementales) existent depuis 2007. Ces
zones, au nombre de 13 en 2020, sont à l?initiative des villes et concernent les véhicules diesel,
sauf à Rotterdam. Les règles sont variables dans le temps et d?une LEZ à l?autre. À partir de 2013,
il est imposé aux poids lourds d?être au moins conformes à la norme Euro IV, et c?est à partir de
cette date que certaines municipalités commencent à réglementer l?accès des véhicules utilitaires
et particuliers.
Une étude de 2012 indique que les villes concernées ont connu une amélioration de la qualité de
l?air, mais la contribution des milieuzones est jugée peu significative, du fait de la faible proportion
des véhicules concernés. En effet, les véhicules diesel sont aux Pays-Bas en proportion nettement
moins importante (11%) qu?en France (55%) 64. Une étude de 2014 portant sur Amsterdam est plus
positive, la réduction des polluants (de l?ordre de 6% pour les PM et les NOx) pouvant dans ce cas
être attribuée à la mise en place de la ZFE65.
À Rotterdam, depuis 2016, la ZFE concernait tous les véhicules, quelle que soit leur motorisation,
mais elle a été annulée en 2020 par un tribunal, au motif que la nocivité des moteurs essence
n?était pas suffisamment démontrée. Depuis, rien n?a été remis en place dans cette ville pour les
véhicules particuliers, mais la proportion de véhicules diesel anciens avait déjà fortement régressé
auparavant. La ZFE reste en place pour les poids lourds.
À la fin des années 2010, le dispositif des milieuzones est contesté du fait d?une grande
hétérogénéité (même les panneaux de signalisation peuvent varier d?une ville à l?autre !), d?une
efficacité limitée et d?un sentiment d?injustice, car il épargne complètement les véhicules à essence.
Il a été complètement refondu en 2019 dans un cadre plus général de lutte contre le dérèglement
climatique.
Une harmonisation récente
En 2019, le gouvernement néerlandais décline sa feuille de route pour atteindre ses objectifs de
réduction des émissions de CO2 et propose un « accord national sur le climat »66. Dans le domaine
de la mobilité, l?accent est mis sur le développement des véhicules électriques et la décarbonation
des transports. Les zones environnementales sont citées comme un outil efficace pour atteindre
ces objectifs, avec une priorité affichée sur la logistique et donc les poids lourds et véhicules légers
utilitaires. Dans le même temps, à la suite d?une longue démarche de concertation entre
municipalités, milieux économiques et ONG, un texte national vient harmoniser les ZFE existantes,
pour une mise en place en 2020, ce qui a conduit à un durcissement des règles dans certaines
villes comme Amsterdam ou La Haye.
La loi permet aux villes de choisir entre plusieurs couleurs de zones :
Les « milieuzones jaunes » : véhicules diesel au moins conformes à la norme Euro 3 ; il
n?en existe plus.
Les « milieuzones vertes » : véhicules diesel au moins conformes à la norme Euro 4 ; il en
existe quatre : Amsterdam, Arnhem, La Haye et Utrecht.
Les milieuzones violettes : elles ne concernent que les poids lourds diesel, qui doivent être
conformes à la norme Euro VI ; il en existe 14, dont les 4 villes précitées et Rotterdam, où
64 Valeurs 2021- véhicules particuliers. Source Eurostat
65 Source étude ADEME- annexe Pays Bas
66 https://www.government.nl/topics/climate-change/climate-policy
PUBLIÉ
octobre 2023 Acceptabilité des zones à faibles émissions Page 106/134
la zone couvre également une partie du port industriel. Ces zones vont évoluer vers des «
zones zéro émission » (ZEZ- cf. infra).
Figure 19: signalisation des "milieuzones"
La taille des ZFE est souvent réduite au centre-ville, à l?exception notable d?Amsterdam et de
Rotterdam (dans cette ville pour les poids lourds uniquement).
Figure 20: périmètre de la ZFE d'Amsterdam
Dans un cadre national, les villes peuvent décider de dérogations, en particulier un nombre de
jours d?accès libre, dans la limite de 12 pour les poids lourds et de 6 pour les VUL. Ces dérogations
sont payantes.
Le choix de la méthode de contrôle appartient à chaque municipalité. En pratique, dans toutes les
PUBLIÉ
octobre 2023 Acceptabilité des zones à faibles émissions Page 107/134
zones concernant les véhicules particuliers, le contrôle est effectué par lecture automatique des
plaques d?immatriculation. Les amendes sont collectées par l?État et restent dans son budget.
Une nouvelle étape : vers des « Zones à zéro émissions »
L?accord national de 2019 prévoit également la mise en place progressive de Zones à zéro
émission (ZEZ). À cet effet, diverses municipalités, des représentants des secteurs professionnels
et le Gouvernement ont conclu un accord pour développer des zones zéro émissions dans les
centres urbains à horizon 2025.
Cette démarche est proposée aux villes et les plus importantes des villes néerlandaises ont pour
la plupart adhéré à ce dispositif, puisque 28 villes se sont engagées sur un potentiel de 40.
Cette politique est affichée par les municipalités comme un élément d?une politique urbaine plus
vaste, avec par exemple la généralisation des zones 30, le développement des infrastructures de
recharge pour les véhicules électriques, la réduction progressive du nombre de places de
stationnement et la mise en place de parkings P+R en périphérie. L?organisation de la logistique
urbaine devra évoluer en conséquence, avec le développement de l?usage du vélo cargo pour la
livraison finale, le rapprochement de petits centres d?éclatement en limite de zone, etc? La mise
en place des ZEZ est présentée comme un élément fort pour l?attractivité et le développement
économique des centres-villes, la place gagnée grâce à la réduction du nombre de véhicules
pouvant être réaffectée à d?autres usages. Les municipalités doivent elles-mêmes se montrer
exemplaires par l?électrification de leur flotte de service public, ce qui est en bonne voie pour les
transports en commun (dans un contexte où le service est largement concédé), mais apparemment
plus difficile pour le ramassage des déchets.
Les entreprises font l?objet d?un accompagnement spécifique, courrier systématiquement envoyé,
à Rotterdam possibilité de recourir à un accompagnement personnalisé pour accompagner la
transition dans le cadre du programme Ecostars. Le succès du projet repose sur la visibilité de long
terme, la règle étant que les ZEZ ne peuvent rentrer en vigueur qu?après un délai de quatre ans à
compter de la décision formelle de la municipalité.
Un calendrier de sortie du moteur thermique est affiché avec des échéances rythmées entre 2025
et 2030 selon le type de véhicule (VUL d?abord, PL ensuite) et une règle selon laquelle dans un
premier temps les véhicules anciens peuvent continuer de circuler, seuls les véhicules
nouvellement immatriculés devant être électriques ; dans un deuxième temps et au plus tard en
2030, l?interdiction d?accès est étendue à l?ensemble des véhicules. Cela pose à l?évidence deux
types de problèmes : la disponibilité effective de bornes de recharge d?une puissance suffisante,
avec des enjeux non négligeables pour le réseau de distribution électrique, la disponibilité effective
de modèles de véhicules adaptés aux besoins. Les interlocuteurs rencontrés se sont montrés
cependant pour la plupart attachés à la poursuite de cette politique annoncée et discutée de longue
date, quitte à obtenir les dérogations et assouplissements nécessaires le moment venu.
Les incitations pour le développement des véhicules électriques, annoncées dans l?accord national
de 2019, relèvent de politiques nationales, et ne sont donc pas spécifiques aux territoires couverts
par les ZFE:
Exonération de fiscalité à l?achat et à la possession (vignette annuelle) de véhicules ; cette
fiscalité est en effet élevée aux Pays Bas. Il est prévu de supprimer ces exonérations à
partir de 2025. Devraient subsister les avantages fiscaux pour les véhicules électriques de
société.
Subvention à l?acquisition de véhicules électriques; les subventions pour les véhicules
neufs vont être supprimées en 2026, les objectifs en termes de première immatriculation
ayant été atteints. Un effort particulier est fait pour développer le marché de l?occasion.
Subvention à l?acquisition de poids lourds et véhicules utilitaires électriques. Les lignes
budgétaires ne permettent pas de répondre à la demande.
PUBLIÉ
octobre 2023 Acceptabilité des zones à faibles émissions Page 108/134
La mission n?a pas identifié de programme local d?aide d?envergure. On peut signaler la « prime à
la casse » de 1000¤ de la municipalité de La Haye, qui incite ainsi au report modal.
Une communication forte a été mise en place au niveau national. Plusieurs sites d?information ont
été mis en place :
Dohetzero.nl : pour les ZEZ
Milieuzones.nl : pour les LEZ
Opwegnaarzes.nl : site spécialisé logistique
Sur ces sites, il est possible (pour les véhicules néerlandais), en indiquant son numéro
d?immatriculation, d?obtenir directement l?information sur les éventuelles restrictions de circulation.
Par ailleurs, un courrier a été envoyé à tous les propriétaires de véhicules concernés par les
premières vagues de restriction des ZEZ en 2025.
Le cas particulier du port de Rotterdam
Le plus important port d?Europe s?étend sur plus de 30 km à l?embouchure de la Meuse, entre le
centre-ville de Rotterdam et l?extension la plus récente de la Maasvlakte, île artificielle gagnée sur
la mer. En sus de la zone environnementale centrale destinée à devenir une zone à zéro émission,
la Maasvlakte est également couverte par une zone environnementale. Ce qui était à l?origine une
mesure de compensation environnementale a été intégré en 2022 dans le cadre national des
milieuzones et seuls les camions Euro VI peuvent donc maintenant accéder à cette zone qui
comprend plusieurs terminaux conteneurs. Cette mesure a conduit les professionnels à
réorganiser leur flotte de poids lourds. Les liaisons entre Rotterdam et son arrière-pays du Benelux
et de l?Allemagne bénéficiant d?infrastructures fluviales et ferroviaires de très grande capacité, avec
des sites d?éclatement en amont, le port de Rotterdam affiche une part modale routière
particulièrement faible, ce qui tend à faciliter la modernisation du parc de véhicules.
Les règlementations internationales de l?OMI obligent les armateurs à réduire les émissions
polluantes de leurs navires et les ports à équiper leurs terminaux d?installations pour le
branchement électrique à quai pendant les escales. Ces dispositions sont cohérentes avec les
objectifs de moindre émission des poids lourds sur la Maasvlakte et de zéro émission en centre-
ville, à proximité du terminal croisière.
PUBLIÉ
octobre 2023 Acceptabilité des zones à faibles émissions Page 109/134
Annexe 11. Comparaison entre les pays du
parangonnage
Le dispositif national laisse aux villes la responsabilité de définir les
caractéristiques de la ZFE ou la possibilité de choisir entre plusieurs solutions
Dans les pays du parangonnage, un dispositif national a été mis en place, sauf en Belgique où la
ZFE est de la compétence des régions. Le tableau ci-dessous compare ces dispositifs, en
examinant si le dispositif crée une obligation pour les villes de mettre en place une ZFE et s?il laisse
aux villes la responsabilité d?en définir le contenu ou la possibilité de choisir entre plusieurs
solutions. Le tableau indique également si le pays dispose ou non d?un dispositif de vignette :
Figure 21: comparaison des dispositifs nationaux du parangonnage
Pays Un dispositif légal impose une
obligation de créer une ZFE
Le dispositif laisse aux villes la
responsabilité d?en définir le
contenu ou la possibilité de choisir
entre plusieurs solutions
France
(en gras, les
pays avec
vignettes)
-Dans les villes de plus de 150 000
habitants
- Euro 5 minimum pour les VL Diesel
au 1er janvier 2025 si les valeurs
limites ne sont pas respectées
Les modalités de la ZFE sont de
compétence locale, à l?exception de la
taille minimale (règle des 50%) et de
certaines règles minimales, notamment
lorsque les valeurs limites ne sont pas
respectées
Espagne Loi de 2021 :
-Dans les villes de plus de 50 000
habitants
-Dans les villes de plus de 20 000
habitants si les valeurs limites ne sont
pas respectées.
- Les modalités de la ZFE sont de
compétence locale, le dispositif de
vignette offrant une grande souplesse
dans la définition des catégories de
véhicules concernées
Royaume-Uni
Pas d?obligation, mais le respect des
valeurs limites est vérifié au niveau
national
- Plusieurs catégories de ZFE, en
fonction des types de véhicules pris en
compte : la classe la plus large inclut
VL, VUL et PL.
- Norme minimale fixée :
Diesel Euro 6, essence Euro 4
Italie le dispositif de « zone à trafic limité »
(ZTL), très souple, permet aussi de
créer une ZFE et un péage urbain
Allemagne pas d?obligation légale, mais une
jurisprudence impose la norme
minimale Euro 5 ou 6 pour les
véhicules diesel si les valeurs limites
ne sont pas respectées
Le dispositif national définit une liste de
dérogations, qui peut être complétée
localement
La ville choisit la vignette, qui
s?applique à l?ensemble des catégories
de véhicules ; en pratique, toutes ont
choisi la vignette verte.
PUBLIÉ
octobre 2023 Acceptabilité des zones à faibles émissions Page 110/134
Pays-Bas
Décret d?harmonisation de 2019 :
-plusieurs catégories de ZFE définies
par la norme minimale Euro ;
-possibilités d?option sur le type de
véhicules concernés (tous ou PL seuls)
et le contrôle (par caméra ou non) ;
- Possibilité de zones à zéro émission
à partir de 2025 pour la logistique
Région
Flandre
en Belgique
La Région définit un cadre précis, les
villes décident de réaliser ou non une
ZFE selon ces modalités
Parmi les 6 pays du parangonnage, seule l?Espagne a, comme la France, créé une obligation de
mettre en place une ZFE.
En revanche, parmi ces 6 pays, une tendance se dégage en matière de gouvernance ou, plus
précisément, de partage des compétences entre l?État et les collectivités locales : l?État met en
place un dispositif laissant aux villes la possibilité de choisir entre plusieurs solutions.
Ce dispositif se présente sous deux formes : le Royaume-Uni et les Pays-Bas ont créé des
catégories de ZFE, entre lesquelles les villes peuvent choisir, et l?Allemagne et l?Espagne, comme
la France, un système de vignettes, qui permet aussi aux villes de choisir entre plusieurs solutions.
Les catégories du dispositif britannique portent sur le type de véhicules concernés : poids lourd,
véhicule léger, ? Le dispositif s?applique en pratique à l?Angleterre : les villes anglaises se sont
bien appropriées le dispositif et en utilisent les différentes catégories.
Les catégories du dispositif néerlandais portent sur la norme Euro minimale à partir de laquelle un
véhicule est autorisé à circuler.
En Espagne, les différentes catégories du dispositif prennent la forme d?un système de vignettes
et portent également sur la norme Euro minimale à partir de laquelle un véhicule est autorisé à
circuler.
Enfin, en Allemagne, les différentes catégories de ZFE sont également concrétisées par un
système de vignette.
Ce système de vignette, s?il a permis de diminuer la pollution dans les années 2010, est désormais
considéré comme inopérant par les acteurs, puisque 90% des véhicules immatriculés remplissent
aujourd?hui les critères de la vignette du niveau le plus élevé. En l?absence d?un accord politique
sur le sujet, le gouvernement a renoncé en 2016 à introduire une nouvelle vignette plus exigeante.
En 2017, confronté à la nécessité de réduire les émissions excessives de NO2 constatées dans
de nombreuses villes, plutôt que de s?appuyer sur le dispositif de ZFE, le gouvernement allemand
a fait le choix de subventionner les investissements permettant de diminuer les émissions des
véhicules ou de remplacer ces véhicules. La « zone environnementale » ne constitue plus un outil
d?action privilégié par les gouvernements allemands dans la période récente.
Ainsi, la mission estime que l?existence de 48 « zones environnementales » en Allemagne ne doit
pas être interprétée comme l?illustration d?un succès actuel du dispositif. En revanche, plusieurs
villes allemandes ont utilisé la ZFE dans la période récente en vue de respecter la réglementation
européenne.
PUBLIÉ
octobre 2023 Acceptabilité des zones à faibles émissions Page 111/134
En matière de dispositif à la disposition des villes, les deux derniers pays du parangonnage ont
adopté des approches à l?opposé l?une de l?autre :
En Italie, l?État a mis en place un dispositif qui offre une grande souplesse. Au-delà des zones à
trafic limité (ZTL) historiques, il permet aussi bien la mise en place d?un péage urbain que de
restrictions de circulation formulées sous la forme de normes Euro minimales (principe des zones
à faibles émissions).
Les ZTL historiques, sur des périmètres restreints, restent aujourd?hui le type de zones les plus
répandues en Italie et, même si elles peuvent désormais intégrer des exigences exprimées à partir
des normes Euro, elles ne constituent pas fondamentalement des dispositifs destinés à améliorer
la qualité de l?air à l?échelle de la ville. On peut citer à cet égard le cas de Bologne, qui a doté sa
ZTL historique d?exigences de normes Euro minimales, mais attend la mise en service d?une
première ligne de tramway pour en étendre le périmètre et réaliser une zone à faible émission
ayant pleinement pour objectif l?amélioration de la qualité de l?air.
La ville de Milan offre l?exemple d?une telle ZFE, sur un large périmètre.
À l?opposé de l?approche italienne, en Belgique, la Région flamande a défini un dispositif ne
comportant qu?une seule catégorie : en d?autres termes, la région définit précisément un ensemble
unique de caractéristiques de la ZFE, que les villes restent libres de mettre en place ou non.
Anvers et Gand ont adopté le dispositif, mais sur des périmètres limités, alors que le dispositif
bruxellois, proche dans son principe, couvre l?ensemble de la ville. Quant à la Région wallonne,
elle a également défini un dispositif, mais seuls des projets de ZFE existent pour l?instant dans
cette région.
Des ZFE s?étendant sur un large périmètre sont présentes dans chacun des pays
du parangonnage
Pour introduire la problématique du périmètre d?une ZFE, il est intéressant d?examiner le cas de
Bristol, en Angleterre. D?après le dispositif national décrit au §2.6, la ville disposait d?une palette de
possibilités : en particulier, introduire ou non un péage urbain, choisir parmi les 4 classes de Clean
Air Zones et définir un périmètre.
Les études menées par la ville ont montré que la mise en place d?une redevance permettait de
respecter les valeurs limites plus rapidement. Parmi les solutions avec redevance ont été étudiées
différentes combinaisons de périmètres et de classes en fonction d?un certain nombre de critères
d?évaluation et de facteurs-clés de succès. Il est apparu que les zones avec large périmètre
seraient beaucoup plus longues à mettre en place67. La ville a finalement opté pour une zone avec
redevance, sur un périmètre restreint et de classe D (couverture la plus large en matière de
véhicules concernés).
Cet exemple illustre les réflexions auxquelles peut donner lieu le choix du périmètre d?une ZFE. La
ZFE de Bristol a été mise en service fin 2022.
Dès lors que la qualité de la desserte en transports publics est moindre dans les espaces péri-
urbains, les inconvénients d?un large périmètre pourraient l?emporter sur les avantages.
L?autre CAZ de type D créée en Angleterre, celle de Birmingham, est également sur un périmètre
limité au centre-ville. Les CAZ de Bath, Bradford, Oxford (en projet), Portsmouth et Tyneside sont
aussi sur un périmètre de centre-ville ou de centre-ville élargi.
C?est le cas aussi, dans la Région flamande de Belgique, pour les ZFE de Gand et Anvers : le
périmètre couvre environ 10% de la surface de la ville.
67 https://www.cleanairforbristol.org/wp-content/uploads/2018/05/Strategic-Outline-Case_BCC_Final_05.04.18.pdf
PUBLIÉ
octobre 2023 Acceptabilité des zones à faibles émissions Page 112/134
À Berlin, le périmètre se limite à 10% de la surface de la ville, mais n?en couvre pas moins une
population d?1 M d?habitants sur un total de 3,7 M pour la ville. Les études, qui ont porté sur ce
périmètre et sur un périmètre couvrant la ville entière, ont montré que l?élargissement du périmètre
n?améliorait pas significativement la qualité de l?air, mais augmentait les inconvénients.
Une route circulaire peut aussi constituer une limite pertinente : ainsi, à Munich, le périphérique
intermédiaire (Mittlerer Ring) constitue la limite de la zone environnementale. À Birmingham, le
périmètre de la CAZ s?étend sur le centre-ville et est limité par un périphérique intermédiaire (A4540
Middleway).
Parmi les ZFE s?étendant sur un périmètre restreint, on peut ainsi citer les CAZ de type D en
Angleterre (Birmingham, Bristol), les ZFE en Flandre (Anvers, Gand), ainsi que les ZTL en Italie
(Bologne, ?)
Il n?en reste pas moins que des ZFE s?étendant sur un large périmètre sont présentes dans chacun
des pays du parangonnage. On peut citer : l?ULEZ de Londres, Bruxelles, Amsterdam, Stuttgart,
Milan, Madrid et Barcelone.
L?extension d?un périmètre peut être un sujet délicat : à Londres, avec le projet d?extension de
l?ULEZ du périmètre de Londres à celui du Grand Londres a soulevé des réactions.
Le tableau ci-après illustre les choix effectués dans une sélection de villes parmi les différents pays
retenus par la mission dans le cadre du parangonnage. Il convient de souligner que cette sélection
n?a pas de valeur statistique et a seulement pour objet d?illustrer différentes situations possibles.
Tableau 14: périmètre de la ZFE dans une sélection de villes
Pays Périmètre
France Le périmètre doit couvrir au moins 50 % de la
part de la population de l?EPCI le plus peuplé
de l?agglomération
Espagne Madrid : hypercentre, puis ville entière
(intérieur M 30) à partir du 1 /1 / 2023
Barcelone : 95 km2 ; couvre une grande partie
de la ville ainsi qu?une partie ou la totalité de
plusieurs villes contigües.
Royaume-Uni Londres : ULEZ étendue en aout 23 au Grand
Londres
(norme minimale Euro 6 pour les VL)
Autres villes d?Angleterre :
-CAZ de type D : des périmètres restreints :
- Bristol : périmètre défini après
comparaison multicritères d?un ensemble de
solutions
- Birmingham: périmètre de centre-ville
-autres CAZ :
-centre-ville élargi : Bath, Bradford,
PUBLIÉ
octobre 2023 Acceptabilité des zones à faibles émissions Page 113/134
-centre-ville : Oxford (en projet),
Portsmouth, Tyneside
Italie Milan : la zone B couvre 97% de la population
de la ville.
Allemagne Stuttgart : il existe 2 zones, dont l?une couvre
la ville entière
Berlin : la zone environnementale couvre 1 M
d?habitants sur une population de 3,7M ( la
vignette verte est désormais peu
contraignante)
Pays-Bas Amsterdam : partie principale de la ville, limitée
par le périphérique A10
Belgique Bruxelles : le périmètre couvre l?ensemble de
la ville à l?intérieur du périphérique
(périphérique exclu)
Flandre : des périmètres limités :
- Gand : 7 km2 sur 157 km2
- Anvers : 21 km2 sur 200 km2
Les normes Euro minimales adoptées sont souvent plus élevées que celles
définies dans la loi française
Dans les pays du parangonnage, seul le Royaume-Uni a, comme la France, défini les exigences
de normes Euro à prendre en compte dans les ZFE anglaises. En Belgique, où le cas de Bruxelles
est également particulier, la Région flamande a également défini ces exigences.
Dans les deux cas du Royaume-Uni et de la Belgique, la norme minimale pour les véhicules diesel
concernés par la ZFE ? parfois toutes les catégories de véhicules - est Euro 6, soit dès aujourd?hui,
soit en 2025. Pour la région flamande, un report de l?entrée en vigueur de la norme Euro 6 à 2026
est envisagé, mais la norme minimale actuellement en vigueur est Euro 5. En Angleterre, les
véhicules concernés varient selon la catégorie de Clean Air Zones (CAZ). Pour les CAZ de
catégorie D, il s?agit de l?ensemble des types de véhicules, l?autorité locale pouvant décider d?y
inclure les deux-roues motorisés.
En Allemagne, le dispositif de vignettes établi au niveau fédéral revient d?une certaine façon à
définir des normes minimales possibles dans les zones environnementales. Mais, comme évoqué
plus haut, ce dispositif est considéré comme obsolète, puisque 90% du parc est conforme à
l?exigence retenue. La Cour suprême fédérale a imposé une « interdiction de circulation des
véhicules diesel » conduisant en pratique à imposer la norme minimale Euro 6, ou parfois Euro 5,
pour les véhicules diesel, lorsque la valeur limite pour le NO2 n?est pas respectée.
Le tableau ci-après résume les dispositions adoptées par les États des pays du parangonnage ou
par les villes, en l?absence de norme minimale nationale à respecter. Les dispositions présentées
sont celles en vigueur et celles prévues pour 2025 :
PUBLIÉ
octobre 2023 Acceptabilité des zones à faibles émissions Page 114/134
Tableau 15: norme minimale Euro exigée par pays et catégories de véhicules
concernés
Pays
ou ville
Véhicules concernés Diesel Essence
France *
véhicules légers :
-Au 1er Janvier 2024
-Au 1er Janvier 2025
Euro 4 (interdiction
des Crit?air 4)
Euro 5 (interdiction
des Crit?air 3)
-
Euro 4 (interdiction
des Crit?air 3)
Allemagne
Tous véhicules (sauf 2 roues) :
- Vignette verte
- « interdiction » de circulation
des véhicules diesel
Euro 4
(ou Euro 3 avec
FAP)
Euro 6
Euro 2
(ou Euro 1 avec pot
catalytique)
Dans certains cas :
Euro 3 (Darmstadt) :
Pays-Bas Milieuzone (Amsterdam, ?):
-Camions et bus (zone violette,
choix unique depuis 2022)
-Autres catégories de véhicules
(VL et VUL) : couleur verte rete-
nue actuellement pour les mi-
lieuzone ciblant ces véhicules
Zone à zéro émission
- PL et VUL
Euro 6
Euro 4
Interdits pour les
véhicules neufs
Non concernés par les
restrictions
Interdits pour les véhi-
cules neufs
Belgique :
Bruxelles :
PL et deux roues concernés
à partir de 2025 :
-Au 1er janvier 2022
-Au 1er janvier 2025
Dispositif flamand : VL et PL
- actuellement
- Au 1er janvier 2025 ( sus-
ceptible d?être reporté à 2026)
Euro 5
Euro 6, VI
Euro 5
Euro 6
Euro 2
Euro 3, III
Euro 2
Euro 3
Royaume- Uni -Angleterre :
-Londres :
-ULEZ (VL)
-LEZ ( PL)
Euro 6
Euro 6
Euro 6
Euro 4
Euro 4
Italie:
Milan
Véhicules légers :
2022 véhicules particuliers
2025 ( yc VUL)
2028
2030
Transports de marchandises :
2024 marchandises
2025
2028
Euro 6
Euro 6d **
Euro 6d
interdit
Euro 6
Euro 6 d **
Euro 6 d
Euro 3
Euro 4
Euro 5
Euro 3
Euro 4
Euro 5
Espagne :
VP et VUL: Euro 4
VP et VUL: Euro 3,
PUBLIÉ
octobre 2023 Acceptabilité des zones à faibles émissions Page 115/134
Madrid et Bar-
celone
PL : Euro IV PL : euro IV
* lorsque les normes de qualité de l?air ne sont pas respectées de manière régulière, au sens de l?article
L.2213-4-1 du code général des collectivités territoriales
** les véhicules Euro 6 a,b et c achetés avant 2018 sont autorisés
Le tableau ci-après fournit une vision plus synthétique, en se concentrant sur une ville de chacun des
pays du parangonnage où la ZFE couvre un large périmètre et vise à la fois les véhicules légers et les
poids lourds.
Tableau 16: norme Euro minimale sur une sélection de ZFE
Ville Diesel
Actuellement 2025
ULEZ de Londres (VL)
LEZ ( PL)
VL et VUL: Euro 6
PL : Euro 6
-
Bruxelles VL et VUL : Euro 5 VL, VUL, PL : Euro 6
Stuttgart- zone large VL, VUL et PL : Euro 5 -
Milan Area B VL : Euro 6 VL, VUL et PL* : Euro 6 d
Amsterdam VL et VUL: Euro 4
PL : Euro 6
VUL et PL neufs électriques
seulement-
Madrid VL, VUL et PL : Euro 4 -
* les véhicules Euro 6 a, b et c achetés avant 2018 sont autorisés
Ainsi, les normes minimales adoptées par les États des pays du parangonnage ou par les villes de
ces pays, en l?absence de norme nationale, tendent à confirmer la faisabilité de la disposition de la
loi française consistant à imposer la norme minimale Euro 5 en 2025 pour les véhicules diesel dans
les ZFE, lorsque les normes de qualité de l?air ne sont pas respectées de manière régulière.
Dans l?ensemble des pays du parangonnage, des ZFE ciblent à la fois les
véhicules légers et les poids lourds
Rappelons tout d?abord que la mission, dans sa sélection des pays à étudier, a fait le choix de
retenir des pays où existent des ZFE concernant les véhicules légers et non pas les seuls poids
lourds. Dans cette sélection où les véhicules légers sont concernés, les poids lourds ne sont pas
délaissés pour autant.68
Un pays cible les poids lourds plus que les véhicules particuliers. Au Royaume-Uni, les poids lourds
sont inclus dans la CAZ B et les véhicules légers seulement dans la CAZ la plus complète, de type
D ; la justification est qu?il s?agit de cibler prioritairement les véhicules les plus émetteurs à l?intérieur
de la zone, en émission par véhicule.
À Londres, la LEZ ciblant les poids lourds a été mise en place dès 2008 et l?ULEZ ciblant les VL
68 Pour simplifier, l?analyse n?inclut pas des deux-roues motorisés
PUBLIÉ
octobre 2023 Acceptabilité des zones à faibles émissions Page 116/134
en 2019 ;
Aux Pays-Bas, si la plupart des ZFE ne ciblent que les poids lourds, quelques-unes ciblent aussi
les véhicules légers (Amsterdam, La Haye, Arnhem) , avec un niveau d?exigence plus fort pour
les poids lourds ; en revanche la prochaine étape des « Zones zero émission » concerne en
priorité les véhicules logistiques (VUL et PL)
Certains pays ou certaines villes ciblent de façon équivalente poids lourds et véhicules légers :
? L?Allemagne, aussi bien pour les ZFE s?appuyant sur le système de vignettes que pour
celles prenant en compte l?interdiction de circulation des véhicules diesel ;
? La Région flamande, en Belgique.
? Barcelone
Dans certaines villes, la différenciation entre véhicules légers et poids lourds porte sur le
calendrier :
- En Italie, à Milan, l?exigence Euro 6 intervient dès 2022 pour les véhicules légers diesel et
seulement en 2024 pour les poids lourds diesel.
- À Bruxelles et à Madrid, les poids lourds ne sont concernés qu?à partir de 2025
Dans l?ensemble des pays du parangonnage, des ZFE ciblent à la fois les véhicules légers et les
poids lourds : Londres, Amsterdam, Arnhem, Bruxelles, Stuttgart, Milan, Madrid et Barcelone.
Sauf cas particuliers, le contrôle est effectué par un système automatisé de
lecture de plaque
Dans la majorité des pays du parangonnage, le contrôle est effectué par un système de contrôle
automatisé par lecture de plaque :
Royaume-Uni : le dispositif-cadre des clean air zone britannique prévoit un contrôle
automatisé par caméra ;
Belgique : à Bruxelles, Anvers et Gand le contrôle automatisé par caméra est en vigueur ;
Italie : À Milan, les zones B et C sont équipées d?un système de contrôle automatisé par
caméra, tandis que Rome prévoit l?installation d?un tel système ;
Espagne : le contrôle automatisé par caméra est en place à Madrid et Barcelone ;
Pays-Bas : le choix du système de contrôle de la responsabilité des villes ; Amsterdam,
Rotterdam, Utrecht, La Haye, Arnhem et Haarlem ont des caméras ; il s?agit des
agglomérations les plus importantes ; les autres municipalités disposent d?un contrôle
physique (zones concernant les poids lourds).
Enfin, en Allemagne, il n?y a pas de système de contrôle automatisé par caméra, lequel était même
interdit jusqu?en 2021, mais les interlocuteurs rencontrés par la mission ont fait valoir un contexte
très particulier : d?une part, les réserves à l?égard des dispositifs de contrôle des citoyens sont
fortes pour des raisons historiques et, d?autre part, le respect des règles est meilleur que dans
d?autres pays.
En conclusion, si l?on fait abstraction des cas particuliers de l?Allemagne et de ZFE dédiées aux
poids lourds de certaines villes néerlandaises, la règle qui se dégage est que le contrôle des ZFE
est effectué par un système de contrôle automatisé par caméra.
PUBLIÉ
octobre 2023 Acceptabilité des zones à faibles émissions Page 117/134
Annexe 12. Aides financières
La mission a cherché à identifier les dispositifs d?aide apportés par les États aux ménages et aux
entreprises pour l?achat de véhicules électriques. Elle a recherché également les aides apportées
par les collectivités locales pour faciliter la mise en oeuvre des ZFE.
Ces aides sont de différents types :
des aides à l?acquisition de véhicules électriques, soit directes (subvention de type bonus
écologique), soit indirectes (allègements fiscaux) ;
des primes à la casse : pour aider les ménages à se séparer d?une voiture ancienne, soit
pour en racheter une récente moins polluante (prime à la conversion), soit pour accéder à
des services alternatifs de mobilité ;
des aides au rétrofit.
Les aides sont différentes suivant les segments concernés (véhicules particuliers, véhicules
utilitaires légers, poids lourds), peuvent ou non concerner les véhicules d?occasion, peuvent relever
de dispositifs nationaux ou locaux, sont soumises ou non à des conditions de revenus. Elles sont
parfois adossées à une ZFE. Il est assez difficile de disposer d?une vue d?ensemble sur chaque
dispositif local et cette annexe ne prétend pas à l?exhaustivité. Les aides concernant les deux roues
n?ont pas été examinées.
Rappel du dispositif français
Le « bonus écologique » est une prime à l?achat d?un véhicule électrique. Pour les voitures, cette
prime est de 27% du cout d?acquisition, plafonné à 5000¤ (3000¤ pour les personnes morales).
Pour les utilitaires légers, le taux est de 40%, et le plafond de 6000¤ (4000¤ pour les personnes
morales). Le bonus est majoré de 2000¤ pour les ménages les plus modestes. Le bonus est de
1000¤ en cas d?acquisition d?un véhicule d?occasion.
La « prime à la conversion » est accordée pour l?acquisition d?un véhicule léger (y compris utilitaire)
neuf ou, pour les particuliers, d?occasion, à la condition de se séparer d?un véhicule Crit?air 3 ou
plus. L?aide est attribuée aux particuliers sous condition de revenus et peut atteindre 4000¤ pour
l?achat d?un véhicule Crit?air 1, neuf ou d?occasion, et 6000 ¤ pour l?achat d?un véhicule de tourisme
électrique, neuf ou d?occasion. Ce montant est porté à 10 000 ¤ pour un utilitaire électrique. Une
majoration de 1000 ¤ est accordée aux personnes résidant ou travaillant à l?intérieur d?une ZFE et
aux personnes morales justifiant d'un établissement dans une telle zone. Cette surprime de 1000¤
est augmentée du même montant que l'aide éventuelle apportée par une collectivité locale, dans
la limite de 2000 ¤ supplémentaires. La prime à la conversion est cumulable avec le bonus
écologique.
Il existe également une aide pour le rétrofit électrique, qui peut atteindre 80% du coût de la
transformation, dans la limite de 6000¤. Les surprimes ZFE sont applicables dans les mêmes
conditions que pour la prime à la conversion.
Plusieurs métropoles fournissent également des aides à l?achat de véhicules électriques
cumulables avec les aides de l?État.
Les acquéreurs de véhicules électriques neufs bénéficient d?exonérations sur le coût du certificat
d?immatriculation et ne sont pas soumis au « malus CO2 ».
L?achat ou la location d?un véhicule lourd neuf fonctionnant à l?électricité ou à l?hydrogène permettait
jusqu?au 1er janvier 2023 de bénéficier du bonus. Son montant s?élevait à 40 % du coût d?acquisition,
dans la limite de 50 000 ¤ pour un poids lourd. Ce dispositif est remplacé à partir de 2023 par un
appel à projets lancé par l?ADEME pour l?acquisition de poids lourds électriques. L?aide est de 65%
du surcout d?acquisition par rapport à un véhicule de référence de même gamme, ou de 65% du
cout du rétrofit.
PUBLIÉ
octobre 2023 Acceptabilité des zones à faibles émissions Page 118/134
Synthèse
Le tableau ci-après résume les dispositifs en place, en distinguant le bonus écologique et la prime
à la casse éventuellement mis en place par l?État, d?une part, et les autres aides, d?autre part.
Le tableau montre que les dispositifs d?aide du type bonus écologique ou prime à la casse mis en
place par les États du parangonnage offrent des montants moins élevés qu?en France.
Tableau 17: synthèse des aides financières pour l'achat de véhicules électriques,
par pays
Pays
L?État a mis en place un bonus
écologique et, éventuellement,
une prime à la conversion
Autres aides
France
Voitures particulières :
- Bonus écologique : 7000¤
maximum (véhicule neuf)
- Prime à la conversion :
9000¤ maximum ( cas incluant la
surprime maximale en ZFE),
cumulable avec le bonus
Véhicules utilitaires :
Les VUL bénéficient du bonus
écologique et de la prime à la
conversion.
Espagne
Voitures particulières :
jusqu?à 4500¤
Véhicules utilitaires :
Jusqu?à 7000¤
en cas de mise à la casse d?un
véhicule, montants portés
respectivement à 7000 et 9000¤
Royaume-
Uni
Véhicules utilitaires :
« plug in grant » : jusqu?à
2500£ pour un VUL et
25000£ pour un PL
À Londres : « Scrappage scheme » 69 :
pour les ménages à faible revenu et les
personnes handicapées, ainsi que
certaines très petites entreprises.
Montant maximum :
- 2000£ pour un VL
- 9500£ pour un VUL
Italie
Voitures particulières :
électriques70 : 4500 ¤ maximum,
porté à 7500 ¤ maximum en cas
de remise d?un véhicule usagé à la
casse ;
Milan :
Aide supplémentaire de 9000 ¤ pour les
voitures électriques, portée jusqu?à
12 480 ¤ pour les ménages modestes.
Allemagne
Voitures particulières :
Bonus écologique revu à la
baisse : 3000 ¤ maximum
Prime à la casse :
mise en place en 2009
et supprimée au bout d?un an
- « programme immédiat air propre
2017 - 2020 », d?un coût de 1,5 Md ¤,
pour diminuer les émissions de NO2 ;
- programme de soutien aux véhicules
utilitaires à basses émissions et aux
infrastructures : aide égale à 80% du
69 https://tfl.gov.uk/modes/driving/ultra-low-emission-zone/scrappage-schemes
70 https://www.idealista.it/fr/news/conseil-financier-en-italie/2022/11/06/171617-incentives-voitures-electriques-
italie-2023
PUBLIÉ
octobre 2023 Acceptabilité des zones à faibles émissions Page 119/134
surcoût du véhicule 71
Pays-Bas Voitures particulières : 2950¤ pour
un véhicule neuf
Véhicules utilitaires : subvention
de 10% dans la limite de 5000¤
Avantages fiscaux pour les
particuliers détenant un véhicule
électrique ou bénéficiant d?un véhicule
électrique de fonction
Belgique
Non
Bruxelles :
Professionnels : remplacement d?un
véhicule utilitaire : 15 000 ¤ maximum
Particuliers : en cas d?abandon d?un
véhicule, aide pour l?abonnement à des
services de mobilité : 900 ¤ maximum
En Allemagne, le bonus environnemental est désormais réservé aux personnes
privées
Le dispositif d?aide à l?achat de véhicules électriques, appelé bonus environnemental, a été mis en
place en 2016 et offrait initialement des montants pouvant aller jusqu?à 6000¤. Les montants ont
été abaissés au 1er janvier 2023 et évolueront à nouveau à la baisse au 1er janvier 2024. L?aide,
qui sera désormais plafonnée à 3000¤, est accordée pour l?achat ou le leasing d?un véhicule
électrique neuf ou récent. Les véhicules hybrides sont désormais exclus. L?aide est cumulable avec
d?autres subventions, notamment celles des régions (Länder). À partir de septembre 2023, seules
les personnes privées sont éligibles.
Tableau 18: bonus environnemental en Allemagne à partir du 1er janvier 2024
Aide réservée aux
personnes privées
Contribution fédérale
pour les véhicules
neufs
Contribution fédérale
pour les véhicules
d?occasion récents
Durée de
conservation
minimale
Achat 3000¤ 2400 ¤ 12 mois
Leasing d?une durée
de 12 à 23 mois
1500¤ 1200¤ 12 mois
Leasing d?une durée
supérieure à 23 mois
3000¤ 2400 ¤ 24 mois
Source :
https://www.bafa.de/DE/Energie/Energieeffizienz/Elektromobilitaet/Neuen_Antrag_stellen/neuen_
antrag_stellen.html
Prime à la casse :
La prime à la casse qui a été mise en place en 2009 a été supprimée l?année suivante. Elle a coûté
5 Md ¤.
Programme d?aide pour les véhicules utilitaires à basses émissions, légers ou lourds, ainsi que les
infrastructures correspondantes :
Le programme KsNI (« Klimaschonende Nutzfahrzeuge und Infrastruktur », véhicules utilitaires à
71 Le programme fonctionne par appels à projet et il n?y a pas eu d?appel à projets en 2023 à la date d?aujourd?hui
https://www.balm.bund.de/SharedDocs/Downloads/DE/Foerderprogramme/KsNI/2_Foerderaufruf/KsNI_FAQ_Foe
dergegenstand_KsN.pdf?__blob=publicationFile&v=6
PUBLIÉ
https://www.bafa.de/DE/Energie/Energieeffizienz/Elektromobilitaet/Neuen_Antrag_stellen/neuen_antrag_stellen.html
https://www.bafa.de/DE/Energie/Energieeffizienz/Elektromobilitaet/Neuen_Antrag_stellen/neuen_antrag_stellen.html
octobre 2023 Acceptabilité des zones à faibles émissions Page 120/134
basses émissions et infrastructures) définit les aides aux véhicules utilitaires à basses émissions
(100 % électriques et hydrogène). Ce programme, chiffré à 1,3 Mds ¤ pour les véhicules et 6,3
Mds ¤ pour l?infrastructure de recharge et d?hydrogène, est destiné aux véhicules utilitaires. Il est
placé sous la tutelle du Bundesamt für Güterverkehr (Office fédéral pour le transport de
marchandises), une autorité fédérale indépendante liée au ministère du numérique et des
transports.
Ce programme de subventions est entré en vigueur le 2 août 2021, après validation par la
Commission européenne. Il donne la possibilité aux pouvoirs publics de publier jusqu?à 4 appels à
projets par an, jusqu?au 31 décembre 2024, avec à chaque fois un préavis de deux semaines pour
la préparation des demandes de subventions. Celles-ci peuvent s?élever jusqu?à 80% des coûts
d?investissement supplémentaires liés à la technologie, tandis que les infrastructures de recharge
correspondantes peuvent être subventionnées à hauteur de 80% des dépenses totales liées au
projet et aux études de faisabilité.
En juin 2022 a été lancé un second appel à projet, associé à un « appel à projets exceptionnel »
concernant les « véhicules spéciaux » (par exemple, ambulances, fourgons de police, camion de
pompiers).
À cette occasion, la Secrétaire d?État auprès du ministre du Numérique et des Transports, Daniela
KLUCKERT, est revenue sur le 1er appel à projet lié à la KsNI :
« Après le premier appel à projets [dépôt des demandes le 16 août 2021], qui a permis d'obtenir
environ 2 000 véhicules utilitaires respectueux du climat de toutes catégories et technologies de
propulsion, nous poursuivons cette grande réussite avec le deuxième appel à projets, ainsi qu'avec
un appel supplémentaire pour les véhicules spéciaux et leurs infrastructures. Avec les moyens mis
à disposition, nous aidons le secteur à prendre ses responsabilités en matière de protection du
climat et à réduire les émissions dans le transport routier de marchandises. »
Aucun nouvel appel à projets n?a été lancé depuis l?été dernier (la limite de 4 par an est loin d?être
atteinte).
Le 7 décembre 2022, le programme KsNI a été prolongé jusqu?au 31 décembre 2026 suite à une
demande du BMDV (ministère du Numérique et des Transports).
D?autres programmes fédéraux de soutien concernent :
- L?encouragement à l'achat de bus électriques pour les transports en commun ;
- Différents programmes de soutien pour l'e-mobilité / l'infrastructure de recharge
- La promotion de la mise aux normes des bus diesel dans les transports publics (BMVI)
- La promotion de la mise à niveau du matériel pour les véhicules communaux, pour les
véhicules utilitaires des artisans et pour ceux de livraison (BMVI)
- Initiative pour la protection du climat ? subventions pour les vélos cargo électriques dans
l'économie et pour les communes : subvention de 25% dans la limite d?une dépense de
2500 ¤ par vélo72.
Le « programme immédiat air propre 2017 - 2020 », d?un coût de 1,5 Md ¤, était dédié à la
diminution des émissions de NO2 73 .
En effet, en 2017, il avait été constaté que 65 communes dépassaient la valeur limite de ce polluant.
72 https://www.bafa.de/DE/Energie/Energieeffizienz/E-Lastenfahrrad/e-lastenfahrrad_node.html
73 https://www.umweltbundesamt.de/themen/sofortprogramm-saubere-luft-ist-schritt-in-richtige
https://bmdv.bund.de/SharedDocs/DE/Publikationen/G/broschuere-sofortprogramm-saubere-
luft.pdf?__blob=publicationFile
PUBLIÉ
https://www.umweltbundesamt.de/themen/sofortprogramm-saubere-luft-ist-schritt-in-richtige
octobre 2023 Acceptabilité des zones à faibles émissions Page 121/134
Le programme permettait de financer notamment :
l?équipement de bus diesel de convertisseurs catalytiques d?oxyde d?azote ;
les véhicules électriques ( bus, taxis, et véhicules utilitaires) ;
la mise en oeuvre de solutions de logistique ;
la numérisation de la circulation ( système de guidage pour le stationnement et système
de navigation) ;
les voies cyclables.
Les moyens financiers étaient concentrés sur les communes en dépassement de la limite du NO2.
En Belgique, les approches sont différentes selon les Régions
En Belgique, la possession d?un véhicule neuf est soumise au paiement d?une taxe à l?achat (taxe
de mise en circulation), puis d?une taxe annuelle (taxe de circulation). Le barème de ces taxes
relève de chaque région. Les véhicules électriques font l?objet de réductions importantes et sont
même totalement exonérés dans la Région flamande.
L?attribution de véhicules de société aux salariés est une pratique très répandue. Fiscalement, elle
est considérée comme un avantage en nature, dont le montant est fixé à un niveau très faible pour
les véhicules électriques, ce qui est très avantageux pour les entreprises.
Il n?existe en revanche pas de système d?aide directe aux particuliers pour l?achat de véhicules
électriques, à l?exception de celui institué par la ville de Gand, qui apporte une subvention de
4500 euros dans le cas où le véhicule électrique est acheté dans un but d?autopartage.
La région de Bruxelles capitale a mis en place deux systèmes d?aides différents pour les entreprises
et les particuliers.
Les TPE et PME (moins de 250 salariés) du secteur privé peuvent bénéficier de la « prime LEZ »
pour remplacer des VUL qui n?auraient plus accès à la ZBE par un véhicule moins polluant, neuf
ou d?occasion (Arrêté en date du 25/11/2021 du Gouvernement de la Région de Bruxelles-Capitale
relatif à l'aide pour la mise en conformité aux normes de la zone de basses émissions). En cas
d?acquisition d?un véhicule essence ou gaz, la subvention est de 20% du montant de l?achat dans
la limite de 3000¤. Pour l?acquisition d?un véhicule électrique, la subvention est plafonnée à 15 000¤
et son taux varie selon l?ancienneté et la motorisation du véhicule réformé. Un calendrier définit en
effet l?éligibilité et l?évolution dans le temps du taux de subvention (40%, puis 30% avant d?être
réduite à zéro, en parallèle à l?évolution des normes d?accès à la ZBE).
Le programme « Bruxell?Air 74» concerne les particuliers. Il ne prévoit pas de subvention à l?achat
de véhicules, mais permet aux ménages qui se séparent de leur voiture de bénéficier d?un budget
mobilité d?un montant compris entre 500 et 900¤ selon le niveau de revenu. Ce budget peut être
utilisé pour acheter un vélo, pour souscrire un abonnement de transports en commun ou recourir
à la location de vélo ou de voiture partagée. Un « mobility coach » est disponible pour conseiller
les ménages concernés.
Le dispositif espagnol ne cible pas les ZBE
Le programme national « MOVES III » vise à développer l?électromobilité, avec des aides à
l?installation de bornes de recharge et des subventions à l?acquisition de véhicules électriques neufs
ou d?occasion très récente (moins de 12 mois). Ce programme est un élément du plan de relance
74 https://environnement.brussels/citoyen/services-et-demandes/primes-et-aides-financieres/la-prime-mobilite-
bruxellair-pour-se-deplacer-autrement-bruxelles
PUBLIÉ
octobre 2023 Acceptabilité des zones à faibles émissions Page 122/134
et de résilience espagnol et fait l?objet à ce titre d?un financement de l?Union européenne. La gestion
du programme est déléguée par l?État aux communautés autonomes. Le montant de la subvention
peut atteindre 4500 ¤ pour les véhicules de tourisme et 7000 ¤ pour les utilitaires. Ces montants
sont portés respectivement à 7 000 et 9 000 ¤ en cas de mise à la casse d?un véhicule
(« achatarramiento »).
Un dispositif spécifique est par ailleurs en place pour les poids lourds et autocars. La gestion en
est également déléguée aux communautés autonomes, et les subventions peuvent atteindre
20 000¤ pour un rétrofit électrique, et 200 000 ¤ (150 000¤ pour les grandes entreprises) pour
l?acquisition d?un poids lourd électrique ou hybride.
Le dispositif italien vise directement la baisse des émissions de CO2
En Italie, un dispositif de subventions à l?achat de véhicules moins polluants est en place. Le
montant de subvention dépend du niveau d?émission de CO2 du véhicule, sans lien direct donc
avec l?émission de polluants. La subvention à l?acquisition de voitures de tourisme est de 4500 ¤
pour un véhicule électrique, de 3000 ¤ pour un véhicule émettant entre 21 et 60 g de CO2 (hybrides
rechargeables), ces montants étant majorés de 3000 ¤ en cas de mise à la casse d?un véhicule.
Pour la gamme 61-135 g CO2/km, une aide de 2000 ¤ est apportée à la condition de mise au rebut
d?un véhicule de norme Euro 5 ou inférieure. Le niveau des aides est réduit si le revenu de
référence du ménage (revenu « ISEE », qui tient compte de la composition du ménage) dépasse
les 30 000 ¤ annuels.
La ville de Milan apporte une aide supplémentaire d?un montant de 9 000 ¤ pour les voitures
électriques et 6000 ¤ pour les hybrides. Si le revenu ISEE est inférieur à 20 000 ¤, la subvention
est majorée, avec un maximum de 12 480 euros pour les ménages d?un revenu ISEE inférieur à
12 000 euros75.
Les subventions à l?achat de poids lourds électriques sont plafonnées à 24 000¤, avec un bonus
de 10% pour les PME.
Aux Pays-Bas, les aides se concentreront dans les années à venir sur les
véhicules logistiques
Les entreprises néerlandaises sont susceptibles de bénéficier d?une subvention de 10% du prix
d?achat d?un véhicule léger électrique neuf (voiture de société ou utilitaire), avec un plafond de
5 000¤. Le taux est porté à 12% pour les petites entreprises et les organismes à but non lucratif 76.
Un programme spécifique est consacré à l?achat de poids lourds électriques77. Ce programme
initialement budgété pour 2023 à 30 M¤ a dû être abondé en cours d?année de 27,4 M¤, et n?a
cependant pas pu honorer toutes les demandes.
Les particuliers détenant une voiture électrique bénéficient de l?exonération de la taxe
d?immatriculation et de la taxe annuelle de circulation jusqu?en 2025, ainsi que d?un barème
avantageux pour les avantages en nature liés à l?utilisation d?un véhicule de fonction. Une
subvention à l?achat d?une voiture électrique est également prévue78, d?un montant de 2950¤ pour
un véhicule neuf, de 2000 ¤ pour un véhicule d?occasion. La suppression à partir de 2026 de cette
prime pour les véhicules neufs a été annoncée.
75 https://www.comune.milano.it/-/mobilita.-dal-comune-cinque-milioni-di-euro-di-contributi-a-cittadini-e-imprese-
per-la-sostituzione-dei-veicoli-inquinanti
76 https://www.rvo.nl/subsidies-financiering/seba#voorwaarden
77 https://www.rvo.nl/subsidies-financiering/aanzet
78 https://www.rvo.nl/subsidies-financiering/sepp
PUBLIÉ
octobre 2023 Acceptabilité des zones à faibles émissions Page 123/134
En Angleterre, les primes à la casse ont des cibles variables selon les villes
Le Royaume-Uni, a mis en place un dispositif (« plug in grant ») d?aide à l?acquisition de véhicules
neufs peu polluants (moins de 50g CO2/km, donc électriques ou hybrides). Ce système, qui n?est
pas ouvert aux véhicules de tourisme, offre à l?acquéreur une réduction pouvant aller jusque 35%
du coût d?acquisition du véhicule, dans la limite de 2500 £ pour les utilitaires (de moins de 2,5T). Il
est transparent pour l?acquéreur, car le vendeur est chargé de collecter l?aide et de la répercuter
sur le prix de vente. Pour les poids lourds, la subvention peut aller jusque 25000 £.
Des dispositifs spécifiques existent dans les villes ayant mis en place une ZFE, les municipalités
pouvant solliciter une aide du gouvernement britannique pour financer ce plan, avec un droit de
regard du gouvernement en contrepartie. À Birmingham, existe une prime à la casse (« scrappage
scheme ») destinée à aider les ménages à faible revenus travaillant à l?intérieur de la CAZ et dont
le véhicule ne remplit pas les conditions pour accéder gratuitement à la CAZ. Cette prime, d?un
montant de 2000 £, peut être utilisée soit pour acheter un véhicule neuf ou d?occasion conforme
(donc au moins Euro 4 essence ou Euro 6 diesel), soit sous forme de réduction sur les
abonnements de transports en commun de la région.
Le Grand Londres a également mis en place un « scrappage scheme », sans bénéficier pour autant
de subvention du gouvernement. La prime à la casse est accessible sans condition de revenus
aux ménages habitant au sein de l?ULEZ, le périmètre d?éligibilité de la prime a donc été étendu en
même temps que celui de la zone fin août 2023. Sont éligibles, outre les ménages, les TPE (moins
de 50 salariés) et les « charities » (organisations à but non lucratif) basées dans le périmètre. La
prime est de 2000 £ pour un véhicule de tourisme, ce montant étant majoré si une partie est utilisée
pour acquérir un abonnement de transports en commun. Pour les utilitaires, la prime peut monter
jusque 11500 £ et peut être utilisée pour certains véhicules à financer leur rétrofit.
PUBLIÉ
octobre 2023 Acceptabilité des zones à faibles émissions Page 124/134
Annexe 13. Dérogations
Toutes les ZFE comportent des dérogations aux règles de restriction de circulation. Elles
concernent en général des catégories de public ou des types de véhicules pour lesquels le coût
d?adaptation serait trop élevé par rapport au bénéfice attendu en termes de réduction des
émissions. Certaines de ces dérogations sont définies au niveau national, d?autres sont le résultat
de la concertation locale préalable à la mise en oeuvre des ZFE.
La mission a observé lors des entretiens la préoccupation des différents interlocuteurs de parvenir
à un cadre lisible et compréhensible pour tous les usagers, et notamment pour les entreprises qui
ne devraient pas être entravées dans leurs activités.
Le tableau ci-dessous présente les dérogations, temporaires ou permanentes, adoptées dans les
6 villes que la mission a examinées de façon plus précise (cf. §2.7) :
Tableau 19: dérogations dans une sélection de 6 villes
ville Dérogations
Temporaires Permanentes
ULEZ de Londres (VL)
et LEZ ( PL)
-Véhicules de personnes
handicapées, véhicules
adapté au transport de
personnes handicapées
exemptées jusque 2027
-jusque 2024, pour les TPE et
« charities », exemption dans
l?intervalle entre la commande
et la livraison d?un véhicule
moins polluant
- Taxis londoniens de moins
de 12 ans (les taxis neufs
doivent être zéro émission)
- Véhicules historiques
- Forains
Bruxelles
- PL concernés à partir de
2025
- Possibilité d?acheter un pass
pour les véhicules non
conformes
- Véhicules adaptés aux
transport de personnes
handicapées, véhicules de
personnes handicapées
- Véhicules de foires et
marchés
- Véhicules pour l?entretien
d?infrastructures et
d?installations
- Véhicules des forces
armées
- Véhicules de collection
-Livraisons (y compris artisans
et véhicules dans le domaine
du bâtiment),
- Trajets vers un P+R,
- Taxis, voitures de location,
-autopartage,
PUBLIÉ
octobre 2023 Acceptabilité des zones à faibles émissions Page 125/134
Stuttgart- zone large
-Véhicules avec coûts
d?aménagement élevés,
- Travail posté
- etc?
- Dérogations de base *
Milan Area B -Nombre limité d?accès
gratuits pendant 2 ans pour
les véhicules non conformes
et dispositif Move in
- Délai d?un an pour le travail
posté, les auto-écoles, les
représentants
- Administration municipale,
- Assistance sanitaire, soin à
domicile
-Dérogations de base*
Amsterdam - Un calendrier de transition
indique les dates d?interdiction
progressive entre 2025 et
2030 des Vul et PL thermiques
selon leur âge
- Véhicules adaptés à des
personnes handicapées
- Dans l?attente de la livraison
d?un véhicule moins polluant
- Pour les PL pass journalier
payants (12 jours max)
Madrid - PL concernés à partir de
2025
- Véhicules des résidents à
partir de 2025
Dérogations de base *
* Dérogations de base : Transport de personnes handicapées, véhicules d?urgence, véhicules de
collection
Complément sur le dispositif de dérogation à Bruxelles
Des dérogations sont accordées de façon automatique ou sur demande :
- Véhicules adaptés aux transport de personnes handicapées, véhicules de personnes
handicapées ;
- Véhicules de foires et marché ;
- Véhicules pour l?entretien d?infrastructures et d?installations ;
- Véhicules des forces armées ;
- Véhicules de collection ;
- Autocaravanes .
On observe que ces dérogations se limitent aux cas qui s?imposent de façon évidente.
PUBLIÉ
octobre 2023 Acceptabilité des zones à faibles émissions Page 126/134
Complément sur le dispositif de dérogation en Allemagne, dans le cas d?une
interdiction de circuler des véhicules diesel
Il existe une liste de dérogations au niveau fédéral, adoptée en 2006 dans le cadre du dispositif
sur les zones environnementales. Cette liste peut être complétée au niveau local.
Les dérogations définies par la loi fédérale :
- les forces d?intervention : ambulances, police, pompier, service hivernal, ?
- les ambulances, voitures de médecin avec la vignette « intervention médicale d?urgence »
- les véhicules ayant fait l?objet d?un aménagement complémentaire
- les véhicules pour personnes handicapées
- les engins mobiles, machines de travail, machines agricoles et forestières ; les véhicules
pour les ordures ménagères par exemple ;
- les deux et trois roues
- les véhicules de collection
Cette liste étant ancienne, il nous semble qu?elle ne peut pas faire référence.
En présence d?une « interdiction » de circulation des véhicules diesel, on observe à partir des cas
de Stuttgart et de Munich que les dérogations comprennent des dérogations générales s?ajoutant
à celles définies au niveau fédéral et la possibilité d?autorisations spécifiques accordées sur de-
mande.
Cas de Stuttgart 79 :
Dérogations générales
Cas de la « grande zone » : livraisons (y compris artisans et véhicules dans le domaine
du bâtiment), trajets vers un P+R, taxis, voitures de location, autopartage, corbillards
Autorisations accordées sur demande :
- Véhicules spéciaux avec des coûts d?aménagement élevés
- Visites régulières chez le médecin, pour une personne ne pouvant pas emprunter les
transports publics ;
- travailleurs postés qui ne peuvent pas utiliser les transports en commun
- entreprises et les personnes privées, lorsque l'achat d'un véhicule de replacement ap-
proprié mettrait en danger leur existence ou que l'achat de remplacement va au-delà de
ce qui est économiquement raisonnable ; il y aurait finalement peu de demandes de
ce type
- les personnes privées qui peuvent fournir des preuves appropriées de raisons person-
nelles et urgentes, telles que :
a. les voyages n'ont lieu que pour une courte durée ou seulement dans de rares
cas particuliers tels qu?un déménagement ;
b. les quelques trajets spéciaux mensuels sont utilisés pour la garde familiale
d'enfants de moins de 8 ans, à l'exception des trajets réguliers à l'école, à la
crèche, à la garderie, au jardin d'enfants ou pour des activités de loisirs (ap-
pelés "taxis des parents") (objectif de s'occuper de jeunes enfants) ;
c. le but du voyage est similaire aux dérogations générales existantes ; par
exemple, des exceptions devraient être possibles pour les voyages privés
destinés à soigner des membres de la famille, puisque ces exceptions s'ap-
pliquent également aux services de soins professionnels.
79https://www.stuttgart.de/leben/mobilitaet/dieselverkehrsverbot/ausnahmen-von-den-diesel-verkehrsverboten.php
PUBLIÉ
octobre 2023 Acceptabilité des zones à faibles émissions Page 127/134
Cas de Munich 80 :
Le dieselfahrverbot s?accompagne d?un système complet de dérogations (exemptions), dont l?ob-
jectif est de tenir compte des aspects sociaux et éviter des difficultés excessives. Ces dérogations
sont définies en fonction de chacune des 3 étapes. Le document fait 9 pages.
Ces dérogations sont définies de façon à préserver le principe de proportionnalité fixé par la loi
fondamentale (constitution fédérale). Le diselfahrverbot ayant une profondeur d?action considé-
rable, il ne peut être mis en oeuvre de façon appropriée que par la définition d?exceptions. Certains
trajets considérés comme d?intérêt public sont donc autorisés. En complément, des exceptions
payantes sont autorisées.
Certaines exceptions sont prévues par la loi fédérale :
- Les personnes handicapées ;
- Les forces d?intervention : ambulances, police, pompier, service hivernal,?
Certaines dérogations sont limitées aux étapes 1 et 2 :
- Les résidents et les livraisons ( residents and deliveries) ;
- Les taxis et voitures de location (Taxis and rental cars) ;
- Les trajets vers ou depuis la gare de bus centrale.
D?autres dérogations sont permanentes :
- Les urgences médicales ( y compris sans ambulance) ;
- Les corbillards ;
- Les artisans titulaires d?une autorisation de stationnement (craftsmen) ;
- Les services sociaux et les services de soin ;
- Les activités en horaires décalés et les déplacements des personnes vers et depuis leur lieu
de travail si, en ce qui concerne soit le voyage aller et/ou retour, l?utilisation des transports en
commun n'est pas raisonnable et si aucun véhicule conforme n?est disponible. Notamment :
industrie, hôpitaux, installations médicales, ainsi que les boulangers, les bouchers et les per-
sonnes actives dans la restauration.
- Les trajets vers ou en provenance du marché de gros, de la gare, du stade olympique, du
terrain de camping.
Des autorisations individuelles peuvent être accordées sur demande :
- Réparation et maintenance d?installations ;
- Réparation de dommages aux bâtiments ;
- Fourniture à la population de biens d?importance vitale ;
- Véhicules spéciaux comportant des coûts élevés d?aménagement et effectuant peu de dé-
placements ;
- Véhicules spécialement aménagés pour les personnes handicapées ;
- Véhicules destinées aux visites régulières de médecins ;
- Cas d?urgences privés ;
- Trajets pour la maintenance des processus de fabrication et de production ;
- Livraison à des manifestations.
80https://stadt.muenchen.de/infos/umweltzone-muenchen.html
https://stadt.muenchen.de/dam/jcr:34fa0db3-ab88-4792-a2d2-
69b6bc678322/230324_Anlage%202%20-%20230322_Ausnahmekonzept_Neu_BV-Bekanntgabe-
nach%20RM%20KVR.pdf
PUBLIÉ
octobre 2023 Acceptabilité des zones à faibles émissions Page 128/134
Synthèse sur les dérogations accompagnant les interdictions de circulation des véhicules diesel
Les dérogations peuvent être très larges dans le cas allemand de l?interdiction de circulation des
véhicules diesel. En effet, dans ce cas, la mise en place du dispositif provient d?une décision
juridique plus que d?un projet de la collectivité. La collectivité cherche à répondre à l?obligation qui
lui est imposée, tout en minimisant la gêne occasionnée.
Une première approche de la collectivité consiste à répondre à la décision juridique qui lui est
imposée en se plaçant elle-même sur le terrain du droit et en montrant que telles et telles
dérogations sont « d?intérêt public » et, par conséquent, justifiées sur le plan juridique.
C?est ainsi que, à Stuttgart, on trouve dans les dérogations les livraisons, dans un sens très large
(y compris artisans et véhicules dans le domaine du bâtiment), les taxis, les voitures de location et
l?autopartage.
Il n?en reste pas moins que le dispositif, avec ses dérogations, doit permettre le respect de la
réglementation européenne. Néanmoins, il nous semble que ce cas est trop spécifique pour
inspirer la réflexion en France.
À Munich, l?optimum est recherché par l?établissement d?un projet en 3 étapes, les étapes 2 et 3
n?étant activées que si l?étape précédente n?a pas permis d?obtenir le respect de la réglementation.
Des dérogations temporaires sont accordées pour les résidents, les livraisons, les taxis et les
voitures de location. Ces dérogations seraient levées lors de la mise en oeuvre de l?étape 3. Il vient
d?être décidé que cette étape ne serait pas activée, les résultats obtenus grâce à l?étape 1 rendant
son activation inutile.
Aux Pays-Bas, un cadre national de dérogations a été défini
Le gouvernement néerlandais a décidé par un décret en date du 29 octobre 2019 81 de donner un
cadre réglementaire harmonisé pour les ZFE existantes et à venir. Le décret porte aussi bien sur
les normes Euro à respecter dans les différents types de zones (cf. annexe 10) que sur la
signalisation de ces zones ou encore les dérogations possibles.
Des dérogations sont accordées systématiquement et s?imposent à toutes les ZFE. Il s?agit:
? Des véhicules anciens (plus de 40 ans) ;
? Des véhicules accessibles aux fauteuils roulants ;
? Des camping-cars des habitants des zones concernées ;
? Des véhicules forains ou de cirque ;
? Des véhicules de déménagement.
Par ailleurs des dérogations supplémentaires peuvent être décidées par chaque municipalité. En
particulier, celles-ci peuvent émettre des autorisations payantes d?accès journalier aux véhicules
exclus selon les règles de la ZFE, dans la limite de 12 jours par an pour les poids lourds et de 6
pour les utilitaires. Au-delà de cette limite, les entreprises en difficulté financière peuvent solliciter
une « clause de sauvegarde ».
Les municipalités peuvent également exonérer temporairement les propriétaires de véhicules non
81 Besluit van 29 oktober 2019 tot wijziging van het Reglement verkeersregels en verkeerstekens 1990, het Besluit
administratieve bepalingen inzake het wegverkeer en het Kentekenreglement in verband met de harmonisatie van
milieuzones
PUBLIÉ
octobre 2023 Acceptabilité des zones à faibles émissions Page 129/134
conformes dans l?attente de la livraison d?un véhicule moins polluant en commande.
PUBLIÉ
octobre 2023 Acceptabilité des zones à faibles émissions Page 130/134
Annexe 14. Bibliographie
Documentation sur les ZFE en Europe et sur la réglementation européenne
ADEME, benchmark des zones à faibles émissions à travers l?Europe. Synthèse et monographies.
Version 2023 ( ouvrage disponible sur le site https://librairie.ademe.fr/)
ADEME, Émissions de particules et de NOx par les véhicules routiers, 2018
Urban Access Regulations in Europe (site internet, développé avec le soutien de l?UE, fournissant
des informations sur les ZFE) : https://urbanaccessregulations.eu/
Clean Cities Campaign, Quantifying the impact of low- and zero-emission zones: Evidence Review.
2022
Clean Cities, the development trends of low- and zero-emission zones in Europe, 2022
Clean Cities, how low can cities go, mai 2023 (étude sur les zones à zéro émission)
Clean cities, thank you for sharing, juillet 2023
Quentin Perrier, la grande conversation. Retours d?expérience de quatre ZFE européennes : Berlin,
Bruxelles, Londres, Madrid. Mars 2023
Lucas Belliard, les zones à faibles émissions en France et en Europe, mémoire de master 2,
octobre 2021
Directive 2008/50/CE du Parlement européen et du Conseil du 21 mai 2008 concernant la qualité
de l?air ambiant et un air pur pour l?Europe
Proposition de directive du Parlement européen et du Conseil concernant la qualité de l?air ambiant
et un air pur pour l?Europe (refonte), 2022
OMS, lignes directrices relatives à la qualité de l?air, 2021
Documentation par pays
France
Commission du développement durable et de l'aménagement du territoire de l?Assemblée natio-
nale, Bruno Millienne et Gérard Leseul. Mission d?information flash. Les mesures d?accompagne-
ment à la mise en oeuvre des zones à faibles émissions, octobre 2022
Sénat, Philippe Tabarot, rapport d?information fait au nom de la commission de l?aménagement du
territoire et du développement durable relatif aux zones à faibles émissions mobilité (ZFE-m), Juin
2023
Les Zones à Faibles Émissions, 25 propositions pour allier transition écologique et justice sociale,
rapport remis à M. Christophe Béchu, ministre de la transition écologique et de la cohésion des
territoires, juillet 2023
Il s?agit du rapport des groupes de travail mis en place début 2023 et rassemblant les représentants
des collectivités territoriales, des associations, des entreprises et des artisans, des acteurs du
transport routier et de l?Etat.
Santé publique France, impact de la pollution de l'air sur la mortalité, avril 2021
PUBLIÉ
https://librairie.ademe.fr/
octobre 2023 Acceptabilité des zones à faibles émissions Page 131/134
Direction générale de la Santé, Questions-Réponses air extérieur et santé, mai 2021
Université de Paris, Inserm, Inrae. Impact de l?exposition à la pollution atmosphérique d?origine
automobile sur la morbidité respiratoire et allergique au cours de l?enfance : leçons de la cohorte
Paris. Août 2022.
MTECT, bilan de la qualité de l?air extérieur en France, octobre 2022
Laboratoire d?économie appliquée de Grenoble, les déterminants de l?acceptabilité sociale des
ZFE en France : le cas de la future ZFE de Grenoble, février 2023
Frédéric Martinez, Université Gustave Eiffel, comment promouvoir l?acceptabilité des ZFE ? Revue
TEC n°242, juin 2019
Respire, CleanCities, Fabrique des mobilités. Pour des ZFE-m saines et justes : anticiper la
transition des mobilités, juillet 2023
Réseau Action Climat et UNICEF France, de l?injustice sociale dans l?air, pauvreté des enfants et
pollution de l?air, octobre 2021
Secours catholique, pour des métropoles et des agglomérations à faibles émissions et à forte
accessibilité
Terra Nova. Les ZFE : fake news politiques, urgences sanitaires et solutions locales, décembre
2022
Terra Nova. Zones à faible émission, un risque d?exclusion sociale dans les villes, décembre 2022
Union routière de France. ZFE, comment éviter la fracture sociale ? Décembre 2022
Organisation des transporteurs routiers européens (OTRE). Mise en place des zones à faibles
émissions, position et propositions.
TLF, L?abécédaire des ZFE-m en France, mars 2023
Allemagne
Gouvernement fédéral, Ordonnance sur les vignettes pour les véhicules à faible contribution à la
pollution, 2006
Berlin, Plan qualité de l?air, 2ème mise à jour, 2019
P. Bruckmann et al. Agence régionale de l?environnement. « Les zones environnementales
améliorent-elles la qualité de l?air ? ». 2011
Belgique
Bruxelles environnement, sortie des véhicules thermiques : impact sur les émissions du transport,
2021
Bruxelles, guide multimodal
à destination des personnes impactées par la Zone de Basses Émissions et de toutes celles qui
souhaitent découvrir les alternatives de mobilité disponibles à Bruxelles
Bruxelles mobilité, évaluation de la zone de basses émissions. Rapport 2021.
PUBLIÉ
octobre 2023 Acceptabilité des zones à faibles émissions Page 132/134
Eva Ramires, projet de fin d?études de master, pollution de l?air et inégalités environnementales,
l?exemple de la zone de basses émissions de la région de Bruxelles - capitale, 2020
Italie
Cerema, Zones à trafic limité (ZTL) italiennes : retour sur la visite de Turin, Cuneo et Milan mai
2022
Clean cities, Mal?Aria di città, janvier 2023
Espagne
Ministerio para la transición ecológica y el reto demográfico, Directrices para la creación de
zonas de bajas emisiones (ZBE), 2021
Área Metropolitana de Barcelona, Guía técnica para la implementación de zonas de bajas elisiones,
février 2021
CEOE Empresas españolas, Situación actual de las Zonas de bajas emisiones (ZBE) en España,
janvier 2023
Royaume-Uni
Department for Environment, Food and Rural affairs, Department for Transport, UK plan for tackling
roadside nitrogen dioxide concentrations, an overview, juillet 2017
Mairie de Londres, A guide to the Ultra Low Emission Zone operating across all London boroughs,
juin 2023
Birmingham City Council, Clean Air Zone- six month report, mars 2022
Mairie de Londres, Inner London Ultra Low Emission Zone, bilan après un an, février 2023
Université de Leeds, public acceptability towards Low Emission Zones: the role of attitudes, norms,
emotions and trust. 2021
Pays-Bas
Décret du 29 octobre 2019 modifiant le Règlement de 1990 sur les règles et les panneaux de
circulation, le Décret sur les dispositions administratives relatives à la circulation routière et le
Règlement sur l'enregistrement dans le cadre de l'harmonisation des zones environnementales.
City logistics, Will zero-emission zones improve air quality? Maybe not?, juin 2023
Ville de Rotterdam : Covenant ZECL-Together towards zero- décembre 2020
PUBLIÉ
PUBLIÉ
PUBLIÉ
Sommaire
Résumé
Liste des recommandations
Introduction
1 Démêler le vrai du faux sur les ZFE en France: que disent les textes et quelles sont les difficultés identifiées?
1.1 5 villes doivent dans les meilleurs délais améliorer la qualité de l?air et toutes devront respecter des exigences de qualité plus fortes en 2030
1.2 Des difficultés d?acceptabilité des ZFE sont identifiées et des propositions présentées pour y remédier
2 Les ZFE, c?est possible ! La preuve par l?exemple dans plusieurs pays d?Europe
2.1 En Italie, des Zones à Trafic Limité existent depuis les années 70 et des ZFE plus ambitieuses se développent avec une bonne acceptabilité, notamment à Milan, tandis que les réactions sont plus mitigées à Rome
2.2 Les Pays-Bas ont mis en place une ZFE portuaire et s?orientent vers des zones à zéro émission pour la logistique
2.3 Au Royaume-Uni, grâce à une ZFE ambitieuse, Londres a ouvert la voie à des « zones d?air pur » dans l?ensemble du pays
2.4 En Allemagne, des « zones environnementales » existent depuis 2010, et plusieurs villes engagent une nouvelle étape plus contraignante
2.5 En Belgique, Bruxelles se distingue par une ZFE couvrant l?ensemble de la ville, qui évolue progressivement vers une zone à zéro émission
2.6 En Espagne, la réussite des ZFE de Madrid et Barcelone a conduit le gouvernement à prévoir la mise en place de ZFE dans les villes de plus de 50 000 habitants
2.7 Si chaque pays a sa propre histoire, un message commun se dégage
3 Les résultats montrent que les ZFE sont un outil efficace pour améliorer la qualité de l?air dans les villes
3.1 La mauvaise qualité de l?air a des effets néfastes sur la santé : statistiques et exemples concrets
3.2 Le parangonnage montre que les ZFE permettent d?améliorer la qualité de l?air
3.3 Une révision du dispositif Crit?air permettrait de mieux prendre en compte le niveau de performance des normes Euro
4 Les facteurs-clés de succès d?une ZFE, premiers fondement de l?acceptabilité
4.1 Annoncer à l?avance un calendrier pluriannuel d?évolution des normes minimales Euro donne de la visibilité
4.2 Avoir un niveau d?exigences en termes de normes Euro suffisant et réaliste : les exigences législatives françaises sont d?ores et déjà appliquées dans plusieurs ZFE européennes
4.3 Des dérogations adaptées apportent de la souplesse
4.4 Harmoniser les dispositifs pour plus d?efficacité : une tendance dans toute l?Europe
4.5 Se préparer à l?entrée en vigueur de règles européennes plus protectrices : la zone à zéro émission succédera-t-elle à la zone à faibles émissions ?
5 Pour que la ZFE soit acceptée, il est nécessaire de lever les obstacles à la mobilité pour les ménages et les entreprises
5.1 La ZFE doit s?inscrire dans un projet global de mobilité et d?aménagement urbain
5.2 Dans les pays du parangonnage, les États apportent des aides pour l?achat de véhicules électriques ou pour les solutions alternatives de mobilité
5.3 En l?absence d?alternative au véhicule individuel, lorsque le véhicule existant ne peut être remplacé, le rétrofit pourra offrir une très bonne solution, qui est aussi une opportunité industrielle
6 Malgré tous les dispositifs opérationnels, une ZFE ne pourra être acceptée que si elle est perçue comme utile et équitable et si elle est intégrée dans un récit plus large sur le futur du territoire
6.1 Un projet « co-construit » avec les acteurs et perçu comme utile sera mieux accepté : la consultation et l?information du public sont essentielles
6.2 L?acceptabilité du dispositif dépend du « sentiment d?équité » qu?il inspire
6.3 L?importance du récit et de la vision pour l?acceptation de la ZFE
Conclusion
Annexes
Annexe 1. Lettre de mission
Annexe 2. Liste des personnes rencontrées
Annexe 3. Glossaire des sigles et acronymes
Annexe 4. Vignette française Crit?air et norme Euro
Annexe 5. Allemagne
Annexe 6. Italie
Annexe 7. Belgique
Annexe 8. Espagne
Annexe 9. Royaume Uni
Annexe 10. Pays-Bas
Annexe 11. Comparaison entre les pays du parangonnage
Annexe 12. Aides financières
Annexe 13. Dérogations
Annexe 14. Bibliographie
INVALIDE) (ATTENTION: OPTION s précisément,
Euro 5 et Euro 6 a d?une part, Euro 6 b et au-dessus d?autre part.
Un aménagement du dispositif Crit?air paraît d?autant plus approprié que le Crit?air 2 correspond à
une proportion importante des véhicules : 36% des véhicules légers, 54% des véhicules utilitaires
légers et 53% des poids lourds au 1er Janvier 2022. Une adaptation du dispositif aurait
l?inconvénient d?imposer aux propriétaires actuels d?un véhicule Crit?air 2 de changer leur vignette,
mais cet inconvénient paraît mineur en comparaison de l?avantage résultant de la modification.
Avant de procéder à une modification du dispositif Crit?air, la question peut se poser d?attendre les
informations qui devraient résulter de l?étude sur la nouvelle norme Euro 7, notamment sur la prise
en compte des émissions de particules fines dues à l?abrasion. Inversement, il est opportun de
donner de la visibilité aux acteurs sur la classification des véhicules de norme Euro 6. La mission
est d?avis que cette dernière exigence l?emporte et que l?adaptation du dispositif Crit?air devrait être
réalisée rapidement.
Rendre plus efficace le dispositif Crit?air: adapter la catégorie Crit?air 2,
qui comprend les véhicules diesel Euro 5 et Euro 6, afin de distinguer les véhicules diesel
Euro 6b et au-delà, dont les émissions de NOx sont plus faibles.
PUBLIÉ
octobre 2023 Acceptabilité des zones à faibles émissions Page 40/134
4 Les facteurs-clés de succès d?une ZFE, premiers
fondement de l?acceptabilité
4.1 Annoncer à l?avance un calendrier pluriannuel d?évolution des
normes minimales Euro donne de la visibilité
Milan et Bruxelles ont annoncé un calendrier s?étendant sur le long terme : pour Milan, jusqu?à
2030, date à laquelle les VL diesel seront interdits et, pour Bruxelles jusqu?à 2036, date à laquelle
les PL Euro VId seront interdits, les PL Euro VIe restant autorisés.
À Londres, la LEZ a évolué à plusieurs reprises entre 2008 année de sa création et 2012, puis en
2020, pour s?étendre à tous les véhicules lourds. L?ULEZ décidée en 2019 concerne les véhicules
légers sur un périmètre restreint. En 2019, il est décidé d?agrandir une première fois ce périmètre,
et de l?étendre à l?essentiel du Grand Londres en 2023, ce qui a été mis en oeuvre comme prévu.
Aux Pays-Bas la disparition progressive des moteurs thermiques pour les véhicules logistiques est
annoncée depuis 2019, avec un calendrier échelonné entre 2025 et 2030 selon les catégories de
véhicules.
Il est opportun de donner de la visibilité aux ménages et aux entreprises pour leur permettre
d?anticiper les décisions à prendre. Une méthode pertinente consiste à annoncer à l?avance les
étapes successives, sur une période qui peut être supérieure à 10 ans (cf. Bruxelles). Ces étapes
consisteront le plus souvent en une augmentation progressive du niveau d?exigences exprimé en
norme Euro (Bruxelles et Milan). Il pourra également s?agir de la levée de dérogations octroyées
initialement (Munich).
Un tel calendrier annoncé à l?avance paraît particulièrement opportun dans le cas où un certain
niveau minimum de la norme paraît indispensable pour respecter la valeur limite du NO2, mais doit
être atteint en plusieurs étapes.
Cette façon de faire permettra aux particuliers, aux professionnels et aux industriels de se projeter
sur une trajectoire claire d?évolution du parc de véhicules thermiques, étant entendu que la date
de fin de la mise en vente de ces véhicules est d?ores et déjà fixée à 2035.
Un calendrier prévisionnel sur le long terme permet d?éviter que des ménages ou des entreprises
n?acquièrent des véhicules qui ne pourront plus circuler dans la zone quelques années plus tard.
Permettre aux ménages et aux entreprises de se préparer aux évolutions
à venir : lorsqu?une évolution des exigences Crit?air doit intervenir en plusieurs étapes,
annoncer le calendrier à l?avance.
4.2 Avoir un niveau d?exigences en termes de normes Euro suffisant
et réaliste : les exigences législatives françaises sont d?ores et
déjà appliquées dans plusieurs ZFE européennes
La diminution des concentrations de NO2, dont certaines villes ne respectent pas la valeur limite,
constitue l?enjeu à court terme de la pollution de l?air dans les villes.
La réduction des émissions de NO2 des véhicules diesel intervient avec la norme Euro 6b.
PUBLIÉ
octobre 2023 Acceptabilité des zones à faibles émissions Page 41/134
En pratique, dans plusieurs pays, des villes où la valeur limite du NO2 n?est pas respectée, ou
l?État dans son dispositif global, ont adopté soit la norme minimale Euro 6, soit un calendrier
prévoyant une date d?adoption de cette norme.
En Angleterre, le dispositif national comporte la norme minimale Euro 6 pour les véhicules diesel,
quelle que soit la classe de Clean Air Zone adoptée par la ville. L?ULEZ de Londres exige également
cette norme minimale Euro 6 pour les véhicules diesel.
En Allemagne, si la valeur limite du NO2 n?est pas respectée, en l?absence d?autres solutions,
« l?interdiction » de circulation des véhicules diesel est mise en place ; à Stuttgart, le niveau minimal
exigé pour les véhicules diesel est Euro 5 sur la zone large et Euro 6 sur la zone restreinte.
À Milan, pour la zone B, Euro 6 est exigé pour les véhicules légers diesel depuis 2022 ; Euro 6d
sera exigé en deux étapes, de 2025 à 2028.
En Belgique, dans la Région flamande, la norme minimale pour les véhicules légers est
actuellement Euro 5. Elle passera à Euro 6 en 2025 ou 2026. À Bruxelles, bien que la
réglementation européenne actuelle soit respectée, Euro 5 est exigé pour les véhicules diesel
depuis 2022 et Euro 6 le sera à partir de 2025.
Le tableau ci-après fournit une vision synthétique, en se concentrant sur une ville de chacun des
pays du parangonnage où la ZFE couvre un large périmètre et vise à la fois les véhicules légers et
les poids lourds.
Dans deux villes, Madrid et Amsterdam, cette norme est Euro 4 pour les véhicules légers. Euro 4
est aussi la norme Euro minimale demandée en Allemagne dans les ZFE mises en place dans les
années 2010.
Dans 4 villes, la norme Euro minimale pour les véhicules diesel (VL, VUL et PL) est Euro 5 ou 6.
Ces exemples illustrent la faisabilité du dispositif français prévoyant pour les véhicules légers la
norme Euro 4 au 1er Janvier 2024 et Euro 5 au 1er Janvier 2025, lorsque les normes de qualité de
l?air ne sont pas respectées de manière régulière.
Tableau 7: norme Euro minimale sur une sélection de ZFE
VILLE Diesel
Actuellement 2025
FRANCE * -
VL : Euro 5
Villes où l?exigence minimale est au moins Euro 5 pour les véhicules légers en 2025
LONDRES :
ULEZ (VL) et LEZ ( PL)
VL, VUL et PL : Euro 6
-
BRUXELLES VL et VUL : Euro 5 VL, VUL, PL : Euro 6
MILAN
Area B
VL : Euro 6 VL, VUL et PL : Euro 6
achat après 2018 : Euro 6 d
STUTTGART
zone large
VL, VUL et PL : Euro 5 -
Villes où l?exigence minimale est inférieure à Euro 5 pour les véhicules légers en 2025
AMSTERDAM VL et VUL: Euro 4
PL : Euro 6
-
MADRID VL, VUL et PL : Euro 4 -
* lorsque les normes de qualité de l?air ne sont pas respectées de manière régulière, au sens de
l?article L.2213-4-1 du code général des collectivités territoriales
PUBLIÉ
octobre 2023 Acceptabilité des zones à faibles émissions Page 42/134
4.3 Des dérogations adaptées apportent de la souplesse
Il convient de rechercher le bon point d?équilibre entre l?efficacité du dispositif, qui nécessite un
niveau d?exigences élevé applicable au plus grand nombre possible de véhicules, et la souplesse
de mise en oeuvre, qui assure que les ménages vulnérables et les petites entreprises ne se sentent
pas piégés et dépourvus de solutions.
À cet effet, les villes recherchent le périmètre optimal, permettant de répondre aux objectifs de
qualité de l?air, tout en évitant les restrictions de circulation dans les zones peu desservies en
transport public.
Elles mettent en oeuvre des dérogations, permanentes ou temporaires, présentées plus en détail
en annexe 13. La ZFE est le plus souvent active en permanence, l?utilisation des horaires de
fonctionnement comme marge de manoeuvre étant assez rare.
Des dérogations éventuelles à la règle relative au périmètre minimal de la zone
Le périmètre est l?un des paramètres importants d?une ZFE : un périmètre restreint facilite la mise
en oeuvre, mais limite aussi l?effet sur la qualité de l?air. Un optimum est à trouver.
Ainsi, la ville de Bristol disposait d?une palette de possibilités : introduire ou non un péage urbain,
choisir parmi les 4 classes de Clean Air Zones, et définir un périmètre. L?étude comparative de
différents scénarios a mis en évidence qu?une CAZ de type D sur un périmètre restreint, avec
péage urbain, était la solution la plus appropriée.
Parmi les ZFE s?étendant sur un périmètre restreint, on peut citer les CAZ de type D en Angleterre
(Birmingham, Bristol), les ZFE en Flandre (Anvers, Gand), ainsi que les ZTL historiques en Italie.
Des ZFE s?étendant sur un large périmètre sont présentes dans chacun des pays du parangonnage.
On peut citer : l?ULEZ de Londres, Bruxelles, Amsterdam, Stuttgart, Milan, Madrid et Barcelone.
La définition du périmètre devrait ainsi faire l?objet d?une étude préalable et donner lieu à
concertation. Le périmètre doit tenir compte de la configuration spatiale de la ville (densité,
polarisation des flux domicile-travail, qualité du réseau de transports en commun, présence d?axes
de contournement, ?). L?extension d?un périmètre peut être un sujet délicat : à Londres, l?extension
de l?ULEZ du périmètre de Londres à celui du Grand Londres a soulevé de vives réactions, avant
d?entrer en vigueur le 29 août 2023.
On observe une relation entre la taille de l?agglomération et la part du territoire de la ville couverte
par la ZFE : dans les plus grandes villes, la ZFE s?étend souvent sur une très grande partie, voire
la totalité du périmètre urbanisé, ce qui peut s?interpréter par la présence d?enjeux plus importants
de pollution, par une bonne qualité du réseau de transport public et par des longueurs de
déplacement moyennes plus élevées. En revanche, dans les villes plus petites et moins bien
desservies par les transports publics, la ZFE se limite souvent à un centre-ville étendu, ce périmètre
suffisant à atteindre les objectifs de qualité de l?air recherchés.
En France existe une règle légale selon laquelle la ZFE doit couvrir au moins la moitié de la
population de l?EPCI le plus peuplé de l?agglomération. Ce seuil se concevait bien pour la première
série de ZFE, qui concernait des métropoles importantes. En revanche, la mission n?exclut pas qu?il
ne soit pas toujours adapté à des villes de plus petite taille, où le réseau de transport public est
moins dense. Ainsi, la règle relative au périmètre de la ZFE pourrait éventuellement conduire à des
solutions non optimales. Aucune règle de ce type n?existe dans les pays du parangonnage.
Optimiser le périmètre des ZFE: permettre de déroger à l?obligation
portant sur la proportion minimale de la population incluse dans le périmètre de la ZFE, s?il
apparaît que cette obligation peut conduire à des solutions non optimales
PUBLIÉ
octobre 2023 Acceptabilité des zones à faibles émissions Page 43/134
Une difficulté propre à la France peut intervenir dans la mise en oeuvre des ZFE : la présence au
sein des métropoles de nombreuses communes aux responsabilités propres est une spécificité
française et les pays du parangonnage présentent en général une architecture des compétences
plus simple. En France, les intercommunalités sont responsables de la définition et de la mise en
oeuvre des ZFE, et sont également compétentes en matière de mobilité et d?aménagement et de
planification urbaine. Cependant les pouvoirs de police restent dévolus aux maires, ce qui peut
conduire à des disparités dans la définition du périmètre de la ZFE.
Les dérogations temporaires pour faciliter la transition
Certaines ZFE mettent en place des calendriers d?évolution de la ZFE, prévoyant qu?un type de
véhicules donné est concerné à partir d?une certaine date. Par exemple, les poids lourds sont
concernés à partir de 2025 à Madrid et à Bruxelles. Cela équivaut à une dérogation temporaire.
Dans les zones « zéro émission » des Pays-Bas, l?objectif est de ne plus avoir de véhicules
logistiques à moteur thermique en 2030. Dès 2025, tout véhicule nouvellement immatriculé sera
nécessairement électrique. En revanche, les véhicules existants sont provisoirement admis, avec
des échéances intermédiaires d?interdiction entre 2025 et 2030 selon le type de véhicule.
Les dérogations peuvent consister à autoriser un véhicule non conforme à rouler un certain nombre
de jours dans l?année ou à bénéficier d?un certain nombre d?accès ou encore d?un certain nombre
de kilomètres.
À Milan, pour la zone B, dans la première année d?interdiction d?une catégorie de véhicule, les
automobilistes bénéficient de 50 accès gratuits, et, l?année suivante, 25 accès pour les résidents
et 5 pour les non-résidents. En pratique, après le premier passage, est envoyée une lettre (liée au
contrôle par caméra), qui explique le fonctionnement du dispositif, la possibilité de s?enregistrer
pour utiliser les 50 accès libres, les sanctions en cas de dépassement de cette limite et les
dérogations possibles.
Dans le même esprit à Rotterdam, au premier passage d?un véhicule non conforme, la sanction
n?est pas appliquée et un rappel de la règle est effectué. Ainsi, dans une première période, le
dispositif de contrôle par caméra est utilisé pour informer et non pour sanctionner. Cela permet une
mise en oeuvre progressive, qui permet de faciliter la transition. Cela paraît d?autant plus important
dans le cas de la France, où les contrôles par radar peuvent renvoyer au projet d?écotaxe poids
lourds, qui avait provoqué le mouvement des « bonnets rouges ».
Toujours à Milan et, plus généralement dans les régions Lombardie, Émilie-Romagne et Piémont,
le boîtier « Move in » installé dans le véhicule offre la possibilité, jusqu?en septembre 2024, de
parcourir un certain nombre de kilomètres dans la zone B, ce nombre variant en fonction de la
norme Euro du véhicule. Ce dispositif a concerné 58 000 véhicules en 2022. Rome envisage aussi
d?y recourir.
Il peut s?agir aussi de tenir compte des délais de livraison d?un véhicule à basses émissions : Milan,
Amsterdam et Birmingham ont mis en place une dérogation accordée sous réserve de justifier de
la commande d?un véhicule à basses émissions. Cette dérogation prend tout son sens au moment
où l?offre de véhicules de ce type peine à répondre à la demande.
Mettre en place des dérogations sans compromettre les objectifs:
utiliser pendant quelques mois le dispositif de contrôle sanction à des fins d?information et
autoriser à titre temporaire l?accès des véhicules non conformes pendant quelques jours
par an.
PUBLIÉ
octobre 2023 Acceptabilité des zones à faibles émissions Page 44/134
Les dérogations permanentes
Toutes les ZFE accordent des dérogations permanentes, justifiées par le fait que le respect de la
réglementation serait impossible ou trop difficile pour certains types de véhicules, certaines
catégories de personnes ou certains trajets.
La liste de dérogations accordées à Bruxelles pour certaines catégories de véhicules paraît
pertinente :
- Véhicules adaptés aux transport de personnes handicapées, véhicules de personnes
handicapées
- Véhicules de foires et marchés
- Véhicules pour l?entretien d?infrastructures et d?installations
- Véhicules des forces armées
- Véhicules de collection
Aux Pays-Bas, dans le cadre du dispositif national adopté en 2019, les villes peuvent accorder des
dérogations payantes aux véhicules non conformes pour un certain nombre de jours dans l?année,
dans la limite de 12 pour les poids lourds et de 6 pour les véhicules utilitaires. De même, à Bruxelles,
le « pass » d?une journée est payant. Il est possible d?acheter 24 pass par an et par véhicule.
Les ZFE européennes sont le plus souvent actives en permanence
Dans le tableau ci-après, la mission a repris la sélection de villes introduites au § 2.7, pour examiner
le critère « horaires de fonctionnement de la ZFE ». Il apparaît que ces ZFE sont le plus souvent
permanentes. Quelques-unes fonctionnent en semaine pendant la journée, ce qui laisse aux
véhicules non conformes des possibilités de circuler.
La liste de villes a été complétée par Barcelone, pour montrer que, dans un même pays, deux
grandes villes peuvent faire des choix différents.
Tableau 8: horaires de fonctionnement d'une ZFE
Ville Horaires de fonctionnement
ULEZ de Londres (VL)
et LEZ ( PL) Permanent
Bruxelles Permanent
Stuttgart- zone large Permanent
Milan - zone large (area B) Du lundi au vendredi de 7h30 à
19h30, hors jours fériés
Amsterdam permanent
Madrid Permanent
Barcelone Du lundi au vendredi
de 7h à 20h
À Milan, la zone B est active du lundi au vendredi de 7h30 à 19h30, hors jours fériés. Toutefois, le
caractère non permanent de la zone a été motivé plutôt par des raisons juridiques, la mobilité étant
un droit constitutionnel. Cette analyse pourrait du reste être réexaminée. Ainsi, Rome envisage une
zone fonctionnant 24h sur 24. À Milan, le trafic augmente le weekend depuis la fin de la pandémie,
ce qui incite à envisager de mettre en place les restrictions également le weekend.
PUBLIÉ
octobre 2023 Acceptabilité des zones à faibles émissions Page 45/134
4.4 Harmoniser les dispositifs pour plus d?efficacité : une tendance
dans toute l?Europe
À l?exception de l?Italie, les pays du parangonnage ont adopté un dispositif national (Allemagne,
Angleterre, Espagne, Pays-Bas) ou régional (Belgique). Au niveau national, certains pays ont
d?emblée recherché une cohérence d?ensemble : en Allemagne, toutes les villes ont opté pour la
même vignette et une liste de dérogations a été établie au niveau fédéral.
La tendance est aujourd?hui à l?harmonisation :
Aux Pays-Bas, les « milieuzones » préexistantes ont disposé d?un délai d?un an pour se
mettre en conformité avec le cadre national adopté en 2019, qui fixe une liste de
dérogations ; si chaque ville peut décider en complément d?accorder des dérogations
payantes pour un certain nombre de jours dans l?année, elle ne peut le faire que dans la
limite d?un nombre maximum de jours fixé au niveau national.
En Angleterre, le cadre national fixe en particulier la norme Euro minimale permettant de
circuler gratuitement dans la zone. Il définit quatre niveaux possibles de CAZ, différant par
les catégories de véhicules ciblées. La collectivité choisit le niveau de CAZ en tenant
compte de l?ampleur de la diminution des émissions de polluants à obtenir. L?ULEZ de
Londres est un cas à part, mais fonctionne comme une CAZ D, avec les mêmes normes
Euro minimales.
En France, les professionnels soulignent qu?ils peuvent travailler sur plusieurs ZFE et que les
différences d?une ZFE à l?autre sont une source de complication. Ils expriment une forte attente en
matière d?harmonisation, notamment pour ce qui concerne les dérogations. Conformément à la
bonne pratique de « co-construction » énoncée au § 6.1 ci-dessous, il est souhaitable que les
collectivités locales prennent en compte l?attente ainsi exprimée.
Les spécificités locales trouveront à s?exprimer, notamment, dans la définition du périmètre et, si
nécessaire, dans le calendrier d?évolution des exigences Crit?air, qui peut varier en fonction du
niveau de pollution.
Harmoniser le cadre des ZFE: établir en particulier un cadre national de
dérogations, à adapter par les territoires lorsque leurs spécificités le justifient.
4.5 Se préparer à l?entrée en vigueur de règles européennes plus
protectrices : la zone à zéro émission succédera-t-elle à la zone
à faibles émissions ?
Les LEZ les plus ambitieuses étudiées par la mission interdisent les voitures diesel à partir de 2030:
à Bruxelles, où les valeurs limites sont respectées, et à Milan, où elles ne le sont pas, les véhicules
légers diesel seront interdits en 2030. Dans les deux cas, aucune date d?interdiction n?est fixée
pour les poids lourds diesel.
Ainsi, le calendrier des ZFE françaises prévoyant l?interdiction des véhicules Crit?air 2- et donc de
tous les véhicules légers diesel - dès 2028 (cas de Montpellier, Strasbourg et du périmètre central
de Lyon) paraît ambitieux (alors que la loi ne prévoit pas d?échéance pour une telle interdiction) et
pourrait être réexaminé. Dans l?état actuel des connaissances, sachant que la norme Euro 6d
permet une baisse importante des émissions de NO2, il ne semble pas nécessaire d?interdire les
véhicules diesel légers avant 2030. 2030 est la date à laquelle les valeurs limites de la nouvelle
réglementation européenne devront être respectées. Compte tenu des délais de mise en place des
dispositions permettant de diminuer la pollution de l?air, il paraît opportun d?étudier dès maintenant
les mesures à prendre pour que les valeurs limites puissent être respectées à la date fixée. Il
PUBLIÉ
octobre 2023 Acceptabilité des zones à faibles émissions Page 46/134
ressort des réflexions menées en Allemagne que ces mesures coïncident largement avec celles
qui ont pour objectif d?atténuer le changement climatique : développement des transports publics
et des pistes cyclables, diminution de la circulation routière, électrification du parc de véhicules.
La ville d?Aix-la-Chapelle, qui participe à la Mission européenne sur « la neutralité climatique dans
100 villes », dispose d?une réflexion intéressante sur le sujet25 . Les mesures qu?elle envisage
reposent sur deux principes :
- Rendre attractive l?offre pour un changement durable des moyens de transport ;
- Ne plus rendre attractive la voiture comme moyen de transport premier dans la circulation
individuelle motorisée.
Parmi les options possibles sont envisagées :
- Des mesures relevant du niveau fédéral :
o L?établissement de zones réservées aux véhicules Euro 6+ ou « zéro émission » ; la
durée de mise en oeuvre pourrait s?échelonner de 2030 à 2035 ;
o L?augmentation rapide du prix du CO2 ou des taxes sur les carburants fossiles ;
o La limitation de vitesse à 30 km/h sur de vastes surfaces dans les grandes villes ;
o Une réforme de la taxation des véhicules ayant une orientation climatique (par
exemple, la prise en compte du poids) ;
- Des mesures relevant de la collectivité locale :
o L?extension du réseau de pistes cyclables ;
o La priorisation des transports publics dans les rues d'Aix-la-Chapelle ;
o La construction de garages de quartier ;
o La création de places de P+R et une nouvelle augmentation du prix des places de
stationnement dans les espaces publics ;
o L?optimisation de la fluidité du trafic pour réduire les émissions polluantes ;
o Le recours à l?intelligence artificielle ?
Ainsi, à Aix-la-Chapelle, les zones à zéro émission sont l?une des options envisagées. Certaines
villes sont plus avancées sur cette voie. Par exemple, le dispositif adopté à Bruxelles évolue
progressivement jusqu?en 2036 vers une zone à zéro émission, aucune date n?étant toutefois fixée
à ce jour pour les poids lourds.
Les Pays-Bas ont également adopté un principe de zone à zéro émission, mais selon une approche
différente, voire opposée pour ce qui concerne les types de véhicules pris en compte. En effet, le
dispositif, qui a vocation à se superposer aux LEZ existantes, ne concerne que les poids lourds et
utilitaires, avec une orientation forte sur la décarbonation de la logistique urbaine. Un calendrier
est établi au niveau national avec des interdictions progressives sur les véhicules existants jusque
2030, mais dès 2025 les véhicules neufs devront être électriques pour pouvoir accéder à la zone.
Pour les services de la ville de Berlin, la zone à zéro émission fait également partie des pistes de
travail. L?agence fédérale de l?environnement allemande vient toutefois tempérer cette idée, en
soulignant que les véhicules électriques émettent des particules fines.
Anticiper: étudier les mesures à prendre dans la perspective d?une
évolution de la réglementation européenne imposant des valeurs limites sensiblement plus
basses à respecter pour 2030.
25 https://research-and-innovation.ec.europa.eu/funding/funding-opportunities/funding-programmes-and-open-
calls/horizon-europe/eu-missions-horizon-europe/climate-neutral-and-smart-cities_en
PUBLIÉ
octobre 2023 Acceptabilité des zones à faibles émissions Page 47/134
5 Pour que la ZFE soit acceptée, il est nécessaire de lever
les obstacles à la mobilité pour les ménages et les
entreprises
Les ménages modestes possédant un véhicule polluant nécessaire à leur vie quotidienne, sans
transports publics desservant leur domicile, n?ont pas les moyens d?acheter un véhicule moins
polluant, tandis que les ménages aisés habitant dans un quartier bien desservi par les transports
publics peuvent acheter un véhicule électrique ou n?ont pas besoin de véhicule. Les petites
entreprises, artisans ou commerçants, utilisent un véhicule utilitaire souvent ancien, et pourraient
se trouver dans l?incapacité d?exercer leur métier qui participe pourtant à l?activité urbaine à
l?intérieur du périmètre de la ZFE.
Pour que les zones à faibles émissions ne deviennent pas des zones « à forte exclusion », il faut
veiller à ce que chacun, ménage modeste ou petite entreprise, dispose d?une solution concrète.
5.1 La ZFE doit s?inscrire dans un projet global de mobilité et
d?aménagement urbain
L?acceptabilité des ZFE dépend beaucoup de l?existence d?alternatives en matière de mobilité. En
effet, la solution consistant à remplacer systématiquement un véhicule polluant par un véhicule à
basses émissions paraît vaine. Non seulement les contraintes financières ne le permettent pas,
mais en plus cette façon de faire ne résoudrait pas les phénomènes de congestion urbaine et
empêcherait la reconquête d?espaces urbains pour d?autres usages.
Il est donc indispensable d?accompagner le projet de ZFE par le développement d?alternatives à la
voiture individuelle : développement des transports publics, création de parkings relais, nouvelles
formes de mobilité, autopartage?
Ainsi, à Bruxelles, la ZFE s?appuie sur le plan régional de mobilité « good move », fortement axé
sur le développement d?alternatives à la voiture individuelle. Le plan a pour objectif de réduire la
part modale de la voiture de 25% en 2030 par rapport à 2018, en visant le transfert modal et la
diminution de la possession de la voiture. Good Move favorise fortement la marche, le vélo, les
transports publics, l?autopartage et le développement des services de mobilité numériques (Mobility
as a Service ou MaaS). Par ailleurs, 5 parkings P+R sont disponibles à l?entrée de la zone.
En 2018, la ville de Milan a adopté un plan pour la mobilité durable : une large place est donnée à
la ville à 30 km/h. Le réseau cyclable est largement développé. De nouvelles lignes de métro et de
tramway sont lancées. La mobilité partagée est encouragée. Le terrain est ainsi préparé pour la
mise en place en 2019 d?une seconde ZFE sur un périmètre beaucoup plus étendu.
A contrario, la ville de Bologne explique qu?elle mettra en place une ZFE sur un périmètre étendu
à la mise en service de la première ligne de tramway.
Une étude récente menée à Milan a mesuré l?influence de l?offre de transports en commun sur
l?adhésion au projet de péage urbain Aera C, en utilisant les résultats du référendum mené en 2011.
L?analyse des résultats montre que plus une zone est desservie par les transports en commun,
plus les habitants de cette zone sont susceptibles d'accepter ce type de mesure car ils disposent
d'alternatives de transport efficaces pour atteindre la zone tarifée.26
À Madrid, l?extension de la ZBE décidée en 2019 a été accompagnée par la mise en place d?une
nouvelle ligne de bus gratuite traversant la ville du Nord au Sud, ainsi que par un plan
d?électrification de la flotte de bus.
26 Source Ademe, p37
PUBLIÉ
octobre 2023 Acceptabilité des zones à faibles émissions Page 48/134
Aux Pays-Bas, la mise en place des ZEZ s?inscrit dans une politique globale visant à améliorer
l?attractivité des centres-villes en donnant plus de place à d?autres usages. Cela n?est possible que
par une réorganisation de la logistique urbaine : déploiement d?entrepôts logistiques en périphérie
de la zone, développement d?alternatives comme le vélo-cargo pour la livraison du « dernier
kilomètre ». Cette question est d?autant plus sensible, en France et dans les pays du parangonnage,
que le développement du commerce en ligne risque de provoquer en l?absence de régulation une
aggravation de la congestion et des nuisances avec la multiplication des livraisons par véhicule
utilitaire. Il est rappelé à cette occasion que la Loi d?orientation des mobilités donne compétence
aux autorités organisatrices pour « organiser ou contribuer au développement des services de
transport de marchandises et de logistique urbaine », la mise en place de ZFE pouvant rentrer
dans ce cadre.
Offrir des alternatives à la voiture: accompagner le projet de ZFE d?une
politique de développement des transports publics, du vélo, de la mobilité partagée et des
parkings-relais ainsi que d?une politique pour la logistique urbaine.
Figure 9 Vélocargo à La Haye
Source : mission
PUBLIÉ
octobre 2023 Acceptabilité des zones à faibles émissions Page 49/134
5.2 Dans les pays du parangonnage, les États apportent des aides
pour l?achat de véhicules électriques ou pour les solutions
alternatives de mobilité
À l?exception de la Belgique, les États des pays du parangonnage apportent des
aides financières pour l?achat d?un véhicule à basses émissions
Les aides concernent le plus souvent à la fois les ménages et les entreprises27. Seul le Royaume-
Uni n?apporte des aides qu?aux entreprises, à l?exclusion des ménages. Ces aides nationales ne
sont pas liées à l?existence d?une ZFE, mais sont évidemment de nature à faciliter leur déploiement.
Les collectivités locales peuvent apporter leur propre contribution, que ce soit en l?absence d?aides
nationales (Bruxelles, Londres, Birmingham) ou en complément (Madrid, Milan).
Les subventions peuvent être indirectes sous forme d?allègements fiscaux pour les entreprises
et/ou pour les particuliers. Les aides directes peuvent être liées à la mise au rebut de véhicules
anciens. Ces « primes à la casse » sont en général consacrées à l?achat d?un nouveau véhicule
moins polluant. À Bruxelles, elle est exclusivement consacrée à l?accompagnement des ménages
dans le changement de leurs pratiques de mobilité.
Dans les pays du parangonnage, les États tendent à diminuer les aides qu?ils
apportent aux ménages pour l?achat d?un véhicule électrique
Deux pays n?ont pas mis en place de dispositif d?aide nationale directe. Au Royaume-Uni, une
prime à la casse pour les véhicules de tourisme est offerte selon des modalités différentes à
Londres et à Birmingham. Dans cette dernière ville, elle est réservée aux ménages à faibles
revenus travaillant dans la Clean Air Zone.
En Belgique, en l?absence d?aide financière directe pour l?achat d?un véhicule électrique, un
dispositif fiscal national permet des exonérations de taxes pour l?achat et la possession de
véhicules électriques. Par ailleurs, la Région de Bruxelles-capitale a mis en place, à l?intention des
ménages qui ne remplacent pas leur véhicule, une aide pour l?achat d?un abonnement aux
transports publics ou pour l?utilisation de services de mobilité.
Pour les entreprises, les situations différent selon la nature des véhicules
Les États apportent des aides aux entreprises pour l?achat d?un véhicule électrique, à l?exception
du cas particulier de la Belgique, où cette politique relève des régions. C?est le cas de la Région
de Bruxelles-capitale qui aide les TPE et PME pour remplacer des VUL anciens, à l?exclusion des
poids lourds.
La première difficulté rencontrée par les entreprises est celle de la disponibilité de modèles adaptés
à leurs besoins. La situation semble évoluer favorablement pour les véhicules utilitaires légers les
plus courants, pour lesquels des modèles sont disponibles à la commande, parfois avec des délais
de livraison importants. Dans ce cas, plusieurs municipalités proposent des dérogations provisoires
pour l?usage de véhicules anciens, dans l?attente de la livraison.
S?agissant des poids lourds, la situation est différente et la gamme disponible est pour le moment
encore peu développée, avec des coûts importants et des caractéristiques qui ne sont pas encore
adaptées à tous les usages (autonomie insuffisante, cas des véhicules spécialisés). Des
programmes d?aide existent dans les pays du parangonnage à l?exception de la Belgique, avec des
montants unitaires importants. L?Allemagne et la France utilisent à cette fin des « appels à projet »
27 Ces éléments sont détaillés en annexe 12.
PUBLIÉ
octobre 2023 Acceptabilité des zones à faibles émissions Page 50/134
qui permettent d?une part d?adapter le produit recherché aux besoins de l?entreprise, d?autre part
de financer le surcoût du véhicule, référence plus significative pour le moment que le coût lui-même.
La mission considère que cette pratique est bien adaptée au cadre technologique actuel.
En France, le dispositif d?aide pourrait être optimisé
En France, l?État apporte aux ménages et aux entreprises des aides pour l?achat de véhicules à
basses émissions (bonus écologique et prime à la conversion pour les voitures et véhicules
utilitaires, appel à projets ADEME pour les poids lourds), qui sont en règle générale plus
généreuses que celles pratiquées dans les pays du parangonnage.
La prime à la conversion est majorée pour les personnes résidant ou travaillant à l?intérieur du
périmètre d?une ZFE et pour les entreprises disposant d?un établissement dans ce périmètre. La
mission est d?avis que, dans les territoires en dépassement des valeurs limites, la majoration
pourrait être étendue aux particuliers habitant près de la ZFE, ainsi qu?aux entreprises installées à
proximité du périmètre de la ZFE et intervenant dans ce périmètre. Les conditions de cette
majoration devraient alors tenir compte de la contribution des intercommunalités concernées.
Le dispositif d?aide pourrait être réexaminé plus globalement pour permettre une action renforcée
sur les territoires en dépassement des valeurs limites sans augmenter le budget total.
Renforcer les aides sur les zones prioritaires: remettre à plat le dispositif
global d?aides pour permettre une action renforcée sur les territoires en dépassement des
valeurs limites et sur leur périphérie, en assurant la complémentarité des aides de l?Etat et
des collectivités ; dans ce cadre, augmenter le montant de la prime à la conversion pour les
entreprises installées à proximité du périmètre et intervenant dans une ZFE.
La France pourrait également s?inspirer du dispositif mis en place à Bruxelles pour encourager
l?utilisation des transports publics et des services de mobilité par les ménages renonçant à leur
véhicule. Cette aide pourrait concerner les territoires en dépassement des valeurs limites.
Encourager les alternatives au véhicule particulier : créer au bénéfice
des ménages renonçant à remplacer leur véhicule une aide financière pour l?achat d?un
abonnement aux transports publics ou à un service de mobilité.
Par ailleurs, le gouvernement a annoncé la mise en place prochaine d?un dispositif de « leasing à
100¤ », sous conditions de ressources, pour la location longue durée de véhicules électriques. Ce
dispositif, qui conjugue aides publiques, montage financier (location de très longue durée) et baisse
de coût de production des véhicules sera accessible aux ménages modestes, d?autant plus que
les coûts d?usage sont réduits par rapport à une voiture thermique pour les ménages disposant
d?un accès facile au rechargement. Il serait donc particulièrement adapté pour les ménages
vulnérables, possédant un véhicule polluant utilisé fréquemment, mais n?ayant pas accès à une
solution alternative, ni les moyens d?acheter un véhicule à basses émissions.
Enfin, en ce qui concerne les entreprises, une enveloppe de 35.75 M¤ est consacrée en 2023 à un
PUBLIÉ
octobre 2023 Acceptabilité des zones à faibles émissions Page 51/134
appel à projets28 pour l?acquisition de poids lourds électriques ou le rétrofit d?un poids lourd diesel.
L?aide est de 65% de l?écart entre le prix du véhicule électrique et celui d?un véhicule diesel de
même gamme ou de 65% du coût du rétrofit. Ce programme s?inspire d?un dispositif mis en place
en Allemagne.
La mission a été interpellée par des acteurs français, qui avaient identifié le programme allemand
et souhaitaient la mise en place d?un programme équivalent en France, sans avoir connaissance
de l?appel à projets lancé par l?Ademe. Cela illustre bien l?enjeu d?un site d?information unique
fournissant une information exhaustive sur les différentes aides disponibles.
5.3 En l?absence d?alternative au véhicule individuel, lorsque le
véhicule existant ne peut être remplacé, le rétrofit pourra offrir
une très bonne solution, qui est aussi une opportunité
industrielle
Certains pays encouragent ou ont encouragé une solution de rétrofit consistant en l?installation
d?un filtre à particules sur des véhicules anciens qui en sont démunis (Allemagne, Royaume-Uni).
En France, il serait pertinent de reconnaitre pour les véhicules lourds les procédés de dépollution
(filtre à particules, système DeNOx), permettant d?atteindre les performances des véhicules Euro
VI pour les PM et les NOx, et donc d?obtenir un surclassement Crit?air 2.
Par ailleurs, plusieurs entreprises françaises proposent des solutions de rétrofit, vers l?électrique
ou l?hybride rechargeable, avec un panel de solutions qui semblent industrialisables à court terme
sous réserve des soutiens adéquats (aides pour l?homologation, extension du champ du
bonus écologique).
Cette solution devrait être encouragée par l?État : en complément du leasing social présenté ci-
dessus, elle offre une solution compétitive aux ménages modestes dépourvus de solutions
alternatives. En outre, elle permet de consolider en France une nouvelle filière industrielle.
Développer le rétrofit: encourager les solutions économiques de
rétrofit, qu?il s?agisse de la transformation en véhicule électrique ou en hybride
rechargeable.
28 https://agirpourlatransition.ademe.fr/entreprises/aides-financieres/20230330/ecosystemes-
vehicules-lourds-electriques-2023
PUBLIÉ
https://agirpourlatransition.ademe.fr/entreprises/aides-financieres/20230330/ecosystemes-vehicules-lourds-electriques-2023
https://agirpourlatransition.ademe.fr/entreprises/aides-financieres/20230330/ecosystemes-vehicules-lourds-electriques-2023
octobre 2023 Acceptabilité des zones à faibles émissions Page 52/134
6 Malgré tous les dispositifs opérationnels, une ZFE ne
pourra être acceptée que si elle est perçue comme utile
et équitable et si elle est intégrée dans un récit plus large
sur le futur du territoire
6.1 Un projet « co-construit » avec les acteurs et perçu comme
utile sera mieux accepté : la consultation et l?information du
public sont essentielles
La création d?une ZFE nécessite un important travail de définition du projet (périmètre, niveau
d?exigence Crit?air pour respecter la réglementation en matière de qualité de l?air?).
Cette étape ne peut pas être menée en vase clos par la collectivité en charge du projet. En effet,
les études menées dans le domaine de la psychologie sociale, notamment une étude menée sur
l?introduction de LEZ en Ecosse montrent que la façon dont le public perçoit la pertinence du
dispositif et son efficacité a un effet direct significatif sur son attitude à l'égard des LEZ, tandis que
la sensibilité aux problèmes de qualité de l'air a un effet indirect important.29
À partir de ce constat, cette étude recommande :
a) de mener des consultations publiques et d?assurer la transparence du processus d?élaboration
du projet : cette démarche permettra de montrer la pertinence du projet, ce qui en renforcera
l?acceptabilité. En France, cette démarche est prévue par la loi, en conformité avec la
convention d?Aarhus et la charte de l?environnement. La qualité de cette phase est essentielle.
À Bruxelles, une consultation des acteurs a été menée en 2018. Elle a permis de définir différentes
questions à approfondir par le biais d?études : émissions du transport, budget des flottes des
pouvoirs publics, santé ; mobilité, aspects économiques et sociaux, énergie. Sur la base de ces
études, une feuille de route « mobilité à faible émission » a été adoptée en juillet 2022.
À Birmingham, des échanges avec les organisations professionnelles, pendant un an et demi, ont
permis de définir des mesures d?accompagnement et de proposer des dérogations temporaires.
Cette phase a également permis à la municipalité de communiquer sur le projet et, ainsi, de
remédier aux rumeurs.
Certaines agglomérations françaises, comme Grenoble et Lyon, ont organisé la concertation sous
l?égide de la Commission nationale du débat public (CNDP).
b) de veiller à la bonne information du public, en communiquant :
- sur l?évaluation de projets déjà réalisés, pour montrer que les bénéfices attendus de la
politique sont effectivement obtenus ;
- sur les conséquences de la pollution de l'air sur la santé humaine.
29 Acceptabilité des ZFE par le public : le rôle des attitudes, des normes, des émotions et de la confiance, université
de Leeds, 2021
PUBLIÉ
octobre 2023 Acceptabilité des zones à faibles émissions Page 53/134
Cette démarche de consultation et d?information est d?autant plus importante que, selon l?étude, le
niveau de confiance à l?égard des décideurs influe sur les sentiments et les jugements du public
sur la politique qu?ils mènent. Ce constat conduit les auteurs de l?étude à recommander un
processus d?élaboration du projet qui soit transparent et inclusif. La démarche peut prendre la
forme d?une consultation publique élargie, qui témoignera de la compétence des autorités dans la
mise en oeuvre de dispositifs complexes. De même, l?information fournie sur des projets précédents
réussis, montrant que le projet pourra atteindre ses objectifs, contribuera à renforcer la confiance
à l?égard des décideurs.
En France, les dispositions législatives relatives à la création de ZFE, notamment l?article L 2213-
4-1, prévoient effectivement qu?une étude sur la création de la ZFE est mise à la disposition du
public et qu?une procédure de participation du public est mise en oeuvre selon les modalités de
l?article L. 123-19- 1 du code de l?environnement. Ces dispositions législatives prévoient également
la réalisation d?une campagne d?information locale, d?une durée minimale de trois mois. Ces
procédures sont essentielles et la mission recommande qu?elles soient menées avec le plus grand
soin.
À cet égard, les travaux de recherche fournissent des recommandations qui paraissent pertinentes.
Pour ce qui concerne les démarches de consultation publique, ces travaux, constatant que les
restrictions de circulation peuvent être perçues comme une atteinte à la liberté de circuler,
recommandent plus précisément, pour faciliter l?acceptabilité, de laisser des points ouverts à la
concertation, de « co-construire » le projet, afin que le public se sente acteur du changement.
Encadré 1 : comment promouvoir l?acceptabilité des ZFE
« Dans une société où la valeur autonomie est prégnante, les restrictions de circulation peuvent
être perçues comme injustes, les atteintes à la liberté individuelles illégitimes, et entraîner un effet
de réactance, où les usagers de la route refusent d?obéir à la règle pour restaurer un sentiment de
liberté. Afin d?induire de la contrôlabilité et donc de l?acceptabilité, il convient d?associer en amont
de la mise en place de la mesure le public afin qu?il participe activement en laissant une « véritable
marge » de manoeuvre en mettant en débat, par exemple, l?étendue géographique de la zone, le
type de véhicules interdits?
Être « acteur », donc contrôler, ne signifie pas forcément se sentir efficace dans son contrôle. Si
nous avons besoin de nous sentir autonomes pour accepter une mesure, nous avons également
besoin de nous sentir en capacité afin de changer nos comportements. »
Frédéric Martinez, Université Gustave Eiffel, revue TEC, juin 2019 ?extrait
Par exemple, à Amsterdam, lors des concertations, plusieurs situations ont conduit à solliciter des
dérogations. Pour la municipalité, l?essentiel est de préserver l?objectif final, des dérogations
temporaires pouvant faciliter la mise en oeuvre de la Zone zéro émission sans compromettre le
résultat final.
À Grenoble, une concertation informelle a permis de préciser le cadre de mise en place de la ZFE
(horaires, périmètre, dérogations?). 30
Les travaux de recherche fournissent également des indications précieuses sur le cadrage de la
communication, c?est-à-dire la façon de formuler les messages.
30 https://www.grenoble.fr/953-faq-zone-a-faibles-emissions.htm
PUBLIÉ
octobre 2023 Acceptabilité des zones à faibles émissions Page 54/134
En s?appuyant sur les théories de la psychologie sociale 31 , les résultats du programme de
recherche expérimentale PUNCH32 , réalisé à l?initiative de l?ADEME, montrent quel cadrage du
message il convient de privilégier dans le domaine du transport.
Concrètement, les principaux résultats sont les suivants :
- Les messages doivent mettre en exergue des conséquences immédiates (plutôt que de long
terme) et les illustrer narrativement à l?aide d?un seul exemple plutôt que par des statistiques.
- Les messages doivent préconiser des stratégies additives (Utilisez le vélo, le covoiturage, les
transports en commun) plutôt que soustractives (Renoncez à la voiture individuelle)
- Les messages doivent souligner les gains (Améliorez la qualité de l?air) plutôt que l?évitement
de pertes (Evitez la pollution de l?air).
Ainsi, c?est une communication positive qui est préconisée. Cette communication devrait permettre
au public d?appréhender la raison d?être du dispositif et d?anticiper les dispositions à prendre.
Pour que l?ensemble des personnes concernées puissent bénéficier de l?information nécessaire, la
visite de contrôle technique pourrait permettre de relayer l?information de manière personnalisée.
En matière d?information, certains acteurs regrettent que le nom des « zones à faibles émissions »
prête lui-même à confusion, puisque rien ne permet de savoir qu?il s?agit d?émissions de polluants
et non d?émissions de gaz à effet de serre. De ce point de vue, la dénomination anglaise de « zones
d?air pur » (clean air zones) paraît bien plus claire et concrète. Il paraît néanmoins délicat de
procéder à un changement de nom en France.
La communication devrait comprendre un portail unique d?information sous la forme d?un site
national, donnant lui-même accès à des portails propres aux différentes ZFE. Ces portails devraient
indiquer si un lieu donné (domicile, ?) est dans la ZFE ou si un itinéraire donné est concerné par
la ZFE. Ces portails devraient aussi offrir un « guichet » unique de gestion des aides financières,
afin de simplifier l?accès à ces aides.
Une bonne pratique complémentaire consiste à apporter un conseil en mobilité personnalisé,
comme cela existe à Bruxelles avec le Mobility Coach : il s?agit d?un service que les ménages
peuvent solliciter pour obtenir des informations adaptées à leur situation en matière de mobilité.
En France, Nice a également mis en place un tel service. Ce conseil pourrait être apporté en
« mobilité inversée », le conseiller se rendant sur le lieu où se trouve le public à informer.
Afin de sensibiliser le public aux enjeux de la qualité de l?air, une bonne pratique consiste, comme
cela a été fait à Bruxelles lors de la phase d?information préalable, à mettre à disposition des
capteurs permettant aux particuliers de mesurer eux-mêmes le niveau de pollution.
Une attention particulière doit également être portée à l?information et l?accompagnement des
entreprises. À Rotterdam, la municipalité apporte une aide personnalisée et gratuite aux
entreprises de toute taille, dans le cadre du programme Ecostar. Ce programme existait avant la
décision de mettre en place une zone zéro émission et était destinée à l?origine à promouvoir les
bonnes pratiques environnementales. Il a permis d?instaurer une relation de confiance avec les
entreprises.
31 Il s?agit notamment des travaux de Tversky et Kahneman sur l?effet de cadrage ou framing effect
32 Favoriser le report modal des urbains pour améliorer la qualité de l?air, ADEME, mars 2020
PUBLIÉ
octobre 2023 Acceptabilité des zones à faibles émissions Page 55/134
Mieux faire connaître les ZFE: lancer une campagne de communication
au niveau national pour expliquer les enjeux des ZFE.
Faciliter l'accès à l'information et aux aides: mettre en place un portail
d?information unique, incluant un guichet unique pour la gestion des aides, et un service de
conseil en mobilité pour les ménages et une assistance personnalisée pour les entreprises.
Une fois la ZFE créée, la communication doit se poursuivre sur la durée : il convient d?informer sur
l?évolution de la qualité de l?air et, plus généralement, les résultats de la ZFE en matière de
transformation des mobilités. Plusieurs villes, dont Bruxelles, présentent chaque année un bilan de
la qualité de l?air et de l?impact de la ZFE. Birmingham a ouvert un accès direct aux résultats des
stations de mesure de l?agglomération.
Figure 10 Supports de communication à Birmingham
Source : mission
6.2 L?acceptabilité du dispositif dépend du « sentiment d?équité »
qu?il inspire
Le classement en crit?air 1 de véhicules haut de gamme lourds est mal compris
Les objectifs de baisse des émissions de CO2 et d?amélioration de la qualité de l?air étant largement
confondus dans l?esprit du grand public, le fait que des véhicules haut de gamme lourds ayant une
PUBLIÉ
octobre 2023 Acceptabilité des zones à faibles émissions Page 56/134
consommation élevée soient classés Crit?air 1, tandis que de petits véhicules anciens consommant
peu sont mal classés, suscite beaucoup d?incompréhension.
Or l?acceptabilité du dispositif dépend beaucoup du « sentiment d?équité » qu?il inspire. Si certaines
des personnes concernées par les restrictions jugent que d?autres en sont dispensées de façon
injuste (les véhicules haut de gamme lourds, les véhicules étrangers, les camions, les taxis, etc.),
l?acceptabilité du dispositif diminue considérablement33.
Il est donc essentiel que le dispositif paraisse juste et de veiller à bien expliquer ce qui peut susciter
l?incompréhension. La FAQ du portail internet peut contribuer à ces explications.
À cet égard, il convient de rappeler que les véhicules dont le poids est élevé supportent un malus
et qu?ils sont donc bien pénalisés, grâce à ce dispositif.
Le contrôle automatisé par caméra est nécessaire à l?acceptabilité de la ZFE
En France, les acteurs évoquent l?inéquité d?une situation de ZFE sans sanction, où les personnes
ayant fait l?effort de respecter la règle sont désavantagées par rapport à celles qui l?auront ignorée.
Dans les pays du parangonnage, si l?on fait abstraction des cas particuliers de l?Allemagne et des
ZFE dédiées aux poids lourds de certaines villes néerlandaises, la règle qui se dégage est que le
contrôle des ZFE est effectué par un système de contrôle automatisé par caméra. Cela vaut pour
le Royaume-Uni, où la règle est fixée dans le dispositif national, les Pays-Bas (Amsterdam,
Rotterdam, Utrecht, La Haye, Arnhem et Haarlem), la Belgique, l?Italie et l?Espagne.
Cela peut paraître contre-intuitif de lier l?acceptabilité à la mise en place de contrôles automatisés,
notamment dans un pays qui a connu la crise des gilets jaunes et celle des bonnets rouges. Mais
l?expérience du parangonnage montre que ces contrôles permettent de diminuer le sentiment
d?inéquité et de mettre en oeuvre effectivement la ZFE. Chacun sait qu?en entrant dans la zone il
sera contrôlé. En revanche, l?introduction de ce contrôle doit se faire de manière progressive, avec
une information directement adressée aux publics concernés . À Bruxelles par exemple, pendant
plusieurs mois les conducteursflashés n?ont pas reçu d?amende mais un courrier personnalisé les
informant de la mise en oeuvre prochaine de la ZFE et leur donnant toutes les informations utiles
pour les accompagner, soit pour un changement de véhicule, soit vers d?autres types de mobilités
adaptées à leurs besoins.
Pour ce qui concerne les modalités de mise en place du système de contrôle automatisé, la mission
relève que la ville de Milan a lancé un appel d?offres, qui a été remporté par l?opérateur de transport
public. Au Royaume-Uni, en concertation avec les collectivités concernées et les professionnels,
le DEFRA (Ministère de l?environnement) a développé une interface entre les fichiers nationaux
d?immatriculations et les systèmes locaux de reconnaissance de plaques et de facturation des
« CAZ charges ».
La France a opté pour une solution mutualisée pilotée par les ministères de l?intérieur et de la
transition écologique : ces deux ministères élaborent le cahier des charges techniques d?un appel
d?offres, qui sera lancé par l?UGAP, en vue de la conclusion d?un marché public ; les collectivités
locales pourront passer commande dans le cadre de ce marché. L?intérêt de la démarche est
d?éviter que chaque collectivité doive mener son propre appel d?offres, et d?assurer l?interface avec
le fichier des immatriculations d?une part, le système de gestion des amendes ANTAI de l?autre.
Toutefois, entamée depuis plusieurs années, la procédure reste aujourd?hui encalminée au stade
de la mise au point du cahier des charges. Cette absence d?avancée de la procédure constitue un
obstacle majeur pour le déploiement effectif des ZFE. Les collectivités locales sont fondées à
interpeller l?État sur cette question.
Le calendrier prévisionnel de l?administration prévoit le lancement de la consultation en 2023, la
33 Source Ademe, travaux de F.Martinez ( UGE)
PUBLIÉ
octobre 2023 Acceptabilité des zones à faibles émissions Page 57/134
réalisation des tests prévus en 2024 et le déploiement des systèmes en 2025.
Finaliser sans délai le cahier des charges de l?appel d?offres relatif au
contrôle sanction automatisé et mener ensuite avec diligence la procédure d?appel d?offres.
Pour des raisons d?équité également, l?application du contrôle sanction aux véhicules étrangers est
souhaitée - en France et aussi dans les autres pays visités, où la mission a rencontré la même
préoccupation -, mais des dispositions devront être prises au niveau européen pour la mettre en
oeuvre. Ce sujet fait l?objet de discussions dans le cadre de la révision de la directive (UE) 2015/413
du parlement européen et du conseil du 11 mars 2015 facilitant l'échange transfrontalier
d'informations concernant les infractions en matière de sécurité routière, qui ne vise actuellement
pas les questions environnementales. Cette solution est appropriée, mais sa mise en oeuvre
effective prendra du temps. Dans un premier temps, il pourrait être pertinent de conclure des
accords bilatéraux, comme l?ont fait la Belgique et les Pays-Bas.
Enfin, la question de l?affectation du produit des amendes est posée. Ces amendes peuvent dans
certains pays atteindre un niveau élevé (Bruxelles). Il convient qu?un retour soit fait à la collectivité
en charge du déploiement de la ZFE, a minima pour couvrir les frais de mise en oeuvre de cette
zone, si possible pour contribuer au développement des solutions alternatives. En Angleterre, avec
une approche différente, c?est un droit d?accès qui est prélevé, et qui revient aux collectivités. À
Londres le revenu de la « congestion charge » limitée à l?hyper centre, et qui concerne tous les
véhicules, est important, mais la « ULEZ charge » ou la « CAZ charge » dans les autres villes
anglaises sont moins importantes, car les usagers se sont très vite adaptés.
6.3 L?importance du récit et de la vision pour l?acceptation de la ZFE
Au-delà de la communication elle-même, le portage politique de la ZFE joue un rôle essentiel : un
leadership politique décisif était un aspect visible de l'introduction réussie du péage urbain à
Göteborg, en Suède. La mission a également relevé le fort engagement des maires de Londres et
de Milan, ainsi que de l?adjoint au maire de Birmingham, dans le projet de ZFE.
Les enseignements tirés du parangonnage montrent qu?il s?agit pour la collectivité porteuse du
projet de donner à voir ce que sera la ville une fois qu?elle aura été transformée. Elle doit rassembler
les habitants et entreprises autour d?une vision du territoire tel qu?il sera dans cinq, dix ou quinze
ans, en intégrant dans cette vision les conséquences de la ZFE. La ZFE sera ainsi vue pour ce
qu?elle est, un aspect parmi d?autres d?un nouveau visage de la ville, plus désirable (avec un air
plus pur, de nombreuses facilités pour se déplacer) dans laquelle chaque citoyen pourra se projeter.
La collectivité devrait ainsi amener les citoyens à changer leur point de vue sur un projet qui ne
devrait plus apparaître comme une contrainte imposée aux habitants, mais comme une opportunité
de façonner une ville plus désirable, sans laisser personne sur le bord du chemin.
En outre, promouvoir une opinion positive du projet auprès du public contribue à répandre l?idée
selon laquelle la ZFE n?est pas imposée « du haut vers le bas » par les décideurs politiques, mais
est soutenue par un « mouvement populaire » de citoyens préoccupés par la qualité de l'air. Ce fut
effectivement le cas à Milan, où un référendum soutenu par des associations de citoyens a conduit
à renforcer les exigences de la ZFE par rapport au projet initial des autorités locales34.
Ainsi que le rappelle Frédéric Martinez dans l?article précité 35 , une pratique, lorsqu?elle est
34 Acceptabilité des ZFE par le public : le rôle des attitudes, des normes, des émotions et de la confiance, université
de Leeds, 2021
35 comment promouvoir l?acceptabilité des ZFE, Frédéric Martinez, Université Gustave Eiffel, revue TEC, juin 2019
PUBLIÉ
octobre 2023 Acceptabilité des zones à faibles émissions Page 58/134
valorisée « a davantage de possibilités de devenir visible, de constituer un support d?apprentissage
social par observation et imitation. La norme sociale est considérée comme un puissant
déterminant des comportements, qui peut ainsi inciter les individus à agir dans un sens donné ».
L?illustration ci-après montre comment une campagne d?information en cours à Cologne cherche à
promouvoir le vélo en interpellant le spectateur pour lui suggérer d?adopter la pratique représentée
de façon positive sur l?image :
Figure 11: campagne d'information sur la mobilité.
"Cologne devient plus mobile. Toi aussi?"
Source mission
Il en est des ZFE comme de beaucoup d?autres politiques de transition écologique. Tant qu?elles
sont vécues comme subies et ne sont pas accompagnées d?une vision globale, elles ne peuvent
générer que craintes et résistances, quand il ne s?agit pas d?un rejet complet. La question du récit
est absolument essentielle pour replacer cette politique dans un contexte plus global, dans lequel
des enjeux qui nous dépassent comme le changement climatique, la perte de la biodiversité ou la
lutte contre les pollutions peuvent devenir les moteurs d?un nouveau développement économique,
de nouveaux modes de vie, de nouvelles relations sociales. Et au lieu d?envisager cela comme un
fardeau, le concevoir comme une opportunité de construire, ensemble, un territoire où il fera mieux
vivre.
C?est également l?opportunité de rappeler que « nous sommes tous dans le même bateau » et que
ces enjeux doivent être l?occasion de reconstruire de l?action collective, de renouveler les
PUBLIÉ
octobre 2023 Acceptabilité des zones à faibles émissions Page 59/134
processus démocratiques et l?association des citoyens à la décision.
Qu?enfin l?avenir (ou la ZFE !) ne soit plus vu comme une abstraction suscitant l?angoisse mais
comme une vision porteuse d?espoir et d?envie.
PUBLIÉ
octobre 2023 Acceptabilité des zones à faibles émissions Page 60/134
Conclusion
Je remercie vivement les différents interlocuteurs, dans les pays du parangonnage et en France,
qui ont bien voulu consacrer de leur temps à la mission pour répondre à ses questions. Je remercie
également les ambassades, les services économiques régionaux et les consulats généraux, pour
leur aide dans l?organisation des entretiens et des déplacements, toujours très riches
d?enseignements. Je remercie enfin, l'IGEDD, pour son appui, et en particulier Patrick Lambert et
Bernard Schwob, inspecteurs généraux
Il apparaît que des ZFE ont été mises en oeuvre avec succès dans chacun des pays du
parangonnage. Ce constat est un encouragement pour les acteurs français. Il apparaît également
que les projets ou leur évolution suscitent des réactions dans certaines villes, qui s?efforcent de les
surmonter. Ce second constat confirme, s?il en était besoin, l?importance de respecter de bonnes
pratiques dans la préparation des projets et leur mise en oeuvre.
L?information sur les enjeux de la qualité de l?air, la concertation avec les acteurs dans la définition
des projets font partie de ces bonnes pratiques. L?information est essentielle pour battre en brèche
les idées préconçues, voire les fausses informations qui peuvent être martelées par certains
acteurs. La concertation permettra de rechercher le bon équilibre entre le niveau d?exigences en
matière d?émission de polluants des véhicules et la souplesse de mise en oeuvre indispensable
pour assurer l?acceptabilité du projet. À cet égard, des dérogations temporaires peuv33ent
utilement être accordées.
Par ailleurs, les ZFE ne peuvent constituer des projets isolés, mais s?inscrivent dans une stratégie
d?ensemble en matière de mobilité et d?aménagement du territoire. Elles accompagnent des projets
de développement des transports publics, du réseau cyclable et des services de mobilité tels que
l?autopartage. Elles s?insèrent dans un travail plus global avec les acteurs du territoire sur
l?organisation des mobilités (déplacements domicile-travail, accès aux services publics et aux
loisirs, organisation du télétravail) et sur la circulation des marchandises au sein des ZFE et dans
les territoires limitrophes.
Le parangonnage a clairement mis en évidence que les stratégies d?amélioration de la qualité de
l?air rejoignaient celles en faveur de l?atténuation du changement climatique : les « zones à faibles
émissions » de polluants et les mesures qui les accompagnent coïncident largement avec les
mesures permettant la réduction des émissions de gaz à effet de serre.
Cinq villes françaises doivent adapter la ZFE existante en vue de diminuer les effets de la mauvaise
qualité de l?air sur la santé de leurs habitants et respecter dans les meilleurs délais la
réglementation. Afin de les accompagner le mieux possible, un rééquilibrage des aides financières
pourra être opéré en faveur des villes en situation de dépassement des valeurs limites de
concentration de polluants.
Pour les autres villes et pour les acteurs au niveau national, il est important d?entamer des études
sur l?évolution de la qualité de l?air à l?horizon 2030 et sur les mesures à prendre afin que les règles
qui seront prochainement fixées au niveau européen puissent être respectées dès 2030, pour
assurer la santé des habitants.
Si la nécessité de préparer les dispositions à prendre pour 2030 ressort nettement du
parangonnage, d?autres recommandations du présent rapport, issues des bonnes pratiques
européennes, rejoignent et complètent celles formulées dans des travaux récents. Je me réjouis
de cette convergence de vues sur les mesures à prendre, qui me paraît de bonne augure pour leur
mise en oeuvre effective.
Les conclusions rejoignent également les propos tenus par la Première ministre le 13 juillet devant
le Conseil national de transition écologique et je lui donne ainsi le dernier mot :
PUBLIÉ
octobre 2023 Acceptabilité des zones à faibles émissions Page 61/134
« Enfin, dernier débat qui nous bloque souvent : celui de l'acceptabilité de notre action. Pour être
réussie, la transition écologique ne peut pas se faire malgré les Français ou contre eux. Nous
devons, au contraire, travailler avec eux, demander des efforts à la hauteur des moyens de chacun,
protéger et accompagner les plus fragiles et offrir systématiquement des solutions. Pour prendre
un exemple important, la voiture, il n'est pas question d'empêcher d'en disposer, mais d'offrir à
chacun l'accès pratique à un moyen de transport décarboné, soit un véhicule propre, soit d'autres
moyens de transport propre ».
Barbara Pompili
PUBLIÉ
octobre 2023 Acceptabilité des zones à faibles émissions Page 62/134
Annexes
PUBLIÉ
octobre 2023 Acceptabilité des zones à faibles émissions Page 63/134
Annexe 1. Lettre de mission
PUBLIÉ
octobre 2023 Acceptabilité des zones à faibles émissions Page 64/134
PUBLIÉ
octobre 2023 Acceptabilité des zones à faibles émissions Page 65/134
PUBLIÉ
octobre 2023 Acceptabilité des zones à faibles émissions Page 66/134
Annexe 2. Liste des personnes rencontrées
Nom Prénom Organisme Fonction
Date de
rencontre
FRANCE
BÉCHU Christophe Ministère de la
transition écologique
et de la cohésion
des territoires
Ministre 04/05/2023
FIRMIN LE BODO Agnès Ministère chargé de
l?organisation
territoriale et des
professionnels de
santé
Ministre déléguée 10/05/2023
ALHENC-GELAS Vincent Ministère délégué
chargé des PME, du
Commerce, de
l'Artisanat et du
Tourisme
Directeur de
cabinet
03/04/2023
MAISONNEUVE Sylvain Ministère délégué
chargé des PME, du
Commerce, de
l'Artisanat et du
Tourisme
Conseiller
commerce au
cabinet
03/04/2023
NGUYEN My-Lan Ministère délégué
chargé des PME, du
Commerce, de
l'Artisanat et du
Tourisme
Conseillère
parlementaire au
cabinet
03/04/2023
TABAROT Philippe Sénat Rapporteur
mission flash ZFE
05/04/2023
PECH Thierry Terra Nova Directeur général 20/04/2023
MILLER Laure Assemblée
nationale
Députée 02/05/2023
HERMINE Jean-
Philippe
IDDRI Directeur général 02/05/2023
MILLIENNE Bruno Assemblée
nationale
Rapporteur
mission flash ZFE
03/05/2023
LESEUL Gérard Assemblée
nationale
Rapporteur
mission flash ZFE
03/05/2023
ZAKHARTCHOUK Adrien Ministère de la
transition écologique
et de la cohésion
des territoires
Directeur adjoint
de cabinet
04/05/2023
LAVAL Sylvain Association des
Maires de France
Coprésident de la
commission
transports
09/05/2023
PUBLIÉ
octobre 2023 Acceptabilité des zones à faibles émissions Page 67/134
Nom Prénom Organisme Fonction
Date de
rencontre
LARCHER Louise Association des
Maires de France
Conseillère
transport et
urbanisme
09/05/2023
DE FONTAINES Charlotte Association des
Maires de France
Chargée des
relations avec le
Parlement
09/05/2023
AYADI Nadia Chambre de
commerce et
d?industrie Paris Ile-
de-France
Présidente de la
commission de
développement
économique
régional
09/05/2023
DUESO Nadine ADEME Cheffe du service
qualité de l?air
09/05/2023
DERKENNE Chantal ADEME Ingénieure 09/05/2023
BRETON Pierre Ministère chargé de
l?organisation
territoriale et des
professionnels de
santé
conseiller
Territoires, élus et
santé
environnementale
au cabinet
10/05/2023
BERTHELOT Florence Fédération
Nationale des
Transports Routiers
Déléguée
générale
10/05/2023
MARTIN Pauline Fédération
Nationale des
Transports Routiers
Déléguée
régionale
10/05/2023
MAILLART-
MEHAIGNERIE
Laurence Assemblée
nationale
Rapporteure
rapport
d?application loi
climat résilience
10/05/2023
GAZEAU Bruno Fédération
Nationale des
Associations
d?Usagers des
Transports
Président 15/05/2023
RICHNER Alain Fédération
Nationale des
Associations
d?Usagers des
Transports
Vice-président 15/05/2023
BOUILLON Christophe Association des
petites villes de
France
Président
//KAUFFMANN Anne Airparif Directrice études
et prospective
17/05/2023
LABORIE Anne ATMO France Déléguée
générale
17/05/2023
PUBLIÉ
octobre 2023 Acceptabilité des zones à faibles émissions Page 68/134
Nom Prénom Organisme Fonction
Date de
rencontre
ROSE Christian Confédération des
Grossistes de
France
Responsable
transport et
logistique
22/05/2023
HOURQUES Kristelle Confédération des
Grossistes de
France
Directrice des
affaires publiques
22/05/2023
JEAN Anne
Marie
France urbaine Vice-présidente
l?Eurométropole
de Strasbourg
22/05/2023
CHAUFOUR Etienne France urbaine Directeur en
charge des
mobilités
22/05/2023
CHANTRENNE Nicolas Ministère délégué
en charge de
l?industrie
Directeur adjoint
de cabinet
25/05/2023
FAURE Johann Ministère délégué
en charge de
l?industrie
Conseiller
automobile
25/05/2023
BOUDOT Éric GCK Président 07/06/2023
COLDEFY Jean Expert mobilité 07/06/2023
BARBRY Bénédicte Mobivia Directrice affaires
publiques
29/06/2023
DEGARDIN Léa Via ID Directrice Impact
et affaires
publiques
29/06/2023
LECONTE Manuel IGEDD Inspecteur
général
04/09/2023
RIVOALLON-
PUSTOC?H
Catherine IGEDD Inspectrice
générale
04/09/2023
DRUON Stéphanie IGEDD Inspectrice 04/09/2023
SCHMITT Christophe TLF Co-Président
commission
logistique urbaine
04/09/2023
PONCELET Olivier TLF Délégué général 04/09/2023
DOUY Jérôme TLF Directeur délégué
Logistique
urbaine
04/09/2023
MANDON Thierry Conseil national du
commerce
Secrétaire
général
04/09/2023
DE BOISSIEU Marie Direction générale
des entreprises
Sous directrice du
commerce et de
la restauration
04/09/2023
LE ROCH Emmanuel PROCOS Délégué général 04/09/2023
PUBLIÉ
octobre 2023 Acceptabilité des zones à faibles émissions Page 69/134
Nom Prénom Organisme Fonction
Date de
rencontre
VILLIER Nadine Fédération des
marchés de France
Secrétaire
générale
04/09/2023
PALOMBI Francis Confédération des
commerçants de
France
Président 04/09/2023
RUINART DE
BRIMONT
Laure Confédération des
commerçants de
France
Déléguée
générale
04/09/2023
BIZE Sandrine Confédération
générale de
l?alimentation de
détail
Chef de
département
04/09/2023
LAYANI Stéphane Marché d?intérêt
National de Rungis
Président
directeur général
05/09/2023
CAULLET Jean-Yves Préfet Président de la
commission des
professions
foraines et
circassiennes
11/09/2023
BELGIQUE
SENEMAUD François Ambassade de
France
Ambassadeur 23/05/2023
BOULANGER Arnaud Ambassade de
France
Chef du service
économique
régional
23/05/2023
CROZE Laurie Ambassade de
France
Adjointe au chef
de service
23/05/2023
VAN DEN
BERGHE
Jelle Ministère de
l?environnement de
la Région flamande
Membre du
cabinet
23/05/2023
DE BACKER Toby Ministère de
l?environnement de
la Région flamande
Membre du
cabinet
23/05/2023
DORNIER Pierre Les chercheurs d?air Président 23/05/2023
MARON Alain Ministère de
l?environnement de
la Région Bruxelles-
capitale
Ministre 23/05/2023
DEMUELENAERE Lucas Ministère de
l?environnement de
la Région Bruxelles-
capitale
Conseiller
mobilité, air et
climat
23/05/2023
ESPAGNE
RIBERA Teresa Ministère de la
transition écologique
Ministre 01/06/2023
PUBLIÉ
octobre 2023 Acceptabilité des zones à faibles émissions Page 70/134
Nom Prénom Organisme Fonction
Date de
rencontre
ALLEMAGNE
KUNSCHAK Martin Munich Collaborateur
personnel de la
maire
20/06/2023
LUTZ Martin
Berlin
Département de la
mobilité, des
transports, de
l?action climatique et
de l?environnement
Chef du pôle
« management
de la qualité de
l?air »
6/07/ 2023
ZIMMER Elke
Ministère des
transports, Land du
Bade-Wurtemberg
Secrétaire d'État 10/07/2023
ERDMENGER Christoph
idem
Chef du
département
mobilité durable
10/07/2023
WEESE Udo
idem
Chef d'unité
protection contre
le bruit et
protection de l'air
10/07/2023
HERMANNS Michael
Ministère de
l'Environnement, de
la Protection de la
Nature et des
Transports du Land
de Rhénanie du
Nord-Westphalie
Chef de la
division VIII ?
développement
durable
11/07/2023
SZAFINSKI Heike
idem
Directrice adjointe
de la division V-
protection contre
la pollution
11/07/2023
OCHSENFAHRT Volker
idem
Chef d'unité V 3 -
protection de l'air
11/07/2023
EHLERS Christian
idem
Unité V 3 -
protection de l'air
11/07/2023
REICHARD Ulf
Agence de Rhénanie
du Nord- Wesphalie
pour le climat,
NRW4Climate
directeur 11/07/2023
STIELER Patrick
Mairie de Cologne,
Office pour le
management de la
circulation
directeur 11/07/2023
PUBLIÉ
octobre 2023 Acceptabilité des zones à faibles émissions Page 71/134
Nom Prénom Organisme Fonction
Date de
rencontre
STROMPEN Frederik
Mairie de Cologne
directeur de
cabinet de
l?adjoint au maire
en charge de la
mobilité
11/07/2023
KEUPEN Sybille
Mairie d?Aix-la-
Chapelle
maire 12/07/2023
MEINERS Klaus
Idem,
Département Climat
et Environnement
directeur 12/07/2023
STREHLE Isabel
Idem,
Département
Urbanisme et
infrastructures
directrice 12/07/2023
LANGNER Marcel
Agence fédérale de
l?environnement
Chef du
département air
18/07/2023
ITALIE
ORIOLI Valentina
Mairie de Bologne
Assesseur à la
mobilité
26/06/2023
BONI Anna-Lisa
idem
Assesseur à la
transition
écologique
26/06/2023
MAGLIULO Claudio
Cleancities
Directeur de
Cleancities, Italie
26/06/2023
BONAVINA Sergio
Mairie de Padoue
Assesseur à la
sécurité
26/06/2023
SALA Giuseppe
Mairie de Milan
maire 27/06/2023
CENSI Ariana
Mairie de Milan
Adjointe au maire
pour la mobilité et
les transports
27/06/2023
RIAZZOLA Stefano
Mairie de Milan
Directeur de la
mobilité
27/06/2023
GIANA Arigo
ATM ( transports
publics de Milan
Directeur général 27/06/2023
MARCHETTI Paolo
ATM
Directeur de la
stratégie, de
l?innovation et de
la durabilité
27/06/2023
PUBLIÉ
octobre 2023 Acceptabilité des zones à faibles émissions Page 72/134
Nom Prénom Organisme Fonction
Date de
rencontre
FERRARA Paolo
ATM
Directeur du
système
d?information
27/06/2023
CARRERI Roberto
ATM
Responsable des
données
27/06/2023
PAYS-BAS
ALABRUNE François
Ambassade de
France
Ambassadeur 03/07/2023
ROBIN-
MITREVSKI
Aude
Ambassade de
France
Cheffe du service
économique
régional
03/07/2023
OUAHSINE Samy
Ambassade de
France
Conseiller
développement
durable
03/07/2023
KRAAIJVANGER Bart
Transdev Nederland
Manager zero
emission
03/07/2023
VALLENGOED-
UDO
Josette
Ville d?Amsterdam
Directrice du
programme zéro
émission
03/07/2023
DE BRUIN Elmer
Transport en
Logistiek Nederland
Directeur des
affaires
internationales
03/07/2023
NELCK Anne-
Marie
Transport en
Logistiek Nederland
Responsable
secteur
distribution
03/07/2023
KAPTEIJNS Arjen
Ville de La Haye
Adjoint au maire
en charge de
l?environnement
03/07/2023
VAN BREE Emma
Ministère des
infrastructures et de
la voie d?eau
Coordinatrice
zéro émission et
logistique
04/07/2023
CRAMER Rosemarie
RVO
Conseillère
mobilités et
développement
durable
04/07/2023
STAAL Peter
KNAK
directeur 04/07/2023
ONNEN Nienke
Natuur en Milieu
Responsable du
programme
mobilités
durables
04/07/2023
KOERHUIS Daniel
Parlement
Député 04/07/2023
ZELLER Helene
Ville de Rotterdam
Conseillère
affaires
internationales
11/10/2023
PUBLIÉ
https://www.denhaag.nl/nl/bestuur-en-organisatie/college-van-burgemeester-en-wethouders/wethouder-arjen-kapteijns.htm
https://www.denhaag.nl/nl/bestuur-en-organisatie/college-van-burgemeester-en-wethouders/wethouder-arjen-kapteijns.htm
octobre 2023 Acceptabilité des zones à faibles émissions Page 73/134
Nom Prénom Organisme Fonction
Date de
rencontre
STRENG Jos
Ville de Rotterdam
Responsable du
programme zéro
émission
11/10/2023
SCHRIJNEN Laurens
Ville de Rotterdam
Directeur du
programme rues
sures
11/10/2023
ROYAUME-UNI
DUCHENE Hélène
Ambassade de
France
Ambassadrice 17/07/2023
MAST Jeremy
Ambassade de
France
Conseiller
développement
durable
17/07/2023
AUCLAIR Léa
Ambassade de
France
Attachée
transports
17/07/2023
DANCE Seb
Ville de Londres
Adjoint au maire
en charge des
transports
17/07/2023
REYNOLDS Charlotte
Transport for London
Principal City
Planner
17/07/2023
HAYWARD-
SPEIGHT
Lucy
Transport for London
Head of
environment
strategy and
planning
17/07/2023
JAMES Simon
DEFRA
Directeur adjoint
Joint air quality
unit
17/07/2023
FYFIELD Dan
DEFRA
Head of digital
delvery
17/07/2023
VALJI Nandu
Department for
Transport
Projetc delivery
Lead
17/07/2023
WALTERS Fiona
DEFRA
Local authority
account manager
17/07/2023
FEENEY Hannah
DEFRA
Communication
and stakeholders
manager
17/07/2023
FITZHARRIS Ruth
Mums for Lungs
Porte-parole 17/07/2023
CLEMENTS Liz
Ville de Birmingham
Adjointe au maire
en charge des
transports
17/07/2023
ZAFFAR Wasseem
Ville de Birmingham
Conseiller
municipal
17/07/2023
ARNOLD Stephen
Ville de Birmingham
Directeur de la
CAZ
17/07/2023
PUBLIÉ
octobre 2023 Acceptabilité des zones à faibles émissions Page 74/134
PUBLIÉ
octobre 2023 Acceptabilité des zones à faibles émissions Page 75/134
Annexe 3. Glossaire des sigles et acronymes
Acronyme Signification
ADEME Agence de la transition énergétique
CAZ Clean air zone ? zone d?air pur (en Angleterre)
DEFRA
Département de l'Environnement, de
l'Alimentation et des Affaires rurales
( Royaume-Uni)
EPCI
Établissement public de coopération
intercommunale
FAP Filtre à particules
IGEDD
Inspection générale de l?environnement et du
développement durable
NO2 Dioxyde d?azote
NOx Oxyde d?azote
PM Particulate matter- particules fines
OMI Organisation maritime internationale
OMS Organisation mondiale de la santé
PL Poids lourd
TfL Transport for London
UGAP Union des groupements d?achat public
VL Véhicule léger
VUL Véhicule utilitaire léger
ZBE Zone de basses émissions (Belgique, Espagne)
ZEZ Zone zéro émission
ZFE Zone à faibles émissions
ZTL Zone de trafic limité (Italie)
PUBLIÉ
octobre 2023 Acceptabilité des zones à faibles émissions Page 76/134
Annexe 4. Vignette française Crit?air et norme Euro
Depuis 1992, la Commission européenne définit une norme d?émission, appelée « norme euro »,
pour les moteurs des véhicules. L?objectif est de limiter les émissions de polluants liées à la
circulation routière. Les exigences de la norme sont régulièrement révisées à la hausse, afin que
les constructeurs mettent sur le marché des véhicules de moins en moins polluants. Ainsi, les
véhicules neufs doivent désormais être conformes à la norme Euro 6 pour les véhicules légers et
Euro VI pour les poids lourds, en application du règlement européen n° 595/2009 en date du 18
juin 2009.
La commission européenne a proposé en novembre 2022 un projet de règlement « Euro 7 »,
destiné à entrer en vigueur en 2025, qui renforce les exigences de réduction des émissions de
polluants et prend en compte pour la première fois les émissions de particules fines causées par
l?abrasion des freins et des pneumatiques. Contesté par l?industrie automobile, ce projet fait
actuellement l?objet de débats entre les pays membres. Le Conseil de l?Europe a adopté le 25
septembre 2023 une version moins exigeante que celle proposée par la commission.
En France, l?article R 318-2 du code de la route stipule que « le classement des véhicules à moteur
en fonction de leur contribution à la limitation de la pollution atmosphérique (?) est établi à partir
de leur niveau d'émission de polluants atmosphériques ». L?arrêté du 21 juin 2016 établit la
nomenclature des véhicules, qui sont classés en fonction de leur niveau d'émission de polluants
atmosphériques en référence aux normes Euro et aux dates d?immatriculation des véhicules. Le
système de vignettes Crit?air ainsi défini comporte 6 catégories, qui se traduisent par des vignettes
de couleur différentes. La vignette est apposée sur le pare-brise du véhicule et permet d?identifier
visuellement son niveau de pollution théorique.
Dans l?échantillon étudié par la mission, seuls deux pays européens ont adopté un système de
vignettes, l?Allemagne et L?Espagne. Un système équivalent existe également en Autriche. Ces
vignettes sont propres à chaque pays et ne sont pas reconnues, sauf exception, à l?extérieur des
frontières. Des débats ont eu lieu il y a quelques années sur la possibilité d?instaurer une vignette
européenne unique valable dans l?ensemble des pays de l?Union. Ce débat, qui se heurtait au
principe de subsidiarité, est resté sans suite : les pays ayant mis en place des systèmes de contrôle
par reconnaissance des plaques d?immatriculation considéraient que le dispositif de vignette n?avait
qu?un intérêt limité.
Les figures ci-dessous présentent les vignettes françaises Crit?air dans le cas des voitures
particulières, des véhicules utilitaires légers et des poids lourds.
PUBLIÉ
octobre 2023 Acceptabilité des zones à faibles émissions Page 77/134
Figure 12: vignette crit'air:
voitures particulières, véhicules utilitaires légers, poids lourds
PUBLIÉ
octobre 2023 Acceptabilité des zones à faibles émissions Page 78/134
PUBLIÉ
octobre 2023 Acceptabilité des zones à faibles émissions Page 79/134
Source : https://www.ecologie.gouv.fr/certificats-qualite-lair-critair
PUBLIÉ
octobre 2023 Acceptabilité des zones à faibles émissions Page 80/134
Annexe 5. Allemagne
L?annexe sur l?Allemagne présente :
Les « zones environnementales » créées vers 2010
« L?interdiction de circulation des véhicules diesel » dans certaines villes vers 2020
Les réflexions sur l?amélioration de la qualité de l?air à l?horizon 2030
Dès 2010, les « zones environnementales » exigent le standard Euro 3 ou 4 pour
les véhicules diesel.
Une loi fédérale de 2006 36 crée un dispositif de « zone environnementale » ( Umweltzone)
comprenant un système de vignettes, comme en France, une liste de catégories de véhicules
exemptés et un dispositif de sanction en cas de violation des restrictions de circulation. L?objectif
principal est de réduire la pollution causée par les particules fines (PM 10).
Dans ce pays fédéral, c?est la région (le Land), qui est compétente pour la surveillance de la qualité
de l?air et la planification des mesures nécessaires. Si les exigences réglementaires ne sont pas
respectées dans une ville, la région lance l?établissement d?un plan de qualité de l?air. Les autorités
locales y contribuent en identifiant les mesures possibles, qu?il s?agisse de la création d?une « zone
environnementale » (Umweltzone) ou d?autres mesures. Elles assurent ensuite la mise en oeuvre
du plan.
Ainsi, à Berlin, la zone environnementale est mise en place en deux étapes : la vignette rouge est
imposée en 2008 et en 2010 la vignette verte, qui est la plus exigeante. Stuttgart procède de même
en 2008 et 2012 respectivement.
Il appartient aux villes de choisir le niveau d?exigence. En pratique, à une exception près, toutes
les villes ont choisi la vignette « verte », la plus exigeante du dispositif fédéral (exigence minimale
Euro 4 pour le diesel).
Il convient de noter que le dispositif allemand prévoit la possibilité de moderniser un véhicule diesel
avec un système de filtre à particules. Vers les années 2010, l?acceptabilité du dispositif a été
grandement facilitée par la possibilité d?effectuer ce rétrofit consistant à installer un filtre à particules
sur un véhicule diesel Euro 3. À Berlin, cette opération a concerné 58 000 véhicules. Dès 2012,
toutefois, en France, un avis de l?ADEME déconseillait cette solution, considérée comme peu
efficace.
Par ailleurs, des dispositions temporaires ont été mises en place pour faciliter la transition.
Aujourd?hui, ces zones environnementales sont à peine perçues comme une restriction. En effet,
en 2022, 90 % du parc immatriculé en Allemagne bénéficie de la vignette verte, ce qui signifie que
le dispositif n?est plus discriminant. Nos interlocuteurs considèrent qu?il est obsolète.
Le tableau ci-dessous montre du reste que l?exigence de la vignette verte est inférieure à l?exigence
légale applicable aux ZFE en France au 1er janvier 2025 lorsque les normes de qualité de l?air ne
sont pas respectées de manière régulière :
36 Verordnung zur Kennzeichnung der Kraftfahrzeuge mit geringem Beitrag zur Schadstoffbelastung
https://www.gesetze-im-internet.de/bimschv_35/index.html
PUBLIÉ
octobre 2023 Acceptabilité des zones à faibles émissions Page 81/134
Tableau 9: comparaison des exigences minimales en Allemagne et en France
Standard
minimum
exigé
Allemagne
(tous véhicules, sauf 2 roues )
« vignette verte »
France
( véhicules légers ,
2 roues non concernés)
Au 1er Janvier 2024* Au 1er Janvier 2025*
Diesel Euro 4
ou Euro 3 avec filtre à particule
Euro 4
(interdiction des
crit?air 4)
Euro 5
(Interdiction des
crit?air 3)
Essence Euro 1 avec pot catalytique - Euro 4
(Interdiction des
crit?air 3)
* Lorsque les normes de qualité de l?air ne sont pas respectées de manière régulière, au sens de
l?article L.2213-4-1 du code général des collectivités territoriales.
Une liste de dérogations a été introduite au niveau fédéral. Elle peut être complétée au niveau local.
Les dérogations introduites initialement pour les riverains et les artisans ont été supprimées depuis
longtemps. Un dispositif de « bonus écologique » pour l?achat d?un véhicule électrique est en place
au niveau fédéral. En revanche, la « prime à la casse » mise en place en 2009 a été supprimée
l?année suivante.
Le contrôle par caméra était interdit jusqu?en 2021 37. Néanmoins, nos interlocuteurs de Berlin
excluent cette solution, qui soulèvent dans ce pays de fortes objections de principe. À Munich, la
ville a pu vérifier par des contrôles dans les parkings que le taux de respect de la règle était
supérieur à 95%. De même, à Stuttgart, les services du Land expliquent qu?il n?y a pas de contrôles
fléchés sur la zone environnementale. Ces contrôles sont effectués à l?occasion des contrôles de
vitesse et des contrôles dans les parkings. Les infractions sont souvent de nature formelle : par
exemple, plaquette manquante ou illisible.
Les véhicules immatriculés à l?étranger sont concernés par les zones environnementales. Ils
doivent se procurer la vignette.
Pour ce qui concerne l?effet de ces zones environnementales, on peut citer le cas de la zone
environnementale de la Ruhr, qui concerne plusieurs villes de ce territoire. L'analyse des données
de 26 stations de mesure a montré une diminution de la pollution supérieure à 2 µg/m3 pour les
particules fines (PM10) et variant de 1 à 4 µg/m3 pour le NO2 en moyenne annuelle 38. Cette
diminution est bien l?effet attribuable à la zone environnementale, car les résultats ont été obtenus
en effectuant une correction pour tenir compte des changements mesurés dans les stations de
fond ou dans les stations de trafic en dehors des zones environnementales. Des calculs de
modélisation sur la diminution de la pollution de l'air à proximité des axes routiers, à météorologie
et pollution de fond constantes ont confirmé ces résultats. 39
37 https://www.lagrandeconversation.com/debat/ecologie/zones-de-faible-emission-un-risque-dexclusion-sociale-
dans-les-villes/#retours-dexperience-de-quatre-zfe-europeennes-berlin-bruxelles-londres-madrid
38 Agence fédérale de l?environnement
https://www.umweltbundesamt.de/themen/luft/luftschadstoffe/feinstaub/umweltzonen-in-deutschland#10-welche-
grundlegenden-effekte-hatten-die-umweltzonen-bisher
39 P.Bruckmann et al. ?Verbessern Umweltzonen die Luftqualität?? Landesamt für Natur, Umwelt und
Verbraucherschutz, Recklinghausen, VDI-Berichte Nr. 2113, 2011
PUBLIÉ
octobre 2023 Acceptabilité des zones à faibles émissions Page 82/134
Il faut toutefois être conscient que le gain résultant du dispositif proprement dit baisse au fil des
années, compte tenu de l?amélioration du parc de véhicules.
Cette amélioration de la qualité du parc a incité 10 villes à décider la suppression de la zone
environnementale, au motif qu?elle n?était plus nécessaire pour assurer le respect de la
réglementation en matière de qualité de l?air.
Enfin, les dispositifs mis en oeuvre par les villes dans le cadre de leur plan pour la qualité de l?air
comprennent, le cas échéant, la zone environnementale, mais aussi un ensemble d?autres
mesures, telles que le développement du réseau de pistes cyclables ou le renouvellement de la
flotte de bus.
A la date de mai 2023, 48 zones environnementales sont en place en Allemagne.
Vers 2020, les villes en dépassement de la valeur limite pour le NO2 adoptent les
normes minimales Euro 5 ou 6 ? ou d?autres solutions
Au dispositif de « zone environnementale » défini par la loi fédérale de 2006 s?ajoute dans certaines
villes un dispositif dit « d?interdiction » de circulation des véhicules diesel (« Dieselfahrverbot »).
Ce dispositif résulte d?un arrêt de 2018 de la cour suprême fédérale (Bundesverwaltungsgericht)
et peut être mis en place dans les villes où la réglementation européenne en matière de qualité de
l?air n?est pas respectée, ce qui concerne en pratique la valeur limite du NO2. Les villes concernées
restent libres de rechercher le respect de la réglementation européenne par d?autres dispositions
que cette interdiction de circulation des véhicules diesel.
Le dispositif « d?interdiction » de circulation des véhicules diesel n?interdit pas au sens strict ces
véhicules. Il s?agit le plus souvent de fixer le niveau minimum de la norme à pour les véhicules
diesel à Euro 6/VI et, parfois, pour les véhicules essence à Euro 3. Le dispositif s?applique dans
les villes de Darmstadt, Francfort, Hambourg, Mayence, Munich et Stuttgart40 et peut concerner
certaines rues ou quartiers ou bien la ville entière.
Le tableau ci-après complète le tableau 10 ci-dessus et met en évidence que les caractéristiques
minimales de « l?interdiction » de circulation des véhicules diesel sont proches du dispositif national
français applicable dans le cas où les normes de qualité de l?air ne sont pas respectées « de
manière régulière » :
Tableau 10: comparaison des exigences minimales en Allemagne et en France
Standard
minimum
exigé
Allemagne
France
( véhicules légers,
2 roues non concernés)
Zone environnementale
traditionnelle :
« vignette verte »
(tous véhicules,
sauf 2 roues )
« Interdiction » de
circulation des
véhicules diesel
Au 1er Janvier
2024
Au 1er Janvier
2025
Diesel Euro 4
ou Euro 3 avec FAP
Euro 5 ou 6
Euro 4 Euro 5
Essence Euro 2
ou Euro 1
avec pot catalytique
Dans certains cas :
Darmstadt : Euro 3
- Euro 4
40 https://www.db-anwaelte.de/abgasskandal/diesel-fahrverbot/
PUBLIÉ
octobre 2023 Acceptabilité des zones à faibles émissions Page 83/134
À propos de l?acceptabilité du dispositif « d?interdiction » de circulation des véhicules diesel, les
services de la région de Baden Wurtemberg relèvent l?écart entre les exigences pour le diesel (Euro
6) et celles pour l?essence (Euro 2). Ils soulignent que les ménages n?ayant pas les moyens de
remplacer leur véhicule diesel peuvent plus facilement le remplacer par un véhicule à essence.
Cinq villes où la valeur limite du NO2 était dépassée illustrent différentes approches possibles pour
y remédier, en recourant ou non à « l?interdiction » de circulation des diesels.
Dans 3 villes, « l?interdiction » de circulation des véhicules diesel a été mise en place ? et elle a
pu être levée deux ans après dans l?une d?entre elles :
- À Stuttgart, la région, qui est compétente, a mis en place une « interdiction » de circuler des
véhicules diesels ; Il existe deux zones, l?une mise en place en 2019 et couvrant la ville
entière, où la norme Euro 5 est exigée, l?autre mise en place en 2020 sur un périmètre
restreint, où la norme Euro 6 est exigée. Grâce à ces mesures, la valeur limite du NO2 est
respectée depuis 2021.En 2019, les ménages et les entreprises ont reçu une information
préalable (envoi d?un dépliant).
Les services de la région estiment que la population approuve la mesure. Ils rappellent à
cet égard le dispositif d?alerte sur les particules fines qui existaient précédemment. À
l?époque, les gens se plaignaient des troubles qu?ils ressentaient dans ces périodes et se
demandaient quand les autorités prendraient des mesures sérieuses sur le sujet. Par
ailleurs, les articles du journal local sur la qualité de l?air ont contribué à sensibiliser le
public au sujet.
Quelques sections très spécifiques qui pâtissaient d?un fort niveau de pollution en particules
fines et dioxyde d?azote a été équipée de colonnes filtrantes, permettant de réduire le niveau
de pollution :
Figure 13: colonnes filtrantes, à Stuttgart, Neckartor
PUBLIÉ
octobre 2023 Acceptabilité des zones à faibles émissions Page 84/134
Source mission
- À Munich, le dispositif « d?interdiction » de circuler des véhicules diesels comporte 3 étapes
successives :
o La valeur moyenne du NO2 dépassant en 2022 la valeur limite sur plusieurs points de
mesure, la 1ère étape est intervenue au 1er février 2023. À cette date, le périmètre de
la zone environnementale, qui comprenait la zone comprise strictement à l?intérieur du
périphérique intermédiaire (Mittlerer Ring) est étendu à ce périphérique lui-même ; le
niveau d?exigence minimum est porté à Euro 5/V ; outre les dérogations habituelles (les
personnes handicapées, les services de soin, ...), de larges dérogations sont prévues
à ce stade, notamment pour les résidents de la zone, les livraisons et les artisans.
Il était prévu que les deux autres étapes seraient mises en oeuvre respectivement au 1er
octobre 2023 et au 1er avril 2024, si cela était nécessaire pour obtenir le respect de la valeur
limite du NO2 :
o La 2ème étape consiste à porter l?exigence minimale à Euro 6/VI ;
o La 3ème étape consiste à supprimer les dérogations pour les résidents et les livraisons.
Toutefois, la ville a décidé, fin juillet, de suspendre temporairement l?a mise en oeuvre de l?étape
2 et de renoncer à l?étape 3.
- À Stuttgart, comme à Munich, même si l?on fait abstraction dans le cas de Munich des
dérogations temporaires pour les résidents et les livraisons, le dispositif de dérogation est
très large (cf. annexe 5).
- À Berlin, la zone environnementale nécessitant la vignette « verte » couvre environ 10% de
la surface de la ville et concerne 1 M de personnes sur une population totale de 3,7 M. Une
« interdiction » de circuler des véhicules diesel a été mise en place en 2020. Elle présente
la particularité d?être limitée à 8 voies. L?interdiction a été levée en 2022, car elle n?était plus
nécessaire au respect de la réglementation. Nos interlocuteurs de Berlin sont d?avis que cette
solution d?interdiction de certaines voies comporte des limites : elle permet d?éviter le
dépassement de la valeur limite, mais ne fait que déplacer le trafic et, par conséquent, la
pollution.
Dans deux villes, des solutions autres que « l?interdiction » de circulation des véhicules diesel sont
mises en place :
À Cologne, en 2019, la valeur limite du NO2 n?était pas respectée et la ville était menacée d?une
interdiction de circulation des véhicules diesel. Cette situation a suscité un large débat sur le rythme
du changement en matière de transport urbain. Le débat a fait apparaître que des mesures moins
radicales que l?interdiction de circulation des véhicules diesel pouvaient être envisagées.
Les mesures suivantes ont été mises en oeuvre :
o L?optimisation des feux de circulation ;
o La diminution du nombre de voies sur le pont sur le Rhin ;
o La création de lignes de bus express ;
o L?extension du périmètre de la zone environnementale à la quasi-totalité de la ville, soit
une surface de 137 km2, les autoroutes, le port et une zone d?activité étant exclus ;
o L?interdiction de transit des poids lourds ;
o La gestion améliorée des places de parking (diminution du nombre de places de
stationnement, augmentation du prix du parking pour les résidents, ?) ;
o Le développement des voies cyclables ;
o L?électrification de la flotte de bus, qui a bénéficié d?une subvention à hauteur de 70%
par l?État fédéral
Un système de suivi en temps réel du trafic et de la pollution de l?air a été mis en place. Il
s?appuie à la fois sur des données de points de mesure et des données de modélisation. Dès
2020, les exigences réglementaires en matière de qualité de l?air ont été respectées. La ville de
PUBLIÉ
octobre 2023 Acceptabilité des zones à faibles émissions Page 85/134
Cologne a par ailleurs mené avec Ford une expérimentation portant sur l?utilisation de véhicules
hybrides dans les zones environnementales : fondé sur la blockchain, le dispositif permettait
l?enclenchement automatique du moteur électrique à l?entrée dans la zone et le suivi des
données de circulation pertinentes. 41
- À Aix-la-Chapelle, la limite n?était pas respectée non plus sur 6 points de mesure pour le
NO242 ; à la suite d?une décision du tribunal administratif supérieur (Oberverwaltungsgericht
de Münster) déclarant illégal le plan de qualité de l?air de 2019, des mesures ont été adoptées
pour éviter une interdiction de circulation des véhicules diesel: acquisition de bus Euro 6 ou
électriques, installation de filtres à NO2 sur le parc existant, augmentation sensible du prix
du stationnement sur la voie publique et limitation de la durée à une heure, extension du
réseau de voies cyclables. En 2023, les exigences réglementaires sont respectées.
-
Le tableau ci-après récapitule le niveau d?exigences Euro dans les cinq villes :
Tableau 11: caractéristiques des zones environnementales étudiées par la
mission
Ville Périmètre Norme
minimale
diesel
Norme
minimale
essence
Observations
Stuttgart 43
Dieselfahrverbot sur 2
périmètres
(quelques sections ex-
clues) :
-ville entière
-petite zone
-Euro 5/V
-Euro 6/VI 44
-Contrôle par la po-
lice
-Nombreux P+R
Munich
Dieselfahrverbot mis
en place en 3 étapes
1ère étape au 1er fé-
vrier 2023
A cette date, Le péri-
mètre de la Umwelt-
zone est étendu au
Mittlerer Ring
Vignette verte
+
1ère étape du
Dieselfahrver-
bot :
Euro 5/ V
dérogations
temporaires :
résidents, livrai-
son, artisans
Vignette
verte
Si les exigences sur
le NO2 ne sont pas
respectées :
- au 1er octobre
2023 : Euro 6/VI
- au 1er avril 2024 :
suppression des
dérogations pour
résidents et livrai-
sons
41 https://media.ford.com/content/fordmedia/feu/de/de/news/2021/01/22/geofencing-und-blockchain-modell-
projekt-praesentiert-ergebnisse.html
42https://www.aachen.de/DE/stadt_buerger/umwelt/luft-
stadtklima/luftreinhalteplan_umweltzone/luftreinhalteplan_2022/luftreinhalteplan_aachen_03_fortschreibung_2022
.pdf
43 https://www.stuttgart.de/leben/mobilitaet/dieselverkehrsverbot/dieselverkehrsverbot.php
44 possibilité d?équiper les PL d?un système de traitement des gaz d?échappement
https://vm.baden-wuerttemberg.de/de/mensch-umwelt/luftreinhaltung/umweltzonen-und-lkw-durchfahrtsverbote
PUBLIÉ
octobre 2023 Acceptabilité des zones à faibles émissions Page 86/134
Berlin
ZFE = 88 km2 sur 892
km2
-concerne 1M de per-
sonnes sur 3,7 M pour
Berlin
vignette verte
Mesures complé-
mentaires en
201945 :
-limitation à
30km/h sur cer-
tains tronçons ;
Cologne 46
Quasi-totalité
de la ville
Vignette verte
Aix-la-Chapelle47
25km2 sur 160km2
Zone comprise à l?in-
térieur du périphé-
rique extérieur
-Vignette verte
-les inconvénients du NO2 pour
des concentrations relativement
faibles sont soulignés48
4 P+R
Les réflexions sur l?amélioration de la qualité de l?air à l?horizon 2030 s?appuient
sur les politiques de neutralité climatique
Un projet de « vignette bleue », qui aurait concerné les véhicules électriques et les véhicules diesel
Euro 6 a été abandonné par le gouvernement en 2016, faute d?un accord politique sur le sujet. En
pratique, le dispositif « d?interdiction » des véhicules diesel, qui a été imposé par les tribunaux, est
équivalent.
Pour ce qui concerne les évolutions à long terme, les entretiens menés par la mission ont montré
que les régions (Länder) et les villes ont entamé une réflexion sur les moyens de respecter les
futures exigences réglementaires au niveau européen.
Les services de la région de Baden Wurtemberg se montrent confiants dans la possibilité
d?atteindre aisément une valeur limite de 20 µg/m3 pour le NO2, même dans une ville comme
Stuttgart. La valeur limite de l?ozone serait en revanche plus délicate à respecter. Ils justifient leur
optimisme en se référant aux effets sur la qualité de l?air des mesures prévues en matière de
limitation des émissions de gaz à effet de serre. La région s?est fixée comme objectif d?atteindre la
neutralité carbone en 2040 et une diminution de 55% des émissions dès 2030. Les sous-objectifs
correspondants comprennent :
- Le doublement de l?utilisation des transports publics ;
- La moitié des déplacements réalisés à pied ou à vélo ;
- Une voiture sur deux actionnée par une énergie renouvelable ;
- La diminution de 20% de la circulation routière dans les villes et les zones rurales ;
- La moitié du fret transporté par des moyens climatiquement neutres.
Dans la région de Rhénanie du Nord-Westphalie, dans la perspective d?exigences de qualité de
l?air plus sévères à l?avenir, les réflexions portent sur la possibilité d?imposer la norme minimale
45 https://www.lagrandeconversation.com/debat/ecologie/zones-de-faible-emission-un-risque-dexclusion-sociale-
dans-les-villes/#retours-dexperience-de-quatre-zfe-europeennes-berlin-bruxelles-londres-madrid
46 https://www.stadt-koeln.de/artikel/03399/index.html
https://www.bezreg-
koeln.nrw.de/brk_internet/leistungen/abteilung05/53/luftreinhalteplaene/luftreinhalteplan_koeln_03_fortschreibung
.pdf
47 https://www.aachen.de/DE/stadt_buerger/umwelt/luft-
stadtklima/luftreinhalteplan_umweltzone/pdf_materialien_fotos/umweltzone_ac_karte.pdf
48 https://www.aachen.de/DE/stadt_buerger/umwelt/luft-
stadtklima/luftreinhalteplan_umweltzone/luftqualitaet_viertel/index.html
PUBLIÉ
octobre 2023 Acceptabilité des zones à faibles émissions Page 87/134
Euro 5 et sur la création de zones à zéro émission, pour laquelle des dispositions législatives seront
nécessaires. Plus généralement, la région considère que la pratique actuelle de circulation
individuelle motorisée ne pourra pas être poursuivie. Dans l?alternative entre « interdire ceci » ou
« encourager cela », une préférence est exprimée en faveur de la seconde solution. Par exemple,
réserver une voie de circulation aux bus et aux taxis est préférable à une mesure d?interdiction, car
la liberté de circulation est un principe fondamental.
Le représentant de la ville de Berlin, au niveau des services, a indiqué que, à son niveau, les
réflexions intégraient désormais, entre autres, la perspective de l?évolution de la réglementation
sur la qualité de l?air à l?horizon 2030. Il a indiqué que, dans ce contexte, la « zone à zéro émission »
faisait partie des pistes de travail. Il a émis le souhait que les grandes villes (Paris, Amsterdam, ...)
puissent réfléchir ensemble à ces questions. Néanmoins, la zone à zéro émission ne figure pas
parmi les pistes de travail du gouvernement conservateur en place.
La ville d?Aix-la-Chapelle, constatant que l?évolution des différents polluants a atteint un plateau,
estime, dans le même esprit, que la poursuite de la diminution nécessite de privilégier des mesures
qui servent également à la neutralité climatique. La ville d?Aix-la-Chapelle dispose d?une réflexion
approfondie sur le sujet, puisqu?elle participe à la Mission européenne sur « la neutralité climatique
dans 100 villes. »49
Les mesures envisagées reposent sur deux principes :
- Rendre attractive l?offre pour un changement durable des moyens de transport
- Ne plus rendre attractive la voiture comme moyen de transport premier dans la circulation
individuelle motorisée.
Parmi les options possibles sont envisagées :
- Des mesures relevant du niveau fédéral :
o L?établissement de zones réservées aux véhicules Euro 6+ ou « zéro émission » ; la
durée de mise en oeuvre pourrait s?échelonner de 2030 à 2035 ;
o L?augmentation rapide du prix du CO2 ou des taxes sur les carburants fossiles ; effet
de levier à court terme ;
o La limitation de vitesse à 30 km/h sur de vastes surfaces dans les grandes villes; effet
de levier à court terme ;
o Une réforme de la taxation des véhicules ayant une orientation climatique (par
exemple, la prise en compte du poids) ; effet de levier à court terme
- Des mesures relevant de la collectivité locale :
o L?extension du réseau de pistes cyclables ; la priorisation des transports publics dans
les rues d'Aix-la-Chapelle ; réaménagement urbain à long terme ;
o La construction de garages de quartier ; la création de places de P+R ; stratégie à
long terme ;
o Une nouvelle augmentation du prix des places de stationnement dans les espaces
publics ; peut être mise en oeuvre rapidement ;
o L?optimisation de la fluidité du trafic pour réduire les émissions polluantes ; recours à
l?intelligence artificielle ?
L?office fédéral pour l?environnement souligne que, dans la perspective de la nouvelle directive sur
l?air, le problème majeur ne serait plus le NO2, comme actuellement, mais les particules. En effet,
les véhicules électriques permettent de maîtriser les émissions de NO2, mais non celles des
particules fines. Certes, les émissions des véhicules électriques au freinage sont plus faibles,
puisque leur système de ralentissement sollicite moins les freins mécaniques. Mais les véhicules
électriques, étant plus lourds, sont équipés de pneus plus larges, qui émettent plus de particules.
Globalement, leurs émissions de particules fines sont équivalentes aux émissions de particules
49 https://research-and-innovation.ec.europa.eu/funding/funding-opportunities/funding-programmes-and-open-
calls/horizon-europe/eu-missions-horizon-europe/climate-neutral-and-smart-cities_en
PUBLIÉ
octobre 2023 Acceptabilité des zones à faibles émissions Page 88/134
fines, hors échappement, des véhicules à énergie fossile. Or ces émissions hors échappement
représentent la moitié environ des émissions des véhicules à énergie fossile. Par conséquent, le
véhicule électrique ne résout pas la question des particules fines.
L?office fédéral pour l?environnement estime donc qu?il sera nécessaire d?abandonner la mobilité
individuelle motorisée et d??inventer un nouveau concept de mobilité, reposant notamment sur les
transports publics et le vélo.
Quant aux « zones à zéro émission », il ne pourra pas s?agir de zones accueillant largement les
véhicules électriques.
Enfin, la diminution de la pollution de l?air nécessite d?agir sur les autres sources de pollution. Notre
interlocuteur a mentionné la loi sur le chauffage, en cours de discussion, qui ferait évoluer le
chauffage des bâtiments vers les pompes à chaleur.
PUBLIÉ
octobre 2023 Acceptabilité des zones à faibles émissions Page 89/134
Annexe 6. Italie
L?annexe sur l?Italie présente :
Le dispositif national
La ZFE de Milan
La ZFE de Rome
Le cas de Bologne
Une comparaison des normes Euro minimales pour ces 3 villes
Le dispositif national permet une large variété de dispositifs
En Italie, des « zones à trafic limité » (ZTL) ont été mises en place dès les années 70, sur des
périmètres restreints au centre-ville, dans des villes désireuses de restreindre le trafic dans les
zones où les émissions de particules des véhicules noircissaient le patrimoine archéologique et
architectural, notamment à Ferrare, Florence et Sienne.
Selon une disposition législative sur les ZTL mise en place en 1992 :
- les villes fixent les modalités, sur la base d?un dispositif national ;
- le ministère publie une liste de villes autorisées à instituer une ZTL.
Une directive ministérielle de 1997 précise les modalités d?application, qui sont très souples, de
sorte qu?une ZTL peut recouvrir :
- Une zone à trafic limité dans son acception initiale : une autorisation de circulation est
accordée uniquement pour certains usages (livraison par exemple) ou certaines catégories
de la population (par exemple, les résidents d?un quartier, détenteurs d?un permis d?accès
qui peut être payant) ;
- Une zone à faibles émissions au sens où on l?entend en France : interdiction de circulation
pour les véhicules les plus polluants; dans certaines régions, le dispositif est activé
seulement l?hiver, le niveau de pollution étant plus élevé dans cette période;
- Un péage urbain.
Certaines villes, telles que Milan et Rome, ont mis en place plusieurs dispositifs sur différents
périmètres.
Des accords ont été conclus au niveau régional : la LEZ de Lombardie regroupe 570 communes,
dont Milan, qui se répartissent en 3 « bandes », où les restrictions sont différentes.
A Milan, l?adoption d?un plan de mobilité durable a préparé la mise en place d?une
ZFE sur un périmètre étendu
Un péage urbain calculé en fonction du niveau d?émissions du véhicule est mis en place dans le
centre-ville en 2008. En 2011, un référendum a confirmé le péage à une large majorité (79%).
Toutefois, pour éviter l?augmentation du trafic qui résultait du remplacement des véhicules anciens
par des véhicules à basses émissions, le dispositif est remplacé en 2012 par un péage urbain dont
le prix ne varie pas en fonction de la classe du véhicule.
En 2018, la ville de Milan adopte un plan pour la mobilité durable : une large place est donnée à la
ville à 30km/h. Le réseau cyclable est largement développé. De nouvelles lignes de métro et de
tramway sont lancées. La mobilité partagée est encouragée.
Le terrain est ainsi bien préparé pour la mise en place en 2019 d?une seconde zone à faibles
émissions sur un périmètre beaucoup plus étendu. La ville de Milan comprend ainsi deux zones à
PUBLIÉ
octobre 2023 Acceptabilité des zones à faibles émissions Page 90/134
faibles émissions :
- La première, dite zone C, d?une surface de 8 km2, couvre le centre-ville et comprend aussi
un péage urbain ;
- La seconde, dite zone B, d?une surface de 130 km2, couvre 70 % de la surface de la ville
et 97% de sa population ; elle est en vigueur du lundi au vendredi de 7h30 à 19h30 hors
jours fériés.
Figure 14: périmètres de la zone C (en vert) et de la zone B (en rouge)
Source : http://www.comune.milano.it/wps/portal/ist/it/servizi/mobilita/Area_B
La zone C a donné lieu à beaucoup de discussions avec les professionnels pour rechercher une
bonne acceptabilité. Elle est bien acceptée dans la mesure où l?augmentation de la vitesse
commerciale des véhicules et les aides au remplacement des véhicules viennent compenser le
péage.
Pour la zone B, deux mesures ont été mises en place pour aider à la transition :
- après interdiction d?une catégorie de véhicules, 50 accès gratuits sont offerts à ces véhicules
la première année et 25 l?année suivante. Après le premier passage, une lettre d?information est
transmise au propriétaire du véhicule.
- le dispositif Move in : il s?agit d?un boitier installé dans le véhicule qui enregistre le nombre de
km parcourus dans Area B pendant la journée. En fonction de la classe d?émission, le véhicule non
conforme est autorisé à parcourir un certain nombre de km par an dans la zone. Ce système donne
la possibilité de ne remplacer le véhicule qu?un peu plus tard et d?avoir quand même un accès pour
des besoins limités (2000 km pour un véhicule diesel Euro 5, mais 300 seulement pour un diesel
Euro 1). L?expérimentation est menée avec les régions Lombardie, Émilie-Romagne et Piémont.
Des discussions sont en cours avec le ministère pour examiner si le dispositif ne pourrait pas se
substituer aux caméras pour le contrôle des ZTL. En décembre 2022, 59 000 véhicules étaient
équipés du boitier Move-in.
PUBLIÉ
octobre 2023 Acceptabilité des zones à faibles émissions Page 91/134
Le dispositif d?aide financière de la ville de Milan vient compléter celui de l?État. La subvention de
la ville est désormais réservée à l?achat de véhicules neufs, alors qu?elle distinguait précédemment
les véhicules neufs, 0 km et d?occasion.
L?aide aux particuliers (résidents à Milan) est accordée pour l?achat d?un véhicule de catégorie M1,
électrique, hybride ou essence d?une valeur inférieure à 45 000 ¤. Une majoration est consentie
aux ménages modestes (revenus ISEE- ie revenu de référence) inférieurs ou égaux à 20 000 ¤).
Les montants accordés varient également en fonction du niveau d?émission de CO2.
L?aide aux petites et moyennes entreprises est accordée selon les mêmes principes, pour l?achat
d?un véhicule, électrique, hybride ou essence, en fonction du niveau d?émission de CO2.
De 2018 à 2022, les aides accordées par la ville ont atteint 22 M¤, dont 12 M¤ pour les entreprises
et 16 M¤ pour les particuliers. En 2022, ces montants ont atteint 2 M¤ pour les entreprises et 3M¤
pour les particuliers.
Rome a également défini plusieurs périmètres
Depuis 1989, la ZTL de Rome (« zone à trafic limité ») interdit l'accès à certains types de véhicules
à certaines heures de la journée. Cette ordonnance municipale s'applique désormais à différentes
zones de la ville, chacune avec des restrictions spécifiques. Il existe plusieurs zones :
- La ZTL du centre historique ; en brun sur la carte ci-après ;
La circulation est réservée aux résidents, aux personnes travaillant dans la zone, aux véhicules
transportant des personnes handicapées, aux taxis et VTC.
- Les ZTL anneau ferroviaire et VAM (cars touristiques) ; en bleu
et la « Fascia Verde » (« la zone verte ») ;
Ces zones sont des ZFE : la circulation est autorisée pour les véhicules répondant à une norme
minimale Euro (cf. tableau 12 ci-après).
En outre, un dispositif de péage urbain serait mis en place en 2024 sur la partie centrale de la
zone verte50.
Ces zones sont représentées sur la carte ci-après :
50 https://www.romatoday.it/attualita/fascia-verde-roma-multe-quando.html
PUBLIÉ
octobre 2023 Acceptabilité des zones à faibles émissions Page 92/134
Figure 15: périmètre des ZTL à Rome
A Bologne, la ZFE ne sera mise en place qu?à la mise en service de la première
ligne de tramway
La ville de Bologne (population de 400 000 habitants et 1 M pour l?agglomération) a mis en place
depuis de nombreuses années une ZTL dans le centre-ville : l?accès de la zone est restreint aux
véhicules disposant d?une autorisation (résidents, livraison).
En 2018, il a été décidé d?introduire des critères environnementaux, exprimés en fonction de la
norme Euro, le niveau d?exigence étant relevé d?année en année (voir tableau ci-). Des incitations
financières pour la mise à la casse d?un véhicule polluant sont octroyées sous la forme de
réductions pour les abonnements de transport public ou la mobilité partagée. La transition est
facilitée par l?octroi de permis d?entrée, pour une durée de deux ans, pour les personnes
propriétaires de véhicules non conformes. Le contrôle est un contrôle automatisé par caméra.
La ville prévoit d?étendre le périmètre de la zone à une date qui coïnciderait avec la mise en service
de la première ligne de tramway à la fin des années 2020.
Si une ZFE ambitieuse paraît bien acceptée à Milan, à Rome la mise en place
prochaine d?un système de contrôle automatisé suscite des réactions négatives
Si une ZFE ambitieuse paraît bien acceptée à Milan, à Rome la confirmation de la mise en place
prochaine d?un système de contrôle automatisé a soulevé des protestations.
Il est intéressant de comparer, pour les 3 villes présentées ci-dessus, le niveau d?exigence exprimé
en fonction de la norme Euro, pour les véhicules légers. Pour Milan et Rome, la comparaison porte
sur la zone la plus étendue, qui correspond aux ZFE telles qu?on les entend en France : la zone B
à Milan et la « zone verte » à Rome.
À Milan, l?évolution du dispositif est annoncée jusqu?à 2030, date d?interdiction des véhicules diesel
légers dans la zone B. Le niveau d?exigence est déjà élevé : Euro 6 pour les véhicules légers diesel.
Le maire, que la mission a rencontré, réfléchit à de nouvelles évolutions.
À Rome, les exigences réglementaires en matière de qualité de l?air n?étant pas respectées, la ville
PUBLIÉ
octobre 2023 Acceptabilité des zones à faibles émissions Page 93/134
vient de confirmer le passage à Euro 5 à partir de novembre 2023, puis Euro 6 à partir de novembre
2024, pour les véhicules légers diesel. L?annonce, qui a été faite à l?occasion de la parution d?une
ordonnance le 30 juin 2023 prolongeant jusqu?en octobre les dispositions en place 51, a soulevé
des protestations s?expliquant notamment par la mise en service du système de contrôle
automatisé en novembre. Par ailleurs, les transports publics sont bien moins performants à Rome
qu?à Milan. Des mesures sont à l?étude pour atténuer l?impact des mesures. En particulier, le
recours au dispositif Move in est évoqué, ainsi que des aides pour l?achat de véhicules moins
polluants et des dérogations pour certaines catégories, telles que les taxis.
Des courriers seront transmis aux propriétaires des véhicules interdits à partir de novembre 2023
pour les informer de la mesure. La mesure concerne 30 000 résidents, mais aussi plus de 300 000
véhicules qui accèdent à la zone verte depuis des zones extérieures .
Bologne prévoit aussi d?exiger Euro 5 sur la ZTL au 1er janvier 2024, mais le périmètre limité de la
zone facilite cette évolution. L?extension du périmètre est envisagée et coïnciderait avec la mise
en service de la première ligne de tramway.
Le tableau ci-après présente les normes minimales applicables à Milan, Rome et Bologne :
Tableau 12: norme Euro minimale à Milan, Rome et Bologne
Ville Diesel essence
MILAN Area B
Véhicules légers :
2019
2020
2022 VP
2025 VP et VUL
2028
2030
Transports de
marchandises :
2024
2025
2028
Euro 4
Euro 6
Euro 6d **
Euro 6d
interdit
Euro 6
Euro 6 d **
Euro 6 d
Euro 1
Euro 2
Euro 3
Euro 4
Euro 5
Euro 3
Euro 4
Euro 5
ROME Zone verte52 VL
- Actuellement :
- à partir de 11 2023 :
- à partir de 11 2024 :
Euro 4
Euro 5 **
Euro 6**
Euro 3
Euro 4
BOLOGNE VL
périmètre de la ZTL :
- Actuellement
- 1er Janvier 2024
- 1er Janvier 2025
L?hiver,
périmètre de la ville :
- hiver 2023
- hiver 2025
Euro 4
Euro 5
Euro 6
Euro 5
Euro 6
Euro 3
Euro 3
Euro 3
* si le véhicule est acheté avant 2018
** y compris pour les véhicules utilitaires N1, N2, N3, sur 2 tranches horaires
51 https://www.comune.roma.it/web-resources/cms/documents/O.S._n._76_del_30_giugno_2023.pdf
52 https://romamobilita.it/it/servizi/ztl/fascia-verde
PUBLIÉ
octobre 2023 Acceptabilité des zones à faibles émissions Page 94/134
Pour ce qui concerne les véhicules autres que les véhicules légers, précisons le cas de Milan :
la zone B s?applique à l?ensemble des véhicules, y compris les 2 roues, le calendrier étant
toutefois différent.
En conclusion, un tableau nuancé ressort de l?exemple italien :
La norme minimale Euro 6 étant d?ores et déjà en place sur un large périmètre, Milan offre
l?exemple d?une ZFE ambitieuse (norme minimale Euro 6 pour les véhicules diesel) et bien
acceptée ;
À Rome, où le réseau de transports publics est moins performant, la confirmation de la
mise en service prochaine d?un système de contrôle automatisé, à l?occasion du passage
à la norme minimale Euro 5 pour les véhicules diesel, a entraîné des réactions, que la
ville s?efforce de maîtriser en annonçant des aides et des mesures de transition ; cela
confirme a contrario l?importance d?une concertation préalable portant notamment sur les
dérogations et le cas échéant sur les aides financières de la collectivité territoriale.
En prévoyant la mise en place de la ZFE à la date de la mise en service d?une première
ligne de tramway, Bologne confirme l?importance de la qualité du réseau de transports
publics pour la réussite du projet.
PUBLIÉ
octobre 2023 Acceptabilité des zones à faibles émissions Page 95/134
Annexe 7. Belgique
L?annexe sur la Belgique présente :
Les dispositifs régionaux ;
La ZFE de Bruxelles
La ZFE de Gand
Les dispositifs régionaux
En Belgique, les ZFE sont de la compétence des régions. Le pays comprend 3 régions : la Région
de Bruxelles-capitale, la Région flamande et la Région wallonne.
Bruxelles a mis en place une ZFE en 2018.
La Flandre a mis en place un dispositif qui définit précisément les caractéristiques des ZFE. Il
appartient aux villes de décider de les mettre en place ou non.
La Wallonie a adopté en 2019 un décret organisant l'interdiction progressive de circuler des
véhicules les plus polluants. Ce décret comporte deux volets :
La possibilité pour les villes et communes de mettre en place une zone de basses
émissions ; actuellement, aucune ville n'a mis en place la mesure.
L'interdiction progressive de circuler pour les véhicules les plus polluants sur tout le terri-
toire de la région wallonne ; le démarrage de cette interdiction progressive de circuler était
initialement prévu au 1er janvier 2023, mais a été reporté au 1er janvier 2025 en raison
des difficultés résultant de l?augmentation des prix de l?énergie.
Le tableau ci-dessous résume les principales caractéristiques des ZFE de Bruxelles et, en Flandre
de Gand et Anvers. Ces dispositifs de Bruxelles et de la Région flamande sont très proches, mais
Bruxelles se distingue en décrivant des évolutions successives jusqu?à 2036.
Tableau 13: principales caractéristiques des ZFE de Bruxelles et de la Flandre
Ville Caractéristiques Standard minimum VL observations
Diesel Essence
Bruxelles53
créé en 2018
160 km2
1,2 M d?habitants.
couvre l?ensemble
de la ville, mais
certaines voies
telles que le boule-
vard périphérique
en sont exclues
2018 : Euro 2 /II
2019 : Euro 3 / III
2020 : Euro 4 /IV
2022 : Euro 5/V
2025 : Euro 6/ VI
2028 : Euro 6d/VI
2030 : interdit/VId
Les PL VI d restent
autorisés jusqu?en
2035, les PL VI e
sans limite
-
Euro 2/II
Euro2/II
Euro 2/II
Euro 3/III
Euro 4
Euro 6d
Applicable 7j/7,
24h/24
2 roues et poids lourds
concernés
à partir de 2025.
renforcement
jusqu?en 2036
53 https://www.lagrandeconversation.com/debat/ecologie/zones-de-faible-emission-un-risque-dexclusion-sociale-
dans-les-villes/#retours-dexperience-de-quatre-zfe-europeennes-berlin-bruxelles-londres-madrid
https://leefmilieu.brussels/sites/default/files/arrete_lez.pdf
PUBLIÉ
https://www.lagrandeconversation.com/debat/ecologie/zones-de-faible-emission-un-risque-dexclusion-sociale-dans-les-villes/#retours-dexperience-de-quatre-zfe-europeennes-berlin-bruxelles-londres-madrid
https://www.lagrandeconversation.com/debat/ecologie/zones-de-faible-emission-un-risque-dexclusion-sociale-dans-les-villes/#retours-dexperience-de-quatre-zfe-europeennes-berlin-bruxelles-londres-madrid
octobre 2023 Acceptabilité des zones à faibles émissions Page 96/134
Anvers et
Gand
Dispositif
régional
pour la
Flandre
Gand : périmètre
de 7 km2 sur 157
- actuellement :
- au 1er janvier
2025*
Euro 5
Euro 6
Euro 2
Euro 3
Il est prévu de préciser
le dispositif au-delà de
la période actuelle-
ment prise en compte
et jusqu?à 2035, avec
notamment une inter-
diction des VL diesel
en 2031
* date susceptible d?être décalée au 1er Janvier 2026.
La ZFE de Bruxelles
Un premier arrêté, publié en 2018, a défini les règles jusqu?à 2025. Le dispositif actuellement défini
décrit les évolutions jusqu?en 2036.
Dans la phase préparatoire, des actions de sensibilisation sur les enjeux de la qualité de l?air ont
été menées en fournissant aux particuliers des capteurs leur permettant de prendre conscience de
la mauvaise qualité de l?air.
Une consultation des acteurs a été menée en 2018. Elle a permis de définir différentes questions
à approfondir par le biais d?études : émissions du transport, budget des flottes des pouvoirs publics,
santé, mobilité, aspects économiques et sociaux, énergie.
Sur la base de ces études, une feuille de route « mobilité à faible émission » a été adoptée en
juillet 2022. Décrivant la stratégie de la Région pour la mise en oeuvre concrète de la décarbonation
du transport, elle contient les différentes actions et mesures d?accompagnement à entreprendre,
auprès de différents publics cibles, afin que la transition soit juste et sociale.
L?objectif annoncé est d?aller vers une zone à zéro émission : à partir de 2035, la zone à faibles
émissions deviendra une zone « zéro émission directe » pour les voitures personnelles, les
camionnettes et les deux-roues motorisés, et, à partir de 2036, pour les bus urbains. Aucune date
n?a encore été décidée pour les poids lourds et les autocars.
Le dispositif s?appuie sur le plan régional de mobilité « good move », fortement axé sur le
développement d?alternatives à la voiture individuelle. Le plan a pour objectif de réduire la part
modale de la voiture de 25% en 2030 par rapport à 2018, en visant le transfert modal et la
diminution de la possession de la voiture. Good Move favorise fortement la marche, le vélo, les
transports publics et le développement des services de mobilité numériques (Mobility as a Service
ou MaaS); par ailleurs, il existe 5 P+R.
Des mesures sont adoptées pour faciliter l?acceptation :
Période transitoire de 3 mois sans amende à chaque changement de réglementation ;
Pass journalier payant pour les véhicules non conformes ;
Un service personnalisé de conseil en mobilité (Mobility Coach) est proposé: il permet notamment
d?obtenir des informations sur la prime mobilité Bruxell?Air.
Des financières sont apportées:
Pour les professionnels:
? les petites et moyennes entreprises peuvent bénéficier d?une aide allant jusqu?à
15000¤ pour le remplacement d?un véhicule utilitaire ; la prime peut également couvrir
l?achat et l?installation d?une borne de recharge ;
? Il existe aussi une prime pour les vélos cargo ;
PUBLIÉ
octobre 2023 Acceptabilité des zones à faibles émissions Page 97/134
Pour les particuliers, la prime Bruxell?Air : lorsqu?un ménage se sépare de sa voiture, la
prime permet de bénéficier d?un budget mobilité pour l?ensemble des membres du ménage
parmi différents services de mobilité ; soumise à conditions de ressources, elle s?élève au
maximum à 900¤.
Pour les ménages vulnérables, l?accent est mis sur la voiture partagée : outre la prime Bruxell?air,
qui permet de financer l?utilisation de voitures partagées et des services de taxi, le document
stratégique présente le « Social Green Deal » avec le secteur de la voiture partagée, qui permet
une coopération intensive avec ce secteur pour lever les barrières, ainsi que l?appel à projets Low
Emission Mobility, pour financer des projets dans le secteur de la voiture partagée.
La fiscalité joue un rôle :
Le système fiscal fédéral soutient fortement l?électrification des voitures de société ;
Bruxelles prépare un projet de réforme de la taxation des véhicules : il s?agirait de passer
à une tarification à l?usage, qui dissuaderait l??utilisation de la voiture aux heures de pointe.
En revanche, il n?y a pas en Belgique de mesures du type bonus écologique ou prime à la casse
pour encourager l?achat de véhicules électriques par les particuliers.
Le contrôle de la ZFE par un système de contrôle automatisé comprenant 300 caméras.
Le rapport d?évaluation de la ZFE pour 2021 indique que la valeur limite de 40µg/m3 est respectée
en 2021 pour le NO2, pour la deuxième année consécutive 54; curieusement, la valeur pour les
particules fines n?est pas traitée dans le rapport.
La ZFE de Gand
Dans le même esprit qu?à Bruxelles, des mesures sont adoptées pour faciliter l?acceptation :
Autorisation temporaire pour certains véhicules jusqu?à fin 2024 moyennant une taxe ;
Pass journalier payant pour 8 jours maximum, sans condition sur le véhicule.
À noter un dispositif propre à cette municipalité, qui, seule en Belgique, apporte une aide à l?achat
de voitures électriques à la condition que le projet d?achat soit porté par au moins quatre personnes,
et donc en vue d?une utilisation en autopartage.
Comme à Bruxelles, le contrôle est effectué par un système de contrôle automatisé par caméras.
Les véhicules étrangers doivent s?enregistrer, le défaut d?enregistrement entraînant une amende.
54 https://www.lez.brussels/medias/RAPP-2021-LEZ-
FR.pdf?context=bWFzdGVyfHBkZnw5NjQ1OTAyfGFwcGxpY2F0aW9uL3BkZnxoZjMvaGFlLzg4NzY2MDY2NTI0
NDYvUkFQUF8yMDIxX0xFWl9GUi5wZGZ8OWE1YmIxNGZhNTQxOWM2NzkyYzM0ZjFmNzgzMGRlZGQ4OWE
5MDlkOWJkYTkzNDMxMWVhZWY5M2Q4NDE0MmE4Yw&attachment=true
PUBLIÉ
octobre 2023 Acceptabilité des zones à faibles émissions Page 98/134
Annexe 8. Espagne
L?Espagne fait partie des pays qui ont adopté un système de vignettes
Un système de vignettes (« distintivo ambiental ») a été défini au niveau national en 2016, la même
année qu?en France pour le système Crit?air. Ce système identifie 4 types de vignettes, Zéro, ECO,
C et B.
Les véhicules non classés, parfois identifiés comme « catégorie A » ne peuvent bénéficier d?une
vignette ; ils seraient également non classés en France pour les véhicules à essence, mais
pourraient relever de la catégorie Crit?air 4 ou 5 pour les véhicules diesel. Ces vignettes permettent
d?accéder aux « Zonas de bajas emisiones » (ZBE) selon des dispositions propres à chaque ville
concernée. À l?origine, le contrôle est visuel, mais les villes importantes se sont équipées de
caméras pour assurer un contrôle automatique par lecture de plaque d?immatriculation.
ZBE de Madrid
La mise en place de la ZBE de Madrid a connu plusieurs rebondissements en fonction de l?actualité
politique et judiciaire. Mise en place à l?origine en 2017 sur un périmètre restreint au centre de la
ville, elle a fait l?objet d?un moratoire l?année suivante, les élections municipales ayant conduit à un
changement de majorité. En 2020, la ZBE est annulée par un tribunal, mais une forte mobilisation
citoyenne conduit la municipalité à remettre en place une nouvelle ZBE à partir de 2021 en
l?accompagnant de mesures fortes sur la mobilité : création d?une ligne de bus gratuite à haute
fréquence reliant le nord au sud de Madrid, la fourniture de 600 nouveaux bus électriques d'ici
2027, encouragement de l?autopartage et généralisation des zones 30 sur les routes à une voie.
La ZBE de Madrid porte sur l?ensemble du territoire à l?intérieur du périphérique M-30 et distingue
deux zones particulières: le centre de Madrid (Distrito centro) et la Plaza Eliptica (un secteur
identifié comme particulièrement sujet à la pollution routière).
À partir du 1 janvier 2023, les véhicules non classés ne peuvent plus accéder au périmètre de la
ZBE, avec une dérogation jusque 2025 pour les véhicules domiciliés à l?intérieur de cette zone.
Dans la zone centrale et la plaza eliptica, les véhicules non classés ne peuvent plus accéder depuis
2021, avec des exemptions pour les résidents et les commerçants. Dans le secteur central les
véhicules classés B ne peuvent rentrer que pour accéder aux parcs de stationnement.
La municipalité de Madrid déploie une politique de subvention à l?achat de véhicules moins
polluants, avec des montants pouvant aller jusque 6000¤ pour l?achat d?un véhicule électrique, et
de 2500¤ pour un véhicule critère C à la condition qu?un véhicule non classé soit mis au rebut.
ZBE de Barcelone
À Barcelone, une ZBE (Zona de baixes emissions) est en place depuis 2020, les véhicules non
classés ne pouvant accéder à une zone comprenant une grande partie de la ville et de quelques
villes limitrophes au sein de l?aire métropolitaine de Barcelone. Les véhicules non classés ne
peuvent pas entrer dans a zone du lundi au vendredi de 7h à 20h.
PUBLIÉ
octobre 2023 Acceptabilité des zones à faibles émissions Page 99/134
Figure 16: périmètre de la ZBE de Barcelone
Dispositions nationales
La loi du 20 mai 2021 instaure l?obligation de créer avant 2023 une ZBE dans toutes les villes de
plus de 50 000 habitants, celles de plus de 20 000 habitants ne respectant pas les valeurs limites,
et dans les îles (alors que les territoires français ultramarins sont exemptés de l?obligation créée
par la loi climat et résilience). La loi laisse une grande latitude aux villes pour le choix du périmètre,
des vignettes des véhicules autorisés à circuler et des modalités de contrôle. Le ministère de la
Transition écologique et du Défi démographique a établi dès 2021 un guide pour la création de
ZFE55. L?objectif affiché est l?amélioration de la qualité de l?air, mais la réduction des émissions de
gaz à effet de serre et la réduction des nuisances sonores en ville sont également invoquées. Des
mesures sont prises par ailleurs par le gouvernement espagnol pour favoriser l?utilisation des
transports en commun, en particulier la gratuité des trains régionaux et des trains de banlieue
depuis septembre 2022, la mesure étant prolongée sur toute l?année 2023.
Le décret d?application ne date que du 27 décembre 2022, ce qui rend le respect de l?obligation de
délai assez formel. Sur un potentiel de 149 villes qui regroupent au total plus de la moitié de la
population espagnole, alors que des études et des concertations ont été engagées dans plusieurs
d?entre elles, on ne compte à ce jour que 14 ZBE actives. Plusieurs valeurs circulent pour le nombre
de ZBE actives, du fait de l?existence de ZBE concernant des communes limitrophes, de petites
villes ayant opté pour des zones piétonnes identifiées comme des ZBE (Pontevedra) et de la
suspension de certaines démarches à la suite des élections municipales de mai 2023 (Gijón).
55 https://www.miteco.gob.es/content/dam/miteco/es/calidad-y-evaluacion-
ambiental/publicaciones/directricesparalacreaciondezonasdebajasemisiones_tcm30-533017.pdf
PUBLIÉ
octobre 2023 Acceptabilité des zones à faibles émissions Page 100/134
Annexe 9. Royaume Uni
Le gouvernement britannique considère la pollution de l?air comme le « premier
risque environnemental pour la santé publique au Royaume-Uni ».
L?exposition prolongée à un air pollué serait responsable de 28 000 à 36 000 décès par an en
Angleterre, d?après une étude56 de 2019 de Public Health England. Elle aurait en outre des effets
sur la santé des individus tout au long de leur vie d?après le rapport de décembre 2022 du Chief
Medical Officer, Chris Witty57 . L?opinion publique britannique est particulièrement sensible aux
enjeux de pollution de l?air depuis le décès en 2013 d?Ella Adoo-Kissi-Debrah, une fille de 9 ans, à
la suite d?une crise d?asthme, la justice ayant reconnu en 2020 que la pollution de l?air figurait parmi
les causes du décès.
Malgré son départ de l?UE, le Royaume-Uni continue d?appliquer des normes équivalentes aux
standards européens sur la qualité de l?air, transposées en droit interne. Les Air Quality Standards
Regulations définissent notamment des seuils de concentration annuelle moyenne à respecter
pour différents types de polluants atmosphériques, comme le NO2 (40 µg/m3), les PM10 (40 µg/m3)
et les PM2,5 (25 µg/m3), ainsi que le nombre de dépassements autorisés pour chaque polluant sur
une période donnée. Il convient de rappeler que la protection de l?environnement est une
compétence dévolue : l?Ecosse a ainsi pu adopter en 2016 des seuils d?émissions plus ambitieux
pour les PM10 (10 µg/m3) et les PM2,5 (10 µg/m3) et en phase avec les recommandations de
l?OMS publiées en 2005.
Depuis le début des années 2010, le Royaume-Uni ne respecte pas les seuils d?émissions de
dioxyde d?azote (NO2) dans les zones métropolitaines, ce qui a conduit à l?ouverture de diverses
procédures contentieuses à l?encontre de l?État central. Avant son départ de l?Union Européenne,
le Royaume-Uni était ciblé depuis 2014 par une procédure précontentieuse ouverte par la
Commission européenne et avait reçu une ultime mise en demeure en 2017 pour non-respect
répété des seuils de concentration de NOx dans 16 agglomérations. Après l?ouverture d?une
procédure d?infraction par la Commission le 17 mai 2018, la CJUE a jugé le 4 mars 202158 que le
Royaume-Uni avait « de façon systématique et persistante » violé l?obligation de respecter les
seuils d?émissions et n?avait pas adopté de mesures appropriées pour que la durée de ces
dépassements soit la plus courte possible. En parallèle, l?État central a fait face à 3 recours (judicial
review) portés devant les juridictions britanniques par l?ONG ClientEarth depuis 2010 : en 2018, la
Haute Cour de Justice a ainsi condamné l?État pour son incapacité à faire en sorte que les
collectivités locales respectent les seuils d?émissions fixés par la réglementation nationale
transposant la directive européenne sur la qualité de l?air et a enjoint le gouvernement britannique
à présenter un plan d?amélioration de la qualité de l?air permettant de réduire les émissions de
polluants « le plus rapidement possible » dans 33 agglomérations parmi les 45 concernées (la Cour
considérant que 12 agglomérations seraient en conformité d?ici la fin de l?année 2018).
Le Royaume-Uni s?appuie sur la création de zones à faibles émissions pour
réduire la pollution par les NOx
Si l?État est juridiquement responsable en dernier ressort, le respect des obligations en matière de
concentration de polluants repose principalement sur les autorités locales. Celles-ci ont pour
obligation d?évaluer régulièrement le niveau de pollution atmosphérique dans leur zone de
compétence et de prendre des mesures si celui-ci est trop élevé. Afin de répondre aux injonctions
de la Haute Cour de Justice, le gouvernement a mis en place un programme dédié à la réduction
des émissions d?oxydes d?azote (le NO2 programme) et présenté un plan d?actions qui identifie la
56 Public Health England, Review of interventions to improve outdoor air quality and public health, mars
2019
57 Chief Medical Officer, Chief Medical Officer?s Annual Report 2022 : Air pollution, décembre 2022
58 CJUE, 4 Mars 2021, Commission / United Kingdom (Valeurs limites - NO2) (C-664/18)
PUBLIÉ
https://assets.publishing.service.gov.uk/government/uploads/system/uploads/attachment_data/file/938623/Review_of_interventions_to_improve_air_quality_March-2019-2018572.pdf
https://assets.publishing.service.gov.uk/government/uploads/system/uploads/attachment_data/file/1124738/chief-medical-officers-annual-report-air-pollution-dec-2022.pdf
file:///C:/Users/emmanuelmasse/Library/Containers/com.apple.mail/Data/Library/Mail%20Downloads/5D3A0D32-4920-4532-B695-5CA5131DF730/EUR-Lex%20-%2062018CJ0664%20-%20EN%20-%20EUR-Lex%20(europa.eu)
octobre 2023 Acceptabilité des zones à faibles émissions Page 101/134
mise en place de zones à faibles émissions payantes (« charging clean air zones ») comme la
mesure la plus efficace pour atteindre l?objectif de réduire « le plus rapidement possible » les
émissions de NOx. Le gouvernement n?a toutefois pas imposé aux local authorities la création de
telles zones : celles-ci sont libres de ne pas les créer si elles parviennent à identifier des mesures
alternatives au moins aussi efficaces et aussi ? voire moins ? coûteuses à mettre en place pour
atteindre cet objectif, sous réserve néanmoins d?approbation finale de leur plan d?action local par
l?État.
L?État a défini un référentiel commun, le Clean Air Zone Framework59, pour guider les autorités
locales dans la mise en place des clean air zones (CAZ). Il a notamment imposé que les zones
créées adoptent les mêmes normes d?émissions (Euro VI pour les bus, cars et poids lourds, Euro
4 pour les voitures et utilitaires légers à essence, Euro 6 pour les voitures et utilitaires légers diesel)
et adoptent la même gradation dans le type de véhicules autorisés, les véhicules des particuliers
n?étant concernés que par la dernière catégorie, la « CAZ D ». Il donne également des précisions
sur le fonctionnement des contrôles, les exemptions possibles et les niveaux de tarification
envisageables.
Figure 17: catégories de "clean air zones"
selon le type de véhicules concernés
Les autorités locales bénéficient par ailleurs de financements de l?État pour accompagner la mise
en place de ces dispositifs. Les fonds sont attribués sur la base d?appels à projets. Au total, le
National Audit Office60 estimait que les subventions allouées par l?État représentaient, en janvier
2020, 70 % des dépenses totales engagées par les collectivités pour améliorer la qualité de l?air.
L?État aurait ainsi alloué aux collectivités 522 M£ jusqu?à la fin de l?année budgétaire 2021/22,
auxquels il faut ajouter 180 M£ budgétés pour l?année 2022-2023.
L?acceptabilité des clean air zones dépend fortement des contextes politiques
locaux
A la date du 11 août 2023, 8 villes anglaises (Londres, Birmingham, Bradford, Bristol, Portsmouth,
Sheffield, Tyneside (Newcastle and Gateshead) et 4 villes écossaises (Edinburgh, Glasgow,
Dundee, Aberdeen) ont mis en place une zone à faibles émissions, avec des calendriers d?entrée
en vigueur progressifs61.
59 UK government, Clean Air Zone Framework, 6 octobre 2022
60 National Audit Office, Tackling local breaches of air quality, 17 juin 2022
61 Pour plus de détails sur les règles de chaque zone, voir le briefing de la Chambre des Communes Clean Air
Zones, Low Emission Zones and the London ULEZ
PUBLIÉ
https://www.gov.uk/government/publications/air-quality-clean-air-zone-framework-for-england/clean-air-zone-framework
https://www.nao.org.uk/wp-content/uploads/2022/01/Tackling-local-breaches-of-air-quality.pdf
https://researchbriefings.files.parliament.uk/documents/CBP-9816/CBP-9816.pdf
https://researchbriefings.files.parliament.uk/documents/CBP-9816/CBP-9816.pdf
octobre 2023 Acceptabilité des zones à faibles émissions Page 102/134
La ville de Londres est un cas particulier puisqu?elle fut la première à mettre en place dès 2003 une
congestion charge afin de réduire la circulation dans l?hypercentre. Le dispositif a été complété en
2008 par une low emission zone, touchant les poids lourds uniquement, et en 2019 par une ultra
low emission zone (ULEZ) ciblant tous les véhicules particuliers et utilitaires légers. Une première
extension de l?ULEZ en octobre 2021 a fait l?objet d?un rapport d?évaluation publié en février 202362,
dans lequel la mairie de Londres tire un premier bilan positif de cette mesure et souligne que les
concentrations de dioxyde d?azote dans la capitale entre 2019 et 2022 seraient inférieures de 23 %
à ce qu?elles auraient été sans mise en oeuvre de l?ULEZ ; ce chiffre est de 7 % pour les particules
fines. Une nouvelle extension entrée en vigueur à compter du 29 août 2023 a conduit l?ULEZ à
couvrir presque l?intégralité du territoire du Grand Londres. Malgré la mise en place de mesures
d?accompagnement social, cette dernière extension a fait l?objet de fortes oppositions locales
(recours de 5 councils conservateurs rejetés par la Haute Cour de Justice ; actes de vandalisme
contre les caméras récemment installées, etc.) et suscité un débat national sur l?acceptabilité
sociale des politiques environnementales après la courte victoire des conservateurs (à rebours des
résultats très défavorables aux conservateurs dans les deux autres législatives partielles) lors de
l?élection partielle dans la circonscription d?Uxbridge and South Ruislip le 20 juillet 2023.
À noter cependant qu?un sondage63 publié en juin 2023 montrait une adhésion des Londoniens au
dispositif et une (faible) majorité en faveur de l?extension, majorité plus marquée dans le centre
déjà couvert que dans les banlieues nouvellement concernées.
Mise en place en juin 2021 dans un contexte difficile marqué par de fortes craintes de la population
locale, la clean air zone de Birmingham serait désormais bien acceptée par la population d?après
la municipalité. Dans son rapport d?évaluation des six premiers mois d?entrée en vigueur du
dispositif, la ville a constaté une baisse de 13 % en moyenne de la concentration en dioxyde
d?azote par rapport aux niveaux de 2019 et une progression du taux de conformité de l?ensemble
des véhicules de 9 points, de 79,9 % en juin 2021 à 88,8 % en décembre 2021. Selon l?équipe de
la municipalité, l?acceptabilité a été facilitée par le déploiement d?une stratégie de communication
complète en amont (prise en compte des préoccupations des acteurs les plus touchés, mobilisation
de relais d?opinion, dont les médecins, lutte contre la désinformation dans les médias et en ligne),
la création d?une exemption de 2 ans pour les habitants de la zone et mise en place d?aides ciblées
(pour les personnes résidant hors de la CAZ mais travaillant dans la CAZ, les véhicules utilitaires
et poids lourds ainsi que les taxis). La mairie a également adopté une démarche de transparence
sur les résultats de sa politique (publication mensuelle de données, rapports d?évaluation réguliers)
ainsi qu?une communication prudente sur les effets de la mesure.
A l?inverse, la ville de Manchester a suspendu son projet de créer une clean air zone après un
mouvement d?opposition locale lancé fin 2021. Celle-ci devait s?appliquer à compter de mai 2022
aux bus, cars et poids lourds et à compter de 2023 pour les taxis et utilitaires légers. Les habitants
du Grand Manchester avaient déjà rejeté en 2008 par référendum (78,8 %) la création d?une
congestion charge, qui se serait appliquée ? entre autres ? aux véhicules particuliers (à la
différence du projet de CAZ). Le gouvernement, qui avait également enjoint la ville de Manchester
à créer cette CAZ, a accepté de reporter de 2024 à 2026 l?échéance de mise en conformité avec
les seuils d?émission de NO2. Le plan d?amélioration de la qualité de l?air de la ville, privilégiant des
aides à l?achat de véhicules moins polluants et l?achat de bus à faibles ou zéro émissions, est
toujours en cours d?examen par le Ministère des transports à la date du 17 août 2023.
62 Mairie de Londres, Inner London ULEZ Expansion 1 Year Report, février 2023
63 https://redfieldandwiltonstrategies.com/plurality-of-londoners-support-expanding-londons-ultra-low-emissions-
zone-ulez/
PUBLIÉ
https://www.london.gov.uk/sites/default/files/2023-02/Inner%20London%20ULEZ%20One%20Year%20Report%20-%20final.pdf
octobre 2023 Acceptabilité des zones à faibles émissions Page 103/134
Figure 18: Extension de l?ULEZ de Londres
La mission a identifié un certain nombre de spécificités dans la mise en oeuvre
des Clean Air Zones visant à améliorer leur acceptabilité
? La possibilité offerte aux véhicules non conformes de payer pour avoir le droit d?entrer
dans la zone. Symboliquement, ce choix assimile l?instrument à une taxe environnementale
plutôt qu?à une interdiction formelle dont le non-respect entrainerait immédiatement une
amende. À noter que l?Ecosse a fait un choix différent de l?Angleterre : les Low Emission Zones
écossaises ne permettent pas à des véhicules non conformes d?entrer dans la zone en contre-
partie du paiement d?un droit.
? La gradation du type de véhicules concernés par la clean air zone selon le contexte local.
Au Royaume-Uni, les collectivités se sont concentrées sur les types de véhicules contribuant
le plus à la pollution de l?air, selon un calcul en émission par véhicule (sont ainsi concernés
dans tous les cas les bus, cars, taxis et VTC), et n?envisagent d?inclure les voitures particulières
qu?en dernier ressort (seules trois CAZ s?appliquent aux voitures particulières : Londres, Bristol
et Birmingham).
? La mise en place de mesures d?accompagnement social selon le contexte local. D?une
part, toutes les collectivités prévoient des aides à l?achat de véhicules plus propres pour les
publics les plus concernés (« scrappage scheme »), financées en majorité par le gouverne-
ment. À titre d?exemple, la ville de Birmingham a proposé des aides aux chauffeurs des taxis,
ainsi qu?aux personnes gagnant moins de 30 000 £/an et devant prendre leur voiture pour venir
travailler dans le périmètre de la CAZ. Il est intéressant de noter que le montant de la « prime
à la casse » peut être majoré si le bénéficiaire préfère un versement pour prendre les transports
en commun plutôt que l?achat d?un nouveau véhicule. D?autre part, certaines collectivités pré-
voient des exemptions temporaires, allant de quelques semaines à deux ans, pour certains
types de publics. La ville de Londres a ainsi prévu une période de grâce jusqu?en octobre 2027
pour l?application de la dernière extension de l?ULEZ aux véhicules transportant des personnes
handicapées, tandis que la ville de Birmingham a prévu une exemption de 2 ans pour les mé-
nages vivant dans le périmètre de la CAZ.
PUBLIÉ
octobre 2023 Acceptabilité des zones à faibles émissions Page 104/134
? La mise en oeuvre par les collectivités locales d?une stratégie de communication ciblée
dans le cadre de la préparation de la mise en place des CAZ. À titre d?exemple, la ville de
Birmingham a longuement travaillé avec les acteurs économiques et les organisations ayant
les plus grandes flottes pour comprendre leurs inquiétudes et proposer des mesures
d?accompagnement répondant à leurs besoins. Par ailleurs, il est intéressant de relever la forte
implication, d?une part, de la communauté médicale et hospitalière, d?autre part, de l?ONG
Mums for Lungs portant la voix des parents, dans des campagnes de sensibilisation grand
public sur les dangers de la pollution de l?air et les bénéfices associés aux CAZ. Pour autant,
le gouvernement central n?a pas souhaité mener une campagne de communication nationale
qui aurait permis de favoriser l?acceptabilité des CAZ, dans un contexte politique complexe
d?opposition entre le gouvernement britannique et les grandes villes anglaises dont Londres.
? La mise en place par les services de l?État (Defra) d?une démarche partenariale pour
construire un service numérique adapté aux usages et aux besoins des différents
acteurs. Concrètement, la Joint Air Quality Unit a développé une API faisant l?interface entre
le registre des immatriculations, le réseau de caméras à lecture automatique et les systèmes
d?information des autorités locales (afin de vérifier la conformité des véhicules) et les usagers
(qui peuvent vérifier en ligne si leur véhicule est concerné par la CAZ). Cette équipe a
également travaillé avec les principaux gestionnaires de flotte, comme l?entreprise Royail Mail,
pour développer une interface et des fonctionnalités dédiées à leurs besoins : ces derniers
peuvent par exemple enregistrer rapidement des milliers des véhicules sur leur compte ou
payer les droits d?entrée dans les différentes CAZ d?un grand nombre de véhicules en une seule
transaction, plutôt que devoir réaliser une transaction pour chaque véhicule.
PUBLIÉ
octobre 2023 Acceptabilité des zones à faibles émissions Page 105/134
Annexe 10. Pays-Bas
Des ZFE anciennes dont les résultats sont limités
Aux Pays-Bas, des ZFE (« milieuzones » ou zones environnementales) existent depuis 2007. Ces
zones, au nombre de 13 en 2020, sont à l?initiative des villes et concernent les véhicules diesel,
sauf à Rotterdam. Les règles sont variables dans le temps et d?une LEZ à l?autre. À partir de 2013,
il est imposé aux poids lourds d?être au moins conformes à la norme Euro IV, et c?est à partir de
cette date que certaines municipalités commencent à réglementer l?accès des véhicules utilitaires
et particuliers.
Une étude de 2012 indique que les villes concernées ont connu une amélioration de la qualité de
l?air, mais la contribution des milieuzones est jugée peu significative, du fait de la faible proportion
des véhicules concernés. En effet, les véhicules diesel sont aux Pays-Bas en proportion nettement
moins importante (11%) qu?en France (55%) 64. Une étude de 2014 portant sur Amsterdam est plus
positive, la réduction des polluants (de l?ordre de 6% pour les PM et les NOx) pouvant dans ce cas
être attribuée à la mise en place de la ZFE65.
À Rotterdam, depuis 2016, la ZFE concernait tous les véhicules, quelle que soit leur motorisation,
mais elle a été annulée en 2020 par un tribunal, au motif que la nocivité des moteurs essence
n?était pas suffisamment démontrée. Depuis, rien n?a été remis en place dans cette ville pour les
véhicules particuliers, mais la proportion de véhicules diesel anciens avait déjà fortement régressé
auparavant. La ZFE reste en place pour les poids lourds.
À la fin des années 2010, le dispositif des milieuzones est contesté du fait d?une grande
hétérogénéité (même les panneaux de signalisation peuvent varier d?une ville à l?autre !), d?une
efficacité limitée et d?un sentiment d?injustice, car il épargne complètement les véhicules à essence.
Il a été complètement refondu en 2019 dans un cadre plus général de lutte contre le dérèglement
climatique.
Une harmonisation récente
En 2019, le gouvernement néerlandais décline sa feuille de route pour atteindre ses objectifs de
réduction des émissions de CO2 et propose un « accord national sur le climat »66. Dans le domaine
de la mobilité, l?accent est mis sur le développement des véhicules électriques et la décarbonation
des transports. Les zones environnementales sont citées comme un outil efficace pour atteindre
ces objectifs, avec une priorité affichée sur la logistique et donc les poids lourds et véhicules légers
utilitaires. Dans le même temps, à la suite d?une longue démarche de concertation entre
municipalités, milieux économiques et ONG, un texte national vient harmoniser les ZFE existantes,
pour une mise en place en 2020, ce qui a conduit à un durcissement des règles dans certaines
villes comme Amsterdam ou La Haye.
La loi permet aux villes de choisir entre plusieurs couleurs de zones :
Les « milieuzones jaunes » : véhicules diesel au moins conformes à la norme Euro 3 ; il
n?en existe plus.
Les « milieuzones vertes » : véhicules diesel au moins conformes à la norme Euro 4 ; il en
existe quatre : Amsterdam, Arnhem, La Haye et Utrecht.
Les milieuzones violettes : elles ne concernent que les poids lourds diesel, qui doivent être
conformes à la norme Euro VI ; il en existe 14, dont les 4 villes précitées et Rotterdam, où
64 Valeurs 2021- véhicules particuliers. Source Eurostat
65 Source étude ADEME- annexe Pays Bas
66 https://www.government.nl/topics/climate-change/climate-policy
PUBLIÉ
octobre 2023 Acceptabilité des zones à faibles émissions Page 106/134
la zone couvre également une partie du port industriel. Ces zones vont évoluer vers des «
zones zéro émission » (ZEZ- cf. infra).
Figure 19: signalisation des "milieuzones"
La taille des ZFE est souvent réduite au centre-ville, à l?exception notable d?Amsterdam et de
Rotterdam (dans cette ville pour les poids lourds uniquement).
Figure 20: périmètre de la ZFE d'Amsterdam
Dans un cadre national, les villes peuvent décider de dérogations, en particulier un nombre de
jours d?accès libre, dans la limite de 12 pour les poids lourds et de 6 pour les VUL. Ces dérogations
sont payantes.
Le choix de la méthode de contrôle appartient à chaque municipalité. En pratique, dans toutes les
PUBLIÉ
octobre 2023 Acceptabilité des zones à faibles émissions Page 107/134
zones concernant les véhicules particuliers, le contrôle est effectué par lecture automatique des
plaques d?immatriculation. Les amendes sont collectées par l?État et restent dans son budget.
Une nouvelle étape : vers des « Zones à zéro émissions »
L?accord national de 2019 prévoit également la mise en place progressive de Zones à zéro
émission (ZEZ). À cet effet, diverses municipalités, des représentants des secteurs professionnels
et le Gouvernement ont conclu un accord pour développer des zones zéro émissions dans les
centres urbains à horizon 2025.
Cette démarche est proposée aux villes et les plus importantes des villes néerlandaises ont pour
la plupart adhéré à ce dispositif, puisque 28 villes se sont engagées sur un potentiel de 40.
Cette politique est affichée par les municipalités comme un élément d?une politique urbaine plus
vaste, avec par exemple la généralisation des zones 30, le développement des infrastructures de
recharge pour les véhicules électriques, la réduction progressive du nombre de places de
stationnement et la mise en place de parkings P+R en périphérie. L?organisation de la logistique
urbaine devra évoluer en conséquence, avec le développement de l?usage du vélo cargo pour la
livraison finale, le rapprochement de petits centres d?éclatement en limite de zone, etc? La mise
en place des ZEZ est présentée comme un élément fort pour l?attractivité et le développement
économique des centres-villes, la place gagnée grâce à la réduction du nombre de véhicules
pouvant être réaffectée à d?autres usages. Les municipalités doivent elles-mêmes se montrer
exemplaires par l?électrification de leur flotte de service public, ce qui est en bonne voie pour les
transports en commun (dans un contexte où le service est largement concédé), mais apparemment
plus difficile pour le ramassage des déchets.
Les entreprises font l?objet d?un accompagnement spécifique, courrier systématiquement envoyé,
à Rotterdam possibilité de recourir à un accompagnement personnalisé pour accompagner la
transition dans le cadre du programme Ecostars. Le succès du projet repose sur la visibilité de long
terme, la règle étant que les ZEZ ne peuvent rentrer en vigueur qu?après un délai de quatre ans à
compter de la décision formelle de la municipalité.
Un calendrier de sortie du moteur thermique est affiché avec des échéances rythmées entre 2025
et 2030 selon le type de véhicule (VUL d?abord, PL ensuite) et une règle selon laquelle dans un
premier temps les véhicules anciens peuvent continuer de circuler, seuls les véhicules
nouvellement immatriculés devant être électriques ; dans un deuxième temps et au plus tard en
2030, l?interdiction d?accès est étendue à l?ensemble des véhicules. Cela pose à l?évidence deux
types de problèmes : la disponibilité effective de bornes de recharge d?une puissance suffisante,
avec des enjeux non négligeables pour le réseau de distribution électrique, la disponibilité effective
de modèles de véhicules adaptés aux besoins. Les interlocuteurs rencontrés se sont montrés
cependant pour la plupart attachés à la poursuite de cette politique annoncée et discutée de longue
date, quitte à obtenir les dérogations et assouplissements nécessaires le moment venu.
Les incitations pour le développement des véhicules électriques, annoncées dans l?accord national
de 2019, relèvent de politiques nationales, et ne sont donc pas spécifiques aux territoires couverts
par les ZFE:
Exonération de fiscalité à l?achat et à la possession (vignette annuelle) de véhicules ; cette
fiscalité est en effet élevée aux Pays Bas. Il est prévu de supprimer ces exonérations à
partir de 2025. Devraient subsister les avantages fiscaux pour les véhicules électriques de
société.
Subvention à l?acquisition de véhicules électriques; les subventions pour les véhicules
neufs vont être supprimées en 2026, les objectifs en termes de première immatriculation
ayant été atteints. Un effort particulier est fait pour développer le marché de l?occasion.
Subvention à l?acquisition de poids lourds et véhicules utilitaires électriques. Les lignes
budgétaires ne permettent pas de répondre à la demande.
PUBLIÉ
octobre 2023 Acceptabilité des zones à faibles émissions Page 108/134
La mission n?a pas identifié de programme local d?aide d?envergure. On peut signaler la « prime à
la casse » de 1000¤ de la municipalité de La Haye, qui incite ainsi au report modal.
Une communication forte a été mise en place au niveau national. Plusieurs sites d?information ont
été mis en place :
Dohetzero.nl : pour les ZEZ
Milieuzones.nl : pour les LEZ
Opwegnaarzes.nl : site spécialisé logistique
Sur ces sites, il est possible (pour les véhicules néerlandais), en indiquant son numéro
d?immatriculation, d?obtenir directement l?information sur les éventuelles restrictions de circulation.
Par ailleurs, un courrier a été envoyé à tous les propriétaires de véhicules concernés par les
premières vagues de restriction des ZEZ en 2025.
Le cas particulier du port de Rotterdam
Le plus important port d?Europe s?étend sur plus de 30 km à l?embouchure de la Meuse, entre le
centre-ville de Rotterdam et l?extension la plus récente de la Maasvlakte, île artificielle gagnée sur
la mer. En sus de la zone environnementale centrale destinée à devenir une zone à zéro émission,
la Maasvlakte est également couverte par une zone environnementale. Ce qui était à l?origine une
mesure de compensation environnementale a été intégré en 2022 dans le cadre national des
milieuzones et seuls les camions Euro VI peuvent donc maintenant accéder à cette zone qui
comprend plusieurs terminaux conteneurs. Cette mesure a conduit les professionnels à
réorganiser leur flotte de poids lourds. Les liaisons entre Rotterdam et son arrière-pays du Benelux
et de l?Allemagne bénéficiant d?infrastructures fluviales et ferroviaires de très grande capacité, avec
des sites d?éclatement en amont, le port de Rotterdam affiche une part modale routière
particulièrement faible, ce qui tend à faciliter la modernisation du parc de véhicules.
Les règlementations internationales de l?OMI obligent les armateurs à réduire les émissions
polluantes de leurs navires et les ports à équiper leurs terminaux d?installations pour le
branchement électrique à quai pendant les escales. Ces dispositions sont cohérentes avec les
objectifs de moindre émission des poids lourds sur la Maasvlakte et de zéro émission en centre-
ville, à proximité du terminal croisière.
PUBLIÉ
octobre 2023 Acceptabilité des zones à faibles émissions Page 109/134
Annexe 11. Comparaison entre les pays du
parangonnage
Le dispositif national laisse aux villes la responsabilité de définir les
caractéristiques de la ZFE ou la possibilité de choisir entre plusieurs solutions
Dans les pays du parangonnage, un dispositif national a été mis en place, sauf en Belgique où la
ZFE est de la compétence des régions. Le tableau ci-dessous compare ces dispositifs, en
examinant si le dispositif crée une obligation pour les villes de mettre en place une ZFE et s?il laisse
aux villes la responsabilité d?en définir le contenu ou la possibilité de choisir entre plusieurs
solutions. Le tableau indique également si le pays dispose ou non d?un dispositif de vignette :
Figure 21: comparaison des dispositifs nationaux du parangonnage
Pays Un dispositif légal impose une
obligation de créer une ZFE
Le dispositif laisse aux villes la
responsabilité d?en définir le
contenu ou la possibilité de choisir
entre plusieurs solutions
France
(en gras, les
pays avec
vignettes)
-Dans les villes de plus de 150 000
habitants
- Euro 5 minimum pour les VL Diesel
au 1er janvier 2025 si les valeurs
limites ne sont pas respectées
Les modalités de la ZFE sont de
compétence locale, à l?exception de la
taille minimale (règle des 50%) et de
certaines règles minimales, notamment
lorsque les valeurs limites ne sont pas
respectées
Espagne Loi de 2021 :
-Dans les villes de plus de 50 000
habitants
-Dans les villes de plus de 20 000
habitants si les valeurs limites ne sont
pas respectées.
- Les modalités de la ZFE sont de
compétence locale, le dispositif de
vignette offrant une grande souplesse
dans la définition des catégories de
véhicules concernées
Royaume-Uni
Pas d?obligation, mais le respect des
valeurs limites est vérifié au niveau
national
- Plusieurs catégories de ZFE, en
fonction des types de véhicules pris en
compte : la classe la plus large inclut
VL, VUL et PL.
- Norme minimale fixée :
Diesel Euro 6, essence Euro 4
Italie le dispositif de « zone à trafic limité »
(ZTL), très souple, permet aussi de
créer une ZFE et un péage urbain
Allemagne pas d?obligation légale, mais une
jurisprudence impose la norme
minimale Euro 5 ou 6 pour les
véhicules diesel si les valeurs limites
ne sont pas respectées
Le dispositif national définit une liste de
dérogations, qui peut être complétée
localement
La ville choisit la vignette, qui
s?applique à l?ensemble des catégories
de véhicules ; en pratique, toutes ont
choisi la vignette verte.
PUBLIÉ
octobre 2023 Acceptabilité des zones à faibles émissions Page 110/134
Pays-Bas
Décret d?harmonisation de 2019 :
-plusieurs catégories de ZFE définies
par la norme minimale Euro ;
-possibilités d?option sur le type de
véhicules concernés (tous ou PL seuls)
et le contrôle (par caméra ou non) ;
- Possibilité de zones à zéro émission
à partir de 2025 pour la logistique
Région
Flandre
en Belgique
La Région définit un cadre précis, les
villes décident de réaliser ou non une
ZFE selon ces modalités
Parmi les 6 pays du parangonnage, seule l?Espagne a, comme la France, créé une obligation de
mettre en place une ZFE.
En revanche, parmi ces 6 pays, une tendance se dégage en matière de gouvernance ou, plus
précisément, de partage des compétences entre l?État et les collectivités locales : l?État met en
place un dispositif laissant aux villes la possibilité de choisir entre plusieurs solutions.
Ce dispositif se présente sous deux formes : le Royaume-Uni et les Pays-Bas ont créé des
catégories de ZFE, entre lesquelles les villes peuvent choisir, et l?Allemagne et l?Espagne, comme
la France, un système de vignettes, qui permet aussi aux villes de choisir entre plusieurs solutions.
Les catégories du dispositif britannique portent sur le type de véhicules concernés : poids lourd,
véhicule léger, ? Le dispositif s?applique en pratique à l?Angleterre : les villes anglaises se sont
bien appropriées le dispositif et en utilisent les différentes catégories.
Les catégories du dispositif néerlandais portent sur la norme Euro minimale à partir de laquelle un
véhicule est autorisé à circuler.
En Espagne, les différentes catégories du dispositif prennent la forme d?un système de vignettes
et portent également sur la norme Euro minimale à partir de laquelle un véhicule est autorisé à
circuler.
Enfin, en Allemagne, les différentes catégories de ZFE sont également concrétisées par un
système de vignette.
Ce système de vignette, s?il a permis de diminuer la pollution dans les années 2010, est désormais
considéré comme inopérant par les acteurs, puisque 90% des véhicules immatriculés remplissent
aujourd?hui les critères de la vignette du niveau le plus élevé. En l?absence d?un accord politique
sur le sujet, le gouvernement a renoncé en 2016 à introduire une nouvelle vignette plus exigeante.
En 2017, confronté à la nécessité de réduire les émissions excessives de NO2 constatées dans
de nombreuses villes, plutôt que de s?appuyer sur le dispositif de ZFE, le gouvernement allemand
a fait le choix de subventionner les investissements permettant de diminuer les émissions des
véhicules ou de remplacer ces véhicules. La « zone environnementale » ne constitue plus un outil
d?action privilégié par les gouvernements allemands dans la période récente.
Ainsi, la mission estime que l?existence de 48 « zones environnementales » en Allemagne ne doit
pas être interprétée comme l?illustration d?un succès actuel du dispositif. En revanche, plusieurs
villes allemandes ont utilisé la ZFE dans la période récente en vue de respecter la réglementation
européenne.
PUBLIÉ
octobre 2023 Acceptabilité des zones à faibles émissions Page 111/134
En matière de dispositif à la disposition des villes, les deux derniers pays du parangonnage ont
adopté des approches à l?opposé l?une de l?autre :
En Italie, l?État a mis en place un dispositif qui offre une grande souplesse. Au-delà des zones à
trafic limité (ZTL) historiques, il permet aussi bien la mise en place d?un péage urbain que de
restrictions de circulation formulées sous la forme de normes Euro minimales (principe des zones
à faibles émissions).
Les ZTL historiques, sur des périmètres restreints, restent aujourd?hui le type de zones les plus
répandues en Italie et, même si elles peuvent désormais intégrer des exigences exprimées à partir
des normes Euro, elles ne constituent pas fondamentalement des dispositifs destinés à améliorer
la qualité de l?air à l?échelle de la ville. On peut citer à cet égard le cas de Bologne, qui a doté sa
ZTL historique d?exigences de normes Euro minimales, mais attend la mise en service d?une
première ligne de tramway pour en étendre le périmètre et réaliser une zone à faible émission
ayant pleinement pour objectif l?amélioration de la qualité de l?air.
La ville de Milan offre l?exemple d?une telle ZFE, sur un large périmètre.
À l?opposé de l?approche italienne, en Belgique, la Région flamande a défini un dispositif ne
comportant qu?une seule catégorie : en d?autres termes, la région définit précisément un ensemble
unique de caractéristiques de la ZFE, que les villes restent libres de mettre en place ou non.
Anvers et Gand ont adopté le dispositif, mais sur des périmètres limités, alors que le dispositif
bruxellois, proche dans son principe, couvre l?ensemble de la ville. Quant à la Région wallonne,
elle a également défini un dispositif, mais seuls des projets de ZFE existent pour l?instant dans
cette région.
Des ZFE s?étendant sur un large périmètre sont présentes dans chacun des pays
du parangonnage
Pour introduire la problématique du périmètre d?une ZFE, il est intéressant d?examiner le cas de
Bristol, en Angleterre. D?après le dispositif national décrit au §2.6, la ville disposait d?une palette de
possibilités : en particulier, introduire ou non un péage urbain, choisir parmi les 4 classes de Clean
Air Zones et définir un périmètre.
Les études menées par la ville ont montré que la mise en place d?une redevance permettait de
respecter les valeurs limites plus rapidement. Parmi les solutions avec redevance ont été étudiées
différentes combinaisons de périmètres et de classes en fonction d?un certain nombre de critères
d?évaluation et de facteurs-clés de succès. Il est apparu que les zones avec large périmètre
seraient beaucoup plus longues à mettre en place67. La ville a finalement opté pour une zone avec
redevance, sur un périmètre restreint et de classe D (couverture la plus large en matière de
véhicules concernés).
Cet exemple illustre les réflexions auxquelles peut donner lieu le choix du périmètre d?une ZFE. La
ZFE de Bristol a été mise en service fin 2022.
Dès lors que la qualité de la desserte en transports publics est moindre dans les espaces péri-
urbains, les inconvénients d?un large périmètre pourraient l?emporter sur les avantages.
L?autre CAZ de type D créée en Angleterre, celle de Birmingham, est également sur un périmètre
limité au centre-ville. Les CAZ de Bath, Bradford, Oxford (en projet), Portsmouth et Tyneside sont
aussi sur un périmètre de centre-ville ou de centre-ville élargi.
C?est le cas aussi, dans la Région flamande de Belgique, pour les ZFE de Gand et Anvers : le
périmètre couvre environ 10% de la surface de la ville.
67 https://www.cleanairforbristol.org/wp-content/uploads/2018/05/Strategic-Outline-Case_BCC_Final_05.04.18.pdf
PUBLIÉ
octobre 2023 Acceptabilité des zones à faibles émissions Page 112/134
À Berlin, le périmètre se limite à 10% de la surface de la ville, mais n?en couvre pas moins une
population d?1 M d?habitants sur un total de 3,7 M pour la ville. Les études, qui ont porté sur ce
périmètre et sur un périmètre couvrant la ville entière, ont montré que l?élargissement du périmètre
n?améliorait pas significativement la qualité de l?air, mais augmentait les inconvénients.
Une route circulaire peut aussi constituer une limite pertinente : ainsi, à Munich, le périphérique
intermédiaire (Mittlerer Ring) constitue la limite de la zone environnementale. À Birmingham, le
périmètre de la CAZ s?étend sur le centre-ville et est limité par un périphérique intermédiaire (A4540
Middleway).
Parmi les ZFE s?étendant sur un périmètre restreint, on peut ainsi citer les CAZ de type D en
Angleterre (Birmingham, Bristol), les ZFE en Flandre (Anvers, Gand), ainsi que les ZTL en Italie
(Bologne, ?)
Il n?en reste pas moins que des ZFE s?étendant sur un large périmètre sont présentes dans chacun
des pays du parangonnage. On peut citer : l?ULEZ de Londres, Bruxelles, Amsterdam, Stuttgart,
Milan, Madrid et Barcelone.
L?extension d?un périmètre peut être un sujet délicat : à Londres, avec le projet d?extension de
l?ULEZ du périmètre de Londres à celui du Grand Londres a soulevé des réactions.
Le tableau ci-après illustre les choix effectués dans une sélection de villes parmi les différents pays
retenus par la mission dans le cadre du parangonnage. Il convient de souligner que cette sélection
n?a pas de valeur statistique et a seulement pour objet d?illustrer différentes situations possibles.
Tableau 14: périmètre de la ZFE dans une sélection de villes
Pays Périmètre
France Le périmètre doit couvrir au moins 50 % de la
part de la population de l?EPCI le plus peuplé
de l?agglomération
Espagne Madrid : hypercentre, puis ville entière
(intérieur M 30) à partir du 1 /1 / 2023
Barcelone : 95 km2 ; couvre une grande partie
de la ville ainsi qu?une partie ou la totalité de
plusieurs villes contigües.
Royaume-Uni Londres : ULEZ étendue en aout 23 au Grand
Londres
(norme minimale Euro 6 pour les VL)
Autres villes d?Angleterre :
-CAZ de type D : des périmètres restreints :
- Bristol : périmètre défini après
comparaison multicritères d?un ensemble de
solutions
- Birmingham: périmètre de centre-ville
-autres CAZ :
-centre-ville élargi : Bath, Bradford,
PUBLIÉ
octobre 2023 Acceptabilité des zones à faibles émissions Page 113/134
-centre-ville : Oxford (en projet),
Portsmouth, Tyneside
Italie Milan : la zone B couvre 97% de la population
de la ville.
Allemagne Stuttgart : il existe 2 zones, dont l?une couvre
la ville entière
Berlin : la zone environnementale couvre 1 M
d?habitants sur une population de 3,7M ( la
vignette verte est désormais peu
contraignante)
Pays-Bas Amsterdam : partie principale de la ville, limitée
par le périphérique A10
Belgique Bruxelles : le périmètre couvre l?ensemble de
la ville à l?intérieur du périphérique
(périphérique exclu)
Flandre : des périmètres limités :
- Gand : 7 km2 sur 157 km2
- Anvers : 21 km2 sur 200 km2
Les normes Euro minimales adoptées sont souvent plus élevées que celles
définies dans la loi française
Dans les pays du parangonnage, seul le Royaume-Uni a, comme la France, défini les exigences
de normes Euro à prendre en compte dans les ZFE anglaises. En Belgique, où le cas de Bruxelles
est également particulier, la Région flamande a également défini ces exigences.
Dans les deux cas du Royaume-Uni et de la Belgique, la norme minimale pour les véhicules diesel
concernés par la ZFE ? parfois toutes les catégories de véhicules - est Euro 6, soit dès aujourd?hui,
soit en 2025. Pour la région flamande, un report de l?entrée en vigueur de la norme Euro 6 à 2026
est envisagé, mais la norme minimale actuellement en vigueur est Euro 5. En Angleterre, les
véhicules concernés varient selon la catégorie de Clean Air Zones (CAZ). Pour les CAZ de
catégorie D, il s?agit de l?ensemble des types de véhicules, l?autorité locale pouvant décider d?y
inclure les deux-roues motorisés.
En Allemagne, le dispositif de vignettes établi au niveau fédéral revient d?une certaine façon à
définir des normes minimales possibles dans les zones environnementales. Mais, comme évoqué
plus haut, ce dispositif est considéré comme obsolète, puisque 90% du parc est conforme à
l?exigence retenue. La Cour suprême fédérale a imposé une « interdiction de circulation des
véhicules diesel » conduisant en pratique à imposer la norme minimale Euro 6, ou parfois Euro 5,
pour les véhicules diesel, lorsque la valeur limite pour le NO2 n?est pas respectée.
Le tableau ci-après résume les dispositions adoptées par les États des pays du parangonnage ou
par les villes, en l?absence de norme minimale nationale à respecter. Les dispositions présentées
sont celles en vigueur et celles prévues pour 2025 :
PUBLIÉ
octobre 2023 Acceptabilité des zones à faibles émissions Page 114/134
Tableau 15: norme minimale Euro exigée par pays et catégories de véhicules
concernés
Pays
ou ville
Véhicules concernés Diesel Essence
France *
véhicules légers :
-Au 1er Janvier 2024
-Au 1er Janvier 2025
Euro 4 (interdiction
des Crit?air 4)
Euro 5 (interdiction
des Crit?air 3)
-
Euro 4 (interdiction
des Crit?air 3)
Allemagne
Tous véhicules (sauf 2 roues) :
- Vignette verte
- « interdiction » de circulation
des véhicules diesel
Euro 4
(ou Euro 3 avec
FAP)
Euro 6
Euro 2
(ou Euro 1 avec pot
catalytique)
Dans certains cas :
Euro 3 (Darmstadt) :
Pays-Bas Milieuzone (Amsterdam, ?):
-Camions et bus (zone violette,
choix unique depuis 2022)
-Autres catégories de véhicules
(VL et VUL) : couleur verte rete-
nue actuellement pour les mi-
lieuzone ciblant ces véhicules
Zone à zéro émission
- PL et VUL
Euro 6
Euro 4
Interdits pour les
véhicules neufs
Non concernés par les
restrictions
Interdits pour les véhi-
cules neufs
Belgique :
Bruxelles :
PL et deux roues concernés
à partir de 2025 :
-Au 1er janvier 2022
-Au 1er janvier 2025
Dispositif flamand : VL et PL
- actuellement
- Au 1er janvier 2025 ( sus-
ceptible d?être reporté à 2026)
Euro 5
Euro 6, VI
Euro 5
Euro 6
Euro 2
Euro 3, III
Euro 2
Euro 3
Royaume- Uni -Angleterre :
-Londres :
-ULEZ (VL)
-LEZ ( PL)
Euro 6
Euro 6
Euro 6
Euro 4
Euro 4
Italie:
Milan
Véhicules légers :
2022 véhicules particuliers
2025 ( yc VUL)
2028
2030
Transports de marchandises :
2024 marchandises
2025
2028
Euro 6
Euro 6d **
Euro 6d
interdit
Euro 6
Euro 6 d **
Euro 6 d
Euro 3
Euro 4
Euro 5
Euro 3
Euro 4
Euro 5
Espagne :
VP et VUL: Euro 4
VP et VUL: Euro 3,
PUBLIÉ
octobre 2023 Acceptabilité des zones à faibles émissions Page 115/134
Madrid et Bar-
celone
PL : Euro IV PL : euro IV
* lorsque les normes de qualité de l?air ne sont pas respectées de manière régulière, au sens de l?article
L.2213-4-1 du code général des collectivités territoriales
** les véhicules Euro 6 a,b et c achetés avant 2018 sont autorisés
Le tableau ci-après fournit une vision plus synthétique, en se concentrant sur une ville de chacun des
pays du parangonnage où la ZFE couvre un large périmètre et vise à la fois les véhicules légers et les
poids lourds.
Tableau 16: norme Euro minimale sur une sélection de ZFE
Ville Diesel
Actuellement 2025
ULEZ de Londres (VL)
LEZ ( PL)
VL et VUL: Euro 6
PL : Euro 6
-
Bruxelles VL et VUL : Euro 5 VL, VUL, PL : Euro 6
Stuttgart- zone large VL, VUL et PL : Euro 5 -
Milan Area B VL : Euro 6 VL, VUL et PL* : Euro 6 d
Amsterdam VL et VUL: Euro 4
PL : Euro 6
VUL et PL neufs électriques
seulement-
Madrid VL, VUL et PL : Euro 4 -
* les véhicules Euro 6 a, b et c achetés avant 2018 sont autorisés
Ainsi, les normes minimales adoptées par les États des pays du parangonnage ou par les villes de
ces pays, en l?absence de norme nationale, tendent à confirmer la faisabilité de la disposition de la
loi française consistant à imposer la norme minimale Euro 5 en 2025 pour les véhicules diesel dans
les ZFE, lorsque les normes de qualité de l?air ne sont pas respectées de manière régulière.
Dans l?ensemble des pays du parangonnage, des ZFE ciblent à la fois les
véhicules légers et les poids lourds
Rappelons tout d?abord que la mission, dans sa sélection des pays à étudier, a fait le choix de
retenir des pays où existent des ZFE concernant les véhicules légers et non pas les seuls poids
lourds. Dans cette sélection où les véhicules légers sont concernés, les poids lourds ne sont pas
délaissés pour autant.68
Un pays cible les poids lourds plus que les véhicules particuliers. Au Royaume-Uni, les poids lourds
sont inclus dans la CAZ B et les véhicules légers seulement dans la CAZ la plus complète, de type
D ; la justification est qu?il s?agit de cibler prioritairement les véhicules les plus émetteurs à l?intérieur
de la zone, en émission par véhicule.
À Londres, la LEZ ciblant les poids lourds a été mise en place dès 2008 et l?ULEZ ciblant les VL
68 Pour simplifier, l?analyse n?inclut pas des deux-roues motorisés
PUBLIÉ
octobre 2023 Acceptabilité des zones à faibles émissions Page 116/134
en 2019 ;
Aux Pays-Bas, si la plupart des ZFE ne ciblent que les poids lourds, quelques-unes ciblent aussi
les véhicules légers (Amsterdam, La Haye, Arnhem) , avec un niveau d?exigence plus fort pour
les poids lourds ; en revanche la prochaine étape des « Zones zero émission » concerne en
priorité les véhicules logistiques (VUL et PL)
Certains pays ou certaines villes ciblent de façon équivalente poids lourds et véhicules légers :
? L?Allemagne, aussi bien pour les ZFE s?appuyant sur le système de vignettes que pour
celles prenant en compte l?interdiction de circulation des véhicules diesel ;
? La Région flamande, en Belgique.
? Barcelone
Dans certaines villes, la différenciation entre véhicules légers et poids lourds porte sur le
calendrier :
- En Italie, à Milan, l?exigence Euro 6 intervient dès 2022 pour les véhicules légers diesel et
seulement en 2024 pour les poids lourds diesel.
- À Bruxelles et à Madrid, les poids lourds ne sont concernés qu?à partir de 2025
Dans l?ensemble des pays du parangonnage, des ZFE ciblent à la fois les véhicules légers et les
poids lourds : Londres, Amsterdam, Arnhem, Bruxelles, Stuttgart, Milan, Madrid et Barcelone.
Sauf cas particuliers, le contrôle est effectué par un système automatisé de
lecture de plaque
Dans la majorité des pays du parangonnage, le contrôle est effectué par un système de contrôle
automatisé par lecture de plaque :
Royaume-Uni : le dispositif-cadre des clean air zone britannique prévoit un contrôle
automatisé par caméra ;
Belgique : à Bruxelles, Anvers et Gand le contrôle automatisé par caméra est en vigueur ;
Italie : À Milan, les zones B et C sont équipées d?un système de contrôle automatisé par
caméra, tandis que Rome prévoit l?installation d?un tel système ;
Espagne : le contrôle automatisé par caméra est en place à Madrid et Barcelone ;
Pays-Bas : le choix du système de contrôle de la responsabilité des villes ; Amsterdam,
Rotterdam, Utrecht, La Haye, Arnhem et Haarlem ont des caméras ; il s?agit des
agglomérations les plus importantes ; les autres municipalités disposent d?un contrôle
physique (zones concernant les poids lourds).
Enfin, en Allemagne, il n?y a pas de système de contrôle automatisé par caméra, lequel était même
interdit jusqu?en 2021, mais les interlocuteurs rencontrés par la mission ont fait valoir un contexte
très particulier : d?une part, les réserves à l?égard des dispositifs de contrôle des citoyens sont
fortes pour des raisons historiques et, d?autre part, le respect des règles est meilleur que dans
d?autres pays.
En conclusion, si l?on fait abstraction des cas particuliers de l?Allemagne et de ZFE dédiées aux
poids lourds de certaines villes néerlandaises, la règle qui se dégage est que le contrôle des ZFE
est effectué par un système de contrôle automatisé par caméra.
PUBLIÉ
octobre 2023 Acceptabilité des zones à faibles émissions Page 117/134
Annexe 12. Aides financières
La mission a cherché à identifier les dispositifs d?aide apportés par les États aux ménages et aux
entreprises pour l?achat de véhicules électriques. Elle a recherché également les aides apportées
par les collectivités locales pour faciliter la mise en oeuvre des ZFE.
Ces aides sont de différents types :
des aides à l?acquisition de véhicules électriques, soit directes (subvention de type bonus
écologique), soit indirectes (allègements fiscaux) ;
des primes à la casse : pour aider les ménages à se séparer d?une voiture ancienne, soit
pour en racheter une récente moins polluante (prime à la conversion), soit pour accéder à
des services alternatifs de mobilité ;
des aides au rétrofit.
Les aides sont différentes suivant les segments concernés (véhicules particuliers, véhicules
utilitaires légers, poids lourds), peuvent ou non concerner les véhicules d?occasion, peuvent relever
de dispositifs nationaux ou locaux, sont soumises ou non à des conditions de revenus. Elles sont
parfois adossées à une ZFE. Il est assez difficile de disposer d?une vue d?ensemble sur chaque
dispositif local et cette annexe ne prétend pas à l?exhaustivité. Les aides concernant les deux roues
n?ont pas été examinées.
Rappel du dispositif français
Le « bonus écologique » est une prime à l?achat d?un véhicule électrique. Pour les voitures, cette
prime est de 27% du cout d?acquisition, plafonné à 5000¤ (3000¤ pour les personnes morales).
Pour les utilitaires légers, le taux est de 40%, et le plafond de 6000¤ (4000¤ pour les personnes
morales). Le bonus est majoré de 2000¤ pour les ménages les plus modestes. Le bonus est de
1000¤ en cas d?acquisition d?un véhicule d?occasion.
La « prime à la conversion » est accordée pour l?acquisition d?un véhicule léger (y compris utilitaire)
neuf ou, pour les particuliers, d?occasion, à la condition de se séparer d?un véhicule Crit?air 3 ou
plus. L?aide est attribuée aux particuliers sous condition de revenus et peut atteindre 4000¤ pour
l?achat d?un véhicule Crit?air 1, neuf ou d?occasion, et 6000 ¤ pour l?achat d?un véhicule de tourisme
électrique, neuf ou d?occasion. Ce montant est porté à 10 000 ¤ pour un utilitaire électrique. Une
majoration de 1000 ¤ est accordée aux personnes résidant ou travaillant à l?intérieur d?une ZFE et
aux personnes morales justifiant d'un établissement dans une telle zone. Cette surprime de 1000¤
est augmentée du même montant que l'aide éventuelle apportée par une collectivité locale, dans
la limite de 2000 ¤ supplémentaires. La prime à la conversion est cumulable avec le bonus
écologique.
Il existe également une aide pour le rétrofit électrique, qui peut atteindre 80% du coût de la
transformation, dans la limite de 6000¤. Les surprimes ZFE sont applicables dans les mêmes
conditions que pour la prime à la conversion.
Plusieurs métropoles fournissent également des aides à l?achat de véhicules électriques
cumulables avec les aides de l?État.
Les acquéreurs de véhicules électriques neufs bénéficient d?exonérations sur le coût du certificat
d?immatriculation et ne sont pas soumis au « malus CO2 ».
L?achat ou la location d?un véhicule lourd neuf fonctionnant à l?électricité ou à l?hydrogène permettait
jusqu?au 1er janvier 2023 de bénéficier du bonus. Son montant s?élevait à 40 % du coût d?acquisition,
dans la limite de 50 000 ¤ pour un poids lourd. Ce dispositif est remplacé à partir de 2023 par un
appel à projets lancé par l?ADEME pour l?acquisition de poids lourds électriques. L?aide est de 65%
du surcout d?acquisition par rapport à un véhicule de référence de même gamme, ou de 65% du
cout du rétrofit.
PUBLIÉ
octobre 2023 Acceptabilité des zones à faibles émissions Page 118/134
Synthèse
Le tableau ci-après résume les dispositifs en place, en distinguant le bonus écologique et la prime
à la casse éventuellement mis en place par l?État, d?une part, et les autres aides, d?autre part.
Le tableau montre que les dispositifs d?aide du type bonus écologique ou prime à la casse mis en
place par les États du parangonnage offrent des montants moins élevés qu?en France.
Tableau 17: synthèse des aides financières pour l'achat de véhicules électriques,
par pays
Pays
L?État a mis en place un bonus
écologique et, éventuellement,
une prime à la conversion
Autres aides
France
Voitures particulières :
- Bonus écologique : 7000¤
maximum (véhicule neuf)
- Prime à la conversion :
9000¤ maximum ( cas incluant la
surprime maximale en ZFE),
cumulable avec le bonus
Véhicules utilitaires :
Les VUL bénéficient du bonus
écologique et de la prime à la
conversion.
Espagne
Voitures particulières :
jusqu?à 4500¤
Véhicules utilitaires :
Jusqu?à 7000¤
en cas de mise à la casse d?un
véhicule, montants portés
respectivement à 7000 et 9000¤
Royaume-
Uni
Véhicules utilitaires :
« plug in grant » : jusqu?à
2500£ pour un VUL et
25000£ pour un PL
À Londres : « Scrappage scheme » 69 :
pour les ménages à faible revenu et les
personnes handicapées, ainsi que
certaines très petites entreprises.
Montant maximum :
- 2000£ pour un VL
- 9500£ pour un VUL
Italie
Voitures particulières :
électriques70 : 4500 ¤ maximum,
porté à 7500 ¤ maximum en cas
de remise d?un véhicule usagé à la
casse ;
Milan :
Aide supplémentaire de 9000 ¤ pour les
voitures électriques, portée jusqu?à
12 480 ¤ pour les ménages modestes.
Allemagne
Voitures particulières :
Bonus écologique revu à la
baisse : 3000 ¤ maximum
Prime à la casse :
mise en place en 2009
et supprimée au bout d?un an
- « programme immédiat air propre
2017 - 2020 », d?un coût de 1,5 Md ¤,
pour diminuer les émissions de NO2 ;
- programme de soutien aux véhicules
utilitaires à basses émissions et aux
infrastructures : aide égale à 80% du
69 https://tfl.gov.uk/modes/driving/ultra-low-emission-zone/scrappage-schemes
70 https://www.idealista.it/fr/news/conseil-financier-en-italie/2022/11/06/171617-incentives-voitures-electriques-
italie-2023
PUBLIÉ
octobre 2023 Acceptabilité des zones à faibles émissions Page 119/134
surcoût du véhicule 71
Pays-Bas Voitures particulières : 2950¤ pour
un véhicule neuf
Véhicules utilitaires : subvention
de 10% dans la limite de 5000¤
Avantages fiscaux pour les
particuliers détenant un véhicule
électrique ou bénéficiant d?un véhicule
électrique de fonction
Belgique
Non
Bruxelles :
Professionnels : remplacement d?un
véhicule utilitaire : 15 000 ¤ maximum
Particuliers : en cas d?abandon d?un
véhicule, aide pour l?abonnement à des
services de mobilité : 900 ¤ maximum
En Allemagne, le bonus environnemental est désormais réservé aux personnes
privées
Le dispositif d?aide à l?achat de véhicules électriques, appelé bonus environnemental, a été mis en
place en 2016 et offrait initialement des montants pouvant aller jusqu?à 6000¤. Les montants ont
été abaissés au 1er janvier 2023 et évolueront à nouveau à la baisse au 1er janvier 2024. L?aide,
qui sera désormais plafonnée à 3000¤, est accordée pour l?achat ou le leasing d?un véhicule
électrique neuf ou récent. Les véhicules hybrides sont désormais exclus. L?aide est cumulable avec
d?autres subventions, notamment celles des régions (Länder). À partir de septembre 2023, seules
les personnes privées sont éligibles.
Tableau 18: bonus environnemental en Allemagne à partir du 1er janvier 2024
Aide réservée aux
personnes privées
Contribution fédérale
pour les véhicules
neufs
Contribution fédérale
pour les véhicules
d?occasion récents
Durée de
conservation
minimale
Achat 3000¤ 2400 ¤ 12 mois
Leasing d?une durée
de 12 à 23 mois
1500¤ 1200¤ 12 mois
Leasing d?une durée
supérieure à 23 mois
3000¤ 2400 ¤ 24 mois
Source :
https://www.bafa.de/DE/Energie/Energieeffizienz/Elektromobilitaet/Neuen_Antrag_stellen/neuen_
antrag_stellen.html
Prime à la casse :
La prime à la casse qui a été mise en place en 2009 a été supprimée l?année suivante. Elle a coûté
5 Md ¤.
Programme d?aide pour les véhicules utilitaires à basses émissions, légers ou lourds, ainsi que les
infrastructures correspondantes :
Le programme KsNI (« Klimaschonende Nutzfahrzeuge und Infrastruktur », véhicules utilitaires à
71 Le programme fonctionne par appels à projet et il n?y a pas eu d?appel à projets en 2023 à la date d?aujourd?hui
https://www.balm.bund.de/SharedDocs/Downloads/DE/Foerderprogramme/KsNI/2_Foerderaufruf/KsNI_FAQ_Foe
dergegenstand_KsN.pdf?__blob=publicationFile&v=6
PUBLIÉ
https://www.bafa.de/DE/Energie/Energieeffizienz/Elektromobilitaet/Neuen_Antrag_stellen/neuen_antrag_stellen.html
https://www.bafa.de/DE/Energie/Energieeffizienz/Elektromobilitaet/Neuen_Antrag_stellen/neuen_antrag_stellen.html
octobre 2023 Acceptabilité des zones à faibles émissions Page 120/134
basses émissions et infrastructures) définit les aides aux véhicules utilitaires à basses émissions
(100 % électriques et hydrogène). Ce programme, chiffré à 1,3 Mds ¤ pour les véhicules et 6,3
Mds ¤ pour l?infrastructure de recharge et d?hydrogène, est destiné aux véhicules utilitaires. Il est
placé sous la tutelle du Bundesamt für Güterverkehr (Office fédéral pour le transport de
marchandises), une autorité fédérale indépendante liée au ministère du numérique et des
transports.
Ce programme de subventions est entré en vigueur le 2 août 2021, après validation par la
Commission européenne. Il donne la possibilité aux pouvoirs publics de publier jusqu?à 4 appels à
projets par an, jusqu?au 31 décembre 2024, avec à chaque fois un préavis de deux semaines pour
la préparation des demandes de subventions. Celles-ci peuvent s?élever jusqu?à 80% des coûts
d?investissement supplémentaires liés à la technologie, tandis que les infrastructures de recharge
correspondantes peuvent être subventionnées à hauteur de 80% des dépenses totales liées au
projet et aux études de faisabilité.
En juin 2022 a été lancé un second appel à projet, associé à un « appel à projets exceptionnel »
concernant les « véhicules spéciaux » (par exemple, ambulances, fourgons de police, camion de
pompiers).
À cette occasion, la Secrétaire d?État auprès du ministre du Numérique et des Transports, Daniela
KLUCKERT, est revenue sur le 1er appel à projet lié à la KsNI :
« Après le premier appel à projets [dépôt des demandes le 16 août 2021], qui a permis d'obtenir
environ 2 000 véhicules utilitaires respectueux du climat de toutes catégories et technologies de
propulsion, nous poursuivons cette grande réussite avec le deuxième appel à projets, ainsi qu'avec
un appel supplémentaire pour les véhicules spéciaux et leurs infrastructures. Avec les moyens mis
à disposition, nous aidons le secteur à prendre ses responsabilités en matière de protection du
climat et à réduire les émissions dans le transport routier de marchandises. »
Aucun nouvel appel à projets n?a été lancé depuis l?été dernier (la limite de 4 par an est loin d?être
atteinte).
Le 7 décembre 2022, le programme KsNI a été prolongé jusqu?au 31 décembre 2026 suite à une
demande du BMDV (ministère du Numérique et des Transports).
D?autres programmes fédéraux de soutien concernent :
- L?encouragement à l'achat de bus électriques pour les transports en commun ;
- Différents programmes de soutien pour l'e-mobilité / l'infrastructure de recharge
- La promotion de la mise aux normes des bus diesel dans les transports publics (BMVI)
- La promotion de la mise à niveau du matériel pour les véhicules communaux, pour les
véhicules utilitaires des artisans et pour ceux de livraison (BMVI)
- Initiative pour la protection du climat ? subventions pour les vélos cargo électriques dans
l'économie et pour les communes : subvention de 25% dans la limite d?une dépense de
2500 ¤ par vélo72.
Le « programme immédiat air propre 2017 - 2020 », d?un coût de 1,5 Md ¤, était dédié à la
diminution des émissions de NO2 73 .
En effet, en 2017, il avait été constaté que 65 communes dépassaient la valeur limite de ce polluant.
72 https://www.bafa.de/DE/Energie/Energieeffizienz/E-Lastenfahrrad/e-lastenfahrrad_node.html
73 https://www.umweltbundesamt.de/themen/sofortprogramm-saubere-luft-ist-schritt-in-richtige
https://bmdv.bund.de/SharedDocs/DE/Publikationen/G/broschuere-sofortprogramm-saubere-
luft.pdf?__blob=publicationFile
PUBLIÉ
https://www.umweltbundesamt.de/themen/sofortprogramm-saubere-luft-ist-schritt-in-richtige
octobre 2023 Acceptabilité des zones à faibles émissions Page 121/134
Le programme permettait de financer notamment :
l?équipement de bus diesel de convertisseurs catalytiques d?oxyde d?azote ;
les véhicules électriques ( bus, taxis, et véhicules utilitaires) ;
la mise en oeuvre de solutions de logistique ;
la numérisation de la circulation ( système de guidage pour le stationnement et système
de navigation) ;
les voies cyclables.
Les moyens financiers étaient concentrés sur les communes en dépassement de la limite du NO2.
En Belgique, les approches sont différentes selon les Régions
En Belgique, la possession d?un véhicule neuf est soumise au paiement d?une taxe à l?achat (taxe
de mise en circulation), puis d?une taxe annuelle (taxe de circulation). Le barème de ces taxes
relève de chaque région. Les véhicules électriques font l?objet de réductions importantes et sont
même totalement exonérés dans la Région flamande.
L?attribution de véhicules de société aux salariés est une pratique très répandue. Fiscalement, elle
est considérée comme un avantage en nature, dont le montant est fixé à un niveau très faible pour
les véhicules électriques, ce qui est très avantageux pour les entreprises.
Il n?existe en revanche pas de système d?aide directe aux particuliers pour l?achat de véhicules
électriques, à l?exception de celui institué par la ville de Gand, qui apporte une subvention de
4500 euros dans le cas où le véhicule électrique est acheté dans un but d?autopartage.
La région de Bruxelles capitale a mis en place deux systèmes d?aides différents pour les entreprises
et les particuliers.
Les TPE et PME (moins de 250 salariés) du secteur privé peuvent bénéficier de la « prime LEZ »
pour remplacer des VUL qui n?auraient plus accès à la ZBE par un véhicule moins polluant, neuf
ou d?occasion (Arrêté en date du 25/11/2021 du Gouvernement de la Région de Bruxelles-Capitale
relatif à l'aide pour la mise en conformité aux normes de la zone de basses émissions). En cas
d?acquisition d?un véhicule essence ou gaz, la subvention est de 20% du montant de l?achat dans
la limite de 3000¤. Pour l?acquisition d?un véhicule électrique, la subvention est plafonnée à 15 000¤
et son taux varie selon l?ancienneté et la motorisation du véhicule réformé. Un calendrier définit en
effet l?éligibilité et l?évolution dans le temps du taux de subvention (40%, puis 30% avant d?être
réduite à zéro, en parallèle à l?évolution des normes d?accès à la ZBE).
Le programme « Bruxell?Air 74» concerne les particuliers. Il ne prévoit pas de subvention à l?achat
de véhicules, mais permet aux ménages qui se séparent de leur voiture de bénéficier d?un budget
mobilité d?un montant compris entre 500 et 900¤ selon le niveau de revenu. Ce budget peut être
utilisé pour acheter un vélo, pour souscrire un abonnement de transports en commun ou recourir
à la location de vélo ou de voiture partagée. Un « mobility coach » est disponible pour conseiller
les ménages concernés.
Le dispositif espagnol ne cible pas les ZBE
Le programme national « MOVES III » vise à développer l?électromobilité, avec des aides à
l?installation de bornes de recharge et des subventions à l?acquisition de véhicules électriques neufs
ou d?occasion très récente (moins de 12 mois). Ce programme est un élément du plan de relance
74 https://environnement.brussels/citoyen/services-et-demandes/primes-et-aides-financieres/la-prime-mobilite-
bruxellair-pour-se-deplacer-autrement-bruxelles
PUBLIÉ
octobre 2023 Acceptabilité des zones à faibles émissions Page 122/134
et de résilience espagnol et fait l?objet à ce titre d?un financement de l?Union européenne. La gestion
du programme est déléguée par l?État aux communautés autonomes. Le montant de la subvention
peut atteindre 4500 ¤ pour les véhicules de tourisme et 7000 ¤ pour les utilitaires. Ces montants
sont portés respectivement à 7 000 et 9 000 ¤ en cas de mise à la casse d?un véhicule
(« achatarramiento »).
Un dispositif spécifique est par ailleurs en place pour les poids lourds et autocars. La gestion en
est également déléguée aux communautés autonomes, et les subventions peuvent atteindre
20 000¤ pour un rétrofit électrique, et 200 000 ¤ (150 000¤ pour les grandes entreprises) pour
l?acquisition d?un poids lourd électrique ou hybride.
Le dispositif italien vise directement la baisse des émissions de CO2
En Italie, un dispositif de subventions à l?achat de véhicules moins polluants est en place. Le
montant de subvention dépend du niveau d?émission de CO2 du véhicule, sans lien direct donc
avec l?émission de polluants. La subvention à l?acquisition de voitures de tourisme est de 4500 ¤
pour un véhicule électrique, de 3000 ¤ pour un véhicule émettant entre 21 et 60 g de CO2 (hybrides
rechargeables), ces montants étant majorés de 3000 ¤ en cas de mise à la casse d?un véhicule.
Pour la gamme 61-135 g CO2/km, une aide de 2000 ¤ est apportée à la condition de mise au rebut
d?un véhicule de norme Euro 5 ou inférieure. Le niveau des aides est réduit si le revenu de
référence du ménage (revenu « ISEE », qui tient compte de la composition du ménage) dépasse
les 30 000 ¤ annuels.
La ville de Milan apporte une aide supplémentaire d?un montant de 9 000 ¤ pour les voitures
électriques et 6000 ¤ pour les hybrides. Si le revenu ISEE est inférieur à 20 000 ¤, la subvention
est majorée, avec un maximum de 12 480 euros pour les ménages d?un revenu ISEE inférieur à
12 000 euros75.
Les subventions à l?achat de poids lourds électriques sont plafonnées à 24 000¤, avec un bonus
de 10% pour les PME.
Aux Pays-Bas, les aides se concentreront dans les années à venir sur les
véhicules logistiques
Les entreprises néerlandaises sont susceptibles de bénéficier d?une subvention de 10% du prix
d?achat d?un véhicule léger électrique neuf (voiture de société ou utilitaire), avec un plafond de
5 000¤. Le taux est porté à 12% pour les petites entreprises et les organismes à but non lucratif 76.
Un programme spécifique est consacré à l?achat de poids lourds électriques77. Ce programme
initialement budgété pour 2023 à 30 M¤ a dû être abondé en cours d?année de 27,4 M¤, et n?a
cependant pas pu honorer toutes les demandes.
Les particuliers détenant une voiture électrique bénéficient de l?exonération de la taxe
d?immatriculation et de la taxe annuelle de circulation jusqu?en 2025, ainsi que d?un barème
avantageux pour les avantages en nature liés à l?utilisation d?un véhicule de fonction. Une
subvention à l?achat d?une voiture électrique est également prévue78, d?un montant de 2950¤ pour
un véhicule neuf, de 2000 ¤ pour un véhicule d?occasion. La suppression à partir de 2026 de cette
prime pour les véhicules neufs a été annoncée.
75 https://www.comune.milano.it/-/mobilita.-dal-comune-cinque-milioni-di-euro-di-contributi-a-cittadini-e-imprese-
per-la-sostituzione-dei-veicoli-inquinanti
76 https://www.rvo.nl/subsidies-financiering/seba#voorwaarden
77 https://www.rvo.nl/subsidies-financiering/aanzet
78 https://www.rvo.nl/subsidies-financiering/sepp
PUBLIÉ
octobre 2023 Acceptabilité des zones à faibles émissions Page 123/134
En Angleterre, les primes à la casse ont des cibles variables selon les villes
Le Royaume-Uni, a mis en place un dispositif (« plug in grant ») d?aide à l?acquisition de véhicules
neufs peu polluants (moins de 50g CO2/km, donc électriques ou hybrides). Ce système, qui n?est
pas ouvert aux véhicules de tourisme, offre à l?acquéreur une réduction pouvant aller jusque 35%
du coût d?acquisition du véhicule, dans la limite de 2500 £ pour les utilitaires (de moins de 2,5T). Il
est transparent pour l?acquéreur, car le vendeur est chargé de collecter l?aide et de la répercuter
sur le prix de vente. Pour les poids lourds, la subvention peut aller jusque 25000 £.
Des dispositifs spécifiques existent dans les villes ayant mis en place une ZFE, les municipalités
pouvant solliciter une aide du gouvernement britannique pour financer ce plan, avec un droit de
regard du gouvernement en contrepartie. À Birmingham, existe une prime à la casse (« scrappage
scheme ») destinée à aider les ménages à faible revenus travaillant à l?intérieur de la CAZ et dont
le véhicule ne remplit pas les conditions pour accéder gratuitement à la CAZ. Cette prime, d?un
montant de 2000 £, peut être utilisée soit pour acheter un véhicule neuf ou d?occasion conforme
(donc au moins Euro 4 essence ou Euro 6 diesel), soit sous forme de réduction sur les
abonnements de transports en commun de la région.
Le Grand Londres a également mis en place un « scrappage scheme », sans bénéficier pour autant
de subvention du gouvernement. La prime à la casse est accessible sans condition de revenus
aux ménages habitant au sein de l?ULEZ, le périmètre d?éligibilité de la prime a donc été étendu en
même temps que celui de la zone fin août 2023. Sont éligibles, outre les ménages, les TPE (moins
de 50 salariés) et les « charities » (organisations à but non lucratif) basées dans le périmètre. La
prime est de 2000 £ pour un véhicule de tourisme, ce montant étant majoré si une partie est utilisée
pour acquérir un abonnement de transports en commun. Pour les utilitaires, la prime peut monter
jusque 11500 £ et peut être utilisée pour certains véhicules à financer leur rétrofit.
PUBLIÉ
octobre 2023 Acceptabilité des zones à faibles émissions Page 124/134
Annexe 13. Dérogations
Toutes les ZFE comportent des dérogations aux règles de restriction de circulation. Elles
concernent en général des catégories de public ou des types de véhicules pour lesquels le coût
d?adaptation serait trop élevé par rapport au bénéfice attendu en termes de réduction des
émissions. Certaines de ces dérogations sont définies au niveau national, d?autres sont le résultat
de la concertation locale préalable à la mise en oeuvre des ZFE.
La mission a observé lors des entretiens la préoccupation des différents interlocuteurs de parvenir
à un cadre lisible et compréhensible pour tous les usagers, et notamment pour les entreprises qui
ne devraient pas être entravées dans leurs activités.
Le tableau ci-dessous présente les dérogations, temporaires ou permanentes, adoptées dans les
6 villes que la mission a examinées de façon plus précise (cf. §2.7) :
Tableau 19: dérogations dans une sélection de 6 villes
ville Dérogations
Temporaires Permanentes
ULEZ de Londres (VL)
et LEZ ( PL)
-Véhicules de personnes
handicapées, véhicules
adapté au transport de
personnes handicapées
exemptées jusque 2027
-jusque 2024, pour les TPE et
« charities », exemption dans
l?intervalle entre la commande
et la livraison d?un véhicule
moins polluant
- Taxis londoniens de moins
de 12 ans (les taxis neufs
doivent être zéro émission)
- Véhicules historiques
- Forains
Bruxelles
- PL concernés à partir de
2025
- Possibilité d?acheter un pass
pour les véhicules non
conformes
- Véhicules adaptés aux
transport de personnes
handicapées, véhicules de
personnes handicapées
- Véhicules de foires et
marchés
- Véhicules pour l?entretien
d?infrastructures et
d?installations
- Véhicules des forces
armées
- Véhicules de collection
-Livraisons (y compris artisans
et véhicules dans le domaine
du bâtiment),
- Trajets vers un P+R,
- Taxis, voitures de location,
-autopartage,
PUBLIÉ
octobre 2023 Acceptabilité des zones à faibles émissions Page 125/134
Stuttgart- zone large
-Véhicules avec coûts
d?aménagement élevés,
- Travail posté
- etc?
- Dérogations de base *
Milan Area B -Nombre limité d?accès
gratuits pendant 2 ans pour
les véhicules non conformes
et dispositif Move in
- Délai d?un an pour le travail
posté, les auto-écoles, les
représentants
- Administration municipale,
- Assistance sanitaire, soin à
domicile
-Dérogations de base*
Amsterdam - Un calendrier de transition
indique les dates d?interdiction
progressive entre 2025 et
2030 des Vul et PL thermiques
selon leur âge
- Véhicules adaptés à des
personnes handicapées
- Dans l?attente de la livraison
d?un véhicule moins polluant
- Pour les PL pass journalier
payants (12 jours max)
Madrid - PL concernés à partir de
2025
- Véhicules des résidents à
partir de 2025
Dérogations de base *
* Dérogations de base : Transport de personnes handicapées, véhicules d?urgence, véhicules de
collection
Complément sur le dispositif de dérogation à Bruxelles
Des dérogations sont accordées de façon automatique ou sur demande :
- Véhicules adaptés aux transport de personnes handicapées, véhicules de personnes
handicapées ;
- Véhicules de foires et marché ;
- Véhicules pour l?entretien d?infrastructures et d?installations ;
- Véhicules des forces armées ;
- Véhicules de collection ;
- Autocaravanes .
On observe que ces dérogations se limitent aux cas qui s?imposent de façon évidente.
PUBLIÉ
octobre 2023 Acceptabilité des zones à faibles émissions Page 126/134
Complément sur le dispositif de dérogation en Allemagne, dans le cas d?une
interdiction de circuler des véhicules diesel
Il existe une liste de dérogations au niveau fédéral, adoptée en 2006 dans le cadre du dispositif
sur les zones environnementales. Cette liste peut être complétée au niveau local.
Les dérogations définies par la loi fédérale :
- les forces d?intervention : ambulances, police, pompier, service hivernal, ?
- les ambulances, voitures de médecin avec la vignette « intervention médicale d?urgence »
- les véhicules ayant fait l?objet d?un aménagement complémentaire
- les véhicules pour personnes handicapées
- les engins mobiles, machines de travail, machines agricoles et forestières ; les véhicules
pour les ordures ménagères par exemple ;
- les deux et trois roues
- les véhicules de collection
Cette liste étant ancienne, il nous semble qu?elle ne peut pas faire référence.
En présence d?une « interdiction » de circulation des véhicules diesel, on observe à partir des cas
de Stuttgart et de Munich que les dérogations comprennent des dérogations générales s?ajoutant
à celles définies au niveau fédéral et la possibilité d?autorisations spécifiques accordées sur de-
mande.
Cas de Stuttgart 79 :
Dérogations générales
Cas de la « grande zone » : livraisons (y compris artisans et véhicules dans le domaine
du bâtiment), trajets vers un P+R, taxis, voitures de location, autopartage, corbillards
Autorisations accordées sur demande :
- Véhicules spéciaux avec des coûts d?aménagement élevés
- Visites régulières chez le médecin, pour une personne ne pouvant pas emprunter les
transports publics ;
- travailleurs postés qui ne peuvent pas utiliser les transports en commun
- entreprises et les personnes privées, lorsque l'achat d'un véhicule de replacement ap-
proprié mettrait en danger leur existence ou que l'achat de remplacement va au-delà de
ce qui est économiquement raisonnable ; il y aurait finalement peu de demandes de
ce type
- les personnes privées qui peuvent fournir des preuves appropriées de raisons person-
nelles et urgentes, telles que :
a. les voyages n'ont lieu que pour une courte durée ou seulement dans de rares
cas particuliers tels qu?un déménagement ;
b. les quelques trajets spéciaux mensuels sont utilisés pour la garde familiale
d'enfants de moins de 8 ans, à l'exception des trajets réguliers à l'école, à la
crèche, à la garderie, au jardin d'enfants ou pour des activités de loisirs (ap-
pelés "taxis des parents") (objectif de s'occuper de jeunes enfants) ;
c. le but du voyage est similaire aux dérogations générales existantes ; par
exemple, des exceptions devraient être possibles pour les voyages privés
destinés à soigner des membres de la famille, puisque ces exceptions s'ap-
pliquent également aux services de soins professionnels.
79https://www.stuttgart.de/leben/mobilitaet/dieselverkehrsverbot/ausnahmen-von-den-diesel-verkehrsverboten.php
PUBLIÉ
octobre 2023 Acceptabilité des zones à faibles émissions Page 127/134
Cas de Munich 80 :
Le dieselfahrverbot s?accompagne d?un système complet de dérogations (exemptions), dont l?ob-
jectif est de tenir compte des aspects sociaux et éviter des difficultés excessives. Ces dérogations
sont définies en fonction de chacune des 3 étapes. Le document fait 9 pages.
Ces dérogations sont définies de façon à préserver le principe de proportionnalité fixé par la loi
fondamentale (constitution fédérale). Le diselfahrverbot ayant une profondeur d?action considé-
rable, il ne peut être mis en oeuvre de façon appropriée que par la définition d?exceptions. Certains
trajets considérés comme d?intérêt public sont donc autorisés. En complément, des exceptions
payantes sont autorisées.
Certaines exceptions sont prévues par la loi fédérale :
- Les personnes handicapées ;
- Les forces d?intervention : ambulances, police, pompier, service hivernal,?
Certaines dérogations sont limitées aux étapes 1 et 2 :
- Les résidents et les livraisons ( residents and deliveries) ;
- Les taxis et voitures de location (Taxis and rental cars) ;
- Les trajets vers ou depuis la gare de bus centrale.
D?autres dérogations sont permanentes :
- Les urgences médicales ( y compris sans ambulance) ;
- Les corbillards ;
- Les artisans titulaires d?une autorisation de stationnement (craftsmen) ;
- Les services sociaux et les services de soin ;
- Les activités en horaires décalés et les déplacements des personnes vers et depuis leur lieu
de travail si, en ce qui concerne soit le voyage aller et/ou retour, l?utilisation des transports en
commun n'est pas raisonnable et si aucun véhicule conforme n?est disponible. Notamment :
industrie, hôpitaux, installations médicales, ainsi que les boulangers, les bouchers et les per-
sonnes actives dans la restauration.
- Les trajets vers ou en provenance du marché de gros, de la gare, du stade olympique, du
terrain de camping.
Des autorisations individuelles peuvent être accordées sur demande :
- Réparation et maintenance d?installations ;
- Réparation de dommages aux bâtiments ;
- Fourniture à la population de biens d?importance vitale ;
- Véhicules spéciaux comportant des coûts élevés d?aménagement et effectuant peu de dé-
placements ;
- Véhicules spécialement aménagés pour les personnes handicapées ;
- Véhicules destinées aux visites régulières de médecins ;
- Cas d?urgences privés ;
- Trajets pour la maintenance des processus de fabrication et de production ;
- Livraison à des manifestations.
80https://stadt.muenchen.de/infos/umweltzone-muenchen.html
https://stadt.muenchen.de/dam/jcr:34fa0db3-ab88-4792-a2d2-
69b6bc678322/230324_Anlage%202%20-%20230322_Ausnahmekonzept_Neu_BV-Bekanntgabe-
nach%20RM%20KVR.pdf
PUBLIÉ
octobre 2023 Acceptabilité des zones à faibles émissions Page 128/134
Synthèse sur les dérogations accompagnant les interdictions de circulation des véhicules diesel
Les dérogations peuvent être très larges dans le cas allemand de l?interdiction de circulation des
véhicules diesel. En effet, dans ce cas, la mise en place du dispositif provient d?une décision
juridique plus que d?un projet de la collectivité. La collectivité cherche à répondre à l?obligation qui
lui est imposée, tout en minimisant la gêne occasionnée.
Une première approche de la collectivité consiste à répondre à la décision juridique qui lui est
imposée en se plaçant elle-même sur le terrain du droit et en montrant que telles et telles
dérogations sont « d?intérêt public » et, par conséquent, justifiées sur le plan juridique.
C?est ainsi que, à Stuttgart, on trouve dans les dérogations les livraisons, dans un sens très large
(y compris artisans et véhicules dans le domaine du bâtiment), les taxis, les voitures de location et
l?autopartage.
Il n?en reste pas moins que le dispositif, avec ses dérogations, doit permettre le respect de la
réglementation européenne. Néanmoins, il nous semble que ce cas est trop spécifique pour
inspirer la réflexion en France.
À Munich, l?optimum est recherché par l?établissement d?un projet en 3 étapes, les étapes 2 et 3
n?étant activées que si l?étape précédente n?a pas permis d?obtenir le respect de la réglementation.
Des dérogations temporaires sont accordées pour les résidents, les livraisons, les taxis et les
voitures de location. Ces dérogations seraient levées lors de la mise en oeuvre de l?étape 3. Il vient
d?être décidé que cette étape ne serait pas activée, les résultats obtenus grâce à l?étape 1 rendant
son activation inutile.
Aux Pays-Bas, un cadre national de dérogations a été défini
Le gouvernement néerlandais a décidé par un décret en date du 29 octobre 2019 81 de donner un
cadre réglementaire harmonisé pour les ZFE existantes et à venir. Le décret porte aussi bien sur
les normes Euro à respecter dans les différents types de zones (cf. annexe 10) que sur la
signalisation de ces zones ou encore les dérogations possibles.
Des dérogations sont accordées systématiquement et s?imposent à toutes les ZFE. Il s?agit:
? Des véhicules anciens (plus de 40 ans) ;
? Des véhicules accessibles aux fauteuils roulants ;
? Des camping-cars des habitants des zones concernées ;
? Des véhicules forains ou de cirque ;
? Des véhicules de déménagement.
Par ailleurs des dérogations supplémentaires peuvent être décidées par chaque municipalité. En
particulier, celles-ci peuvent émettre des autorisations payantes d?accès journalier aux véhicules
exclus selon les règles de la ZFE, dans la limite de 12 jours par an pour les poids lourds et de 6
pour les utilitaires. Au-delà de cette limite, les entreprises en difficulté financière peuvent solliciter
une « clause de sauvegarde ».
Les municipalités peuvent également exonérer temporairement les propriétaires de véhicules non
81 Besluit van 29 oktober 2019 tot wijziging van het Reglement verkeersregels en verkeerstekens 1990, het Besluit
administratieve bepalingen inzake het wegverkeer en het Kentekenreglement in verband met de harmonisatie van
milieuzones
PUBLIÉ
octobre 2023 Acceptabilité des zones à faibles émissions Page 129/134
conformes dans l?attente de la livraison d?un véhicule moins polluant en commande.
PUBLIÉ
octobre 2023 Acceptabilité des zones à faibles émissions Page 130/134
Annexe 14. Bibliographie
Documentation sur les ZFE en Europe et sur la réglementation européenne
ADEME, benchmark des zones à faibles émissions à travers l?Europe. Synthèse et monographies.
Version 2023 ( ouvrage disponible sur le site https://librairie.ademe.fr/)
ADEME, Émissions de particules et de NOx par les véhicules routiers, 2018
Urban Access Regulations in Europe (site internet, développé avec le soutien de l?UE, fournissant
des informations sur les ZFE) : https://urbanaccessregulations.eu/
Clean Cities Campaign, Quantifying the impact of low- and zero-emission zones: Evidence Review.
2022
Clean Cities, the development trends of low- and zero-emission zones in Europe, 2022
Clean Cities, how low can cities go, mai 2023 (étude sur les zones à zéro émission)
Clean cities, thank you for sharing, juillet 2023
Quentin Perrier, la grande conversation. Retours d?expérience de quatre ZFE européennes : Berlin,
Bruxelles, Londres, Madrid. Mars 2023
Lucas Belliard, les zones à faibles émissions en France et en Europe, mémoire de master 2,
octobre 2021
Directive 2008/50/CE du Parlement européen et du Conseil du 21 mai 2008 concernant la qualité
de l?air ambiant et un air pur pour l?Europe
Proposition de directive du Parlement européen et du Conseil concernant la qualité de l?air ambiant
et un air pur pour l?Europe (refonte), 2022
OMS, lignes directrices relatives à la qualité de l?air, 2021
Documentation par pays
France
Commission du développement durable et de l'aménagement du territoire de l?Assemblée natio-
nale, Bruno Millienne et Gérard Leseul. Mission d?information flash. Les mesures d?accompagne-
ment à la mise en oeuvre des zones à faibles émissions, octobre 2022
Sénat, Philippe Tabarot, rapport d?information fait au nom de la commission de l?aménagement du
territoire et du développement durable relatif aux zones à faibles émissions mobilité (ZFE-m), Juin
2023
Les Zones à Faibles Émissions, 25 propositions pour allier transition écologique et justice sociale,
rapport remis à M. Christophe Béchu, ministre de la transition écologique et de la cohésion des
territoires, juillet 2023
Il s?agit du rapport des groupes de travail mis en place début 2023 et rassemblant les représentants
des collectivités territoriales, des associations, des entreprises et des artisans, des acteurs du
transport routier et de l?Etat.
Santé publique France, impact de la pollution de l'air sur la mortalité, avril 2021
PUBLIÉ
https://librairie.ademe.fr/
octobre 2023 Acceptabilité des zones à faibles émissions Page 131/134
Direction générale de la Santé, Questions-Réponses air extérieur et santé, mai 2021
Université de Paris, Inserm, Inrae. Impact de l?exposition à la pollution atmosphérique d?origine
automobile sur la morbidité respiratoire et allergique au cours de l?enfance : leçons de la cohorte
Paris. Août 2022.
MTECT, bilan de la qualité de l?air extérieur en France, octobre 2022
Laboratoire d?économie appliquée de Grenoble, les déterminants de l?acceptabilité sociale des
ZFE en France : le cas de la future ZFE de Grenoble, février 2023
Frédéric Martinez, Université Gustave Eiffel, comment promouvoir l?acceptabilité des ZFE ? Revue
TEC n°242, juin 2019
Respire, CleanCities, Fabrique des mobilités. Pour des ZFE-m saines et justes : anticiper la
transition des mobilités, juillet 2023
Réseau Action Climat et UNICEF France, de l?injustice sociale dans l?air, pauvreté des enfants et
pollution de l?air, octobre 2021
Secours catholique, pour des métropoles et des agglomérations à faibles émissions et à forte
accessibilité
Terra Nova. Les ZFE : fake news politiques, urgences sanitaires et solutions locales, décembre
2022
Terra Nova. Zones à faible émission, un risque d?exclusion sociale dans les villes, décembre 2022
Union routière de France. ZFE, comment éviter la fracture sociale ? Décembre 2022
Organisation des transporteurs routiers européens (OTRE). Mise en place des zones à faibles
émissions, position et propositions.
TLF, L?abécédaire des ZFE-m en France, mars 2023
Allemagne
Gouvernement fédéral, Ordonnance sur les vignettes pour les véhicules à faible contribution à la
pollution, 2006
Berlin, Plan qualité de l?air, 2ème mise à jour, 2019
P. Bruckmann et al. Agence régionale de l?environnement. « Les zones environnementales
améliorent-elles la qualité de l?air ? ». 2011
Belgique
Bruxelles environnement, sortie des véhicules thermiques : impact sur les émissions du transport,
2021
Bruxelles, guide multimodal
à destination des personnes impactées par la Zone de Basses Émissions et de toutes celles qui
souhaitent découvrir les alternatives de mobilité disponibles à Bruxelles
Bruxelles mobilité, évaluation de la zone de basses émissions. Rapport 2021.
PUBLIÉ
octobre 2023 Acceptabilité des zones à faibles émissions Page 132/134
Eva Ramires, projet de fin d?études de master, pollution de l?air et inégalités environnementales,
l?exemple de la zone de basses émissions de la région de Bruxelles - capitale, 2020
Italie
Cerema, Zones à trafic limité (ZTL) italiennes : retour sur la visite de Turin, Cuneo et Milan mai
2022
Clean cities, Mal?Aria di città, janvier 2023
Espagne
Ministerio para la transición ecológica y el reto demográfico, Directrices para la creación de
zonas de bajas emisiones (ZBE), 2021
Área Metropolitana de Barcelona, Guía técnica para la implementación de zonas de bajas elisiones,
février 2021
CEOE Empresas españolas, Situación actual de las Zonas de bajas emisiones (ZBE) en España,
janvier 2023
Royaume-Uni
Department for Environment, Food and Rural affairs, Department for Transport, UK plan for tackling
roadside nitrogen dioxide concentrations, an overview, juillet 2017
Mairie de Londres, A guide to the Ultra Low Emission Zone operating across all London boroughs,
juin 2023
Birmingham City Council, Clean Air Zone- six month report, mars 2022
Mairie de Londres, Inner London Ultra Low Emission Zone, bilan après un an, février 2023
Université de Leeds, public acceptability towards Low Emission Zones: the role of attitudes, norms,
emotions and trust. 2021
Pays-Bas
Décret du 29 octobre 2019 modifiant le Règlement de 1990 sur les règles et les panneaux de
circulation, le Décret sur les dispositions administratives relatives à la circulation routière et le
Règlement sur l'enregistrement dans le cadre de l'harmonisation des zones environnementales.
City logistics, Will zero-emission zones improve air quality? Maybe not?, juin 2023
Ville de Rotterdam : Covenant ZECL-Together towards zero- décembre 2020
PUBLIÉ
PUBLIÉ
PUBLIÉ
Sommaire
Résumé
Liste des recommandations
Introduction
1 Démêler le vrai du faux sur les ZFE en France: que disent les textes et quelles sont les difficultés identifiées?
1.1 5 villes doivent dans les meilleurs délais améliorer la qualité de l?air et toutes devront respecter des exigences de qualité plus fortes en 2030
1.2 Des difficultés d?acceptabilité des ZFE sont identifiées et des propositions présentées pour y remédier
2 Les ZFE, c?est possible ! La preuve par l?exemple dans plusieurs pays d?Europe
2.1 En Italie, des Zones à Trafic Limité existent depuis les années 70 et des ZFE plus ambitieuses se développent avec une bonne acceptabilité, notamment à Milan, tandis que les réactions sont plus mitigées à Rome
2.2 Les Pays-Bas ont mis en place une ZFE portuaire et s?orientent vers des zones à zéro émission pour la logistique
2.3 Au Royaume-Uni, grâce à une ZFE ambitieuse, Londres a ouvert la voie à des « zones d?air pur » dans l?ensemble du pays
2.4 En Allemagne, des « zones environnementales » existent depuis 2010, et plusieurs villes engagent une nouvelle étape plus contraignante
2.5 En Belgique, Bruxelles se distingue par une ZFE couvrant l?ensemble de la ville, qui évolue progressivement vers une zone à zéro émission
2.6 En Espagne, la réussite des ZFE de Madrid et Barcelone a conduit le gouvernement à prévoir la mise en place de ZFE dans les villes de plus de 50 000 habitants
2.7 Si chaque pays a sa propre histoire, un message commun se dégage
3 Les résultats montrent que les ZFE sont un outil efficace pour améliorer la qualité de l?air dans les villes
3.1 La mauvaise qualité de l?air a des effets néfastes sur la santé : statistiques et exemples concrets
3.2 Le parangonnage montre que les ZFE permettent d?améliorer la qualité de l?air
3.3 Une révision du dispositif Crit?air permettrait de mieux prendre en compte le niveau de performance des normes Euro
4 Les facteurs-clés de succès d?une ZFE, premiers fondement de l?acceptabilité
4.1 Annoncer à l?avance un calendrier pluriannuel d?évolution des normes minimales Euro donne de la visibilité
4.2 Avoir un niveau d?exigences en termes de normes Euro suffisant et réaliste : les exigences législatives françaises sont d?ores et déjà appliquées dans plusieurs ZFE européennes
4.3 Des dérogations adaptées apportent de la souplesse
4.4 Harmoniser les dispositifs pour plus d?efficacité : une tendance dans toute l?Europe
4.5 Se préparer à l?entrée en vigueur de règles européennes plus protectrices : la zone à zéro émission succédera-t-elle à la zone à faibles émissions ?
5 Pour que la ZFE soit acceptée, il est nécessaire de lever les obstacles à la mobilité pour les ménages et les entreprises
5.1 La ZFE doit s?inscrire dans un projet global de mobilité et d?aménagement urbain
5.2 Dans les pays du parangonnage, les États apportent des aides pour l?achat de véhicules électriques ou pour les solutions alternatives de mobilité
5.3 En l?absence d?alternative au véhicule individuel, lorsque le véhicule existant ne peut être remplacé, le rétrofit pourra offrir une très bonne solution, qui est aussi une opportunité industrielle
6 Malgré tous les dispositifs opérationnels, une ZFE ne pourra être acceptée que si elle est perçue comme utile et équitable et si elle est intégrée dans un récit plus large sur le futur du territoire
6.1 Un projet « co-construit » avec les acteurs et perçu comme utile sera mieux accepté : la consultation et l?information du public sont essentielles
6.2 L?acceptabilité du dispositif dépend du « sentiment d?équité » qu?il inspire
6.3 L?importance du récit et de la vision pour l?acceptation de la ZFE
Conclusion
Annexes
Annexe 1. Lettre de mission
Annexe 2. Liste des personnes rencontrées
Annexe 3. Glossaire des sigles et acronymes
Annexe 4. Vignette française Crit?air et norme Euro
Annexe 5. Allemagne
Annexe 6. Italie
Annexe 7. Belgique
Annexe 8. Espagne
Annexe 9. Royaume Uni
Annexe 10. Pays-Bas
Annexe 11. Comparaison entre les pays du parangonnage
Annexe 12. Aides financières
Annexe 13. Dérogations
Annexe 14. Bibliographie
INVALIDE)