Immobilier de l'État : une nouvelle architecture pour professionnaliser
BOUSSETON, Marie-Luce ;KISSELEFF, Igor ;MENANTEAU, Jean-Pierre ;LEFEVRE, Pascal ;BRAND, Thomas ;KERHUEL, Bruno ;GARBE, Matéo
Auteur moral
France. Conseil général de l'environnement et du développement durable
;France. Inspection générale des finances
Auteur secondaire
Résumé
<div style="text-align: justify;">La mission s'est attachée à cartographier les structures et organisations chargées du suivi et de la mise en oeuvre de la politique immobilière de l'État et à mesurer les progrès réalisés depuis le précédent rapport de l'IGF réalisé en 2015. Elle propose une cible organisationnelle de moyen terme, puis elle présente les chantiers à mener pour atteindre cette cible et structurer une fonction immobilière performante. La structuration de la politique immobilière de l'État s'est renforcée depuis 2016, mais elle reste marquée par l'hétérogénéité des organisations ministérielles, par la fragilité des administrations territoriales de l'État placées sous la responsabilité des préfets et par la fragmentation des outils et des compétences. Au niveau déconcentré, l'immobilier des administrations territoriales de l'État géré par les préfets est devenu le parent pauvre de la politique immobilière. À la lumière des transformations immobilières qu'elle a examinées, la mission estime nécessaire de constituer une entité opérationnelle dédiée, qui pourrait prendre la forme d'une agence. La mise en place de loyers versés par les administrations occupantes à la future agence permettrait de donner un signal-prix aux occupants. La mission a identifié quatre chantiers pour atteindre la cible à moyen terme : structurer une filière interministérielle des métiers de l'immobilier ; achever la complétude et la fiabilisation de la connaissance du parc immobilier de l'État afin d'objectiver les besoins budgétaires pluriannuels ; renforcer la gouvernance en donnant toute sa dimension à l'État propriétaire, incarné par la DIE ; franchir une nouvelle étape de la professionnalisation de la fonction immobilière, en mutualisant les ressources humaines et les compétences déjà existantes. Alors que la politique de cessions connaît un ralentissement, la politique immobilière de l'État doit désormais évoluer pour répondre au défi de la transition énergétique, au développement de nouvelles formes d'organisation des communautés de travail et aux nouveaux enjeux de services au public.</div>
Editeur
CGEDD
;IGF
Descripteur Urbamet
bien immobilier
;gestion
;politique foncière
;état
;collectivités territoriales
;finances publiques
Descripteur écoplanete
Thème
Administration publique
;Foncier - Propriété
Texte intégral
Inspection générale des
finances
Conseil général de l?environnement
et du développement durable
Immobilier de l?État : une nouvelle
architecture pour professionnaliser
AVRIL 2022
Jean-Pierre MENANTEAU
Pascal LEFÈVRE
Thomas BRAND
Bruno KERHUEL
Matéo GARBE
Marie-Luce BOUSSETON
Igor KISSELEFF
P
U
B
L
I É
PUBLIÉ
PREMIER MINISTRE
RAPPORT
IMMOBILIER DE L?ÉTAT :
UNE NOUVELLE ARCHITECTURE POUR PROFESSIONNALISER
Établi par
JEAN-PIERRE MENANTEAU
Inspecteur général des
finances
MARIE-LUCE BOUSSETON
Ingénieure générale des ponts,
des eaux et des forêts
PASCAL LEFÈVRE
Inspecteur des finances
IGOR KISSELEFF
Ingénieur général des ponts,
des eaux et des forêts
THOMAS BRAND
Inspecteur des finances
BRUNO KERHUEL
Inspecteur des finances
Avec la participation de
MATÉO GARBE
Inspecteur stagiaire des finances
- AVRIL 2022 -
CONSEIL GÉNÉRAL DE L?ENVIRONNEMENT
ET DU DÉVELOPPEMENT DURABLE
INSPECTION GÉNÉRALE DES
FINANCES
N° 2021-M-074-04 N° 014161-01
PUBLIÉ
PUBLIÉ
Rapport
- 1 -
SYNTHÈSE
La mission s?est attachée à cartographier les structures et organisations chargées du
suivi et de la mise en oeuvre de la politique immobilière de l?État et à mesurer les progrès
réalisés depuis le précédent rapport de l?IGF réalisé en 2015. Elle propose une cible
organisationnelle de moyen terme, puis elle présente les chantiers à mener pour
atteindre cette cible et structurer une fonction immobilière performante.
1. La structuration de la politique immobilière de l?État s?est renforcée depuis 2016,
mais elle reste marquée par l?hétérogénéité des organisations ministérielles, par la
fragilité des administrations territoriales de l?État placées sous la responsabilité des
préfets et par la fragmentation des outils et des compétences.
Le ministère des armées, qui pilote 32 % de l?immobilier possédé ou contrôlé par l?État, dispose
d?une fonction immobilière structurée et intégrée. Les ministères composés de directions à
réseau (intérieur, économie et finances, justice), qui gèrent 22,5 % de l?immobilier possédé ou
contrôlé par l?État, disposent pour leur part de ressources importantes dans leurs services
déconcentrés, que leur secrétariat général peine généralement à piloter.
Au niveau déconcentré, l?immobilier des administrations territoriales de l?État géré par
les préfets est pour sa part progressivement devenu le parent pauvre de la politique
immobilière. Malgré l?appui reconnu des missions régionales de la politique immobilière de
l?État (MRPIE), les préfets de région sont confrontés à la dispersion des structures chargées de
questions immobilières, à la raréfaction des compétences de maîtrise d?ouvrage et à la faiblesse
des budgets consacrés à l?entretien du parc immobilier de l?État.
2. Pour optimiser le parc et proposer un meilleur service aux occupants, les
transformations immobilières examinées par la mission, hors de la sphère État, se sont
appuyées sur la professionnalisation des métiers de l?immobilier et sur la mutualisation
des ressources au sein d?une structure autonome et robuste. La mission a réalisé un travail
de recherche documentaire portant sur l?Allemagne, le Royaume-Uni et l?Italie et elle a
également rencontré les responsables de six entreprises publiques et privées et de Pôle emploi.
Les transformations immobilières étudiées présentent des caractéristiques communes :
? au départ, la structuration d?une fonction immobilière répond à des motivations
financières et à des besoins opérationnels ; la mise en place de loyers réels ou fictifs
permet d?objectiver les charges et d?engager une démarche d?optimisation des coûts ;
? en pratique, la professionnalisation de la fonction immobilière passe par la création
d?une entité dédiée qui permet de mutualiser les ressources humaines disponibles et
surtout d?enclencher une stratégie de renforcement des compétences ;
? en matière de conduite du changement, la structuration d?une fonction immobilière
s?inscrit dans le temps long, elle requiert un portage politique fort et elle nécessite
un accompagnement humain soutenu.
3. À la lumière des transformations immobilières qu?elle a examinées, la mission estime
nécessaire de constituer une entité opérationnelle dédiée, qui pourrait prendre la
forme d?une agence, chargée de la gestion du propriétaire de l?ensemble de l?immobilier de
bureaux des ministères entendu au sens large (hors ministère des armées et biens situés à
l?étranger), soit environ 12 Mm², et de la valorisation du patrimoine foncier de l?État. La
constitution d?une telle entité opérationnelle permettrait d?atteindre une professionnalisation
de la fonction immobilière, en mutualisant l?ensemble des ressources humaines et des
compétences disponibles au sein de l?État. Dans cette nouvelle architecture, une direction
PUBLIÉ
Rapport
- 2 -
d?administration centrale serait chargée de définir les orientations stratégiques de la politique
immobilière de l?État, de porter les arbitrages interministériels et d?exercer la tutelle de la
future agence représentant l?État propriétaire.
La mise en place de loyers versés par les administrations occupantes à la future agence,
sous une forme différente des loyers budgétaires qui ont été mis en place puis
abandonnés, permettrait de donner un signal-prix aux occupants incitant à l?optimisation
du parc, à condition d?y associer une logique d?intéressement pour les gestionnaires. Toutefois,
elle ne constitue pas un préalable à toute transformation, mais plutôt un outil qui permettra de
renforcer l?efficacité des interventions de l?agence représentant l?État propriétaire, une fois que
celle-ci aura été mise en place et qu?elle aura démontré sa capacité à offrir un service de qualité
aux administrations occupantes.
4. La mission a identifié quatre chantiers pour atteindre la cible à moyen terme :
? structurer une filière interministérielle des métiers de l?immobilier, animée par la
direction de l?immobilier de l?État (DIE) qui serait chargée d?identifier les compétences
requises, de recenser les postes concernés et de proposer aux agents des parcours de
carrière attractifs au sein de l?État, y compris avec la mise en place d?une grille de
rémunération interministérielle adaptée ;
? achever la complétude et la fiabilisation de la connaissance du parc immobilier de
l?État afin d?objectiver les besoins budgétaires pluriannuels, en définissant des
outils de mesure de l?état de vétusté du parc immobilier de l?État et d?évaluation des
moyens budgétaires correspondants, partagés par l?ensemble des ministères et
intégrant les enjeux du décret tertiaire ;
? renforcer la gouvernance en donnant toute sa dimension à l?État propriétaire,
incarné par la DIE, ce qui implique trois évolutions structurantes :
? prévoir un avis conforme de la conférence nationale de l?immobilier public et non
plus seulement consultatif pour les projets immobiliers les plus structurants ;
? confier à la DIE la responsabilité de gérer l?ensemble des dépenses de l?État
propriétaire sur une mission budgétaire dédiée, afin de donner davantage de
lisibilité aux modalités de financement de la politique immobilière de l?État et de
préparer la mise en oeuvre du décret tertiaire ;
? ériger en conséquence la DIE en direction autonome, placée directement sous
l?autorité du ministre chargé des finances ;
? franchir une nouvelle étape de la professionnalisation de la fonction immobilière,
en mutualisant les ressources humaines et les compétences déjà existantes :
? la constitution d?une agence de la maîtrise d?ouvrage publique, rassemblant les
effectifs des trois agences ministérielles existantes ainsi que les services
immobiliers déconcentrés du ministère de l?intérieur (SGAMI) et des ministères
économiques et financiers (SIEP-BIMO), permettrait de prendre en charge les
opérations des administrations territoriales de l?État ; les antennes immobilières
du secrétariat général du ministère de la justice et les services immobiliers des
rectorats seraient également amenés à la rejoindre ;
? la mise en place d?un réseau régional de la DIE permettrait de consolider les
moyens existants au niveau déconcentré afin d?assurer la gestion du propriétaire
et de proposer une stratégie de valorisation plus efficace ; ce réseau régional, placé
sous l?autorité fonctionnelle des préfets de région, conforterait leur pouvoir de
contrôle et leur permettrait d?exercer pleinement leurs prérogatives immobilières.
Alors que la politique de cessions connaît un ralentissement, la politique immobilière
de l?État doit désormais évoluer pour répondre au défi de la transition énergétique, au
développement de nouvelles formes d?organisation des communautés de travail et aux
nouveaux enjeux de services au public.
PUBLIÉ
Rapport
- 3 -
Tableau 1 : liste des principales propositions
N° Propositions
Responsable de la
mise en oeuvre
Cible à moyen terme
1
Confier la mission de représenter l?État propriétaire et d?accompagner les occupants
publics sur l?ensemble de la chaine des besoins immobiliers à une entité publique
opérationnelle dédiée, placée sous la tutelle de la DIE et dotée d?antennes
régionales. Cette agence, bras armé opérationnel de la politique immobilière de l?État,
assurerait la gestion du propriétaire, la conduite de projet et la valorisation du
patrimoine foncier et de l?immobilier de bureaux de l?ensemble des ministères
(hors ministère des armées et biens situés à l?étranger) et, selon des règles à définir,
celles des opérateurs de l?État, et elle apporterait son expertise en matière de
maîtrise d?ouvrage pour l?ensemble du parc immobilier de l?État. Elle serait soit
affectataire, soit propriétaire des biens dont elle assurerait la gestion.
Premier ministre et
ministre chargé des
finances
2
Renforcer une direction de l?immobilier de l?État, directement placée sous l?autorité
du ministre chargé des finances, qui serait tout à la fois une direction de stratégie
pour l?ensemble du patrimoine immobilier de l?État et une direction immobilière
sur le patrimoine de bureaux. Elle serait chargée de définir les orientations
stratégiques de la politique immobilière de l?État, de porter les
arbitrages interministériels et d?assurer la tutelle de la future agence
représentant l?État propriétaire.
Premier ministre et
ministre chargé des
finances
3
Mettre en place des loyers versés par les administrations occupantes à l?agence
représentant l?État propriétaire, qui financeraient les dépenses du propriétaire, en
prévoyant un dispositif financier incitatif pour les administrations qui rationalisent
leur organisation immobilière.
Premier ministre et
ministre chargé des
finances
Chantiers à lancer pour atteindre la cible à moyen terme
4
Structurer une filière interministérielle portant sur les différents métiers de
l?immobilier, animée par la direction de l?immobilier de l?État, qui serait chargée
d?identifier les compétences requises, de recenser les postes concernés et de proposer
aux agents des parcours de carrière attractifs au sein de l?État, y compris avec la mise
en place d?une grille de rémunération interministérielle adaptée.
Direction de
l?immobilier de
l?État
5
Afin d?objectiver les discussions budgétaires, définir des outils de mesure de l?état de
vétusté du parc immobilier de l?État et d?évaluation des moyens budgétaires
correspondants, partagés par l?ensemble des ministères et intégrant les enjeux du
décret tertiaire.
Direction de
l?immobilier de
l?État et direction du
budget
6
Recentrer le rôle de la conférence nationale de l?immobilier public (CNIP) en prévoyant
un avis conforme et non plus seulement consultatif pour les projets immobiliers
les plus structurants, et en renonçant à labelliser les projets à faible enjeu. Au niveau
régional, permettre aux acteurs locaux de développer des processus de labellisation
simplifiés et réactifs.
Direction de
l?immobilier de
l?État
7
Créer une nouvelle mission budgétaire qui rassemblerait, sur un premier
programme, l?ensemble des crédits dédiés au gros entretien renouvellement (GER) du
parc immobilier de l?État et, sur un second programme, les crédits dédiés aux nouveaux
projets.
Direction du budget
8
Ériger la direction de l?immobilier de l?État en direction autonome, placée
directement sous l?autorité du ministre chargé des finances, et conclure une
convention de services avec la direction générale des finances publiques, notamment
en matière de ressources humaines et de systèmes d?information.
Ministre chargé des
finances
9
Créer une agence de la maîtrise d?ouvrage qui rassemblerait par étapes les effectifs
des trois agences ministérielles existantes ainsi que les effectifs des services
déconcentrés chargés de piloter la maîtrise d?ouvrage et la gestion technique du
patrimoine au niveau territorial (SIEP-BIMO, directions immobilières des SGAMI,
antennes immobilières du secrétariat général du ministère de la justice, services
immobiliers des rectorats), et qui aurait vocation à intégrer à terme la future agence
représentant l?État propriétaire.
Premier ministre
10
Doter la direction de l?immobilier de l?État d?un réseau régional placé sous l?autorité
fonctionnelle des préfets de région, qui rassemblerait les effectifs des missions
régionales de la politique immobilière de l?État, des pôles de gestion domaniale et des
services locaux des domaines.
Ministre chargé des
finances
PUBLIÉ
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SOMMAIRE
INTRODUCTION ................................................................................................................................... 1
1. LA STRUCTURATION DE LA POLITIQUE IMMOBILIÈRE DE L?ÉTAT S?EST
RENFORCÉE DEPUIS 2016, MAIS ELLE RESTE MARQUÉE PAR L?HÉTÉROGÉNÉITÉ
DES ORGANISATIONS MINISTÉRIELLES, PAR LA FRAGILITÉ DES
ADMINISTRATIONS TERRITORIALES DE L?ÉTAT PLACÉES SOUS LA
RESPONSABILITÉ DES PRÉFETS ET PAR LA FRAGMENTATION DES OUTILS ET
DES COMPÉTENCES .................................................................................................................... 2
1.1. Les recommandations formulées en 2015 par l?Inspection générale des finances
ont été partiellement mises en oeuvre .....................................................................................2
1.1.1. La création de la direction de l?immobilier de l?État en 2016 a permis de
simplifier la gouvernance de la politique immobilière de l?État et d?affirmer
une logique davantage interministérielle .................................................................... 2
1.1.2. Plusieurs évolutions structurantes n?ont toutefois pas été mises en oeuvre,
tandis que l?espérance initialement placée dans les loyers budgétaires a été
déçue .............................................................................................................................................. 3
1.1.3. La période a été marquée par la mise en oeuvre de deux plans
d?investissement massifs destinés à répondre au retard pris en matière
d?entretien des bâtiments de l?État, qui ont aussi permis quelques avancées
dans la gouvernance de la politique immobilière de l?État .................................. 6
1.2. Les ministères ont organisé leur gestion immobilière pour répondre à des
besoins opérationnels propres, mais présentent un niveau de maturité variable
en ce qui concerne l?entretien, l?exploitation et la valorisation des actifs qu?ils
occupent ...............................................................................................................................................8
1.2.1. Les organisations ministérielles sont hétérogènes et reflètent des degrés de
maturité variables sur la gestion de leur patrimoine immobilier et de celui
des opérateurs ........................................................................................................................... 8
1.2.2. Les ministères sont confrontés à des difficultés de recrutement et au
manque de compétences en matière de gestion de patrimoine, de
valorisation et de conduite de projets immobiliers .............................................. 12
1.2.3. Les échanges entre les ministères et la direction de l?immobilier de l?État
restent limités et formels, dans un contexte où la stratégie de cession mise
en oeuvre depuis 2005 fait progressivement place à une stratégie de
valorisation.............................................................................................................................. 13
1.3. L?immobilier des administrations territoriales de l?État géré par les préfets est
pour sa part devenu le parent pauvre de la politique immobilière ......................... 14
1.3.1. Les services territoriaux du ministère de la transition écologique se sont
progressivement désengagés de la conduite des projets immobiliers
complexes, laissant un vide qui n?a pas été comblé .............................................. 14
1.3.2. Les missions régionales de la politique immobilière de l?État apportent un
appui reconnu aux préfectures de région, mais elles disposent de peu de
compétences et de ressources en matière d?ingénierie bâtimentaire .......... 15
1.3.3. Les préfets de région sont confrontés à la dispersion des structures, à la
raréfaction des compétences et à la faiblesse des budgets dédiés à
l?immobilier ............................................................................................................................. 16
1.3.4. Le compte d?affectation spéciale est à bout de souffle et ne permet plus de
répondre aux besoins des préfectures de région pour l?entretien des
bâtiments de l?État ............................................................................................................... 17
PUBLIÉ
1.3.5. L?expérimentation AGILE est une réponse de court terme aux difficultés
structurelles rencontrées pour l?exploitation et la maintenance des sites
multi-occupants ..................................................................................................................... 19
2. POUR OPTIMISER LE PARC ET PROPOSER UN MEILLEUR SERVICE AUX
OCCUPANTS, LES TRANSFORMATIONS IMMOBILIÈRES EXAMINÉES PAR LA
MISSION, HORS ÉTAT, SE SONT APPUYÉES SUR LA PROFESSIONNALISATION DES
MÉTIERS DE L?IMMOBILIER ET SUR LA MUTUALISATION DES RESSOURCES AU
SEIN D?UNE STRUCTURE AUTONOME ET ROBUSTE .................................................... 20
2.1. Les transformations immobilières mises en oeuvre en Allemagne,
au Royaume-Uni et en Italie se sont appuyées sur la mise en place d?une structure
de gestion immobilière mutualisée sur un périmètre large, ce qui a permis
d?optimiser le parc et de proposer un meilleur service aux occupants .................. 20
2.1.1. L?Allemagne a fait le choix de centraliser la gestion de la quasi-totalité de
son immobilier fédéral, avec le transfert des actifs correspondants ............ 20
2.1.2. Le Royaume-Uni confie progressivement la propriété et la gestion de
l?immobilier tertiaire à une foncière............................................................................ 21
2.1.3. En Italie, une agence nationale a pour mission de réduire la dispersion des
acteurs de la politique immobilière par un pilotage et un contrôle exigeants,
sans le transfert des actifs correspondants .............................................................. 22
2.1.4. La plupart des pays européens se sont engagés dans une démarche de
structuration de leur fonction immobilière .............................................................. 23
2.2. La consolidation d?une fonction immobilière a également été observée dans un
échantillon de sept grandes entreprises publiques et privées, dans un contexte
de tension sur les ressources humaines .............................................................................. 24
3. LA MISE EN OEUVRE D?UNE TRANSFORMATION AMBITIEUSE SUPPOSE UN
ARBITRAGE RAPIDE SUR L?ORGANISATION À MOYEN TERME DE LA FONCTION
IMMOBILIÈRE AU SEIN DE L?ÉTAT .................................................................................... 25
3.1. Les défis à venir supposent une action rapide .................................................................. 25
3.2. À terme, la gestion du propriétaire et la valorisation du patrimoine foncier et de
l?immobilier de bureau gagneraient à être confiées à une agence représentant
l?État propriétaire ......................................................................................................................... 26
3.3. La mise en place de loyers versés par les administrations occupantes à la future
agence permettrait de donner un signal-prix aux occupants incitant à
l?optimisation et à la valorisation du parc, à condition d?y associer une logique
d?intéressement pour les gestionnaires ............................................................................... 28
3.4. La transformation recommandée ne peut techniquement que s?inscrire dans une
trajectoire pluriannuelle, et nécessite un appui politique important et
prolongé ............................................................................................................................................ 29
4. LA CONSTITUTION D?UNE FONCTION IMMOBILIÈRE PERFORMANTE
IMPLIQUERAIT DE RÉUSSIR QUATRE CHANTIERS ...................................................... 30
4.1. Structurer une filière interministérielle des métiers de l?immobilier..................... 30
4.1.1. Sur le plan des compétences, la fonction immobilière présente des défis de
transformation qui s?apparentent à ceux du numérique et des achats au sein
de l?État ..................................................................................................................................... 30
4.1.2. La direction de l?immobilier de l?État pourrait construire et animer une
filière immobilière pour proposer des parcours attractifs au sein de
l?État ........................................................................................................................................... 31
PUBLIÉ
4.1.3. Les écoles du ministère de la transition écologique pourraient être
davantage mobilisées pour proposer des formations aux agents de la filière
immobilière ............................................................................................................................. 32
4.2. Achever la complétude et la fiabilisation de la connaissance du parc immobilier
de l?État afin d?objectiver les besoins pluriannuels ........................................................ 33
4.2.1. Les données dont dispose la direction de l?immobilier de l?État restent
lacunaires et insuffisamment fiables ........................................................................... 33
4.2.2. Le développement du système d?information de l?immobilier de l?État n?a
pas permis de pallier le manque de qualité des données brutes ..................... 34
4.2.3. Le développement d?outils de mesure de l?état patrimonial des bâtiments et
d?indicateurs physico-financiers partagés par l?ensemble des ministères est
indispensable pour poursuivre la valorisation du foncier public et la
rationalisation du parc immobilier de l?État ........................................................... 35
4.3. Renforcer la gouvernance en donnant toute sa dimension à l?État propriétaire,
incarné par la direction de l?immobilier de l?État ............................................................ 36
4.3.1. La stratégie immobilière de l?État pourrait utilement être enrichie afin de
tenir compte du ralentissement de la politique de cessions et des principaux
enjeux actuels ......................................................................................................................... 36
4.3.2. Il serait précieux que la direction de l?immobilier de l?État pilote et anime
davantage le réseau interministériel des directions immobilières et le
réseau des responsables régionaux, et leur apporte son expertise technique
et juridique............................................................................................................................... 37
4.3.3. Il serait de bonne gouvernance d?attribuer à la direction de l?immobilier de
l?État un pouvoir d?avis conforme aux projets immobiliers les plus
structurants et d?alléger son contrôle sur les projets à faible enjeu ............. 38
4.3.4. Il serait judicieux de permettre à la direction de l?immobilier de l?État de
gérer l?ensemble des dépenses de l?État propriétaire afin de donner
davantage de lisibilité aux modalités de financement de la politique
immobilière de l?État et de préparer la mise en oeuvre du décret
tertiaire ..................................................................................................................................... 39
4.3.5. Le positionnement et la légitimité institutionnelle de la direction de
l?immobilier de l?État, de même que sa capacité à recruter des profils
adaptés, seraient renforcés si elle était autonome et placée directement
sous l?autorité du ministre chargé des finances ..................................................... 42
4.4. Franchir une nouvelle étape de la professionnalisation de la fonction immobilière
en mutualisant les ressources humaines et les compétences spécialisées déjà
existantes .......................................................................................................................................... 42
4.4.1. La constitution d?une agence de la maîtrise d?ouvrage publique permettrait
de professionnaliser la fonction immobilière et de prendre en charge les
opérations des administrations territoriales de l?État ........................................ 42
4.4.2. La mise en place d?un réseau régional de la direction de l?immobilier de
l?État permettrait de consolider les moyens déjà existants au niveau
déconcentré afin d?assurer la gestion du propriétaire et de proposer une
stratégie de valorisation plus efficace ........................................................................ 44
4.4.3. À terme, l?agence de la maîtrise d?ouvrage et le réseau régional de la
direction de l?immobilier de l?État pourraient être fusionnés afin de
constituer la future agence représentant l?État propriétaire, chargée
d?accompagner les ministères dans la gestion de leur immobilier ................ 45
CONCLUSION ...................................................................................................................................... 46
LISTE DES PROPOSITIONS????????????????????????????????. 47
PUBLIÉ
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Rapport
- 1 -
INTRODUCTION
Par lettre en date du 10 novembre 2021, le Premier ministre a demandé à l?Inspection générale
des finances (IGF) et au Conseil général de l?environnement et du développement
durable (CGEDD) de diligenter une mission relative à la politique immobilière de l?État (PIE),
avec trois objectifs :
? réaliser l?inventaire, au sein de l?administration centrale et déconcentrée de l?État,
des structures et organisations chargées du suivi et de la mise en oeuvre de la PIE,
en portant une appréciation sur les organisations, les effectifs et la typologie et le volume
d?activité de ces structures ;
? analyser les mutualisations déjà opérantes, entre ministères ou entre territoires,
pour contribuer à une meilleure répartition des charges entre structures et
analyser toutes les possibilités de mutualisation des moyens existants en formulant, au
besoin, des modalités de réduction des obstacles entravant ces mutualisations ;
? formuler des propositions d?évolution de la gouvernance de la PIE afin de
renforcer les compétences disponibles tant en matière de maîtrise d?ouvrage que de
pilotage de l?entretien-maintenance et de conduite des opérations.
La mission s?est attachée à cartographier les structures et organisations chargées du
suivi et de la mise en oeuvre de la PIE et à mesurer les progrès réalisés depuis le
précédent rapport de l?IGF réalisé en 2015. Elle s?est également intéressée aux
transformations mises en oeuvre par les pays voisins de la France et par de grandes
entreprises publiques ou privées, afin de proposer une cible organisationnelle de
moyen terme, puis elle a étudié les chantiers à mener prioritairement pour atteindre
cette cible et structurer une fonction immobilière performante.
La mission ne s?est en revanche pas prononcée sur les résultats atteints par la nouvelle agence
pour la gestion de l?immobilier de l?État (AGILE) compte tenu du caractère récent de
l?expérimentation correspondante, qui a été lancée il y a seulement un an.
La mission a rencontré 240 personnes dont 85 au sein de l?administration
déconcentrée de l?État. Elle a notamment rencontré la direction de l?immobilier de l?État, les
services de la direction générale des finances publiques, la direction du budget, ainsi que
les secrétariats généraux des ministères et quinze préfectures de région auxquels elle a
également transmis un questionnaire. Pour ses travaux de parangonnage, elle a
rencontré les responsables de six entreprises publiques et privées et de Pôle emploi. La
mission a également réalisé trois déplacements à Lyon, pour étudier le projet de
construction d?une nouvelle cité administrative, à Rennes, pour rencontrer les agents de
la direction régionale des finances publiques, et à Nanterre, pour visiter le centre
administratif départemental.
PUBLIÉ
Rapport
- 2 -
1. La structuration de la politique immobilière de l?État s?est renforcée
depuis 2016, mais elle reste marquée par l?hétérogénéité des
organisations ministérielles, par la fragilité des administrations
territoriales de l?État placées sous la responsabilité des préfets et par
la fragmentation des outils et des compétences
1.1. Les recommandations formulées en 2015 pa r l?Inspection générale des
finances ont été partiellement mises en oeuvre
1.1.1. La création de la direction de l?immobilier de l?État en 2016 a permis de
simplifier la gouvernance de la politique immobilière de l?État et d?affirmer une
logique davantage interministérielle
En 2015, l?IGF relevait le caractère « multiple et fragmenté » de la gouvernance de la PIE et
recommandait de « renforcer l?État propriétaire en lui assurant un positionnement central au
sein d?une gouvernance simplifiée de la PIE et en l?incarnant réellement au travers de la création
d?une direction de l?immobilier de l?État (sur la base du service France Domaine) »1.
La direction de l?immobilier de l?État (DIE) s?est substituée au service France Domaine
de la direction générale des finances publiques (DGFiP) en septembre 2016. Son décret
institutif2 lui attribue deux missions principales :
? elle définit et s?assure de la mise en oeuvre de la PIE et de ses opérateurs et est chargée
de sa gouvernance ;
? elle élabore la législation et la réglementation domaniales et veille à la mise en oeuvre
des missions de gestion et d?évaluation domaniales.
La DIE a notamment été chargée du pilotage de la conférence nationale de l?immobilier
public (CNIP), qui s?est substituée aux nombreux comités nationaux préexistants.
Depuis la création de la DIE, la gouvernance de la PIE est désormais structurée autour
de la CNIP, instance consultative placée auprès du ministre chargé du domaine, qui fixe
le cadre interministériel et arrête les orientations de la PIE. Conformément à la circulaire
du Premier ministre du 27 avril 2016 relative à la gouvernance de la PIE, sa création a conduit
à la suppression de cinq instances préexistantes, notamment les comités de la politique
immobilière (CPI) ministériels, afin de permettre la mise en place d?une gouvernance nationale
unifiée sous le pilotage de la DIE :
? au niveau national, la CNIP se décline en une formation stratégique présidée par le
ministre chargé du domaine, qui se réunit une ou deux fois par an, et en une formation
opérationnelle présidée par le directeur de l?immobilier de l?État, qui se réunit plus
fréquemment (23 fois en 2021) ;
? au niveau local, des conférences régionales de l?immobilier public (CRIP) et des
conférences départementales de l?immobilier public (CDIP) sont présidées
respectivement par le préfet de région et par le préfet de département.
La mise en place de la CNIP a contribué à la rationalisation du paysage administratif, en
permettant au ministre chargé du domaine de s?appuyer sur une instance consultative à
1 IGF, « Rénovation du cadre institutionnel et modernisation des outils de la politique immobilière de l?État », 2015.
2 Décret n° 2016-1234 du 19 septembre 2016 modifiant le décret n° 2008-310 du 3 avril 2008 relatif à la direction
générale des finances publique et portant création d?une direction de l?immobilier de l?État.
PUBLIÉ
Rapport
- 3 -
vocation interministérielle pilotée par la DIE. La CNIP est ainsi devenue le principal vecteur de
transversalité et d?harmonisation interministérielle de la PIE, même si, au niveau local,
les CRIP peinent à s?imposer comme des lieux d?échanges et de prises de décisions.
Les opérations immobilières de l?État à l?étranger sont pour leur part examinées par la
commission interministérielle pour l?étranger (CIME), organe consultatif créé en 19593
placé auprès du ministre chargé des affaires étrangères et qui n?a pas été intégré dans le
périmètre des CNIP. Cette instance interministérielle, à laquelle participe la DIE, est chargée
d?émettre un avis sur les opérations réalisées à l?étranger et elle offre un cadre interministériel
à la concertation sur la gestion des opérations immobilières de l?État à l?étranger. Selon le
ministère chargé des affaires étrangères4, le parc immobilier à l?étranger représente
1 878 bâtiments répartis dans 169 pays, pour une superficie de 1,6 Mm².
Sur le plan budgétaire, des conférences immobilières sont organisées chaque année par
la DIE et par la direction du budget. Depuis 2018, ces conférences permettent d?aborder
avec les responsables immobiliers de chaque ministère les principaux projets immobiliers de
l?État et de ses établissements dans un cadre pluriannuel et de poursuivre une réflexion sur
l?enjeu immobilier. La direction du budget souligne qu?elles ont permis « de documenter une
programmation budgétaire en matière immobilière, qui s?insère dans le cadre pluriannuel
approuvé par le Parlement lors du vote de la LPFP 2018-2022 et d?aborder la problématique
globale de la transition écologique »5.
Par ailleurs, le Conseil de l?immobilier de l?État (CIE), institué en 2006, est une instance
consultative placée auprès du ministre chargé du domaine, composée de
parlementaires et de professionnels de l?immobilier. Le CIE suit et évalue l?avancement de
la démarche de modernisation, l?évolution du parc immobilier de l?État et de ses opérateurs,
notamment les projets immobiliers importants afin de vérifier leur conformité avec les
orientations stratégiques de la PIE. Le CIE constitue une instance experte et indépendante qui
n?hésite pas à rendre des avis tranchés et critiques sur la mise en oeuvre de la PIE.
La stratégie immobilière de l?État se décline soit en schémas pluriannuels de stratégie
immobilière (SPSI), pour les administrations centrales et les opérateurs de l?État, soit
en schémas directeurs immobiliers régionaux (SDIR), pour le périmètre des services
déconcentrés de l?État en région. Ces outils de programmation ont eu un effet mobilisateur
positif mais leur exhaustivité et leur qualité dépendent du niveau de maturité des ministères
et des préfectures de région, et leur exécution est insuffisamment suivie dans le temps. Le
champ des SDIR, limité au parc immobilier de bureaux des administrations territoriales
de l?État, apparaît aujourd?hui trop réduit pour couvrir le potentiel de mutualisation qui
existe au niveau régional, notamment au regard des implantations des principaux opérateurs
à réseau. Par exemple, les agences régionales de santé et les antennes de Pôle emploi ne sont
pas intégrées dans le champ des SDIR.
1.1.2. Plusieurs évolutions structurantes n?ont toutefois pas été mises en oeuvre, tandis
que l?espérance initialement placée dans les loyers budgétaires a été déçue
En 2015, le rapport de l?IGF formulait six recommandations structurantes qui n?ont pas
été mises en oeuvre ou bien seulement partiellement (cf. tableau 2). En particulier :
? les moyens budgétaires de l?État propriétaire, retracés sur une base déclarative au
sein du document de politique transversal (DPT) publié annuellement, n?ont
3 Décret du 17 avril 1959 créant une commission interministérielle chargée d?émettre un avis sur les opérations
concernant les biens immobiliers de l?État.
4 Cf. schéma directeur immobilier pluriannuel pour l?étranger 2021-2025.
5 Cf. circulaire du 4 février 2022 relative à l?organisation des conférences immobilières 2022.
PUBLIÉ
Rapport
- 4 -
connu aucun mouvement d?unification ; ils restent dispersés au sein
de 61 programmes budgétaires « concourant à la politique transversale » ; le
programme 309, qui concentrait les crédits dédiés à l?entretien lourd du propriétaire, a
été supprimé en LFI 2017 tandis que les loyers budgétaires ont été supprimés
en LFI 2019 (pour les ministères civils) et en LFI 2020 (pour le ministère des armées) ;
? aucune entité de valorisation à vocation interministérielle n?a été constituée afin
d?assurer la cession de biens considérés comme complexes ; la préfiguration d?une
agence pour la gestion de l?immobilier de l?État (AGILE), initiée en mars 2021 et axée sur
la gestion des cités administratives, est encore trop récente pour qu?il soit possible de se
prononcer sur les résultats atteints ;
? la DIE a été créée en 2016, mais elle reste rattachée à la direction générale des
finances publiques (DGFiP) et elle ne dispose pas d?un réseau régional dédié
puisque les missions régionales de la PIE (MRPIE), les pôles de gestion domaniale (PGD)
et les services locaux des domaines (SLD) restent rattachés aux directions régionales et
départementales des finances publiques (DRFiP et DDFiP), et fonctionnent de surcroît
comme des entités fractionnées sans regroupement sous un management dédié à la mise
en oeuvre de la PIE ; par ailleurs, l?organigramme de la DIE s?est inscrit dans la continuité
de celui de France Domaine, et la recommandation formulée par l?IGF d?y créer une sous-
direction financière de la PIE n?a pas été mise en oeuvre.
Tableau 2 : suivi des principales recommandations formulées par l?IGF en 2015
Principales recommandations formulées en 2015 Degré de mise en oeuvre
Lancer un chantier de fiabilisation des données relatives aux
surfaces et à l?état bâtimentaire, accompagné, en parallèle, de
travaux permettant de disposer d?une meilleure visibilité sur les
coûts et les dépenses afférentes à l?immobilier, y compris pour
les « opérateurs ».
Mise en oeuvre partielle. Les travaux de
fiabilisation des données relatives aux surfaces
et à l?état bâtimentaire ont été poursuivis mais
la DIE ne dispose toujours pas d?un référentiel
de coûts pour les dépenses afférentes à
l?immobilier.
Renforcer le rôle de l?État propriétaire en lui confiant les
prérogatives relatives à l?opportunité des cessions, afin de lui
permettre de procéder à une véritable gestion d?actifs (qui
consiste à assurer le suivi commercial, administratif et financier
d?un portefeuille immobilier).
Mise en oeuvre partielle. La DIE a mis en place
une procédure de labellisation qui lui permet de
donner un avis consultatif sur les projets
immobiliers portés par les ministères ou par les
préfectures de région.
Préserver davantage les intérêts patrimoniaux de l?État dans le
cadre des cessions au profit des collectivités territoriales et
mieux encadrer l?exercice de certaines de leurs pratiques en
matière d?urbanisme.
Mise en oeuvre limitée. Les pratiques de
« pastillage » des collectivités locales n?ont pas
évolué.
Assurer un financement de la PIE dans le cadre d?une gestion
pluriannuelle lui permettant d?arbitrer entre les contraintes
liées aux besoins des occupants et les intérêts patrimoniaux de
l?État, en unifiant les moyens budgétaires de l?État propriétaire
en créant un budget annexe, dont les recettes seraient
notamment constituées par les produits de cessions, les loyers
budgétaires et les crédits actuellement dédiés à l?entretien lourd
du propriétaire (programme 309), dans l?attente de
l?identification des autres crédits, aujourd?hui inscrits dans les
programmes ministériels, utilisés pour des opérations
d?entretien lourd relevant en théorie du propriétaire. Cette
création implique de mettre fin au droit de retour des ministères
sur les produits de cession et de transférer au futur budget
annexe les crédits actuellement inscrits dans le compte
d?affectation spéciale (CAS).
Absence de mise en oeuvre, voire régression.
Les outils budgétaires n?ont pas évolué depuis la
création du CAS en 2006, avec une dispersion
des moyens budgétaires au sein
de 47 programmes budgétaires différents. Les
loyers budgétaires et le programme 309 ont été
supprimés.
Développer une capacité de valorisation patrimoniale, en
transformant la mission de réalisation des actifs
immobiliers (MRAI) du ministère de la défense en une entité de
valorisation à vocation interministérielle, permettant d?assurer
la cession des biens considérés comme complexes.
Absence de mise en oeuvre. La préfiguration
d?une agence pour la gestion de l?immobilier de
l?État (AGILE), initiée en mars 2021, axée sur la
gestion des cités administratives, est encore
trop récente pour qu?il soit possible de se
prononcer sur les résultats atteints.
Renforcer l?État propriétaire en lui assurant un positionnement
central au sein d?une gouvernance simplifiée de la PIE et en
Mise en oeuvre partielle. La direction de
l?immobilier de l?État a été créée en 2016, mais
PUBLIÉ
Rapport
- 5 -
Principales recommandations formulées en 2015 Degré de mise en oeuvre
l?incarnant réellement au travers de la création d?une direction
de l?immobilier de l?État (sur la base de l?actuel service France
Domaine), distincte de la direction générale des finances
publiques (DGFiP), rattachée directement au ministre des
finances, et dotée d?un réseau qui serait constitué autour des
actuels responsables régionaux de la politique
immobilière (RRPIE) et, dans un premier temps, par transfert
d?une partie des effectifs exerçant les missions de gestion
domaniale au sein des services locaux du domaine. Ces
directions régionales relèveraient du ministre des finances et
seraient placées sous l?autorité du préfet de région. Les missions
d?évaluation domaniale seraient en revanche toujours assurées
par les services de la DGFiP.
elle est restée rattachée à la DGFiP et elle ne
dispose pas d?un réseau régional dédié.
Source : IGF, « Rénovation du cadre institutionnel et modernisation des outils de la politique immobilière de l?État »,
novembre 2015 (colonne de gauche), mission (colonne de droite).
Alors que l?affirmation de l?État propriétaire avait permis d?accompagner la
structuration de la PIE depuis 2006, la suppression du mécanisme des loyers
budgétaires a constitué une régression. Depuis le 1er janvier 2010, ces loyers fictifs versés
par les administrations pour l?occupation de locaux appartenant à l?État avaient pour objet de
matérialiser la distinction entre l?État propriétaire et les administrations occupantes et
permettaient de valoriser le coût des choix immobiliers faits par les administrations en mettant
fin à une gratuité apparente, tout en incitant ces dernières à rationaliser le parc qu?elles
occupaient. Leur suppression a fait l?objet d?un commentaire lapidaire en PLF 2019 : « dans le
cadre de la nouvelle politique immobilière de l?État, le dispositif des loyers budgétaires des
ministères civils fait l?objet d?une évolution : l?information sur la valeur économique des biens
immobiliers de l?État occupés sera désormais traitée dans le cadre d?instruments non
budgétaires ».
La suppression des loyers budgétaires peut être expliquée par les raisons suivantes :
? de nombreuses stratégies d?évitement de la part des ministères qui se seraient davantage
approprié l?outil si les caractéristiques des bâtiments (notamment la surface), qui ont
servi de base pour le calcul des loyers, avaient été mieux connues ; par ailleurs,
l?application des loyers en zone détendue a suscité des incompréhensions ;
? les coûts de gestion induits par les loyers budgétaires ;
? l?absence de leur caractère incitatif, ce qui est corroboré par un récent avis du CIE qui
indique qu? « en l?absence d?activation des mécanismes incitatifs prévus initialement, la
méthode employée s?est révélée inefficace et coûteuse » (cf. encadré 1).
Encadré 1 : une séparation des rôles d?occupants et de propriétaire en mal de traduction
budgétaire
Les bénéfices attendus de [la séparation des rôles d?occupants et de propriétaire] sont simples :
? une responsabilisation de l?occupant sur le bon usage des locaux occupés et sur la juste adéquation
entre les moyens mobilisés et les besoins des missions de service public qui lui sont confiées ;
? une responsabilisation du propriétaire sur la constitution d?un parc immobilier répondant aux besoins
des services et sur une valorisation optimale des biens qui lui sont confiés.
Les intérêts des deux acteurs étant susceptibles de diverger, la séparation des fonctions permet d?opérer des
choix stratégiques en tenant compte de leurs points de vue respectifs.
Or, faute d?imputation réelle du coût immobilier, la distinction entre État propriétaire et État occupant
semble, à ce stade, vouée à n?être qu?une construction théorique.
La traduction budgétaire du principe de non-gratuité de l?occupation des biens domaniaux doit constituer
le coeur des réflexions engagées en vue d?une refonte des instruments budgétaires de la politique
immobilière.
PUBLIÉ
Rapport
- 6 -
La réforme des loyers budgétaires n?a été que partiellement mise en oeuvre. En l?absence d?activation des
mécanismes incitatifs prévus initialement, la méthode employée s?est révélée inefficace et coûteuse. Son
remplacement suppose un dispositif d?une autre nature qu?un simple jeu d?écriture comptable qui n?a
d?impact réel ni sur les décisions des gestionnaires, ni sur le financement de la PIE.
Source : CIE, avis n° 2021-08 sur le compte d?affectation spéciale « gestion du patrimoine immobilier de l?État »
(CAS-GPIE) 2021, mars 2021.
1.1.3. La période a été marquée par la mise en oeuvre de deux plans d?investissement
massifs destinés à répondre au retard pris en matière d?entretien des bâtiments
de l?État, qui ont aussi permis quelques avancées dans la gouvernance de la
politique immobilière de l?État
Depuis 2016, outre les plans d?investissement immobilier qui ont accompagné les deux
lois de programmation pluriannuelle relatives au ministère des armées6 et au ministère
de la justice7, les moyens budgétaires consacrés à l?immobilier ont connu un fort
accroissement sous l?effet de deux plans nationaux de grande ampleur (cf. graphique 1).
Graphique 1 : évolution des dépenses immobilières sur la période 2015-2022 (AE, en Md¤)
Note : Les données 2021 et 2022 correspondent aux prévisions établies au stade du PLF 2022.
Source : Mission, à partir des DPT successifs (engagements en AE).
1.1.3.1. Programme de rénovation des cités administratives (programme 348)
Le programme de rénovation des cités administratives a été doté de 1 Md¤ sur cinq ans
dans le cadre du grand plan d?investissement (GPI) afin de permettre la rénovation
globale de 39 cités administratives représentant 600 000 m² de surface utile
brute (SUB). Les cités administratives et, plus généralement, les sites multi-occupants
représentent en effet une part significative du parc immobilier occupé par les services de l?État
et ses opérateurs.
6 Loi n° 2018-607 du 13 juillet 2018 relative à la programmation militaire pour les années 2019 à 2025 et portant
diverses dispositions intéressant la défense.
7 Loi n° 2019-222 du 23 mars 2019 de programmation 2018-2022 et de réforme pour la justice.
PUBLIÉ
Rapport
- 7 -
Deux enseignements peuvent être tirés de la mise en oeuvre de ce programme de rénovation :
? d?une part, la DIE a assumé le rôle de responsable du programme budgétaire créé
en LFI 2018 pour financer la rénovation des cités administratives (programme 348) ;
cela lui a donné l?occasion d?affirmer sa légitimité auprès des porteurs de projets, non
seulement parce que des moyens financiers ont permis de donner une traduction
concrète à des projets labellisés porteurs d?améliorations et de rationalisation des
conditions de travail, mais également parce qu?elle a déployé des soutiens opérationnels
par des créations d?emplois temporaires et par l?expertise de ses services centraux, dans
le contexte de manque de compétences locales pour la conduite des projets (cf. infra) ;
? d?autre part, le déploiement du programme de rénovation a mis en évidence le
besoin de mobiliser des maîtrises d?ouvrage (MOA) compétentes pour porter des
projets de rénovation complexes, avec la nécessité de mobiliser les compétences
disponibles au sein des différents ministères :
? les services déconcentrés des ministères économiques et financiers (SAFI-GIM
devenus SIEP-BIMO) ont réalisé quinze projets ;
? les services déconcentrés du ministère de l?intérieur (SGAMI) ont réalisé
quatre projets ;
? la mission régionale de la politique immobilière de l?État (MRPIE) de la région
Grand Est a réalisé trois projets ;
? bien que les directions départementales des territoires (DDT) du ministère de la
transition écologique n?aient plus vocation à assumer des missions d?ingénierie
(cf. infra), celles-ci ont réalisé onze projets grâce à la mobilisation de compétences
résiduelles.
Le CIE a relevé en mai 20218 que le calendrier initial du programme, qui prévoyait la
livraison des ouvrages en 2022, a été « desserré » : six projets devraient être achevés
en 2022, 31 en 2023 et le dernier en 2024 (le projet de cité administrative à Melun a quant à
lui été abandonné). Il observe également que « le programme 348 est une opportunité à saisir
pour engager une action de professionnalisation de deux domaines de la gestion immobilière : la
maîtrise d?ouvrage et l?exploitation des immeubles ».
1.1.3.2. Volet immobilier du plan de relance (programme 362)
Le volet immobilier du plan de relance a prévu 2,7 Md¤ pour la rénovation énergétique des
bâtiments publics et a conduit à la sélection de plus de 4 200 projets de rénovation.
Le calendrier de déploiement a été particulièrement resserré, à la différence du
précédent programme : la liste des 4 214 projets retenus a été annoncée par le Premier
ministre le 14 décembre 2020, pour un montant total de 2,7 Md¤ et tous les marchés publics
devaient ensuite être notifiés avant le 31 décembre 2021.
Le caractère massif et très rapide du plan de relance a été salué par l?ensemble des
acteurs mais présente toutefois trois inconvénients :
? le délai réduit pour répondre à l?appel à projets a favorisé les projets déjà existants (mais
non financés) par rapport à des projets plus innovants ; l?obligation d?engagement des
crédits dans l?année a favorisé les projets les moins complexes, au détriment de projets
plus importants mais qui auraient pu être plus prioritaires ; en outre, la robustesse de
l?équipe-projet ayant été un critère d?éligibilité, les services immobiliers les plus
8 CIE, « Avis de suite sur la rénovation des cités administratives et autres sites domaniaux multi-occupants
(programme 348) », mai 2021.
PUBLIÉ
Rapport
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structurés ont vraisemblablement été avantagés par rapport à des services disposant de
moins de ressources ;
? les délais fixés aux administrations, de même que l?excès de demande adressé aux
professionnels du secteur, a pu placer les pouvoirs publics en situation de négociation
défavorable et alimenter la hausse des prix des prestations proposées ;
? les modalités de suivi mises en oeuvre par la DIE, avec des remontées d?informations très
détaillées selon un rythme bimensuel, a pesé sur les porteurs de projet et peut
difficilement s?envisager comme le mode ordinaire de la gestion des investissements
entre un responsable de programme et ses responsables de budgets opérationnels,
a fortiori s?ils sont également les porteurs de projets.
Ces deux plans d?investissement massifs sont avant tout perçus par les acteurs de
l?immobilier public comme un effort de rattrapage bienvenu vis-à-vis d?une politique
publique qui souffre d?un sous-investissement chronique. Ils ne permettent toutefois pas
d?apporter une réponse structurelle aux difficultés rencontrées par les gestionnaires pour
financer l?entretien des bâtiments de l?État de façon nécessairement régulière, conduisant à
une dégradation progressive du parc qui ne peut ensuite être résolue qu?au prix de plans
d?investissement de grande ampleur. Sur le patrimoine des administrations territoriales de
l?État, ils sont le rattrapage partiel d?un sous-investissement continu dans l?entretien-
maintenance, compte tenu d?un budget insuffisamment doté de façon structurelle.
1.2. Les ministères ont organisé leur gestion immobilière pour répondre à des
besoins opérationnels propres, mais présentent un niveau de maturité
variable en ce qui concerne l?entretien, l?exploitation et la valorisation des
actifs qu?ils occupent
1.2.1. Les organisations ministérielles sont hétérogènes et reflètent des degrés de
maturité variables sur la gestion de leur patrimoine immobilier et de celui des
opérateurs
Selon le DPT relatif à la PIE annexé au PLF 2022, l?État et ses opérateurs occupent un
parc immobilier qui représente 94 Mm² de surface utile brute, répartis de la façon
suivante (cf. tableau 3) :
? les biens possédés ou contrôlés9 par l?État représentent 51,4 Mm², dont 15,0 Mm² de
bureaux et 10,5 Mm² de logements ;
? les biens ni possédés ni contrôlés par l?État, généralement en location, représentent
23,5 Mm², dont 7,3 Mm² de bureaux et 6,4 Mm² de logements ;
? les opérateurs de l?État occupent 19,0 Mm².
9 Les biens contrôlés mais non possédés par l?État sont ceux qui ne lui appartiennent pas mais pour lesquels il a
toutes les obligations du propriétaire. Cette situation relève principalement du statut de mise à disposition faisant
suite aux lois de décentralisation.
PUBLIÉ
Rapport
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Tableau 3 : structure du parc immobilier de l?État (en Mm² SUB)
Ministère
Biens possédés ou contrôlés
par l?État Biens loués par l?État
Opérateurs Total
Bureaux Logements Autres Bureaux Logements Autres
Éducation nationale et
enseignement
supérieur
0,5 0,1 1,8 1,1 0,7 6,4 14,2 24,7
Armées 3,1 5,1 14,1 0,1 0,8 0,6 0,4 24,3
Intérieur 3,3 4,1 1,8 1,1 4,5 0,2 0,0 15,0
Économie et finances 2,3 0,1 0,4 0,8 0,1 0,2 0,2 4,2
Justice 1,6 0,1 2,1 0,3 0,1 0,1 0,0 4,2
Affaires sociales et
travail
0,2 0,0 0,1 2,4 0,1 1,0 0,3 4,0
Transition écologique 0,4 0,2 0,7 0,5 0,1 0,4 1,2 3,5
Culture 0,1 0,0 0,8 0,1 0,0 0,2 1,7 2,9
Affaires étrangères 0,5 0,4 0,6 0,1 0,1 0,2 0,4 2,2
Agriculture 0,1 0,0 0,3 0,2 0,0 0,3 0,6 1,5
Services du Premier
ministre
0,2 0,0 0,0 0,1 0,0 0,0 - 0,4
Autres 2,8 0,4 3,1 0,5 0,0 0,1 - 7,0
Total 15,0 10,5 25,9 7,3 6,4 9,8 19,0 93,9
Source : Mission, à partir des données transmises par la DIE.
Le ministère des armées pilote 32 % de l?immobilier possédé ou contrôlé par l?État (y
compris opérateurs), grâce à une fonction immobilière structurée et intégrée. Le code de
la défense prévoit que le ministre de la défense est « chargé de l?infrastructure militaire »
(article L. 1142-1) étant précisé que « l?infrastructure de la défense est constituée des immeubles,
bâtis ou non, appartenant au domaine privé ou public de l?État et utilisés par les formations
militaires et autres organismes du ministère de la défense ou pris à bail ou occupés à un autre
titre par ces formations et organismes » (article R. 5131-2).
Le ministère des armées, fréquemment cité pour son professionnalisme en matière de gestion
immobilière, s?appuie sur deux directions de son secrétariat général pour
l?administration (SGA) pour la gestion de son immobilier :
? la direction des territoires, de l?immobilier et de l?environnement (direction du
patrimoine, de la mémoire et des archives jusqu?au 31 mars 2022) est chargée de
l?élaboration de la stratégie immobilière ;
? la direction centrale du service d?infrastructure de défense (DCSID) est chargée de la
mise en oeuvre opérationnelle de la politique immobilière, disposant de la connaissance
du patrimoine immobilier et administrant les outils nécessaires ; elle est le service
gestionnaire du patrimoine et constructeur interarmées du ministère des armées.
Dans le cadre de son plan « Ambition Logement », le ministère des armées a conclu en
février 2022 un contrat de concession d?un montant de 2,3 Md¤ et d?une durée de 35 ans pour
la gestion de son parc de logements (CEGELOG), qui porte sur la rénovation
d?environ 12 200 logements militaires existants et sur la construction de 3 000 logements
neufs dont le concessionnaire devra également assurer la gestion.
Au sein des autres ministères, le secrétariat général a la responsabilité de l?immobilier,
pour l?ensemble du ministère10. En règle générale, les ministères s?appuient sur une
direction, un service ou une sous-direction chargée des questions immobilières au sein
de leur secrétariat général, qui assure en outre le traitement des questions relatives à
la gestion de l?immobilier des administrations centrales.
10 Cf. décret n° 2014-834 du 24 juillet 2014 relatif aux secrétaires généraux des ministères.
PUBLIÉ
Rapport
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Cette situation est toutefois très contrastée selon les ministères :
? les ministères composés de directions à réseau disposent de ressources nombreuses
dans leurs services déconcentrés, que le secrétariat général peine généralement à
piloter, même quand le réseau des services immobiliers spécialisés lui est rattaché
(ministère de l?intérieur, ministère de l?économie, des finances et de la relance, ministère
de la justice) ; les directions métiers sont responsables de programme et restent en
conséquence des donneurs d?ordre puissants vers les services immobiliers ; la fonction
immobilière est difficilement assumée de manière transversale pour l?ensemble du
ministère ;
? les ministères s?appuyant sur des opérateurs pour le déploiement de leurs
politiques publiques disposent d?une équipe réduite au niveau central (ministère de la
culture, ministère de l?enseignement supérieur, de la recherche et de l?innovation,
ministère des affaires sociales et de la santé, ministère de la transition écologique,
ministère de l?agriculture) ; le patrimoine sous gestion des opérateurs est bien plus
important que celui sous gestion directe, et ce d?autant plus que la plupart de ces
ministères ont vu par ailleurs leurs services déconcentrés intégrés au fil du temps dans
le périmètre des directions départementales interministérielles (DDI) et des
administrations territoriales de l?État, leur soustrayant, de fait, toute responsabilité
immobilière ; ces ministères disposent de moyens plus limités pour assurer le suivi de
l?immobilier de leurs opérateurs, en dehors de l?examen des SPSI ; parmi ces ministères,
le ministère de l?enseignement supérieur, de la recherche et de l?innovation se distingue
par le poids du patrimoine des établissements d?enseignement supérieur puisque celui-
ci représente à lui seul 22 % du patrimoine de l?État.
Cette entité (direction, service ou sous-direction) du secrétariat général comprend également,
en règle générale, les équipes chargées de la gestion du patrimoine des administrations
centrales, y compris dans les métiers de la gestion courante. Les fonctions de pilotage
stratégique du patrimoine du ministère et la gestion courante de son administration centrale
sont donc réunies sous la même responsabilité.
Trois ministères ont fait le choix de se doter d?un opérateur de maîtrise d?ouvrage :
? l?Opérateur du patrimoine et des projets immobiliers de la culture (OPPIC), créé
en 1998, est spécialisé dans la construction ou la réhabilitation d?équipements culturels
et dans la restauration et la valorisation de monuments historiques ; il travaille
en premier lieu pour le compte du ministère de la culture et ses opérateurs, mais il peut
également effectuer ses missions pour d?autres ministères ; l?OPPIC disposait d?un
plafond d?emplois fixé à 125 ETPT en LFI 2021 ;
? l?Agence publique pour l?immobilier de la justice (APIJ), créée en 2001, est
l?opérateur immobilier du ministère de la justice dont la mission est de construire,
rénover et réhabiliter les palais de justice et les établissements pénitentiaires, les
bâtiments des services de la protection judiciaire de la jeunesse et les écoles de formation
du ministère de la justice, en France métropolitaine et outre-mer ; l?APIJ disposait d?un
plafond d?emplois fixé à 136 ETPT en LFI 2021 ;
? l?Établissement public d?aménagement universitaire de la région Île-de-France
(EPAURIF) a été créé en 2010 par transformation de l?établissement public du campus
de Jussieu et il contribue à mettre en oeuvre le schéma d?implantation immobilière des
activités d?enseignement supérieur et de recherche et des équipements de vie étudiante
dans la région Île-de-France ; l?EPAURIF disposait d?un plafond d?emplois fixé à 69 ETPT
en LFI 2021.
Les trois ministères concernés expriment une très grande satisfaction vis-à-vis de leur
opérateur de maîtrise d?ouvrage. Ils apprécient de pouvoir s?appuyer sur une agence
spécialisée qui a l?habitude de conduire des projets complexes et qui sait dialoguer avec les
différentes directions de son ministère de tutelle. Les trois agences expriment toutefois, à des
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Rapport
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degrés divers, des préoccupations relatives aux fluctuations de leur plan de charge et à leur
capacité à proposer des rémunérations attractives pour recruter des agents qualifiés, ainsi que
la volonté de prendre en charge des opérations en dehors de leur champ d?intervention
habituel, questions qui renvoient globalement à la nécessité de disposer d?une taille critique
suffisante pour rester attractif et pour absorber des éventuels creux ou pics de charge.
Ces trois agences ont la capacité de conseiller leurs tutelles sur leur politique patrimoniale par
l?élaboration de schémas directeurs immobiliers, par des appuis ou conseils sur les enjeux
nouveaux comme ceux relatifs à la transition écologique ou à la numérisation de l?immobilier,
voire pour la valorisation des actifs.
Outre le ministère des armées, quatre ministères s?appuient sur leur réseau
déconcentré pour assurer la conduite d?opérations immobilières :
? le secrétariat général du ministère de l?intérieur dispose de sept services
déconcentrés au niveau zonal, les secrétariats généraux pour l?administration du
ministère de l?intérieur (SGAMI), situés à Bordeaux, à Lille, à Lyon, à Marseille, à Metz,
à Paris et à Rennes ; les directions immobilières des SGAMI représentent un total
d?environ 570 ETP ; historiquement chargées des commissariats de police, les directions
immobilières du SGAMI interviennent de plus en plus auprès des brigades de
gendarmerie ; au demeurant, l?organisation interne du ministère de l?intérieur reste
marquée par la prédominance des deux principales directions métiers (police nationale
et gendarmerie nationale) qui interviennent en tant que donneurs d?ordre auprès des
SGAMI, sans solliciter préalablement la direction de l?évaluation de la performance, de
l?achat, des finances et de l?immobilier (DEPAFI) ; la mobilisation des SGAMI au bénéfice
d?opérations sur le patrimoine préfectoral ou des DDI se fait de manière limitée, a priori
à l?instigation des préfets de région, quand les plans de charge le permettent ;
? le secrétariat général des ministères économiques et financiers dispose pour sa
part de six antennes situées à Lyon, à Marseille, à Nantes, à Noisy-le-Grand,
à Strasbourg et à Toulouse, qui représentent un total d?environ 90 ETP ; la gestion de
l?immobilier des ministères économiques et financiers reste toutefois très largement
sous la responsabilité de ses directions à réseau (DGFiP, DGDDI, Insee), qui sollicitent les
antennes du secrétariat général uniquement en cas de besoin ; celles-ci ont d?ailleurs été
fortement sollicitées dans le cadre du plan de relance puisqu?elles ont pris en charge
quinze projets de rénovation de cités administratives ;
? en sus de l?APIJ, le ministère de la justice dispose des moyens suivants :
? neuf antennes immobilières de son secrétariat général pour la conduite des
opérations de taille plus limitée et pour la gestion technique du
patrimoine de ses juridictions et de la protection judiciaire de la jeunesse
(PJJ) ; celles-ci représentent environ une quinzaine d?agents par antenne ; sur ces
deux patrimoines, il fait en outre appel aux services administratifs des cours
d?appel ou aux directions régionales de la PJJ ;
? neuf directions interrégionales de la direction de l?administration
pénitentiaire, qui représentent également une quinzaine d?agents par direction
interrégionale ;
? le ministère de l?éducation nationale s?appuie sur les ingénieurs régionaux de
l?équipement (IRE) positionnés dans les rectorats, dont les services représentent un
total d?environ 160 ETP. Outre la gestion de son patrimoine en propre, ces services
assurent un contrôle des SPSI des très nombreux opérateurs d?enseignement supérieur,
voire un soutien opérationnel des plus petits.
Enfin, le ministère de l?enseignement supérieur et de la recherche s?est engagé dans une
démarche de dévolution du patrimoine immobilier des universités : celles dont la gestion
est la plus robuste et la plus structurée peuvent se voir confier la gestion en pleine propriété
de leur patrimoine immobilier, après une phase d?expertise approfondie. Les deux premières
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Rapport
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vagues de dévolution, engagées en 2011 puis en 2017, ont concerné sept universités qui gèrent
désormais elle-même leur patrimoine immobilier : Clermont 1, Toulouse 1, Poitiers, Aix-
Marseille, Bordeaux, Caen et Tours. Douze universités et écoles ont déposé des dossiers dans
le cadre de l?appel à manifestation d?intérêt de 2022 pour la troisième vague de dévolution.
On peut souligner que l?immobilier monumental et historique relève de chaque
ministère, sans mobilisation de compétences spécifiques pour son entretien.
Les ministères confient le pilotage de la gestion courante (facility management) aux
occupants. Les agents contribuant à ces missions relèvent de catégories d?emploi très
différentes, depuis les corps de métiers exerçant des prestations de service en régie
(électricien, menuisier, gardien) jusqu?aux encadrants capables de piloter des contrats de sous-
traitance et de petits travaux. Le réseau territorial de la direction générale des finances
publiques s?appuie ainsi sur des divisions « budget, immobilier, logistique » (BIL) qui assurent
le service aux immeubles, tandis que les secrétariats généraux communs (SGC) constituent
l?amorce d?une organisation structurée sur le périmètre des administrations territoriales de
l?État placé sous la responsabilité des préfets, avec des effectifs qui restent toutefois modestes.
La mise en service des cités administratives en cours de rénovation nécessitera une
professionnalisation accrue en matière de gestion courante (facility management).
1.2.2. Les ministères sont confrontés à des difficultés de recrutement et au manque de
compétences en matière de gestion de patrimoine, de valorisation et de conduite
de projets immobiliers
Les métiers de la gestion de patrimoine immobilier sont habituellement classés
selon quatre grandes catégories :
? la gestion stratégique d?un portefeuille d?actifs (asset management) ;
? l?administration de biens (property management), qui comprend un volet de gestion
locative et un volet de gestion technique ;
? le service aux immeubles et aux occupants (facility management) ;
? le montage et la conduite d?opérations immobilières (project management).
Parmi les compétences requises pour exercer ces quatre métiers immobiliers, les ministères
relèvent les difficultés récurrentes de recrutement suivantes :
? les compétences de type « ingénieur », pour la conduite d?opérations
immobilières, et a fortiori pour la gestion des contrats complexes ; les recruteurs
ministériels soulignent que les ingénieurs des travaux publics de l?État (ITPE)
constituent une ressource appréciée, mais l?absence de perspective de carrière dans la
fonction immobilière au sein de l?État, la crainte d?une faible reconnaissance des métiers
de l?immobilier au sein de leur corps et, à l?inverse, le niveau des rémunérations de ces
métiers dans les entreprises publiques ou privées constituent des freins puissants à
l?attractivité et à la fidélisation dans ces fonctions, mais leur recrutement peut être rendu
difficile par les règles de gestion des ministères ; les contractuels représentent environ
deux tiers des chefs de projet chez les opérateurs spécialisés ; comme les corps
techniques de fonctionnaires ne fourniront pas à eux seuls les effectifs nécessaires, le
recours à des contractuels devra être consolidé, avec des grilles salariales appropriées ;
? les compétences de type « technicien supérieur » pour les opérations de
maintenance les plus pointues et pour la gestion technique du patrimoine ; les
ministères recourent alors à des prestations externalisées via des prestations de
maitrises d?oeuvre ou d?assistance à maîtrise d?ouvrage (AMO) ou directement dans le
cadre de marché de maintenance multitechnique ; il reste dans tous les cas nécessaire de
disposer d?agents suffisamment compétents pour définir les programmes de travaux
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Rapport
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nécessaires, être en capacité d?analyser les offres, piloter et encadrer les prestataires
extérieurs ;
? les compétences de programmistes, d?urbanistes et d?économistes de la
construction font également défaut pour définir un programme, vérifier sa faisabilité
et estimer le coût d?un projet immobilier ; les compétences de « space planner » devraient
également être de plus en plus demandées pour l?aménagement des nouveaux espaces
de travail.
À l?inverse, les ministères soulignent que les compétences en matière administrative et
budgétaire sont globalement bien pourvues au sein de la fonction publique.
1.2.3. Les échanges entre les ministères et la direction de l?immobilier de l?État restent
limités et formels, dans un contexte où la stratégie de cession mise en oeuvre
depuis 2005 fait progressivement place à une stratégie de valorisation
Les principaux temps d?échange entre les ministères et la DIE sont les suivants :
? tous les cinq ans, lors de l?élaboration du SPSI du ministère qui fait également
l?objet d?un avis du CIE, voire d?un avis de suite ; des échanges peuvent également
avoir lieu à l?occasion de l?élaboration du SPSI de l?un des opérateurs du ministère ; la
DIE est toutefois mal positionnée pour remettre en cause le contenu d?un SPSI ministériel
qui a souvent déjà fait l?objet d?une validation au niveau politique ;
? à l?occasion de la labellisation d?un projet immobilier par la CNIP, en gardant
toutefois à l?esprit que celle-ci rend un avis uniquement consultatif ; si les échanges
préalables à la CNIP peuvent être constructifs, celle-ci apparaît davantage comme un
point de passage obligé que comme une instance de discussion destinée à améliorer la
qualité du projet proposé par le ministère ; en outre, les seuils de passage en CNIP sont
très bas (projets d?un montant supérieur à 8 M¤ en Île-de-France et à 5 M¤ dans les
autres régions) et ne réservent pas cette présentation aux seuls projets stratégiques ; la
collégialité interministérielle qui a motivé le dispositif à son origine parait aujourd?hui
purement formelle et il n?y a pas de priorisation des projets, ni de délégation confiée au
niveau régional pour les projets à faible enjeu ;
? les conférences immobilières annuelles réunissent les représentants du
ministère, la DIE et la direction du budget pour évoquer la politique immobilière du
ministère et le financement des principaux projets immobiliers des ministères et la
soutenabilité de leur programmation ; les participants apprécient globalement le
partage d?informations auquel ces conférences donnent lieu, mais regrettent qu?elles ne
conduisent à aucune décision budgétaire, les arbitrages étant davantage traités dans le
cadre des conférences budgétaires ; alors même que la plupart des ministères pointent
le déficit de crédits d?entretien au regard du patrimoine à maintenir, les dispositifs de
contrôle de gestion sur l?état du patrimoine et l?absence de ratios partagés sur les besoins
de maintenance font défaut.
Même si l?animation technique de la DIE est appréciée, les points de rendez-vous
existants sont formels et conduisent rarement à des décisions pour l?une ou l?autre
partie. Pourtant, les ministères aspirent à bénéficier d?une expertise technique qui leur fait
parfois défaut, notamment en matière de valorisation11 qui remplace progressivement la
stratégie de cession initiée en 2005, compte tenu de la baisse tendancielle des cessions
constatée depuis 2015 (cf. graphique 2), l?année 2019 étant exceptionnelle du fait de la cession
de l?îlot Saint-Germain pour plus de 350 M¤. Hors cette opération exceptionnelle, le montant
11 Dans le présent rapport, la valorisation immobilière ou foncière correspond à toute démarche de création de
valeur de nature économique, énergétique, sociale ou environnementale (qui ne se résume pas à la cession).
PUBLIÉ
Rapport
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moyen des produits de cession s?est ainsi établi à 250 M¤ par an depuis 2017, soit deux fois
moins que l?objectif de 500 M¤ par an annoncé en 2004.
Graphique 2 : produits de cession annuels depuis 2006
Source : Direction du budget.
1.3. L?immobilier des administrations territoriales de l?État géré par les préfets
est pour sa part devenu le parent pauvre de la politique immobilière
1.3.1. Les services territoriaux du ministère de la transition écologique se sont
progressivement désengagés de la conduite des projets immobiliers complexes,
laissant un vide qui n?a pas été comblé
Historiquement chargés d?assurer les missions d?ingénierie publique et de maîtrise
d?ouvrage, les services territoriaux du ministère de la transition écologique ont connu
une transformation forte de leurs missions, ainsi qu?une réduction de leurs moyens
humains très importante depuis de nombreuses années. Sur la période récente, selon les
données transmises par le ministère de la transition écologique, les effectifs dédiés à
l?urbanisme, aux territoires et à l?amélioration de l?habitat (programme 135) sont ainsi passés
de 11 651 ETPT en 2013 à 8 934 ETPT en 2020, soit une diminution de 23 % en sept ans. Ces
diminutions régulières d?effectifs conduisent les services déconcentrés (directions régionales
de l?environnement, de l?aménagement et du logement ? DREAL ? et directions
départementales des territoires ? DDT) à devoir renoncer à certaines missions.
Après des années de retrait progressif de l?ingénierie publique, le Gouvernement a
diffusé en février 2016 une instruction relative au retrait de l?activité de conduite
d?opérations au sein des services déconcentrés du ministère du logement, de l?égalité
des territoires et de la ruralité. Cette instruction définit les modalités de désengagement des
missions de conduite d?opération sur le volet bâtiment pour les services déconcentrés, tout en
rappelant le maintien du rôle d?appui et de référent technique de ces services auprès des
préfets dans le cadre de la politique de gestion du patrimoine immobilier de l?État. Elle précise
que « toutes les conduites d?opérations de construction réhabilitation, rénovation lourde sont
concernés par ce désengagement, quel que soit le ministère commanditaire, y compris pour le
propre compte du ministère ».
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Rapport
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Une nouvelle étape de retrait a été constatée en 2021 de la part des DREAL, qui ont
renoncé à être systématiquement représentées en CRIP en mettant en avant la réduction
de leurs effectifs (cf. encadré 2).
Encadré 2 : évolution récente de la DREAL en Bretagne
L?arrêt des missions de conduite d?opérations en bâtiment au sein du ministère de la transition
écologique (MTE) en 2016 a conduit à une perte progressive des compétences sur ce domaine, tant au
niveau de la DREAL que des DDTM.
Aujourd?hui, le MTE précise qu?il va se désengager progressivement de ses interventions en matière de PIE
à l?issue du plan de relance en raison des réductions d?effectifs sur le programme 135.
Cela se traduira par un désengagement en matière de conseil et d?expertise apportés au SGAR. Le suivi de
la programmation et l'assistance technique auprès du bureau des finances et de l?immobilier et de la PFRA
ne sera ainsi plus assuré par la DREAL. La DREAL continuera toutefois à assurer le suivi opérationnel des
projets du plan de relance du MTE (DREAL UD 56, DDTM 56).
Elle restera par ailleurs présente pour apporter son expertise sur l?application dans les services de l?État
des politiques publiques portées par le ministère de la transition écologique : animation de la feuille de
route transition énergétique, portage des évolutions réglementaires (décret tertiaire, bilan Ad'AP) et
pourra participer à ce titre à intervalles réguliers à la CRIP selon l'ordre du jour.
Afin de faire face au recentrage de l?intervention de la DREAL au sein de la CRIP, le recrutement d?un
ingénieur immobilier ou d?un architecte pour renforcer le SGAR a été lancé. Le poste, faisant appel à des
compétences rares, n?est pas pourvu à ce jour.
Source : Réponse au questionnaire adressé à la préfecture de la région Bretagne.
Le ministère de la transition écologique privilégie désormais la mise en oeuvre de ses
politiques publiques propres, et il ne souhaite aucunement renforcer son action en
matière de conduite d?opérations. Les interlocuteurs rencontrés par la mission ont indiqué
qu?ils étaient disposés à appuyer la montée en compétence de la DIE, notamment sur la mise
en oeuvre du décret tertiaire, comme ils le font pour les collectivités ou les autres responsables
de patrimoine, mais pas à partager avec elle la charge et la responsabilité de la conduite des
projets immobiliers de l?État.
1.3.2. Les missions régionales de la politique immobilière de l?État apportent un appui
reconnu aux préfectures de région, mais elles disposent de peu de compétences
et de ressources en matière d?ingénierie bâtimentaire
La circulaire du 16 janvier 2009 relative à la politique immobilière de l?État désigne le
préfet de région comme représentant de l?État propriétaire et comme le responsable de
la stratégie immobilière de l?État dans la région et précise que celui-ci « définit les modalités
d?application par les préfets de département et les services déconcentrés dans la région des
instructions qu?il reçoit du ministre chargé du domaine ».
Au sein des services de la préfecture, le préfet de région s?appuie sur les ressources
suivantes :
? le secrétaire général pour les affaires régionales (SGAR) dispose généralement d?un
adjoint qui se consacre aux moyens mutualisés ;
? une cellule dédiée à l?immobilier composée de deux à trois agents est chargée d?élaborer
et de suivre le SDIR, de préparer les CRIP et de gérer les questions budgétaires ;
? la plateforme régionale des achats de l?État (PFRA) apporte son expertise pour les
procédures d?achats, notamment celles relatives à l?immobilier qui sont majoritairement
gérées au niveau régional (les achats immobiliers représentent environ 70 % de
l?activité des PFRA).
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Rapport
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Le préfet de région s?appuie également sur la mission régionale de la politique
immobilière de l?État (MRPIE), placée sous l?autorité hiérarchique du directeur régional
des finances publiques. La MRPIE, dirigée par le responsable régional de la politique
immobilière de l?État (RRPIE), est chargée de :
? piloter la stratégie immobilière au niveau régional, sous l?autorité fonctionnelle du
préfet de région ; la MRPIE assiste le préfet de région dans la détermination et la mise en
oeuvre des stratégies patrimoniale du SDIR, contribue à l?animation de la CRIP et à
l?expertise des projets immobiliers des services déconcentrés d?un montant inférieur
à 8 M¤ ;
? accompagner les projets immobiliers ; la MRPIE accompagne, le plus en amont
possible, les porteurs de projets immobiliers des administrations et des opérateurs, en
liaison avec les services domaniaux de la DRFiP et des directions départementales des
finances publiques, pour recueillir les besoins, les traduire en termes immobiliers et
rechercher les solutions domaniales ou locatives adaptées ;
? assurer l?animation des acteurs locaux de la PIE, notamment les acteurs internes à
la DGFiP et les autres acteurs interministériels.
Le soutien et l?expertise apportés par les MRPIE est souligné par les préfectures.
L?efficacité et la solidité de la relation de travail existant entre les services des préfectures et
les MRPIE résultent toutefois davantage de bonnes relations interpersonnelles tissées entre
les acteurs que d?un lien institutionnel robuste.
Les MRPIE ont été particulièrement mobilisées dans le cadre de la mise en oeuvre du
volet immobilier du plan de relance et elles ont bénéficié d?un renfort de 2 ETP par région
pour consolider leurs équipes sur le plan technique, notamment en matière d?ingénierie
bâtimentaire car ces compétences ne sont pas disponibles au sein du personnel de la DGFiP.
1.3.3. Les préfets de région sont confrontés à la dispersion des structures, à la
raréfaction des compétences et à la faiblesse des budgets dédiés à l?immobilier
L?action des préfets de région s?inscrit dans le cadre de la réforme de l?organisation
territoriale de l?État, encadrée par la circulaire du Premier ministre du 12 juin 2019 qui a
notamment arrêté les décisions de mutualisation suivantes :
? en matière budgétaire, la fusion des programmes budgétaires 333 « moyens mutualisés
des administrations déconcentrées » et 307 « administration territoriale de l?État » en un
nouveau programme 354 piloté par le secrétaire général du ministère de l?intérieur est
effective depuis le 1er janvier 2020 ; les responsables de BOP délégués sont les SGAR
sous l?autorité des préfets de région ;
? en matière de fonctions support, des secrétariats généraux communs (SGC) ont été
constitués au niveau départemental afin de rassembler les moyens qui sont aujourd?hui
dispersés entre plusieurs entités ; ces structures à vocation interministérielle sont
chargées de l?ensemble des fonctions support, en lien avec l?échelon régional dédié pour
ce qui concerne les achats (PFRA), les ressources humaines (PFRH) et
l?immobilier (MRPIE) ;
? en matière immobilière, la politique immobilière de l?État doit avoir pour objectif, en
optimisant l?occupation du patrimoine par les administrations, de simplifier l?accès des
usagers aux services et de fournir aux agents le cadre le plus efficace à l?exercice de leurs
activités ; les SDIR doivent ainsi concerner l?ensemble des services, qu?ils soient ou non
placés sous l?autorité directe des préfets, et être conçus pour traduire ces objectifs.
PUBLIÉ
Rapport
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Malgré cet effort de rationalisation et les outils de gouvernance mis en place (SDIR et
CRIP), le préfet de région se heurte à des difficultés de plusieurs natures pour exercer
son rôle de représentant de l?État propriétaire et de responsable de la PIE en région :
? la dispersion des structures ? certains ministères (armées, justice, éducation
nationale) ne relèvent pas du périmètre des administrations territoriales de l?État et
disposent de leurs propres services déconcentrés ; en matière de maîtrise d?ouvrage, le
préfet peut également chercher à solliciter les compétences des SGAMI et des SIEP-BIMO
(ex SAFI-GIM), voire les compétences résiduelles des DREAL et des DDT, ce qui multiplie
le nombre d?interlocuteurs potentiels ; au niveau départemental, les questions
immobilières sont traitées par les SGC mis en place depuis le 1er janvier 2021 mais
également par les services locaux du domaine (SLD) qui dépendent de la DDFiP ;
? la raréfaction des compétences ? de même que les ministères, les préfectures de
région peinent à recruter certaines compétences techniques pourtant indispensables
pour l?exercice des principaux métiers de l?immobilier ; ces difficultés peuvent être
accentuées par les règles de gestion appliquées par le ministère de l?intérieur ;
? la faiblesse des budgets immobiliers ? les préfectures de région soulignent que les
crédits délégués sur le programme 354 « administration territoriale de l?État » et sur le
programme 723 « opérations immobilières et entretien des bâtiments de l?État » sont
insuffisants pour couvrir les besoins d?entretien (cf. infra).
1.3.4. Le compte d?affectation spéciale est à bout de souffle et ne permet plus de
répondre aux besoins des préfectures de région pour l?entretien des bâtiments
de l?État
Créé en LFI 2006, le CAS « gestion du patrimoine immobilier de l?État » matérialisait
initialement le lien entre le produit des cessions des biens immeubles de l?État et :
? d?une part, des dépenses d?investissement et de fonctionnement liées à des opérations
de cession, d?acquisition ou de construction d?immeubles réalisées par l?État ;
? d?autre part, des versements opérés au profit du budget général au titre du
désendettement de l?État (cf. encadré 3).
Encadré 3 : exposé des motifs de l?article 32 du PLF 2006 portant création du compte
d?affectation spéciale « gestion du patrimoine immobilier de l?État »
Des mesures ont été prises depuis 2003 pour moderniser la gestion de l'immobilier public. Le Gouvernement
a décidé de donner une nouvelle impulsion dans ce domaine, et d'en faire un chantier pilote de la réforme
de l'État. Cette gestion active du patrimoine immobilier de l'État passe par la cession de certains immeubles
et le relogement des services dans des locaux plus adaptés. Le montant brut des produits correspondants
est fixé pour 2006 à 400 M¤. Le bilan financier global de ces opérations sera examiné en amont, et un gain
net de 15 % au moins sera exigé après financement de l'ensemble des dépenses de relogement. Cette marge
reviendra au budget général afin de réduire la dette, et le solde restant sera accordé au ministère concerné
dans une logique d'intéressement.
Afin d'assurer le suivi budgétaire de cette politique en toute transparence et dans une logique pluriannuelle,
il est proposé d'instituer un compte d'affectation spéciale consacré à la gestion du patrimoine immobilier
de l'État. Les recettes seraient les produits de cession des biens immeubles de l'État ; les dépenses
comprendraient notamment le financement du relogement des ministères cédants ainsi que le versement
des gains au budget général.
Source : PLF 2006.
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Le CAS a toutefois connu deux évolutions structurantes depuis 2006 :
? en recettes, il peut désormais recevoir le produit des redevances domaniales ou des
loyers perçus par l?État, traduisant la montée en puissance de la stratégie de
valorisation ;
? en dépenses, il peut désormais financer des dépenses d?investissement et de
fonctionnement liées à des opérations immobilières ou des dépenses d?entretien
du propriétaire réalisées par l?État sur des biens immobiliers dont il est
propriétaire ou bien qui figurent à l?actif de son bilan, avec la réserve très théorique
« que ces dépenses soient directement liées à des opérations concourant à une gestion
performante du parc immobilier de l?État ».
Alors que les produits de cession étaient initialement destinés à financer des opérations
d?acquisition ou de construction, ils sont désormais destinés à financer les dépenses du
propriétaire réalisées par l?État. Cette situation est problématique car elle revient à financer
des dépenses par nature pérenne à l?aide de recettes de cession qui connaissent une baisse
tendancielle depuis 2017 sans que les recettes de valorisation ne suffisent à compenser les
moindres recettes de cession (cf. graphique 2).
Les ministères et les préfectures de région restent très attachés au dispositif de « retour
de cession » qui leur permet de bénéficier de l?affectation de 50 % des produits qu?ils génèrent
par la cession de bâtiments de leur parc immobilier, cette fraction étant porté à 100 %
notamment pour le ministère des armées et pour le ministère chargé des affaires étrangères.
Compte tenu de ce mécanisme de retour automatique, la part des recettes qui peut être
versée aux préfectures de région pour l?entretien du parc immobilier des
administrations territoriales de l?État reste limitée, de l?ordre de 160 M¤ par an
correspondant aux redevances ainsi qu?à la part mutualisée des produits de cession,
alors que les recettes du CAS sont désormais de l?ordre de 400 M¤ par an. En
conséquence, la DIE a renoncé à solliciter les préfectures de région pour évoquer les besoins
d?entretien et de rénovation identifiés au niveau territorial et elle se contente de reconduire
les enveloppes annuelles existantes.
Les interlocuteurs rencontrés par la mission ont unanimement souligné la faiblesse des
enveloppes déléguées par la DIE, qui ne permettent pas de couvrir plus que la moitié des
besoins identifiés (cf. tableau 4). Les préfets de région financent en priorité les dépenses qui
engagent leur responsabilité, au détriment des dépenses d?entretien lourd ou encore du
financement d?audit qui permettraient de renforcer la connaissance du parc et de proposer une
stratégie immobilière plus adaptée, en prévision notamment des mises aux normes prévues au
titre du décret tertiaire.
Tableau 4 : appréciation des préfectures de région sur les moyens budgétaires alloués
Région Commentaire
Bourgogne-Franche-
Comté
« Les besoins exprimés, chaque année, en phase de programmation s?élèvent en moyenne à
7,5 M ¤ alors que la dotation notifiée est deux fois inférieure (3,8 M¤) »
Bretagne
« Le montant des demandes pour la partie entretien du propriétaire sur le BOP 723 Bretagne
pour 2022 s?élève à 9 M¤ pour un montant alloué de 3,7 M¤ »
Centre-Val de Loire
« Besoins de 5 à 8 M¤ par an en moyenne, alors qu?il reste environ 600 k¤ sur le 723 (GER)
pour six départements, une fois déduits les contrôles réglementaires et contrats de
maintenance et les crédits Ad?AP »
Grand Est
« Arbitrages entre entretien courant, entretien lourd et nouveaux projets : en réunion de
travail entre SGAR, MRPIE et DREAL, on retient systématiquement toutes les demandes de
maintenance préventive et corrective, diagnostics et audits, contrôles réglementaires, ADAP
(sauf si bâtiment non éligible). Ces dépenses déduites de la dotation régionale de 6 M¤, il
reste peu pour les demandes de travaux lourds exprimées par les dix départements et les
douanes (moins de 900 k¤ en 2022) : sur la base de la priorisation faite par les UO, de la
nature et de l?urgence des travaux, les demandes sont examinées et une ou deux opérations
seulement sont retenues par UO »
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Région Commentaire
Île-de-France
« Quand une moyenne de 30 ¤/m² serait nécessaire, seuls 14 ¤/m² sont disponibles pour
satisfaire les besoins »
Martinique
« Le rapport entre l?enveloppe déléguée au regard des besoins exprimés par les services
s?élève en moyenne à 1 pour 2, à titre d?exemple pour 2022, l?enveloppe allouée s?élève à
665 885 ¤, les opérations recensées représentent 1 380 224 ¤ »
Normandie
« Alors qu?un montant identique à 2022 (3,2 M¤ pour la région Normandie) a été annoncé
par la DIE pour les cinq prochaines années, il est évident que cette dotation annuelle ne
permettra pas le financement des travaux nécessaires à la mise en oeuvre du décret tertiaire,
dont le coût global a été évalué, pour la région Normandie, entre 720 M¤ (pour le seul
périmètre « État ») et 2 Md¤ (pour un périmètre étendu aux opérateurs) »
Nouvelle-Aquitaine
« La Nouvelle-Aquitaine lance chaque année un appel à projets GER pour des opérations
comprises entre 50 k¤ et 500 k¤ au bénéfice exclusif des bâtiments de bureaux patrimoniaux.
Doté de 800 k¤ à 1 M¤ en fonction des années, cet AAP rencontre toujours un vif succès avec
une remontée d?opérations demandées entre 40 M¤ et 70 M¤ en fonction des années »
Pays de la Loire
« S?agissant des dépenses du propriétaire, l?enveloppe régionale annuelle de 4,5 M¤ est très
inférieure aux besoins exprimés par les services (11 M¤ pour 2022, 12 M¤ en 2021) »
Source : Questionnaire adressé par la mission à l?ensemble des préfectures de région.
1.3.5. L?expérimentation AGILE est une réponse de court terme aux difficultés
structurelles rencontrées pour l?exploitation et la maintenance des sites multi-
occupants
L?expérimentation d?une agence de gestion opérationnelle de l?immobilier de l?État a été
lancée en mars 2021 pour une durée de 18 mois. Le champ de l?expérimentation a été
restreint par rapport à l?ambition initiale12 et il porte à la fois sur la gestion en syndic de sites
multi-administrations et sur le développement de projets photovoltaïque sur des sites de l?État.
Selon son préfigurateur13, les avantages recherchés par la mise en place d?une agence de
gestion de l?immobilier de l?État pour l?exploitation-maintenance des sites multi-occupants
sont les suivants :
? professionnaliser la gestion du patrimoine immobilier public, avec des exigences accrues
de qualité des prestations, de conformité aux exigences réglementaires de sécurité et
d?hygiène, de santé et d?environnement, ainsi que de réactivité dans les interventions ;
? assurer un bon rapport qualité-prix, c?est-à-dire permettre une maîtrise des coûts,
notamment par une mutualisation des achats de prestations externalisées ;
? simplifier la gestion budgétaire des sites multi-occupés, ce qui est aujourd?hui difficile en
dehors des cités administratives ;
? faciliter le dialogue entre occupants et assurer un pilotage et un suivi des contrats qui
permettent une meilleure articulation technique des intervenants et une interface
continue avec les entreprises.
Cette expérimentation s?appuie sur la transformation de la société de valorisation
foncière et immobilière (SOVAFIM), société anonyme dont le capital est entièrement détenu
par l?État, créée en 2006 afin d?accélérer les cessions de biens immobiliers de Réseau ferré
de France et de réaliser sur ces opérations des plus-values destinées à remonter vers le budget
de l?État sous forme de dividendes.
Un an après le lancement de l?expérimentation, la mission ne dispose pas de
suffisamment de recul pour porter une appréciation sur les résultats atteints par la
nouvelle agence pour la gestion de l?immobilier de l?État (AGILE).
12 Lettre de mission du 1er mars 2020 du directeur de l?immobilier de l?État au préfigurateur d?AGILE.
13 Cf. note du 29 septembre 2021 relative aux critères et processus de l?évaluation in fine de l?expérimentation
AGILE.
PUBLIÉ
Rapport
- 20 -
2. Pour optimiser le parc et proposer un meilleur service aux occupants,
les transformations immobilières examinées par la mission, hors État,
se sont appuyées sur la professionnalisation des métiers de
l?immobilier et sur la mutualisation des ressources au sein d?une
structure autonome et robuste
La mission a examiné les transformations mises en oeuvre par les pays voisins de la France
et par de grandes entreprises publiques ou privées.
2.1. Les transformations immobilières mises en oeuvre en Allemagne, au
Royaume-Uni et en Italie se sont appuyées sur la mise en place d?une
structure de gestion immobilière mutualisée sur un périmètre large, ce qui
a permis d?optimiser le parc et de proposer un meilleur service aux
occupants
La mission s?est intéressée, à titre de comparaison, aux transformations immobilières
mises en oeuvre par les pays voisins de la France. Pour cela :
? elle a réalisé un travail de recherche documentaire sur sources publiques portant sur
l?Allemagne, le Royaume-Uni et l?Italie ;
? elle s?est appuyée sur un travail de parangonnage portant sur dix-sept pays réalisé en
janvier 2022 par le cabinet EY à la demande de la Commission européenne14.
2.1.1. L?Allemagne a fait le choix de centraliser la gestion de la quasi-totalité de son
immobilier fédéral, avec le transfert des actifs correspondants
En Allemagne, la propriété et la gestion de la quasi-totalité des biens immobiliers
fédéraux, ainsi que des forêts, a été confiée à un unique établissement public.
La Bundesanstalt für Immobilienaufgaben (BImA) a ainsi été créée en 2005, puis la quasi-
totalité du parc immobilier fédéral (logements inclus et hors biens opérationnels du ministère
de la défense et biens situés à l?étranger) lui a été transférée entre 2005 et 2013. Dotée de près
de 7 000 agents, dont environ la moitié sont chargés de l?exploitation-maintenance, elle
possède et administre aujourd?hui un portefeuille d?actifs qui représente, selon son rapport de
gestion de l?année 2020, une surface totale de 43 Mm² hors logements.
La BImA est placé sous la tutelle de la direction du ministère de l?économie et des finances
allemand chargée de la privatisation, des participations publiques et de l?immobilier fédéral.
Elle est composée de neuf directions :
? quatre directions sont spécialisées selon les différents métiers de l?immobilier : cessions,
facility management, property management, gestion d?actifs ;
? deux directions sont spécialisées selon la classe d?actifs : logement, gestion des forêts ;
? trois directions prennent en charge des fonctions transversales : ressources humaines,
systèmes d?information, finances.
La BImA dispose d?une direction centrale située à Bonn, de neuf antennes régionales et
d?environ 120 bureaux locaux, ce qui lui assure une solide implantation territoriale.
14 Comprehensive review and benchmark study of the public real estate management, janvier 2022.
PUBLIÉ
Rapport
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Sur le plan financier, la BImA est propriétaire des bâtiments occupés par les
administrations qui lui versent un loyer et elle perçoit ainsi plus de 4 Md¤ de loyers par
an de la part des administrations occupantes (4,2 Md¤ en 2020). La BImA finance ses
opérations grâce aux loyers qu?elle perçoit et aux produits de cession qu?elle génère, et le
bénéfice qu?elle dégage est reversé au budget général pour contribuer au désendettement de
l?État allemand. Son modèle de gestion unifié permet en outre aux pouvoirs publics de disposer
d?une vision consolidée des coûts complets de la gestion du parc immobilier.
La BImA ne dispose pas de compétences techniques en matière de génie civil et de
conduite d?opérations immobilières mais elle peut s?appuyer sur un opérateur fédéral
spécialisé, le Bundesamt für Bauwesen und Raumordnung (BBR), pour les implantations
à Bonn et à Berlin, et sur les opérateurs des Länder pour les autres opérations, dans le
cadre de conventions bipartites. Le BBR est doté d?environ 1 500 agents et il est placé sous
la tutelle du ministère chargé du logement, de l?aménagement et de la construction. Il dispose
des compétences nécessaires pour prendre en charge l?ensemble des opérations relatives à
l?immobilier fédéral, depuis la construction des nouveaux locaux des services de
renseignement allemand jusqu?à la rénovation de l?ambassade d?Allemagne à Paris, ou encore
la restauration des colonnades de l?île aux musées de Berlin.
2.1.2. Le Royaume-Uni confie progressivement la propriété et la gestion de
l?immobilier tertiaire à une foncière
La politique immobilière du Royaume-Uni est avant tout guidée par des objectifs de
réduction des dépenses publiques et, depuis 2006, le gouvernement britannique s?est
engagé à réduire significativement le coût de son immobilier public. Pour mesurer
l?atteinte des objectifs fixés, le Royaume-Uni suit attentivement l?évolution de son parc et fixe
des normes d?occupation strictes : d?une moyenne de plus de 17 m² par ETP en 2006,
le Royaume-Uni est passé à 13 m² en 2012, puis 8,9 m² en 201915. Les référentiels fixent
depuis 2016 une norme de 8 m² par ETP, voire de 6 m² pour les nouveaux sites multi-
occupants.
La rationalisation du parc immobilier britannique s?appuie également sur une
transparence accrue vis-à-vis du Parlement devant lequel il doit rendre compte
annuellement, notamment par la publication d?un rapport thématique « State of the estate ».
Il convient toutefois de souligner qu?en raison de la qualité encore insuffisante des données
disponibles, ces rapports se concentrent à ce stade sur l?immobilier des administrations
centrales et sur l?immobilier de bureau.
Le Royaume-Uni a réorganisé sa fonction immobilière autour d?une direction centrale
et d?une agence pour promouvoir une gestion plus intégrée et centralisée.
Le gouvernement britannique a ainsi créé la Government Property Unit (GPU) en 2010,
qui est ensuite devenue l?Office of Government Property (OGP), dont l?objet est de
coordonner et contrôler la politique immobilière de l?État. L?OGP a une vocation
interministérielle et elle est rattachée au Premier ministre, au sein du Cabinet Office. Il a pour
mission de définir une stratégie immobilière pluriannuelle, d?animer le réseau interministériel
des professionnels de l?immobilier, de contrôler les dépenses immobilières et de superviser les
grands programmes immobiliers.
15 Les normes d?occupation britanniques sont calculées par référence à la surface utile nette (net internal area), qui
comprend les espaces de travail au sens large : bureaux, placards, salles de réunion et salles de repos ; et qui exclut
les halls, toilettes, ascenseurs, cages d?escalier, murs et espaces extérieurs.
PUBLIÉ
Rapport
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En 2018, le Royaume-Uni a ensuite créé la Government Property Agency (GPA), qui
bénéficie progressivement du transfert de la propriété et de la gestion de l?immobilier
tertiaire (3 Mm² seront transférés d?ici 2025), en s?appuyant sur les six arguments suivants
pour justifier la mise en place de cette foncière : une plus grande flexibilité financière, la
capacité d?équilibrer l?offre et la demande, une visibilité accrue sur le parc et son état, la mise
en place d?incitations par le biais de loyers de marché, l?optimisation d?économies d?échelle, la
mutualisation des compétences. La GPA se concentre dans un premier temps sur le périmètre
de l?immobilier tertiaire mais elle a vocation, à terme, à bénéficier du transfert des entrepôts
et des locaux techniques.
Les efforts de restructuration et de centralisation de la fonction immobilière ne sont
néanmoins pas exempts de difficultés, comme le montre l?exemple du ministère de la
défense anglais qui a dû renoncer à la transformation qu?il avait engagée. L?externalisation
dans des proportions importantes, accompagnée d?une diminution des effectifs forte et rapide,
doublée de difficultés de recrutement de compétences ont joué un rôle important dans cet
échec, ce qui invite à la prudence quant au rythme et au périmètre retenu.
2.1.3. En Italie, une agence nationale a pour mission de réduire la dispersion des
acteurs de la politique immobilière par un pilotage et un contrôle exigeants, sans
le transfert des actifs correspondants
En Italie, la politique immobilière de l?État est encadrée par des dispositions législatives
qui portent sur l?ensemble des administrations publiques :
? depuis 2010, les administrations publiques doivent annuellement communiquer à l?État
l?inventaire des biens qu?elles occupent, les coûts d?utilisation et leurs futurs besoins en
immobilier sur une base triennale ; depuis 2013, l?État publie ces données en accès libre,
ainsi que la liste des administrations ayant participé ou non à l?opération annuelle
d?inventaire, selon le principe du « name and shame » ;
? depuis 2012, les administrations de l?État communiquent un plan de réduction et de
rationalisation de la consommation d?espace pour viser un objectif de 20 à 25 m²
par ETP, voire de 12 m² par ETP pour les constructions neuves ou les restructurations ;
les administrations bénéficient de 15 % des économies réalisées par la réduction de
leurs occupations, qui sont destinées à financer des opérations d?amélioration de
l?environnement de travail ;
? à partir de 2019, les administrations ont progressivement l?obligation d?utiliser l?outil de
modélisation « building information modeling » (BIM) pour toutes les opérations
complexes de plus de 100 M¤ ; ce seuil a été ramené à 50 M¤ en 2020, puis à 15 M¤
en 2021 et, à compter de 2025, toutes les opérations de travaux devront recourir au BIM.
Les différentes administrations gèrent elles-mêmes leur parc immobilier, mais leur
activité est strictement encadrée et contrôlée par une agence nationale qui vérifie la
bonne exécution de la stratégie immobilière convenue avec le Trésor italien.
Créé en 1999, l?Agenzia del demanio compte environ 1 000 agents et elle s?occupe de la gestion,
de la valorisation et de la rationalisation des biens immobiliers de l?État, en coordination avec
les administrations propriétaires ou occupantes. L?agence n?est pas propriétaire des biens de
l?État et son intervention repose sur les quatre axes suivants :
? assurer la bonne gestion de l?immobilier de l?État, par exemple en contribuant à la
planification des opérations de maintenance et de gros entretien renouvellement de
l?immobilier ministériel, hors biens culturels, militaires ou situés à l?étranger ;
? investir tout en maîtrisant les dépenses publiques, en s?appuyant pour la maîtrise
d?ouvrage sur le réseau déconcentré du ministère des infrastructures et de la mobilité
durable (Provveditorato) ;
PUBLIÉ
Rapport
- 23 -
? mobiliser l?immobilier public comme levier de revitalisation économique des territoires,
notamment par la promotion de projets nationaux de valorisation du patrimoine ;
? fournir une expertise immobilière à toutes les administrations publiques, collectivités
comprises.
2.1.4. La plupart des pays européens se sont engagés dans une démarche de
structuration de leur fonction immobilière
Le travail de comparaison européenne réalisé par le cabinet EY à la demande de la Commission
européenne permet de constater que des tendances communes émergent dans les pays étudiés
pour gérer plus efficacement leur patrimoine immobilier.
En synthèse, trois grands modèles peuvent être identifiés (cf. graphique 3) :
? l?Autriche, l?Allemagne, les Pays-Bas et la Finlande sont nos voisins qui ont
développé une fonction immobilière de loin la plus centralisée et intégrée ; à
l?exception de biens spécifiques (biens à l?étranger et militaires), la propriété et la gestion
de l?immobilier de l?État a été confiée à une unique agence ou entreprise publique ; ces
entités interviennent sur quasiment tous les métiers, sauf en Allemagne où la conduite
de projet est confiée à une agence dédiée ; la distinction entre l?État propriétaire et les
administrations occupantes est clairement établie par un mécanisme de facturation de
loyers, indexés sur les coûts réels ou sur les coûts de marché ;
? la Belgique, le Danemark, l?Italie, la Norvège, la Suède et le Royaume-Uni ont
centralisé une partie de leur fonction immobilière ou ont engagé une
transformation en ce sens ; la conduite du changement s?est appuyée sur la création
d?une agence ; si elles ont des champs d?action parfois différents, elles ont toutes en
charge la gestion, voire la propriété, de l?immobilier tertiaire banalisé mais elles ne
couvrent jamais l?ensemble du patrimoine (hors défense et biens à l?étranger) ;
? la République tchèque, la Pologne, le Portugal, l?Espagne et la France se
caractérisent par la dispersion de leur fonction immobilière ; chaque ministère,
administration ou opérateur public gère son immobilier indépendamment ; il existe
souvent une direction chargée de la coordination au niveau central, sur le modèle de
la DIE, mais son pouvoir est faible voire inexistant pour certaines classes d?actifs.
Graphique 3 : synthèse de l?organisation de la fonction immobilière dans quinze pays
européens, selon trois grands modèles
Note de lecture : Les pays ont été classés selon trois modèles : centralisé (la fonction immobilière est concentrée pour
l?essentiel entre les mains d?un acteur, hors métiers ou classe d?actifs spécifiques), intermédiaire (un mouvement de
centralisation a été engagé, un acteur principal émerge sans pour autant jouir d?un monopole sur la fonction),
fragmenté (chaque administration ou opérateur public gère son immobilier en propre, avec ou sans coordination
centrale).
Source : Mission.
PUBLIÉ
Rapport
- 24 -
2.2. La consolidation d?une fonction immobilière a également été observée dans
un échantillon de sept grandes entreprises publiques et privées, dans un
contexte de tension sur les ressources humaines
La mission a rencontré les responsables de trois entreprises publiques (EDF, SNCF,
La Poste), de trois entreprises privées (Capgemini, Carrefour, Crédit agricole) et
de Pôle emploi. Ces sept structures se sont engagées dans des transformations immobilières
ambitieuses :
? La Poste et la SNCF ont structuré des filiales immobilières dédiées, rassemblant
l?ensemble des métiers de l?immobilier (hors facility management pour La Poste, celle-ci
ayant réorganisé ses fonctions support en parallèle), et ont mis en place des loyers
internes ;
? EDF, Capgemini et Pôle emploi ont développé un modèle dans lequel ils sont
majoritairement locataires, avec une fonction immobilière centralisée au service des
occupants ;
? Carrefour et le Crédit agricole ont mis en place des loyers internes, éventuellement
négociés ou conventionnels, afin de donner un signal-prix à leurs unités opérationnelles
et de rentrer dans une démarche de valorisation d?actifs (notamment pour Carrefour).
Les entretiens conduits par la mission permettent de tirer les enseignements suivants
sur la conduite d?une transformation immobilière maîtrisée :
? au départ, la structuration d?une fonction immobilière répond à des motivations
financières et à des besoins opérationnels ; la mise en place de loyers réels ou fictifs
permet d?objectiver les charges et d?engager une démarche d?optimisation des coûts
générés par l?immobilier, mais elle permet également de déclencher une réflexion sur
l?adéquation entre, d?une part, l?immobilier considéré comme outil de production et,
d?autre part, les besoins des salariés (Capgemini a transformé ses implantations afin de
les rendre plus adaptées aux usages de ses salariés) et les attentes des usagers
(Pôle emploi adapte l?implantation de ses agences en fonction de l?évolution du chômage
et en tenant compte des contraintes d?accessibilité pour les allocataires) ;
? en pratique, la professionnalisation de la fonction immobilière passe par la
création d?une entité dédiée qui permet de mutualiser les ressources humaines
disponibles et surtout d?enclencher une stratégie de renforcement des
compétences fondées, d?une part, sur la capitalisation des méthodes de travail et la
formation continue et, d?autre part, sur le recrutement de nouveaux agents ; sur le
plan opérationnel, la création d?une entité dédiée favorise le déploiement, au niveau du
groupe, des réflexions sur des enjeux d?actualité comme la numérisation de l?immobilier
ou encore la prise en compte du télétravail ;
? en matière de conduite du changement, la structuration d?une fonction
immobilière s?inscrit dans le temps long, elle requiert un portage politique fort et
elle nécessite un accompagnement humain soutenu ; plusieurs années sont
nécessaires pour mettre en place une nouvelle culture de gestion de l?immobilier et
conduire le renouvellement des compétences ; les réticences des directions métiers,
utilisatrices du patrimoine, sont à la hauteur du sentiment de dépossession ressenti,
même quand celles-ci n?ont jamais fait de leur immobilier une priorité : l?appui politique
du directeur général de l?agence dans la durée est systématiquement présenté comme
indispensable pour confirmer l?impulsion initiale par des arbitrages réguliers et pour
donner du sens à la transformation ; il est enfin indispensable de susciter l?adhésion des
salariés pour lesquels la transformation peut constituer une opportunité de développer
de nouvelles compétences, et rassurer ceux qui se sentent menacés par ces changements
en leur proposant des mobilités internes ou des offres de formation renforcées ; les
PUBLIÉ
Rapport
- 25 -
évolutions de compétences exigées par cette transformation ne doivent pas être sous-
estimées ;
? les nouvelles formes de valorisation du foncier et de l?immobilier se complexifient
et nécessitent des compétences spécifiques ;
? tous les acteurs concernés intègrent le défi financier et technique posé par le
décret tertiaire à horizon 2030 : les opérations d?économies d?énergie ou de réduction
des émissions de gaz à effet de serre (GES) sont forcément embarquées dans des
opérations plus globales de modernisation des actifs.
Les interlocuteurs rencontrés par la mission sont également confrontés à des difficultés
de recrutement sur des métiers spécialisés comme la gestion d?actifs ou la maîtrise d?ouvrage.
Outre l?enjeu de la rémunération, la possibilité de travailler sur un parc immobilier
emblématique (comme celui de La Poste ou de la SNCF) ou d?une ampleur importante peut
néanmoins permettre d?attirer des profils en recherche d?évolution professionnelle.
3. La mise en oeuvre d?une transformation ambitieuse suppose un
arbitrage rapide sur l?organisation à moyen terme de la fonction
immobilière au sein de l?État
3.1. Les défis à venir supposent une action rapide
La fonction immobilière a franchi une étape de structuration en 2016 avec la création
de la DIE, même si elle doit aujourd?hui refonder sa stratégie :
? le ralentissement du rythme des cessions, conjuguée à l?érosion des financements dédiés
à l?entretien du parc immobilier, nécessite de réfléchir à de nouvelles modalités de
financement (cf. graphique 2) ;
? dans le même temps, les enjeux de valorisation du patrimoine immobilier de l?État
montent en puissance, ce qui nécessite de mobiliser des compétences nouvelles.
La mise en oeuvre du décret tertiaire16, qui prévoit une réduction de la consommation
énergétique des bâtiments tertiaires de 40 % en 2030 par rapport à 2010, va en outre
nécessiter des investissements très importants pour atteindre les objectifs fixés, compte
tenu notamment de l?état de vétusté du parc immobilier de l?État. L?article 175 de la loi
n° 2018-1021 du 23 novembre 2018 portant évolution du logement, de l?aménagement et du
numérique (loi ELAN) impose en effet « de parvenir à une réduction de la consommation
d?énergie finale pour l?ensemble des bâtiments soumis à l?obligation d?au moins 40 % en 2030,
50 % en 2040 et 60 % en 2050 par rapport à 2010 ». Le décret tertiaire, entré en vigueur à
compter du 1er octobre 2019, prévoit que tous les bâtiments à usage tertiaire de plus
de 1 000 m² construits avant le 24 novembre 2018 sont concernés par cette obligation.
Ce décret concerne également les bâtiments publics, et constitue un enjeu politique
important au regard de l?exigence d?exemplarité attendue de la part des services de
l?État. Les services du ministère de la transition écologique soulignent que le projet de révision
de la directive européenne sur l?efficacité énergétique (DEE) devrait d?ailleurs renforcer les
exigences en matière d?exemplarité de performance énergétique des bâtiments tertiaires
publics. Selon l?étude d?impact du décret tertiaire, sa mise en oeuvre va nécessiter un
investissement de 17 Md¤ sur 30 ans pour remettre à niveau le parc immobilier de
l?État, sur la base d?un coût estimé en ordre de grandeur à 180 ¤/m². Même si elle reconnaît
qu?il est très complexe de procéder à une estimation précise des moyens financiers qui devront
16 Décret n° 2019-771 du 23 juillet 2019 relatif aux obligations d?actions de réduction de la consommation
d?énergie finale dans des bâtiments à usage tertiaire.
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Rapport
- 26 -
être mobilisés pour atteindre les objectifs attendus, la DIE a pour sa part estimé l?effort
d?investissement à fournir à 92 Md¤ sur 30 ans, sur la base d?un coût moyen de rénovation
estimé à 1 500 ¤/m² qui concerne les coûts de rénovation globaux incluant le gros entretien-
renouvellement de base et les surcoûts lié à l?application du décret tertiaire. Compte tenu de
l?ampleur des montants évoqués et des différents chiffrages avancés, il serait souhaitable que
les administrations concernées (DGALN, DIE, DB) poursuivent leurs travaux, en
s?appuyant notamment sur la prochaine génération de SDIR, afin de produire une
évaluation partagée de l?impact du décret tertiaire.
Il serait par ailleurs souhaitable que la DIE tienne à jour une liste des sites les plus
vétustes ou les plus exposés aux risques naturels et qu?elle développe une vision
pluriannuelle des besoins et des investissements structurants nécessaires pour les remettre en
état.
L?évolution du mode de fonctionnement des services publics, sous l?effet de la
transformation numérique de l?administration, de l?objectif de dématérialisation des
procédures et du déploiement du télétravail, nécessite par ailleurs de réfléchir à de
nouvelles normes de construction, d?aménagement et d?occupation des bâtiments
publics et ouvre la voie à une plus grande mutualisation des bureaux entre services. Les
ministères et leurs opérateurs abordent aujourd?hui cette question de façon hétérogène,
certains services adoptant des transformations relativement ambitieuses de leur espace de
travail tandis que d?autres font preuve d?une approche prudente, dans un contexte où la crise
sanitaire a mis en évidence les possibilités ouvertes par le télétravail mais également ses
limites.
Ces évolutions peuvent être obtenues de manière réaliste et efficiente en capitalisant
dès à présent sur les synergies développées dans le cadre du programme de rénovation
des cités administratives puis à l?occasion du plan de relance, au risque de revenir à la
situation antérieure. Au niveau déconcentré, les services chargés de la gestion immobilière
ont mis à profit cette période pour renforcer leurs liens et créer des synergies qui disparaîtront
si les mutualisations qui ont été mises en place ne sont pas consolidées dans le temps.
3.2. À terme, la gestion du propriétaire et la valorisation du patrimoine foncier
et de l?immobilier de bureau gagneraient à être confiées à une agence
représentant l?État propriétaire
La conduite des transformations examinées par la mission s?est appuyée sur la réunion
des métiers de l?immobilier au sein d?une même structure pour mieux gérer et valoriser
les actifs et pour répondre aux besoins des occupants.
Pour cette raison, la mission estime nécessaire de constituer une entité opérationnelle
dédiée, qui pourrait prendre la forme d?une agence, dont la mission serait double :
? d?une part, elle serait chargée d?assurer la gestion du propriétaire (asset
management et property management) de l?ensemble de l?immobilier de bureaux
des ministères entendu au sens large, c?est-à-dire incluant également l?immobilier
tertiaire du ministère de l?intérieur (commissariats et gendarmerie) et du ministère de
la justice (palais de justice) ; une exception pourra toutefois être admise pour le
ministère des armées qui pourra continuer à gérer lui-même ses bureaux, et pour les
biens situés à l?étranger ;
PUBLIÉ
Rapport
- 27 -
? d?autre part, elle serait chargée de la valorisation du patrimoine foncier de l?État,
selon une stratégie arrêtée par les pouvoirs publics, tenant notamment compte des
objectifs poursuivis dans le cadre des politiques du logement et inscrits dans les
dernières lois relatives à l?énergie, à la lutte contre la vulnérabilité climatique et en
faveur de la biodiversité17.
Les exemples étrangers et l?organisation actuelle extrêmement morcelée des fonctions
immobilières ministérielles conduisent à recommander que l?agence intervienne sur un
champ aussi large que possible, sans admettre d?exception hormis pour le ministère des
armées dont l?organisation est d?ores et déjà très intégrée et possède la taille critique, ainsi
que pour les biens situés à l?étranger.
En revanche, la constitution de cette agence pourrait se faire progressivement, en rattachant
les différents périmètres ministériels par étapes successives, en commençant par exemple par
le patrimoine immobilier des ministères économiques et financiers et par le patrimoine des
ministères qui disposent de peu d?implantations territoriales (agriculture et alimentation,
travail et affaires sociales, transition écologique). Le patrimoine immobilier des opérateurs
pourrait également être géré par la future agence, selon des règles à définir.
Le transfert de la propriété des biens gérés par l?agence n?est pas indispensable, mais il
pourrait être envisagé afin de renforcer la séparation entre État propriétaire et
administrations occupantes. À défaut, ou dans un premier temps, l?agence pourrait être
simplement affectataire des biens qu?elle mettrait à disposition des administrations
occupantes en fonction de leurs besoins, en tant que prestataire de services pour leur compte.
Le modèle le plus abouti en la matière est celui de la BImA allemande, qui est propriétaire et
gestionnaire de la quasi-totalité du parc immobilier fédéral (hormis certains biens du
ministère de la défense et les biens situés à l?étranger), mais le modèle de la Government
Property Agency (GPA) britannique est également intéressant, puisqu?il démontre la possibilité
d?un transfert progressif de la propriété des biens sur une durée de plusieurs années.
La constitution d?une telle entité opérationnelle permettrait d?atteindre le meilleur
niveau de professionnalisation de la fonction immobilière, en mutualisant l?ensemble des
ressources humaines et des compétences disponibles au sein de l?État. Elle permettrait par
ailleurs d?assurer une gestion dynamique du parc immobilier et de décliner une stratégie de
valorisation dans laquelle la cession deviendrait la dernière solution envisagée, si le bien n?est
utile à aucune administration et s?il n?est pas possible de le valoriser. Le moment venu, il
conviendra toutefois de vérifier la compatibilité de la future agence avec le droit
communautaire.
Dans cette nouvelle architecture, la mission recommande de renforcer une direction
d?administration centrale chargée de définir les orientations stratégiques de la
politique immobilière de l?État, de porter les arbitrages interministériels et d?exercer la
tutelle de la future agence représentant l?État propriétaire. La répartition des rôles entre
une administration centrale « tête pensante », placée auprès du ministre des finances, chargé
du domaine, et une agence « bras armé opérationnel » chargée de la mise en oeuvre de la
politique publique apparaît comme la plus adaptée, et elle permettra à l?agence de développer
une autonomie suffisante pour s?inscrire dans le temps long qui est celui de la gestion
immobilière.
17 Loi n° 2016-1087 du 8 août 2016 pour la reconquête de la biodiversité, de la nature et des paysages et loi
n° 2021-1104 du 22 août 2021 portant lutte contre le dérèglement climatique et renforcement de la résilience face
à ses effets.
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Rapport
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Proposition n° 1 : confier la mission de représenter l?État propriétaire et d?accompagner
les occupants publics sur l?ensemble de la chaine des besoins immobiliers à une entité
publique opérationnelle dédiée, placée sous la tutelle de la DIE et dotée d?antennes
régionales. Cette agence, bras armé opérationnel de la politique immobilière de l?État,
assurerait la gestion du propriétaire, la conduite de projet et la valorisation du
patrimoine foncier et de l?immobilier de bureaux18 de l?ensemble des ministères (hors
ministère des armées et biens situés à l?étranger) et, selon des règles à définir, celles des
opérateurs de l?État, et elle apporterait son expertise en matière de maîtrise d?ouvrage
pour l?ensemble du parc immobilier de l?État. Elle serait soit affectataire, soit
propriétaire des biens dont elle assurerait la gestion.
Proposition n° 2 : renforcer une direction de l?immobilier de l?État, directement placée
sous l?autorité du ministre chargé des finances, qui serait tout à la fois une direction de
stratégie pour l?ensemble du patrimoine immobilier de l?État et une direction
immobilière sur le patrimoine de bureaux. Elle serait chargée de définir les orientations
stratégiques de la politique immobilière de l?État, de porter les arbitrages
interministériels et d?assurer la tutelle de la future agence représentant l?État
propriétaire.
3.3. La mise en place de loyers versés par les administrations occupantes à la
future agence permettrait de donner un signal-prix aux occupants incitant
à l?optimisation et à la valorisation du parc, à condition d?y associer une
logique d?intéressement pour les gestionnaires
Lorsque la gestion du patrimoine immobilier est confiée à une structure unique, la mise
en place de loyers constitue un puissant instrument de rationalisation qui permet
d?inciter les occupants à optimiser leur occupation du parc. Ces loyers peuvent correspondre à
une valeur de marché, notamment lorsque la structure gestionnaire est également propriétaire
des biens immobiliers, ou bien être calculés plus conventionnellement, lorsque la structure est
seulement affectataire des biens. Si elle n?est pas indispensable, la mise en place de loyers
permet de donner un signal-prix aux occupants et de matérialiser le coût de l?occupation d?un
bâtiment public.
Proposition n° 3 : mettre en place des loyers versés par les administrations occupantes
à l?agence représentant l?État propriétaire, qui financeraient les dépenses du
propriétaire, en prévoyant un dispositif financier incitatif pour les administrations qui
rationalisent leur organisation immobilière.
La mise en place des loyers budgétaires, expérimentés en 2006, généralisés en 2010 puis
supprimés en LFI 2019, a été décrite comme « inefficace et coûteuse » par le CIE (cf. encadré 1),
la méthode employée pour les loyers budgétaires s?est heurtée aux obstacles suivants :
? une vision trop systématique des loyers qui ont été appliqués systématiquement à toutes
les classes d?actifs, y compris certains locaux techniques pour lesquels aucune action
d?optimisation ou de valorisation n?était envisageable, alors que ces loyers ont surtout
un intérêt dans des zones métropolitaines denses ;
? une mauvaise connaissance du parc qui a suscité des contestations nombreuses de la
part des ministères occupants qui questionnaient le mode de calcul des loyers ;
? une absence de logique incitative qui a vidé le dispositif de son sens, alors que ce
caractère incitatif est au coeur des transformations étudiées par la mission ;
18 Entendu au sens large, c?est-à-dire incluant également l?immobilier spécifique du ministère de l?intérieur
(commissariats et gendarmerie) et du ministère de la justice (palais de justice).
PUBLIÉ
Rapport
- 29 -
? un caractère fictif dans la mesure où le versement des loyers était matérialisé par des
écritures pour ordre et non par des flux financiers réels.
Compte tenu de cet historique défavorable, il est recommandé de ne pas considérer la
mise en place de loyers comme un préalable à toute transformation, mais plutôt comme
un outil qui permettra de renforcer l?efficacité des interventions de l?agence
représentant l?État propriétaire, une fois que celle-ci aura été mise en place et qu?elle
aura démontré sa capacité à offrir un service de qualité aux administrations occupantes.
3.4. La transformation recommandée ne peut techniquement que s?inscrire
dans une trajectoire pluriannuelle, et nécessite un appui politique
important et prolongé
La transformation recommandée par la mission, qui implique à terme la création d?une
agence représentant l?État propriétaire et la mise en place de loyers versés par les
administrations occupantes, constitue une cible de moyen terme qui n?est pas accessible
immédiatement. Compte tenu de la dispersion des organisations et des structures chargées
de la mise en oeuvre de la politique immobilière de l?État, de la fragilité de la gestion de
l?immobilier des administrations territoriales de l?État et du retard accumulé en matière
d?entretien des bâtiments de l?État, l?atteinte de cette cible de moyen terme nécessite en effet
des travaux préparatoires et la vérification de plusieurs prérequis (cf. infra).
Pourtant, la fixation rapide d?un cap stratégique clair et ambitieux permettrait de
donner de la visibilité aux parties prenantes et favoriserait la préparation de la future
organisation par l?ensemble des ministères concernés et par les préfectures de région.
Elle constituerait un signal politique fort et mobilisateur adressé à l?ensemble des agents qui
ont fait part des difficultés qu?ils rencontrent pour assurer une gestion immobilière de qualité.
Elle permettrait également de fédérer les ministères autour d?un objectif commun et de
surmonter les réticences fortes qu?ils ne manqueront pas d?exprimer. Elle serait enfin un levier
précieux pour préparer la réponse au défi de la transition énergétique et assurer la
position d?un État exemplaire.
Les exemples examinés par la mission montrent que les transformations immobilières
prennent généralement plusieurs années avant d?atteindre leur pleine maturité.
En conséquence, la mission propose le calendrier suivant :
? le Premier ministre pourrait rendre un arbitrage rapide, dès le début de la
mandature qui s?ouvrira à la mi-2022, sur la cible à atteindre à moyen terme ;
? la mandature qui s?ouvre pourrait ensuite être mise à profit, d?une part, pour décliner
les chantiers techniques indispensables pour constituer une fonction immobilière
performante et pour répondre rapidement aux difficultés de l?immobilier de
l?administration territoriale (cf. infra) et, d?autre part, pour confier la gestion du parc
immobilier de certains ministères à la DIE et définir le calendrier de bascule des
autres périmètres ministériels ;
? la réalisation d?une nouvelle mission d?inspection au plus tard dans le courant de
l?année 2026 permettrait de mesurer le chemin parcouru et d?évaluer la possibilité de
créer une agence représentant l?État propriétaire et de mettre en place des loyers en
précisant leur périmètre.
PUBLIÉ
Rapport
- 30 -
4. La constitution d?une fonction immobilière performante impliquerait
de réussir quatre chantiers
Pour atteindre la cible à moyen terme qu?elle estime nécessaire pour constituer une
fonction immobilière performante, la mission identifie quatre chantiers prioritaires,
qu?il est possible d?ouvrir ou de poursuivre à court terme :
? structurer une filière interministérielle des métiers de l?immobilier ;
? achever la fiabilisation de la connaissance du parc immobilier de l?État afin d?objectiver
les besoins pluriannuels ;
? renforcer la gouvernance en donnant toute sa dimension à l?État propriétaire, incarné
par la direction de l?immobilier de l?État ;
? franchir une nouvelle étape de la professionnalisation de la fonction immobilière, en
mutualisant les ressources humaines et les compétences déjà existantes.
4.1. Structurer une filière interministérielle des métiers de l?immobilier
4.1.1. Sur le plan des compétences, la fonction immobilière présente des défis de
transformation qui s?apparentent à ceux du numérique et des achats au sein de
l?État
Il est possible de tirer des enseignements des transformations mises en oeuvre par l?État
en matière de pilotage des systèmes d?informations et des achats, qui constituent des
politiques interministérielles à caractère transversal, comparables par plusieurs aspects à la
politique immobilière de l?État.
Depuis 2019, la direction interministérielle du numérique (DINUM) oriente, anime,
soutient et coordonne les actions des administrations de l?État visant à améliorer la
qualité, l?efficacité, l?efficience et la fiabilité des services rendus par le système
d?information et de communication de l?État19. La DINUM est rattachée au secrétaire
général du Gouvernement tout en étant placée sous l?autorité du ministre de l?action et des
comptes publics et mise à la disposition du ministre de l?économie et des finances et du
secrétaire d?État chargé du numérique. En 2021, la DINUM employait 190 personnes,
dont 134 contractuels.
La DINUM a mis en place quatre initiatives intéressantes pour structurer une filière de
compétences numériques au sein de l?État :
? le comité interministériel du numérique (CINUM) mobilise une fois par mois les
directeurs du numérique de chaque ministère, du Premier ministre et de la présidence
de la République, ainsi que le directeur de l?ANSSI, afin de partager l?avancement des
chantiers numériques interministériels, de dessiner les contours de la stratégie
numérique et de discuter des doctrines communes ; il constitue un lieu privilégié
d?échange d?expériences et de partage des arbitrages interministériels ;
? elle a développé puis pérennisé le programme « entrepreneur d?intérêt général », qui
permet de recruter des équipes projets pour la conduite de projets ministériels d?une
durée fixe de dix mois ; ce programme constitue un vivier de recrutement important,
dans la mesure où deux tiers des entrepreneurs d?intérêt général sont ensuite recrutés
au sein de l?État ;
19 Décret n° 2019-1088 du 25 octobre 2019 relatif au système d?information et de communication de l?État et à la
direction interministérielle du numérique.
PUBLIÉ
Rapport
- 31 -
? à partir d?une étude de marché sur les rémunérations dans le secteur privé, la DINUM a
négocié une grille de rémunération qui porte désormais sur les 56 métiers de la filière
numérique et qui permet de recruter plus facilement des agents contractuels en contrat
à durée indéterminée (CDI) tout en évitant la concurrence entre ministères et en
réduisant, voire en supprimant, les délais de visa par le contrôleur budgétaire
ministériel ;
? elle a mis en place une mission « talents » chargée de favoriser la mobilité des
compétences numériques au sein de l?État et de développer une filière numérique
publique attractive.
La direction des achats de l?État (DAE) a pour sa part remplacé le service des achats de
l?État (SAE) en 2016 et elle a été dotée d?un réseau de plateformes régionales des achats
de l?État (PFRA) placées sous l?autorité des préfets de région. Les responsables des PFRA
sont désignés par le préfet de région, après avis du directeur des achats de l?État.
Parmi ses missions, la DAE « définit la stratégie de formation des acteurs de la fonction d?achat
de l?État et pilote l?offre de formation en la matière, propose toute mesure propre à renforcer la
professionnalisation de ces acteurs et à structurer leur parcours professionnel dans le cadre d?une
filière d?achats commune aux services de l?État et aux établissements publics »20 : la DAE a ainsi
développé, notamment en coopération avec l?institut de la gestion publique et du
développement économique (IGPDE), une offre d?une cinquantaine de formations organisées
en cinq cursus, dont certaines sont certifiantes : compétences transversales, manager,
acheteur/fondamentaux, acheteur/perfectionnement, acheteur/expert.
4.1.2. La direction de l?immobilier de l?État pourrait construire et animer une filière
immobilière pour proposer des parcours attractifs au sein de l?État
Afin d?apporter une réponse aux difficultés de recrutement constatées pour l?ensemble
des métiers de l?immobilier, au niveau national comme au niveau déconcentré, il semble
nécessaire de construire une filière immobilière qui permettrait de proposer aux agents
des parcours de carrière attractifs au sein de l?État.
Les principales difficultés identifiées sont les suivantes :
? le niveau insuffisant des rémunérations proposées pour des métiers spécialisés, compte
tenu de la concurrence avec le secteur privé mais également de la concurrence qui existe
entre les ministères ;
? le manque de valorisation de la compétence immobilière et le manque de perspective
d?évolution professionnelle pour des agents qui développent une expertise sur les
questions immobilières ;
? les freins à la mobilité entre ministères, voire entre directions d?un même ministère, en
raison de règles de gestion trop contraignantes, par exemple lorsque les agents issus des
corps techniques du ministère de la transition écologique souhaitent évoluer au sein du
ministère de l?économie et des finances ou au sein du ministère de l?intérieur.
La direction de l?immobilier de l?État serait la mieux placée pour faire émerger et pour
animer une telle filière des métiers immobiliers, son rôle dans l?animation des
directions immobilières ministérielles la positionnant de fait dans cette fonction.
Concrètement, cela passe en priorité par la construction d?un référentiel des principaux
métiers de l?immobilier et par la mise en place de grilles de rémunération transversales
attractives pour les contractuels et pour les fonctionnaires. Cette démarche constitue le
20 Décret n° 2016-247 du 3 mars 2016 créant la direction des achats de l?État et relatif à la gouvernance des achats
de l?État.
PUBLIÉ
Rapport
- 32 -
préalable indispensable pour faciliter la mobilité interministérielle, qui favorisera la
fidélisation des agents et améliorera l?attractivité de la fonction immobilière de l?État.
Le recensement des postes principaux d?encadrement et la construction interministérielle
d?une gestion prévisionnelle des emplois, des effectifs et des compétences (GPEEC) seraient
également prioritaire pour tenir compte du départ à la retraite prochain de nombreux agents.
Enfin, une animation régulière du réseau des responsables immobiliers des ministères
et l?association de la DIE à leur recrutement et à leur nomination (cf. infra) seraient
également des mesures fortes permettant l?émergence et la reconnaissance d?une véritable
filière professionnelle au sein de l?État.
Proposition n° 4 : structurer une filière interministérielle portant sur les différents
métiers de l?immobilier, animée par la direction de l?immobilier de l?État qui serait
chargée d?identifier les compétences requises, de recenser les postes concernés et de
proposer aux agents des parcours de carrière attractifs au sein de l?État, y compris avec
la mise en place d?une grille de rémunération interministérielle adaptée.
4.1.3. Les écoles du ministère de la transition écologique pourraient être davantage
mobilisées pour proposer des formations aux agents de la filière immobilière
Le ministère de la transition écologique dispose de corps techniques à vocation
interministérielle, qui sont compétents en matière de maîtrise d?ouvrage publique et en
matière bâtimentaire :
? les ingénieurs, des ponts, des eaux et des forêts (IPEF), dont la formation est assurée par
l?École des Ponts Paristech ;
? les ingénieurs des travaux publics de l?État (ITPE), dont la formation est assurée par
l?École nationale des travaux publics de l?État (ENTPE) ;
? les techniciens supérieurs du développement durable (TSDD) et les secrétaires
d?administration et de contrôle du développement durable (SACDD).
Pour les IPEF en sortie d?école, les ministères de tutelle de l?ENPC privilégient les
recrutements répondant à leur propre besoin sur des postes vacants, et limitent de fait
l?accès à la filière immobilière avec des ouvertures de poste très limitées pour les trois agences
de maitrise d?ouvrage ministérielles (APIJ, EPAURIF, OPPIC)21. Les IPEF recrutés récemment
expriment par ailleurs un intérêt fort pour les sujets « environnement-biodiversité »,
« climat », « agriculture » et « énergie »22, ce qui pose la question de leur intérêt pour les projets
immobiliers.
L?examen des postes proposés aux ITPE à leur sortie d?école, de même que les
témoignages des services chargés de la conduite de projets immobiliers, montre que ces
profils sont très appréciés pour leur expertise technique et pour leur capacité de pilotage de
projets parfois complexes. Ceux-ci constituent un vivier très intéressant pour la politique
immobilière de l?État, à condition de lever les obstacles qui peuvent exister pour leur
recrutement et de favoriser leur mobilité en dehors du ministère de la transition écologique.
Le développement de formations continues relatives à la maîtrise d?ouvrage permettrait
de consolider les compétences des agents chargés de la conduite d?opérations
immobilières qui peuvent se révéler complexes. Outre les formations initiales ou les
mastères et certificats spécialisés délivrés par l?ENPC et par l?ENTPE, le développement de
21 Sur les cinq dernières années, un poste a été proposé aux IPEF sortant d?école en 2017 (APIJ), en 2018 (APIJ) et
en 2019 (OPPIC), et aucune ouverture de poste en sortie d?école n?a été proposée à l?APIJ et à l?OPPIC depuis 2020.
L?EPAURIF n?a bénéficié d?aucune ouverture de poste depuis cinq ans.
22 CGAAER, CGEDD, « Ingénieurs au service de la Nation ? Regards sur les IPEF », septembre 2021.
PUBLIÉ
Rapport
- 33 -
formations continues, certifiantes ou plus ponctuelles, dans la conduite de projets complexes,
dans les thématiques émergentes liées aux transformations de la construction ou dans la
gestion de patrimoine permettrait de consolider les compétences des agents de la filière
immobilière dans son ensemble, et ceux de la maîtrise d?ouvrage en particulier.
Dans le même ordre d?idées, il serait par ailleurs souhaitable que la DIE puisse disposer
d?un siège au conseil d?administration de l?ENTPE, qu?elle soit associée à l?élaboration
des formations qui relèvent de son champ de compétence et à la définition pluriannuelle
des postes de sortie d?école proposés aux ITPE, voire à la constitution d?un flux régulier
de propositions de postes en sortie de l?ENPC.
4.2. Achever la complétude et la fiabilisation de la connaissance du parc
immobilier de l?État afin d?objectiver les besoins pluriannuels
4.2.1. Les données dont dispose la direction de l?immobilier de l?État restent lacunaires
et insuffisamment fiables
Le système d?information de l?immobilier de l?État (SIIE) est construit à partir
de deux ensembles de données :
? un module « RE-FX » pour l?inventaire physique et un module « FI-AA » pour l?inventaire
comptable qui appartiennent au système d?information financier de l?État (SIFE) ;
? des applications informatiques de la DIE, notamment le référentiel technique (RT) et
l?outil d?aide au diagnostic (OAD), disponibles depuis 2015.
Quatre éléments constitutifs de l?inventaire du patrimoine immobilier de l?État doivent
être réunis pour pouvoir développer une stratégie immobilière :
? l?inventaire physique, qui se rapporte à la nature du bien (type, lieu, surface, etc.) ;
? la valeur d?un bien, comptable et/ou commerciale ;
? le diagnostic technique, évolutif (état du bâtiment, conformité à la réglementation,
performance énergétique, accessibilité, etc.), qui permet d?anticiper les investissements ;
? le diagnostic économique qui comprend les coûts d?utilisation (fluides, gardiennage,
nettoyage, loyers, etc.) et les coûts d?entretien (locataire et propriétaire).
Pour appréhender au mieux ces quatre dimensions, la DIE a défini seize données prioritaires
réparties selon trois catégories (cf. tableau 5), qui sont renseignées de façon hétérogène selon
les catégories : les données générales sont les mieux renseignées (90 % de complétude), tandis
que les données d?exploitation sont très lacunaires (16 % de complétude). Le taux de
complétude global des données prioritaires s?établit à seulement 63 %, tandis que leur
niveau de cohérence est évalué à 73 %. Par ailleurs, la mission a relevé un écart de 15 Mm²
entre les données du référentiel technique et celles qui figurent dans le module RE-FX.
PUBLIÉ
Rapport
- 34 -
Tableau 5 : taux de complétude pour les seize données prioritaires du référentiel technique
Catégorie Donnée
Taux de
complétude moyen
Taux de
complétude global
Données
générales
Surface utile brute totale
112/125 = 90 %
148/235 = 63 %
Surface utile nette totale
Nombre de postes de travail
Loyer externe du bâtiment
Présence d?amiante
États techniques
État de santé général du bâtiment
25/40 = 63 %
État d?accessibilité général du bâtiment
Proximité des transports en commun
Présence d?une enquête de confort d?usage
Données
d?exploitation
Charges de fonctionnement
11/70 = 16 %
Consommation d?énergie finale annuelle
Consommation d?eau annuelle
Tri des déchets
Contrôles réglementaires (sécurité incendie,
installations électriques, ascenseurs)
Résultats des derniers contrôles
Réserves levées
Source : Mission.
4.2.2. Le développement du système d?information de l?immobilier de l?État n?a pas
permis de pallier le manque de qualité des données brutes
En 2017, il a été décidé de confier la responsabilité du système d?information de
l?immobilier de l?État (SIIE) à la DIE. Depuis cette date, la DIE a poursuivi l?information de
la politique immobilière de l?État en déployant de nouvelles applications, puis elle a arrêté son
schéma directeur en 2021 selon les quatre axes stratégiques suivants :
? la connaissance du parc et de ses occupations ;
? le partage et le soutien aux choix de stratégie immobilière ;
? l?excellence opérationnelle et le suivi du collectif ;
? le pilotage et le suivi de l?activité.
Selon la DIE, le budget annuel du SIIE se situe en fonction des années entre 3 M¤ et 4,5 M¤ et
mobilise une dizaine d?agents au sein du bureau DIE-1A, qui sont appuyés par des prestataires
représentant entre 14 ETP et 20 ETP externes selon les années23.
Les moyens importants déployés pour le développement du SIIE traduisent une
stratégie assumée de la DIE, qui mise sur le développement des outils informatiques et
sur l?amélioration de leur ergonomie afin de convaincre leurs interlocuteurs
ministériels de les utiliser davantage et ainsi améliorer la complétude et la qualité
globale des données collectées. La DIE dispose pourtant d?ores et déjà d?un volume de
données important qu?elle ne valorise pas, faute de pouvoir s?appuyer sur des effectifs de
statisticiens qui pourraient détecter les lacunes et les incohérences présentes dans les données
disponibles, les traiter systématiquement et proposer une stratégie de données robuste.
Par ailleurs, les efforts devraient être poursuivis auprès des gestionnaires de site et
auprès des MRPIE afin d?améliorer substantiellement la complétude et la qualité des
données renseignées dans le référentiel technique, par exemple en programmant des
campagnes de visite de l?ensemble des bâtiments du parc immobilier, en publiant des notes de
23 Cf. compte-rendu de la CNIP du 5 mai 2021 relative au schéma directeur du système d?information de
l?immobilier de l?État 2021-2024.
PUBLIÉ
Rapport
- 35 -
complétude et de cohérence par ministère, comme en Italie, ou en conditionnant l?octroi de
subventions à la qualité des données inscrites dans le référentiel technique.
4.2.3. Le développement d?outils de mesure de l?état patrimonial des bâtiments et
d?indicateurs physico-financiers partagés par l?ensemble des ministères est
indispensable pour poursuivre la valorisation du foncier public et la
rationalisation du parc immobilier de l?État
La connaissance lacunaire du parc immobilier et de son état de vétusté ne permet pas
aux décideurs de faire des choix éclairés sur le niveau d?investissement nécessaire pour
assurer le maintien en état du parc immobilier. Faute de disposer d?indicateurs permettant
de mesurer l?évolution de l?état de vétusté des bâtiments, les dépenses immobilières pâtissent
d?arbitrages défavorables :
? d?une part, au sein des budgets ministériels, les dépenses immobilières, dont les effets se
matérialisent souvent à long terme, peuvent être considérées comme une variable
d?ajustement permettant, en cas de besoin, de financer d?autres dépenses à court terme,
qui ont une visibilité politique plus forte ;
? d?autre part, au sein des budgets immobiliers, il existe un biais pour les projets nouveaux
au détriment des dépenses d?entretien récurrentes dont l?intérêt peut paraître moins
évident à court terme.
Pour surmonter cette difficulté et mieux éclairer les choix d?allocation budgétaires, il
apparaît indispensable de développer des outils permettant de mesurer l?état de vétusté
du parc et d?en déduire les besoins budgétaires correspondants, notamment par
les trois moyens suivants :
? arrêter une liste d?indicateurs de suivi physiques et physico-financiers portant sur l?état
du parc immobilier de l?État, partagés par l?ensemble des ministères et régulièrement
actualisés ;
? généraliser l?utilisation d?un outil de mesure fiable et commun à l?ensemble des
ministères de l?état de vétusté du parc immobilier de l?État, des besoins d?entretien et
des priorités selon l?intérêt stratégique du bien et en faire un outil pour assurer le
contrôle de gestion sur l?évolution du patrimoine ; à titre d?exemple, le ministère des
armées dispose d?un outil lui permettant d?élaborer une cartographie de performance de
son patrimoine immobilier en croisant, pour chaque ouvrage, son état technique et sa
priorité stratégique, ce qui lui permet d?orienter les stratégies de maintenance en
évaluant les budgets de maintenance nécessaires (entretien courant et gros entretien
renouvellement) et en fléchant les efforts selon les objectifs de performance retenus ;
? définir des montants moyens de gros entretien renouvellement et d?entretien courant
par m² qui pourraient servir de référence pour estimer les besoins financiers et, à partir
de ces données de référence, définir une méthodologie de mesure des besoins financiers
en matière de gros entretien renouvellement (« dette grise ») qui constituerait un outil
d?aide à la décision ; à titre d?exemple, le ministère chargé de l?écologie a établi en 2009
des fourchettes indicatives pour les principaux postes de coût (gestion, maintenance
courante, gros entretien , nettoyage) et pour les principaux types d?ouvrage (habitation,
bureau, enseignement, santé) qui pourraient être actualisées et servir de référence pour
les discussions budgétaires (cf. tableau 6).
Proposition n° 5 : afin d?objectiver les discussions budgétaires, définir des outils de
mesure de l?état de vétusté du parc immobilier de l?État et d?évaluation des moyens
budgétaires correspondants, partagés par l?ensemble des ministères et intégrant les
enjeux du décret tertiaire.
PUBLIÉ
Rapport
- 36 -
Tableau 6 : calcul du coût global d?un ouvrage (fourchettes de coût ? janvier 2009)
Poste
Bâtiments
d?habitation
Bâtiments de
bureau
Bâtiments
d?enseignement
Bâtiments de
santé
Gestion 1 à 2 ¤ HT/m² 2 à 4 ¤ HT/m² 2 à 4 ¤ HT/m² 3 à 7 ¤ HT/m²
Maintenance courante du
bâti
4 à 10 ¤ HT/m² 2 à 5¤ HT/m² 3 à 6 ¤ HT/m² 5 à 15 ¤ HT/m²
Maintenance courante des
équipements
3 à 6 ¤ HT/m² 8 à 15 ¤ HT/m² 5 à 10 ¤ HT/m² 10 à 30 ¤ HT/m²
Gros entretien ?
remplacement
10 à 30 ¤ HT/m² 8 à 15 ¤ HT/m² 15 à 20 ¤ HT/m² 20 à 40 ¤ HT/m²
Nettoyage 4 à 8 ¤ HT/m² 10 à 15 ¤ HT/m² 12 à 20 ¤ HT/m² 20 à 40 ¤ HT/m²
Note : Les valeurs usuelles sont des montants indicatifs, prenant en compte la surface du projet et des fourchettes de
coût au m² établies pour chacun des postes. Ces fourchettes constituent des ordres de grandeur moyens à l?échelle
nationale, ce qui n?exclut pas des montants supérieurs ou inférieurs pour certaines opérations.
Source : Ministère de l?écologie, de l?énergie, du développement durable et de l?aménagement du territoire, janvier 2009.
4.3. Renforcer la gouvernance en donnant toute sa dimension à l?État
propriétaire, incarné par la direction de l?immobilier de l?État
4.3.1. La stratégie immobilière de l?État pourrait utilement être enrichie afin de tenir
compte du ralentissement de la politique de cessions et des principaux enjeux
actuels
Selon le DPT dédié à la politique immobilière de l?État, les quatre objectifs de cette
politique sont les suivants :
? mieux connaître et valoriser le patrimoine immobilier de l?État ;
? rationaliser et optimiser la gestion immobilière de l?État ;
? moderniser et améliorer la performance énergétique du parc ;
? professionnaliser la fonction immobilière au sein de l?État.
En 2021, le Gouvernement a relevé que « la politique de cessions des biens devenus inutiles à
l?État et à ses établissements publics connaît un tournant sur la période 2018-2021 » et que « les
cessions s?inscrivent désormais dans le cadre d?une gestion du parc immobilier où les biens les plus
emblématiques ont été cédés » (cf. encadré 4). Ce constat pourrait conduire à faire évoluer la
stratégie immobilière de l?État, initialement centrée sur un important programme de cession
des bâtiments inadaptés ou devenus inutiles.
Encadré 4 : évolution du financement de la politique immobilière de l?État
Brique indispensable de la politique immobilière de l?État, les produits provenant du Domaine constituent pour l?État
une ressource non négligeable qui a fait l?objet depuis 2017 d?une redynamisation des redevances domaniales
(réactualisation des montants, recherche de nouvelles valorisations telles que le photovoltaïque). Pour autant, la
politique de cessions des biens devenus inutiles à l?État et à ses établissements publics connaît un tournant sur la période
2018-2021. Les cessions s?inscrivent désormais dans le cadre d?une gestion du parc immobilier où les biens les plus
emblématiques ont été cédés en apportant des recettes appréciables réaffectées à la politique immobilière de l?État.
Dans ce cadre, l?État recherche désormais des valorisations alternatives, principalement sous la forme de bail
emphytéotique, en complément de la redynamisation des redevances domaniales. [?]
Les dépenses d'entretien du propriétaire sont alimentées par des redevances domaniales et par une part des produits
de cessions : ces fonds dits « mutualisés » au profit de l'ensemble de la communauté interministérielle, permettent de
financer un socle d'entretien du propriétaire des immeubles de bureaux de l?État.
En la matière, la direction de l?immobilier de l?État a pour objectif de maintenir un niveau de 160 M¤ annuels. Ce niveau
de crédits d'entretien constitue un levier significatif pour orienter les actions de maintenance et d'adaptation du parc
domanial de bureaux. En fonction de la trésorerie du CAS, le maintien de cet étiage de 160 M¤ sur le triennal 2020-2022
doit assurer un socle minimum de crédits affectés à l'entretien des immeubles de bureaux.
Source : PLF 2022, DPT « Politique immobilière de l?État ».
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Rapport
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La stratégie immobilière de l?État a vocation à apporter des réponses aux nombreux
défis auxquels les administrations sont confrontées :
? le décret tertiaire constitue un enjeu majeur en termes financiers et en termes de
maîtrise d?ouvrage publique ; l?atteinte des objectifs fixés à l?horizon 2030 nécessite
d?élaborer dès à présent une feuille de route stratégique pour la mise en conformité du
parc immobilier de l?État ;
? la valorisation du foncier public connaît une nouvelle dimension avec l?obligation
« zéro artificialisation nette » inscrite dans la loi n° 2021-1104 du 22 août 2021 portant
lutte contre le dérèglement climatique et renforcement de la résilience face à ses effets
(dite « climat et résilience »), et elle nécessite de concilier les objectifs de la politique
immobilière de l?État avec ceux de la politique du logement et des politiques
environnementales et climatiques ;
? le développement du télétravail et des tiers lieux dans la fonction publique, qui a fait
l?objet d?un accord avec les organisations syndicales en juillet 202124, ouvre des
perspectives nouvelles en termes d?organisation des espaces de travail et,
éventuellement, permettra de franchir une nouvelle étape d?optimisation du parc de
bureaux de l?État ;
? la stratégie de démétropolisation actuellement mise en oeuvre par la direction
générale des finances publiques et par plusieurs services du ministère de l?intérieur, qui
consiste à déplacer certains services d?administration centrale dans des villes de
province de taille moyenne, soulève également des questions nouvelles en termes de
répartition géographique des implantations qui constituent le parc immobilier de l?État.
4.3.2. Il serait précieux que la direction de l?immobilier de l?État pilote et anime
davantage le réseau interministériel des directions immobilières et le réseau des
responsables régionaux, et leur apporte son expertise technique et juridique
En préalable à la mutualisation de l?ensemble des ressources humaines au sein d?une
entité publique opérationnelle dédiée, il serait très utile que la DIE pilote et anime un réseau
constitué des directions immobilières des différents ministères, qui pourraient tirer avantage
de retour d?expériences et de partages de bonnes pratiques, et des missions régionales de la
politique immobilière de l?État, dans leur forme actuelle ou dans leur forme future (cf. infra).
Le pilotage et l?animation d?un réseau interministériel par la DIE pourrait s?appuyer sur
les leviers suivants :
? la poursuite du développement des formations proposées aux agents ;
? la tenue régulière de réunions d?informations et d?échanges à destination des
responsables des directions immobilières et des responsables régionaux, afin
d?assurer une circulation fluide de l?information disponible au niveau national et de
favoriser le partage d?expériences entre les différents acteurs, qui sont généralement
confrontés aux mêmes problématiques ;
? la constitution d?un centre de ressources et d?expertise technique et juridique au
sein de la DIE, sur lequel les ministères et les MRPIE pourraient s?appuyer lorsqu?ils sont
en difficulté face à des problématiques ponctuelles et spécifiques auxquelles ils n?ont pas
l?habitude de répondre ;
24 Accord relatif à la mise en oeuvre du télétravail dans la fonction publique, signé le 13 juillet 2021 et publié
au Journal officiel du 3 avril 2022.
PUBLIÉ
Rapport
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? l?association de la DIE à la nomination des principaux agents responsables de
l?immobilier au sein des ministères, dans un premier temps pour favoriser
l?identification de profils adaptés et, dans un second temps, pour donner un avis sur le
recrutement final ; à titre de comparaison, le directeur des achats de l?État donne un avis
sur le recrutement des responsables des PFRA par les préfets de région.
Une réflexion sur les évolutions possibles de la relation entre la DIE et la DAE serait également
souhaitable, afin de faciliter la conduite des procédures d?achat immobilier les plus spécifiques
et de garantir une réponse adaptée au besoin exprimé.
4.3.3. Il serait de bonne gouvernance d?attribuer à la direction de l?immobilier de l?État
un pouvoir d?avis conforme aux projets immobiliers les plus structurants et
d?alléger son contrôle sur les projets à faible enjeu
La procédure de labellisation des projets immobiliers de bureau, de logement et
d?enseignement des services de l?État et des opérateurs constitue un des principaux
outils à la disposition de la DIE pour favoriser la rationalisation du parc immobilier de
l?État. Cette procédure mise en place depuis 2016 poursuit les trois objectifs suivants :
? s?assurer de la performance technique, économique et énergétique des projets
immobiliers, avant leur lancement et leur intégration dans la programmation budgétaire
des ministères, des opérateurs ou des services déconcentrés ;
? professionnaliser le montage des projets immobiliers ;
? objectiver la décision immobilière.
Tableau 7 : gouvernance de la procédure de labellisation
Province : projets < 5 M¤
Île-de-France : projets < 8 M¤
Province : projets > 5 M¤
Île-de-France : projets > 8 M¤
Services de l?État RRPIE CNIP
Opérateurs de l?État RRPIE CNIP
Services déconcentrés CRIP CNIP
Projets mixtes CRIP CNIP
Source : DIE.
La procédure de labellisation des projets à fort enjeu par la CNIP souffre toutefois
de deux limites :
? d?une part, les interlocuteurs rencontrés par la mission soulignent que la CNIP intervient
tardivement dans le calendrier des projets, de sorte que la labellisation revêt un
caractère formel qui ne permet pas d?améliorer le projet, même si elle favorise les
échanges préalables avec la DIE ;
? d?autre part, les recommandations formulées par la CNIP ont un caractère uniquement
consultatif, ce qui amoindrit leur portée effective.
Le caractère contraignant de l?avis rendu par la CNIP devrait par conséquent être
renforcé, par exemple sous la forme d?un avis conforme qui ne pourrait être outrepassé que
par une décision du ministre chargé des finances. En contrepartie, la procédure de labellisation
pourrait être recentrée sur les projets immobiliers les plus structurants et être allégée, voire
supprimée pour les projets à faible enjeu. Dans le même ordre d?idée, une réflexion pourrait
être conduite au niveau régional afin d?assouplir les labellisations des projets portés par les
services déconcentrés.
PUBLIÉ
Rapport
- 39 -
Proposition n° 6 : recentrer le rôle de la conférence nationale de l?immobilier
public (CNIP) en prévoyant un avis conforme et non plus seulement consultatif pour les
projets immobiliers les plus structurants, et en renonçant à labelliser les projets à faible
enjeu. Au niveau régional, permettre aux acteurs locaux de développer des processus de
labellisation simplifiés et réactifs.
4.3.4. Il serait judicieux de permettre à la direction de l?immobilier de l?État de gérer
l?ensemble des dépenses de l?État propriétaire afin de donner davantage de
lisibilité aux modalités de financement de la politique immobilière de l?État et de
préparer la mise en oeuvre du décret tertiaire
L?architecture budgétaire actuelle traduit la dispersion des crédits dédiés au
financement des dépenses immobilières, avec une lisibilité limitée pour les décideurs
et pour le Parlement :
? le DPT dédié à la politique immobilière de l?État recense 45 programmes budgétaires
porteurs de dépenses immobilières au sein du budget de l?État, auxquels s?ajoutent
16 autres programmes « concourant » à la politique immobilière de l?État, soit un total
de 61 programmes budgétaires concernés par cette politique publique ;
? au niveau local, les préfectures de région doivent gérer les crédits en provenance du
programme 723 « opérations immobilières et entretien des bâtiments de l?État » et du
programme 354 « administration territoriale de l?État », mais également ceux du
programme 348, dédié au programme de rénovation des cités administratives, et du
programme 362, qui porte les crédits dédiés au volet immobilier du plan de relance ; à
titre illustratif, cinq supports budgétaires différents25 vont être mobilisés pour le
financement du projet de rénovation de la cité administrative de Lyon, ce qui
suscite des difficultés opérationnelles importantes pour les porteurs du projet.
Ce manque de lisibilité de la comptabilité budgétaire se conjugue à une absence de
valorisation des données de comptabilité générale qui figurent dans le compte général
de l?État, qui devraient pourtant permettre de disposer d?une lecture patrimoniale de
l?état du parc immobilier. Ces données souffrent de deux fragilités :
? d?une part, leur qualité dépend étroitement de la fiabilité des données d?inventaire
physique du parc immobilier de l?État, qui reste largement perfectible (cf. supra) ;
? d?autre part, la norme comptable appliquée conduit à valoriser les logements et les
bureaux à leur valeur vénale (appréhendée à partir de la valeur observée dans les
transactions récentes réalisées sur des immobilisations présentant les mêmes
caractéristiques, dans des circonstances similaires et dans une zone géographique
comparable sous l?angle du marché immobilier), selon une logique économique, et non à
leur valeur comptable amortie, qui constituerait un meilleur outil de pilotage pour les
gestionnaires ; cette situation doit évoluer à compter du 1er janvier 2024, date à
laquelle les bâtiments de bureau seront valorisés selon leur coût historique
amorti.
Afin d?assurer un financement de la politique immobilière de l?État dans le cadre d?une
gestion pluriannuelle permettant d?arbitrer entre les contraintes liées aux besoins des
occupants et les intérêts patrimoniaux de l?État, l?IGF a proposé en 2015 d?unifier les
moyens budgétaires de l?État propriétaire en créant un budget annexe. La mission
25 Programme 348 « rénovation des cités administratives et autres sites domaniaux multi-occupants » pour le
financement du projet, programme 148 « fonction publique » pour le financement du restaurant inter-administratif,
programme 156 « gestion fiscale et financière de l? État et du secteur public local » et programme 220 « statistiques
et études économiques » pour le financement du mobilier des services occupants (DGFiP et Insee), compte de
commerce 907 pour le financement de l?exploitation-maintenance.
PUBLIÉ
Rapport
- 40 -
estimait alors que, d?un point de vue budgétaire, la création d?un budget annexe permettrait de
rassembler sur un support budgétaire l?ensemble des moyens de l?État propriétaire et que, d?un
point de vue économique, une telle création permettrait de donner un sens économique et
patrimonial au rôle d?État propriétaire (cf. encadré 5).
Encadré 5 : la création d?un budget annexe a été proposée en 2015
La création d?un budget annexe permettrait une rénovation profonde des instruments de la politique
immobilière de l?État et renforcerait la logique patrimoniale de l? « État-propriétaire ».
D?un point de vue budgétaire, la création d?un budget annexe « Politique immobilière de l?État » (BAPIE)
permettrait de rassembler sur un support budgétaire l?ensemble des moyens de l?État-propriétaire et ce
faisant, de :
? accroître la transparence vis-à-vis du Parlement sur les crédits immobiliers, dans la logique initiée
par le document de politique transversale (DPT) ;
? développer la logique de performance et de justification au premier euro plus cohérente avec la
logique immobilière qu?est celle de la politique immobilière de l?État ;
? mettre en vis-à-vis les ressources tirées du patrimoine immobilier (produits de cession, crédits
budgétaires d?entretien lourd, loyers budgétaires, redevances domaniales) et les dépenses pour
assurer son occupation et sa valorisation (entretien lourd du propriétaire, acquisitions) ;
? donner une souplesse au propriétaire-gestionnaire dans la gestion de ses investissements
(fongibilité budgétaire accrue) ;
? en cas de dépassement des recettes effectives du budget annexe par rapport aux prévisions de la loi
de finances, faciliter l?affectation des crédits excédentaires au budget général.
D?un point de vue économique, une telle création permettrait de donner un sens économique et
patrimonial au rôle d? « État-propriétaire » en :
? donnant un sens aux loyers budgétaires versés par les occupants, en les affectant véritablement au
financement des investissements dans le patrimoine occupé ;
? mutualisant les produits de cession, qui ne seraient plus directement reversés aux occupants, et qui
seraient au contraire optimisés dans le temps ;
? déterminant une véritable politique de gestion d?actifs grâce à une présentation en comptabilité
générale.
Source : IGF, « Rénovation du cadre institutionnel et modernisation des outils de la politique immobilière de l?État »,
novembre 2015.
Malgré sa pertinence, cette solution s?est heurtée aux difficultés suivantes :
? la direction du budget estime que la création d?un budget annexe ne serait pas conforme
à l?article 18 de la LOLF qui dispose que les budgets annexes sont réservés aux
opérations des services de l?État « résultant de leur activité de production de biens ou de
prestation de services donnant lieu au paiement de redevances » ;
? la suppression des loyers budgétaires en LFI 2019 a fait disparaître la principale recette
qui aurait pu être affectée à un budget annexe ;
? dans sa forme actuelle, la comptabilité générale n?est pas adaptée à un pilotage
patrimonial de la politique immobilière de l?État (cf. supra).
La création d?une mission budgétaire qui rassemblerait l?ensemble des crédits
correspondants aux dépenses de l?État propriétaire, même si elle n?est pas exempte de
difficultés opérationnelles, permettrait d?apporter de la lisibilité aux dépenses
immobilières, tout en rendant impossible la fongibilité avec d?autres dépenses. Les
dépenses immobilières bénéficieraient ainsi d?une transparence accrue qui favoriserait leur
suivi dans le temps, sur une base pluriannuelle, et permettrait de susciter un débat sur la
remise à niveau progressive des crédits immobiliers et sur les modalités de prise en compte
des impacts du décret tertiaire.
PUBLIÉ
Rapport
- 41 -
En pratique, cette mission serait constituée à partir des crédits qui sont aujourd?hui
retracés au sein du DPT dédié à la politique immobilière de l?État, ce qui permettrait de
mettre fin à la dispersion des budgets existants.
Chaque ministère formulerait ses demandes de crédits dans le cadre des conférences
immobilières existantes, dont le rôle serait ainsi renforcé. La DIE porterait ensuite
l?ensemble des demandes budgétaires exprimées, en formulant un avis sur leur pertinence et
sur leur caractère prioritaire. Les arbitrages seraient ensuite rendus par ministère, puis la
gestion des crédits reviendrait aux ministères et aux préfectures de région par le biais de
budgets opérationnels de programme (BOP) dédiés, selon une architecture semblable à celle
qui existe aujourd?hui sur le programme 723. Le cas échéant, en cas de difficulté budgétaire ou
de retard pris par un projet en gestion, la DIE pourra intervenir pour procéder à des
redéploiements entre BOP.
Les principaux ministères concernés par cette évolution seraient le ministère de
l?économie et des finances, le ministère de la justice et le ministère de l?intérieur
(cf. graphique 4). Compte tenu de leur spécificité, les crédits dédiés au patrimoine immobilier
du ministère des armées et aux prisons pourraient être maintenus au sein des budgets
ministériels existants.
Proposition n° 7 : créer une nouvelle mission budgétaire qui rassemblerait, sur
un premier programme, l?ensemble des crédits dédiés au gros entretien
renouvellement (GER) du parc immobilier de l?État et, sur un second programme, les
crédits dédiés aux nouveaux projets.
Le CAS serait maintenu à ce stade, afin que les produits de cession et les redevances
actuellement perçues continuent d?être affectés au financement de la politique immobilière de
l?État, ce qui constitue un marqueur important pour l?ensemble des acteurs de cette politique
publique. En revanche, le principe du retour automatique des produits de cession aux
ministères qui les réalisent serait supprimé (sauf pour le ministère des armées), la DIE ayant
toute latitude pour répartir les autres produits de cession et de redevances. Une telle évolution
s?inscrirait dans une démarche d?affirmation de l?État propriétaire, chargé de la valorisation de
son parc immobilier et donc destinataire logique des produits de cession.
La suppression du CAS pourrait également être envisagée, afin d?accroître la lisibilité de
l?architecture budgétaire, à condition de prévoir une clause de retour des produits de cession
pour le ministère des armées et d?admettre que la DIE ne disposera plus de levier budgétaire
pour inciter les occupants à rationaliser leur parc.
Graphique 4 : dépenses annuelles moyennes sur la période 2019-2022 (AE, en Md¤)
* Affaires étrangères, affaires sociales ? travail, agriculture, culture, transition écologique, services du Premier ministre.
Source : Mission, à partir des DPT successifs (moyenne des engagements en AE sur la période 2019-2022).
PUBLIÉ
Rapport
- 42 -
4.3.5. Le positionnement et la légitimité institutionnelle de la direction de l?immobilier
de l?État, de même que sa capacité à recruter des profils adaptés, seraient
renforcés si elle était autonome et placée directement sous l?autorité du ministre
chargé des finances
Du fait de l?importance des missions qui lui seraient confiées et de ses attributions
complémentaires, les évolutions recommandées par la mission conduisent logiquement
à placer la direction de l?immobilier de l?État sous l?autorité directe du ministre des
finances. Les cas étudiés dans le parangonnage vont dans le sens de l?autonomisation pour
accélérer la constitution d?un vrai métier immobilier, et il existe d?ailleurs des précédents
d?entités dédiées dans l?organisation de la gestion d?actifs publics en France, par exemple
l?Agence des participations de l?État.
En effet, l?autonomisation de la DIE permettrait d?accélérer la professionnalisation de la
fonction immobilière. En termes de recrutement, le vivier de la DGFiP ne peut pas répondre
seul aux enjeux de la politique immobilière de l?État, qui nécessitent des profils sur toute la
gamme des métiers techniques de l?immobilier et des agents qui fassent le choix d?un parcours
et non d?une étape au sein de la fonction immobilière.
Par ailleurs, un tel rattachement donnerait une légitimité accrue à la direction de
l?immobilier de l?État pour promouvoir les objectifs de la politique immobilière de l?État,
d?une part, au sein des ministères économiques et financiers et, d?autre part, vis-à-vis des
autres ministères.
Vu l?importance des supports apportés à la DIE par la DGFiP, il serait judicieux qu?une
convention de services soit établie avec la DGFiP afin d?assurer une transition fluide,
notamment en matière de ressources humaines et de systèmes d?information.
Proposition n° 8 : ériger la direction de l?immobilier de l?État en direction autonome
placée directement sous l?autorité du ministre chargé des finances, et conclure une
convention de services avec la direction générale des finances publiques, notamment en
matière de ressources humaines et de systèmes d?information.
4.4. Franchir une nouvelle étape de la professionnalisation de la fonction
immobilière en mutualisant les ressources humaines et les compétences
spécialisées déjà existantes
4.4.1. La constitution d?une agence de la maîtrise d?ouvrage publique permettrait de
professionnaliser la fonction immobilière et de prendre en charge les opérations
des administrations territoriales de l?État
Les investigations conduites par la mission ont mis en évidence les difficultés auxquelles
sont confrontées les préfectures de région en matière de conduite d?opérations
immobilières, dans un contexte où cette compétence a connu une attrition importante au sein
de l?État, principalement due au désengagement progressif des services territoriaux du
ministère de la transition écologique.
Pourtant, des ressources existent au sein des trois agences ministérielles (APIJ,
EPAURIF, OPPIC), qui ont démontré leur niveau élevé d?expertise en matière de maîtrise
d?ouvrage, mais également au sein des services déconcentrés du ministère de
l?économie et des finances (SAFI-GIM devenus SIEP-BIMO) et du ministère de
l?intérieur (SGAMI). Des ressources consacrées à la conduite de projet et à la gestion
technique de patrimoine sont également identifiées au sein des directions interrégionales du
ministère de la justice et au sein des rectorats du ministère de l?éducation nationale.
PUBLIÉ
Rapport
- 43 -
Afin de répondre aux difficultés structurelles des administrations territoriales de l?État
pour la conduite de leurs opérations immobilières et pour la gestion technique de leur
patrimoine, une mutualisation des ressources existantes devrait être envisagée, qui
permettrait d?atteindre la taille critique nécessaire pour générer des gains d?efficience, pour
renforcer les compétences et la robustesse des équipes et pour gérer un plan de charge
permettant d?absorber les pics et les ralentissements de charge et pour professionnaliser la
gestion technique du patrimoine. Cette transformation pourrait être réalisée en deux étapes :
? en premier lieu, la fusion des trois agences ministérielles existantes, dont
l?intervention pourrait être élargie aux projets complexes de tous les ministères,
en contrepartie de la fixation d?une grille de rémunération attractive, d?une
garantie du maintien du plafond d?emplois pendant cinq ans et, le cas échéant,
d?une réflexion transparente sur l?adéquation entre un plan de charge à la hausse
qui sera confié à l?agence et le dimensionnement de ses moyens humains ; une telle
fusion permettrait de constituer une agence plus attractive (331 ETP, cf. tableau 8) à
partir de trois agences de taille modeste, tout en apportant une réponse aux réflexions
de ces trois agences qui, au-delà de la spécificité apparente du parc immobilier qu?elles
couvrent, conduisent déjà ou aspirent à conduire des opérations en dehors de leur
champ thématique ou géographique ; elle permettrait de répondre en priorité aux
difficultés rencontrées pour constituer des maitrises d?ouvrage solides sur des projets
difficiles ; à court terme, cette fusion pourrait être préparée en autorisant
les trois agences à conduire des opérations en dehors de leur champ d?intervention
habituel, pour le compte d?autres ministères ;
? en deuxième lieu, l?absorption par cette nouvelle agence des SIEP-BIMO et
des SGAMI afin de constituer un réseau d?antennes régionales de l?agence (ce qui paraît
accessible par superposition des implantations actuelles de ces deux réseaux,
cf. tableau 8) ; avant cette absorption, les préfets de région pourraient, à titre temporaire,
exercer un pilotage plus important des plans de charge de ces services afin de répondre
aux besoins de maîtrise d?ouvrage des administrations territoriales de l?État ; après cette
absorption, il sera nécessaire de définir la répartition des responsabilités entre les
préfets et l?agence pour que ses antennes régionales répondent aux besoins territoriaux ;
? à terme, les directions interrégionales du ministère de la justice et les services
immobiliers des rectorats pourraient également rejoindre l?agence.
Compte tenu de leur expertise technique, ces antennes territoriales pourraient apporter leur
soutien dans la professionnalisation à conduire sur le pilotage de la gestion courante des
bâtiments (facility management).
Tableau 8 : création d?une agence de la maîtrise d?ouvrage
Effectifs Implantations
APIJ 137 Siège au Kremlin-Bicêtre et une antenne en Guadeloupe
EPAURIF 69 Siège à Paris
OPPIC 125 Siège à Paris
Fusion des trois opérateurs
ministériels
331 -
SIEP-BIMO (ex SAFI-GIM) 68 Six antennes (Lyon, Marseille, Nantes, Noisy, Strasbourg, Toulouse)
Directions immobilières
des SGAMI
571 Sept antennes (Bordeaux, Lille, Lyon, Marseille, Metz, Paris, Rennes)
Directions interrégionales du
secrétariat général
115
Neuf antennes du secrétariat général (hors services déconcentrés
de la direction de l?administration pénitentiaire)
Services immobiliers des
rectorats
160 Ingénieurs régionaux de l?équipement
Total 1 245 -
Note : Les effectifs des trois agences ministérielles correspondent à leur plafond d?emplois du PLF 2022, mais ces
agences peuvent bénéficier d?autorisations supplémentaires selon leur plan de charge.
Source : Mission.
PUBLIÉ
Rapport
- 44 -
Proposition n° 9 : créer une agence de la maîtrise d?ouvrage qui rassemblerait par
étapes les effectifs des trois agences ministérielles existantes ainsi que les effectifs des
services déconcentrés chargés de piloter la maîtrise d?ouvrage et la gestion technique
du patrimoine au niveau territorial (SIEP-BIMO, directions immobilières des SGAMI,
antennes immobilières du secrétariat général du ministère de la justice, services
immobiliers des rectorats), et qui aurait vocation à intégrer à terme la future agence
représentant l?État propriétaire.
La réunion des moyens existants au sein d?une agence unique ne permettra toutefois pas à elle
seule de résoudre l?ensemble des difficultés identifiées en matière de conduite d?opérations
immobilières, notamment au niveau déconcentré :
? l?agence de la maîtrise d?ouvrage devrait ainsi disposer d?un plan de charge pluriannuel
et de moyens adaptés ;
? les administrations occupantes, bénéficiaires des services de l?agence, devront être
dotées d?une organisation rénovée afin de pouvoir exprimer correctement leurs besoins
et de dialoguer avec l?agence.
4.4.2. La mise en place d?un réseau régional de la direction de l?immobilier de l?État
permettrait de consolider les moyens déjà existants au niveau déconcentré afin
d?assurer la gestion du propriétaire et de proposer une stratégie de valorisation
plus efficace
Afin de traduire l?autonomie de la DIE également au niveau déconcentré, il serait logique
de constituer un réseau régional de la politique immobilière de l?État sur la base des
emplois actuellement identifiés au sein des MRPIE, au sein des pôles de gestion
domaniale (PGD) et au sein des services locaux des domaines (SLD), en consolidant les
emplois supplémentaires alloués aux MRPIE dans le cadre du plan de relance, soit un total
de 509 ETP au niveau déconcentré (cf. tableau 9). Ce réseau régional serait maintenu sous
l?autorité fonctionnelle du préfet de région et dorénavant placé sous l?autorité hiérarchique de
la DIE. Il conforterait le pouvoir de contrôle des préfets de région et leur permettrait d?exercer
pleinement leurs prérogatives immobilières.
En revanche, les services chargés de la mission d?évaluation domaniale (direction
nationale des interventions domaniales et pôles d?évaluation domaniale) resteraient
positionnés au sein de la DGFiP. La mission n?a pas approfondi ce sujet mais elle estime
qu?une réflexion sur les objectifs et les modalités de mise en oeuvre de la mission d?évaluation
assurée par l?État pourrait être ouverte.
Proposition n° 10 : doter la direction de l?immobilier de l?État d?un réseau régional placé
sous l?autorité fonctionnelle des préfets de région, qui rassemblerait les effectifs
des missions régionales de la politique immobilière de l?État, des pôles de gestion
domaniale et des services locaux des domaines.
PUBLIÉ
Rapport
- 45 -
Tableau 9 : effectifs des services de la DGFiP chargés de la gestion immobilière, de la gestion
domaniale et de l?évaluation domaniale
(en ETP)
Administration
centrale
Services
déconcentrés
Responsable de la politique immobilière de l?État (MRPIE) 12,0 63,1
Pôles de gestion domaniale (PGD) - 150,7
Services locaux des domaines (gestion courante) - 295,0
Évaluation, conseil, expertise 54,5 -
Gestion du patrimoine immobilier de l?État 18,0 -
Programmation et exécution des opérations budgétaires
domaniales
9,0 -
Constitution d?un réseau autonome 93,5 508,8
Direction nationale des interventions domaniales (DNID) 14,0 -
Pôles d?évaluation domaniale (PED) 25,0 427,0
Maintien au sein de la DGFiP 39,0 427,0
Source : DGFiP, enquête SAGERFiP.
4.4.3. À terme, l?agence de la maîtrise d?ouvrage et le réseau régional de la direction de
l?immobilier de l?État pourraient être fusionnés afin de constituer la future
agence représentant l?État propriétaire, chargée d?accompagner les ministères
dans la gestion de leur immobilier
La constitution d?une agence de la maîtrise d?ouvrage, chargée de la conduite des projets
immobiliers, et d?un réseau régional de la direction de l?immobilier de l?État, chargés de
la gestion du propriétaire et de la valorisation du parc immobilier de l?État, constituent
les étapes qui permettraient ensuite d?envisager la mutualisation de l?ensemble des
métiers de l?immobilier au sein d?une entité opérationnelle dédiée (cf. supra).
Cette entité opérationnelle dédiée pourrait en outre apporter un soutien à l?ensemble des
occupants en termes de gestion de l?exploitation et de la maintenance des bâtiments (facility
management).
La constitution d?une telle agence représentant l?État propriétaire, mutualisant
l?ensemble des agents et des compétences liées à la gestion immobilière et à la
valorisation du parc immobilier de l?État, serait la conséquence logique de la
transformation recommandée par la mission. Elle constituerait in fine l?instrument
indispensable pour assurer la professionnalisation de la fonction immobilière au sein de l?État.
Deux étapes supplémentaires pourront alors être envisagées pour aller plus loin dans
la transformation : la mise en place de loyers, afin de matérialiser la séparation entre l?État
propriétaire et les occupants (cf. supra), puis le transfert de la propriété des biens à l?agence,
afin d?aller au bout de la logique patrimoniale.
PUBLIÉ
Rapport
- 46 -
CONCLUSION
La politique immobilière de l?État est intrinsèquement complexe.
Elle l?est par la nature même de l?immobilier qui constitue à la fois un patrimoine d?actifs à
maintenir, à développer et à valoriser dans un horizon de temps pluriannuel et un
instrument quotidien essentiel de l?environnement de travail et de l?accueil du public
sans compter la couverture de besoins spécifiques techniques de toute nature pour ses
utilisateurs. Cet instrument se doit d?être géré au coût le plus juste sans dégrader sa
valeur en gérant beaucoup d?arbitrages, notamment entre le court et le moyen terme,
entre la dépense immobilière et d?autres dépenses, dont la sensibilité immédiate est
plus forte, entre des arguments rationnels et des ressentis qui le sont moins, mais qui
sont une caractéristique du rapport psychologique à l?immobilier. Cette complexité
s?enrichit aujourd?hui des enjeux des grandes mutations que portent la transition
énergétique vers un monde décarboné, les transformations numériques et les
profondes évolutions plus récentes du monde du travail, notamment du fait du
télétravail.
Comme le montre le parangonnage auquel a procédé la mission, de nombreuses communautés
humaines ont considérablement fait évoluer leur fonction immobilière pour être en mesure
d?affronter tous ces défis. Si des modalités peuvent varier, notamment le choix ou pas de la
fonciérisation, les grandes tendances sont identiques autour de l?émergence d?un
véritable métier immobilier dans tous ses segments dans des entités dédiées pour
regrouper les compétences critiques et attirer des talents sur des marchés du travail en
forte concurrence. Cette création d?un métier immobilier permet aussi de faire monter
en compétences les occupants dans la définition de leurs besoins dans un dialogue
interactif.
La complexité de l?immobilier est de surcroît singulière pour l?État, dont la nature ajoute
aux caractéristiques de l?immobilier des dimensions historiques, monumentales,
symboliques, régaliennes et d?aménagement du territoire.
C?est-dire combien le besoin de disposer d?une gouvernance efficace pour gérer les
arbitrages et d?équipes dont les compétences se situent durablement au niveau des
meilleures pratiques est encore plus crucial. Là aussi, comme le montre le parangonnage
européen, les pays qui n?ont pas entrepris de transformations en profondeur sur
plusieurs années sont aujourd?hui devenus minoritaires.
Après les premières reconversions au sein du ministère des armées liées à la suppression du
service militaire et aux restructurations de l?appareil de défense dans les années 1990, la
France a commencé, elle aussi, plutôt en précurseur d?ailleurs, au milieu des années 2000 à
structurer une politique immobilière dont la première phase a été marquée par une politique
active de cessions. Une nouvelle étape a été franchie dans les années 2010, qui a permis de
nouveaux progrès en ce qui concerne la fonction propriétaire sur fond de création d?agences
techniques qui ont permis d?améliorer la gestion opérationnelle des projets. Mais force est de
constater que dans le même temps, les compétences, la gouvernance, les outils et les
équipes sont demeurés fragmentés tandis que la politique de cessions ralentissait. Pour
affronter les défis d?aujourd?hui, il apparaît donc nécessaire à la mission de rassembler les
compétences avec un fil rouge, celui de la structuration d?un véritable métier
immobilier. Cela est d?autant plus nécessaire que cette montée en gamme permettra aussi de
passer d?une logique de politique de cessions à une politique de valorisation au sens
création de valeur de toute nature, tout en faisant face aux nouveaux besoins opérationnels.
PUBLIÉ
Rapport
- 47 -
Tableau 10 : liste des propositions
Cartographie des structures chargées du suivi
et de la mise en oeuvre de la politique immobilière de l?État
Confier la mission de représenter l?État propriétaire et d?accompagner les occupants publics sur
l?ensemble de la chaine des besoins immobiliers à une entité publique opérationnelle dédiée, placée
sous la tutelle de la DIE et dotée d?antennes régionales. Cette agence, bras armé opérationnel de la
politique immobilière de l?État, assurerait la gestion du propriétaire, la conduite de projet et la
valorisation du patrimoine foncier et de l?immobilier de bureaux de l?ensemble des ministères (hors
ministère des armées et biens situés à l?étranger) et, selon des règles à définir, celles des opérateurs de
l?État, et elle apporterait son expertise en matière de maîtrise d?ouvrage pour l?ensemble du parc
immobilier de l?État. Elle serait soit affectataire, soit propriétaire des biens dont elle assurerait la
gestion.
Proposition n° 1 du rapport de synthèse
Renforcer une direction de l?immobilier de l?État, directement placée sous l?autorité du ministre chargé
des finances, qui serait tout à la fois une direction de stratégie pour l?ensemble du patrimoine
immobilier de l?État et une direction immobilière sur le patrimoine de bureaux. Elle serait chargée de
définir les orientations stratégiques de la politique immobilière de l?État, de porter les arbitrages
interministériels et d?assurer la tutelle de la future agence représentant l?État propriétaire.
Proposition n° 2 du rapport de synthèse
Maintenir la gestion par les ministères de leur immobilier technique, tout en leur laissant la possibilité
d?en déléguer la gestion à l?agence.
Prévoir une nouvelle mission d?inspection au plus tard en 2026, afin d?évaluer les transformations
mises en oeuvre et le degré de maturité de la politique immobilière de l?État et de mesurer sa capacité
à franchir une nouvelle étape.
Ériger la direction de l?immobilier de l?État en direction autonome, placée directement sous l?autorité
du ministre chargé des finances, et conclure une convention de services avec la direction générale des
finances publiques, notamment en matière de ressources humaines et de systèmes d?information.
Proposition n° 8 du rapport de synthèse
Doter la direction de l?immobilier de l?État d?un réseau régional placé sous l?autorité fonctionnelle des
préfets de région, qui rassemblerait les effectifs des missions régionales de la politique immobilière de
l?État, des pôles de gestion domaniale et des services locaux des domaines.
Proposition n° 10 du rapport de synthèse
Maintenir la direction nationale des interventions domaniales (DNID) et les pôles d?évaluation
domaniale (PED) au sein de la direction générale des finances publiques (DGFiP). Ouvrir une réflexion
sur les objectifs et les modalités de mise en oeuvre de la mission d?évaluation assurée par l?État.
Améliorer les synergies entre les secrétariats généraux et les directions à réseau ayant conservé des
structures de gestion de l?immobilier : ministères économiques et financiers, ministère de l?intérieur
et ministère de la justice.
Clarifier les objectifs fixés à la nouvelle agence de gestion de l?immobilier de l?État (AGILE) et ses
modalités d?intervention.
Étendre le périmètre des trois agences ministérielles existantes (APIJ, EPAURIF, OPPIC) pour les
autoriser à intervenir au-delà de leur champ ministériel et, pour l?EPAURIF, sur l?ensemble du territoire
national.
Préfigurer la mise en place d?antennes régionales de conduite de projet et de gestion technique du
patrimoine qui regrouperont les moyens des principaux services ministériels chargés de la gestion
immobilière (SIEP-BIMO, directions immobilières des SGAMI) en permettant au préfet de région de
piloter et de coordonner les plans de charge de ces services.
Créer une agence de la maîtrise d?ouvrage qui rassemblerait par étapes les effectifs des trois agences
ministérielles existantes ainsi que les effectifs des services déconcentrés chargés de piloter la maîtrise
d?ouvrage et la gestion technique du patrimoine au niveau territorial (SIEP-BIMO, directions
immobilières des SGAMI, antennes immobilières du secrétariat général du ministère de la justice,
services immobiliers des rectorats), et qui aurait vocation à intégrer à terme la future agence
représentant l?État propriétaire.
Proposition n° 9 du rapport de synthèse
Étendre le champ de la prochaine génération de schémas directeurs immobiliers régionaux (SDIR) au
foncier et à l?immobilier de bureaux de l?ensemble des ministères (hors sites sécurisés du ministère
des armées) et des principaux opérateurs sur le territoire (notamment les agences régionales de santé
et les antennes de Pôle emploi), en permettant au préfet de région d?élargir le périmètre du SDIR si cela
lui paraît opportun au regard de la configuration locale.
PUBLIÉ
Rapport
- 48 -
Recentrer le rôle de la conférence nationale de l?immobilier public (CNIP) en prévoyant un avis
conforme et non plus seulement consultatif pour les projets immobiliers les plus structurants, et en
renonçant à labelliser les projets à faible enjeu. Au niveau régional, permettre aux acteurs locaux de
développer des processus de labellisation simplifiés et réactifs.
Proposition n° 6 du rapport de synthèse
Faire entrer la gouvernance de l?immobilier du ministère des affaires étrangères dans le droit commun
en intégrant la commission interministérielle pour l?étranger (CIME) au sein de la conférence nationale
de l?immobilier public (CNIP).
Financement de la politique immobilière de l?État et outils de responsabilisation des
occupants
Créer une nouvelle mission budgétaire qui rassemblerait, sur un premier programme, l?ensemble des
crédits dédiés au gros entretien renouvellement (GER) du parc immobilier de l?État et, sur un second
programme, les crédits dédiés aux nouveaux projets.
Proposition n° 7 du rapport de synthèse
Afin d?objectiver les discussions budgétaires, définir des outils de mesure de l?état de vétusté du parc
immobilier de l?État et d?évaluation des moyens budgétaires correspondants, partagés par l?ensemble
des ministères et intégrant les enjeux du décret tertiaire.
Proposition n° 5 du rapport de synthèse
Mettre en place des loyers versés par les administrations occupantes à l?agence représentant l?État
propriétaire, qui financeraient les dépenses du propriétaire, en prévoyant un dispositif financier
incitatif pour les administrations qui rationalisent leur organisation immobilière.
Proposition n° 3 du rapport de synthèse
Gestion des ressources humaines et des compétences
Compléter et fiabiliser l?enquête annuelle recensant les agents en charge de la politique immobilière
de l?État, en y ajoutant le périmètre opérateurs, la filière (technique, administrative générale,
administrative finances publiques), le service d?affectation.
Consolider au sein de la DIE les 2 ETP supplémentaires alloués à titre temporaire pour la mise en oeuvre
du plan de relance au niveau de chaque MRPIE, qui permettraient au nouveau réseau régional de la DIE
de renforcer ses compétences techniques en matière bâtimentaire pour pallier le retrait des services
du ministère de la transition écologique.
Mobiliser l?école nationale des ponts et chaussées (ENPC) et l?école nationale des travaux publics de
l?État (ENTPE) pour bâtir des parcours de formation continue répondant aux besoins des filières
immobilières de l?État.
Définir les métiers de la gestion courante, et mettre des formations à disposition de cette filière.
Structurer une filière interministérielle portant sur les différents métiers de l?immobilier, animée par
la direction de l?immobilier de l?État qui serait chargée d?identifier les compétences requises, de
recenser les postes concernés et de proposer aux agents des parcours de carrière attractifs au sein de
l?État, y compris avec la mise en place d?une grille de rémunération interministérielle adaptée.
Proposition n° 4 du rapport de synthèse
Associer le DIE à la gouvernance de l?ENPC et de l?ENTPE, en particulier doter la DIE d?un siège au
conseil d?administration de l?ENTPE, et l?associer à la définition pluriannuelle des postes proposés en
sortie d?école.
Solliciter l?avis du DIE dans le processus de recrutement des responsables immobiliers au sein de
chaque ministère.
Organiser régulièrement des réunions de responsables immobiliers des ministères autour du DIE, afin
de favoriser les échanges informels, les retours d?expérience et les partages de bonnes pratiques.
Connaissance et outils de pilotage du parc immobilier
Consolider et figer les référentiels pour chaque champ de données afin d?harmoniser l?inventaire et de
faciliter son exploitation.
Organiser des retours d?expérience après la mise en production de l?interface FIORI auprès d?un grand
nombre d?utilisateurs différents pour cerner au mieux les besoins non-satisfaits et y remédier.
Consolider la cellule Chorus à l?échelon régional et former rapidement les agents à la nouvelle interface.
Une fois les contrôles établis et confirmés sur le flux de données entrantes, harmoniser le stock de
données préalablement remplies afin de limiter les incohérences entre les données récentes et les
données plus anciennes.
En parallèle, développer des outils d?interfaçage entre FIORI et les autres applications du système
d?information immobilier de l?État pour permettre des versements en masse et automatiques.
PUBLIÉ
Rapport
- 49 -
Si la production de pièce justificative est nécessaire pour fiabiliser l?inventaire physique, elle n?est pas
suffisante. Le recours au personnel de la future agence de la maîtrise d?ouvrage pour fiabiliser les
mesurages notamment peut se révéler utile.
Conduire les travaux nécessaires afin de lever les dernières réserves de la Cour des comptes qui n?est
pas en mesure de se prononcer avec une assurance raisonnable sur la fiabilité de la valeur d?une part
importante du parc immobilier de l?État situé en France.
Accélérer le processus de valorisation de l?immobilier à usage de bureaux et d?habitation à son coût
historique amorti de manière à homogénéiser les méthodes d?évaluation de l?ensemble du parc
immobilier public et à fournir une base de calcul d?amortissement pour engager une réflexion sur les
besoins de renouvellement de l?immobilier.
Instaurer un groupe de travail pour faciliter l?appropriation des nouvelles mesures de comptabilité
générale et tenter de lever certains points pratiques qui en limitent la portée (par exemple le début de
la période d?amortissement conventionnellement fixé à la date de mise en place des nouvelles normes
comptables).
Mettre en cohérence les données présentes dans le référentiel technique et les données présentes dans
Chorus RE-FX et empêcher la modification d?un même champ dans une seule des deux bases.
Mettre l?accent sur la complétude et la cohérence des seize champs prioritaires identifiés dans le
référentiel technique, qui portent à la fois sur l?état technique des bâtiments et sur les données
d?exploitation. Les applications spécifiques de prises à bail ou de suivi des fluides interministériels
doivent être renforcées et étendues.
Renforcer au sein de la direction de l?immobilier de l?État l?usage des données et leur contrôle interne
pour assurer leur cohérence au sein de l?ensemble des bureaux et des applications dédiées.
Améliorer l?ergonomie des applications existantes pour les gestionnaires de l?immobilier et les associer
au développement, tout en maintenant des outils standards pour en faciliter l?appropriation et limiter
les coûts de maintenance. L?intérêt des gestionnaires pour les outils doit être recherché afin de
renforcer les mises à jour des données.
Publier une note de complétude et une note de cohérence distincte pour les données prioritaires. Au
préalable, revoir les tests de cohérence pour que les notes soient plus signifiantes. Conditionner l?octroi
de crédits à des seuils minimaux de complétude et de cohérence.
Cartographier la performance du patrimoine immobilier en fonction de l?état de santé technique des
biens et de leur priorité stratégique selon des nomenclatures partagées par l?ensemble des ministères,
éventuellement sur la base de l?application SIMEO du ministère des armées. Déduire de cette
cartographie une stratégie de maintenance en évaluant les budgets nécessaires à partir de ratios
prédéfinis.
Capitaliser sur les précédents travaux de comptabilité analytique. Sous l?angle macroscopique, il
convient de repérer et corriger les incohérences entre les comptes du plan comptable de l?État et les
différentes catégories de dépenses immobilières déclarées par les ministères dans le document de
politique transversale « politique immobilière de l?État », afin d?établir une nomenclature objective et
commune aux différents ministères des dépenses immobilières. Sous l?angle bâtimentaire, un groupe
de travail doit être mis en place pour lever les principales objections passées à sa mise en place.
PUBLIÉ
Rapport
- 50 -
À Paris, le 29 avril 2022
Les membres de la mission,
Pour l?Inspection générale des
finances
Pour le Conseil général de l?environnement
et du développement durable
Sous la supervision de
l?inspecteur général des finances,
L?ingénieure générale des ponts,
des eaux et des forêts,
Jean-Pierre Menanteau Marie-Luce Bousseton
L?inspecteur des finances,
L?ingénieur général des ponts,
des eaux et des forêts,
Pascal Lefèvre Igor Kisseleff
L?inspecteur des finances,
Thomas Brand
L?inspecteur des finances,
Bruno Kerhuel
Avec la participation de
l?inspecteur stagiaire des finances,
Matéo Garbe
PUBLIÉ
PIÈCE JOINTE
Lettres de mission
PUBLIÉ
1
PUBLIÉ
?Madame la Cheffe de service,
Paris, le 1 0 NOV, 2021
Réf.: Ce.'b 4<-&Q,y
Depuis 2016, la politique immobilière de l'Etat est mise en oeuvre sur la base des circulaires du
Premier ministre du 27 avril 2016 et du 27 février 2017 qui précisent les modalités de
gouvernance et les orientations à mettre en oeuvre par les ministères, tant au niveau national
que dans les territoires.
Plusieurs évolutions sont, depuis, venues impacter cette politique, sans toutefois en
renforcer la cohérence d'ensemble
? Le ministère chargé du logement s'est progressivement désengagé des missions
de conduite d'opération au sein des services déconcentrés
? Dans certaines régions, et pour mieux faire face aux besoins, les préfets de région
ont mis en place des services interdépartementaux, venant prendre le relai des
missions antérieurement confiées aux DDTM
? Au niveau départemental, les secrétariats généraux communs ont été créés dans
le cadre de l'organisation territoriale de l'Etat (OTE), mais ne fonctionnent pas
encore de manière optimale, alors qu'ils sont censés couvrir les besoins des
administrations déconcentrées dans le domaine immobilier (pilotage métier,
gestion budgétaire et juridique);
? Certaines structures immobilières relevant de différents ministères ont connu un
élargissement de leur champ d'action au bénéfice de la communauté
interministérielle ;
? Plusieurs opérateurs, enfin, ont vu leur activité croître partout sur le territoire,
notamment l'APIJ et l'OPPIC, sans toutefois parvenir à élargir leur activité au-delà
des besoins de leurs ministères de tutelle.
Madame Marie-Christine LEPETIT
Cheffe du service de l'inspection générale des finances
139, rue de Bercy
Teledoc 335
75572 PARIS Cedex 12
1
Pièce jointe
PUBLIÉ
Dans le même temps, les besoins d'appui à la conduite des opérations
immobilières se sont accrus tant en termes quantitatif et qualitatif. Ainsi par
exemple:
? Les transformations actuelles de l'administration, et de son implantation dans les
territoires, ainsi que les démarches de« dé-métropolisation » lancées notamment
par le ministère de l'intérieur et le ministère des comptes publics, contribuent à
augmenter sensiblement les besoins, tant pour des opérations immobilières
significatives, que pour un grand nombre de projets plus modestes
? Les conditions de performance énergétique des bâtiments pèsent de plus en plus
fortement sur les bâtiments de l'Etat, dans le cadre notamment de la mise en
oeuvre du décret n° 2019-771 du 23 juillet 2019 relatif aux obligations d'actions
de réduction de la consommation d'énergie finale dans les bâtiments à usage
tertiaire;
? La rénovation des cités administratives et des sites multi-occupants a fait l'objet
d'une identification précise au sein du Grand Plan d'investissement 2018-2022
avec la création d'un programme dédié (programme 348), afin de remédier aux
difficultés rencontrées par les préfets, porteurs de projet, pour mettre en place
des équipes de niveau professionnel suffisant;
? La mise en oeuvre du plan de relance en 2020, et notamment l'action conduite
sur les immeubles propriété de l'Etat et de ses opérateurs, a conduit à retenir plus
de 4 200 projets de tailles très variées pour lesquels il a été demandé aux porteurs
de projet une mise en oeuvre rapide (passation des marchés de travaux avant le
31 décembre 2021 ), sans évolution concomitante des capacités de portage des
opérations.
En dépit de la création de la Direction de l'immobilier de l'Etat (DIE), la politique
immobilière de l'Etat, ou plutôt les politiques immobilières de l'Etat, semblent donc encore
pâtir d'un manque de lisibilité, d'une insuffisante coordination des acteurs et, plus
généralement, d'une inadéquation entre les besoins et les moyens mobilisés, alors que
les enjeux liés à l'entretien du patrimoine de l'Etat, sa valorisation, la satisfaction des
utilisateurs et des objectifs d'exemplarité (performance énergétique, accessibilité),
exigent de conserver un haut niveau de professionnalisme.
Je souhaite en conséquence que vous conduisiez une mission dont les principaux
attendus seront les suivants.
Le premier objectif de la mIssIon consistera à réaliser l'inventaire, au sein de
l'administration centrale et déconcentrée de l'Etat, des structures et organisations en
charge du suivi et de la mise en oeuvre de la politique immobilière de l'Etat. Vous porterez
une appréciation sur les organisations, les effectifs et la typologie et le volume d'activité
de ces structures.
Vous vous attacherez également à porter une appréciation sur la conduite, par certains
services ou ministères, d'opérations interministérielles, et proposerez les clarifications,
redécoupages ou renforcements qui pourraient s'avérer utiles à ce titre.
2
Pièce jointe
PUBLIÉ
Le second objectif visera à analyser les mutualisations déjà opérantes, entre ministères
ou entre territoires, pour contribuer à une meilleure répartition des charges entre
structures, notamment face à des pics d'activité ou de façon plus permanente, si
plusieurs structures ou organisations interviennent régulièrement sur des périmètres
dépassant celui de leur administration de rattachement.
Au-delà des bonnes pratiques que vous pourrez relever, vous analyserez toutes les
possibilités de mutualisation de ces moyens existants, en formulant, au besoin, des
modalités de réduction des obstacles entravant ces mutualisations. Vous examinerez
notamment les expérimentations de gestion des immeubles multi-occupants conduites
par la DIE dans plusieurs régions.
Vous évaluerez, en conséquence, la part des besoins non satisfaits qu'une meilleure
mutualisation serait susceptible de résoudre, et la part qui resterait à couvrir par des
moyens nouveaux.
Le troisième objectif visera à formuler des propositions d'évolution de la gouvernance
de la politique immobilière afin de renforcer les compétences disponibles tant en matière
de maîtrise d'ouvrage que de pilotage de l'entretien-maintenance et de conduite des
opérations.
Votre analyse portera en particulier sur les possibilités d'externalisation à retenir, selon
les missions à couvrir, et les compétences qu'il est essentiel de maintenir ou développer
au niveau central, déconcentré ou au sein d'opérateurs spécialisés, selon des modalités
à préciser.
Vous vous intéresserez à ce titre au bilan qu'il est possible de tirer de l'activité des
opérateurs spécifiquement créés par certains ministères pour conduire les missions de
maîtrise d'ouvrage.
Votre m1ss1on me remettra ses travaux pour mars 2022, avec un point d'étape fin
décembre 2021.
Pour accomplir cette m1ss1on, vous pourrez solliciter l'ensemble des ministères et
organismes concernés par le champ de votre mission, qui partageront avec vous toutes
les informations nécessaires.
Je vous prie, Madame la Cheffe de service, d'agréer mes salutations distinguées.
? -;.....,.,,
/
J
3
Pièce jointe
PUBLIÉ
PUBLIÉ
/:(Jh
3 tA,U...cU-) C Cr ;; i) û
A Ac & ir--? ·,ru,
?Monsieur le Vice-président,
Paris, le 1 0 NOV. 2021
Réf. : Cab 44 î? 4
Depuis 2016, la politique immobilière de l'Etat est mise en oeuvre sur la base des circulaires du
Premier ministre du 27 avril 2016 et du 27 février 2017 qui précisent les modalités de
gouvernance et les orientations à mettre en oeuvre par les ministères, tant au niveau national
que dans les territoires.
Plusieurs évolutions sont, depuis, venues impacter cette politique, sans toutefois en
renforcer la cohérence d'ensemble
? Le ministère chargé du logement s'est progressivement désengagé des missions
de conduite d'opération au sein des services déconcentrés
? Dans certaines régions, et pour mieux faire face aux besoins, les préfets de région
ont mis en place des services interdépartementaux, venant prendre le relai des
missions antérieurement confiées aux DDTM
? Au niveau départemental, les secrétariats généraux communs ont été créés dans
le cadre de l'organisation territoriale de l'Etat (OTE), mais ne fonctionnent pas
encore de manière optimale, alors qu'ils sont censés couvrir les besoins des
administrations déconcentrées dans le domaine immobilier (pilotage métier,
gestion budgétaire et juridique);
? Certaines structures immobilières relevant de différents ministères ont connu un
élargissement de leur champ d'action au bénéfice de la communauté
interministérielle ;
? Plusieurs opérateurs, enfin, ont vu leur activité croître partout sur le territoire,
notamment l'APIJ et l'OPPIC, sans toutefois parvenir à élargir leur activité au-delà
des besoins de leurs ministères de tutelle.
Monsieur Daniel BURSAUX
Vice-président du Conseil général
de l'environnement et du développement durable
Tour Séquoia
1 place Carpeaux
92055 Paris-La-Défense Cedex
1
Pièce jointe
PUBLIÉ
Dans le même temps, les besoins d'appui à la conduite des opérations
immobilières se sont accrus tant en termes quantitatif et qualitatif. Ainsi par
exemple:
? Les transformations actuelles de l'administration, et de son implantation dans les
territoires, ainsi que les démarches de « dé-métropolisation » lancées notamment
par le ministère de l'intérieur et le ministère des comptes publics, contribuent à
augmenter sensiblement les besoins, tant pour des opérations immobilières
significatives, que pour un grand nombre de projets plus modestes ;
? Les conditions de performance énergétique des bâtiments pèsent de plus en plus
fortement sur les bâtiments de l'Etat, dans le cadre notamment de la mise en
oeuvre du décret n° 2019-771 du 23 juillet 2019 relatif aux obligations d'actions
de réduction de la consommation d'énergie finale dans les bâtiments à usage
tertiaire ;
? La rénovation des cités administratives et des sites multi-occupants a fait l'objet
d'une identification précise au sein du Grand Plan d'investissement 2018-2022
avec la création d'un programme dédié (programme 348), afin de remédier aux
difficultés rencontrées par les préfets, porteurs de projet, pour mettre en place
des équipes de niveau professionnel suffisant ;
? La mise en oeuvre du plan de relance en 2020, et notamment l'action conduite
sur les immeubles propriété de l'Etat et de ses opérateurs, a conduit à retenir plus
de 4 200 projets de tailles très variées pour lesquels il a été demandé aux porteurs
de projet une mise en oeuvre rapide (passation des marchés de travaux avant le
31 décembre 2021 ), sans évolution concomitante des capacités de portage des
opérations.
En dépit de la création de la Direction de l'immobilier de l'Etat (DIE), la politique
immobilière de l'Etat, ou plutôt les politiques immobilières de l'Etat, semblent donc encore
pâtir d'un manque de lisibilité, d'une insuffisante coordination des acteurs et, plus
généralement, d'une inadéquation entre les besoins et les moyens mobilisés, alors que
les enjeux liés à l'entretien du patrimoine de l'Etat, sa valorisation, la satisfaction des
utilisateurs et des objectifs d'exemplarité (performance énergétique, accessibilité),
exigent de conserver un haut niveau de professionnalisme.
Je souhaite en conséquence que vous conduisiez une mission dont les principaux
attendus seront les suivants.
Le premier objectif de la mIssIon consistera à réaliser l'inventaire, au sein de
l'administration centrale et déconcentrée de l'Etat, des structures et organisations en
charge du suivi et de la mise en oeuvre de la politique immobilière de l'Etat. Vous porterez
une appréciation sur les organisations, les effectifs et la typologie et le volume d'activité
de ces structures.
Vous vous attacherez également à porter une appréciation sur la conduite, par certains
services ou ministères, d'opérations interministérielles, et proposerez les clarifications,
redécoupages ou renforcements qui pourraient s'avérer utiles à ce titre.
2
Pièce jointe
PUBLIÉ
Le second objectif visera à analyser les mutualisations déjà opérantes, entre ministères
ou entre territoires, pour contribuer à une meilleure répartition des charges entre
structures, notamment face à des pics d'activité ou de façon plus permanente, si
plusieurs structures ou organisations interviennent régulièrement sur des périmètres
dépassant celui de leur administration de rattachement.
Au-delà des bonnes pratiques que vous pourrez relever, vous analyserez toutes les
possibilités de mutualisation de ces moyens existants, en formulant, au besoin, des
modalités de réduction des obstacles entravant ces mutualisations. Vous examinerez
notamment les expérimentations de gestion des immeubles multi-occupants conduites
par la DIE dans plusieurs régions.
Vous évaluerez, en conséquence, la part des besoins non satisfaits qu'une meilleure
mutualisation serait susceptible de résoudre, et la part qui resterait à couvrir par des
moyens nouveaux.
Le troisième objectif visera à formuler des propositions d'évolution de la gouvernance
de la politique immobilière afin de renforcer les compétences disponibles tant en matière
de maîtrise d'ouvrage que de pilotage de l'entretien-maintenance et de conduite des
opérations.
Votre analyse portera en particulier sur les possibilités d'externalisation à retenir, selon
les missions à couvrir, et les compétences qu'il est essentiel de maintenir ou développer
au niveau central, déconcentré ou au sein d'opérateurs spécialisés, selon des modalités
à préciser.
Vous vous intéresserez à ce titre au bilan qu'il est possible de tirer de l'activité des
opérateurs spécifiquement créés par certains ministères pour conduire les missions de
maîtrise d'ouvrage.
Votre m1ss1on me remettra ses travaux pour mars 2022, avec un point d'étape fin
décembre 2021.
Pour accomplir cette m1ss1on, vous pourrez solliciter l'ensemble des ministères et
organismes concernés par le champ de votre mission, qui partageront avec vous toutes
les informations nécessaires.
Je vous prie, Monsieur le Vice-président, d'agréer mes salutations distinguées.
?? C>,JM??
3
Pièce jointe
PUBLIÉ
Couverture
Rapport confidentiel relatif à l'immobilier de l'État : une nouvelle architecture pour professionnaliser
Synthèse
Liste des principales propositions
Sommaire
Introduction
1. La structuration de la politique immobilière de l?État s?est renforcée depuis 2016, mais elle reste marquée par l?hétérogénéité des organisations ministérielles, par la fragilité des administrations territoriales de l?État placées sous la responsab...
1.1. Les recommandations formulées en 2015 par l?Inspection générale des finances ont été partiellement mises en oeuvre
1.1.1. La création de la direction de l?immobilier de l?État en 2016 a permis de simplifier la gouvernance de la politique immobilière de l?État et d?affirmer une logique davantage interministérielle
1.1.2. Plusieurs évolutions structurantes n?ont toutefois pas été mises en oeuvre, tandis que l?espérance initialement placée dans les loyers budgétaires a été déçue
1.1.3. La période a été marquée par la mise en oeuvre de deux plans d?investissement massifs destinés à répondre au retard pris en matière d?entretien des bâtiments de l?État, qui ont aussi permis quelques avancées dans la gouvernance de la politique i...
1.1.3.1. Programme de rénovation des cités administratives (programme 348)
1.1.3.2. Volet immobilier du plan de relance (programme 362)
1.2. Les ministères ont organisé leur gestion immobilière pour répondre à des besoins opérationnels propres, mais présentent un niveau de maturité variable en ce qui concerne l?entretien, l?exploitation et la valorisation des actifs qu?ils occupent
1.2.1. Les organisations ministérielles sont hétérogènes et reflètent des degrés de maturité variables sur la gestion de leur patrimoine immobilier et de celui des opérateurs
1.2.2. Les ministères sont confrontés à des difficultés de recrutement et au manque de compétences en matière de gestion de patrimoine, de valorisation et de conduite de projets immobiliers
1.2.3. Les échanges entre les ministères et la direction de l?immobilier de l?État restent limités et formels, dans un contexte où la stratégie de cession mise en oeuvre depuis 2005 fait progressivement place à une stratégie de valorisation
1.3. L?immobilier des administrations territoriales de l?État géré par les préfets est pour sa part devenu le parent pauvre de la politique immobilière
1.3.1. Les services territoriaux du ministère de la transition écologique se sont progressivement désengagés de la conduite des projets immobiliers complexes, laissant un vide qui n?a pas été comblé
1.3.2. Les missions régionales de la politique immobilière de l?État apportent un appui reconnu aux préfectures de région, mais elles disposent de peu de compétences et de ressources en matière d?ingénierie bâtimentaire
1.3.3. Les préfets de région sont confrontés à la dispersion des structures, à la raréfaction des compétences et à la faiblesse des budgets dédiés à l?immobilier
1.3.4. Le compte d?affectation spéciale est à bout de souffle et ne permet plus de répondre aux besoins des préfectures de région pour l?entretien des bâtiments de l?État
1.3.5. L?expérimentation AGILE est une réponse de court terme aux difficultés structurelles rencontrées pour l?exploitation et la maintenance des sites multi-occupants
2. Pour optimiser le parc et proposer un meilleur service aux occupants, les transformations immobilières examinées par la mission, hors État, se sont appuyées sur la professionnalisation des métiers de l?immobilier et sur la mutualisation des ressour...
2.1. Les transformations immobilières mises en oeuvre en Allemagne, au Royaume-Uni et en Italie se sont appuyées sur la mise en place d?une structure de gestion immobilière mutualisée sur un périmètre large, ce qui a permis d?optimiser le parc et de pr...
2.1.1. L?Allemagne a fait le choix de centraliser la gestion de la quasi-totalité de son immobilier fédéral, avec le transfert des actifs correspondants
2.1.2. Le Royaume-Uni confie progressivement la propriété et la gestion de l?immobilier tertiaire à une foncière
2.1.3. En Italie, une agence nationale a pour mission de réduire la dispersion des acteurs de la politique immobilière par un pilotage et un contrôle exigeants, sans le transfert des actifs correspondants
2.1.4. La plupart des pays européens se sont engagés dans une démarche de structuration de leur fonction immobilière
2.2. La consolidation d?une fonction immobilière a également été observée dans un échantillon de sept grandes entreprises publiques et privées, dans un contexte de tension sur les ressources humaines
3. La mise en oeuvre d?une transformation ambitieuse suppose un arbitrage rapide sur l?organisation à moyen terme de la fonction immobilière au sein de l?État
3.1. Les défis à venir supposent une action rapide
3.2. À terme, la gestion du propriétaire et la valorisation du patrimoine foncier et de l?immobilier de bureau gagneraient à être confiées à une agence représentant l?État propriétaire
3.3. La mise en place de loyers versés par les administrations occupantes à la future agence permettrait de donner un signal-prix aux occupants incitant à l?optimisation et à la valorisation du parc, à condition d?y associer une logique d?intéressemen...
3.4. La transformation recommandée ne peut techniquement que s?inscrire dans une trajectoire pluriannuelle, et nécessite un appui politique important et prolongé
4. La constitution d?une fonction immobilière performante impliquerait de réussir quatre chantiers
4.1. Structurer une filière interministérielle des métiers de l?immobilier
4.1.1. Sur le plan des compétences, la fonction immobilière présente des défis de transformation qui s?apparentent à ceux du numérique et des achats au sein de l?État
4.1.2. La direction de l?immobilier de l?État pourrait construire et animer une filière immobilière pour proposer des parcours attractifs au sein de l?État
4.1.3. Les écoles du ministère de la transition écologique pourraient être davantage mobilisées pour proposer des formations aux agents de la filière immobilière
4.2. Achever la complétude et la fiabilisation de la connaissance du parc immobilier de l?État afin d?objectiver les besoins pluriannuels
4.2.1. Les données dont dispose la direction de l?immobilier de l?État restent lacunaires et insuffisamment fiables
4.2.2. Le développement du système d?information de l?immobilier de l?État n?a pas permis de pallier le manque de qualité des données brutes
4.2.3. Le développement d?outils de mesure de l?état patrimonial des bâtiments et d?indicateurs physico-financiers partagés par l?ensemble des ministères est indispensable pour poursuivre la valorisation du foncier public et la rationalisation du parc...
4.3. Renforcer la gouvernance en donnant toute sa dimension à l?État propriétaire, incarné par la direction de l?immobilier de l?État
4.3.1. La stratégie immobilière de l?État pourrait utilement être enrichie afin de tenir compte du ralentissement de la politique de cessions et des principaux enjeux actuels
4.3.2. Il serait précieux que la direction de l?immobilier de l?État pilote et anime davantage le réseau interministériel des directions immobilières et le réseau des responsables régionaux, et leur apporte son expertise technique et juridique
4.3.3. Il serait de bonne gouvernance d?attribuer à la direction de l?immobilier de l?État un pouvoir d?avis conforme aux projets immobiliers les plus structurants et d?alléger son contrôle sur les projets à faible enjeu
4.3.4. Il serait judicieux de permettre à la direction de l?immobilier de l?État de gérer l?ensemble des dépenses de l?État propriétaire afin de donner davantage de lisibilité aux modalités de financement de la politique immobilière de l?État et de pr...
4.3.5. Le positionnement et la légitimité institutionnelle de la direction de l?immobilier de l?État, de même que sa capacité à recruter des profils adaptés, seraient renforcés si elle était autonome et placée directement sous l?autorité du ministre c...
4.4. Franchir une nouvelle étape de la professionnalisation de la fonction immobilière en mutualisant les ressources humaines et les compétences spécialisées déjà existantes
4.4.1. La constitution d?une agence de la maîtrise d?ouvrage publique permettrait de professionnaliser la fonction immobilière et de prendre en charge les opérations des administrations territoriales de l?État
4.4.2. La mise en place d?un réseau régional de la direction de l?immobilier de l?État permettrait de consolider les moyens déjà existants au niveau déconcentré afin d?assurer la gestion du propriétaire et de proposer une stratégie de valorisation plu...
4.4.3. À terme, l?agence de la maîtrise d?ouvrage et le réseau régional de la direction de l?immobilier de l?État pourraient être fusionnés afin de constituer la future agence représentant l?État propriétaire, chargée d?accompagner les ministères dans...
Conclusion
Liste des propositions
Pièce jointe : Lettres de mission adressées à l'IGF et au CGEDD
PM-->IGF
PM --> CGED
(ATTENTION: OPTION esen und Raumordnung (BBR), pour les implantations
à Bonn et à Berlin, et sur les opérateurs des Länder pour les autres opérations, dans le
cadre de conventions bipartites. Le BBR est doté d?environ 1 500 agents et il est placé sous
la tutelle du ministère chargé du logement, de l?aménagement et de la construction. Il dispose
des compétences nécessaires pour prendre en charge l?ensemble des opérations relatives à
l?immobilier fédéral, depuis la construction des nouveaux locaux des services de
renseignement allemand jusqu?à la rénovation de l?ambassade d?Allemagne à Paris, ou encore
la restauration des colonnades de l?île aux musées de Berlin.
2.1.2. Le Royaume-Uni confie progressivement la propriété et la gestion de
l?immobilier tertiaire à une foncière
La politique immobilière du Royaume-Uni est avant tout guidée par des objectifs de
réduction des dépenses publiques et, depuis 2006, le gouvernement britannique s?est
engagé à réduire significativement le coût de son immobilier public. Pour mesurer
l?atteinte des objectifs fixés, le Royaume-Uni suit attentivement l?évolution de son parc et fixe
des normes d?occupation strictes : d?une moyenne de plus de 17 m² par ETP en 2006,
le Royaume-Uni est passé à 13 m² en 2012, puis 8,9 m² en 201915. Les référentiels fixent
depuis 2016 une norme de 8 m² par ETP, voire de 6 m² pour les nouveaux sites multi-
occupants.
La rationalisation du parc immobilier britannique s?appuie également sur une
transparence accrue vis-à-vis du Parlement devant lequel il doit rendre compte
annuellement, notamment par la publication d?un rapport thématique « State of the estate ».
Il convient toutefois de souligner qu?en raison de la qualité encore insuffisante des données
disponibles, ces rapports se concentrent à ce stade sur l?immobilier des administrations
centrales et sur l?immobilier de bureau.
Le Royaume-Uni a réorganisé sa fonction immobilière autour d?une direction centrale
et d?une agence pour promouvoir une gestion plus intégrée et centralisée.
Le gouvernement britannique a ainsi créé la Government Property Unit (GPU) en 2010,
qui est ensuite devenue l?Office of Government Property (OGP), dont l?objet est de
coordonner et contrôler la politique immobilière de l?État. L?OGP a une vocation
interministérielle et elle est rattachée au Premier ministre, au sein du Cabinet Office. Il a pour
mission de définir une stratégie immobilière pluriannuelle, d?animer le réseau interministériel
des professionnels de l?immobilier, de contrôler les dépenses immobilières et de superviser les
grands programmes immobiliers.
15 Les normes d?occupation britanniques sont calculées par référence à la surface utile nette (net internal area), qui
comprend les espaces de travail au sens large : bureaux, placards, salles de réunion et salles de repos ; et qui exclut
les halls, toilettes, ascenseurs, cages d?escalier, murs et espaces extérieurs.
PUBLIÉ
Rapport
- 22 -
En 2018, le Royaume-Uni a ensuite créé la Government Property Agency (GPA), qui
bénéficie progressivement du transfert de la propriété et de la gestion de l?immobilier
tertiaire (3 Mm² seront transférés d?ici 2025), en s?appuyant sur les six arguments suivants
pour justifier la mise en place de cette foncière : une plus grande flexibilité financière, la
capacité d?équilibrer l?offre et la demande, une visibilité accrue sur le parc et son état, la mise
en place d?incitations par le biais de loyers de marché, l?optimisation d?économies d?échelle, la
mutualisation des compétences. La GPA se concentre dans un premier temps sur le périmètre
de l?immobilier tertiaire mais elle a vocation, à terme, à bénéficier du transfert des entrepôts
et des locaux techniques.
Les efforts de restructuration et de centralisation de la fonction immobilière ne sont
néanmoins pas exempts de difficultés, comme le montre l?exemple du ministère de la
défense anglais qui a dû renoncer à la transformation qu?il avait engagée. L?externalisation
dans des proportions importantes, accompagnée d?une diminution des effectifs forte et rapide,
doublée de difficultés de recrutement de compétences ont joué un rôle important dans cet
échec, ce qui invite à la prudence quant au rythme et au périmètre retenu.
2.1.3. En Italie, une agence nationale a pour mission de réduire la dispersion des
acteurs de la politique immobilière par un pilotage et un contrôle exigeants, sans
le transfert des actifs correspondants
En Italie, la politique immobilière de l?État est encadrée par des dispositions législatives
qui portent sur l?ensemble des administrations publiques :
? depuis 2010, les administrations publiques doivent annuellement communiquer à l?État
l?inventaire des biens qu?elles occupent, les coûts d?utilisation et leurs futurs besoins en
immobilier sur une base triennale ; depuis 2013, l?État publie ces données en accès libre,
ainsi que la liste des administrations ayant participé ou non à l?opération annuelle
d?inventaire, selon le principe du « name and shame » ;
? depuis 2012, les administrations de l?État communiquent un plan de réduction et de
rationalisation de la consommation d?espace pour viser un objectif de 20 à 25 m²
par ETP, voire de 12 m² par ETP pour les constructions neuves ou les restructurations ;
les administrations bénéficient de 15 % des économies réalisées par la réduction de
leurs occupations, qui sont destinées à financer des opérations d?amélioration de
l?environnement de travail ;
? à partir de 2019, les administrations ont progressivement l?obligation d?utiliser l?outil de
modélisation « building information modeling » (BIM) pour toutes les opérations
complexes de plus de 100 M¤ ; ce seuil a été ramené à 50 M¤ en 2020, puis à 15 M¤
en 2021 et, à compter de 2025, toutes les opérations de travaux devront recourir au BIM.
Les différentes administrations gèrent elles-mêmes leur parc immobilier, mais leur
activité est strictement encadrée et contrôlée par une agence nationale qui vérifie la
bonne exécution de la stratégie immobilière convenue avec le Trésor italien.
Créé en 1999, l?Agenzia del demanio compte environ 1 000 agents et elle s?occupe de la gestion,
de la valorisation et de la rationalisation des biens immobiliers de l?État, en coordination avec
les administrations propriétaires ou occupantes. L?agence n?est pas propriétaire des biens de
l?État et son intervention repose sur les quatre axes suivants :
? assurer la bonne gestion de l?immobilier de l?État, par exemple en contribuant à la
planification des opérations de maintenance et de gros entretien renouvellement de
l?immobilier ministériel, hors biens culturels, militaires ou situés à l?étranger ;
? investir tout en maîtrisant les dépenses publiques, en s?appuyant pour la maîtrise
d?ouvrage sur le réseau déconcentré du ministère des infrastructures et de la mobilité
durable (Provveditorato) ;
PUBLIÉ
Rapport
- 23 -
? mobiliser l?immobilier public comme levier de revitalisation économique des territoires,
notamment par la promotion de projets nationaux de valorisation du patrimoine ;
? fournir une expertise immobilière à toutes les administrations publiques, collectivités
comprises.
2.1.4. La plupart des pays européens se sont engagés dans une démarche de
structuration de leur fonction immobilière
Le travail de comparaison européenne réalisé par le cabinet EY à la demande de la Commission
européenne permet de constater que des tendances communes émergent dans les pays étudiés
pour gérer plus efficacement leur patrimoine immobilier.
En synthèse, trois grands modèles peuvent être identifiés (cf. graphique 3) :
? l?Autriche, l?Allemagne, les Pays-Bas et la Finlande sont nos voisins qui ont
développé une fonction immobilière de loin la plus centralisée et intégrée ; à
l?exception de biens spécifiques (biens à l?étranger et militaires), la propriété et la gestion
de l?immobilier de l?État a été confiée à une unique agence ou entreprise publique ; ces
entités interviennent sur quasiment tous les métiers, sauf en Allemagne où la conduite
de projet est confiée à une agence dédiée ; la distinction entre l?État propriétaire et les
administrations occupantes est clairement établie par un mécanisme de facturation de
loyers, indexés sur les coûts réels ou sur les coûts de marché ;
? la Belgique, le Danemark, l?Italie, la Norvège, la Suède et le Royaume-Uni ont
centralisé une partie de leur fonction immobilière ou ont engagé une
transformation en ce sens ; la conduite du changement s?est appuyée sur la création
d?une agence ; si elles ont des champs d?action parfois différents, elles ont toutes en
charge la gestion, voire la propriété, de l?immobilier tertiaire banalisé mais elles ne
couvrent jamais l?ensemble du patrimoine (hors défense et biens à l?étranger) ;
? la République tchèque, la Pologne, le Portugal, l?Espagne et la France se
caractérisent par la dispersion de leur fonction immobilière ; chaque ministère,
administration ou opérateur public gère son immobilier indépendamment ; il existe
souvent une direction chargée de la coordination au niveau central, sur le modèle de
la DIE, mais son pouvoir est faible voire inexistant pour certaines classes d?actifs.
Graphique 3 : synthèse de l?organisation de la fonction immobilière dans quinze pays
européens, selon trois grands modèles
Note de lecture : Les pays ont été classés selon trois modèles : centralisé (la fonction immobilière est concentrée pour
l?essentiel entre les mains d?un acteur, hors métiers ou classe d?actifs spécifiques), intermédiaire (un mouvement de
centralisation a été engagé, un acteur principal émerge sans pour autant jouir d?un monopole sur la fonction),
fragmenté (chaque administration ou opérateur public gère son immobilier en propre, avec ou sans coordination
centrale).
Source : Mission.
PUBLIÉ
Rapport
- 24 -
2.2. La consolidation d?une fonction immobilière a également été observée dans
un échantillon de sept grandes entreprises publiques et privées, dans un
contexte de tension sur les ressources humaines
La mission a rencontré les responsables de trois entreprises publiques (EDF, SNCF,
La Poste), de trois entreprises privées (Capgemini, Carrefour, Crédit agricole) et
de Pôle emploi. Ces sept structures se sont engagées dans des transformations immobilières
ambitieuses :
? La Poste et la SNCF ont structuré des filiales immobilières dédiées, rassemblant
l?ensemble des métiers de l?immobilier (hors facility management pour La Poste, celle-ci
ayant réorganisé ses fonctions support en parallèle), et ont mis en place des loyers
internes ;
? EDF, Capgemini et Pôle emploi ont développé un modèle dans lequel ils sont
majoritairement locataires, avec une fonction immobilière centralisée au service des
occupants ;
? Carrefour et le Crédit agricole ont mis en place des loyers internes, éventuellement
négociés ou conventionnels, afin de donner un signal-prix à leurs unités opérationnelles
et de rentrer dans une démarche de valorisation d?actifs (notamment pour Carrefour).
Les entretiens conduits par la mission permettent de tirer les enseignements suivants
sur la conduite d?une transformation immobilière maîtrisée :
? au départ, la structuration d?une fonction immobilière répond à des motivations
financières et à des besoins opérationnels ; la mise en place de loyers réels ou fictifs
permet d?objectiver les charges et d?engager une démarche d?optimisation des coûts
générés par l?immobilier, mais elle permet également de déclencher une réflexion sur
l?adéquation entre, d?une part, l?immobilier considéré comme outil de production et,
d?autre part, les besoins des salariés (Capgemini a transformé ses implantations afin de
les rendre plus adaptées aux usages de ses salariés) et les attentes des usagers
(Pôle emploi adapte l?implantation de ses agences en fonction de l?évolution du chômage
et en tenant compte des contraintes d?accessibilité pour les allocataires) ;
? en pratique, la professionnalisation de la fonction immobilière passe par la
création d?une entité dédiée qui permet de mutualiser les ressources humaines
disponibles et surtout d?enclencher une stratégie de renforcement des
compétences fondées, d?une part, sur la capitalisation des méthodes de travail et la
formation continue et, d?autre part, sur le recrutement de nouveaux agents ; sur le
plan opérationnel, la création d?une entité dédiée favorise le déploiement, au niveau du
groupe, des réflexions sur des enjeux d?actualité comme la numérisation de l?immobilier
ou encore la prise en compte du télétravail ;
? en matière de conduite du changement, la structuration d?une fonction
immobilière s?inscrit dans le temps long, elle requiert un portage politique fort et
elle nécessite un accompagnement humain soutenu ; plusieurs années sont
nécessaires pour mettre en place une nouvelle culture de gestion de l?immobilier et
conduire le renouvellement des compétences ; les réticences des directions métiers,
utilisatrices du patrimoine, sont à la hauteur du sentiment de dépossession ressenti,
même quand celles-ci n?ont jamais fait de leur immobilier une priorité : l?appui politique
du directeur général de l?agence dans la durée est systématiquement présenté comme
indispensable pour confirmer l?impulsion initiale par des arbitrages réguliers et pour
donner du sens à la transformation ; il est enfin indispensable de susciter l?adhésion des
salariés pour lesquels la transformation peut constituer une opportunité de développer
de nouvelles compétences, et rassurer ceux qui se sentent menacés par ces changements
en leur proposant des mobilités internes ou des offres de formation renforcées ; les
PUBLIÉ
Rapport
- 25 -
évolutions de compétences exigées par cette transformation ne doivent pas être sous-
estimées ;
? les nouvelles formes de valorisation du foncier et de l?immobilier se complexifient
et nécessitent des compétences spécifiques ;
? tous les acteurs concernés intègrent le défi financier et technique posé par le
décret tertiaire à horizon 2030 : les opérations d?économies d?énergie ou de réduction
des émissions de gaz à effet de serre (GES) sont forcément embarquées dans des
opérations plus globales de modernisation des actifs.
Les interlocuteurs rencontrés par la mission sont également confrontés à des difficultés
de recrutement sur des métiers spécialisés comme la gestion d?actifs ou la maîtrise d?ouvrage.
Outre l?enjeu de la rémunération, la possibilité de travailler sur un parc immobilier
emblématique (comme celui de La Poste ou de la SNCF) ou d?une ampleur importante peut
néanmoins permettre d?attirer des profils en recherche d?évolution professionnelle.
3. La mise en oeuvre d?une transformation ambitieuse suppose un
arbitrage rapide sur l?organisation à moyen terme de la fonction
immobilière au sein de l?État
3.1. Les défis à venir supposent une action rapide
La fonction immobilière a franchi une étape de structuration en 2016 avec la création
de la DIE, même si elle doit aujourd?hui refonder sa stratégie :
? le ralentissement du rythme des cessions, conjuguée à l?érosion des financements dédiés
à l?entretien du parc immobilier, nécessite de réfléchir à de nouvelles modalités de
financement (cf. graphique 2) ;
? dans le même temps, les enjeux de valorisation du patrimoine immobilier de l?État
montent en puissance, ce qui nécessite de mobiliser des compétences nouvelles.
La mise en oeuvre du décret tertiaire16, qui prévoit une réduction de la consommation
énergétique des bâtiments tertiaires de 40 % en 2030 par rapport à 2010, va en outre
nécessiter des investissements très importants pour atteindre les objectifs fixés, compte
tenu notamment de l?état de vétusté du parc immobilier de l?État. L?article 175 de la loi
n° 2018-1021 du 23 novembre 2018 portant évolution du logement, de l?aménagement et du
numérique (loi ELAN) impose en effet « de parvenir à une réduction de la consommation
d?énergie finale pour l?ensemble des bâtiments soumis à l?obligation d?au moins 40 % en 2030,
50 % en 2040 et 60 % en 2050 par rapport à 2010 ». Le décret tertiaire, entré en vigueur à
compter du 1er octobre 2019, prévoit que tous les bâtiments à usage tertiaire de plus
de 1 000 m² construits avant le 24 novembre 2018 sont concernés par cette obligation.
Ce décret concerne également les bâtiments publics, et constitue un enjeu politique
important au regard de l?exigence d?exemplarité attendue de la part des services de
l?État. Les services du ministère de la transition écologique soulignent que le projet de révision
de la directive européenne sur l?efficacité énergétique (DEE) devrait d?ailleurs renforcer les
exigences en matière d?exemplarité de performance énergétique des bâtiments tertiaires
publics. Selon l?étude d?impact du décret tertiaire, sa mise en oeuvre va nécessiter un
investissement de 17 Md¤ sur 30 ans pour remettre à niveau le parc immobilier de
l?État, sur la base d?un coût estimé en ordre de grandeur à 180 ¤/m². Même si elle reconnaît
qu?il est très complexe de procéder à une estimation précise des moyens financiers qui devront
16 Décret n° 2019-771 du 23 juillet 2019 relatif aux obligations d?actions de réduction de la consommation
d?énergie finale dans des bâtiments à usage tertiaire.
PUBLIÉ
Rapport
- 26 -
être mobilisés pour atteindre les objectifs attendus, la DIE a pour sa part estimé l?effort
d?investissement à fournir à 92 Md¤ sur 30 ans, sur la base d?un coût moyen de rénovation
estimé à 1 500 ¤/m² qui concerne les coûts de rénovation globaux incluant le gros entretien-
renouvellement de base et les surcoûts lié à l?application du décret tertiaire. Compte tenu de
l?ampleur des montants évoqués et des différents chiffrages avancés, il serait souhaitable que
les administrations concernées (DGALN, DIE, DB) poursuivent leurs travaux, en
s?appuyant notamment sur la prochaine génération de SDIR, afin de produire une
évaluation partagée de l?impact du décret tertiaire.
Il serait par ailleurs souhaitable que la DIE tienne à jour une liste des sites les plus
vétustes ou les plus exposés aux risques naturels et qu?elle développe une vision
pluriannuelle des besoins et des investissements structurants nécessaires pour les remettre en
état.
L?évolution du mode de fonctionnement des services publics, sous l?effet de la
transformation numérique de l?administration, de l?objectif de dématérialisation des
procédures et du déploiement du télétravail, nécessite par ailleurs de réfléchir à de
nouvelles normes de construction, d?aménagement et d?occupation des bâtiments
publics et ouvre la voie à une plus grande mutualisation des bureaux entre services. Les
ministères et leurs opérateurs abordent aujourd?hui cette question de façon hétérogène,
certains services adoptant des transformations relativement ambitieuses de leur espace de
travail tandis que d?autres font preuve d?une approche prudente, dans un contexte où la crise
sanitaire a mis en évidence les possibilités ouvertes par le télétravail mais également ses
limites.
Ces évolutions peuvent être obtenues de manière réaliste et efficiente en capitalisant
dès à présent sur les synergies développées dans le cadre du programme de rénovation
des cités administratives puis à l?occasion du plan de relance, au risque de revenir à la
situation antérieure. Au niveau déconcentré, les services chargés de la gestion immobilière
ont mis à profit cette période pour renforcer leurs liens et créer des synergies qui disparaîtront
si les mutualisations qui ont été mises en place ne sont pas consolidées dans le temps.
3.2. À terme, la gestion du propriétaire et la valorisation du patrimoine foncier
et de l?immobilier de bureau gagneraient à être confiées à une agence
représentant l?État propriétaire
La conduite des transformations examinées par la mission s?est appuyée sur la réunion
des métiers de l?immobilier au sein d?une même structure pour mieux gérer et valoriser
les actifs et pour répondre aux besoins des occupants.
Pour cette raison, la mission estime nécessaire de constituer une entité opérationnelle
dédiée, qui pourrait prendre la forme d?une agence, dont la mission serait double :
? d?une part, elle serait chargée d?assurer la gestion du propriétaire (asset
management et property management) de l?ensemble de l?immobilier de bureaux
des ministères entendu au sens large, c?est-à-dire incluant également l?immobilier
tertiaire du ministère de l?intérieur (commissariats et gendarmerie) et du ministère de
la justice (palais de justice) ; une exception pourra toutefois être admise pour le
ministère des armées qui pourra continuer à gérer lui-même ses bureaux, et pour les
biens situés à l?étranger ;
PUBLIÉ
Rapport
- 27 -
? d?autre part, elle serait chargée de la valorisation du patrimoine foncier de l?État,
selon une stratégie arrêtée par les pouvoirs publics, tenant notamment compte des
objectifs poursuivis dans le cadre des politiques du logement et inscrits dans les
dernières lois relatives à l?énergie, à la lutte contre la vulnérabilité climatique et en
faveur de la biodiversité17.
Les exemples étrangers et l?organisation actuelle extrêmement morcelée des fonctions
immobilières ministérielles conduisent à recommander que l?agence intervienne sur un
champ aussi large que possible, sans admettre d?exception hormis pour le ministère des
armées dont l?organisation est d?ores et déjà très intégrée et possède la taille critique, ainsi
que pour les biens situés à l?étranger.
En revanche, la constitution de cette agence pourrait se faire progressivement, en rattachant
les différents périmètres ministériels par étapes successives, en commençant par exemple par
le patrimoine immobilier des ministères économiques et financiers et par le patrimoine des
ministères qui disposent de peu d?implantations territoriales (agriculture et alimentation,
travail et affaires sociales, transition écologique). Le patrimoine immobilier des opérateurs
pourrait également être géré par la future agence, selon des règles à définir.
Le transfert de la propriété des biens gérés par l?agence n?est pas indispensable, mais il
pourrait être envisagé afin de renforcer la séparation entre État propriétaire et
administrations occupantes. À défaut, ou dans un premier temps, l?agence pourrait être
simplement affectataire des biens qu?elle mettrait à disposition des administrations
occupantes en fonction de leurs besoins, en tant que prestataire de services pour leur compte.
Le modèle le plus abouti en la matière est celui de la BImA allemande, qui est propriétaire et
gestionnaire de la quasi-totalité du parc immobilier fédéral (hormis certains biens du
ministère de la défense et les biens situés à l?étranger), mais le modèle de la Government
Property Agency (GPA) britannique est également intéressant, puisqu?il démontre la possibilité
d?un transfert progressif de la propriété des biens sur une durée de plusieurs années.
La constitution d?une telle entité opérationnelle permettrait d?atteindre le meilleur
niveau de professionnalisation de la fonction immobilière, en mutualisant l?ensemble des
ressources humaines et des compétences disponibles au sein de l?État. Elle permettrait par
ailleurs d?assurer une gestion dynamique du parc immobilier et de décliner une stratégie de
valorisation dans laquelle la cession deviendrait la dernière solution envisagée, si le bien n?est
utile à aucune administration et s?il n?est pas possible de le valoriser. Le moment venu, il
conviendra toutefois de vérifier la compatibilité de la future agence avec le droit
communautaire.
Dans cette nouvelle architecture, la mission recommande de renforcer une direction
d?administration centrale chargée de définir les orientations stratégiques de la
politique immobilière de l?État, de porter les arbitrages interministériels et d?exercer la
tutelle de la future agence représentant l?État propriétaire. La répartition des rôles entre
une administration centrale « tête pensante », placée auprès du ministre des finances, chargé
du domaine, et une agence « bras armé opérationnel » chargée de la mise en oeuvre de la
politique publique apparaît comme la plus adaptée, et elle permettra à l?agence de développer
une autonomie suffisante pour s?inscrire dans le temps long qui est celui de la gestion
immobilière.
17 Loi n° 2016-1087 du 8 août 2016 pour la reconquête de la biodiversité, de la nature et des paysages et loi
n° 2021-1104 du 22 août 2021 portant lutte contre le dérèglement climatique et renforcement de la résilience face
à ses effets.
PUBLIÉ
Rapport
- 28 -
Proposition n° 1 : confier la mission de représenter l?État propriétaire et d?accompagner
les occupants publics sur l?ensemble de la chaine des besoins immobiliers à une entité
publique opérationnelle dédiée, placée sous la tutelle de la DIE et dotée d?antennes
régionales. Cette agence, bras armé opérationnel de la politique immobilière de l?État,
assurerait la gestion du propriétaire, la conduite de projet et la valorisation du
patrimoine foncier et de l?immobilier de bureaux18 de l?ensemble des ministères (hors
ministère des armées et biens situés à l?étranger) et, selon des règles à définir, celles des
opérateurs de l?État, et elle apporterait son expertise en matière de maîtrise d?ouvrage
pour l?ensemble du parc immobilier de l?État. Elle serait soit affectataire, soit
propriétaire des biens dont elle assurerait la gestion.
Proposition n° 2 : renforcer une direction de l?immobilier de l?État, directement placée
sous l?autorité du ministre chargé des finances, qui serait tout à la fois une direction de
stratégie pour l?ensemble du patrimoine immobilier de l?État et une direction
immobilière sur le patrimoine de bureaux. Elle serait chargée de définir les orientations
stratégiques de la politique immobilière de l?État, de porter les arbitrages
interministériels et d?assurer la tutelle de la future agence représentant l?État
propriétaire.
3.3. La mise en place de loyers versés par les administrations occupantes à la
future agence permettrait de donner un signal-prix aux occupants incitant
à l?optimisation et à la valorisation du parc, à condition d?y associer une
logique d?intéressement pour les gestionnaires
Lorsque la gestion du patrimoine immobilier est confiée à une structure unique, la mise
en place de loyers constitue un puissant instrument de rationalisation qui permet
d?inciter les occupants à optimiser leur occupation du parc. Ces loyers peuvent correspondre à
une valeur de marché, notamment lorsque la structure gestionnaire est également propriétaire
des biens immobiliers, ou bien être calculés plus conventionnellement, lorsque la structure est
seulement affectataire des biens. Si elle n?est pas indispensable, la mise en place de loyers
permet de donner un signal-prix aux occupants et de matérialiser le coût de l?occupation d?un
bâtiment public.
Proposition n° 3 : mettre en place des loyers versés par les administrations occupantes
à l?agence représentant l?État propriétaire, qui financeraient les dépenses du
propriétaire, en prévoyant un dispositif financier incitatif pour les administrations qui
rationalisent leur organisation immobilière.
La mise en place des loyers budgétaires, expérimentés en 2006, généralisés en 2010 puis
supprimés en LFI 2019, a été décrite comme « inefficace et coûteuse » par le CIE (cf. encadré 1),
la méthode employée pour les loyers budgétaires s?est heurtée aux obstacles suivants :
? une vision trop systématique des loyers qui ont été appliqués systématiquement à toutes
les classes d?actifs, y compris certains locaux techniques pour lesquels aucune action
d?optimisation ou de valorisation n?était envisageable, alors que ces loyers ont surtout
un intérêt dans des zones métropolitaines denses ;
? une mauvaise connaissance du parc qui a suscité des contestations nombreuses de la
part des ministères occupants qui questionnaient le mode de calcul des loyers ;
? une absence de logique incitative qui a vidé le dispositif de son sens, alors que ce
caractère incitatif est au coeur des transformations étudiées par la mission ;
18 Entendu au sens large, c?est-à-dire incluant également l?immobilier spécifique du ministère de l?intérieur
(commissariats et gendarmerie) et du ministère de la justice (palais de justice).
PUBLIÉ
Rapport
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? un caractère fictif dans la mesure où le versement des loyers était matérialisé par des
écritures pour ordre et non par des flux financiers réels.
Compte tenu de cet historique défavorable, il est recommandé de ne pas considérer la
mise en place de loyers comme un préalable à toute transformation, mais plutôt comme
un outil qui permettra de renforcer l?efficacité des interventions de l?agence
représentant l?État propriétaire, une fois que celle-ci aura été mise en place et qu?elle
aura démontré sa capacité à offrir un service de qualité aux administrations occupantes.
3.4. La transformation recommandée ne peut techniquement que s?inscrire
dans une trajectoire pluriannuelle, et nécessite un appui politique
important et prolongé
La transformation recommandée par la mission, qui implique à terme la création d?une
agence représentant l?État propriétaire et la mise en place de loyers versés par les
administrations occupantes, constitue une cible de moyen terme qui n?est pas accessible
immédiatement. Compte tenu de la dispersion des organisations et des structures chargées
de la mise en oeuvre de la politique immobilière de l?État, de la fragilité de la gestion de
l?immobilier des administrations territoriales de l?État et du retard accumulé en matière
d?entretien des bâtiments de l?État, l?atteinte de cette cible de moyen terme nécessite en effet
des travaux préparatoires et la vérification de plusieurs prérequis (cf. infra).
Pourtant, la fixation rapide d?un cap stratégique clair et ambitieux permettrait de
donner de la visibilité aux parties prenantes et favoriserait la préparation de la future
organisation par l?ensemble des ministères concernés et par les préfectures de région.
Elle constituerait un signal politique fort et mobilisateur adressé à l?ensemble des agents qui
ont fait part des difficultés qu?ils rencontrent pour assurer une gestion immobilière de qualité.
Elle permettrait également de fédérer les ministères autour d?un objectif commun et de
surmonter les réticences fortes qu?ils ne manqueront pas d?exprimer. Elle serait enfin un levier
précieux pour préparer la réponse au défi de la transition énergétique et assurer la
position d?un État exemplaire.
Les exemples examinés par la mission montrent que les transformations immobilières
prennent généralement plusieurs années avant d?atteindre leur pleine maturité.
En conséquence, la mission propose le calendrier suivant :
? le Premier ministre pourrait rendre un arbitrage rapide, dès le début de la
mandature qui s?ouvrira à la mi-2022, sur la cible à atteindre à moyen terme ;
? la mandature qui s?ouvre pourrait ensuite être mise à profit, d?une part, pour décliner
les chantiers techniques indispensables pour constituer une fonction immobilière
performante et pour répondre rapidement aux difficultés de l?immobilier de
l?administration territoriale (cf. infra) et, d?autre part, pour confier la gestion du parc
immobilier de certains ministères à la DIE et définir le calendrier de bascule des
autres périmètres ministériels ;
? la réalisation d?une nouvelle mission d?inspection au plus tard dans le courant de
l?année 2026 permettrait de mesurer le chemin parcouru et d?évaluer la possibilité de
créer une agence représentant l?État propriétaire et de mettre en place des loyers en
précisant leur périmètre.
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Rapport
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4. La constitution d?une fonction immobilière performante impliquerait
de réussir quatre chantiers
Pour atteindre la cible à moyen terme qu?elle estime nécessaire pour constituer une
fonction immobilière performante, la mission identifie quatre chantiers prioritaires,
qu?il est possible d?ouvrir ou de poursuivre à court terme :
? structurer une filière interministérielle des métiers de l?immobilier ;
? achever la fiabilisation de la connaissance du parc immobilier de l?État afin d?objectiver
les besoins pluriannuels ;
? renforcer la gouvernance en donnant toute sa dimension à l?État propriétaire, incarné
par la direction de l?immobilier de l?État ;
? franchir une nouvelle étape de la professionnalisation de la fonction immobilière, en
mutualisant les ressources humaines et les compétences déjà existantes.
4.1. Structurer une filière interministérielle des métiers de l?immobilier
4.1.1. Sur le plan des compétences, la fonction immobilière présente des défis de
transformation qui s?apparentent à ceux du numérique et des achats au sein de
l?État
Il est possible de tirer des enseignements des transformations mises en oeuvre par l?État
en matière de pilotage des systèmes d?informations et des achats, qui constituent des
politiques interministérielles à caractère transversal, comparables par plusieurs aspects à la
politique immobilière de l?État.
Depuis 2019, la direction interministérielle du numérique (DINUM) oriente, anime,
soutient et coordonne les actions des administrations de l?État visant à améliorer la
qualité, l?efficacité, l?efficience et la fiabilité des services rendus par le système
d?information et de communication de l?État19. La DINUM est rattachée au secrétaire
général du Gouvernement tout en étant placée sous l?autorité du ministre de l?action et des
comptes publics et mise à la disposition du ministre de l?économie et des finances et du
secrétaire d?État chargé du numérique. En 2021, la DINUM employait 190 personnes,
dont 134 contractuels.
La DINUM a mis en place quatre initiatives intéressantes pour structurer une filière de
compétences numériques au sein de l?État :
? le comité interministériel du numérique (CINUM) mobilise une fois par mois les
directeurs du numérique de chaque ministère, du Premier ministre et de la présidence
de la République, ainsi que le directeur de l?ANSSI, afin de partager l?avancement des
chantiers numériques interministériels, de dessiner les contours de la stratégie
numérique et de discuter des doctrines communes ; il constitue un lieu privilégié
d?échange d?expériences et de partage des arbitrages interministériels ;
? elle a développé puis pérennisé le programme « entrepreneur d?intérêt général », qui
permet de recruter des équipes projets pour la conduite de projets ministériels d?une
durée fixe de dix mois ; ce programme constitue un vivier de recrutement important,
dans la mesure où deux tiers des entrepreneurs d?intérêt général sont ensuite recrutés
au sein de l?État ;
19 Décret n° 2019-1088 du 25 octobre 2019 relatif au système d?information et de communication de l?État et à la
direction interministérielle du numérique.
PUBLIÉ
Rapport
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? à partir d?une étude de marché sur les rémunérations dans le secteur privé, la DINUM a
négocié une grille de rémunération qui porte désormais sur les 56 métiers de la filière
numérique et qui permet de recruter plus facilement des agents contractuels en contrat
à durée indéterminée (CDI) tout en évitant la concurrence entre ministères et en
réduisant, voire en supprimant, les délais de visa par le contrôleur budgétaire
ministériel ;
? elle a mis en place une mission « talents » chargée de favoriser la mobilité des
compétences numériques au sein de l?État et de développer une filière numérique
publique attractive.
La direction des achats de l?État (DAE) a pour sa part remplacé le service des achats de
l?État (SAE) en 2016 et elle a été dotée d?un réseau de plateformes régionales des achats
de l?État (PFRA) placées sous l?autorité des préfets de région. Les responsables des PFRA
sont désignés par le préfet de région, après avis du directeur des achats de l?État.
Parmi ses missions, la DAE « définit la stratégie de formation des acteurs de la fonction d?achat
de l?État et pilote l?offre de formation en la matière, propose toute mesure propre à renforcer la
professionnalisation de ces acteurs et à structurer leur parcours professionnel dans le cadre d?une
filière d?achats commune aux services de l?État et aux établissements publics »20 : la DAE a ainsi
développé, notamment en coopération avec l?institut de la gestion publique et du
développement économique (IGPDE), une offre d?une cinquantaine de formations organisées
en cinq cursus, dont certaines sont certifiantes : compétences transversales, manager,
acheteur/fondamentaux, acheteur/perfectionnement, acheteur/expert.
4.1.2. La direction de l?immobilier de l?État pourrait construire et animer une filière
immobilière pour proposer des parcours attractifs au sein de l?État
Afin d?apporter une réponse aux difficultés de recrutement constatées pour l?ensemble
des métiers de l?immobilier, au niveau national comme au niveau déconcentré, il semble
nécessaire de construire une filière immobilière qui permettrait de proposer aux agents
des parcours de carrière attractifs au sein de l?État.
Les principales difficultés identifiées sont les suivantes :
? le niveau insuffisant des rémunérations proposées pour des métiers spécialisés, compte
tenu de la concurrence avec le secteur privé mais également de la concurrence qui existe
entre les ministères ;
? le manque de valorisation de la compétence immobilière et le manque de perspective
d?évolution professionnelle pour des agents qui développent une expertise sur les
questions immobilières ;
? les freins à la mobilité entre ministères, voire entre directions d?un même ministère, en
raison de règles de gestion trop contraignantes, par exemple lorsque les agents issus des
corps techniques du ministère de la transition écologique souhaitent évoluer au sein du
ministère de l?économie et des finances ou au sein du ministère de l?intérieur.
La direction de l?immobilier de l?État serait la mieux placée pour faire émerger et pour
animer une telle filière des métiers immobiliers, son rôle dans l?animation des
directions immobilières ministérielles la positionnant de fait dans cette fonction.
Concrètement, cela passe en priorité par la construction d?un référentiel des principaux
métiers de l?immobilier et par la mise en place de grilles de rémunération transversales
attractives pour les contractuels et pour les fonctionnaires. Cette démarche constitue le
20 Décret n° 2016-247 du 3 mars 2016 créant la direction des achats de l?État et relatif à la gouvernance des achats
de l?État.
PUBLIÉ
Rapport
- 32 -
préalable indispensable pour faciliter la mobilité interministérielle, qui favorisera la
fidélisation des agents et améliorera l?attractivité de la fonction immobilière de l?État.
Le recensement des postes principaux d?encadrement et la construction interministérielle
d?une gestion prévisionnelle des emplois, des effectifs et des compétences (GPEEC) seraient
également prioritaire pour tenir compte du départ à la retraite prochain de nombreux agents.
Enfin, une animation régulière du réseau des responsables immobiliers des ministères
et l?association de la DIE à leur recrutement et à leur nomination (cf. infra) seraient
également des mesures fortes permettant l?émergence et la reconnaissance d?une véritable
filière professionnelle au sein de l?État.
Proposition n° 4 : structurer une filière interministérielle portant sur les différents
métiers de l?immobilier, animée par la direction de l?immobilier de l?État qui serait
chargée d?identifier les compétences requises, de recenser les postes concernés et de
proposer aux agents des parcours de carrière attractifs au sein de l?État, y compris avec
la mise en place d?une grille de rémunération interministérielle adaptée.
4.1.3. Les écoles du ministère de la transition écologique pourraient être davantage
mobilisées pour proposer des formations aux agents de la filière immobilière
Le ministère de la transition écologique dispose de corps techniques à vocation
interministérielle, qui sont compétents en matière de maîtrise d?ouvrage publique et en
matière bâtimentaire :
? les ingénieurs, des ponts, des eaux et des forêts (IPEF), dont la formation est assurée par
l?École des Ponts Paristech ;
? les ingénieurs des travaux publics de l?État (ITPE), dont la formation est assurée par
l?École nationale des travaux publics de l?État (ENTPE) ;
? les techniciens supérieurs du développement durable (TSDD) et les secrétaires
d?administration et de contrôle du développement durable (SACDD).
Pour les IPEF en sortie d?école, les ministères de tutelle de l?ENPC privilégient les
recrutements répondant à leur propre besoin sur des postes vacants, et limitent de fait
l?accès à la filière immobilière avec des ouvertures de poste très limitées pour les trois agences
de maitrise d?ouvrage ministérielles (APIJ, EPAURIF, OPPIC)21. Les IPEF recrutés récemment
expriment par ailleurs un intérêt fort pour les sujets « environnement-biodiversité »,
« climat », « agriculture » et « énergie »22, ce qui pose la question de leur intérêt pour les projets
immobiliers.
L?examen des postes proposés aux ITPE à leur sortie d?école, de même que les
témoignages des services chargés de la conduite de projets immobiliers, montre que ces
profils sont très appréciés pour leur expertise technique et pour leur capacité de pilotage de
projets parfois complexes. Ceux-ci constituent un vivier très intéressant pour la politique
immobilière de l?État, à condition de lever les obstacles qui peuvent exister pour leur
recrutement et de favoriser leur mobilité en dehors du ministère de la transition écologique.
Le développement de formations continues relatives à la maîtrise d?ouvrage permettrait
de consolider les compétences des agents chargés de la conduite d?opérations
immobilières qui peuvent se révéler complexes. Outre les formations initiales ou les
mastères et certificats spécialisés délivrés par l?ENPC et par l?ENTPE, le développement de
21 Sur les cinq dernières années, un poste a été proposé aux IPEF sortant d?école en 2017 (APIJ), en 2018 (APIJ) et
en 2019 (OPPIC), et aucune ouverture de poste en sortie d?école n?a été proposée à l?APIJ et à l?OPPIC depuis 2020.
L?EPAURIF n?a bénéficié d?aucune ouverture de poste depuis cinq ans.
22 CGAAER, CGEDD, « Ingénieurs au service de la Nation ? Regards sur les IPEF », septembre 2021.
PUBLIÉ
Rapport
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formations continues, certifiantes ou plus ponctuelles, dans la conduite de projets complexes,
dans les thématiques émergentes liées aux transformations de la construction ou dans la
gestion de patrimoine permettrait de consolider les compétences des agents de la filière
immobilière dans son ensemble, et ceux de la maîtrise d?ouvrage en particulier.
Dans le même ordre d?idées, il serait par ailleurs souhaitable que la DIE puisse disposer
d?un siège au conseil d?administration de l?ENTPE, qu?elle soit associée à l?élaboration
des formations qui relèvent de son champ de compétence et à la définition pluriannuelle
des postes de sortie d?école proposés aux ITPE, voire à la constitution d?un flux régulier
de propositions de postes en sortie de l?ENPC.
4.2. Achever la complétude et la fiabilisation de la connaissance du parc
immobilier de l?État afin d?objectiver les besoins pluriannuels
4.2.1. Les données dont dispose la direction de l?immobilier de l?État restent lacunaires
et insuffisamment fiables
Le système d?information de l?immobilier de l?État (SIIE) est construit à partir
de deux ensembles de données :
? un module « RE-FX » pour l?inventaire physique et un module « FI-AA » pour l?inventaire
comptable qui appartiennent au système d?information financier de l?État (SIFE) ;
? des applications informatiques de la DIE, notamment le référentiel technique (RT) et
l?outil d?aide au diagnostic (OAD), disponibles depuis 2015.
Quatre éléments constitutifs de l?inventaire du patrimoine immobilier de l?État doivent
être réunis pour pouvoir développer une stratégie immobilière :
? l?inventaire physique, qui se rapporte à la nature du bien (type, lieu, surface, etc.) ;
? la valeur d?un bien, comptable et/ou commerciale ;
? le diagnostic technique, évolutif (état du bâtiment, conformité à la réglementation,
performance énergétique, accessibilité, etc.), qui permet d?anticiper les investissements ;
? le diagnostic économique qui comprend les coûts d?utilisation (fluides, gardiennage,
nettoyage, loyers, etc.) et les coûts d?entretien (locataire et propriétaire).
Pour appréhender au mieux ces quatre dimensions, la DIE a défini seize données prioritaires
réparties selon trois catégories (cf. tableau 5), qui sont renseignées de façon hétérogène selon
les catégories : les données générales sont les mieux renseignées (90 % de complétude), tandis
que les données d?exploitation sont très lacunaires (16 % de complétude). Le taux de
complétude global des données prioritaires s?établit à seulement 63 %, tandis que leur
niveau de cohérence est évalué à 73 %. Par ailleurs, la mission a relevé un écart de 15 Mm²
entre les données du référentiel technique et celles qui figurent dans le module RE-FX.
PUBLIÉ
Rapport
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Tableau 5 : taux de complétude pour les seize données prioritaires du référentiel technique
Catégorie Donnée
Taux de
complétude moyen
Taux de
complétude global
Données
générales
Surface utile brute totale
112/125 = 90 %
148/235 = 63 %
Surface utile nette totale
Nombre de postes de travail
Loyer externe du bâtiment
Présence d?amiante
États techniques
État de santé général du bâtiment
25/40 = 63 %
État d?accessibilité général du bâtiment
Proximité des transports en commun
Présence d?une enquête de confort d?usage
Données
d?exploitation
Charges de fonctionnement
11/70 = 16 %
Consommation d?énergie finale annuelle
Consommation d?eau annuelle
Tri des déchets
Contrôles réglementaires (sécurité incendie,
installations électriques, ascenseurs)
Résultats des derniers contrôles
Réserves levées
Source : Mission.
4.2.2. Le développement du système d?information de l?immobilier de l?État n?a pas
permis de pallier le manque de qualité des données brutes
En 2017, il a été décidé de confier la responsabilité du système d?information de
l?immobilier de l?État (SIIE) à la DIE. Depuis cette date, la DIE a poursuivi l?information de
la politique immobilière de l?État en déployant de nouvelles applications, puis elle a arrêté son
schéma directeur en 2021 selon les quatre axes stratégiques suivants :
? la connaissance du parc et de ses occupations ;
? le partage et le soutien aux choix de stratégie immobilière ;
? l?excellence opérationnelle et le suivi du collectif ;
? le pilotage et le suivi de l?activité.
Selon la DIE, le budget annuel du SIIE se situe en fonction des années entre 3 M¤ et 4,5 M¤ et
mobilise une dizaine d?agents au sein du bureau DIE-1A, qui sont appuyés par des prestataires
représentant entre 14 ETP et 20 ETP externes selon les années23.
Les moyens importants déployés pour le développement du SIIE traduisent une
stratégie assumée de la DIE, qui mise sur le développement des outils informatiques et
sur l?amélioration de leur ergonomie afin de convaincre leurs interlocuteurs
ministériels de les utiliser davantage et ainsi améliorer la complétude et la qualité
globale des données collectées. La DIE dispose pourtant d?ores et déjà d?un volume de
données important qu?elle ne valorise pas, faute de pouvoir s?appuyer sur des effectifs de
statisticiens qui pourraient détecter les lacunes et les incohérences présentes dans les données
disponibles, les traiter systématiquement et proposer une stratégie de données robuste.
Par ailleurs, les efforts devraient être poursuivis auprès des gestionnaires de site et
auprès des MRPIE afin d?améliorer substantiellement la complétude et la qualité des
données renseignées dans le référentiel technique, par exemple en programmant des
campagnes de visite de l?ensemble des bâtiments du parc immobilier, en publiant des notes de
23 Cf. compte-rendu de la CNIP du 5 mai 2021 relative au schéma directeur du système d?information de
l?immobilier de l?État 2021-2024.
PUBLIÉ
Rapport
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complétude et de cohérence par ministère, comme en Italie, ou en conditionnant l?octroi de
subventions à la qualité des données inscrites dans le référentiel technique.
4.2.3. Le développement d?outils de mesure de l?état patrimonial des bâtiments et
d?indicateurs physico-financiers partagés par l?ensemble des ministères est
indispensable pour poursuivre la valorisation du foncier public et la
rationalisation du parc immobilier de l?État
La connaissance lacunaire du parc immobilier et de son état de vétusté ne permet pas
aux décideurs de faire des choix éclairés sur le niveau d?investissement nécessaire pour
assurer le maintien en état du parc immobilier. Faute de disposer d?indicateurs permettant
de mesurer l?évolution de l?état de vétusté des bâtiments, les dépenses immobilières pâtissent
d?arbitrages défavorables :
? d?une part, au sein des budgets ministériels, les dépenses immobilières, dont les effets se
matérialisent souvent à long terme, peuvent être considérées comme une variable
d?ajustement permettant, en cas de besoin, de financer d?autres dépenses à court terme,
qui ont une visibilité politique plus forte ;
? d?autre part, au sein des budgets immobiliers, il existe un biais pour les projets nouveaux
au détriment des dépenses d?entretien récurrentes dont l?intérêt peut paraître moins
évident à court terme.
Pour surmonter cette difficulté et mieux éclairer les choix d?allocation budgétaires, il
apparaît indispensable de développer des outils permettant de mesurer l?état de vétusté
du parc et d?en déduire les besoins budgétaires correspondants, notamment par
les trois moyens suivants :
? arrêter une liste d?indicateurs de suivi physiques et physico-financiers portant sur l?état
du parc immobilier de l?État, partagés par l?ensemble des ministères et régulièrement
actualisés ;
? généraliser l?utilisation d?un outil de mesure fiable et commun à l?ensemble des
ministères de l?état de vétusté du parc immobilier de l?État, des besoins d?entretien et
des priorités selon l?intérêt stratégique du bien et en faire un outil pour assurer le
contrôle de gestion sur l?évolution du patrimoine ; à titre d?exemple, le ministère des
armées dispose d?un outil lui permettant d?élaborer une cartographie de performance de
son patrimoine immobilier en croisant, pour chaque ouvrage, son état technique et sa
priorité stratégique, ce qui lui permet d?orienter les stratégies de maintenance en
évaluant les budgets de maintenance nécessaires (entretien courant et gros entretien
renouvellement) et en fléchant les efforts selon les objectifs de performance retenus ;
? définir des montants moyens de gros entretien renouvellement et d?entretien courant
par m² qui pourraient servir de référence pour estimer les besoins financiers et, à partir
de ces données de référence, définir une méthodologie de mesure des besoins financiers
en matière de gros entretien renouvellement (« dette grise ») qui constituerait un outil
d?aide à la décision ; à titre d?exemple, le ministère chargé de l?écologie a établi en 2009
des fourchettes indicatives pour les principaux postes de coût (gestion, maintenance
courante, gros entretien , nettoyage) et pour les principaux types d?ouvrage (habitation,
bureau, enseignement, santé) qui pourraient être actualisées et servir de référence pour
les discussions budgétaires (cf. tableau 6).
Proposition n° 5 : afin d?objectiver les discussions budgétaires, définir des outils de
mesure de l?état de vétusté du parc immobilier de l?État et d?évaluation des moyens
budgétaires correspondants, partagés par l?ensemble des ministères et intégrant les
enjeux du décret tertiaire.
PUBLIÉ
Rapport
- 36 -
Tableau 6 : calcul du coût global d?un ouvrage (fourchettes de coût ? janvier 2009)
Poste
Bâtiments
d?habitation
Bâtiments de
bureau
Bâtiments
d?enseignement
Bâtiments de
santé
Gestion 1 à 2 ¤ HT/m² 2 à 4 ¤ HT/m² 2 à 4 ¤ HT/m² 3 à 7 ¤ HT/m²
Maintenance courante du
bâti
4 à 10 ¤ HT/m² 2 à 5¤ HT/m² 3 à 6 ¤ HT/m² 5 à 15 ¤ HT/m²
Maintenance courante des
équipements
3 à 6 ¤ HT/m² 8 à 15 ¤ HT/m² 5 à 10 ¤ HT/m² 10 à 30 ¤ HT/m²
Gros entretien ?
remplacement
10 à 30 ¤ HT/m² 8 à 15 ¤ HT/m² 15 à 20 ¤ HT/m² 20 à 40 ¤ HT/m²
Nettoyage 4 à 8 ¤ HT/m² 10 à 15 ¤ HT/m² 12 à 20 ¤ HT/m² 20 à 40 ¤ HT/m²
Note : Les valeurs usuelles sont des montants indicatifs, prenant en compte la surface du projet et des fourchettes de
coût au m² établies pour chacun des postes. Ces fourchettes constituent des ordres de grandeur moyens à l?échelle
nationale, ce qui n?exclut pas des montants supérieurs ou inférieurs pour certaines opérations.
Source : Ministère de l?écologie, de l?énergie, du développement durable et de l?aménagement du territoire, janvier 2009.
4.3. Renforcer la gouvernance en donnant toute sa dimension à l?État
propriétaire, incarné par la direction de l?immobilier de l?État
4.3.1. La stratégie immobilière de l?État pourrait utilement être enrichie afin de tenir
compte du ralentissement de la politique de cessions et des principaux enjeux
actuels
Selon le DPT dédié à la politique immobilière de l?État, les quatre objectifs de cette
politique sont les suivants :
? mieux connaître et valoriser le patrimoine immobilier de l?État ;
? rationaliser et optimiser la gestion immobilière de l?État ;
? moderniser et améliorer la performance énergétique du parc ;
? professionnaliser la fonction immobilière au sein de l?État.
En 2021, le Gouvernement a relevé que « la politique de cessions des biens devenus inutiles à
l?État et à ses établissements publics connaît un tournant sur la période 2018-2021 » et que « les
cessions s?inscrivent désormais dans le cadre d?une gestion du parc immobilier où les biens les plus
emblématiques ont été cédés » (cf. encadré 4). Ce constat pourrait conduire à faire évoluer la
stratégie immobilière de l?État, initialement centrée sur un important programme de cession
des bâtiments inadaptés ou devenus inutiles.
Encadré 4 : évolution du financement de la politique immobilière de l?État
Brique indispensable de la politique immobilière de l?État, les produits provenant du Domaine constituent pour l?État
une ressource non négligeable qui a fait l?objet depuis 2017 d?une redynamisation des redevances domaniales
(réactualisation des montants, recherche de nouvelles valorisations telles que le photovoltaïque). Pour autant, la
politique de cessions des biens devenus inutiles à l?État et à ses établissements publics connaît un tournant sur la période
2018-2021. Les cessions s?inscrivent désormais dans le cadre d?une gestion du parc immobilier où les biens les plus
emblématiques ont été cédés en apportant des recettes appréciables réaffectées à la politique immobilière de l?État.
Dans ce cadre, l?État recherche désormais des valorisations alternatives, principalement sous la forme de bail
emphytéotique, en complément de la redynamisation des redevances domaniales. [?]
Les dépenses d'entretien du propriétaire sont alimentées par des redevances domaniales et par une part des produits
de cessions : ces fonds dits « mutualisés » au profit de l'ensemble de la communauté interministérielle, permettent de
financer un socle d'entretien du propriétaire des immeubles de bureaux de l?État.
En la matière, la direction de l?immobilier de l?État a pour objectif de maintenir un niveau de 160 M¤ annuels. Ce niveau
de crédits d'entretien constitue un levier significatif pour orienter les actions de maintenance et d'adaptation du parc
domanial de bureaux. En fonction de la trésorerie du CAS, le maintien de cet étiage de 160 M¤ sur le triennal 2020-2022
doit assurer un socle minimum de crédits affectés à l'entretien des immeubles de bureaux.
Source : PLF 2022, DPT « Politique immobilière de l?État ».
PUBLIÉ
Rapport
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La stratégie immobilière de l?État a vocation à apporter des réponses aux nombreux
défis auxquels les administrations sont confrontées :
? le décret tertiaire constitue un enjeu majeur en termes financiers et en termes de
maîtrise d?ouvrage publique ; l?atteinte des objectifs fixés à l?horizon 2030 nécessite
d?élaborer dès à présent une feuille de route stratégique pour la mise en conformité du
parc immobilier de l?État ;
? la valorisation du foncier public connaît une nouvelle dimension avec l?obligation
« zéro artificialisation nette » inscrite dans la loi n° 2021-1104 du 22 août 2021 portant
lutte contre le dérèglement climatique et renforcement de la résilience face à ses effets
(dite « climat et résilience »), et elle nécessite de concilier les objectifs de la politique
immobilière de l?État avec ceux de la politique du logement et des politiques
environnementales et climatiques ;
? le développement du télétravail et des tiers lieux dans la fonction publique, qui a fait
l?objet d?un accord avec les organisations syndicales en juillet 202124, ouvre des
perspectives nouvelles en termes d?organisation des espaces de travail et,
éventuellement, permettra de franchir une nouvelle étape d?optimisation du parc de
bureaux de l?État ;
? la stratégie de démétropolisation actuellement mise en oeuvre par la direction
générale des finances publiques et par plusieurs services du ministère de l?intérieur, qui
consiste à déplacer certains services d?administration centrale dans des villes de
province de taille moyenne, soulève également des questions nouvelles en termes de
répartition géographique des implantations qui constituent le parc immobilier de l?État.
4.3.2. Il serait précieux que la direction de l?immobilier de l?État pilote et anime
davantage le réseau interministériel des directions immobilières et le réseau des
responsables régionaux, et leur apporte son expertise technique et juridique
En préalable à la mutualisation de l?ensemble des ressources humaines au sein d?une
entité publique opérationnelle dédiée, il serait très utile que la DIE pilote et anime un réseau
constitué des directions immobilières des différents ministères, qui pourraient tirer avantage
de retour d?expériences et de partages de bonnes pratiques, et des missions régionales de la
politique immobilière de l?État, dans leur forme actuelle ou dans leur forme future (cf. infra).
Le pilotage et l?animation d?un réseau interministériel par la DIE pourrait s?appuyer sur
les leviers suivants :
? la poursuite du développement des formations proposées aux agents ;
? la tenue régulière de réunions d?informations et d?échanges à destination des
responsables des directions immobilières et des responsables régionaux, afin
d?assurer une circulation fluide de l?information disponible au niveau national et de
favoriser le partage d?expériences entre les différents acteurs, qui sont généralement
confrontés aux mêmes problématiques ;
? la constitution d?un centre de ressources et d?expertise technique et juridique au
sein de la DIE, sur lequel les ministères et les MRPIE pourraient s?appuyer lorsqu?ils sont
en difficulté face à des problématiques ponctuelles et spécifiques auxquelles ils n?ont pas
l?habitude de répondre ;
24 Accord relatif à la mise en oeuvre du télétravail dans la fonction publique, signé le 13 juillet 2021 et publié
au Journal officiel du 3 avril 2022.
PUBLIÉ
Rapport
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? l?association de la DIE à la nomination des principaux agents responsables de
l?immobilier au sein des ministères, dans un premier temps pour favoriser
l?identification de profils adaptés et, dans un second temps, pour donner un avis sur le
recrutement final ; à titre de comparaison, le directeur des achats de l?État donne un avis
sur le recrutement des responsables des PFRA par les préfets de région.
Une réflexion sur les évolutions possibles de la relation entre la DIE et la DAE serait également
souhaitable, afin de faciliter la conduite des procédures d?achat immobilier les plus spécifiques
et de garantir une réponse adaptée au besoin exprimé.
4.3.3. Il serait de bonne gouvernance d?attribuer à la direction de l?immobilier de l?État
un pouvoir d?avis conforme aux projets immobiliers les plus structurants et
d?alléger son contrôle sur les projets à faible enjeu
La procédure de labellisation des projets immobiliers de bureau, de logement et
d?enseignement des services de l?État et des opérateurs constitue un des principaux
outils à la disposition de la DIE pour favoriser la rationalisation du parc immobilier de
l?État. Cette procédure mise en place depuis 2016 poursuit les trois objectifs suivants :
? s?assurer de la performance technique, économique et énergétique des projets
immobiliers, avant leur lancement et leur intégration dans la programmation budgétaire
des ministères, des opérateurs ou des services déconcentrés ;
? professionnaliser le montage des projets immobiliers ;
? objectiver la décision immobilière.
Tableau 7 : gouvernance de la procédure de labellisation
Province : projets < 5 M¤
Île-de-France : projets < 8 M¤
Province : projets > 5 M¤
Île-de-France : projets > 8 M¤
Services de l?État RRPIE CNIP
Opérateurs de l?État RRPIE CNIP
Services déconcentrés CRIP CNIP
Projets mixtes CRIP CNIP
Source : DIE.
La procédure de labellisation des projets à fort enjeu par la CNIP souffre toutefois
de deux limites :
? d?une part, les interlocuteurs rencontrés par la mission soulignent que la CNIP intervient
tardivement dans le calendrier des projets, de sorte que la labellisation revêt un
caractère formel qui ne permet pas d?améliorer le projet, même si elle favorise les
échanges préalables avec la DIE ;
? d?autre part, les recommandations formulées par la CNIP ont un caractère uniquement
consultatif, ce qui amoindrit leur portée effective.
Le caractère contraignant de l?avis rendu par la CNIP devrait par conséquent être
renforcé, par exemple sous la forme d?un avis conforme qui ne pourrait être outrepassé que
par une décision du ministre chargé des finances. En contrepartie, la procédure de labellisation
pourrait être recentrée sur les projets immobiliers les plus structurants et être allégée, voire
supprimée pour les projets à faible enjeu. Dans le même ordre d?idée, une réflexion pourrait
être conduite au niveau régional afin d?assouplir les labellisations des projets portés par les
services déconcentrés.
PUBLIÉ
Rapport
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Proposition n° 6 : recentrer le rôle de la conférence nationale de l?immobilier
public (CNIP) en prévoyant un avis conforme et non plus seulement consultatif pour les
projets immobiliers les plus structurants, et en renonçant à labelliser les projets à faible
enjeu. Au niveau régional, permettre aux acteurs locaux de développer des processus de
labellisation simplifiés et réactifs.
4.3.4. Il serait judicieux de permettre à la direction de l?immobilier de l?État de gérer
l?ensemble des dépenses de l?État propriétaire afin de donner davantage de
lisibilité aux modalités de financement de la politique immobilière de l?État et de
préparer la mise en oeuvre du décret tertiaire
L?architecture budgétaire actuelle traduit la dispersion des crédits dédiés au
financement des dépenses immobilières, avec une lisibilité limitée pour les décideurs
et pour le Parlement :
? le DPT dédié à la politique immobilière de l?État recense 45 programmes budgétaires
porteurs de dépenses immobilières au sein du budget de l?État, auxquels s?ajoutent
16 autres programmes « concourant » à la politique immobilière de l?État, soit un total
de 61 programmes budgétaires concernés par cette politique publique ;
? au niveau local, les préfectures de région doivent gérer les crédits en provenance du
programme 723 « opérations immobilières et entretien des bâtiments de l?État » et du
programme 354 « administration territoriale de l?État », mais également ceux du
programme 348, dédié au programme de rénovation des cités administratives, et du
programme 362, qui porte les crédits dédiés au volet immobilier du plan de relance ; à
titre illustratif, cinq supports budgétaires différents25 vont être mobilisés pour le
financement du projet de rénovation de la cité administrative de Lyon, ce qui
suscite des difficultés opérationnelles importantes pour les porteurs du projet.
Ce manque de lisibilité de la comptabilité budgétaire se conjugue à une absence de
valorisation des données de comptabilité générale qui figurent dans le compte général
de l?État, qui devraient pourtant permettre de disposer d?une lecture patrimoniale de
l?état du parc immobilier. Ces données souffrent de deux fragilités :
? d?une part, leur qualité dépend étroitement de la fiabilité des données d?inventaire
physique du parc immobilier de l?État, qui reste largement perfectible (cf. supra) ;
? d?autre part, la norme comptable appliquée conduit à valoriser les logements et les
bureaux à leur valeur vénale (appréhendée à partir de la valeur observée dans les
transactions récentes réalisées sur des immobilisations présentant les mêmes
caractéristiques, dans des circonstances similaires et dans une zone géographique
comparable sous l?angle du marché immobilier), selon une logique économique, et non à
leur valeur comptable amortie, qui constituerait un meilleur outil de pilotage pour les
gestionnaires ; cette situation doit évoluer à compter du 1er janvier 2024, date à
laquelle les bâtiments de bureau seront valorisés selon leur coût historique
amorti.
Afin d?assurer un financement de la politique immobilière de l?État dans le cadre d?une
gestion pluriannuelle permettant d?arbitrer entre les contraintes liées aux besoins des
occupants et les intérêts patrimoniaux de l?État, l?IGF a proposé en 2015 d?unifier les
moyens budgétaires de l?État propriétaire en créant un budget annexe. La mission
25 Programme 348 « rénovation des cités administratives et autres sites domaniaux multi-occupants » pour le
financement du projet, programme 148 « fonction publique » pour le financement du restaurant inter-administratif,
programme 156 « gestion fiscale et financière de l? État et du secteur public local » et programme 220 « statistiques
et études économiques » pour le financement du mobilier des services occupants (DGFiP et Insee), compte de
commerce 907 pour le financement de l?exploitation-maintenance.
PUBLIÉ
Rapport
- 40 -
estimait alors que, d?un point de vue budgétaire, la création d?un budget annexe permettrait de
rassembler sur un support budgétaire l?ensemble des moyens de l?État propriétaire et que, d?un
point de vue économique, une telle création permettrait de donner un sens économique et
patrimonial au rôle d?État propriétaire (cf. encadré 5).
Encadré 5 : la création d?un budget annexe a été proposée en 2015
La création d?un budget annexe permettrait une rénovation profonde des instruments de la politique
immobilière de l?État et renforcerait la logique patrimoniale de l? « État-propriétaire ».
D?un point de vue budgétaire, la création d?un budget annexe « Politique immobilière de l?État » (BAPIE)
permettrait de rassembler sur un support budgétaire l?ensemble des moyens de l?État-propriétaire et ce
faisant, de :
? accroître la transparence vis-à-vis du Parlement sur les crédits immobiliers, dans la logique initiée
par le document de politique transversale (DPT) ;
? développer la logique de performance et de justification au premier euro plus cohérente avec la
logique immobilière qu?est celle de la politique immobilière de l?État ;
? mettre en vis-à-vis les ressources tirées du patrimoine immobilier (produits de cession, crédits
budgétaires d?entretien lourd, loyers budgétaires, redevances domaniales) et les dépenses pour
assurer son occupation et sa valorisation (entretien lourd du propriétaire, acquisitions) ;
? donner une souplesse au propriétaire-gestionnaire dans la gestion de ses investissements
(fongibilité budgétaire accrue) ;
? en cas de dépassement des recettes effectives du budget annexe par rapport aux prévisions de la loi
de finances, faciliter l?affectation des crédits excédentaires au budget général.
D?un point de vue économique, une telle création permettrait de donner un sens économique et
patrimonial au rôle d? « État-propriétaire » en :
? donnant un sens aux loyers budgétaires versés par les occupants, en les affectant véritablement au
financement des investissements dans le patrimoine occupé ;
? mutualisant les produits de cession, qui ne seraient plus directement reversés aux occupants, et qui
seraient au contraire optimisés dans le temps ;
? déterminant une véritable politique de gestion d?actifs grâce à une présentation en comptabilité
générale.
Source : IGF, « Rénovation du cadre institutionnel et modernisation des outils de la politique immobilière de l?État »,
novembre 2015.
Malgré sa pertinence, cette solution s?est heurtée aux difficultés suivantes :
? la direction du budget estime que la création d?un budget annexe ne serait pas conforme
à l?article 18 de la LOLF qui dispose que les budgets annexes sont réservés aux
opérations des services de l?État « résultant de leur activité de production de biens ou de
prestation de services donnant lieu au paiement de redevances » ;
? la suppression des loyers budgétaires en LFI 2019 a fait disparaître la principale recette
qui aurait pu être affectée à un budget annexe ;
? dans sa forme actuelle, la comptabilité générale n?est pas adaptée à un pilotage
patrimonial de la politique immobilière de l?État (cf. supra).
La création d?une mission budgétaire qui rassemblerait l?ensemble des crédits
correspondants aux dépenses de l?État propriétaire, même si elle n?est pas exempte de
difficultés opérationnelles, permettrait d?apporter de la lisibilité aux dépenses
immobilières, tout en rendant impossible la fongibilité avec d?autres dépenses. Les
dépenses immobilières bénéficieraient ainsi d?une transparence accrue qui favoriserait leur
suivi dans le temps, sur une base pluriannuelle, et permettrait de susciter un débat sur la
remise à niveau progressive des crédits immobiliers et sur les modalités de prise en compte
des impacts du décret tertiaire.
PUBLIÉ
Rapport
- 41 -
En pratique, cette mission serait constituée à partir des crédits qui sont aujourd?hui
retracés au sein du DPT dédié à la politique immobilière de l?État, ce qui permettrait de
mettre fin à la dispersion des budgets existants.
Chaque ministère formulerait ses demandes de crédits dans le cadre des conférences
immobilières existantes, dont le rôle serait ainsi renforcé. La DIE porterait ensuite
l?ensemble des demandes budgétaires exprimées, en formulant un avis sur leur pertinence et
sur leur caractère prioritaire. Les arbitrages seraient ensuite rendus par ministère, puis la
gestion des crédits reviendrait aux ministères et aux préfectures de région par le biais de
budgets opérationnels de programme (BOP) dédiés, selon une architecture semblable à celle
qui existe aujourd?hui sur le programme 723. Le cas échéant, en cas de difficulté budgétaire ou
de retard pris par un projet en gestion, la DIE pourra intervenir pour procéder à des
redéploiements entre BOP.
Les principaux ministères concernés par cette évolution seraient le ministère de
l?économie et des finances, le ministère de la justice et le ministère de l?intérieur
(cf. graphique 4). Compte tenu de leur spécificité, les crédits dédiés au patrimoine immobilier
du ministère des armées et aux prisons pourraient être maintenus au sein des budgets
ministériels existants.
Proposition n° 7 : créer une nouvelle mission budgétaire qui rassemblerait, sur
un premier programme, l?ensemble des crédits dédiés au gros entretien
renouvellement (GER) du parc immobilier de l?État et, sur un second programme, les
crédits dédiés aux nouveaux projets.
Le CAS serait maintenu à ce stade, afin que les produits de cession et les redevances
actuellement perçues continuent d?être affectés au financement de la politique immobilière de
l?État, ce qui constitue un marqueur important pour l?ensemble des acteurs de cette politique
publique. En revanche, le principe du retour automatique des produits de cession aux
ministères qui les réalisent serait supprimé (sauf pour le ministère des armées), la DIE ayant
toute latitude pour répartir les autres produits de cession et de redevances. Une telle évolution
s?inscrirait dans une démarche d?affirmation de l?État propriétaire, chargé de la valorisation de
son parc immobilier et donc destinataire logique des produits de cession.
La suppression du CAS pourrait également être envisagée, afin d?accroître la lisibilité de
l?architecture budgétaire, à condition de prévoir une clause de retour des produits de cession
pour le ministère des armées et d?admettre que la DIE ne disposera plus de levier budgétaire
pour inciter les occupants à rationaliser leur parc.
Graphique 4 : dépenses annuelles moyennes sur la période 2019-2022 (AE, en Md¤)
* Affaires étrangères, affaires sociales ? travail, agriculture, culture, transition écologique, services du Premier ministre.
Source : Mission, à partir des DPT successifs (moyenne des engagements en AE sur la période 2019-2022).
PUBLIÉ
Rapport
- 42 -
4.3.5. Le positionnement et la légitimité institutionnelle de la direction de l?immobilier
de l?État, de même que sa capacité à recruter des profils adaptés, seraient
renforcés si elle était autonome et placée directement sous l?autorité du ministre
chargé des finances
Du fait de l?importance des missions qui lui seraient confiées et de ses attributions
complémentaires, les évolutions recommandées par la mission conduisent logiquement
à placer la direction de l?immobilier de l?État sous l?autorité directe du ministre des
finances. Les cas étudiés dans le parangonnage vont dans le sens de l?autonomisation pour
accélérer la constitution d?un vrai métier immobilier, et il existe d?ailleurs des précédents
d?entités dédiées dans l?organisation de la gestion d?actifs publics en France, par exemple
l?Agence des participations de l?État.
En effet, l?autonomisation de la DIE permettrait d?accélérer la professionnalisation de la
fonction immobilière. En termes de recrutement, le vivier de la DGFiP ne peut pas répondre
seul aux enjeux de la politique immobilière de l?État, qui nécessitent des profils sur toute la
gamme des métiers techniques de l?immobilier et des agents qui fassent le choix d?un parcours
et non d?une étape au sein de la fonction immobilière.
Par ailleurs, un tel rattachement donnerait une légitimité accrue à la direction de
l?immobilier de l?État pour promouvoir les objectifs de la politique immobilière de l?État,
d?une part, au sein des ministères économiques et financiers et, d?autre part, vis-à-vis des
autres ministères.
Vu l?importance des supports apportés à la DIE par la DGFiP, il serait judicieux qu?une
convention de services soit établie avec la DGFiP afin d?assurer une transition fluide,
notamment en matière de ressources humaines et de systèmes d?information.
Proposition n° 8 : ériger la direction de l?immobilier de l?État en direction autonome
placée directement sous l?autorité du ministre chargé des finances, et conclure une
convention de services avec la direction générale des finances publiques, notamment en
matière de ressources humaines et de systèmes d?information.
4.4. Franchir une nouvelle étape de la professionnalisation de la fonction
immobilière en mutualisant les ressources humaines et les compétences
spécialisées déjà existantes
4.4.1. La constitution d?une agence de la maîtrise d?ouvrage publique permettrait de
professionnaliser la fonction immobilière et de prendre en charge les opérations
des administrations territoriales de l?État
Les investigations conduites par la mission ont mis en évidence les difficultés auxquelles
sont confrontées les préfectures de région en matière de conduite d?opérations
immobilières, dans un contexte où cette compétence a connu une attrition importante au sein
de l?État, principalement due au désengagement progressif des services territoriaux du
ministère de la transition écologique.
Pourtant, des ressources existent au sein des trois agences ministérielles (APIJ,
EPAURIF, OPPIC), qui ont démontré leur niveau élevé d?expertise en matière de maîtrise
d?ouvrage, mais également au sein des services déconcentrés du ministère de
l?économie et des finances (SAFI-GIM devenus SIEP-BIMO) et du ministère de
l?intérieur (SGAMI). Des ressources consacrées à la conduite de projet et à la gestion
technique de patrimoine sont également identifiées au sein des directions interrégionales du
ministère de la justice et au sein des rectorats du ministère de l?éducation nationale.
PUBLIÉ
Rapport
- 43 -
Afin de répondre aux difficultés structurelles des administrations territoriales de l?État
pour la conduite de leurs opérations immobilières et pour la gestion technique de leur
patrimoine, une mutualisation des ressources existantes devrait être envisagée, qui
permettrait d?atteindre la taille critique nécessaire pour générer des gains d?efficience, pour
renforcer les compétences et la robustesse des équipes et pour gérer un plan de charge
permettant d?absorber les pics et les ralentissements de charge et pour professionnaliser la
gestion technique du patrimoine. Cette transformation pourrait être réalisée en deux étapes :
? en premier lieu, la fusion des trois agences ministérielles existantes, dont
l?intervention pourrait être élargie aux projets complexes de tous les ministères,
en contrepartie de la fixation d?une grille de rémunération attractive, d?une
garantie du maintien du plafond d?emplois pendant cinq ans et, le cas échéant,
d?une réflexion transparente sur l?adéquation entre un plan de charge à la hausse
qui sera confié à l?agence et le dimensionnement de ses moyens humains ; une telle
fusion permettrait de constituer une agence plus attractive (331 ETP, cf. tableau 8) à
partir de trois agences de taille modeste, tout en apportant une réponse aux réflexions
de ces trois agences qui, au-delà de la spécificité apparente du parc immobilier qu?elles
couvrent, conduisent déjà ou aspirent à conduire des opérations en dehors de leur
champ thématique ou géographique ; elle permettrait de répondre en priorité aux
difficultés rencontrées pour constituer des maitrises d?ouvrage solides sur des projets
difficiles ; à court terme, cette fusion pourrait être préparée en autorisant
les trois agences à conduire des opérations en dehors de leur champ d?intervention
habituel, pour le compte d?autres ministères ;
? en deuxième lieu, l?absorption par cette nouvelle agence des SIEP-BIMO et
des SGAMI afin de constituer un réseau d?antennes régionales de l?agence (ce qui paraît
accessible par superposition des implantations actuelles de ces deux réseaux,
cf. tableau 8) ; avant cette absorption, les préfets de région pourraient, à titre temporaire,
exercer un pilotage plus important des plans de charge de ces services afin de répondre
aux besoins de maîtrise d?ouvrage des administrations territoriales de l?État ; après cette
absorption, il sera nécessaire de définir la répartition des responsabilités entre les
préfets et l?agence pour que ses antennes régionales répondent aux besoins territoriaux ;
? à terme, les directions interrégionales du ministère de la justice et les services
immobiliers des rectorats pourraient également rejoindre l?agence.
Compte tenu de leur expertise technique, ces antennes territoriales pourraient apporter leur
soutien dans la professionnalisation à conduire sur le pilotage de la gestion courante des
bâtiments (facility management).
Tableau 8 : création d?une agence de la maîtrise d?ouvrage
Effectifs Implantations
APIJ 137 Siège au Kremlin-Bicêtre et une antenne en Guadeloupe
EPAURIF 69 Siège à Paris
OPPIC 125 Siège à Paris
Fusion des trois opérateurs
ministériels
331 -
SIEP-BIMO (ex SAFI-GIM) 68 Six antennes (Lyon, Marseille, Nantes, Noisy, Strasbourg, Toulouse)
Directions immobilières
des SGAMI
571 Sept antennes (Bordeaux, Lille, Lyon, Marseille, Metz, Paris, Rennes)
Directions interrégionales du
secrétariat général
115
Neuf antennes du secrétariat général (hors services déconcentrés
de la direction de l?administration pénitentiaire)
Services immobiliers des
rectorats
160 Ingénieurs régionaux de l?équipement
Total 1 245 -
Note : Les effectifs des trois agences ministérielles correspondent à leur plafond d?emplois du PLF 2022, mais ces
agences peuvent bénéficier d?autorisations supplémentaires selon leur plan de charge.
Source : Mission.
PUBLIÉ
Rapport
- 44 -
Proposition n° 9 : créer une agence de la maîtrise d?ouvrage qui rassemblerait par
étapes les effectifs des trois agences ministérielles existantes ainsi que les effectifs des
services déconcentrés chargés de piloter la maîtrise d?ouvrage et la gestion technique
du patrimoine au niveau territorial (SIEP-BIMO, directions immobilières des SGAMI,
antennes immobilières du secrétariat général du ministère de la justice, services
immobiliers des rectorats), et qui aurait vocation à intégrer à terme la future agence
représentant l?État propriétaire.
La réunion des moyens existants au sein d?une agence unique ne permettra toutefois pas à elle
seule de résoudre l?ensemble des difficultés identifiées en matière de conduite d?opérations
immobilières, notamment au niveau déconcentré :
? l?agence de la maîtrise d?ouvrage devrait ainsi disposer d?un plan de charge pluriannuel
et de moyens adaptés ;
? les administrations occupantes, bénéficiaires des services de l?agence, devront être
dotées d?une organisation rénovée afin de pouvoir exprimer correctement leurs besoins
et de dialoguer avec l?agence.
4.4.2. La mise en place d?un réseau régional de la direction de l?immobilier de l?État
permettrait de consolider les moyens déjà existants au niveau déconcentré afin
d?assurer la gestion du propriétaire et de proposer une stratégie de valorisation
plus efficace
Afin de traduire l?autonomie de la DIE également au niveau déconcentré, il serait logique
de constituer un réseau régional de la politique immobilière de l?État sur la base des
emplois actuellement identifiés au sein des MRPIE, au sein des pôles de gestion
domaniale (PGD) et au sein des services locaux des domaines (SLD), en consolidant les
emplois supplémentaires alloués aux MRPIE dans le cadre du plan de relance, soit un total
de 509 ETP au niveau déconcentré (cf. tableau 9). Ce réseau régional serait maintenu sous
l?autorité fonctionnelle du préfet de région et dorénavant placé sous l?autorité hiérarchique de
la DIE. Il conforterait le pouvoir de contrôle des préfets de région et leur permettrait d?exercer
pleinement leurs prérogatives immobilières.
En revanche, les services chargés de la mission d?évaluation domaniale (direction
nationale des interventions domaniales et pôles d?évaluation domaniale) resteraient
positionnés au sein de la DGFiP. La mission n?a pas approfondi ce sujet mais elle estime
qu?une réflexion sur les objectifs et les modalités de mise en oeuvre de la mission d?évaluation
assurée par l?État pourrait être ouverte.
Proposition n° 10 : doter la direction de l?immobilier de l?État d?un réseau régional placé
sous l?autorité fonctionnelle des préfets de région, qui rassemblerait les effectifs
des missions régionales de la politique immobilière de l?État, des pôles de gestion
domaniale et des services locaux des domaines.
PUBLIÉ
Rapport
- 45 -
Tableau 9 : effectifs des services de la DGFiP chargés de la gestion immobilière, de la gestion
domaniale et de l?évaluation domaniale
(en ETP)
Administration
centrale
Services
déconcentrés
Responsable de la politique immobilière de l?État (MRPIE) 12,0 63,1
Pôles de gestion domaniale (PGD) - 150,7
Services locaux des domaines (gestion courante) - 295,0
Évaluation, conseil, expertise 54,5 -
Gestion du patrimoine immobilier de l?État 18,0 -
Programmation et exécution des opérations budgétaires
domaniales
9,0 -
Constitution d?un réseau autonome 93,5 508,8
Direction nationale des interventions domaniales (DNID) 14,0 -
Pôles d?évaluation domaniale (PED) 25,0 427,0
Maintien au sein de la DGFiP 39,0 427,0
Source : DGFiP, enquête SAGERFiP.
4.4.3. À terme, l?agence de la maîtrise d?ouvrage et le réseau régional de la direction de
l?immobilier de l?État pourraient être fusionnés afin de constituer la future
agence représentant l?État propriétaire, chargée d?accompagner les ministères
dans la gestion de leur immobilier
La constitution d?une agence de la maîtrise d?ouvrage, chargée de la conduite des projets
immobiliers, et d?un réseau régional de la direction de l?immobilier de l?État, chargés de
la gestion du propriétaire et de la valorisation du parc immobilier de l?État, constituent
les étapes qui permettraient ensuite d?envisager la mutualisation de l?ensemble des
métiers de l?immobilier au sein d?une entité opérationnelle dédiée (cf. supra).
Cette entité opérationnelle dédiée pourrait en outre apporter un soutien à l?ensemble des
occupants en termes de gestion de l?exploitation et de la maintenance des bâtiments (facility
management).
La constitution d?une telle agence représentant l?État propriétaire, mutualisant
l?ensemble des agents et des compétences liées à la gestion immobilière et à la
valorisation du parc immobilier de l?État, serait la conséquence logique de la
transformation recommandée par la mission. Elle constituerait in fine l?instrument
indispensable pour assurer la professionnalisation de la fonction immobilière au sein de l?État.
Deux étapes supplémentaires pourront alors être envisagées pour aller plus loin dans
la transformation : la mise en place de loyers, afin de matérialiser la séparation entre l?État
propriétaire et les occupants (cf. supra), puis le transfert de la propriété des biens à l?agence,
afin d?aller au bout de la logique patrimoniale.
PUBLIÉ
Rapport
- 46 -
CONCLUSION
La politique immobilière de l?État est intrinsèquement complexe.
Elle l?est par la nature même de l?immobilier qui constitue à la fois un patrimoine d?actifs à
maintenir, à développer et à valoriser dans un horizon de temps pluriannuel et un
instrument quotidien essentiel de l?environnement de travail et de l?accueil du public
sans compter la couverture de besoins spécifiques techniques de toute nature pour ses
utilisateurs. Cet instrument se doit d?être géré au coût le plus juste sans dégrader sa
valeur en gérant beaucoup d?arbitrages, notamment entre le court et le moyen terme,
entre la dépense immobilière et d?autres dépenses, dont la sensibilité immédiate est
plus forte, entre des arguments rationnels et des ressentis qui le sont moins, mais qui
sont une caractéristique du rapport psychologique à l?immobilier. Cette complexité
s?enrichit aujourd?hui des enjeux des grandes mutations que portent la transition
énergétique vers un monde décarboné, les transformations numériques et les
profondes évolutions plus récentes du monde du travail, notamment du fait du
télétravail.
Comme le montre le parangonnage auquel a procédé la mission, de nombreuses communautés
humaines ont considérablement fait évoluer leur fonction immobilière pour être en mesure
d?affronter tous ces défis. Si des modalités peuvent varier, notamment le choix ou pas de la
fonciérisation, les grandes tendances sont identiques autour de l?émergence d?un
véritable métier immobilier dans tous ses segments dans des entités dédiées pour
regrouper les compétences critiques et attirer des talents sur des marchés du travail en
forte concurrence. Cette création d?un métier immobilier permet aussi de faire monter
en compétences les occupants dans la définition de leurs besoins dans un dialogue
interactif.
La complexité de l?immobilier est de surcroît singulière pour l?État, dont la nature ajoute
aux caractéristiques de l?immobilier des dimensions historiques, monumentales,
symboliques, régaliennes et d?aménagement du territoire.
C?est-dire combien le besoin de disposer d?une gouvernance efficace pour gérer les
arbitrages et d?équipes dont les compétences se situent durablement au niveau des
meilleures pratiques est encore plus crucial. Là aussi, comme le montre le parangonnage
européen, les pays qui n?ont pas entrepris de transformations en profondeur sur
plusieurs années sont aujourd?hui devenus minoritaires.
Après les premières reconversions au sein du ministère des armées liées à la suppression du
service militaire et aux restructurations de l?appareil de défense dans les années 1990, la
France a commencé, elle aussi, plutôt en précurseur d?ailleurs, au milieu des années 2000 à
structurer une politique immobilière dont la première phase a été marquée par une politique
active de cessions. Une nouvelle étape a été franchie dans les années 2010, qui a permis de
nouveaux progrès en ce qui concerne la fonction propriétaire sur fond de création d?agences
techniques qui ont permis d?améliorer la gestion opérationnelle des projets. Mais force est de
constater que dans le même temps, les compétences, la gouvernance, les outils et les
équipes sont demeurés fragmentés tandis que la politique de cessions ralentissait. Pour
affronter les défis d?aujourd?hui, il apparaît donc nécessaire à la mission de rassembler les
compétences avec un fil rouge, celui de la structuration d?un véritable métier
immobilier. Cela est d?autant plus nécessaire que cette montée en gamme permettra aussi de
passer d?une logique de politique de cessions à une politique de valorisation au sens
création de valeur de toute nature, tout en faisant face aux nouveaux besoins opérationnels.
PUBLIÉ
Rapport
- 47 -
Tableau 10 : liste des propositions
Cartographie des structures chargées du suivi
et de la mise en oeuvre de la politique immobilière de l?État
Confier la mission de représenter l?État propriétaire et d?accompagner les occupants publics sur
l?ensemble de la chaine des besoins immobiliers à une entité publique opérationnelle dédiée, placée
sous la tutelle de la DIE et dotée d?antennes régionales. Cette agence, bras armé opérationnel de la
politique immobilière de l?État, assurerait la gestion du propriétaire, la conduite de projet et la
valorisation du patrimoine foncier et de l?immobilier de bureaux de l?ensemble des ministères (hors
ministère des armées et biens situés à l?étranger) et, selon des règles à définir, celles des opérateurs de
l?État, et elle apporterait son expertise en matière de maîtrise d?ouvrage pour l?ensemble du parc
immobilier de l?État. Elle serait soit affectataire, soit propriétaire des biens dont elle assurerait la
gestion.
Proposition n° 1 du rapport de synthèse
Renforcer une direction de l?immobilier de l?État, directement placée sous l?autorité du ministre chargé
des finances, qui serait tout à la fois une direction de stratégie pour l?ensemble du patrimoine
immobilier de l?État et une direction immobilière sur le patrimoine de bureaux. Elle serait chargée de
définir les orientations stratégiques de la politique immobilière de l?État, de porter les arbitrages
interministériels et d?assurer la tutelle de la future agence représentant l?État propriétaire.
Proposition n° 2 du rapport de synthèse
Maintenir la gestion par les ministères de leur immobilier technique, tout en leur laissant la possibilité
d?en déléguer la gestion à l?agence.
Prévoir une nouvelle mission d?inspection au plus tard en 2026, afin d?évaluer les transformations
mises en oeuvre et le degré de maturité de la politique immobilière de l?État et de mesurer sa capacité
à franchir une nouvelle étape.
Ériger la direction de l?immobilier de l?État en direction autonome, placée directement sous l?autorité
du ministre chargé des finances, et conclure une convention de services avec la direction générale des
finances publiques, notamment en matière de ressources humaines et de systèmes d?information.
Proposition n° 8 du rapport de synthèse
Doter la direction de l?immobilier de l?État d?un réseau régional placé sous l?autorité fonctionnelle des
préfets de région, qui rassemblerait les effectifs des missions régionales de la politique immobilière de
l?État, des pôles de gestion domaniale et des services locaux des domaines.
Proposition n° 10 du rapport de synthèse
Maintenir la direction nationale des interventions domaniales (DNID) et les pôles d?évaluation
domaniale (PED) au sein de la direction générale des finances publiques (DGFiP). Ouvrir une réflexion
sur les objectifs et les modalités de mise en oeuvre de la mission d?évaluation assurée par l?État.
Améliorer les synergies entre les secrétariats généraux et les directions à réseau ayant conservé des
structures de gestion de l?immobilier : ministères économiques et financiers, ministère de l?intérieur
et ministère de la justice.
Clarifier les objectifs fixés à la nouvelle agence de gestion de l?immobilier de l?État (AGILE) et ses
modalités d?intervention.
Étendre le périmètre des trois agences ministérielles existantes (APIJ, EPAURIF, OPPIC) pour les
autoriser à intervenir au-delà de leur champ ministériel et, pour l?EPAURIF, sur l?ensemble du territoire
national.
Préfigurer la mise en place d?antennes régionales de conduite de projet et de gestion technique du
patrimoine qui regrouperont les moyens des principaux services ministériels chargés de la gestion
immobilière (SIEP-BIMO, directions immobilières des SGAMI) en permettant au préfet de région de
piloter et de coordonner les plans de charge de ces services.
Créer une agence de la maîtrise d?ouvrage qui rassemblerait par étapes les effectifs des trois agences
ministérielles existantes ainsi que les effectifs des services déconcentrés chargés de piloter la maîtrise
d?ouvrage et la gestion technique du patrimoine au niveau territorial (SIEP-BIMO, directions
immobilières des SGAMI, antennes immobilières du secrétariat général du ministère de la justice,
services immobiliers des rectorats), et qui aurait vocation à intégrer à terme la future agence
représentant l?État propriétaire.
Proposition n° 9 du rapport de synthèse
Étendre le champ de la prochaine génération de schémas directeurs immobiliers régionaux (SDIR) au
foncier et à l?immobilier de bureaux de l?ensemble des ministères (hors sites sécurisés du ministère
des armées) et des principaux opérateurs sur le territoire (notamment les agences régionales de santé
et les antennes de Pôle emploi), en permettant au préfet de région d?élargir le périmètre du SDIR si cela
lui paraît opportun au regard de la configuration locale.
PUBLIÉ
Rapport
- 48 -
Recentrer le rôle de la conférence nationale de l?immobilier public (CNIP) en prévoyant un avis
conforme et non plus seulement consultatif pour les projets immobiliers les plus structurants, et en
renonçant à labelliser les projets à faible enjeu. Au niveau régional, permettre aux acteurs locaux de
développer des processus de labellisation simplifiés et réactifs.
Proposition n° 6 du rapport de synthèse
Faire entrer la gouvernance de l?immobilier du ministère des affaires étrangères dans le droit commun
en intégrant la commission interministérielle pour l?étranger (CIME) au sein de la conférence nationale
de l?immobilier public (CNIP).
Financement de la politique immobilière de l?État et outils de responsabilisation des
occupants
Créer une nouvelle mission budgétaire qui rassemblerait, sur un premier programme, l?ensemble des
crédits dédiés au gros entretien renouvellement (GER) du parc immobilier de l?État et, sur un second
programme, les crédits dédiés aux nouveaux projets.
Proposition n° 7 du rapport de synthèse
Afin d?objectiver les discussions budgétaires, définir des outils de mesure de l?état de vétusté du parc
immobilier de l?État et d?évaluation des moyens budgétaires correspondants, partagés par l?ensemble
des ministères et intégrant les enjeux du décret tertiaire.
Proposition n° 5 du rapport de synthèse
Mettre en place des loyers versés par les administrations occupantes à l?agence représentant l?État
propriétaire, qui financeraient les dépenses du propriétaire, en prévoyant un dispositif financier
incitatif pour les administrations qui rationalisent leur organisation immobilière.
Proposition n° 3 du rapport de synthèse
Gestion des ressources humaines et des compétences
Compléter et fiabiliser l?enquête annuelle recensant les agents en charge de la politique immobilière
de l?État, en y ajoutant le périmètre opérateurs, la filière (technique, administrative générale,
administrative finances publiques), le service d?affectation.
Consolider au sein de la DIE les 2 ETP supplémentaires alloués à titre temporaire pour la mise en oeuvre
du plan de relance au niveau de chaque MRPIE, qui permettraient au nouveau réseau régional de la DIE
de renforcer ses compétences techniques en matière bâtimentaire pour pallier le retrait des services
du ministère de la transition écologique.
Mobiliser l?école nationale des ponts et chaussées (ENPC) et l?école nationale des travaux publics de
l?État (ENTPE) pour bâtir des parcours de formation continue répondant aux besoins des filières
immobilières de l?État.
Définir les métiers de la gestion courante, et mettre des formations à disposition de cette filière.
Structurer une filière interministérielle portant sur les différents métiers de l?immobilier, animée par
la direction de l?immobilier de l?État qui serait chargée d?identifier les compétences requises, de
recenser les postes concernés et de proposer aux agents des parcours de carrière attractifs au sein de
l?État, y compris avec la mise en place d?une grille de rémunération interministérielle adaptée.
Proposition n° 4 du rapport de synthèse
Associer le DIE à la gouvernance de l?ENPC et de l?ENTPE, en particulier doter la DIE d?un siège au
conseil d?administration de l?ENTPE, et l?associer à la définition pluriannuelle des postes proposés en
sortie d?école.
Solliciter l?avis du DIE dans le processus de recrutement des responsables immobiliers au sein de
chaque ministère.
Organiser régulièrement des réunions de responsables immobiliers des ministères autour du DIE, afin
de favoriser les échanges informels, les retours d?expérience et les partages de bonnes pratiques.
Connaissance et outils de pilotage du parc immobilier
Consolider et figer les référentiels pour chaque champ de données afin d?harmoniser l?inventaire et de
faciliter son exploitation.
Organiser des retours d?expérience après la mise en production de l?interface FIORI auprès d?un grand
nombre d?utilisateurs différents pour cerner au mieux les besoins non-satisfaits et y remédier.
Consolider la cellule Chorus à l?échelon régional et former rapidement les agents à la nouvelle interface.
Une fois les contrôles établis et confirmés sur le flux de données entrantes, harmoniser le stock de
données préalablement remplies afin de limiter les incohérences entre les données récentes et les
données plus anciennes.
En parallèle, développer des outils d?interfaçage entre FIORI et les autres applications du système
d?information immobilier de l?État pour permettre des versements en masse et automatiques.
PUBLIÉ
Rapport
- 49 -
Si la production de pièce justificative est nécessaire pour fiabiliser l?inventaire physique, elle n?est pas
suffisante. Le recours au personnel de la future agence de la maîtrise d?ouvrage pour fiabiliser les
mesurages notamment peut se révéler utile.
Conduire les travaux nécessaires afin de lever les dernières réserves de la Cour des comptes qui n?est
pas en mesure de se prononcer avec une assurance raisonnable sur la fiabilité de la valeur d?une part
importante du parc immobilier de l?État situé en France.
Accélérer le processus de valorisation de l?immobilier à usage de bureaux et d?habitation à son coût
historique amorti de manière à homogénéiser les méthodes d?évaluation de l?ensemble du parc
immobilier public et à fournir une base de calcul d?amortissement pour engager une réflexion sur les
besoins de renouvellement de l?immobilier.
Instaurer un groupe de travail pour faciliter l?appropriation des nouvelles mesures de comptabilité
générale et tenter de lever certains points pratiques qui en limitent la portée (par exemple le début de
la période d?amortissement conventionnellement fixé à la date de mise en place des nouvelles normes
comptables).
Mettre en cohérence les données présentes dans le référentiel technique et les données présentes dans
Chorus RE-FX et empêcher la modification d?un même champ dans une seule des deux bases.
Mettre l?accent sur la complétude et la cohérence des seize champs prioritaires identifiés dans le
référentiel technique, qui portent à la fois sur l?état technique des bâtiments et sur les données
d?exploitation. Les applications spécifiques de prises à bail ou de suivi des fluides interministériels
doivent être renforcées et étendues.
Renforcer au sein de la direction de l?immobilier de l?État l?usage des données et leur contrôle interne
pour assurer leur cohérence au sein de l?ensemble des bureaux et des applications dédiées.
Améliorer l?ergonomie des applications existantes pour les gestionnaires de l?immobilier et les associer
au développement, tout en maintenant des outils standards pour en faciliter l?appropriation et limiter
les coûts de maintenance. L?intérêt des gestionnaires pour les outils doit être recherché afin de
renforcer les mises à jour des données.
Publier une note de complétude et une note de cohérence distincte pour les données prioritaires. Au
préalable, revoir les tests de cohérence pour que les notes soient plus signifiantes. Conditionner l?octroi
de crédits à des seuils minimaux de complétude et de cohérence.
Cartographier la performance du patrimoine immobilier en fonction de l?état de santé technique des
biens et de leur priorité stratégique selon des nomenclatures partagées par l?ensemble des ministères,
éventuellement sur la base de l?application SIMEO du ministère des armées. Déduire de cette
cartographie une stratégie de maintenance en évaluant les budgets nécessaires à partir de ratios
prédéfinis.
Capitaliser sur les précédents travaux de comptabilité analytique. Sous l?angle macroscopique, il
convient de repérer et corriger les incohérences entre les comptes du plan comptable de l?État et les
différentes catégories de dépenses immobilières déclarées par les ministères dans le document de
politique transversale « politique immobilière de l?État », afin d?établir une nomenclature objective et
commune aux différents ministères des dépenses immobilières. Sous l?angle bâtimentaire, un groupe
de travail doit être mis en place pour lever les principales objections passées à sa mise en place.
PUBLIÉ
Rapport
- 50 -
À Paris, le 29 avril 2022
Les membres de la mission,
Pour l?Inspection générale des
finances
Pour le Conseil général de l?environnement
et du développement durable
Sous la supervision de
l?inspecteur général des finances,
L?ingénieure générale des ponts,
des eaux et des forêts,
Jean-Pierre Menanteau Marie-Luce Bousseton
L?inspecteur des finances,
L?ingénieur général des ponts,
des eaux et des forêts,
Pascal Lefèvre Igor Kisseleff
L?inspecteur des finances,
Thomas Brand
L?inspecteur des finances,
Bruno Kerhuel
Avec la participation de
l?inspecteur stagiaire des finances,
Matéo Garbe
PUBLIÉ
PIÈCE JOINTE
Lettres de mission
PUBLIÉ
1
PUBLIÉ
?Madame la Cheffe de service,
Paris, le 1 0 NOV, 2021
Réf.: Ce.'b 4<-&Q,y
Depuis 2016, la politique immobilière de l'Etat est mise en oeuvre sur la base des circulaires du
Premier ministre du 27 avril 2016 et du 27 février 2017 qui précisent les modalités de
gouvernance et les orientations à mettre en oeuvre par les ministères, tant au niveau national
que dans les territoires.
Plusieurs évolutions sont, depuis, venues impacter cette politique, sans toutefois en
renforcer la cohérence d'ensemble
? Le ministère chargé du logement s'est progressivement désengagé des missions
de conduite d'opération au sein des services déconcentrés
? Dans certaines régions, et pour mieux faire face aux besoins, les préfets de région
ont mis en place des services interdépartementaux, venant prendre le relai des
missions antérieurement confiées aux DDTM
? Au niveau départemental, les secrétariats généraux communs ont été créés dans
le cadre de l'organisation territoriale de l'Etat (OTE), mais ne fonctionnent pas
encore de manière optimale, alors qu'ils sont censés couvrir les besoins des
administrations déconcentrées dans le domaine immobilier (pilotage métier,
gestion budgétaire et juridique);
? Certaines structures immobilières relevant de différents ministères ont connu un
élargissement de leur champ d'action au bénéfice de la communauté
interministérielle ;
? Plusieurs opérateurs, enfin, ont vu leur activité croître partout sur le territoire,
notamment l'APIJ et l'OPPIC, sans toutefois parvenir à élargir leur activité au-delà
des besoins de leurs ministères de tutelle.
Madame Marie-Christine LEPETIT
Cheffe du service de l'inspection générale des finances
139, rue de Bercy
Teledoc 335
75572 PARIS Cedex 12
1
Pièce jointe
PUBLIÉ
Dans le même temps, les besoins d'appui à la conduite des opérations
immobilières se sont accrus tant en termes quantitatif et qualitatif. Ainsi par
exemple:
? Les transformations actuelles de l'administration, et de son implantation dans les
territoires, ainsi que les démarches de« dé-métropolisation » lancées notamment
par le ministère de l'intérieur et le ministère des comptes publics, contribuent à
augmenter sensiblement les besoins, tant pour des opérations immobilières
significatives, que pour un grand nombre de projets plus modestes
? Les conditions de performance énergétique des bâtiments pèsent de plus en plus
fortement sur les bâtiments de l'Etat, dans le cadre notamment de la mise en
oeuvre du décret n° 2019-771 du 23 juillet 2019 relatif aux obligations d'actions
de réduction de la consommation d'énergie finale dans les bâtiments à usage
tertiaire;
? La rénovation des cités administratives et des sites multi-occupants a fait l'objet
d'une identification précise au sein du Grand Plan d'investissement 2018-2022
avec la création d'un programme dédié (programme 348), afin de remédier aux
difficultés rencontrées par les préfets, porteurs de projet, pour mettre en place
des équipes de niveau professionnel suffisant;
? La mise en oeuvre du plan de relance en 2020, et notamment l'action conduite
sur les immeubles propriété de l'Etat et de ses opérateurs, a conduit à retenir plus
de 4 200 projets de tailles très variées pour lesquels il a été demandé aux porteurs
de projet une mise en oeuvre rapide (passation des marchés de travaux avant le
31 décembre 2021 ), sans évolution concomitante des capacités de portage des
opérations.
En dépit de la création de la Direction de l'immobilier de l'Etat (DIE), la politique
immobilière de l'Etat, ou plutôt les politiques immobilières de l'Etat, semblent donc encore
pâtir d'un manque de lisibilité, d'une insuffisante coordination des acteurs et, plus
généralement, d'une inadéquation entre les besoins et les moyens mobilisés, alors que
les enjeux liés à l'entretien du patrimoine de l'Etat, sa valorisation, la satisfaction des
utilisateurs et des objectifs d'exemplarité (performance énergétique, accessibilité),
exigent de conserver un haut niveau de professionnalisme.
Je souhaite en conséquence que vous conduisiez une mission dont les principaux
attendus seront les suivants.
Le premier objectif de la mIssIon consistera à réaliser l'inventaire, au sein de
l'administration centrale et déconcentrée de l'Etat, des structures et organisations en
charge du suivi et de la mise en oeuvre de la politique immobilière de l'Etat. Vous porterez
une appréciation sur les organisations, les effectifs et la typologie et le volume d'activité
de ces structures.
Vous vous attacherez également à porter une appréciation sur la conduite, par certains
services ou ministères, d'opérations interministérielles, et proposerez les clarifications,
redécoupages ou renforcements qui pourraient s'avérer utiles à ce titre.
2
Pièce jointe
PUBLIÉ
Le second objectif visera à analyser les mutualisations déjà opérantes, entre ministères
ou entre territoires, pour contribuer à une meilleure répartition des charges entre
structures, notamment face à des pics d'activité ou de façon plus permanente, si
plusieurs structures ou organisations interviennent régulièrement sur des périmètres
dépassant celui de leur administration de rattachement.
Au-delà des bonnes pratiques que vous pourrez relever, vous analyserez toutes les
possibilités de mutualisation de ces moyens existants, en formulant, au besoin, des
modalités de réduction des obstacles entravant ces mutualisations. Vous examinerez
notamment les expérimentations de gestion des immeubles multi-occupants conduites
par la DIE dans plusieurs régions.
Vous évaluerez, en conséquence, la part des besoins non satisfaits qu'une meilleure
mutualisation serait susceptible de résoudre, et la part qui resterait à couvrir par des
moyens nouveaux.
Le troisième objectif visera à formuler des propositions d'évolution de la gouvernance
de la politique immobilière afin de renforcer les compétences disponibles tant en matière
de maîtrise d'ouvrage que de pilotage de l'entretien-maintenance et de conduite des
opérations.
Votre analyse portera en particulier sur les possibilités d'externalisation à retenir, selon
les missions à couvrir, et les compétences qu'il est essentiel de maintenir ou développer
au niveau central, déconcentré ou au sein d'opérateurs spécialisés, selon des modalités
à préciser.
Vous vous intéresserez à ce titre au bilan qu'il est possible de tirer de l'activité des
opérateurs spécifiquement créés par certains ministères pour conduire les missions de
maîtrise d'ouvrage.
Votre m1ss1on me remettra ses travaux pour mars 2022, avec un point d'étape fin
décembre 2021.
Pour accomplir cette m1ss1on, vous pourrez solliciter l'ensemble des ministères et
organismes concernés par le champ de votre mission, qui partageront avec vous toutes
les informations nécessaires.
Je vous prie, Madame la Cheffe de service, d'agréer mes salutations distinguées.
? -;.....,.,,
/
J
3
Pièce jointe
PUBLIÉ
PUBLIÉ
/:(Jh
3 tA,U...cU-) C Cr ;; i) û
A Ac & ir--? ·,ru,
?Monsieur le Vice-président,
Paris, le 1 0 NOV. 2021
Réf. : Cab 44 î? 4
Depuis 2016, la politique immobilière de l'Etat est mise en oeuvre sur la base des circulaires du
Premier ministre du 27 avril 2016 et du 27 février 2017 qui précisent les modalités de
gouvernance et les orientations à mettre en oeuvre par les ministères, tant au niveau national
que dans les territoires.
Plusieurs évolutions sont, depuis, venues impacter cette politique, sans toutefois en
renforcer la cohérence d'ensemble
? Le ministère chargé du logement s'est progressivement désengagé des missions
de conduite d'opération au sein des services déconcentrés
? Dans certaines régions, et pour mieux faire face aux besoins, les préfets de région
ont mis en place des services interdépartementaux, venant prendre le relai des
missions antérieurement confiées aux DDTM
? Au niveau départemental, les secrétariats généraux communs ont été créés dans
le cadre de l'organisation territoriale de l'Etat (OTE), mais ne fonctionnent pas
encore de manière optimale, alors qu'ils sont censés couvrir les besoins des
administrations déconcentrées dans le domaine immobilier (pilotage métier,
gestion budgétaire et juridique);
? Certaines structures immobilières relevant de différents ministères ont connu un
élargissement de leur champ d'action au bénéfice de la communauté
interministérielle ;
? Plusieurs opérateurs, enfin, ont vu leur activité croître partout sur le territoire,
notamment l'APIJ et l'OPPIC, sans toutefois parvenir à élargir leur activité au-delà
des besoins de leurs ministères de tutelle.
Monsieur Daniel BURSAUX
Vice-président du Conseil général
de l'environnement et du développement durable
Tour Séquoia
1 place Carpeaux
92055 Paris-La-Défense Cedex
1
Pièce jointe
PUBLIÉ
Dans le même temps, les besoins d'appui à la conduite des opérations
immobilières se sont accrus tant en termes quantitatif et qualitatif. Ainsi par
exemple:
? Les transformations actuelles de l'administration, et de son implantation dans les
territoires, ainsi que les démarches de « dé-métropolisation » lancées notamment
par le ministère de l'intérieur et le ministère des comptes publics, contribuent à
augmenter sensiblement les besoins, tant pour des opérations immobilières
significatives, que pour un grand nombre de projets plus modestes ;
? Les conditions de performance énergétique des bâtiments pèsent de plus en plus
fortement sur les bâtiments de l'Etat, dans le cadre notamment de la mise en
oeuvre du décret n° 2019-771 du 23 juillet 2019 relatif aux obligations d'actions
de réduction de la consommation d'énergie finale dans les bâtiments à usage
tertiaire ;
? La rénovation des cités administratives et des sites multi-occupants a fait l'objet
d'une identification précise au sein du Grand Plan d'investissement 2018-2022
avec la création d'un programme dédié (programme 348), afin de remédier aux
difficultés rencontrées par les préfets, porteurs de projet, pour mettre en place
des équipes de niveau professionnel suffisant ;
? La mise en oeuvre du plan de relance en 2020, et notamment l'action conduite
sur les immeubles propriété de l'Etat et de ses opérateurs, a conduit à retenir plus
de 4 200 projets de tailles très variées pour lesquels il a été demandé aux porteurs
de projet une mise en oeuvre rapide (passation des marchés de travaux avant le
31 décembre 2021 ), sans évolution concomitante des capacités de portage des
opérations.
En dépit de la création de la Direction de l'immobilier de l'Etat (DIE), la politique
immobilière de l'Etat, ou plutôt les politiques immobilières de l'Etat, semblent donc encore
pâtir d'un manque de lisibilité, d'une insuffisante coordination des acteurs et, plus
généralement, d'une inadéquation entre les besoins et les moyens mobilisés, alors que
les enjeux liés à l'entretien du patrimoine de l'Etat, sa valorisation, la satisfaction des
utilisateurs et des objectifs d'exemplarité (performance énergétique, accessibilité),
exigent de conserver un haut niveau de professionnalisme.
Je souhaite en conséquence que vous conduisiez une mission dont les principaux
attendus seront les suivants.
Le premier objectif de la mIssIon consistera à réaliser l'inventaire, au sein de
l'administration centrale et déconcentrée de l'Etat, des structures et organisations en
charge du suivi et de la mise en oeuvre de la politique immobilière de l'Etat. Vous porterez
une appréciation sur les organisations, les effectifs et la typologie et le volume d'activité
de ces structures.
Vous vous attacherez également à porter une appréciation sur la conduite, par certains
services ou ministères, d'opérations interministérielles, et proposerez les clarifications,
redécoupages ou renforcements qui pourraient s'avérer utiles à ce titre.
2
Pièce jointe
PUBLIÉ
Le second objectif visera à analyser les mutualisations déjà opérantes, entre ministères
ou entre territoires, pour contribuer à une meilleure répartition des charges entre
structures, notamment face à des pics d'activité ou de façon plus permanente, si
plusieurs structures ou organisations interviennent régulièrement sur des périmètres
dépassant celui de leur administration de rattachement.
Au-delà des bonnes pratiques que vous pourrez relever, vous analyserez toutes les
possibilités de mutualisation de ces moyens existants, en formulant, au besoin, des
modalités de réduction des obstacles entravant ces mutualisations. Vous examinerez
notamment les expérimentations de gestion des immeubles multi-occupants conduites
par la DIE dans plusieurs régions.
Vous évaluerez, en conséquence, la part des besoins non satisfaits qu'une meilleure
mutualisation serait susceptible de résoudre, et la part qui resterait à couvrir par des
moyens nouveaux.
Le troisième objectif visera à formuler des propositions d'évolution de la gouvernance
de la politique immobilière afin de renforcer les compétences disponibles tant en matière
de maîtrise d'ouvrage que de pilotage de l'entretien-maintenance et de conduite des
opérations.
Votre analyse portera en particulier sur les possibilités d'externalisation à retenir, selon
les missions à couvrir, et les compétences qu'il est essentiel de maintenir ou développer
au niveau central, déconcentré ou au sein d'opérateurs spécialisés, selon des modalités
à préciser.
Vous vous intéresserez à ce titre au bilan qu'il est possible de tirer de l'activité des
opérateurs spécifiquement créés par certains ministères pour conduire les missions de
maîtrise d'ouvrage.
Votre m1ss1on me remettra ses travaux pour mars 2022, avec un point d'étape fin
décembre 2021.
Pour accomplir cette m1ss1on, vous pourrez solliciter l'ensemble des ministères et
organismes concernés par le champ de votre mission, qui partageront avec vous toutes
les informations nécessaires.
Je vous prie, Monsieur le Vice-président, d'agréer mes salutations distinguées.
?? C>,JM??
3
Pièce jointe
PUBLIÉ
Couverture
Rapport confidentiel relatif à l'immobilier de l'État : une nouvelle architecture pour professionnaliser
Synthèse
Liste des principales propositions
Sommaire
Introduction
1. La structuration de la politique immobilière de l?État s?est renforcée depuis 2016, mais elle reste marquée par l?hétérogénéité des organisations ministérielles, par la fragilité des administrations territoriales de l?État placées sous la responsab...
1.1. Les recommandations formulées en 2015 par l?Inspection générale des finances ont été partiellement mises en oeuvre
1.1.1. La création de la direction de l?immobilier de l?État en 2016 a permis de simplifier la gouvernance de la politique immobilière de l?État et d?affirmer une logique davantage interministérielle
1.1.2. Plusieurs évolutions structurantes n?ont toutefois pas été mises en oeuvre, tandis que l?espérance initialement placée dans les loyers budgétaires a été déçue
1.1.3. La période a été marquée par la mise en oeuvre de deux plans d?investissement massifs destinés à répondre au retard pris en matière d?entretien des bâtiments de l?État, qui ont aussi permis quelques avancées dans la gouvernance de la politique i...
1.1.3.1. Programme de rénovation des cités administratives (programme 348)
1.1.3.2. Volet immobilier du plan de relance (programme 362)
1.2. Les ministères ont organisé leur gestion immobilière pour répondre à des besoins opérationnels propres, mais présentent un niveau de maturité variable en ce qui concerne l?entretien, l?exploitation et la valorisation des actifs qu?ils occupent
1.2.1. Les organisations ministérielles sont hétérogènes et reflètent des degrés de maturité variables sur la gestion de leur patrimoine immobilier et de celui des opérateurs
1.2.2. Les ministères sont confrontés à des difficultés de recrutement et au manque de compétences en matière de gestion de patrimoine, de valorisation et de conduite de projets immobiliers
1.2.3. Les échanges entre les ministères et la direction de l?immobilier de l?État restent limités et formels, dans un contexte où la stratégie de cession mise en oeuvre depuis 2005 fait progressivement place à une stratégie de valorisation
1.3. L?immobilier des administrations territoriales de l?État géré par les préfets est pour sa part devenu le parent pauvre de la politique immobilière
1.3.1. Les services territoriaux du ministère de la transition écologique se sont progressivement désengagés de la conduite des projets immobiliers complexes, laissant un vide qui n?a pas été comblé
1.3.2. Les missions régionales de la politique immobilière de l?État apportent un appui reconnu aux préfectures de région, mais elles disposent de peu de compétences et de ressources en matière d?ingénierie bâtimentaire
1.3.3. Les préfets de région sont confrontés à la dispersion des structures, à la raréfaction des compétences et à la faiblesse des budgets dédiés à l?immobilier
1.3.4. Le compte d?affectation spéciale est à bout de souffle et ne permet plus de répondre aux besoins des préfectures de région pour l?entretien des bâtiments de l?État
1.3.5. L?expérimentation AGILE est une réponse de court terme aux difficultés structurelles rencontrées pour l?exploitation et la maintenance des sites multi-occupants
2. Pour optimiser le parc et proposer un meilleur service aux occupants, les transformations immobilières examinées par la mission, hors État, se sont appuyées sur la professionnalisation des métiers de l?immobilier et sur la mutualisation des ressour...
2.1. Les transformations immobilières mises en oeuvre en Allemagne, au Royaume-Uni et en Italie se sont appuyées sur la mise en place d?une structure de gestion immobilière mutualisée sur un périmètre large, ce qui a permis d?optimiser le parc et de pr...
2.1.1. L?Allemagne a fait le choix de centraliser la gestion de la quasi-totalité de son immobilier fédéral, avec le transfert des actifs correspondants
2.1.2. Le Royaume-Uni confie progressivement la propriété et la gestion de l?immobilier tertiaire à une foncière
2.1.3. En Italie, une agence nationale a pour mission de réduire la dispersion des acteurs de la politique immobilière par un pilotage et un contrôle exigeants, sans le transfert des actifs correspondants
2.1.4. La plupart des pays européens se sont engagés dans une démarche de structuration de leur fonction immobilière
2.2. La consolidation d?une fonction immobilière a également été observée dans un échantillon de sept grandes entreprises publiques et privées, dans un contexte de tension sur les ressources humaines
3. La mise en oeuvre d?une transformation ambitieuse suppose un arbitrage rapide sur l?organisation à moyen terme de la fonction immobilière au sein de l?État
3.1. Les défis à venir supposent une action rapide
3.2. À terme, la gestion du propriétaire et la valorisation du patrimoine foncier et de l?immobilier de bureau gagneraient à être confiées à une agence représentant l?État propriétaire
3.3. La mise en place de loyers versés par les administrations occupantes à la future agence permettrait de donner un signal-prix aux occupants incitant à l?optimisation et à la valorisation du parc, à condition d?y associer une logique d?intéressemen...
3.4. La transformation recommandée ne peut techniquement que s?inscrire dans une trajectoire pluriannuelle, et nécessite un appui politique important et prolongé
4. La constitution d?une fonction immobilière performante impliquerait de réussir quatre chantiers
4.1. Structurer une filière interministérielle des métiers de l?immobilier
4.1.1. Sur le plan des compétences, la fonction immobilière présente des défis de transformation qui s?apparentent à ceux du numérique et des achats au sein de l?État
4.1.2. La direction de l?immobilier de l?État pourrait construire et animer une filière immobilière pour proposer des parcours attractifs au sein de l?État
4.1.3. Les écoles du ministère de la transition écologique pourraient être davantage mobilisées pour proposer des formations aux agents de la filière immobilière
4.2. Achever la complétude et la fiabilisation de la connaissance du parc immobilier de l?État afin d?objectiver les besoins pluriannuels
4.2.1. Les données dont dispose la direction de l?immobilier de l?État restent lacunaires et insuffisamment fiables
4.2.2. Le développement du système d?information de l?immobilier de l?État n?a pas permis de pallier le manque de qualité des données brutes
4.2.3. Le développement d?outils de mesure de l?état patrimonial des bâtiments et d?indicateurs physico-financiers partagés par l?ensemble des ministères est indispensable pour poursuivre la valorisation du foncier public et la rationalisation du parc...
4.3. Renforcer la gouvernance en donnant toute sa dimension à l?État propriétaire, incarné par la direction de l?immobilier de l?État
4.3.1. La stratégie immobilière de l?État pourrait utilement être enrichie afin de tenir compte du ralentissement de la politique de cessions et des principaux enjeux actuels
4.3.2. Il serait précieux que la direction de l?immobilier de l?État pilote et anime davantage le réseau interministériel des directions immobilières et le réseau des responsables régionaux, et leur apporte son expertise technique et juridique
4.3.3. Il serait de bonne gouvernance d?attribuer à la direction de l?immobilier de l?État un pouvoir d?avis conforme aux projets immobiliers les plus structurants et d?alléger son contrôle sur les projets à faible enjeu
4.3.4. Il serait judicieux de permettre à la direction de l?immobilier de l?État de gérer l?ensemble des dépenses de l?État propriétaire afin de donner davantage de lisibilité aux modalités de financement de la politique immobilière de l?État et de pr...
4.3.5. Le positionnement et la légitimité institutionnelle de la direction de l?immobilier de l?État, de même que sa capacité à recruter des profils adaptés, seraient renforcés si elle était autonome et placée directement sous l?autorité du ministre c...
4.4. Franchir une nouvelle étape de la professionnalisation de la fonction immobilière en mutualisant les ressources humaines et les compétences spécialisées déjà existantes
4.4.1. La constitution d?une agence de la maîtrise d?ouvrage publique permettrait de professionnaliser la fonction immobilière et de prendre en charge les opérations des administrations territoriales de l?État
4.4.2. La mise en place d?un réseau régional de la direction de l?immobilier de l?État permettrait de consolider les moyens déjà existants au niveau déconcentré afin d?assurer la gestion du propriétaire et de proposer une stratégie de valorisation plu...
4.4.3. À terme, l?agence de la maîtrise d?ouvrage et le réseau régional de la direction de l?immobilier de l?État pourraient être fusionnés afin de constituer la future agence représentant l?État propriétaire, chargée d?accompagner les ministères dans...
Conclusion
Liste des propositions
Pièce jointe : Lettres de mission adressées à l'IGF et au CGEDD
PM-->IGF
PM --> CGED
INVALIDE) (ATTENTION: OPTION nviron 1 500 agents et il est placé sous
la tutelle du ministère chargé du logement, de l?aménagement et de la construction. Il dispose
des compétences nécessaires pour prendre en charge l?ensemble des opérations relatives à
l?immobilier fédéral, depuis la construction des nouveaux locaux des services de
renseignement allemand jusqu?à la rénovation de l?ambassade d?Allemagne à Paris, ou encore
la restauration des colonnades de l?île aux musées de Berlin.
2.1.2. Le Royaume-Uni confie progressivement la propriété et la gestion de
l?immobilier tertiaire à une foncière
La politique immobilière du Royaume-Uni est avant tout guidée par des objectifs de
réduction des dépenses publiques et, depuis 2006, le gouvernement britannique s?est
engagé à réduire significativement le coût de son immobilier public. Pour mesurer
l?atteinte des objectifs fixés, le Royaume-Uni suit attentivement l?évolution de son parc et fixe
des normes d?occupation strictes : d?une moyenne de plus de 17 m² par ETP en 2006,
le Royaume-Uni est passé à 13 m² en 2012, puis 8,9 m² en 201915. Les référentiels fixent
depuis 2016 une norme de 8 m² par ETP, voire de 6 m² pour les nouveaux sites multi-
occupants.
La rationalisation du parc immobilier britannique s?appuie également sur une
transparence accrue vis-à-vis du Parlement devant lequel il doit rendre compte
annuellement, notamment par la publication d?un rapport thématique « State of the estate ».
Il convient toutefois de souligner qu?en raison de la qualité encore insuffisante des données
disponibles, ces rapports se concentrent à ce stade sur l?immobilier des administrations
centrales et sur l?immobilier de bureau.
Le Royaume-Uni a réorganisé sa fonction immobilière autour d?une direction centrale
et d?une agence pour promouvoir une gestion plus intégrée et centralisée.
Le gouvernement britannique a ainsi créé la Government Property Unit (GPU) en 2010,
qui est ensuite devenue l?Office of Government Property (OGP), dont l?objet est de
coordonner et contrôler la politique immobilière de l?État. L?OGP a une vocation
interministérielle et elle est rattachée au Premier ministre, au sein du Cabinet Office. Il a pour
mission de définir une stratégie immobilière pluriannuelle, d?animer le réseau interministériel
des professionnels de l?immobilier, de contrôler les dépenses immobilières et de superviser les
grands programmes immobiliers.
15 Les normes d?occupation britanniques sont calculées par référence à la surface utile nette (net internal area), qui
comprend les espaces de travail au sens large : bureaux, placards, salles de réunion et salles de repos ; et qui exclut
les halls, toilettes, ascenseurs, cages d?escalier, murs et espaces extérieurs.
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Rapport
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En 2018, le Royaume-Uni a ensuite créé la Government Property Agency (GPA), qui
bénéficie progressivement du transfert de la propriété et de la gestion de l?immobilier
tertiaire (3 Mm² seront transférés d?ici 2025), en s?appuyant sur les six arguments suivants
pour justifier la mise en place de cette foncière : une plus grande flexibilité financière, la
capacité d?équilibrer l?offre et la demande, une visibilité accrue sur le parc et son état, la mise
en place d?incitations par le biais de loyers de marché, l?optimisation d?économies d?échelle, la
mutualisation des compétences. La GPA se concentre dans un premier temps sur le périmètre
de l?immobilier tertiaire mais elle a vocation, à terme, à bénéficier du transfert des entrepôts
et des locaux techniques.
Les efforts de restructuration et de centralisation de la fonction immobilière ne sont
néanmoins pas exempts de difficultés, comme le montre l?exemple du ministère de la
défense anglais qui a dû renoncer à la transformation qu?il avait engagée. L?externalisation
dans des proportions importantes, accompagnée d?une diminution des effectifs forte et rapide,
doublée de difficultés de recrutement de compétences ont joué un rôle important dans cet
échec, ce qui invite à la prudence quant au rythme et au périmètre retenu.
2.1.3. En Italie, une agence nationale a pour mission de réduire la dispersion des
acteurs de la politique immobilière par un pilotage et un contrôle exigeants, sans
le transfert des actifs correspondants
En Italie, la politique immobilière de l?État est encadrée par des dispositions législatives
qui portent sur l?ensemble des administrations publiques :
? depuis 2010, les administrations publiques doivent annuellement communiquer à l?État
l?inventaire des biens qu?elles occupent, les coûts d?utilisation et leurs futurs besoins en
immobilier sur une base triennale ; depuis 2013, l?État publie ces données en accès libre,
ainsi que la liste des administrations ayant participé ou non à l?opération annuelle
d?inventaire, selon le principe du « name and shame » ;
? depuis 2012, les administrations de l?État communiquent un plan de réduction et de
rationalisation de la consommation d?espace pour viser un objectif de 20 à 25 m²
par ETP, voire de 12 m² par ETP pour les constructions neuves ou les restructurations ;
les administrations bénéficient de 15 % des économies réalisées par la réduction de
leurs occupations, qui sont destinées à financer des opérations d?amélioration de
l?environnement de travail ;
? à partir de 2019, les administrations ont progressivement l?obligation d?utiliser l?outil de
modélisation « building information modeling » (BIM) pour toutes les opérations
complexes de plus de 100 M¤ ; ce seuil a été ramené à 50 M¤ en 2020, puis à 15 M¤
en 2021 et, à compter de 2025, toutes les opérations de travaux devront recourir au BIM.
Les différentes administrations gèrent elles-mêmes leur parc immobilier, mais leur
activité est strictement encadrée et contrôlée par une agence nationale qui vérifie la
bonne exécution de la stratégie immobilière convenue avec le Trésor italien.
Créé en 1999, l?Agenzia del demanio compte environ 1 000 agents et elle s?occupe de la gestion,
de la valorisation et de la rationalisation des biens immobiliers de l?État, en coordination avec
les administrations propriétaires ou occupantes. L?agence n?est pas propriétaire des biens de
l?État et son intervention repose sur les quatre axes suivants :
? assurer la bonne gestion de l?immobilier de l?État, par exemple en contribuant à la
planification des opérations de maintenance et de gros entretien renouvellement de
l?immobilier ministériel, hors biens culturels, militaires ou situés à l?étranger ;
? investir tout en maîtrisant les dépenses publiques, en s?appuyant pour la maîtrise
d?ouvrage sur le réseau déconcentré du ministère des infrastructures et de la mobilité
durable (Provveditorato) ;
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Rapport
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? mobiliser l?immobilier public comme levier de revitalisation économique des territoires,
notamment par la promotion de projets nationaux de valorisation du patrimoine ;
? fournir une expertise immobilière à toutes les administrations publiques, collectivités
comprises.
2.1.4. La plupart des pays européens se sont engagés dans une démarche de
structuration de leur fonction immobilière
Le travail de comparaison européenne réalisé par le cabinet EY à la demande de la Commission
européenne permet de constater que des tendances communes émergent dans les pays étudiés
pour gérer plus efficacement leur patrimoine immobilier.
En synthèse, trois grands modèles peuvent être identifiés (cf. graphique 3) :
? l?Autriche, l?Allemagne, les Pays-Bas et la Finlande sont nos voisins qui ont
développé une fonction immobilière de loin la plus centralisée et intégrée ; à
l?exception de biens spécifiques (biens à l?étranger et militaires), la propriété et la gestion
de l?immobilier de l?État a été confiée à une unique agence ou entreprise publique ; ces
entités interviennent sur quasiment tous les métiers, sauf en Allemagne où la conduite
de projet est confiée à une agence dédiée ; la distinction entre l?État propriétaire et les
administrations occupantes est clairement établie par un mécanisme de facturation de
loyers, indexés sur les coûts réels ou sur les coûts de marché ;
? la Belgique, le Danemark, l?Italie, la Norvège, la Suède et le Royaume-Uni ont
centralisé une partie de leur fonction immobilière ou ont engagé une
transformation en ce sens ; la conduite du changement s?est appuyée sur la création
d?une agence ; si elles ont des champs d?action parfois différents, elles ont toutes en
charge la gestion, voire la propriété, de l?immobilier tertiaire banalisé mais elles ne
couvrent jamais l?ensemble du patrimoine (hors défense et biens à l?étranger) ;
? la République tchèque, la Pologne, le Portugal, l?Espagne et la France se
caractérisent par la dispersion de leur fonction immobilière ; chaque ministère,
administration ou opérateur public gère son immobilier indépendamment ; il existe
souvent une direction chargée de la coordination au niveau central, sur le modèle de
la DIE, mais son pouvoir est faible voire inexistant pour certaines classes d?actifs.
Graphique 3 : synthèse de l?organisation de la fonction immobilière dans quinze pays
européens, selon trois grands modèles
Note de lecture : Les pays ont été classés selon trois modèles : centralisé (la fonction immobilière est concentrée pour
l?essentiel entre les mains d?un acteur, hors métiers ou classe d?actifs spécifiques), intermédiaire (un mouvement de
centralisation a été engagé, un acteur principal émerge sans pour autant jouir d?un monopole sur la fonction),
fragmenté (chaque administration ou opérateur public gère son immobilier en propre, avec ou sans coordination
centrale).
Source : Mission.
PUBLIÉ
Rapport
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2.2. La consolidation d?une fonction immobilière a également été observée dans
un échantillon de sept grandes entreprises publiques et privées, dans un
contexte de tension sur les ressources humaines
La mission a rencontré les responsables de trois entreprises publiques (EDF, SNCF,
La Poste), de trois entreprises privées (Capgemini, Carrefour, Crédit agricole) et
de Pôle emploi. Ces sept structures se sont engagées dans des transformations immobilières
ambitieuses :
? La Poste et la SNCF ont structuré des filiales immobilières dédiées, rassemblant
l?ensemble des métiers de l?immobilier (hors facility management pour La Poste, celle-ci
ayant réorganisé ses fonctions support en parallèle), et ont mis en place des loyers
internes ;
? EDF, Capgemini et Pôle emploi ont développé un modèle dans lequel ils sont
majoritairement locataires, avec une fonction immobilière centralisée au service des
occupants ;
? Carrefour et le Crédit agricole ont mis en place des loyers internes, éventuellement
négociés ou conventionnels, afin de donner un signal-prix à leurs unités opérationnelles
et de rentrer dans une démarche de valorisation d?actifs (notamment pour Carrefour).
Les entretiens conduits par la mission permettent de tirer les enseignements suivants
sur la conduite d?une transformation immobilière maîtrisée :
? au départ, la structuration d?une fonction immobilière répond à des motivations
financières et à des besoins opérationnels ; la mise en place de loyers réels ou fictifs
permet d?objectiver les charges et d?engager une démarche d?optimisation des coûts
générés par l?immobilier, mais elle permet également de déclencher une réflexion sur
l?adéquation entre, d?une part, l?immobilier considéré comme outil de production et,
d?autre part, les besoins des salariés (Capgemini a transformé ses implantations afin de
les rendre plus adaptées aux usages de ses salariés) et les attentes des usagers
(Pôle emploi adapte l?implantation de ses agences en fonction de l?évolution du chômage
et en tenant compte des contraintes d?accessibilité pour les allocataires) ;
? en pratique, la professionnalisation de la fonction immobilière passe par la
création d?une entité dédiée qui permet de mutualiser les ressources humaines
disponibles et surtout d?enclencher une stratégie de renforcement des
compétences fondées, d?une part, sur la capitalisation des méthodes de travail et la
formation continue et, d?autre part, sur le recrutement de nouveaux agents ; sur le
plan opérationnel, la création d?une entité dédiée favorise le déploiement, au niveau du
groupe, des réflexions sur des enjeux d?actualité comme la numérisation de l?immobilier
ou encore la prise en compte du télétravail ;
? en matière de conduite du changement, la structuration d?une fonction
immobilière s?inscrit dans le temps long, elle requiert un portage politique fort et
elle nécessite un accompagnement humain soutenu ; plusieurs années sont
nécessaires pour mettre en place une nouvelle culture de gestion de l?immobilier et
conduire le renouvellement des compétences ; les réticences des directions métiers,
utilisatrices du patrimoine, sont à la hauteur du sentiment de dépossession ressenti,
même quand celles-ci n?ont jamais fait de leur immobilier une priorité : l?appui politique
du directeur général de l?agence dans la durée est systématiquement présenté comme
indispensable pour confirmer l?impulsion initiale par des arbitrages réguliers et pour
donner du sens à la transformation ; il est enfin indispensable de susciter l?adhésion des
salariés pour lesquels la transformation peut constituer une opportunité de développer
de nouvelles compétences, et rassurer ceux qui se sentent menacés par ces changements
en leur proposant des mobilités internes ou des offres de formation renforcées ; les
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Rapport
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évolutions de compétences exigées par cette transformation ne doivent pas être sous-
estimées ;
? les nouvelles formes de valorisation du foncier et de l?immobilier se complexifient
et nécessitent des compétences spécifiques ;
? tous les acteurs concernés intègrent le défi financier et technique posé par le
décret tertiaire à horizon 2030 : les opérations d?économies d?énergie ou de réduction
des émissions de gaz à effet de serre (GES) sont forcément embarquées dans des
opérations plus globales de modernisation des actifs.
Les interlocuteurs rencontrés par la mission sont également confrontés à des difficultés
de recrutement sur des métiers spécialisés comme la gestion d?actifs ou la maîtrise d?ouvrage.
Outre l?enjeu de la rémunération, la possibilité de travailler sur un parc immobilier
emblématique (comme celui de La Poste ou de la SNCF) ou d?une ampleur importante peut
néanmoins permettre d?attirer des profils en recherche d?évolution professionnelle.
3. La mise en oeuvre d?une transformation ambitieuse suppose un
arbitrage rapide sur l?organisation à moyen terme de la fonction
immobilière au sein de l?État
3.1. Les défis à venir supposent une action rapide
La fonction immobilière a franchi une étape de structuration en 2016 avec la création
de la DIE, même si elle doit aujourd?hui refonder sa stratégie :
? le ralentissement du rythme des cessions, conjuguée à l?érosion des financements dédiés
à l?entretien du parc immobilier, nécessite de réfléchir à de nouvelles modalités de
financement (cf. graphique 2) ;
? dans le même temps, les enjeux de valorisation du patrimoine immobilier de l?État
montent en puissance, ce qui nécessite de mobiliser des compétences nouvelles.
La mise en oeuvre du décret tertiaire16, qui prévoit une réduction de la consommation
énergétique des bâtiments tertiaires de 40 % en 2030 par rapport à 2010, va en outre
nécessiter des investissements très importants pour atteindre les objectifs fixés, compte
tenu notamment de l?état de vétusté du parc immobilier de l?État. L?article 175 de la loi
n° 2018-1021 du 23 novembre 2018 portant évolution du logement, de l?aménagement et du
numérique (loi ELAN) impose en effet « de parvenir à une réduction de la consommation
d?énergie finale pour l?ensemble des bâtiments soumis à l?obligation d?au moins 40 % en 2030,
50 % en 2040 et 60 % en 2050 par rapport à 2010 ». Le décret tertiaire, entré en vigueur à
compter du 1er octobre 2019, prévoit que tous les bâtiments à usage tertiaire de plus
de 1 000 m² construits avant le 24 novembre 2018 sont concernés par cette obligation.
Ce décret concerne également les bâtiments publics, et constitue un enjeu politique
important au regard de l?exigence d?exemplarité attendue de la part des services de
l?État. Les services du ministère de la transition écologique soulignent que le projet de révision
de la directive européenne sur l?efficacité énergétique (DEE) devrait d?ailleurs renforcer les
exigences en matière d?exemplarité de performance énergétique des bâtiments tertiaires
publics. Selon l?étude d?impact du décret tertiaire, sa mise en oeuvre va nécessiter un
investissement de 17 Md¤ sur 30 ans pour remettre à niveau le parc immobilier de
l?État, sur la base d?un coût estimé en ordre de grandeur à 180 ¤/m². Même si elle reconnaît
qu?il est très complexe de procéder à une estimation précise des moyens financiers qui devront
16 Décret n° 2019-771 du 23 juillet 2019 relatif aux obligations d?actions de réduction de la consommation
d?énergie finale dans des bâtiments à usage tertiaire.
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Rapport
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être mobilisés pour atteindre les objectifs attendus, la DIE a pour sa part estimé l?effort
d?investissement à fournir à 92 Md¤ sur 30 ans, sur la base d?un coût moyen de rénovation
estimé à 1 500 ¤/m² qui concerne les coûts de rénovation globaux incluant le gros entretien-
renouvellement de base et les surcoûts lié à l?application du décret tertiaire. Compte tenu de
l?ampleur des montants évoqués et des différents chiffrages avancés, il serait souhaitable que
les administrations concernées (DGALN, DIE, DB) poursuivent leurs travaux, en
s?appuyant notamment sur la prochaine génération de SDIR, afin de produire une
évaluation partagée de l?impact du décret tertiaire.
Il serait par ailleurs souhaitable que la DIE tienne à jour une liste des sites les plus
vétustes ou les plus exposés aux risques naturels et qu?elle développe une vision
pluriannuelle des besoins et des investissements structurants nécessaires pour les remettre en
état.
L?évolution du mode de fonctionnement des services publics, sous l?effet de la
transformation numérique de l?administration, de l?objectif de dématérialisation des
procédures et du déploiement du télétravail, nécessite par ailleurs de réfléchir à de
nouvelles normes de construction, d?aménagement et d?occupation des bâtiments
publics et ouvre la voie à une plus grande mutualisation des bureaux entre services. Les
ministères et leurs opérateurs abordent aujourd?hui cette question de façon hétérogène,
certains services adoptant des transformations relativement ambitieuses de leur espace de
travail tandis que d?autres font preuve d?une approche prudente, dans un contexte où la crise
sanitaire a mis en évidence les possibilités ouvertes par le télétravail mais également ses
limites.
Ces évolutions peuvent être obtenues de manière réaliste et efficiente en capitalisant
dès à présent sur les synergies développées dans le cadre du programme de rénovation
des cités administratives puis à l?occasion du plan de relance, au risque de revenir à la
situation antérieure. Au niveau déconcentré, les services chargés de la gestion immobilière
ont mis à profit cette période pour renforcer leurs liens et créer des synergies qui disparaîtront
si les mutualisations qui ont été mises en place ne sont pas consolidées dans le temps.
3.2. À terme, la gestion du propriétaire et la valorisation du patrimoine foncier
et de l?immobilier de bureau gagneraient à être confiées à une agence
représentant l?État propriétaire
La conduite des transformations examinées par la mission s?est appuyée sur la réunion
des métiers de l?immobilier au sein d?une même structure pour mieux gérer et valoriser
les actifs et pour répondre aux besoins des occupants.
Pour cette raison, la mission estime nécessaire de constituer une entité opérationnelle
dédiée, qui pourrait prendre la forme d?une agence, dont la mission serait double :
? d?une part, elle serait chargée d?assurer la gestion du propriétaire (asset
management et property management) de l?ensemble de l?immobilier de bureaux
des ministères entendu au sens large, c?est-à-dire incluant également l?immobilier
tertiaire du ministère de l?intérieur (commissariats et gendarmerie) et du ministère de
la justice (palais de justice) ; une exception pourra toutefois être admise pour le
ministère des armées qui pourra continuer à gérer lui-même ses bureaux, et pour les
biens situés à l?étranger ;
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? d?autre part, elle serait chargée de la valorisation du patrimoine foncier de l?État,
selon une stratégie arrêtée par les pouvoirs publics, tenant notamment compte des
objectifs poursuivis dans le cadre des politiques du logement et inscrits dans les
dernières lois relatives à l?énergie, à la lutte contre la vulnérabilité climatique et en
faveur de la biodiversité17.
Les exemples étrangers et l?organisation actuelle extrêmement morcelée des fonctions
immobilières ministérielles conduisent à recommander que l?agence intervienne sur un
champ aussi large que possible, sans admettre d?exception hormis pour le ministère des
armées dont l?organisation est d?ores et déjà très intégrée et possède la taille critique, ainsi
que pour les biens situés à l?étranger.
En revanche, la constitution de cette agence pourrait se faire progressivement, en rattachant
les différents périmètres ministériels par étapes successives, en commençant par exemple par
le patrimoine immobilier des ministères économiques et financiers et par le patrimoine des
ministères qui disposent de peu d?implantations territoriales (agriculture et alimentation,
travail et affaires sociales, transition écologique). Le patrimoine immobilier des opérateurs
pourrait également être géré par la future agence, selon des règles à définir.
Le transfert de la propriété des biens gérés par l?agence n?est pas indispensable, mais il
pourrait être envisagé afin de renforcer la séparation entre État propriétaire et
administrations occupantes. À défaut, ou dans un premier temps, l?agence pourrait être
simplement affectataire des biens qu?elle mettrait à disposition des administrations
occupantes en fonction de leurs besoins, en tant que prestataire de services pour leur compte.
Le modèle le plus abouti en la matière est celui de la BImA allemande, qui est propriétaire et
gestionnaire de la quasi-totalité du parc immobilier fédéral (hormis certains biens du
ministère de la défense et les biens situés à l?étranger), mais le modèle de la Government
Property Agency (GPA) britannique est également intéressant, puisqu?il démontre la possibilité
d?un transfert progressif de la propriété des biens sur une durée de plusieurs années.
La constitution d?une telle entité opérationnelle permettrait d?atteindre le meilleur
niveau de professionnalisation de la fonction immobilière, en mutualisant l?ensemble des
ressources humaines et des compétences disponibles au sein de l?État. Elle permettrait par
ailleurs d?assurer une gestion dynamique du parc immobilier et de décliner une stratégie de
valorisation dans laquelle la cession deviendrait la dernière solution envisagée, si le bien n?est
utile à aucune administration et s?il n?est pas possible de le valoriser. Le moment venu, il
conviendra toutefois de vérifier la compatibilité de la future agence avec le droit
communautaire.
Dans cette nouvelle architecture, la mission recommande de renforcer une direction
d?administration centrale chargée de définir les orientations stratégiques de la
politique immobilière de l?État, de porter les arbitrages interministériels et d?exercer la
tutelle de la future agence représentant l?État propriétaire. La répartition des rôles entre
une administration centrale « tête pensante », placée auprès du ministre des finances, chargé
du domaine, et une agence « bras armé opérationnel » chargée de la mise en oeuvre de la
politique publique apparaît comme la plus adaptée, et elle permettra à l?agence de développer
une autonomie suffisante pour s?inscrire dans le temps long qui est celui de la gestion
immobilière.
17 Loi n° 2016-1087 du 8 août 2016 pour la reconquête de la biodiversité, de la nature et des paysages et loi
n° 2021-1104 du 22 août 2021 portant lutte contre le dérèglement climatique et renforcement de la résilience face
à ses effets.
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Proposition n° 1 : confier la mission de représenter l?État propriétaire et d?accompagner
les occupants publics sur l?ensemble de la chaine des besoins immobiliers à une entité
publique opérationnelle dédiée, placée sous la tutelle de la DIE et dotée d?antennes
régionales. Cette agence, bras armé opérationnel de la politique immobilière de l?État,
assurerait la gestion du propriétaire, la conduite de projet et la valorisation du
patrimoine foncier et de l?immobilier de bureaux18 de l?ensemble des ministères (hors
ministère des armées et biens situés à l?étranger) et, selon des règles à définir, celles des
opérateurs de l?État, et elle apporterait son expertise en matière de maîtrise d?ouvrage
pour l?ensemble du parc immobilier de l?État. Elle serait soit affectataire, soit
propriétaire des biens dont elle assurerait la gestion.
Proposition n° 2 : renforcer une direction de l?immobilier de l?État, directement placée
sous l?autorité du ministre chargé des finances, qui serait tout à la fois une direction de
stratégie pour l?ensemble du patrimoine immobilier de l?État et une direction
immobilière sur le patrimoine de bureaux. Elle serait chargée de définir les orientations
stratégiques de la politique immobilière de l?État, de porter les arbitrages
interministériels et d?assurer la tutelle de la future agence représentant l?État
propriétaire.
3.3. La mise en place de loyers versés par les administrations occupantes à la
future agence permettrait de donner un signal-prix aux occupants incitant
à l?optimisation et à la valorisation du parc, à condition d?y associer une
logique d?intéressement pour les gestionnaires
Lorsque la gestion du patrimoine immobilier est confiée à une structure unique, la mise
en place de loyers constitue un puissant instrument de rationalisation qui permet
d?inciter les occupants à optimiser leur occupation du parc. Ces loyers peuvent correspondre à
une valeur de marché, notamment lorsque la structure gestionnaire est également propriétaire
des biens immobiliers, ou bien être calculés plus conventionnellement, lorsque la structure est
seulement affectataire des biens. Si elle n?est pas indispensable, la mise en place de loyers
permet de donner un signal-prix aux occupants et de matérialiser le coût de l?occupation d?un
bâtiment public.
Proposition n° 3 : mettre en place des loyers versés par les administrations occupantes
à l?agence représentant l?État propriétaire, qui financeraient les dépenses du
propriétaire, en prévoyant un dispositif financier incitatif pour les administrations qui
rationalisent leur organisation immobilière.
La mise en place des loyers budgétaires, expérimentés en 2006, généralisés en 2010 puis
supprimés en LFI 2019, a été décrite comme « inefficace et coûteuse » par le CIE (cf. encadré 1),
la méthode employée pour les loyers budgétaires s?est heurtée aux obstacles suivants :
? une vision trop systématique des loyers qui ont été appliqués systématiquement à toutes
les classes d?actifs, y compris certains locaux techniques pour lesquels aucune action
d?optimisation ou de valorisation n?était envisageable, alors que ces loyers ont surtout
un intérêt dans des zones métropolitaines denses ;
? une mauvaise connaissance du parc qui a suscité des contestations nombreuses de la
part des ministères occupants qui questionnaient le mode de calcul des loyers ;
? une absence de logique incitative qui a vidé le dispositif de son sens, alors que ce
caractère incitatif est au coeur des transformations étudiées par la mission ;
18 Entendu au sens large, c?est-à-dire incluant également l?immobilier spécifique du ministère de l?intérieur
(commissariats et gendarmerie) et du ministère de la justice (palais de justice).
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? un caractère fictif dans la mesure où le versement des loyers était matérialisé par des
écritures pour ordre et non par des flux financiers réels.
Compte tenu de cet historique défavorable, il est recommandé de ne pas considérer la
mise en place de loyers comme un préalable à toute transformation, mais plutôt comme
un outil qui permettra de renforcer l?efficacité des interventions de l?agence
représentant l?État propriétaire, une fois que celle-ci aura été mise en place et qu?elle
aura démontré sa capacité à offrir un service de qualité aux administrations occupantes.
3.4. La transformation recommandée ne peut techniquement que s?inscrire
dans une trajectoire pluriannuelle, et nécessite un appui politique
important et prolongé
La transformation recommandée par la mission, qui implique à terme la création d?une
agence représentant l?État propriétaire et la mise en place de loyers versés par les
administrations occupantes, constitue une cible de moyen terme qui n?est pas accessible
immédiatement. Compte tenu de la dispersion des organisations et des structures chargées
de la mise en oeuvre de la politique immobilière de l?État, de la fragilité de la gestion de
l?immobilier des administrations territoriales de l?État et du retard accumulé en matière
d?entretien des bâtiments de l?État, l?atteinte de cette cible de moyen terme nécessite en effet
des travaux préparatoires et la vérification de plusieurs prérequis (cf. infra).
Pourtant, la fixation rapide d?un cap stratégique clair et ambitieux permettrait de
donner de la visibilité aux parties prenantes et favoriserait la préparation de la future
organisation par l?ensemble des ministères concernés et par les préfectures de région.
Elle constituerait un signal politique fort et mobilisateur adressé à l?ensemble des agents qui
ont fait part des difficultés qu?ils rencontrent pour assurer une gestion immobilière de qualité.
Elle permettrait également de fédérer les ministères autour d?un objectif commun et de
surmonter les réticences fortes qu?ils ne manqueront pas d?exprimer. Elle serait enfin un levier
précieux pour préparer la réponse au défi de la transition énergétique et assurer la
position d?un État exemplaire.
Les exemples examinés par la mission montrent que les transformations immobilières
prennent généralement plusieurs années avant d?atteindre leur pleine maturité.
En conséquence, la mission propose le calendrier suivant :
? le Premier ministre pourrait rendre un arbitrage rapide, dès le début de la
mandature qui s?ouvrira à la mi-2022, sur la cible à atteindre à moyen terme ;
? la mandature qui s?ouvre pourrait ensuite être mise à profit, d?une part, pour décliner
les chantiers techniques indispensables pour constituer une fonction immobilière
performante et pour répondre rapidement aux difficultés de l?immobilier de
l?administration territoriale (cf. infra) et, d?autre part, pour confier la gestion du parc
immobilier de certains ministères à la DIE et définir le calendrier de bascule des
autres périmètres ministériels ;
? la réalisation d?une nouvelle mission d?inspection au plus tard dans le courant de
l?année 2026 permettrait de mesurer le chemin parcouru et d?évaluer la possibilité de
créer une agence représentant l?État propriétaire et de mettre en place des loyers en
précisant leur périmètre.
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4. La constitution d?une fonction immobilière performante impliquerait
de réussir quatre chantiers
Pour atteindre la cible à moyen terme qu?elle estime nécessaire pour constituer une
fonction immobilière performante, la mission identifie quatre chantiers prioritaires,
qu?il est possible d?ouvrir ou de poursuivre à court terme :
? structurer une filière interministérielle des métiers de l?immobilier ;
? achever la fiabilisation de la connaissance du parc immobilier de l?État afin d?objectiver
les besoins pluriannuels ;
? renforcer la gouvernance en donnant toute sa dimension à l?État propriétaire, incarné
par la direction de l?immobilier de l?État ;
? franchir une nouvelle étape de la professionnalisation de la fonction immobilière, en
mutualisant les ressources humaines et les compétences déjà existantes.
4.1. Structurer une filière interministérielle des métiers de l?immobilier
4.1.1. Sur le plan des compétences, la fonction immobilière présente des défis de
transformation qui s?apparentent à ceux du numérique et des achats au sein de
l?État
Il est possible de tirer des enseignements des transformations mises en oeuvre par l?État
en matière de pilotage des systèmes d?informations et des achats, qui constituent des
politiques interministérielles à caractère transversal, comparables par plusieurs aspects à la
politique immobilière de l?État.
Depuis 2019, la direction interministérielle du numérique (DINUM) oriente, anime,
soutient et coordonne les actions des administrations de l?État visant à améliorer la
qualité, l?efficacité, l?efficience et la fiabilité des services rendus par le système
d?information et de communication de l?État19. La DINUM est rattachée au secrétaire
général du Gouvernement tout en étant placée sous l?autorité du ministre de l?action et des
comptes publics et mise à la disposition du ministre de l?économie et des finances et du
secrétaire d?État chargé du numérique. En 2021, la DINUM employait 190 personnes,
dont 134 contractuels.
La DINUM a mis en place quatre initiatives intéressantes pour structurer une filière de
compétences numériques au sein de l?État :
? le comité interministériel du numérique (CINUM) mobilise une fois par mois les
directeurs du numérique de chaque ministère, du Premier ministre et de la présidence
de la République, ainsi que le directeur de l?ANSSI, afin de partager l?avancement des
chantiers numériques interministériels, de dessiner les contours de la stratégie
numérique et de discuter des doctrines communes ; il constitue un lieu privilégié
d?échange d?expériences et de partage des arbitrages interministériels ;
? elle a développé puis pérennisé le programme « entrepreneur d?intérêt général », qui
permet de recruter des équipes projets pour la conduite de projets ministériels d?une
durée fixe de dix mois ; ce programme constitue un vivier de recrutement important,
dans la mesure où deux tiers des entrepreneurs d?intérêt général sont ensuite recrutés
au sein de l?État ;
19 Décret n° 2019-1088 du 25 octobre 2019 relatif au système d?information et de communication de l?État et à la
direction interministérielle du numérique.
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? à partir d?une étude de marché sur les rémunérations dans le secteur privé, la DINUM a
négocié une grille de rémunération qui porte désormais sur les 56 métiers de la filière
numérique et qui permet de recruter plus facilement des agents contractuels en contrat
à durée indéterminée (CDI) tout en évitant la concurrence entre ministères et en
réduisant, voire en supprimant, les délais de visa par le contrôleur budgétaire
ministériel ;
? elle a mis en place une mission « talents » chargée de favoriser la mobilité des
compétences numériques au sein de l?État et de développer une filière numérique
publique attractive.
La direction des achats de l?État (DAE) a pour sa part remplacé le service des achats de
l?État (SAE) en 2016 et elle a été dotée d?un réseau de plateformes régionales des achats
de l?État (PFRA) placées sous l?autorité des préfets de région. Les responsables des PFRA
sont désignés par le préfet de région, après avis du directeur des achats de l?État.
Parmi ses missions, la DAE « définit la stratégie de formation des acteurs de la fonction d?achat
de l?État et pilote l?offre de formation en la matière, propose toute mesure propre à renforcer la
professionnalisation de ces acteurs et à structurer leur parcours professionnel dans le cadre d?une
filière d?achats commune aux services de l?État et aux établissements publics »20 : la DAE a ainsi
développé, notamment en coopération avec l?institut de la gestion publique et du
développement économique (IGPDE), une offre d?une cinquantaine de formations organisées
en cinq cursus, dont certaines sont certifiantes : compétences transversales, manager,
acheteur/fondamentaux, acheteur/perfectionnement, acheteur/expert.
4.1.2. La direction de l?immobilier de l?État pourrait construire et animer une filière
immobilière pour proposer des parcours attractifs au sein de l?État
Afin d?apporter une réponse aux difficultés de recrutement constatées pour l?ensemble
des métiers de l?immobilier, au niveau national comme au niveau déconcentré, il semble
nécessaire de construire une filière immobilière qui permettrait de proposer aux agents
des parcours de carrière attractifs au sein de l?État.
Les principales difficultés identifiées sont les suivantes :
? le niveau insuffisant des rémunérations proposées pour des métiers spécialisés, compte
tenu de la concurrence avec le secteur privé mais également de la concurrence qui existe
entre les ministères ;
? le manque de valorisation de la compétence immobilière et le manque de perspective
d?évolution professionnelle pour des agents qui développent une expertise sur les
questions immobilières ;
? les freins à la mobilité entre ministères, voire entre directions d?un même ministère, en
raison de règles de gestion trop contraignantes, par exemple lorsque les agents issus des
corps techniques du ministère de la transition écologique souhaitent évoluer au sein du
ministère de l?économie et des finances ou au sein du ministère de l?intérieur.
La direction de l?immobilier de l?État serait la mieux placée pour faire émerger et pour
animer une telle filière des métiers immobiliers, son rôle dans l?animation des
directions immobilières ministérielles la positionnant de fait dans cette fonction.
Concrètement, cela passe en priorité par la construction d?un référentiel des principaux
métiers de l?immobilier et par la mise en place de grilles de rémunération transversales
attractives pour les contractuels et pour les fonctionnaires. Cette démarche constitue le
20 Décret n° 2016-247 du 3 mars 2016 créant la direction des achats de l?État et relatif à la gouvernance des achats
de l?État.
PUBLIÉ
Rapport
- 32 -
préalable indispensable pour faciliter la mobilité interministérielle, qui favorisera la
fidélisation des agents et améliorera l?attractivité de la fonction immobilière de l?État.
Le recensement des postes principaux d?encadrement et la construction interministérielle
d?une gestion prévisionnelle des emplois, des effectifs et des compétences (GPEEC) seraient
également prioritaire pour tenir compte du départ à la retraite prochain de nombreux agents.
Enfin, une animation régulière du réseau des responsables immobiliers des ministères
et l?association de la DIE à leur recrutement et à leur nomination (cf. infra) seraient
également des mesures fortes permettant l?émergence et la reconnaissance d?une véritable
filière professionnelle au sein de l?État.
Proposition n° 4 : structurer une filière interministérielle portant sur les différents
métiers de l?immobilier, animée par la direction de l?immobilier de l?État qui serait
chargée d?identifier les compétences requises, de recenser les postes concernés et de
proposer aux agents des parcours de carrière attractifs au sein de l?État, y compris avec
la mise en place d?une grille de rémunération interministérielle adaptée.
4.1.3. Les écoles du ministère de la transition écologique pourraient être davantage
mobilisées pour proposer des formations aux agents de la filière immobilière
Le ministère de la transition écologique dispose de corps techniques à vocation
interministérielle, qui sont compétents en matière de maîtrise d?ouvrage publique et en
matière bâtimentaire :
? les ingénieurs, des ponts, des eaux et des forêts (IPEF), dont la formation est assurée par
l?École des Ponts Paristech ;
? les ingénieurs des travaux publics de l?État (ITPE), dont la formation est assurée par
l?École nationale des travaux publics de l?État (ENTPE) ;
? les techniciens supérieurs du développement durable (TSDD) et les secrétaires
d?administration et de contrôle du développement durable (SACDD).
Pour les IPEF en sortie d?école, les ministères de tutelle de l?ENPC privilégient les
recrutements répondant à leur propre besoin sur des postes vacants, et limitent de fait
l?accès à la filière immobilière avec des ouvertures de poste très limitées pour les trois agences
de maitrise d?ouvrage ministérielles (APIJ, EPAURIF, OPPIC)21. Les IPEF recrutés récemment
expriment par ailleurs un intérêt fort pour les sujets « environnement-biodiversité »,
« climat », « agriculture » et « énergie »22, ce qui pose la question de leur intérêt pour les projets
immobiliers.
L?examen des postes proposés aux ITPE à leur sortie d?école, de même que les
témoignages des services chargés de la conduite de projets immobiliers, montre que ces
profils sont très appréciés pour leur expertise technique et pour leur capacité de pilotage de
projets parfois complexes. Ceux-ci constituent un vivier très intéressant pour la politique
immobilière de l?État, à condition de lever les obstacles qui peuvent exister pour leur
recrutement et de favoriser leur mobilité en dehors du ministère de la transition écologique.
Le développement de formations continues relatives à la maîtrise d?ouvrage permettrait
de consolider les compétences des agents chargés de la conduite d?opérations
immobilières qui peuvent se révéler complexes. Outre les formations initiales ou les
mastères et certificats spécialisés délivrés par l?ENPC et par l?ENTPE, le développement de
21 Sur les cinq dernières années, un poste a été proposé aux IPEF sortant d?école en 2017 (APIJ), en 2018 (APIJ) et
en 2019 (OPPIC), et aucune ouverture de poste en sortie d?école n?a été proposée à l?APIJ et à l?OPPIC depuis 2020.
L?EPAURIF n?a bénéficié d?aucune ouverture de poste depuis cinq ans.
22 CGAAER, CGEDD, « Ingénieurs au service de la Nation ? Regards sur les IPEF », septembre 2021.
PUBLIÉ
Rapport
- 33 -
formations continues, certifiantes ou plus ponctuelles, dans la conduite de projets complexes,
dans les thématiques émergentes liées aux transformations de la construction ou dans la
gestion de patrimoine permettrait de consolider les compétences des agents de la filière
immobilière dans son ensemble, et ceux de la maîtrise d?ouvrage en particulier.
Dans le même ordre d?idées, il serait par ailleurs souhaitable que la DIE puisse disposer
d?un siège au conseil d?administration de l?ENTPE, qu?elle soit associée à l?élaboration
des formations qui relèvent de son champ de compétence et à la définition pluriannuelle
des postes de sortie d?école proposés aux ITPE, voire à la constitution d?un flux régulier
de propositions de postes en sortie de l?ENPC.
4.2. Achever la complétude et la fiabilisation de la connaissance du parc
immobilier de l?État afin d?objectiver les besoins pluriannuels
4.2.1. Les données dont dispose la direction de l?immobilier de l?État restent lacunaires
et insuffisamment fiables
Le système d?information de l?immobilier de l?État (SIIE) est construit à partir
de deux ensembles de données :
? un module « RE-FX » pour l?inventaire physique et un module « FI-AA » pour l?inventaire
comptable qui appartiennent au système d?information financier de l?État (SIFE) ;
? des applications informatiques de la DIE, notamment le référentiel technique (RT) et
l?outil d?aide au diagnostic (OAD), disponibles depuis 2015.
Quatre éléments constitutifs de l?inventaire du patrimoine immobilier de l?État doivent
être réunis pour pouvoir développer une stratégie immobilière :
? l?inventaire physique, qui se rapporte à la nature du bien (type, lieu, surface, etc.) ;
? la valeur d?un bien, comptable et/ou commerciale ;
? le diagnostic technique, évolutif (état du bâtiment, conformité à la réglementation,
performance énergétique, accessibilité, etc.), qui permet d?anticiper les investissements ;
? le diagnostic économique qui comprend les coûts d?utilisation (fluides, gardiennage,
nettoyage, loyers, etc.) et les coûts d?entretien (locataire et propriétaire).
Pour appréhender au mieux ces quatre dimensions, la DIE a défini seize données prioritaires
réparties selon trois catégories (cf. tableau 5), qui sont renseignées de façon hétérogène selon
les catégories : les données générales sont les mieux renseignées (90 % de complétude), tandis
que les données d?exploitation sont très lacunaires (16 % de complétude). Le taux de
complétude global des données prioritaires s?établit à seulement 63 %, tandis que leur
niveau de cohérence est évalué à 73 %. Par ailleurs, la mission a relevé un écart de 15 Mm²
entre les données du référentiel technique et celles qui figurent dans le module RE-FX.
PUBLIÉ
Rapport
- 34 -
Tableau 5 : taux de complétude pour les seize données prioritaires du référentiel technique
Catégorie Donnée
Taux de
complétude moyen
Taux de
complétude global
Données
générales
Surface utile brute totale
112/125 = 90 %
148/235 = 63 %
Surface utile nette totale
Nombre de postes de travail
Loyer externe du bâtiment
Présence d?amiante
États techniques
État de santé général du bâtiment
25/40 = 63 %
État d?accessibilité général du bâtiment
Proximité des transports en commun
Présence d?une enquête de confort d?usage
Données
d?exploitation
Charges de fonctionnement
11/70 = 16 %
Consommation d?énergie finale annuelle
Consommation d?eau annuelle
Tri des déchets
Contrôles réglementaires (sécurité incendie,
installations électriques, ascenseurs)
Résultats des derniers contrôles
Réserves levées
Source : Mission.
4.2.2. Le développement du système d?information de l?immobilier de l?État n?a pas
permis de pallier le manque de qualité des données brutes
En 2017, il a été décidé de confier la responsabilité du système d?information de
l?immobilier de l?État (SIIE) à la DIE. Depuis cette date, la DIE a poursuivi l?information de
la politique immobilière de l?État en déployant de nouvelles applications, puis elle a arrêté son
schéma directeur en 2021 selon les quatre axes stratégiques suivants :
? la connaissance du parc et de ses occupations ;
? le partage et le soutien aux choix de stratégie immobilière ;
? l?excellence opérationnelle et le suivi du collectif ;
? le pilotage et le suivi de l?activité.
Selon la DIE, le budget annuel du SIIE se situe en fonction des années entre 3 M¤ et 4,5 M¤ et
mobilise une dizaine d?agents au sein du bureau DIE-1A, qui sont appuyés par des prestataires
représentant entre 14 ETP et 20 ETP externes selon les années23.
Les moyens importants déployés pour le développement du SIIE traduisent une
stratégie assumée de la DIE, qui mise sur le développement des outils informatiques et
sur l?amélioration de leur ergonomie afin de convaincre leurs interlocuteurs
ministériels de les utiliser davantage et ainsi améliorer la complétude et la qualité
globale des données collectées. La DIE dispose pourtant d?ores et déjà d?un volume de
données important qu?elle ne valorise pas, faute de pouvoir s?appuyer sur des effectifs de
statisticiens qui pourraient détecter les lacunes et les incohérences présentes dans les données
disponibles, les traiter systématiquement et proposer une stratégie de données robuste.
Par ailleurs, les efforts devraient être poursuivis auprès des gestionnaires de site et
auprès des MRPIE afin d?améliorer substantiellement la complétude et la qualité des
données renseignées dans le référentiel technique, par exemple en programmant des
campagnes de visite de l?ensemble des bâtiments du parc immobilier, en publiant des notes de
23 Cf. compte-rendu de la CNIP du 5 mai 2021 relative au schéma directeur du système d?information de
l?immobilier de l?État 2021-2024.
PUBLIÉ
Rapport
- 35 -
complétude et de cohérence par ministère, comme en Italie, ou en conditionnant l?octroi de
subventions à la qualité des données inscrites dans le référentiel technique.
4.2.3. Le développement d?outils de mesure de l?état patrimonial des bâtiments et
d?indicateurs physico-financiers partagés par l?ensemble des ministères est
indispensable pour poursuivre la valorisation du foncier public et la
rationalisation du parc immobilier de l?État
La connaissance lacunaire du parc immobilier et de son état de vétusté ne permet pas
aux décideurs de faire des choix éclairés sur le niveau d?investissement nécessaire pour
assurer le maintien en état du parc immobilier. Faute de disposer d?indicateurs permettant
de mesurer l?évolution de l?état de vétusté des bâtiments, les dépenses immobilières pâtissent
d?arbitrages défavorables :
? d?une part, au sein des budgets ministériels, les dépenses immobilières, dont les effets se
matérialisent souvent à long terme, peuvent être considérées comme une variable
d?ajustement permettant, en cas de besoin, de financer d?autres dépenses à court terme,
qui ont une visibilité politique plus forte ;
? d?autre part, au sein des budgets immobiliers, il existe un biais pour les projets nouveaux
au détriment des dépenses d?entretien récurrentes dont l?intérêt peut paraître moins
évident à court terme.
Pour surmonter cette difficulté et mieux éclairer les choix d?allocation budgétaires, il
apparaît indispensable de développer des outils permettant de mesurer l?état de vétusté
du parc et d?en déduire les besoins budgétaires correspondants, notamment par
les trois moyens suivants :
? arrêter une liste d?indicateurs de suivi physiques et physico-financiers portant sur l?état
du parc immobilier de l?État, partagés par l?ensemble des ministères et régulièrement
actualisés ;
? généraliser l?utilisation d?un outil de mesure fiable et commun à l?ensemble des
ministères de l?état de vétusté du parc immobilier de l?État, des besoins d?entretien et
des priorités selon l?intérêt stratégique du bien et en faire un outil pour assurer le
contrôle de gestion sur l?évolution du patrimoine ; à titre d?exemple, le ministère des
armées dispose d?un outil lui permettant d?élaborer une cartographie de performance de
son patrimoine immobilier en croisant, pour chaque ouvrage, son état technique et sa
priorité stratégique, ce qui lui permet d?orienter les stratégies de maintenance en
évaluant les budgets de maintenance nécessaires (entretien courant et gros entretien
renouvellement) et en fléchant les efforts selon les objectifs de performance retenus ;
? définir des montants moyens de gros entretien renouvellement et d?entretien courant
par m² qui pourraient servir de référence pour estimer les besoins financiers et, à partir
de ces données de référence, définir une méthodologie de mesure des besoins financiers
en matière de gros entretien renouvellement (« dette grise ») qui constituerait un outil
d?aide à la décision ; à titre d?exemple, le ministère chargé de l?écologie a établi en 2009
des fourchettes indicatives pour les principaux postes de coût (gestion, maintenance
courante, gros entretien , nettoyage) et pour les principaux types d?ouvrage (habitation,
bureau, enseignement, santé) qui pourraient être actualisées et servir de référence pour
les discussions budgétaires (cf. tableau 6).
Proposition n° 5 : afin d?objectiver les discussions budgétaires, définir des outils de
mesure de l?état de vétusté du parc immobilier de l?État et d?évaluation des moyens
budgétaires correspondants, partagés par l?ensemble des ministères et intégrant les
enjeux du décret tertiaire.
PUBLIÉ
Rapport
- 36 -
Tableau 6 : calcul du coût global d?un ouvrage (fourchettes de coût ? janvier 2009)
Poste
Bâtiments
d?habitation
Bâtiments de
bureau
Bâtiments
d?enseignement
Bâtiments de
santé
Gestion 1 à 2 ¤ HT/m² 2 à 4 ¤ HT/m² 2 à 4 ¤ HT/m² 3 à 7 ¤ HT/m²
Maintenance courante du
bâti
4 à 10 ¤ HT/m² 2 à 5¤ HT/m² 3 à 6 ¤ HT/m² 5 à 15 ¤ HT/m²
Maintenance courante des
équipements
3 à 6 ¤ HT/m² 8 à 15 ¤ HT/m² 5 à 10 ¤ HT/m² 10 à 30 ¤ HT/m²
Gros entretien ?
remplacement
10 à 30 ¤ HT/m² 8 à 15 ¤ HT/m² 15 à 20 ¤ HT/m² 20 à 40 ¤ HT/m²
Nettoyage 4 à 8 ¤ HT/m² 10 à 15 ¤ HT/m² 12 à 20 ¤ HT/m² 20 à 40 ¤ HT/m²
Note : Les valeurs usuelles sont des montants indicatifs, prenant en compte la surface du projet et des fourchettes de
coût au m² établies pour chacun des postes. Ces fourchettes constituent des ordres de grandeur moyens à l?échelle
nationale, ce qui n?exclut pas des montants supérieurs ou inférieurs pour certaines opérations.
Source : Ministère de l?écologie, de l?énergie, du développement durable et de l?aménagement du territoire, janvier 2009.
4.3. Renforcer la gouvernance en donnant toute sa dimension à l?État
propriétaire, incarné par la direction de l?immobilier de l?État
4.3.1. La stratégie immobilière de l?État pourrait utilement être enrichie afin de tenir
compte du ralentissement de la politique de cessions et des principaux enjeux
actuels
Selon le DPT dédié à la politique immobilière de l?État, les quatre objectifs de cette
politique sont les suivants :
? mieux connaître et valoriser le patrimoine immobilier de l?État ;
? rationaliser et optimiser la gestion immobilière de l?État ;
? moderniser et améliorer la performance énergétique du parc ;
? professionnaliser la fonction immobilière au sein de l?État.
En 2021, le Gouvernement a relevé que « la politique de cessions des biens devenus inutiles à
l?État et à ses établissements publics connaît un tournant sur la période 2018-2021 » et que « les
cessions s?inscrivent désormais dans le cadre d?une gestion du parc immobilier où les biens les plus
emblématiques ont été cédés » (cf. encadré 4). Ce constat pourrait conduire à faire évoluer la
stratégie immobilière de l?État, initialement centrée sur un important programme de cession
des bâtiments inadaptés ou devenus inutiles.
Encadré 4 : évolution du financement de la politique immobilière de l?État
Brique indispensable de la politique immobilière de l?État, les produits provenant du Domaine constituent pour l?État
une ressource non négligeable qui a fait l?objet depuis 2017 d?une redynamisation des redevances domaniales
(réactualisation des montants, recherche de nouvelles valorisations telles que le photovoltaïque). Pour autant, la
politique de cessions des biens devenus inutiles à l?État et à ses établissements publics connaît un tournant sur la période
2018-2021. Les cessions s?inscrivent désormais dans le cadre d?une gestion du parc immobilier où les biens les plus
emblématiques ont été cédés en apportant des recettes appréciables réaffectées à la politique immobilière de l?État.
Dans ce cadre, l?État recherche désormais des valorisations alternatives, principalement sous la forme de bail
emphytéotique, en complément de la redynamisation des redevances domaniales. [?]
Les dépenses d'entretien du propriétaire sont alimentées par des redevances domaniales et par une part des produits
de cessions : ces fonds dits « mutualisés » au profit de l'ensemble de la communauté interministérielle, permettent de
financer un socle d'entretien du propriétaire des immeubles de bureaux de l?État.
En la matière, la direction de l?immobilier de l?État a pour objectif de maintenir un niveau de 160 M¤ annuels. Ce niveau
de crédits d'entretien constitue un levier significatif pour orienter les actions de maintenance et d'adaptation du parc
domanial de bureaux. En fonction de la trésorerie du CAS, le maintien de cet étiage de 160 M¤ sur le triennal 2020-2022
doit assurer un socle minimum de crédits affectés à l'entretien des immeubles de bureaux.
Source : PLF 2022, DPT « Politique immobilière de l?État ».
PUBLIÉ
Rapport
- 37 -
La stratégie immobilière de l?État a vocation à apporter des réponses aux nombreux
défis auxquels les administrations sont confrontées :
? le décret tertiaire constitue un enjeu majeur en termes financiers et en termes de
maîtrise d?ouvrage publique ; l?atteinte des objectifs fixés à l?horizon 2030 nécessite
d?élaborer dès à présent une feuille de route stratégique pour la mise en conformité du
parc immobilier de l?État ;
? la valorisation du foncier public connaît une nouvelle dimension avec l?obligation
« zéro artificialisation nette » inscrite dans la loi n° 2021-1104 du 22 août 2021 portant
lutte contre le dérèglement climatique et renforcement de la résilience face à ses effets
(dite « climat et résilience »), et elle nécessite de concilier les objectifs de la politique
immobilière de l?État avec ceux de la politique du logement et des politiques
environnementales et climatiques ;
? le développement du télétravail et des tiers lieux dans la fonction publique, qui a fait
l?objet d?un accord avec les organisations syndicales en juillet 202124, ouvre des
perspectives nouvelles en termes d?organisation des espaces de travail et,
éventuellement, permettra de franchir une nouvelle étape d?optimisation du parc de
bureaux de l?État ;
? la stratégie de démétropolisation actuellement mise en oeuvre par la direction
générale des finances publiques et par plusieurs services du ministère de l?intérieur, qui
consiste à déplacer certains services d?administration centrale dans des villes de
province de taille moyenne, soulève également des questions nouvelles en termes de
répartition géographique des implantations qui constituent le parc immobilier de l?État.
4.3.2. Il serait précieux que la direction de l?immobilier de l?État pilote et anime
davantage le réseau interministériel des directions immobilières et le réseau des
responsables régionaux, et leur apporte son expertise technique et juridique
En préalable à la mutualisation de l?ensemble des ressources humaines au sein d?une
entité publique opérationnelle dédiée, il serait très utile que la DIE pilote et anime un réseau
constitué des directions immobilières des différents ministères, qui pourraient tirer avantage
de retour d?expériences et de partages de bonnes pratiques, et des missions régionales de la
politique immobilière de l?État, dans leur forme actuelle ou dans leur forme future (cf. infra).
Le pilotage et l?animation d?un réseau interministériel par la DIE pourrait s?appuyer sur
les leviers suivants :
? la poursuite du développement des formations proposées aux agents ;
? la tenue régulière de réunions d?informations et d?échanges à destination des
responsables des directions immobilières et des responsables régionaux, afin
d?assurer une circulation fluide de l?information disponible au niveau national et de
favoriser le partage d?expériences entre les différents acteurs, qui sont généralement
confrontés aux mêmes problématiques ;
? la constitution d?un centre de ressources et d?expertise technique et juridique au
sein de la DIE, sur lequel les ministères et les MRPIE pourraient s?appuyer lorsqu?ils sont
en difficulté face à des problématiques ponctuelles et spécifiques auxquelles ils n?ont pas
l?habitude de répondre ;
24 Accord relatif à la mise en oeuvre du télétravail dans la fonction publique, signé le 13 juillet 2021 et publié
au Journal officiel du 3 avril 2022.
PUBLIÉ
Rapport
- 38 -
? l?association de la DIE à la nomination des principaux agents responsables de
l?immobilier au sein des ministères, dans un premier temps pour favoriser
l?identification de profils adaptés et, dans un second temps, pour donner un avis sur le
recrutement final ; à titre de comparaison, le directeur des achats de l?État donne un avis
sur le recrutement des responsables des PFRA par les préfets de région.
Une réflexion sur les évolutions possibles de la relation entre la DIE et la DAE serait également
souhaitable, afin de faciliter la conduite des procédures d?achat immobilier les plus spécifiques
et de garantir une réponse adaptée au besoin exprimé.
4.3.3. Il serait de bonne gouvernance d?attribuer à la direction de l?immobilier de l?État
un pouvoir d?avis conforme aux projets immobiliers les plus structurants et
d?alléger son contrôle sur les projets à faible enjeu
La procédure de labellisation des projets immobiliers de bureau, de logement et
d?enseignement des services de l?État et des opérateurs constitue un des principaux
outils à la disposition de la DIE pour favoriser la rationalisation du parc immobilier de
l?État. Cette procédure mise en place depuis 2016 poursuit les trois objectifs suivants :
? s?assurer de la performance technique, économique et énergétique des projets
immobiliers, avant leur lancement et leur intégration dans la programmation budgétaire
des ministères, des opérateurs ou des services déconcentrés ;
? professionnaliser le montage des projets immobiliers ;
? objectiver la décision immobilière.
Tableau 7 : gouvernance de la procédure de labellisation
Province : projets < 5 M¤
Île-de-France : projets < 8 M¤
Province : projets > 5 M¤
Île-de-France : projets > 8 M¤
Services de l?État RRPIE CNIP
Opérateurs de l?État RRPIE CNIP
Services déconcentrés CRIP CNIP
Projets mixtes CRIP CNIP
Source : DIE.
La procédure de labellisation des projets à fort enjeu par la CNIP souffre toutefois
de deux limites :
? d?une part, les interlocuteurs rencontrés par la mission soulignent que la CNIP intervient
tardivement dans le calendrier des projets, de sorte que la labellisation revêt un
caractère formel qui ne permet pas d?améliorer le projet, même si elle favorise les
échanges préalables avec la DIE ;
? d?autre part, les recommandations formulées par la CNIP ont un caractère uniquement
consultatif, ce qui amoindrit leur portée effective.
Le caractère contraignant de l?avis rendu par la CNIP devrait par conséquent être
renforcé, par exemple sous la forme d?un avis conforme qui ne pourrait être outrepassé que
par une décision du ministre chargé des finances. En contrepartie, la procédure de labellisation
pourrait être recentrée sur les projets immobiliers les plus structurants et être allégée, voire
supprimée pour les projets à faible enjeu. Dans le même ordre d?idée, une réflexion pourrait
être conduite au niveau régional afin d?assouplir les labellisations des projets portés par les
services déconcentrés.
PUBLIÉ
Rapport
- 39 -
Proposition n° 6 : recentrer le rôle de la conférence nationale de l?immobilier
public (CNIP) en prévoyant un avis conforme et non plus seulement consultatif pour les
projets immobiliers les plus structurants, et en renonçant à labelliser les projets à faible
enjeu. Au niveau régional, permettre aux acteurs locaux de développer des processus de
labellisation simplifiés et réactifs.
4.3.4. Il serait judicieux de permettre à la direction de l?immobilier de l?État de gérer
l?ensemble des dépenses de l?État propriétaire afin de donner davantage de
lisibilité aux modalités de financement de la politique immobilière de l?État et de
préparer la mise en oeuvre du décret tertiaire
L?architecture budgétaire actuelle traduit la dispersion des crédits dédiés au
financement des dépenses immobilières, avec une lisibilité limitée pour les décideurs
et pour le Parlement :
? le DPT dédié à la politique immobilière de l?État recense 45 programmes budgétaires
porteurs de dépenses immobilières au sein du budget de l?État, auxquels s?ajoutent
16 autres programmes « concourant » à la politique immobilière de l?État, soit un total
de 61 programmes budgétaires concernés par cette politique publique ;
? au niveau local, les préfectures de région doivent gérer les crédits en provenance du
programme 723 « opérations immobilières et entretien des bâtiments de l?État » et du
programme 354 « administration territoriale de l?État », mais également ceux du
programme 348, dédié au programme de rénovation des cités administratives, et du
programme 362, qui porte les crédits dédiés au volet immobilier du plan de relance ; à
titre illustratif, cinq supports budgétaires différents25 vont être mobilisés pour le
financement du projet de rénovation de la cité administrative de Lyon, ce qui
suscite des difficultés opérationnelles importantes pour les porteurs du projet.
Ce manque de lisibilité de la comptabilité budgétaire se conjugue à une absence de
valorisation des données de comptabilité générale qui figurent dans le compte général
de l?État, qui devraient pourtant permettre de disposer d?une lecture patrimoniale de
l?état du parc immobilier. Ces données souffrent de deux fragilités :
? d?une part, leur qualité dépend étroitement de la fiabilité des données d?inventaire
physique du parc immobilier de l?État, qui reste largement perfectible (cf. supra) ;
? d?autre part, la norme comptable appliquée conduit à valoriser les logements et les
bureaux à leur valeur vénale (appréhendée à partir de la valeur observée dans les
transactions récentes réalisées sur des immobilisations présentant les mêmes
caractéristiques, dans des circonstances similaires et dans une zone géographique
comparable sous l?angle du marché immobilier), selon une logique économique, et non à
leur valeur comptable amortie, qui constituerait un meilleur outil de pilotage pour les
gestionnaires ; cette situation doit évoluer à compter du 1er janvier 2024, date à
laquelle les bâtiments de bureau seront valorisés selon leur coût historique
amorti.
Afin d?assurer un financement de la politique immobilière de l?État dans le cadre d?une
gestion pluriannuelle permettant d?arbitrer entre les contraintes liées aux besoins des
occupants et les intérêts patrimoniaux de l?État, l?IGF a proposé en 2015 d?unifier les
moyens budgétaires de l?État propriétaire en créant un budget annexe. La mission
25 Programme 348 « rénovation des cités administratives et autres sites domaniaux multi-occupants » pour le
financement du projet, programme 148 « fonction publique » pour le financement du restaurant inter-administratif,
programme 156 « gestion fiscale et financière de l? État et du secteur public local » et programme 220 « statistiques
et études économiques » pour le financement du mobilier des services occupants (DGFiP et Insee), compte de
commerce 907 pour le financement de l?exploitation-maintenance.
PUBLIÉ
Rapport
- 40 -
estimait alors que, d?un point de vue budgétaire, la création d?un budget annexe permettrait de
rassembler sur un support budgétaire l?ensemble des moyens de l?État propriétaire et que, d?un
point de vue économique, une telle création permettrait de donner un sens économique et
patrimonial au rôle d?État propriétaire (cf. encadré 5).
Encadré 5 : la création d?un budget annexe a été proposée en 2015
La création d?un budget annexe permettrait une rénovation profonde des instruments de la politique
immobilière de l?État et renforcerait la logique patrimoniale de l? « État-propriétaire ».
D?un point de vue budgétaire, la création d?un budget annexe « Politique immobilière de l?État » (BAPIE)
permettrait de rassembler sur un support budgétaire l?ensemble des moyens de l?État-propriétaire et ce
faisant, de :
? accroître la transparence vis-à-vis du Parlement sur les crédits immobiliers, dans la logique initiée
par le document de politique transversale (DPT) ;
? développer la logique de performance et de justification au premier euro plus cohérente avec la
logique immobilière qu?est celle de la politique immobilière de l?État ;
? mettre en vis-à-vis les ressources tirées du patrimoine immobilier (produits de cession, crédits
budgétaires d?entretien lourd, loyers budgétaires, redevances domaniales) et les dépenses pour
assurer son occupation et sa valorisation (entretien lourd du propriétaire, acquisitions) ;
? donner une souplesse au propriétaire-gestionnaire dans la gestion de ses investissements
(fongibilité budgétaire accrue) ;
? en cas de dépassement des recettes effectives du budget annexe par rapport aux prévisions de la loi
de finances, faciliter l?affectation des crédits excédentaires au budget général.
D?un point de vue économique, une telle création permettrait de donner un sens économique et
patrimonial au rôle d? « État-propriétaire » en :
? donnant un sens aux loyers budgétaires versés par les occupants, en les affectant véritablement au
financement des investissements dans le patrimoine occupé ;
? mutualisant les produits de cession, qui ne seraient plus directement reversés aux occupants, et qui
seraient au contraire optimisés dans le temps ;
? déterminant une véritable politique de gestion d?actifs grâce à une présentation en comptabilité
générale.
Source : IGF, « Rénovation du cadre institutionnel et modernisation des outils de la politique immobilière de l?État »,
novembre 2015.
Malgré sa pertinence, cette solution s?est heurtée aux difficultés suivantes :
? la direction du budget estime que la création d?un budget annexe ne serait pas conforme
à l?article 18 de la LOLF qui dispose que les budgets annexes sont réservés aux
opérations des services de l?État « résultant de leur activité de production de biens ou de
prestation de services donnant lieu au paiement de redevances » ;
? la suppression des loyers budgétaires en LFI 2019 a fait disparaître la principale recette
qui aurait pu être affectée à un budget annexe ;
? dans sa forme actuelle, la comptabilité générale n?est pas adaptée à un pilotage
patrimonial de la politique immobilière de l?État (cf. supra).
La création d?une mission budgétaire qui rassemblerait l?ensemble des crédits
correspondants aux dépenses de l?État propriétaire, même si elle n?est pas exempte de
difficultés opérationnelles, permettrait d?apporter de la lisibilité aux dépenses
immobilières, tout en rendant impossible la fongibilité avec d?autres dépenses. Les
dépenses immobilières bénéficieraient ainsi d?une transparence accrue qui favoriserait leur
suivi dans le temps, sur une base pluriannuelle, et permettrait de susciter un débat sur la
remise à niveau progressive des crédits immobiliers et sur les modalités de prise en compte
des impacts du décret tertiaire.
PUBLIÉ
Rapport
- 41 -
En pratique, cette mission serait constituée à partir des crédits qui sont aujourd?hui
retracés au sein du DPT dédié à la politique immobilière de l?État, ce qui permettrait de
mettre fin à la dispersion des budgets existants.
Chaque ministère formulerait ses demandes de crédits dans le cadre des conférences
immobilières existantes, dont le rôle serait ainsi renforcé. La DIE porterait ensuite
l?ensemble des demandes budgétaires exprimées, en formulant un avis sur leur pertinence et
sur leur caractère prioritaire. Les arbitrages seraient ensuite rendus par ministère, puis la
gestion des crédits reviendrait aux ministères et aux préfectures de région par le biais de
budgets opérationnels de programme (BOP) dédiés, selon une architecture semblable à celle
qui existe aujourd?hui sur le programme 723. Le cas échéant, en cas de difficulté budgétaire ou
de retard pris par un projet en gestion, la DIE pourra intervenir pour procéder à des
redéploiements entre BOP.
Les principaux ministères concernés par cette évolution seraient le ministère de
l?économie et des finances, le ministère de la justice et le ministère de l?intérieur
(cf. graphique 4). Compte tenu de leur spécificité, les crédits dédiés au patrimoine immobilier
du ministère des armées et aux prisons pourraient être maintenus au sein des budgets
ministériels existants.
Proposition n° 7 : créer une nouvelle mission budgétaire qui rassemblerait, sur
un premier programme, l?ensemble des crédits dédiés au gros entretien
renouvellement (GER) du parc immobilier de l?État et, sur un second programme, les
crédits dédiés aux nouveaux projets.
Le CAS serait maintenu à ce stade, afin que les produits de cession et les redevances
actuellement perçues continuent d?être affectés au financement de la politique immobilière de
l?État, ce qui constitue un marqueur important pour l?ensemble des acteurs de cette politique
publique. En revanche, le principe du retour automatique des produits de cession aux
ministères qui les réalisent serait supprimé (sauf pour le ministère des armées), la DIE ayant
toute latitude pour répartir les autres produits de cession et de redevances. Une telle évolution
s?inscrirait dans une démarche d?affirmation de l?État propriétaire, chargé de la valorisation de
son parc immobilier et donc destinataire logique des produits de cession.
La suppression du CAS pourrait également être envisagée, afin d?accroître la lisibilité de
l?architecture budgétaire, à condition de prévoir une clause de retour des produits de cession
pour le ministère des armées et d?admettre que la DIE ne disposera plus de levier budgétaire
pour inciter les occupants à rationaliser leur parc.
Graphique 4 : dépenses annuelles moyennes sur la période 2019-2022 (AE, en Md¤)
* Affaires étrangères, affaires sociales ? travail, agriculture, culture, transition écologique, services du Premier ministre.
Source : Mission, à partir des DPT successifs (moyenne des engagements en AE sur la période 2019-2022).
PUBLIÉ
Rapport
- 42 -
4.3.5. Le positionnement et la légitimité institutionnelle de la direction de l?immobilier
de l?État, de même que sa capacité à recruter des profils adaptés, seraient
renforcés si elle était autonome et placée directement sous l?autorité du ministre
chargé des finances
Du fait de l?importance des missions qui lui seraient confiées et de ses attributions
complémentaires, les évolutions recommandées par la mission conduisent logiquement
à placer la direction de l?immobilier de l?État sous l?autorité directe du ministre des
finances. Les cas étudiés dans le parangonnage vont dans le sens de l?autonomisation pour
accélérer la constitution d?un vrai métier immobilier, et il existe d?ailleurs des précédents
d?entités dédiées dans l?organisation de la gestion d?actifs publics en France, par exemple
l?Agence des participations de l?État.
En effet, l?autonomisation de la DIE permettrait d?accélérer la professionnalisation de la
fonction immobilière. En termes de recrutement, le vivier de la DGFiP ne peut pas répondre
seul aux enjeux de la politique immobilière de l?État, qui nécessitent des profils sur toute la
gamme des métiers techniques de l?immobilier et des agents qui fassent le choix d?un parcours
et non d?une étape au sein de la fonction immobilière.
Par ailleurs, un tel rattachement donnerait une légitimité accrue à la direction de
l?immobilier de l?État pour promouvoir les objectifs de la politique immobilière de l?État,
d?une part, au sein des ministères économiques et financiers et, d?autre part, vis-à-vis des
autres ministères.
Vu l?importance des supports apportés à la DIE par la DGFiP, il serait judicieux qu?une
convention de services soit établie avec la DGFiP afin d?assurer une transition fluide,
notamment en matière de ressources humaines et de systèmes d?information.
Proposition n° 8 : ériger la direction de l?immobilier de l?État en direction autonome
placée directement sous l?autorité du ministre chargé des finances, et conclure une
convention de services avec la direction générale des finances publiques, notamment en
matière de ressources humaines et de systèmes d?information.
4.4. Franchir une nouvelle étape de la professionnalisation de la fonction
immobilière en mutualisant les ressources humaines et les compétences
spécialisées déjà existantes
4.4.1. La constitution d?une agence de la maîtrise d?ouvrage publique permettrait de
professionnaliser la fonction immobilière et de prendre en charge les opérations
des administrations territoriales de l?État
Les investigations conduites par la mission ont mis en évidence les difficultés auxquelles
sont confrontées les préfectures de région en matière de conduite d?opérations
immobilières, dans un contexte où cette compétence a connu une attrition importante au sein
de l?État, principalement due au désengagement progressif des services territoriaux du
ministère de la transition écologique.
Pourtant, des ressources existent au sein des trois agences ministérielles (APIJ,
EPAURIF, OPPIC), qui ont démontré leur niveau élevé d?expertise en matière de maîtrise
d?ouvrage, mais également au sein des services déconcentrés du ministère de
l?économie et des finances (SAFI-GIM devenus SIEP-BIMO) et du ministère de
l?intérieur (SGAMI). Des ressources consacrées à la conduite de projet et à la gestion
technique de patrimoine sont également identifiées au sein des directions interrégionales du
ministère de la justice et au sein des rectorats du ministère de l?éducation nationale.
PUBLIÉ
Rapport
- 43 -
Afin de répondre aux difficultés structurelles des administrations territoriales de l?État
pour la conduite de leurs opérations immobilières et pour la gestion technique de leur
patrimoine, une mutualisation des ressources existantes devrait être envisagée, qui
permettrait d?atteindre la taille critique nécessaire pour générer des gains d?efficience, pour
renforcer les compétences et la robustesse des équipes et pour gérer un plan de charge
permettant d?absorber les pics et les ralentissements de charge et pour professionnaliser la
gestion technique du patrimoine. Cette transformation pourrait être réalisée en deux étapes :
? en premier lieu, la fusion des trois agences ministérielles existantes, dont
l?intervention pourrait être élargie aux projets complexes de tous les ministères,
en contrepartie de la fixation d?une grille de rémunération attractive, d?une
garantie du maintien du plafond d?emplois pendant cinq ans et, le cas échéant,
d?une réflexion transparente sur l?adéquation entre un plan de charge à la hausse
qui sera confié à l?agence et le dimensionnement de ses moyens humains ; une telle
fusion permettrait de constituer une agence plus attractive (331 ETP, cf. tableau 8) à
partir de trois agences de taille modeste, tout en apportant une réponse aux réflexions
de ces trois agences qui, au-delà de la spécificité apparente du parc immobilier qu?elles
couvrent, conduisent déjà ou aspirent à conduire des opérations en dehors de leur
champ thématique ou géographique ; elle permettrait de répondre en priorité aux
difficultés rencontrées pour constituer des maitrises d?ouvrage solides sur des projets
difficiles ; à court terme, cette fusion pourrait être préparée en autorisant
les trois agences à conduire des opérations en dehors de leur champ d?intervention
habituel, pour le compte d?autres ministères ;
? en deuxième lieu, l?absorption par cette nouvelle agence des SIEP-BIMO et
des SGAMI afin de constituer un réseau d?antennes régionales de l?agence (ce qui paraît
accessible par superposition des implantations actuelles de ces deux réseaux,
cf. tableau 8) ; avant cette absorption, les préfets de région pourraient, à titre temporaire,
exercer un pilotage plus important des plans de charge de ces services afin de répondre
aux besoins de maîtrise d?ouvrage des administrations territoriales de l?État ; après cette
absorption, il sera nécessaire de définir la répartition des responsabilités entre les
préfets et l?agence pour que ses antennes régionales répondent aux besoins territoriaux ;
? à terme, les directions interrégionales du ministère de la justice et les services
immobiliers des rectorats pourraient également rejoindre l?agence.
Compte tenu de leur expertise technique, ces antennes territoriales pourraient apporter leur
soutien dans la professionnalisation à conduire sur le pilotage de la gestion courante des
bâtiments (facility management).
Tableau 8 : création d?une agence de la maîtrise d?ouvrage
Effectifs Implantations
APIJ 137 Siège au Kremlin-Bicêtre et une antenne en Guadeloupe
EPAURIF 69 Siège à Paris
OPPIC 125 Siège à Paris
Fusion des trois opérateurs
ministériels
331 -
SIEP-BIMO (ex SAFI-GIM) 68 Six antennes (Lyon, Marseille, Nantes, Noisy, Strasbourg, Toulouse)
Directions immobilières
des SGAMI
571 Sept antennes (Bordeaux, Lille, Lyon, Marseille, Metz, Paris, Rennes)
Directions interrégionales du
secrétariat général
115
Neuf antennes du secrétariat général (hors services déconcentrés
de la direction de l?administration pénitentiaire)
Services immobiliers des
rectorats
160 Ingénieurs régionaux de l?équipement
Total 1 245 -
Note : Les effectifs des trois agences ministérielles correspondent à leur plafond d?emplois du PLF 2022, mais ces
agences peuvent bénéficier d?autorisations supplémentaires selon leur plan de charge.
Source : Mission.
PUBLIÉ
Rapport
- 44 -
Proposition n° 9 : créer une agence de la maîtrise d?ouvrage qui rassemblerait par
étapes les effectifs des trois agences ministérielles existantes ainsi que les effectifs des
services déconcentrés chargés de piloter la maîtrise d?ouvrage et la gestion technique
du patrimoine au niveau territorial (SIEP-BIMO, directions immobilières des SGAMI,
antennes immobilières du secrétariat général du ministère de la justice, services
immobiliers des rectorats), et qui aurait vocation à intégrer à terme la future agence
représentant l?État propriétaire.
La réunion des moyens existants au sein d?une agence unique ne permettra toutefois pas à elle
seule de résoudre l?ensemble des difficultés identifiées en matière de conduite d?opérations
immobilières, notamment au niveau déconcentré :
? l?agence de la maîtrise d?ouvrage devrait ainsi disposer d?un plan de charge pluriannuel
et de moyens adaptés ;
? les administrations occupantes, bénéficiaires des services de l?agence, devront être
dotées d?une organisation rénovée afin de pouvoir exprimer correctement leurs besoins
et de dialoguer avec l?agence.
4.4.2. La mise en place d?un réseau régional de la direction de l?immobilier de l?État
permettrait de consolider les moyens déjà existants au niveau déconcentré afin
d?assurer la gestion du propriétaire et de proposer une stratégie de valorisation
plus efficace
Afin de traduire l?autonomie de la DIE également au niveau déconcentré, il serait logique
de constituer un réseau régional de la politique immobilière de l?État sur la base des
emplois actuellement identifiés au sein des MRPIE, au sein des pôles de gestion
domaniale (PGD) et au sein des services locaux des domaines (SLD), en consolidant les
emplois supplémentaires alloués aux MRPIE dans le cadre du plan de relance, soit un total
de 509 ETP au niveau déconcentré (cf. tableau 9). Ce réseau régional serait maintenu sous
l?autorité fonctionnelle du préfet de région et dorénavant placé sous l?autorité hiérarchique de
la DIE. Il conforterait le pouvoir de contrôle des préfets de région et leur permettrait d?exercer
pleinement leurs prérogatives immobilières.
En revanche, les services chargés de la mission d?évaluation domaniale (direction
nationale des interventions domaniales et pôles d?évaluation domaniale) resteraient
positionnés au sein de la DGFiP. La mission n?a pas approfondi ce sujet mais elle estime
qu?une réflexion sur les objectifs et les modalités de mise en oeuvre de la mission d?évaluation
assurée par l?État pourrait être ouverte.
Proposition n° 10 : doter la direction de l?immobilier de l?État d?un réseau régional placé
sous l?autorité fonctionnelle des préfets de région, qui rassemblerait les effectifs
des missions régionales de la politique immobilière de l?État, des pôles de gestion
domaniale et des services locaux des domaines.
PUBLIÉ
Rapport
- 45 -
Tableau 9 : effectifs des services de la DGFiP chargés de la gestion immobilière, de la gestion
domaniale et de l?évaluation domaniale
(en ETP)
Administration
centrale
Services
déconcentrés
Responsable de la politique immobilière de l?État (MRPIE) 12,0 63,1
Pôles de gestion domaniale (PGD) - 150,7
Services locaux des domaines (gestion courante) - 295,0
Évaluation, conseil, expertise 54,5 -
Gestion du patrimoine immobilier de l?État 18,0 -
Programmation et exécution des opérations budgétaires
domaniales
9,0 -
Constitution d?un réseau autonome 93,5 508,8
Direction nationale des interventions domaniales (DNID) 14,0 -
Pôles d?évaluation domaniale (PED) 25,0 427,0
Maintien au sein de la DGFiP 39,0 427,0
Source : DGFiP, enquête SAGERFiP.
4.4.3. À terme, l?agence de la maîtrise d?ouvrage et le réseau régional de la direction de
l?immobilier de l?État pourraient être fusionnés afin de constituer la future
agence représentant l?État propriétaire, chargée d?accompagner les ministères
dans la gestion de leur immobilier
La constitution d?une agence de la maîtrise d?ouvrage, chargée de la conduite des projets
immobiliers, et d?un réseau régional de la direction de l?immobilier de l?État, chargés de
la gestion du propriétaire et de la valorisation du parc immobilier de l?État, constituent
les étapes qui permettraient ensuite d?envisager la mutualisation de l?ensemble des
métiers de l?immobilier au sein d?une entité opérationnelle dédiée (cf. supra).
Cette entité opérationnelle dédiée pourrait en outre apporter un soutien à l?ensemble des
occupants en termes de gestion de l?exploitation et de la maintenance des bâtiments (facility
management).
La constitution d?une telle agence représentant l?État propriétaire, mutualisant
l?ensemble des agents et des compétences liées à la gestion immobilière et à la
valorisation du parc immobilier de l?État, serait la conséquence logique de la
transformation recommandée par la mission. Elle constituerait in fine l?instrument
indispensable pour assurer la professionnalisation de la fonction immobilière au sein de l?État.
Deux étapes supplémentaires pourront alors être envisagées pour aller plus loin dans
la transformation : la mise en place de loyers, afin de matérialiser la séparation entre l?État
propriétaire et les occupants (cf. supra), puis le transfert de la propriété des biens à l?agence,
afin d?aller au bout de la logique patrimoniale.
PUBLIÉ
Rapport
- 46 -
CONCLUSION
La politique immobilière de l?État est intrinsèquement complexe.
Elle l?est par la nature même de l?immobilier qui constitue à la fois un patrimoine d?actifs à
maintenir, à développer et à valoriser dans un horizon de temps pluriannuel et un
instrument quotidien essentiel de l?environnement de travail et de l?accueil du public
sans compter la couverture de besoins spécifiques techniques de toute nature pour ses
utilisateurs. Cet instrument se doit d?être géré au coût le plus juste sans dégrader sa
valeur en gérant beaucoup d?arbitrages, notamment entre le court et le moyen terme,
entre la dépense immobilière et d?autres dépenses, dont la sensibilité immédiate est
plus forte, entre des arguments rationnels et des ressentis qui le sont moins, mais qui
sont une caractéristique du rapport psychologique à l?immobilier. Cette complexité
s?enrichit aujourd?hui des enjeux des grandes mutations que portent la transition
énergétique vers un monde décarboné, les transformations numériques et les
profondes évolutions plus récentes du monde du travail, notamment du fait du
télétravail.
Comme le montre le parangonnage auquel a procédé la mission, de nombreuses communautés
humaines ont considérablement fait évoluer leur fonction immobilière pour être en mesure
d?affronter tous ces défis. Si des modalités peuvent varier, notamment le choix ou pas de la
fonciérisation, les grandes tendances sont identiques autour de l?émergence d?un
véritable métier immobilier dans tous ses segments dans des entités dédiées pour
regrouper les compétences critiques et attirer des talents sur des marchés du travail en
forte concurrence. Cette création d?un métier immobilier permet aussi de faire monter
en compétences les occupants dans la définition de leurs besoins dans un dialogue
interactif.
La complexité de l?immobilier est de surcroît singulière pour l?État, dont la nature ajoute
aux caractéristiques de l?immobilier des dimensions historiques, monumentales,
symboliques, régaliennes et d?aménagement du territoire.
C?est-dire combien le besoin de disposer d?une gouvernance efficace pour gérer les
arbitrages et d?équipes dont les compétences se situent durablement au niveau des
meilleures pratiques est encore plus crucial. Là aussi, comme le montre le parangonnage
européen, les pays qui n?ont pas entrepris de transformations en profondeur sur
plusieurs années sont aujourd?hui devenus minoritaires.
Après les premières reconversions au sein du ministère des armées liées à la suppression du
service militaire et aux restructurations de l?appareil de défense dans les années 1990, la
France a commencé, elle aussi, plutôt en précurseur d?ailleurs, au milieu des années 2000 à
structurer une politique immobilière dont la première phase a été marquée par une politique
active de cessions. Une nouvelle étape a été franchie dans les années 2010, qui a permis de
nouveaux progrès en ce qui concerne la fonction propriétaire sur fond de création d?agences
techniques qui ont permis d?améliorer la gestion opérationnelle des projets. Mais force est de
constater que dans le même temps, les compétences, la gouvernance, les outils et les
équipes sont demeurés fragmentés tandis que la politique de cessions ralentissait. Pour
affronter les défis d?aujourd?hui, il apparaît donc nécessaire à la mission de rassembler les
compétences avec un fil rouge, celui de la structuration d?un véritable métier
immobilier. Cela est d?autant plus nécessaire que cette montée en gamme permettra aussi de
passer d?une logique de politique de cessions à une politique de valorisation au sens
création de valeur de toute nature, tout en faisant face aux nouveaux besoins opérationnels.
PUBLIÉ
Rapport
- 47 -
Tableau 10 : liste des propositions
Cartographie des structures chargées du suivi
et de la mise en oeuvre de la politique immobilière de l?État
Confier la mission de représenter l?État propriétaire et d?accompagner les occupants publics sur
l?ensemble de la chaine des besoins immobiliers à une entité publique opérationnelle dédiée, placée
sous la tutelle de la DIE et dotée d?antennes régionales. Cette agence, bras armé opérationnel de la
politique immobilière de l?État, assurerait la gestion du propriétaire, la conduite de projet et la
valorisation du patrimoine foncier et de l?immobilier de bureaux de l?ensemble des ministères (hors
ministère des armées et biens situés à l?étranger) et, selon des règles à définir, celles des opérateurs de
l?État, et elle apporterait son expertise en matière de maîtrise d?ouvrage pour l?ensemble du parc
immobilier de l?État. Elle serait soit affectataire, soit propriétaire des biens dont elle assurerait la
gestion.
Proposition n° 1 du rapport de synthèse
Renforcer une direction de l?immobilier de l?État, directement placée sous l?autorité du ministre chargé
des finances, qui serait tout à la fois une direction de stratégie pour l?ensemble du patrimoine
immobilier de l?État et une direction immobilière sur le patrimoine de bureaux. Elle serait chargée de
définir les orientations stratégiques de la politique immobilière de l?État, de porter les arbitrages
interministériels et d?assurer la tutelle de la future agence représentant l?État propriétaire.
Proposition n° 2 du rapport de synthèse
Maintenir la gestion par les ministères de leur immobilier technique, tout en leur laissant la possibilité
d?en déléguer la gestion à l?agence.
Prévoir une nouvelle mission d?inspection au plus tard en 2026, afin d?évaluer les transformations
mises en oeuvre et le degré de maturité de la politique immobilière de l?État et de mesurer sa capacité
à franchir une nouvelle étape.
Ériger la direction de l?immobilier de l?État en direction autonome, placée directement sous l?autorité
du ministre chargé des finances, et conclure une convention de services avec la direction générale des
finances publiques, notamment en matière de ressources humaines et de systèmes d?information.
Proposition n° 8 du rapport de synthèse
Doter la direction de l?immobilier de l?État d?un réseau régional placé sous l?autorité fonctionnelle des
préfets de région, qui rassemblerait les effectifs des missions régionales de la politique immobilière de
l?État, des pôles de gestion domaniale et des services locaux des domaines.
Proposition n° 10 du rapport de synthèse
Maintenir la direction nationale des interventions domaniales (DNID) et les pôles d?évaluation
domaniale (PED) au sein de la direction générale des finances publiques (DGFiP). Ouvrir une réflexion
sur les objectifs et les modalités de mise en oeuvre de la mission d?évaluation assurée par l?État.
Améliorer les synergies entre les secrétariats généraux et les directions à réseau ayant conservé des
structures de gestion de l?immobilier : ministères économiques et financiers, ministère de l?intérieur
et ministère de la justice.
Clarifier les objectifs fixés à la nouvelle agence de gestion de l?immobilier de l?État (AGILE) et ses
modalités d?intervention.
Étendre le périmètre des trois agences ministérielles existantes (APIJ, EPAURIF, OPPIC) pour les
autoriser à intervenir au-delà de leur champ ministériel et, pour l?EPAURIF, sur l?ensemble du territoire
national.
Préfigurer la mise en place d?antennes régionales de conduite de projet et de gestion technique du
patrimoine qui regrouperont les moyens des principaux services ministériels chargés de la gestion
immobilière (SIEP-BIMO, directions immobilières des SGAMI) en permettant au préfet de région de
piloter et de coordonner les plans de charge de ces services.
Créer une agence de la maîtrise d?ouvrage qui rassemblerait par étapes les effectifs des trois agences
ministérielles existantes ainsi que les effectifs des services déconcentrés chargés de piloter la maîtrise
d?ouvrage et la gestion technique du patrimoine au niveau territorial (SIEP-BIMO, directions
immobilières des SGAMI, antennes immobilières du secrétariat général du ministère de la justice,
services immobiliers des rectorats), et qui aurait vocation à intégrer à terme la future agence
représentant l?État propriétaire.
Proposition n° 9 du rapport de synthèse
Étendre le champ de la prochaine génération de schémas directeurs immobiliers régionaux (SDIR) au
foncier et à l?immobilier de bureaux de l?ensemble des ministères (hors sites sécurisés du ministère
des armées) et des principaux opérateurs sur le territoire (notamment les agences régionales de santé
et les antennes de Pôle emploi), en permettant au préfet de région d?élargir le périmètre du SDIR si cela
lui paraît opportun au regard de la configuration locale.
PUBLIÉ
Rapport
- 48 -
Recentrer le rôle de la conférence nationale de l?immobilier public (CNIP) en prévoyant un avis
conforme et non plus seulement consultatif pour les projets immobiliers les plus structurants, et en
renonçant à labelliser les projets à faible enjeu. Au niveau régional, permettre aux acteurs locaux de
développer des processus de labellisation simplifiés et réactifs.
Proposition n° 6 du rapport de synthèse
Faire entrer la gouvernance de l?immobilier du ministère des affaires étrangères dans le droit commun
en intégrant la commission interministérielle pour l?étranger (CIME) au sein de la conférence nationale
de l?immobilier public (CNIP).
Financement de la politique immobilière de l?État et outils de responsabilisation des
occupants
Créer une nouvelle mission budgétaire qui rassemblerait, sur un premier programme, l?ensemble des
crédits dédiés au gros entretien renouvellement (GER) du parc immobilier de l?État et, sur un second
programme, les crédits dédiés aux nouveaux projets.
Proposition n° 7 du rapport de synthèse
Afin d?objectiver les discussions budgétaires, définir des outils de mesure de l?état de vétusté du parc
immobilier de l?État et d?évaluation des moyens budgétaires correspondants, partagés par l?ensemble
des ministères et intégrant les enjeux du décret tertiaire.
Proposition n° 5 du rapport de synthèse
Mettre en place des loyers versés par les administrations occupantes à l?agence représentant l?État
propriétaire, qui financeraient les dépenses du propriétaire, en prévoyant un dispositif financier
incitatif pour les administrations qui rationalisent leur organisation immobilière.
Proposition n° 3 du rapport de synthèse
Gestion des ressources humaines et des compétences
Compléter et fiabiliser l?enquête annuelle recensant les agents en charge de la politique immobilière
de l?État, en y ajoutant le périmètre opérateurs, la filière (technique, administrative générale,
administrative finances publiques), le service d?affectation.
Consolider au sein de la DIE les 2 ETP supplémentaires alloués à titre temporaire pour la mise en oeuvre
du plan de relance au niveau de chaque MRPIE, qui permettraient au nouveau réseau régional de la DIE
de renforcer ses compétences techniques en matière bâtimentaire pour pallier le retrait des services
du ministère de la transition écologique.
Mobiliser l?école nationale des ponts et chaussées (ENPC) et l?école nationale des travaux publics de
l?État (ENTPE) pour bâtir des parcours de formation continue répondant aux besoins des filières
immobilières de l?État.
Définir les métiers de la gestion courante, et mettre des formations à disposition de cette filière.
Structurer une filière interministérielle portant sur les différents métiers de l?immobilier, animée par
la direction de l?immobilier de l?État qui serait chargée d?identifier les compétences requises, de
recenser les postes concernés et de proposer aux agents des parcours de carrière attractifs au sein de
l?État, y compris avec la mise en place d?une grille de rémunération interministérielle adaptée.
Proposition n° 4 du rapport de synthèse
Associer le DIE à la gouvernance de l?ENPC et de l?ENTPE, en particulier doter la DIE d?un siège au
conseil d?administration de l?ENTPE, et l?associer à la définition pluriannuelle des postes proposés en
sortie d?école.
Solliciter l?avis du DIE dans le processus de recrutement des responsables immobiliers au sein de
chaque ministère.
Organiser régulièrement des réunions de responsables immobiliers des ministères autour du DIE, afin
de favoriser les échanges informels, les retours d?expérience et les partages de bonnes pratiques.
Connaissance et outils de pilotage du parc immobilier
Consolider et figer les référentiels pour chaque champ de données afin d?harmoniser l?inventaire et de
faciliter son exploitation.
Organiser des retours d?expérience après la mise en production de l?interface FIORI auprès d?un grand
nombre d?utilisateurs différents pour cerner au mieux les besoins non-satisfaits et y remédier.
Consolider la cellule Chorus à l?échelon régional et former rapidement les agents à la nouvelle interface.
Une fois les contrôles établis et confirmés sur le flux de données entrantes, harmoniser le stock de
données préalablement remplies afin de limiter les incohérences entre les données récentes et les
données plus anciennes.
En parallèle, développer des outils d?interfaçage entre FIORI et les autres applications du système
d?information immobilier de l?État pour permettre des versements en masse et automatiques.
PUBLIÉ
Rapport
- 49 -
Si la production de pièce justificative est nécessaire pour fiabiliser l?inventaire physique, elle n?est pas
suffisante. Le recours au personnel de la future agence de la maîtrise d?ouvrage pour fiabiliser les
mesurages notamment peut se révéler utile.
Conduire les travaux nécessaires afin de lever les dernières réserves de la Cour des comptes qui n?est
pas en mesure de se prononcer avec une assurance raisonnable sur la fiabilité de la valeur d?une part
importante du parc immobilier de l?État situé en France.
Accélérer le processus de valorisation de l?immobilier à usage de bureaux et d?habitation à son coût
historique amorti de manière à homogénéiser les méthodes d?évaluation de l?ensemble du parc
immobilier public et à fournir une base de calcul d?amortissement pour engager une réflexion sur les
besoins de renouvellement de l?immobilier.
Instaurer un groupe de travail pour faciliter l?appropriation des nouvelles mesures de comptabilité
générale et tenter de lever certains points pratiques qui en limitent la portée (par exemple le début de
la période d?amortissement conventionnellement fixé à la date de mise en place des nouvelles normes
comptables).
Mettre en cohérence les données présentes dans le référentiel technique et les données présentes dans
Chorus RE-FX et empêcher la modification d?un même champ dans une seule des deux bases.
Mettre l?accent sur la complétude et la cohérence des seize champs prioritaires identifiés dans le
référentiel technique, qui portent à la fois sur l?état technique des bâtiments et sur les données
d?exploitation. Les applications spécifiques de prises à bail ou de suivi des fluides interministériels
doivent être renforcées et étendues.
Renforcer au sein de la direction de l?immobilier de l?État l?usage des données et leur contrôle interne
pour assurer leur cohérence au sein de l?ensemble des bureaux et des applications dédiées.
Améliorer l?ergonomie des applications existantes pour les gestionnaires de l?immobilier et les associer
au développement, tout en maintenant des outils standards pour en faciliter l?appropriation et limiter
les coûts de maintenance. L?intérêt des gestionnaires pour les outils doit être recherché afin de
renforcer les mises à jour des données.
Publier une note de complétude et une note de cohérence distincte pour les données prioritaires. Au
préalable, revoir les tests de cohérence pour que les notes soient plus signifiantes. Conditionner l?octroi
de crédits à des seuils minimaux de complétude et de cohérence.
Cartographier la performance du patrimoine immobilier en fonction de l?état de santé technique des
biens et de leur priorité stratégique selon des nomenclatures partagées par l?ensemble des ministères,
éventuellement sur la base de l?application SIMEO du ministère des armées. Déduire de cette
cartographie une stratégie de maintenance en évaluant les budgets nécessaires à partir de ratios
prédéfinis.
Capitaliser sur les précédents travaux de comptabilité analytique. Sous l?angle macroscopique, il
convient de repérer et corriger les incohérences entre les comptes du plan comptable de l?État et les
différentes catégories de dépenses immobilières déclarées par les ministères dans le document de
politique transversale « politique immobilière de l?État », afin d?établir une nomenclature objective et
commune aux différents ministères des dépenses immobilières. Sous l?angle bâtimentaire, un groupe
de travail doit être mis en place pour lever les principales objections passées à sa mise en place.
PUBLIÉ
Rapport
- 50 -
À Paris, le 29 avril 2022
Les membres de la mission,
Pour l?Inspection générale des
finances
Pour le Conseil général de l?environnement
et du développement durable
Sous la supervision de
l?inspecteur général des finances,
L?ingénieure générale des ponts,
des eaux et des forêts,
Jean-Pierre Menanteau Marie-Luce Bousseton
L?inspecteur des finances,
L?ingénieur général des ponts,
des eaux et des forêts,
Pascal Lefèvre Igor Kisseleff
L?inspecteur des finances,
Thomas Brand
L?inspecteur des finances,
Bruno Kerhuel
Avec la participation de
l?inspecteur stagiaire des finances,
Matéo Garbe
PUBLIÉ
PIÈCE JOINTE
Lettres de mission
PUBLIÉ
1
PUBLIÉ
?Madame la Cheffe de service,
Paris, le 1 0 NOV, 2021
Réf.: Ce.'b 4<-&Q,y
Depuis 2016, la politique immobilière de l'Etat est mise en oeuvre sur la base des circulaires du
Premier ministre du 27 avril 2016 et du 27 février 2017 qui précisent les modalités de
gouvernance et les orientations à mettre en oeuvre par les ministères, tant au niveau national
que dans les territoires.
Plusieurs évolutions sont, depuis, venues impacter cette politique, sans toutefois en
renforcer la cohérence d'ensemble
? Le ministère chargé du logement s'est progressivement désengagé des missions
de conduite d'opération au sein des services déconcentrés
? Dans certaines régions, et pour mieux faire face aux besoins, les préfets de région
ont mis en place des services interdépartementaux, venant prendre le relai des
missions antérieurement confiées aux DDTM
? Au niveau départemental, les secrétariats généraux communs ont été créés dans
le cadre de l'organisation territoriale de l'Etat (OTE), mais ne fonctionnent pas
encore de manière optimale, alors qu'ils sont censés couvrir les besoins des
administrations déconcentrées dans le domaine immobilier (pilotage métier,
gestion budgétaire et juridique);
? Certaines structures immobilières relevant de différents ministères ont connu un
élargissement de leur champ d'action au bénéfice de la communauté
interministérielle ;
? Plusieurs opérateurs, enfin, ont vu leur activité croître partout sur le territoire,
notamment l'APIJ et l'OPPIC, sans toutefois parvenir à élargir leur activité au-delà
des besoins de leurs ministères de tutelle.
Madame Marie-Christine LEPETIT
Cheffe du service de l'inspection générale des finances
139, rue de Bercy
Teledoc 335
75572 PARIS Cedex 12
1
Pièce jointe
PUBLIÉ
Dans le même temps, les besoins d'appui à la conduite des opérations
immobilières se sont accrus tant en termes quantitatif et qualitatif. Ainsi par
exemple:
? Les transformations actuelles de l'administration, et de son implantation dans les
territoires, ainsi que les démarches de« dé-métropolisation » lancées notamment
par le ministère de l'intérieur et le ministère des comptes publics, contribuent à
augmenter sensiblement les besoins, tant pour des opérations immobilières
significatives, que pour un grand nombre de projets plus modestes
? Les conditions de performance énergétique des bâtiments pèsent de plus en plus
fortement sur les bâtiments de l'Etat, dans le cadre notamment de la mise en
oeuvre du décret n° 2019-771 du 23 juillet 2019 relatif aux obligations d'actions
de réduction de la consommation d'énergie finale dans les bâtiments à usage
tertiaire;
? La rénovation des cités administratives et des sites multi-occupants a fait l'objet
d'une identification précise au sein du Grand Plan d'investissement 2018-2022
avec la création d'un programme dédié (programme 348), afin de remédier aux
difficultés rencontrées par les préfets, porteurs de projet, pour mettre en place
des équipes de niveau professionnel suffisant;
? La mise en oeuvre du plan de relance en 2020, et notamment l'action conduite
sur les immeubles propriété de l'Etat et de ses opérateurs, a conduit à retenir plus
de 4 200 projets de tailles très variées pour lesquels il a été demandé aux porteurs
de projet une mise en oeuvre rapide (passation des marchés de travaux avant le
31 décembre 2021 ), sans évolution concomitante des capacités de portage des
opérations.
En dépit de la création de la Direction de l'immobilier de l'Etat (DIE), la politique
immobilière de l'Etat, ou plutôt les politiques immobilières de l'Etat, semblent donc encore
pâtir d'un manque de lisibilité, d'une insuffisante coordination des acteurs et, plus
généralement, d'une inadéquation entre les besoins et les moyens mobilisés, alors que
les enjeux liés à l'entretien du patrimoine de l'Etat, sa valorisation, la satisfaction des
utilisateurs et des objectifs d'exemplarité (performance énergétique, accessibilité),
exigent de conserver un haut niveau de professionnalisme.
Je souhaite en conséquence que vous conduisiez une mission dont les principaux
attendus seront les suivants.
Le premier objectif de la mIssIon consistera à réaliser l'inventaire, au sein de
l'administration centrale et déconcentrée de l'Etat, des structures et organisations en
charge du suivi et de la mise en oeuvre de la politique immobilière de l'Etat. Vous porterez
une appréciation sur les organisations, les effectifs et la typologie et le volume d'activité
de ces structures.
Vous vous attacherez également à porter une appréciation sur la conduite, par certains
services ou ministères, d'opérations interministérielles, et proposerez les clarifications,
redécoupages ou renforcements qui pourraient s'avérer utiles à ce titre.
2
Pièce jointe
PUBLIÉ
Le second objectif visera à analyser les mutualisations déjà opérantes, entre ministères
ou entre territoires, pour contribuer à une meilleure répartition des charges entre
structures, notamment face à des pics d'activité ou de façon plus permanente, si
plusieurs structures ou organisations interviennent régulièrement sur des périmètres
dépassant celui de leur administration de rattachement.
Au-delà des bonnes pratiques que vous pourrez relever, vous analyserez toutes les
possibilités de mutualisation de ces moyens existants, en formulant, au besoin, des
modalités de réduction des obstacles entravant ces mutualisations. Vous examinerez
notamment les expérimentations de gestion des immeubles multi-occupants conduites
par la DIE dans plusieurs régions.
Vous évaluerez, en conséquence, la part des besoins non satisfaits qu'une meilleure
mutualisation serait susceptible de résoudre, et la part qui resterait à couvrir par des
moyens nouveaux.
Le troisième objectif visera à formuler des propositions d'évolution de la gouvernance
de la politique immobilière afin de renforcer les compétences disponibles tant en matière
de maîtrise d'ouvrage que de pilotage de l'entretien-maintenance et de conduite des
opérations.
Votre analyse portera en particulier sur les possibilités d'externalisation à retenir, selon
les missions à couvrir, et les compétences qu'il est essentiel de maintenir ou développer
au niveau central, déconcentré ou au sein d'opérateurs spécialisés, selon des modalités
à préciser.
Vous vous intéresserez à ce titre au bilan qu'il est possible de tirer de l'activité des
opérateurs spécifiquement créés par certains ministères pour conduire les missions de
maîtrise d'ouvrage.
Votre m1ss1on me remettra ses travaux pour mars 2022, avec un point d'étape fin
décembre 2021.
Pour accomplir cette m1ss1on, vous pourrez solliciter l'ensemble des ministères et
organismes concernés par le champ de votre mission, qui partageront avec vous toutes
les informations nécessaires.
Je vous prie, Madame la Cheffe de service, d'agréer mes salutations distinguées.
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J
3
Pièce jointe
PUBLIÉ
PUBLIÉ
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A Ac & ir--? ·,ru,
?Monsieur le Vice-président,
Paris, le 1 0 NOV. 2021
Réf. : Cab 44 î? 4
Depuis 2016, la politique immobilière de l'Etat est mise en oeuvre sur la base des circulaires du
Premier ministre du 27 avril 2016 et du 27 février 2017 qui précisent les modalités de
gouvernance et les orientations à mettre en oeuvre par les ministères, tant au niveau national
que dans les territoires.
Plusieurs évolutions sont, depuis, venues impacter cette politique, sans toutefois en
renforcer la cohérence d'ensemble
? Le ministère chargé du logement s'est progressivement désengagé des missions
de conduite d'opération au sein des services déconcentrés
? Dans certaines régions, et pour mieux faire face aux besoins, les préfets de région
ont mis en place des services interdépartementaux, venant prendre le relai des
missions antérieurement confiées aux DDTM
? Au niveau départemental, les secrétariats généraux communs ont été créés dans
le cadre de l'organisation territoriale de l'Etat (OTE), mais ne fonctionnent pas
encore de manière optimale, alors qu'ils sont censés couvrir les besoins des
administrations déconcentrées dans le domaine immobilier (pilotage métier,
gestion budgétaire et juridique);
? Certaines structures immobilières relevant de différents ministères ont connu un
élargissement de leur champ d'action au bénéfice de la communauté
interministérielle ;
? Plusieurs opérateurs, enfin, ont vu leur activité croître partout sur le territoire,
notamment l'APIJ et l'OPPIC, sans toutefois parvenir à élargir leur activité au-delà
des besoins de leurs ministères de tutelle.
Monsieur Daniel BURSAUX
Vice-président du Conseil général
de l'environnement et du développement durable
Tour Séquoia
1 place Carpeaux
92055 Paris-La-Défense Cedex
1
Pièce jointe
PUBLIÉ
Dans le même temps, les besoins d'appui à la conduite des opérations
immobilières se sont accrus tant en termes quantitatif et qualitatif. Ainsi par
exemple:
? Les transformations actuelles de l'administration, et de son implantation dans les
territoires, ainsi que les démarches de « dé-métropolisation » lancées notamment
par le ministère de l'intérieur et le ministère des comptes publics, contribuent à
augmenter sensiblement les besoins, tant pour des opérations immobilières
significatives, que pour un grand nombre de projets plus modestes ;
? Les conditions de performance énergétique des bâtiments pèsent de plus en plus
fortement sur les bâtiments de l'Etat, dans le cadre notamment de la mise en
oeuvre du décret n° 2019-771 du 23 juillet 2019 relatif aux obligations d'actions
de réduction de la consommation d'énergie finale dans les bâtiments à usage
tertiaire ;
? La rénovation des cités administratives et des sites multi-occupants a fait l'objet
d'une identification précise au sein du Grand Plan d'investissement 2018-2022
avec la création d'un programme dédié (programme 348), afin de remédier aux
difficultés rencontrées par les préfets, porteurs de projet, pour mettre en place
des équipes de niveau professionnel suffisant ;
? La mise en oeuvre du plan de relance en 2020, et notamment l'action conduite
sur les immeubles propriété de l'Etat et de ses opérateurs, a conduit à retenir plus
de 4 200 projets de tailles très variées pour lesquels il a été demandé aux porteurs
de projet une mise en oeuvre rapide (passation des marchés de travaux avant le
31 décembre 2021 ), sans évolution concomitante des capacités de portage des
opérations.
En dépit de la création de la Direction de l'immobilier de l'Etat (DIE), la politique
immobilière de l'Etat, ou plutôt les politiques immobilières de l'Etat, semblent donc encore
pâtir d'un manque de lisibilité, d'une insuffisante coordination des acteurs et, plus
généralement, d'une inadéquation entre les besoins et les moyens mobilisés, alors que
les enjeux liés à l'entretien du patrimoine de l'Etat, sa valorisation, la satisfaction des
utilisateurs et des objectifs d'exemplarité (performance énergétique, accessibilité),
exigent de conserver un haut niveau de professionnalisme.
Je souhaite en conséquence que vous conduisiez une mission dont les principaux
attendus seront les suivants.
Le premier objectif de la mIssIon consistera à réaliser l'inventaire, au sein de
l'administration centrale et déconcentrée de l'Etat, des structures et organisations en
charge du suivi et de la mise en oeuvre de la politique immobilière de l'Etat. Vous porterez
une appréciation sur les organisations, les effectifs et la typologie et le volume d'activité
de ces structures.
Vous vous attacherez également à porter une appréciation sur la conduite, par certains
services ou ministères, d'opérations interministérielles, et proposerez les clarifications,
redécoupages ou renforcements qui pourraient s'avérer utiles à ce titre.
2
Pièce jointe
PUBLIÉ
Le second objectif visera à analyser les mutualisations déjà opérantes, entre ministères
ou entre territoires, pour contribuer à une meilleure répartition des charges entre
structures, notamment face à des pics d'activité ou de façon plus permanente, si
plusieurs structures ou organisations interviennent régulièrement sur des périmètres
dépassant celui de leur administration de rattachement.
Au-delà des bonnes pratiques que vous pourrez relever, vous analyserez toutes les
possibilités de mutualisation de ces moyens existants, en formulant, au besoin, des
modalités de réduction des obstacles entravant ces mutualisations. Vous examinerez
notamment les expérimentations de gestion des immeubles multi-occupants conduites
par la DIE dans plusieurs régions.
Vous évaluerez, en conséquence, la part des besoins non satisfaits qu'une meilleure
mutualisation serait susceptible de résoudre, et la part qui resterait à couvrir par des
moyens nouveaux.
Le troisième objectif visera à formuler des propositions d'évolution de la gouvernance
de la politique immobilière afin de renforcer les compétences disponibles tant en matière
de maîtrise d'ouvrage que de pilotage de l'entretien-maintenance et de conduite des
opérations.
Votre analyse portera en particulier sur les possibilités d'externalisation à retenir, selon
les missions à couvrir, et les compétences qu'il est essentiel de maintenir ou développer
au niveau central, déconcentré ou au sein d'opérateurs spécialisés, selon des modalités
à préciser.
Vous vous intéresserez à ce titre au bilan qu'il est possible de tirer de l'activité des
opérateurs spécifiquement créés par certains ministères pour conduire les missions de
maîtrise d'ouvrage.
Votre m1ss1on me remettra ses travaux pour mars 2022, avec un point d'étape fin
décembre 2021.
Pour accomplir cette m1ss1on, vous pourrez solliciter l'ensemble des ministères et
organismes concernés par le champ de votre mission, qui partageront avec vous toutes
les informations nécessaires.
Je vous prie, Monsieur le Vice-président, d'agréer mes salutations distinguées.
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3
Pièce jointe
PUBLIÉ
Couverture
Rapport confidentiel relatif à l'immobilier de l'État : une nouvelle architecture pour professionnaliser
Synthèse
Liste des principales propositions
Sommaire
Introduction
1. La structuration de la politique immobilière de l?État s?est renforcée depuis 2016, mais elle reste marquée par l?hétérogénéité des organisations ministérielles, par la fragilité des administrations territoriales de l?État placées sous la responsab...
1.1. Les recommandations formulées en 2015 par l?Inspection générale des finances ont été partiellement mises en oeuvre
1.1.1. La création de la direction de l?immobilier de l?État en 2016 a permis de simplifier la gouvernance de la politique immobilière de l?État et d?affirmer une logique davantage interministérielle
1.1.2. Plusieurs évolutions structurantes n?ont toutefois pas été mises en oeuvre, tandis que l?espérance initialement placée dans les loyers budgétaires a été déçue
1.1.3. La période a été marquée par la mise en oeuvre de deux plans d?investissement massifs destinés à répondre au retard pris en matière d?entretien des bâtiments de l?État, qui ont aussi permis quelques avancées dans la gouvernance de la politique i...
1.1.3.1. Programme de rénovation des cités administratives (programme 348)
1.1.3.2. Volet immobilier du plan de relance (programme 362)
1.2. Les ministères ont organisé leur gestion immobilière pour répondre à des besoins opérationnels propres, mais présentent un niveau de maturité variable en ce qui concerne l?entretien, l?exploitation et la valorisation des actifs qu?ils occupent
1.2.1. Les organisations ministérielles sont hétérogènes et reflètent des degrés de maturité variables sur la gestion de leur patrimoine immobilier et de celui des opérateurs
1.2.2. Les ministères sont confrontés à des difficultés de recrutement et au manque de compétences en matière de gestion de patrimoine, de valorisation et de conduite de projets immobiliers
1.2.3. Les échanges entre les ministères et la direction de l?immobilier de l?État restent limités et formels, dans un contexte où la stratégie de cession mise en oeuvre depuis 2005 fait progressivement place à une stratégie de valorisation
1.3. L?immobilier des administrations territoriales de l?État géré par les préfets est pour sa part devenu le parent pauvre de la politique immobilière
1.3.1. Les services territoriaux du ministère de la transition écologique se sont progressivement désengagés de la conduite des projets immobiliers complexes, laissant un vide qui n?a pas été comblé
1.3.2. Les missions régionales de la politique immobilière de l?État apportent un appui reconnu aux préfectures de région, mais elles disposent de peu de compétences et de ressources en matière d?ingénierie bâtimentaire
1.3.3. Les préfets de région sont confrontés à la dispersion des structures, à la raréfaction des compétences et à la faiblesse des budgets dédiés à l?immobilier
1.3.4. Le compte d?affectation spéciale est à bout de souffle et ne permet plus de répondre aux besoins des préfectures de région pour l?entretien des bâtiments de l?État
1.3.5. L?expérimentation AGILE est une réponse de court terme aux difficultés structurelles rencontrées pour l?exploitation et la maintenance des sites multi-occupants
2. Pour optimiser le parc et proposer un meilleur service aux occupants, les transformations immobilières examinées par la mission, hors État, se sont appuyées sur la professionnalisation des métiers de l?immobilier et sur la mutualisation des ressour...
2.1. Les transformations immobilières mises en oeuvre en Allemagne, au Royaume-Uni et en Italie se sont appuyées sur la mise en place d?une structure de gestion immobilière mutualisée sur un périmètre large, ce qui a permis d?optimiser le parc et de pr...
2.1.1. L?Allemagne a fait le choix de centraliser la gestion de la quasi-totalité de son immobilier fédéral, avec le transfert des actifs correspondants
2.1.2. Le Royaume-Uni confie progressivement la propriété et la gestion de l?immobilier tertiaire à une foncière
2.1.3. En Italie, une agence nationale a pour mission de réduire la dispersion des acteurs de la politique immobilière par un pilotage et un contrôle exigeants, sans le transfert des actifs correspondants
2.1.4. La plupart des pays européens se sont engagés dans une démarche de structuration de leur fonction immobilière
2.2. La consolidation d?une fonction immobilière a également été observée dans un échantillon de sept grandes entreprises publiques et privées, dans un contexte de tension sur les ressources humaines
3. La mise en oeuvre d?une transformation ambitieuse suppose un arbitrage rapide sur l?organisation à moyen terme de la fonction immobilière au sein de l?État
3.1. Les défis à venir supposent une action rapide
3.2. À terme, la gestion du propriétaire et la valorisation du patrimoine foncier et de l?immobilier de bureau gagneraient à être confiées à une agence représentant l?État propriétaire
3.3. La mise en place de loyers versés par les administrations occupantes à la future agence permettrait de donner un signal-prix aux occupants incitant à l?optimisation et à la valorisation du parc, à condition d?y associer une logique d?intéressemen...
3.4. La transformation recommandée ne peut techniquement que s?inscrire dans une trajectoire pluriannuelle, et nécessite un appui politique important et prolongé
4. La constitution d?une fonction immobilière performante impliquerait de réussir quatre chantiers
4.1. Structurer une filière interministérielle des métiers de l?immobilier
4.1.1. Sur le plan des compétences, la fonction immobilière présente des défis de transformation qui s?apparentent à ceux du numérique et des achats au sein de l?État
4.1.2. La direction de l?immobilier de l?État pourrait construire et animer une filière immobilière pour proposer des parcours attractifs au sein de l?État
4.1.3. Les écoles du ministère de la transition écologique pourraient être davantage mobilisées pour proposer des formations aux agents de la filière immobilière
4.2. Achever la complétude et la fiabilisation de la connaissance du parc immobilier de l?État afin d?objectiver les besoins pluriannuels
4.2.1. Les données dont dispose la direction de l?immobilier de l?État restent lacunaires et insuffisamment fiables
4.2.2. Le développement du système d?information de l?immobilier de l?État n?a pas permis de pallier le manque de qualité des données brutes
4.2.3. Le développement d?outils de mesure de l?état patrimonial des bâtiments et d?indicateurs physico-financiers partagés par l?ensemble des ministères est indispensable pour poursuivre la valorisation du foncier public et la rationalisation du parc...
4.3. Renforcer la gouvernance en donnant toute sa dimension à l?État propriétaire, incarné par la direction de l?immobilier de l?État
4.3.1. La stratégie immobilière de l?État pourrait utilement être enrichie afin de tenir compte du ralentissement de la politique de cessions et des principaux enjeux actuels
4.3.2. Il serait précieux que la direction de l?immobilier de l?État pilote et anime davantage le réseau interministériel des directions immobilières et le réseau des responsables régionaux, et leur apporte son expertise technique et juridique
4.3.3. Il serait de bonne gouvernance d?attribuer à la direction de l?immobilier de l?État un pouvoir d?avis conforme aux projets immobiliers les plus structurants et d?alléger son contrôle sur les projets à faible enjeu
4.3.4. Il serait judicieux de permettre à la direction de l?immobilier de l?État de gérer l?ensemble des dépenses de l?État propriétaire afin de donner davantage de lisibilité aux modalités de financement de la politique immobilière de l?État et de pr...
4.3.5. Le positionnement et la légitimité institutionnelle de la direction de l?immobilier de l?État, de même que sa capacité à recruter des profils adaptés, seraient renforcés si elle était autonome et placée directement sous l?autorité du ministre c...
4.4. Franchir une nouvelle étape de la professionnalisation de la fonction immobilière en mutualisant les ressources humaines et les compétences spécialisées déjà existantes
4.4.1. La constitution d?une agence de la maîtrise d?ouvrage publique permettrait de professionnaliser la fonction immobilière et de prendre en charge les opérations des administrations territoriales de l?État
4.4.2. La mise en place d?un réseau régional de la direction de l?immobilier de l?État permettrait de consolider les moyens déjà existants au niveau déconcentré afin d?assurer la gestion du propriétaire et de proposer une stratégie de valorisation plu...
4.4.3. À terme, l?agence de la maîtrise d?ouvrage et le réseau régional de la direction de l?immobilier de l?État pourraient être fusionnés afin de constituer la future agence représentant l?État propriétaire, chargée d?accompagner les ministères dans...
Conclusion
Liste des propositions
Pièce jointe : Lettres de mission adressées à l'IGF et au CGEDD
PM-->IGF
PM --> CGED
INVALIDE)