Conditions (les) de mobilisation des retenues hydroélectriques pour le soutien d'étiage sur le bassin de Loire-Bretagne
NEVEU, Alain ;AUVERLOT, Dominique ;BERNHARD, Claude
Auteur moral
France. Inspection générale de l'environnement et du développement durable (IGEDD)
;France. Conseil général de l'alimentation, de l'agriculture et des espaces ruraux
Auteur secondaire
Résumé
<div style="text-align: justify;">Les Assises de l'eau de 2019 et le Varenne agricole de l'eau et de l'adaptation au changement climatique ont, tous deux, pointé les retenues hydroélectriques comme potentielle ressource en eau, à la condition de veiller à concilier production d'énergie renouvelable et optimisation de la gestion de l'eau. Dans ce cadre, la mission d'expertise sur les conditions de mobilisation des retenues hydroélectriques pour le soutien d'étiage sur le bassin Loire-Bretagne a conclu à la nécessité de préserver la richesse constitué par le parc hydroélectrique du bassin Loire-Bretagne : il produit en moyenne 1,5 TWh et est capable de mobiliser quasi instantanément une puissance électrique de 660 MW, mobilisable à n'importe quel moment en hiver par jour de grand froid. Les retenues hydroélectriques contribuent déjà largement aux dispositifs de soutien d'étiage existant à l'intérieur de ce bassin : tant pour le soutien d'étiage de la Vienne qui mobilise la totalité des retenues situées autour de Vassivière, que pour six autres dispositifs locaux dont quatre sont situés dans le bassin de la Loire (Cher, Creuse, Loire amont et Sioule) et deux sur des fleuves côtiers bretons (Aulne et Blavet). Le principal dispositif, celui qui soutient l'Allier et la Loire, est assis, lui, sur les réservoirs de l'Etablissement public Loire (EPL) : Naussac et Villerest, pour lesquels la production d'électricité n'est qu'une fonction accessoire. Le changement climatique, qui est déjà très perceptible sur le bassin et qui va inéluctablement s'aggraver, s'accompagne de canicules et de sécheresses plus fréquentes et plus sévères qui accroissent la sollicitation des dispositifs existants. Dans le cadre d'une gestion nécessairement prudente, les ressources limitées de Naussac et Villerest, et de plusieurs autres dispositifs, ne permettent d'ores et déjà plus de satisfaire tous les usages en équilibre avec le bon fonctionnement du milieu aquatique. Les retenues hydroélectriques du bassin étant déjà très largement mobilisées, le potentiel de mobilisation complémentaire existe mais apparaît limité. La mission propose d'utiliser à cette fin les retenues de Grangent et des Fades concédées à EDF et celle de Lavalette, propriété de Saint-Etienne Métropole, consacrée prioritairement à l'alimentation en eau potable et concédée pour le reste à EDF. Une quantité d'environ 30 Mm3 (représentant un productible de 10 à 14 GWh) pourrait ainsi être réservée globalement sur ces trois ouvrages pour assurer, si nécessaire, le soutien d'étiage à l'automne. Ce renfort doit venir conforter la gestion prudente, dans une vision pluriannuelle de la ressource, des deux réservoirs de Naussac et Villerest. L'existence de cette réserve « assurantielle » permettrait de faire évoluer les règles de gestion de Naussac et Villerest et d'augmenter d'autant leur volume maximum mobilisable, au bénéfice d'un meilleur soutien d'étiage, sans, en règle générale, tirer sur la réserve. L'étude de toutes les pistes possibles d'augmentation du remplissage annuel du barrage-réservoir de Naussac, et en particulier la possibilité de faire appel plus souvent au pompage dans l'Allier, devrait être menée en parallèle. Les retenues hydroélectriques ne doivent être mobilisées qu'après que la gestion technique des deux réservoirs aura été optimisée.</div>
Editeur
IGEDD
;CGAAER
Descripteur Urbamet
eau
;étiage
;hydrologie
;énergie hydraulique
;ouvrage hydraulique
;hydraulique
;énergie renouvelable
;sécheresse
;gestion de l'eau
Descripteur écoplanete
déficit en eau
;retenue d'eau
;hydroélectricité
;milieu aquatique
Thème
Ressources - Nuisances
Texte intégral
Rapport n°014269-01
Rapport n°22017
Novembre 2022
Dominique AUVERLOT - IGEDD
Claude BERNHARD - CGAAER
Alain NEVEÜ - IGEDD
(coordonnateur)
Les conditions de mobilisation des
retenues hydroélectriques pour le soutien
d?étiage sur le bassin de Loire-Bretagne
P
U
B
L
I É
Les auteurs attestent qu'aucun des éléments de leurs activités
passées ou présentes n'a affecté leur impartialité dans la rédaction
de ce rapport
Statut de communication
? Préparatoire à une décision administrative
? Non communicable
? Communicable (données confidentielles occultées)
? Communicable
PUBLIÉ
Novembre 2022 Les conditions de mobilisation des retenues
hydroélectriques pour le soutien d?étiage sur le bassin de
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Sommaire
Résumé ........................................................................................................................... 6
Liste des recommandations .......................................................................................... 8
Introduction .................................................................................................................. 10
1 Un bassin déjà sous tension qui doit s?adapter rapidement au changement
climatique ................................................................................................................. 12
1.1 Un bassin disposant de plusieurs dispositifs de soutien d?étiage ........................ 12
1.1.1 Le soutien d?étage assuré par l?EPL sous l?égide du CGRNVES ................ 14
1.1.2 Le soutien d?étiage assuré par EDF sur la Vienne...................................... 19
1.1.3 Les autres soutiens d?étiage assurés par des retenues hydroélectriques ... 20
1.2 Une réduction déjà significative des débits naturels qui ne permet plus de tenir
les DOE sur une partie du bassin malgré le soutien d?étiage .............................. 23
1.2.1 L?évolution des débits d?été et d?automne ................................................... 23
1.2.2 Les consommations d?eau à l?étiage .......................................................... 24
1.2.3 Les DOE ne sont déjà plus tenus 8 années sur 10 sur une partie du bassin
................................................................................................................... 26
1.3 D?ici 2050, la baisse des débits naturels à l?étiage va s?amplifier sous l?effet du
changement climatique ....................................................................................... 29
1.4 L?évolution des écosystèmes doit être anticipée et accompagnée ...................... 30
2 La contribution des retenues hydroélectriques à un nouveau modèle du
soutien d?étiage sur le bassin Loire Bretagne ....................................................... 32
2.1 Mobiliser des retenues hydroélectriques pour le soutien d?étiage ....................... 32
2.2 Mobiliser de nouvelles retenues en complément d?une optimisation de Naussac
et Villerest sur le secteur Allier ? Loire amont ..................................................... 35
2.2.1 Optimiser la gestion de Naussac et Villerest .............................................. 36
2.2.2 Maximiser l?utilisation de Villerest par un appel éventuel à Grangent et
Lavalette en automne ................................................................................. 37
2.2.3 Atténuer les contraintes de la gestion pluriannuelle de Naussac par une
mobilisation des Fades sur la Sioule .......................................................... 40
2.2.4 La modification de l?équilibre entre les soutiens d?étiage de la Loire et de
l?Ardèche par les ouvrages de Montpezat ne répondrait pas aux ordres de
grandeur ..................................................................................................... 42
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2.2.5 En conclusion sur l?Allier et la Loire amont ................................................. 43
2.3 Préserver le soutien d?étiage de la Vienne .......................................................... 47
2.4 Adapter les dispositifs locaux au changement climatique.................................... 48
2.4.1 Le cas du Cher : l?adoption souhaitable d?objectifs de soutien d?étiage
variables ..................................................................................................... 48
2.4.2 Le cas de la Creuse : une situation de déséquilibre qui risque de s?aggraver
................................................................................................................... 49
2.4.3 Le cas du Blavet : des améliorations possibles du règlement d?eau ........... 50
3 Le changement climatique renforce la nécessité d?une gestion quantitative à
l?échelle du bassin ................................................................................................... 51
3.1 Les ressources actuellement mobilisées pour le soutien d?étiage ne suffiront pas
à satisfaire les DOE, ni à court ni à moyen terme ............................................... 51
3.1.1 Les conclusions pouvant être tirées des ordres de grandeur disponibles ... 51
3.1.2 La nécessité d?une étude globale à l?échelle du bassin de la Loire ............ 52
3.1.3 Tous les leviers d?action doivent être mobilisés .......................................... 53
3.2 Une maîtrise progressive des consommations s?impose pour sécuriser les
usages et assurer la qualité des milieux .............................................................. 54
3.2.1 La maîtrise des prélèvements agricoles en application des conclusions du
Varenne agricole de l?eau et du changement climatique ............................ 54
3.2.2 Les pistes très encadrées d?accès de l?agriculture à la ressource en eau .. 57
3.2.3 L?évolution de la consommation d?eau des centrales nucléaires en fonction
des futurs contextes énergétiques envisageables mérite d?être étudiée ..... 60
3.2.4 Des travaux permettraient d?importantes économies d?eau sur les canaux
de VNF ....................................................................................................... 62
3.2.5 La nécessité d?ambitieux programmes de sécurisation et d?économie sur
l?alimentation en eau potable ...................................................................... 63
3.2.6 La nécessité d?une démarche globale ........................................................ 64
3.3 Les avantages des solutions fondées sur la nature doivent être mieux évalués
pour soutenir leur plus large déploiement ........................................................... 65
3.4 La révision des DOE doit accompagner ces évolutions....................................... 66
Conclusion ................................................................................................................... 69
Annexes ........................................................................................................................ 72
Annexe 1 Lettre de mission......................................................................................... 73
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Novembre 2022 Les conditions de mobilisation des retenues
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Annexe 2 Liste des personnes rencontrées .............................................................. 77
Annexe 3 Les réservoirs de Villerest et de Naussac ................................................. 90
Annexe 4 Le complexe de Montpezat ....................................................................... 118
Annexe 5 Evolutions sur longue période des débits d?été et d?automne .............. 121
Annexe 6 Le changement climatique sur le bassin Loire-Bretagne ...................... 124
Annexe 7 Les conditions de mobilisation des retenues hydroélectriques ........... 142
Annexe 8 Liste des transferts d?eau entre sous-bassins ........................................ 151
Annexe 9 Eléments d?analyse sur l?idée de construction de nouveaux grands
réservoirs ............................................................................................................... 153
Annexe 10 Eléments sur les prélèvements d?eau .................................................... 155
Annexe 11 L?agriculture dans le bassin Loire-Bretagne ......................................... 157
Annexe 12 Contribution de la coopérative Limagrain ............................................. 176
....... 181
Annexe 14 Les économies d?eau possibles sur les canaux de VNF ...................... 186
Annexe 15 L?alimentation en eau potable sur le bassin Loire-Bretagne ............... 191
Annexe 16 Les solutions fondées sur la nature ...................................................... 202
Annexe 17 Glossaire des sigles et acronymes ........................................................ 206
Annexe 18 Table des illustrations ............................................................................ 208
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Résumé
Les Assises de l?eau de 2019 et le Varenne agricole de l?eau et de l?adaptation au changement
climatique ont, tous deux, pointé les retenues hydroélectriques comme potentielle ressource en
eau, à la condition de veiller à concilier production d?énergie renouvelable et optimisation de la
gestion de l?eau. C?est dans ce cadre que les ministres chargés de l?agriculture, de l?énergie et de
l?environnement ont confié au CGEDD, devenu depuis IGEDD, et au CGAAER une mission
d?expertise sur les conditions de mobilisation des retenues hydroélectriques pour le soutien
d?étiage sur le bassin Loire-Bretagne, après celle portant sur le bassin Adour- Garonne1.
Le parc hydroélectrique du bassin Loire-Bretagne produit en moyenne 1,5 TWh et est capable de
mobiliser quasi instantanément une puissance électrique de 660 MW. Cette puissance est, de plus,
mobilisable à n?importe quel moment en hiver par jour de grand froid. Cette richesse doit être
préservée.
Les retenues hydroélectriques contribuent déjà largement aux dispositifs de soutien d?étiage
existant à l?intérieur de ce bassin. Tant pour le soutien d?étiage de la Vienne qui mobilise la totalité
des retenues situées autour de Vassivière, que pour six autres dispositifs locaux dont quatre sont
situés dans le bassin de la Loire (Cher, Creuse, Loire amont et Sioule) et deux sur des fleuves
côtiers bretons (Aulne et Blavet). Le principal dispositif, celui qui soutient l?Allier et la Loire, est
assis, lui, sur les réservoirs de l?Etablissement public Loire (EPL) : Naussac et Villerest, pour
lesquels la production d?électricité n?est qu?une fonction accessoire.
Les conditions techniques, juridiques et économiques de la mobilisation des retenues
hydroélectriques dans les dispositifs existants sont très variables. Elles résultent d?une histoire
propre à chaque dispositif.
Le changement climatique, qui est déjà très perceptible sur le bassin et qui va inéluctablement
s?aggraver, s?accompagne de canicules et de sécheresses plus fréquentes et plus sévères qui
accroissent la sollicitation des dispositifs existants. Plusieurs d?entre eux se retrouvent en difficulté,
les années sèches, pour servir les débits inscrits dans le cahier des charges de leur concession,
leur règlement d?eau ou la convention les instituant. A cet égard, la modulation des objectifs de
soutien d?étiage (OSE), progressivement mise en place sur l?Allier et la Loire moyenne, constitue
un outil très puissant d?adaptation pragmatique du soutien d?étiage aux ressources contenues dans
les deux réservoirs de Naussac et Villerest. Les règles de gestion de ces deux réservoirs couvrent
ainsi les risques les plus lourds de conséquences : celui d?une interruption brutale du soutien à
l?automne avant la fin de l?étiage, faute de ressources, et celui d?une campagne aux ambitions
fortement réduites l?année suivante du fait d?un remplissage insuffisant du réservoir de Naussac à
la fin du printemps. Cette couverture des risques est obtenue à un double prix : une limitation des
ressources effectivement mobilisables à environ 210 Mm3, et une baisse des débits servis. Les
marges d?optimisation de la gestion de ces deux réservoirs, qui doivent être prioritairement
mobilisées, ne sont malheureusement pas à la hauteur des besoins.
Même utilisées au mieux, dans le cadre d?une gestion nécessairement prudente, les ressources
limitées de Naussac et Villerest, et de plusieurs autres dispositifs, ne permettent d?ores et déjà plus
de satisfaire tous les usages en équilibre avec le bon fonctionnement du milieu aquatique. Les
débits objectifs d?étiage (DOE), qui sont censés caractériser cet équilibre, ne sont plus respectés
autant qu?ils devraient l?être sur une large partie du bassin (une partie de la Loire et de ses
principaux affluents qui trouvent leur source dans le Massif Central) depuis le début des années
2010.
1 https://igedd.documentation.developpement-durable.gouv.fr/notice?id=Affaires-0012349
PUBLIÉ
https://igedd.documentation.developpement-durable.gouv.fr/notice?id=Affaires-0012349
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Les retenues hydroélectriques du bassin étant déjà très largement mobilisées, le potentiel de
mobilisation complémentaire existe mais apparaît limité. Les principales ressources mobilisables
sont situées sur l?amont du bassin. Leur mobilisation pourrait apporter un renfort intéressant au
dispositif de soutien de l?Allier et de la Loire géré par l?EPL.
En effet, les règles de gestion des réservoirs de Villerest, qui imposent raisonnablement que soit
toujours pris en compte le risque d?un étiage prolongé sur tout l?automne, aboutissent à un volume
d?eau conservé dans la retenue en fin de campagne significatif. Il en va de même à Naussac pour
limiter le risque de trop faible remplissage pour la campagne suivante. Une meilleure mobilisation
de l?eau contenue dans ces deux réservoirs est possible à la condition que l?assurance contre ces
deux risques puisse être reportée sur d?autres retenues présentes sur le bassin.
La mission propose d?utiliser à cette fin les retenues de Grangent et des Fades concédées à EDF
et celle de Lavalette, propriété de Saint-Etienne Métropole, consacrée prioritairement à
l?alimentation en eau potable et concédée pour le reste à EDF. Une quantité d?environ 30 Mm3
(représentant un productible de 10 à 14 GWh) pourrait ainsi être réservée globalement sur ces
trois ouvrages pour assurer, si nécessaire, le soutien d?étiage à l?automne. Ce renfort doit venir
conforter la gestion prudente, dans une vision pluriannuelle de la ressource, des deux réservoirs
de Naussac et Villerest.
L?existence de cette réserve « assurantielle » permettrait de faire évoluer les règles de gestion de
Naussac et Villerest et d?augmenter d?autant leur volume maximum mobilisable, au bénéfice d?un
meilleur soutien d?étiage, sans, en règle générale, tirer sur la réserve. La production
hydroélectrique devrait donc être peu affectée. Cette réservation pourrait être effectuée très
rapidement dans un cadre conventionnel entre l?EPL, EDF et l?autorité concédante pour Grangent
et les Fades, et entre l?EPL, EDF, Saint-Etienne Métropole et l?autorité concédante pour Lavalette.
L?étude de toutes les pistes possibles d?augmentation du remplissage annuel du barrage-réservoir
de Naussac, et en particulier la possibilité de faire appel plus souvent au pompage dans l?Allier,
devrait être menée en parallèle. Les retenues hydroélectriques ne doivent être mobilisées qu?après
que la gestion technique des deux réservoirs aura été optimisée.
Le dispositif très particulier de soutien d?étiage de la Vienne, qui a prouvé son efficacité, mérite
d?être préservé. Les dispositifs du Cher et du Blavet qui rencontrent, chacun, des difficultés,
devraient être optimisés par négociation, à l?initiative des collectivités compétentes, entre
l?ensemble des parties prenantes et le concessionnaire, sans attendre l?échéance de la concession.
De même, la mise en place d?un dispositif plus ambitieux que l?existant pourrait être étudiée sur la
Creuse.
Toutes ces améliorations ne sont pas à la hauteur des effets à venir du changement climatique.
Même si l?idée en est évoquée, aucun projet de nouveau grand réservoir n?a été présenté à la
mission. Si un tel projet, dont la faisabilité reste à démontrer, était défini, sa mise en service ne
pourrait vraisemblablement pas intervenir avant 2040, voire 2050. C?est pourquoi un effort de
réduction des consommations nettes de tous les usages, pendant la période d?étiage, doit être
consenti sans tarder.
L?apport des solutions fondées sur la nature, qui présentent de nombreux autres bénéfices
environnementaux, à une meilleure régulation des débits dans l?année doit encore faire l?objet
d?évaluations quantitatives afin que sa contribution puisse être estimée.
Enfin une démarche de révision des DOE du bassin Loire-Bretagne doit être engagée afin de
conserver leur pertinence.
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Novembre 2022 Les conditions de mobilisation des retenues
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Liste des recommandations
(CGRNVES) : Moduler les objectifs de soutien d?étiage de
proximité de Naussac (confluence du Chapeauroux et Vieille Brioude) et de
Villerest (pied du barrage) ........................................................................................... 36
(EPL) : Explorer toutes les pistes d?augmentation du
remplissage annuel du barrage-réservoir de Naussac et, en particulier, la
possibilité de faire appel plus souvent au pompage dans l?Allier. ........................... 37
(EPL) : Etudier, en lien avec EDF et Saint-Etienne Métropole,
la possibilité de réserver la disponibilité, à l?automne, d?environ 30 Mm3 d?eau dans
les retenues de Grangent, Lavalette et des Fades en appui de Naussac et Villerest.
....................................................................................................................................... 47
(AELB) : Effectuer une étude prospective globale sur la totalité
du bassin de la Loire, servant de cadre de cohérence à l?ensemble des études de
même nature financées par l?agence sur de nombreux sous-bassins et prenant en
compte les résultats disponibles d?Explore 2. Impliquer le conseil scientifique du
comité de bassin, en cours d?installation, dans la définition, le pilotage et
l?exploitation de cette étude. ....................................................................................... 53
(préfète coordonnatrice de bassin) : Engager toutes les
catégories d?usagers dans des programmes concrets de réduction de leurs
consommations nettes d?eau en période d?étiage (juin-octobre), dont notamment :
1) La profession agricole dans la généralisation, sur l?ensemble du bassin, de
l?utilisation des outils de gestion quantitative de l?eau, 2) EDF dans l?étude, en
liaison avec RTE, de l?impact de l?évolution de la demande, du besoin de flexibilité
du mix électrique et de la programmation des arrêts de tranche sur les
consommations d?eau en période estivale de ses centrales nucléaires, 3) Voies
Navigables de France dans les études nécessaires pour dégager les solutions les
plus pertinentes pour réduire les besoins en eau de ses canaux , 4) Les
collectivités compétentes pour l?alimentation en eau potable dans des actions de
sécurisation des ressources, de réduction des fuites et de maîtrise des
consommations. .......................................................................................................... 65
(AELB) : Accompagner financièrement les programmes de
réduction des consommations d?eau en période d?étiage dans le cadre des
programmes de l?agence. ............................................................................................ 65
(AELB) : Mettre en place, avec l?appui du conseil scientifique
du comité de bassin, des bilans quantitatifs de la gestion de la ressource en eau
des solutions fondées sur la nature et, en particulier, une évaluation des capacités
de stockage d?eau des zones humides. ..................................................................... 66
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(Comité de bassin, AELB et DEB) : Engager une démarche de
révision des débits objectifs d?étiage (DOE) du bassin Loire-Bretagne dans la
perspective du prochain SDAGE. ............................................................................... 67
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Novembre 2022 Les conditions de mobilisation des retenues
hydroélectriques pour le soutien d?étiage sur le bassin de
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Introduction
Le changement climatique sur le bassin Loire-Bretagne et l?augmentation de température qu?il
provoque réduisent fortement, durant la période estivale les ressources en eau, déjà soumises à
la pression des activités humaines. Ces évolutions ont été particulièrement sensibles, ces
dernières années, sur des zones, jusqu?à présent relativement préservées de tensions et qui
découvrent les enjeux et le besoin des outils de la gestion quantitative de l?eau. L?été 2019 a ainsi
conduit à une prise de conscience de la part des acteurs de l?amont du bassin de la fragilité de la
ressource en eau. Durant l?été 2022, la Bretagne, notamment, a connu un manque d?eau inédit qui
s?est prolongé bien au-delà du mois d?août. Cette évolution au coeur du schéma directeur
d?aménagement et de gestion des eaux (SDAGE) Loire-Bretagne adopté en mars 2022 va se
poursuivre.
Dans la lignée des conclusions des Assises de l?eau (action 6.c) et de celles du Varenne agricole
de l?eau et de l?adaptation au changement climatique, la ministre de la transition écologique, le
ministre de l?agriculture et de l?alimentation ainsi que la secrétaire d?Etat auprès de la ministre de
la transition écologique, chargée de la biodiversité ont demandé en janvier 2022 à l?IGEDD et au
CGAER de mener une mission sur les conditions de mobilisation des retenues hydroélectriques
pour le soutien d?étiage sur le bassin Loire-Bretagne. Cette mission fait suite à une sollicitation
conjointe adressée aux ministres par les préfets coordonnateurs des bassins Loire-Bretagne et
Rhône-Méditerranée-Corse pour leurs bassins respectifs.
La mission a divisé son travail en trois temps, correspondant aux trois chapitres de ce rapport :
Elle a cherché tout d?abord à caractériser les principaux dispositifs de soutien d?étiage
présents sur le bassin, sur la Loire et l?Allier, mais aussi sur la Sioule, le Cher, la Creuse,
la Vienne, le Blavet et l?Aulne et à rendre compte de leur efficacité à travers le respect ou
non des débits objectifs d?étiage. Les projections climatiques dont elle a pris connaissance
montrent qu?il sera de plus en plus difficile de les satisfaire à l?avenir et que tant les hommes
et leurs modes de vies que les écosystèmes vont devoir s?adapter ;
Elle a examiné ensuite l?apport possible des retenues hydroélectriques à ces différents
dispositifs de soutien d?étiage en essayant de concilier le besoin d?eau en été, et de plus
en plus souvent en automne, pour le soutien d?étiage et le besoin de cette même eau pour
produire de l?électricité en particulier à la pointe en hiver, mais aussi dans les moments où
la production d?électricité des énergies renouvelables sera faible ;
Constatant que ce volume n?était pas négligeable mais ne permettrait pas de satisfaire, en
année sèche dès aujourd?hui et de plus en plus fréquemment demain, les débits objectifs
d?étiage fixés par le SDAGE 2022-2027, elle a cherché à identifier les autres leviers
possibles pour équilibrer prélèvements et bon état des milieux pendant la période d?étiage.
Le troisième chapitre traite ainsi des besoins d?eau de l?agriculture, des centrales nucléaires,
des canaux exploités par Voies Navigables de France (VNF) et de l?alimentation en eau
potable (AEP). Les solutions fondées sur la nature constituent également une piste
prometteuse qu?il reste à quantifier. Elle a enfin examiné les possibilités offertes par la
modulation des objectifs de soutien d?étiage (OSE), qui permet de piloter, une année
donnée, les débits relâchés en fonction de l?état des stocks et des prévisions
météorologiques afin de pouvoir soutenir les débits jusqu?à la fin de la période d?étiage.
Cette modulation indispensable pour le pilotage annuel, de même que la réduction des
débits objectifs d?étiage (DOE) rendue nécessaire par le changement climatique, ne
doivent être utilisées qu?après avoir mis en oeuvre les leviers précédents : la bonne
adaptation des écosystèmes en dépend.
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Novembre 2022 Les conditions de mobilisation des retenues
hydroélectriques pour le soutien d?étiage sur le bassin de
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Pour son travail, la mission ne disposait pas d?un exercice d?évolution quantitative de la ressource
en eau sur le bassin à l?horizon 2050 ? 2070, qu?elle appelle de ses voeux : elle s?est donc appuyée
sur les ordres de grandeur résultant de ses travaux et de ceux menés par l?EPL sur l?adaptation au
changement climatique de Naussac et Villerest.
Si la finalité principale de la mission porte sur les retenues hydroélectriques, la Préfète
coordonnatrice de bassin a aussi souhaité que la mission étende son analyse aux barrages
réservoirs de Naussac et de Villerest, compte tenu de leur rôle clef dans le dispositif de soutien
d?étiage de la Loire et de l?Allier. Pour ce faire, la mission a développé une modélisation du
fonctionnement du réservoir de Villerest afin d?éclairer l?articulation entre les deux fonctions de
l?ouvrage que sont l?écrêtement des crues et le soutien d?étiage. Ses principaux résultats, évoqués
dans le premier chapitre, sont présentés en détail en annexe. Cette extension du périmètre de la
mission s?est révélée particulièrement bénéfique puisqu?elle a permis à la mission de proposer un
schéma d?amélioration du dispositif de soutien d?étiage de la Loire et de l?Allier jouant sur la
complémentarité existant entre ces deux ouvrages et certaines retenues hydroélectriques.
Conformément à sa lettre de commande, la mission a également examiné les possibilités de
regroupement des concessions hydroélectriques : ces informations qui peuvent préfigurer les
futurs renouvellements de concessions figurent dans un volume à part remis aux directions
d?administration centrale concernées.
La mission a rencontré près de 150 acteurs du bassin lors d?entretiens à distance et de réunions
lors de déplacements à Orléans et en Auvergne. Elle tient à remercier l?ensemble de ces
interlocuteurs dont les noms figurent en annexe pour leur disponibilité et la qualité des échanges
et des informations transmises. La mission remercie tout particulièrement l?investissement et l?aide
apportés par l?Agence de l?eau Loire-Bretagne (AELB), l?Etablissement public Loire (EPL), les
DREAL Centre-Val de Loire (DREAL de bassin), Nouvelle Aquitaine, Auvergne Rhône Alpes et
Bretagne, l?Agence régionale de santé Centre-Val de Loire (ARS de Bassin), EDF et VNF.
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hydroélectriques pour le soutien d?étiage sur le bassin de
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1 Un bassin déjà sous tension qui doit s?adapter
rapidement au changement climatique
De nombreux dispositifs de soutien d?étiage2 impliquant des concessions hydroélectriques existent
déjà sur le bassin Loire-Bretagne. Ils sont présentés dans cette partie. Ces dispositifs subissent
les impacts du changement climatique ce qui altère déjà leur capacité à répondre aux besoins dans
le respect du bon état des milieux. Ces impacts vont encore s?aggraver d?ici le milieu du siècle.
1.1 Un bassin disposant de plusieurs dispositifs de soutien
d?étiage
Le soutien d?étiage est une réalité reconnue par le SDAGE qui distingue les axes réalimentés des
autres cours d?eau et y définit des dispositions particulières (7B-5). Pour autant, l?analyse du
soutien d?étiage et de ses impacts apparaît très limitée dans l?état des lieux du SDAGE : « [le
soutien d?étiage] est considéré comme positif car il permet l?irrigation, l?alimentation en eau potable,
le refroidissement des centrales nucléaires, ainsi que la survie d?espèces craignant les très faibles
débits et de trop fortes températures de l?eau? Il n?en demeure pas moins que, s?il n?est pas prévu
pour équilibrer de trop forts prélèvements humains à l?étiage, il modifie le fonctionnement naturel
du cours d?eau sur des distances parfois importantes, réduisant les capacités d?accueil pour les
organismes indigènes qui recherchent des bancs découverts, de faibles vitesses au niveau d?abris,
une température de l?eau plus élevée? »3.
Le comité de bassin ne s?est doté, jusqu?à présent, d?aucune doctrine en la matière dont la mission
ait pu prendre connaissance.
Or, le soutien d?étiage qui existe sur le bassin est multiforme, intéressant plusieurs cours d?eau et
divers opérateurs :
L?établissement public Loire (EPL) qui assure un soutien d?étiage sur l?Allier et la Loire à
partir des réservoirs de Naussac et Villerest ;
Electricité de France (EDF) qui assure un soutien d?étiage :
? au titre du cahier des charges de sa concession au moyen d?un débit ou régime
garanti : sur le Blavet, à partir du barrage de Guerlédan, sur le Cher, à partir du
barrage de Rochebut, sur la Loire, à partir des retenues du Gage et La Palisse
appartenant au complexe de Montpezat, et sur la Sioule à partir du complexe des
Fades ? Queuille ;
? au titre d?une convention passée avec l?Etat sur la Vienne, à partir des ouvrages
situés sur la Maulde et le Taurion ;
? au titre de conventions passées avec la profession agricole : sur la Creuse, à partir
du barrage d?Eguzon, et sur la Sioule, à partir du barrage des Fades, pour un
soutien d?étiage complémentaire à celui dû au titre du cahier des charges de la
concession.
La Société hydraulique d?études et de missions d?assistance (SHEMA), filiale d?EDF, qui
assure un soutien d?étiage sur l?Aulne, à partir du barrage de Saint-Michel, dans le cadre
2 Dans le présent rapport : augmentation du débit d?un cours d?eau par des volumes temporairement stockés. Il n?y
a soutien que si le débit sortant du réservoir ou de la retenue est strictement supérieur à son débit entrant.
3 Comité de bassin Loire-Bretagne « Etat des lieux du bassin Loire-Bretagne établi en application de la directive
cadre sur l?eau », version adoptée (12 décembre 2019) (p232)
PUBLIÉ
Novembre 2022 Les conditions de mobilisation des retenues
hydroélectriques pour le soutien d?étiage sur le bassin de
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d?une convention signée avec l?Etablissement public d?aménagement et de gestion du
bassin versant de l?Aulne (EPAGA), établissement public territorial de ce bassin (EPTB) ;
Le Syndicat de bassin de l?Elorn, EPTB, à partir du barrage du Drennec ;
Le Département d?Ille-et-Vilaine, à partir de ses trois barrages de Cantache, Haute-Vilaine
et la Valière.
La mission s?est intéressée à tous les ouvrages auxquels est associée une production d?énergie
électrique que ce soit au titre de l?objet de la concession (ouvrages d?EDF et de la SHEMA) ou en
tant qu?activité annexe, comme sur les ouvrages de l?EPL. Elle n?a pas mené d?investigation sur
les ouvrages du Syndicat de bassin de l?Elorn et du Département d?Ille-et-Vilaine4.
Figure 1 : Dispositifs de soutien d?étiage impliquant des concessions hydroélectriques5
Schéma Mission
La contribution des réservoirs de l?EPL et des
retenues hydroélectriques au soutien d?étiage sur
les principaux axes varie fortement selon les
années. La part des retenues hydroélectriques
représente un tiers du total sur ces quatre années.
Elle peut monter jusqu?à 46 %.
Le soutien d?étiage le plus puissant, celui assuré par
l?EPL à partir des réservoirs de Naussac et Villerest,
appuyé sur un volume utile de l?ordre de 280 Mm3,
a pu délivrer plus de 200 Mm3 en 2019, troisième
année de plus fort soutien après 1989 (260 Mm3) et
2003 (235 Mm3). Celui assuré par EDF sur la
Vienne, appuyé sur un volume utile de l?ordre de
134 Mm3, a délivré près de 70 Mm3 en 2018.
Figure 2 : Contributions des dispositifs au
soutien d'étiage sur le bassin Loire-Bretagne
Source : analyse mission de données EDF et EPL
4 Ces ouvrages ne produisent pas d?électricité.
5 Le dispositif de soutien d?étiage de la Vienne qui rassemble de nombreux ouvrages est représenté de manière
schématique.
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Naussac Villerest EDF Vienne autres retenues hydro
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hydroélectriques pour le soutien d?étiage sur le bassin de
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1.1.1 Le soutien d?étage assuré par l?EPL sous l?égide du CGRNVES
L?EPL est le gestionnaire des deux ouvrages de Naussac et Villerest :
Mis en service en 1983, le réservoir de Naussac6 a pour vocation le soutien d?étiage de
l?Allier et de la Loire ;
Mis en service en 1985, le réservoir de Villerest7 a pour but « d?écrêter les crues de la
Loire, de soutenir les étiages de ce fleuve et de permettre éventuellement la production
d?énergie électrique »8.
La gestion des deux ouvrages est liée : Naussac vient en appui de Villerest pour le soutien de la
Loire lorsque Villerest se trouve en difficulté pour tenir cet objectif.
L?EPL poursuit, par les lâchures9 opérées par chacun des réservoirs, des objectifs de débits
(objectifs de soutien d?étiage ou OSE) qui sont fixés par le comité de gestion des réservoirs de
Naussac et Villerest et des étiages sévères (CGRNVES) présidé par la Préfète coordonnatrice de
bassin Loire-Bretagne. Ce comité, par le jeu des dispositions figurant dans les arrêtés de 197810
et 200411, a un triple rôle :
un rôle de conseil pour l?amélioration de la gestion des réservoirs ;
un rôle opérationnel de programmation des lâchures via la modulation des OSE ;
un rôle de conseil pour la gestion de crise.
Il ne joue aucun rôle en période de crue : la gestion de l?ouvrage revient alors à l?EPL.
Les décisions prises par ce comité ont précisé, modulé et complété les objectifs figurant dans le
décret déclarant d?utilité publique l?aménagement du réservoir de Naussac (2 objectifs) et dans le
règlement d?eau du réservoir de Villerest (2 objectifs). Actuellement, l?EPL poursuit :
deux objectifs de débit sur la Loire, à partir du réservoir de Villerest :
? 12 m3/s au pied de l?ouvrage (au niveau du DOE) ;
? Et un objectif modulé à Gien.
et quatre objectifs de débit sur l?Allier, à partir du réservoir de Naussac :
? 2 m3/s au niveau de l?ouvrage ;
? 5,5 m3/s au confluent du Chapeauroux, du 15 mai au 15 septembre, pour la pratique
d?activités d?eaux-vives12 ;
6 L?EPL est devenu gestionnaire à compter du 1er janvier 2003 du réservoir de Naussac dont la concession avait
été accordée en 1976 à la Société pour la mise en valeur de la région Auvergne-Limousin (SOMIVAL)
7 Le réservoir de Villerest a été construit par l?Institution interdépartementale pour la protection des vals de Loire,
devenue en 1983 l?Etablissement public pour l?aménagement de la Loire et de ses affluents (EPALA), qui a pris, à
l?été 2001, la dénomination d?Etablissement public Loire.
8 Décret du 18 avril 1977 déclarant d'utilité publique les travaux de construction du barrage de Villerest
(département de la Loire).
9 La mission a repris le terme « lâchure » qui est celui utilisé par les acteurs du bassin : EPL et CGRNVES.
10 Arrêté du 28 février 1978 portant création d?un comité de gestion technique des réservoirs de Naussac et Villerest.
11 Arrêté préfectoral du è juillet 2004 créant un comité de gestion des réservoirs de Naussac et Villerest et des
étiages sévères du bassin Loire-Bretagne
12 Cet objectif remplace un objectif lié au barrage de Poutès, résultant d?une décision intervenue pour la première
fois en 1991, devenu caduc suite à la transformation de cet ouvrage
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Novembre 2022 Les conditions de mobilisation des retenues
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? 6 m3/s à Vieille-Brioude13, (au niveau du débit seuil d?alerte ou DSA) ;
? Et un objectif modulé de 14 à 10 m3/s à Vic-le-Comte14 (entre le DSA et le DOE).
Le comité a défini progressivement des règles de gestion qui sont regroupées dans un recueil des
décisions à caractère permanent, dont la dernière version date de juin 2017. Il suit aussi, pendant
chaque campagne de soutien d?étiage, la situation (débits aux points faisant l?objet d?objectifs et
niveaux des deux réservoirs) pour adapter les consignes dans une gestion active.
Les débats et les délibérations du comité sont fondées sur les résultats de projections effectuées
par un modèle hydrographique dénommé MORDOR, développé par EDF et exploité par la DREAL
Centre-Val de Loire. Ce modèle, limité aux bassins de l?Allier et de la Loire à l?amont de Gien, définit,
sur le fondement d?analyses statistiques météorologiques et climatiques, le volume d?eau
nécessaire, au jour de la simulation, pour assurer le soutien d?étiage jusqu?à sa fin prévisible, pour
diverses valeurs de l?OSE à Vic-le-Comte sur l?Allier et à Gien sur la Loire. Les tableaux ainsi
produits permettent à la préfète coordonnatrice, ou au comité15, de fixer l?OSE à Gien en fonction
du volume d?eau mobilisable disponible dans les réservoirs de Naussac et Villerest.
L?EPL détermine les lâchures à opérer, jour par jour, à partir des réservoirs de Naussac et Villerest,
dont il assure la gestion opérationnelle, pour respecter les OSE fixés par la préfète de bassin ou le
CGRNVES. Il s?appuie, pour ce faire, sur un modèle, dénommé LOLLA, qui tient compte non
seulement des observations et des prévisions de pluie et de débit à 6 jours mais aussi des temps
de propagation de l?eau entre les réservoirs et les points auxquels sont fixés les OSE à respecter
(4 jours entre Villerest et Gien, 2,5 jours entre Naussac et Vic-le-Comte et 6 jours jusqu?à Gien),
ainsi que des incertitudes associées (hydrométrie et météorologie).
Chaque jour pendant la campagne de soutien d?étiage, le volume délivré par chacun des deux
ouvrages est calculé par l?EPL en référence à l?OSE qui réclame le soutien le plus important et
devient l?OSE directeur du jour. Malheureusement, le système d?information de l?établissement ne
conserve ne conserve cette information que depuis 2021. Il n?est donc pas possible de retracer
précisément pour quels objectifs ont été utilisées jusqu?à présent les ressources des réservoirs, ni
de mesurer l?impact de la modulation de certains d?entre eux.
Mise à part cette réserve, la mission observe que le soutien d?étiage de l?Allier et de la Loire par
les réservoirs de Naussac et Villerest, sous l?égide du CGRNVES, est réalisé avec une forte
implication de tous les participants et un grand professionnalisme.
1.1.1.1 La modulation des objectifs de soutien d?étiage
L?expérience acquise et les difficultés rencontrées entre la mise en service des réservoirs et l?année
2003 ont conduit à adapter progressivement les OSE à Vic-le-Comte et à Gien en fonction du
niveau de remplissage du réservoir de Naussac au début de la campagne de soutien :
? Pour l?OSE de Vic-le-Comte, cette modulation est intervenue à compter de 1986. Elle est
stabilisée depuis 2002 ;
? Pour l?OSE de Gien, une règle de modulation a été approuvée en 2006 après plusieurs
années de pratique. Cette règle est stable depuis 2011.
Sous cet aspect, on peut distinguer trois périodes dans la gestion du réservoir de Villerest :
13 Objectif réglementaire découlant de la déclaration d?utilité publique de 1976
14 Ce dernier objectif ne découle pas du règlement d?eau du barrage de Naussac mais d?une décision du comité de
gestion technique des réservoirs de Naussac et Villerest intervenue en 1983.
15 La préfète coordinatrice de bassin fixe l?OSE à Gien à l?intérieur de la fourchette de 50 à 60 m3/s définie par la
décision à caractère permanent du comité. Le cas échéant, le comité fixe l?OSE en dehors de cette fourchette.
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? 1989-1990 : pas de modulation de l?OSE de Gien,
? 1991-2005 : des modulations au cas par cas,
? 2006-2021 : une règle de modulation
Entre les deux premières périodes, la modulation
a diminué le nombre moyen de jours de soutien et
l?OSE moyen pendant ces jours de soutien, donc
les volumes lâchés.
Entre les deux suivantes, la baisse de l?OSE
moyen s?est poursuivie mais le nombre de jours
de soutien s?est accru.
L?OSE moyen atteint maintenant la valeur de 54,5
m3/s. Il s?éloigne de plus en plus de l?objectif
figurant au règlement d?eau de l?ouvrage16.
La modulation des OSE s?est révélée être un outil
très puissant d?adaptation pragmatique du soutien
d?étiage de l?Allier et de la Loire aux ressources
contenues dans les deux réservoirs, dans tous les
contextes hydrologiques, y compris lors des
années caractérisées par des épisodes de
sécheresse marquée, dont 2003 et 2019.
Figure 3 : Villerest ? modulation de l'OSE de Gien
Source : analyse mission de données EPL et
DREAL Centre
Elle a, de la même façon, été utilisée jusqu?à des niveaux encore plus bas pour faire face à la
sécheresse de l?année 202217.
1.1.1.2 Le soutien de l?Allier et de la Loire
L?Allier bénéficie d?un soutien d?étiage chaque année depuis la mise en service de Naussac, y
compris les années humides. Cette permanence du besoin de soutien d?étiage, qui ne se retrouve
pas sur la Loire, indique que l?Allier souffre d?un plus fort déséquilibre structurel entre ses débits
naturels et les prélèvements qui y sont opérés.
Les volumes délivrés ne sont pas directement comparables d?une année à l?autre18, faute que les
OSE directeurs aient été documentés, car les règles de soutien ont évolué au fil du temps
(modulation de plusieurs OSE dont principalement ceux de Gien et de Vic-le-Comte).
Le nombre de jours de soutien effectif du débit de l?Allier par Naussac augmente au fil du temps,
malgré la modulation des OSE de Vic-le-Comte et de Gien. Cette augmentation, détaillée en
annexe 3, est particulièrement marquée au mois d?octobre. Cette évolution est à mettre en relation
avec le constat, présenté en partie 1.2.1 ci-après, d?une extension au mois d?octobre du régime
estival des débits de la Loire et de ses affluents qui prennent leur source dans le Massif Central.
Le débit de la Loire est aussi soutenu chaque année par les lâchures opérées par le réservoir de
Villerest. Mais pour des raisons différentes de celles qui prévalent sur l?Allier.
16 Selon l?article 3 du décret du 4 mai 1983 approuvant le règlement d?eau du barrage de Villerest : « Du 1er juin au
30 novembre, c?est-à-dire durant la période de soutien des étiages, la gestion a pour objectif, conjointement avec
le barrage de Naussac, d?assurer en permanence à Gien un débit minimal de soixante mètres cubes tout en limitant
la baisse du plan d?eau [...]. »
17 L?OSE a notamment été fixé à 44 m3/s le 3 août, 2022 puis à 38 m3/s le 10 août.
18 Les ordres de grandeur de ce soutien sont présentés en annexe 3
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périodes
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sans OSE OSE moyen
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Ces lâchures combinent en effet, dans des proportions très variables selon les années :
Un soutien pour satisfaire l?OSE de Gien ou celui du pied du barrage qui, certaines années
humides, est le seul servi ;
Des abaissements du niveau de la retenue pour créer le creux printanier et le creux
automnal (cf. graphique ci-contre) ou en cas de risque de crue.
Les années où ce soutien est limité aux seules exigences d?abaissement du niveau du réservoir
pour la prévention des crues sont très peu nombreuses (2007, 2008, 2010 et 2021). La répartition
des volumes entre les abaissements et le soutien est extrêmement variable selon les années
(pluviométrie) et les régimes de modulation des OSE. Ces éléments sont détaillés en annexe 3.
Les règles de modulation de l?OSE de Gien n?ont plus été modifiées depuis 2010. Non plus que
l?OSE de Villerest. Le soutien apporté par le réservoir de Villerest varie donc depuis cette date
uniquement en fonction de la météo et de l?hydrologie de l?année.
Sur cette période, on relève que le soutien automnal (intervenant à partir du 15 septembre une fois
le creux formé pour l?écrêtement des crues) représente en moyenne 27 % du soutien délivré et a
dépassé les 20 Mm3 à deux reprises en 2017 (36 Mm3) et 2019 (29 Mm3). Cette importance est à
mettre en relation avec le constat présenté en partie 1.2.1 ci-après d?une extension au mois
d?octobre du régime estival des débits de la Loire et de ses affluents qui prennent leur source dans
le Massif Central.
Ces règles de modulation ont été complétées en 2011 par des règles d?appel progressif au réservoir
de Naussac à l?OSE de Gien, en appui à celui de Villerest. Ces dernières s?appuient sur la courbe
plancher et les courbes d?alerte du réservoir de Villerest présentées en annexe 3.
La contribution du réservoir de Naussac à l?OSE de Gien n?a jamais été très fréquente. Elle l?est
encore moins depuis 2006. Celle-ci est effet passé :
de 5 années sur 23 de 1983 à 2005 ;
à 2 années sur 17 (2020 et 2022) de 2006 à 2022.
Depuis 2010, le réservoir de Naussac est donc, dans la pratique, quasi-exclusivement consacré
au soutien d?étiage sur l?Allier. Comme l?Allier est un affluent de la Loire, on peut considérer que,
même limité aux OSE de l?Allier, le soutien d?étiage procuré par Naussac profite à la Loire, même
si l?étude Hydrologie ? Milieux ? Usages ? Climat (HMUC) Haut Allier ? Allier aval constate que « A
la confluence avec la Loire, le bilan « rejets- prélèvements » en situation de Qmna5 est presque
équilibré. En situation d?étiage marqué, les apports de Naussac dans la partie haute du bassin
versant de l?Allier compensent donc en grande partie les prélèvements réalisés en aval ».
Cependant, on observe, sur la même période, une nette dégradation du respect du DOE à Cuffy,
sur l?Allier aval, et donc des apports de l?Allier à la Loire pendant les périodes d?étiage. Ce qui
donne une autre mesure de ce repli.
1.1.1.3 Une gestion prudente
La gestion prudente des réservoirs de Naussac et Villerest évite le risque d?interruption du soutien
à l?OSE de Gien avant la fin de la campagne. Cette préoccupation est d?autant plus légitime que
tous les indicateurs relevés par la mission confirment une tendance croissante à la prolongation
du soutien à l?automne, malgré une modulation à la baisse des OSE.
Cette prudence tient compte aussi du risque avéré que les réservoirs ne soient pas pleins au début
de la campagne de soutien.
La cote estivale du réservoir de Villerest est régulièrement approchée. Mais elle n?a pas été atteinte
de manière notable à huit reprises depuis le début du fonctionnement de l?aménagement :
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Novembre 2022 Les conditions de mobilisation des retenues
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pour trois années humides à faibles perspectives de soutien d?étiage (choix de gestion) ;
pour cinq années sèches à soutien précoce (situation subie).
Une telle situation subie se rencontre les années où l?hiver et le printemps sont secs avec un débit
de la Loire relativement faible. Le soutien à l?OSE de Villerest, fixé à 12 m3/s, conduit alors à
déverser un débit supérieur à celui qui entre dans le réservoir et qui provient de Grangent et des
apports naturels intermédiaires entre ces deux ouvrages19. En année à hiver et printemps secs, la
retenue de Grangent et le réservoir de Villerest entrent ainsi en concurrence pour atteindre leur
cote estivale au détriment de ce dernier situé en aval et à l?avantage de la première située en
amont. L?atteinte de la cote touristique de Grangent déclenche alors un soutien d?étiage précoce
par Villerest avant que le réservoir ne soit plein.
Le remplissage de Naussac est un sujet récurrent depuis sa mise en service. En effet, les bassins
versants du Donozau et du Chapeauroux, seuls dans un premier temps, puis complétés par
pompage dans l?Allier, n?assurent pas un remplissage complet de la retenue tous les ans. Les
dispositions de gestion sont censées garantir seulement un remplissage 8,7 années sur 10.
Le graphique ci-dessous confirme que :
Le retour à la cote estivale peut prendre plusieurs années (2000 après le minimum de fin
1997 et 2008 après la vidange de 2005) ;
Le retour à la cote estivale peut être rapide (2020 après une année à 2019 à fort soutien) ;
Un hiver sec, comme en 2021-2022, peut limiter très fortement le remplissage du réservoir,
ce qui contraint alors la gestion du soutien d?étiage.
Figure 4 : Naussac ? évolution du remplissage du réservoir
Source : données EPL
Pour ménager cette ressource, dont il n?est pas assuré qu?elle puisse être renouvelée dans le
courant de l?hiver qui suit, l?EPL gère le réservoir de Naussac dans une approche pluriannuelle.
Les conséquences de cette gestion prudente est qu?il reste, en général, des volumes significatifs
dans les deux réservoirs en fin de campagne de soutien :
19 En année moyenne, les volumes passant à travers Grangent et Villerest sont d?environ 1 600 Mm3 et 2 200 Mm3.
La différence correspond aux apports naturels intermédiaires. Source EDF.
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minimum maximum cote estivale
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? Au moins 39 Mm3 à Villerest entre 2004 et 2021 ;
? Au moins 85 Mm3 à Naussac entre 2007 et 202120.
Ces chiffres provoquent un débat sur la prudence de la gestion des deux réservoirs.
La mission considère au terme d?une analyse présentée dans l?annexe 3, que, dans les règles de
gestion actuelles, le volume maximum mobilisable pour le soutien d?étiage à partir de Naussac et
Villerest est de 210 Mm3, ce qui est significativement inférieur à la capacité technique maximale
des deux réservoirs (318 Mm3). Et que ce volume a eu tendance à diminuer au fil du temps.
Figure 5 : Naussac et Villerest ? volume maximum mobilisable
Source : analyse mission de données EPL
La mise en service du pompage dans l?Allier n?a pas augmenté ce volume maximum mobilisable.
Elle a juste limité sa diminution. Ceci confirme que, à configuration technique donnée, ce sont les
règles de gestion qui déterminent le volume maximum mobilisable pour le soutien d?étiage. C?est
donc la construction progressive des règles d?une gestion prudente qui a piloté cette évolution.
1.1.2 Le soutien d?étiage assuré par EDF sur la Vienne
Le soutien d?étiage actuellement pratiqué sur la Vienne a été mis en place par une convention
signée en 1988 entre EDF et l?Etat, suite à la déclaration d?utilité publique des travaux de
construction du centre nucléaire de production d?électricité (CNPE) de Civaux. EDF assure ce
soutien d?étiage sur la Vienne à partir de ses retenues situées sur la Maulde et le Taurion. Celui-ci
est complété par une gestion fine des débits de la Vienne assurée par les trois barrages de
Jousseau, La Roche et Chardes.
Dans le cadre de la convention en cours, signée en 2013 et devant être renouvelée fin 2026, ce
soutien d?étiage vise à respecter les débits de seuil d?alerte aux trois points nodaux du SDAGE
situés en amont de la centrale de Civaux : Limoges le Palais, Etagnac (Pont du Pilas) et Lussac-
le-Château. Il ne donne lieu à aucune rémunération d?EDF pour service rendu, ni indemnisation.
Dans sa gestion du soutien d?étiage, EDF prend en compte d?autres objectifs :
Le débit en aval de la centrale, à Cubord, afin de gérer les rejets d?effluents dans le respect
des prescriptions imposées par l?Autorité de sûreté nucléaire (ASN). Cet objectif peut
20 La campagne 2022 devrait s?achever sur un volume inférieur.
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n
M
m
3
volume mobilisé Volume maximum mobilisable
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Novembre 2022 Les conditions de mobilisation des retenues
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Loire-Bretagne
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conduire ponctuellement à des lâchures plus importantes que celles nécessitées par la
convention signée avec l?Etat ;
Le respect, du 1er avril au 31 août, de la cote touristique du lac de Vassivière.
La gestion du soutien d?étiage est assurée par EDF Hydro en lien étroit avec le CNPE de
Civaux et l?EPTB Vienne, en tant que de besoin en cas de situation tendue sur la ressource,
et avec une prise en compte régulière des projections météorologiques et hydrologiques
sur le bassin. Un étalonnage régulier de la station de Lussac-le-Château, réalisé avec la
DREAL Nouvelle Aquitaine, assure la fiabilité de la mesure des débits.
Source : schéma EDF
1.1.3 Les autres soutiens d?étiage assurés par des retenues
hydroélectriques
Les autres soutiens d?étiage assurés par EDF et sa filiale SHEMA relèvent de deux cadres
différents :
les débits ou régimes garantis dus par l?exploitant au titre de sa concession : à partir de
Rochebut sur le Cher et de Guerlédan sur le Blavet ;
les soutiens d?étiage effectués dans un cadre conventionnel : à partir de Saint-Michel sur
l?Aulne (opéré par SHEMA) et d?Eguzon sur la Creuse.
Certains ouvrages combinent les deux régimes : le complexe de Montpezat pour la Loire (régime
garanti) et l?Ardèche (convention) et le barrage des Fades sur la Sioule.
Sur le Cher, EDF doit, au titre de son cahier des charges de 2013, assurer, du 1er juin au 30
Figure 6 : Dispositif de soutien d?étiage de la Vienne
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novembre un débit de 1,55 m3/s. EDF est tenu à un taux de réussite de 97 % sur cet objectif
(obligation de résultat). A l?appui de cet objectif, le cahier des charges prévoit qu?EDF constitue un
stock de 14,2 Mm3 (soit 93 % d?un volume utile de 15,2 Mm3). Ce volume d?eau est insuffisant pour
fournir le débit garanti sur six mois, sans débit entrant dans la retenue. Une première alerte sur le
remplissage incomplet de la retenue en 2011 avait conduit le CGRNVES à recommander une
modulation précoce de l?objectif de 1,55 m3/s. En 2018 et 2019, le concessionnaire a alerté les
services de l?État sur un déstockage rapide de la retenue avec le débit de 1,55m³/s, menaçant sa
capacité à assurer un soutien d?étiage jusqu?au 30 novembre. Considérant qu?il était préférable
d?abaisser graduellement le débit restitué plutôt que d?attendre une situation où la retenue serait
vide et le débit du Cher brutalement égal au débit entrant, une baisse progressive du débit a été
autorisée par arrêté préfectoral de dérogation au règlement d?eau de la concession. Cette gestion
de crise a été suivie en 2020 et 2021 d?une expérimentation combinant :
un stock rehaussé à 14,7 Mm3 pour le début de la saison de soutien d?étiage ;
une prolongation du soutien d?étiage jusqu?au 15 décembre ;
une modulation du débit délivré, en fonction des entrants, allant de 1,3 à 0,8 m3/s.
Sur le Blavet, EDF doit, au titre du cahier des charges de 2008, un débit garanti de 2,5 m3/s. Le
cahier des charges prévoit que ce débit peut être ramené à 2 m3/s. La difficulté dans la gestion de
cet ouvrage est celui de la conciliation des quatre usages potentiellement antagonistes décrits dans
le cahier des charges de la concession : la production d?électricité, l?écrêtement des crues
hivernales (via un creux préventif), le maintien d?une cote touristique d?été et le soutien d?étiage.
C?est le comité de suivi d?étiage (DREAL, OFB, ARS, producteurs d?eau potable, ...), sous pilotage
de l?Etat, saisi par EDF, qui rend les arbitrages entre le respect de la cote touristique et celui du
débit garanti lorsqu?un conflit apparaît. Compte tenu des impositions décrites dans le cahier des
charges et le règlement d?eau, le marnage médian ou moyen de la retenue de Guerlédan se fait
sur 4 mètres qui correspond à un volume « utile exploité » de 11 Mm3, soit moins d?un tiers du
volume utile disponible.
Sur la Sioule, EDF doit, au titre de son cahier des charges de 1961, un débit garanti de 2,5 m3/s.
Ce soutien d?étiage s?étant révélé insuffisant pour éviter d?atteindre chaque été le débit de seuil
d?alerte (DSA) à Saint-Pourçain-sur-Sioule, la Chambre d?agriculture de l?Allier a passé, début 2020,
une convention avec EDF pour que l?exploitant constitue chaque année sur la période 2020-2025,
à son profit, une réserve de 4,8 Mm3 afin de pouvoir assurer, si besoin, un soutien d?étiage
complémentaire jusqu?à 0,7 m3/s. Les lâchures sont réalisées par EDF à la demande de la
Chambre d?agriculture. En 2020, ce soutien d?étiage complémentaire a ajouté 2,4 Mm3 aux 3,7 Mm3
lâchés au titre du débit garanti. Cette convention avait été précédée, en 2019, d?une réquisition par
l?Etat au bénéfice de la Chambre d?agriculture. En 2021 le soutien d?étiage complémentaire n?a pas
été activé. Le soutien d?étiage conventionné donne lieu à indemnisation d?EDF sur la base d?un
partage des charges, à la différence de celui assuré au titre du cahier des charges de la concession
qui n?est pas indemnisé. Cette indemnisation comporte une part fixe et une part variable.
Sur la Loire amont, EDF doit, au titre du cahier des charges de Montpezat21 de 1949, un régime
garanti centré autour de 1 m3/s du 15 juin au 15 septembre dans la Loire au Pont de la Borie sur
la commune de Lachapelle-Graillouse. L?entreprise doit aussi, sur la même période et à partir du
même complexe, un soutien d?étiage de l?Ardèche via la Fontaulière en application d?une
convention intervenue en 1984 entre EDF et le Syndicat départemental d?équipement de l?Ardèche
(SDEA) pour la construction du barrage de Pont-de-Veyrières. La réserve d?eau pour ce double
soutien d?étiage est constituée, à titre principal, sur les retenues du Gage et de La Palisse (totalité
de leur volume utile soit 10,8 Mm3), le lac d?Issarlès y contribuant plus modestement (à hauteur de
21 Le complexe de Montpezat est décrit en annexe 4
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1,3 Mm3) à partir du 1er septembre du fait d?une cote touristique résultant de son arrêté de
classement de 1935. Le soutien d?étiage est assuré prioritairement sur la Loire et, en fonction des
disponibilités, sur l?Ardèche.
EDF assurant en toutes circonstances un débit d?1 m3/s au Pont de la Borie, le volume délivré sur
la Loire pendant les 3 mois d?étiage (15 juin ? 15 septembre) est de 7,9 Mm3 : une partie provient
des débits entrant dans les ouvrages et le complément est assuré par prélèvement sur les retenues
de Montpezat. Seul ce complément constitue un soutien d?étiage au sens strict.
Côté Ardèche, le volume délivré provient intégralement des retenues de Montpezat, le débit étant
adapté en fonction du stock dans les retenues. Depuis l?an 2000, le soutien d?étiage s?établit ainsi :
en moyenne à 9,8 Mm3, dont 1 Mm3 pour la Loire (10 %) et 8,8 Mm3 pour l?Ardèche (90 %) ;
dans une fourchette comprise entre 4,9 et 12,14 Mm3 au total ;
et dans une fourchette comprise entre 0 et 3,1 Mm3 (soit entre 0 et 27 %) pour la Loire.
Lorsqu?on prend en compte l?ensemble de l?eau disponible durant la période estivale en cumulant
l?eau présente au début de l?été dans le stockage et les débits entrants, le volume déversé en
période de soutien d?étiage à partir de Montpezat vers l?Ardèche (8,8 Mm3) est quasiment similaire,
en moyenne, aux volumes assurés à la Loire par le débit garanti dont elle bénéficie (8 Mm3).
Le soutien d?étiage pour l?Ardèche ne donne pas lieu à indemnisation d?EDF. Il est lié aux
arrangements financiers intervenus lors de la réalisation du barrage de Pont-de-Veyrières entre
EDF et le SDEA, qui est propriétaire de l?ouvrage.
Sur la Creuse, ni le cahier des charges de la concession de Roche bat l?Aigue, ni celui d?Eguzon
? Roche-aux-moines ne comporte d?obligation de soutien d?étiage sous la forme d?un débit ou
régime garanti. Le règlement d?eau de cette dernière engage toutefois le concessionnaire à
« élaborer des conventions de soutien de débit d?étiage avec les acteurs locaux. » En application
de cette mention, EDF a conclu des conventions avec l?association des professionnels de
l?irrigation de l?Indre (API 36) dont la dernière le 22 juin 2021. Cette convention vise à prévenir le
franchissement du débit seuil de crise (DCR) à la station de mesure du Blanc, afin d?éviter
l?interdiction des prélèvements pour l?irrigation. Les lâchures sont réalisées par EDF à la demande
de l?API 36. Le soutien d?étiage conventionné donne lieu à rémunération d?EDF,
proportionnellement aux volumes d?eau lâchés. Ceux-ci sont très faibles : 200 000 m3 en 2018 et
2020. Rien en 2019 ni en 2021.
Sur le bassin versant de l?Aulne, une convention a été conclue le 17 décembre 1991 entre le
Département du Finistère et le concessionnaire du complexe de Saint-Michel ? Saint-Herbot, les
cahiers des charges des concessions initiales ne comportant aucune obligation de soutien d?étiage.
Cette convention est visée à l?article 23 du cahier des charges de la nouvelle concession délivrée
le 9 août 2006. Après sa création et sa reconnaissance comme EPTB, l?établissement public
d?aménagement et de gestion du bassin versant de l?Aulne (EPAGA) a été substitué au
département du Finistère par une convention en date du 24 mai 2013. Elle prévoit que l?exploitant
constitue chaque année, à son profit, une réserve de 10 Mm3, soit 75 % du volume utile de la
retenue. En cas d?année très sèche, il peut être fait appel à la tranche inférieure de la retenue
jusqu?à la cote minimale d?exploitation (soit 3 Mm3 supplémentaire) par les vannes de fond. Les
lâchures sont réalisées, entre le 1er juin et le 30 septembre, par l?exploitant à la demande de
l?EPAGA qui vise, par ce soutien d?étiage, à maintenir un débit de 2,15 m3/s à Châteauneuf-du-
Faou, supérieur au DOE, fixé à 1,8 m3/s par le SDAGE. Le soutien d?étiage conventionné donne
lieu à rémunération de la SHEMA. Celle-ci comporte une part fixe et une part variable. De 2003 à
2020, ce soutien d?étiage s?établit :
en moyenne à 4,3 Mm3 délivrés sur 62 jours ;
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et dans une fourchette comprise entre 0 et 11,1 Mm3 et entre 0 et 168 jours (en année de
sécheresse exceptionnelle le soutien d?étiage peut être poursuivi au-delà du 30 septembre).
Les soutiens d?étiage assurés par EDF et la
SHEMA se caractérisent donc par une grande
variété :
de cadres juridiques ;
de modèles économiques : sans
rémunération, avec une rémunération
mixte (parts fixe et variable) ou avec une
rémunération uniquement variable ;
d?objectifs associés en terme de débit
cible : débit pour tenir un OSE (Vienne et
Aulne), débit garanti (éventuellement
modulé), débit appelé par le bénéficiaire
sous plafond ;
de relations entre ces débits cibles et les
débits réglementaires : DOE, DSA et DCR.
Figure 7 : Retenues EDF ? débits garantis et
conventionnés
Source : données EDF
Cette variété résulte de l?historique de chacun des ouvrages, des usages à l?aval ainsi que des
discussions qui ont accompagné leur création.
1.2 Une réduction déjà significative des débits naturels qui ne
permet plus de tenir les DOE sur une partie du bassin malgré le
soutien d?étiage
La mission a d?abord cherché à caractériser la situation du bassin à l?étiage en examinant les débits
observables durant la période d?étiage en un certain nombre de points et a cherché à les comparer
aux objectifs de débits d?étiage actuellement en vigueur.
1.2.1 L?évolution des débits d?été et d?automne
La mission a calculé, à partir des données de la banque Hydro, les débits décennaux mensuels
moyens22 pour les mois de juin à novembre aux points nodaux pour lesquels les séries de données
étaient les plus complètes. Sur la majeure partie du bassin, la Loire et ses principaux affluents qui
trouvent leur source dans le Massif Central, la période de faibles débits s?étend maintenant sur
quatre mois (juillet ? octobre), ce qui n?était pas le cas auparavant.
A partir du début des années 2000, le débit mensuel moyen du mois d?octobre rejoint celui du mois
de juillet et se rapproche des débits traditionnellement faibles des mois d?août et septembre. En
outre, le mois de septembre est devenu le mois où les eaux sont les plus basses.
Les débits des mois de juillet et octobre ont déjà été proches sur quelques périodes antérieures,
avant la mise en place du soutien d?étiage de la Loire par Naussac et Villerest, mais sur des durées
courtes et à des niveaux supérieurs.
La Loire affiche ainsi un nouveau régime estivo-automnal étendu à quatre mois de juillet à octobre.
Le graphique ci-dessous illustre cette transition à Montjean, point nodal situé à l?amont de Nantes :
22 Calculés comme la moyenne sur 10 ans d?un débit mensuel moyen
0
0,5
1
1,5
2
2,5
3
3,5
d
éb
it
e
n
m
3
/s
débit garanti min débit garanti max
débit conventionné min débit conventionné max
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Figure 8 : Evolution des débits décennaux mensuels moyens à Montjean
Source : données Hydroportail
Les parties en tiretés des courbes représentent la période de transition liée à la mise en place du
soutien d?étiage par les réservoirs de Naussac et Villerest.
Une telle évolution se mesure également sur l?Allier et la Sioule, ainsi que sur la Vienne et la
Creuse23.
Par contre, ni les principaux cours d?eau du sous-bassin de la Maine : Loir, Mayenne et Sarthe, ni
la Vilaine, ni les côtiers bretons n?ont connu une telle évolution.
La croissance modérée des débits décennaux du mois d?août, observée sur la Loire et l?Allier, est
liée à une forte augmentation des débits des années humides sans réduction ni de la fréquence ni
de l?intensité des années sèches.
La problématique du soutien d?étiage sur le bassin de la Loire doit donc s?étudier, non plus en
référence à un régime estival traditionnel, à la variabilité interannuelle naturelle près, mais bien
dans un cadre évolutif qui a vu le régime estival s?étendre sur l?automne, sur la majeure partie du
bassin avec une baisse globale significative des débits de ces périodes, concentrée sur les mois
de septembre et octobre.
Cette évolution du régime hydrologique met en tension non seulement la préservation de la qualité
des milieux et les usages mais aussi le soutien d?étiage de la Loire et de ses affluents qui trouvent
leur source dans le Massif Central.
1.2.2 Les consommations d?eau à l?étiage
Les débits mesurés résultent de l?effet conjugué, sur les débits naturels, des consommations nettes
(prélèvements moins rejets) et des apports du soutien d?étiage sur les axes réalimentés.
23 Les analyses relatives aux autres cours d?eau sont présentées en annexe 5
0,0
100,0
200,0
300,0
400,0
500,0
600,0
700,0
800,0
900,0
1000,0
d
éb
it
e
n
m
3
/s
juin juillet août
septembre octobre novembre
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La mission a trouvé les éléments quantitatifs ci-dessous :
dans l?état des lieux du SDAGE24 (p 224) : un bilan des consommations à l?échelle du
bassin sur 3 mois d?étiage pour l?année 2013 portant sur un total de l?ordre de 750 Mm3 ;
dans l?étude réalisée par l?EPL sur l?année 201925 : un bilan des consommations d?eau dans
les sous-bassins réalimentés par Naussac et Villerest sur 5 mois d?étiage portant sur un
total de 230 Mm3.
Ces deux sources portent sur des périmètres et des années différentes :
la totalité du bassin dans un cas, le « corridor qui encadre l?Allier en aval de Naussac et la
Loire en aval de Villerest jusqu?à l?océan », dans l?autre cas ;
des années présentant une hydrologie très contrastée26.
Malgré ces différences fortes, la hiérarchie des consommations nettes reste la même avec plus de
la moitié pour l?irrigation et environ un quart pour le refroidissement des centrales nucléaires.
Figure 9 : Répartition des consommations d'eau à l?étiage
Source : données AELB Source : données EPL
L?état des lieux du SDAGE ne comporte aucune présentation de l?évolution des consommations à
l?étiage, mais seulement une évolution des consommations sur l?année entre 1998 et 2017 qui « ne
montre pas de tendance nette ». La stabilité d?une consommation sur l?ensemble du bassin peut
masquer des divergences notables entre secteurs. C?est notamment le cas pour les prélèvements
agricoles destinés à l?irrigation. Ces tendances sont présentées au point 3.2.1 ci-après.
La mission a constaté, chez tous ses interlocuteurs, une prise de conscience générale des risques
24 Comité de bassin Loire-Bretagne « Etat des lieux du bassin Loire-Bretagne établi en application de la directive
cadre sur l?eau », version adoptée (12 décembre 2019)
25 Etablissement public Loire « impacts socio-économiques du soutien d?étiage de l?Allier et de la Loire par les
barrages de Naussac et Villerest (période de référence 2019), rapport final - décembre 2020
26 L?année 2013 est considérée par l?état des lieux du SDAGE comme « année moyenne des volumes prélevés la
plus récente et caractéristique d?une année hydrologique moyenne » mais se révèle être une des années humides
de la dernière décennie, pendant laquelle il n?y a pas eu de mobilisation des retenues de Naussac et Villerest pour
un soutien d?étiage à Gien, alors que l?année 2019 a été marquée par un été chaud et sec appelant un très fort
soutien d?étiage supérieur à 200 Mm3
58%23%
9%
6% 4%
3 mois d'étiage en 2013
à l'échelle du bassin Loire-Bretagne
irrigation EDF
canaux eau potable
autres usages économiques
65%
28%
3%
3% 1%
en 5 mois d'étiage en 2019 sur les sous-bassins
réalimentés par Naussac et Villerest
irrigation EDF
canaux eau potable
autres usages économiques
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ou limites pesant d?ores et déjà sur les consommations d?eau en période d?étiage. Celles-ci
s?expriment différemment selon les usages :
Par des restrictions édictées par les préfets dans des arrêtés de restriction temporaire des
usages de l?eau dans le cadre de l?arrêté d?orientation pris par la préfète de bassin. Ces
restrictions concernent notamment les usages agricoles.
Des difficultés récurrentes ou ponctuelles rencontrées par des collectivités territoriales pour
assurer la distribution de l?eau potable à leurs habitants. L?ARS de bassin a fait part à la
mission de son inquiétude quant à la diminution tendancielle de la ressource disponible en
période de basses-eaux, qui conduit certaines années, comme en 2019, au recours
ponctuel à des ressources ayant été abandonnées pour des problèmes de qualité.
Des mesures de coordination des rejets des centrales nucléaires situées le long de la Loire
activées par EDF dès que le débit à Gien s?établit en-dessous de 60 m3/s, avec un risque
de réduction voire d?interruption de la production selon des seuils propres à chaque
centrale. EDF déclare n?avoir, à ce jour, subi aucune perte de production pour insuffisance
de débit ou franchissement de seuil d?échauffement.
1.2.3 Les DOE ne sont déjà plus tenus 8 années sur 10 sur une partie du
bassin
L?arrêté du 17 mars 2006 relatif au contenu des SDAGE définit les DOE (débits d?objectif d?étiage)
comme les débits « permettant de satisfaire l?ensemble des usages en moyenne huit années sur
dix et d?atteindre le bon état des eaux ». Chaque bassin décline cette notion dans son SDAGE.
Dans celui qui vient d?être approuvé sur le bassin Loire-Bretagne, « le DOE, défini par référence
au débit moyen mensuel minimal de fréquence quinquennale sèche (QMNA5*), est la valeur à
respecter en moyenne huit années sur dix [...]. C?est un débit moyen mensuel en période de basses
eaux d?étiage au-dessus duquel il est considéré que, dans la zone nodale, l?ensemble des usages
est possible en équilibre avec le bon fonctionnement du milieu aquatique ».
Le SDAGE Loire-Bretagne définit des DOE sur 54 points nodaux sur le bassin de la Loire et sur 16
points nodaux sur les fleuves côtiers bretons27.
Sur la plupart des points nodaux, les DOE sont égaux au QMNA5. Sur une partie d?entre eux, le
DOE est supérieur au QMNA5. Sont ainsi désignés des entités sur lesquelles un déséquilibre doit
être résorbé.
La mission a analysé les débits sur les points nodaux pour lesquels le DOE figurant au SDAGE est
supérieur ou égal à 1m3/s. L?analyse a porté sur les trois dernières décennies : 1991-2000, 2001-
2010, 2011-2020, à partir des débits mensuels moyens relevés sur l?HydroPortail28. Sur chaque
période et en chaque point de mesure, a été recherché le nombre d?années où au moins un débit
moyen mensuel a été inférieur au DOE, afin de vérifier si les débits réels atteignent ou dépassent
le DOE 8 années sur 10.
Cette approche fait apparaître une forte dégradation de la situation sur la Loire, l?Allier, le Cher et
la Vienne et, à l?inverse, une amélioration sur le bassin de la Maine et sur les fleuves côtiers
27 En Loire-Bretagne, les DOE sont définis sur la période 1976-2012, sauf indisponibilité de données ou change-
ment de régime, auquel cas la période retenue est la période homogène après modification de régime. Ainsi sur
l?Allier et la Loire moyenne, les DOE sont définis sur la période 1984-2012 après la mise en service de Naussac
28 https://www.hydro.eaufrance.fr/
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bretons29. Hors bassin de la Maine et côtiers bretons, la situation se dégrade sur tous les cours
d?eau non-soutenus : Arroux, Bourbince, Alagnon, Sioule, Arnon, Creuse et Clain, à la seule
exception de la Dore.
Figure 10 : Evolution de la satisfaction des DOE sur les principaux sous-bassins sur les trois périodes
1991-2000, 2001-2010 et 2011-2020
Données : source Hydroportail
Sur les axes soutenus, les DOE restent satisfaits :
sur la Loire en aval de la retenue de Villerest jusqu?à Nevers et, ponctuellement, à
Langeais ;
sur l?Allier en aval de la retenue de Naussac jusqu?à Vic-le-Comte ;
sur la Vienne à Limoges en aval des complexes de la Maulde et du Taurion, ainsi qu?à
Ingrandes.
L?étude HMUC en cours sur l?Allier opère le même constat d?un non-respect du DOE à Cuffy. Au
terme de ses analyses, elle considère que « la non atteinte du DOE à Cuffy pourrait être liée en
partie à une valeur de DOE surévaluée, mais en partie uniquement puisqu?il y a un écart important
entre le DOE et les débits mesurés ces dernières années ce qui alerte donc également sur la
gestion de l?eau du bassin ». A l?évidence, le cas de Cuffy mérite d?être approfondi plus avant dans
le cadre de cette étude en tenant compte des incertitudes de mesures et des évolutions
réglementaires30. La situation au bec d?Allier apparaît ainsi contrastée entre :
une Loire amont à l?équilibre (DOE satisfait 9 années sur 10 à Nevers sur la décennie 2011-
2020), grâce au soutien d?étiage assuré par la retenue de Villerest ;
un Allier déséquilibré (DOE satisfait seulement 5 années sur 10 à Cuffy sur la décennie
2011-2020), malgré le soutien d?étiage assuré par la retenue de Naussac, qui ne fait que
29 Le graphique se lit comme suit : sur les 10 points nodaux de la Loire on passe de 6 DOE satisfaits et 4 données
indisponibles ou incomplètes sur la décennie 1991-2000 à 1 DOE non respecté, 8 DOE satisfaits et 1 point à
données indisponibles ou incomplètes sur la décennie 2001-2010, puis à 7 DOE non respectés, 2 satisfaits et 1
point à données indisponibles ou incomplètes sur la décennie 2011-2020
30 L?arrêté préfectoral de 2019 impose désormais que, pour les prochaines années, le prélèvement effectué à
l?amont de Cuffy pour alimenter le canal des Lorrains soit inférieur à 34 Mm3 entre avril et octobre (soit en moyenne
sur 7 mois un débit dérivé <1,839 m3/s).
0
1
2
3
4
5
6
7
8
9
10
n
o
m
b
re
d
e
p
o
in
ts
n
o
d
au
x
indisponibles ou incomplet satisfait non-satisfait
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compenser, en grande partie, les prélèvements réalisés en aval, en année sèche, selon le
rapport de phase 1 de l?étude HMUC Haut Allier ? Allier aval.
Figure 11 : Respect des DOE sur la décennie 2011-2020
Carte établie par la DREAL Centre à partir d?une analyse par la mission des données Hydroportail31
On relève par ailleurs que, sur cette même décennie 2011-2020, les dix mois sur lesquels le DOE
n?est pas satisfait à Gien, correspondent pour neuf d?entre eux à un DOE non satisfait à Cuffy sur
l?Allier et pour un seul à un DOE non satisfait à Nevers. Ce sont donc les déséquilibres de l?Allier
qui se transmettent à la Loire. Et non pas les déséquilibres de la Loire amont qui pénalisent l?Allier.
Ce constat doit être rapproché de l?analyse du soutien d?étiage par le réservoir de Naussac
présentée ci-avant et détaillée en annexe 3. Il confirme que ce réservoir répond quasi
exclusivement aux déséquilibres entre prélèvements et débits naturels propres à cet affluent.
Enfin, on relève aussi que le Cher connaît une situation très dégradée malgré le soutien d?étiage
assuré par Rochebut. Le SDAGE classe ce sous-bassin en zone de répartition des eaux (ZRE).
Ces constats de non-respect des DOE sont robustes sur une bonne partie des cours d?eau non
soutenus : Arnon, Arroux, Bourbince, Clain et Creuse. Ils sont confirmés avec une marge
d?incertitude de 15 %, reconnue par le DREAL de bassin, sur les débits concernés.
Ils sont également robustes, dans les mêmes conditions, sur deux cours d?eau soutenus : l?Allier à
Cuffy et le Cher à Vierzon. Ils le demeurent sur le Cher à Montluçon avec une incertitude de 25 %.
31 Les débits mensuels moyens de 2016 au point nodal Vn4 d?Etagnac sur la Vienne ont été corrigés par la DREAL
Nouvelle Aquitaine
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Sur l?Alagnon, la Sioule, la Vienne et la Loire, les écarts au DOE sont le plus souvent inférieurs à
la marge d?incertitude, prise à 15 % et à 10 % sur la Loire en aval du bec d?Allier. Il se peut donc
que la situation soit plus dégradée ou moins dégradée que le constat présenté. Par contre, ces
incertitudes ne variant pas au fil du temps, l?évolution mise en évidence est robuste.
Pour chaque année où le DOE n?est pas atteint au moins un mois pendant la période de basses-
eaux, on peut calculer le volume qui a manqué par rapport à un débit qui aurait correspondu au
DOE. Le troisième volume par ordre d?importance correspond, sur chaque cours d?eau, au volume
manquant, sur cette décennie, pour le respect de la règle des 8 années sur 10. Les calculs
effectués par la mission donnent les résultats suivants :
Loire : 23 millions de m3 à Gien (DOE de 65 m3/s), 27 millions de m3 à Onzain et 57 millions
de m3 à Montjean ;
Allier : 18,5 millions de m3 à Cuffy ;
Cher : 4 millions de m3 à Montluçon, 3,5 millions de m3 à Vierzon et 1 million à Tours ;
Creuse : 7 millions de m3 à Leugny.
Pour le court terme, ces chiffres peuvent être pris en compte comme ordres de grandeur.
1.3 D?ici 2050, la baisse des débits naturels à l?étiage va s?amplifier
sous l?effet du changement climatique
Si l?évolution du climat est un phénomène mondial, les déclinaisons locales sont à préciser à
différents pas de temps et échelles spatiales par des études tenant compte de paramètres comme
la latitude, la proximité d?océans, les vents dominants et le relief. Pour la France, le site Drias - les
futurs du climat 32 a pour vocation de mettre à disposition des projections climatiques régionalisées
réalisées dans les laboratoires français de modélisation du climat. Bien entendu, ces projections
restent entachées d?incertitudes d?autant plus grandes que l?horizon vers lequel on se projette est
éloigné. Concernant les débits des cours d?eaux, cette incertitude est particulièrement importante
car aux incertitudes climatiques se rajoutent celles liées à l?écoulement des eaux.
De manière générale, les modèles climatiques montrent que les évolutions en cours sont à peu
près les mêmes jusqu?à l?horizon du milieu de siècle, quelles que soient les scénarios du GIEC pris
en compte, les divergences ne se manifestant significativement qu?au-delà de 2050. Aussi, le choix
est fait dans ce rapport de ne pas se projeter au-delà de cet horizon de milieu de siècle, sachant
que l?impact du changement climatique sera bien plus fort dans la deuxième partie de ce siècle
mais dans des proportions aujourd?hui difficiles à quantifier.33
Le Plan d?adaptation au changement climatique adopté en avril 2018 par le comité de bassin Loire-
Bretagne34 montre que les effets déjà visibles aujourd?hui dans le bassin vont se poursuivre de
manière inéluctable au cours des prochaines décennies.
A grands traits, l?évolution climatique attendue peut se résumer ainsi :
? La température de l?air (et plus encore celle des eaux superficielles) est déjà en forte
32 Voir www.drias-climat.fr Initié en 2009 et inscrit au Plan National d?Adaptation au Changement Climatique, le
projet DRIAS « Donner accès aux scénarios climatiques Régionalisés français pour l'Impact et l'Adaptation de nos
Sociétés et environnement » a bénéficié d'un important soutien du ministère en charge du Développement durable.
33 Les simulations d?Explore 2 donneront davantage de précisions pour la France à cet horizon
34 Agence de l?eau Loire-Bretagne, 2018 - Plan d?adaptation au changement climatique, 76 p
PUBLIÉ
http://www.drias-climat.fr/
Novembre 2022 Les conditions de mobilisation des retenues
hydroélectriques pour le soutien d?étiage sur le bassin de
Loire-Bretagne
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augmentation. En Centre-Val de Loire, l?augmentation de température moyenne annuelle
sur la période allant de 1959 à 2017 est de +1,63°C, cette évolution étant très significative35.
Selon de nouvelles projections climatiques publiées dans la revue Earth System Dynamics
le 4 octobre 2022, le réchauffement pourrait être jusqu?à 50 % plus intense au cours du
siècle que ce que montraient les précédentes estimations (+ 3,8 °C en 2100 par rapport à
1900 contre +2 °C précédemment dans le scénario d?émissions « intermédiaires » de GES).
Le réchauffement sera, dans tous les cas, plus fort l?été que l?hiver ;
L?évolution annuelle des précipitations pourrait rester assez inchangée sauf en Bretagne
où une diminution est à attendre. La répartition annuelle des précipitations devrait continuer
à évoluer avec davantage de sécheresses estivales et un renforcement des pluies en hiver ;
Les projections de débits moyens annuels restent encore à affiner avec Explore 2,
cependant les prévisions vont dans le sens d?une relative stabilité, voire une légère
augmentation sur le bassin Loire-Bretagne y compris à l?estuaire de la Loire ;
La répartition de ces débits durant l?année devrait évoluer : tous les modèles prédisent une
baisse des débits d?étiage (en particulier sous l?influence de l?évapotranspiration qui va
augmenter avec la température) et leur extension à l?automne, les débits hivernaux
pourraient à l?inverse être plus importants.
On trouvera davantage de détails sur l?évolution du climat en annexe 6.
1.4 L?évolution des écosystèmes doit être anticipée et
accompagnée
L?évolution attendue du climat va également avoir des conséquences sur les écosystèmes qu?il est
bon d?anticiper. Le Conservatoire d?espaces naturels Centre-Val de Loire (CEN-CVL) s?y attelle sur
le Val de Sully36 dans le cadre du projet LIFE Natur?Adapt. Situé le long de la Loire entre Gien et
Châteauneuf-sur-Loire, le Val de Sully, composé de boisements alluviaux, de pelouses sur sables,
de prairies, de mares et de milieux herbacés humides, concentre en effet une faune et une flore
remarquables avec près de 121 espèces menacées en région Centre ? Val de Loire. Il peut ainsi
représenter l?ensemble des milieux naturels connus en Loire moyenne.
Ainsi que le souligne le Conservatoire, l?impact des modifications climatiques sur les habitats et les
espèces sera profond et durable dans les prochaines décennies. Les habitats vont changer dans
leur composition et leur structure, affectant les espèces. Afin d?analyser les transformations de la
biodiversité du Val de Sully sous l?effet du climat, il étudie l?évolution potentielle de la fonctionnalité
des habitats naturels plutôt que l?évolution des espèces, car celles-ci dépendent d?habitats naturels
en bon état de conservation pour leur cycle de vie et de reproduction.
Un diagnostic de vulnérabilité permet d?approcher l?impact du changement climatique sur les
habitats naturels. Celui-ci va aggraver la dégradation des habitats lié aux dysfonctionnements
actuels de la dynamique fluviale. Les habitats les plus menacés sont donc les milieux humides et
les boisements alluviaux qui ont un besoin vital d?être connectés à la ressource en eau, notamment
à la nappe alluviale. Certains disparaitront alors que d?autres pourront potentiellement se déplacer
dans des niveaux topographiques plus favorables, au sein du lit actif de la Loire.
35 HERGOTT François, 2022. Diagnostic de vulnérabilité au changement climatique du Val de Sully (Loiret). LIFE
Natur?Adapt ? Conservatoire d?espaces naturels Centre-Val de Loire - 106 pages.
36 Voir en particulier : Déploiement des outils Natur?Adapt sur le site test du Val de Sully (45). François Hergott,
Conservatoire d?espaces naturels Centre-Val de Loire : https://centrederessources-
loirenature.com/sites/default/files/3.presentation_francois_hergott.pdf
PUBLIÉ
https://centrederessources-loirenature.com/sites/default/files/3.presentation_francois_hergott.pdf
https://centrederessources-loirenature.com/sites/default/files/3.presentation_francois_hergott.pdf
Novembre 2022 Les conditions de mobilisation des retenues
hydroélectriques pour le soutien d?étiage sur le bassin de
Loire-Bretagne
Page 31/212
Dans ce contexte futur d?augmentation de la fréquence des sécheresses et des températures
extrêmes, d?une baisse du bilan hydrique des sols et d?un abaissement du toit de la nappe, la
principale stratégie d?adaptation du Conservatoire consiste à chercher à conserver ces habitats :
Soit de manière statique : il s?agit alors de maintenir au mieux les habitats dans leur état et
leur localisation actuels (exemples : pelouses alluviales, prairies humides?) en ajustant de
nombreuses actions de gestion (pâturage, fauche?) jusqu?à ce que les habitats présentent
des signes tangibles de dégradation sous les contraintes climatiques ;
Soit de manière dynamique qui amène à « migrer » certains habitats humides (forêts
alluviales, mares?) vers des secteurs plus adaptés qui, plus bas topographiquement, sont
plus proches du toit de la nappe.
La mission ne peut que recommander la généralisation de cette démarche prospective à
l?ensemble des écosystèmes et la mise en oeuvre des actions qui en découlent.
Dans le même esprit, mais au niveau national, l?ONEMA a réalisé un état des lieux des poissons
d?eau douce à l?heure du changement climatique37 et en a déduit des pistes d?adaptation. L?objectif
général de cet ouvrage est ainsi de donner un aperçu des connaissances actuelles relatives aux
modifications observées et projetées du climat et de l?hydrologie, et à l?impact de ces modifications
sur les peuplements piscicoles. « Les modifications du régime hydrologique liées à l?évolution du
climat devraient affecter fortement mais aussi diversement les poissons (à savoir aggravation des
étiages, augmentation des valeurs extrêmes). On peut donc s?attendre à des adaptations
(comportementales, physiologiques, etc.) de certaines espèces leur permettant de survivre dans
ces nouvelles conditions. L?expansion d?espèces adaptées à ces conditions ou a contrario, des
extinctions locales pour celles qui ne le seront pas sont également attendues ».
Il préconise un ensemble d?actions visant :
le maintien et la restauration des continuités écologiques dans le cadre de la trame bleue38 ;
la maîtrise des prélèvements et le respect des régimes hydrologiques ;
la maîtrise du réchauffement anthropique des eaux.
Il s?agit en règle générale d?actions classiques de restauration ou de maintien du bon état
écologique visé par la directive cadre européenne sur l?eau (DCE).
Par ailleurs, la mission relève que sur la Loire, Catherine Boisneau et Éric Feunten39 montrent que
les grands migrateurs du bassin sont aujourd?hui tous plus ou moins menacés et que des efforts
urgents doivent être portés sur la restauration de l?estuaire qui représente aujourd?hui l?un des
points de blocage majeurs pour une restauration à long terme de la plupart des espèces. Les
témoignages qu?elle a recueillis indiquent aussi que la prolifération de silures (espèce envahissante
de prédateurs) accentue cette menace.
37 Les poissons d?eau douce à l'heure du changement climatique : état des lieux et pistes pour l?adaptation,
Florence Baptist, Nicolas Poulet et Nirmala Séon-Massin (coordinateurs), ONEMA, 2014
https://professionnels.ofb.fr/fr/doc-comprendre-agir/poissons-deau-douce-lheure-changement-climatique-etat-
lieux-pistes-ladaptation
38 La trame verte et bleue inclut une composante verte qui fait référence aux milieux naturels et semi-naturels
terrestres et une composante bleue qui fait référence aux réseaux aquatiques et humides (fleuves, rivières, canaux,
étangs, milieux humides?). Ces deux composantes se superposent dans des zones d?interface (milieux humides
et végétation de bords de cours d?eau notamment) et forment un ensemble destiné à assurer le bon état écologique
du territoire en permettant aux espèces de circuler et d?interagir.
39 Faune piscicole, Catherine Boisneau et Éric Feunten, dans La Loire fluviale et estuarienne : Un milieu en
évolution, Florentina Moatar (coordination éditoriale), Nadia Dupont (coordination éditoriale).
https://www.quae.com/produit/1334/9782759224036/la-loire-fluviale-et-estuarienne
PUBLIÉ
https://professionnels.ofb.fr/fr/doc-comprendre-agir/poissons-deau-douce-lheure-changement-climatique-etat-lieux-pistes-ladaptation
https://professionnels.ofb.fr/fr/doc-comprendre-agir/poissons-deau-douce-lheure-changement-climatique-etat-lieux-pistes-ladaptation
https://www.quae.com/produit/1334/9782759224036/la-loire-fluviale-et-estuarienne
Novembre 2022 Les conditions de mobilisation des retenues
hydroélectriques pour le soutien d?étiage sur le bassin de
Loire-Bretagne
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2 La contribution des retenues hydroélectriques à un
nouveau modèle du soutien d?étiage sur le bassin Loire
Bretagne
Ce chapitre présente la manière dont les ouvrages hydroélectriques peuvent augmenter ou
améliorer leur contribution au soutien d?étiage sur le bassin Loire Bretagne. D?abord pour renforcer
le dispositif de soutien d?étiage de l?Allier et de la Loire reposant sur Naussac et Villerest. Mais
aussi sur les autres dispositifs présentés dans la partie précédente : celui de la Vienne et certains
dispositif locaux.
Il traite cependant également de Naussac et Villerest : l?essentiel des capacités de stockage de
l?eau sur la Loire et l?Allier réside en effet dans ces deux ouvrages. La mobilisation des retenues
hydroélectriques pour le soutien d?étiage n?est dès lors envisageable que de manière
complémentaire à l?optimisation de leur fonctionnement.
2.1 Mobiliser des retenues hydroélectriques pour le soutien
d?étiage
Ce paragraphe présente succinctement les conditions de mobilisation des retenues
hydroélectriques : elles sont exposées plus complètement en annexe 7. Le parc hydroélectrique
du bassin Loire-Bretagne produit en moyenne 1,5 TWh et est capable de mobiliser quasi
instantanément une puissance électrique de 660 MW. Cette puissance est, de plus, mobilisable à
n?importe quel moment en hiver par jour de grand froid, tant qu?il subsiste de l?eau dans les barrages.
Cette richesse doit ainsi être préservée.
Les données confidentielles fournies par le concessionnaire que la mission n?est pas autorisée à
divulguer montrent que, sur la période 2011-2021, les ouvrages hydroélectriques situés dans le
bassin Loire-Bretagne sont loin de conduire à la rente hydroélectrique40 souvent évoquée, ce qui
conduit à devoir indemniser le concessionnaire dans le cas d'une augmentation du soutien d'étiage
qui pénaliserait la production électrique.
La question d?une plus forte implication des retenues hydroélectriques dans le soutien d?étiage va
dépendre de la capacité de l?ouvrage, de la durée pendant laquelle la retenue est susceptible d?être
engagée dans le soutien d?étiage, de la part du volume utile de la retenue qui est consacrée au
soutien d?étiage pendant la période où elle y est engagée et des autres engagements, hors la
production d?électricité, qui peuvent contraindre sa capacité à assurer le soutien d?étiage.
La présentation des dispositifs de soutien d?étiage effectuée en première partie montre que les
retenues hydroélectriques présentes sur le bassin Loire-Bretagne sont déjà très fortement
mobilisées pour le soutien d?étiage. C?est le cas des 7 concessions de la Vienne et de ses affluents
(Mauldre et Taurion), du complexe de Montpezat, de la concession de Teillet-Argenty sur le Cher,
et de celles de Guerlédan et de Saint-Michel ? Saint-Herbot en Bretagne.
40 De manière fréquente, les recettes qui varient selon les années en fonction de l?hydrologie et des prix de l?élec-
tricité, ne couvrent pas les charges qui sont à 95% des charges fixes. Les impôts locaux, taxes, versements et
redevances au cahier des charges (TF, CFE, IFER, redevances agence de l?eau, redevances au cahier de charges,
redevance en délais glissants?; hors impôt sur les sociétés) « représentent plus de 30% des charges totales des
concessions hydroélectriques dont 50% proviennent des taxes sur le foncier (taxe foncière et Cotisation Foncière
pour les Entreprises) ». Certaines composantes sont en diminution en 2021 par rapport aux exercices précédents
du fait de la baisse des impôts de production enclenchée dans le plan France Relance mais cet effet est contreba-
lancé par une augmentation de la redevance en délais glissants. (Source note EDF)
PUBLIÉ
Novembre 2022 Les conditions de mobilisation des retenues
hydroélectriques pour le soutien d?étiage sur le bassin de
Loire-Bretagne
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Les seules retenues, ayant un volume utile
significatif, non encore engagées dans le
soutien d?étiage, sont :
Le complexe de Lavalette ? La
Chapelette, propriété de la métropole
de Saint-Etienne, situé sur le Lignon du
Velay dont les chutes d?eau sont
concédées à EDF ;
Le barrage de Grangent, concédé à
EDF, situé en amont de Villerest sur la
Loire41.
Enfin deux retenues ne sont encore que très
partiellement engagées dans le soutien
d?étiage. Il s?agit :
du complexe Les Fades ? Queuille sur
la Sioule ;
et des trois retenues situées sur la
Creuse dans le département de l?Indre :
Eguzon, Roche-au-Moine et Roche-
bat-l?Aigle.
Figure 12 : Principaux réservoirs et retenues sur
l?Allier et la Loire amont
Schéma mission
D?un point de vue juridique, l?adoption en février 2014 par l?Union européenne d?une directive
spécifique consacrée aux concessions42 et sa transposition dans le droit français ont fortement
contraint les possibilités de modification des concessions hydroélectriques existantes. L?annexe 7
traite ce point en détail. De manière simplifiée, des ajustements limités43 en faveur d?un soutien
d?étiage accru sont possibles dans le cadre de discussions avec le concessionnaire actuel et dans
le respect naturellement du droit européen et français des concessions.
Le renouvellement des concessions 44 , notamment la démarche d?écoute GEDRE (Gestion
équilibrée et durable de la ressource en eau), qui peut être organisée par l?Etat préalablement à
l?avis de concession en application de l?article R.521-4 du code de l?énergie, permet de définir les
attentes des parties prenantes concernant la ressource en eau, parmi lesquelles le soutien d?étiage.
Les différents enjeux soulevés lors de cette démarche pourront alors être traduits lors du
41 Une partie du volume utile de Grangent est toutefois réservé en été au bénéfice du canal du Forez au cas où la
part du débit réservé qui lui revient serait insuffisante.
42 Directive 2014/23/UE du Parlement européen et du Conseil du 26 février 2014 sur l?attribution de contrats de
concession, https://eur-lex.europa.eu/legalcontent/FR/TXT/PDF/?uri=CELEX:32014L0023&from=FR
43 Conformément à l?article R3135-8 du code de la commande publique relatif aux modifications de faible montant.
44 Plusieurs concessions arrivent à échéance dans les prochaines années sur ce bassin : citons notamment celles
de Peyrat le Château ? Faux la Montagne (décembre 2026), de Versilhac ? Vendets (barrage de Lavalette)
(décembre 2027), de Monpezat (décembre 2028), de Grangent (décembre 2032), d?Eguzon et de la Roche-au-
Moine (décembre 2032), de Montlarron (décembre 2033) ?
PUBLIÉ
https://eur-lex.europa.eu/legalcontent/FR/TXT/PDF/?uri=CELEX:32014L0023&from=FR
Novembre 2022 Les conditions de mobilisation des retenues
hydroélectriques pour le soutien d?étiage sur le bassin de
Loire-Bretagne
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renouvellement par des dispositions spécifiques dans le cahier des charges de la future concession.
L?article 43 du modèle actuel de cahier des charges45 prévoit ainsi la conclusion de conventions
liées au soutien d?étiage : « le concessionnaire conclut avec l?Etat, l?agence de l?eau et l?organisme
chargé du soutien d?étiage une convention précisant les modalités techniques, et, le cas échéant,
financières de ce soutien ».
Aucun avis d?appel public à la concurrence pour le renouvellement des concessions
hydroélectriques n?a cependant été lancé depuis l?ouverture en octobre 2015 d?un précontentieux
par la Commission européenne portant sur la position dominante d?EDF, sur le fondement des
articles 102 et 106 du Traité sur le fonctionnement de l'Union européenne dit TFUE. Compte tenu
de ce précontentieux, le lancement des procédures de renouvellement des concessions est
suspendu à un accord entre la Commission et les autorités françaises46.
Indépendamment du cahier des charges de la concession, l?augmentation du soutien d?étiage doit
s?intégrer dans la gestion des retenues hydroélectriques dont la production d?électricité reste la
priorité. La compatibilité de ces deux objectifs pose des difficultés et conduit à un certain nombre
de considérants importants :
Le soutien d?étiage et le système énergétique ont des besoins différents (volume, débit,
calendrier) et doivent être optimisés de manière conjointe. En règle générale, les volumes
affectés au soutien d?étiage pénalisent l?atteinte de l?optimum énergétique des
aménagements concernés ;
Dans l?idéal, une retenue hydroélectrique engagée dans un soutien d?étiage devrait être
pleine au début de la campagne, qui se situe en général début juin. Dans la pratique, le
remplissage des retenues hydroélectriques pour le soutien d?étiage commence à partir du
mois de mars, ce qui ne permet pas forcément de garantir un plein remplissage en juin.
Le volume d?eau à provisionner pour le soutien d?étiage doit être dimensionné au plus juste
et ne doit pas être surestimé, sous peine de pénaliser la production électrique.
L?augmentation de la part dédiée au soutien d?étiage dans un réservoir a un impact négatif
double sur la production d?électricité lié, d?une part, aux volumes directement lâchés dans
le cadre du soutien du débit d?étiage et, d?autre part, à la constitution et à la garantie du
stock pour le soutien d?étiage qui peut devenir structurante (perte de flexibilité en amont de
la campagne de soutien d?étiage et limitation prématurée des turbinés énergétiques au
printemps). Cette « désoptimisation » énergétique n?est pas évaluée dans le cadre du
présent rapport et nécessite des calculs utilisant les modèles de gestion de réservoirs.
Dans la doctrine de la direction générale de l?énergie et du climat (DGEC), ce coût
économique ne doit pas être supporté par l?exploitant hydroélectrique ? ce qui pourrait
remettre en cause l?équilibre économique du contrat de concession ? mais par le
bénéficiaire du service rendu.
Pour qu?une retenue hydroélectrique soit mobilisée pour un soutien d?étiage, il faut que le
concessionnaire soit sollicité par un acteur souhaitant en bénéficier. La direction de l?eau et de la
biodiversité considère que le soutien d?étiage constitue une dimension de la gestion des milieux
aquatiques et la prévention des inondations (GEMAPI) définie à l?article 211-7 du code de
l?environnement, même si celui-ci ne la cite pas expressément. Il s?agit donc d?une compétence
des intercommunalités qui peuvent la déléguer à un EPTB.
45 Décret n° 2016-530 du 27 avril 2016 relatif aux concessions d'énergie hydraulique et approuvant le modèle de
cahier des charges applicable à ces concessions https://www.legifrance.gouv.fr/loda/id/JORFTEXT000032471614
46 Voir notamment Compte de commerce 914 « Renouvellement des concessions hydroélectriques » Note
d?analyse de l?exécution budgétaire 2020, Cour des Comptes https://www.ccomptes.fr/sites/default/files/2021-
04/NEB-2020-Renouvellement-concessions-hydroelectriques.pdf
PUBLIÉ
https://www.legifrance.gouv.fr/loda/id/JORFTEXT000032471614
https://www.ccomptes.fr/sites/default/files/2021-04/NEB-2020-Renouvellement-concessions-hydroelectriques.pdf
https://www.ccomptes.fr/sites/default/files/2021-04/NEB-2020-Renouvellement-concessions-hydroelectriques.pdf
Novembre 2022 Les conditions de mobilisation des retenues
hydroélectriques pour le soutien d?étiage sur le bassin de
Loire-Bretagne
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2.2 Mobiliser de nouvelles retenues en complément d?une
optimisation de Naussac et Villerest sur le secteur Allier ? Loire
amont
Plus de 200 Mm3 ont été déstockés par les deux réservoirs de Naussac et Villerest en 2019. C?est
le troisième volume le plus élevé après celui de 1989 qui dépassait 250 Mm3 (avant modulation
des OSE) et celui de 2003 qui s?établissait à 235 Mm3. Malgré son importance, attestée par ces
chiffres, ce soutien d?étiage ne permet plus d?ores et déjà de satisfaire l?ensemble des usages en
équilibre avec le bon fonctionnement des milieux aquatiques, sur l?Allier aval et la Loire moyenne
(les DOE ne sont déjà plus respectés 8 années sur 10).
Jusqu?à présent les usages les plus prioritaires ont pu être assurés, chaque année, malgré une
modulation toujours plus forte des OSE conduisant à des débits soutenus inférieurs, à Gien, aux
seuils d?alerte (50 m3/s), voire au seuil d?alerte renforcé (45 m3/s) et s?approchant, en 2022, du
débit de crise (43 m3/s). Dans ces circonstances, où le soutien d?étiage rencontre ses limites,
interviennent des arrêtés préfectoraux limitant les usages.
Les analyses de la première partie soulignent que :
Le réservoir de Naussac est confronté au risque, avéré en 2022, d?un remplissage
seulement partiel en début de campagne de soutien d?étiage, que le changement
climatique devrait accroître fortement ;
Le réservoir de Villerest peut également ne pas être plein en début de période en raison
d?un débit sortant supérieur au débit entrant à la fin du printemps ;
La gestion prudente des réservoirs conduit à ce que demeurent, en fin de campagne, des
volumes relativement importants : au moins 39 Mm3 à Villerest depuis 2004 et 85 Mm3 à
Naussac depuis 2007.
Les analyses de la première partie montrent que le volume manquant pour revenir au respect des
DOE sur la Loire moyenne47, 8 années sur 10, est de l?ordre de 27 Mm3. La différence entre le
volume minimum de fin de campagne dans le réservoir de Villerest (39 Mm3) et celui en dessous
duquel le soutien à l?OSE de Gien n?est plus assuré (13 Mm3) est équivalent : 26 Mm3.
La mission a cherché prioritairement à définir les moyens de mieux mobiliser, en année sèche, les
volumes de Villerest et de Naussac, tout en conservant une gestion prudente visant à éviter toute
interruption du soutien d?étiage avant la fin de la campagne, que la mission estime entièrement
justifiée. Les débits naturels reconstitués à Gien, utilisés par la DREAL de bassin et l?EPL, ont
atteint en 2022, sur trois semaines (fin juillet ? mi-août), des niveaux compris entre 20 et 25 m3/s.
Si le soutien d?étiage venait à s?interrompe, un retour brusque à de tels niveaux entraînerait
vraisemblablement, outre l?impact sur le milieu naturel, des ruptures d?approvisionnement en eau
potable ainsi que des restrictions dans le fonctionnement des centrales nucléaires.
L?approche suivie combine deux dimensions :
Optimiser la gestion des deux réservoirs, en ayant bien à l?esprit que le volume mobilisable
à partir des réservoirs de Naussac et Villerest est déterminé par leurs règles de gestion qui
le limitent actuellement, dans la pratique, à 210 Mm3 ;
Utiliser les ressources des retenues de Grangent et Lavalette pour Villerest et des Fades
pour Naussac, en garantie automnale, pour maximiser l?utilisation des réservoirs en année
sèche, sans risque d?interruption du soutien d?étiage.
47 A Onzain
PUBLIÉ
Novembre 2022 Les conditions de mobilisation des retenues
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2.2.1 Optimiser la gestion de Naussac et Villerest
En général, en année sèche, le soutien d?étiage
démarre à des dates précoces avant que les deux
réservoirs n?aient achevé leur remplissage. Ce
soutien précoce les empêche d?y arriver. Il sert à
respecter les objectifs de soutien d?étiage à l?aval
immédiat des ouvrages : l?OSE du pied du
barrage pour Villerest et les OSE du confluent
avec le Chapeauroux et de Vieille-Brioude pour
Naussac. Contrairement à ceux de Gien et de
Vic-le-Comte, ces OSE de proximité ne sont pas
modulés. De plus, l?OSE de pied de barrage à
Villerest a été relevé par le CGRNVES, en 1998,
au-dessus des exigences du règlement d?eau du
barrage, pour des raisons qui mériteraient d?être
réexaminées.
La modulation de l?OSE de Villerest en dessous
de 12m3/s se traduirait par une légère perte de
production électrique (correspondant à une perte
de puissance de quelques MW), car un débit
inférieur à ce seuil ne peut pas être turbiné dans
les installations actuelles. Pour l?éviter, EDF
indique qu?il faudrait envisager d'équiper l'usine
d'un groupe adéquat, sous réserve que cela soit
techniquement faisable et économiquement
viable.
Figure 13 : Naussac et Villerest ? OSE de
proximité
Schéma mission
Dans une vision globale du devenir de l?ouvrage et de la mise en place de la réserve automnale,
l?Agence de l?eau pourrait participer au financement d?un investissement qui, dans un but
d?optimisation du soutien d?étiage, permettrait de maintenir la production d?électricité.
Ce sujet des OSE de proximité est à la main du CGRNVES et peut faire l?objet de décisions assez
rapides.
(CGRNVES) : Moduler les objectifs de soutien d?étiage de proximité de
Naussac (confluence du Chapeauroux et Vieille Brioude) et de Villerest (pied du barrage)
Sur Naussac, diverses mesures techniques peuvent être envisagées pour améliorer le remplissage
du réservoir :
augmenter les volumes d?eau prélevés par pompage dans l?Allier ;
autoriser le remplissage de Naussac par pompage et par dérivation du Chapeauroux en
été en cas d?épisode pluvieux ;
Ces mesures sont détaillées dans l?annexe 3 relative à Naussac et Villerest.
PUBLIÉ
Novembre 2022 Les conditions de mobilisation des retenues
hydroélectriques pour le soutien d?étiage sur le bassin de
Loire-Bretagne
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(EPL) : Explorer toutes les pistes d?augmentation du remplissage annuel
du barrage-réservoir de Naussac et, en particulier, la possibilité de faire appel plus souvent
au pompage dans l?Allier.
Sur Villerest, et à une échelle plus retreinte, la mission considère qu?il est possible d?optimiser le
fonctionnement du barrage en vue du soutien d?étiage sur deux points :
une légère anticipation sur le mois de mai de la remontée à la cote maximale pour se
donner plus de chance de l?atteindre ;
et la conservation d?un volume d?eau plus important dans la retenue du 15 septembre au
15 octobre.
Ces deux possibilités, développées en annexe 3, mettent en jeu l?articulation de l?écrêtement des
crues et du soutien d?étiage. Elles supposent un aménagement du règlement d?eau et passent
donc par des études détaillées à réaliser par l?EPL pour pouvoir en soumettre le projet au service
de contrôle (DREAL AURA).
Ces améliorations supposent, dans certains cas, la réalisation d?investissements. D?autres peuvent
intervenir par modification des règles de gestion. Il est dès lors souhaitable que ces dernières
fassent l?objet d?un processus d?amélioration continue fondée sur des retours d?expérience
réguliers.
2.2.2 Maximiser l?utilisation de Villerest par un appel éventuel à Grangent
et Lavalette en automne
Deux grandes retenues, aux statuts différents, existent à l?amont de Villerest : Grangent et
Lavalette. La mission propose de les utiliser pour contribuer au soutien d?étiage de la Loire après
la saison touristique donc du 15 septembre au 30 novembre48.
2.2.2.1 Le barrage de Grangent
La vocation première du barrage de Grangent, construit entre 1955 et 1957 et concédé à EDF en
octobre 1960 jusqu?au 31 décembre 2032, réside dans la production d?électricité (avec une
puissance maximale brute de 38,4 MW et une production énergétique moyenne annuelle d?environ
120 GWh). Mais il a également une fonction touristique49 et d?alimentation en eau du canal du
Forez (qui prélève environ 38 Mm3 en moyenne annuelle dont 3,5 Mm3 du premier juin au quinze
septembre). La gestion de l?ouvrage est faite pour que la retenue soit à son niveau maximum au
1er juin, ce qui certaines années, comme en 2022, peut pénaliser le remplissage de Villerest (voir
1.1.1.3). Ensuite, elle délivre à l?aval, du 1er juin au 15 septembre, un débit réservé (partagé entre
la Loire et le canal du Forez50 ) en fonction des entrants au niveau de Bas-en-Basset, tout en
maintenant le niveau de la retenue dans la frange du mètre supérieur pour la fonction touristique.
48 La période de soutien d?étiage définie par le règlement d?eau du barrage de Villerest s?arrête au 30 novembre.
Les rares années où la campagne de soutien d?étiage se prolonge sur le mois de décembre, une prolongation de
la réservation au-delà du 30 novembre pourrait être négociée avec le concessionnaire.
49 Celle-ci conduit à conserver la cote du barrage du 1 juin au 15 septembre au plus près de 420 m NGF (en pratique
entre 419,80 m NGF et 419,98 m NGF).
50 Les règles de partage sont fixées par l?arrêté du préfet de la Loire n°2014283-0011 en date du 10 octobre 2014
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Novembre 2022 Les conditions de mobilisation des retenues
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Son volume total est de 57,4 Mm3, mais, du fait du culot de l?ouvrage, sa capacité utile51 n?est que
de 26 Mm3. Du 1er juin au 15 septembre, au-delà du débit réservé, l?ouvrage n?a aucune capacité
disponible pour du soutien d?étiage, hors alimentation du canal du Forez. La capacité utile minimale
recouvrée au 15 septembre est comprise entre 26 et 22,5 Mm3, selon que la réserve prévue pour
le canal du Forez a été entièrement utilisée ou pas du tout. Elle peut même être inférieure en année
très sèche où le Syndicat mixte d'irrigation et de mise en valeur du Forez (SMIF) appelle durant
l?été un volume d?eau supplémentaire, en se fondant sur le droit d?eau figurant dans le décret de
1863 concédant le canal du Forez. Ce fut le cas en 2022.
Dans ces conditions, la mission propose de réserver, en ordre de grandeur, un peu plus de 40 %
de cette capacité, soit environ 10 Mm3, de mi-septembre à fin novembre, pour un éventuel
remplissage complémentaire du réservoir de Villerest afin d?éviter le risque d?interruption du soutien
d?étiage à l?OSE de Gien par ce dernier.
Figure 14 : Grangent gestion actuelle et proposition mission
gestion actuelle
proposition mission
Source : calculs mission à partir de données EDF
Il apparaît en effet à la mission préférable pour le soutien d?étiage de la Loire et de l?Allier de
mobiliser d?abord durant l?année les retenues de Naussac et de Villerest dont les eaux sont avant
tout destinés au soutien d?étiage, plutôt que celles de Grangent, qui ont une valorisation supérieure
pour la collectivité puisqu?elles peuvent apporter un soutien d?étiage comparable et qu?elles
produisent une quantité d?électricité plus importante.
Cette réserve automnale ne change rien à l?obligation du concessionnaire de remplir la retenue à
son maximum pour le 1er juin. Elle est, sous cet aspect, sans impact sur la production d?électricité
au printemps. Cette réserve fait par contre peser une contrainte qui peut entraîner à partir du 15
septembre une perte pour le concessionnaire : celui-ci dispose cependant encore du reste de la
retenue, soit a minima 12,5 Mm3. Cette contrainte sera d?autant plus importante que la réservation
sera maintenue longtemps. Afin de ne pas handicaper inutilement la production électrique et de
limiter le coût de la compensation, cette réservation devra être annulée ou réduite le plus tôt
possible, dès lors que la situation climatique particulière de l?année en cours et la modulation
possible des OSE à l?automne montreront qu?elle s?avère inutile ou trop élevée (ce qui devrait être
51 En dehors de l?étiage, le fonctionnement usuel constaté ces dernières années correspond à l?exploitation d?une
frange d?environ 10 m (entre 410 et 420 m NGF), soit 26 Mm3 (sur les 28,9 Mm3 utiles de la retenue compte tenu
du culot non exploitable de 28,1 Mm3). En effet, un abaissement de la cote en-dessous de 410 m NGF pourrait
conduire à une dégradation de la qualité de l?eau surtout en fonction de rythme éventuel d?abaissement (tel que
pourrait être celui nécessaire à du soutien d?étiage conséquent par exemple à 10 m3/s, soit env. 1 Mm3/jour).
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le plus souvent le cas). Le coût de cette réservation devrait donc être relativement limité. Il devra
être précisé dans la cadre de la négociation de la convention qui permettra de mettre en oeuvre
cette réservation, sans attendre l?échéance de la concession en 2032.
2.2.2.2 Le complexe Lavalette ? La Chapelette
Plus à l?amont, sur le Lignon du Velay, les deux barrages de Lavalette et de la Chapelette ont pour
rôle principal l?alimentation en eau potable de la région stéphanoise. Le barrage de Lavalette, mis
en service en 1914, et rehaussé en 1949, a une capacité de 41 Mm3. Les chutes d?eau des deux
ouvrages ont été équipées d?usines hydroélectriques. Ces usines ont été concédées à EDF en
1952. Compte tenu des caractéristiques techniques des ouvrages, le volume turbinable par l?usine
de Versilhac correspond à la partie supérieure de la retenue, soit un volume utile hydroélectrique
de 30 Mm3. Les 11 Mm3 de la partie basse peuvent, si besoin, être délivrés à l?aval pour
l?alimentation en eau potable, mais sans être turbinés. La convention signée en 1955 entre EDF et
la ville de Saint-Etienne stipule que du 1er octobre au 31 mars, un volume d?eau de 11 Mm3 est
réservé pour la ville, et que du 1er avril au 30 septembre, ce volume d?eau s?élève à 20 Mm3 (sous
réserve du remplissage de la retenue). Alors que la population stéphanoise était en croissance
régulière, un avenant à la convention, signé de 1971, a prévu que, sur demande de la ville, ces
volumes d?eau pouvaient être augmentés. La croissance démographique ayant été à cette époque
fortement surévaluée, les volumes réservés n?ont pas eu besoin d?être augmentés.
Le schéma d?aménagement des eaux du bassin du Lignon du Velay, approuvé en 2021, indique
qu?en année plutôt haute, les eaux ainsi prélevées dans la retenue sont de l?ordre de 14,2 Mm3,
principalement en été, dont 11,2 millions sont exportés au-delà du bassin. Hors année
exceptionnelle52, le prélèvement maximal opéré sur Lavalette pour l?alimentation en eau potable
de Saint-Etienne (9,2 Mm3) et pour d?autres collectivités de la Haute-Loire et de la Loire (5,4 Mm3)
reste inférieur à 15 Mm3.
Les informations communiquées par Saint Etienne Métropole à la mission indiquent que, de 2003
à 2021, le volume présent dans la retenue au 30 septembre53 se situe entre 20 et 31 Mm3, ce qui
correspond à une quantité d?eau utilisable pour la production d?électricité comprise entre 9 et 20
Mm3 . En 2022, le volume disponible au 1er octobre était de 17,9 Mm3. Ce niveau inférieur à la
fourchette habituelle est dû à des éclusées d?environ 6 Mm3 réalisées par EDF au mois de mai
pour atteindre la cote touristique du barrage de Grangent. Elles ont conduit à un niveau bas,
inférieur à 30 Mm3 au 1er juin mais compatible avec la convention signée avec la métropole. En
réaction à cette situation, Saint-Etienne Métropole a estimé nécessaire, pour préserver la
ressource disponible pour son alimentation en eau potable en 2023, de demander à EDF de
relever à :
15 Mm3, du 1er octobre 2022 au 31 mars 2023, le volume réservé hivernal ;
25 Mm3, du 1er avril au 30 septembre 2023, le volume réservé estival.
Cette réservation supplémentaire, qui est spécifique à l?année 2023, limite de facto la production
d?électricité possible pendant l?hiver 2022-2023, période où l?équilibre entre l?offre et la demande
électrique va être particulièrement tendu.
Dans ces conditions, la mission estime qu?une capacité de l?ordre de 5 Mm3 devrait pouvoir y être
réservée pour un éventuel remplissage complémentaire du réservoir de Villerest à partir du 30
septembre, dans les mêmes conditions que celles proposées pour Grangent. Sous réserve d?une
52 Années (2017 et 2020) où des travaux sur la seconde grande retenue de Saint Etienne Métropole (barrage du
Pas de Riot sur le Furan) ont conduit à des prélèvements sur Lavalette pouvant atteindre jusqu?à 14,4 Mm3.
53 Le volume résiduel en fin de campagne est le bilan du stock provisionné en début d?été, des apports estivaux
(aléatoires) et de la consommation réelle (variable d?une année sur l?autre).
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négociation aboutie avec Saint-Etienne Métropole, cette réservation pourrait faire l?objet d?une
convention spécifique entre l?EPL, EDF, Saint-Etienne Métropole et l?autorité concédante, assurant
un équilibre entre alimentation en eau potable, production d?électricité et soutien d?étiage, sans
attendre l?échéance de la concession en 2027.
Figure 15 : Lavalette ? gestion actuelle et proposition mission
gestion actuelle
54
proposition mission
Source : calculs mission à partir de données Saint-Etienne Métropole
A la différence de ce qui a été proposé sur Grangent, la constitution, sur cette retenue, d?une
réserve au bénéfice de Villerest aurait un double impact sur le concessionnaire :
Elle l?obligerait à assurer un remplissage plus élevé de la retenue au 1er avril (25 Mm3 au
lieu de 20). La mission observe toutefois que jusqu?à présent, y compris en 2022, EDF a
rempli la retenue entre 26 et 36 Mm3, soit bien au-dessus de la réserve dont bénéficie
Saint-Etienne Métropole ;
Elle limiterait sa capacité à produire de l?électricité à l?automne.
Le coût de cette réservation devrait donc, logiquement, être supérieur à celui d?un même volume
à Grangent. Afin de ne pas handicaper inutilement la production électrique, cette réservation devra
être annulée le plus tôt possible, dès lors qu?elle s?avèrera inutile (ce qui devrait être le plus souvent
le cas).
Au total, la mission estime possible de réserver, dans ces deux retenues, un volume de l?ordre de
15 Mm3 à l?automne, au-delà respectivement du 15 et du 30 septembre, pour sécuriser la gestion
du réservoir de Villerest face au risque d?interruption du soutien d?étiage pendant cette période. La
prise en compte de ces volumes complémentaires dans la gestion du réservoir, par une révision
des courbes planchers et d?alerte, et dans les modélisations MORDOR, conduirait à une
consommation plus systématique, en année moyenne à sèche, de l?eau contenue dans Villerest
sans remettre en cause la gestion prudente dont fait preuve le CGRNVES.
2.2.3 Atténuer les contraintes de la gestion pluriannuelle de Naussac par
une mobilisation des Fades sur la Sioule
Comme présenté en partie 1, les ouvrages des Fades et de Queuille sur la Sioule délivrent un
54 Rappel : sur une capacité de 41 Mm3, seuls 30 Mm3 sont utilisables pour produire de l?électricité
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réserve AEP réserve Villerest électricité
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double soutien d?étiage :
à hauteur de 2,5 m3/s au titre d?un régime garanti, obligation de la concession ;
pour un débit complémentaire d?au maximum 0,7 m3/s, du 1er juin au 30 septembre, dans
le cadre d?une convention signée en 2020 avec la Chambre d?agriculture de l?Allier.
Ainsi, si la capacité utile des deux ouvrages est de 58,9 Mm3, leur capacité utile estivale est plus
faible et a été estimée par EDF à 46 Mm3, une fois décomptés les volumes provisionnés pour les
débits garantis et le soutien agricole. En pratique, le volume utile sur lequel pourrait être imputé un
soutien d?étiage automnal serait toutefois moindre. La gestion printanière a, en effet, pour objectifs
de provisionner le volume estival nécessaire au soutien d?étiage (env. 13 Mm3, cf. supra), mais
aussi de produire au mieux des besoins énergétiques.
Dans ces conditions, la mission estime qu?une capacité de l?ordre de 15 Mm3 pourrait être mobilisée
pour garantir un soutien d?étiage de l?Allier aval, puis de la Loire, en automne, au cas où le réservoir
de Naussac risquerait de voir son niveau descendre en-dessous d?une cote rendant son
remplissage pour l?année suivante trop incertain mais aussi dans le cas où le réservoir de Villerest
serait épuisé. Comme pour Villerest, la prise en compte de ces volumes complémentaires dans la
gestion du réservoir, conduirait à une consommation plus systématique, en année moyenne à
sèche, de l?eau contenue dans Naussac sans remettre en cause la gestion prudente dont fait
preuve le CGRNVES.
Figure 16 : Les Fades - gestion actuelle et proposition mission
gestion actuelle
proposition mission
Source : calculs mission à partir de données EDF
Ce soutien d?étiage supplémentaire en provenance de Naussac est toutefois limité par la capacité
annuelle de remplissage de ce réservoir qui a été voisine de 90 à 100 Mm3 sur les années 2016-
2019, ce qui renforce l?intérêt de l?augmenter (cf. annexe 3). Compte tenu de cette limitation, il est
possible que certaines années, cette réserve ne permette de déverser plus d?eau qu?à partir de
Villerest.
La création d?une telle réserve devra donc s?accompagner, dans la gestion du réservoir de Naussac,
de l?introduction de courbes d?alerte, à l?instar de celle existant sur Villerest, organisant l?appel à
cette réserve en fonction du niveau du réservoir et de l?évolution prévue de celui-ci dans une vision
pluriannuelle.
Comme pour Lavalette, la création d?une telle réserve aura un double impact sur la production
d?électricité : au printemps pour assurer un remplissage plus élevé de la retenue et à l?automne,
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débit garanti réserve CA03 électricité
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débit garanti réserve CA03 réserve Naussac électricité
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tant que la réservation n?est pas levée. Afin de ne pas handicaper inutilement la production
électrique, cette réservation devra être annulée ou réduite le plus tôt possible, dès lors qu?elle
s?avèrera inutile ou trop élevée (ce qui devrait être le plus souvent le cas).
La mission souligne également qu?il serait possible d?augmenter la production d?électricité, de
quelques MW, en plaçant une turbine sur la conduite correspondant au débit garanti de 2,5 m3/s.
Ces eaux ne peuvent en effet pas être turbinées actuellement lorsqu?elles sont relâchées. Un tel
projet ne permettrait de compenser ni la perte économique subie par le concessionnaire ni la perte
énergétique. Par contre, le bilan énergétique serait plus faiblement dégradé. Les études et le
chiffrage sont néanmoins à réaliser par EDF. Dans une vision globale du devenir de l?ouvrage et
de la mise en place de la réserve automnale, l?Agence de l?eau pourrait participer au financement
de l?investissement.
2.2.4 La modification de l?équilibre entre les soutiens d?étiage de la Loire
et de l?Ardèche par les ouvrages de Montpezat ne répondrait pas aux
ordres de grandeur
L?aménagement de Montpezat, décrit en annexe 4, est le plus important du bassin pour la
production d?électricité.
2.2.4.1 Le soutien d?étiage par Montpezat
Le complexe de Montpezat délivre un double soutien d?étiage :
un débit garanti de 1 m3/s sur la Loire résultant des obligations du cahier des charges de
la concession55 ;
un soutien sur l?Ardèche découlant de la convention intervenue en 1984 entre EDF et le
Syndicat mixte d?équipement de l?Ardèche pour la construction du barrage de Pont-de-
Veyrières sur la Fontaulière.
Le soutien d?étiage de la Loire est prioritaire par rapport à celui de l?Ardèche. Comme nous l?avons
vu au 1.1.3, compte tenu des montants respectifs du débit garanti sur la Loire et de l?OSE à Voguë
sur l?Ardèche, si le soutien d?étiage au sens strict à partir de Montpezat, est principalement délivré
vers l?Ardèche (entre 73 % et 100 % selon les années, en pratique), le volume déversé pendant
cette période, vers l?Ardèche (8,8 Mm3) est quasiment similaire, en moyenne, aux volumes assurés
à la Loire par le débit garanti dont elle bénéficie (8 Mm3).
Cependant les modalités de soutien sont très différentes :
Sur la Loire, il est versé de manière continue via un débit garanti de 1 000 litres par seconde,
assuré principalement (entre 60 et 100 % selon les années et en moyenne à 88 %) par le
débit naturel du fleuve et accessoirement par le soutien d?étiage ;
Tandis que, sur l?Ardèche, les règles pesant sur le bassin de démodulation de la Fontaulière
permettent une plus grande variabilité. Le débit d?objectif peut en effet être modulé en
concertation avec les bénéficiaires du soutien ce qui, pour la mission, constitue une très
bonne pratique pour préserver le stock (notamment s?il n?est pas maximum au début de
l?étiage en année sèche) et/ou allonger la période de soutien jusqu?au 31 octobre, ce qui
est fréquemment mis en oeuvre.
La priorité accordée à la Loire par le débit garanti risque de conduire, sous l?effet du changement
55 Cahier des charges annexé à la loi 43-99 du 21 mars 1949 concédant à EDF les travaux d?aménagement de la
chute de Montpezat.
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climatique, à une modification progressive du partage du soutien d?étiage au détriment de l?Ardèche
au fur et à mesure que diminuera le débit naturel de la Loire amont en été. Une baisse de 20 %
des débits naturels, par rapport à la période 2000-2021, conduirait, en moyenne, à multiplier par
1,4 le soutien d?étiage de la Loire afin d?assurer le débit de 1 m3/s imposé au pont de la Borie. Une
baisse de 40 % à la multiplier par 2,8. Dans tous les cas ceci réduira le volume pouvant servir au
soutien d?étiage de l?Ardèche.
Une révision du partage des eaux, en été, entre la Loire et l?Ardèche, évoquée par certains acteurs,
ne pourrait porter que sur un nombre très restreint de millions de m3 (nettement inférieur à 5). En
effet, en 2016, la Loire a bénéficié de 3 Mm3 sur le volume maximum disponible de 12 Mm3. Une
nouvelle règle de répartition ne pourrait être établie qu?en tenant compte des contraintes
rencontrées par les acteurs de l?Ardèche et de la Loire ainsi que des effets prévisibles du
changement climatique.
Au final, le complexe de Montpezat ne saurait apporter une sécurisation du soutien d?étiage par
Villerest comparable à celle envisagée pour Grangent et Lavalette.
2.2.4.2 La création d?une STEP
Les stations de transfert d?énergie par pompage (STEP) consistent en un ensemble de deux
réservoirs d?eau situés à deux niveaux différents (avec typiquement un dénivelé d?au moins 100 m)
entre lesquels se trouve l?usine hydro-électrique. En passant du réservoir supérieur au réservoir
inférieur, l?eau alimente la turbine de l?usine comme dans un barrage classique et peut ainsi
produire de l?électricité durant les heures de pointe. Elle est remontée par un système de pompage
situé également dans l?usine durant les heures creuses.
L?association European Rivers Network (ERN) France ? SOS Loire Vivante préconise de créer une
STEP sur Montpezat.
Cette solution n?a pas trouvé, pour le moment, de localisation possible sur Montpezat : la distance
géographique qui sépare les bassins supérieurs du Gage et de La Palisse du bassin de
démodulation de la Fontaulière (voir schéma en annexe) ne permet pas d?envisager un tel
fonctionnement à partir des bassins existants.
Ainsi, si la création d?une STEP constitue une solution a priori intéressante, la mission ne voit pas
comment elle peut être appliquée à l?usine de Montpezat.
Plus généralement, sur le reste du bassin Loire-Bretagne, les hauteurs de chute rencontrées
limitent la puissance et donc l?intérêt d?éventuelles STEP.
2.2.5 En conclusion sur l?Allier et la Loire amont
Ce sont les capacités disponibles sur les bassins de la Loire amont et de l?Allier, bien plus que les
besoins pouvant être projetés à moyen terme, qui déterminent les possibilités de renforcer et
sécuriser le soutien d?étiage de l?Allier et de la Loire assuré par Naussac et Villerest.
Les investigations de la mission la conduisent à proposer, après discussions techniques avec EDF,
Saint-Etienne Métropole, l?EPL, la DREAL et l?AELB :
de mobiliser à cet effet les trois retenues hydroélectriques existantes pour réserver à
l?automne un volume d?environ 30 Mm3 au-delà du soutien que deux d?entre elles peuvent
déjà procurer (Sioule par les Fades ? Queuille et canal du Forez par Grangent) ;
de moduler les OSE de proximité de Naussac (confluence du Chapeauroux et Vieille-
Brioude) et de Villerest (pied du barrage) ;
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et d?explorer toutes les pistes possibles d?augmentation du remplissage annuel du barrage-
réservoir de Naussac.
Les capacités correspondantes sont limitées :
environ 15 Mm3 en amont de Villerest ;
environ 15 Mm3, sur l?Allier aval en complément de Naussac.
La répartition ainsi proposée du volume total de la réserve automnale entre ces trois ouvrages doit
rester indicative aux yeux de la mission tant que le concessionnaire de la chute d?eau est le même
sur les trois ouvrages : c?est à lui de la déterminer chaque année en fonction de l?état des stocks
présent sur chaque ouvrage au mois de mai. Suivant la répartition choisie par le concessionnaire,
cette réserve automnale représenterait, si elle était effectivement utilisée comme soutien d?étiage,
une perte d?électricité à la pointe de 10 à 14 GWh56, soit une perte57 d?environ 2 à 3 M¤ (pour un
MWh égal à 200 ¤) en partie compensée par la production d?une même quantité d?électricité à un
moment où les prix seraient plus faibles.
Même si ces volumes apparaissent modestes au regard des volumes utiles des deux réservoirs
de Naussac et Villerest, ils sont significatifs et susceptibles d?avoir un effet de levier, en favorisant
une utilisation plus complète des volumes contenus dans les réservoirs, par une sécurité apportée
face au risque d?interruption du soutien d?étiage à l?automne. La mission estime qu?ils sont
susceptibles d?augmenter d?autant le volume maximum mobilisable actuellement limité dans le
pratique à 210 Mm3 et donc de le porter entre 240 et 250 Mm3.
Pour la mission, il s?agit de passer d?une approche prudente à une approche prudentielle, assise
sur la garantie apportée par la réservation de ces volumes dans les trois retenues.
Cette approche conduit à minimiser l?impact potentiel sur la production hydroélectrique, la
réservation ayant toute chance d?être plus souvent annulée qu?utilisée : elle ne devrait être appelée
en effet que dans le cas d?un automne sec, succédant à un été sec (voire également un printemps
qui n?aurait pas permis de remplir totalement les ouvrages).
Afin de minimiser l?impact de la mise en place de cette réserve sur la production électrique la
mission considère de plus que :
Le remplissage des ouvrages, pour aboutir aux réserves mentionnées ci-dessus, ne doit
commencer qu?après la période hivernale durant laquelle les réserves hydroélectriques
sont régulièrement appelées pour faire face à la demande de pointe ;
Le volume de soutien assurantiel pour la campagne de soutien d?étiage pourra être ajusté
par exemple à la fin du mois de mai pour tenir compte du remplissage réel des ouvrages
(sans s?éloigner notablement cependant des volumes envisagés) ;
Il est souhaitable de pouvoir renoncer, au plus tôt au cours de la campagne, à cette réserve
automnale, ou la réduire, s?il s?avère qu?elle ne sera pas nécessaire, ce qui permettra de
limiter la contrainte énergétique et l?indemnisation correspondante ;
Le volume ainsi réservé doit être considéré comme un volume total en laissant toute
latitude au concessionnaire pour le répartir entre les trois ouvrages ;
Ce volume pourra être revu à la baisse une année donnée, avant le début de la période
d?étiage en cas de besoins exceptionnels en énergie et puissance à la pointe,
56 Les puissances des ouvrages concernés sont de 22 MW pour Lavalette (Vershilac-Vendets), 38,4 MW pour
Grangent et 46 MW pour les Fades-Queuille.
57 Ce montant ne couvre pas la perte de valeur de la production liée à la mise en place de cette réserve.
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correspondant par exemple à une indisponibilité programmée du parc nucléaire ou à une
rupture probable de l?approvisionnement en gaz ;
L?indemnisation du concessionnaire, pour la perte correspondant à la mise en place de la
réserve, devra être versée même si le soutien d?étiage n?est pas mis en oeuvre. Toutefois,
comme cela se pratique actuellement sur certains soutiens en Adour Garonne,
l?indemnisation sera réduite si cette réserve est levée avant la fin de la période. Les
déversements éventuels devront eux aussi être indemnisés.
2.2.5.1 Conforter l?EPL dans son rôle de pivot de la gestion opérationnelle et de caisse
de financement du soutien d?étiage
La gestion opérationnelle des réservoirs de Naussac et Villerest est assurée par l?EPL. L?appel aux
volumes réservés dans les retenues de Grangent et Lavalette, pour le réservoir de Villerest, et à la
retenue des Fades pour le réservoir de Naussac, ne peut reposer que sur un dialogue en fonction
de l?évolution du niveau de chacun des réservoirs entre l?EPL et le ou les propriétaire et
concessionnaire des ouvrages correspondants qui ont la responsabilité des lâchers à l?aval de leur
barrage. C?est à lui qu?il reviendra d?annuler les réservations ou d?appeler auprès d?EDF tout ou
partie des volumes réservés.
La proposition de la mission ne peut techniquement être mise en oeuvre que dans le cadre d?une
convention entre l?EPL, EDF, Saint-Etienne Métropole pour Lavalette, et l?autorité concédante
conformément aux éléments juridiques présentés au point 2.1.3 ci-avant. Celle-ci pourra
avantageusement s?inspirer des conventions en vigueur sur le bassin Adour-Garonne58, signée
entre l?EPTB, l?Agence de l?eau, EDF, l?Etat et définissant les rôles de chacun.
Cette garantie aura un coût : la constitution de cette réserve entraîne en effet une perte pour le
concessionnaire, qui doit être indemnisé, même en année où elle ne sera pas consommée. La
rémunération devra de plus être d'autant plus forte que la réserve sera levée tardivement : si la
réserve venait à être levée au quinze septembre, la rémunération devrait être faible (correspondant
à la perte résultant des contraintes de cote sur les Fades et Lavalette jusqu?à cette date). Le prix
de la prestation devra être négocié avec EDF pour les retenues de Grangent et des Fades, avec
EDF et Saint-Etienne métropole pour la retenue de Lavalette.
L?EPL finance le coût du soutien d?étiage assuré par les réservoirs de Naussac et Villerest par des
redevances perçues auprès des bénéficiaires dans le cadre d?un arrêté inter-préfectoral du 10
novembre 2006 qui « déclare d?intérêt général l?exploitation, l?entretien et l?aménagement par
l?Etablissement Public Loire des barrages-réservoirs de Naussac [... ] et de Villerest [... ], pour le
soutien des étiages de l?Allier et de la Loire destiné à améliorer les possibilités de prélèvement
dans ces cours d?eau et leurs nappes d?accompagnement ». Les fondements juridiques et les
modalités pratiques de ce mode de financement sont détaillés en annexe 3.
Le coût de ces réservations peut-il être financé dans ce cadre ? La mission considère, en première
analyse, que oui, pour les raisons suivantes :
Les réservations visent, dans une démarche prudentielle, à permettre d?utiliser plus
complètement l?eau contenue dans les deux réservoirs en garantissant autrement le
gestionnaire vis-à-vis du risque d?interruption brutale du service rendu pour le soutien
d?étiage. Les dépenses correspondantes peuvent donc être considérées comme faisant
58 Voir notamment le contrat de coopération provisoire signé en vue de la mobilisation de réserves d?Edf pour le
soutien d?étiage signée le premier juillet 2020
https://www.lagaronne.com/sites/default/files/upload/contrat_edf_2020_2021_2022_du_1er_juillet_2020_allege_p
our_site.pdf ou la convention spécifique relative au bassin du Lot signée le 23 août 2019
https://www.lagaronne.com/sites/default/files/upload/20190823_convention_specifique_lot.pdf
PUBLIÉ
https://www.lagaronne.com/sites/default/files/upload/contrat_edf_2020_2021_2022_du_1er_juillet_2020_allege_pour_site.pdf
https://www.lagaronne.com/sites/default/files/upload/contrat_edf_2020_2021_2022_du_1er_juillet_2020_allege_pour_site.pdf
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partie des coûts d?exploitation des réservoirs et être prises en compte dans le budget
annexe de l?EPL.
Ces dépenses d?exploitation complémentaires peuvent être répercutées sur les
bénéficiaires dans le cadre de la déclaration d?intérêt général de 2006. Car elles améliorent
bien leur capacité de prélèvement dans l?Allier ou la Loire, chaque année par effet de levier
sur l?optimisation de la gestion de Naussac et Villerest, et exceptionnellement par
complément de soutien d?étiage.
La charge pesant sur chaque bénéficiaire n?est pas fondée sur le coût du prélèvement
opéré l?année en cours mais sur un volume prélevable représentant la capacité de
prélèvement dont il bénéficie grâce à l?existence du dispositif dans son ensemble. Ainsi, le
coût d?exploitation de Villerest est répercuté sur tous les bénéficiaires, y compris ceux du
Val d?Allier qui ne prélèvent pas d?eau provenant de ce réservoir. De la même façon, le coût
de Naussac est répercuté sur tous les bénéficiaires, y compris ceux situés sur la Loire à
l?amont du bec d?Allier qui ne prélèvent pas d?eau provenant de ce réservoir. Lorsque de
manière exceptionnelle, la retenue des Fades déversera de l?eau, le coût correspondant,
qui participera du dispositif d?ensemble, pourra être répercuté sur tous les bénéficiaires, y
compris ceux situés sur l?Allier à l?amont de la confluence de la Sioule comme ceux situés
sur la Loire à l?amont du bec d?Allier.
La possibilité de financer ces réservations dans la cadre de la déclaration d?intérêt général (DIG)
actuelle gagnerait à être vérifiée par une analyse juridique plus poussée. Au cas où ce ne serait
pas possible, une nouvelle DIG pourrait être prise. Cela offrirait l?occasion de supprimer les
distorsions d?imputation entre bénéficiaires relevées par la mission59.
Le dispositif proposé par la mission peut être mis en place de manière progressive et à court terme,
les conventions relatives à chaque retenue pouvant être conclues indépendamment les unes des
autres.
2.2.5.2 Adapter la gouvernance du dispositif
La gouvernance du dispositif de soutien d?étiage de l?Allier et la Loire par l?EPL est organisé autour
du CGRNVES, présidé par la préfète coordonnatrice de bassin.
La mission a recueilli de nombreux témoignages de satisfaction quant au travail de ce comité, y
compris pendant une année aussi difficile que 2022, et quant au pilotage assuré par la préfète de
bassin avec son appui.
La mission considère que cette gouvernance présente deux caractéristiques fortes qu?il faut
absolument préserver :
1) Elle articule, au sein du même comité, gestion courante et gestion de crise. Cette
articulation doit être absolument maintenue car la performance des administrations en
charge de la gestion de crise est fondée sur une expérience, des connaissances et des
compétences techniques qui ne peuvent être acquises et entretenues que par une
articulation constante à la gestion courante.
2) Elle associe toutes les parties prenantes représentées au comité de bassin. Cette
association des parties prenantes, dans toute leur diversité, est une condition essentielle
de l?efficacité d?un processus d?amélioration continue des règles et pratiques de gestion par
retour d?expérience tel que proposé par la mission. Elle est aussi une condition essentielle
de l?acceptabilité sociale des mesures de gestion de crise.
59 Voir Annexe 3
PUBLIÉ
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La gouvernance constituée autour du CGRNVES gagnerait sans doute à évoluer. L?extension des
responsabilités de l?EPL découlant des propositions de la mission pourrait fournir l?occasion d?une
telle évolution.
Dans cet esprit, la mission recommande de mieux distinguer la gestion courante, de la compétence
du président de l?EPL, sur la base de règles préétablies et validées par le CGRNVES, et la gestion
de crise, de la compétence de la préfète de bassin, en conservant au CGRNVES une pluralité de
fonctions adaptée :
Définir de nouvelles règles de gestion de Villerest et de Naussac pour tenir compte des
novations qui pourraient suivre la remise de ce rapport : modulation des OSE de proximité,
optimisation du remplissage des réservoirs et prise en compte des réserves automnales
constituées dans les retenues hydroélectriques de Grangent, Lavalette et des Fades ;
Conseiller le président de l?EPL pour l?amélioration continue des règles pratiques de gestion
des réservoirs et de l?appel aux réserves complémentaires ;
Conseiller la préfète de bassin pour la gestion de crise.
La mise en place de la réserve automnale que la mission propose repose sur une idée simple. Sa
mise en oeuvre, qui conduit à coordonner la gestion, durant une grande partie de l?année, des
réserves d?eau de cinq ouvrages différents, en fonction de l?état des stocks et des prévisions
météorologiques, soulèvera diverses difficultés qui seront surmontées par retours d?expérience
successifs. Le CGRNVES doit jouer un rôle central d?association de toutes les parties prenantes à
l?affinement des nouvelles règles de gestion en fonction de l?expérience acquise, en veillant à
préserver la fonction énergétique de l?ensemble.
(EPL) : Etudier, en lien avec EDF et Saint-Etienne Métropole, la
possibilité de réserver la disponibilité, à l?automne, d?environ 30 Mm3 d?eau dans les
retenues de Grangent, Lavalette et des Fades en appui de Naussac et Villerest.
2.3 Préserver le soutien d?étiage de la Vienne
Le dispositif de soutien d?étiage de la Vienne est présenté en partie 1.1.2.
La mission constate que ce dispositif a prouvé son efficacité, y compris durant les étés secs de
2019 et de 2022 qui pourraient préfigurer ceux du milieu de siècle. Son efficacité repose sur EDF
qui en est, à la fois, le fournisseur et le bénéficiaire principal, et qui exploite l?ensemble des
aménagements mis à contribution en procédant aux ajustements opérationnel en temps réel. La
préserver passe par le maintien de cette unité y compris après l?échéance des concessions en
cours, dont notamment celle de Peyrat-le-Château60 en 2026.
La mission a pris connaissance avec intérêt des études de l?influence du changement climatique
sur les ressources en eau sur le bassin de la Vienne, présentées par Antea lors du séminaire sur
l?eau et le climat organisé par l?EPTB de la Vienne en juin 2022. Elle ne peut qu?encourager les
acteurs à poursuivre leurs travaux en vue d?évaluer la robustesse du dispositif face au changement
climatique
Elle constate aussi que ce dispositif s?appuie sur un ensemble de retenues, dont la capacité utile
totale de 134,5 Mm3 est limitée à 65,7 Mm3 du 1er avril au 31 août par la cote touristique du lac de
Vassivière, et que ce dispositif puissant peut, certaines années délivrer un soutien d?étiage d?un
60 La concession de Peyrat-le-Château inclut le lac de Vassivière et les barrages de Chammet et Faux-la-Montagne
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ordre de grandeur comparable à celui délivré par Villerest ou par Naussac. La Vienne constitue par
ailleurs un affluent important de la Loire. Son DOE de 30 m3/s à Nouâtre représente 36 % du DOE
de 83 m3/s de la Loire à Langeais juste à l?amont du bec de Vienne. La mission invite l?AELB à
évaluer, dans le cadre de son étude HMUC globale sur le bassin de la Loire, l?impact du soutien
d?étiage de la Vienne sur la Loire aval ainsi que l?intérêt et l?opportunité d?une prise en compte
d?objectifs situés sur la Loire aval par ce dispositif.
2.4 Adapter les dispositifs locaux au changement climatique
La mission n?a pas étudié en détail les 4 dispositifs locaux existants.
Le dispositif de soutien d?étiage de l?Aulne par les retenues de Saint-Michel et Saint-Herbot
applique tous les principes des législations actuelles61 et est géré par objectif de soutien d?étiage.
Il apparaît, à première vue, capable de s?adapter aux évolutions climatiques attendues.
2.4.1 Le cas du Cher : l?adoption souhaitable d?objectifs de soutien
d?étiage variables
Le dispositif de soutien du Cher à partir des retenues de Rochebut et Prat repose sur un débit
garanti du 1er juin au 30 novembre appuyé sur un volume garanti au 1er juin. Il est défini dans le
cahier des charges de 2013 de la concession de Teillet-Argenty. Malgré le caractère récent de ces
dispositions et des alertes antérieures à sa dernière formalisation62, ce dispositif se révèle déjà
inadapté63 :
Le débit garanti ne peut être tenu durant toute la période d?étiage que si les apports naturels
sont suffisants, ce qui n?est déjà plus assuré et risque d?être de moins en moins le cas dans
le futur. Des dérogations préfectorales sont dès lors régulièrement nécessaires ;
Le besoin d?un soutien d?étiage jusqu?au 15 décembre exprimé par les collectivités
territoriales excède la période d?engagement (1er juin ? 30 novembre) prévue dans le cadre
de la concession.
Le déséquilibre entre les ressources disponibles et les consommations d?eau sur le bassin du Cher
est quelque peu atténué par les transferts d?eau, détaillés en annexe 8, dont il bénéficie à partir de
la Loire, de l?Allier et de la Creuse. Mais ceci ne permet pas de répondre à tous les besoins.
Suite à une expérimentation réalisée en 2020 et 2021, EDF a proposé aux collectivités territoriales
situées à l?aval du barrage une adaptation du dispositif par voie conventionnelle qu?elles n?ont pas
acceptée.
La mission considère que cette situation fournit un exemple très convaincant du fait que le
changement climatique rend caduques les approches en termes de débits et volumes garantis sur
une longue période et calculés sur une situation antérieure considérée comme une référence stable.
Une gestion par OSE modulables aux objectifs de Montluçon et Vierzon serait sans doute bien plus
61 Voir point 2.1
62 Fin mai 2011, constatant que le remplissage de Rochebut était incomplet, le CGRNVES avait recommandé
d?envisager une réduction précoce du débit délivré de façon à minimiser le risque d?avoir à réduire encore plus
fortement ce soutien si la sévérité de l?étiage se prolongeait et se confirmait
63 Voir présentation plus détaillée au 1.1.3.
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adaptée64.
Le Cher fait partie du périmètre institutionnel de l?EPL et de son périmètre en tant qu?EPTB. L?EPL
porte, en outre, les études des schémas d?aménagement et de gestion des eaux (SAGE) Cher
amont et Cher aval. Il pourrait donc utilement apporter à ses membres situés dans le bassin du
Cher l?appui de son expérience des OSE pour trouver une solution plus adaptée à la situation.
La mission recommande que, conformément au cahier des charges de la concession et en lien
avec la révision du SAGE Cher amont, soit définie en concertation avec l?ensemble des parties
prenantes, une solution de gestion par lâchers et OSE modulables en fonction du volume contenu
dans la retenue et des prévisions météorologiques65 de façon à pouvoir assurer un soutien des
débits jusqu?à la fin de la période d?étiage.
Un soutien d?étiage supplémentaire à celui prévu par le cahier des charges de la concession devra
donner lieu à indemnisation du concessionnaire.
2.4.2 Le cas de la Creuse : une situation de déséquilibre qui risque de
s?aggraver
Aucune demande de mise en place d?un dispositif de soutien d?étiage à plus large échelle que la
convention passée par le syndicat des irrigants de l?Indre avec EDF n?a été reçue par la mission.
Pour autant la question pourrait se poser.
Pendant la décennie 2011-2020, les DOE aux points nodaux de ce cours d?eau (Glénic dans la
Creuse et Leugny dans la Vienne) n?ont été respectés qu?une année sur deux. Ceci révèle une
situation de déséquilibre qui a été confirmée en 2019 par les difficultés rencontrées par certaines
collectivités dans leur alimentation en eau potable. Or, le bassin de la Creuse transfère à partir de
la Creuse et de la Gartempe une partie de son eau vers des sous-bassins voisins (Vienne et Cher)
pour y assurer une partie de leur alimentation en eau potable (voir annexe 8). Ce déséquilibre ne
pourra que s?aggraver sous l?effet du changement climatique.
Sept barrages hydroélectriques sont situés sur la Creuse :
quatre dans le département de la Creuse, sur l?amont du cours d?eau : Confolent,
Champsanglard, Les Chezelles et l?Âge, pour un volume utile total de 6,2 Mm3 ;
trois dans le département de l?Indre : Eguzon, Roche-au-Moine et Roche-bat-l?Aigle, pour
un volume utile total de 25,6 Mm3.
Le barrage d?Eguzon représente à lui seul 70 % du volume utile cumulé amont aval, avec 22,1 Mm3.
Son règlement d?eau, approuvé en juin 2013 à l?occasion du renouvellement de la concession, a
été révisé en juillet 2019. La retenue est aujourd?hui fortement contrainte :
64 D'après le retour d?expérience de l?été 2019 et les avis des préleveurs d'eau potable du département, les
prélèvements pour l?alimentation des usines de production d?eau potable ainsi que des installations industrielles et
agricoles ne sont pas impactés si le débit délivré à l?aval de Rochebut/Prat reste supérieur ou égal à 60 % du débit
actuellement garanti. C?est également le cas pour ce qui concerne la ville de Vierzon, dont le Cher est la seule
source d?alimentation en eau potable. La fédération de pêche souligne cependant qu?un faible débit délivré
conjugué à une température des eaux élevée pendant la période estivale peut entraîner une baisse de la qualité
de l?eau avec un effet potentiel sur la population piscicole et souhaite par conséquent que le passage à un tel débit
intervienne le plus tard possible dans la saison (pas avant septembre-octobre). Note DREAL Auvergne Rhône Alpes
du18 mai 2022 transmise à la mission.
65 Cette solution pourrait reposer sur un débit faible au début de la période d?étiage (correspondant à des apports
naturels faibles) de façon à ne pas vider l?ouvrage en cas d?absence d?apports naturels durant toute la saison, et
de revoir cette courbe à la hausse ou à la baisse en fonction des apports naturels constatés ainsi que des prévisions
météorologiques.
PUBLIÉ
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Elle doit respecter une cote touristique du 1er juillet au 31 août avec un marnage admissible
de 1m ;
Elle est exploitée au printemps de manière à favoriser la reproduction des sandres et des
gardons en lien avec la fédération de l?Indre pour la pêche et la protection des milieux
aquatiques (FDPPMA) ;
Elle peut enfin fournir un soutien d?étiage dans le cadre d?une convention passée avec les
irrigants de l?Indre (dans le cadre de la contrainte touristique évoquée ci-dessus).
Plusieurs barrages, sans exploitation pour la production d?électricité, sont également situés dans
le sous-bassin de la Gartempe.
Les difficultés d?alimentation en eau potable observées en 2019 montrent que ce bassin peut être
confronté à des déficits de ressource. L?étude HMUC et la révision du SAGE Creuse, actuellement
en cours, devraient permettre de préciser les problématiques de ce sous bassin, notamment les
besoins pour les milieux, la répartition fine entre usages et également sa sensibilité aux effets du
changement climatique.
La mise en place d?un soutien d?étiage plus ambitieux pourrait ainsi être étudiée par les collectivités
territoriales concernées avec l?appui de l?EPTB Vienne qui pilote déjà des études prospectives sur
ce bassin.
2.4.3 Le cas du Blavet : des améliorations possibles du règlement d?eau
La concession de Guerlédan intègre trois fonctions accessoires : la limitation des inondations sur
le territoire aval, et en particulier sur la commune de Pontivy, un soutien d?étiage pour assurer les
besoins en eau potable et pour la vie piscicole et le développement du tourisme estival.
Mais, de fait, ces trois contraintes (dont certaines sont contradictoires : le soutien d?étiage ne
permet pas de maintenir la cote touristique en année d?étiage sévère lorsque les débits sont faibles)
réduisent très fortement le potentiel de production électrique de la retenue. Le concessionnaire a
donc souligné auprès de la mission que la rentabilité de la concession de Guerlédan n?était plus
assurée.
Une triple voie d?amélioration semble possible sur cette retenue consistant d?une part à chercher à
mieux protéger les populations à l?aval contre les inondations, à accroître l?amplitude du marnage
de la retenue et à mieux concilier les enjeux de soutien d?étiage avec ceux du tourisme.
La mission considère que son règlement d?eau pourrait ainsi être revu, sans attendre l?échéance
de la concession en 2048, à la lumière du retour d?expérience des années d?exploitation depuis le
renouvellement de 2008, au vu de l?hydrologie actuelle et future sur le bassin ainsi qu?en
considérant les projections des besoins en eau potable et en écrêtement de crue. La réalisation du
creux hivernal préventif pourrait être adaptée suivant le débit entrant dans la retenue et plus
généralement suivant l?hydrologie et les prévisions météorologiques sur le bassin. La modulation
du débit délivré à l?aval mériterait également être étudiée. L?analyse, à engager par les collectivités
territoriales compétentes, pourrait ainsi porter sur la faisabilité de remplacer le régime garanti par
un système d?OSE modulables en fonction des enjeux, d?alimentation en eau potable, mais aussi
de vie piscicole et de biodiversité aquatique. Une telle étude devrait comporter une approche
socioéconomique sur les différents services rendus par le barrage : production électrique, soutien
d?étiage, protection contre les inondations.
PUBLIÉ
Novembre 2022 Les conditions de mobilisation des retenues
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3 Le changement climatique renforce la nécessité d?une
gestion quantitative à l?échelle du bassin
La présente partie tente d?estimer les ordres de grandeur des déséquilibres auxquels il va falloir
faire collectivement face et explore, au-delà des améliorations pouvant être apportées au dispositif
de soutien d?étiage de l?Allier et de la Loire présentées en partie 2, les divers moyens d?action
possibles : maîtrise des prélèvements, amélioration de la rétention et du stockage de l?eau,
évolution des objectifs réglementaires.
3.1 Les ressources actuellement mobilisées pour le soutien d?étiage
ne suffiront pas à satisfaire les DOE, ni à court ni à moyen terme
3.1.1 Les conclusions pouvant être tirées des ordres de grandeur
disponibles
En l?absence d?une étude prospective globale faisant référence pour l?ensemble des parties
prenantes, comme il en existe sur d?autres bassins, trois sources permettent de mieux appréhender
les ordres de grandeur des quantités d?eau nécessaires sur le bassin de la Loire pour faire face au
changement climatique.
3.1.1.1 Les calculs présentés par la mission en 1ère partie de ce rapport
Les ordres de grandeur, pour recouvrer une capacité à respecter, 8 années sur 10, les DOE du
SDAGE 2022-2027, issus des analyses de la première partie, sont :
57 millions de m3 à Montjean, 23 millions de m3 à Gien (DOE de 65 m3/s) et 19 millions de
m3 à Cuffy, immédiatement, pour recouvrer, à DOE inchangés, la satisfaction huit années
sur dix des DOE, dans les conditions de la décennie 2011-2020 ;
270 millions de m3 à Montjean, 160 millions de m3 à Gien (DOE de 65 m3/s) et 65 millions
de m3 à Cuffy à l?horizon du milieu du siècle, à DOE inchangés, si l?on considère qu?une
année équivalente à 2019 pourrait se produire plus de deux fois chaque décennie.
Il s?agit de quantités d?eau supplémentaires à verser au-delà du soutien d?étiage déjà assuré
l?année correspondante.
3.1.1.2 L?étude d?adaptation du mode de gestion des barrages de Villerest et de
Naussac sous l?effet du changement climatique réalisée par l?EPL66
Cette étude conclut qu?à l?horizon du milieu du siècle, les besoins de soutien d?étiage à Gien pour
satisfaire un OSE de 60 m3/s huit années sur dix du 1er juin au 31 décembre, appelleraient un
soutien d?étiage de 350 Mm3, soit 200 Mm3 supplémentaires par rapport à la période 2001-2014,
en moyenne sur 13 projections climatiques testées. De plus, 10 projections sur 13 concluent à un
volume nécessaire supérieur au volume total des deux réservoirs.
Les mêmes calculs montrent qu?un objectif à Gien de 50 m3/s pourrait être tenu huit années sur dix
au milieu du siècle avec un soutien d?étiage de 239 Mm3 : tous les modèles donnent cette fois un
volume nécessaire inférieur au volume total des deux réservoirs.
66 Design Hydraulique et Energie ? EPL, « Etude d?adaptation du mode de gestion des barrages de Villerest et de
Naussac sous l?effet du changement climatique ? Phase 4 Elaboration d?une stratégie d?adaptation du mode de
gestion des barrages », 15 avril 2017
PUBLIÉ
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Tableau 1 : Volume nécessaire pour respecter en 2050 un OSE à Gien du 1er juin au 31 décembre
Année
moyenne
Scénario quinquennal (1/5)
OSE à Gien égal à 60 m3/s 238 350
OSE à Gien égal à 50 m3/s 153 239
Ces calculs théoriques ne prennent pas en compte la dynamique de gestion, en situation, de la
ressource disponible tenant compte du double risque de prolongation automnal de l?étiage et de
non remplissage de Naussac pour la prochaine campagne.
Ces résultats dépendent naturellement des hypothèses d?évolution des prélèvements qui sont
retenues et qui sont présentées dans le volume deux de l?étude.
3.1.1.3 Les projections du modèle MORDOR au 31 mai 2022
Ces projections faisaient état d?un besoin respectivement de 288 Mm3 (dans le cas d?une année
sèche de probabilité 1/10) et de 371 Mm3 (dans le cas d?une année très sèche de probabilité 1/20)
pour répondre à un OSE à Gien de 50 m3/s jusqu?à la fin de l?année.
3.1.1.4 Les constats de la mission
La question centrale pour juger de la soutenabilité de ces divers ordres de grandeur est de pouvoir
estimer quel sera le volume réellement mobilisable à partir des deux réservoirs à l?avenir.
La première partie a établi que, dans les règles de gestion actuelles, le volume mobilisable
maximum, compte tenu des risques de non-remplissage des réservoirs et d?interruption du soutien
d?étiage à l?automne, est de 210 Mm3. Les propositions présentées dans la partie précédente
doivent permettre de porter ce volume maximum mobilisable à environ 240 Mm3, voire 250 Mm3
lorsqu?on prend en compte les améliorations possibles du remplissage de Naussac (cf. annexe 3).
Ceci rehausse la capacité du dispositif à faire face à un plus grand nombre de situations climatiques
et hydrologiques. Mais pas à toutes.
Au terme de ses analyses, et compte tenu des calculs dont elle dispose, la mission tire les
conclusions suivantes de la confrontation des divers ordres de grandeur présentés ci-dessus :
1) Le dispositif de soutien d?étiage de l?Allier et de la Loire, renforcé comme le propose la
mission, pourrait permettre en théorie de servir un OSE à Gien de l?ordre de 50 m3/s, non
seulement en année moyenne à l?horizon 2050, mais aussi en année sèche quinquennale,
si les réservoirs sont remplis à la fin du printemps, alors que le dispositif actuel ne le
permettrait pas ;
2) Même avec les améliorations proposées, ce dispositif restera en difficulté en cas d?année
sèche de probabilité 1/10 ou de succession d?années sèches, hiver inclus, empêchant le
plein remplissage de Naussac ;
3) L?écart aux DOE actuels n?a aucune chance de se résorber du seul fait des améliorations
proposées.
3.1.2 La nécessité d?une étude globale à l?échelle du bassin de la Loire
Ces diverses approches ne fournissent pas une référence partagée. Les études HMUC qui se
lancent actuellement sur divers sous-bassins fourniront des indications localisées lorsqu?elles
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seront achevées, mais pas cette vision globale. Pour l?obtenir, il apparaît indispensable que soit
menée, à l?échelle du bassin de la Loire (le fleuve et tous ses affluents), une étude prospective de
même nature, permettant de disposer d?ordres de grandeur, partagés par tous les acteurs. La
définition du cahier des charges d?une telle étude, a été engagée. Ce travail doit être rapidement
mené à terme et complété par la définition des conditions de réalisation d?une telle étude (maîtrise
d?ouvrage, cahier des charges, dispositif de pilotage, rôle du conseil scientifique du comité de
bassin, modalités d?articulation aux études HMUC locales, etc.).
L?un des rôles du conseil scientifique pourrait consister à définir les modalités d?articulation des
études HMUC locales avec l?étude HMUC globale de façon à assurer une cohérence d?ensemble
des approches méthodologiques, voire des résultats, et à identifier les raisons des discordances
possibles. Il pourrait aussi se prononcer sur la manière de prendre en compte les principaux
résultats de la démarche Explore 2 dans les études HMUC en cours ou existantes. Il pourrait enfin
tenter d?apprécier l?ampleur des incertitudes liées aux modélisations employées.
(AELB) : Effectuer une étude prospective globale sur la totalité du
bassin de la Loire, servant de cadre de cohérence à l?ensemble des études de même nature
financées par l?agence sur de nombreux sous-bassins et prenant en compte les résultats
disponibles d?Explore 2. Impliquer le conseil scientifique du comité de bassin, en cours
d?installation, dans la définition, le pilotage et l?exploitation de cette étude.
3.1.3 Tous les leviers d?action doivent être mobilisés
La solution, éprouvée, pour répondre au changement climatique, toutes choses égales par ailleurs,
resterait la modulation des OSE, c?est-à-dire la baisse des débits effectifs sur l?Allier et la Loire
moyenne. Cette pratique n?est pas sans risques. On ne peut pas compter uniquement sur elle pour
assurer la satisfaction de tous les usages. Encore moins pour assurer le bon état des milieux.
Plusieurs interlocuteurs rencontrés par la mission lui ont fait part de leur demande de voir le projet
de construction d?un ou plusieurs nouveaux grands réservoirs être porté et financé par l?Etat pour
répondre aux enjeux de l?eau sur le bassin Loire-Bretagne dans le contexte du changement
climatique. Pour des raisons détaillées en annexe 9, la mission estime que cette idée doit prendre
en compte plusieurs enseignements tirés des analyses présentées aux chapitres précédents et
qu?elle ne constitue qu?une hypothèse soumise à de forts aléas.
Il faut donc s?intéresser à tous les leviers d?action disponibles, pour recouvrer un équilibre entre le
bon état des milieux et l?ensemble des usages, à savoir :
la réduction des consommations nettes sur une période d?étiage étendue67 ;
et la révision des DOE, en lien avec l?évolution inéluctable des milieux.
La réduction des consommations en période d?étiage ne peut s?envisager que si tous les acteurs
sont sollicités de manière équitable. La mission a exploré cette perspective pour les principaux
usages en période d?étiage sur la bassin Loire-Bretagne mis en évidence au point 1.2.2 : agriculture,
énergie, canaux et eau potable.
67 A l?occasion des Assises de l?eau, le Gouvernement a retenu, en juillet 2019, « un objectif de réduction des pré-
lèvements d?eau de 10 % en 5 ans et de 25 % en 15 ans »
PUBLIÉ
Novembre 2022 Les conditions de mobilisation des retenues
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3.2 Une maîtrise progressive des consommations s?impose pour
sécuriser les usages et assurer la qualité des milieux
La loi sur l'eau et les milieux aquatiques (LEMA) promulguée le 30 décembre 200668 en application
de la DCE d?octobre 2000 introduit la reconnaissance du droit à l'eau pour tous et la prise en
compte de l'adaptation au changement climatique dans la gestion des ressources en eau. Elle
s?inscrit dans l?objectif de rétablir - ou de maintenir lorsque c?est déjà le cas - le bon état des milieux
aquatiques.
Le SDAGE est l?outil principal de mise en oeuvre de la DCE, ainsi l?article L.212-1 du code de
l?environnement indique que le SDAGE fixe des orientations fondamentales, déclinées en
dispositions, permettant de satisfaire aux principes d?une gestion équilibrée et durable de la
ressource en eau. Ces règles de gestion sont définies en réponse aux objectifs de qualité et de
quantité des eaux définis pour chaque masse d?eau du bassin.
La DCE affiche une grande ambition environnementale en fixant pour objectif emblématique le bon
état des eaux dès 2015. Pour autant elle n?oublie pas les réalités financières puisque l?atteinte du
bon état est notamment soumise à des critères de réalisme économique : c?est la notion de coûts
disproportionnés pour les industriels, les agriculteurs et les collectivités territoriales qui peut, le cas
échéant, justifier la fixation d?objectifs moins stricts ou plus éloignés dans le temps.
On rejoint ainsi la notion de gestion équilibrée et durable de la ressource en eau, précisée par
l?article L. 211-1 du code de l?environnement (issu de l?article 20 de la LEMA) qui prend en compte
les adaptations nécessaires au changement climatique et vise à assurer en particulier les usages
économiques, notamment pour le développement de la production d'électricité d'origine
renouvelable, ainsi que la promotion d'une politique active de stockage de l'eau pour un usage
partagé permettant de garantir l'irrigation.
Le même article du code de l?environnement précise la notion de gestion équilibrée et durable en
fixant des priorités et tout d?abord la satisfaction des exigences de la santé, de la salubrité publique,
de la sécurité civile et de l?alimentation en eau potable de la population. Viennent ensuite d?autres
usages, à concilier avec la vie biologique et la protection contre les inondations, comme
l?agriculture, l?industrie, la production d?énergie, le transport, le tourisme, les loisirs et sports
nautiques.
Ces éléments sont détaillés en annexe 10.
Face aux tensions sur les usages de l?eau dans un contexte de raréfaction, il est précisé dans le
propos introductif du SDAGE Loire Bretagne 2022-2027 que « tout au long de la préparation du
SDAGE, le comité de bassin Loire-Bretagne a eu le souci constant d?émettre des préconisations
et des dispositions réalistes, c?est-à-dire ne rendant pas incompatible l?atteinte du bon état des
eaux avec l?exercice des activités agricoles et industrielles, ou encore avec celui de la production
d?électricité d?origine hydraulique. »
3.2.1 La maîtrise des prélèvements agricoles en application des
conclusions du Varenne agricole de l?eau et du changement
climatique
3.2.1.1 L?agriculture en Loire-Bretagne occupe une place économique de premier
plan et figure comme consommateur d?eau majeur
68 LOI n° 2006-1772 du 30 décembre 2006 sur l'eau et les milieux aquatiques
PUBLIÉ
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L?état des lieux du SDAGE adopté fin 2019 montre qu?en légère hausse depuis 2010 (+2 %), la
production de la branche agricole du bassin Loire Bretagne représente en 2016 un total d?environ
20,8 milliards d?euros, soit près de 32 % de la production nationale. La production se répartit à 60 %
pour la production animale et 40 % pour la production végétale. Le secteur agricole emploie environ
215 000 personnes au sein de 110 000 exploitations. L?industrie agroalimentaire constitue le
premier employeur industriel du bassin Loire-Bretagne avec 150 000 emplois.
Les analyses de la première partie montrent qu?en période d?étiage, l?irrigation occupe la première
place des usages avec plus de 50 % des consommations nettes (différence entre le volume prélevé
et le volume restitué au milieu naturel), principalement dans une grande partie centrale et sud-
ouest du bassin. L?alimentation en eau des élevages constitue également un prélèvement
significatif en région Pays de la Loire et Bretagne essentiellement. Des prélèvements unitaires
importants en eau de surface pour l?irrigation s?exercent le long des grands axes fluviaux ainsi que
dans quelques grandes nappes souterraines, calcaires de Beauce et calcaires du Jurassique.
3.2.1.2 L?irrigation est limitée sur le bassin Loire-Bretagne mais se développe
face au changement climatique.
Seulement environ 5 % de la surface agricole utile du bassin Loire-Bretagne est aujourd?hui irriguée
soit environ 505 000 ha. L?évolution est variable suivant les départements du bassin depuis l?année
2000 avec une relative stabilisation entre 2000 et 2010 et une augmentation contrastée depuis.
Historiquement, on constate une forte densité de prélèvements, qui s?étale des Pays de la Loire à
la Beauce, en Champagne Berrichonne, le long des axes Loire ? Allier et dans le Forez. Les zones
irriguées se développent logiquement là où se croisent des zones agricoles de grande culture ou
de maraîchage avec une situation de faibles pluies efficaces (quantité d?eau de pluie disponible
après évapotranspiration).
La majeure partie de la hausse globale des prélèvements sur l?axe Pays de la Loire ? Beauce est
due à l?irrigation qui continue de se développer depuis 20 ans. Une augmentation des prélèvements
pour l?irrigation est aussi notable en Auvergne sur l?axe Allier entre Clermont-Ferrand et Moulins
(Limagne), d?une part, et sur la plaine du Forez au Nord-Est de Saint Etienne, d?autre part.
Néanmoins, les efforts mis en oeuvre, notamment grâce au SDAGE, permettent d?observer depuis
ces 10 dernières années (2009 ? 2019 d?après les données disponibles) que l?évolution des
prélèvements liés à l?irrigation dans la Sarthe et le Maine-et-Loire sont à la baisse.
En contre-point, des baisses significatives sont mises en avant sur le marais Poitevin et la
Champagne Berrichonne.
Ces évolutions sont détaillées en annexe 11
3.2.1.3 Le monde agricole est inquiet face aux sécheresses des dernières
années et projections climatiques futures
Face aux sécheresses estivales à répétitions et aux projections du changement climatique qui va
renforcer les températures et l?évapotranspiration et donc le déficit hydrologique, la profession
agricole est fortement préoccupée par l?accès à l?eau comme l?ont montré notamment les débats
en comité de bassin lors de l?adoption du SDAGE 2022-2027. Ainsi, en 2022, à la différence des
cultures d?hiver récoltées au début de l?été qui ont été assez peu affectées, les cultures de
printemps ont pâti des stress hydriques et thermiques liés à la sécheresse et aux températures
élevées ; leurs rendements sont en forte baisse, notamment pour le maïs non irrigué. Les prairies
sont aussi affectées, avec des rendements inférieurs de 30 % par rapport à la moyenne des 5
dernières années, sans compter la perte de production de lait des vaches soumises à la canicule.
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A titre d?exemple, lors d?un déplacement en Auvergne et dans une note transmise ensuite à la
mission (Cf. note en annexe 12), la coopérative Limagrain69 fait état d?un besoin de 20 Mm3
supplémentaires pour l?irrigation sur la plaine de la Limagne. Sont envisagés des projets collectifs
de retenues d?eau, dont certains déjà engagés, pour pallier l?urgence de la situation face aux
épisodes de sècheresse. La coopérative a la volonté de réfléchir de manière concertée avec les
autres acteurs dans une vision multiusage. La note conclut en indiquant que « cette réflexion à
l?échelle locale devra être couplée à une vision plus globale sur la construction de grands ouvrages
incluant notre indépendance énergétique aux énergies fossiles et déterminant la pertinence de
créer des barrages hydroélectriques ».
3.2.1.4 Un retard dans la prise de conscience des enjeux sur l?eau en amont du
bassin
Si en Vendée ou en Beauce, les enjeux ont été bien identifiés depuis longtemps et une gestion
collective est déjà opérationnelle avec des outils de suivi quantitatif de la ressource, en amont de
bassin, la prise de conscience a été plus tardive avec peu d?initiatives collectives et une quasi
absence de gestion quantitative, à l?exception du département de l?Allier70. La prise de conscience
s?est cependant enclenchée en réaction aux sécheresses récentes notamment de 2019.
Des initiatives existent cependant de mobilisation de ressources existantes comme sur le bassin
de la Sioule, où une convention de soutien d?étiage, plafonnée à 4,8 Mm3 réservés sur la retenue
des Fades au bénéfice de l?agriculture, a été passée en 2020 par EDF avec la Chambre
d?agriculture de l?Allier : l?indemnisation du concessionnaire est effectuée selon la méthode du coût
de partage des charges.
Dans le Puy-de-Dôme, un projet de territoire pour la gestion de l'eau (PTGE) et un SAGE sont
maintenant lancés qui vont déboucher sur la définition d?un volume prélevable sur la base d?une
étude HMUC. Il faudra mettre en place un organisme unique de gestion collective (OUGC) pour
porter les projets collectifs et solliciter des financements européens.
3.2.1.5 Des démarches concertées sont engagées dans les territoires pour
dégager des pistes d?adaptation de l?accès à la ressource en eau pour
l?agriculture
Le Varenne sur l?eau et l?adaptation au changement climatique, a conclu début février 2022, que la
réponse au changement climatique nécessite un changement de modèle agricole, plus économe
en eau et protecteur des sols. Il est favorable également au renforcement de la ressource en eau
pour l?irrigation, dans le respect du renouvellement de la ressource et du bon état des milieux. La
profession agricole du bassin Loire-Bretagne a participé à ces travaux, notamment les chambres
d?agriculture qui ont réalisé à cette occasion des diagnostics territoriaux en matière d?adaptation71.
Ils permettent d?identifier les points de vulnérabilité des productions, territoire par territoire, mais
également les nouvelles opportunités liées aux évolutions climatiques. Ce travail a été mené en
concertation étroite avec les Conseils régionaux, DRAAF, DREAL, Agences de l?eau, organismes
69 Limagrain est une coopérative agricole et un groupe semencier international détenus par près de 1 500
agriculteurs installés en Limagne Val d?Allier. Présent dans 57 pays et rassemblant plus de 9 000 collaborateurs, le
Groupe réalise un chiffre d?affaires de 1 984 M¤ auxquels s?ajoutent 680 M¤ de chiffre d?affaires des activités
réalisées conjointement avec ses partenaires stratégiques. Pour plus de précisions consulter limagrain.com
70 La Chambre d?Agriculture de l?Allier a été désignée comme Organisme Unique de Gestion Collective de l?eau
pour l?irrigation agricole en 2008 sur tout le département.
71 Les diagnostics territoriaux réalisés par les chambres d?agriculture dans le cadre de la thématique 2 du
Varenne de l?eau et du changement climatique sont téléchargeables à l?adresse : https://rd-
agri.fr/external_data/varenne/thematique2/VARENNE%20GT2%20-%20Diagnostics%20territoriaux.zip
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https://rd-agri.fr/external_data/varenne/thematique2/VARENNE%20GT2%20-%20Diagnostics%20territoriaux.zip
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de recherche et instituts techniques. Des filières de production emblématiques ont été identifiées
qui ont été étudiées dans un territoire bien identifié. La vulnérabilité au changement climatique de
chaque couple « productions / régions agricoles » a été débattue en région et soumise à une
analyse atouts, faiblesses, opportunités, menaces (AFOM).
Des leviers d?action d?adaptation (évolutions des systèmes de production, équipements, outils de
prédiction, génétique et sélection variétale, infrastructures locales...) sont ainsi d?ores et déjà
identifiés pour renforcer la pérennité des productions locales. Ce travail à l?échelle fine de la petite
région agricole permet également de montrer des opportunités de développement de nouvelles
productions ou de nouveaux modes de production. Il a permis d?initier des plans d?action
d?adaptation des systèmes agricoles au changement climatique qui s?inscrivent dans les
orientations du Varenne sur l?eau.
Cependant, face au constat de l?aggravation des déficits hydriques en été, ces travaux débouchent
en général sur l?expression d?un besoin de sécuriser l?accès à l?eau pendant les périodes de
sécheresse par la création de nouvelles retenues, l?irrigation apparaissant comme une « assurance
sécheresse ». La quantification des ces besoins nécessite des études type HMUC et une
concertation préalable (PTGE, SAGE), dans le respect des dispositions du SDAGE, portant sur
l?ensemble des usages à l ?échelle des territoires.
Ces démarches qui prennent plusieurs années ne sont pas finalisées à ce stade. Seul un PTGE
est approuvé sur le bassin Loire-Bretagne (PTGE Sèvre-Niortaise et Mignon) et 13 autres sont en
cours de concertation en septembre 2022. Nous ne disposons donc pas encore de données
chiffrées consensuelles sur les besoins en eau pour l'agriculture à l?horizon 2050.
A court terme, on peut envisager un accroissement très limité des prélèvements, voire la création
de volumes supplémentaires d?eau dans des retenues de quelques millions de m3 à définir dans le
cadre de démarches concertées territoriales. Le préfet de la région AURA a ainsi lancé un
programme «100 retenues pour la région » d?ici fin 2022 comme une des actions phares de sa
stratégie eau-air-sol. 21 projets de retenues sont identifiés dans ce cadre en Allier, 16 dans le Puy-
de-Dôme, 21 dans la Loire et 17 en Haute-Loire.
Mais globalement et à un terme plus ou moins rapproché selon les régions agricoles, il ne sera pas
possible d?étendre les surfaces irriguées. Il faudra renforcer les pratiques agricoles déjà engagées
moins consommatrices d?eau et des prélèvements dans le cadre d?une gestion collective (OUGC)
pouvant englober des retenues nouvelles créés conformément à la démarche du Varenne de l?eau
et de l?adaptation au changement climatique. Il faudra aussi accompagner la profession vers des
modèles d?agriculture non irriguée ou seulement très partiellement irriguée compatibles avec le
changement climatique. Mais dans l?immédiat, une mise en place de la gestion quantitative de l?eau
et le suivi des prélèvements apparaissent indispensables à la mission.
3.2.2 Les pistes très encadrées d?accès de l?agriculture à la ressource en
eau
La thématique 3 du Varenne a repris les conclusions du rapport CGAAER -CGEDD « Changement
climatique, eau, agriculture » 72 de juillet 2020. Il est acté que la réponse au changement climatique
nécessite un changement de modèle agricole, plus économe en eau et protecteur des sols, mais
également que, partout où cela est possible, il est envisageable de rendre la ressource en eau plus
disponible pour l?irrigation, dans le respect du bon état des milieux, en privilégiant, notamment par
des financements incitatifs et un accompagnement adapté, les retenues de substitution, les
démarches de gestion collective de l?eau ou en développant les techniques innovantes de
72 Rapport du CGAAER / CGEDD - Changement climatique, eau et agriculture d?ici 2050,
https://agriculture.gouv.fr/rapport-du-cgaaer-cgedd-changement-climatique-eau-et-agriculture-dici-2050
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réutilisation des eaux usées traitées ou de recharge de nappes.
3.2.2.1 Les retenues de substitution
Il s?agit d?ouvrages artificiels permettant de substituer des volumes prélevés en période de hautes
eaux à des volumes prélevés en période de basses eaux. « Les retenues de substitution
permettent de stocker l?eau par des prélèvements anticipés ne mettant pas en péril les équilibres
hydrologiques, elles viennent en remplacement de prélèvements existants »73. Les prélèvements
peuvent être réalisés dans les eaux de surface ou dans les eaux souterraines. Ces retenues sont
obligatoirement étanches et déconnectées du milieu naturel (cours d?eau, nappe, eaux de
ruissellement/fossé/drainage) en dehors de la période de remplissage prévue.
On distingue entre les retenues collinaires et les « bassines ». Les retenues collinaires sont
conditionnées à la topographie et à l?étanchéité naturelle du sol, à la taille du bassin versant qui
doit être suffisante, et au montant des investissements conditionnant la rentabilité de l?ouvrage.
Quant aux « bassines », ce sont des ouvrages de stockage d?eau, creusés, terrassés et dont le
fond est étanchéifié à l?aide d?une géo-membrane. Elles sont remplies par pompage actif l?hiver
dans les rivières ou la nappe phréatique.74
Les retenues de substitution présentent un certain nombre d?avantages : pour l?environnement,
celui de diminuer la pression sur le milieu naturel en été, en évitant l?aggravation des étiages
naturels des cours d?eau ou les baisses piézométriques de la nappe ; pour les irrigants, celui de
sécuriser l?apport d?eau, l?eau des retenues de substitution déconnectées des cours d?eau et
nappes n?étant pas soumise aux mesures de limitation temporaire des usages de l?eau (arrêtés
sécheresse).
Elles ne sont cependant pas exemptes d?inconvénients comme la perte de quantités d?eau par
évaporation, une détérioration de la qualité de l?eau par eutrophisation et un coût d?investissement
élevé. Elles font l?objet de vifs mouvements de contestations de la part d?associations de protection
de la nature notamment dans le département des Deux-Sèvres, avec une forte médiatisation et
des recours en justice pour empêcher leur réalisation75.
L?instruction du gouvernement du 7 mai 2019 limite les financements aux ouvrages de substitution
pour l?irrigation agricole inscrits dans un PTGE approuvé par le préfet coordonnateur de bassin ou
le préfet référent. Dans le cadre du SDAGE, l?agence de l?eau Loire-Bretagne accompagne les
études et travaux de création de retenues de substitution à un taux maximum de 70 % uniquement
dans les territoires en déficit quantitatif ayant défini des volumes prélevables, qui, par définition,
sont plus faibles que les volumes prélevés autorisés. Seules sont aidées, par l?AELB, les retenues
collectives avec gestion des prélèvements par un OUGC.
3.2.2.2 Autres pistes de mobilisation de ressources
La réutilisation des eaux usées traitées (REUT) apparaît comme une ressource insuffisamment
exploitée mais soumise, du fait des risques sanitaires, à des contraintes techniques,
73 Instruction du Gouvernement du 7 mai 2019 relative au projet de territoire pour la gestion de l?eau et reprise du
guide juridique de la construction de retenues de 2011.
74 Pour pouvoir être considéré comme une retenue de substitution, un ouvrage qui intercepterait des écoulements
doit impérativement être équipé? d?un dispositif de contournement garantissant qu?au-delà? de son volume et en
dehors de la période autorisée pour le prélèvement, toutes les eaux arrivant en amont de l?ouvrage ou à la prise
d?eau sont transmises à l?aval, sans retard et sans altération.
75 Cf Le Monde Mag, 2 avril 2022- Dans les Deux Sèvres, les méga-bassines font déborder le vase.
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Novembre 2022 Les conditions de mobilisation des retenues
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règlementaires et socio-économiques76. Dans le bassin Loire-Bretagne, on peut signaler le cas de
l?association syndicale autorisée, l?ASA, de Limagne Noire, qui recycle une partie des eaux usées
de la ville de Clermont-Ferrand depuis 1998 pour l?irrigation de 750 ha répartis sur 50 exploitations.
La recharge artificielle de nappes (RAN) consiste à infiltrer ou à injecter, directement ou
indirectement dans une nappe des eaux de surface de provenances variées en utilisant la nappe
comme un réservoir de stockage. Elle peut s?envisager en alternative de bassines, sans doute
d?acceptabilité sociale plus facile.
3.2.2.3 La généralisation de la gestion quantitative de l?eau avec une
gouvernance adaptée
Les conclusions de la thématique 3 du Varenne renforcent le rôle des PTGE qui avaient été
instaurés par les Assises de l?Eau comme cadre de concertation locale entre les différents usages
de l?eau avant toute création de nouvelle retenue. Elles prévoient un renforcement du rôle du préfet
coordonnateur dans le pilotage de ces démarches, notamment pour maitriser les dérives de
calendrier et avec une possibilité d?arbitrage de sa part en cas de blocage.
Une instruction complémentaire destinée aux préfets coordonnateurs est en chantier mais ne
devrait pas aboutir avant fin 2022. Les préfets coordonnateurs de bassin pourront déterminer un
volume prélevable non seulement en étiage77 , mais aussi en hautes eaux, compte tenu des
statistiques hydrologiques, permettant de déterminer les débits nécessaires au fonctionnement du
cours d?eau tout au long de la période de hautes eaux, le cas échéant complétées par les résultats
d?études relatives aux effets prévisibles du changement climatique. Ce volume prélevable hivernal
serait utilisable pour capter l'eau excédentaire pour la stocker au moins jusqu?à l'été suivant. Un
travail méthodologique, attendu d?ici fin 2022, a été confié à l?INRAE et à l?OFB, pour évaluer ces
volumes prélevables en hiver.
Le Varenne mentionne également une meilleure mobilisation des retenues existantes de toute
nature qu?il s?agisse des grands ouvrages hydrauliques existants : réservoirs hydroélectriques (la
présente mission s?inscrit en application de cette disposition dans le cas du bassin Loire-Bretagne),
ouvrages en gestion de VNF ou autres retenues existantes peu ou non utilisées.
Des interlocuteurs de la mission ont mentionné leurs préoccupations quant à l?existence de
nombreux étangs ou plans d?eau privés mal entretenus, voire quasiment abandonnés, en Haute-
Vienne et en Creuse. S?ils peuvent constituer une piste de mobilisation de ressources en eau, ils
posent souvent un problème de qualité de la ressource (températures élevées en été,
développement de cyanobactéries, connexion directe avec les cours d?eaux). Un inventaire des
retenues d?eau permettra de les identifier et d?engager des opérations de sensibilisation des
propriétaires pouvant conduire à une gestion renouvelée après mise aux normes ou à leur
effacement.
Sur un territoire de la taille d?un SAGE ou d?un PTGE, l?idée générale est qu?il est possible d?avoir
une approche multiusage partagée entre tous les acteurs, de mettre en place une organisation
rigoureuse assurant une connaissance globale et parfaite des débits des cours d?eau et niveaux
76 Terre-net, « Irrigation : quel avenir pour la réutilisation des eaux usées ? », Nicolas Mahey, 15/09/2020, Terre-net
Média
77 Le décret n° 2021-795 du 23 juin 2021 relatif à la gestion quantitative de la ressource en eau et à la gestion des
situations de crise liées à la sécheresse a été complété suite au Varenne par le décret 2022-1078 du 29 juillet 2022
relatif à la gestion quantitative de la ressource en dehors de la période de basses eaux. A cette période d?étiage
où les tensions sont maximales, le décret de 2021 confie au préfet le soin d?encadrer la détermination du volume
prélevable
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Novembre 2022 Les conditions de mobilisation des retenues
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des nappes ainsi que de tous les prélèvements sur la base d?études HMUC, gages d?une gestion
confiante, réactive et concertée. Dans ces conditions, les acteurs devraient accepter a priori plus
facilement le fait qu?il ne peut pas y avoir d?assurance totale de voir leurs besoins individuels
satisfaits, car les efforts de tous sont connus et considérés comme équitablement répartis78.
La mission recommande d?étendre à l?ensemble du bassin l?utilisation des outils de gestion
quantitative de l?eau
Cependant, les PTGE resteront de nature contractuelle et ne vaudront pas autorisation de création
de nouvelles retenues. Les conclusions du Varenne pourront être intégrés aux SDAGE à l?initiative
des comités de bassin. Comme le SDAGE Loire-Bretagne vient d?être révisé en mars 2022, cette
éventualité ne sera possible que par une nouvelle révision et n?est donc pas à l?ordre du jour dans
l?immédiat.79
3.2.3 L?évolution de la consommation d?eau des centrales nucléaires en
fonction des futurs contextes énergétiques envisageables mérite
d?être étudiée
Les réacteurs nucléaires (12 sur la Loire, 2 sur la Vienne) présents sur les bords de la Loire ont
une double interaction avec le fleuve : ils prélèvent et consomment de l?eau afin d?évacuer une
partie de la chaleur produite par le réacteur et ils rejettent également des effluents radioactifs dans
le fleuve. Ces opérations, en particulier les rejets d?effluents radioactifs, ne peuvent cependant être
réalisées que si le débit dans la Loire est suffisant pour assurer leur dilution. Jusqu?à ce jour, y
compris durant l?été 2022, aucune perte environnementale de production sur le bassin Loire
Bretagne, justifiée par une limite règlementaire en échauffement ou en débit, n?a été constatée80.
3.2.3.1 Les consommations d?eau des centrales nucléaires
Les centrales nucléaires du bassin Loire-Bretagne bénéficient d?aéroréfrigérants qui permettent
d?évacuer l?essentiel de la chaleur dans l?atmosphère sous forme de vapeur d?eau (non radioactive).
On estime que la chaleur apportée au fleuve représente environ 2 à 4 % de la chaleur produite par
le réacteur. De fait, l?augmentation de température entre l?amont et l?aval d?un centre de production
nucléaire est strictement encadrée : elle doit être inférieure à 1°C pour un site nucléaire de la vallée
de la Loire (voire 1,5 °C si le débit est important et si la température de l?eau est inférieure à 15 °C).
En pratique, l?échauffement est limité à quelques dixièmes de degrés en aval du rejet après
mélange81.
Les prélèvements bruts nécessaires au refroidissement réalisés par les 12 réacteurs nucléaires
78 On peut citer cependant comme contre-exemple que deux bassines ont été vandalisées fin juillet 2022 en Vendée
par un collectif anonyme d?opposants alors qu?elles avaient fait l?objet de démarches concertées et étaient
parfaitement autorisées.
79 La FNSEA et la coopération agricole ont déposé un recours gracieux contre le nouveau SDAGE Loire ? Bretagne
qui « restreint leur usage de l?eau ». Ce recours ayant été rejeté par la préfète coordonnatrice de bassin, ces
organisations envisagent de saisir le tribunal administratif.
80 Pour l?ensemble de ce paragraphe forcément succinct, voir le volet Prélèvements d?eau et rejets de l?édition 2020
du guide très complet publié par EDF sur les « Centrales Nucléaires et leur environnement ».
https://www.edf.fr/sites/default/files/contrib/groupe-edf/producteur-
industriel/nucleaire/ENVIRONNEMENT/guide_2020_-_centrales_nucleaires_et_environnement.pdf
81 Le CNPE de Civaux bénéficie d?un aéroréfrigérant supplémentaire sur le circuit de restitution de l?eau qui permet
de refroidir les eaux rejetées : dès lors que la température de la Vienne dépasse les 25 °C, l?augmentation de
température liée à la centrale de Civaux doit être quasi-nulle.
PUBLIÉ
https://www.edf.fr/sites/default/files/contrib/groupe-edf/producteur-industriel/nucleaire/ENVIRONNEMENT/guide_2020_-_centrales_nucleaires_et_environnement.pdf
https://www.edf.fr/sites/default/files/contrib/groupe-edf/producteur-industriel/nucleaire/ENVIRONNEMENT/guide_2020_-_centrales_nucleaires_et_environnement.pdf
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sur la Loire constituent le premier facteur d?usage de l?eau par leur quantité : en moyenne annuelle
de 2011 à 2021, ils ont prélevé 643 Mm3/an82. Mais, l?essentiel de ces prélèvements, 74 % en
moyenne, est restitué au fleuve83 si bien que le prélèvement net annuel moyen, dû essentiellement
à l?évaporation de l?eau à l?intérieur des aéroréfrigérants, sur cette période n?a été que de 168 Mm3.
Le programme de maintenance du parc nucléaire prévoit l?arrêt des réacteurs pour maintenance
préférentiellement durant l?été compte tenu de la demande plus faible d?électricité, ce qui limite de
fait la consommation d?eau pendant cette période. Cette consommation d?eau, mesurée sur la
seule période d?étiage prise ici de juillet à octobre, s?est en effet élevée à 50 Mm3 en 2019 (26 %
de la consommation annuelle nette d?eau de refroidissement) et 40 Mm3 en 2020 (20 % de la
consommation nette annuelle d?eau de refroidissement). Pour la Vienne, les 2 réacteurs nucléaires
de Civaux ont consommé 15 Mm3 en 2019 (42 % de sa consommation nette annuelle d?eau de
refroidissement) et 9,8 Mm3 en 2020 (32 % de sa consommation nette annuelle d?eau de
refroidissement).
Il est difficile de se prononcer sur le fonctionnement des réacteurs nucléaires et donc sur l?évolution
de leur consommation d?eau durant la période estivale dans le futur. Celui-ci sera influencé par le
fort développement prévu des énergies renouvelables (éolien, notamment en mer, et solaire) qui
conduira progressivement à des besoins de flexibilité accrus des différents moyens contribuant au
mix énergétique (production, consommation, stockage) et qui entraînera un moindre besoin de
production des centrales nucléaires durant l?été. A l?inverse, l?augmentation attendue des usages
de l?électricité notamment pour les pompes à chaleur et la mobilité électrique ainsi que, dans le
cadre du marché européen de l?électricité, la fermeture en Europe des centrales au charbon et au
lignite ainsi que des centrales nucléaires en Allemagne, peut conduire à un besoin plus important
d?électricité nucléaire en été. Ce besoin serait encore accentué par un moindre recours aux
centrales à gaz dans un contexte de réduction des émissions de gaz à effet de serre et de tension
sur ce marché. De plus, la plus forte récurrence des événements caniculaires montre le caractère
stratégique de la production électrique d?origine nucléaire lorsque les conditions climatiques
estivales s?avèrent exceptionnelles et que la production par les énergies renouvelables (EnR)
variables (éolien, solaire) se révèle insuffisante. Début août 2022, le fonctionnement d?un certain
nombre de centrales nucléaires a ainsi été maintenu jusque mi-septembre, dans un cadre
temporaire fixé par l?Autorité de sûreté nucléaire84, afin de garantir la sécurité du système électrique
à court terme ainsi que la sécurité d'approvisionnement en électricité pour la fin de l?année.
3.2.3.2 La dilution des effluents
Un centre nucléaire de production d?électricité, un CNPE, rejette également des effluents
radioactifs85 en quantité limitée dans la rivière86 dans le cadre des autorisations qui lui sont
accordées par l?autorité de sûreté nucléaire (ASN). Ces opérations ne peuvent se faire que si la
82 Impacts socio-économiques du soutien d?étiage de l?Allier et de la Loire par les barrages de Naussac et de
Villerest (période de référence 2019) Rapport final décembre 2020, EPL http://oaidoc.eau-loire-bretagne.fr/exl-
doc/doc00035896.pdf
83 Sur l?ensemble de l?année 2019, 74 % de l?eau ainsi prélevée sur les centrales de bord de Loire a été restitué au
fleuve.
84 Arrêté du 5 août 2022 portant homologation de la décision n° 2022-DC-0739 de l'Autorité de sûreté nucléaire du
4 août 2022.
85 Si la quantité de tritium rejetée dépend uniquement de la quantité d?électricité produite, celle des autres effluents
va dépendre de la modulation de la production des réacteurs. Une augmentation des transitoires de production
conduira donc à une augmentation de la production des effluents.
86 Les effluents radioactifs liquides représentent un volume d'environ 11 000 m3 par an et par réacteur (auxquels
on pourrait ajouter également les exhaures (non radioactifs) de la salle des machines : environ 55 000 m3).
PUBLIÉ
http://oaidoc.eau-loire-bretagne.fr/exl-doc/doc00035896.pdf
http://oaidoc.eau-loire-bretagne.fr/exl-doc/doc00035896.pdf
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concentration en produits radioactifs dans la rivière reste inférieure aux seuils fixés87 et que si le
débit est suffisant pour assurer leur dilution. De plus, lorsque le débit à Gien devient trop
faible (inférieur à 100 m3/s), une coordination des rejets entre les différentes centrales est assurée
de façon à éviter que les rejets ne se superposent et amènent à des concentrations excessives.
Enfin, en dessous d?un certain seuil propre à chaque CNPE, les rejets sont interdits : 30 m3/s à
Dampierre et Belleville, 46 m3/s pour Saint-Laurent et 54 m3/s pour Chinon. Pour un débit à Gien
inférieur à 60 m3/s, les sites du Val de Loire sont en phase de coordination des rejets. Le retour
d?expérience accumulé depuis plus de 30 ans sur les quatre sites nucléaires montre que ce débit
est sans impact sur le fonctionnement des tranches.
Lors de l?étiage 2020, au cours duquel l?OSE à Gien a progressivement été abaissé jusqu?à 45
m3/s, le site de Chinon a observé à plusieurs reprises un débit inférieur à 54 m3/s, empêchant les
rejets d?effluents radioactifs, sans impact toutefois, sur le fonctionnement global du CNPE. La durée
cumulée pendant laquelle les rejets n?ont pu être réalisés était de l?ordre de 9 jours. Une situation
similaire s?est produite en 2022.
L?expérience acquise en matière de flexibilité du parc nucléaire français montre que le volume des
effluents radioactifs liquides émis par des réacteurs très manoeuvrés est plus élevé d?environ 20 %
à ceux émis par des réacteurs exploités en continu, ce qui conduit à un besoin de disposer de plus
de périodes dans l?année où leurs rejets sont possibles, ou de plus de capacités de stockage
temporaire sur site88.
La mission recommande qu?EDF étudie, en liaison avec RTE, l?impact de l?évolution de la demande
électrique, du besoin de flexibilité du mix électrique (européen) et de la programmation des arrêts
de tranche sur les consommations d?eau en période estivale des centrales nucléaires des bords
de Loire et de la Vienne.
3.2.4 Des travaux permettraient d?importantes économies d?eau sur les
canaux de VNF
Sur le bassin de la Loire, les canaux de VNF n?assurent plus aujourd?hui de transport de
marchandises, mais permettent des activités de plaisance (péniches-hôtels, bateaux de location,
bateaux promenades et plaisance privée) pour des retombées économiques89 d?environ 20 M¤ par
an : sur les canaux du Briare et nord du canal latéral à la Loire, l?activité « péniches hôtels » en
génère 3 M¤ à elle seule. Ils servent aussi d?approvisionnement en eau pour l?agriculture90 ).
87 Un certain nombre de ces valeurs sont données dans le guide publié par EDF sur les « Centrales Nucléaires et
leur environnement ».
88 Le lecteur pourra consulter sur ce sujet le volet Prélèvements d?eau et rejets de l?édition 2020 du guide très
complet publié par EDF sur les « Centrales Nucléaires et leur environnement ».
https://www.edf.fr/sites/default/files/contrib/groupe-edf/producteur-
industriel/nucleaire/ENVIRONNEMENT/guide_2020_-_centrales_nucleaires_et_environnement.pdf
89 Les retombées économiques sur un territoire correspondent aux ressources résultants de l'activité et perçues
par les acteurs économiques du territoire (restaurants, sites touristiques, ?). Elles prennent en compte les sources
de retombées (opérateurs, clientèle et personnel à bord) ainsi que les bénéficiaires (entreprises, individus et
collectivités). Les données chiffrées sont issues d?une étude nationale sur les retombées économiques par filière
du tourisme fluvial territorialisées ensuite par itinéraire en fonction des trafics présents. Voir notamment :
https://www.vnf.fr/vnf/rntf-2020-vnf-devoile-sa-nouvelle-etude-sur-les-retombees-economiques-du-tourisme-
fluvial/
90 Plusieurs associations d?irrigants ont attaqué en justice l?arrêté Préfectoral d?autorisation des Lorrains de Juillet
2019, en cela qu?il oblige à ne pas dépasser un volume de prélèvement de 34 millions de m3 d?Avril à Octobre
(recours perdu).
PUBLIÉ
https://www.edf.fr/sites/default/files/contrib/groupe-edf/producteur-industriel/nucleaire/ENVIRONNEMENT/guide_2020_-_centrales_nucleaires_et_environnement.pdf
https://www.edf.fr/sites/default/files/contrib/groupe-edf/producteur-industriel/nucleaire/ENVIRONNEMENT/guide_2020_-_centrales_nucleaires_et_environnement.pdf
https://www.vnf.fr/vnf/rntf-2020-vnf-devoile-sa-nouvelle-etude-sur-les-retombees-economiques-du-tourisme-fluvial/
https://www.vnf.fr/vnf/rntf-2020-vnf-devoile-sa-nouvelle-etude-sur-les-retombees-economiques-du-tourisme-fluvial/
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Ces différents canaux, représentés sur une carte en annexe 14, ont prélevé, pour les années 2018
à 2021, un volume total annuel moyen d?environ 144 Mm3 et sur la période de mai à novembre un
volume moyen d?environ 120 Mm3. Environ 80 Mm3 (dont un peu plus de 30 Mm3 de juin à octobre)
ont ainsi été prélevés à Roanne pour alimente le canal de Roanne à Digoin, et un peu plus de
50 Mm3 dans l?Allier à Cuffy, via la rigole des Lorrains, dont 20 Mm3 de juin à octobre en 2019 et
2020 (30,4 en 2018).
En cas d?été particulièrement sec, la navigation peut être interdite ou réduite. Ce fut notamment le
cas en 2019 et 2022.
Cinq pistes sont possibles pour diminuer la consommation d?eau : réduire les fuites sur certains
biefs de canaux, restaurer les capacités de stockage des barrages d?alimentation du canal de
Briare, réduire les consommations agricoles issues de prélèvements dans les canaux, moderniser
la gestion hydraulique et abaisser des cotes d?exploitation.
VNF a ainsi indiqué à la mission que les économies globales en volume d?eau ainsi réalisées
pourraient s?élever à environ 60 Mm3 chaque année pour un montant de travaux estimé en
première approximation de 110 M¤.
La mission recommande que VNF réalise des études en vue de dégager les solutions les plus
pertinentes pour réduire les besoins en eau des canaux et propose, en liaison avec l?AELB, les
plans de financement correspondants
Dans le cadre de la mise en place d?une gestion quantitative globale, l?Agence de l?eau pourrait
engager un travail similaire avec le SMIF d?identification des économies d?eau possibles sur le
canal du Forez. Celui?ci, alimenté depuis la retenue de Grangent, représente une infrastructure
vitale pour la plaine du Forez : il fournit en effet de l?eau pour l?irrigation, pour l?alimentation en eau
potable (en particulier pour la ville de Feurs) et pour les industriels. Il permet de plus le remplissage
en hiver des étangs présents dans le secteur de Mornand-en-Forez et de Saint-Paul-d?Uzore. Les
volumes prélevés par le canal ont été en moyenne annuelle, de 1989 à 2013, de 38,5 Mm³, dont
les trois quarts en période estivale (avril-septembre).
3.2.5 La nécessité d?ambitieux programmes de sécurisation et d?économie
sur l?alimentation en eau potable
3.2.5.1 L?AEP est un usage prioritaire aux consommations globalement
stabilisées dans le bassin
Si l?on tient compte du fait que 80 % de l?eau urbaine prélevée est rejetée dans le milieu, la
consommation nette en eau potable du bassin est de 192 Mm3 (soit 10 % des volumes annuels
consommés) dont 48 Mm3 pendant les mois d?étiage (soit 6 % des volumes de cette période). Les
grandes agglomérations génèrent les plus fortes densités de prélèvements, notamment le long des
grands axes fluviaux. Malgré l?augmentation de 7% de la population entre 2007 et 2015, l?état des
lieux 2019 du SDAGE indique une légère baisse des prélèvements. Cela peut s?expliquer par les
économies d?eau réalisées par les consommateurs, notamment du fait de l?augmentation constante
du prix de l?eau sur la même période. Les volumes consommés en étiage pour l?AEP ne sont
majoritaires qu?en Bretagne.
3.2.5.2 Des difficultés d?approvisionnement sont rencontrées en étiage
A l?étiage, certaines zones sont en tension, notamment les communes touristiques dont la
population augmente fortement en été. En Bretagne les évolutions démographiques et l?impact du
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changement climatique conduisent à prévoir des tensions d?ici 2030 à l?exception du Finistère91.
Dans certaines zones d?élevage, une tension apparaît entre approvisionnement pour les besoins
des populations et abreuvement du bétail qui est en partie réalisé par des prélèvements sur le
réseau d?eau potable, surtout en été92.
Au cours de l'été 201993, des agglomérations du bassin avaient déjà été soumises à des restrictions.
Il a fallu recourir à des captages abandonnés pour des questions de qualité ce qui a entraîné une
dégradation de la qualité de l?eau brute arrivant dans les usines de traitement.
3.2.5.3 Les actions à engager pour la maîtrise de l?eau potable
Différentes actions sont envisageables pour la maîtrise de l?eau potable, à savoir :
réviser les SDAEP dans une perspective d?adaptation au changement climatique ;
anticiper la réalisation de plans de gestion de la sécurité sanitaire des eaux (PGSSE) en
intégrant les effets du changement climatique et en s?appuyant sur les études HMUC ;
maitriser les fuites et développer le renouvellement des réseaux ;
sécuriser l?approvisionnement en développant l?intercommunalité des services d?eau et les
interconnexions de réseaux ;
mettre en place une tarification incitative de l?eau.
Ces actions sont présentées de manière plus détaillée en annexe 15.
La mission recommande une généralisation, dans l?ensemble du bassin, d?une révision des SDAEP
dans la perspective du changement climatique afin de guider les efforts de sécurisation de
l?alimentation en eau potable et de maîtrise des consommations à entreprendre par les collectivités
compétentes.
3.2.6 La nécessité d?une démarche globale
La réduction des consommations nettes en période d?étiage ne sera pas facile. Elle se heurtera
aux demandes de chaque catégorie d?usager de bénéficier d?une ressource sécurisée, voire de
plus d?eau, pour faire face au changement climatique sans changer fondamentalement ses modes
de production ou ses habitudes de consommation, et à la tentation de chacun de reporter sur les
autres les efforts à consentir. Pour la mission, la seule voie qui peut être suivie en la matière est
de solliciter tous les acteurs, sans exception, de manière équitable.
91 Cf. Compagnie d?Aménagement des Coteaux de Gascogne, 2021- Étude sur la gestion quantitative de la
ressource en eau en Bretagne, 216 p.
92 Quand la température dépasse 25°C, une vache laitière consomme autant d?eau qu?un habitant (tous usages
confondus) et les territoires ruraux en amont de bassins comptent souvent plus de vaches que d?habitants.
93 La mission n?a pas pu établir un bilan complet pour la sécheresse de printemps et d?été 2022. Elle a été bien
anticipée par les services d?état, les collectivités locales et distributeurs d?eau. Même si la situation a été très tendue,
l?ARS de bassin n?a ainsi pas eu à déplorer de coupures particulières de la distribution d?eau.
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(préfète coordonnatrice de bassin) : Engager toutes les catégories
d?usagers dans des programmes concrets de réduction de leurs consommations nettes
d?eau en période d?étiage (juin-octobre), dont notamment : 1) La profession agricole dans la
généralisation, sur l?ensemble du bassin, de l?utilisation des outils de gestion quantitative
de l?eau, 2) EDF dans l?étude, en liaison avec RTE, de l?impact de l?évolution de la demande,
du besoin de flexibilité du mix électrique et de la programmation des arrêts de tranche sur
les consommations d?eau en période estivale de ses centrales nucléaires, 3) Voies
Navigables de France dans les études nécessaires pour dégager les solutions les plus
pertinentes pour réduire les besoins en eau de ses canaux , 4) Les collectivités compétentes
pour l?alimentation en eau potable dans des actions de sécurisation des ressources, de
réduction des fuites et de maîtrise des consommations.
(AELB) : Accompagner financièrement les programmes de réduction
des consommations d?eau en période d?étiage dans le cadre des programmes de l?agence.
3.3 Les avantages des solutions fondées sur la nature doivent être
mieux évalués pour soutenir leur plus large déploiement
Une solution fondée sur la nature (SFN)94 doit contribuer de façon directe à un défi de société
identifié, autre que celui de la conservation de la biodiversité et s?appuyer sur les écosystèmes et
présenter des bénéfices pour la biodiversité. Le défi sociétal qui nous concerne est la gestion de
l?eau pour se prémunir des sécheresses estivales dans le cadre du changement climatique. Pour
y répondre, les SFN ne s?appuient pas sur des ouvrages ou aménagements hydrauliques
classiques (canalisations, barrages, forages, ?) qualifiés de solutions « grises » (comme le béton)
mais sur les fonctionnalités des milieux humides. Les SFN rejoignent les notions d?ingénierie
écologique et d?agroécologie déjà évoquées dans les pistes de renforcement de la résilience de
l?agriculture (cf. 3.2.2 ci-avant), elles réservent une place essentielle à la préservation et à la
conservation des processus naturels.
L?action 11 des Assises de l?Eau en 2019 fait explicitement référence au renforcement de
l?utilisation des SFN pour préserver les rivières et milieux humides, avec un pôle d?animation placé
sous l?égide de l?OFB. Les travaux du Varenne sur l?eau et l?adaptation au changement climatique
évoquent également les SFN comme facteurs de résilience de l?agriculture face au changement
climatique 95 . Les programmes d?intervention des agences de l?eau soutiennent les mesures
d?adaptation dont celles fondées sur la nature pour la restauration des milieux aquatiques ou la
gestion des eaux pluviales (mesures 1A et 1D du SDAGE Loire-Bretagne).
L?EPL, propriétaire de 650 ha dans la Nièvre sur le site du Veurdre, envisage un projet de
94 Le concept de SFN a émergé, sous l?impulsion de l?Union Internationale pour la Conservation de la Nature
(UICN), lors de la conférence des Parties de la Convention-cadre des Nations Unies sur les changements
climatiques (CCNUCC) en 2009, à Copenhague. C?est à l?issue de la COP21 en 2015, puis en 2016, à l?occasion
du Congrès mondial de la nature, que la place des SFN dans l?atteinte des objectifs de développement durable et
notamment dans l?action climatique a été réellement reconnue au niveau international
95 Rapport de la thématique 2 du Varenne sur l?eau et l?adaptation au changement climatique, partie 2.4.2
« Agriculture de résilience, exemples, perspectives, enseignement »
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développement intégré multiusage qui s?inscrit dans cette logique. L?objectif poursuivi est
d?optimiser l?expansion des crues et de développer une capacité de stockage naturel de l?eau pour
la restituer en période de sécheresse, favoriser la biodiversité et préserver l?environnement du site,
tout en valorisant et agissant de manière résiliente sur l?habitat et le patrimoine culturel. Une étude
d?opportunité et de faisabilité du projet est inscrite au budget 2022 de l?EPL.
Cependant, malgré leurs avantages évidents en matière de préservation du milieu naturel, l?impact
quantitatif des SFN sur la disponibilité des ressources en eau n?est pas évident. Ainsi, le passage
d?une prairie à une forêt entraîne une diminution de la recharge des eaux souterraines, alors qu?une
conversion en terre agricole peut conduire paradoxalement à une augmentation de la recharge,
pour un même contexte climatique et une même position dans un bassin-versant. Une végétation
avec des racines profondes (arbres fruitiers, 15 à 20 m de profondeur), en tête de bassin-versant
entraîne plutôt une réduction de la recharge des eaux souterraines.
De fait, le bilan des actions de l?Agence de l?eau Loire Bretagne ne mentionne aucun état quantitatif
de l?impact des SFN sur la ressource en eau. Cette situation est dommageable pour leur pleine
reconnaissance par les acteurs locaux et pour soutenir leur plus large déploiement.
(AELB) : Mettre en place, avec l?appui du conseil scientifique du comité
de bassin, des bilans quantitatifs de la gestion de la ressource en eau des solutions fondées
sur la nature et, en particulier, une évaluation des capacités de stockage d?eau des zones
humides.
3.4 La révision des DOE doit accompagner ces évolutions
Dans son considérant 19, la directive cadre sur l?eau96, subordonne les mesures relatives à la
quantité à l?objectif d?une bonne qualité des eaux. La gestion du soutien d?étiage doit donc
contribuer au maintien ou à la reconquête de la qualité des eaux. Ceci a trois implications majeures :
1) Les objectifs de soutien d?étiage, qui sont fixés en fonction de l?eau disponible dans les
stockages pour fournir une quantité d?eau suffisante, notamment pour l?alimentation en eau
potable, durant toute la période de soutien d?étiage, doivent chercher à tenir compte de
l?état des milieux et doivent respecter en particulier les débits minimum biologiques (DMB)
(même si l?exemple du Cher97 montre que cet objectif n?est pas toujours atteignable) ;
2) Les objectifs de soutien d?étiage ne peuvent pas viser simplement à préserver les usages
sans s?intéresser à la qualité des eaux et à la réduction des prélèvements ;
3) Les objectifs de soutien d?étiage devraient être en relation avec les DOE qui, selon le
SDAGE Loire-Bretagne, correspondent au « débit moyen mensuel en période de basses
eaux d?étiage au-dessus duquel il est considéré que, dans la zone nodale, l?ensemble des
usages est possible en équilibre avec le bon fonctionnement du milieu aquatique ».
Ces deux notions (OSE et DOE) correspondant à des réalités différentes : respectivement des
objectifs de débit instantané destinés à gérer au quotidien le débit d?étiage et un objectif de débit
mensuel moyen. Il ne saurait de fait y avoir de relation directe entre elles : fixer et tenir un OSE, en
un point nodal, à la valeur du DOE de ce point, revient à assurer son respect 10 années sur 10, ce
96 https://eur-lex.europa.eu/legal-content/FR/TXT/PDF/?uri=CELEX:02000L0060-20141120&from=EN
97 Un débit de 1,55 m3/s à l?aval de Treillet-Argenty pendant toute la période d?étiage conduit à vider la retenue en
année sèche avant qu?elle ne se finisse.
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https://eur-lex.europa.eu/legal-content/FR/TXT/PDF/?uri=CELEX:02000L0060-20141120&from=EN
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qui appellerait à le réviser à la hausse. Force est de constater que sur le bassin Loire-Bretagne, il
y a une déconnexion de plus en plus affirmée entre le DOE et les objectifs de gestion. A l?inverse,
si, comme c?est le cas actuellement dans la gestion opérationnelle des OSE du soutien de la Loire
et de ses affluents prenant leur source dans le Massif central, le soutien d?étiage n?assure plus le
respect des DOE 8 années sur 10, on ne peut pas se contenter de constater l?écart sans réagir.
Un plan d?actions devrait être élaboré et mis en oeuvre pour recouvrer un équilibre entre le bon état
des milieux et l?ensemble des usages.
Dans un contexte de changement climatique, c?est un équilibre évolutif qu?il faut essayer d?atteindre,
en acceptant l?incertitude qui pèse nécessairement sur la cible à atteindre (niveau et échéance).
Sur les cours d?eau soutenus, le soutien d?étiage, pour respecter la DCE, doit se donner aussi pour
objectif d?aider les milieux à évoluer, ou à migrer, au rythme qui peut être le leur, selon les leçons
qui pourront être tirées de démarches comme le Life Natur?Adapt.
A l?horizon du milieu du siècle, les milieux ne seront plus ceux que nous avons connus dans la
période (1976 ? 2012) qui a servi de référence pour l?établissement des DOE du SDAGE. Et ce
quel que soit l?effort qui sera consenti sur les usages et les prélèvements, ne serait-ce que du fait
de la poursuite de l?augmentation des températures de l?air et de l?eau et de l?évolution des débits
naturels et de leur variabilité. Les débits assurant le bon état de milieux substantiellement
transformés n?ont aucune chance de correspondre aux DOE actuels établis sur des données
hydrologiques passées.
On retrouve ici, sur le cas particulier du changement climatique, l?idée que le bon état des eaux de
surface, demandé par la directive cadre sur l?eau, doit être conçu dans une vision dynamique de
la rivière et de ses écosystèmes98. Outre les orientations et les pistes mentionnées ci-avant, il
convient donc d?engager, en vue du prochain SDAGE, un travail de révision des DOE du bassin
de la Loire intégrant la perspective du changement climatique. Les études HMUC engagées sur
les différents sous-bassins ainsi que l?étude HMUC globale à l?échelle du bassin de la Loire
mentionnée au 3.1.2 doivent contribuer à préparer cette révision.
Ce travail serait facilité par une mise à jour de la directive cadre sur l?eau visant à lui faire prendre
en compte le changement climatique ainsi que les politiques européennes de prévention et
d?adaptation qui ont été progressivement développées depuis sa promulgation en 2000. Ces
travaux européens gagneront à être éclairés par des travaux de terrain les anticipant. La direction
de l?eau et de la biodiversité du ministère de la transition écologique devrait, dans cet esprit,
accompagner les acteurs du bassin dans cette démarche. Les définitions européennes et
nationales actuelles du bon état et des réseaux de référence ne sauraient être invoquées pour
s?exonérer de ce travail indispensable.
(Comité de bassin, AELB et DEB) : Engager une démarche de révision
des débits objectifs d?étiage (DOE) du bassin Loire-Bretagne dans la perspective du
prochain SDAGE.
Dans le cadre de ce rapport, cette recommandation s?adresse aux DOE du seul bassin Loire-
98 Les enjeux pour l?application de la DCE portent sur la compréhension de la dynamique des écosystèmes,
l?approfondissement des connaissances relatives aux eaux souterraines, un important développement de
l?écotoxicologie et une approche de l?économie de l?eau. Cf. Les enjeux de recherche liés à la directive-cadre
européenne sur l?eau, Pierre-Alain Roche, Gilles Billen, Jean-Paul Bravard, Henri Décamps, Didier Pennequin, Eric
Vindimian, Jean-Gabriel Wasson,
https://www.researchgate.net/publication/248548325_Les_enjeux_de_recherche_lies_a_la_directive-
cadre_europeenne_sur_l?eau
PUBLIÉ
https://www.researchgate.net/publication/248548325_Les_enjeux_de_recherche_lies_a_la_directive-cadre_europeenne_sur_l?eau
https://www.researchgate.net/publication/248548325_Les_enjeux_de_recherche_lies_a_la_directive-cadre_europeenne_sur_l?eau
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Bretagne d?autant plus que la définition des DOE varie, de fait, selon les différents bassins. La
problématique leur est cependant commune : le bassin Adour-Garonne va ainsi mener un chantier
sur la prise en compte de l'impact du changement climatique dans les DOE. L?accompagnement
de la DEB devrait bénéficier à ces deux démarches.
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Conclusion
Dans la lignée des Assises de l?eau et du Varenne agricole de l?eau et de l?adaptation au
changement climatique, les ministres chargés de l?agriculture, de l?énergie et de l?environnement
ont confié, en février 2022, au CGAAER et à l?IGEDD une mission d?expertise sur les conditions
de mobilisation des retenues hydroélectriques pour le soutien d?étiage sur le bassin de la Loire.
Le sujet posé se trouve au croisement de diverses politiques publiques :
La politique de l?énergie;
La politique nationale de l?eau déclinée territorialement par les politiques des collectivités
compétentes en matière d?alimentation en eau potable d?assainissement ainsi que de
gestion des milieux aquatiques et de prévention des inondations (GEMAPI), dans le cadre
d?une nécessaire solidarité amont ? aval ;
La politique agricole ;
Les politiques de développement économique et touristique des collectivités territoriales.
Certaines de ces politiques, dont notamment le développement de l?énergie hydroélectrique,
relèvent de l?Etat. D?autres de la compétence des collectivités territoriales, dont notamment le
soutien d?étiage dans le cadre de la GEMAPI. Par ailleurs, la gestion du soutien d?étiage s?opère
soit dans un cadre de gestion courante à la main des collectivités, en année normale, soit dans le
cadre d?une gestion de crise assurée par l?Etat, en année de sécheresse, comme celle que nous
venons de connaître. La mobilisation des retenues hydroélectriques repose, avant toute chose, sur
le concessionnaire de l?ouvrage qui doit respecter son cahier des charges ainsi que le règlement
d?eau arrêtés par l?Etat. Le soutien d?étiage articule donc, dans cette double dimension, répartition
des compétences et passage d?une gestion courante à une gestion de crise, les compétences de
l?Etat et celles des collectivités avec les responsabilités du concessionnaire.
Les retenues hydroélectriques sont déjà largement mobilisées dans des dispositifs de soutien
d?étiage bénéficiant à la Loire amont, à quatre de ses affluents (Cher, Creuse, Vienne et Sioule) et
à deux fleuves côtiers bretons (Aulne et Blavet). Le plus important de ces dispositifs est celui de la
Vienne. Les autres sont des dispositifs locaux. Le principal dispositif présent sur le bassin est
cependant celui consacré au soutien de l?Allier et de la Loire, géré par l?Etablissement public Loire
(EPL) à partir des réservoirs de Naussac et Villerest, pour lequel la production d?électricité n?est
qu?une mission secondaire.
Les ressources de retenues, faisant l?objet d?une concession hydroélectrique, encore mobilisables
sur le bassin pour du soutien d?étiage (aux Fades, à Grangent et à Lavalette) peuvent apporter un
complément appréciable mais limité (30 Mm3) au dispositif de soutien de l?Allier et de la Loire
reposant sur Naussac et Villerest, dont le volume maximum mobilisable plafonne actuellement à
210 Mm3.
Les propositions formulées par la mission visent dans l?immédiat à optimiser le dispositif existant
de soutien de l?Allier et de la Loire, le renforcer par une mobilisation assurantielle d?une partie des
ressources des trois retenues de Grangent, Lavalette et des Fades, dont l?impact sur la production
hydroélectrique devrait être limité et adapter les autres dispositifs, plus locaux, rencontrant déjà
des difficultés que le changement climatique ne fera qu?aggraver.
Ces recommandations s?adressent donc à une pluralité d?acteurs, dont au premier chef des
collectivités territoriales, et pas seulement à l?Etat et à ses services ou établissements publics. Si
ces propositions sont, en apparence, simples, leur mise en oeuvre pourra se révéler délicate,
notamment pour la réservation automnale constituée dans les retenues de Grangent, Lavalette et
PUBLIÉ
Novembre 2022 Les conditions de mobilisation des retenues
hydroélectriques pour le soutien d?étiage sur le bassin de
Loire-Bretagne
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des Fades qui conduit à coordonner la gestion durant l?année des retenues d?eau de cinq ouvrages
différents en fonction de l?état des stocks et des prévisions météorologiques. Les nouvelles règles
de gestion correspondantes s?affineront progressivement à partir de retours d?expérience partagés
avec toutes les parties prenantes.
Par ailleurs, les améliorations proposées ne permettront pas de répondre aux ordres de grandeur
nécessaires pour faire face, à DOE inchangés, aux sécheresses constatées aujourd?hui, qui seront
de plus en plus fréquentes demain.
Aussi, la seule solution, étudiée pour les principaux usages au chapitre 3, est de réduire les
consommations, ce qui ne peut s?envisager que si tous les acteurs sont sollicités de manière
équitable. La question des droits d?eau anciens serait également à mettre sur la table dans ce
cadre : la recommandation 7A-6 du présent SDAGE recommande d?ailleurs déjà à l?autorité
administrative de réviser les autorisations existantes accordées sans limitation de durée de validité,
ainsi que les autorisations n?ayant pas fait l?objet de limitation en volume prélevé. Les difficultés
rencontrées dans la mise en oeuvre de cette mesure mériteront une analyse précise. La démarche
suppose la mise en place d?une gestion quantitative généralisée, garantissant la transparence des
prélèvements de tous les usages. L?agriculture qui est le premier consommateur net en étiage
avant les centrales nucléaires, pourra s?appuyer sur les recommandations d?adaptation du thème
2 du Varenne agricole de l?eau et de l?adaptation au changement climatique.
Les orientations, en la matière, figurant dans le rapport ne pourront être suivies d?effet que si elles
sont appropriées par un grand nombre d?acteurs. Le comité de bassin, les comités mis en place
par les établissements publics territoriaux de bassin (EPTB), les commissions locales de l?eau et
les instances de concertation des PTGE, devraient jouer un rôle essentiel à condition de
développer des méthodes de travail mobilisant l?intelligence collective des acteurs concernés.
Dominique AUVERLOT
Claude BERNHARD
Alain NEVEÜ
Ingénieur général
des ponts, des eaux
et des forêts
Ingénieur général
des ponts, des eaux
et des forêts
Ingénieur général
des ponts, des eaux
et des forêts
PUBLIÉ
PUBLIÉ
Novembre 2022 Les conditions de mobilisation des retenues
hydroélectriques pour le soutien d?étiage sur le bassin de
Loire-Bretagne
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Annexes
PUBLIÉ
Novembre 2022 Les conditions de mobilisation des retenues
hydroélectriques pour le soutien d?étiage sur le bassin de
Loire-Bretagne
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Annexe 1 Lettre de mission
PUBLIÉ
Novembre 2022 Les conditions de mobilisation des retenues
hydroélectriques pour le soutien d?étiage sur le bassin de
Loire-Bretagne
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Novembre 2022 Les conditions de mobilisation des retenues
hydroélectriques pour le soutien d?étiage sur le bassin de
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Novembre 2022 Les conditions de mobilisation des retenues
hydroélectriques pour le soutien d?étiage sur le bassin de
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PUBLIÉ
Novembre 2022 Les conditions de mobilisation des retenues
hydroélectriques pour le soutien d?étiage sur le bassin de
Loire-Bretagne
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Annexe 2 Liste des personnes rencontrées
Nom Prénom Organisme Fonction
Date de
rencontre
GUTTON Martin
Agence de l?eau
Loire-Bretagne
Directeur
général
10 février, 16
mars, 24 juin
et 13
septembre
2022
BRULÉ Hervé DREAL Centre Directeur
11 février, 24
février, 21
mars et 27
septembre
2022
LOCQUEVILLE Bruno DRAAF Centre Directeur
11 février, 24
février 2022
PITON Pierre DRAAF Centre
Ingénieur
général de
bassin
11 février
2022
CHEVALLIER Alexandre
Ministère de la
transition écologique
/ cabinet
Conseiller
énergie et
climat
17 février
2022
CROSNIER Gilles
MAA/DGPE/SCPE/
sous-direction
performance
environnementale et
valorisation des
territoires
Expert eau
17 février
2022
GARNIER
Claire-
Cécile
MTECT/DGALN/DE
B/EARM/
Bureau de la
ressource en eau et
des milieux
aquatiques
Cheffe de
bureau
17 février et
28 juin 2022
HAZET Charles
MTECT/DGALN/DE
B/ sous-direction de
la protection et de la
gestion de l?eau des
ressources
minérales et des
écosystèmes
aquatiques
Adjoint au
sous-directeur
17 février et
28 juin 2022
LAILHEUGUE François
MTE/DGEC/DE/SD3
/ bureau des
énergies
renouvelables
hydrauliques et
marines
Chargé de
mission
concessions
hydroélectrique
s
17 février, 14
mars 2022
PUBLIÉ
Novembre 2022 Les conditions de mobilisation des retenues
hydroélectriques pour le soutien d?étiage sur le bassin de
Loire-Bretagne
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Nom Prénom Organisme Fonction
Date de
rencontre
VERGOBBI Bénédicte
secrétariat d?Etat à
la biodiversité /
cabinet
conseillère eau,
écosystèmes
aquatiques et
mobilisation
17 février
2022
CHOUMERT Guillaume
Préfecture de la
région Centre ? Val
de Loire /
Secrétariat général
pour les affaires
régionales
Secrétaire
régional adjoint
politiques
publiques
24 février et
27 septembre
2022
AYPHASSORHO Hugues
MTECT/CGEDD/
mission d?inspection
générale territoriale
de Bordeaux
Membre
permanent
11 mars 2022
PLICHON Pierre
MTE/DGEC/DE/SD3
/ bureau des
énergies
renouvelables
hydrauliques et
marines
Adjoint à la
cheffe de
bureau
14 mars 2022
De CHERGÉ Bruno
EDF/division
production et
ingénierie
hydraulique / pôle
énergie
renouvelables
Délégué
relations
institutionnelles
et régulations
15 mars 12
avril, 5 juillet,
9 et 26
septembre
2022
COMBÉMOREL Jean-Paul
EDF/ direction
action régionale
Centre ? Val de
Loire
Directeur action
régionale &
délégué de
bassin
15 mars, 8 et
12 avril, 5
juillet et 9
septembre
2022
LECUNA Sylvain EDF/ 15 mars 2022
LAUGIER Cécile
EDF/direction
production nucléaire
et thermique /
division production
nucléaire
Directrice
environnement
et prospective
15 mars, 12
avril et 5
juillet 2022
TABARY Luc EDF/ Hydro
Chargé de
mission
coordination de
l?eau et
changement
climatique
15 mars, 12
avril, 17 mai,
5 juillet, 9 et
26 septembre
2022
GITTON Claude
MTECT/CGEDD/sec
tion milieux,
ressources et
risques
Membre
permanent
21 mars 2022
PUBLIÉ
Novembre 2022 Les conditions de mobilisation des retenues
hydroélectriques pour le soutien d?étiage sur le bassin de
Loire-Bretagne
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Nom Prénom Organisme Fonction
Date de
rencontre
CAZIN Pascale
DRAAF Nouvelle
Aquitaine
Directrice
adjointe
21 mars 2022
ETCHESSAHAR Séverine
DRAAF Nouvelle
Aquitaine / service
régional d?économie
agricole et
agroalimentaire
21 mars 2022
FEUILLET Christian
DREAL Centre /
service eau
biodiversité risques
naturels et Loire /
département
délégation de bassin
Loire Bretagne
Chef de
département
21 mars et 13
avril 2022
MAILHOS Pascal
Préfecture de la
région Auvergne ?
Rhône-Alpes
Préfet 29 mars 2022
NOARS Françoise
Préfecture de la
région Auvergne ?
Rhône-Alpes
Secrétaire
générale pour
les affaires
régionales
29 mars 2022
NERON Alice
Préfecture de la
région Auvergne ?
Rhône-Alpes /
SGAR
Chargée de
mission bassin,
développement
durable,
environnement
29 mars , 19
et 20 2022
RONDREUX Estelle
DREAL Auvergne ?
Rhône-Alpes
Directrice
adjointe
29 mars 2022
BARTHELEMY Dominique
DREAL Auvergne ?
Rhône-Alpes
Chef adjoint du
service Eau,
hydroélectricité
et nature
29 mars et 19
mai 2022
ROUSSET Guillaume
DRAAF Auvergne ?
Rhône-Alpes
Directeur
adjoint
29 mars et 20
mai 2022
REGAD Jacques
DREAL Nouvelle
Aquitaine
Directeur
adjoint
31 mars 2022
GABRIELLI Pierre-Paul
DREAL Nouvelle
Aquitaine / Service
des risques naturels
et hydrauliques
Chef de service 31 mars 2022
HUART Jean
DREAL Nouvelle
Aquitaine / SRNH /
Département
ouvrages
hydrauliques
Chef de
département
31 mars et 23
mai 2022
GOUPIL Sébastien
DREAL Nouvelle
Aquitaine Service
patrimoine naturel /
Adjoint au chef
de département 31 mars 2022
PUBLIÉ
Novembre 2022 Les conditions de mobilisation des retenues
hydroélectriques pour le soutien d?étiage sur le bassin de
Loire-Bretagne
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Nom Prénom Organisme Fonction
Date de
rencontre
Département eau et
ressources
minérales
GANDRIEAU James
Comité de bassin
Loire-Bretagne /
commission
inondations Plan
Loire
Président 1er avril 2022
DORON Jean-Paul
Comité de bassin
Loire-Bretagne
Vice-président 1er avril 2022
BURLOT Thierry
Comité de bassin
Loire-Bretagne
Président 4 avril 2022
FERRAND Emmanuel
Conseil régional
Auvergne-Rhône-
Alpes
Conseiller
régional
délégué
4 avril et 20
mai 2022
FALON Gérard MAA/CGAAER
Membre
permanent
6 avril 2022
KOSUTH Pascal MET/CGEDD/MRR
Membre
permanent
6 avril 2022
BOISNEAU Philippe
Comité de bassin
Loire-Bretagne /
commission
territoriale Loire
moyenne
Président 6 avril 2022
MERY Yoann
Comité de bassin
Loire-Bretagne
Vice-président 8 avril 2022
CHALOT Marion
Comité de bassin
Loire-Bretagne
Représentante
des
producteurs
d?électricité et
d?hydroélectricit
é
8 avril 2022
DESBORDES Marc
EDF/ direction
opérationnelle Nord
Massif central et
Bretagne
Attaché de
bassin
8 avril, 17 et
19 mai 2022
ORFEUVRE
Jean-
Jacques
Comité de bassin
Loire-Bretagne
Représentant
de France
Nature
Environnement
Auvergne ?
Rhône-Alpes
8 avril 2022
ROUSSET Nathalie
Comité de bassin
Loire-Bretagne /
commission
territoriale Allier -
Loire amont
Présidente
11 avril et 19
mai 2022
PUBLIÉ
Novembre 2022 Les conditions de mobilisation des retenues
hydroélectriques pour le soutien d?étiage sur le bassin de
Loire-Bretagne
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Nom Prénom Organisme Fonction
Date de
rencontre
JOLY Alain MAA/CGAAER
Membre
permanent
11 avril 2022
BERNARD Pierre
EDF/ division
technique générale
Hydro-
météorologue
12 avril 2022
BESNARD Amélie
EDF / division
ingénierie / service
environnement parc
nucléaire
Référente rejets
thermiques 12 avril 2022
GAILHARD Joël
EDF/ division
technique générale
12 avril 2022
LEDEUX Jean-Louis
Comité de bassin
Loire-Bretagne /
commission
territoriale Vienne ?
Creuse
Président 12 avril 2022
COLIN Renaud
Établissement public
Loire / direction
développement et
gestion territorialisée
Directeur 13 avril 2022
LEHMANN Emmanuel
Établissement public
Loire / direction
ressource en eau
Chef du service
des barrages 13 avril 2022
ROSSIGNOL Benoît
Établissement public
Loire / direction
ressource en eau
Directeur
13 avril, 19
mai, 23 juin et
15 septembre
2022
CARTIER Johnny
DREAL Centre /
service eau
biodiversité risques
naturels et Loire
Chef de service 13 avril 2022
De LAPOUGE Vladimir
DREAL Centre /
service eau
biodiversité risques
naturels et Loire /
Délégation de
bassin Loire -
Bretagne
Chargé de
mission
CGRNVES
13 avril 2022
PASQUET Fabien
DREAL Centre /
service hydrométrie
prévision des
étiages crues et
inondations
Chef de service 13 avril 2022
BRIDET
Jean-
François
Conseil régional
Centre ? Val de
Loire
Vice-président
délégué à la
biodiversité aux
parcs naturels
régionaux, à la
14 avril 2022
PUBLIÉ
Novembre 2022 Les conditions de mobilisation des retenues
hydroélectriques pour le soutien d?étiage sur le bassin de
Loire-Bretagne
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Nom Prénom Organisme Fonction
Date de
rencontre
Loire et rivières,
à l?eau, à l?air et
à la condition
animale
DEGUET Gilles
Comité de bassin
Loire-Bretagne
Représentant
de France
Nature
Environnement
Centre Val de
Loire
14 avril 2022
VENDROT Michel
Comité de bassin
Loire-Bretagne
Représentant
de la fédération
France Canoë
Kayak
14 avril 2022
MORARD Valéry
Agence de l?eau
Loire-Bretagne
Directeur
général adjoint 14 avril 2022
SAPPEY Alain
Agence de l?eau
Loire-Bretagne /
direction de
l?évaluation et de la
planification
Chef du service
planification
14 avril et 24
juin 2022
RIEFFEL Jean-Noël
Office français de la
biodiversité /
direction régionale
Centre ? Val de
Loire
Directeur
régional 14 avril 2022
STEINBACH Pierre
Office français de la
biodiversité /
direction régionale
Centre ? Val de
Loire
Chargé de
mission 14 avril 2022
ENGSTRÖM Régine
Préfecture de la
région Centre ? Val
de Loire,
Préfète
coordinatrice de
bassin
14 avril et 27
septembre
2022
COUTURIER Christian
Comité de bassin
Loire-Bretagne/
commission
territoriale Maine-
Loire-Océan
Président 25 avril 2022
BONNEFOUS Nicolas
Comité de bassin
Loire-Bretagne et
CGRNVES
Représentant
de la chambre
d?agriculture de
l?Allier
25 avril et 20
mai 2022
BESSIN Sabine
Comité de bassin
Loire-Bretagne et
CGRNVES
Représentante
de la fédération
départementale
Loire de pêche
et de protection
26 avril 2022
PUBLIÉ
Novembre 2022 Les conditions de mobilisation des retenues
hydroélectriques pour le soutien d?étiage sur le bassin de
Loire-Bretagne
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Nom Prénom Organisme Fonction
Date de
rencontre
du milieu
aquatique
TAUFFLIEB Éric
Comité de bassin
Loire-Bretagne /
commission
planification
Président 4 mai 2022
FELIX Irène
Comité de bassin
Loire-Bretagne
Vice-présidente 4 mai 2022
BALUSSOU Fabienne
Préfecture de la
Haute-Vienne
Préfète 9 mai 2022
NUQ Stéphane
Direction
départementale des
territoires de la
Haute-Vienne
Directeur 9 mai 2022
HULOT Eric
Direction
départementale des
territoires de la
Haute-Vienne
Chef du service
eau
environnement
forêt
9 mai 2022
JANIN Claire
Agence régionale de
santé Centre - Val-
de Loire
Ingénieure
coordonnatrice
des ARS du
bassin Loire-
Bretagne
16 mai et 5
septembre
2022
BRETON Frédéric
Conservatoire
d?espaces naturels
Centre ? Val-de-
Loire
Directeur 16 mai 2022
BARBIERO Céline
EDF/ Hydro / unité
petite hydraulique
17 mai 2022
BOUCARD Florian EDF
Délégué
territorial
Bretagne
Normandie
17 mai 2022
LION Michel
SHEMA (société
hydraulique d?études
et de missions
d?assistance)
Directeur
général
délégué
17 mai 2022
PAGESSE Pierre
Comité de bassin
Loire-Bretagne
Représentant
des communes
rurales
17 mai 2022
SCHUFFENECKER Dominique
Préfecture de la
Loire
Secrétaire
général
19 mai 2022
RÉGNIER Élise
Direction
départementale des
territoires de la Loire
Directrice 19 mai 2022
MOJA Philippe Direction
départementale des
Adjoint au chef
de service 19 mai 2022
PUBLIÉ
Novembre 2022 Les conditions de mobilisation des retenues
hydroélectriques pour le soutien d?étiage sur le bassin de
Loire-Bretagne
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Nom Prénom Organisme Fonction
Date de
rencontre
territoires de la Loire
/ service eau et
environnement
DAUDEL Christophe
DRAAF Auvergne ?
Rhône-Alpes / pôle
transition agricole et
montagne
Chef du pôle 19 mai 2022
RIAUX
Jean-
Michel
Préfecture de la
Loire
Sous-préfet de
Montbrison 19 mai 2022
CABANE Roland
Fédération
départementale de
pêche et de
protection des
milieux aquatiques
de la Loire
président 19 mai 2022
MURGUE Éric
Fédération
départementale de
pêche et de
protection des
milieux aquatiques
de la Loire
directeur 19 mai 2022
ROUSSEL Pierre
Conservatoire des
espaces naturels
d?Auvergne
Vice-président 19 mai 2022
ASTIC Sylvaine
Préfecture de la
Loire
Sous-préfète de
Roanne 19 mai 2022
CHARRETIER Nicolas
Chambre
d?agriculture de la
Loire
élu membre du
bureau 19 mai 2022
CROIZIER Nadine
Chambre
d?agriculture de la
Loire / service
développement des
territoires
Responsable
du service 19 mai 2022
FRÉCHET Daniel
Établissement public
Loire
Président 19 mai 2022
PÉLISSIER Franck
Direction
départementale des
territoires de la Loire
/ service économie
agricole et
développement rural
Adjoint au chef
de service 19 mai 2022
BENOÎT Jérôme
EDF / Groupement
d?usines Loire
Coordinateur
technique 19 mai 2022
SAMOUILLET Jean
EDF / Groupement
d?usines Loire
Responsable 19 mai 2022
PUBLIÉ
Novembre 2022 Les conditions de mobilisation des retenues
hydroélectriques pour le soutien d?étiage sur le bassin de
Loire-Bretagne
Page 85/212
Nom Prénom Organisme Fonction
Date de
rencontre
THUINET Christophe
Établissement public
Loire
Représentant
pour le site de
Villerest
19 mai 2022
CHOPIN Philippe
Préfecture du Puy-
de-Dôme
Préfet 20 mai 2022
LENOBLE Laurent
Préfecture du Puy-
de-Dôme
Secrétaire
général 20 mai 2022
DUPUY Manuelle
Direction
départementale du
Puy-de-Dôme
Directrice
adjointe 20 mai 2022
NICOLAU Nathalie
Direction
départementale du
Puy-de-Dôme /
bureau politique
territoriale de l?eau
Cheffe du
bureau 20 mai 2022
PINEAU Xavier
Direction
départementale du
Puy-de-Dôme /
service eau
environnement forêt
Adjoint à la
cheffe de
service
20 mai 2022
GRAVIER
Marie-
Hélène
DREAL Auvergne ?
Rhône-Alpes /
service eau
hydroélectricité et
nature
Cheffe de
service 20 mai 2022
AUBERGER Éliane
Conservatoire des
espaces naturels
d?Auvergne
Présidente 20 mai 2022
BARBIN Claude
Chambre de
commerce et
d?industrie Puy-de-
Dôme Clermont
Auvergne métropole
président 20 mai 2022
GONZALES César
Conseil
départemental du
Puy-de-Dôme /
direction de
l?aménagement du
territoire
directeur 20 mai 2022
LEMERLE René
Syndicat
intercommunal
d?alimentation en
eau potable de
Basse-Limagne
Président 20 mai 2022
MAZEAU Lucile SAGE Allier aval Animatrice 20 mai 2022
PUBLIÉ
Novembre 2022 Les conditions de mobilisation des retenues
hydroélectriques pour le soutien d?étiage sur le bassin de
Loire-Bretagne
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Nom Prénom Organisme Fonction
Date de
rencontre
MORVAN
Jean-
Pierre
Agence de l?eau
Loire-Bretagne /
délégation Allier ?
Loire amont
directeur 20 mai 2022
NICOLAS Bertrand
Chambre
d?agriculture du Puy-
de-Dôme
Vice-président 20 mai 2022
VIDAL Sébastien
Association pour le
développement de
l?irrigation en
Auvergne
président 20 mai 2022
GRELICHE Éric Limagrain Vice-président 20 mai 2022
ROBERT Maud Limagrain
Responsable
affaires
publiques
20 mai 2022
TARDIF Vincent Limagrain
Directeur
stratégie
nouvelles
filières
20 mai 2022
ARNAUD Baptiste
Syndicat des
irrigants individuels
du Puy-de-Dôme
Président 20 mai 2022
AYMARD Philippe
Syndicat des
irrigants individuels
du Puy-de-Dôme
Vice-président 20 mai 2022
DESHAYES Ludmilla
Chambre
d?agriculture du Puy-
de-Dôme
Ingénieure
irrigation 20 mai 2022
MARTENS Julien
Chambre
d?agriculture de
l?Allier
Technicien
irrigation 20 mai 2022
PICARD Delphine
DRAAF Auvergne ?
Rhône-Alpes /
service économie
agricole
Cheffe du
service 20 mai 2022
DARPHEUILLE-
GAZON
Virginie
Préfecture de la
Creuse
préfète 23 mai 2022
MEROT Bastien
Préfecture de la
Creuse
Secrétaire
général 23 mai 2022
NICOLAY Laetitia
DREAL Nouvelle
Aquitaine/ service
des risques naturels
et hydrauliques
Adjointe au
chef de service 23 mai 2022
RENAUD France Direction
départementale des
Adjointe au
chef de service 23 mai 2022
PUBLIÉ
Novembre 2022 Les conditions de mobilisation des retenues
hydroélectriques pour le soutien d?étiage sur le bassin de
Loire-Bretagne
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Nom Prénom Organisme Fonction
Date de
rencontre
territoires de la
Creuse / service
espace rural,
risques et
environnement
SCHWARTZ Pierre
Direction
départementale des
territoires de la
Creuse
directeur 23 mai 2022
TARDIEU François
INRAE / laboratoire
d?écophysiologie
des plantes sous
stress
environnementaux
Directeur de
recherche
25 mai 2022
AUGEARD Bénédicte
Office français de la
biodiversité /
direction de la
recherche et de
l?appui scientifique
Directrice
adjointe 25 mai 2022
OBLED Loïc
Office français de la
biodiversité /
direction générale
déléguée police,
connaissance,
expertise
Directeur
général
délégué
25 mai 2022
POULET Nicolas
Office français de la
biodiversité ? Institut
de mécanique des
fluides de Toulouse /
pôle de recherche et
développement en
écohydraulique
Chargé de
mission
biodiversité
aquatique
continentale
25 mai 2022
SAGNES Pierre
OFB ? IIMFT / pôle
de recherche et
développement en
écohydraulique
directeur 25 mai 2022
GRYTTEN Isabelle
DREAL Bretagne /
service du
patrimoine naturel
Cheffe du
service
3 juin 2022
PRÉAU
Jean-
Michel
DRAAF Bretagne /
service régional de
l?agri-
environnement, de
la forêt et du bois
Chef du service 3 juin 2022
MARY
Jean-
François
Comité de bassin
Loire-Bretagne/
commission
territoriale Vilaine et
côtiers bretons
Président 3 juin 2022
PUBLIÉ
Novembre 2022 Les conditions de mobilisation des retenues
hydroélectriques pour le soutien d?étiage sur le bassin de
Loire-Bretagne
Page 88/212
Nom Prénom Organisme Fonction
Date de
rencontre
JEGOU Jean-Luc
Établissement public
territorial du bassin
de la Vilaine
Directeur 3 juin 2022
BONNARD Bertrand
Saint-Etienne
Métropole / direction
de l?eau
Directeur
adjoint
21 juin 2022
CRAPSKY Stéphane
Saint-Etienne
Métropole / direction
de l?eau
Directeur 21 juin 2022
PAREDES Frédéric
Saint-Etienne
Métropole / Pôle
action territoriale et
proximité
Directeur
général adjoint 21 juin 2022
SUBTIL
Pierre-
Yves
Saint-Etienne
Métropole / direction
de l?eau
Responsable
des barrages 21 juin 2022
MOATAR Florentina INRAE
Directrice de
recherche 21 juin 2022
GUILBERT Alexandra
MTECT/DGALN/DE
B/EARM/
Bureau de la
politique de l?eau
28 juin 2022
LEQUIEN Alexandra
MTECT/DGALN/DE
B/EARM/
Bureau de la
ressource en eau et
des milieux
aquatiques
Adjointe à la
cheffe de
bureau
28 juin 2022
BURNER Simon
European Rivers
Network (ERN)
France ? SOS Loire
vivante
Directeur 28 juin 2022
EPPLE Roberto
ERN France ? SOS
Loire vivante
Président 28 juin 2022
VEAU Frédéric
Délégation
interministérielle en
charge du suivi des
conclusions du
Varenne agricole de
l?eau et de
l?adaptation au
changement
climatique
Délégué
interministériel
4 juillet 2022
FEUTRY Stéphane
EDF/direction
production nucléaire
et thermique /
5 juillet 2022
PUBLIÉ
Novembre 2022 Les conditions de mobilisation des retenues
hydroélectriques pour le soutien d?étiage sur le bassin de
Loire-Bretagne
Page 89/212
Nom Prénom Organisme Fonction
Date de
rencontre
division production
nucléaire
BONNEFOY Jean-Yves
Syndicat mixte
d?irrigation et de
mise en valeur du
Forez (SMIF)
Président 8 juillet 2022
BROSSE Chantal
Conseil
départemental de la
Loire
Vice-présidente
chargée de
l?agriculture
8 juillet 2022
MICHEL Marc
Conseil
départemental de la
Loire / service
agriculture
8 juillet 2022
PION Julien SMIF Technicien 8 juillet 2022
ROSSIGNEUX Annick SMIF Directrice 8 juillet 2022
GODET Jérémie
Établissement public
territorial du bassin
de la Vienne (EPTB
Vienne)
Président 18 juillet 2022
LORIOT Stéphane EPTB Vienne Directeur 18 juillet 2022
EUDE
Jean-
Claude
Établissement public
Loire
Directeur
général
15 septembre
2022
CADIC Sandrine DREAL Centre
Directrice
régionale
adjointe
16 septembre
2022
CAVARD Nicolas
DREAL Centre /
service hydrométrie
prévision des
étiages crues et
inondations
Adjoint au chef
de service
16 septembre
2022
BLANCHET
Jean-
François
Groupe BRL
Directeur
général
26 septembre
2022
BARRY Philippe
Conseil
départemental de la
Haute-Vienne
Conseiller
départemental
délégué à l?eau
11 octobre
2022
CHUPIN Sylvie
Conseil
départemental de la
Haute-Vienne
Directrice du
cabinet du
président
11 octobre
2022
NANY Sébastien
Conseil
départemental de la
Haute-Vienne
Directeur du
pôle
Développement
11 octobre
2022
PUBLIÉ
Novembre 2022 Les conditions de mobilisation des retenues
hydroélectriques pour le soutien d?étiage sur le bassin de
Loire-Bretagne
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Annexe 3 Les réservoirs de Villerest et de Naussac
Cette annexe décrit le fonctionnement actuel des ouvrages de Naussac et de Villerest et détaille
leurs pistes d?optimisation présentées dans le corps du rapport. Il présente également la manière
dont est organisé le soutien d?étiage et le rôle du Comité de gestion des réservoirs de Naussac et
Villerest et des étiages sévères (CGRNVES).
Mais, avant toute chose, il convient de souligner l?intérêt que représentent ces ouvrages : comme
le souligne l?EPL, Villerest a permis d?écrêter efficacement les crues depuis sa mise en service en
1985. A titre d?exemple, en 2008, au pic de la crue, le barrage a permis de réduire la hauteur d?eau
de près de 2 m à Roanne et de 0,4 m à Tours grâce au stockage de l?eau à l?amont du barrage ce
qui a entraîné une élévation du niveau d?eau d?environ 12 m dans la retenue. La gestion par l?EPL
de Villerest et de Naussac (mis en service en 1983), sous la surveillance du Comité de gestion des
réservoirs de Naussac et Villerest et des étiages sévères (CGRNVES), a de plus permis de soutenir
toutes les périodes d?étiage, y compris les étiages prolongés de 2003 (le plus sévère pour Villerest
depuis 1985) et de 2015 (le plus long pour les 2 barrages depuis 1983).
Le soutien d?étiage assuré par Naussac et Villerest
Les règlements d?eau de ces ouvrages, détenus par l?EPL qui en assure la gestion administrative,
financière et technique, en s?appuyant pour l?exploitation et la surveillance sur un prestataire choisi
par voie d?appel d?offres (actuellement BRL Exploitation), définissent des objectifs du soutien
d?étiage ainsi que les conditions dans lesquelles ce soutien d?étiage est délivré :
soit pour Villerest, dans la Loire :
60 m3/s à Gien99 ;
un débit garanti de 10 m3/s au pied de l?ouvrage100 du 1er décembre au 15 septembre et 8
m3/s le reste du temps ;
et pour Naussac, dans l?Allier :
6 m3/s à Vieille-Brioude101 ;
2 m3/s à l?aval du de la confluence du Donozau102.
Pour ce dernier réservoir, le concessionnaire doit, en outre, « se conformer aux consignes qui lui
seront données par une commission de gestion technique du réservoir de Naussac mises en place
à cet effet »103. La même disposition a été reprise, pour Villerest, dans l?article 6 de son règlement
d?eau. Les règlements d?eau des deux ouvrages prévoient également qu?ils soutiennent les autres
objectifs qui seront fixés par le comité de gestion technique des réservoirs de Naussac et Villerest
(CGTRNV), créé par un arrêté interministériel du 28 février 1978.
En application de ces dispositions, les objectifs de soutien d?étiage (OSE) des deux réservoirs sont
définis par le (CGRNVES) créé par un arrêté du préfet coordonnateur de bassin en date du 7 juillet
2004, qui poursuit, à ce titre, la mission assurée auparavant par le CGTRNV.
Ce comité, présidé par la préfète de bassin ou, par délégation de celle-ci, par le DREAL de bassin,
99 Article 3 du règlement d?eau du barrage de Villerest annexé au décret du 4 mai 1983 l?approuvant
100 Article 6 du règlement d?eau du barrage de Villerest annexé au décret du 4 mai 1983 l?approuvant
101 Article 4 du décret du 6 février1976 déclarant d?utilité publique l?aménagement du réservoir de Naussac,
disposition reprise par l?arrêté du préfet de la Lozère n°94-1923 du 16 novembre 1994
102 Article 5 de l?arrêté du préfet de la Lozère n°94-1923 du 16 novembre 1994
103 Article 14 du cahier des charges annexé au décret du 11 juin 1976 portant concession de l?aménagement et
l?exploitation du réservoir de Naussac.
PUBLIÉ
Novembre 2022 Les conditions de mobilisation des retenues
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Loire-Bretagne
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est actuellement composé de :
16 membres représentant l?administration ;
8 membres désignés par le comité de bassin (4 élus représentant des collectivités
territoriales et 4 membres représentant les autres usagers) ;
Le président de l?EPL.
Les décisions du comité modulent les objectifs qui figurent dans les règlements d?eau des ouvrages
au travers de la programmation des lâchures, à la hausse ou à la baisse. Ainsi sur la Loire :
L?OSE au pied du barrage de Villerest a été porté à 12 m3/s, pour sécuriser des captages
d?eau, à destination de l?alimentation en eau potable, dans la nappe d?accompagnement
du fleuve, alors que débit réglementaire pour cet ouvrage est de 10 m3/s jusqu?au 15
septembre puis de 8 m3/s du 15 septembre au 30 novembre. Il convient également de noter
qu?en dessous de 12 m3/s les lâchures effectuées à Villerest ne peuvent pas être turbinée ;
L?OSE à Gien fait l?objet de règles de modulation (entre 50 et 60 m3/s) et de décisions
spécifiques. En août 2022 l?OSE à Gien a été abaissé jusqu?à 38 m3/s.
Les objectifs relatifs à l?Allier et au débit de la Loire à Gien sont régis par des décisions
permanentes du CGRNVES qui ont fixé les valeurs présentées ci-dessus. A l?intérieur de la
fourchette de 50 à 60 m3/s définie par le comité, l?OSE est fixé par la préfète coordonnatrice de
bassin. Si les circonstances l?imposent, le comité délibère pour fixer un OSE en dehors de la
fourchette définie par sa décision permanente.
Les débats, voire les délibérations spécifiques, du comité sont fondées sur les résultats de
projections effectuées par un modèle hydrographique développé par EDF dénommé MORDOR, et
exploité par la DREAL Centre Val-de-Loire. Ce modèle, limité aux bassins de l?Allier et de la Loire
à l?amont de Gien, calcule, sur le fondement d?analyse statistiques, météorologiques et climatiques,
le volume d?eau nécessaire, au jour de la simulation, pour assurer le soutien d?étiage jusqu?à sa fin
prévisible, pour diverses valeurs de l?OSE à Vic-le-Comte sur l?Allier et à Gien sur la Loire. Les
tableaux ainsi produits permettent à la préfète coordinatrice, ou au comité, de fixer l?OSE à Gien
en fonction du volume d?eau mobilisable disponible dans les réservoirs de Naussac et Villerest.
L?EPL détermine les lâchures à opérer, jour par jour, à partir des réservoirs de Naussac et Villerest,
pour respecter les OSE fixés par la préfète de bassin ou le CGRNVES ou figurant dans les
règlements d?eau. Il s?appuie, pour ce faire, sur un modèle, dénommé LOLLA, qui tient compte non
seulement des observations et des prévisions de pluie et de débit à 6 jours mais aussi des temps
de propagation de l?eau entre les réservoirs et les points auxquels sont fixés les OSE à respecter,
ainsi que des incertitudes associées (hydrométrie et météorologie). Les incertitudes avec
lesquelles la pratique opérationnelle du soutien d?étiage doit composer sont :
Structurelles et permanentes, comme celle entachant les mesures de débit aux stations
hydrométriques évaluées en général à 15 % ;
Ponctuelles. Ainsi, mi-août 2022, les passages pluvio-orageux du 14 au 18 août et l?arrêt
de l?irrigation pour le maïs dans le Val d?Allier se sont accompagnés d?une diminution des
prélèvements et d'un rétablissement des débits bien plus forts que ce que prévoyait le
modèle MORDOR, et donc d?une difficulté à ajuster en temps réel les lâchures opérées
depuis Naussac aux OSE en vigueur.
PUBLIÉ
Novembre 2022 Les conditions de mobilisation des retenues
hydroélectriques pour le soutien d?étiage sur le bassin de
Loire-Bretagne
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Figure 17 : Le soutien des débits par les barrages de Villerest et Naussac
Le réservoir de Villerest
Reconnu d?utilité publique par décret d?avril 1977104 au profit de l?institution interdépartementale
pour la protection des vals de Loire105 , le réservoir de Villerest constitue, avec une capacité estivale
maximale de 132,61 Mm3, l?ouvrage principal sur la Loire. Conformément au premier article de ce
décret, il a pour rôle « d?écrêter les crues de la Loire, de soutenir les étiages de ce fleuve et de
permettre éventuellement la production d?énergie hydroélectrique ». Son règlement d?eau a été
approuvé par le décret du 4 mai 1983 déjà cité. La concession de l?aménagement et de
l?exploitation de la chute d?eau de Villerest a ensuite été accordée à EDF en novembre 1984 et
l?ouvrage a été mis en service en 1985.
L?écrêtement des crues
La gestion du réservoir de Villerest opère un compromis entre les objectifs d?écrêtement des crues
et de soutien d?étiage à travers ses règles de gestion qui définissent quatre cotes d?exploitation :
315 m NGF, soit 130 Mm3, du 1er décembre au 14 février ;
314 m NGF, soit 123 Mm3, du 15 février au 31 mai (creux printanier) ;
315,3 m NGF, soit 133 Mm3, du 1er juin au 14 août (période de soutien d?étiage) ;
304 m NGF, soit 68 Mm3, du 15 septembre au 30 novembre (creux automnal).
La cote maximale pouvant être atteinte pour l?écrêtement des crues est de 324 m NGF, soit
235 Mm3. La capacité d?écrêtement pendant le creux automnal est donc de 167 Mm3. Elle est de
112 Mm3 pendant le reste de l?année, la cote étant abaissée à 314 m NGF, voire au-dessous, en
cas de risque de crue, si elle n?y est pas déjà.
Seules les crues supérieures à 1000 m3/s sont écrêtées. D?après les données fournies par l?EPL,
ont été écrêtées par le réservoir de Villerest, depuis sa mise en service :
une unique crue printanière, le 26 avril 1986, avec un volume écrêté de 4,4 Mm3, pour une
cote restant comprise entre 314 et 315 m NGF ;
104 https://www.legifrance.gouv.fr/jorf/id/JORFTEXT000000875675
105 Devenue en 1983 l?Etablissement public pour l?aménagement de la Loire et de ses affluents (EPALA), qui a pris,
à l?été 2001, la dénomination d?Etablissement public Loire.
PUBLIÉ
https://www.legifrance.gouv.fr/jorf/id/JORFTEXT000000875675
Novembre 2022 Les conditions de mobilisation des retenues
hydroélectriques pour le soutien d?étiage sur le bassin de
Loire-Bretagne
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six crues automnales, les 6 novembre 1994, 14 novembre 1996, 22 novembre 2002, 3
décembre 2003, 4 novembre 2008 et 22 novembre 2016 avec des volumes écrêtés
respectivement de 13,6 Mm3, 6 Mm3, 9,2 Mm3, 128,5 Mm3, 71,6 Mm3 et 6 Mm3. La cote
maximale de 324 NGF n?a jamais été atteinte ni même approchée.
La priorité accordée à l?écrêtement des crues
emporte deux conséquences pour le soutien
d?étiage :
Le volume stocké est au maximum de
123 Mm3 jusqu?à la fin du mois de mai. Le
volume cible de 133 Mm3 ne peut être
atteint en juin que si le débit de la Loire le
permet.
Le volume stocké doit être limité à 68 Mm3
à compter du 15 septembre. Des lâchures
peuvent être opérées entre le 15 août et le
15 septembre pour tenir cet objectif au-
delà de celles requises par le soutien
d?étiage à l?Objectif de Gien ou à celui de
Villerest. La capacité à faire face à un
étiage tardif se trouve limitée par ce creux.
Figure 18 : Villerest ? cotes du réservoir
Source : données EPL
Le soutien d?étiage
Le réservoir de Villerest opère un soutien d?étiage pour satisfaire l?un ou l?autre des deux objectifs
suivants de débit dans la Loire, ou les deux simultanément :
12 m3/s au pied de l?ouvrage (au niveau du DOE), suite à la décision prise par le CGTRNV
le 20 mai 1998 ;
de 60 à 45 m3/s à Gien (niveaux intermédiaires entre le DOE (65 m3/s) et le DSA (50 m3/s),
d?une part, entre le DSA et le débit de crise (DCR à 43 m3/s), d?autre part).
Il peut ainsi arriver que des lâchures soient effectuées uniquement pour l?OSE de Villerest, sans
besoin pour Gien. Ce fut le cas entre le 1er mai et le 17 juin 2022.
Lorsque les lâchures servent l?OSE de Gien, elles servent souvent aussi celui de Villerest.
Le remplissage du réservoir
Une telle situation de soutien précoce à l?OSE de Villerest se rencontre les années où l?hiver et le
printemps sont secs avec un débit de la Loire relativement faible. Lors de son remplissage en vue
d?atteindre sa cote touristique d?été, la retenue de Grangent ne délivre alors qu?un débit minimal
dans la Loire conduisant à un débit entrant dans le réservoir de Villerest inférieur à 12 m3/s. Celui-
ci doit alors soutenir l?OSE de Villerest au détriment de son propre remplissage. Cette situation
était déjà intervenue à cinq reprises depuis la mise en service du réservoir : en 1997, 2003, 2006,
2011 et 2022.
En année à hiver et printemps secs, la retenue de Grangent et le réservoir de Villerest sont en
concurrence pour leur remplissage au détriment de ce dernier situé en aval et à l?avantage de la
première située en amont. La cote touristique de Grangent l?emporte alors sur le soutien d?étiage
par Villerest. Des réflexions devraient être engagées en vue de décider comment articuler le
remplissage de ces deux ouvrages, en contexte de changement climatique, dans la perspective
du renouvellement de la concession de Grangent à l?échéance de 2032.
Les ordres de grandeur du fonctionnement du barrage
290
295
300
305
310
315
320
325
330
1/1 1/2 1/3 1/4 1/5 1/6 1/7 1/8 1/9 1/10 1/11 1/12
co
te
e
n
N
G
F
cote d'exploitation cote maximale
PUBLIÉ
Novembre 2022 Les conditions de mobilisation des retenues
hydroélectriques pour le soutien d?étiage sur le bassin de
Loire-Bretagne
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Le soutien apporté par Villerest au débit de la Loire combine donc, dans des proportions très
variables selon les années :
un soutien pour satisfaire l?OSE de Gien ou de Villerest ;
des abaissements du niveau de la retenue pour créer le creux printanier, le creux automnal
ou un creux en cas de risque de crue (abaissement pour crue), ou pour revenir à la cote
maximale après l?avoir dépassée (abaissement de régulation).
Le réservoir de Villerest est en permanence alimenté par la Loire et lâche de l?eau dans le fleuve.
Il n?y a soutien que lorsque les lâchures opérées sont supérieures au débit entrant. Ce dernier
n?étant pas mesuré, le système d?information de l?EPL ne fournit pas directement le soutien apporté
par le réservoir à la Loire. L?EPL calcule donc, a posteriori, un volume consacré au soutien d?étiage
à l?objectif de Gien pour le réservoir de Villerest. Les méthodes utilisées par l?EPL ont varié au fil
du temps et ne sont pas clairement documentées jusqu?en 2015.
Chaque jour pendant la campagne de soutien d?étiage, le volume délivré par l?ouvrage est calculé
par l?EPL en référence à un des deux OSE ci-dessus qui devient l?OSE directeur du jour.
Malheureusement, le système d?information de l?établissement ne conserve ne conserve cette
information que depuis 2021. Il n?est donc pas possible de retracer précisément pour quel objectif
ont été utilisées jusqu?en 2020 les ressources du réservoir ni de mesurer précisément l?impact de
la modulation de l?OSE de Gien.
Pour travailler sur une série temporelle homogène, la mission a effectué une modélisation du
fonctionnement du réservoir à partir des relevés journaliers des niveaux d?eau dans le réservoir
communiqués par l?EPL. Cette modélisation n?a appelé aucune remarque ni de l?EPL ni de la
DREAL Centre-Val de Loire. La lecture de ces informations a été complétée par les éléments issus
des bilans présentés devant le CGTRNV puis le CGRNVES.
Cette modélisation permet de repérer :
les abaissements de l?hiver et du printemps (du 1er janvier au 31 mai), dénommés
abaissement 1 dans le graphique ci-dessous ;
les abaissements de l?été (du 1er juin au 15 septembre) , dénommés abaissement 2 dans
le graphique ci-dessous ;
les abaissements de l?automne (après le 15 septembre en cas de crue), dénommés
abaissement 3 dans le graphique ci-dessous ;
les soutiens, hors abaissement, qu?ils soient à l?OSE de Gien ou à celui de Villerest ;
les écrêtements des crues ;
et les périodes de maintien du niveau dans le réservoir.
Lorsque de l?eau est déstockée pour abaisser le niveau du réservoir, une partie du volume
correspondant peut couvrir un besoin de soutien d?étiage intervenant au même moment.
Notamment entre le 15 août et le 15 septembre pour former le creux automnal. La totalité des
volumes concernés est attribuée, dans ce modèle, à l?abaissement car c?est lui qui commande
l?importance des lâchures effectuées.
Dans cette approche, il apparaît que :
Le débit de la Loire est soutenu chaque année par des déstockages d?eau ;
Les années où ce soutien est limité aux seules exigences d?abaissement du niveau du
réservoir pour la prévention des crues sont très peu nombreuses (2007, 2008, 2010 et
2021) ;
La répartition des volumes entre les abaissements et le soutien est extrêmement variable
selon les années (pluviométrie) et les régimes de modulation des OSE.
PUBLIÉ
Novembre 2022 Les conditions de mobilisation des retenues
hydroélectriques pour le soutien d?étiage sur le bassin de
Loire-Bretagne
Page 95/212
Figure 19 : Villerest ? composantes du soutien du débit de la Loire
Source : analyse mission de données EPL
Cette approche homogène permet des comparaisons interannuelles, dont les deux suivantes :
Le soutien délivré par Villerest ainsi mesuré est d?un ordre de grandeur proche en 1985 (69 Mm3)
et en 2015 (64 Mm3). En 1985 tout le soutien s?est opéré avec un OSE de Gien à 60 m3/s. En 2015,
l?OSE de Gien a, pendant la campagne de soutien, été fixé à 50 m3/s. On peut mesurer, pour
chaque jour de 2015 où un soutien a été délivré à l?OSE de 50 m3/s, le volume supplémentaire qu?il
aurait fallu délivrer pour un OSE à 60. Au total on aboutit à un volume supplémentaire qu?il aurait
fallu délivrer de l?ordre de 97 Mm3. Ce chiffre constitue un minorant du volume supplémentaire qui
aurait été nécessaire si l?OSE avait été maintenu à 60 m3/s pendant toute la campagne, car
l?approche n?identifie pas, parmi les jours d?interruption du soutien, ceux où la modulation a permis
de s?exonérer d?un soutien qu?il aurait fallu assurer avec un OSE à 60 m3/s. Ce volume de 97 Mm3
est très nettement supérieur au volume restant dans le réservoir en fin de campagne (60 Mm3). Il
aurait donc été nécessaire de solliciter fortement le soutien de Naussac à l?OSE de Gien.
Les règles de modulation de l?OSE de Gien n?ont plus été modifiées depuis 2010. Non plus que la
valeur de l?OSE de Villerest. Le soutien apporté par le réservoir de Villerest varie donc depuis cette
date en fonction des conditions climatiques et de la façon dont le CGRNVES et le préfet
coordonnateur de bassin appliquent la modulation.
Sur cette période, on relève que le soutien
automnal (intervenant à partir du 15
septembre une fois le creux formé pour
l?écrêtement des crues) représente en
moyenne 27 % du soutien délivré et a dépassé
les 20 Mm3 à deux reprises en 2017 (36 Mm3)
et 2019 (29 Mm3). Cette importance est à
mettre en relation avec le constat opéré en
partie 1.1.1 d?une extension au mois d?octobre
du régime estival des débits de la Loire et de
ses affluents qui prennent leur source dans le
Massif Central.
Figure 20 : Villerest - évolution du soutien depuis
2006
Source : analyse mission de données EPL
0,00
50,00
100,00
150,00
200,00
250,00
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9
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00
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0
19
2
0
20
2
0
21
vo
lu
m
es
e
n
M
m
3
Abaissements 1 soutien Abaissements 2 Soutien Abaissements 3
0,00
20,00
40,00
60,00
80,00
100,00
120,00
vo
lu
m
es
e
n
M
m
3
soutien estival soutien automnal
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Novembre 2022 Les conditions de mobilisation des retenues
hydroélectriques pour le soutien d?étiage sur le bassin de
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On peut également noter une forte augmentation du soutien d?étiage à partir de 2015, sans pouvoir
distinguer la part de celle-ci provenant d?une évolution tendancielle liée au changement climatique
de celle provenant de la variabilité interannuelle.
La modulation des OSE
Le règlement d?eau du barrage de Villerest, approuvé par le décret du 4 mai 1983, fixe à 60 m3/s
l?OSE à Gien. Pendant les premières années d?exploitation du réservoir (1985-1989), l?OSE est
resté fixé à cette valeur quels que soient les besoins de soutien pour le tenir. Le niveau élevé du
soutien assuré en 1989, année sèche mais non exceptionnelle, à hauteur de 252 Mm3 par les deux
réservoirs et le faible remplissage de Naussac à l?issue de l?hiver 1989-1990, ont conduit le
CGTRNV à retenir pour la première fois en 1990 l?idée de déroger temporairement à l?OSE de 60
m3/s à Gien. Celui-ci a effectivement été abandonné le 7 septembre au profit d?une régulation du
débit sortant qui fit descendre le débit à Gien jusqu?à 50 m3/s pendant 8 jours au milieu du mois de
septembre.
Des modulations de l?OSE, décidées en fonction des circonstances, sont intervenues ensuite en
1991, 1997, 2003, 2004 et 2005. A compter de 2006, le CGRNVES s?est doté d?une règle de
modulation de l?OSE de Gien en fonction de la date de démarrage de la campagne de soutien
d?étiage pour Gien et du remplissage du réservoir de Naussac à cette même date. Après avoir été
légèrement simplifiée en 2010, cette règle a pris un caractère permanent depuis 2017.
La modélisation réalisée par la mission permet aussi d?évaluer les jours pendant lesquels les
lâchures effectuées à Villerest ont contribué au soutien de la Loire. A l?intérieur de ces périodes, il
est possible de rattacher chaque jour de soutien d?étiage effectif à l?OSE de Gien en vigueur. Les
données fournies par l?EPL ne permettent pas de distinguer si l?OSE réellement servi est celui de
Gien ou de Villerest. Le calcul qui suit porte donc sur toutes les journées où un soutien a été
effectué quel que soit l?OSE réellement servi.
La répartition des jours en fonctions des OSE varie selon l?approche retenue par le comité de
gestion. Le graphique ci-dessous présente cette répartition en distinguant les périodes mises en
évidence à ce sujet (1989-1990 : pas de modulation de l?OSE, 1991-2005 : des modulations au cas
par cas, 2006-2021 : une règle de modulation).
Figure 21 : Villerest ? soutien délivré par OSE de Gien et OSE moyen
Source : analyse mission sur des données EPL et DREAL
Entre les deux premières périodes, la modulation a diminué le nombre moyen de jours de soutien
et l?OSE moyen pendant ces jours de soutien, donc les volumes lâchés.
La règle de modulation en vigueur depuis 2006 a conduit à la poursuite de la diminution de l?OSE
moyen, descendu à 54,6 sur la période 2006-2021. Cette forte baisse n?a pas empêché que le
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OSE à 60 OSE à 55 OSE à 50 OSE à 48 OSE à 45 sans OSE OSE moyen
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Novembre 2022 Les conditions de mobilisation des retenues
hydroélectriques pour le soutien d?étiage sur le bassin de
Loire-Bretagne
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nombre de jours faisant l?objet d?un soutien reparte à la hausse.
Pendant les deux premières périodes analysées, le nombre de jours où l?OSE à Gien était fixé à
60 demeurait majoritaire. Depuis 2006, ce nombre de jours est clairement minoritaire (46 %).
Comme il n?a pas été possible de distinguer les jours où le seul OSE servi est celui de Villerest, ils
interviennent dans ces calculs. Or, les valeurs les plus faibles de l?OSE de Gien sont décidées à
des moments où le service de cet OSE est nécessaire. Sur des périodes où seul l?OSE de Villerest
doit être servi, une modulation forte de l?OSE de Gien a peu de chances de prévaloir. Il y a donc
de fortes chances que, sur cette période, les jours de soutien où l?OSE de Gien est à 60 comportent
une part importante des jours de soutien où l?OSE servi est seulement celui de Villerest, à l?exemple
des années 2013 et 2014 où l?OSE de Gien n?a pas été servi. Si on pouvait ne pas les prendre en
compte dans ce calcul, ce pourcentage serait vraisemblablement inférieur. Et l?OSE moyen aussi.
La fixation d?OSE à des valeurs inférieures à 60m3/s traduit une gestion prudente d?un stock limité
face à une situation plus tendue dont la mission relève l?efficacité. Mais cette pratique éloigne de
plus en plus l?OSE réellement servi à Gien de l?objectif figurant au règlement d?eau de l?ouvrage106.
Les pistes d?optimisation
L?optimisation de l?exploitation du réservoir, que la mission considère comme nécessaire dans ce
contexte, conduit à examiner trois sujets :
Comment assurer l?atteinte de la cote estivale de 315,30 m NGF le plus tôt possible ?
Est-il possible d?augmenter la cote estivale ?
Comment répondre au besoin croissant de soutien pendant l?automne tout en maintenant
la priorité à l?écrêtement des crues susceptibles de se produire pendant cette période ?
1) Plusieurs pistes pourraient permettre d?atteindre plus sûrement la cote estivale de
315,30 m NGF dès le début juin
La prévention des crues printanières impose le respect, entre le 15 février et le 31 mai, d?un creux
qui ampute de 10 Mm3 le volume conservé dans le réservoir par rapport aux 133 Mm3 qui devraient,
depuis 1997, être disponibles pour répondre au soutien d?étiage de la période estivale. Or, la
reconstitution de cette marge présente, certaines années, des difficultés.
Figure 22 : Villerest ? respect de la cote d?exploitation estivale
Source : données EPL
106 Selon l?article 3 du règlement d?eau du barrage de Villerest, annexé au décret du 4 mai 1983 l?approuvant : « Du
1er juin au 30 novembre, c?est-à-dire durant la période de soutien des étiages, la gestion a pour objectif,
conjointement avec le barrage de Naussac, d?assurer en permanence à Gien un débit minimal de soixante mètres
cubes tout en limitant la baisse du plan d?eau [...]. »
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La cote maximale estivale était fixée par le règlement d?eau à 316 m NGF, ce qui correspondait à
un volume de 138 Mm3. Elle a été abaissée à 315,3 m NGF, correspondant à un volume de
132,6 Mm3, à partir de 1997. L?analyse des données qu?elles a fournies à la mission montre que si
la cote estivale de 315,3 m NGF est régulièrement approchée, elle n?a pas été atteinte, avec une
différence notable, à huit reprises depuis le début cette date. Cinq d?entre elles correspondent à
des années à soutien précoce. Trois à des années humides à faibles perspectives de soutien
d?étiage.
Figure 23 : Villerest ? années à soutien précoce
Figure 24 : Villerest ? années humides
Source : données EPL
La question se limite évidemment aux années sèches où se conjuguent :
de faibles débits printaniers encore réduits par le remplissage par EDF de la retenue de
Grangent, située en amont de Villerest, pour l?atteinte de sa cote touristique ;
un soutien précoce à l?OSE de Villerest dès que les débits entrants descendent en-dessous
de 12 m3/s.
De ses analyses et des échanges qu?elle a eues avec le gestionnaire, la mission retient trois pistes
d?amélioration :
La plus immédiate, à la main du CGRNVES, consiste à réévaluer l?OSE au droit de Villerest : le
règlement d?eau du barrage annexé au décret du 4 mai 1983 l?approuvant fixe un débit garanti au
pied de l?ouvrage de 10 m3/s du 1er décembre au 14 septembre puis de 8 m3/s du 15 septembre
au 30 novembre. Le CGTRNV a décidé dès 1987 de relever à 12 et 10 m3/s ces débits puis de
fixer l?OSE à 12 m3/s toute l?année en 1998, « du fait de craintes portant plus sur la qualité des
eaux que sur le niveau d'eau au droit des captages » d?après la motivation figurant au relevé des
décisions permanentes du comité. Cette décision a été prise il y a 24 ans. La situation a pu évoluer
depuis. La mission préconise donc que soit réalisée rapidement, sous l?égide de l?ARS de bassin,
une étude sur les diverses modalités de sécurisations des captages bénéficiant du relèvement de
cet OSE afin de rechercher les moyens qui permettraient de revenir au soutien prévu dans le
règlement d?eau.
La deuxième consiste à coordonner durant les mois de mai et juin la gestion des ouvrages de La
Valette, de Grangent et de Villerest de sorte à pouvoir assurer le meilleur remplissage possible de
chacun en instaurant des règles de priorité entre leurs usages respectifs : la situation idéale
consiste à rechercher à ce que les trois ouvrages soient pleins en même temps au début de la
période d?étiage (ce qui implique que le débit relâché à Villerest ne soit pas supérieur au débit
entrant dans l?ouvrage le plus en amont additionné des apports naturels dans la rivière entre les
barrages). Cette coordination est à étudier au plus vite entre l?EPL et EDF, concessionnaire des
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chutes des trois barrages. Ses résultats pourront être repris dans les cahiers des charges des
concessions de Versilhac ? Vendets (pour la Valette), qui arrive à échéance en 2027, et de
Grangent, qui arrive à échéance en 2032.
La troisième consisterait à chercher à profiter d?éventuels épisodes pluvieux qui pourraient
intervenir durant la deuxième quinzaine du mois de mai pour monter dès ce moment-là le niveau
de la retenue107 . Cette modification des consignes d?exploitation devrait pouvoir s?appuyer sur
l?étude hydrologique de la Loire au barrage de Villerest réalisée pour le compte de l?EPL par BRLI
en 2019 : elle devrait cependant être précisée puis soumise à validation du service de contrôle.
Elle entraînerait enfin une révision du règlement d?eau qui dans son article 4 impose une cote
maximale à 314m jusqu?au 31 mai.
2) Augmenter le niveau d?eau de la retenue du 1er juin au 15 septembre ne paraît pas
possible pour deux raisons :
Le décret du 4 mai 1983 approuvant le règlement d'eau du barrage de Villerest prévoyait, à partir
du 1er juin, une remontée de la retenue jusqu?à 316 m NGF (qui ne devait pas être maintenue plus
de 15 jours), ce niveau a été abaissé en 1997 à 315,30 m NGF par le Comité de gestion technique
des réservoirs de Naussac et de Villerest, suite à des demandes formulées par le syndicat des
communes riveraines de la retenue du barrage de Villerest afin de ne pas pénaliser l?accès au
château de la Roche108 situé sur la retenue.
Lorsque le plan d?eau est à la 315,30 m NGF, les calculs les plus récents effectués montrent que
la cote atteinte pour la crue millénale, de 323,83 m NGF, ne dépasse pas le niveau actuel des plus
hautes eaux de 324 m NGF mais il n?existe pas de marges. Un relèvement à 316 m NGF ne paraît
donc pas possible d?un point de vue sûreté.
Le règlement d?eau prévoit néanmoins qu?une remontée à 316 reste possible dans le cas d?années
sèches exceptionnelles (qui pourraient par exemple correspondre aux années où le remplissage
de la retenue de Naussac serait au premier juin inférieur à une valeur à déterminer, par exemple à
50 % de sa capacité). Il est malheureusement peu probable qu?en année sèche exceptionnelle la
Loire offre des ressources permettant d?atteindre la cote 316, alors même qu?en année sèche,
l?atteinte de la cote de 315,30 m NGF appelle les mesures présentées au point précédent.
Si une augmentation était malgré tout envisagée, il conviendrait de mener des études approfondies
afin d?identifier les mesures de renforcement nécessaires pour assurer la stabilité de l?ouvrage avec
une charge hydraulique plus importante.
3) Conserver un volume d?eau plus important dans la retenue du 15 septembre au 15
octobre.
Aujourd?hui, le barrage doit revenir vers un niveau bas, situé à 304 mNGF, pour tenir compte de la
107 Cette montée des eaux dès le 15 mai pourrait s?accompagner des mêmes mesures de précaution vis-à-vis des
crues que celles qui sont prises durant le mois de juin et qui traduisent la priorité accordée à l?écrêtement des crues :
en cas de pluies entre le 1er juin et le 15 août sur le bassin amont dépassant le seuil de 50 mm/24h, il est procédé
à un abaissement du niveau de la retenue à la cote 314 m NGF, conformément au règlement d?eau.
108 En 1997, suite à des demandes formulées par le syndicat des communes riveraines de la retenue du barrage
de Villerest et au vu des conclusions des concertations intervenues à la suite de ces demandes, le comité a émis
un avis favorable pour ramener la cote maximale de 316 à 315,30 m NGF afin de ne pas pénaliser l?accès au
château de la Roche, une remontée à 316 restant possible dans le cas d?années sèches exceptionnelles. Si une
remontée exceptionnelle à la cote 316 est donc règlementairement possible, elle n?a jamais été mise en oeuvre.
L?EPL précise qu?il est en pratique difficile de « prévoir » une situation exceptionnelle, et lorsque la situation est
exceptionnelle du fait de l?absence de précipitations, la ressource n?est pas disponible pour augmenter le stockage.
Le lecteur intéressé pourra voir des images de ce château et de la retenue sur le site suivant :
https://www.youtube.com/watch?v=pl8bmCHSAWk
PUBLIÉ
https://www.youtube.com/watch?v=pl8bmCHSAWk
Novembre 2022 Les conditions de mobilisation des retenues
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possibilité de crues à partir de mi-septembre alors que dans le futur, l?étiage devrait se prolonger
certaines saisons jusque fin novembre et que les épisodes de crues devraient plutôt se déplacer
vers la fin de l?année.
Ponctuellement, des dérogations peuvent être délivrées pour prolonger de quelques jours la
descente à la cote 304 NGF109. Cette mesure a été mise en oeuvre en 2015 et 2019 (voir graphique
ci-dessous).
Elle se justifie en outre pleinement en année
de sécheresse estivale, quand la baisse du
niveau d?eau du réservoir, sous l?effet du
soutien d?étiage, rejoint la courbe de gestion
aux alentours du 15 septembre en assurant
l?atteinte de la cote 304 m NGF.
Cette souplesse de gestion pourrait devoir être
plus fréquemment sollicitée à l?avenir avec
l?aggravation du changement climatique. Elle
pourrait suffire sans nécessiter une démarche
longue de révision du règlement d?eau.
Au-delà de ces dérogations se pose la
question d?une modification permanente de la
courbe de gestion reportant au 30 septembre,
voir au 15 octobre l?atteinte de la cote 304 m
NGF.
Figure 25 : Villerest ? dérogations de 2015 et 2019
Source : données EPL
Celle-ci présenterait de fait un double intérêt :
? Lorsque la période automnale est particulièrement sèche, le volume d?eau disponible pour
soutenir l?étiage serait plus important fin septembre début octobre ;
? Lors d?une année normale, elle permet au gestionnaire d?électricité de mieux coupler la
production avec les lâchers à effectuer pour abaisser le niveau d?eau dans la retenue.
Une telle modification, sans impact sur le soutien d?étiage estival, ne pourrait reposer que sur une
réévaluation du risque de crue et de son calendrier.
L?étude hydrologique de la Loire au barrage de Villerest, réalisée pour le compte de EPL par BRLI
en 2019, a montré que le risque hydrologique le plus marqué se serait « décalé » entre le 23
octobre et le 22 décembre (risque hydrologique fort) et aurait diminué durant la période du 22 août
au 22 octobre (risque hydrologique modéré). Une prolongation du niveau bas du barrage
semblerait donc possible.
D?un point de vue sûreté, un niveau, compris entre 304 et 314 m NGF, serait admissible car la cote
des Plus Hautes Eaux (324 m NGF) n?est pas atteinte en cas de crue millénale, même avec une
109 « La cote 304 m NGF a été fixée pour permettre l?écrêtement optimum des crues automnales par la retenue de
Villerest. A cette cote, le volume maximum dans la retenue est de 68 Mm3 environ, ce qui représente jusqu?à
53 Mm3 mobilisables pour le soutien d?étiage après le 15 septembre. Pour des raisons de sécurité de l?ouvrage et
à l?aval de celui-ci, il n?est pas possible de maintenir la cote du barrage à une valeur ad hoc supérieure. Un
ajustement éventuel n?est pas totalement à écarter compte tenu de l?évolution de l?hydrologie de la Loire, mais
devrait être étudié puis soumis à validation du service de contrôle et entraînerait enfin une révision du règlement
d?eau (celle-ci pouvant donner l?occasion à d?autres revendications de modifications contraignantes pour le soutien
d?étiage). Toutefois, en cas de sécheresse exceptionnelle et au cas par cas, l?Etablissement conserve la possibilité
de demander des dérogations au CGRNVES pour prolonger la descente à 304 de quelques jours voire semaines,
afin de gérer précautionneusement le volume concerné en période d?étiage sévère. De telles demandes ont été
faites en 2015 et 2019 avec une suite favorable. Les étiages 2015 et 2019 étaient particuliers, le premier par sa
durée et le second par sa sévérité » Source : réponses de l?EPL aux questions de la mission.
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retenue à 314 m NGF.
Comme le souligne l?EPL, un ajustement éventuel n?est donc pas à écarter compte tenu de
l?évolution de l?hydrologie de la Loire, mais devrait être étudié puis soumis à validation du service
de contrôle et entraînerait enfin une révision du règlement d?eau. Cette étude devrait permettre de
déterminer s?il est possible sans compromettre la fonction d?écrêtement de crues de l?ouvrage de
garder un volume d?eau supplémentaire de quelques millions de mètres cubes entre mi-septembre
et mi-octobre.
D?un point de vue sûreté, le volume écrêtable par le barrage de Villerest, autrement dit la
performance de l?ouvrage ou encore le laminage, est fonction de la cote du plan d?eau. Il s?établit
pour les crues de retour 100 à 10 000 ans à environ :
177 Mm³ lorsque la cote est à 304 m NGF (crues d?automne),
120 Mm³ lorsque la cote est à 314 m NGF (crues de mai)110.
Les performances de l?ouvrage pour une cote à 306 ou 310 m NGF sont évaluées à 158 Mm3, et
138 Mm3 par l?EPL.
La mission souligne par ailleurs que ce même déplacement des crues vers la fin de l?année,
conjugué au rehaussement de la crue décamillénale, pourrait conduire à prolonger la période où
l?ouvrage serait maintenu à sa cote minimale jusqu?à une date qui reste à préciser.
Le réservoir de Naussac
D?une capacité de 185 Mm3, Naussac constitue le principal barrage en amont de l?Allier mais,
contrairement à Villerest, il n?a pas de vocation d?écrêtement des crues. En sus de sa fonction
principale de soutenir le débit d?étiage sur l?Allier, puis sur la Loire, il produit, de manière secondaire,
de l?électricité.
Conçu dans les années 70 comme une réponse aux épisodes de sécheresses particulièrement
sévères observés à l?amont de l?Allier, Naussac a de fait été réalisé en deux temps :
D?abord par la création du réservoir lui-même : l?ouvrage a été déclaré d?utilité publique en
février 1976111, construit de 77 à 1981 et mis en service en 1983. Sa construction ainsi que
son exploitation ont été tout d?abord concédées par le Ministère de l?agriculture en 1976112
pour une durée de vingt-cinq ans à une société d?économie mixte la Société pour la mise
en valeur de la région Auvergne-Limousin, la SOMIVAL. Le ministère de l?agriculture ayant
rejeté en 1992 la demande de renouvellement de la concession au motif que l?EPALA était
pressenti pour gérer l?ouvrage, c?est l?EPL qui, à la fin de la concession, en a repris
l?exploitation en 2003 (après une phase transitoire d?un an durant laquelle la SOMIVAL en
a poursuivi l?exploitation). Enfin, l?Etat a transféré la propriété des aménagements de
Naussac I à l?EPL au premier janvier 2007113 ;
Puis, par la mise en place à partir de 1998 d?un pompage depuis l?Allier, également appelé
Naussac II, afin d?aboutir à un meilleur remplissage de l?ouvrage : EPL créé en novembre
1983 a été chargée de sa réalisation114, et en a confié la maîtrise d?oeuvre, l?assistance à
110 Source pour ces deux chiffres : DREAL Aura. Mail à la mission (17/05/2022)
111 https://www.legifrance.gouv.fr/download/securePrint?token=2Q$i4EKTYF2RcxRCAU@U
112 Décret de concession du 11 juin 1976
113 Arrêté préfectoral du 2 mars 2007 portant constatation du transfert du barrage-réservoir de Naussac et de ses
dépendances du domaine public fluvial de l?Etat dans le domaine public fluvial de l?EPL (E.P. Loire).
https://www.eptb-loire.fr/wp-content/uploads/2013/09/2007-03-02-arrete_061-002-transfert-Naussac-2.pdf
114 Le contrat de plan particulier signé le 13 février 1986 entre l?Etat, l?agence de bassin Loire Bretagne et l?EPALA
prévoyait la réalisation de quatre ouvrages : Serre-de-la-Farre, Chambonchard, le Veurdre et Naussac II.
PUBLIÉ
https://www.legifrance.gouv.fr/download/securePrint?token=2Q$i4EKTYF2RcxRCAU@U
https://www.eptb-loire.fr/wp-content/uploads/2013/09/2007-03-02-arrete_061-002-transfert-Naussac-2.pdf
Novembre 2022 Les conditions de mobilisation des retenues
hydroélectriques pour le soutien d?étiage sur le bassin de
Loire-Bretagne
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la maîtrise d?ouvrage ainsi que la réalisation des études à la SOMIVAL. La SOMIVAL et
l?EPL ont fait le choix, qui constituait une première européenne, d?installer trois pompes
réversibles, dites pompes turbines Deriaz, capables non seulement de remonter l?eau de
l?Allier dans la retenue, mais aussi de produire de l?électricité en sens inverse115. Le décret
de janvier 2000116 portant règlement spécial pour l'utilisation de l'énergie hydraulique de
l'aménagement de Naussac-II (Lozère), précise que, pour le pompage, la puissance
maximale (brute) est de 9 000 kW et, pour le turbinage, de 7 950 kW. Conformément à
l?article 29 de la loi de 1919 relative à l?utilisation de l?énergie hydraulique117, ce décret de
janvier 2000 reconnaît à l?EPL la possibilité d?exploiter l?activité de production
hydroélectrique qui reste accessoire par rapport à l'objectif de régularisation des débits de
l'Allier et de la Loire assigné à l'aménagement de Naussac. Cette autorisation est toutefois
limitée dans le temps : le règlement spécial prend en effet fin le 31 décembre 2034, date
de la fin de l'autorisation de la deuxième phase d'aménagement de Naussac fixée par
l'article 2 de l'arrêté interpréfectoral du 16 novembre 1994 qui déclarait Naussac 2 d'intérêt
général et d'utilité publique 118 . Le contrôle de la construction et de l'exploitation des
installations soumises au règlement spécial est assuré par le service chargé du contrôle
de l'électricité.
Le remplissage de Naussac
Naussac bénéficie de trois sources d?approvisionnement, qui sont certes indépendantes, mais qui,
prenant leur source dans la même zone géographique, connaissent des évolutions de débit
similaires et vont dont toutes les trois être réduites en cas de saison sèche :
Les apports directs gravitaires du Donozau : le Donozau avec un débit moyen estimé de
0,69 m3/s se jette dans la retenue de Naussac, et déverse ainsi en moyenne environ
20 Mm3/an ;
La déviation d?une partie des eaux du Chapeauroux au moyen d?une galerie souterraine.
La dérivation des eaux est aujourd?hui interdite : i) du 1er juillet au 31 août, ii) quand les
lâchures sont effectuées par Naussac, iii) quand la retenue a atteint sa cote d?exploitation.
Le débit réservé à respecter dans le Chapeauroux à l?aval de la dérivation est de 600 l/s.
Le débit maximum dérivable par la prise d?eau est de 12 m3/s. Selon les données de l?EPL,
les volumes stockés à partir de la dérivation du Chapeauroux ont été en moyenne de
40 Mm3/an ;
115 Voir notamment Naussac 2 : mise en oeuvre des pompes turbines Deriaz, Thépot (EPALA), Clérin Sudour
(SOMIVAL), Taulan (Alstom hydro Turbines Neyrpic), La Houille Blanche, 1999. https://www.shf-
lhb.org/articles/lhb/pdf/1999/03/lhb1999032.pdf
116 Décret n°2000-21 du 5 janvier 2000 portant règlement spécial pour l'utilisation de l'énergie hydraulique de
l'aménagement de Naussac-II (Lozère) par l'Etablissement public d'aménagement de la Loire et de ses affluents,
aux fins de production d'électricité. https://www.legifrance.gouv.fr/loda/id/LEGIARTI000006866960/2000-01-
12/#LEGIARTI000006866960
117 Article 29 de la loi de 1919 relative à l?utilisation de l?énergie hydraulique : « Les usines ayant une existence
légale, ainsi que celles qui font partie intégrante d'entreprises déclarées d'utilité publique et pour lesquelles un
règlement spécial sera arrêté par un décret rendu en Conseil d'Etat, ne sont pas soumises aux dispositions des
titres Ier et V de la présente loi. Toutefois, elles supportent la taxe, dont le taux et le mode de recouvrement sont
réglés par les articles 8 et 22 ». https://www.legifrance.gouv.fr/loda/article_lc/LEGIARTI000006847069/1919-10-18
Si l?article premier de la loi stipule que « Nul ne peut disposer de l'énergie des cours d'eau quel que soit leur
classement, sans une concession ou une autorisation de l'Etat », son article 29 établit que les titulaires de droits
fondés en titre sont dispensés de solliciter auprès de l'administration l'autorisation d'établir une prise d'eau aux fins
d'utiliser la force hydraulique. Ainsi, par cet article 29, les dispositions de la seule loi de 1919 ne s'appliquent pas à
ces ouvrages considérés comme « autorisés » sans limite de durée. Néanmoins, ils n'en sont pas moins soumis à
la police de l'eau, à l'instar de toute autre autorisation ». Guide pratique relatif à la police des droits fondés en titre,
DGALN/DEB, https://www.gesteau.fr/sites/default/files/Guide_police_des_droits_fondes_en_titre.pdf
118 Arrêté interpréfectoral Haute Loire et Lozère en date du 16 novembre 1994 déclarant d'intérêt général et d'utilité
publique NAUSSAC 2
PUBLIÉ
https://www.shf-lhb.org/articles/lhb/pdf/1999/03/lhb1999032.pdf
https://www.shf-lhb.org/articles/lhb/pdf/1999/03/lhb1999032.pdf
https://www.legifrance.gouv.fr/loda/id/LEGIARTI000006866960/2000-01-12/#LEGIARTI000006866960
https://www.legifrance.gouv.fr/loda/id/LEGIARTI000006866960/2000-01-12/#LEGIARTI000006866960
https://www.legifrance.gouv.fr/loda/article_lc/LEGIARTI000006847069/1919-10-18
https://www.gesteau.fr/sites/default/files/Guide_police_des_droits_fondes_en_titre.pdf
Novembre 2022 Les conditions de mobilisation des retenues
hydroélectriques pour le soutien d?étiage sur le bassin de
Loire-Bretagne
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Le pompage d?eau dans l?Allier : depuis l?installation des pompes (réversibles), il est
possible de prélever une partie des eaux de l?amont de l?Allier vers la retenue sous un
certain nombre de conditions, et, en particulier, en respectant un débit minimal à l?aval dans
l?Allier de 3 ou de 5 m3/s119 suivant que le remplissage de l?ouvrage est en-dessous (5 m3/s)
ou au-dessus de son niveau d?alerte (3 m3/s). L?eau est amenée, par l?intermédiaire d?un
canal et d?une galerie (340 m et 2,6 m de diamètre), vers un bassin (40 000 m3) créé sur le
Donozau aval. La cote du seuil sur l?Allier est à 888 m NGF, et la hauteur par rapport au
terrain naturel de 2,3 m. Le bassin sur le Donozau se situe 57 m en dessous du plan d?eau
de Naussac. Le dispositif de pompage permettant de remonter l?eau dans le barrage est
constitué de 3 pompes de 5 m3/s (soit un prélèvement maximum de 15 m3/s dans l?Allier)
installées dans un ouvrage souterrain. De fait, l?usine peut pomper au minimum 2 m3/s et
au maximum 12 m3/s en fonction de la hauteur d?eau dans la retenue (cote au barrage
minimum requise pour le pompage de 921 m NGF correspondant à un volume de l?ordre
de 25 M m3). Depuis la mise en service de la station de pompage, le volume moyen pompé
annuellement a été d?environ 20 Mm3, avec une valeur maximum de 74,5 Mm3 en 2006,
année suivant la vidange pour travaux.
Figure 26 : Naussac ? situation du barrage et de ses prises d'eau120
Source : EPL
Le tableau ci-dessous, établi à partir d?éléments transmis par l?EPL ou figurant dans l?état des lieux
de lieux de l?étude HMUC du Haut-allier et de l?Allier aval, illustre les évolutions du remplissage et
des déversements. Notons au passage que la SOMIVAL estimait, en 1993, dans une étude
préalable à la réalisation de Naussac II, que les installations de pompage auraient été utilisées 21
années sur 46 de 1944 à 1991 et auraient permis en moyenne de prélever 36 Mm3 (sur les 300
millions écoulés dans l?Allier annuellement à la hauteur de la prise).
119 Les prélèvements dans l?Allier sont réalisés dans le respect des conditions suivantes :a) débit réservé de l?Allier
de 3 m3/s, b) tout prélèvement sera autorisé dès lors que la cote de remplissage de la retenue de Naussac sera
inférieure à la cote définie dans la courbe d?alerte, c) du 1er novembre au 31 mars, dès lors que la cote de
remplissage de la retenue de Naussac est supérieure ou égale à la cote définie dans la courbe d?alerte, les
prélèvements seront autorisés sous réserve que le débit maintenu dans l?Allier soit de 5 m3/s, d) les variations des
débits prélevés sont limitées de 1 à 5 m3/s par demi-heure, selon le débit restant dans l?Allier, e) le prélèvement est
limité à une valeur maximum de 15 m3/s.
120 Source : Carte page 105. Etude HMUC des SAGE du Haut Allier et de l'Allier aval, RAPPORT DE PHASE 1,
CESAME, https://sage-allier-aval.fr/validation-de-la-phase-detat-des-lieux-de-letude-hmuc-allier-par-les-cle-des-sage-haut-
allier-et-allier-aval/
PUBLIÉ
https://sage-allier-aval.fr/validation-de-la-phase-detat-des-lieux-de-letude-hmuc-allier-par-les-cle-des-sage-haut-allier-et-allier-aval/
https://sage-allier-aval.fr/validation-de-la-phase-detat-des-lieux-de-letude-hmuc-allier-par-les-cle-des-sage-haut-allier-et-allier-aval/
Novembre 2022 Les conditions de mobilisation des retenues
hydroélectriques pour le soutien d?étiage sur le bassin de
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Tableau 2 : Naussac ? évolutions du remplissage et des déversements
Apports et
déstockages
en Mm3
Apports
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Apports
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Apports
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Allier
Apports
totaux
Déstockages
du premier
juillet à fin
novembre
1983-1997 22,6 42,7 0 65,3 63,3
1998-2021 21,8 39 16,8 77,6 65,2
2016-2021 22,2 45,6 17,2 85 70,1
2016 -2019 20,7 52,3 23,0 96,0 77,4
Source : données EPL et étude HMUC Allier phase 1.
Le sujet récurrent depuis la mise en service de l?ouvrage est celui de son remplissage. En effet les
bassins versants du Donozau et du Chapeauroux, seuls dans un premier temps, puis complété par
pompage dans l?Allier, n?assurent pas un remplissage complet de la retenue tous les ans. Les
dispositions de gestion ont été définies pour garantir un remplissage au niveau maximum 8,7
années sur 10 ;
Le graphique ci-dessous confirme que :
Le retour à la cote estivale peut prendre plusieurs années (2000 après le minimum de fin
1997 et 2008 après la vidange de 2005) ;
Le retour à la cote estivale peut être rapide (2020 après une année à 2019 à fort soutien) ;
Un hiver sec, comme en 2021-2022, peut limiter très fortement le remplissage du réservoir,
ce qui contraint alors la gestion du soutien d?étiage.
Naussac - évolution du remplissage du réservoir
Source : données EPL
Pour ménager cette ressource, dont il n?est pas assuré qu?elle puisse être renouvelée dans le
courant de l?hiver qui suit, l?EPL gère le réservoir de Naussac dans une approche pluriannuelle. La
modulation de l?OSE de Gien (depuis 2006) ainsi que de celui de Vic-le-Comte (depuis 1986),
mises en place par le CGRNVES, qui tiennent compte du niveau de remplissage de Naussac au
début de la campagne de soutien d?étiage, constituent un élément majeur de cette gestion visant
à prévenir le risque d?interruption brusque du soutien d?étiage par épuisement des réservoirs.
On observe ainsi que depuis 2007, le volume minimum retenu dans le réservoir, en fin de
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minimum maximum cote estivale
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campagne de soutien d?étiage, est toujours resté supérieur à 85 Mm3.
Le soutien d?étiage
Le réservoir de Naussac opère un soutien d?étiage pour satisfaire l?un ou l?autre des objectifs
suivants de débit dans l?Allier :
2 m3/s au niveau de l?ouvrage ;
5,5 m3/s à la confluence du Chapeauroux, du 15 mai au 15 septembre, pour la pratique
d?activités d?eaux-vives121 (en mai 2022, des lâchures ont été effectuées pour satisfaire ce
seul objectif) ;
6 m3/s à Vieille-Brioude122, (au niveau du débit seuil d?alerte ou DSA) ;
de 14 à 10 m3/s à Vic-le-Comte123 (entre le DSA et le DOE).
Il assure aussi un soutien d?étiage de la Loire, en complément de la retenue de Villerest, lorsque
les ressources de cette dernière ne suffisent pas à répondre à l?objectif de soutien d?étiage à Gien.
Le barrage de Naussac n?a pas de fonction d?écrêtement de crue. L?eau est délivrée à l?Allier par
déstockage du réservoir :
pour soutenir le débit au service d?un ou plusieurs OSE ;
ou pour abaisser le niveau de la retenue, pour inspection, travaux ou pour revenir à la cote
maximale après l?avoir dépassée (abaissement de régulation).
Comme pour Villerest, la mission a effectué une modélisation du fonctionnement du réservoir de
Naussac. Ce travail permet de distinguer, parmi les jours de déstockage :
les jours d?abaissement du niveau pour revenir à la cote estivale après dépassement de
celle-ci ;
les jours d?abaissement du niveau pour motif technique (inspection ou travaux) ;
les jours de soutien d?étiage.
Chaque jour pendant la campagne de soutien d?étiage, le volume délivré par l?ouvrage est calculé
par l?EPL en référence à un des OSE ci-dessus qui devient l?OSE directeur du jour. Comme pour
Villerest, le système d?information de l?établissement ne conserve ne conserve cette information
que depuis 2021. Il n?est donc pas possible de retracer précisément pour quel objectif ont été
utilisées jusqu?en 2020 les ressources du réservoir ni de mesurer précisément l?impact de la
modulation de l?OSE de Vic-le-Comte.
Depuis sa mise en service, le réservoir de Naussac a soutenu le débit de l?Allier tous les ans. En
2005, ce soutien est masqué par les lâchures opérées pour abaisser le niveau d?eau afin d?effectuer
des travaux d?étanchéité. Le compte-rendu de la campagne de soutien d?étiage présenté au
CGRNVES en mars 2006 indique que « du fait de la vidange, le volume déstocké est sensiblement
supérieur aux besoins qui seraient apparus pour le seul soutien d'étiage » mais n?évalue pas la
part du soutien d?étiage dans le volume déstocké. La mission n?a pas pu reconstituer ce chiffre.
Cette année est donc neutralisée dans les analyses suivantes.
Les lâchures opérées depuis Naussac visent la satisfaction de tout ou partie des objectifs de
121 Cet objectif remplace un objectif lié au barrage de Poutès, résultant d?une décision intervenue pour la première
fois en 1991, devenu caduc suite à la transformation de cet ouvrage
122 Objectif réglementaire découlant de la déclaration d?utilité publique de 1976
123 Ce dernier objectif ne découle pas du règlement d?eau du barrage de Naussac mais d?une décision du comité
de gestion technique des réservoirs de Naussac et Villerest intervenue en 1983. Les règles de modulation de cet
objectif sont stabilisées depuis 2002.
PUBLIÉ
Novembre 2022 Les conditions de mobilisation des retenues
hydroélectriques pour le soutien d?étiage sur le bassin de
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soutien d?étiage énumérés ci-dessus, selon l?évolution des débits de l?Allier. Il est arrivé que des
lâchures exceptionnelles interviennent ponctuellement à la demande de certains acteurs124. Quelle
qu?ait été leur motivation, toutes ces lâchures ont contribué à soutenir le débit de l?Allier et de la
Loire. Leur total annuel, hors abaissements, figure dans le graphique ci-dessous.
Figure 27 : Naussac ? volumes annuels déstockés pour le soutien de l'Allier et de la Loire
Source : analyse mission de données EPL
Ces chiffres ne sont pas directement comparables, car les règles de soutien ont évolué au fil du
temps, par la définition de règles de modulation de plusieurs OSE dont principalement ceux de
Gien et de Vic-le-Comte.
La modélisation effectuée par la mission permet d?identifier les jours de soutien effectif au sein
d?une campagne qui peut aussi comporter des jours d?abaissement et d?autres sans déstockage
d?eau ou avec augmentation du stock.
Figure 28 : Naussac ? évolution du nombre de jours de soutien d?étiage
Source : analyse mission de données EPL
L?analyse des moyennes décennales 125 du nombre de jours de soutien effectif pendant les
124 EDF pour diluer les apports lors de la vidange de ses barrages situés sur l?Ance-du-Sud (Saint-Prejet en 1987
et Pouzas en 1989), la Ligue d?Auvergne de canoë-kayak pour une compétition (1987), l?association SOS saumon
Loire-Allier (1993).
125 L?année 2005, au cours de laquelle la vidange du réservoir pour travaux a intégralement masqué le soutien
d?étiage est également neutralisée dans cette approche
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décennies
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campagnes de soutien d?étiage (graphique ci-dessus) fait apparaître une tendance à la hausse
statistiquement significative depuis 1990. Celle-ci s?explique notamment par l?augmentation du
nombre de jours de soutien en septembre et surtout en octobre en cohérence avec le passage à
un régime estivo-automnal sur l?Allier, comme le montre le graphique ci-dessous.
Figure 29 : Naussac ? nombre de jours de soutien par mois
Source : analyse mission de données EPL
Les tiretés correspondent aux décennies incluant l?année 2005 neutralisée
Ce soutien est devenu quasiment permanent en septembre, comme en août. Il est maintenant
aussi fréquent en octobre ? courbe violette sur le graphique ci-dessus ? qu?en juillet, entre 20 et
25 jours par mois en moyenne décennale.
La contribution à l?OSE de Gien
Le réservoir de Naussac peut servir l?objectif de soutien d?étiage de Gien, en renfort du réservoir
de Villerest. Le dépouillement des comptes rendus du CGTRNV puis du CGRNVES fournis par la
DREAL montre que le réservoir de Naussac a été mis directement à contribution pour le soutien
de l?OSE de Gien 7 années depuis sa mise en service (1989, 1997, 1998, 2003, 2005, 2020 et
2022). La modulation de l?OSE de Gien formalisée en 2006, a été complétée en 2011 par la mise
en place de courbes d?alerte à Villerest organisant l?appel à Naussac pour le service de Gien.
Le franchissement de la courbe plancher
interrompt le soutien d?étiage à l?OSE de Gien.
Seul l?OSE du pied du barrage peut encore être
servi. La courbe décroît du 2 juillet au 1er
décembre passant de 86 à 13 Mm3.
Les courbes d?alerte sont définies par rapport à
la courbe plancher en ajoutant à celle-ci des
volumes de 10, 20 et 30 Mm3. Au-dessus de
ces courbes l?OSE de Gien est servi
uniquement par Villerest en fonction du besoin.
Entre les courbes plancher et plancher + 30,
+20 et +10, les débits sortant de Villerest sont
limités respectivement à 24, 20 et 16 m3/s. Si le
service de l?OSE de Gien appelle des débits
supérieurs, ceux-ci sont fournis par Naussac.
Figure 30 : Villerest ? courbes plancher et d?alerte
Source : Données EPL
La contribution du réservoir de Naussac à l?OSE de Gien n?a jamais été très fréquente. Elle l?est
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Volume d'exploitation
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encore moins depuis 2006. Celle-ci est effet passé :
de 5 années sur 23 de 1983 à 2005 ;
à 2 année sur 17 de 2006 à 2022.
Faute que les OSE directeurs aient été conservés, les informations dont la mission a obtenu
communication de la part de l?EPL ne lui ont pas permis de mesurer sur chacune des 6 campagnes
achevées (de 1989 à 2020), le volume d?eau lâché par Naussac à l?OSE de Gien. Pour l?année
2020, elle a pu évaluer, grâce aux éléments fournis par l?EPL, que ce soutien se situe dans une
fourchette de 432 000 à 864 000 m3. Ce qui représente entre 0,6 et 1,3 % d?un soutien total de
67 Mm3 délivré cette année-là par le réservoir.
Depuis 2010, le réservoir de Naussac est donc, dans la pratique, quasi-exclusivement consacré
au soutien d?étiage sur l?Allier. Comme l?Allier est un affluent de la Loire, on peut considérer que,
même limité aux OSE de l?Allier, le soutien d?étiage procuré par Naussac profite à la Loire.
Cependant, on observe, sur la même période, une nette dégradation du respect du DOE à Cuffy,
sur l?Allier aval, et donc des apports de l?Allier à la Loire pendant les périodes d?étiage. Ce qui
donne une autre mesure de ce repli.
Par ailleurs, l?étude HMUC Haut Allier et Allier aval constate126 que « l?exploitation du barrage de
Naussac et la restitution vers l?aval de débits significatifs (relargage de 70 à 100 millions de m3 au
cours de l?été avec des moyennes mensuelles comprises entre 5 et 10 m3/s selon les années)
augmente significativement le débit de l?Allier en aval par rapport à une situation « naturelle » de
Qmna5. Jusqu?à Vic-le-Comte, le débit en situation de Qmna5 est presque doublé par rapport à
une situation naturelle sans la présence du barrage. A la confluence avec la Loire, le bilan « rejets-
prélèvements » en situation de Qmna5 est presque équilibré. En situation d?étiage marqué, les
apports de Naussac dans la partie haute du bassin versant de l?Allier compensent donc en grande
partie les prélèvements réalisés en aval. » En année sèche, d?après cette étude, l?apport de l?Allier
à la Loire se limiterait donc, en ordre de grandeur, à son débit naturel.
Les pistes d?optimisation
Le changement climatique en cours amène néanmoins à s?interroger sur le fonctionnement de la
retenue de Naussac : comme le souligne l?étude relative à l?Élaboration d'une stratégie d'adaptation
du mode de gestion des barrages de Villerest et Naussac sous l?effet du changement climatique127,
si les cotes d?objectif de remplissage sur Villerest sont atteintes pour l?ensemble des projections,
laissant présager peu d?évolution sur la capacité à remplir le barrage à l?horizon 2050, « a contrario
le remplissage du barrage de Naussac est plus problématique, avec une baisse généralisée du
niveau d?eau moyen dans le barrage. Le barrage de Naussac serait ainsi plus sollicité à l?avenir,
du fait notamment de l?activation plus fréquente, sous l?effet du changement climatique, des règles
de basculement existantes entre Villerest et Naussac, sauf si la modulation de l?OSE de Gien était
encore accentuée pour éviter d?accroître cette sollicitation. L?ouvrage connaîtrait ainsi une baisse
des niveaux d?eau en fin d?étiage (notamment avec une augmentation du nombre d?années où le
barrage serait susceptible d?être vide), et une difficulté à se remplir l?année suivante »128 . De
manière quantitative, les besoins en eau devraient nécessiter des lâchers d'eau trois fois plus
importants en aval de Naussac estimés à 161 Mm3 (contre 57 Mm3 en moyenne aujourd?hui).
Dans ces conditions, la mission estime que l?adaptation au changement climatique de la retenue
126 CESAME études et conseil en environnement, « Etude gestion quantitative avec une analyse Hydrologie Milieux
Usages Climat et élaboration de programmes d?action pour une gestion durable des ressources en eau sur les
territoires des SAGE du haut Allier et de l?Allier aval. Synthèse du rapport de phase 1 », décembre 2021, p 272
127 Voir notamment page 7. Etude d?adaptation du mode de gestion des barrages de Villerest et de Naussac sous
l?effet du changement climatique : phase 4
https://www.eptb-loire.fr/wp-content/uploads/2017/12/Rapport_Phase4_EP_Loire_v3.pdf
128 Ibidem. Voir notamment page 7.
PUBLIÉ
https://www.eptb-loire.fr/wp-content/uploads/2017/12/Rapport_Phase4_EP_Loire_v3.pdf
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de Naussac doit conduire à rechercher une optimisation de la gestion pluriannuelle de l?ouvrage
suivant deux axes prioritaires consistant à réduire la consommation d?eau lorsque le réservoir n?est
pas plein et à augmenter son remplissage annuel.
1) Comment réduire la consommation d?eau lorsque le réservoir n?est pas complètement
rempli ?
La modulation des OSE est l?outil le plus puissant de mise en adéquation de la ressource disponible
avec les besoins de soutien d?étiage. Or, comme pour Villerest, on observe que les OSE de
proximité du barrage : confluence du Chapeauroux et Vieille-Brioude échappent à toute modulation,
contrairement à ceux de Vic-le-Comte et de Gien.
En cas d?année à hiver et printemps sec, comme en 2022, un soutien d?étiage précoce pour
satisfaire ces OSE de proximité peut entamer tôt un stock limité, inférieur à 180 Mm3.
Ce sujet est à la main du CGRNVES. La mission préconise donc que soit étudiée sans tarder une
modulation de ces OSE, en fonction du remplissage du réservoir.
2) Comment mieux assurer le remplissage du réservoir ?
Un meilleur remplissage annuel permet en effet de :
répondre plus facilement au besoin moyen de remplissage de la retenue qui devrait croître
d?ici à 2050 ;
et, en année moyenne de soutenir de manière plus importante le débit d?étiage de l?Allier
jusqu?à sa confluence avec la Loire, autrement dit de déstocker un volume d?eau plus
important.
La mission recommande donc à EPL d?explorer toutes les pistes possibles d?augmentation du
remplissage annuel du barrage-réservoir de Naussac et d?examiner notamment la possibilité de
faire appel plus souvent au pompage d?ans l?Allier.
Les conditions météorologiques de l?hiver 2021-2022 et du printemps 2022 n?ont permis de remplir
le barrage que de 14 Mm3 - ce qui est le plus faible remplissage intersaison depuis la mise en
service du barrage en 1983. L?analyse des difficultés rencontrées peut aider à dégager des pistes
de progrès.
La raison principale est liée à la succession d?un hiver puis d?un printemps, tous les deux
particulièrement secs, qui ont conduit à une très forte réduction des trois sources
d?approvisionnement de la retenue :
Alors que la dérivation du Chapeauroux permet de dériver un volume moyen de 40 Mm3,
celui-ci n?a été pour 2021-2022 que de 5 Mm3 ;
Un pompage de 9 Mm3 (en comparaison d?une moyenne annuelle d?environ 20 Mm3) a pu
être réalisé sur l?Allier lors des deux seuls épisodes pluvieux de la saison (mi-mars et fin
avril), comme l?illustre le graphe suivant. Le pompage en mars aurait théoriquement pu être
plus important (4 Mm3) si deux des trois pompes n?avaient pas été indisponibles pour
maintenance et réparation. En dehors de ces épisodes, le niveau de l?Allier à Langogne est
resté inférieur au niveau réglementaire autorisant le pompage (entre 3 et 5 m3/s en fonction
des conditions de remplissage de la retenue) ;
Enfin, les apports naturels du Donozau ont été très faibles en 2022.
PUBLIÉ
Novembre 2022 Les conditions de mobilisation des retenues
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Figure 31 : Naussac ? gestion du pompage entre les étiages 2021 et 2022
Source : EPL
La mission a en particulier identifié les pistes suivantes : les études techniques et économiques
correspondantes restent néanmoins à mener. Ces solutions, si leur intérêt était confirmé, lui
paraissent en effet préférables à la création de nouvelles retenues de quelques millions de mètres
cubes en bordure de l?Allier :
Se donner les moyens de prélever et de pomper de l?eau plus rapidement lors d?un épisode
pluvieux : le gain possible serait de 5 à 7 Mm3 sur le premier épisode pluvieux d?importance
de l?hiver. Les pompes de relevage de Naussac ne sont pas aujourd?hui équipées de
dégrilleurs129 : l?absence de colmatage est assurée par le fonctionnement inverse des
pompes (en turbinage) qui conduit à déstocker l?eau130. Dans ces conditions, l?EPL précise
que « lors du premier épisode pluvieux hivernal, le cours d?eau charrie énormément
d?embâcles qui viennent perturber le fonctionnement de la prise d?eau sur l?Allier et
conduisent à des indisponibilités prolongées de l?ensemble de l?usine. Ce constat a conduit
l?Etablissement à prendre le parti de ne pas pomper au début du seul premier épisode
pluvieux hivernal. En théorie, sans cette règle de gestion, il aurait été possible de pomper
jusqu?à 10 Mm3 supplémentaires lors du coup d?eau du 18 mars au 4 avril ». L?EPL ajoute
« qu?en pratique, la probabilité aurait été forte que l?usine soit rapidement rendue
indisponible et que le pompage soit finalement inférieur au pompage observé » : c?est ce
point qui doit être étudié et faire l?objet de mesures adéquates. L?EPL indique également
que sur l?ensemble de l?évènement, le pompage de 10 Mm3 supplémentaire aurait été
théoriquement possible si les 3 conditions suivantes avaient été réunies : un pompage dès
la première heure (~4,5 Mm3), l?utilisation de 2 groupes et un fonctionnement sans
interruption ;
129 Le dégrilleur est l?appareil permettant d?ôter les détritus qui s?accumulent sur la grille d?une prise d?eau.
130 Les trois pompes rejettent, en mode turbinage, leurs eaux dans une seule conduite : « cette structure comporte
des grilles empêchant l?introduction de corps étrangers dans les machines lors du fonctionnement en turbine. Ces
grilles ne disposent pas de dégrilleur mais peuvent être nettoyées à contre-courant au pompage, les détritus étant
évacués par un conduit de chasse en dérivation ». https://www.shf-lhb.org/articles/lhb/pdf/1999/03/lhb1999032.pdf
PUBLIÉ
https://www.shf-lhb.org/articles/lhb/pdf/1999/03/lhb1999032.pdf
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Figure 32 : Naussac ? débits dans l?Allier lors de l?épisode pluvieux de mi-mars 2021
Source : EPL
Autoriser le remplissage de Naussac par pompage et par dérivation du Chapeauroux en
été en cas d?épisode pluvieux : le gain possible est de plusieurs millions de m3, au moins
5 Mm3 lors de l?épisode pluvieux de début octobre 2021. Les premiers résultats d?Explore
2 à 2070 montrent que les précipitations pourraient être sensiblement les mêmes sur le
bassin mais réparties différemment, avec des épisodes pluvieux pouvant intervenir sur
l?ensemble de l?année. Aujourd?hui, l?utilisation de la dérivation du Chapeauroux et, suivant
les textes, le pompage dans l?Allier sont interdits du premier juillet au respectivement
premier novembre et premier septembre. Ce remplissage doit naturellement s?effectuer
dans le respect des objectifs de débit à l?aval de la dérivation de l?Allier et de celle du
Chapeauroux ;
Revoir la courbe de pompage qui conditionne le déclenchement du pompage en distinguant
si possible les automnes et les hivers annoncés comme devant être secs par Méteo France
des années normales. En année normale et avec un remplissage normal à la fin de l?étiage
2021, il était logique d?ignorer l?épisode pluvieux de fin septembre 2021. Avec un automne
annoncé comme sec, les courbes devraient conduire au déclenchement du pompage dans
l?Allier pour un épisode pluvieux fin septembre. L?EPL précise que la courbe actuelle a été
construite pour permettre un compromis entre exploitation et préservation de la qualité du
milieu naturel. Elle a pour objectif un remplissage complet de la retenue 8,7 années sur 10
en minimisant l?écart de remplissage avec un pompage systématique qui ne serait basé
que sur la courbe alerte. Cette courbe est cependant construite sur les observations du
passé alors que nous sommes engagés dans une transition climatique : l?idée pourrait donc
être de chercher à assurer le remplissage 9,5 années sur dix pour tenir compte de cette
évolution, même si la courbe reste fondée sur les données du passé ;
Etudier la possibilité d?installer sur Naussac une pompe qui pourrait prélever un débit
inférieur à 2 m3/s dans l?Allier (dans le respect des objectifs de débit dans l?Allier à l?aval du
pompage de 3 ou de 5 m3/s). Les pompes actuelles trouvent leur fonctionnement optimal
dans un débit de 5 m3/s et rencontrent des problèmes de cavitation pour des débits
inférieurs à environ 2 m3/s : l?usine actuelle ne peut donc pomper en dessous de 2 m3/s.
Une pompe fonctionnant à 2 m3/s soit lorsque le débit de l?Allier est voisin de 5 m3/s (ce qui
ne permet pas de démarrer les pompes habituelles), soit en complément d?une ou de
plusieurs des pompes actuelles, pendant 2 mois, permettrait un remplissage de 10 Mm3.
L?EPL souligne à juste titre que l?installation d?une pompe de plus faible débit permettrait
en effet d?élargir les capacités de l?usine en pompant une gamme de débit inférieur à 1,5
PUBLIÉ
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m3/s, mais que l?installation d?un nouveau groupe à Naussac serait techniquement difficile
et très couteuse, alors que les volumes annuels concernés seraient faibles131. La mission
considère toutefois nécessaire de mener les études techniques et économiques
correspondantes dans la perspective de l?évolution du climat à 2050.
La mission souligne, par ailleurs, que dans les premières études relatives à l?aménagement de
Naussac II, il avait été envisagé de remplir la retenue à l?aide de prélèvements effectués dans
d?autres rivières, en captant sur Naussac les eaux du Haut-Allier dans le barrage dit de Lestevénès
et de les dériver dans le réservoir de Naussac par une galerie qui prenait au passage les eaux de
l'Ance du sud, du Grandrieu, du Doumerjas et du Chapeauroux. Dans le temps qui lui était donnée,
la mission n?a pu se prononcer sur la possibilité de capter, dans des conditions environnementales
satisfaisantes, une partie des eaux de l'Ance du sud et du Grandrieu (voire du Doumerjas). Les
eaux de l?Ance du sud sont aujourd?hui utilisées notamment via les barrages de St Préjet et de
Pouzas, pour alimenter l?usine hydroélectrique de Monistrol d?Allier qui exploite également la chute
liée au barrage de Poutès.
Elle soulignera en outre que le pompage doit pouvoir être effectué, si nécessaire, y compris les
jours de forte consommation d?électricité. Par le passé, lorsque l?électricité délivrée aux pompes
était fournie par EDF, le pompage était interdit durant les jours d?effacement de pointe : le contrat
passé avec EDF prévoyait en effet que les pompes ne consomment pas d?électricité durant les 22
jours de pointe de l?année. Le contrat actuel avec Engie prévoit la possibilité de consommer de
l?électricité, moyennant surcoût durant les jours de forte consommation d?électricité, dits jours PP1
et PP2 dans la nouvelle dénomination issue de la mise en place du mécanisme de capacité132.
L?EPL indique d?ailleurs que « si la limitation du pompage lors des jours PP1 et PP2 a bien été
considérée lors de l?élaboration de la courbe de gestion actuelle, pour disposer d?une courbe plus
précautionneuse, l?Etablissement ne s?interdit pas de pomper de telles journées » et ajoute « qu?il
avait été d?ailleurs donné comme consigne à l?exploitant, pour l?exercice 2021-2022, de pomper
quel que soit le tarif de l?électricité ».
La mission recommande enfin fortement à l?EPL (en liaison avec la DREAL) de se rapprocher de
Météo France pour déterminer en fonction des prévisions de cet organisme à trois mois (prévisions
tendancielles) voire à six mois (tendances saisonnières) les conditions de remplissage de
l?ouvrage : dans l?esprit de la mission, et à titre d?exemple, si au premier septembre, le niveau de
l?ouvrage est bas et si les prévisions tendancielles et les tendances saisonnières envisagent des
pluies faibles, il est souhaitable de profiter au maximum de tous les épisodes orageux survenant
dès le mois de septembre et des situations où l?Allier dépasse un débit de 4 voire 3 m3/s pour
remplir au maximum l?ouvrage ce qui peut supposer l?implantation de pompes de remplissages de
plus faible débit et la mise en place de dégrilleurs pour pourvoir profiter d?un épisode pluvieux dès
son démarrage.
La capacité globale du dispositif
a) La capacité actuelle
Les deux réservoirs de Naussac et Villerest sont gérés de manière coordonnée dans le cadre des
131 Réponses de EPL aux questions transmises par la mission le 11 mai 2022.
132 « Le mécanisme de capacité vise à assurer la sécurité d?approvisionnement électrique en France lors des
périodes de pointe hivernale. Il s?appuie sur l?obligation de couverture de la consommation en heure de pointe par
les acteurs obligés et sur la certification et la valorisation des capacités de production et d?effacement. [...] B) Les
acteurs obligés démontrent chaque année qu?ils sont en mesure de couvrir la consommation de leur périmètre
pendant les périodes de pointe hivernale. Pour cela, ils acquièrent un montant équivalent de garanties de capacité.
Les acteurs obligés sont les fournisseurs, ainsi que les gestionnaires de réseau pour leurs pertes et les
consommateurs finals, qui, pour tout ou partie de leur consommation, ne s?approvisionnent pas auprès d?un
fournisseur ». Source RTE. https://www.services-rte.com/fr/decouvrez-nos-offres-de-services/participez-au-
mecanisme-de-capacite.html
PUBLIÉ
https://www.services-rte.com/fr/decouvrez-nos-offres-de-services/participez-au-mecanisme-de-capacite.html
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règles de gestion qui ont été présentées précédemment. Ils participent d?un dispositif unique de
soutien d?étiage de l?Allier et de la Loire.
Quelle est la capacité globale des deux réservoirs à satisfaire les objectifs de ce dispositif global ?
Ce n?est pas le cumul (317,81 Mm3) des volumes maximum d?exploitation des deux ouvrages de
Naussac (185,20 Mm3) et Villerest (132,61 Mm3). En effet, à l?intérieur du cadre défini par les
caractéristiques techniques de ouvrages, ce sont leurs règles de gestion qui définissent le volume
maximum mobilisable. Ce volume ne peut pas être obtenu par des calculs théoriques. Il se constate
par l?observation des volumes réellement délivrés sur des périodes comportant des contextes
climatiques et hydrologiques suffisamment variés. On observe ainsi que ce volume délivré a évolué
au fil du temps au fur et à mesure de la définition des règles de gestion.
La mission a cherché à estimer ce volume maximum mobilisable, comme le plafond, période par
période, du volume réellement délivré pendant la période de soutien d?étiage. Selon les années
celui-ci :
Se limite au cumul du soutien délivré par Naussac et Villerest ;
Ou voit s?ajouter au cumul du soutien, les volumes déstockés pour abaisser le niveau de
l?un ou l?autre des réservoirs, pendant la période où peut intervenir un soutien d?étiage,
pour inspection, travaux ou, sur Villerest, pour respecter le creux automnal133.
Figure 33 : Réservoirs de Naussac et Villerest ? évolution du volume maximum mobilisable pour le soutien
d?étiage de l?Allier et de la Loire
Source : calculs mission à partir de données EPL
A la lecture du graphique ci-dessus, on retrouve les trois périodes mises en évidence dans l?analyse
des OSE :
La période 1985-1990 qui est celle de la découverte des difficultés d?une gestion
scrupuleusement respectueuse des règlements d?eau : il faudra attendre 5 ans pour
pouvoir remplir à nouveau le réservoir de Naussac après avoir servi l?OSE de Gien à 60
m3/s pendant toute la campagne d?étiage 1989. Cette expérience douloureuse conduit à
l?invention de la modulation de l?OSE de Gien et au lancement du projet de pompage dans
133 Les volumes déstockés pour ramener le niveau d?un réservoir à sa cote maximale en cas de pluie printanière
ou estivale précédant la campagne de soutien d?étiage et ceux déstockés à Villerest en cas de survenue d?un risque
de crue ne sont pas pris en compte dans cette approche. Les volumes d?abaissement de Villerest figurant dans ce
graphique peuvent donc, certaines années être inférieurs à ceux figurant dans le graphique rendant compte des
composantes du soutien du débit de la Loire par le réservoir de Villerest.
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Naussac soutien Villerest soutien Naussac abaissement
Villerest abaissement Volume maximum mobilisable
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l?Allier qui sera mis en service en 1998 ;
La période 1990-2005 qui confirme que le pompage dans l?Allier ne prémunit pas contre
les difficultés de remplissage de Naussac : il faut 3 ans pour retrouver un réservoir rempli
après l?avoir vidangé totalement en 2005 pour y réaliser des travaux d?étanchéité. Cette
durée aurait pu même être plus longue si les années 2007 et 2008 n?avaient pas été des
années humides sollicitant très peu Naussac et pas du tout Villerest. Cette expérience a
débouché sur les règles actuelles de modulation de l?OSE de Gien et d?appel à Naussac
en renfort de Villerest pour le service de cet OSE.
La période actuelle qui dure depuis 2006.
Il est intéressant de noter que le volume maximal délivré sur chacune de ces trois périodes n?a
cessé de baisser :
260 Mm3 en 1989, pendant la 1ère période, entraînant un niveau trop bas du réservoir de
Naussac pour pouvoir le remplir à nouveau avant la campagne suivante de soutien
d?étiage ;
234 Mm3 en 2003, année de sécheresse et de vidange de Naussac pour inspection134,
pendant la seconde période ;
210 Mm3 en 2019, année de sécheresse, pour la période actuelle, qui se décompose en
environ 118 Mm3 en provenance de Villerest et 92 Mm3 en provenance de Naussac135.
Les travaux techniques de Naussac 2 n?ont pas augmenté le volume maximal mobilisable. Ils ont
évité que des règles de gestion encore plus draconiennes ne le fassent baisser encore plus.
Au terme de cette analyse, la mission estime que le volume maximal mobilisable dans les deux
réservoirs, défini par les règles de gestion actuelles, est de l?ordre de 210 Mm3.
Cet ordre de grandeur peut également se retrouver en considérant que le volume mobilisable une
année donnée est la somme de la capacité utile de Villerest136 (environ 120 Mm3) et d?une quantité
en provenance de Naussac égale à son remplissage moyen en période de forte sollicitation du
réservoir137. La dernière période pouvant être prise en référence est 2016-2020 :
La première phase de l?étude HMUC du Haut-Allier et de l?Allier aval indique qu?en
moyenne de 2016 à 2019, le volume prélevé dans le milieu naturel a approché les
100 Mm3/an. Ce chiffre, supérieur aux volumes entrant en moyenne dans le barrage de
1994 à 2019, s?explique par le fait que le réservoir de Naussac avait besoin d?un fort
remplissage durant les années 2016-2019 si bien que la dérivation du Chapeauroux n?a
pas été fermée138 , le remplissage n?a pas été arrêté au milieu de la période de remplissage
et le pompage a été légèrement plus élevé.
De façon plus précise, le remplissage de Naussac entre deux périodes d?étiage a atteint
134 Le volume de 234 Mm3 ne prend pas en compte les lâchures réalisées après la fin de la campagne de soutien
d?étiage pour abaisser le niveau d?eau aux fins d?inspection.
135 Durant le mois d?août 2019, les épisodes pluvieux ont conduit à un remplissage de Villerest d?environ 30 Mm3,
ce fait qu?à la fin de la période d?étiage de 2019, qui est intervenue mi-octobre, il restait encore un peu plus de
50 Mm3 dans la retenue. Impacts socio-économiques du soutien d?étiage de l?allier et de la Loire par les barrages
de Naussac et de Villerest (Période de référence 2019)
136 Définie comme le volume maximum estival (132,61 Mm3) diminué du niveau le plus bas de la courbe plancher
(13 Mm3) en dessous de laquelle le soutien à l?OSE de Gien est interrompu
137 Le remplissage du réservoir est limité par sa cote estivale maximale (185,20 Mm3). Après une campagne de
faible soutien, le complément à stocker en hiver peut être faible ce qui permet de ne pas pomper dans l?Allier voire
de fermer la dérivation à partir du Chapeauroux.
138 « Sur les 30 ans d?exploitation de la dérivation, celle-ci a été fermée environ 15 % du temps pour cause de
retenue de Naussac pleine »,.Valorisation de l?aménagement de Naussac par l?implantation d?une microcentrale
dans le canal de dérivation du Chapeauroux, https://www.eptb-loire.fr/wp-content/uploads/2016/06/Pt-7.pdf
PUBLIÉ
https://www.eptb-loire.fr/wp-content/uploads/2016/06/Pt-7.pdf
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entre 2016 et 2019, quand il n?a pas été limité par l?atteinte précoce du niveau maximal :
? 20 Mm3 en provenance du Donozau ;
? 52 Mm3 du Chapeauroux (chiffres correspondant à la moyenne 2016-2020);
? 23 Mm3, aujourd?hui en provenance de l?Allier.
Ceci voudrait dire qu?en année moyenne, le remplissage de Naussac pourrait atteindre en ordre
de grandeur 90 Mm3, On retrouve ainsi l?idée que, dans les conditions actuelles et en l?absence de
pluie durant la période d?étiage, le système Naussac Villerest peut déverser environ 210 Mm3 par
an sans compromettre la gestion pluriannuelle de Naussac139.
b) La capacité future
Les propositions effectuées dans le chapitre 2 de mise en place d?une réserve automnale et d?une
amélioration du pompage dans l?Allier pour remplir le réservoir de Naussac permettraient en ordre
de grandeur d?améliorer ce volume maximal mobilisable :
d?environ 30 Mm3 à capacité de remplissage de Villerest inchangée ;
de 10 à 20 Mm3 supplémentaire à partir de Naussac en cas d?amélioration du remplissage
de réservoir.
Ces ordres de grandeur méritent d?être précisés à l?aide d?un modèle hydrologique du bassin dans
une vision pluriannuelle de la gestion des ouvrages et des conditions météorologiques. Cette
modélisation devra prendre en compte la possibilité d?un automne et d?un hiver secs, durant
lesquels le remplissage sera beaucoup plus faible à l?image de celui de 2022 : entre 20 et 40 Mm3
suivant la disponibilité des groupes, la possibilité de prélever de l?eau dans l?Allier en début
d?épisode pluvieux et l?existence ou non d?un pompage possible à faible débit.
Le financement du soutien d?étiage
Le soutien d?étiage assuré par l?EPL n?est pas financé, comme le reste de ses autres missions, par
des contributions de ses membres. Il est financé depuis 2007 par des redevances perçues auprès
des usagers qui prélèvent de l?eau dans la Loire ou l?Allier à l?aval des deux ouvrages. Pour ce faire
l?établissement établit un budget annexe incluant :
les dépenses d?exploitation, d?entretien et d?aménagement, y compris les dotations aux
amortissements, des réservoirs de Naussac (à 100 %) et de Villerest (à 80 % pour tenir
compte de son rôle d?écrêtement des crues financé sur le budget principal de l?EPL) ;
les dépenses opérationnelles du siège (outils et réseaux de mesure et personnels) du siège
à hauteur de 20 %.
Le financement du soutien d?étiage s?appuie sur un double fondement juridique :
la possibilité ouverte par les articles L. 151-36 et L. 151-37 du code rural et de la pêche
maritime de faire participer les bénéficiaires de travaux entrepris par des collectivités ou
groupements de collectivités « aux dépenses de premier établissement, d'entretien et
d'exploitation des ouvrages » réalisés ;
la qualification du soutien d?étiage comme service d?intérêt général au sens de l?article L.
211-7 du code de l?environnement lequel permet aux collectivités, à leur groupements et
aux établissements publics territoriaux de bassin, de mettre en oeuvre les articles L. 151-
36 à L. 151-40 du code rural et de la pêche maritime pour entreprendre l'étude, l'exécution
et l'exploitation de tous travaux, actions, ouvrages ou installations présentant un caractère
d'intérêt général dans le cadre d?un schéma d'aménagement et de gestion des eaux (SAGE)
139 Un déversement de 90 Mm3 deux années de suite
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Novembre 2022 Les conditions de mobilisation des retenues
hydroélectriques pour le soutien d?étiage sur le bassin de
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et visant notamment l?exploitation, l'entretien et l'aménagement d'ouvrages hydrauliques
existants.
Pris sur ces fondements, l?arrêté interpréfectoral du 10 novembre 2006 « déclare d?intérêt général
l?exploitation, l?entretien et l?aménagement par l?Etablissement Public Loire des barrages-réservoirs
de Naussac [... ] et de Villerest [... ], pour le soutien des étiages de l?Allier et de la Loire destiné à
améliorer les possibilités de prélèvement dans ces cours d?eau et leurs nappes
d?accompagnement ». L?EPL souligne que ces rédactions permettent l?intégration de toutes les
dépenses liées à l'exploitation des ouvrages, y compris les dépenses d'investissement ou
d'exploitation peu courantes
Dans ce cadre, la redevance est assise « sur le volume "prélevable" par chaque usager, lui-
même défini comme le plus grand volume prélevé par l'usager au cours des trois dernières
années »140. L?article deux de l?arrêté précise que le produit de la redevance est exclusivement
affecté au financement des dépenses relatives à l?exploitation, l?entretien et l?aménagement
des barrages de Naussac et de Villerest pour le soutien des étiages de l?Allier et de la Loire.
A ces volumes s?appliquent trois coefficients :
un coefficient géographique qui module la redevance en fonction du lieu du prélèvement :
1 en amont du bec de Vienne et 0,5 en aval ;
un coefficient d?étiage qui module la redevance en fonction de la période pendant laquelle
les prélèvements sont effectués : 0,5 pour l?AEP et les usages industriels, 1 pour les
prélèvements pour les usages agricoles ;
et un coefficient dit « d?usage » dont la modulation n?est pas expliquée : 1 pour l?AEP, 0,8
pour l?usages industriel et 0,4 pour l?usage agricole.
Cette redevance payée par 364 usagers fluctue autour de 3,7 M¤ depuis 2007. Le « coût » moyen
par m3 prélevable varie, selon les situations considérées, de 0,2 à 0,5 centimes d?euros. A titre de
comparaison, sur le bassin Adour-Garonne, l?Agence de l?eau estime que la tarification perçue
auprès des usagers est, lorsqu?elle existe, en moyenne de l?ordre de 2,2 c¤/m3 prélevés en
irrigation, 2,4 c¤/m3 prélevé en AEP, et 1,5 c¤/m3 prélevé en industrie. Pour le soutien d?étiage en
provenance des ouvrages hydroélectriques, les dépenses totales (sans intégrer d?éventuelles
subventions publiques), ramenées au m³ mobilisable, varient en Adour Garonne de 0 à 9 c¤/m3
lâché/an, soit une moyenne de l?ordre de 4 c¤/m3 lâché/an
Figure 34 : Soutien d?étiage de l?Allier et de la Loire ? comparaison consommations / redevances par
catégories d?usages
140 Réponses de l?Etablissement public Loire aux questions transmises par la mission le 11 mai 2022.
65%
28%
3%
3% 1%
Répartition des consommations nettes sur 5 mois
d'étiage en 2019
irrigation EDF canaux eau potable autres usages économiques
6%
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19%
répartition de la redevance 2021 par catégories
d'usages
usage agricole usage industriel AEP
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Source : données EPL
La mission note que la comparaison entre la répartition de la charge de cette redevance entre
catégories de bénéficiaires141 et celle des consommations nettes d?eau sur les cinq mois d?étiage
de l?année 2019 dans les sous-bassins réalimentés par les réservoirs de Naussac et Villerest142
fait apparaître un écart considérable.
Trois facteurs peuvent expliquer cette distorsion :
Le lissage sur trois ans pour le calcul des redevances ;
L?effet de seuil qui exonère les petits préleveurs (notamment les petits irrigants) de toute
redevance ;
Le coefficient d?usage qui joue à l?inverse de l?impact des prélèvements. S?il devait refléter
les consommations nettes il suivrait une hiérarchie inverse : 1 pour les usages agricoles,
0,3 pour les usages industriels et 0,1 pour l?AEP.
141 Réponses de l?Etablissement public Loire aux questions transmises par la mission le 11 mai 2022.
142 Etablissement public Loire « impacts socio-économiques du soutien d?étiage de l?Allier et de la Loire par les
barrages de Naussac et Villerest (période de référence 2019), rapport final - décembre 2020
PUBLIÉ
Novembre 2022 Les conditions de mobilisation des retenues
hydroélectriques pour le soutien d?étiage sur le bassin de
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Annexe 4 Le complexe de Montpezat
Elaboré à partir de 1941, l?aménagement de Montpezat a été déclaré d?utilité publique en 1949. Sa
réalisation s?est achevée en 1954. Trois barrages, situés à plus de 1 000 m d?altitude, stockent les
eaux dans 3 retenues :
- le lac naturel d?Issarlès, alimenté par le barrage de la Veyradère ;
- la retenue du barrage de La Palisse, alimenté par la Loire et le Vernazon ;
- la retenue du barrage du Gage, alimenté par le Gage et le Tauron.
Figure 35 : Schéma de l?aménagement de Montpezat
Source : EDF
PUBLIÉ
Novembre 2022 Les conditions de mobilisation des retenues
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Ces 3 réservoirs communiquent entre eux grâce à un réseau de galeries de près de 25 km. L?eau
est acheminée vers l?usine souterraine de Montpezat par l?intermédiaire de ces galeries, se
terminant par une conduite forcée de 1,4 km et de 635 m de dénivelé.
L?aménagement de Montpezat occupe une place particulière au sein du parc hydroélectrique du
bassin Loire Bretagne : avec sa hauteur de chute de 638 m et sa puissance de 132 MWe, il en
constitue en effet l?ouvrage le plus puissant. La valorisation du m3 d?eau ainsi utilisée est donc
particulièrement élevée.
Outre la production d?électricité, le complexe de Montpezat assure également des fonctions
d?amélioration de la qualité des cours d?eau, d?approvisionnement pour l?eau potable et l?irrigation
cruciales pour le développement des territoires du Sud-Ardèche. Ces fonctions sont assurées via
un soutien d?étiage de l?Ardèche via la Fontaulière et un soutien de la Loire.
Sur la Loire amont, EDF doit, au titre du cahier des charges de Montpezat de 1949, un régime
garanti centré autour de 1 m3/s du 15 juin au 15 septembre dans la Loire au Pont de la Borie sur
la commune de Lachapelle-Graillouse. Une convention intervenue en 1984 entre EDF et le
Syndicat départemental d?équipement de l?Ardèche (SDEA) pour la construction du barrage de
Pont-de-Veyrières sur la Fontaulière introduit un soutien d?étiage de l?Ardèche via la Fontaulière du
15 juin au 15 septembre. Le régime de ce soutien d?étiage est défini dans les consignes
d?exploitation de la centrale hydroélectrique. La version en vigueur de ces consignes a été
approuvée par arrêté préfectoral du 6 juillet 1998. Aux termes de celles-ci, le débit délivré sur la
Fontaulière vise à assure un débit sur l?Ardèche à Vogüé compris entre 2,5 et 3,75 m3/s en fonction
du remplissage au 1er juillet des retenues du complexe de Montpezat. La réserve d?eau pour ce
double soutien d?étiage est constituée, à titre principal, sur les retenues du Gage et de La Palisse
(totalité de leur volume utile soit 10,8 Mm3), le lac d?Issarlès y contribuant plus modestement (à
hauteur de 1,3 Mm3) à partir du 1er septembre du fait d?une cote touristique résultant de son arrêté
de classement de 1935. Le soutien d?étiage est assuré prioritairement sur la Loire et, en fonction
des disponibilités, sur l?Ardèche.
EDF assurant en toutes circonstances un débit
d?1 m3/s au Pont de la Borie, le volume délivré sur
la Loire pendant les 3 mois d?étiage (15 juin ? 15
septembre) est de 7,9 Mm3 : une partie provient
des débits entrant dans les ouvrages et le
complément est assuré par prélèvement sur les
retenues de Montpezat. Seul ce complément
constitue un soutien d?étiage au sens strict.
Côté Ardèche, le volume délivré provient
intégralement des retenues de Montpezat ; le
débit étant adapté en fonction du stock dans les
retenues et à l?objectif de débit à Vogüé. Depuis
l?an 2000, le soutien d?étiage au sens strict
s?établit ainsi :
en moyenne à 9,8 Mm3, dont 1 Mm3 pour
la Loire (10 %) et 8,8 Mm3 pour l?Ardèche
(90 %) ;
dans une fourchette comprise entre 4,9 et
12,14 Mm3 au total ;
et dans une fourchette comprise entre 0 et
3,1 Mm3 (soit entre 0 et 27 %) pour la
Loire.
Figure 36 : Montpezat ? volume délivrés à la Loire
en étiage au titre du débit garanti
Figure 37 : Montpezat ? répartition du soutien
d'étiage entre la Loire et l'Ardèche
Données : Source EDF
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soutien d'étiage Loire soutien d'étiage Ardèche
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Lorsqu?on prend en compte l?ensemble de l?eau disponible durant la période estivale en cumulant
l?eau présente au début de l?été dans le stockage et les débits entrants, le volume déversé en
période de soutien d?étiage à partir de Montpezat vers l?Ardèche (8,8 Mm3) est quasiment similaire,
en moyenne, aux volumes assurés à la Loire par le débit garanti dont elle bénéficie (8 Mm3).
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Novembre 2022 Les conditions de mobilisation des retenues
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Annexe 5 Evolutions sur longue période des
débits d?été et d?automne
La mission a calculé, à partir des données de la banque Hydro, les débits décennaux mensuels
moyens143 pour les mois de juin à novembre sur les principaux points nodaux du bassin de la Loire.
Le recours à des moyennes décennales présente l?intérêt de limiter l?expression de la variabilité
interannuelle de ces débits.
Seuls quelques points nodaux disposent d?une chronique longue et continu. Lorsqu?elle l?a pu, la
mission a analysé les données des 70 dernières années afin de disposer de 60 moyennes
décennales. Sur certains points elle a dû se contenter de chroniques plus courtes.
Les analyses réalisées mettent en évidence une évolution partagée par l?ensemble de ces points
situés sur la Loire et sur les sous-bassins de ses deux principaux affluents en rive Sud : l?Allier et
la Vienne.
A Montjean, à partir du début des années 2000, le débit mensuel moyen du mois d?octobre rejoint
celui du mois de juillet et se rapproche des débits traditionnellement faibles des mois d?août et
septembre. En outre, le mois de septembre est devenu le mois où les eaux sont les plus basses.
Evolution des débits décennaux mensuels moyens de la Loire à Montjean
Données source Hydroportail
Les parties en tiretés des courbes représentent la période de transition liée à la mise en place du soutien d?étiage
par les réservoirs de Naussac et Villerest.
Une proximité entre les débits de ces quatre mois s?est déjà observée pendant les années 70,
pendant une période plus courte. A cette époque le débit de la Loire n?était pas soutenu.
La convergence actuelle s?en différencie sur trois points :
Sa durée : elle s?observe depuis une vingtaine d?années ;
Le remplacement du mois d?août par le mois de septembre comme mois de plus faibles
débits ;
143 Calculés comme la moyenne sur 10 ans d?un débit mensuel moyen
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Et le niveau inférieur des débits mesurés, alors même qu?ils sont soutenus.
Cette évolution s?observe aussi sur le cours de la Loire en amont de Montjean (à Gien et Nevers)
ainsi que sur le cours de l?Allier (à Vic-le-Comte et à Vieille-Brioude) et sur celui de la Vienne (à
Ingrandes et à Etagnac), en des points nodaux où les débits sont soutenus. Elle s?observe
également sur la Loire à Bas-en-Basset et sur la Creuse à Leugny, en des points nodaux où les
débits ne sont pas soutenus.
Figure 38 : Evolution des débits décennaux
mensuels moyens de la Loire à Gien
Figure 39 : Evolution des débits décennaux
mensuels moyens de la Loire à Nevers
Figure 40 : Evolution des débits décennaux
mensuels moyens de l?Allier à Vic-le-Comte
Figure 41 : Evolution des débits décennaux
mensuels moyens de l?Allier à Vieille-Brioude
Figure 42 : Evolution des débits décennaux
mensuels moyens de la Vienne à Ingrandes
Figure 43 : Evolution des débits décennaux
mensuels moyens de la Vienne à Etagnac
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Figure 44 : Evolution des débits décennaux
mensuels moyens de la Loire à Bas-en-Basset
Figure 45 : Evolution des débits décennaux
mensuels moyens de la Creuse à Leugny
Données source Hydroportail
Les parties en tiretés des courbes représentent la période de transition liée à la mise en place d?un soutien
d?étiage
Cette analyse conduit à penser que cette large partie du bassin de la Loire (le fleuve et tous ses
affluents qui trouvent leur source dans le Massif Central) ont connu une transition d?un régime
estival à un régime estivo-automnal qui s?est installée depuis le début des années 2000. Cette
transition, dans sa double composante : extension au mois d?octobre et baisse des débits, met en
tension la préservation de la qualité des milieux, les usages et le soutien d?étiage.
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Annexe 6 Le changement climatique sur le bassin
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Cadre général de l?évolution du climat
Le Groupe intergouvernemental d?experts sur l?évolution du climat (GIEC) a publié le 9 août 2021
la première partie de son sixième rapport d?évaluation (AR6)1. Dans la lignée des précédentes
publications144, il confirme la réalité et l?intensité des changements climatiques, passés et à venir.
Dans son approche, le GIEC fait état de quatre scénarios socio-économiques « Representative
Concentration Pathway » (RCP) fondés sur diverses hypothèses de développement économique
futur avec ses conséquences sur l?environnement. Les trajectoires RCP sont exprimées en forçage
radiatif (en Watts par mètre carré), c?est à dire la différence entre l?énergie radiative reçue et
l?énergie radiative émise par le système climatique. Les quatre RCP sont nommées en fonction de
l?augmentation du forçage radiatif en 2100 par rapport à l?année 2000 : + 2,6 W.m² pour RCP 2.6,
+ 4,5 W.m² pour RCP 4.5, + 6,0 W.m² pour RCP 6.0 et + 8,5 W.m² pour RCP 8.5.
Figure 46 : Trajectoires RCP
Source : https://climessences.fr/modele-iks/donnees-climatiques/les-trajectoires-rcp
Le RCP2.6 décrit un monde vertueux, très sobre en émissions de gaz à effet de serre, dans lequel
le réchauffement global reste inférieur à 2 °C par rapport aux températures préindustrielles. C'est
le seul parmi les quatre scénarios qui respecterait l'accord international de Paris sur le changement
climatique approuvé en décembre 2015. Le RCP8.5 décrit quant à lui un futur excluant toute
politique de régulation du climat, menant à environ 5 °C de réchauffement global d?ici la fin du
144 On trouvera l?ensemble des contributions du GIEC sur le site www.ipcc.ch
PUBLIÉ
http://www.ipcc.ch/
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siècle. Les scénarios RCP4.5 et RCP6.0 décrivent des voies intermédiaires, dans lesquelles les
émissions continuent de croître pendant quelques décennies, se stabilisent avant la fin du XXIe
siècle, puis décroissent à un rythme plus modéré que dans le RCP2.6.
Figure 47 : Projection de la variation de température moyenne mondiale suivant différents scénarios
Source : GIEC, 1er groupe de travail, 2013
Si l?évolution du climat est un phénomène mondial, les déclinaisons locales sont à préciser à
différents pas de temps et échelles spatiales par des études tenant compte de paramètres comme
la latitude, la proximité d?océans, les vents dominants et le relief. Pour la France, le site Drias les
futurs du climat145 a pour vocation de mettre à disposition des projections climatiques régionalisées
réalisées dans les laboratoires français de modélisation du climat. Sont fournies les projections de
températures, précipitations, nombre de jours de gel, nombre de jours de vague de chaleur, indice
de sécheresse des sols.
Plus précisément, les premières données climatiques mises en ligne sur le portail Drias nommé
«EURO-CORDEX » dataient de 2014 et intégraient les scenarios RCP 4,5 et RCP 8,5 avec des
projections milieu et fin de siècle. Elles sont issues du projet européen du même nom EURO-
CORDEX, qui fournit des projections climatiques à 12 km de résolution sur toute l?Europe. Cet
ensemble est composé de douze simulations, qui ont été corrigées et régionalisées sur une grille
de 8 km de résolution sur la France. Drias 2020 a bénéficié de 6 années de plus que Drias 2014
et comporte davantage de simulations ainsi que des corrections de certaines anomalies. Le
scenario RCP 2,6 a été rajouté mais pas le RCP 6.
Bien entendu, ces projections restent entachées d?incertitudes d?autant plus grandes que l?horizon
vers lequel on se projette est éloigné. Concernant les débits des cours d?eaux, cette incertitude est
particulièrement importante car aux incertitudes climatiques se rajoutent celles liées à
l?écoulements des eaux.
De manière générale, les modèles climatiques montrent que les évolutions en cours sont à peu
près les mêmes jusqu?à l?horizon du milieu de siècle, quels que soient les scénarios du GIEC pris
en compte, les divergences se manifestant significativement qu?au-delà de 2050. Aussi, le choix
est fait dans ce rapport de ne pas se projeter au-delà de cet horizon de milieu de siècle, sachant
que l?impact du changement climatique sera bien plus fort dans la deuxième partie de ce siècle
145 Voir www.drias-climat.fr Initié en 2009 et inscrit au Plan National d?Adaptation au Changement Climatique, le
projet DRIAS « Donner accès aux scénarios climatiques Régionalisés français pour l'Impact et l'Adaptation de nos
Sociétés et environnement » a bénéficié d'un important soutien du ministère en charge du Développement durable.
PUBLIÉ
http://www.drias-climat.fr/
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mais dans des proportions aujourd?hui difficiles à quantifier.146
Une évolution des températures qui affecte les ressources en eau et impacte les
consommations
La température est la variable pour laquelle les effets du changement climatique sont les plus
marqués et pour laquelle l?ensemble des simulations climatiques convergent, même si des
différences d?amplitude peuvent être observées entre les différents modèles. Cette augmentation
est déjà en cours et nettement perceptible par tout un chacun notamment du fait des périodes de
canicules à répétition que peut constater ces dernières années en été. Ainsi, à 2,3°C au-dessus
des normales de la période 2020, l?été 2022 s?installe à la deuxième place des étés (juin ? juillet -
août en météorologie) les plus chauds en France métropolitaine depuis le début des mesures en
1900. Il n?est devancé que par l?été 2003 (2,7°C au-dessus des normales).
Evolution des températures moyennes quotidiennes à l?horizon 2041-2070
Source : portail « Drias ? les futurs du climat »
À l?horizon 2050, l?ampleur de la hausse attendue en France dépend de la trajectoire d?évolution
146 Explore 2 donnera davantage de précisions pour la France à cet horizon
PUBLIÉ
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des émissions au niveau mondial. Dans le référentiel climatique 2050 RCP4.5, la température
moyenne France augmente de 1,6°C par rapport au référentiel 2000, tandis que l?augmentation
atteint 2°C dans le référentiel 2050 RCP8.5.
Les cartes ci-dessus présentent une projection de la température moyenne quotidienne pour tous
les jours de l?année avec le modèle de Météo France, à moyen terme (2041-2070), pour les trois
scénarios (baisse, stabilisation, non maîtrise des émissions de GES). Les cartes sur la gauche
donnent la situation de référence (période 1976-2005). On observe que le nord-ouest du bassin
est moins touché par la hausse de la température moyenne de l?air, de même que la pointe sud-
est (sauf dans le scénario le plus pessimiste). Ailleurs, sur le sud des Pays de la Loire, le Poitou-
Charentes, le Centre-Val de Loire, la Bourgogne, il faut s?attendre à des hausses plus importantes
(de l?ordre de 2°C).
Selon de nouvelles projections climatiques publiées dans la revue Earth System Dynamics le 4
octobre 2022147, le réchauffement pourrait être jusqu?à 50 % plus intense au cours du siècle que
ce que montraient les précédentes estimations (+ 3,8 °C en 2100 par rapport à 1900 contre +2 °C
précédemment dans le scénario d?émissions « intermédiaires » de GES). Le réchauffement sera,
dans tous les cas, plus fort l?été que l?hiver. Les étés pourraient ainsi être en moyenne 5,10 °C plus
chauds par rapport à 1900, dans le scénario intermédiaire. A titre de comparaison, l?été 2022, le
deuxième plus chaud jamais observé en France après celui de 2003, a marqué un écart de + 4°C
par rapport à 1900. Pour parvenir à ces résultats, les chercheurs ont développé une nouvelle
méthodologie, couplant la dernière génération de modèles de climat aux observations du passé,
au lieu de s?en tenir uniquement aux simulations climatiques. Cette méthodologie a été utilisée
dans le rapport du GIEC publié en août 2021. Mais c?est la première fois que l?exercice est décliné
à l?échelle française. Nous ne disposons cependant pas encore de résultats plus précis découlant
de cette étude à l?échelle du bassin Loire-Bretagne.
L?augmentation des températures extrêmes porte préjudice à l?agriculture tant pour les productions
végétales qu?animales et va dans le sens de demandes d?accès à des ressources en eau pour
limiter les dégâts (irrigation, abreuvement).
Les demandes de consommations d?eau des usagers domestiques (eau potable pour usages
sanitaires, piscines et équipements de loisirs aquatiques) sont aussi accrues lors des fortes
températures, sans compter les besoins pour la sécurité publique (risque incendie).
L?augmentation de la température des eaux fluviales servant de source froide compromet le
refroidissement des CNPE en circuit ouvert (mais sans incidence en cas de refroidissement par
tour aéroréfrigérante ce qui est le cas des centrales de bord de Loire et de la Vienne).
Un certain nombre d?études ont d?ores et déjà mis en évidence l?effet d?une augmentation de la
température sur les peuplements piscicoles148. En effet, la température de l'eau agit directement
et indirectement sur de nombreuses fonctions chimiques (concentration en oxygène dissous,
viscosité, diffusivité) et biologiques (métabolisme des végétaux et animaux). Aussi, l?évolution de
certains caractères physiologiques en réponse à une augmentation de la température de l?eau
engendre des modifications au niveau de la reproduction, de la croissance et des rythmes
saisonniers. En outre, certaines espèces se déplacent le long du cours d?eau en étendant leur
limite supérieure lorsque le déplacement n?est pas contraint par d?autres facteurs comme les seuils
ou les barrages. Ces déplacements entrainent une modification de la composition des
communautés piscicoles avec pour conséquence une variation de la richesse spécifique et du
nombre d?espèces dominantes.
147 Aurélien Ribes et al., An updated assessment of past and future warming over France based on a regional
observational constraint, Earth Syst. Dynam., 13, 1397?1415, 2022.
148 Source : Florence Baptist, Nicolas Poulet & Nirmala Séon-Massin (coordinateurs), 2014. Les poissons d'eau
douce à l'heure du changement climatique : état des lieux et pistes pour l'adaptation. Onema. Collection
Comprendre pour agir. 128 pages.
PUBLIÉ
Novembre 2022 Les conditions de mobilisation des retenues
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La qualité des eaux des retenues risque aussi d?être dégradée du fait de l?élévation de température
qui favorise le développement de cyanobactéries dans les eaux stagnantes contenant par ailleurs
de fortes concentrations en nutriments (phénomène d?eutrophisation). Il s?en suit des restrictions
sanitaires à l?usage des eaux de baignade, de consommation d?eau potable voire d?abreuvement
du bétail et de consommation de poisson du fait de la présence de cyanotoxines pouvant conduire
à divers symptômes (gastro-entérite, démangeaisons, rougeurs, conjonctivite, vertiges, altérations
des sensations) 149.
Des périodes sèches plus longues et plus marquées et des épisodes intenses plus
nombreux dans une pluviométrie annuelle équivalente
A l?horizon 2050, selon que les émissions de GES sont plus ou moins maîtrisées, les projections
Drias 2020 aboutissent à une légère augmentation ou une baisse du cumul annuel des
précipitations dans la partie Nord de la France.
Figure 48 : Evolution des précipitations à l?horizon 2041-2070
Source : portail « Drias ? les futurs du climat »
149 Voir www.anses.fr/fr/content/les-cyanobactéries-le-point-en-10-questions
PUBLIÉ
Novembre 2022 Les conditions de mobilisation des retenues
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Page 129/212
L?augmentation des températures conduit à davantage de vapeur d?eau contenue dans
l?atmosphère, aussi les modèles indiquent qu?il faut s?attendre à ce qu?il y ait 1 à 3 jours par an
supplémentaires de fortes précipitations (plus de 20 mm/jour). Ces fortes précipitations ruissellent
sur les sols, particulièrement lorsqu?ils sont asséchés en période estivale, au détriment de
l?infiltration et de l?humectation en profondeur des sols. Il faut donc s?attendre à davantage
d?inondations ou coulées de boues à l?avenir.
Figure 55 : Intensité des canicules ? comparaison climat actuel / horizon 2050 RCP4.5
Source : RTE « Futurs énergétiques 2050 »
La durée des évènements chauds tendra également à s?accroitre. Dans certains cas extrêmes, les
vagues de chaleur pourront s?étaler sur plusieurs semaines consécutives exacerbant ainsi les
effets de la sécheresse.
Une hydrologie confrontée à une baisse des débits d?étiage et une augmentation des
températures de l?eau sur des périodes plus étendues
Concernant l?hydrologie dont les prévisions sont plus délicates encore que pour les températures
ou les précipitations, les projections dont nous disposons à l?heure actuelle donnent des résultats
assez contradictoires et donc difficilement exploitables pour les besoins d?une analyse quantitative.
Étude ICC-Hydroqual (Impact du Changement Climatique sur l'hydrosystème
Loire : HYDROlogie, Régime thermique, QUALité des eaux)
Ce projet financé par l?EPL, le Plan Loire Grandeur Nature et le FEDER était mis en oeuvre par
l?Université François Rabelais de Tours, l?UMR150 Sisyphe, le BRGM151 et le CEMAGREF152. Le
rapport a été publié en 2010, il décrit l'évolution des caractéristiques du climat (précipitation et
température) et du régime hydrologique du bassin hydrographique de la Loire en amont de
Montjean au cours du XXIe siècle. Elle prend en compte le seul scénario A1B du 4e rapport du
GIEC (équivalent du RCP 6,0) et se projette en milieu et fin de siècle.
150 Unité mixte de recherche
151 Bureau de recherches géologiques et minières
152 Centre d?étude du machinisme agricole, du génie rural, des eaux et forêts
PUBLIÉ
Novembre 2022 Les conditions de mobilisation des retenues
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ICC-Hydroqual montre une tendance à une diminution de la ressource en eau avec des étiages
plus sévères. Les durées de faibles débits seraient parfois fortement accrues, ces changements
affectant l?ensemble des bassins versants de manière homogène. Cette modification profonde
serait due à l?augmentation des pertes par évapotranspiration et des précipitations totales
globalement à baisse (légère augmentation des précipitations au printemps compensée par une
forte diminution le reste de l?année). Le Plan d?adaptation au changement climatique de l?Agence
de l?eau Loire-Bretagne fait référence aux résultats d?ICC-Hydroqual en mentionnant « une baisse
des débits des cours d?eau tout au long de l?année avec une plus forte proportion en période
estivale. Les débits moyens et les débits d?étiage diminueraient de 25 à 40 %. »
Explore 2070
Porté par la direction de l?eau et de la biodiversité du ministère en charge de l?écologie, ce projet
s?est déroulé de juin 2010 à octobre 2012. Il s?appuie comme ICC-Hydroqual sur le seul scénario
A1B du 4e rapport du GIEC et utilise 7 projections dont 6 sont communes avec celles utilisées par
l?étude ICC-Hydroqual plus une de Météo-France. Explore 2070 produit des données à l?horizon
milieu de siècle seulement (2046-2065). Le calcul de l?évolution des débits (réalisé avec le modèle
hydrologique SIM2 de Météo France et le modèle GR4J d?IRSTEA) est disponible sur 853 stations
en France sur le portail Drias.
L?étude Explore2070 conclut à une baisse globale du débit moyen annuel sur toute la métropole,
à l?exception des affluents rive droite du bas Rhône, sur laquelle les différentes projections sont en
désaccord. La cause prépondérante de cette baisse est l'augmentation significative de
l'évapotranspiration potentielle, trouvée sur tout le territoire par l'ensemble des modèles
climatiques. Cette augmentation, couplée à une baisse des cumuls de précipitations annuelles sur
la majeure partie du territoire, induit une augmentation de l'aridité des bassins versants. Cela
s'accompagne d'une baisse générale de la productivité des bassins versants. Pour une majorité
de points, le débit moyen annuel pourrait baisser de l?ordre de 10 à 40 %.
Le Plan d?adaptation au changement climatique de l?Agence de l?eau Loire-Bretagne fait référence
aux résultats d?Explore2070. Il mentionne que « pour le module, le bassin Loire-Bretagne sera
moins touché par la baisse du débit moyen annuel que les bassins Adour-Garonne et Seine-
Normandie. Il faut pourtant bien voir que les modules des cours d?eau devraient tous baisser, de -
10 à - 40 %. Dans le bassin Loire-Bretagne, le débit d?étiage accuse une baisse plus marquée que
le module, avec des simulations pouvant atteindre -60 % sur certains bassins des Pays de la Loire
ou du Limousin. »
Explore2
ICC-Hydroqual et Explore 2070 remontent à dix ans et sont donc basées sur des données plus
anciennes du GIEC que celles prises en compte par DRIAS 2020 (basé sur GIEC 5). De plus, les
projections hydrologiques ne peuvent pas facilement être mises en regard des données issues de
DRIAS 2020 qui n?inclut pas le scénario RCP 6.0 (équivalent A1B utilisé par ICC et Explore 2070).
Cette situation est en cours d?amélioration avec les nouvelles projections hydrologiques du projet
Explore 2, utilisant les projections climatiques DRIAS 2020. Cependant, une seule méthode de
correction de biais ainsi qu?un seul modèle hydrologique (SIM2 de Météo France) sont disponibles
pour le moment, ce qui ne permet pas d?analyser l?intégralité des sources d'incertitude des
projections hydrologiques. Courant 2023, le projet Explore 2 produira de nouveaux jeux de
données s?appuyant sur une seconde méthode de descente d?échelle ainsi que sur quatre autres
modèles hydrologiques ce qui permettra de mieux cerner les incertitudes associées aux projections
de débits.
Avec les simulations SIM2-DRIAS2020 (Explore 2), on ne dispose pour le moment que
d?indications générales sur l?évolution des débits annuels pour la France et de projections plus
détaillées pour six stations fluviales dont la Loire à Nantes. Ces projections de débits ne tiennent
pas compte des interventions humaines sur les cours d?eau (barrages, prélèvements pour
l?irrigation et autres usages etc.).
PUBLIÉ
Novembre 2022 Les conditions de mobilisation des retenues
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Evolutions du climat dans le bassin Loire-Bretagne
Si l?évolution du climat est un phénomène mondial, les déclinaisons locales sont à préciser à
différents pas de temps et échelles spatiales par des études tenant compte de paramètres comme
la latitude, la proximité d?océans, les vents dominants et le relief. Pour la France, le site Drias - les
futurs du climat 153 a pour vocation de mettre à disposition des projections climatiques
régionalisées réalisées dans les laboratoires français de modélisation du climat. Bien entendu, ces
projections restent entachées d?incertitudes d?autant plus grandes que l?horizon vers lequel on se
projette est éloigné. Concernant les débits des cours d?eaux, cette incertitude est particulièrement
importante car aux incertitudes climatiques se rajoutent celles liées à l?écoulement des eaux.
De manière générale, les modèles climatiques montrent que les évolutions en cours sont à peu
près les mêmes jusqu?à l?horizon du milieu de siècle, quels que soient les scénarios du GIEC pris
en compte, les divergences ne se manifestant significativement qu?au-delà de 2050. Aussi, le choix
est fait dans ce rapport de ne pas se projeter au-delà de cet horizon, sachant que l?impact du
changement climatique sera bien plus fort dans la deuxième partie de ce siècle mais dans des
proportions aujourd?hui difficiles à quantifier.154
Le Plan d?adaptation au changement climatique adopté en avril 2018 par le comité de bassin Loire-
Bretagne155 montre que les effets déjà visibles aujourd?hui dans le bassin vont se poursuivre de
manière inéluctable au cours des prochaines décennies.
Évolution des températures
La température est la variable pour laquelle les effets du changement climatique sont les plus
marqués et pour laquelle l?ensemble des simulations climatiques convergent, même si des
différences d?amplitude peuvent être observées entre les différents modèles. Cette augmentation
est déjà en cours et nettement perceptible par tout un chacun notamment du fait des périodes de
canicules à répétition observées ces dernières années en été. Ainsi, à 2,3°C au-dessus des
normales de la période 1991-2020, l?été 2022 s?installe à la deuxième place des étés (juin ? juillet
? août en météorologie) les plus chauds en France métropolitaine depuis le début des mesures en
1900. Il n?est devancé que par l?été 2003 (2,7°C au-dessus des normales). Météo France indique
qu?en moyenne sur le territoire, la hausse des températures, qui s?est accélérée ces dernières
décennies, a atteint 1,7 °C depuis 1900156.
En Centre-Val de Loire, dans le Loiret, sur la période 1959-2009, on observe une augmentation
des températures annuelles de l?ordre de 0,3°C par décennie. A l?échelle saisonnière, c?est l?été
qui se réchauffe le plus avec des hausses de l?ordre de +0,4 °C par décennie, suivi de près par le
printemps. Dans le Loiret, l?augmentation de température moyenne annuelle sur la période allant
de 1959 à 2017 est de +1,63°C pour l?ensemble de la période, cette évolution étant très
153 Voir www.drias-climat.fr Initié en 2009 et inscrit au Plan National d?Adaptation au Changement Climatique,
le projet DRIAS « Donner accès aux scénarios climatiques Régionalisés français pour l'Impact et l'Adaptation de
nos Sociétés et environnement » a bénéficié d'un important soutien du ministère en charge du Développement
durable.
154 Les simulations d?Explore 2 donneront davantage de précisions pour la France à cet horizon
e155 Agence de l?eau Loire-Bretagne, 2018 - Plan d?adaptation au changement climatique, 76 p
156 https://meteofrance.com/actualites-et-dossiers/actualites/meteo-france-eclaire-le-climat-en-france-jusquen-
2100
PUBLIÉ
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significative157.
L?augmentation des températures va réduire sensiblement le manteau neigeux des monts
d?Auvergne. Celui-ci constituait jusqu?alors un réservoir d?eau en tête de bassin alimentant les
cours d?eau jusqu?à la période estivale, au fur-et-à-mesure de la fonte des neiges. En conséquence,
la diminution des débits naturels d?étiage déjà constatée va s?accentuer en milieu de siècle. Il
n?existe cependant pas de modèles précisant l?évolution de l?enneigement dans les monts
d?Auvergne comme cela est le cas pour les Alpes et les Pyrénées.
Les cartes ci-après présentent une projection de la température moyenne quotidienne pour tous
les jours de l?année avec le modèle de Météo-France, à moyen terme (2041-2070), pour les trois
scénarios (baisse, stabilisation, non maîtrise des émissions de GES). Le nord-ouest du bassin
serait moins touché par la hausse de la température moyenne de l?air, de même que la pointe sud-
est (sauf dans le scénario le plus pessimiste). Ailleurs, sur le sud des Pays de la Loire, le Poitou-
Charentes, le Centre-Val de Loire, la Bourgogne, il faut s?attendre à des hausses plus importantes
(de l?ordre de 2°C).
157 HERGOTT François, 2022. Diagnostic de vulnérabilité au changement climatique du Val de Sully (Loiret). LIFE
Natur?Adapt ? Conservatoire d?espaces naturels Centre ? Val de Loire - 106 pages.
PUBLIÉ
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Evolution des températures moyennes quotidiennes à l?horizon 2041-2070
Source : portail « Drias ? les futurs du climat »
Concernant les fortes chaleurs (anomalie de +5°C par rapport aux normales journalières), le bassin
Loire-Bretagne n?est pas le plus touché de la métropole française, avec un gradient nord-ouest/sud-
est. Sur la pointe ouest de la Bretagne, on passerait de moins de 20 jours à potentiellement 20 à
60 jours anormalement chauds selon les scenarios. En Auvergne, on passerait de moins de 60
jours à potentiellement 80 à 120 jours anormalement chauds selon les scenarios. Les extrêmes
chauds deviennent de plus en plus fréquents et plus intenses donnant lieu à de nouveaux records.
Dans le référentiel de climat 2000, le record de juillet 2019 (29,7 °C en moyenne journalière France)
a une probabilité d?apparition très faible (de l?ordre de 1,5 %), alors que la probabilité? d?atteindre
ce niveau de température est nettement plus importante à l?horizon 2050 (~20 % avec RCP4.5 et
~25 % avec RCP8.5), celui-ci étant parfois même dépassé à plusieurs reprises dans l?année.
Comme déjà mentionné en partie 1, selon de nouvelles projections climatiques publiées dans la
revue Earth System Dynamics le 4 octobre 2022, le réchauffement pourrait être jusqu?à 50 % plus
intense au cours du siècle que ce que montraient les précédentes estimations (+ 3,8 °C en 2100
PUBLIÉ
Novembre 2022 Les conditions de mobilisation des retenues
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par rapport à 1900 contre +2 °C précédemment dans le scénario d?émissions « intermédiaires »
de GES). Le réchauffement sera, dans tous les cas, plus fort l?été que l?hiver mais nous ne
disposons pas encore des déclinaisons précises pour le bassin Loire-Bretagne de cette nouvelle
approche.
Les études réalisées par l?INRAE158 et reprises dans une plaquette éditée par l?EPL159 montrent
qu?entre 1963 et 2019, la température de l?eau a en moyenne augmenté de + 0,44 °C par décennie
sur l?ensemble du bassin de la Loire, et que cela va se poursuivre (+2 °C vers 2050).
Le constat est que le réchauffement de l?eau est supérieur à celui de l?air sur la majorité des
tronçons des cours d?eau. Il a atteint jusqu?à + 0,8 °C par décennie sur la partie sud du bassin de
la Loire du fait d?une diminution des débits. Par ailleurs, les plans d?eau de faible profondeur
conduisent à un réchauffement de l?ordre de + 2,3 °C en moyenne pour des cours d?eau en aval.
Évolution des précipitations
A l?horizon 2050, selon que les émissions de GES sont plus ou moins maîtrisées, les projections
Drias 2020 aboutissent à une légère augmentation ou une baisse du cumul annuel des
précipitations sur la majeure partie du bassin. Sur la région Centre-Val de Loire, il est probable que
le cumul des précipitations augmente un peu. Sur la Bretagne, en revanche, le cumul annuel des
précipitations baisse pratiquement partout dans tous les scénarios.
Si en première approximation on peut considérer que les précipitations annuelles vont au final peu
évoluer, certains modèles prévoient cependant une augmentation des précipitations hivernales (de
l?ordre de 10 %) et une diminution en été (de l?ordre de 10 à 20 %). Il y a une plus grande incertitude
sur la modélisation des précipitations que pour les températures futures, avec de grandes
disparités entre les modèles dans la répartition géographique des ratios de précipitations. Les
tendances saisonnières des cumuls de précipitations sont donc à considérer avec précaution.
La relative faible évolution des cumuls de précipitations à l?horizon 2050 s?accompagne cependant
de périodes de sécheresses estivales plus marquées du fait de l?augmentation des températures
qui entraîne une plus forte évaporation des plans d?eau et de l?évapotranspiration des plantes.
L?Observatoire Oracle de Poitou-Charentes a déjà relevé une augmentation de 145 à 291 mm de
l?évapotranspiration potentielle annuelle depuis 1960. Celui des Pays de la Loire montre une
augmentation de 77 à 95 mm depuis 1971.
A l?horizon 2050, on observe que la partie centrale du bassin sera moins touchée par la sécheresse
des sols agricoles 160 que la Bretagne, le Limousin ou l?Auvergne en se basant sur l?indice
sécheresse d'humidité des sols SSWI161.
La comparaison faite par Météo France du cycle annuel d'humidité du sol sur l?Auvergne entre la
période de référence climatique 1961-1990 et les horizons temporels proches (2021-2050) ou
lointains (2071-2100) sur le XXIe siècle (selon un scénario SRES A2) montre un assèchement
important en toute saison. En termes d'impact potentiel pour la végétation et les cultures non
irriguées, cette évolution se traduit par un allongement moyen de la période de sol sec (SWI
158 Voir https://thermie-rivieres.inrae.fr, onglet « Bibliographie thermie en rivière ».
159 EPL, 2022 - Livret N°=11- Températures des eaux du bassin de la Loire et ses affluents : état des lieux des
connaissances, 7 pp, https://bibliocom.eptb-loire.fr/
160 Il convient de distinguer entre la sécheresse météorologique (directement liée aux précipitations), la sécheresse
agricole (qui rend compte de l?humidité à un mètre de profondeur dans les sols) et la sécheresse hydrologique (liée
au débit des cours d?eau et niveau des nappes).
161 SSWI : Standardized Soil Wetness Index est l?indice de sécheresse en termes d'humidité du sol ? sécheresse
« agricole » à différencier du Standardized Precipitation Index (SPI) permettant de mesurer la sécheresse
météorologique (qui repose seulement sur les précipitations).
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Novembre 2022 Les conditions de mobilisation des retenues
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inférieur à 0,5) de l'ordre de 2 à 4 mois tandis que la période humide (SWI162 supérieur à 0,9) se
réduit dans les mêmes proportions. On note que l?humidité moyenne du sol en fin de siècle pourrait
correspondre aux situations sèches extrêmes d?aujourd?hui.
Figure 49 : Evolution de la teneur en eau des sols à l?horizon 2055
Figure 56 : Cycle annuel d?humidité du sol en Auvergne
Source : Météo France
162 SWI : Soil Wetness Index est un indice d?humidité des sols qui représente, sur une profondeur d?environ deux
mètres, l?état de la réserve en eau du sol par rapport à? la réserve utile (eau disponible pour l?alimentation des
plantes)
PUBLIÉ
Novembre 2022 Les conditions de mobilisation des retenues
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Évolution des débits
Concernant l?hydrologie dont les prévisions sont plus délicates encore que pour les températures
ou les précipitations, les projections dont nous disposons à l?heure actuelle donnent des résultats
assez contradictoires et donc difficilement exploitables pour les besoins d?une analyse quantitative.
En effet, les deux approches relativement concordantes dont on dispose (ICC Hydroqua et Explore
2070) sont fondées sur des travaux de modélisation nécessitant une actualisation car elles
remontent respectivement à 2010 et 2010-2012. Une démarche nationale en ce sens (Explore 2)
est en cours mais n?aboutira qu?en 2023. Par ailleurs, de nombreuses études HMUC locales sont
lancées ou en cours mais les résultats ne seront disponibles que dans les années à venir. Dans ce
contexte la mission n?a pas disposé de projections récentes sur le bassin.
Dans le cadre d?Explore 2, on dispose pour le moment d?indications générales sur l?évolution des
débits annuels pour la France et de projections plus détaillées pour six stations fluviales dont la
Loire à Nantes. Ces projections de débits ne tiennent pas compte des interventions humaines sur
les cours d?eau (barrages, prélèvements pour l?irrigation et autres usages etc.).
Pour l'instant, les projections de débits d'Explore 2 sont bien moins pessimistes que ceux d'Explore
2070 sur la partie Nord de la France, tandis que celles sur la partie Sud sont similaires. La Loire
se situant dans la zone de transition, on peut s?attendre à ce que les résultats soient assez
différents par rapport à ceux d?Explore 2070.
Plus précisément, on constate pour l'ensemble des couples de modèles que l?évolution des débits
moyens annuels est en légère hausse (jusqu'à +20 %) pour les stations de la moitié Nord de la
France et en diminution (jusqu'à -20 %) pour les stations du Sud de la France, une diminution qui
s'accentue avec les horizons et pour le scénario RCP8.5 (jusqu'à -40 voire -60 %).
On remarque que l'évolution des débits est plutôt stable, avec une légère augmentation pour la
plupart des stations, sauf les stations en moyenne montagne qui connaîtront une légère diminution.
Les observations suivantes peuvent être formulées :
La hausse de l?ETP ne se traduira pas par une hausse équivalente de l?évapotranspiration
réelle, voire se traduira par une légère baisse par rapport à la situation actuelle du fait de
la limitation de l?évaporation des plantes en fonction de l?eau réellement disponible dans le
sol. Ce résultat est à mettre en regard de l?augmentation du stress hydrique de la végétation,
particulièrement en été.
Le contenu en eau du sol va globalement diminuer en dehors de l?hiver et se traduire par
une augmentation conséquente du nombre de jours de sol sec au printemps et en été dans
la plupart des régions françaises.
La quasi disparition de l?équivalent en eau du manteau neigeux disponible au printemps
dans les monts d?Auvergne va renforcer le régime purement pluvial du bassin de la Loire.
L'augmentation attendue des précipitations hivernales contribuera à la recharge des
nappes.
Ces effets restent cependant à quantifier dans la mise en oeuvre détaillée d?Explore2 dans les mois
à venir.
Les résultats sur les débits annuels moyens de milieu de siècle des modélisations Explore 2070 et
SIM2-DRIAS2020 peuvent être comparés :
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Novembre 2022 Les conditions de mobilisation des retenues
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Tableau 3 : Comparaison des modélisations Explore 2070 et SIM2-DRIAS2020 (Explore 2)
SIM2-DRIAS2020 RCP4.5 Explore70 A1B (équivalent RCP6.0) SIM2-DRIAS2020 RCP 8,5
Il apparaît une divergence d?appréciation de l?évolution envisageable entre Explore 2070 et SIM2-
DRIAS2020. Il conviendra donc d?attendre les résultats définitifs de la démarche Explore2 pour
statuer sur les résultats à prendre en compte dans les études quantitatives des débits et des stocks
des ressources en eau.
Nous disposons également à ce stade des résultats plus détaillés de SIM2-DRIAS2020 pour la
Loire à Nantes. Les débits moyens annuels sont attendus en légère hausse entre +1 % et + 10 %
pour tous les scénarios et horizons temporels, à l?exception du RCP8.5 en fin de siècle (-2 %). Les
incertitudes entre les modèles sont importantes (bien que moindre que pour la Seine à Paris) et
incluent des variations à la baisse souvent entre -1 et -10 % ou à la hausse jusqu?à +15 à +45 %.
Tableau 4 : SIM2-Drias2020 (Explore 2) - Évolution des débits moyens annuels de la Loire à Nantes par
RCP et horizons temporels
Source : portail « Drias ? les futurs du climat »
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Avec un régime hydrologique pluvial, les débits mensuels maximum de la Loire se produisent en
hiver et les débits minimums en été.
Figure 50 : SIM2-DRIAS2020 (Explore 2) - débits mensuels moyens de la Loire à Nantes reconstitués 1975-
2005
Source : portail « Drias ? les futurs du climat »
En climat futur, comme le montrent les figures suivantes, les évolutions attendues sont plutôt à la
hausse pour les débits d?hiver et de printemps et à la baisse en été et en automne. La baisse des
débits naturels en automne atteint -20 % en RCP 4.5 et -40 % en RCP 8,5 à l?horizon milieu de
siècle. Cependant, le modèle SIM2 de Météo France n'arrive pas à bien simuler les périodes
d'étiage de la Loire aval (peut-être en lien avec les apports de nappes qui sont simplifiés dans le
modèle), il faut donc rester prudent avec ces résultats sur l?évolution des débits naturels (hors
prélèvements et hors soutiens d?étiages) qui restent à confirmer.
Figure 51 : SIM2-DRIAS2020 (Explore 2) ? évolution des débits mensuels moyens de la Loire à Nantes
2021-2050 2041-2070
RCP 2.6
RCP 4.5
RCP 8.5
légende
Chaque graphique présente l?écart entre les débits futurs et la médiane des débits actuels
La courbe rouge présente la médiane des simulations représentées par les autres courbes
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Source : portail « Drias ? les futurs du climat »
2019 : une année sèche emblématique qui pourrait ne plus être exceptionnelle
L?année 2019 se caractérise par une situation de sécheresse prolongée affectant une très large
partie du territoire national, y compris des zones traditionnellement moins touchées, comme le
Massif central et le Nord-Est. Elle fait suite à deux années hydrologiquement sèches qui n?ont pas
permis une recharge hivernale des nappes. La pluviométrie déficitaire en 2019 s?est de plus
accompagnée d?épisodes de canicule en juin et juillet dont les effets ont été particulièrement
brutaux et sévères sur les cours d?eau et les milieux naturels, ainsi que sur les cultures agricoles.
Enfin, la sécheresse s?est poursuivie jusqu?à la fin du mois d?octobre affectant particulièrement des
régions comme l?Auvergne qui s?estimaient jusqu?alors relativement épargnées.
Figure 52 : Juillet à septembre 2019 - déficit
d?humidité des sols
Source : Météo France
Figure 53 : Septembre 2019 ? arrêtés sécheresse
Source : ministère de l?écologie
Cette situation qualifiée d?exceptionnelle dans le climat actuel de début de siècle pourrait devenir
une année normale à l?horizon du milieu de siècle. Il est donc intéressant d?en dresser un retour
d?expérience comme cela a été effectué par un rapport conjoint CGAAER-CGEDD sur l'épisode
caniculaire et la sécheresse 2019163. Un autre rapport du CGEDD a porté plus particulièrement sur
le retour d?expérience sur la gestion de la sécheresse 2019 dans le domaine de l'eau164. L?EPL a
aussi fait réaliser une étude sur les impacts socio-économiques du soutien d?étiage de l?Allier et de
la Loire par les barrages de Naussac et de Villerest, en prenant en référence l?année 2019165.
Ce rapport de l?EPL montre que 2019 a été, depuis 1900, un étiage de la Loire très sévère et
remarquable. Il s?agit en effet d?un étiage :
163 CGAAER-CGEDD, rapport 277225, Retour d'expérience sur l'épisode caniculaire et la sécheresse 2019, 137 p.
164 CGEDD, rapport 012985-01, Retour d?expérience sur la gestion de la sécheresse 2019 dans le domaine de
l'eau, 104 p.
165 EPL, Impacts socio-économiques du soutien d?étiage de l?Allier et de la Loire par les barrages de Naussac et de
Villerest, décembre 2020, 107 p.
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précoce (3ème rang après 1976 et 2011) et long (2ème rang derrière 2011) ;
intense, présentant un QMNA le 7ème plus bas depuis 1900 et le plus bas depuis la
création des réservoirs ;
un déficit par rapport au DOE de près de 300 Mm3 avec soutien d?étiage et qui se placerait
sans ce dernier au deuxième rang après 1949.
La sécheresse de 2019 a conduit à la mise en oeuvre de nombreuses mesures exceptionnelles de
limitation ou de suspension des usages de l?eau.
Peu d?incidents sur la stabilité du réseau de distribution de l?eau (potable et usée) ont été constatés
mais on peut signaler des difficultés d?approvisionnement dans le bassin de la Loire. 84
départements ont connu des arrêtés préfectoraux limitant certains usages (agriculture, industrie,
particuliers).
Quant aux milieux aquatiques, ils ont été perturbés par la sécheresse tout comme les milieux
forestiers qui ont aussi subi les effets des feux de forêts (les surfaces brûlées atteignant une
superficie multipliée par trois depuis 1995). Concernant les milieux aquatiques, la situation 2019 a
été la plus défavorable jamais observée en août depuis la mise en place du réseau Onde (huit
années) qui mesure les assecs dans les cours d?eau.
Concernant l?agriculture, la canicule de 2019 a entraîné une baisse de rendement de 9 % sur le
maïs et d'environ 10 % en blé par rapport à la moyenne quinquennale française. Les canicules
réduisent également la production des vaches laitières et donc l'offre de lait. Le ressenti a été
particulièrement fort dans la profession agricole en Auvergne qui a pris conscience en cette année
particulière que ce territoire n?était pas épargné par le changement climatique.
Le rapport de l?EPL cité plus haut tend à démontrer que le soutien d?étiage assuré par les retenues
de Naussac et de Villerest a permis cependant de limiter les impacts de la sécheresse de 2019.
Grâce à l?eau stockée, ces barrages permettent d?atténuer les conséquences de l?étiage sur les
milieux aquatiques et les activités humaines en fournissant une alimentation continue en eau.
Les deux retenues de Naussac et Villerest ont fourni un soutien d?étiage à hauteur de 209 Mm3 sur
l?ensemble de la période avec un contraste entre les deux ouvrages :
Le soutien par Naussac (94 Mm3 au total) a commencé fin juin pour durer jusqu?à la
seconde quinzaine d?octobre. Le débit a été maintenu quasiment constant entre 10 et 12
m3/s tout au long de l?étiage. Malgré ce soutien, le volume de la retenue est resté bien au-
dessus des volumes de vigilance et plancher.
Le soutien par Villerest (115 Mm3 au total) a commencé fin juin pour durer jusqu?à la
seconde quinzaine d?octobre. Les débits compris au début entre 20 et 30 m3/s ont été
portés de la 3ème semaine d?août jusqu?à la 3ème de septembre entre 35 et 40 m3/s. Grâce
à des entrée importantes d?eau début août les volumes stockés dans la réserve sont restés
assez élevés. Ils ne sont jamais descendus en dessous d?une marge de 30 Mm3 au-dessus
du volume plancher.
Soulignons enfin que les prévisions climatiques sur le bassin Loire Bretagne resteront toujours
entachées de fortes incertitudes, notamment sur les pluies qui résultent d?une confrontation entre
des masses d?air océaniques, méditerranéennes et continentales.
En résumé sur le climat
A grands traits, l?évolution climatique attendue peut se résumer ainsi :
La température de l?air (et plus encore celle des eaux superficielles) est déjà en forte
augmentation. En Centre-Val de Loire, l?augmentation de température moyenne annuelle
sur la période allant de 1959 à 2017 est de +1,63°C, cette évolution étant très
PUBLIÉ
Novembre 2022 Les conditions de mobilisation des retenues
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significative166. Selon de nouvelles projections climatiques publiées dans la revue Earth
System Dynamics le 4 octobre 2022, le réchauffement pourrait être jusqu?à 50 % plus
intense au cours du siècle que ce que montraient les précédentes estimations (+ 3,8 °C en
2100 par rapport à 1900 contre +2 °C précédemment dans le scénario d?émissions
« intermédiaires » de GES). Le réchauffement sera, dans tous les cas, plus fort l?été que
l?hiver ;
L?évolution annuelle des précipitations pourrait rester assez inchangée sauf en Bretagne
où une diminution est à attendre. La répartition annuelle des précipitations devrait continuer
à évoluer avec davantage de sécheresses estivales et un renforcement des pluies en hiver ;
Les projections de débits moyens annuels restent encore à affiner avec Explore 2,
cependant les prévisions vont dans le sens d?une relative stabilité, voire une légère
augmentation sur le bassin Loire-Bretagne y compris à l?estuaire de la Loire ;
La répartition de ces débits durant l?année devrait évoluer : tous les modèles prédisent une
baisse des débits d?étiage (en particulier sous l?influence de l?évapotranspiration qui va
augmenter avec la température) et leur extension à l?automne, les débits hivernaux
pourraient à l?inverse être plus importants.
166 HERGOTT François, 2022. Diagnostic de vulnérabilité au changement climatique du Val de Sully (Loiret). LIFE
Natur?Adapt ? Conservatoire d?espaces naturels Centre-Val de Loire - 106 pages.
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Annexe 7 Les conditions de mobilisation des
retenues hydroélectriques
Le parc hydroélectrique du bassin Loire-Bretagne (hors le cas particulier de l?usine marémotrice
de La Rance qui n?entre pas dans le périmètre de ce rapport) produit en moyenne 1,5 TWh et est
capable de mobiliser quasi instantanément une puissance électrique de 660 MW. Cette puissance
est, de plus, mobilisable à n?importe quel moment en hiver par jour de grand froid, tant qu?il subsiste
de l?eau dans les barrages. Les difficultés observées sur le parc nucléaire en 2022 et sur
l?approvisionnement en gaz (qui permet de faire tourner les centrales à gaz productrices
d?électricité) montrent combien cette ressource peut être précieuse. Elle le sera d?autant plus dans
le futur dans un parc de production d?électricité avec de plus en plus d?énergies renouvelables qui,
dépendant du temps, ne sont que partiellement mobilisables au moment de la pointe. Cette
richesse doit ainsi être préservée.
Depuis des décennies, les retenues hydroélectriques ont, outre la production d?électricité, de
multiples fonctions secondaires : l?alimentation en eau potable, l?irrigation, la protection contre les
crues, l?aménagement touristique, le soutien d?étiage, et bien sûr la préservation des milieux
naturels, préoccupation renforcée par la DCE et la LEMA. Elles conduisent à un partage de l?eau
variable selon les ouvrages, leur localisation et leur histoire. Ce partage de l?eau est remis en
question par l?évolution importante du changement climatique, avec eux tendances principales :
un débit moyen annuel à l?estuaire de la Loire qui pourrait, à 2070, être voisin de celui
d?aujourd?hui ;
un débit naturel en période estivale plus faible de 20 à 40 %.
Le potentiel résiduel disponible sur le bassin Loire-Bretagne
La présentation des dispositifs de soutien d?étiage effectuée en première partie montre que les
retenues hydroélectriques présentes sur le bassin Loire-Bretagne sont déjà très fortement
mobilisées pour le soutien d?étiage. C?est le cas des 7 concessions de la Vienne et de ses affluents
(Mauldre et Taurion), du complexe de Montpezat, de la concession de Teillet-Argenty sur le Cher,
et de celles de Guerlédan et de Saint-Michel ? Saint-Herbot en Bretagne.
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Les seules retenues, ayant un volume utile
significatif, non encore engagées dans le
soutien d?étiage, sont :
Le complexe de Lavalette ? La
Chapelette, propriété de la métropole
de Saint-Etienne, situé sur le Lignon du
Velay dont les chutes d?eau sont
concédées à EDF ;
Le barrage de Grangent, concédé à
EDF, situé en amont de Villerest sur la
Loire167.
Enfin deux retenues ne sont encore que très
partiellement engagées dans le soutien
d?étiage. Il s?agit :
du complexe Les Fades ? Queuille sur
la Sioule ;
et des trois retenues situées sur la
Creuse dans le département de l?Indre :
Eguzon, Roche-au-Moine et Roche-
bat-l?Aigle.
La question d?une plus forte implication des
retenues hydroélectriques dans le soutien
d?étiage se pose différemment pour ces trois
catégories de retenues.
Principaux réservoirs et retenues sur l?Allier et la
Loire amont
Elle ne peut être étudiée qu?en tenant compte de trois paramètres importants :
2) la durée pendant laquelle la retenue est susceptible d?être engagée dans le soutien
d?étiage ;
3) la part du volume utile de la retenue qui est consacrée au soutien d?étiage pendant la
période où elle y est engagée ;
4) les autres engagements, hors la production d?électricité, qui peuvent contraindre sa
capacité à assurer le soutien d?étiage.
a) Les durées d?engagement dans le soutien d?étiage
Dans ce domaine on observe des situations très différentes :
La convention de soutien d?étiage de la Vienne engage EDF à fournir le soutien d?étiage
nécessaire à tout moment dans l?année ;
De même, les retenues du complexe de Montpezat sont tenues de faire bénéficier la Loire
d?un régime garanti toute l?année.
D?autres dispositifs ne couvrent qu?une partie de l?année : le graphique ci-après présente les durées
pendant lesquelles certaines retenues hydroélectriques sont engagées dans le soutien d?étiage.
167 Une partie du volume utile de Grangent est toutefois réservé en été au bénéfice du canal du Forez au cas où la
part du débit réservé qui lui revient serait insuffisante.
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Figure 54 : Retenues EDF ? plages de soutien d?étiage
Source : données EDF
b) La part du volume utile engagé
Assez souvent, une partie seulement du volume utile de la retenue est explicitement engagée dans
le soutien d?étiage. Cette part est très variable sur le bassin :
Figure 55 : Retenues EDF ? part du volume utile engagée dans le soutien d'étiage
Source : données EDF
Dans d?autres cas, l?engagement ne s?appuie pas sur un volume explicite.
La convention de soutien d?étiage de la Vienne liste l?ensemble des retenues et de leur volume
utile qui peuvent être engagés (moyennant la contrainte de cote estivale du lac de Vassivière) dans
le dispositif.
c) Les cotes touristiques
D?autres contraintes pesant sur des retenues peuvent limiter, temporairement, le soutien d?étiage
auquel elles sont engagées ou celui qu?elles pourraient éventuellement délivrer. C?est notamment
le cas des cotes touristiques qui vont fortement limiter le soutien d?étiage pendant toute la saison
estivale. Ces dernières pèsent d?autant plus sur la gestion de la retenue qu?elles durent longtemps.
4/2
6/3
5/4
5/5
4/6
4/7
3/8
2/9
2/10
1/11
1/12
31/12
Rochebut Saint-Michel -
Saint-Herbot
Les Fades
convention CA03
Montpezat
Ardèche
ca
le
n
d
ri
er
barrages
0%
10%
20%
30%
40%
50%
60%
70%
80%
90%
100%
Rochebut Saint-Michel - Saint-
Herbot
Montpezat Grangent canal du
Forez
Les Fades
convention CA03
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Sur cet aspect, la situation est aussi assez variée :
Figure 56 : Retenues EDF ? périodes de cotes touristiques
Source : données EDF
Pendant qu?une retenue respecte une cote touristique, elle ne peut assurer un soutien d?étiage que
dans la limite du marnage admissible au regard de la cote à respecter. Deux exemples illustrent ce
point :
Le lac de Vassivière voit son volume utilisable pour le soutien d?étiage de la Vienne se
réduire de 96,34 Mm3 à 27,57 Mm3, entre le 1er avril et le 1er septembre, ce dernier chiffre
correspondant au volume situé entre la cote touristique (649,8 m NGF) et celle résultant
d?un marnage de 2,8 m ;
La retenue de Grangent réserve ainsi 3,5 Mm3 au bénéfice du canal du Forez, volume
correspondant au marnage d?1 m associé à la cote touristique.
La capacité d?une retenue hydroélectrique engagée dans le respect d?une cote touristique à délivrer
un soutien d?étiage durant cette période est d?autant plus important que le marnage admissible est
plus élevé.
Le cadre juridique
a) Au regard du droit des concessions
L?adoption en février 2014 par l?Union européenne d?une directive spécifique consacrée aux
concessions168 et sa transposition dans le droit français ont fortement contraint les possibilités de
modification des contrats de concession hydroélectrique existante. Dans le droit français, les
concessions hydroélectriques relèvent désormais de la troisième partie du code de la commande
publique (Article. L.3000-1 et suivants) qui codifie la transposition 169 de la directive sur les
concessions170 et du code de l?énergie dont le titre II du livre V prévoit des dispositions spécifiques
aux concessions hydroélectriques.
168 Directive 2014/23/UE du Parlement européen et du Conseil du 26 février 2014 sur l?attribution de contrats de
concession, https://eur-lex.europa.eu/legalcontent/FR/TXT/PDF/?uri=CELEX:32014L0023&from=FR
169 Ordonnance n° 2016-65 du 29 janvier 2016 relative aux contrats de concession
https://www.legifrance.gouv.fr/loda/id/JORFTEXT000031939947/
170 Directive 2014/23/UE du Parlement européen et du Conseil du 26 février 2014 sur l?attribution de contrats de
concession, https://www.legifrance.gouv.fr/jorf/id/JORFTEXT000030590222
15/3
30/4
15/6
31/7
15/9
31/10
Vassivière Issarlès Eguzon Grangent Guerlédan
ca
le
n
d
ri
er
barrages
PUBLIÉ
https://eur-lex.europa.eu/legalcontent/FR/TXT/PDF/?uri=CELEX:32014L0023&from=FR
https://www.legifrance.gouv.fr/loda/id/JORFTEXT000031939947/
https://www.legifrance.gouv.fr/jorf/id/JORFTEXT000030590222
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Dans le cas le plus simple, un soutien d?étiage, sous forme d?obligation de débit à respecter à l?aval
de l?ouvrage et éventuellement associé à un volume d?eau, a été prévu par le cahier des charges
de la concession. La délivrance de ce débit garanti à l?aval de l?ouvrage (alors que le débit réservé
est réglementairement limité au débit entrant) ne donne lieu à aucune indemnisation du
concessionnaire ni aucune convention. C?est le cas, par exemple, de la concession de Teillet-
Argenty sur le Cher qui impose au concessionnaire de délivrer un débit garanti appuyé sur un
volume minimum lui-même garanti. Une telle approche simple, mais rigide, peut être mise en défaut
par le changement climatique, lorsque le calcul ayant servi à établir le montant du débit garanti
escompte des volumes entrant dans la retenue à des niveaux qui ne peuvent plus être atteints en
année sèche.
Sans débit garanti imposé par la concession, voire même avec un tel débit (cas du complexe Les
Fades ? Queuille sur la Sioule), le débit à l?aval de l?ouvrage peut ne pas être suffisant pour
satisfaire l?ensemble des usages de l?eau, notamment durant les périodes sèches, que ce soient
le tourisme, l?agriculture, l?alimentation en eau potable, les sports d?eau vive, ou encore les lâchers
d?eau ponctuels pour motifs environnementaux, ce qui conduit à des demandes (supplémentaires)
de soutien d?étiage.
Si, au-delà du débit réservé ou du débit garanti, la possibilité d?un soutien d?étiage (supplémentaire)
a été explicitement prévue par le cahier des charges de la concession, il est possible de rédiger
une convention de soutien d?étiage171 précisant les conditions de mobilisation effective ainsi que
les conditions d?indemnisation du concessionnaire, dans le respect des dispositions contenues
dans le contrat de concession.
Si le soutien d?étiage n?a pas été prévu à l?origine et n?est pas inscrit dans le cahier des charges de
la concession, il est malgré tout possible de le mettre en oeuvre avec des conventions conclues
avec le concessionnaire, qui vont donc au-delà des prescriptions du cahier des charges. Ceci
suppose une négociation avec le concessionnaire pour définir ses conditions d?indemnisation.
Dans ce cas, la mise en place du soutien d?étiage ne doit pas entrer en contradiction avec le cahier
des charges. S?il y a contradiction avec le cahier des charges, une modification de ce dernier
pourrait être nécessaire. Or, le code de la commande publique encadre désormais très strictement
les modifications des concessions. Une idée principale ressort de l?analyse très précise menée par
la DGEC172 sur ce point : une modification du contrat de concession entraîne une résiliation du
contrat actuel puis une réattribution de la concession à l?issue d?une procédure de mise en
concurrence, sauf si cette modification correspond à une liste extrêmement restreinte de
dérogations prévues exhaustivement par l?article 36 du décret relatif aux contrats de
concessions173 (codifié dans les articles R. 3135-1 à R.3135-9 du code de la commande publique)
et qu?il semble difficile d?utiliser pour justifier de la mise en oeuvre d?un plus grand soutien de débit
d?étiage. Des ajustements limités174 sont néanmoins possibles dans le cadre de discussions avec
le concessionnaire actuel et dans le respect naturellement du droit européen et français des
concessions, si la modification du contrat de concession n?est pas substantielle (art. R. 3135-7 du
code de la commande publique) ou si elle est de faible montant (R. 3135-8 du code de la
commande publique).Toutefois, la possibilité d?apporter des modifications à des concessions déjà
échues apparaît très fragile car ces concessions sont prorogées aux conditions antérieures de leur
cahier des charges. Par ailleurs, l'opportunité de telles modifications est réduite par le fait qu?un
171 Une convention de soutien d?étiage est un engagement contractuel passé entre le concessionnaire, les
représentants ou établissements publics locaux de l?État (Préfets - DREAL, Agences de l?Eau, etc.), les collectivités
(EPTB, etc.) et les bénéficiaires du soutien d?étiage qui définissent les conditions de mobilisation de volumes en
complément de ceux mobilisés dans le cadre des obligations réglementaires. Ces conditions comprennent la
période concernée par le soutien d?étiage, les volumes et débits minimaux/moyens/maximaux mobilisables et les
modalités opérationnelles d?interaction entre les acteurs concernés.
172 Note relative aux modifications des contrats de concession d?énergie hydraulique, DGEC.
173 https://www.legifrance.gouv.fr/loda/article_lc/LEGIARTI000031965249/2022-09-26
174 Conformément à l?article R3135-8 du code de la commande publique relatif aux modifications de faible montant.
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https://www.legifrance.gouv.fr/loda/article_lc/LEGIARTI000031965249/2022-09-26
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nouveau contrat devrait, en théorie, être conclu à brève échéance.
Dans tous les cas, il n?est pas possible de modifier la nature globale du contrat sans remettre ce
dernier en concurrence (art. L.3135-1 de la commande publique). La très grande majorité des
objets principaux des contrats de concessions hydrauliques sont la production d?électricité.
L?affectation au soutien d?étiage par convention au-delà de ce que prévoit le cahier des charges
d?une ressource représentant plus de 20 % du volume utilisable d?une concession hydroélectrique
est souvent citée comme susceptible de remettre en cause l?objet principal des ouvrages
concernés et nécessite un examen approfondi de l?impact sur le système électrique. Même s?il
donne un premier ordre de grandeur, ce chiffre de de 20 % n?a qu?une valeur indicative. La
détermination du pourcentage acceptable (voire de la durée pendant laquelle il est engagé) pour
un objet second comme le soutien d?étiage, doit s?appuyer sur une étude approfondie, au cas par
cas, pour chaque concession.
L?article L. 214-9 du code de l?environnement permet également par déclaration d'utilité publique,
après enquête publique, de mobiliser l?eau d?une retenue concédée ou autorisée par la loi du 16
octobre 1919 pour du soutien d?étiage. Cette mobilisation est possible à condition que l'affectation
de tout ou partie du débit artificiel soit compatible avec la destination de l'aménagement, avec le
maintien d'un approvisionnement assurant la sécurité du système électrique et avec l'équilibre
financier du contrat de concession. Le concessionnaire doit de plus être indemnisé.
b) Au regard du code de l?environnement
Pour qu?une retenue hydroélectrique soit mobilisée pour un soutien d?étiage, il faut que le
concessionnaire soit sollicité par un acteur souhaitant en bénéficier.
Sur le bassin quatre situations ont pu être relevées :
un soutien d?étiage inscrit comme obligation de la concession par l?Etat, autorité
concédante (cas le plus fréquent) ;
un soutien d?étiage qui bénéficie au concessionnaire lui-même pour une autre de ses
activités (cas de la Vienne) ;
un soutien au bénéfice de la profession agricole dans le cadre d?une convention passée
avec le concessionnaire (cas de la Sioule et de la Creuse) ;
un soutien délivré au bénéfice d?un établissement public territorial de bassin (EPTB) auquel
ses collectivités membres ont confié cette compétence (cas de l?Aulne).
La direction de l?eau et de la biodiversité considère que le soutien d?étiage constitue une dimension
de la gestion des milieux aquatiques et la prévention des inondations (GEMAPI) définie à l?article
211-7 du code de l?environnement, même si celui-ci ne la cite pas expressément. Il s?agit donc
d?une compétence des intercommunalités qui peuvent la déléguer à un EPTB.
Le soutien d?étiage opéré sur le bassin de l?Aulne applique tous les principes énumérés ci-dessus :
Le bénéficiaire est un EPTB ;
La prestation, prévue au cahier des charges de la concession, est définie dans le cadre
d?une convention passée entre le bénéficiaire et le concessionnaire ;
Cette prestation est rémunérée par le bénéficiaire.
L?inscription du soutien d?étiage dans le cahier des charges des futures
concessions
Si, pour le moment, en France, une quarantaine de concessions hydroélectriques sont arrivées à
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échéance et sont désormais exploitées dans le cadre du régime dit des « délais glissants »175, qui
permet de les proroger aux conditions antérieures, une seule concession176 se trouve dans ce cas
dans le bassin Loire Bretagne. Par contre, plusieurs concessions arrivent à échéance dans les
prochaines années sur ce bassin : citons notamment celles de Peyrat le Château ? Faux la
Montagne (décembre 2026), de Versilhac ? Vendets (barrage de la Valette) (décembre 2027), de
Monpezat (décembre 2028), de Grangent (décembre 2032), d?Eguzon et de la Roche-au-Moine
(décembre 2032), de Montlarron (décembre 2033) ?
Les textes actuels, modifiés par la loi sur la transition énergétique pour la croissance verte de 2015,
prévoient que l?attribution d'une concession d'énergie hydraulique est désormais effectuée dans le
cadre d?une procédure d?appel d?offres177. La démarche d?écoute GEDRE (Gestion équilibrée et
durable de la ressource en eau), qui peut être organisée par l?Etat préalablement à l?avis de
concession en application de l?article R.521-4 du code de l?énergie, permet de définir les attentes
des parties prenantes concernant la ressource en eau, parmi lesquelles le soutien d?étiage. Les
différents enjeux soulevés lors de cette démarche pourront alors être traduits lors du
renouvellement par des dispositions spécifiques dans le cahier des charges de la future concession.
L?article 43 du modèle actuel de cahier des charges (approuvé par le décret d?avril 2016) prévoit
ainsi la conclusion de conventions liées au soutien d?étiage : « le concessionnaire conclut avec
l?Etat, l?agence de l?eau et l?organisme chargé du soutien d?étiage une convention précisant les
modalités techniques, et, le cas échéant, financières de ce soutien » (art.43).
Aucun avis d?appel public à la concurrence pour le renouvellement des concessions
hydroélectriques n?a cependant été lancé depuis l?ouverture en octobre 2015 d?un précontentieux
par la Commission européenne portant sur la position dominante d?EDF, sur le fondement des
articles 102 et 106 du Traité sur le fonctionnement de l'Union européenne dit TFUE. Compte tenu
de ce précontentieux, le lancement des procédures de renouvellement est suspendu à un accord
entre la Commission et les autorités françaises 178 : les procédures de renouvellement des
concessions pourraient être modifiées en conséquence, si nécessaire. Une fois engagée, la
procédure actuelle dure au minimum quatre ou cinq ans.
La conciliation du soutien d?étiage avec la priorité à accorder à la production
électrique
Indépendamment du cahier des charges de la concession, l?augmentation du soutien d?étiage doit
s?intégrer dans la gestion des retenues hydroélectriques dont la production d?électricité reste la
priorité. La compatibilité de ces deux objectifs pose des difficultés et conduit à un certain nombre
de considérants importants :
175 L?article L. 521-16 du code de l'énergie prévoit en effet que : « La procédure de renouvellement des concessions
est fixée par un décret en Conseil d'Etat. Au plus tard trois ans avant l'expiration de la concession, l'autorité
administrative prend la décision soit de mettre définitivement fin à la concession à la date normale de son expiration,
soit d'instituer une concession nouvelle à compter de l'expiration .La nouvelle concession doit être instituée au plus
tard le jour de l'expiration du titre en cours, c'est-à-dire soit à la date normale d'expiration, soit si le dernier alinéa
est mis en oeuvre à la nouvelle date déterminée selon les dispositions de cet alinéa. A défaut, pour assurer la
continuité de l'exploitation, ce titre est prorogé aux conditions antérieures jusqu'au moment où est délivrée la
nouvelle concession. »
176 il s?agit de la concession de Chatain et Monteillard, correspondant au barrage de Lavaud Gelade sur le Taurion.
Déficitaire par essence, puisque le barrage ne comprend pas d?usine hydroélectrique (et donc de recettes), elle se
poursuit dans le cadre du régime dit des « délais glissants ».
177 Voir notamment les articles R.521-1 et suivants du code de l?énergie ainsi que la troisième partie du code de la
commande publique : l'octroi d'une concession d'énergie hydraulique est en effet précédé d'une publicité et d'une
mise en concurrence selon les modalités prévues par la troisième partie du code de la commande publique, sous
réserve des dispositions prévues par les articles du code de l?énergie.
178 Voir notamment Compte de commerce 914 « Renouvellement des concessions hydroélectriques » Note
d?analyse de l?exécution budgétaire 2020, Cour des Comptes https://www.ccomptes.fr/sites/default/files/2021-
04/NEB-2020-Renouvellement-concessions-hydroelectriques.pdf
PUBLIÉ
https://www.ccomptes.fr/sites/default/files/2021-04/NEB-2020-Renouvellement-concessions-hydroelectriques.pdf
https://www.ccomptes.fr/sites/default/files/2021-04/NEB-2020-Renouvellement-concessions-hydroelectriques.pdf
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Le soutien d?étiage et le système énergétique ont des besoins différents (volume, débit,
calendrier) : les règles de déstockage pour le soutien d?étiage n?ont aucune raison d?être
synchrones avec les besoins du système électrique : pour répondre aux besoins du réseau
électrique (désormais européen), les ouvrages vont devoir relâcher de l?eau principalement
en hiver, mais aussi lors des périodes de tension du réseau, tandis que le soutien d?étiage
intervient principalement de juin à octobre. Dans certains cas, le soutien ne peut être
turbiné (débit trop faible?). En règle générale, les volumes affectés au soutien d?étiage
pénalisent donc l?atteinte de l?optimum énergétique des aménagements concernés ;
Dans l?idéal, une retenue hydroélectrique engagée dans un soutien d?étiage devrait être
pleine au début de la campagne, qui se situe en général début juin (voir les exemples ci-
avant). Le réseau électrique peut néanmoins faire fortement appel en février aux retenues
hydroélectriques pour répondre à la demande électrique et éviter des délestages. Le record
d?appel de puissance sur le réseau électrique en France, avec 102 GW, est intervenu le 8
février 2012 à 19h dans le cadre d?une vague de froid d?une ampleur exceptionnelle qui a
sollicité fortement toutes les énergies (électricité, gaz). Dans la pratique, l?augmentation du
remplissage des retenues hydroélectriques pour le soutien d?étiage pourra ainsi
commencer à partir du mois de mars, voire en avril certaines années179, ce qui ne permettra
pas forcément de garantir un plein remplissage en juin. L?année 2022 a ainsi montré, certes
sur un autre bassin, qu?il était malheureusement illusoire d?espérer atteindre tous les ans
la côte nécessaire pour le tourisme et l?économie locale sur le barrage de Serre-Ponçon
malgré la mise en place d?une gestion exceptionnelle dès la fin février ! Cette difficulté à
atteindre la cote touristique risque malheureusement de se renouveler compte tenu de
l?évolution du climat et des moindres débits printaniers.
Le volume d?eau à provisionner pour le soutien d?étiage doit être dimensionné au plus juste
et ne doit pas être surestimé, sous peine de pénaliser la production électrique. Le volume
délivré pour le soutien d?étiage bénéficie des éventuelles pluies estivales. Il est donc distinct
du volume provisionné chaque année dans ce but. Cela étant, le poids exercé sur l?activité
hydroélectrique est d?autant plus important que le stock constitué est conséquent. Dès lors
que l?aménagement suit une courbe de stockage, sa flexibilité et sa disponibilité pour la
production hydroélectrique sont obérées (avec des risques de déversés au printemps en
cas d?apports subits et importants si l?aménagement est sur une courbe haute de remontée),
que le stock constitué serve ou non au soutien d?étiage.
L?augmentation de la part dédiée au soutien d?étiage dans un réservoir a un impact négatif
double sur la production d?électricité :
? lié, d?une part, aux volumes directement lâchés dans le cadre du soutien du débit
d?étiage ;
? lié, d?autre part, à la constitution et à la garantie du stock qui peut devenir
structurante (perte de flexibilité en amont de la campagne de soutien d?étiage et
limitation prématurée des turbinés énergétiques au printemps). Cette «
désoptimisation » énergétique n?est pas évaluée dans le cadre du présent rapport
et nécessite des calculs utilisant les modèles de gestion de réservoirs.
Dans la doctrine de la DGEC, ce coût économique ne doit pas être supporté par l?exploitant
hydroélectrique - ce qui pourrait remettre en cause l?équilibre économique du contrat de
concession ? mais par le bénéficiaire du service rendu. Il peut reposer principalement sur
deux modalités de calcul : le préjudice énergétique (manque à gagner lié à la contrainte de
gestion sur la valorisation énergétique de l?ouvrage) ou le partage des charges (répartition
des charges d?exploitation communes de fonctionnement de l?ouvrage au prorata des
volumes affectés aux différents usages). La deuxième méthode est plus couramment
appliquée aujourd?hui. Elle ne peut pas être utilisée pour indemniser la perte résultant de
179 Voir en particulier le rapport de la CRE de juin 2022 relative à la vague de froid de début avril 2022 : Analyse et
enseignements sur le pic de prix sur l?enchère journalière pour le 4 avril 2022
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Novembre 2022 Les conditions de mobilisation des retenues
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la mise en place d?une réserve d?eau et de la réduction de flexibilité de l?utilisation de
l?ouvrage qui en résulte lorsque la réserve n?est pas mobilisée, cas correspondant aux
propositions de ce rapport.
Les situations observées sur le bassin Loire-Bretagne résultent des discussions intervenues par le
passé sur chaque ouvrage. Elles recouvrent une grande variété de situations : gratuité du service
rendu (lorsqu?il a été intégré sans contrepartie dans le contrat de concession ou avec des
contreparties versées au moment de la construction de l?ouvrage (cas de la Fontaulière sur
l?Ardèche)), avec une rémunération mixte (parts fixe et variable) ou avec une rémunération
uniquement variable.
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Annexe 8 Liste des transferts d?eau entre sous-bassins
La mission n?a pas pu obtenir auprès des administrations de bassin une liste complète des
transferts d?eau entre sous-bassins au sein du bassin Loire-Bretagne. Elle a relevé les transferts
suivants concernant le bassin de la Loire :
Du bassin de la Loire vers le bassin du Rhône : 220 Mm3/an180
Par le complexe de Montpezat, alimenté par des eaux provenant du Lac d?Issarlès, du barrage de
La Palisse situé sur la Loire, et des barrages du Gage et de la Veyradère situés sur les affluents
de la Loire dont ils portent le nom, qui rejette l?eau turbinée dans la Fontaulière, affluent du Rhône
via l?Ardèche.
Durant la période de basses eaux, le soutien d?étiage en faveur de l?Ardèche s?élève, en moyenne,
à 8,8 Mm3.
Du bassin du Rhône vers le bassin de la Loire :
Par le système d?alimentation en eau potable du syndicat mixte des eaux des Monts du Lyonnais
et de la basse vallée du Gier, qui dessert 75 communes situées pour partie dans le bassin de la
Loire, alimenté à hauteur de près de 6 Mm3/an181 à partir des captages de l?Île du Grand Gravier
dans la nappe d?accompagnement du Rhône situés sur la commune de Grigny. La part de l?eau
distribuée vers le bassin de la Loire n?est pas précisée dans les documents dont la mission a pu
prendre connaissance.
Du sous-bassin de la Loire vers celui de l?Allier : 4 Mm3/an182
Par le barrage des Pradeaux, alimenté par des eaux provenant du ruisseau de l?Enfer, affluent de
la Loire via l?Ance-du-Nord, qui rejette l?eau turbinée dans le Gandrif, affluent de l?Allier via la Dore.
Du sous-bassin de la Loire vers celui du Cher : 4,4 Mm3/an183
Par deux systèmes d?alimentation en eau potable :
Celui de la communauté d?agglomération Bourges Plus, alimenté en partie par des
captages dans la nappe d?accompagnement de la Loire situés sur l?Île du Lac dans la
commune d?Herry, qui rejette ses eaux dans l?Yèvre, affluent du Cher ;
Celui du Syndicat mixte des eaux des régions Sud et Est de Bourges (SMERSE), alimenté
en partie par des captages dans la nappe d?accompagnement de la Loire situés sur l?Île
Boyard, dans la commune de Ménétréol-sous-Sancerre, qui rejette ses eaux dans le bassin
du Cher.
180 Haute-Loire, le Département, « Schéma d?aménagement et de gestion des eaux du bassin Loire amont, PAGD
synthèse de l?état des lieux », validée par la CLE le 8 juillet 2015
181 Syndicat mixte des eaux des Monts du Lyonnais et de la basse vallée du Gier (SIEMLY), « Rapport annuel sur
le prix et la qualité du service public d?eau potable », 2019
182 Haute-Loire, le Département, « Schéma d?aménagement et de gestion des eaux du bassin Loire amont, PAGD
synthèse de l?état des lieux », validée par la CLE le 8 juillet 2015
183 Communauté d?agglomération Bourges Plus, « Rapport sur le prix et la qualité du service ? Service de l?eau
2021 »
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Novembre 2022 Les conditions de mobilisation des retenues
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Du sous-bassin de l?Allier vers celui du Cher :
Par le système d?alimentation en eau potable du SAEP de la vallée de Germigny, alimenté en
partie par des captages dans le nappe d?accompagnement de l?Allier à hauteur de 0,8 Mm3/an,
dont une partie des rejets s?effectue vers l?Auron, affluent du Cher via l?Yèvre.
Par l?interconnexion des réseaux d?alimentation en eau potable du département de l?Allier assurée
par le Syndicat mixte des eaux de l?Allier184 ou par des interconnexions directes entre syndicats.
Celles-ci permettent notamment au SIVOM de la Région minière185 d?importer entre 565 000 et
585 000 m3/an186 de syndicats d?eau situés dans le sous-bassin de l?Allier (SIVOM Rive gauche de
l?Allier, SIVOM Sioule et Bouble, SIVOM Sioule et Morge).
Du sous-bassin de la Creuse vers celui du Cher : 1 à 1,5 Mm3/an187
Par le système d?alimentation en eau potable géré par le syndicat intercommunal d?alimentation en
eau potable de la Rozeille188, qui dessert 50 communes du département pour partie situées dans
le sous-bassin du Cher, alimenté principalement par la retenue de Beissat, située sur la Rozeille,
affluent de la Creuse.
Du sous-bassin de la Creuse vers celui de la Vienne : 9,7 Mm3/an189
Par le système d?alimentation en eau potable de Limoges Métropole, alimenté principalement par :
le barrage du Mazeaud situé sur la Couze, affluent de la Creuse via la Gartempe,
l?étang de Gouillet situé sur le Ritord, principal affluent de la Couze,
et l?étang de la Couzille, situé sur le Vincou, affluent de la Creuse via la Gartempe,
qui rejette ses eaux dans la Vienne.
184 https://www.smea.fr/
185 http://sivom-regionminiere.fr/index.html
186 SIVOM Région Minière, « Rapport annuel sur le prix et la qualité du service public d?eau potable ? exercice
2021 »
187 EPTB Vienne, « Etat initial du schéma d?aménagement et de gestion des eaux du bassin de la Creuse », validé
le 9 février 2021 par la Commission Locale de l?Eau
188 https://siaeprozeille.fr/fr/
189 Limoges Métropole, communauté urbaine, « Rapport annuel 2021 sur le prix et la qualité du service public de
l?eau »,
PUBLIÉ
https://www.smea.fr/
http://sivom-regionminiere.fr/index.html
https://siaeprozeille.fr/fr/
Novembre 2022 Les conditions de mobilisation des retenues
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Annexe 9 Eléments d?analyse sur l?idée de
construction de nouveaux grands réservoirs
Plusieurs interlocuteurs rencontrés par la mission lui ont fait part de leur demande de voir le projet
de construction d?un ou plusieurs nouveaux grands réservoirs être porté et financé par l?Etat pour
répondre aux enjeux de l?eau sur le bassin Loire-Bretagne dans le contexte du changement
climatique. Pourtant, aucun des acteurs consultés par la mission190 ne lui a fait part de projets
possibles, à l?exception bien entendu des grands projets qui ont été écartés par le passé pour des
raisons qui restent toujours valables.
Sur ce sujet, la mission considère nécessaire de souligner les points suivants :
? La construction de réservoirs destinés principalement au soutien d?étiage relève désormais
de la compétence des collectivités territoriales dans le cadre de la GEMAPI191 . L?Etat
pourra accompagner les projets des collectivités compétentes. Il n?a plus en l?état actuel
des textes vocation à porter et à financer un tel projet comme cela avait été fait dans le
passé par le ministère en charge de l?agriculture. Ce sont les EPTB qui sont, selon l?article
L 211-7 du code de l?environnement, les porteurs privilégiés des ouvrages à réaliser dans
le cadre de la GEMAPI ;
? Le bassin de la Loire a la chance de bénéficier de l?existence d?une structure, l?EPL, qui
dispose d?une riche expérience de la manière de gérer de tels réservoirs. Le cadre dans
lequel seraient gérés les débits à l?aval de l?ouvrage en période d?étiage reste toutefois à
préciser ;
? Un grand réservoir de plusieurs dizaines de millions de m3 peut, en général, être équipé
pour produire de l?électricité. Les travaux préparatoires de l?Union française de l?électricité
(UFE) pour l?étude de connaissance du potentiel hydroélectrique réalisée par la DGEC en
2013192 concluent à l?existence d?un potentiel de création de nouveaux ouvrages, sur la
partie Loire-Bretagne de l?ancienne région Auvergne, très limité193 dans le cadre des règles
de protection environnementale issue de la LEMA. D?après les éléments recueillis par la
mission auprès d?EDF la démarche d?actualisation du potentiel hydroélectrique en cours
confirme ce très faible potentiel ;
? Des usages sont antagonistes : un grand réservoir de soutien d?étiage peut, à titre
accessoire, produire de l?électricité mais il ne peut pas assurer de surcroît une cote
touristique ;
? Tout nouveau grand réservoir devra prendre en compte, dans sa gestion, les risques, dans
un contexte climatique et hydrologique en évolution et soumis à des incertitudes notables,
de ne pas pouvoir être rempli chaque année et de devoir faire face à des étiages prolongés.
Ses règles de gestion auront donc toute chance, comme c?est le cas pour les réservoirs de
Naussac, de limiter son volume réellement mobilisable à un niveau sensiblement inférieur
à son volume théorique ;
? Compte tenu des tensions actuelles autour de la gestion de l?eau, un projet de grand
190 Y compris les ingénieurs de Somival Ingénierie, dont certains avaient participé, au sein de la Somival (qui a été
racheté par la société Gaudriot aux débuts des années 2000 et qui a donné naissance en 2019 à une Société
Coopérative de Production, la Somival Ingénierie, en 2019) à la réalisation d?une étude du potentiel hydroélectrique
du bassin.
191 Cf analyse juridiques de la partie 3.1.2.2
192 Setec Energy Solutions, « Etude de convergence du potentiel hydroélectrique français ? rapport de synthèse
impact du classement des cours d?eau », octobre 2013
193 Puissance évaluée à 68 MW, soit moins du double de celle du barrage de Grangent
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Novembre 2022 Les conditions de mobilisation des retenues
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réservoir connaitra de vives oppositions. Force est de constater que depuis une
quarantaine d?années, les ouvrages envisagés sur cette partie du territoire, notamment les
barrages de Chambonchard et du Serre de la Farre, n?ont pas été réalisés.
La mission souligne enfin que la réalisation d?un projet de construction d?un grand réservoir, quel
que soit son emplacement sur le bassin, prendrait de nombreuses années pour les études et la
concertation préalable (au moins une dizaine voire une quinzaine d?années). Comme il n?existe
encore aucun porteur de projet et que les sites propices sont à l?évidence difficiles à identifier,
l?espérance de voir un tel ouvrage se réaliser est à une échéance encore plus lointaine (2040, voire
2050). De plus, quel que soit le calendrier envisagé, il sera toujours soumis à des aléas qui pourront
en retarder la réalisation. L?hypothèse de la construction d?un tel barrage ne doit donc en aucun
cas retarder les efforts nécessaires sur le bassin de maîtrise de la consommation d?eau et la mise
en place de la gestion quantitative.
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Novembre 2022 Les conditions de mobilisation des retenues
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Annexe 10 Eléments sur les prélèvements d?eau
Les projections hydrologiques à l?horizon du
milieu du siècle laissent présager des
réductions des débits naturels de l?ordre de 20
à 40 % en période de basses eaux.
La réduction prévisible des débits naturels de
ces périodes se traduirait, à prélèvements
constants, par une diminution encore plus
rapide des débits réels comme l?illustre le
graphique ci-contre194. Pour un prélèvement de
40, le débit mesuré passerait de 60, pour un
débit naturel initial de 100, à 40 soit -33 %, pour
une réduction du débit naturel de 20 %, et de 60
à 20 soit -67 %, pour une réduction du débit
naturel de 40 %.
Figure 57 : Effet de la baisse des débits naturels sur
les débits réels en fonction des prélèvements
La loi sur l'eau et les milieux aquatiques (LEMA) promulguée le 30 décembre 2006195 en application
de la directive cadre européenne sur l?eau (DCE) d?octobre 2000 introduit la reconnaissance du
droit à l'eau pour tous et la prise en compte de l'adaptation au changement climatique dans la
gestion des ressources en eau. Elle s?inscrit dans l?objectif de rétablir - ou de maintenir lorsque
c?est déjà le cas - le bon état des milieux aquatiques.
Le SDAGE est l?outil principal de mise en oeuvre de la DCE, ainsi l?article L.212-1 du code de
l?environnement indique que le SDAGE fixe des orientations fondamentales, déclinées en
dispositions, permettant de satisfaire aux principes d?une gestion équilibrée et durable de la
ressource en eau. Ces règles de gestion sont définies en réponse aux objectifs de qualité et de
quantité des eaux définis pour chaque masse d?eau du bassin.
La DCE affiche une grande ambition environnementale en fixant pour objectif emblématique le bon
état des eaux dès 2015. Pour autant elle n?oublie pas les réalités financières puisque l?atteinte du
bon état est notamment soumise à des critères de réalisme économique : c?est la notion de coûts
disproportionnés pour les industriels, les agriculteurs et les collectivités territoriales qui peut, le cas
échéant, justifier la fixation d?objectifs moins stricts ou plus éloignés dans le temps.
On rejoint ainsi la notion de gestion équilibrée et durable de la ressource en eau, précisée par
l?article L. 211-1 du code de l?environnement (issu de l?article 20 de la LEMA) qui prend en compte
les adaptations nécessaires au changement climatique et vise à assurer (sans ordre de priorité
particulier196) :
la prévention des inondations et la préservation des écosystèmes aquatiques, des sites et
194 Ce graphique théorique se lit comme suit : pour un débit naturel initial de 100, le débit mesuré (courbe bleue)
décroît linéairement de 100 à 0 lorsque les prélèvements augmentent de 0 à 100. Si le débit naturel diminue de
20 %, le débit mesuré (courbe orange) décroit de 80 à 0 avec les prélèvements et il n?est plus possible d?avoir des
prélèvements supérieurs à 80. Si le débit naturel diminue de 40 %, le débit mesuré (courbe grise) décroit de 60 à
0 avec les prélèvements et il n?est plus possible d?avoir des prélèvements supérieurs à 60. Pour un taux initial de
prélèvement de 40 %, le débit mesuré s?établit à 60 si le débit naturel est à 100 (courbe bleue). Pour ce même
volume de prélèvements, le débit mesuré s?établit à 40 pour un débit naturel réduit de 20 % (courbe orange), et à
20 pour un débit naturel réduit de 40% (courbe grise). Le taux de prélèvement augmente, à prélèvements constants,
de 40 % à 50 % ou aux 2/3. Et le débit mesuré diminue d?1/3 ou des 2/3. A prélèvements constants, la réduction
des débits mesurés est donc bien plus forte que celle des débits naturels.
195 LOI n° 2006-1772 du 30 décembre 2006 sur l'eau et les milieux aquatiques
196 Dans l?article L211-1 du code de l?environnement, la liste est numérotée mais cela ne doit pas être interprété
comme un ordre de priorité des usages.
0
10
20
30
40
50
60
70
80
90
100
0 10 20 30 40 50 60 70 80 90 100
d
éb
it
m
és
u
ré
prélèvements
DN initial DN -20% DN-40%
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des zones humides [...] ;
la protection des eaux et la lutte contre toute pollution [...] ;
la restauration de la qualité de ces eaux et leur régénération ;
le développement, la mobilisation, la création et la protection de la ressource en eau ;
la valorisation de l'eau comme ressource économique et, en particulier, pour le
développement de la production d'électricité d'origine renouvelable ainsi que la répartition
de cette ressource ;
la promotion d'une politique active de stockage de l'eau pour un usage partagé de l'eau
permettant de garantir l'irrigation, élément essentiel de la sécurité de la production agricole
et du maintien de l'étiage des rivières, et de subvenir aux besoins des populations locales ;
la promotion d'une utilisation efficace, économe et durable de la ressource en eau,
notamment par le développement de la réutilisation des eaux usées traitées et de
l'utilisation des eaux de pluie en remplacement de l'eau potable ;
le rétablissement de la continuité écologique au sein des bassins hydrographiques.
Le même article du code de l?environnement précise la notion de gestion équilibrée et durable en
fixant des priorités et tout d?abord la satisfaction des exigences de la santé, de la salubrité publique,
de la sécurité civile et de l?alimentation en eau potable de la population.
La gestion équilibrée et durable doit ensuite permettre de satisfaire ou concilier lors des différents
usages, activités ou travaux, les exigences :
1) de la vie biologique du milieu récepteur et spécialement de la faune piscicole et
conchylicole,
2) de la conservation et du libre écoulement des eaux et de la protection contre les
inondations,
3) de l?agriculture, des pêches et cultures marines, de la pêche en eau douce, de l?industrie,
de la production d?énergie, en particulier pour assurer la sécurité? du système électrique,
des transports, du tourisme, de la protection des sites, des loisirs et des sports nautiques,
ainsi que de toutes autres activités humaines légalement exercées.
Sur le bassin Loire-Bretagne et sur l?axe Loire-Allier soutenu par Naussac et Villerest, les
consommations nettes d?eau à l?étiage sont dues à l?irrigation pour plus de la moitié et au
refroidissement des centrales nucléaires pour environ un quart197.
Face aux tensions sur les usages de l?eau dans un contexte de raréfaction, il est précisé dans le
propos introductif du SDAGE Loire Bretagne 2022-2027 que « tout au long de la préparation du
SDAGE, le comité de bassin Loire-Bretagne a eu le souci constant d?émettre des préconisations
et des dispositions réalistes, c?est-à-dire ne rendant pas incompatible l?atteinte du bon état des
eaux avec l?exercice des activités agricoles et industrielles, ou encore avec celui de la production
d?électricité d?origine hydraulique. »
197 Voir partie 1.1.2
PUBLIÉ
Novembre 2022 Les conditions de mobilisation des retenues
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Annexe 11 L?agriculture dans le bassin Loire-
Bretagne
L?agriculture occupe une place économique importante dans le bassin Loire-
Bretagne
L?état des lieux du SDAGE adopté fin 2019 montre qu?en légère hausse depuis 2010 (+2 %), la
production de la branche agricole du bassin Loire Bretagne représente en 2016 un total d?environ
20,8 milliards d?euros, soit près de 32 % de la production nationale. La production se répartit à 60 %
pour la production animale et 40 % pour la production végétale. Le secteur agricole emploie environ
215 000 personnes au sein de 110 000 exploitations.
La production végétale est concentrée sur le centre du bassin, dans les régions Centre Val de Loire
et Pays de la Loire qui comptabilisent plus de la moitié de la production végétale du bassin en 2016.
Les cultures de céréales et d?oléo-protéagineux y occupent une place majoritaire.
En production animale, les élevages laitiers sont concentrés principalement en Bretagne et dans
les Pays de la Loire (50 % de la production nationale est issue de ces deux régions). La filière «
bovin viande » est localisée dans le centre ouest du bassin. On assiste à la poursuite de la baisse
du cheptel de porcs sur l?ensemble du bassin Loire-Bretagne entre 2010 et 2016, avec une hausse
des effectifs par exploitation, notamment à l?ouest du bassin (augmentation de 13 % en Bretagne
et de 6 % en Pays de la Loire). La Bretagne occupe le 1er rang des treize régions françaises pour
la production porcine avec 5 500 exploitations en 2015, et un cheptel estimé à 7,04 millions de
têtes en 2016. Le constat n?est pas le même pour ce qui est de l?évolution des élevages de volailles
(volailles de chair, poules pondeuses?) où l?on a assisté entre 2010 et 2016 à une augmentation
des effectifs sur une majeure partie du bassin, à l?exception de la région Centre-Val de Loire.
Figure 58 : Production brute animale et végétale du bassin Loire-Bretagne
Source : AELB ? Etat des lieux du bassin Loire-Bretagne
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L?industrie agroalimentaire constitue le premier employeur industriel du bassin Loire-Bretagne avec
150 000 emplois.
L?agriculture est le premier consommateur d?eau du bassin Loire-Bretagne
En période d?étiage, les analyses de la première partie du rapport montrent que l?irrigation occupe
la première place des usages avec plus de 50 % des consommations nettes (différence entre le
volume prélevé et le volume restitué au milieu naturel, principalement dans une grande partie
centrale et sud-ouest du bassin). L?alimentation en eau des élevages constitue également un
prélèvement significatif en région Pays de la Loire et Bretagne essentiellement. Des prélèvements
unitaires importants en eau de surface pour l?irrigation s?exercent le long des grands axes fluviaux
ainsi que dans quelques grandes nappes souterraines, calcaires de Beauce et calcaires du
Jurassique.
Figure 59 : Volumes consommés à l?étiage 2013 par usage et par territoire des commissions territoriales
Source : AELB - Etat des lieux du bassin Loire Bretagne
L?irrigation est limitée sur le bassin Loire-Bretagne mais se développe face au
changement climatique
L?irrigation ne représente que 5 % de la surface agricole utile mais s?est renforcée
ces dernières années
Seulement environ 5 % de la surface agricole utile du bassin Loire-Bretagne est aujourd?hui irriguée
soit environ 505 000 ha. L?évolution est variable suivant les départements du bassin depuis l?année
2000 avec une relative stabilisation entre 2000 et 2010 et une augmentation contrastée depuis.
Historiquement, on constate une forte densité de prélèvements, qui s?étale des Pays de la Loire à
la Beauce, en Champagne Berrichonne, le long des axes Loire ? Allier, et dans le Forez.
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Figure 60 : Densité de prélèvements pour l?irrigation en 2019
Source : AELB
Les zones irriguées se développent logiquement là où se croisent des zones agricoles de grande
culture ou de maraichage avec une situation de faibles pluies efficaces (quantité d?eau de pluie
disponible après évapotranspiration)
Figure 61 : Pluies efficaces moyennes sur le bassin Loire-Bretagne
Source : AELB
Les données de l?agence de l?eau montrent que la majeure partie de la hausse globale des
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prélèvements sur l?axe Pays de la Loire ? Beauce est due à l?irrigation qui continue de se
développer depuis 20 ans. Une augmentation des prélèvements pour l?irrigation est aussi notable
en Auvergne sur l?axe Allier entre Clermont-Ferrand (Limagne) et Moulins d?une part et la plaine du
Forez au Nord-Est de Saint Etienne d?autre part.
Figure 62 : Evolution 1999-2019 des prélèvements pour l?irrigation
Source : AELB
Figure 63 : Evolution 1999-2019 des prélèvements pour l?irrigation par SAGE
PUBLIÉ
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Source : AELB
On constate une hausse de plus de 10 000 m3/an associée aux SAGE nappe de Beauce, Authion,
Sèvre Nantaise, Auzance, Vertonne et cours d?eau côtiers ou encore Logne, Boulogne, Ognon et
lac de Grand Lieu.
Néanmoins, les efforts mis en oeuvre, notamment grâce au Sdage, permettent d?observer depuis
ces 10 dernières années (2009 ? 2019 d?après les données disponibles) que l?évolution des
prélèvements liés à l?irrigation dans la Sarthe et le Maine-et-Loire sont à la baisse. De plus, des
baisses significatives sont mises en avant sur le marais Poitevin et la Champagne Berrichonne.
Figure 64 : Evolution 2009-2019 des prélèvements pour l?irrigation
Source : AELB
Ces tendances sont également observables à l?échelle des Sage, avec notamment une baisse
davantage marquée au droit des SAGE Sarthe aval, Sèvre niortaise et Marais Poitevin, ou encore
Clain.
L?augmentation des prélèvements au droit du SAGE Beauce peut s?expliquer par le manque de
précipitations des dernières années, dû à des sécheresses de plus en plus marquées. En effet,
278 millions de m3 ont été prélevés au droit du SAGE en 2020, ce qui représente le plus fort
prélèvement depuis au moins ces 12 dernières années et l?augmentation synchrone des volumes
autorisés. Cependant, les nappes profondes ne sont pas directement dans le champ de la mission
qui s?intéresse aux écoulements superficiels.
Sur cette dernière période, on note aussi une augmentation des prélèvements pour l?irrigation sur
le territoire du SAGE Allier aval. L?étude HMUC Haut Allier Allier aval confirme198 que, à l?échelle
de sa zone d?étude, « les prélèvements pour l'irrigation représentent des volumes importants. Les
ordres de grandeur sont de 37 Mm3/an en année moyenne et 52 Mm3/an en année sèche
quinquennale. En année exceptionnelle, telle que 2019, les prélèvements peuvent être plus
importants (estimation de la profession agricole pour 2019 : environ 57,2 M. de m3) »
198 CESAME études et conseil en environnement, « Etude gestion quantitative avec une analyse Hydrologie Milieux
Usages Climat et élaboration de programmes d?action pour une gestion durable des ressources en eau sur les
territoires des SAGE du haut Allier et de l?Allier aval. Synthèse du rapport de phase 1 », décembre 2021, p 208
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Figure 65 : Evolution 2009-2019 des prélèvements pour l?irrigation par SAGE
Source : AELB
Globalement, l?état des lieux du SDAGE établi en 2019 ne met cependant pas en évidence
d?évolution significative des consommations d?eau pour l?irrigation sur l?ensemble du bassin depuis
20 ans même si elles fluctuent suivant les étés plus ou moins secs. Ces chiffres sont basés sur les
déclarations des irrigants soumis à redevance auprès de l?agence de l?eau qui n?interviennent que
pour des volumes supérieurs à 10 000 m3/an. Elles ne tiennent donc pas compte des prélèvements
des irrigants non soumis à cette obligation de déclaration.
Cette relative faible évolution de l?irrigation peut aussi s?expliquer par des orientations de politiques
publiques199 : découplage partiel des aides PAC, y compris des aides spécifiques aux cultures
irriguées (le maïs principalement), et la mise en oeuvre de manière plus systématiques de
restrictions d?usages pour contribuer à l?atteinte des objectifs nouveaux de la directive cadre
européenne sur l?eau en matière de gestion qualitative et quantitative de la ressource en eau. De
plus, ce changement de contexte politique se fait dans un environnement économique peu propice
aux cultures irriguées puisque depuis plusieurs années, les évolutions des différentiels de prix entre
maïs et blé sont plus favorables au blé, culture d?hiver qui est peu irriguée en comparaison du maïs.
L?inquiétude du monde agricole face aux sécheresses des dernières années et les
199 S. Loubier, M. Campardon, S. Morardet, L?irrigation diminue-t-elle en France ? premiers enseignements du
recensement agricole de 2010, INRAE « Sciences Eaux & Territoires », 2013/2 N° 11, p. 12-19
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projections climatiques futures
Mais face aux sécheresses estivales à répétitions et aux projections du changement climatique qui
va renforcer les températures et l?évapotranspiration et donc le déficit hydrologique, la profession
agricole est fortement préoccupée par l?accès à l?eau comme l?ont montré notamment les débats
en comité de l?eau lors de l?adoption du SDAGE 2022-2027.
Cette inquiétude n?est pas spécifique au bassin Loire-Bretagne, comme le mentionne le rapport
conjoint du CGEDD et du CGAAER « Changement climatique, eau, agriculture » publié en juillet
2020 200 . Il indique que partout les productions agricoles et agroalimentaires sont fortement
impactées par le changement climatique qui conduit à des épisodes de grêle, des pluies
diluviennes et à des sécheresses déjà perceptibles qui vont s?accentuer dans les années à venir,
dans un contexte de tension plus forte d?accès à la ressource et de partage de l?eau entre les
usagers.
En effet, les rendements chutent suite au stress hydrique prolongé. Ainsi, en 2022, à la différence
des cultures d?hiver récoltées au début de l?été qui ont été assez peu affectées, les cultures de
printemps ont pâti des stress hydriques et thermiques liés à la sécheresse et aux températures
élevées ; leurs rendements sont en forte baisse, notamment pour le maïs non irrigué comme le
montrent les figures suivantes. 201 Les prairies sont aussi affectées, avec des rendements inférieurs
de 30 % par rapport à la moyenne des 5 dernières années, sans compter la perte de production
de lait des vaches soumises à la canicule.
Figure 66 : Estimations au 1/09/2022 de l?évolution des rendements du maïs grain irrigué et non irrigué
Source : Agreste
Un retard dans la prise de conscience des enjeux sur l?eau en amont du bassin
L?organisation mise en place par les agriculteurs pour la gestion de l?eau apparait différenciée
suivant les territoires sur le bassin Loire-Bretagne. En Vendée ou en Beauce, les enjeux ont été
200 Rapport CGAAER 19056-CGEDD 012819-01, « Changement climatique, eau, agriculture : quelles trajectoires
d?ici 2020 ? », juillet 2020, 333 p.
201 Agreste Infos Rapides ? Grandes cultures ? sept. 2022 - n°2022 ? 111
.
PUBLIÉ
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bien identifiés depuis longtemps et une gestion collective est déjà opérationnelle avec des outils
de suivi quantitatif de la ressource. En amont de bassin, la prise de conscience a été plus tardive,
en réaction aux sécheresses récentes notamment de 2019, et il y avait jusqu?à présent peu
d?initiatives collectives et une quasi absence de gestion quantitative. Des initiatives existent
cependant de mobilisation de ressources existantes comme sur le bassin de la Sioule, où une
réquisition a été mise en place par l?Etat en 2019 à la demande de la Chambre d?agriculture de
l?Allier, qui en a supporté le coût, pour bénéficier de 300 000 m3 d?eau pour l?irrigation par
déstockage du barrage des Fades. À partir de 2020, une convention de soutien d?étiage, plafonnée
à 4,8 Mm3, au bénéfice de l?agriculture a été établie entre EDF et la Chambre d?agriculture.
L?indemnisation du concessionnaire est effectuée selon la méthode du coût de partage des
charges.
Dans le Puy-de-Dôme, un PTGE et un SAGE sont maintenant lancés qui vont déboucher sur la
définition d?un volume prélevable sur la base d?une étude HMUC. Il faudra mettre en place un
OUGC pour porter les projets collectifs et solliciter des financements européens.
A ce stade, des démarches concertées sont engagées dans les territoires pour
dégager des pistes d?adaptation et d?amélioration de l?accès à la ressource en
eau pour l?agriculture
Face aux évolutions climatiques touchant l?agriculture, le rapport conjoint CGEDD-CGAAER
« Changement climatique, eau et agriculture » conclut que « la réponse au changement climatique
nécessite un changement de modèle agricole, plus économe en eau et protecteur des sols et,
partout où cela est possible, il est favorable au renforcement de la ressource en eau pour l?irrigation,
dans le respect du renouvellement de la ressource et du bon état des milieux. »
C?est dans cette optique que s?est engagée la démarche du Varenne agricole de l?eau et de
l?adaptation au changement climatique, qui a livré ses conclusions début février 2022. La
profession agricole du bassin Loire-Bretagne a participé à ces travaux, notamment les chambres
d?agriculture qui ont réalisé à cette occasion des diagnostics territoriaux en matière d?adaptation202.
Ils permettent d?identifier les points de vulnérabilité des productions territoire par territoire, mais
également les nouvelles opportunités liées aux évolutions climatiques. Ce travail a été mené en
concertation étroite avec les Conseils régionaux, DRAAF, DREAL, Agences de l?eau, organismes
de recherche et instituts techniques. Plus précisément, dans chaque région, des filières de
production emblématiques ont été identifiées qui ont été étudiées dans un territoire bien identifié.
La vulnérabilité au changement climatique de chaque couple « productions / régions agricoles » a
été débattue en région et soumise à une analyse atouts, faiblesses, opportunités, risques (AFOM).
Des leviers d?action d?adaptation (évolutions des systèmes de productions, équipements, outils de
prédiction, génétique et sélection variétale, infrastructures locales...) sont ainsi d?ores-et-déjà
identifiés pour renforcer la pérennité des productions locales. Ce travail à l?échelle fine de la petite
région agricole permet également de montrer des opportunités de développement de nouvelles
productions ou de nouveaux modes de production. Il a permis d?initier des plans d?action
d?adaptation des systèmes agricoles au changement climatique qui s?inscrivent dans les
orientations du Varenne sur l?eau et l?adaptation au changement climatique.
Cependant, face au constat de l?aggravation des déficits hydriques en été, ces travaux débouchent
en général sur l?expression d?un besoin de sécuriser l?accès à l?eau pendant les périodes de
sécheresses par la création de nouvelles retenues, l?irrigation apparaissant comme une
« assurance sécheresse ». La quantification des ces besoins nécessite des études type HMUC et
une concertation préalable (PTGE, SAGE), dans le respect des dispositions du SDAGE, portant
sur l?ensemble des usages à l ?échelle des territoires.
202 Les diagnostics territoriaux réalisés par les chambres d?agriculture dans le cadre de la thématique 2 du
Varenne de l?eau et du changement climatique sont téléchargeables à l?adresse : https://rd-
agri.fr/external_data/varenne/thematique2/VARENNE%20GT2%20-%20Diagnostics%20territoriaux.zip
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Novembre 2022 Les conditions de mobilisation des retenues
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Ces démarches qui prennent plusieurs années ne sont pas finalisées à ce stade. Nous ne
disposons donc pas encore de données chiffrées consensuelles sur les besoins en eau pour
l'agriculture à l?horizon 2050.
A court terme, on peut envisager un accroissement très limité des prélèvements, voire la création
de volumes supplémentaires d?eau dans des retenues de quelques millions de m3 à définir dans le
cadre de démarches concertées territoriales. Le préfet de la région AURA a ainsi lancé un
programme «100 retenues pour la région » d?ici fin 2022 comme une des actions phares de sa
stratégie eau-air-sol. 21 retenues sont identifiées dans ce cadre en Allier, 16 dans le Puy-de-Dôme,
21 dans la Loire et 17 en Haute-Loire.
Mais globalement et à moyen terme, à l?horizon du milieu de siècle, il ne sera pas possible
d?étendre les surfaces irriguées. Il faudra renforcer les pratiques agricoles déjà engagées moins
consommatrices d?eau et des prélèvements dans le cadre d?une gestion collective (OUGC) pouvant
englober des retenues nouvelles créés conformément à la démarche du Varenne de l?eau et de
l?adaptation au changement climatique.
Exemple des besoins exprimés par la coopérative Limagrain sur le territoire de la
Limagne Val d?Allier
A l?occasion d?une rencontre lors d?un déplacement en Auvergne et dans une note transmise
ensuite à la mission (Cf. annexe 12), la coopérative Limagrain203 a fait état d?un besoin de 20 Mm3
supplémentaire pour l?irrigation. Ce volume serait nécessaire afin de maintenir le dynamisme du
territoire de la Limagne, territoire au sols fertiles mais de climat sec, et en particulier de développer
une nouvelle filière de production de légumes de pleins champs. Il est précisé dans cette note que
des projets collectifs de retenues d?eau, sur la plaine de Limagne, dont certains déjà engagés,
pourront pallier l?urgence de la situation, devenant dramatique avec les épisodes de sècheresse.
Il est également mentionné que la coopérative a la volonté de réfléchir de manière concertée avec
les autres acteurs dans une vision multiusage. La note conclut en indiquant que cette réflexion à
l?échelle locale devra être couplée à une vision plus globale sur la construction de grands ouvrages
incluant notre indépendance énergétique aux énergies fossiles et déterminant la pertinence de
créer des barrages hydroélectriques.
Si l?on comprend bien l?importance économique et d?emploi que représente une coopérative aussi
dynamique que Limagrain, et que l?on ne peut qu?encourager la volonté de démarche collective
pour la gestion de l?eau, il reste cependant à fonder la demande de volumes supplémentaires d?eau
pour l?irrigation sur des études quantitatives et prospectives de type HMUC qui restent à produire.
A court terme, il est sans doute possible de créer en Limagne des retenues de substitution à
hauteur de quelques millions de m3, avec des financements de la part de la coopérative et de ses
adhérents, avec l?accompagnement du programme « 100 retenues » du Préfet AURA204.
La création d?une ou plusieurs grandes retenues multiusage telles qu?évoquées par Limagrain
nécessiterait une démarche plus large, l?identification de sites propices et un plan de financement.
Il faudra des études, de la concertation et donc un temps long sans garantie d?aboutissement.
L?exemple de la retenue de la Sep sur la Morge qui ne s?est pas remplie en 2019205 montre qu?il
faut attacher une grande importance aux prévisions hydrologiques, le tout n?étant pas de créer des
ouvrages encore faut-il s?assurer de la possibilité de leur remplissage en années sèches dans le
nouveau contexte climatique.
203 Limagrain est une coopérative agricole et un groupe semencier international détenus par près de 1 500
agriculteurs installés en Limagne Val d?Allier. Présent dans 57 pays et rassemblant plus de 9 000 collaborateurs, le
Groupe réalise un chiffre d?affaires de 1 984 M¤ auxquels s?ajoutent 680 M¤ de chiffre d?affaires des activités
réalisées conjointement avec ses partenaires stratégiques. Pour plus de précisions consulter limagrain.com
204 Trois projets concrets de bassines sont ainsi en cours en plaine de Limagne
205 Ce barrage de 4,7 Million de m3, édifié en 1994, est conçu pour permettre l?irrigation des cultures de la Limagne,
en aval, sur près de deux milles hectares. En fin de printemps 2019, il ne s?est rempli qu?à 30 % et était vidé mi-
août, rendant la situation critique pour les 200 agriculteurs bénéficiaires.
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Novembre 2022 Les conditions de mobilisation des retenues
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En contrepartie de la création de volumes supplémentaires pour l?irrigation, un renforcement de
l?adaptation de la production agricole aux nouvelles conditions climatiques sera inévitable, ici
comme ailleurs. D?une part, pour en faciliter l?acceptabilité par les autres usagers et, d?autre part,
car l?irrigation ne pourra pas être étendue à toutes les surfaces, d?autant plus que la Limagne,
bénéficiant notamment du soutien d?étiage du barrage de Naussac, a déjà atteint un niveau de
l?ordre de 15 % de la surface agricole utile irriguée (contre 5 % en moyenne dans le bassin Loire-
Bretagne).
Les conclusions du Varenne de l?eau et du changement climatique
Ce cas particulier de la Limagne ne peut que s?inscrire dans la démarche générale et les
conclusions, produites début février 2022, du Varenne sur l?eau et de l?adaptation au changement
climatique :
? le besoin de recherche et d?innovation,
? la mobilisation de voies d?adaptation des pratiques agricole aux conditions de sécheresse
? les pistes très encadrées d?amélioration de l?accès à la ressource en eau.
Le cadre et les conclusions du Varenne sur l?eau et du changement climatique sont rappelés ci-
après.
Les Assises de l?Eau ont permis d?engager fin 2018 ? début 2019 une première concertation avec
l?ensemble des acteurs de l?eau sur les conséquences du changement climatique. Voulue par le
Président de la République, la démarche du Varenne sur l?eau et de l?adaptation au changement
climatique a été lancée le 28 mai 2021 par le ministre de l?Agriculture et de l?Alimentation et la
secrétaire d?État chargée de la Biodiversité. 1400 participants issus de 520 organismes (chambres
d?agriculture, ONG, agences de l?eau, instituts techniques et de recherche, ?) ont pris part aux
travaux206 afin de structurer une série de réponses concrètes face au changement climatique, en
tenant compte de l?importance stratégique de la production agricole et alimentaire pour le pays,
renforcée encore par les récentes crises sanitaires et du conflit en Ukraine207.
Les conclusions qui ont été livrées début février 2022 sont structurées autour de 3 thématiques :
1. Se doter d?outils d?anticipation (notamment lancement du projet Explore2) et de
protection assurantielle de l?agriculture,
2. Renforcer la résilience de l?agriculture en agissant notamment sur les sols, les
variétés, les pratiques d?élevage et de cultures, les infrastructures agro-
écologiques et l?efficience de l?irrigation de l?eau,
3. Accéder à une vision partagée et raisonnée de l?accès aux ressources en eau
mobilisables pour l?agriculture à long terme.
En complément des mesures du plan France 2030, deux lignes supplémentaires sont déployées
dès 2022 : 100 millions d?euros pour financer l?acquisition d?équipements et de matériels innovants,
et 100 millions d?euros pour la mise en place d?un appel à projet pour le soutien à l?innovation afin
206 La Confédération Paysanne, la Fédération Nationale d?Agriculture Biologique, France Nature Environnement, le
Réseau Action Climat et UFC-Que Choisir n?ont pas souhaité participer à cette consultation dont elles ne partagent
ni les attendus ni les conclusions.
207 La France reste un grand producteur agroalimentaire à l?échelle européenne et mondiale. Au deuxième rang
au début des années 2000, elle est désormais en 2020 le sixième exportateur mondial après les États-Unis, le
Pays-Bas, l?Allemagne, la Chine et le Brésil. Sur la même période, le déficit global de la balance commerciale de
la France a été multiplié par six tandis que l?excédent agroalimentaire s?est maintenu autour de 8 milliards d?euros
en moyenne.
PUBLIÉ
Novembre 2022 Les conditions de mobilisation des retenues
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d?accélérer la transition des filières agricoles et alimentaires. Sur cette deuxième enveloppe, une
part ira au soutien aux investissements dans les projets collectifs pour l?amélioration ou la création
d?infrastructures hydrauliques en particulier mobilisant les technologies les plus innovantes. Cela
concerne le pilotage intelligent des stockages, l?expérimentation pour récupérer les pluies en hiver,
la réutilisation des eaux usées.
Un délégué interministériel en charge du suivi des actions et travaux engagés dans le cadre du
Varenne a été nommé fin avril 2022208 pour une durée de 3 ans. Placé auprès des ministres en
charge de l?Environnement et de l?Agriculture, il devra s?assurer du déploiement de l?ensemble des
mesures arbitrées en conclusion du Varenne et de coordonner l?action commune des services de
l?État au service d?une politique ambitieuse en termes d?adaptation de l?agriculture au changement
climatique et d?accès aux ressources en eau mobilisables pour l?agriculture sur le long terme.
Les pistes de la mobilisation de la recherche, de l?innovation et du transfert
La connaissance du phénomène du changement climatique en lui-même mobilise la communauté
scientifique internationale, elle fait régulièrement l?objet de synthèse grâce aux travaux du GIEC. Il
est important que les acteurs agricoles disposent des meilleures déclinaisons des modèles
climatiques en France, à différentes échelles du territoire. L?actualisation et la mise à disposition
du public des prospectives hydrologiques d?Explore2070 est par exemple attendue en 2023 avec
le projet Explore2. En termes de connaissance de la ressource en eau existante, il est prévu aussi
dans le cadre du Varenne, d?allouer 13 M¤ à un inventaire exhaustif des retenues existantes.
Les acteurs agricoles peuvent s?appuyer sur les résultats issus de la recherche agronomique face
au changement climatique, développés principalement au sein de l?INRAE, de laboratoires
universitaires et des instituts techniques agricoles. Le transfert des connaissances et innovations
pourra être adapté aux contextes locaux pour les différentes productions agricoles grâce à
l?expertise technique des chambres d?agriculture qui donnent des conseils aux agriculteurs. Les
nouvelles connaissances sont aussi à transmettre par la mobilisation de l?enseignement agricole
(lycées agricoles, écoles d?ingénieurs) tant en formation initiale que continue.
Le Varenne de l?eau et de l?adaptation au changement climatique va aussi dans le sens d?une prise
en compte de ces bases scientifiques nouvelles dans les évolutions de la réglementation (par
exemple pour mieux utiliser l?eau disponible en hiver ou fixer la répartition en période de
sécheresse) et des politiques publiques (par exemple en développant un nouveau système
assurantiel ou des aides ciblées).
Les pistes du renforcement de la résilience de l?agriculture
Face aux étiages de plus en plus sévères et au nécessaire partage de l?eau entre les différents
usages, il convient, dans la logique de la thématique 2 du Varenne, de s?interroger en premier lieu
sur l?adaptation des systèmes agricoles à une disponibilité en eau plus réduite en explorant toutes
les solutions qui vont permettre leur meilleure résilience.
Déjà, l?agriculture est à situer dans le cadre d?une gestion intégrée de la ressource en eau à une
échelle plus large que celle d?une exploitation, afin de pouvoir prendre en compte les interactions
avec l?ensemble des milieux et des autres acteurs concernés, sans oublier de mobiliser les
solutions fondées sur la nature permettant la rétention en eau dans les hydrosystèmes naturels.
Ensuite, plus spécifiquement à l?activité agricole, il s?agit d?envisager un panel de solutions
208 La mission a échangé le 4 juillet 2022 avec le Préfet Frédéric Veau, nommé délégué interministériel en charge
du suivi des actions et travaux engagés dans le cadre du Varenne
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agronomiques mais aussi génétiques et technologiques209.
Solutions agronomiques et de pratiques culturales
L?agroécologie210 qui mise sur le bon fonctionnement de l?écosystème des sols constitue une
réponse de base à l?adaptation de l?agriculture au changement climatique. L'agriculture de
conservation des sols (ACS) 211 , encore peu développée en France, est un ensemble de
techniques culturales destinées à maintenir et améliorer le potentiel agronomique des sols, tout en
conservant une production régulière et performante sur les plans technique et économique. Elle
permet une moindre consommation d?eau et d?intrants212 par :
? la réduction voire la suppression du travail du sol,
? la diversification des espèces végétales et l?allongement des rotations,
? une couverture permanente du sol par les cultures intermédiaires.
Les cultures intermédiaires contribuent à recharger les sols en matière organique213, les rendant
ainsi plus fertiles et aptes à retenir l?eau, tout en limitant les risques d?érosion lors des fortes
précipitations.
Il existe aussi différentes stratégies culturales pour limiter au-moins partiellement les effets des
sécheresses : l?esquive en privilégiant la culture pendant les périodes humides (notamment les
cultures d?hiver ou les variétés précoces), l?évitement en privilégiant des plantes dont le système
racinaire est plus développé (typiquement luzerne ou sorgho) ou la tolérance en intégrant dans la
rotation des plantes plus résistantes à la sécheresse (tournesol ou sorgho).
La diversification (intra et interspécifique) des cultures est un facteur de réduction de vulnérabilité
face aux bio agresseurs. Elle permet aussi que les cultures ne soient pas impactées
simultanément et au même degré lorsque survient un aléa climatique comme une sécheresse. Par
ailleurs, semer dans les prairies un mélange associant des légumineuses qui fixent l?azote de l?air
(luzerne ou trèfle) à des graminées permet de réduire l?apport d?engrais azoté dans les rotations.
L?agroforesterie qui se rapproche des solutions fondées sur la nature, en associant arbres, cultures
ou animaux sur une même parcelle agricole, en bordure ou en plein champ214 , permet une
meilleure utilisation des ressources naturelles du milieu : la lumière, l?eau et les engrais sont
prélevés plus efficacement grâce à un étagement des cultures, des systèmes racinaires de
profondeurs variées, une occupation du sol permanente. La création d?un microclimat sur la
parcelle protège également les cultures et les animaux des stress thermiques et hydriques.
209 Cf. rapport CGAAER 21045, Parangonnage sur les techniques et pratiques innovantes de gestion de l?eau en
agriculture, mars 2022, 190 p.
210 D ?après https://dicoagroecologie.fr/encyclopedie/agroecologie/ , l?agroécologie vise à promouvoir des systèmes
alimentaires viables respectueux des hommes et de leur environnement. Ces systèmes engagent des modes de
productions agricoles et des filières valorisant les potentialités écologiques, économiques et sociales d?un territoire.
Leur développement s?appuie sur des approches transdisciplinaires réunissant professionnels du Monde agricole,
211 http://www.fao.org/ag/Ca/fr/index.html
212 L?ACS se différencie de l?agriculture biologique en ne renonçant pas totalement aux intrants (pesticides
notamment le glyphosate pour le contrôle des adventices, engrais). Elle requiert cependant moins de travail du sol
et donc moins d?énergie fossile que l?agriculture biologique. Le rapport CGAAER-CGEDD « Changement climatique,
eau, agriculture : quelles trajectoires d?ici 2020 ? », de juillet 2020, souligne qu?une convergence entre ACS et
agriculture biologique offrirait le plus grand intérêt (p. 234)
213 Source : Stocker du carbone dans les sols français. Quel potentiel au regard de l'objectif 4 pour 1 000 et à quel
coût ?, INRAE, juillet 2019. Étude réalisée pour l'ADEME et le ministère en charge de l'agriculture
214 Ces pratiques comprennent les systèmes agro-sylvicoles mais aussi sylvopastoraux, les pré-vergers (animaux
pâturant sous des vergers de fruitiers).
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L?agrivoltaïsme est également un système étagé qui associe une production d'électricité
photovoltaïque et une production agricole au-dessous de cette même surface. La coexistence de
panneaux solaires et de cultures implique un partage de la lumière entre ces deux types de
production, l'ombre apportée par les panneaux pouvant favoriser des cultures ou productions
animales. Ces pratiques sont encore peu répandues en France.215
Dans le cas des animaux d?élevage, les impacts associés au changement climatique varient selon
les espèces, les races ou les systèmes d?élevage. Ils sont pour l?essentiel liés à la hausse des
températures dont les conséquences sont multiples : augmentation de la consommation d?eau,
baisse des performances de production et de reproduction, baisse de la qualité des aliments,
altération de l?état de santé, baisse de la longévité et accélération des réformes. La sécheresse
agit également sur la disponibilité et la qualité des fourrages. Une partie des réponses va dépendre
de facteurs génétiques des animaux.
En cas de sécheresse tarissant les points d?eau naturels ou du fait d?une qualité bactériologique /
chimique de l?eau insuffisante, l?abreuvement du bétail est réalisé en tout ou partie avec de l?eau
du réseau public d?eau potable. Cela induit une tension avec l?approvisionnement en eau potable
des populations humaines 216 et un coût supplémentaire pour l?éleveur. De surcroit,
l?acheminement de l?eau potable à partir du réseau vers les prés au moyen de citernes tractées
peut représenter une lourde charge de travail pour les éleveurs, acceptable à titre exceptionnel
mais non soutenable si la situation devait se généraliser chaque été.
Solutions génétiques et de sélection variétale
Le changement climatique va se traduire par une recomposition des zones agro-climatiques de
telle sorte que, sur un territoire donné, certaines cultures deviendront difficiles voire impossibles à
cultiver alors que d?autres le deviendront. Dans cette logique, on peut utiliser des variétés issues
de régions plus arides pour les grandes cultures ou les cépages de vigne par exemple.
Il en va de même pour les productions animales pour la résistance au stress thermique ou au
parasitisme, dans la mesure où il est possible d?exploiter les données collectées dans les
conditions climatiques qui préfigurent celles qui devraient exister en France métropolitaine dans
les prochaines décennies. Cela donne des leviers d?anticipation d?évolution des populations
bovines laitières (Holstein, Montbéliarde, Brune) et allaitantes (Charolais et Limousin). La sélection
animale permet par ailleurs de doter toutes les filières des outils les plus performants pour adapter
la génétique des animaux à leurs conditions de production.
Depuis 1950, la génétique et la sélection variétale des grandes cultures sont essentiellement
orientées vers l?augmentation des rendements maximaux et non spécifiquement vers la résistance
à la sécheresse. On pourrait donc a priori espérer des progrès de la sélection génétique et variétale
pour résister mieux à l?avenir aux sécheresses. Mais c?est un processus lent et coûteux qui, en
dépit des progrès réalisés, nécessite de l?ordre de 10 ans pour développer une nouvelle variété
végétale.
La physiologie des plantes constitue cependant en elle-même une limite, dans la mesure où la
diminution de la transpiration des feuilles en agissant sur la fermeture des stomates (pour
augmenter la résistance au stress hydrique) revient à réduire la photosynthèse et donc la
croissance et la production de biomasse (et donc le rendement). Il n?est pas évident qu?au final des
variétés sélectionnées pour leurs gènes de résistance aux sécheresses soient un meilleur choix
pour l'agriculteur face aux variétés existantes sélectionnées pour leurs forts rendements potentiels.
215 Ademe, I Care & Consult, Ceresco, Cétiac, 2021. Caractériser les projets photovoltaïques sur terrains agricoles
et l'agrivoltaïsme, Résumé exécutif de l?étude, 28 p ? disponible sur le site de l?Ademe
216 En moyenne, une Unité Gros Bétail (UGB) consomme 70 l/jour mais quand la température dépasse 25°C une
vache laitière boira de l?ordre de 140 l/Jour soit une consommation équivalente à celle d?un habitant (tous usages
confondus).
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Certes, le rendement de ces dernières chute en situation de sécheresse mais reste néanmoins à
des niveaux satisfaisants. Cela résulte du fait que les sélectionneurs ont testé les variétés à fort
rendement dans différentes conditions y compris les plus défavorables en stress hydrique. Les
entreprises de sélection végétale ont ainsi d?ores-et-déjà à leur catalogue des variétés bien
adaptées au stress hydrique comme par exemple LG Hydraneo217 pour le maïs développé par
Limagrain sur la base de travaux réalisés en commun avec l?INRAE218. A cet égard, le maïs pourra
rester une culture d?intérêt même si elle fait souvent l?objet de critiques notamment pour ses
besoins en eau219 , s?agissant d?une culture de printemps qui nécessite des apports en eau
importants en juillet au moment de la floraison, en pleine période d?étiage.
Certains agriculteurs se tournent vers le sorgho, notamment en Touraine voire en Beauce220 .
Destiné à l?alimentation animale avec aussi des perspectives de valorisation en agroalimentaire, il
représente moins de 5 % des grandes cultures en France mais se développe avec le réchauffement
climatique. S?il accuse des rendements moindres en année normale, en comparaison du maïs, il
dispose d?un enracinement plus profond et d?une structure foliaire limitant la perte d?eau. Cela lui
permet, en année sèche, de mieux résister au stress hydrique sans irrigation (tout en étant
cependant sensible aux températures extrêmes lors de la floraison en juillet). Ses performances
pourraient certainement encore être améliorées par la sélection variétale qui a été moins
développée par les semenciers que pour le maïs. Il ne s?agit toutefois pas d?une plante « miracle »
qui pourrait se substituer systématiquement au maïs sans précautions, mais plutôt d?une alternative
parmi d?autres à envisager pour l?adaptation des productions au changement climatique.
Solutions technologiques pour la gestion de l?eau et l?irrigation
Des progrès très importants ont été réalisés ces dernières décennies pour permettre une
agriculture de précision par l'utilisation de la géolocalisation, de la télédétection, des capteurs, de
la communication, de l'automatisation et de l'intelligence artificielle. Ils peuvent contribuer de façon
significative à une évolution des systèmes vers l?agroécologie. Pour la gestion de l?eau et en
particulier de l?irrigation, ces nouvelles technologies connectées permettent d'apporter, avec l?aide
d?outils d?aide à la décision, la bonne dose au bon moment en fonction des besoins de la plante,
de l'historique des apports et même des prévisions localisées de pluviométrie. D?une façon
générale, on estime que les capteurs et outils d?aide à la décision (OAD) permettent un gain de 15
à 40 % sur l?eau effectivement transpirée par la culture par rapport à l?eau entrant dans la parcelle221.
Des économies d?eau sont possibles en adoptant un système d?irrigation potentiellement plus
efficient, en passant par exemple de l?irrigation par aspersion à l?irrigation localisée (goutte à goutte).
217 Voir https://www.limagrain-europe.com/fr/hydraneo
218 R. Chapuis & al., 2012, Resiliences to water deficit in a phenotyping platform and in the field: How related are
they in maize? Europ. J. Agronomy 42 (2012) 59?67
219 L?extension de la culture de maïs est souvent critiquée aussi par l?uniformisation des paysages et la perte de
biodiversité qu?elle induit.
220 Le Parisien, 2022, « Le sorgho africain s?enracine », 02/08/2022, 2 pp.
221 C. Serra Wittling, B. Molle, B. Cheviron. « Modernization of irrigation systems in France: what potential water
savings at plot level ? ». Sciences Eaux & Territoires, INRAE, 2020
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Tableau 5 : Evaluation des économies d?eau par modernisation des systèmes d?irrigation
Paradoxalement, en optant pour du matériel d?arrosage localisé type goutte à goutte (plutôt réservé
aux cultures pérennes comme l?arboriculture), il n?y a de gain important par rapport au matériel
d?irrigation par aspersion qu?en période de déficit hydrique modéré. En période très sèche, lorsque
la réserve utile du sol est vidée, l?eau arrivant au sol est utilisée de même manière quel que soit le
système d?irrigation222 . Cependant, l?irrigation localisée n?est pas soumise à l?évaporation des
gouttelettes d?eau des asperseurs dans l?atmosphère, sans bénéfice pour la plante, ce qui peut
représenter 15 % de pertes les journées très chaudes223. Il faut ainsi éviter d?irriguer entre 11h-15h
en plein soleil avec ce type de matériel.
Envisager l?irrigation déficitaire ou de résilience en visant un optimum économique
et non une production maximale
Une piste importante d?économie d?eau en irrigation consiste à ne délivrer que des quantités
limitées d?eau à la plante, sans viser le rendement théorique maximum mais plutôt une stabilité de
production dans un contexte d?aléas climatique. L?irrigation déficitaire ou de résilience consiste à
n'irriguer une culture que lors des étapes de croissance sensibles à la sécheresse, par exemple
juste avant la floraison du maïs mais sans apports ensuite. En raisonnant sur un besoin en eau de
la plante de 6 mm/ jours pendant 15 jours en juillet et une réserve utile du sol de 50 mm disponible
fin juin, on arrive à un apport par irrigation limité à 50 mm (à comparer aux 200 mm qui sont l?ordre
de grandeur des apports traditionnels par irrigation réalisés pour le maïs). Le prix de l?eau constitue
un facteur important de prise de décision dans ce rationnement volontaire des apports.
Cette approche vise à donner du poids à la régularité des revenus et à revenir vers davantage
d?efficience et de sobriété en se basant sur une étude de rentabilité de l?exploitation agricole. Des
contrats de transition avec les OUGC en place pourraient permettre de promouvoir ce type de
pratique. De même une modulation de la tarification de l?eau avec une incitation économique aux
faibles consommations d?eau par hectare peut être un outil d?incitation à la promotion de l?irrigation
de résilience
Cependant, les économies d'eau à l'échelle de la parcelle n'impliquent pas nécessairement des
économies d'eau à long terme à l'échelle du territoire 224 . En effet, l'adoption d'équipements
d'irrigation plus efficaces peut conduire à une augmentation des prélèvements d'eau en raison de
changements dans le choix des cultures et des schémas de rotation des cultures, ou à l'extension
des surfaces irriguées. Pour parvenir à réduire les prélèvements d'eau, l'amélioration de l'efficacité
de l'irrigation ne doit pas dispenser du contrôle de la quantité d'eau que les agriculteurs sont
autorisés à prélever. Ces garanties peuvent être apportées par la mise en place d?une gestion
collective de l?eau agricole.
222 C. Serra Wittling, B. Molle, B. Cheviron. « Modernization of irrigation systems in France: what potential water
savings at plot level ? ». Sciences Eaux & Territoires, INRAE, 2020
223 P. Ruelle, JC. Mailhol, B. Iltier, Évaluation des pertes par évaporation lors des irrigations par aspersion en
condition de fort déficit hydrique, Ingénieries N°38, 06/2004, p. 13-20
224 GRAFTON, R.Q., WILLIAMS, J., PERRY, C.J., MOLLE, F., UDALL, B., GARRICK, D., RINGLER, C., WHEELER,
S.A., ALLEN, R.G., WANG, Y., STEDUTO, P., 2018, The paradox of irrigation efficiency. Higher efficiency rarely
reduces water consumption, Science, vol.361, p.748-750.
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Les pistes très encadrées d?accès de l?agriculture à la ressource en eau
La thématique 3 du Varenne prend acte que la réponse au changement climatique nécessite un
changement de modèle agricole, plus économe en eau et protecteur des sols, mais également
que, partout où cela est possible, il est envisageable de rendre la ressource en eau plus disponible
pour l?irrigation, dans le respect du bon état des milieux, en privilégiant, notamment par des
financements incitatifs et un accompagnement adapté, les retenues de substitution, les démarches
de gestion collective de l?eau ou en développant les techniques innovantes de réutilisation des
eaux usées traitées ou de recharge de nappes.
Les retenues de substitution
Il s?agit d?ouvrages artificiels permettant de substituer des volumes prélevés en période de basses
eaux à des volumes prélevés en période de hautes eaux. « Les retenues de substitution permettent
de stocker l?eau par des prélèvements anticipés ne mettant pas en péril les équilibres
hydrologiques, elles viennent en remplacement de prélèvements existants »225. Les prélèvements
peuvent être réalisés soit dans les eaux de surface, soit dans les eaux souterraines. Ces retenues
sont obligatoirement étanches et déconnectées du milieu naturel (cours d?eau, nappe, eaux de
ruissellement/fossé/drainage) en dehors de la période de remplissage prévue. Ces retenues de
substitution peuvent être de deux types : les retenues collinaires et les « bassines ».
Le développement éventuel des retenues collinaires est lié au potentiel topographique du sol, à
l?étanchéité naturelle du sol, à la taille du bassin versant qui doit être suffisante, et au montant des
investissements conditionnant la rentabilité? de l?ouvrage.
Quant aux « bassines », ce sont des ouvrages de stockage d?eau, creusés, terrassés et dont le
fond est étanchéifié à l?aide d?une géo-membrane. Elles sont remplies par pompage actif l?hiver
dans les rivières ou la nappe phréatique.226
Les réserves de substitution présentent un certain nombre d?avantages : pour l?environnement,
celui de diminuer la pression sur le milieu naturel en été, en évitant l?aggravation des étiages
naturels des cours d?eau ou les baisses piézométriques de la nappe ; pour les irrigants, celui de
sécuriser l?apport d?eau, l?eau des retenues de substitution déconnectées des cours d?eau et
nappes n?étant pas soumise aux mesures de limitation temporaire des usages de l?eau (arrêtés
sécheresse).
Ces retenues ne sont cependant pas exemptes d?inconvénients comme la perte de quantités d?eau
par évaporation, une détérioration de la qualité de l?eau par eutrophisation et un coût
d?investissement élevé. Elles font l?objet de vifs mouvements de contestations de la part
d?associations de protection de la nature notamment dans le département des Deux-Sèvres, avec
une forte médiatisation et des recours en justice pour empêcher leur réalisation227.
L?instruction du gouvernement du 7 mai 2019 limite les financements aux ouvrages de substitution
pour l?irrigation agricole inscrits dans un Projet de Territoire pour la Gestion de l?Eau (PTGE)
approuvé par le préfet coordonnateur de bassin ou le préfet référent. Dans le cadre du SDAGE,
l?agence de l?eau Loire-Bretagne accompagne les études et travaux de création de retenues de
substitution à un taux maximum de 70 % uniquement dans les territoires en déficit quantitatif ayant
défini des volumes prélevables, qui, par définition, sont plus faibles que les volumes prélevés
225 Instruction du Gouvernement du 7 mai 2019 relative au projet de territoire pour la gestion de l?eau et reprise du
guide juridique de la construction de retenues de 2011.
226 Pour pouvoir être considéré comme une retenue de substitution, un ouvrage qui intercepterait des écoulements
doit impérativement être équipé? d?un dispositif de contournement garantissant qu?au-delà? de son volume et en
dehors de la période autorisée pour le prélèvement, toutes les eaux arrivant en amont de l?ouvrage ou à la prise
d?eau sont transmises à l?aval, sans retard et sans altération.
227 Cf. Le Monde Mag, 2 avril 2022- Dans les Deux Sèvres, les méga-bassines font déborder le vase.
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autorisés. Seules sont aidées, par l?AELB, les retenues collectives avec gestion des prélèvements
par un OUGC.
A titre d?exemple, lors d?un déplacement en Auvergne et dans une note transmise ensuite à la
mission (Cf. annexe 12), la coopérative Limagrain 228 a fait état d?un besoin de 20 Mm3
supplémentaires pour l?irrigation sur la plaine de la Limagne, au-delà des effets attendus du
développement de variétés plus tolérantes au stress hydrique ainsi que de pratiques permettant
d?augmenter la rétention d?eau dans les sols. Ce volume serait nécessaire afin de maintenir le
dynamisme du territoire de la Limagne, territoire aux sols fertiles mais de climat sec, et en particulier
de développer une nouvelle filière de production de légumes de pleins champs. Il est précisé dans
cette note que des projets collectifs de retenues d?eau, sur la plaine de Limagne, dont certains déjà
engagés, pourront pallier l?urgence de la situation, face aux épisodes de sècheresse. Il est
également mentionné que la coopérative a la volonté de réfléchir de manière concertée avec les
autres acteurs dans une vision multiusage. La note conclut en indiquant que cette réflexion à
l?échelle locale devra être couplée à une vision plus globale sur la construction de grands ouvrages
incluant notre indépendance énergétique aux énergies fossiles et déterminant la pertinence de
créer des barrages hydroélectriques.
La réutilisation des eaux usées traitées
La réutilisation des eaux usées traitées (REUT) apparait comme une ressource insuffisamment
exploitée mais soumise, du fait des risques sanitaires, à des contraintes techniques,
règlementaires et socio-économiques 229 . L?arrêté du 2/08/2010 fixe des règles pour le suivi
qualitatif hebdomadaire, la traçabilité des volumes utilisés et des contraintes supplémentaires pour
l?irrigation. Le nouveau règlement européen du 25/02/2020 applicable à partir du 20/06/2023 va
renforcer ce niveau d?exigence sur les niveaux de qualité de l?eau. Il impose l?établissement d?un
plan de gestion des risques précisant l?organisation, les barrières suivant les usages? Dans le
cadre des conclusions du Varenne, il est prévu un article législatif dans le code de la santé publique
sur la REUT en industrie agroalimentaire. Alors qu?aujourd?hui on ne peut utiliser que des eaux
issues du milieu, il deviendrait possible d?utiliser les eaux usées pour certains usages en
agroalimentaire mais les eaux usées ne doivent en aucun cas entrer en contact avec les produits
alimentaires.
Dans le bassin Loire-Bretagne, on peut signaler le cas de l?association syndicale autorisée, l?ASA,
de Limagne Noire, qui recycle une partie des eaux usées de la ville de Clermont-Ferrand depuis
1998 pour l?irrigation de 750 ha répartis sur 50 exploitations.
La recharge artificielle des nappes et les réservoirs enterrés
La recharge artificielle de nappes (RAN) consiste à infiltrer ou à injecter, directement ou
indirectement dans une nappe des eaux de surface de provenances variées en utilisant la nappe
comme un réservoir de stockage. D?un point de vue réglementaire, la RAN relève de la directive
européenne sur les eaux souterraines230 . En France, elle est soumise à autorisation (rubrique
2.3.2.0. « Rejet » de la nomenclature) avec réalisation d?une étude d?impact. La réutilisation des
eaux usées traitées pour la RAN n?est actuellement pas autorisée en France, sauf arrêté préfectoral
spécifique.
228 Limagrain est une coopérative agricole et un groupe semencier international détenus par près de 1 500
agriculteurs installés en Limagne Val d?Allier. Présent dans 57 pays et rassemblant plus de 9 000 collaborateurs, le
Groupe réalise un chiffre d?affaires de 1 984 M¤ auxquels s?ajoutent 680 M¤ de chiffre d?affaires des activités
réalisées conjointement avec ses partenaires stratégiques. Pour plus de précisions consulter limagrain.com
229 Terre-net, « Irrigation : quel avenir pour la réutilisation des eaux usées ? », Nicolas Mahey, 15/09/2020, Terre-
net Média
230 Directive 2006/118/CE du parlement européen et du conseil du 12 décembre 2006 sur la protection des eaux
souterraines contre la pollution et la détérioration
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Une étude du BRGM231 compte 87 sites de recharge artificielle en France, dont une cinquantaine
sont actifs ou l?ont été par le passé. La plupart ont un objectif quantitatif d?alimentation en eau pour
un usage d?eau potable. Cette étude indique que la recharge artificielle de nappe présente un
certain nombre d?avantages par rapport à un stockage en surface, comme la limitation des pertes
d?eau par évaporation, le maintien de la disponibilité des terrains au-dessus de la zone de stockage
pour des usages urbains ou ruraux, les capacités d?épuration des eaux par le sol et le sous-sol...
La mission conjointe CGAAER-CGEDD « Changement climatique, eau, agriculture » de juillet 2020
conclut que d?une façon générale, la RAN peut constituer un procédé intéressant pour une gestion
active des eaux souterraines et leur contribution au « panier de solutions » à promouvoir pour faire
face aux effets du changement climatique. Ce sont donc des solutions qui peuvent s?envisager en
alternative de bassines, sans doute d?acceptabilité sociale plus facile.
Signalons aussi une innovation sous forme de réservoirs d?eau enterrés plein de sables
(REEPS)232, système permettant de stocker de l?eau dans une bassine enterrée, étanchéifiées par
une géo-membrane, remplie de sable et recouverte en surface d?une couche de terre. Le principe
est le même que pour une bassine de substitution mais l?eau est stockée dans les interstices du
sable, comme dans une nappe souterraine. L?avantage est l?absence d?évaporation en été, la
préservation de la qualité et de la température de l?eau et, sans doute, une meilleure acceptabilité
et pérennité même si le coût est supérieur.
La généralisation de la gestion quantitative de l?eau avec une gouvernance
adaptée
Les conclusions de la thématique 3 du Varenne renforcent le rôle des projets de territoire pour la
gestion de l?eau (PTGE) qui avaient été instaurés par les Assises de l?Eau comme cadre de
concertation locale entre les différents usages de l?eau avant toute création de nouvelle retenue.
Elles prévoient un renforcement du rôle du préfet coordonnateur dans le pilotage de ces
démarches, notamment pour maitriser les dérives de calendrier et avec une possibilité d?arbitrage
de sa part en cas de blocage.
L?instruction complémentaire correspondante destinée aux préfets coordonnateurs est en chantier
mais ne devrait pas aboutir avant fin 2022. Le décret n° 2021-795 du 23 juin 2021 relatif à la gestion
quantitative de la ressource en eau et à la gestion des situations de crise liées à la sécheresse a
été complété suite au Varenne par le décret 2022-1078 du 29 juillet 2022 relatif à la gestion
quantitative de la ressource en dehors de la période de basses eaux. Les préfets coordonnateurs
de bassin pourront déterminer ainsi un volume prélevable non seulement en étiage233, mais aussi
en hautes eaux, compte tenu des statistiques hydrologiques, permettant de déterminer les débits
nécessaires au fonctionnement du cours d?eau tout au long de la période de hautes eaux, le cas
échéant complétées par les résultats d?études relatives aux effets prévisibles du changement
climatique. Ce volume prélevable hivernal serait utilisable pour capter l'eau excédentaire pour la
stocker au moins jusqu?à l'été suivant. Un travail méthodologique, attendu d?ici fin 2022, a été confié
à l?INRAE et à l?OFB, pour évaluer ces volumes prélevables en hiver.
Le Varenne mentionne également une meilleure mobilisation des retenues existantes de toute
nature qu?il s?agisse des grands ouvrages hydrauliques existants : réservoirs hydroélectriques (la
présente mission s?inscrit en application de cette disposition dans le cas du bassin Loire-Bretagne),
ouvrages en gestion de VNF ou autres retenues existantes peu ou non utilisées. La mesure 12 des
231 Caballero et al., 2018, « Faisabilité de la recharge artificielle dans le bassin Rhône-Méditerranée-Corse :
contexte et analyse cartographique » rapport final BRGM-RP 67534-FR, 162 p.
232 Le Monde, 23/04/2022, « En Ardèche, une ?nappe phréatique artificielle ? contre les coupures d?eau. Il s?agit d?un
système conçu et breveté par un ingénieur français installé à Madagascar, Thierry Labrosse, lauréat du concours
Lépine en 2011 pour son invention.
233 A cette période d?étiage où les tensions sont maximales, le décret de 2021 confie au préfet le soin d?encadrer la
détermination du volume prélevable
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conclusions du Varenne prévoit ainsi d?ici fin 2022 :
le lancement d?un inventaire exhaustif des retenues d?eau en France (supérieures à 0,1
hectare) et un suivi des volumes stockés par méthodes satellitaires en lien avec le Centre
National d?Études Spatiales (CNES) pour une mise à disposition avant la fin 2022 (200 K¤
pour l?inventaire et 1M¤ via la mobilisation du PIA) ;
le lancement d?un appel à manifestation d'intérêts pour la sélection d?une dizaine de
territoires pilotes pour explorer les voies de remobilisation des volumes stockés non
utilisés.
Des interlocuteurs de la mission ont mentionné leurs préoccupations quant à l?existence de
nombreux étangs ou plans d?eau privés mal entretenus, voire quasiment abandonnés, en Haute-
Vienne et en Creuse. Si ces petites retenues peu ou non utilisées peuvent constituer une piste de
mobilisation quantitative éventuelle de ressources en eau, elles posent souvent un problème de
qualité de la ressource. En effet, ces eaux dormantes atteignent des températures élevées en été
et donnent lieu au développement de cyanobactéries, avec un fort impact sur les cours d?eaux
avec lesquels ces étangs sont en général directement connectés. L?inventaire des retenues d?eau
permettra de les identifier et d?engager des opérations de sensibilisation des propriétaires pouvant
conduire à une gestion renouvelée après mise aux normes ou à leur effacement.
Sur un territoire de la taille d?un SAGE ou d?un PTGE, l?idée générale est qu?il est possible d?avoir
une approche multiusage partagée entre tous les acteurs, de mettre en place une organisation
rigoureuse assurant une connaissance globale et parfaite des débits des cours d?eau et niveaux
des nappes ainsi que de tous les prélèvements sur la base d?études HMUC, gages d?une gestion
confiante, réactive et concertée. Dans ces conditions, les acteurs devraient accepter a priori plus
facilement le fait qu?il ne peut pas y avoir d?assurance totale de voir leurs besoins individuels
satisfaits, car les efforts de tous sont connus et considérés comme équitablement répartis234.
La mission recommande d?étendre à l?ensemble du bassin l?utilisation des outils de gestion
quantitative de l?eau
Cependant, les PTGE resteront de nature contractuelle et ne vaudront pas autorisation de création
de nouvelles retenues. Les conclusions du Varenne pourront être intégrés aux SDAGE à l?initiative
des comités de bassin. Comme le SDAGE Loire-Bretagne vient d?être révisé en mars 2022, cette
éventualité ne sera possible que par une nouvelle révision et n?est donc pas à l?ordre du jour dans
l?immédiat.235
234 On peut citer cependant comme contre-exemple que deux bassines ont été vandalisées fin juillet 2022 en
Vendée par un collectif anonyme d?opposants alors qu?elles avaient fait l?objet de démarches concertées et étaient
parfaitement autorisées.
235 La FNSEA et la coopération agricole ont déposé un recours gracieux contre le nouveau SDAGE Loire ? Bretagne
qui « restreint leur usage de l?eau ». Ce recours ayant été rejeté par la préfète coordonnatrice de bassin, ces
organisations envisagent de saisir le tribunal administratif.
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Annexe 12 Contribution de la coopérative
Limagrain
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Si la première pile nucléaire a divergé en France à Fontenay aux Roses en décembre 1948, le
premier réacteur nucléaire produisant de l?électricité a été installé sur les bords de la Loire, à
Chinon en 1963. Il a fonctionné pendant dix ans avec une puissance de 70 MWe et a donné
naissance ensuite à la filière graphite gaz (UNGG) et aux réacteurs de Chinon, de Saint-Laurent
et de Bugey. Aujourd?hui, douze réacteurs nucléaires, d?une filière différente dite à eau pressurisée,
sont présents sur la Loire : depuis l?amont vers l?aval, les deux réacteurs de Belleville de 1 300
MWe, les quatre réacteurs de Dampierre de 900 MWe, les deux réacteurs de Saint-Laurent de 900
MWe et enfin, les quatre réacteurs de 900 MWe de Chinon. Si on ajoute les deux réacteurs de
Civaux de 1 450 MWe, le bassin Loire Bretagne accueille ainsi, en nombre, le quart du parc
nucléaire français (56 réacteurs).
Ces réacteurs ont une double interaction avec le fleuve : ils prélèvent et consomment de l?eau afin
d?évacuer une partie de la chaleur produite par le réacteur et ils vont également rejeter, après
dilution, des effluents radioactifs dans le fleuve.
Ces opérations, en particulier les rejets d?effluents radioactifs, ne peuvent cependant être réalisées
que si le débit dans la Loire est suffisant : jusqu?à ce jour, y compris durant l?été 2022, aucune perte
environnementale de production sur le bassin Loire Bretagne, justifiée par une limite règlementaire
en échauffement ou en débit, n?a été constatée236.
Figure 67 : Les centrales nucléaires et les principales retenues du bassin de la Loire
236 Pour l?ensemble de ce paragraphe, voir le volet Prélèvements d?eau et rejets de l?édition 2020 du guide très
complet publié par EDF sur les « Centrales Nucléaires et leur environnement »
https://www.edf.fr/sites/default/files/contrib/groupe-edf/producteur-industriel/nucleaire/ENVIRONNEMENT/guide_2020_-
_centrales_nucleaires_et_environnement.pdf
PUBLIÉ
https://www.edf.fr/sites/default/files/contrib/groupe-edf/producteur-industriel/nucleaire/ENVIRONNEMENT/guide_2020_-_centrales_nucleaires_et_environnement.pdf
https://www.edf.fr/sites/default/files/contrib/groupe-edf/producteur-industriel/nucleaire/ENVIRONNEMENT/guide_2020_-_centrales_nucleaires_et_environnement.pdf
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Source : EDF
1°) Les prélèvements et la consommation d?eau des centrales nucléaires
Une centrale nucléaire de production d?électricité produit de l?électricité mais aussi de la chaleur
qui doit également être évacuée237. Si un réacteur de 900 MWe, présent en bord de mer, a besoin,
à cette fin, d?un débit d?environ 40 m3/s pour évacuer la chaleur en circuit ouvert dans la mer, les
centrales du bassin Loire Bretagne évacuent, au contraire, cette chaleur dans l?atmosphère : ils
bénéficient pour cela d?aéroréfrigérants qui permettent d?évacuer l?essentiel de la chaleur dans
l?atmosphère sous forme de vapeur d?eau (non radioactive). Le débit d?eau prélevée n?est plus alors
que d?environ 2 m3/s par réacteur : 30 à 40 % de ce débit est évaporé dans l?atmosphère environ
0,67 m3/s pour un 900 MWe et 0,75 m3/s pour un 1 300 MWe) ; le reste, 60 à 70 %, retourne à la
rivière.
Figure 68 : Schéma d?un centre de production nucléaire avec un circuit fermé238
Source : EDF
On estime, dans ce cas, que la chaleur apportée au fleuve représente environ 2 à 4 % de la chaleur
produite par le réacteur. De fait, l?augmentation de température entre l?amont et l?aval d?un centre
de production nucléaire est strictement encadré comme le montre le tableau de consignes ci-
dessous : elle doit être inférieure à 1°C pour un site nucléaire de la vallée de la Loire (voire 1,5 °C
si le débit est important et si la température de l?eau est inférieure à 15 °C). En pratique,
l?échauffement est limité à quelques dixièmes de degrés en aval du rejet après mélange.
237 Il existe donc un circuit spe cifique permettant de refroidir la vapeur d?eau du circuit secondaire qui entraî ne la
turbine et arrive ensuite dans le condenseur
238 https://www.edf.fr/sites/default/files/contrib/groupe-edf/producteur-
industriel/nucleaire/ENVIRONNEMENT/guide_2020_-_centrales_nucleaires_et_environnement.pdf
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Les deux réacteurs nucléaires de Civaux bénéficient d?un aéroréfrigérant supplémentaire sur le
circuit de restitution de l?eau qui permet de refroidir les eaux rejetées : dès lors que la température
de la Vienne dépasse les 25 °C, l?augmentation de température liée à la centrale de Civaux doit
être quasi-nulle.
Tableau 6 : Centrales nucléaires ? prélèvements et augmentation de la température de l?eau rejetée
Centrale Augmentation de la température Prélèvements
Belleville
(Loire)
Si D < 100m3/s et Taval < 15°C : ?T < 1,5°C
Sinon : ?T ? 1°C
Prélèvement ? 10,5m3/s
Restriction possible à 2,5m3/s
si le débit à Gien est inférieur
à 43m3/s.
Chinon
(Loire)
Si D < 100m3/s et Taval < 15°C : ?T < 1,5°C
Sinon : ?T ? 1°C
Prélèvement ? 8,6m3/s
Dampierre
(Loire)
Si D < 100m3/s et Taval < 15°C : ?T < 1,5°C
Sinon : ?T ? 1°C
Prélèvement ? 12,3 m3/s
Restriction possible à 3m3/s si
le débit à Gien est inférieur à
43m3/s.
St Laurent
(Loire)
Si D < 100m3/s et Taval < 15°C : ?T < 1,5°C
Sinon : ?T ? 1°C
Prélèvement ? 7m3/s
Restriction possible à 1,5m3/s
si le débit à Blois est inférieur
à 46m3/
Civaux
(Vienne)
Si Tamont < 25°C : ?T ? 2°C et Taval ? 25°C
En cas d?étiage hivernal sévère (du 01/11
au 30/04) : si Tamont < 25°C : 2<?T ? 3°C
et Taval ? 25°C
Sinon : ?T = 0°
Prélèvement ? 6m3/s
Evaporation ? 1,7m3/s
Daval ? 10m3/s
légende D : débit Daval : débit à l?aval de la centrale
Tamont : température de l?eau à l?amont de la centrale
Taval : température de l?eau à l?aval de la centrale
?T : augmentation de la température de l?eau autorisée
Les prélèvements nécessaires au refroidissement réalisés par les 12 réacteurs nucléaires sur la
Loire constituent le premier facteur d?usage de l?eau par leur quantité : en moyenne annuelle de
2011 à 2021, les 12 réacteurs nucléaires présents sur la Loire ont prélevé 643 Mm3/an. Mais,
l?essentiel de ces prélèvements, en moyenne 74 %, est restitué au fleuve 239 si bien que le
prélèvement net annuel moyen, dû essentiellement à l?évaporation de l?eau à l?intérieur des
aéroréfrigérants, sur cette période a été de 168 Mm3.
Cette consommation est plus faible sur la seule période d?étiage prise ici de juillet à octobre,
période privilégiée par l?exploitant pour les actions d?entretien et de maintenance : elle s?est en effet
239 Sur l?ensemble de l?année 2019, 74 % de l?eau ainsi prélevée sur les centrales de bord de Loire a été restitué
au fleuve.
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élevée à 50 Mm3 d'eau en 2019 (26 % de la consommation annuelle d?eau de refroidissement) et
40 Mm3 en 2020 millions (20 % de la consommation annuelle d?eau de refroidissement). Pour la
Vienne, les deux centrales nucléaires de Civaux ont consommé 15 Mm3 en 2019 (42 % de sa
consommation annuelle d?eau de refroidissement) et 9,8 Mm3 en 2020 (32 % de sa consommation
annuelle d?eau de refroidissement).
Conformément aux préconisations du SDAGE Loire-Bretagne et afin d?économiser l?eau en période
critique, c'est à dire lorsque la Loire atteint le débit de crise de 43 m3/s au point nodal de Gien, le
préfet coordonnateur peut, toute mesure de soutien d'étiage ayant été épuisée, demander à ce
que le prélèvement moyen journalier réalisé soit limité au minimum requis pour le maintien de la
sûreté des installations, soit 3 m3/s au maximum sur Dampierre et 2,5 m3/s pour Belleville240. Ce
seuil est de 46 m3/s à Blois pour Saint-Laurent et de 54 m3/s à Langeais pour Chinon.
2°) Les rejets radioactifs sont strictement encadrés par l?autorité de sûreté
nucléaire
Une centrale nucléaire de production d?électricité rejette également des effluents radioactifs241 en
quantité limitée dans la rivière dans le cadre des autorisations qui lui sont accordées par l?autorité
de sûreté nucléaire242. Les effluents radioactifs liquides représentent un volume d'environ 11 000
m3 par an et par réacteur (auxquels on pourrait ajouter également les exhaures (non radioactifs)
de la salle des machines : environ 55 000 m3).
Ces opérations ne peuvent se faire que si la concentration en produits radioactifs dans la rivière
reste inférieure aux seuils fixés et que si le débit est suffisant pour assurer une dilution suffisante.
De plus, lorsque le débit à Gien devient trop faible (inférieure à 100 m3/s), une coordination des
rejets entre les différentes centrales est assurée de façon à éviter que les rejets ne se superposent
et amènent à des concentrations excessives. Enfin, en?dessous d?un certain seuil propre à chaque
centre nucléaire de production d?électricité, les rejets sont interdits, comme le montre le tableau ci-
dessous : 30 m3/s à Dampierre et Belleville, 46 m3/s pour Saint-Laurent et 54 m3/s pour Chinon.
Tableau 7 : Centrales nucléaires ? rejet des effluents radioactifs en fonction des débits
Débits Contraintes sur les rejets
Débit Loire à Gien atteint 100 m3/s Mise en oeuvre de la de la pré- coordination des
rejets pilotée par le CNPE de Saint-Laurent
Débit Loire à Gien atteint 60 m3/s Coordination des rejets pilotée par le CNPE de
Saint-Laurent avec déclaration à l'ASN
240 https://www.asn.fr/l-asn-reglemente/bulletin-officiel-de-l-asn/installations-nucleaires/decisions-
individuelles/decision-n-2011-dc-0211-de-l-asn-du-3-mars-2011
241 Si la quantite de tritium rejete e de pend uniquement de la quantite d?e lectricite produite, celle des autres effluents va
de pendre de la modulation de la production des re acteurs. Une augmentation des transitoires de production conduira
donc a une augmentation de la production des effluents. Voir sur ce point
https://www.edf.fr/sites/default/files/contrib/groupe-edf/producteur-
industriel/nucleaire/ENVIRONNEMENT/guide_2020_-_centrales_nucleaires_et_environnement.pdf
242 Le De cret d?Autorisation de Cre ation d?un Centre de production nucle aire d?e lectricite , CNPE, couvre les aspects
su rete et protection du public et de l?environnement. Ce de cret est comple te par deux de cisions de l'Autorite de su rete
nucle aire, l?une fixant les limites de rejets d?effluents, l?autre les modalite s de rejets. Apre s instruction et validation par
le Colle ge ASN, la de cision limites est homologue es par un arre te du ministre en charge de la su rete nucle aire et publie es
au Journal Officiel pour mise en application. Ces de cisions pre voient les rejets des effluents chimiques et radiochimiques
ainsi que les rejets thermiques. Elles pre voient notamment la poursuite des rejets radioactifs en situations d'e tiage (voir
tableau pre ce dent). Dans le cas particulier de la Loire, il est mis en place une coordination des rejets liquides en pe riode
d?e tiage. A cela s?ajoute les re gles ge ne rales d?exploitation re dige es par l?exploitant et valide es par l?ASN. Par ailleurs,
une centrale dispose d?autorisations de livre es par l?ASN ou le pre fet pour les installations relevant des re glementations.
PUBLIÉ
https://www.asn.fr/l-asn-reglemente/bulletin-officiel-de-l-asn/installations-nucleaires/decisions-individuelles/decision-n-2011-dc-0211-de-l-asn-du-3-mars-2011
https://www.asn.fr/l-asn-reglemente/bulletin-officiel-de-l-asn/installations-nucleaires/decisions-individuelles/decision-n-2011-dc-0211-de-l-asn-du-3-mars-2011
https://www.edf.fr/sites/default/files/contrib/groupe-edf/producteur-industriel/nucleaire/ENVIRONNEMENT/guide_2020_-_centrales_nucleaires_et_environnement.pdf
https://www.edf.fr/sites/default/files/contrib/groupe-edf/producteur-industriel/nucleaire/ENVIRONNEMENT/guide_2020_-_centrales_nucleaires_et_environnement.pdf
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Débit Loire < 54 m3/s à l'amont du CNPE de
Chinon (Décision ASN modalités n°2015-DC-
0528 du 20/10/2015)
Arrêt des rejets
Débit Loire < 46 m3/s à l'amont du CNPE de
Saint-Laurent (Décision ASN modalités
n°2015-DC-0499 du 19/02/2015)
Arrêt des rejets
Débit Loire < 30 m3/s à l'amont du CNPE de
Dampierre (Décision ASN modalités n°2011-
DC-0211 du 3/03/2011) et à l'amont du CNPE
de Belleville (Décision ASN modalités
n°2014-DC-0413 du 16/01/2014)
Arrêt des rejets
Pour un débit à Gien inférieur à 60 m3/s, les sites Val de Loire mettent en place une coordination
des rejets. Le retour d?expérience accumulé depuis plus de 30 ans sur les quatre sites nucléaires
montre que ce débit est sans impact sur le fonctionnement des réacteurs.
Lors de l?étiage 2020 et 2022, au cours duquel l?Objectif de Soutien d?Etiage (OSE) à Gien a
progressivement été abaissé jusqu?à 45 m3/s, le site de Chinon a observé à plusieurs reprises un
débit inférieur à 54 m3/s, empêchant les rejets d?effluents radioactifs, sans impact toutefois, sur le
fonctionnement global du CNPE. La durée cumulée pendant laquelle les rejets n?ont pu être
réalisés était de l?ordre de 9 jours.
Notons enfin que le développement des énergies renouvelables conduira progressivement à des
besoins de flexibilités accrus des différents moyens contribuant au mix énergétique (production,
consommation, stockage). Après l?hydraulique, les centrales nucléaires, principaux moyens de
production pilotable, contribuent déjà notablement et pourraient contribuer encore plus à cette
flexibilité. Le nombre de variations de puissance que des réacteurs du parc nucléaire français
seraient amenés à réaliser en une année devrait augmenter (de 15 baisses en moyenne par an et
par réacteur à une fourchette allant de 50 à 120 suivant les scénarios d?évolution de la demande
et du parc nucléaire à horizon 2040). Pour autant, la flexibilité du parc nucléaire français n?est pas
récente, et la comparaison des effluents émis par des réacteurs très manoeuvrés dans le passé
avec ceux émis par des réacteurs exploités en continu et à pleine charge montre que le volume
d?eau rejetée y est plus élevé d?environ 20 %, ce qui conduit à un besoin de disposer de plus de
périodes dans l?année où les rejets sont possibles. L?augmentation des périodes où les rejets des
CNPE de la Loire sont contraints par la coordination des rejets en Loire, aurait donc un impact sur
les capacités de manoeuvrabilité, sauf si des capacités temporaires de stockage étaient rendues
disponibles comme ce fut le cas en 2022.
PUBLIÉ
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Annexe 14 Les économies d?eau possibles sur les
canaux de VNF243
Sur le Bassin de la Loire, les canaux de VNF n?assurent plus aujourd?hui de transport de
marchandises, mais permettent des activités de plaisance (péniches-hôtels, bateaux de location,
bateaux promenades et plaisance privée) pour des retombées économiques244 d?environ 20 M¤
par an : sur les canaux du Briare et nord du canal Latéral, l?activité « péniches hôtels » en génère
3 M¤ à elle seule. Ils servent aussi d?approvisionnement en eau pour l?agriculture245 ).
Figure 69 : Canaux VNF sur le bassin de la Loire
Source : VNF
Ce réseau, géré par la Direction Territoriale Centre Bourgogne (DTCB) de VNF, est constitué
243 Cette annexe provient d?une note transmise à la mission par VNF
244 Les retombées économiques sur un territoire correspondent aux ressources résultants de l'activité et perçues
par les acteurs économiques du territoire (restaurants, sites touristiques, ?). Elles prennent en compte les sources
de retombées (opérateurs, clientèle et personnel à bord) ainsi que les bénéficiaires (entreprises, individus et
collectivités). Les données chiffrées sont issues d?une étude nationale sur les retombées économiques par filière
du tourisme fluvial territorialisées ensuite par itinéraire en fonction des trafics présents. Voir notamment :
https://www.vnf.fr/vnf/rntf-2020-vnf-devoile-sa-nouvelle-etude-sur-les-retombees-economiques-du-tourisme-
fluvial/
245 Plusieurs associations d?irrigants ont attaqué en justice l?arrêté Préfectoral d?autorisation des Lorrains de Juillet
2019, en cela qu?il oblige à ne pas dépasser un volume de prélèvement de 34 millions de m3 d?Avril à Octobre
(recours perdu).
PUBLIÉ
https://www.vnf.fr/vnf/rntf-2020-vnf-devoile-sa-nouvelle-etude-sur-les-retombees-economiques-du-tourisme-fluvial/
https://www.vnf.fr/vnf/rntf-2020-vnf-devoile-sa-nouvelle-etude-sur-les-retombees-economiques-du-tourisme-fluvial/
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d?amont en aval :
du canal de Roanne à Digoin (CRD), qui s?étend sur 56 km et comporte 10 écluses ;
de la partie ouest de canal du Centre (CC), à cheval sur les bassins de Rhône et de la
Loire, sur 65km ;
du canal latéral à Loire (CLL) qui s?étend dans sa partie sud entre Digoin et Nevers sur 106
km (20 écluses) et au nord de Nevers à Briare sur 90 km (17 écluses), et 17 km d?annexes
hydrauliques (dont embranchements) ;
de la partie sud canal du Nivernais (CN), à cheval entre les bassins Seine et Loire (35
écluses), 67km, dont une partie est gérée par le Conseil départemental de la Nièvre sur
51km (dans le cadre d?une concession) et par VNF sur une longueur de 16km ;
de la partie sud du canal de Briare, à cheval sur les bassins de la Seine et de la Loire, sur
16km ; (26 écluses).
Ces différents canaux ont prélevé, pour les années 2018 à 2021, un volume total annuel moyen246
d?environ 144 Mm3 (dont environ 120 Mm3 sur .la période de mai à novembre). Sur ce volume,
80 Mm3 (dont un peu plus de 30 Mm3 de juin à octobre) ont été prélevés à Roanne pour alimenter
le canal de Roanne à Digoin puis la branche Sud du canal latéral à la Loire, et un peu plus de
50 Mm3 prélevés dans l?Allier à Cuffy, via la rigole des Lorrains pour alimenter la branche nord du
canal latéral à la Loire (dont 20 Mm3 de juin à octobre en 2019 et 2020 (30,4 en 2018)).
En cas d?été particulièrement sec, la navigation peut être interdite ou réduite. Ce fut notamment le
cas en 2019 et 2022.
Cinq pistes sont possibles pour diminuer la consommation d?eau :
1°) réduire les fuites sur certains biefs de canaux :
Les pertes en eau d?un canal sont de 3 types :
par « infiltration » de façon diffuse le long de l?itinéraire et qui tendent à augmenter si des
travaux de défenses de berges ne sont pas réalisés de façon régulière (gestion
patrimoniale)
localisées, bien identifiées et suivies
par évaporation (pertes sèches).
Les pertes par infiltration sont liées à la nature des terrains traversés ainsi qu?à leur mode de
réalisation (18-19ème siècles). La mise au gabarit dit « Freycinet » des canaux à compter des
années 1890 a été réalisée par réhaussement des berges et élargissements : la majorité des fuites
constatées actuellement sont liées aux parties supérieures du canal, par une insuffisance
d?étanchéité entre les parties inférieures et supérieures des berges. Par ailleurs, le vieillissement
de l?infrastructure aggrave la perte d?étanchéité au niveau des berges et du plafond.
Ces pertes par infiltration le long des biefs sont estimées à près de 11 Mm3 par an pour les canaux
de Roanne à Digoin et latéral à la Loire. Cette estimation résulte de l?extrapolation de mesures de
246 Les données présentées ci-dessus résultent des mesures de prélèvements effectuées sur les sites concernés
(Roanne, Lorrains, Briare). Il est important d?indiquer que les mesures figurant dans la banques de données
publique des prélèvements sont différentes et plus élevées (259 M de m3) Ceci s?explique par le fait qu?à ce jour le
paiement de la redevance prélèvement auprès des agences s?effectue sur certains sites par l?application d?un forfait
(1,54 million de m3 au Km de canal) et sur la base du réel mesuré sur les sites de Roanne, des Lorrains et de Briare.
Pour l?exemple ce calcul au forfait conduit à une déclaration de 98 millions de m3 pour le prélèvement effectué sur
la rivière Arroux à Gueugnon qui permet d?alimenter la branche « Loire » du canal du Centre alors même que le
prélèvement réel estimé représente environ 20 millions de m3. La DTCB est engagé dans une démarche visant à
supprimer cette application du forfait pour une déclaration a réel de l?ensemble des prélèvements.
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pertes effectuées durant la basse saison. Pour le canal du Centre et du Briare il n?existe pas de
mesures à ce jour. Une étude récente réalisée par BRL ingénierie sur le canal du Centre estimait
les pertes par infiltration à 25 % de la consommation totale.
Des travaux d?environ 10 M¤ seraient nécessaires pour traiter les secteurs les plus sensibles sur
les 80 km de la partie nord du canal latéral à la Loire où sont constatées des pertes diffuses. Pour
le canal de Roanne à Digoin, ces travaux nécessitent un investissement de 500 k¤ par an sur 10
ans. Ces travaux portent également sur les ponts canaux, dont le coût de régénération est estimé
à 1,5 M¤.
Sur le canal de Briare enfin, les fuites intéressant le versant Loire touchent principalement le bief
de partage pour lequel des travaux sont estimés à environ 1 M¤. Enfin, Les pertes sur le canal du
Centre sont principalement diffuses sur les biefs en remblai et ouvrages de gestion hydraulique.
Le montant des travaux peut être estimés 2 M¤.
Les pertes localisées le canal de Roanne à Digoin, déterminant pour l?alimentation en eau de la
partie sud du canal Latéral à Loire, présente des biefs très fuyards, notamment le bief d?Artaix
d?une longueur d?environ 20 km (environ 0,8m3/s soit environ 17 Mm3/an). Une étude a été confiée
à ISL Ingénierie pour déterminer un programme d?actions visant à améliorer le rendement
hydraulique du canal de Roanne à Digoin. Le coût de régénération de ce bief est aujourd?hui estimé
à 6 M¤. Sur le canal latéral à la Loire, le bief du Guétin présente des pertes importantes (pertes
de près de 200 l/s, soit 12 Mm3/an) dans un environnement karstique complexe. Les travaux de
traitement du cuvelage y sont estimés à 5,5 M¤ Sur les autres biefs du canal de Roanne à Digoin,
un programme de régénération de 500 k¤ par an sur 10 ans est envisagé. Il porte également sur
les ponts canaux, dont le coût de régénération est estimé à 1,5 M¤.
Tableau 8 : Canaux VNF ? estimation des fuites et du coût des travaux nécessaires
Itinéraire Fuites
linéaire
Fuites
importantes
Cout travaux
linéaire (en M¤)
Cout travaux fuites
importantes (M¤)
Roanne à Digoin 11 M de m3 17 M de m3 6,5 6
Latéral à la Loire 12 M de m3 10 5 ,5
Briare A estimer 1
Centre A estimer 2
Source : VNF
Signalons, toutefois que les volumes générés par les fuites représentent des pertes pour les
barrages à l?amont qui doivent les compenser, mais ne sont pas totalement perdus pour les milieux.
Une étude plus précise de type « bilan environnemental hydrologique » serait nécessaire pour
valider un apport potentiel des nappes d?accompagnement par les fuites des infrastructures des
canaux (exemple de la synergie entre le canal de Bourgogne et la vallée de l?Ouche, où les fuites
du canal ont un rôle potentiel dans la limitation de la tension hydrique du bassin versant).
Les pertes par évaporation sont estimées dans la littérature à 2 % de la consommation totale
(donnée reprise dans l?étude BRL sur le canal du Centre de 2019).
2°) Retrouver les capacités de rétention des barrages d?alimentation :
L?alimentation du canal du Briare est composée de plusieurs barrages-réservoirs dont les plus
importants sont le Bourdon (situé sur le bassin Seine mais qui alimente le bief de partage, donc en
partie le versant Loire) et Grand Rue sur le bassin Loire (bassin de la Trézée). Le volume théorique
total du système est de 17 millions de m3.
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Au cours des dernières années, l?impossibilité d?exploiter le barrage de Grand Rue, dont la cote de
retenue normale a été abaissée pour des raisons de sécurité a eu pour conséquence la sur-
sollicitation de l?usine élévatoire et du barrage du Bourdon. Dans le cas le plus défavorable, le
prélèvement sur la Loire à Briare a pu atteindre un maximum de 8,9 Mm3/an. Les simulations
réalisées dans le cadre des études de mise en conformité des ouvrages montrent qu?un
remplissage optimal des ouvrages de Grand Rue et Bourdon permettrait quasiment de ne plus
avoir recours à l?usage de l?usine élévatoire (réduction de la consommation d?une part, et
amélioration du soutien d?étiage de la Trézée, donc de la Loire d?autre part).
Les travaux de remise en état de la retenue de Grand Rue sont aujourd?hui estimés à 8 M¤ et ceux
du barrage du Bourdon (sur le versant Seine mais important pour l?alimentation du Briare) à 13, 5
M¤. S?y ajoutent des travaux sur les rigoles d?alimentation de Saint Privé et des pompes pour 5 M¤.
L?ensemble de ces travaux permettrait de réduire le prélèvement en Loire à Briare à 300 000 m3
par an à comparer aux 4 Mm3 en moyenne actuelle. Cette reconstitution des capacités de stockage
permettrait d?utiliser principalement l?usine élévatoire au printemps et de n?utiliser à partir de
juin/juillet que les barrages réservoirs évitant de pomper dans la Loire à Briare.
3°) La réduction des consommations agricoles :
En 2020, des interdictions de prélèvement agricoles ont été décidées au cours de la période
estivale afin de maintenir autant que possible la navigation. Mais réduire les prélèvements agricoles
effectués à partir des installations fluviales semble aujourd?hui d?autant plus difficile que les
événements de stress hydriques et donc les tensions avec la profession agricole se multiplient. Un
travail conjoint avec les services de l?Etat, les usagers est ainsi nécessaire.
4°) La modernisation de la gestion hydraulique :
En l?état actuel, l?alimentation en eau est effectuée par des interventions manuelles opérées par
les agents de VNF depuis chaque ouvrage de prise d?eau. Cette gestion manuelle, difficile et
pénible pour les agents qui en ont la charge, conduit à maintenir un niveau d?eau supérieur au
niveau légal pour les biefs (notamment les plus fuyards) afin d?éviter les problèmes d?abaissement
du mouillage aux conséquences fâcheuses pour la navigation. Le projet de modernisation engagé
par VNF et pour les 10 prochaines années devrait permettre d?instrumenter le réseau et
d?automatiser ou de télégérer l?ensemble des ouvrages au profit d?une consommation optimale de
la ressource en eau.
Le canal du Loing a été modernisé en 2015. Dans ce cadre, les niveaux d?eau des biefs sont
ajustés de façon automatiques, le fonctionnement des ouvrages hydrauliques étant asservis au
respect des cotes d?exploitation. Le bilan des consommations ante et post modernisation fait
apparaitre sur ce canal des gains de consommation de 15 à 20 %.
5°) L?abaissement des cotes d?exploitation :
L?abaissement devrait permettre de réduire les pertes en biefs, en partie haute des digues compte
tenu de leur état structurel. Cet abaissement peut être envisagé :
Soit par un abaissement du plafond des biefs en conservant le mouillage actuel. Ceci
nécessite la réalisation d?opérations de dragage permettant de récupérer des capacités de
stockage réduite au fil des années par les différents phénomènes d?apports sédimentaires.
Dans ce cas, les modalités d?exploitation de la navigation sont conservées, mais impliquent
un investissement conséquent en coût de dragage (enjeu des filières de destination des
sédiments en externe), estimé à environ 1M¤/an247 ;
247 Pour un linéaire cumulé d'environ 50km, hors de zones de dragages récurrents (croisement canal/rivière)
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Novembre 2022 Les conditions de mobilisation des retenues
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Soit par un abaissement des biefs par réduction du mouillage qui engendre une
dégradation des conditions de navigation et donc de l?offre de service, avec comme
conséquence des enjeux socio-économiques connexes (ex : impossibilité de maintenir le
trafic péniches-hôtels avec une cale identique).
Selon les premiers essais réalisés sur des biefs du canal latéral à la Loire, les gains en
consommation pourraient représenter 15 % (chiffre qui sera à confirmer par de prochains essais),
ce qui est effectivement important et pourrait conduire à diminuer les prélèvements de l?ordre de
20 millions de m3 (pour une profondeur d?eau à 1,60m sur le périmètre des canaux concernés par
le bassin versant Loire contre une hauteur de 2,20 m actuellement).
L?application de cette mesure nécessite des aménagements d?ouvrages dont les impacts financiers
restent à chiffrer : réduction du débit des vannes d?alimentation, restructurations des ouvrages pour
assurer les sorties d?eau liées aux débits réservés ou l?abaissement des seuils fixes (déversoirs)
sur le réseau.
Elle présente des impacts dont le rétrécissement de la largeur de la voie d?eau limitant le
croisement et le stationnement des usagers dans les biefs, une potentielle augmentation de la
température de l?eau augmentant la prolifération des plantes aquatiques et néfaste pour la faune
aquatique
Au total, les économies globales en volume d?eau seraient environ de 60 Mm3 (70 % du volume)
pour un montant approximatif 110M¤.
Tableau 9 : Canaux VNF ? récapitulatif du coût des travaux et des économies d?eau associées
Source : VNF
volume (Mm3) Coûts (M¤) observations
Réduction des fuites 40 31 Montants CRD et CLL
Capacités de rétention 7 27 barrages réservoirs et système alimentaire
Modernisation Gestion hydraulique 20 42 modernisation GH ouvrages et système alimentaire
Abaissement côte d'exploitation 20 10 (hors montant adaptation organes GH)
Total 87 110
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Annexe 15 L?alimentation en eau potable sur le
bassin Loire-Bretagne
L?AEP est un usage prioritaire aux consommations globalement stabilisées dans
le bassin
Évolution des consommations en eau potable
L?alimentation en eau potable représente près de 22 % des prélèvements bruts du bassin en 2013,
soit 959 Millions de m3 par an. Malgré l?augmentation de 7 % de la population entre 2007 et 2013,
l?état des lieux 2019 du SDAGE indique une légère baisse des prélèvements. Cela peut s?expliquer
par les économies d?eau réalisées par les consommateurs, notamment du fait de l?augmentation
constante du prix de l?eau sur la même période248.
Si l?on tient compte du fait que 80 % de l?eau urbaine prélevée est rejetée dans le milieu, la
consommation nette n?est alors que de 192 Millions de m3 (soit 10 % des volumes annuels
consommés) dont 48 Millions de m3 pendant les mois d?étiage (soit 6 % des volumes de cette
période). Les volumes consommés en étiage pour l?AEP ne sont majoritaires qu?en Bretagne. Dans
les grandes régions céréalières, la part de l?alimentation en eau potable est très faible voire peu
significative en étiage.
Volumes consommés à l?étiage en 2013 par usages et territoires
Source : Etat des lieux SDAGE, 2019
Comme le montre la figure suivante, les grandes agglomérations du bassin génèrent les plus fortes
densités de prélèvements liées à l?eau potable, notamment le long des grands axes fluviaux.
248 Le prix moyen de l?eau pour un foyer du bassin consommant 120 m3/an s?élève à 4,21 ¤/m3 en 2015, ce qui
représente une augmentation de 2,2 % par an depuis 2010 (source : État des lieux du SDAGE 2019)
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Figure 70 : AEP ? densité de prélèvements par bassin versant de masse d?eau en 2019
Source AELB
Évolution passée et à venir de la population et des consommations
La population de Loire-Bretagne a augmenté globalement de 7 % entre 2006 et 2015. Cette
évolution conditionne a priori celle de la consommation d?eau potable, cependant sans
proportionnalité stricte du fait des économies d?eau qui peuvent être réalisées par les ménages et
les industries consommatrices. Au final, les prélèvements liés à l?eau potable sont en légère baisse
à l?échelle du bassin sur cette période.
Le bassin est en effet caractérisé par la juxtaposition de zones très peuplées et en croissance avec
des zones moins peuplées et en décroissance. On assiste depuis plusieurs années à un
déplacement de la population principalement vers l?ouest du bassin : sur la période 2006-2015, les
taux de croissance démographiques y sont supérieurs à la moyenne du bassin. Ainsi, la
commission territoriale Loire aval et côtiers vendéens est marquée par une croissance
démographique de plus de 15 % sur cette même période contre 7 % en moyenne. À l?opposé, le
centre et l?est du bassin sont globalement marqués par une diminution de la population.
Les projections démographiques de l?INSEE à l?horizon 2050 font état d?une augmentation de la
population dans tous les départements du bassin, particulièrement en Pays de la Loire, Bretagne
et Auvergne-Rhône-Alpes (0,5 % par an)249.
249 INSEE, 2017, « D?ici 2050, la population augmenterait dans toute les régions de métropole », INSEE Première
n°1652- juin 2017, 4 p.
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Figure 71 : Croissance annuelle moyenne de la population entre 2013 et 2050
Source : INSEE
Malgré ces perspectives d?évolution démographique, on peut estimer que les tendances observées
ces dernières années vont globalement se maintenir d?ici 2050, à savoir une relative baisse des
consommations individuelles d?eau potable compensant l?augmentation de la population.
Néanmoins la Bretagne, une partie du marais Poitevin, la Beauce, et l?amont du bassin le long des
axes Loire et Allier, ont des tendances à la hausse des consommations. La population de Nantes
Métropole a augmenté de 1,4 % par an depuis 2013 et les projections font état d?une progression
de 100 000 habitants d?ici 2030 ce qui va entrainer inévitablement une augmentation significative
des consommations dans ce cas précis.
Organisation de l?alimentation en eau potable dans le bassin
Le bassin Loire-Bretagne compte 2 100 services d?eau potable et 4 500 services d?assainissement
collectif, desservant une population d?environ 13 millions d?habitants. La distribution de l?eau
potable et la récupération des eaux usées se fait par des réseaux enterrés représentant près de
366 000 km de canalisations.
On compte près de 6000 points de captage, 95 % étant alimentés par de l?eau souterraine et 5 %
par de l?eau superficielle. Les prises d?eau superficielle assurent cependant 44 % des débits
notamment pour les grandes agglomérations250.
Les prises d?eau superficielle se situent majoritairement dans l?ouest du bassin Loire-Bretagne, là
où les ressources en eau souterraine sont plus limitées et où la population est la plus dense. En
Bretagne, l?alimentation en eau potable est assurée à 25 % seulement par les eaux souterraines,
les 75 % restants étant issus des eaux superficielles (cours d?eau et retenues). Les parties centrale
et amont du bassin sont par contre majoritairement desservies par de l?eau souterraine. Les
250 Saint-Etienne, Roanne, Limoges et l?essentiel des agglomérations en Bretagne sont alimentés par des retenues.
Nantes, Bourges, Montluçon, Vierzon sont alimentés par des prélèvements dans les cours d?eau ou en nappe
d?accompagnement.
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ressources de faible débit sont multiples à l?amont du bassin. Au contraire, les forages au débit
plus conséquent sont observés sur la partie centrale du bassin, en raison des différences de
contexte géologique.
Des abandons de captages liés à la qualité de l?eau
Entre 2000 et 2013, près de 970 captages AEP ont été abandonnés, soit une moyenne de 2
captages par an et par département251 . Ces captages représentent 6 % du volume total de la
production en eau potable du bassin. Les problèmes de qualité sont la première cause d?abandon
mais seuls 22 % des captages le sont pour pollution diffuse (nitrates, pesticides). L?arsenic,
d?origine naturelle, qui présente un véritable risque sanitaire pour les populations, est responsable
de 8 % des abandons, notamment en Auvergne.
Figure 72 : AEP ? répartition des causes d?abandon des 970 captages entre 2000 et 2013
Source : ARS de bassin Centre-Val de Loire
Des difficultés d?approvisionnement sont rencontrées en étiage
A l?étiage, certaines zones sont de plus en plus en tension, notamment les communes touristiques
dont la population augmente fortement en été. En effet, en période estivale, les augmentations de
population sont particulièrement importantes sur certaines villes touristiques du littoral, induisant
des journées de pics de consommation d?eau potable sensiblement dans les mêmes proportions.
A titre d?exemple extrême, en hiver, Damgan en Sud Morbihan affiche une population de 1.700
habitants. Au plus haut de l'été, elle peut atteindre 25 à 30.000 habitants avec seize campings et
près de 3000 résidences secondaires.
Quoique ces situations soient anticipées et bien gérées par les services des eaux (retenues
collectives, interconnexions des réseaux), on atteint les limites de soutenabilité en année sèche
comme en 2022. En Bretagne, de manière générale, de grandes retenues multiusage ont été
réalisées au siècle dernier, avec priorité pour l?alimentation en eau potable (barrages de Guerlédan,
de Saint-Michel, de la Rance). Conjuguée à une bonne interconnexion des réseaux, la situation y
est ainsi globalement maitrisée à l?heure actuelle. Cependant, les évolutions démographiques et
l?impact du changement climatique conduisent à prévoir des tensions d?ici 2030 à l?exception du
251 ARS-Agence de l?eau Loire-Bretagne, 2013- Plaquette « Captages d?alimentation en eau potable dans le bassin
Loire-Bretagne », 19 p.
Administratif
9%
Quantité
15%
Economique
23%
Technique
12%
nitrates-
pesticides
22%
arsenic
8%
autres
paramètres
11%
Qualité
41%
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Finistère252. En Côte d?Armor, on constate une augmentation des consommations de 10 % par an
ces dernières années, le besoin supplémentaire d?ici 2030 est estimé à 6,5 Mm3 en Ille-et-Vilaine
et à 4,2 Mm3 dans le Morbihan.
Figure 73 : AEP ? évolution 1999-2019 des prélèvements à l?étiage par bassin versant de masse d?eau
Source : AELB
Tensions entre alimentation en eau potable des populations et abreuvement du
bétail
Dans certaines zones d?élevage, une tension apparaît entre approvisionnement pour les besoins
des populations et abreuvement du bétail qui est en partie réalisé par prélèvements sur le réseau
d?eau potable, surtout en été253 . L?état des lieux 2019 du SDAGE Loire-Bretagne pose pour
l?ensemble du bassin, un ratio de 60 % de prélèvements sur le milieu et 40 % sur le réseau public.
Il s?agit cependant d?un ratio annuel, il est probable qu?en période estivale la sollicitation du réseau
pour l?abreuvement soit encore plus importante.
Des coupures d?approvisionnement certaines années
Les difficultés d?approvisionnement en été peuvent conduire à des coupures d?eau sur le réseau
public. Ainsi à l?étiage 2020, 1,5 % des habitants des axes Loire et Allier ont connu des interruptions
de desserte en eau potable sans solutions rapides de substitutions. Au cours de l'été 2019, des
agglomérations du bassin avaient déjà été soumises à des restrictions. Il a fallu recourir à des
captages abandonnés pour des questions de qualité ce qui a entrainé une dégradation de la qualité
de l?eau brute arrivant dans les usines de traitement. Les interconnexions n?apportent une solution
que si la commune de secours n?est pas confrontée à la même difficulté. Certaines communes
rurales ont dû être approvisionnées par camions citernes. Au final, il n?y a pas eu de coupures du
service de l?eau mais la fragilité de l?alimentation en eau potable a été mise en évidence
252 Cf Compagnie d?Aménagement des Coteaux de Gascogne, 2021- Étude sur la gestion quantitative de la
ressource en eau en Bretagne, 216 p.
253 Quand la température dépasse 25 ?C, une vache laitière consomme autant d?eau qu?un habitant (tous usages
confondus) et les territoires ruraux en amont de bassins comptent souvent plus de vaches que d?habitants.
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particulièrement sur le bassin du Cher (Montluçon, Vierzon), de la Creuse (Guéret), le sud du
département de l?Indre, en Maine et Loire, en Eure et Loire. Du fait de la remontée du bouchon
vaseux à l?estuaire de la Loire jusqu?au niveau de la station de traitement d?eau potable,
l?approvisionnement en eau de l?agglomération de Nantes a été mise en alerte. Une inquiétude
similaire liée à la remontée d?un bouchon vaseux existe sur le fleuve Charente pour l?usine de
Coulonge-sur-Charente qui alimente la ville de La Rochelle.
Le cas particulier de la métropole de Saint-Etienne qui dispose de ressources en eau
potable dont une partie pourrait être redistribuée
L?agglomération de Saint-Etienne (120 000 habitants) dispose d?une grande sécurisation par les
retenues du Pas de Riot (sur le Furan) et le complexe de Lavalette / La Chapelette (sur le Lignon
du Velay), dont les capacités de stockage cumulées excèdent 43 Mm3. Elle a accès par convention
avec EDF qui exploite ces retenues sur le plan hydroélectrique à un minimum de 24 Mm3 d?eau
annuel pour un volume d?eau traitée distribuée de 18 Mm3 maximum par an. Il y aurait ainsi une
marge de l?ordre de 6 Mm3 par an mobilisable pour d?autres usages notamment pour des
interconnexions de secours au bénéfice d?autres collectivités.
Cette situation d?excédent de ressources par rapport aux besoins en eau potable constitue
cependant une exception dans le décor.
Les actions à engager pour la maitrîse de l?eau potable
Réviser les schémas directeurs et les périmètres de protection avec le soutien de
l?Agence de l?Eau
Si les communes sont compétentes en matière de distribution d'eau potable 254 , le pilotage
stratégique de l?AEP est assuré par les schémas départementaux d?alimentation en eau potable
(SDAEP) qui sont une compétence du préfet. Ces SDAEP sont à réviser en fonction de l?évolution
des situations en tenant compte du changement climatique. Les Agences Régionales de Santé
(ARS) sont en charge des autorisations de prélèvements, du suivi de la qualité des eaux distribuées
et, dans une moindre mesure, de celle des eaux brutes.
Les captages bénéficient désormais en grande partie d?un périmètre de protection défini sur la
base d?une étude hydrogéologique qui mentionne également les débits prélevables. Mais ces
débits ont été établis avec les données anciennes sans projection sur les évolutions futures de
niveaux des nappes et des débits des cours d?eau, en lien avec le changement climatique255. Aussi,
afin de sécuriser la ressource, les ARS invitent les distributeurs d?eau à anticiper des plans de
gestion de la sécurité sanitaire des eaux (PGSSE) qui seront rendus obligatoires à partir de juillet
2027256. Le changement climatique est bien entendu à intégrer dans l?approche globale de ces
plans qui pourront utilement s?appuyer sur des études HMUC.
Les objectifs du SDAGE pour l?eau destinée à la consommation humaine prévoient :
? En priorité lutter contre les pertes d?eau prélevée, traitée et acheminée par des réseaux
vieillissants, souvent mal connus et insuffisamment entretenus ;
254 Article L2224-7-1 du Code général des collectivités territoriales
255 Certaines études hydrogéologiques datent des années 1980-1990 et n?ont pas été actualisées malgré les
évolutions constatées.
256 La directive 2020/2184 relative à la qualité des eaux de consommation humaine, rend obligatoire la mise en
place des PGSSE au travers des articles 7 à 10, tout en laissant une certaine latitude aux États membres. On
pourra consulter le guide « Initier, mettre en place, faire vivre un PGSSE » publié en 2021 par l?Association
Scientifique et Technique de l?Eau et de l?Environnement (ASTEE), consultable en ligne https://solidarites-
sante.gouv.fr/IMG/pdf/guide_pgsse-2.pdf
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? Encourager les actions d?économie d?eau ;
? Mobiliser les ressources de façon raisonnée et équilibrée pour satisfaire de nouveaux
besoins ;
? Achever la mise en place des périmètres de protection de captages (PPC) et accélérer la
mise en oeuvre des prescriptions des déclarations d?utilité publique.
Dans la mesure 6E du SDAGE, il est indiqué que la configuration géologique du bassin Loire-
Bretagne permet de disposer de ressources souterraines de bonne qualité dont certaines sont
naturellement protégées et donc peu ou pas affectées par les pollutions anthropiques. Il convient
de conserver ce patrimoine, tant en qualité qu?en quantité, en maitrisant la réalisation de nouveaux
ouvrages de prélèvement et en dédiant préférentiellement son exploitation à l?alimentation en eau
potable par adduction publique. Cette préservation du patrimoine existant est d?autant plus
importante dans un contexte de changement climatique. Par ailleurs, il est nécessaire que les
collectivités bénéficiant de cette ressource renforcent les actions d?économies d?eau et mènent des
campagnes d?information pour que ces ressources ne soient pas gaspillées, notamment en période
de sècheresse ou de pénurie.
La mesure 7A-5- Économiser l?eau dans les réseaux d?eau potable précise que, conformément à
l?article L. 2224-7-1 du code général des collectivités territoriales, de manière à rationaliser leurs
prélèvements et à mieux lutter contre les fuites dans les réseaux, les communes et
intercommunalités en charge de la distribution de l?eau potable élaborent un schéma de distribution
d?eau potable, comprenant notamment une étude patrimoniale exhaustive du réseau et des
ouvrages ainsi qu'un programme d'action précisant les équipements et travaux à conduire pour
détecter les fuites et garantir le renouvellement du réseau. Il est recommandé, particulièrement
dans les secteurs où la ressource est déficitaire (ZRE) et là où les prélèvements sont plafonnés en
période de basses eaux à leur niveau actuel, de réaliser un schéma directeur d?alimentation en
eau potable plus global, visant également à sécuriser l'approvisionnement en eau, en prenant en
compte, dans un contexte de changement climatique, la ressource en eau disponible, la dynamique
des populations et les objectifs de bon état des eaux.
Maîtriser les fuites et développer le renouvellement des réseaux
En Loire-Bretagne, les réseaux d?eau potable ont été posés majoritairement après les années 1960
et le matériau principal est le PVC257. Aujourd?hui, le rendement moyen de ces réseaux est estimé
à 81 % ce qui signifie que 19 % de l'eau potable produite repart au milieu naturel et n?arrive pas au
robinet. L?objectif du SDAGE est que le rendement primaire des réseaux d?eau potable dépasse
les valeurs de 75 % en zone rurale et de 85 % en zone urbaine258. Dans les zones rurales où le
linéaire de réseau est important pour un nombre d?abonné réduit, un rendement moindre peut être
accepté sous réserve que l?indice linéaire de perte soit très faible. Si des progrès peuvent encore
être accomplis, la situation des réseaux du bassin Loire-Bretagne est plutôt satisfaisante dans le
cadre national comme le montre la figure suivante 259:
257 Alain Husson, A. Vacelet, Anne Emmanuelle Stricker, Eddy Renaud, Yves Le Gat, et al.. Construction d?un
dispositif permanent d?évaluation du patrimoine des réseaux d?eau potable aux échelles nationale et de bassin :
rapport d?avancement 2017. [Rapport de recherche] Irstea. 2017, pp.50.
258 Tout service ayant un rendement supérieur à 85 % est considéré comme conforme aux exigences
réglementaires. En effet, l?objectif n?est pas d?atteindre un taux ce zéro fuites ce qui n?est que difficilement atteint
même pour des réseaux neufs et très coûteux à maintenir dans la durée.
259 OFB-SIPEA ? Rapport de l?Observatoire des services publics d?eau et d?assainissement, panorama des services
et de leur performance en 2020, juin 2022, 80 pp.
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Figure 74 : AEP ? rendement moyen du réseau de distribution en métropole en 2020
Source : OFB
Diverses mesures sont envisageables pour maîtriser les fuites : diviser le réseau d'eau potable en
plusieurs secteurs, mettre en place des équipements de comptage et de télégestion pour un
meilleur suivi des volumes d'eau et la localisation plus rapide des fuites sur le réseau. La
sectorisation permet d'économiser l'eau en diminuant les volumes perdus sur le réseau d'eau
potable. Elle réduit ainsi les prélèvements d'eau dans les milieux aquatiques. En plus de l'intérêt
environnemental, l'intérêt économique est là avec des coûts de traitement de l'eau potable et
d'acheminement réduits.
L?Agence de l?Eau estime en 2019 que déjà près de 26 millions de m³ d?eau potable ont pu être
économisés dans le cadre de son 10ème programme d?action. L?amélioration de la connaissance
patrimoniale et la pose d?équipements facilitant la lutte contre les fuites des réseaux d?alimentation
en eau potable ont en effet constitué la priorité pour les actions mises en oeuvre au cours du 10e
programme. 76 millions d?euros ont été employés pour financer près de 102 millions d?euros
d?études et de travaux. 500 études patrimoniales ont permis d?améliorer la connaissance des
réseaux des collectivités, principalement rurales et à l?est du bassin Loire-Bretagne. 7 500
compteurs de sectorisation, plus de 6 500 prélocalisateurs acoustiques et 380 régulateurs de
pression ont été financés dans le cadre de 1 072 opérations d?équipement optimisant la gestion
patrimoniale. Un appel à projets a été lancé sur les territoires les plus sensibles du bassin, classés
en zone de répartition des eaux (ZRE). 76 opérations de remplacement de conduites identifiées
comme fuyardes par les collectivités ont pu ainsi être aidées. 332 kilomètres de réseaux de
distribution ont été financés. Cette action s?est prolongée en 2021, dans le cadre du plan France
Relance, avec une enveloppe de 38 Millions ¤ attribuée à l?Agence de l?Eau pour un appel à projets
destiné aux collectivités situées en zone de revitalisation rurale (ZRR). Il vise les travaux permettant
d?assurer l?alimentation en eau potable des collectivités et le renouvellement des conduites de
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distribution d?eau potable fuyardes ou relarguant du chlorure de vinyle monomère.
Concernant le renouvellement des canalisations, le taux de renouvellement des réseaux n?est pas
disponible à l?échelle départementale sur le portail de l'observatoire des données sur les services
publics d'eau et d'assainissement SISPEA. Sur la base des données régionales, il apparaît que ce
taux est plutôt élevé en Bretagne et AURA, dans une moindre mesure en Pays de Loire et Nouvelle
Aquitaine et faible en Centre-Val de Loire, comme le montre la figure suivante :
Figure 75 : AEP ? taux moyen de renouvellement des réseaux par région en 2020
Source : OFB
Des programmes de renouvellement du réseau sont à réaliser dans les situations de canalisations
les plus anciennes pour réduire les risques de fuites.
Sécuriser l?approvisionnement en développant l?intercommunalité des services d?eau
et les interconnexions de réseaux
La sécurisation de l?approvisionnement en eau potable passe par le développement des
intercommunalités avec transfert de la compétence communale et par la mise en place de
syndicats d?eau potable. Ces regroupements permettent de dégager des moyens techniques et
humains pour la gestion des infrastructures et les investissements à réaliser. Ils facilitent la mise
en place d'interconnexions, là où la fragilité d'un captage peut être compensée par un autre.
Comme le montre la figure suivante, la situation est contrastée sur le bassin Loire-Bretagne,
certains départements ont opéré de larges regroupements des services publics d?eau potable
(dans l?Ouest du bassin) alors que d?autres conservent une gestion très répartie (Limousin, Centre-
Val-de-Loire, Auvergne hormis Puy-de -Dôme) moins sécurisante.
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Novembre 2022 Les conditions de mobilisation des retenues
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Figure 76 : AEP ? les services publics en 2020
Source : OFB
Mettre en place une tarification incitative de l?eau
Les abonnés au service public de l?eau sont sensibles au prix de l?eau et tendent à limiter leur
consommation pour réduire la facture. L?état des lieux 2019 du SDAGE Loire-Bretagne indique que
la facture moyenne pour un foyer du bassin consommant 120 m3/an s?élève à 4,12 euros/m3 en
2015 (dont 2,02 ¤/m3 pour la part assainissement et 2,1 ¤/m3 pour l?eau potable), soit près de 494
euros par an, un peu plus de 41 euros par mois. Elle s?élevait à 3,64 euros/m3 en 2010 ce qui
correspond à une augmentation de 13 % en 5 ans ce qui peut expliquer en partie la maitrise des
consommations constatée dans le bassin.
Depuis la fin des années 1990, on évoque en effet de manière récurrente la nécessité de mettre
en place des tarifications incitatives comme un outil de gestion de la demande, permettant
notamment de rétablir l?équilibre entre offre et demande dans les bassins déficitaires. La DCE
intègre pleinement ce principe en imposant que les tarifications pratiquées soient rendues
incitatives à partir de fin 2010. En France, le cadre législatif a progressivement évolué en ce sens
avec les lois sur l?eau de 1992 et de 2006 qui encadrent notamment le montant de la partie fixe de
la tarification (30 % allant à 40 % maximum pour les communes rurales et exemption pour les
communes touristiques) et impose un montant calculé en fonction du volume réellement
consommé (sauf pour les très petites communes où le tarif forfaitaire reste autorisé). Des
tarifications progressives sont particulièrement incitatives à la maitrise des consommations
domestiques (le prix au m3 augmente par seuils de consommations, avec par exemple un premier
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palier à 80 m d?eau consommée).260
La tarification incitative de l?eau a été mise en avant lors des Assises de l?eau en 2019, elle est à
mettre en place à l?initiative de chaque autorité distributrice d?eau potable.
260 Ainsi Henri Smets, 2011, « La tarification progressive de l?eau », éditions Johannet, 170 pp., propose une
tarification à trois tranches : 1) prix réduit, 2) prix normal et 3) prix renforcé. La majorité des usagers se retrouverait
dans la tranche 2. La taille de la tranche 1 est choisie de manière à ce que la consommation de la majorité des
abonnés individuels soit supérieure au plafond de cette tranche. De même, le plafond de la tranche 2 ne sera
dépassé que par une minorité d?abonnés domestiques. Le tarif renforcé de la tranche 3 est destiné à favoriser les
économies d?eau.
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Annexe 16 Les solutions fondées sur la nature
Le concept des solutions fondées sur la nature est reconnu pour répondre au
défi de la gestion de l?eau
Le concept de solution fondée sur la nature (SFN) a émergé, sous l?impulsion de l?Union
Internationale pour la Conservation de la Nature (UICN), lors de la conférence des Parties de la
Convention-cadre des Nations Unies sur les changements climatiques (CCNUCC) en 2009, à
Copenhague.
C?est à l?issue de la COP21 en 2015, puis en 2016, à l?occasion du Congrès mondial de la nature,
que la place des SFN dans l?atteinte des objectifs de développement durable et notamment dans
l?action climatique a été réellement reconnue au niveau international, à la fois dans l?Accord de
Paris, mais aussi grâce à l?adoption de leur définition par l?Assemblée des Nations Unies pour
l?environnement (ANUE). D?après celle-ci, une SFN doit satisfaire à deux exigences principales :
? contribuer de façon directe à un défi de société identifié, autre que celui de la conservation
de la biodiversité ;
? s?appuyer sur les écosystèmes et présenter des bénéfices pour la biodiversité.
En l?occurrence, le défi sociétal qui nous concerne est la gestion de l?eau pour se prémunir des
sécheresses estivales dans le cadre du changement climatique. Pour y répondre, les SFN ne
s?appuient pas sur des ouvrages ou aménagements hydrauliques classiques (canalisations,
barrages, forages, ?) qualifiés de solutions « grises » (comme le béton) mais sur les
fonctionnalités des milieux humides.
Les SFN se déclinent en trois types d?actions, qui peuvent être mobilisées seules ou en
combinaison dans les territoires :
la préservation d?écosystèmes fonctionnels et en bon état écologique ;
l?amélioration de la gestion d?écosystèmes pour une utilisation durable par les activités
humaines ;
la restauration d?écosystèmes dégradés ou la création d?écosystèmes.
Ces actions rejoignent les notions d?ingénierie écologique et d?agroécologie déjà évoquées dans
les pistes de renforcement de la résilience de l?agriculture (cf. 3.3.1 ci-avant), elles réservent une
place essentielle à la préservation et à la conservation des processus naturels.
En France, le Plan National d?Adaptation au Changement Climatique (PNACC 2) et le Plan
Biodiversité (2018) promeuvent l?utilisation des SFN. Le Comité français de l?UICN est impliqué
dans le projet Life intégré ARTISAN, piloté par l?OFB, qui participe à la mise en oeuvre de ces plans.
Les SFN trouvent de nombreuses applications dans le domaine de la gestion de l?eau, qu?il s?agisse
d?en préserver la qualité ou de réduire les risques naturels inhérents (inondations, crues ou encore
sécheresse) et apportent de nombreux co-bénéfices (tourisme, paysage, bien-être, activités
économiques durables?) sans compter la conservation de la biodiversité qui est leur objectif
premier261 . Elles sont souvent présentées comme une alternative économiquement viable et
durable, moins coûteuse à long terme que des investissements technologiques ou la construction
et l?entretien d?infrastructures grises. Des SFN jouant sur l?occupation du sol (haies,
désimperméabilisation de zones urbaines, revégétalisation?), vont favoriser la retenue de l?eau
261 Voir fiche pratique France Nature Environnement « Que peut faire ma commune pour assurer la qualité de
l?eau », novembre 2020, 2 pp.., téléchargeable sur www.fne.asso.fr/publications/assurer-la-qualité-de-
leau-que-peut-faire-ma-commune
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de pluie, l?humidité dans le sol, l?infiltration dans le sous-sol et donc la recharge des aquifères,
contribuant ainsi au débit des cours d?eau et à la pérennité des écosystèmes aquatiques associés
(faune et flore), en période d?étiage.
L?action 11 des Assises de l?Eau en 2019 fait aussi explicitement référence au renforcement de
l?utilisation des SFN pour préserver les rivières et milieux humides, avec un pôle d?animation placé
sous l?égide de l?OFB. Les travaux du Varenne sur l?eau et l?adaptation au changement climatique
évoquent également les SFN comme facteurs de résilience de l?agriculture face au changement
climatique262.
Enfin, les programmes d?intervention des agences de l?eau soutiennent les mesures d?adaptation
dont celles fondées sur la nature pour la restauration des milieux aquatiques ou la gestion des
eaux pluviales (mesures 1A263 et 1D du SDAGE Loire-Bretagne).
L?EPL, propriétaire de 650 ha dans la Nièvre sur le site du Veurdre, envisage un projet de
développement intégré multiusage qui s?inscrit dans cette logique. L?objectif poursuivi est
d?optimiser l?expansion des crues et de développer une capacité de stockage naturel de l?eau pour
la restituer en période de sécheresse, favoriser la biodiversité et préserver l?environnement du site,
tout en valorisant et agissant de manière résiliente sur l?habitat et le patrimoine culturel. Une étude
d?opportunité et de faisabilité du projet est inscrite au budget 2022 de l?EPL.
Le moyen de favoriser l?infiltration par le biais des SFN peut s?inscrire dans le domaine de la gestion
de la recharge des aquifères. Ce sujet a été traité dès la fin des années 1970 avec la mise en
oeuvre de recharges artificielles dans un but d?optimiser la production d?eau pour l?alimentation en
eau potable, du point de vue économique et énergétique. On s ?éloigne néanmoins alors des SFN
pour se rapprocher des solutions « grises », plus technologiques.
Les zones humides présentent de nombreux avantages pour la gestion de l?eau
Les zones humides étant des milieux fragiles, les activités humaines doivent y être maitrisées voire
interdites : constructions, remblaiement, drainage... Afin de les protéger de l?artificialisation, les
zones humides doivent être classées zones « N » (zone naturelle ou forestière) ou « A » (zone
agricole) dans le PLU. Un élevage extensif est souvent compatible avec les zones humides, en
particulier les prairies inondables. Les agriculteurs peuvent bénéficier d?aides à travers les Mesures
agroenvironnementales et climatiques (MAEC) de la PAC.
Les SFN sont aussi adaptées à la gestion des eaux pluviales en ville
Pour la gestion des eaux pluviales en ville, les SFN se développent en remplacement partiel des
techniques « classiques » cherchant à maitriser totalement le cycle de l?eau par des infrastructures
grises comme les canalisations, les cuves enterrées, les réservoirs et le génie civil. Ces solutions
alternatives fondées sur la nature, favorisent l?infiltration et l?épuration des eaux à la parcelle et la
multifonctionnalité des ouvrages de gestion des eaux pluviales. Les aménagements végétalisés
peuvent prendre plusieurs formes en ville, comme des noues, des jardins de pluie, des mares, ou
des espaces verts qui font office de zone de récupération d?eau. Ce «100 % infiltration à la parcelle
» est déjà à l?oeuvre dans plusieurs collectivités comme par exemple à Nantes, avec l?éco-quartier
de la Bottière-Chènaie qui est totalement perméable à la pluie. Multiplier la nature en quantité? et
en qualité? dans les espaces urbains permet non seulement de mieux gérer le ruissellement mais
262 Rapport de la thématique 2 du Varenne sur l?eau et l?adaptation au changement climatique, partie 2.4.2
« Agriculture de résilience, exemples, perspectives, enseignement »
263 « La préservation et la restauration d?éléments tels que le bocage, les haies, les bosquets, la ripisylve, les zones
enherbées, les mares, les zones humides, le sol, les têtes de bassin versant, les talus, les prairies, les couverts
végétaux hivernaux, les espaces boisés constituent des leviers transversaux d?une gestion intégrée de la ressource
en eau, permettant d?agir sur la qualité des eaux, la disponibilité de la ressource en eau et les fonctionnalités des
milieux aquatiques. »
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aussi d?être utile lors des périodes de canicule pour faire de l?ombre et rafraichir l?atmosphère264.
La mesure 3D1 du SDAGE Loire-Bretagne « Prévenir et réduire le ruissellement et la pollution des
eaux pluviales » fait appel aux techniques alternatives au « tout tuyau » (espaces verts infiltrants,
noues enherbées, chaussées drainantes, bassins d?infiltration, toitures végétalisées stockantes,
puits et tranchées d?infiltration...) en privilégiant les SFN.
Les SFN pâtissent du manque d?évaluation quantitative de leurs impacts sur la
recharge des nappes ou l?alimentation des cours d?eau
Marie Pettenati et Nathalie Dörfliger (BRGM), indiquent dans leur article « Des Solutions
d?infiltration et de recharge des aquifères fondées sur la Nature pour adapter la gestion de la
ressource en eau aux impacts du changement climatique » 265 que favoriser le maintien de zones
humides naturelles ou créer des zones humides pourrait être plus durable et plus économique que
des infrastructures grises traditionnelles telles que des barrages ou retenues d?eau. Il est précisé
cependant que peu de travaux existent à ce jour sur l?impact des SFN sur les eaux souterraines
tant du point de vue de la quantité (recharge) que de la qualité et des écosystèmes associés.
La question de l?impact quantitatif des SFN sur la disponibilité des ressources en eau n?est en effet
pas évidente. Ainsi, le passage d?une prairie à une forêt entraîne une diminution de la recharge
des eaux souterraines, alors qu?une conversion en terre agricole peut conduire paradoxalement à
une augmentation de la recharge, pour un même contexte climatique et une même position dans
un bassin-versant. Une végétation avec des racines profondes (arbres fruitiers, 15 à 20 m de
profondeur), en tête de bassin-versant entraîne plutôt une réduction de la recharge des eaux
souterraines, celle-ci pouvant être réduite à zéro.
Mais il ne faut pas oublier que ces SFN rendent aussi des services écosystémiques (réduction de
l?érosion des sols et de l?entraînement des polluants vers les nappes ou les cours d?eau ;
contribution à la diversité des écosystèmes et des paysages), même si elles ne favorisent pas
forcément la disponibilité de l?eau sur un territoire car les couverts végétaux augmentent finalement
l?évapotranspiration.
La difficulté de l?évaluation de l?impact des SFN réside dans le fait qu?elles génèrent des bénéfices
multiples, souvent non marchands. L?évaluation doit également être réalisée à une échelle
territoriale suffisamment globale et ne pas se limiter à l?aire immédiate d?un projet local (l?impact
local peut être négligeable mais sensible à une échelle plus large). Lorsqu?ils sont mal perçus par
certains décideurs ou évalués dans le cadre d?approches sectorielles ou territoriales trop étroites,
les bénéfices peuvent être négligés et les enjeux associés délaissés.
Concernant l?évaluation du volet hydrologique, on peut citer le projet Hydrindic piloté par
l?INRAE266, en cours de finalisation et qui comprend le SAGE du Blavet comme un des sites pilotes.
Il vise à développer un indicateur hydrologique notamment pour les bureaux d?études et les
gestionnaires d?espaces naturels qui réalisent des projets de restauration/création de zones
humides (déblaiement, suppression de drains souterrains, modification des apports en eau, etc.).
Quelques années après la restauration ou la création de zones humides, cet indicateur permettra
de s?assurer que la trajectoire correspond bien à l?objectif visé sur le plan hydrologique.
De fait, le bilan des actions de l?Agence de l?eau Loire Bretagne ne mentionne aucun état quantitatif
264 Article de Marc Barra, Agence régionale de la biodiversité d?Ile-de-France « Évaluation de l?efficience des
services écosystémiques : comparaison des solutions grises et vertes pour la gestion des eaux pluviales », dans
le rapport 2019 de l?ONERC au premier ministre et au parlement cité plus haut
265 Observatoire National sur les effets du changement climatique (ONERC), 2019 « Des SFN pour s?adapter au
changement climatique », Rapport au premier ministre et au parlement, La Documentation Française, 306 pp.
266 Hydrindic associe l?OFB, l?UMS PatriNat OFB-CNRS-MNHN, le bureau d?étude Biotope, L?UPR LESSEM
(INRAE, Université Grenoble-Alpes) et le CEN Savoie.
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de l?impact des SFN sur la ressource en eau. Cette situation est dommageable pour leur pleine
reconnaissance par les acteurs locaux et pour objectiver leur plus large déploiement.
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Annexe 17 Glossaire des sigles et acronymes
Acronyme Signification
AELB Agence de l?eau Loire-Bretagne
AFOM Analyse atouts, faiblesses, opportunités, menaces
ANUE Assemblée des Nations Unies pour l'environnement
ASN Autorité de sûreté nucléaire
BRGM Bureau de recherches géologiques et minières
CCNUCC Convention cadre des Nations Unies sur les changements
climatiques
CEMAGREF Centre d?étude du machinisme agricole, du génie rural, des
eaux et forêts
CGAAER Conseil général de l'alimentation, de l'agriculture et des
espaces ruraux
CGEDD Conseil général de l'environnement et du développement
durable
CLE Commission locale de l?eau
CNPE Centre nucléaire de production d?électricité
DCE Directive cadre sur l?eau
DCR Débit de crise
DGEC Direction générale de l'énergie et du climat
DIG Déclaration d?intérêt général
DOE Débit d?objectif d?étiage
DRAAF Direction régionale de l'alimentation, de l'agriculture et de la
forêt
DSA Débit de seuil d?alerte
EDF Electricité de France
EnR Energie renouvelable
IGEDD Inspection générale de l?environnement et du développement
durable
GW Giga Watt (unité de puissance)
GWh Giga Watt heure (unité de consommation électrique)
HMUC Analyses Hydrologie, Milieux, Usages et Climat
LEMA Loi sur l?eau et les milieux aquatiques
MAEC Mesures agroenvironnementales et climatiques
M¤ Million d?euros
Mm3 Million de m3
MW Méga Watt (unité de puissance)
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Acronyme Signification
MWe Méga Watt électrique (puissance électrique moindre de la
puissance dans des proportions dépendantes de la technologie
de production)
MWh Méga Watt heure (unité de consommation électrique)
MTE Ministère de la transition énergétique
MTECT Ministère de la transition écologique et de la cohésion des
territoires
OSE Objectif de soutien d?étiage
OUGC Organisme unique de gestion collective
PNACC Plan National d?Adaptation au Changement Climatique
PTGE Projet de territoire pour la gestion de l'eau
RTE Réseau de transport d'électricité
SAGE Schéma d?aménagement et de gestion des eaux
SDAGE Schéma directeur d?aménagement et de gestion des eaux
SFN Solution fondée sur la nature
SHEMA Société Hydraulique d'Etudes et de Missions d'Assistance
SIAEP Syndicat intercommunal d'alimentation en eau potable
SMIF Syndicat Mixte d'Irrigation et de Mise en Valeur du Forez,
SOMIVAL Société pour la mise en valeur de la région Auvergne-Limousin
STEP Station de transfert d?énergie par pompage
TFUE Traité sur le fonctionnement de l'Union européenne
UICN Union Internationale pour la Conservation de la Nature
UMR Unité mixte de recherche
VNF Voies navigables de France
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Annexe 18 Table des illustrations
Figure 1 : Dispositifs de soutien d?étiage impliquant des concessions hydroélectriques ........ 13
Figure 2 : Contributions des dispositifs au soutien d'étiage sur le bassin Loire-Bretagne ...... 13
Figure 3 : Villerest ? modulation de l'OSE de Gien ....................................................................... 16
Figure 4 : Naussac ? évolution du remplissage du réservoir ....................................................... 18
Figure 5 : Naussac et Villerest ? volume maximum mobilisable ................................................. 19
Figure 6 : Dispositif de soutien d?étiage de la Vienne ................................................................... 20
Figure 7 : Retenues EDF ? débits garantis et conventionnés ..................................................... 23
Figure 8 : Evolution des débits décennaux mensuels moyens à Montjean............................... 24
Figure 9 : Répartition des consommations d'eau à l?étiage ......................................................... 25
Figure 10 : Evolution de la satisfaction des DOE sur les principaux sous-bassins sur les trois
périodes 1991-2000, 2001-2010 et 2011-2020.............................................................................. 27
Figure 11 : Respect des DOE sur la décennie 2011-2020 .......................................................... 28
Figure 12 : Principaux réservoirs et retenues sur l?Allier et la Loire amont ............................... 33
Figure 13 : Naussac et Villerest ? OSE de proximité .................................................................... 36
Figure 14 : Grangent gestion actuelle et proposition mission ...................................................... 38
Figure 15 : Lavalette ? gestion actuelle et proposition mission ................................................... 40
Figure 16 : Les Fades - gestion actuelle et proposition mission ................................................. 41
Tableau 1 : Volume nécessaire pour respecter en 2050 un OSE à Gien du 1er juin au 31
décembre ............................................................................................................................................. 52
Figure 17 : Le soutien des débits par les barrages de Villerest et Naussac ............................. 92
Figure 18 : Villerest ? cotes du réservoir ........................................................................................ 93
Figure 19 : Villerest ? composantes du soutien du débit de la Loire .......................................... 95
Figure 20 : Villerest - évolution du soutien depuis 2006 ............................................................... 95
Figure 21 : Villerest ? soutien délivré par OSE de Gien et OSE moyen .................................... 96
Figure 22 : Villerest ? respect de la cote d?exploitation estivale .................................................. 97
Figure 23 : Villerest ? années à soutien précoce .......................................................................... 98
Figure 24 : Villerest ? années humides ........................................................................................... 98
Figure 25 : Villerest ? dérogations de 2015 et 2019 ................................................................... 100
Figure 26 : Naussac ? situation du barrage et de ses prises d'eau .......................................... 103
Tableau 2 : Naussac ? évolutions du remplissage et des déversements ................................ 104
Figure 27 : Naussac ? volumes annuels déstockés pour le soutien de l'Allier et de la Loire 106
Figure 28 : Naussac ? évolution du nombre de jours de soutien d?étiage ............................... 106
Figure 29 : Naussac ? nombre de jours de soutien par mois .................................................... 107
Figure 30 : Villerest ? courbes plancher et d?alerte ..................................................................... 107
Figure 31 : Naussac ? gestion du pompage entre les étiages 2021 et 2022 .......................... 110
Figure 32 : Naussac ? débits dans l?Allier lors de l?épisode pluvieux de mi-mars 2021 ........ 111
Figure 33 : Réservoirs de Naussac et Villerest ? évolution du volume maximum mobilisable
pour le soutien d?étiage de l?Allier et de la Loire .......................................................................... 113
Figure 34 : Soutien d?étiage de l?Allier et de la Loire ? comparaison consommations /
redevances par catégories d?usages ............................................................................................. 116
Figure 35 : Schéma de l?aménagement de Montpezat ............................................................... 118
Figure 36 : Montpezat ? volume délivrés à la Loire en étiage au titre du débit garanti ......... 119
Figure 37 : Montpezat ? répartition du soutien d'étiage entre la Loire et l'Ardèche ............... 119
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file:///C:/Users/alain.neveu/Documents/02%20Missions/concessions%20hydroélectriques%20Loire%20Bretagne/rapport/octobre/définitif/2022.11.22%20projet%20de%20rapport%20Loire%20Bretagne_définitif.docx%23_Toc120017045
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Figure 38 : Evolution des débits décennaux mensuels moyens de la Loire à Gien ............... 122
Figure 39 : Evolution des débits décennaux mensuels moyens de la Loire à Nevers .......... 122
Figure 40 : Evolution des débits décennaux mensuels moyens de l?Allier à Vic-le-Comte .. 122
Figure 41 : Evolution des débits décennaux mensuels moyens de l?Allier à Vieille-Brioude 122
Figure 42 : Evolution des débits décennaux mensuels moyens de la Vienne à Ingrandes .. 122
Figure 43 : Evolution des débits décennaux mensuels moyens de la Vienne à Etagnac ..... 122
Figure 44 : Evolution des débits décennaux mensuels moyens de la Loire à Bas-en-Basset
............................................................................................................................................................. 123
Figure 45 : Evolution des débits décennaux mensuels moyens de la Creuse à Leugny ...... 123
Figure 46 : Trajectoires RCP .......................................................................................................... 124
Figure 47 : Projection de la variation de température moyenne mondiale suivant différents
scénarios ............................................................................................................................................ 125
Figure 48 : Evolution des précipitations à l?horizon 2041-2070 ................................................. 128
Figure 55 : Intensité des canicules ? comparaison climat actuel / horizon 2050 RCP4.5 .... 129
Evolution des températures moyennes quotidiennes à l?horizon 2041-2070 .......................... 133
Figure 49 : Evolution de la teneur en eau des sols à l?horizon 2055 ........................................ 135
Figure 56 : Cycle annuel d?humidité du sol en Auvergne ........................................................... 135
Tableau 3 : Comparaison des modélisations Explore 2070 et SIM2-DRIAS2020 (Explore 2)
............................................................................................................................................................. 137
Tableau 4 : SIM2-Drias2020 (Explore 2) - Évolution des débits moyens annuels de la Loire à
Nantes par RCP et horizons temporels ......................................................................................... 137
Figure 50 : SIM2-DRIAS2020 (Explore 2) - débits mensuels moyens de la Loire à Nantes
reconstitués 1975-2005 ................................................................................................................... 138
Figure 51 : SIM2-DRIAS2020 (Explore 2) ? évolution des débits mensuels moyens de la
Loire à Nantes ................................................................................................................................... 138
Figure 52 : Juillet à septembre 2019 - déficit d?humidité des sols ............................................ 139
Figure 53 : Septembre 2019 ? arrêtés sécheresse ..................................................................... 139
Principaux réservoirs et retenues sur l?Allier et la Loire amont ................................................. 143
Figure 54 : Retenues EDF ? plages de soutien d?étiage ............................................................ 144
Figure 55 : Retenues EDF ? part du volume utile engagée dans le soutien d'étiage ............ 144
Figure 56 : Retenues EDF ? périodes de cotes touristiques ..................................................... 145
Figure 57 : Effet de la baisse des débits naturels sur les débits réels en fonction des
prélèvements ..................................................................................................................................... 155
Figure 58 : Production brute animale et végétale du bassin Loire-Bretagne .......................... 157
Figure 59 : Volumes consommés à l?étiage 2013 par usage et par territoire des commissions
territoriales ......................................................................................................................................... 158
Figure 60 : Densité de prélèvements pour l?irrigation en 2019 .................................................. 159
Figure 61 : Pluies efficaces moyennes sur le bassin Loire-Bretagne....................................... 159
Figure 62 : Evolution 1999-2019 des prélèvements pour l?irrigation ........................................ 160
Figure 63 : Evolution 1999-2019 des prélèvements pour l?irrigation par SAGE ..................... 160
Figure 64 : Evolution 2009-2019 des prélèvements pour l?irrigation ........................................ 161
Figure 65 : Evolution 2009-2019 des prélèvements pour l?irrigation par SAGE ..................... 162
Figure 66 : Estimations au 1/09/2022 de l?évolution des rendements du maïs grain irrigué et
non irrigué .......................................................................................................................................... 163
Tableau 5 : Evaluation des économies d?eau par modernisation des systèmes d?irrigation 171
Figure 67 : Les centrales nucléaires et les principales retenues du bassin de la Loire ........ 181
PUBLIÉ
Novembre 2022 Les conditions de mobilisation des retenues
hydroélectriques pour le soutien d?étiage sur le bassin de
Loire-Bretagne
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Figure 68 : Schéma d?un centre de production nucléaire avec un circuit fermé ..................... 182
Tableau 6 : Centrales nucléaires ? prélèvements et augmentation de la température de l?eau
rejetée ................................................................................................................................................. 183
Tableau 7 : Centrales nucléaires ? rejet des effluents radioactifs en fonction des débits .... 184
Figure 69 : Canaux VNF sur le bassin de la Loire ....................................................................... 186
Tableau 8 : Canaux VNF ? estimation des fuites et du coût des travaux nécessaires.......... 188
Tableau 9 : Canaux VNF ? récapitulatif du coût des travaux et des économies d?eau
associées ........................................................................................................................................... 190
Figure 70 : AEP ? densité de prélèvements par bassin versant de masse d?eau en 2019 .. 192
Figure 71 : Croissance annuelle moyenne de la population entre 2013 et 2050 ................... 193
Figure 72 : AEP ? répartition des causes d?abandon des 970 captages entre 2000 et 2013
............................................................................................................................................................. 194
Figure 73 : AEP ? évolution 1999-2019 des prélèvements à l?étiage par bassin versant de
masse d?eau ...................................................................................................................................... 195
Figure 74 : AEP ? rendement moyen du réseau de distribution en métropole en 2020 ....... 198
Figure 75 : AEP ? taux moyen de renouvellement des réseaux par région en 2020 ............ 199
Figure 76 : AEP ? les services publics en 2020 .......................................................................... 200
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?
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Sommaire
Résumé
Liste des recommandations
Introduction
1 Un bassin déjà sous tension qui doit s?adapter rapidement au changement climatique
1.1 Un bassin disposant de plusieurs dispositifs de soutien d?étiage
1.1.1 Le soutien d?étage assuré par l?EPL sous l?égide du CGRNVES
1.1.1.1 La modulation des objectifs de soutien d?étiage
1.1.1.2 Le soutien de l?Allier et de la Loire
1.1.1.3 Une gestion prudente
1.1.2 Le soutien d?étiage assuré par EDF sur la Vienne
1.1.3 Les autres soutiens d?étiage assurés par des retenues hydroélectriques
1.2 Une réduction déjà significative des débits naturels qui ne permet plus de tenir les DOE sur une partie du bassin malgré le soutien d?étiage
1.2.1 L?évolution des débits d?été et d?automne
1.2.2 Les consommations d?eau à l?étiage
1.2.3 Les DOE ne sont déjà plus tenus 8 années sur 10 sur une partie du bassin
1.3 D?ici 2050, la baisse des débits naturels à l?étiage va s?amplifier sous l?effet du changement climatique
1.4 L?évolution des écosystèmes doit être anticipée et accompagnée
2 La contribution des retenues hydroélectriques à un nouveau modèle du soutien d?étiage sur le bassin Loire Bretagne
2.1 Mobiliser des retenues hydroélectriques pour le soutien d?étiage
2.2 Mobiliser de nouvelles retenues en complément d?une optimisation de Naussac et Villerest sur le secteur Allier ? Loire amont
2.2.1 Optimiser la gestion de Naussac et Villerest
2.2.2 Maximiser l?utilisation de Villerest par un appel éventuel à Grangent et Lavalette en automne
2.2.2.1 Le barrage de Grangent
2.2.2.2 Le complexe Lavalette ? La Chapelette
2.2.3 Atténuer les contraintes de la gestion pluriannuelle de Naussac par une mobilisation des Fades sur la Sioule
2.2.4 La modification de l?équilibre entre les soutiens d?étiage de la Loire et de l?Ardèche par les ouvrages de Montpezat ne répondrait pas aux ordres de grandeur
2.2.4.1 Le soutien d?étiage par Montpezat
2.2.4.2 La création d?une STEP
2.2.5 En conclusion sur l?Allier et la Loire amont
2.2.5.1 Conforter l?EPL dans son rôle de pivot de la gestion opérationnelle et de caisse de financement du soutien d?étiage
2.2.5.2 Adapter la gouvernance du dispositif
2.3 Préserver le soutien d?étiage de la Vienne
2.4 Adapter les dispositifs locaux au changement climatique
2.4.1 Le cas du Cher : l?adoption souhaitable d?objectifs de soutien d?étiage variables
2.4.2 Le cas de la Creuse : une situation de déséquilibre qui risque de s?aggraver
2.4.3 Le cas du Blavet : des améliorations possibles du règlement d?eau
3 Le changement climatique renforce la nécessité d?une gestion quantitative à l?échelle du bassin
3.1 Les ressources actuellement mobilisées pour le soutien d?étiage ne suffiront pas à satisfaire les DOE, ni à court ni à moyen terme
3.1.1 Les conclusions pouvant être tirées des ordres de grandeur disponibles
3.1.1.1 Les calculs présentés par la mission en 1ère partie de ce rapport
3.1.1.2 L?étude d?adaptation du mode de gestion des barrages de Villerest et de Naussac sous l?effet du changement climatique réalisée par l?EPL
3.1.1.3 Les projections du modèle MORDOR au 31 mai 2022
3.1.1.4 Les constats de la mission
3.1.2 La nécessité d?une étude globale à l?échelle du bassin de la Loire
3.1.3 Tous les leviers d?action doivent être mobilisés
3.2 Une maîtrise progressive des consommations s?impose pour sécuriser les usages et assurer la qualité des milieux
3.2.1 La maîtrise des prélèvements agricoles en application des conclusions du Varenne agricole de l?eau et du changement climatique
3.2.1.1 L?agriculture en Loire-Bretagne occupe une place économique de premier plan et figure comme consommateur d?eau majeur
3.2.1.2 L?irrigation est limitée sur le bassin Loire-Bretagne mais se développe face au changement climatique.
3.2.1.3 Le monde agricole est inquiet face aux sécheresses des dernières années et projections climatiques futures
3.2.1.4 Un retard dans la prise de conscience des enjeux sur l?eau en amont du bassin
3.2.1.5 Des démarches concertées sont engagées dans les territoires pour dégager des pistes d?adaptation de l?accès à la ressource en eau pour l?agriculture
3.2.2 Les pistes très encadrées d?accès de l?agriculture à la ressource en eau
3.2.2.1 Les retenues de substitution
3.2.2.2 Autres pistes de mobilisation de ressources
3.2.2.3 La généralisation de la gestion quantitative de l?eau avec une gouvernance adaptée
3.2.3 L?évolution de la consommation d?eau des centrales nucléaires en fonction des futurs contextes énergétiques envisageables mérite d?être étudiée
3.2.3.1 Les consommations d?eau des centrales nucléaires
3.2.3.2 La dilution des effluents
3.2.4 Des travaux permettraient d?importantes économies d?eau sur les canaux de VNF
3.2.5 La nécessité d?ambitieux programmes de sécurisation et d?économie sur l?alimentation en eau potable
3.2.5.1 L?AEP est un usage prioritaire aux consommations globalement stabilisées dans le bassin
3.2.5.2 Des difficultés d?approvisionnement sont rencontrées en étiage
3.2.5.3 Les actions à engager pour la maîtrise de l?eau potable
3.2.6 La nécessité d?une démarche globale
3.3 Les avantages des solutions fondées sur la nature doivent être mieux évalués pour soutenir leur plus large déploiement
3.4 La révision des DOE doit accompagner ces évolutions
Conclusion
Annexes
Annexe 1 Lettre de mission
Annexe 2 Liste des personnes rencontrées
Annexe 3 Les réservoirs de Villerest et de Naussac
Annexe 4 Le complexe de Montpezat
Annexe 5 Evolutions sur longue période des débits d?été et d?automne
Annexe 6 Le changement climatique sur le bassin Loire-Bretagne
Annexe 7 Les conditions de mobilisation des retenues hydroélectriques
Annexe 8 Liste des transferts d?eau entre sous-bassins
Annexe 9 Eléments d?analyse sur l?idée de construction de nouveaux grands réservoirs
Annexe 10 Eléments sur les prélèvements d?eau
Annexe 11 L?agriculture dans le bassin Loire-Bretagne
Annexe 12 Contribution de la coopérative Limagrain
Annexe 13 Les besoins et la consommation d?eau des centrales nucléaires
Annexe 14 Les économies d?eau possibles sur les canaux de VNF
Annexe 15 L?alimentation en eau potable sur le bassin Loire-Bretagne
Annexe 16 Les solutions fondées sur la nature
Annexe 17 Glossaire des sigles et acronymes
Annexe 18 Table des illustrations
(ATTENTION: OPTION onformément à l?article R3135-8 du code de la commande publique relatif aux modifications de faible montant.
44 Plusieurs concessions arrivent à échéance dans les prochaines années sur ce bassin : citons notamment celles
de Peyrat le Château ? Faux la Montagne (décembre 2026), de Versilhac ? Vendets (barrage de Lavalette)
(décembre 2027), de Monpezat (décembre 2028), de Grangent (décembre 2032), d?Eguzon et de la Roche-au-
Moine (décembre 2032), de Montlarron (décembre 2033) ?
PUBLIÉ
https://eur-lex.europa.eu/legalcontent/FR/TXT/PDF/?uri=CELEX:32014L0023&from=FR
Novembre 2022 Les conditions de mobilisation des retenues
hydroélectriques pour le soutien d?étiage sur le bassin de
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renouvellement par des dispositions spécifiques dans le cahier des charges de la future concession.
L?article 43 du modèle actuel de cahier des charges45 prévoit ainsi la conclusion de conventions
liées au soutien d?étiage : « le concessionnaire conclut avec l?Etat, l?agence de l?eau et l?organisme
chargé du soutien d?étiage une convention précisant les modalités techniques, et, le cas échéant,
financières de ce soutien ».
Aucun avis d?appel public à la concurrence pour le renouvellement des concessions
hydroélectriques n?a cependant été lancé depuis l?ouverture en octobre 2015 d?un précontentieux
par la Commission européenne portant sur la position dominante d?EDF, sur le fondement des
articles 102 et 106 du Traité sur le fonctionnement de l'Union européenne dit TFUE. Compte tenu
de ce précontentieux, le lancement des procédures de renouvellement des concessions est
suspendu à un accord entre la Commission et les autorités françaises46.
Indépendamment du cahier des charges de la concession, l?augmentation du soutien d?étiage doit
s?intégrer dans la gestion des retenues hydroélectriques dont la production d?électricité reste la
priorité. La compatibilité de ces deux objectifs pose des difficultés et conduit à un certain nombre
de considérants importants :
Le soutien d?étiage et le système énergétique ont des besoins différents (volume, débit,
calendrier) et doivent être optimisés de manière conjointe. En règle générale, les volumes
affectés au soutien d?étiage pénalisent l?atteinte de l?optimum énergétique des
aménagements concernés ;
Dans l?idéal, une retenue hydroélectrique engagée dans un soutien d?étiage devrait être
pleine au début de la campagne, qui se situe en général début juin. Dans la pratique, le
remplissage des retenues hydroélectriques pour le soutien d?étiage commence à partir du
mois de mars, ce qui ne permet pas forcément de garantir un plein remplissage en juin.
Le volume d?eau à provisionner pour le soutien d?étiage doit être dimensionné au plus juste
et ne doit pas être surestimé, sous peine de pénaliser la production électrique.
L?augmentation de la part dédiée au soutien d?étiage dans un réservoir a un impact négatif
double sur la production d?électricité lié, d?une part, aux volumes directement lâchés dans
le cadre du soutien du débit d?étiage et, d?autre part, à la constitution et à la garantie du
stock pour le soutien d?étiage qui peut devenir structurante (perte de flexibilité en amont de
la campagne de soutien d?étiage et limitation prématurée des turbinés énergétiques au
printemps). Cette « désoptimisation » énergétique n?est pas évaluée dans le cadre du
présent rapport et nécessite des calculs utilisant les modèles de gestion de réservoirs.
Dans la doctrine de la direction générale de l?énergie et du climat (DGEC), ce coût
économique ne doit pas être supporté par l?exploitant hydroélectrique ? ce qui pourrait
remettre en cause l?équilibre économique du contrat de concession ? mais par le
bénéficiaire du service rendu.
Pour qu?une retenue hydroélectrique soit mobilisée pour un soutien d?étiage, il faut que le
concessionnaire soit sollicité par un acteur souhaitant en bénéficier. La direction de l?eau et de la
biodiversité considère que le soutien d?étiage constitue une dimension de la gestion des milieux
aquatiques et la prévention des inondations (GEMAPI) définie à l?article 211-7 du code de
l?environnement, même si celui-ci ne la cite pas expressément. Il s?agit donc d?une compétence
des intercommunalités qui peuvent la déléguer à un EPTB.
45 Décret n° 2016-530 du 27 avril 2016 relatif aux concessions d'énergie hydraulique et approuvant le modèle de
cahier des charges applicable à ces concessions https://www.legifrance.gouv.fr/loda/id/JORFTEXT000032471614
46 Voir notamment Compte de commerce 914 « Renouvellement des concessions hydroélectriques » Note
d?analyse de l?exécution budgétaire 2020, Cour des Comptes https://www.ccomptes.fr/sites/default/files/2021-
04/NEB-2020-Renouvellement-concessions-hydroelectriques.pdf
PUBLIÉ
https://www.legifrance.gouv.fr/loda/id/JORFTEXT000032471614
https://www.ccomptes.fr/sites/default/files/2021-04/NEB-2020-Renouvellement-concessions-hydroelectriques.pdf
https://www.ccomptes.fr/sites/default/files/2021-04/NEB-2020-Renouvellement-concessions-hydroelectriques.pdf
Novembre 2022 Les conditions de mobilisation des retenues
hydroélectriques pour le soutien d?étiage sur le bassin de
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2.2 Mobiliser de nouvelles retenues en complément d?une
optimisation de Naussac et Villerest sur le secteur Allier ? Loire
amont
Plus de 200 Mm3 ont été déstockés par les deux réservoirs de Naussac et Villerest en 2019. C?est
le troisième volume le plus élevé après celui de 1989 qui dépassait 250 Mm3 (avant modulation
des OSE) et celui de 2003 qui s?établissait à 235 Mm3. Malgré son importance, attestée par ces
chiffres, ce soutien d?étiage ne permet plus d?ores et déjà de satisfaire l?ensemble des usages en
équilibre avec le bon fonctionnement des milieux aquatiques, sur l?Allier aval et la Loire moyenne
(les DOE ne sont déjà plus respectés 8 années sur 10).
Jusqu?à présent les usages les plus prioritaires ont pu être assurés, chaque année, malgré une
modulation toujours plus forte des OSE conduisant à des débits soutenus inférieurs, à Gien, aux
seuils d?alerte (50 m3/s), voire au seuil d?alerte renforcé (45 m3/s) et s?approchant, en 2022, du
débit de crise (43 m3/s). Dans ces circonstances, où le soutien d?étiage rencontre ses limites,
interviennent des arrêtés préfectoraux limitant les usages.
Les analyses de la première partie soulignent que :
Le réservoir de Naussac est confronté au risque, avéré en 2022, d?un remplissage
seulement partiel en début de campagne de soutien d?étiage, que le changement
climatique devrait accroître fortement ;
Le réservoir de Villerest peut également ne pas être plein en début de période en raison
d?un débit sortant supérieur au débit entrant à la fin du printemps ;
La gestion prudente des réservoirs conduit à ce que demeurent, en fin de campagne, des
volumes relativement importants : au moins 39 Mm3 à Villerest depuis 2004 et 85 Mm3 à
Naussac depuis 2007.
Les analyses de la première partie montrent que le volume manquant pour revenir au respect des
DOE sur la Loire moyenne47, 8 années sur 10, est de l?ordre de 27 Mm3. La différence entre le
volume minimum de fin de campagne dans le réservoir de Villerest (39 Mm3) et celui en dessous
duquel le soutien à l?OSE de Gien n?est plus assuré (13 Mm3) est équivalent : 26 Mm3.
La mission a cherché prioritairement à définir les moyens de mieux mobiliser, en année sèche, les
volumes de Villerest et de Naussac, tout en conservant une gestion prudente visant à éviter toute
interruption du soutien d?étiage avant la fin de la campagne, que la mission estime entièrement
justifiée. Les débits naturels reconstitués à Gien, utilisés par la DREAL de bassin et l?EPL, ont
atteint en 2022, sur trois semaines (fin juillet ? mi-août), des niveaux compris entre 20 et 25 m3/s.
Si le soutien d?étiage venait à s?interrompe, un retour brusque à de tels niveaux entraînerait
vraisemblablement, outre l?impact sur le milieu naturel, des ruptures d?approvisionnement en eau
potable ainsi que des restrictions dans le fonctionnement des centrales nucléaires.
L?approche suivie combine deux dimensions :
Optimiser la gestion des deux réservoirs, en ayant bien à l?esprit que le volume mobilisable
à partir des réservoirs de Naussac et Villerest est déterminé par leurs règles de gestion qui
le limitent actuellement, dans la pratique, à 210 Mm3 ;
Utiliser les ressources des retenues de Grangent et Lavalette pour Villerest et des Fades
pour Naussac, en garantie automnale, pour maximiser l?utilisation des réservoirs en année
sèche, sans risque d?interruption du soutien d?étiage.
47 A Onzain
PUBLIÉ
Novembre 2022 Les conditions de mobilisation des retenues
hydroélectriques pour le soutien d?étiage sur le bassin de
Loire-Bretagne
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2.2.1 Optimiser la gestion de Naussac et Villerest
En général, en année sèche, le soutien d?étiage
démarre à des dates précoces avant que les deux
réservoirs n?aient achevé leur remplissage. Ce
soutien précoce les empêche d?y arriver. Il sert à
respecter les objectifs de soutien d?étiage à l?aval
immédiat des ouvrages : l?OSE du pied du
barrage pour Villerest et les OSE du confluent
avec le Chapeauroux et de Vieille-Brioude pour
Naussac. Contrairement à ceux de Gien et de
Vic-le-Comte, ces OSE de proximité ne sont pas
modulés. De plus, l?OSE de pied de barrage à
Villerest a été relevé par le CGRNVES, en 1998,
au-dessus des exigences du règlement d?eau du
barrage, pour des raisons qui mériteraient d?être
réexaminées.
La modulation de l?OSE de Villerest en dessous
de 12m3/s se traduirait par une légère perte de
production électrique (correspondant à une perte
de puissance de quelques MW), car un débit
inférieur à ce seuil ne peut pas être turbiné dans
les installations actuelles. Pour l?éviter, EDF
indique qu?il faudrait envisager d'équiper l'usine
d'un groupe adéquat, sous réserve que cela soit
techniquement faisable et économiquement
viable.
Figure 13 : Naussac et Villerest ? OSE de
proximité
Schéma mission
Dans une vision globale du devenir de l?ouvrage et de la mise en place de la réserve automnale,
l?Agence de l?eau pourrait participer au financement d?un investissement qui, dans un but
d?optimisation du soutien d?étiage, permettrait de maintenir la production d?électricité.
Ce sujet des OSE de proximité est à la main du CGRNVES et peut faire l?objet de décisions assez
rapides.
(CGRNVES) : Moduler les objectifs de soutien d?étiage de proximité de
Naussac (confluence du Chapeauroux et Vieille Brioude) et de Villerest (pied du barrage)
Sur Naussac, diverses mesures techniques peuvent être envisagées pour améliorer le remplissage
du réservoir :
augmenter les volumes d?eau prélevés par pompage dans l?Allier ;
autoriser le remplissage de Naussac par pompage et par dérivation du Chapeauroux en
été en cas d?épisode pluvieux ;
Ces mesures sont détaillées dans l?annexe 3 relative à Naussac et Villerest.
PUBLIÉ
Novembre 2022 Les conditions de mobilisation des retenues
hydroélectriques pour le soutien d?étiage sur le bassin de
Loire-Bretagne
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(EPL) : Explorer toutes les pistes d?augmentation du remplissage annuel
du barrage-réservoir de Naussac et, en particulier, la possibilité de faire appel plus souvent
au pompage dans l?Allier.
Sur Villerest, et à une échelle plus retreinte, la mission considère qu?il est possible d?optimiser le
fonctionnement du barrage en vue du soutien d?étiage sur deux points :
une légère anticipation sur le mois de mai de la remontée à la cote maximale pour se
donner plus de chance de l?atteindre ;
et la conservation d?un volume d?eau plus important dans la retenue du 15 septembre au
15 octobre.
Ces deux possibilités, développées en annexe 3, mettent en jeu l?articulation de l?écrêtement des
crues et du soutien d?étiage. Elles supposent un aménagement du règlement d?eau et passent
donc par des études détaillées à réaliser par l?EPL pour pouvoir en soumettre le projet au service
de contrôle (DREAL AURA).
Ces améliorations supposent, dans certains cas, la réalisation d?investissements. D?autres peuvent
intervenir par modification des règles de gestion. Il est dès lors souhaitable que ces dernières
fassent l?objet d?un processus d?amélioration continue fondée sur des retours d?expérience
réguliers.
2.2.2 Maximiser l?utilisation de Villerest par un appel éventuel à Grangent
et Lavalette en automne
Deux grandes retenues, aux statuts différents, existent à l?amont de Villerest : Grangent et
Lavalette. La mission propose de les utiliser pour contribuer au soutien d?étiage de la Loire après
la saison touristique donc du 15 septembre au 30 novembre48.
2.2.2.1 Le barrage de Grangent
La vocation première du barrage de Grangent, construit entre 1955 et 1957 et concédé à EDF en
octobre 1960 jusqu?au 31 décembre 2032, réside dans la production d?électricité (avec une
puissance maximale brute de 38,4 MW et une production énergétique moyenne annuelle d?environ
120 GWh). Mais il a également une fonction touristique49 et d?alimentation en eau du canal du
Forez (qui prélève environ 38 Mm3 en moyenne annuelle dont 3,5 Mm3 du premier juin au quinze
septembre). La gestion de l?ouvrage est faite pour que la retenue soit à son niveau maximum au
1er juin, ce qui certaines années, comme en 2022, peut pénaliser le remplissage de Villerest (voir
1.1.1.3). Ensuite, elle délivre à l?aval, du 1er juin au 15 septembre, un débit réservé (partagé entre
la Loire et le canal du Forez50 ) en fonction des entrants au niveau de Bas-en-Basset, tout en
maintenant le niveau de la retenue dans la frange du mètre supérieur pour la fonction touristique.
48 La période de soutien d?étiage définie par le règlement d?eau du barrage de Villerest s?arrête au 30 novembre.
Les rares années où la campagne de soutien d?étiage se prolonge sur le mois de décembre, une prolongation de
la réservation au-delà du 30 novembre pourrait être négociée avec le concessionnaire.
49 Celle-ci conduit à conserver la cote du barrage du 1 juin au 15 septembre au plus près de 420 m NGF (en pratique
entre 419,80 m NGF et 419,98 m NGF).
50 Les règles de partage sont fixées par l?arrêté du préfet de la Loire n°2014283-0011 en date du 10 octobre 2014
PUBLIÉ
Novembre 2022 Les conditions de mobilisation des retenues
hydroélectriques pour le soutien d?étiage sur le bassin de
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Son volume total est de 57,4 Mm3, mais, du fait du culot de l?ouvrage, sa capacité utile51 n?est que
de 26 Mm3. Du 1er juin au 15 septembre, au-delà du débit réservé, l?ouvrage n?a aucune capacité
disponible pour du soutien d?étiage, hors alimentation du canal du Forez. La capacité utile minimale
recouvrée au 15 septembre est comprise entre 26 et 22,5 Mm3, selon que la réserve prévue pour
le canal du Forez a été entièrement utilisée ou pas du tout. Elle peut même être inférieure en année
très sèche où le Syndicat mixte d'irrigation et de mise en valeur du Forez (SMIF) appelle durant
l?été un volume d?eau supplémentaire, en se fondant sur le droit d?eau figurant dans le décret de
1863 concédant le canal du Forez. Ce fut le cas en 2022.
Dans ces conditions, la mission propose de réserver, en ordre de grandeur, un peu plus de 40 %
de cette capacité, soit environ 10 Mm3, de mi-septembre à fin novembre, pour un éventuel
remplissage complémentaire du réservoir de Villerest afin d?éviter le risque d?interruption du soutien
d?étiage à l?OSE de Gien par ce dernier.
Figure 14 : Grangent gestion actuelle et proposition mission
gestion actuelle
proposition mission
Source : calculs mission à partir de données EDF
Il apparaît en effet à la mission préférable pour le soutien d?étiage de la Loire et de l?Allier de
mobiliser d?abord durant l?année les retenues de Naussac et de Villerest dont les eaux sont avant
tout destinés au soutien d?étiage, plutôt que celles de Grangent, qui ont une valorisation supérieure
pour la collectivité puisqu?elles peuvent apporter un soutien d?étiage comparable et qu?elles
produisent une quantité d?électricité plus importante.
Cette réserve automnale ne change rien à l?obligation du concessionnaire de remplir la retenue à
son maximum pour le 1er juin. Elle est, sous cet aspect, sans impact sur la production d?électricité
au printemps. Cette réserve fait par contre peser une contrainte qui peut entraîner à partir du 15
septembre une perte pour le concessionnaire : celui-ci dispose cependant encore du reste de la
retenue, soit a minima 12,5 Mm3. Cette contrainte sera d?autant plus importante que la réservation
sera maintenue longtemps. Afin de ne pas handicaper inutilement la production électrique et de
limiter le coût de la compensation, cette réservation devra être annulée ou réduite le plus tôt
possible, dès lors que la situation climatique particulière de l?année en cours et la modulation
possible des OSE à l?automne montreront qu?elle s?avère inutile ou trop élevée (ce qui devrait être
51 En dehors de l?étiage, le fonctionnement usuel constaté ces dernières années correspond à l?exploitation d?une
frange d?environ 10 m (entre 410 et 420 m NGF), soit 26 Mm3 (sur les 28,9 Mm3 utiles de la retenue compte tenu
du culot non exploitable de 28,1 Mm3). En effet, un abaissement de la cote en-dessous de 410 m NGF pourrait
conduire à une dégradation de la qualité de l?eau surtout en fonction de rythme éventuel d?abaissement (tel que
pourrait être celui nécessaire à du soutien d?étiage conséquent par exemple à 10 m3/s, soit env. 1 Mm3/jour).
0
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01/06-15/09 après 15/09
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cote touristique réserve SMIF électricité
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01/06-15/09 automne hiver-printemps
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périodes
cote touristique réserve SMIF réserve Villerest électricité
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le plus souvent le cas). Le coût de cette réservation devrait donc être relativement limité. Il devra
être précisé dans la cadre de la négociation de la convention qui permettra de mettre en oeuvre
cette réservation, sans attendre l?échéance de la concession en 2032.
2.2.2.2 Le complexe Lavalette ? La Chapelette
Plus à l?amont, sur le Lignon du Velay, les deux barrages de Lavalette et de la Chapelette ont pour
rôle principal l?alimentation en eau potable de la région stéphanoise. Le barrage de Lavalette, mis
en service en 1914, et rehaussé en 1949, a une capacité de 41 Mm3. Les chutes d?eau des deux
ouvrages ont été équipées d?usines hydroélectriques. Ces usines ont été concédées à EDF en
1952. Compte tenu des caractéristiques techniques des ouvrages, le volume turbinable par l?usine
de Versilhac correspond à la partie supérieure de la retenue, soit un volume utile hydroélectrique
de 30 Mm3. Les 11 Mm3 de la partie basse peuvent, si besoin, être délivrés à l?aval pour
l?alimentation en eau potable, mais sans être turbinés. La convention signée en 1955 entre EDF et
la ville de Saint-Etienne stipule que du 1er octobre au 31 mars, un volume d?eau de 11 Mm3 est
réservé pour la ville, et que du 1er avril au 30 septembre, ce volume d?eau s?élève à 20 Mm3 (sous
réserve du remplissage de la retenue). Alors que la population stéphanoise était en croissance
régulière, un avenant à la convention, signé de 1971, a prévu que, sur demande de la ville, ces
volumes d?eau pouvaient être augmentés. La croissance démographique ayant été à cette époque
fortement surévaluée, les volumes réservés n?ont pas eu besoin d?être augmentés.
Le schéma d?aménagement des eaux du bassin du Lignon du Velay, approuvé en 2021, indique
qu?en année plutôt haute, les eaux ainsi prélevées dans la retenue sont de l?ordre de 14,2 Mm3,
principalement en été, dont 11,2 millions sont exportés au-delà du bassin. Hors année
exceptionnelle52, le prélèvement maximal opéré sur Lavalette pour l?alimentation en eau potable
de Saint-Etienne (9,2 Mm3) et pour d?autres collectivités de la Haute-Loire et de la Loire (5,4 Mm3)
reste inférieur à 15 Mm3.
Les informations communiquées par Saint Etienne Métropole à la mission indiquent que, de 2003
à 2021, le volume présent dans la retenue au 30 septembre53 se situe entre 20 et 31 Mm3, ce qui
correspond à une quantité d?eau utilisable pour la production d?électricité comprise entre 9 et 20
Mm3 . En 2022, le volume disponible au 1er octobre était de 17,9 Mm3. Ce niveau inférieur à la
fourchette habituelle est dû à des éclusées d?environ 6 Mm3 réalisées par EDF au mois de mai
pour atteindre la cote touristique du barrage de Grangent. Elles ont conduit à un niveau bas,
inférieur à 30 Mm3 au 1er juin mais compatible avec la convention signée avec la métropole. En
réaction à cette situation, Saint-Etienne Métropole a estimé nécessaire, pour préserver la
ressource disponible pour son alimentation en eau potable en 2023, de demander à EDF de
relever à :
15 Mm3, du 1er octobre 2022 au 31 mars 2023, le volume réservé hivernal ;
25 Mm3, du 1er avril au 30 septembre 2023, le volume réservé estival.
Cette réservation supplémentaire, qui est spécifique à l?année 2023, limite de facto la production
d?électricité possible pendant l?hiver 2022-2023, période où l?équilibre entre l?offre et la demande
électrique va être particulièrement tendu.
Dans ces conditions, la mission estime qu?une capacité de l?ordre de 5 Mm3 devrait pouvoir y être
réservée pour un éventuel remplissage complémentaire du réservoir de Villerest à partir du 30
septembre, dans les mêmes conditions que celles proposées pour Grangent. Sous réserve d?une
52 Années (2017 et 2020) où des travaux sur la seconde grande retenue de Saint Etienne Métropole (barrage du
Pas de Riot sur le Furan) ont conduit à des prélèvements sur Lavalette pouvant atteindre jusqu?à 14,4 Mm3.
53 Le volume résiduel en fin de campagne est le bilan du stock provisionné en début d?été, des apports estivaux
(aléatoires) et de la consommation réelle (variable d?une année sur l?autre).
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Novembre 2022 Les conditions de mobilisation des retenues
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négociation aboutie avec Saint-Etienne Métropole, cette réservation pourrait faire l?objet d?une
convention spécifique entre l?EPL, EDF, Saint-Etienne Métropole et l?autorité concédante, assurant
un équilibre entre alimentation en eau potable, production d?électricité et soutien d?étiage, sans
attendre l?échéance de la concession en 2027.
Figure 15 : Lavalette ? gestion actuelle et proposition mission
gestion actuelle
54
proposition mission
Source : calculs mission à partir de données Saint-Etienne Métropole
A la différence de ce qui a été proposé sur Grangent, la constitution, sur cette retenue, d?une
réserve au bénéfice de Villerest aurait un double impact sur le concessionnaire :
Elle l?obligerait à assurer un remplissage plus élevé de la retenue au 1er avril (25 Mm3 au
lieu de 20). La mission observe toutefois que jusqu?à présent, y compris en 2022, EDF a
rempli la retenue entre 26 et 36 Mm3, soit bien au-dessus de la réserve dont bénéficie
Saint-Etienne Métropole ;
Elle limiterait sa capacité à produire de l?électricité à l?automne.
Le coût de cette réservation devrait donc, logiquement, être supérieur à celui d?un même volume
à Grangent. Afin de ne pas handicaper inutilement la production électrique, cette réservation devra
être annulée le plus tôt possible, dès lors qu?elle s?avèrera inutile (ce qui devrait être le plus souvent
le cas).
Au total, la mission estime possible de réserver, dans ces deux retenues, un volume de l?ordre de
15 Mm3 à l?automne, au-delà respectivement du 15 et du 30 septembre, pour sécuriser la gestion
du réservoir de Villerest face au risque d?interruption du soutien d?étiage pendant cette période. La
prise en compte de ces volumes complémentaires dans la gestion du réservoir, par une révision
des courbes planchers et d?alerte, et dans les modélisations MORDOR, conduirait à une
consommation plus systématique, en année moyenne à sèche, de l?eau contenue dans Villerest
sans remettre en cause la gestion prudente dont fait preuve le CGRNVES.
2.2.3 Atténuer les contraintes de la gestion pluriannuelle de Naussac par
une mobilisation des Fades sur la Sioule
Comme présenté en partie 1, les ouvrages des Fades et de Queuille sur la Sioule délivrent un
54 Rappel : sur une capacité de 41 Mm3, seuls 30 Mm3 sont utilisables pour produire de l?électricité
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réserve AEP réserve Villerest électricité
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double soutien d?étiage :
à hauteur de 2,5 m3/s au titre d?un régime garanti, obligation de la concession ;
pour un débit complémentaire d?au maximum 0,7 m3/s, du 1er juin au 30 septembre, dans
le cadre d?une convention signée en 2020 avec la Chambre d?agriculture de l?Allier.
Ainsi, si la capacité utile des deux ouvrages est de 58,9 Mm3, leur capacité utile estivale est plus
faible et a été estimée par EDF à 46 Mm3, une fois décomptés les volumes provisionnés pour les
débits garantis et le soutien agricole. En pratique, le volume utile sur lequel pourrait être imputé un
soutien d?étiage automnal serait toutefois moindre. La gestion printanière a, en effet, pour objectifs
de provisionner le volume estival nécessaire au soutien d?étiage (env. 13 Mm3, cf. supra), mais
aussi de produire au mieux des besoins énergétiques.
Dans ces conditions, la mission estime qu?une capacité de l?ordre de 15 Mm3 pourrait être mobilisée
pour garantir un soutien d?étiage de l?Allier aval, puis de la Loire, en automne, au cas où le réservoir
de Naussac risquerait de voir son niveau descendre en-dessous d?une cote rendant son
remplissage pour l?année suivante trop incertain mais aussi dans le cas où le réservoir de Villerest
serait épuisé. Comme pour Villerest, la prise en compte de ces volumes complémentaires dans la
gestion du réservoir, conduirait à une consommation plus systématique, en année moyenne à
sèche, de l?eau contenue dans Naussac sans remettre en cause la gestion prudente dont fait
preuve le CGRNVES.
Figure 16 : Les Fades - gestion actuelle et proposition mission
gestion actuelle
proposition mission
Source : calculs mission à partir de données EDF
Ce soutien d?étiage supplémentaire en provenance de Naussac est toutefois limité par la capacité
annuelle de remplissage de ce réservoir qui a été voisine de 90 à 100 Mm3 sur les années 2016-
2019, ce qui renforce l?intérêt de l?augmenter (cf. annexe 3). Compte tenu de cette limitation, il est
possible que certaines années, cette réserve ne permette de déverser plus d?eau qu?à partir de
Villerest.
La création d?une telle réserve devra donc s?accompagner, dans la gestion du réservoir de Naussac,
de l?introduction de courbes d?alerte, à l?instar de celle existant sur Villerest, organisant l?appel à
cette réserve en fonction du niveau du réservoir et de l?évolution prévue de celui-ci dans une vision
pluriannuelle.
Comme pour Lavalette, la création d?une telle réserve aura un double impact sur la production
d?électricité : au printemps pour assurer un remplissage plus élevé de la retenue et à l?automne,
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débit garanti réserve CA03 réserve Naussac électricité
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tant que la réservation n?est pas levée. Afin de ne pas handicaper inutilement la production
électrique, cette réservation devra être annulée ou réduite le plus tôt possible, dès lors qu?elle
s?avèrera inutile ou trop élevée (ce qui devrait être le plus souvent le cas).
La mission souligne également qu?il serait possible d?augmenter la production d?électricité, de
quelques MW, en plaçant une turbine sur la conduite correspondant au débit garanti de 2,5 m3/s.
Ces eaux ne peuvent en effet pas être turbinées actuellement lorsqu?elles sont relâchées. Un tel
projet ne permettrait de compenser ni la perte économique subie par le concessionnaire ni la perte
énergétique. Par contre, le bilan énergétique serait plus faiblement dégradé. Les études et le
chiffrage sont néanmoins à réaliser par EDF. Dans une vision globale du devenir de l?ouvrage et
de la mise en place de la réserve automnale, l?Agence de l?eau pourrait participer au financement
de l?investissement.
2.2.4 La modification de l?équilibre entre les soutiens d?étiage de la Loire
et de l?Ardèche par les ouvrages de Montpezat ne répondrait pas aux
ordres de grandeur
L?aménagement de Montpezat, décrit en annexe 4, est le plus important du bassin pour la
production d?électricité.
2.2.4.1 Le soutien d?étiage par Montpezat
Le complexe de Montpezat délivre un double soutien d?étiage :
un débit garanti de 1 m3/s sur la Loire résultant des obligations du cahier des charges de
la concession55 ;
un soutien sur l?Ardèche découlant de la convention intervenue en 1984 entre EDF et le
Syndicat mixte d?équipement de l?Ardèche pour la construction du barrage de Pont-de-
Veyrières sur la Fontaulière.
Le soutien d?étiage de la Loire est prioritaire par rapport à celui de l?Ardèche. Comme nous l?avons
vu au 1.1.3, compte tenu des montants respectifs du débit garanti sur la Loire et de l?OSE à Voguë
sur l?Ardèche, si le soutien d?étiage au sens strict à partir de Montpezat, est principalement délivré
vers l?Ardèche (entre 73 % et 100 % selon les années, en pratique), le volume déversé pendant
cette période, vers l?Ardèche (8,8 Mm3) est quasiment similaire, en moyenne, aux volumes assurés
à la Loire par le débit garanti dont elle bénéficie (8 Mm3).
Cependant les modalités de soutien sont très différentes :
Sur la Loire, il est versé de manière continue via un débit garanti de 1 000 litres par seconde,
assuré principalement (entre 60 et 100 % selon les années et en moyenne à 88 %) par le
débit naturel du fleuve et accessoirement par le soutien d?étiage ;
Tandis que, sur l?Ardèche, les règles pesant sur le bassin de démodulation de la Fontaulière
permettent une plus grande variabilité. Le débit d?objectif peut en effet être modulé en
concertation avec les bénéficiaires du soutien ce qui, pour la mission, constitue une très
bonne pratique pour préserver le stock (notamment s?il n?est pas maximum au début de
l?étiage en année sèche) et/ou allonger la période de soutien jusqu?au 31 octobre, ce qui
est fréquemment mis en oeuvre.
La priorité accordée à la Loire par le débit garanti risque de conduire, sous l?effet du changement
55 Cahier des charges annexé à la loi 43-99 du 21 mars 1949 concédant à EDF les travaux d?aménagement de la
chute de Montpezat.
PUBLIÉ
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climatique, à une modification progressive du partage du soutien d?étiage au détriment de l?Ardèche
au fur et à mesure que diminuera le débit naturel de la Loire amont en été. Une baisse de 20 %
des débits naturels, par rapport à la période 2000-2021, conduirait, en moyenne, à multiplier par
1,4 le soutien d?étiage de la Loire afin d?assurer le débit de 1 m3/s imposé au pont de la Borie. Une
baisse de 40 % à la multiplier par 2,8. Dans tous les cas ceci réduira le volume pouvant servir au
soutien d?étiage de l?Ardèche.
Une révision du partage des eaux, en été, entre la Loire et l?Ardèche, évoquée par certains acteurs,
ne pourrait porter que sur un nombre très restreint de millions de m3 (nettement inférieur à 5). En
effet, en 2016, la Loire a bénéficié de 3 Mm3 sur le volume maximum disponible de 12 Mm3. Une
nouvelle règle de répartition ne pourrait être établie qu?en tenant compte des contraintes
rencontrées par les acteurs de l?Ardèche et de la Loire ainsi que des effets prévisibles du
changement climatique.
Au final, le complexe de Montpezat ne saurait apporter une sécurisation du soutien d?étiage par
Villerest comparable à celle envisagée pour Grangent et Lavalette.
2.2.4.2 La création d?une STEP
Les stations de transfert d?énergie par pompage (STEP) consistent en un ensemble de deux
réservoirs d?eau situés à deux niveaux différents (avec typiquement un dénivelé d?au moins 100 m)
entre lesquels se trouve l?usine hydro-électrique. En passant du réservoir supérieur au réservoir
inférieur, l?eau alimente la turbine de l?usine comme dans un barrage classique et peut ainsi
produire de l?électricité durant les heures de pointe. Elle est remontée par un système de pompage
situé également dans l?usine durant les heures creuses.
L?association European Rivers Network (ERN) France ? SOS Loire Vivante préconise de créer une
STEP sur Montpezat.
Cette solution n?a pas trouvé, pour le moment, de localisation possible sur Montpezat : la distance
géographique qui sépare les bassins supérieurs du Gage et de La Palisse du bassin de
démodulation de la Fontaulière (voir schéma en annexe) ne permet pas d?envisager un tel
fonctionnement à partir des bassins existants.
Ainsi, si la création d?une STEP constitue une solution a priori intéressante, la mission ne voit pas
comment elle peut être appliquée à l?usine de Montpezat.
Plus généralement, sur le reste du bassin Loire-Bretagne, les hauteurs de chute rencontrées
limitent la puissance et donc l?intérêt d?éventuelles STEP.
2.2.5 En conclusion sur l?Allier et la Loire amont
Ce sont les capacités disponibles sur les bassins de la Loire amont et de l?Allier, bien plus que les
besoins pouvant être projetés à moyen terme, qui déterminent les possibilités de renforcer et
sécuriser le soutien d?étiage de l?Allier et de la Loire assuré par Naussac et Villerest.
Les investigations de la mission la conduisent à proposer, après discussions techniques avec EDF,
Saint-Etienne Métropole, l?EPL, la DREAL et l?AELB :
de mobiliser à cet effet les trois retenues hydroélectriques existantes pour réserver à
l?automne un volume d?environ 30 Mm3 au-delà du soutien que deux d?entre elles peuvent
déjà procurer (Sioule par les Fades ? Queuille et canal du Forez par Grangent) ;
de moduler les OSE de proximité de Naussac (confluence du Chapeauroux et Vieille-
Brioude) et de Villerest (pied du barrage) ;
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et d?explorer toutes les pistes possibles d?augmentation du remplissage annuel du barrage-
réservoir de Naussac.
Les capacités correspondantes sont limitées :
environ 15 Mm3 en amont de Villerest ;
environ 15 Mm3, sur l?Allier aval en complément de Naussac.
La répartition ainsi proposée du volume total de la réserve automnale entre ces trois ouvrages doit
rester indicative aux yeux de la mission tant que le concessionnaire de la chute d?eau est le même
sur les trois ouvrages : c?est à lui de la déterminer chaque année en fonction de l?état des stocks
présent sur chaque ouvrage au mois de mai. Suivant la répartition choisie par le concessionnaire,
cette réserve automnale représenterait, si elle était effectivement utilisée comme soutien d?étiage,
une perte d?électricité à la pointe de 10 à 14 GWh56, soit une perte57 d?environ 2 à 3 M¤ (pour un
MWh égal à 200 ¤) en partie compensée par la production d?une même quantité d?électricité à un
moment où les prix seraient plus faibles.
Même si ces volumes apparaissent modestes au regard des volumes utiles des deux réservoirs
de Naussac et Villerest, ils sont significatifs et susceptibles d?avoir un effet de levier, en favorisant
une utilisation plus complète des volumes contenus dans les réservoirs, par une sécurité apportée
face au risque d?interruption du soutien d?étiage à l?automne. La mission estime qu?ils sont
susceptibles d?augmenter d?autant le volume maximum mobilisable actuellement limité dans le
pratique à 210 Mm3 et donc de le porter entre 240 et 250 Mm3.
Pour la mission, il s?agit de passer d?une approche prudente à une approche prudentielle, assise
sur la garantie apportée par la réservation de ces volumes dans les trois retenues.
Cette approche conduit à minimiser l?impact potentiel sur la production hydroélectrique, la
réservation ayant toute chance d?être plus souvent annulée qu?utilisée : elle ne devrait être appelée
en effet que dans le cas d?un automne sec, succédant à un été sec (voire également un printemps
qui n?aurait pas permis de remplir totalement les ouvrages).
Afin de minimiser l?impact de la mise en place de cette réserve sur la production électrique la
mission considère de plus que :
Le remplissage des ouvrages, pour aboutir aux réserves mentionnées ci-dessus, ne doit
commencer qu?après la période hivernale durant laquelle les réserves hydroélectriques
sont régulièrement appelées pour faire face à la demande de pointe ;
Le volume de soutien assurantiel pour la campagne de soutien d?étiage pourra être ajusté
par exemple à la fin du mois de mai pour tenir compte du remplissage réel des ouvrages
(sans s?éloigner notablement cependant des volumes envisagés) ;
Il est souhaitable de pouvoir renoncer, au plus tôt au cours de la campagne, à cette réserve
automnale, ou la réduire, s?il s?avère qu?elle ne sera pas nécessaire, ce qui permettra de
limiter la contrainte énergétique et l?indemnisation correspondante ;
Le volume ainsi réservé doit être considéré comme un volume total en laissant toute
latitude au concessionnaire pour le répartir entre les trois ouvrages ;
Ce volume pourra être revu à la baisse une année donnée, avant le début de la période
d?étiage en cas de besoins exceptionnels en énergie et puissance à la pointe,
56 Les puissances des ouvrages concernés sont de 22 MW pour Lavalette (Vershilac-Vendets), 38,4 MW pour
Grangent et 46 MW pour les Fades-Queuille.
57 Ce montant ne couvre pas la perte de valeur de la production liée à la mise en place de cette réserve.
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correspondant par exemple à une indisponibilité programmée du parc nucléaire ou à une
rupture probable de l?approvisionnement en gaz ;
L?indemnisation du concessionnaire, pour la perte correspondant à la mise en place de la
réserve, devra être versée même si le soutien d?étiage n?est pas mis en oeuvre. Toutefois,
comme cela se pratique actuellement sur certains soutiens en Adour Garonne,
l?indemnisation sera réduite si cette réserve est levée avant la fin de la période. Les
déversements éventuels devront eux aussi être indemnisés.
2.2.5.1 Conforter l?EPL dans son rôle de pivot de la gestion opérationnelle et de caisse
de financement du soutien d?étiage
La gestion opérationnelle des réservoirs de Naussac et Villerest est assurée par l?EPL. L?appel aux
volumes réservés dans les retenues de Grangent et Lavalette, pour le réservoir de Villerest, et à la
retenue des Fades pour le réservoir de Naussac, ne peut reposer que sur un dialogue en fonction
de l?évolution du niveau de chacun des réservoirs entre l?EPL et le ou les propriétaire et
concessionnaire des ouvrages correspondants qui ont la responsabilité des lâchers à l?aval de leur
barrage. C?est à lui qu?il reviendra d?annuler les réservations ou d?appeler auprès d?EDF tout ou
partie des volumes réservés.
La proposition de la mission ne peut techniquement être mise en oeuvre que dans le cadre d?une
convention entre l?EPL, EDF, Saint-Etienne Métropole pour Lavalette, et l?autorité concédante
conformément aux éléments juridiques présentés au point 2.1.3 ci-avant. Celle-ci pourra
avantageusement s?inspirer des conventions en vigueur sur le bassin Adour-Garonne58, signée
entre l?EPTB, l?Agence de l?eau, EDF, l?Etat et définissant les rôles de chacun.
Cette garantie aura un coût : la constitution de cette réserve entraîne en effet une perte pour le
concessionnaire, qui doit être indemnisé, même en année où elle ne sera pas consommée. La
rémunération devra de plus être d'autant plus forte que la réserve sera levée tardivement : si la
réserve venait à être levée au quinze septembre, la rémunération devrait être faible (correspondant
à la perte résultant des contraintes de cote sur les Fades et Lavalette jusqu?à cette date). Le prix
de la prestation devra être négocié avec EDF pour les retenues de Grangent et des Fades, avec
EDF et Saint-Etienne métropole pour la retenue de Lavalette.
L?EPL finance le coût du soutien d?étiage assuré par les réservoirs de Naussac et Villerest par des
redevances perçues auprès des bénéficiaires dans le cadre d?un arrêté inter-préfectoral du 10
novembre 2006 qui « déclare d?intérêt général l?exploitation, l?entretien et l?aménagement par
l?Etablissement Public Loire des barrages-réservoirs de Naussac [... ] et de Villerest [... ], pour le
soutien des étiages de l?Allier et de la Loire destiné à améliorer les possibilités de prélèvement
dans ces cours d?eau et leurs nappes d?accompagnement ». Les fondements juridiques et les
modalités pratiques de ce mode de financement sont détaillés en annexe 3.
Le coût de ces réservations peut-il être financé dans ce cadre ? La mission considère, en première
analyse, que oui, pour les raisons suivantes :
Les réservations visent, dans une démarche prudentielle, à permettre d?utiliser plus
complètement l?eau contenue dans les deux réservoirs en garantissant autrement le
gestionnaire vis-à-vis du risque d?interruption brutale du service rendu pour le soutien
d?étiage. Les dépenses correspondantes peuvent donc être considérées comme faisant
58 Voir notamment le contrat de coopération provisoire signé en vue de la mobilisation de réserves d?Edf pour le
soutien d?étiage signée le premier juillet 2020
https://www.lagaronne.com/sites/default/files/upload/contrat_edf_2020_2021_2022_du_1er_juillet_2020_allege_p
our_site.pdf ou la convention spécifique relative au bassin du Lot signée le 23 août 2019
https://www.lagaronne.com/sites/default/files/upload/20190823_convention_specifique_lot.pdf
PUBLIÉ
https://www.lagaronne.com/sites/default/files/upload/contrat_edf_2020_2021_2022_du_1er_juillet_2020_allege_pour_site.pdf
https://www.lagaronne.com/sites/default/files/upload/contrat_edf_2020_2021_2022_du_1er_juillet_2020_allege_pour_site.pdf
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partie des coûts d?exploitation des réservoirs et être prises en compte dans le budget
annexe de l?EPL.
Ces dépenses d?exploitation complémentaires peuvent être répercutées sur les
bénéficiaires dans le cadre de la déclaration d?intérêt général de 2006. Car elles améliorent
bien leur capacité de prélèvement dans l?Allier ou la Loire, chaque année par effet de levier
sur l?optimisation de la gestion de Naussac et Villerest, et exceptionnellement par
complément de soutien d?étiage.
La charge pesant sur chaque bénéficiaire n?est pas fondée sur le coût du prélèvement
opéré l?année en cours mais sur un volume prélevable représentant la capacité de
prélèvement dont il bénéficie grâce à l?existence du dispositif dans son ensemble. Ainsi, le
coût d?exploitation de Villerest est répercuté sur tous les bénéficiaires, y compris ceux du
Val d?Allier qui ne prélèvent pas d?eau provenant de ce réservoir. De la même façon, le coût
de Naussac est répercuté sur tous les bénéficiaires, y compris ceux situés sur la Loire à
l?amont du bec d?Allier qui ne prélèvent pas d?eau provenant de ce réservoir. Lorsque de
manière exceptionnelle, la retenue des Fades déversera de l?eau, le coût correspondant,
qui participera du dispositif d?ensemble, pourra être répercuté sur tous les bénéficiaires, y
compris ceux situés sur l?Allier à l?amont de la confluence de la Sioule comme ceux situés
sur la Loire à l?amont du bec d?Allier.
La possibilité de financer ces réservations dans la cadre de la déclaration d?intérêt général (DIG)
actuelle gagnerait à être vérifiée par une analyse juridique plus poussée. Au cas où ce ne serait
pas possible, une nouvelle DIG pourrait être prise. Cela offrirait l?occasion de supprimer les
distorsions d?imputation entre bénéficiaires relevées par la mission59.
Le dispositif proposé par la mission peut être mis en place de manière progressive et à court terme,
les conventions relatives à chaque retenue pouvant être conclues indépendamment les unes des
autres.
2.2.5.2 Adapter la gouvernance du dispositif
La gouvernance du dispositif de soutien d?étiage de l?Allier et la Loire par l?EPL est organisé autour
du CGRNVES, présidé par la préfète coordonnatrice de bassin.
La mission a recueilli de nombreux témoignages de satisfaction quant au travail de ce comité, y
compris pendant une année aussi difficile que 2022, et quant au pilotage assuré par la préfète de
bassin avec son appui.
La mission considère que cette gouvernance présente deux caractéristiques fortes qu?il faut
absolument préserver :
1) Elle articule, au sein du même comité, gestion courante et gestion de crise. Cette
articulation doit être absolument maintenue car la performance des administrations en
charge de la gestion de crise est fondée sur une expérience, des connaissances et des
compétences techniques qui ne peuvent être acquises et entretenues que par une
articulation constante à la gestion courante.
2) Elle associe toutes les parties prenantes représentées au comité de bassin. Cette
association des parties prenantes, dans toute leur diversité, est une condition essentielle
de l?efficacité d?un processus d?amélioration continue des règles et pratiques de gestion par
retour d?expérience tel que proposé par la mission. Elle est aussi une condition essentielle
de l?acceptabilité sociale des mesures de gestion de crise.
59 Voir Annexe 3
PUBLIÉ
Novembre 2022 Les conditions de mobilisation des retenues
hydroélectriques pour le soutien d?étiage sur le bassin de
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La gouvernance constituée autour du CGRNVES gagnerait sans doute à évoluer. L?extension des
responsabilités de l?EPL découlant des propositions de la mission pourrait fournir l?occasion d?une
telle évolution.
Dans cet esprit, la mission recommande de mieux distinguer la gestion courante, de la compétence
du président de l?EPL, sur la base de règles préétablies et validées par le CGRNVES, et la gestion
de crise, de la compétence de la préfète de bassin, en conservant au CGRNVES une pluralité de
fonctions adaptée :
Définir de nouvelles règles de gestion de Villerest et de Naussac pour tenir compte des
novations qui pourraient suivre la remise de ce rapport : modulation des OSE de proximité,
optimisation du remplissage des réservoirs et prise en compte des réserves automnales
constituées dans les retenues hydroélectriques de Grangent, Lavalette et des Fades ;
Conseiller le président de l?EPL pour l?amélioration continue des règles pratiques de gestion
des réservoirs et de l?appel aux réserves complémentaires ;
Conseiller la préfète de bassin pour la gestion de crise.
La mise en place de la réserve automnale que la mission propose repose sur une idée simple. Sa
mise en oeuvre, qui conduit à coordonner la gestion, durant une grande partie de l?année, des
réserves d?eau de cinq ouvrages différents, en fonction de l?état des stocks et des prévisions
météorologiques, soulèvera diverses difficultés qui seront surmontées par retours d?expérience
successifs. Le CGRNVES doit jouer un rôle central d?association de toutes les parties prenantes à
l?affinement des nouvelles règles de gestion en fonction de l?expérience acquise, en veillant à
préserver la fonction énergétique de l?ensemble.
(EPL) : Etudier, en lien avec EDF et Saint-Etienne Métropole, la
possibilité de réserver la disponibilité, à l?automne, d?environ 30 Mm3 d?eau dans les
retenues de Grangent, Lavalette et des Fades en appui de Naussac et Villerest.
2.3 Préserver le soutien d?étiage de la Vienne
Le dispositif de soutien d?étiage de la Vienne est présenté en partie 1.1.2.
La mission constate que ce dispositif a prouvé son efficacité, y compris durant les étés secs de
2019 et de 2022 qui pourraient préfigurer ceux du milieu de siècle. Son efficacité repose sur EDF
qui en est, à la fois, le fournisseur et le bénéficiaire principal, et qui exploite l?ensemble des
aménagements mis à contribution en procédant aux ajustements opérationnel en temps réel. La
préserver passe par le maintien de cette unité y compris après l?échéance des concessions en
cours, dont notamment celle de Peyrat-le-Château60 en 2026.
La mission a pris connaissance avec intérêt des études de l?influence du changement climatique
sur les ressources en eau sur le bassin de la Vienne, présentées par Antea lors du séminaire sur
l?eau et le climat organisé par l?EPTB de la Vienne en juin 2022. Elle ne peut qu?encourager les
acteurs à poursuivre leurs travaux en vue d?évaluer la robustesse du dispositif face au changement
climatique
Elle constate aussi que ce dispositif s?appuie sur un ensemble de retenues, dont la capacité utile
totale de 134,5 Mm3 est limitée à 65,7 Mm3 du 1er avril au 31 août par la cote touristique du lac de
Vassivière, et que ce dispositif puissant peut, certaines années délivrer un soutien d?étiage d?un
60 La concession de Peyrat-le-Château inclut le lac de Vassivière et les barrages de Chammet et Faux-la-Montagne
PUBLIÉ
Novembre 2022 Les conditions de mobilisation des retenues
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ordre de grandeur comparable à celui délivré par Villerest ou par Naussac. La Vienne constitue par
ailleurs un affluent important de la Loire. Son DOE de 30 m3/s à Nouâtre représente 36 % du DOE
de 83 m3/s de la Loire à Langeais juste à l?amont du bec de Vienne. La mission invite l?AELB à
évaluer, dans le cadre de son étude HMUC globale sur le bassin de la Loire, l?impact du soutien
d?étiage de la Vienne sur la Loire aval ainsi que l?intérêt et l?opportunité d?une prise en compte
d?objectifs situés sur la Loire aval par ce dispositif.
2.4 Adapter les dispositifs locaux au changement climatique
La mission n?a pas étudié en détail les 4 dispositifs locaux existants.
Le dispositif de soutien d?étiage de l?Aulne par les retenues de Saint-Michel et Saint-Herbot
applique tous les principes des législations actuelles61 et est géré par objectif de soutien d?étiage.
Il apparaît, à première vue, capable de s?adapter aux évolutions climatiques attendues.
2.4.1 Le cas du Cher : l?adoption souhaitable d?objectifs de soutien
d?étiage variables
Le dispositif de soutien du Cher à partir des retenues de Rochebut et Prat repose sur un débit
garanti du 1er juin au 30 novembre appuyé sur un volume garanti au 1er juin. Il est défini dans le
cahier des charges de 2013 de la concession de Teillet-Argenty. Malgré le caractère récent de ces
dispositions et des alertes antérieures à sa dernière formalisation62, ce dispositif se révèle déjà
inadapté63 :
Le débit garanti ne peut être tenu durant toute la période d?étiage que si les apports naturels
sont suffisants, ce qui n?est déjà plus assuré et risque d?être de moins en moins le cas dans
le futur. Des dérogations préfectorales sont dès lors régulièrement nécessaires ;
Le besoin d?un soutien d?étiage jusqu?au 15 décembre exprimé par les collectivités
territoriales excède la période d?engagement (1er juin ? 30 novembre) prévue dans le cadre
de la concession.
Le déséquilibre entre les ressources disponibles et les consommations d?eau sur le bassin du Cher
est quelque peu atténué par les transferts d?eau, détaillés en annexe 8, dont il bénéficie à partir de
la Loire, de l?Allier et de la Creuse. Mais ceci ne permet pas de répondre à tous les besoins.
Suite à une expérimentation réalisée en 2020 et 2021, EDF a proposé aux collectivités territoriales
situées à l?aval du barrage une adaptation du dispositif par voie conventionnelle qu?elles n?ont pas
acceptée.
La mission considère que cette situation fournit un exemple très convaincant du fait que le
changement climatique rend caduques les approches en termes de débits et volumes garantis sur
une longue période et calculés sur une situation antérieure considérée comme une référence stable.
Une gestion par OSE modulables aux objectifs de Montluçon et Vierzon serait sans doute bien plus
61 Voir point 2.1
62 Fin mai 2011, constatant que le remplissage de Rochebut était incomplet, le CGRNVES avait recommandé
d?envisager une réduction précoce du débit délivré de façon à minimiser le risque d?avoir à réduire encore plus
fortement ce soutien si la sévérité de l?étiage se prolongeait et se confirmait
63 Voir présentation plus détaillée au 1.1.3.
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adaptée64.
Le Cher fait partie du périmètre institutionnel de l?EPL et de son périmètre en tant qu?EPTB. L?EPL
porte, en outre, les études des schémas d?aménagement et de gestion des eaux (SAGE) Cher
amont et Cher aval. Il pourrait donc utilement apporter à ses membres situés dans le bassin du
Cher l?appui de son expérience des OSE pour trouver une solution plus adaptée à la situation.
La mission recommande que, conformément au cahier des charges de la concession et en lien
avec la révision du SAGE Cher amont, soit définie en concertation avec l?ensemble des parties
prenantes, une solution de gestion par lâchers et OSE modulables en fonction du volume contenu
dans la retenue et des prévisions météorologiques65 de façon à pouvoir assurer un soutien des
débits jusqu?à la fin de la période d?étiage.
Un soutien d?étiage supplémentaire à celui prévu par le cahier des charges de la concession devra
donner lieu à indemnisation du concessionnaire.
2.4.2 Le cas de la Creuse : une situation de déséquilibre qui risque de
s?aggraver
Aucune demande de mise en place d?un dispositif de soutien d?étiage à plus large échelle que la
convention passée par le syndicat des irrigants de l?Indre avec EDF n?a été reçue par la mission.
Pour autant la question pourrait se poser.
Pendant la décennie 2011-2020, les DOE aux points nodaux de ce cours d?eau (Glénic dans la
Creuse et Leugny dans la Vienne) n?ont été respectés qu?une année sur deux. Ceci révèle une
situation de déséquilibre qui a été confirmée en 2019 par les difficultés rencontrées par certaines
collectivités dans leur alimentation en eau potable. Or, le bassin de la Creuse transfère à partir de
la Creuse et de la Gartempe une partie de son eau vers des sous-bassins voisins (Vienne et Cher)
pour y assurer une partie de leur alimentation en eau potable (voir annexe 8). Ce déséquilibre ne
pourra que s?aggraver sous l?effet du changement climatique.
Sept barrages hydroélectriques sont situés sur la Creuse :
quatre dans le département de la Creuse, sur l?amont du cours d?eau : Confolent,
Champsanglard, Les Chezelles et l?Âge, pour un volume utile total de 6,2 Mm3 ;
trois dans le département de l?Indre : Eguzon, Roche-au-Moine et Roche-bat-l?Aigle, pour
un volume utile total de 25,6 Mm3.
Le barrage d?Eguzon représente à lui seul 70 % du volume utile cumulé amont aval, avec 22,1 Mm3.
Son règlement d?eau, approuvé en juin 2013 à l?occasion du renouvellement de la concession, a
été révisé en juillet 2019. La retenue est aujourd?hui fortement contrainte :
64 D'après le retour d?expérience de l?été 2019 et les avis des préleveurs d'eau potable du département, les
prélèvements pour l?alimentation des usines de production d?eau potable ainsi que des installations industrielles et
agricoles ne sont pas impactés si le débit délivré à l?aval de Rochebut/Prat reste supérieur ou égal à 60 % du débit
actuellement garanti. C?est également le cas pour ce qui concerne la ville de Vierzon, dont le Cher est la seule
source d?alimentation en eau potable. La fédération de pêche souligne cependant qu?un faible débit délivré
conjugué à une température des eaux élevée pendant la période estivale peut entraîner une baisse de la qualité
de l?eau avec un effet potentiel sur la population piscicole et souhaite par conséquent que le passage à un tel débit
intervienne le plus tard possible dans la saison (pas avant septembre-octobre). Note DREAL Auvergne Rhône Alpes
du18 mai 2022 transmise à la mission.
65 Cette solution pourrait reposer sur un débit faible au début de la période d?étiage (correspondant à des apports
naturels faibles) de façon à ne pas vider l?ouvrage en cas d?absence d?apports naturels durant toute la saison, et
de revoir cette courbe à la hausse ou à la baisse en fonction des apports naturels constatés ainsi que des prévisions
météorologiques.
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Elle doit respecter une cote touristique du 1er juillet au 31 août avec un marnage admissible
de 1m ;
Elle est exploitée au printemps de manière à favoriser la reproduction des sandres et des
gardons en lien avec la fédération de l?Indre pour la pêche et la protection des milieux
aquatiques (FDPPMA) ;
Elle peut enfin fournir un soutien d?étiage dans le cadre d?une convention passée avec les
irrigants de l?Indre (dans le cadre de la contrainte touristique évoquée ci-dessus).
Plusieurs barrages, sans exploitation pour la production d?électricité, sont également situés dans
le sous-bassin de la Gartempe.
Les difficultés d?alimentation en eau potable observées en 2019 montrent que ce bassin peut être
confronté à des déficits de ressource. L?étude HMUC et la révision du SAGE Creuse, actuellement
en cours, devraient permettre de préciser les problématiques de ce sous bassin, notamment les
besoins pour les milieux, la répartition fine entre usages et également sa sensibilité aux effets du
changement climatique.
La mise en place d?un soutien d?étiage plus ambitieux pourrait ainsi être étudiée par les collectivités
territoriales concernées avec l?appui de l?EPTB Vienne qui pilote déjà des études prospectives sur
ce bassin.
2.4.3 Le cas du Blavet : des améliorations possibles du règlement d?eau
La concession de Guerlédan intègre trois fonctions accessoires : la limitation des inondations sur
le territoire aval, et en particulier sur la commune de Pontivy, un soutien d?étiage pour assurer les
besoins en eau potable et pour la vie piscicole et le développement du tourisme estival.
Mais, de fait, ces trois contraintes (dont certaines sont contradictoires : le soutien d?étiage ne
permet pas de maintenir la cote touristique en année d?étiage sévère lorsque les débits sont faibles)
réduisent très fortement le potentiel de production électrique de la retenue. Le concessionnaire a
donc souligné auprès de la mission que la rentabilité de la concession de Guerlédan n?était plus
assurée.
Une triple voie d?amélioration semble possible sur cette retenue consistant d?une part à chercher à
mieux protéger les populations à l?aval contre les inondations, à accroître l?amplitude du marnage
de la retenue et à mieux concilier les enjeux de soutien d?étiage avec ceux du tourisme.
La mission considère que son règlement d?eau pourrait ainsi être revu, sans attendre l?échéance
de la concession en 2048, à la lumière du retour d?expérience des années d?exploitation depuis le
renouvellement de 2008, au vu de l?hydrologie actuelle et future sur le bassin ainsi qu?en
considérant les projections des besoins en eau potable et en écrêtement de crue. La réalisation du
creux hivernal préventif pourrait être adaptée suivant le débit entrant dans la retenue et plus
généralement suivant l?hydrologie et les prévisions météorologiques sur le bassin. La modulation
du débit délivré à l?aval mériterait également être étudiée. L?analyse, à engager par les collectivités
territoriales compétentes, pourrait ainsi porter sur la faisabilité de remplacer le régime garanti par
un système d?OSE modulables en fonction des enjeux, d?alimentation en eau potable, mais aussi
de vie piscicole et de biodiversité aquatique. Une telle étude devrait comporter une approche
socioéconomique sur les différents services rendus par le barrage : production électrique, soutien
d?étiage, protection contre les inondations.
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3 Le changement climatique renforce la nécessité d?une
gestion quantitative à l?échelle du bassin
La présente partie tente d?estimer les ordres de grandeur des déséquilibres auxquels il va falloir
faire collectivement face et explore, au-delà des améliorations pouvant être apportées au dispositif
de soutien d?étiage de l?Allier et de la Loire présentées en partie 2, les divers moyens d?action
possibles : maîtrise des prélèvements, amélioration de la rétention et du stockage de l?eau,
évolution des objectifs réglementaires.
3.1 Les ressources actuellement mobilisées pour le soutien d?étiage
ne suffiront pas à satisfaire les DOE, ni à court ni à moyen terme
3.1.1 Les conclusions pouvant être tirées des ordres de grandeur
disponibles
En l?absence d?une étude prospective globale faisant référence pour l?ensemble des parties
prenantes, comme il en existe sur d?autres bassins, trois sources permettent de mieux appréhender
les ordres de grandeur des quantités d?eau nécessaires sur le bassin de la Loire pour faire face au
changement climatique.
3.1.1.1 Les calculs présentés par la mission en 1ère partie de ce rapport
Les ordres de grandeur, pour recouvrer une capacité à respecter, 8 années sur 10, les DOE du
SDAGE 2022-2027, issus des analyses de la première partie, sont :
57 millions de m3 à Montjean, 23 millions de m3 à Gien (DOE de 65 m3/s) et 19 millions de
m3 à Cuffy, immédiatement, pour recouvrer, à DOE inchangés, la satisfaction huit années
sur dix des DOE, dans les conditions de la décennie 2011-2020 ;
270 millions de m3 à Montjean, 160 millions de m3 à Gien (DOE de 65 m3/s) et 65 millions
de m3 à Cuffy à l?horizon du milieu du siècle, à DOE inchangés, si l?on considère qu?une
année équivalente à 2019 pourrait se produire plus de deux fois chaque décennie.
Il s?agit de quantités d?eau supplémentaires à verser au-delà du soutien d?étiage déjà assuré
l?année correspondante.
3.1.1.2 L?étude d?adaptation du mode de gestion des barrages de Villerest et de
Naussac sous l?effet du changement climatique réalisée par l?EPL66
Cette étude conclut qu?à l?horizon du milieu du siècle, les besoins de soutien d?étiage à Gien pour
satisfaire un OSE de 60 m3/s huit années sur dix du 1er juin au 31 décembre, appelleraient un
soutien d?étiage de 350 Mm3, soit 200 Mm3 supplémentaires par rapport à la période 2001-2014,
en moyenne sur 13 projections climatiques testées. De plus, 10 projections sur 13 concluent à un
volume nécessaire supérieur au volume total des deux réservoirs.
Les mêmes calculs montrent qu?un objectif à Gien de 50 m3/s pourrait être tenu huit années sur dix
au milieu du siècle avec un soutien d?étiage de 239 Mm3 : tous les modèles donnent cette fois un
volume nécessaire inférieur au volume total des deux réservoirs.
66 Design Hydraulique et Energie ? EPL, « Etude d?adaptation du mode de gestion des barrages de Villerest et de
Naussac sous l?effet du changement climatique ? Phase 4 Elaboration d?une stratégie d?adaptation du mode de
gestion des barrages », 15 avril 2017
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Tableau 1 : Volume nécessaire pour respecter en 2050 un OSE à Gien du 1er juin au 31 décembre
Année
moyenne
Scénario quinquennal (1/5)
OSE à Gien égal à 60 m3/s 238 350
OSE à Gien égal à 50 m3/s 153 239
Ces calculs théoriques ne prennent pas en compte la dynamique de gestion, en situation, de la
ressource disponible tenant compte du double risque de prolongation automnal de l?étiage et de
non remplissage de Naussac pour la prochaine campagne.
Ces résultats dépendent naturellement des hypothèses d?évolution des prélèvements qui sont
retenues et qui sont présentées dans le volume deux de l?étude.
3.1.1.3 Les projections du modèle MORDOR au 31 mai 2022
Ces projections faisaient état d?un besoin respectivement de 288 Mm3 (dans le cas d?une année
sèche de probabilité 1/10) et de 371 Mm3 (dans le cas d?une année très sèche de probabilité 1/20)
pour répondre à un OSE à Gien de 50 m3/s jusqu?à la fin de l?année.
3.1.1.4 Les constats de la mission
La question centrale pour juger de la soutenabilité de ces divers ordres de grandeur est de pouvoir
estimer quel sera le volume réellement mobilisable à partir des deux réservoirs à l?avenir.
La première partie a établi que, dans les règles de gestion actuelles, le volume mobilisable
maximum, compte tenu des risques de non-remplissage des réservoirs et d?interruption du soutien
d?étiage à l?automne, est de 210 Mm3. Les propositions présentées dans la partie précédente
doivent permettre de porter ce volume maximum mobilisable à environ 240 Mm3, voire 250 Mm3
lorsqu?on prend en compte les améliorations possibles du remplissage de Naussac (cf. annexe 3).
Ceci rehausse la capacité du dispositif à faire face à un plus grand nombre de situations climatiques
et hydrologiques. Mais pas à toutes.
Au terme de ses analyses, et compte tenu des calculs dont elle dispose, la mission tire les
conclusions suivantes de la confrontation des divers ordres de grandeur présentés ci-dessus :
1) Le dispositif de soutien d?étiage de l?Allier et de la Loire, renforcé comme le propose la
mission, pourrait permettre en théorie de servir un OSE à Gien de l?ordre de 50 m3/s, non
seulement en année moyenne à l?horizon 2050, mais aussi en année sèche quinquennale,
si les réservoirs sont remplis à la fin du printemps, alors que le dispositif actuel ne le
permettrait pas ;
2) Même avec les améliorations proposées, ce dispositif restera en difficulté en cas d?année
sèche de probabilité 1/10 ou de succession d?années sèches, hiver inclus, empêchant le
plein remplissage de Naussac ;
3) L?écart aux DOE actuels n?a aucune chance de se résorber du seul fait des améliorations
proposées.
3.1.2 La nécessité d?une étude globale à l?échelle du bassin de la Loire
Ces diverses approches ne fournissent pas une référence partagée. Les études HMUC qui se
lancent actuellement sur divers sous-bassins fourniront des indications localisées lorsqu?elles
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seront achevées, mais pas cette vision globale. Pour l?obtenir, il apparaît indispensable que soit
menée, à l?échelle du bassin de la Loire (le fleuve et tous ses affluents), une étude prospective de
même nature, permettant de disposer d?ordres de grandeur, partagés par tous les acteurs. La
définition du cahier des charges d?une telle étude, a été engagée. Ce travail doit être rapidement
mené à terme et complété par la définition des conditions de réalisation d?une telle étude (maîtrise
d?ouvrage, cahier des charges, dispositif de pilotage, rôle du conseil scientifique du comité de
bassin, modalités d?articulation aux études HMUC locales, etc.).
L?un des rôles du conseil scientifique pourrait consister à définir les modalités d?articulation des
études HMUC locales avec l?étude HMUC globale de façon à assurer une cohérence d?ensemble
des approches méthodologiques, voire des résultats, et à identifier les raisons des discordances
possibles. Il pourrait aussi se prononcer sur la manière de prendre en compte les principaux
résultats de la démarche Explore 2 dans les études HMUC en cours ou existantes. Il pourrait enfin
tenter d?apprécier l?ampleur des incertitudes liées aux modélisations employées.
(AELB) : Effectuer une étude prospective globale sur la totalité du
bassin de la Loire, servant de cadre de cohérence à l?ensemble des études de même nature
financées par l?agence sur de nombreux sous-bassins et prenant en compte les résultats
disponibles d?Explore 2. Impliquer le conseil scientifique du comité de bassin, en cours
d?installation, dans la définition, le pilotage et l?exploitation de cette étude.
3.1.3 Tous les leviers d?action doivent être mobilisés
La solution, éprouvée, pour répondre au changement climatique, toutes choses égales par ailleurs,
resterait la modulation des OSE, c?est-à-dire la baisse des débits effectifs sur l?Allier et la Loire
moyenne. Cette pratique n?est pas sans risques. On ne peut pas compter uniquement sur elle pour
assurer la satisfaction de tous les usages. Encore moins pour assurer le bon état des milieux.
Plusieurs interlocuteurs rencontrés par la mission lui ont fait part de leur demande de voir le projet
de construction d?un ou plusieurs nouveaux grands réservoirs être porté et financé par l?Etat pour
répondre aux enjeux de l?eau sur le bassin Loire-Bretagne dans le contexte du changement
climatique. Pour des raisons détaillées en annexe 9, la mission estime que cette idée doit prendre
en compte plusieurs enseignements tirés des analyses présentées aux chapitres précédents et
qu?elle ne constitue qu?une hypothèse soumise à de forts aléas.
Il faut donc s?intéresser à tous les leviers d?action disponibles, pour recouvrer un équilibre entre le
bon état des milieux et l?ensemble des usages, à savoir :
la réduction des consommations nettes sur une période d?étiage étendue67 ;
et la révision des DOE, en lien avec l?évolution inéluctable des milieux.
La réduction des consommations en période d?étiage ne peut s?envisager que si tous les acteurs
sont sollicités de manière équitable. La mission a exploré cette perspective pour les principaux
usages en période d?étiage sur la bassin Loire-Bretagne mis en évidence au point 1.2.2 : agriculture,
énergie, canaux et eau potable.
67 A l?occasion des Assises de l?eau, le Gouvernement a retenu, en juillet 2019, « un objectif de réduction des pré-
lèvements d?eau de 10 % en 5 ans et de 25 % en 15 ans »
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3.2 Une maîtrise progressive des consommations s?impose pour
sécuriser les usages et assurer la qualité des milieux
La loi sur l'eau et les milieux aquatiques (LEMA) promulguée le 30 décembre 200668 en application
de la DCE d?octobre 2000 introduit la reconnaissance du droit à l'eau pour tous et la prise en
compte de l'adaptation au changement climatique dans la gestion des ressources en eau. Elle
s?inscrit dans l?objectif de rétablir - ou de maintenir lorsque c?est déjà le cas - le bon état des milieux
aquatiques.
Le SDAGE est l?outil principal de mise en oeuvre de la DCE, ainsi l?article L.212-1 du code de
l?environnement indique que le SDAGE fixe des orientations fondamentales, déclinées en
dispositions, permettant de satisfaire aux principes d?une gestion équilibrée et durable de la
ressource en eau. Ces règles de gestion sont définies en réponse aux objectifs de qualité et de
quantité des eaux définis pour chaque masse d?eau du bassin.
La DCE affiche une grande ambition environnementale en fixant pour objectif emblématique le bon
état des eaux dès 2015. Pour autant elle n?oublie pas les réalités financières puisque l?atteinte du
bon état est notamment soumise à des critères de réalisme économique : c?est la notion de coûts
disproportionnés pour les industriels, les agriculteurs et les collectivités territoriales qui peut, le cas
échéant, justifier la fixation d?objectifs moins stricts ou plus éloignés dans le temps.
On rejoint ainsi la notion de gestion équilibrée et durable de la ressource en eau, précisée par
l?article L. 211-1 du code de l?environnement (issu de l?article 20 de la LEMA) qui prend en compte
les adaptations nécessaires au changement climatique et vise à assurer en particulier les usages
économiques, notamment pour le développement de la production d'électricité d'origine
renouvelable, ainsi que la promotion d'une politique active de stockage de l'eau pour un usage
partagé permettant de garantir l'irrigation.
Le même article du code de l?environnement précise la notion de gestion équilibrée et durable en
fixant des priorités et tout d?abord la satisfaction des exigences de la santé, de la salubrité publique,
de la sécurité civile et de l?alimentation en eau potable de la population. Viennent ensuite d?autres
usages, à concilier avec la vie biologique et la protection contre les inondations, comme
l?agriculture, l?industrie, la production d?énergie, le transport, le tourisme, les loisirs et sports
nautiques.
Ces éléments sont détaillés en annexe 10.
Face aux tensions sur les usages de l?eau dans un contexte de raréfaction, il est précisé dans le
propos introductif du SDAGE Loire Bretagne 2022-2027 que « tout au long de la préparation du
SDAGE, le comité de bassin Loire-Bretagne a eu le souci constant d?émettre des préconisations
et des dispositions réalistes, c?est-à-dire ne rendant pas incompatible l?atteinte du bon état des
eaux avec l?exercice des activités agricoles et industrielles, ou encore avec celui de la production
d?électricité d?origine hydraulique. »
3.2.1 La maîtrise des prélèvements agricoles en application des
conclusions du Varenne agricole de l?eau et du changement
climatique
3.2.1.1 L?agriculture en Loire-Bretagne occupe une place économique de premier
plan et figure comme consommateur d?eau majeur
68 LOI n° 2006-1772 du 30 décembre 2006 sur l'eau et les milieux aquatiques
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L?état des lieux du SDAGE adopté fin 2019 montre qu?en légère hausse depuis 2010 (+2 %), la
production de la branche agricole du bassin Loire Bretagne représente en 2016 un total d?environ
20,8 milliards d?euros, soit près de 32 % de la production nationale. La production se répartit à 60 %
pour la production animale et 40 % pour la production végétale. Le secteur agricole emploie environ
215 000 personnes au sein de 110 000 exploitations. L?industrie agroalimentaire constitue le
premier employeur industriel du bassin Loire-Bretagne avec 150 000 emplois.
Les analyses de la première partie montrent qu?en période d?étiage, l?irrigation occupe la première
place des usages avec plus de 50 % des consommations nettes (différence entre le volume prélevé
et le volume restitué au milieu naturel), principalement dans une grande partie centrale et sud-
ouest du bassin. L?alimentation en eau des élevages constitue également un prélèvement
significatif en région Pays de la Loire et Bretagne essentiellement. Des prélèvements unitaires
importants en eau de surface pour l?irrigation s?exercent le long des grands axes fluviaux ainsi que
dans quelques grandes nappes souterraines, calcaires de Beauce et calcaires du Jurassique.
3.2.1.2 L?irrigation est limitée sur le bassin Loire-Bretagne mais se développe
face au changement climatique.
Seulement environ 5 % de la surface agricole utile du bassin Loire-Bretagne est aujourd?hui irriguée
soit environ 505 000 ha. L?évolution est variable suivant les départements du bassin depuis l?année
2000 avec une relative stabilisation entre 2000 et 2010 et une augmentation contrastée depuis.
Historiquement, on constate une forte densité de prélèvements, qui s?étale des Pays de la Loire à
la Beauce, en Champagne Berrichonne, le long des axes Loire ? Allier et dans le Forez. Les zones
irriguées se développent logiquement là où se croisent des zones agricoles de grande culture ou
de maraîchage avec une situation de faibles pluies efficaces (quantité d?eau de pluie disponible
après évapotranspiration).
La majeure partie de la hausse globale des prélèvements sur l?axe Pays de la Loire ? Beauce est
due à l?irrigation qui continue de se développer depuis 20 ans. Une augmentation des prélèvements
pour l?irrigation est aussi notable en Auvergne sur l?axe Allier entre Clermont-Ferrand et Moulins
(Limagne), d?une part, et sur la plaine du Forez au Nord-Est de Saint Etienne, d?autre part.
Néanmoins, les efforts mis en oeuvre, notamment grâce au SDAGE, permettent d?observer depuis
ces 10 dernières années (2009 ? 2019 d?après les données disponibles) que l?évolution des
prélèvements liés à l?irrigation dans la Sarthe et le Maine-et-Loire sont à la baisse.
En contre-point, des baisses significatives sont mises en avant sur le marais Poitevin et la
Champagne Berrichonne.
Ces évolutions sont détaillées en annexe 11
3.2.1.3 Le monde agricole est inquiet face aux sécheresses des dernières
années et projections climatiques futures
Face aux sécheresses estivales à répétitions et aux projections du changement climatique qui va
renforcer les températures et l?évapotranspiration et donc le déficit hydrologique, la profession
agricole est fortement préoccupée par l?accès à l?eau comme l?ont montré notamment les débats
en comité de bassin lors de l?adoption du SDAGE 2022-2027. Ainsi, en 2022, à la différence des
cultures d?hiver récoltées au début de l?été qui ont été assez peu affectées, les cultures de
printemps ont pâti des stress hydriques et thermiques liés à la sécheresse et aux températures
élevées ; leurs rendements sont en forte baisse, notamment pour le maïs non irrigué. Les prairies
sont aussi affectées, avec des rendements inférieurs de 30 % par rapport à la moyenne des 5
dernières années, sans compter la perte de production de lait des vaches soumises à la canicule.
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Novembre 2022 Les conditions de mobilisation des retenues
hydroélectriques pour le soutien d?étiage sur le bassin de
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A titre d?exemple, lors d?un déplacement en Auvergne et dans une note transmise ensuite à la
mission (Cf. note en annexe 12), la coopérative Limagrain69 fait état d?un besoin de 20 Mm3
supplémentaires pour l?irrigation sur la plaine de la Limagne. Sont envisagés des projets collectifs
de retenues d?eau, dont certains déjà engagés, pour pallier l?urgence de la situation face aux
épisodes de sècheresse. La coopérative a la volonté de réfléchir de manière concertée avec les
autres acteurs dans une vision multiusage. La note conclut en indiquant que « cette réflexion à
l?échelle locale devra être couplée à une vision plus globale sur la construction de grands ouvrages
incluant notre indépendance énergétique aux énergies fossiles et déterminant la pertinence de
créer des barrages hydroélectriques ».
3.2.1.4 Un retard dans la prise de conscience des enjeux sur l?eau en amont du
bassin
Si en Vendée ou en Beauce, les enjeux ont été bien identifiés depuis longtemps et une gestion
collective est déjà opérationnelle avec des outils de suivi quantitatif de la ressource, en amont de
bassin, la prise de conscience a été plus tardive avec peu d?initiatives collectives et une quasi
absence de gestion quantitative, à l?exception du département de l?Allier70. La prise de conscience
s?est cependant enclenchée en réaction aux sécheresses récentes notamment de 2019.
Des initiatives existent cependant de mobilisation de ressources existantes comme sur le bassin
de la Sioule, où une convention de soutien d?étiage, plafonnée à 4,8 Mm3 réservés sur la retenue
des Fades au bénéfice de l?agriculture, a été passée en 2020 par EDF avec la Chambre
d?agriculture de l?Allier : l?indemnisation du concessionnaire est effectuée selon la méthode du coût
de partage des charges.
Dans le Puy-de-Dôme, un projet de territoire pour la gestion de l'eau (PTGE) et un SAGE sont
maintenant lancés qui vont déboucher sur la définition d?un volume prélevable sur la base d?une
étude HMUC. Il faudra mettre en place un organisme unique de gestion collective (OUGC) pour
porter les projets collectifs et solliciter des financements européens.
3.2.1.5 Des démarches concertées sont engagées dans les territoires pour
dégager des pistes d?adaptation de l?accès à la ressource en eau pour
l?agriculture
Le Varenne sur l?eau et l?adaptation au changement climatique, a conclu début février 2022, que la
réponse au changement climatique nécessite un changement de modèle agricole, plus économe
en eau et protecteur des sols. Il est favorable également au renforcement de la ressource en eau
pour l?irrigation, dans le respect du renouvellement de la ressource et du bon état des milieux. La
profession agricole du bassin Loire-Bretagne a participé à ces travaux, notamment les chambres
d?agriculture qui ont réalisé à cette occasion des diagnostics territoriaux en matière d?adaptation71.
Ils permettent d?identifier les points de vulnérabilité des productions, territoire par territoire, mais
également les nouvelles opportunités liées aux évolutions climatiques. Ce travail a été mené en
concertation étroite avec les Conseils régionaux, DRAAF, DREAL, Agences de l?eau, organismes
69 Limagrain est une coopérative agricole et un groupe semencier international détenus par près de 1 500
agriculteurs installés en Limagne Val d?Allier. Présent dans 57 pays et rassemblant plus de 9 000 collaborateurs, le
Groupe réalise un chiffre d?affaires de 1 984 M¤ auxquels s?ajoutent 680 M¤ de chiffre d?affaires des activités
réalisées conjointement avec ses partenaires stratégiques. Pour plus de précisions consulter limagrain.com
70 La Chambre d?Agriculture de l?Allier a été désignée comme Organisme Unique de Gestion Collective de l?eau
pour l?irrigation agricole en 2008 sur tout le département.
71 Les diagnostics territoriaux réalisés par les chambres d?agriculture dans le cadre de la thématique 2 du
Varenne de l?eau et du changement climatique sont téléchargeables à l?adresse : https://rd-
agri.fr/external_data/varenne/thematique2/VARENNE%20GT2%20-%20Diagnostics%20territoriaux.zip
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https://rd-agri.fr/external_data/varenne/thematique2/VARENNE%20GT2%20-%20Diagnostics%20territoriaux.zip
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de recherche et instituts techniques. Des filières de production emblématiques ont été identifiées
qui ont été étudiées dans un territoire bien identifié. La vulnérabilité au changement climatique de
chaque couple « productions / régions agricoles » a été débattue en région et soumise à une
analyse atouts, faiblesses, opportunités, menaces (AFOM).
Des leviers d?action d?adaptation (évolutions des systèmes de production, équipements, outils de
prédiction, génétique et sélection variétale, infrastructures locales...) sont ainsi d?ores et déjà
identifiés pour renforcer la pérennité des productions locales. Ce travail à l?échelle fine de la petite
région agricole permet également de montrer des opportunités de développement de nouvelles
productions ou de nouveaux modes de production. Il a permis d?initier des plans d?action
d?adaptation des systèmes agricoles au changement climatique qui s?inscrivent dans les
orientations du Varenne sur l?eau.
Cependant, face au constat de l?aggravation des déficits hydriques en été, ces travaux débouchent
en général sur l?expression d?un besoin de sécuriser l?accès à l?eau pendant les périodes de
sécheresse par la création de nouvelles retenues, l?irrigation apparaissant comme une « assurance
sécheresse ». La quantification des ces besoins nécessite des études type HMUC et une
concertation préalable (PTGE, SAGE), dans le respect des dispositions du SDAGE, portant sur
l?ensemble des usages à l ?échelle des territoires.
Ces démarches qui prennent plusieurs années ne sont pas finalisées à ce stade. Seul un PTGE
est approuvé sur le bassin Loire-Bretagne (PTGE Sèvre-Niortaise et Mignon) et 13 autres sont en
cours de concertation en septembre 2022. Nous ne disposons donc pas encore de données
chiffrées consensuelles sur les besoins en eau pour l'agriculture à l?horizon 2050.
A court terme, on peut envisager un accroissement très limité des prélèvements, voire la création
de volumes supplémentaires d?eau dans des retenues de quelques millions de m3 à définir dans le
cadre de démarches concertées territoriales. Le préfet de la région AURA a ainsi lancé un
programme «100 retenues pour la région » d?ici fin 2022 comme une des actions phares de sa
stratégie eau-air-sol. 21 projets de retenues sont identifiés dans ce cadre en Allier, 16 dans le Puy-
de-Dôme, 21 dans la Loire et 17 en Haute-Loire.
Mais globalement et à un terme plus ou moins rapproché selon les régions agricoles, il ne sera pas
possible d?étendre les surfaces irriguées. Il faudra renforcer les pratiques agricoles déjà engagées
moins consommatrices d?eau et des prélèvements dans le cadre d?une gestion collective (OUGC)
pouvant englober des retenues nouvelles créés conformément à la démarche du Varenne de l?eau
et de l?adaptation au changement climatique. Il faudra aussi accompagner la profession vers des
modèles d?agriculture non irriguée ou seulement très partiellement irriguée compatibles avec le
changement climatique. Mais dans l?immédiat, une mise en place de la gestion quantitative de l?eau
et le suivi des prélèvements apparaissent indispensables à la mission.
3.2.2 Les pistes très encadrées d?accès de l?agriculture à la ressource en
eau
La thématique 3 du Varenne a repris les conclusions du rapport CGAAER -CGEDD « Changement
climatique, eau, agriculture » 72 de juillet 2020. Il est acté que la réponse au changement climatique
nécessite un changement de modèle agricole, plus économe en eau et protecteur des sols, mais
également que, partout où cela est possible, il est envisageable de rendre la ressource en eau plus
disponible pour l?irrigation, dans le respect du bon état des milieux, en privilégiant, notamment par
des financements incitatifs et un accompagnement adapté, les retenues de substitution, les
démarches de gestion collective de l?eau ou en développant les techniques innovantes de
72 Rapport du CGAAER / CGEDD - Changement climatique, eau et agriculture d?ici 2050,
https://agriculture.gouv.fr/rapport-du-cgaaer-cgedd-changement-climatique-eau-et-agriculture-dici-2050
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réutilisation des eaux usées traitées ou de recharge de nappes.
3.2.2.1 Les retenues de substitution
Il s?agit d?ouvrages artificiels permettant de substituer des volumes prélevés en période de hautes
eaux à des volumes prélevés en période de basses eaux. « Les retenues de substitution
permettent de stocker l?eau par des prélèvements anticipés ne mettant pas en péril les équilibres
hydrologiques, elles viennent en remplacement de prélèvements existants »73. Les prélèvements
peuvent être réalisés dans les eaux de surface ou dans les eaux souterraines. Ces retenues sont
obligatoirement étanches et déconnectées du milieu naturel (cours d?eau, nappe, eaux de
ruissellement/fossé/drainage) en dehors de la période de remplissage prévue.
On distingue entre les retenues collinaires et les « bassines ». Les retenues collinaires sont
conditionnées à la topographie et à l?étanchéité naturelle du sol, à la taille du bassin versant qui
doit être suffisante, et au montant des investissements conditionnant la rentabilité de l?ouvrage.
Quant aux « bassines », ce sont des ouvrages de stockage d?eau, creusés, terrassés et dont le
fond est étanchéifié à l?aide d?une géo-membrane. Elles sont remplies par pompage actif l?hiver
dans les rivières ou la nappe phréatique.74
Les retenues de substitution présentent un certain nombre d?avantages : pour l?environnement,
celui de diminuer la pression sur le milieu naturel en été, en évitant l?aggravation des étiages
naturels des cours d?eau ou les baisses piézométriques de la nappe ; pour les irrigants, celui de
sécuriser l?apport d?eau, l?eau des retenues de substitution déconnectées des cours d?eau et
nappes n?étant pas soumise aux mesures de limitation temporaire des usages de l?eau (arrêtés
sécheresse).
Elles ne sont cependant pas exemptes d?inconvénients comme la perte de quantités d?eau par
évaporation, une détérioration de la qualité de l?eau par eutrophisation et un coût d?investissement
élevé. Elles font l?objet de vifs mouvements de contestations de la part d?associations de protection
de la nature notamment dans le département des Deux-Sèvres, avec une forte médiatisation et
des recours en justice pour empêcher leur réalisation75.
L?instruction du gouvernement du 7 mai 2019 limite les financements aux ouvrages de substitution
pour l?irrigation agricole inscrits dans un PTGE approuvé par le préfet coordonnateur de bassin ou
le préfet référent. Dans le cadre du SDAGE, l?agence de l?eau Loire-Bretagne accompagne les
études et travaux de création de retenues de substitution à un taux maximum de 70 % uniquement
dans les territoires en déficit quantitatif ayant défini des volumes prélevables, qui, par définition,
sont plus faibles que les volumes prélevés autorisés. Seules sont aidées, par l?AELB, les retenues
collectives avec gestion des prélèvements par un OUGC.
3.2.2.2 Autres pistes de mobilisation de ressources
La réutilisation des eaux usées traitées (REUT) apparaît comme une ressource insuffisamment
exploitée mais soumise, du fait des risques sanitaires, à des contraintes techniques,
73 Instruction du Gouvernement du 7 mai 2019 relative au projet de territoire pour la gestion de l?eau et reprise du
guide juridique de la construction de retenues de 2011.
74 Pour pouvoir être considéré comme une retenue de substitution, un ouvrage qui intercepterait des écoulements
doit impérativement être équipé? d?un dispositif de contournement garantissant qu?au-delà? de son volume et en
dehors de la période autorisée pour le prélèvement, toutes les eaux arrivant en amont de l?ouvrage ou à la prise
d?eau sont transmises à l?aval, sans retard et sans altération.
75 Cf Le Monde Mag, 2 avril 2022- Dans les Deux Sèvres, les méga-bassines font déborder le vase.
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Novembre 2022 Les conditions de mobilisation des retenues
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règlementaires et socio-économiques76. Dans le bassin Loire-Bretagne, on peut signaler le cas de
l?association syndicale autorisée, l?ASA, de Limagne Noire, qui recycle une partie des eaux usées
de la ville de Clermont-Ferrand depuis 1998 pour l?irrigation de 750 ha répartis sur 50 exploitations.
La recharge artificielle de nappes (RAN) consiste à infiltrer ou à injecter, directement ou
indirectement dans une nappe des eaux de surface de provenances variées en utilisant la nappe
comme un réservoir de stockage. Elle peut s?envisager en alternative de bassines, sans doute
d?acceptabilité sociale plus facile.
3.2.2.3 La généralisation de la gestion quantitative de l?eau avec une
gouvernance adaptée
Les conclusions de la thématique 3 du Varenne renforcent le rôle des PTGE qui avaient été
instaurés par les Assises de l?Eau comme cadre de concertation locale entre les différents usages
de l?eau avant toute création de nouvelle retenue. Elles prévoient un renforcement du rôle du préfet
coordonnateur dans le pilotage de ces démarches, notamment pour maitriser les dérives de
calendrier et avec une possibilité d?arbitrage de sa part en cas de blocage.
Une instruction complémentaire destinée aux préfets coordonnateurs est en chantier mais ne
devrait pas aboutir avant fin 2022. Les préfets coordonnateurs de bassin pourront déterminer un
volume prélevable non seulement en étiage77 , mais aussi en hautes eaux, compte tenu des
statistiques hydrologiques, permettant de déterminer les débits nécessaires au fonctionnement du
cours d?eau tout au long de la période de hautes eaux, le cas échéant complétées par les résultats
d?études relatives aux effets prévisibles du changement climatique. Ce volume prélevable hivernal
serait utilisable pour capter l'eau excédentaire pour la stocker au moins jusqu?à l'été suivant. Un
travail méthodologique, attendu d?ici fin 2022, a été confié à l?INRAE et à l?OFB, pour évaluer ces
volumes prélevables en hiver.
Le Varenne mentionne également une meilleure mobilisation des retenues existantes de toute
nature qu?il s?agisse des grands ouvrages hydrauliques existants : réservoirs hydroélectriques (la
présente mission s?inscrit en application de cette disposition dans le cas du bassin Loire-Bretagne),
ouvrages en gestion de VNF ou autres retenues existantes peu ou non utilisées.
Des interlocuteurs de la mission ont mentionné leurs préoccupations quant à l?existence de
nombreux étangs ou plans d?eau privés mal entretenus, voire quasiment abandonnés, en Haute-
Vienne et en Creuse. S?ils peuvent constituer une piste de mobilisation de ressources en eau, ils
posent souvent un problème de qualité de la ressource (températures élevées en été,
développement de cyanobactéries, connexion directe avec les cours d?eaux). Un inventaire des
retenues d?eau permettra de les identifier et d?engager des opérations de sensibilisation des
propriétaires pouvant conduire à une gestion renouvelée après mise aux normes ou à leur
effacement.
Sur un territoire de la taille d?un SAGE ou d?un PTGE, l?idée générale est qu?il est possible d?avoir
une approche multiusage partagée entre tous les acteurs, de mettre en place une organisation
rigoureuse assurant une connaissance globale et parfaite des débits des cours d?eau et niveaux
76 Terre-net, « Irrigation : quel avenir pour la réutilisation des eaux usées ? », Nicolas Mahey, 15/09/2020, Terre-net
Média
77 Le décret n° 2021-795 du 23 juin 2021 relatif à la gestion quantitative de la ressource en eau et à la gestion des
situations de crise liées à la sécheresse a été complété suite au Varenne par le décret 2022-1078 du 29 juillet 2022
relatif à la gestion quantitative de la ressource en dehors de la période de basses eaux. A cette période d?étiage
où les tensions sont maximales, le décret de 2021 confie au préfet le soin d?encadrer la détermination du volume
prélevable
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Novembre 2022 Les conditions de mobilisation des retenues
hydroélectriques pour le soutien d?étiage sur le bassin de
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des nappes ainsi que de tous les prélèvements sur la base d?études HMUC, gages d?une gestion
confiante, réactive et concertée. Dans ces conditions, les acteurs devraient accepter a priori plus
facilement le fait qu?il ne peut pas y avoir d?assurance totale de voir leurs besoins individuels
satisfaits, car les efforts de tous sont connus et considérés comme équitablement répartis78.
La mission recommande d?étendre à l?ensemble du bassin l?utilisation des outils de gestion
quantitative de l?eau
Cependant, les PTGE resteront de nature contractuelle et ne vaudront pas autorisation de création
de nouvelles retenues. Les conclusions du Varenne pourront être intégrés aux SDAGE à l?initiative
des comités de bassin. Comme le SDAGE Loire-Bretagne vient d?être révisé en mars 2022, cette
éventualité ne sera possible que par une nouvelle révision et n?est donc pas à l?ordre du jour dans
l?immédiat.79
3.2.3 L?évolution de la consommation d?eau des centrales nucléaires en
fonction des futurs contextes énergétiques envisageables mérite
d?être étudiée
Les réacteurs nucléaires (12 sur la Loire, 2 sur la Vienne) présents sur les bords de la Loire ont
une double interaction avec le fleuve : ils prélèvent et consomment de l?eau afin d?évacuer une
partie de la chaleur produite par le réacteur et ils rejettent également des effluents radioactifs dans
le fleuve. Ces opérations, en particulier les rejets d?effluents radioactifs, ne peuvent cependant être
réalisées que si le débit dans la Loire est suffisant pour assurer leur dilution. Jusqu?à ce jour, y
compris durant l?été 2022, aucune perte environnementale de production sur le bassin Loire
Bretagne, justifiée par une limite règlementaire en échauffement ou en débit, n?a été constatée80.
3.2.3.1 Les consommations d?eau des centrales nucléaires
Les centrales nucléaires du bassin Loire-Bretagne bénéficient d?aéroréfrigérants qui permettent
d?évacuer l?essentiel de la chaleur dans l?atmosphère sous forme de vapeur d?eau (non radioactive).
On estime que la chaleur apportée au fleuve représente environ 2 à 4 % de la chaleur produite par
le réacteur. De fait, l?augmentation de température entre l?amont et l?aval d?un centre de production
nucléaire est strictement encadrée : elle doit être inférieure à 1°C pour un site nucléaire de la vallée
de la Loire (voire 1,5 °C si le débit est important et si la température de l?eau est inférieure à 15 °C).
En pratique, l?échauffement est limité à quelques dixièmes de degrés en aval du rejet après
mélange81.
Les prélèvements bruts nécessaires au refroidissement réalisés par les 12 réacteurs nucléaires
78 On peut citer cependant comme contre-exemple que deux bassines ont été vandalisées fin juillet 2022 en Vendée
par un collectif anonyme d?opposants alors qu?elles avaient fait l?objet de démarches concertées et étaient
parfaitement autorisées.
79 La FNSEA et la coopération agricole ont déposé un recours gracieux contre le nouveau SDAGE Loire ? Bretagne
qui « restreint leur usage de l?eau ». Ce recours ayant été rejeté par la préfète coordonnatrice de bassin, ces
organisations envisagent de saisir le tribunal administratif.
80 Pour l?ensemble de ce paragraphe forcément succinct, voir le volet Prélèvements d?eau et rejets de l?édition 2020
du guide très complet publié par EDF sur les « Centrales Nucléaires et leur environnement ».
https://www.edf.fr/sites/default/files/contrib/groupe-edf/producteur-
industriel/nucleaire/ENVIRONNEMENT/guide_2020_-_centrales_nucleaires_et_environnement.pdf
81 Le CNPE de Civaux bénéficie d?un aéroréfrigérant supplémentaire sur le circuit de restitution de l?eau qui permet
de refroidir les eaux rejetées : dès lors que la température de la Vienne dépasse les 25 °C, l?augmentation de
température liée à la centrale de Civaux doit être quasi-nulle.
PUBLIÉ
https://www.edf.fr/sites/default/files/contrib/groupe-edf/producteur-industriel/nucleaire/ENVIRONNEMENT/guide_2020_-_centrales_nucleaires_et_environnement.pdf
https://www.edf.fr/sites/default/files/contrib/groupe-edf/producteur-industriel/nucleaire/ENVIRONNEMENT/guide_2020_-_centrales_nucleaires_et_environnement.pdf
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sur la Loire constituent le premier facteur d?usage de l?eau par leur quantité : en moyenne annuelle
de 2011 à 2021, ils ont prélevé 643 Mm3/an82. Mais, l?essentiel de ces prélèvements, 74 % en
moyenne, est restitué au fleuve83 si bien que le prélèvement net annuel moyen, dû essentiellement
à l?évaporation de l?eau à l?intérieur des aéroréfrigérants, sur cette période n?a été que de 168 Mm3.
Le programme de maintenance du parc nucléaire prévoit l?arrêt des réacteurs pour maintenance
préférentiellement durant l?été compte tenu de la demande plus faible d?électricité, ce qui limite de
fait la consommation d?eau pendant cette période. Cette consommation d?eau, mesurée sur la
seule période d?étiage prise ici de juillet à octobre, s?est en effet élevée à 50 Mm3 en 2019 (26 %
de la consommation annuelle nette d?eau de refroidissement) et 40 Mm3 en 2020 (20 % de la
consommation nette annuelle d?eau de refroidissement). Pour la Vienne, les 2 réacteurs nucléaires
de Civaux ont consommé 15 Mm3 en 2019 (42 % de sa consommation nette annuelle d?eau de
refroidissement) et 9,8 Mm3 en 2020 (32 % de sa consommation nette annuelle d?eau de
refroidissement).
Il est difficile de se prononcer sur le fonctionnement des réacteurs nucléaires et donc sur l?évolution
de leur consommation d?eau durant la période estivale dans le futur. Celui-ci sera influencé par le
fort développement prévu des énergies renouvelables (éolien, notamment en mer, et solaire) qui
conduira progressivement à des besoins de flexibilité accrus des différents moyens contribuant au
mix énergétique (production, consommation, stockage) et qui entraînera un moindre besoin de
production des centrales nucléaires durant l?été. A l?inverse, l?augmentation attendue des usages
de l?électricité notamment pour les pompes à chaleur et la mobilité électrique ainsi que, dans le
cadre du marché européen de l?électricité, la fermeture en Europe des centrales au charbon et au
lignite ainsi que des centrales nucléaires en Allemagne, peut conduire à un besoin plus important
d?électricité nucléaire en été. Ce besoin serait encore accentué par un moindre recours aux
centrales à gaz dans un contexte de réduction des émissions de gaz à effet de serre et de tension
sur ce marché. De plus, la plus forte récurrence des événements caniculaires montre le caractère
stratégique de la production électrique d?origine nucléaire lorsque les conditions climatiques
estivales s?avèrent exceptionnelles et que la production par les énergies renouvelables (EnR)
variables (éolien, solaire) se révèle insuffisante. Début août 2022, le fonctionnement d?un certain
nombre de centrales nucléaires a ainsi été maintenu jusque mi-septembre, dans un cadre
temporaire fixé par l?Autorité de sûreté nucléaire84, afin de garantir la sécurité du système électrique
à court terme ainsi que la sécurité d'approvisionnement en électricité pour la fin de l?année.
3.2.3.2 La dilution des effluents
Un centre nucléaire de production d?électricité, un CNPE, rejette également des effluents
radioactifs85 en quantité limitée dans la rivière86 dans le cadre des autorisations qui lui sont
accordées par l?autorité de sûreté nucléaire (ASN). Ces opérations ne peuvent se faire que si la
82 Impacts socio-économiques du soutien d?étiage de l?Allier et de la Loire par les barrages de Naussac et de
Villerest (période de référence 2019) Rapport final décembre 2020, EPL http://oaidoc.eau-loire-bretagne.fr/exl-
doc/doc00035896.pdf
83 Sur l?ensemble de l?année 2019, 74 % de l?eau ainsi prélevée sur les centrales de bord de Loire a été restitué au
fleuve.
84 Arrêté du 5 août 2022 portant homologation de la décision n° 2022-DC-0739 de l'Autorité de sûreté nucléaire du
4 août 2022.
85 Si la quantité de tritium rejetée dépend uniquement de la quantité d?électricité produite, celle des autres effluents
va dépendre de la modulation de la production des réacteurs. Une augmentation des transitoires de production
conduira donc à une augmentation de la production des effluents.
86 Les effluents radioactifs liquides représentent un volume d'environ 11 000 m3 par an et par réacteur (auxquels
on pourrait ajouter également les exhaures (non radioactifs) de la salle des machines : environ 55 000 m3).
PUBLIÉ
http://oaidoc.eau-loire-bretagne.fr/exl-doc/doc00035896.pdf
http://oaidoc.eau-loire-bretagne.fr/exl-doc/doc00035896.pdf
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hydroélectriques pour le soutien d?étiage sur le bassin de
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concentration en produits radioactifs dans la rivière reste inférieure aux seuils fixés87 et que si le
débit est suffisant pour assurer leur dilution. De plus, lorsque le débit à Gien devient trop
faible (inférieur à 100 m3/s), une coordination des rejets entre les différentes centrales est assurée
de façon à éviter que les rejets ne se superposent et amènent à des concentrations excessives.
Enfin, en dessous d?un certain seuil propre à chaque CNPE, les rejets sont interdits : 30 m3/s à
Dampierre et Belleville, 46 m3/s pour Saint-Laurent et 54 m3/s pour Chinon. Pour un débit à Gien
inférieur à 60 m3/s, les sites du Val de Loire sont en phase de coordination des rejets. Le retour
d?expérience accumulé depuis plus de 30 ans sur les quatre sites nucléaires montre que ce débit
est sans impact sur le fonctionnement des tranches.
Lors de l?étiage 2020, au cours duquel l?OSE à Gien a progressivement été abaissé jusqu?à 45
m3/s, le site de Chinon a observé à plusieurs reprises un débit inférieur à 54 m3/s, empêchant les
rejets d?effluents radioactifs, sans impact toutefois, sur le fonctionnement global du CNPE. La durée
cumulée pendant laquelle les rejets n?ont pu être réalisés était de l?ordre de 9 jours. Une situation
similaire s?est produite en 2022.
L?expérience acquise en matière de flexibilité du parc nucléaire français montre que le volume des
effluents radioactifs liquides émis par des réacteurs très manoeuvrés est plus élevé d?environ 20 %
à ceux émis par des réacteurs exploités en continu, ce qui conduit à un besoin de disposer de plus
de périodes dans l?année où leurs rejets sont possibles, ou de plus de capacités de stockage
temporaire sur site88.
La mission recommande qu?EDF étudie, en liaison avec RTE, l?impact de l?évolution de la demande
électrique, du besoin de flexibilité du mix électrique (européen) et de la programmation des arrêts
de tranche sur les consommations d?eau en période estivale des centrales nucléaires des bords
de Loire et de la Vienne.
3.2.4 Des travaux permettraient d?importantes économies d?eau sur les
canaux de VNF
Sur le bassin de la Loire, les canaux de VNF n?assurent plus aujourd?hui de transport de
marchandises, mais permettent des activités de plaisance (péniches-hôtels, bateaux de location,
bateaux promenades et plaisance privée) pour des retombées économiques89 d?environ 20 M¤ par
an : sur les canaux du Briare et nord du canal latéral à la Loire, l?activité « péniches hôtels » en
génère 3 M¤ à elle seule. Ils servent aussi d?approvisionnement en eau pour l?agriculture90 ).
87 Un certain nombre de ces valeurs sont données dans le guide publié par EDF sur les « Centrales Nucléaires et
leur environnement ».
88 Le lecteur pourra consulter sur ce sujet le volet Prélèvements d?eau et rejets de l?édition 2020 du guide très
complet publié par EDF sur les « Centrales Nucléaires et leur environnement ».
https://www.edf.fr/sites/default/files/contrib/groupe-edf/producteur-
industriel/nucleaire/ENVIRONNEMENT/guide_2020_-_centrales_nucleaires_et_environnement.pdf
89 Les retombées économiques sur un territoire correspondent aux ressources résultants de l'activité et perçues
par les acteurs économiques du territoire (restaurants, sites touristiques, ?). Elles prennent en compte les sources
de retombées (opérateurs, clientèle et personnel à bord) ainsi que les bénéficiaires (entreprises, individus et
collectivités). Les données chiffrées sont issues d?une étude nationale sur les retombées économiques par filière
du tourisme fluvial territorialisées ensuite par itinéraire en fonction des trafics présents. Voir notamment :
https://www.vnf.fr/vnf/rntf-2020-vnf-devoile-sa-nouvelle-etude-sur-les-retombees-economiques-du-tourisme-
fluvial/
90 Plusieurs associations d?irrigants ont attaqué en justice l?arrêté Préfectoral d?autorisation des Lorrains de Juillet
2019, en cela qu?il oblige à ne pas dépasser un volume de prélèvement de 34 millions de m3 d?Avril à Octobre
(recours perdu).
PUBLIÉ
https://www.edf.fr/sites/default/files/contrib/groupe-edf/producteur-industriel/nucleaire/ENVIRONNEMENT/guide_2020_-_centrales_nucleaires_et_environnement.pdf
https://www.edf.fr/sites/default/files/contrib/groupe-edf/producteur-industriel/nucleaire/ENVIRONNEMENT/guide_2020_-_centrales_nucleaires_et_environnement.pdf
https://www.vnf.fr/vnf/rntf-2020-vnf-devoile-sa-nouvelle-etude-sur-les-retombees-economiques-du-tourisme-fluvial/
https://www.vnf.fr/vnf/rntf-2020-vnf-devoile-sa-nouvelle-etude-sur-les-retombees-economiques-du-tourisme-fluvial/
Novembre 2022 Les conditions de mobilisation des retenues
hydroélectriques pour le soutien d?étiage sur le bassin de
Loire-Bretagne
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Ces différents canaux, représentés sur une carte en annexe 14, ont prélevé, pour les années 2018
à 2021, un volume total annuel moyen d?environ 144 Mm3 et sur la période de mai à novembre un
volume moyen d?environ 120 Mm3. Environ 80 Mm3 (dont un peu plus de 30 Mm3 de juin à octobre)
ont ainsi été prélevés à Roanne pour alimente le canal de Roanne à Digoin, et un peu plus de
50 Mm3 dans l?Allier à Cuffy, via la rigole des Lorrains, dont 20 Mm3 de juin à octobre en 2019 et
2020 (30,4 en 2018).
En cas d?été particulièrement sec, la navigation peut être interdite ou réduite. Ce fut notamment le
cas en 2019 et 2022.
Cinq pistes sont possibles pour diminuer la consommation d?eau : réduire les fuites sur certains
biefs de canaux, restaurer les capacités de stockage des barrages d?alimentation du canal de
Briare, réduire les consommations agricoles issues de prélèvements dans les canaux, moderniser
la gestion hydraulique et abaisser des cotes d?exploitation.
VNF a ainsi indiqué à la mission que les économies globales en volume d?eau ainsi réalisées
pourraient s?élever à environ 60 Mm3 chaque année pour un montant de travaux estimé en
première approximation de 110 M¤.
La mission recommande que VNF réalise des études en vue de dégager les solutions les plus
pertinentes pour réduire les besoins en eau des canaux et propose, en liaison avec l?AELB, les
plans de financement correspondants
Dans le cadre de la mise en place d?une gestion quantitative globale, l?Agence de l?eau pourrait
engager un travail similaire avec le SMIF d?identification des économies d?eau possibles sur le
canal du Forez. Celui?ci, alimenté depuis la retenue de Grangent, représente une infrastructure
vitale pour la plaine du Forez : il fournit en effet de l?eau pour l?irrigation, pour l?alimentation en eau
potable (en particulier pour la ville de Feurs) et pour les industriels. Il permet de plus le remplissage
en hiver des étangs présents dans le secteur de Mornand-en-Forez et de Saint-Paul-d?Uzore. Les
volumes prélevés par le canal ont été en moyenne annuelle, de 1989 à 2013, de 38,5 Mm³, dont
les trois quarts en période estivale (avril-septembre).
3.2.5 La nécessité d?ambitieux programmes de sécurisation et d?économie
sur l?alimentation en eau potable
3.2.5.1 L?AEP est un usage prioritaire aux consommations globalement
stabilisées dans le bassin
Si l?on tient compte du fait que 80 % de l?eau urbaine prélevée est rejetée dans le milieu, la
consommation nette en eau potable du bassin est de 192 Mm3 (soit 10 % des volumes annuels
consommés) dont 48 Mm3 pendant les mois d?étiage (soit 6 % des volumes de cette période). Les
grandes agglomérations génèrent les plus fortes densités de prélèvements, notamment le long des
grands axes fluviaux. Malgré l?augmentation de 7% de la population entre 2007 et 2015, l?état des
lieux 2019 du SDAGE indique une légère baisse des prélèvements. Cela peut s?expliquer par les
économies d?eau réalisées par les consommateurs, notamment du fait de l?augmentation constante
du prix de l?eau sur la même période. Les volumes consommés en étiage pour l?AEP ne sont
majoritaires qu?en Bretagne.
3.2.5.2 Des difficultés d?approvisionnement sont rencontrées en étiage
A l?étiage, certaines zones sont en tension, notamment les communes touristiques dont la
population augmente fortement en été. En Bretagne les évolutions démographiques et l?impact du
PUBLIÉ
Novembre 2022 Les conditions de mobilisation des retenues
hydroélectriques pour le soutien d?étiage sur le bassin de
Loire-Bretagne
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changement climatique conduisent à prévoir des tensions d?ici 2030 à l?exception du Finistère91.
Dans certaines zones d?élevage, une tension apparaît entre approvisionnement pour les besoins
des populations et abreuvement du bétail qui est en partie réalisé par des prélèvements sur le
réseau d?eau potable, surtout en été92.
Au cours de l'été 201993, des agglomérations du bassin avaient déjà été soumises à des restrictions.
Il a fallu recourir à des captages abandonnés pour des questions de qualité ce qui a entraîné une
dégradation de la qualité de l?eau brute arrivant dans les usines de traitement.
3.2.5.3 Les actions à engager pour la maîtrise de l?eau potable
Différentes actions sont envisageables pour la maîtrise de l?eau potable, à savoir :
réviser les SDAEP dans une perspective d?adaptation au changement climatique ;
anticiper la réalisation de plans de gestion de la sécurité sanitaire des eaux (PGSSE) en
intégrant les effets du changement climatique et en s?appuyant sur les études HMUC ;
maitriser les fuites et développer le renouvellement des réseaux ;
sécuriser l?approvisionnement en développant l?intercommunalité des services d?eau et les
interconnexions de réseaux ;
mettre en place une tarification incitative de l?eau.
Ces actions sont présentées de manière plus détaillée en annexe 15.
La mission recommande une généralisation, dans l?ensemble du bassin, d?une révision des SDAEP
dans la perspective du changement climatique afin de guider les efforts de sécurisation de
l?alimentation en eau potable et de maîtrise des consommations à entreprendre par les collectivités
compétentes.
3.2.6 La nécessité d?une démarche globale
La réduction des consommations nettes en période d?étiage ne sera pas facile. Elle se heurtera
aux demandes de chaque catégorie d?usager de bénéficier d?une ressource sécurisée, voire de
plus d?eau, pour faire face au changement climatique sans changer fondamentalement ses modes
de production ou ses habitudes de consommation, et à la tentation de chacun de reporter sur les
autres les efforts à consentir. Pour la mission, la seule voie qui peut être suivie en la matière est
de solliciter tous les acteurs, sans exception, de manière équitable.
91 Cf. Compagnie d?Aménagement des Coteaux de Gascogne, 2021- Étude sur la gestion quantitative de la
ressource en eau en Bretagne, 216 p.
92 Quand la température dépasse 25°C, une vache laitière consomme autant d?eau qu?un habitant (tous usages
confondus) et les territoires ruraux en amont de bassins comptent souvent plus de vaches que d?habitants.
93 La mission n?a pas pu établir un bilan complet pour la sécheresse de printemps et d?été 2022. Elle a été bien
anticipée par les services d?état, les collectivités locales et distributeurs d?eau. Même si la situation a été très tendue,
l?ARS de bassin n?a ainsi pas eu à déplorer de coupures particulières de la distribution d?eau.
PUBLIÉ
Novembre 2022 Les conditions de mobilisation des retenues
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Loire-Bretagne
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(préfète coordonnatrice de bassin) : Engager toutes les catégories
d?usagers dans des programmes concrets de réduction de leurs consommations nettes
d?eau en période d?étiage (juin-octobre), dont notamment : 1) La profession agricole dans la
généralisation, sur l?ensemble du bassin, de l?utilisation des outils de gestion quantitative
de l?eau, 2) EDF dans l?étude, en liaison avec RTE, de l?impact de l?évolution de la demande,
du besoin de flexibilité du mix électrique et de la programmation des arrêts de tranche sur
les consommations d?eau en période estivale de ses centrales nucléaires, 3) Voies
Navigables de France dans les études nécessaires pour dégager les solutions les plus
pertinentes pour réduire les besoins en eau de ses canaux , 4) Les collectivités compétentes
pour l?alimentation en eau potable dans des actions de sécurisation des ressources, de
réduction des fuites et de maîtrise des consommations.
(AELB) : Accompagner financièrement les programmes de réduction
des consommations d?eau en période d?étiage dans le cadre des programmes de l?agence.
3.3 Les avantages des solutions fondées sur la nature doivent être
mieux évalués pour soutenir leur plus large déploiement
Une solution fondée sur la nature (SFN)94 doit contribuer de façon directe à un défi de société
identifié, autre que celui de la conservation de la biodiversité et s?appuyer sur les écosystèmes et
présenter des bénéfices pour la biodiversité. Le défi sociétal qui nous concerne est la gestion de
l?eau pour se prémunir des sécheresses estivales dans le cadre du changement climatique. Pour
y répondre, les SFN ne s?appuient pas sur des ouvrages ou aménagements hydrauliques
classiques (canalisations, barrages, forages, ?) qualifiés de solutions « grises » (comme le béton)
mais sur les fonctionnalités des milieux humides. Les SFN rejoignent les notions d?ingénierie
écologique et d?agroécologie déjà évoquées dans les pistes de renforcement de la résilience de
l?agriculture (cf. 3.2.2 ci-avant), elles réservent une place essentielle à la préservation et à la
conservation des processus naturels.
L?action 11 des Assises de l?Eau en 2019 fait explicitement référence au renforcement de
l?utilisation des SFN pour préserver les rivières et milieux humides, avec un pôle d?animation placé
sous l?égide de l?OFB. Les travaux du Varenne sur l?eau et l?adaptation au changement climatique
évoquent également les SFN comme facteurs de résilience de l?agriculture face au changement
climatique 95 . Les programmes d?intervention des agences de l?eau soutiennent les mesures
d?adaptation dont celles fondées sur la nature pour la restauration des milieux aquatiques ou la
gestion des eaux pluviales (mesures 1A et 1D du SDAGE Loire-Bretagne).
L?EPL, propriétaire de 650 ha dans la Nièvre sur le site du Veurdre, envisage un projet de
94 Le concept de SFN a émergé, sous l?impulsion de l?Union Internationale pour la Conservation de la Nature
(UICN), lors de la conférence des Parties de la Convention-cadre des Nations Unies sur les changements
climatiques (CCNUCC) en 2009, à Copenhague. C?est à l?issue de la COP21 en 2015, puis en 2016, à l?occasion
du Congrès mondial de la nature, que la place des SFN dans l?atteinte des objectifs de développement durable et
notamment dans l?action climatique a été réellement reconnue au niveau international
95 Rapport de la thématique 2 du Varenne sur l?eau et l?adaptation au changement climatique, partie 2.4.2
« Agriculture de résilience, exemples, perspectives, enseignement »
PUBLIÉ
Novembre 2022 Les conditions de mobilisation des retenues
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Loire-Bretagne
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développement intégré multiusage qui s?inscrit dans cette logique. L?objectif poursuivi est
d?optimiser l?expansion des crues et de développer une capacité de stockage naturel de l?eau pour
la restituer en période de sécheresse, favoriser la biodiversité et préserver l?environnement du site,
tout en valorisant et agissant de manière résiliente sur l?habitat et le patrimoine culturel. Une étude
d?opportunité et de faisabilité du projet est inscrite au budget 2022 de l?EPL.
Cependant, malgré leurs avantages évidents en matière de préservation du milieu naturel, l?impact
quantitatif des SFN sur la disponibilité des ressources en eau n?est pas évident. Ainsi, le passage
d?une prairie à une forêt entraîne une diminution de la recharge des eaux souterraines, alors qu?une
conversion en terre agricole peut conduire paradoxalement à une augmentation de la recharge,
pour un même contexte climatique et une même position dans un bassin-versant. Une végétation
avec des racines profondes (arbres fruitiers, 15 à 20 m de profondeur), en tête de bassin-versant
entraîne plutôt une réduction de la recharge des eaux souterraines.
De fait, le bilan des actions de l?Agence de l?eau Loire Bretagne ne mentionne aucun état quantitatif
de l?impact des SFN sur la ressource en eau. Cette situation est dommageable pour leur pleine
reconnaissance par les acteurs locaux et pour soutenir leur plus large déploiement.
(AELB) : Mettre en place, avec l?appui du conseil scientifique du comité
de bassin, des bilans quantitatifs de la gestion de la ressource en eau des solutions fondées
sur la nature et, en particulier, une évaluation des capacités de stockage d?eau des zones
humides.
3.4 La révision des DOE doit accompagner ces évolutions
Dans son considérant 19, la directive cadre sur l?eau96, subordonne les mesures relatives à la
quantité à l?objectif d?une bonne qualité des eaux. La gestion du soutien d?étiage doit donc
contribuer au maintien ou à la reconquête de la qualité des eaux. Ceci a trois implications majeures :
1) Les objectifs de soutien d?étiage, qui sont fixés en fonction de l?eau disponible dans les
stockages pour fournir une quantité d?eau suffisante, notamment pour l?alimentation en eau
potable, durant toute la période de soutien d?étiage, doivent chercher à tenir compte de
l?état des milieux et doivent respecter en particulier les débits minimum biologiques (DMB)
(même si l?exemple du Cher97 montre que cet objectif n?est pas toujours atteignable) ;
2) Les objectifs de soutien d?étiage ne peuvent pas viser simplement à préserver les usages
sans s?intéresser à la qualité des eaux et à la réduction des prélèvements ;
3) Les objectifs de soutien d?étiage devraient être en relation avec les DOE qui, selon le
SDAGE Loire-Bretagne, correspondent au « débit moyen mensuel en période de basses
eaux d?étiage au-dessus duquel il est considéré que, dans la zone nodale, l?ensemble des
usages est possible en équilibre avec le bon fonctionnement du milieu aquatique ».
Ces deux notions (OSE et DOE) correspondant à des réalités différentes : respectivement des
objectifs de débit instantané destinés à gérer au quotidien le débit d?étiage et un objectif de débit
mensuel moyen. Il ne saurait de fait y avoir de relation directe entre elles : fixer et tenir un OSE, en
un point nodal, à la valeur du DOE de ce point, revient à assurer son respect 10 années sur 10, ce
96 https://eur-lex.europa.eu/legal-content/FR/TXT/PDF/?uri=CELEX:02000L0060-20141120&from=EN
97 Un débit de 1,55 m3/s à l?aval de Treillet-Argenty pendant toute la période d?étiage conduit à vider la retenue en
année sèche avant qu?elle ne se finisse.
PUBLIÉ
https://eur-lex.europa.eu/legal-content/FR/TXT/PDF/?uri=CELEX:02000L0060-20141120&from=EN
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hydroélectriques pour le soutien d?étiage sur le bassin de
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qui appellerait à le réviser à la hausse. Force est de constater que sur le bassin Loire-Bretagne, il
y a une déconnexion de plus en plus affirmée entre le DOE et les objectifs de gestion. A l?inverse,
si, comme c?est le cas actuellement dans la gestion opérationnelle des OSE du soutien de la Loire
et de ses affluents prenant leur source dans le Massif central, le soutien d?étiage n?assure plus le
respect des DOE 8 années sur 10, on ne peut pas se contenter de constater l?écart sans réagir.
Un plan d?actions devrait être élaboré et mis en oeuvre pour recouvrer un équilibre entre le bon état
des milieux et l?ensemble des usages.
Dans un contexte de changement climatique, c?est un équilibre évolutif qu?il faut essayer d?atteindre,
en acceptant l?incertitude qui pèse nécessairement sur la cible à atteindre (niveau et échéance).
Sur les cours d?eau soutenus, le soutien d?étiage, pour respecter la DCE, doit se donner aussi pour
objectif d?aider les milieux à évoluer, ou à migrer, au rythme qui peut être le leur, selon les leçons
qui pourront être tirées de démarches comme le Life Natur?Adapt.
A l?horizon du milieu du siècle, les milieux ne seront plus ceux que nous avons connus dans la
période (1976 ? 2012) qui a servi de référence pour l?établissement des DOE du SDAGE. Et ce
quel que soit l?effort qui sera consenti sur les usages et les prélèvements, ne serait-ce que du fait
de la poursuite de l?augmentation des températures de l?air et de l?eau et de l?évolution des débits
naturels et de leur variabilité. Les débits assurant le bon état de milieux substantiellement
transformés n?ont aucune chance de correspondre aux DOE actuels établis sur des données
hydrologiques passées.
On retrouve ici, sur le cas particulier du changement climatique, l?idée que le bon état des eaux de
surface, demandé par la directive cadre sur l?eau, doit être conçu dans une vision dynamique de
la rivière et de ses écosystèmes98. Outre les orientations et les pistes mentionnées ci-avant, il
convient donc d?engager, en vue du prochain SDAGE, un travail de révision des DOE du bassin
de la Loire intégrant la perspective du changement climatique. Les études HMUC engagées sur
les différents sous-bassins ainsi que l?étude HMUC globale à l?échelle du bassin de la Loire
mentionnée au 3.1.2 doivent contribuer à préparer cette révision.
Ce travail serait facilité par une mise à jour de la directive cadre sur l?eau visant à lui faire prendre
en compte le changement climatique ainsi que les politiques européennes de prévention et
d?adaptation qui ont été progressivement développées depuis sa promulgation en 2000. Ces
travaux européens gagneront à être éclairés par des travaux de terrain les anticipant. La direction
de l?eau et de la biodiversité du ministère de la transition écologique devrait, dans cet esprit,
accompagner les acteurs du bassin dans cette démarche. Les définitions européennes et
nationales actuelles du bon état et des réseaux de référence ne sauraient être invoquées pour
s?exonérer de ce travail indispensable.
(Comité de bassin, AELB et DEB) : Engager une démarche de révision
des débits objectifs d?étiage (DOE) du bassin Loire-Bretagne dans la perspective du
prochain SDAGE.
Dans le cadre de ce rapport, cette recommandation s?adresse aux DOE du seul bassin Loire-
98 Les enjeux pour l?application de la DCE portent sur la compréhension de la dynamique des écosystèmes,
l?approfondissement des connaissances relatives aux eaux souterraines, un important développement de
l?écotoxicologie et une approche de l?économie de l?eau. Cf. Les enjeux de recherche liés à la directive-cadre
européenne sur l?eau, Pierre-Alain Roche, Gilles Billen, Jean-Paul Bravard, Henri Décamps, Didier Pennequin, Eric
Vindimian, Jean-Gabriel Wasson,
https://www.researchgate.net/publication/248548325_Les_enjeux_de_recherche_lies_a_la_directive-
cadre_europeenne_sur_l?eau
PUBLIÉ
https://www.researchgate.net/publication/248548325_Les_enjeux_de_recherche_lies_a_la_directive-cadre_europeenne_sur_l?eau
https://www.researchgate.net/publication/248548325_Les_enjeux_de_recherche_lies_a_la_directive-cadre_europeenne_sur_l?eau
Novembre 2022 Les conditions de mobilisation des retenues
hydroélectriques pour le soutien d?étiage sur le bassin de
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Bretagne d?autant plus que la définition des DOE varie, de fait, selon les différents bassins. La
problématique leur est cependant commune : le bassin Adour-Garonne va ainsi mener un chantier
sur la prise en compte de l'impact du changement climatique dans les DOE. L?accompagnement
de la DEB devrait bénéficier à ces deux démarches.
PUBLIÉ
Novembre 2022 Les conditions de mobilisation des retenues
hydroélectriques pour le soutien d?étiage sur le bassin de
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Conclusion
Dans la lignée des Assises de l?eau et du Varenne agricole de l?eau et de l?adaptation au
changement climatique, les ministres chargés de l?agriculture, de l?énergie et de l?environnement
ont confié, en février 2022, au CGAAER et à l?IGEDD une mission d?expertise sur les conditions
de mobilisation des retenues hydroélectriques pour le soutien d?étiage sur le bassin de la Loire.
Le sujet posé se trouve au croisement de diverses politiques publiques :
La politique de l?énergie;
La politique nationale de l?eau déclinée territorialement par les politiques des collectivités
compétentes en matière d?alimentation en eau potable d?assainissement ainsi que de
gestion des milieux aquatiques et de prévention des inondations (GEMAPI), dans le cadre
d?une nécessaire solidarité amont ? aval ;
La politique agricole ;
Les politiques de développement économique et touristique des collectivités territoriales.
Certaines de ces politiques, dont notamment le développement de l?énergie hydroélectrique,
relèvent de l?Etat. D?autres de la compétence des collectivités territoriales, dont notamment le
soutien d?étiage dans le cadre de la GEMAPI. Par ailleurs, la gestion du soutien d?étiage s?opère
soit dans un cadre de gestion courante à la main des collectivités, en année normale, soit dans le
cadre d?une gestion de crise assurée par l?Etat, en année de sécheresse, comme celle que nous
venons de connaître. La mobilisation des retenues hydroélectriques repose, avant toute chose, sur
le concessionnaire de l?ouvrage qui doit respecter son cahier des charges ainsi que le règlement
d?eau arrêtés par l?Etat. Le soutien d?étiage articule donc, dans cette double dimension, répartition
des compétences et passage d?une gestion courante à une gestion de crise, les compétences de
l?Etat et celles des collectivités avec les responsabilités du concessionnaire.
Les retenues hydroélectriques sont déjà largement mobilisées dans des dispositifs de soutien
d?étiage bénéficiant à la Loire amont, à quatre de ses affluents (Cher, Creuse, Vienne et Sioule) et
à deux fleuves côtiers bretons (Aulne et Blavet). Le plus important de ces dispositifs est celui de la
Vienne. Les autres sont des dispositifs locaux. Le principal dispositif présent sur le bassin est
cependant celui consacré au soutien de l?Allier et de la Loire, géré par l?Etablissement public Loire
(EPL) à partir des réservoirs de Naussac et Villerest, pour lequel la production d?électricité n?est
qu?une mission secondaire.
Les ressources de retenues, faisant l?objet d?une concession hydroélectrique, encore mobilisables
sur le bassin pour du soutien d?étiage (aux Fades, à Grangent et à Lavalette) peuvent apporter un
complément appréciable mais limité (30 Mm3) au dispositif de soutien de l?Allier et de la Loire
reposant sur Naussac et Villerest, dont le volume maximum mobilisable plafonne actuellement à
210 Mm3.
Les propositions formulées par la mission visent dans l?immédiat à optimiser le dispositif existant
de soutien de l?Allier et de la Loire, le renforcer par une mobilisation assurantielle d?une partie des
ressources des trois retenues de Grangent, Lavalette et des Fades, dont l?impact sur la production
hydroélectrique devrait être limité et adapter les autres dispositifs, plus locaux, rencontrant déjà
des difficultés que le changement climatique ne fera qu?aggraver.
Ces recommandations s?adressent donc à une pluralité d?acteurs, dont au premier chef des
collectivités territoriales, et pas seulement à l?Etat et à ses services ou établissements publics. Si
ces propositions sont, en apparence, simples, leur mise en oeuvre pourra se révéler délicate,
notamment pour la réservation automnale constituée dans les retenues de Grangent, Lavalette et
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Novembre 2022 Les conditions de mobilisation des retenues
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des Fades qui conduit à coordonner la gestion durant l?année des retenues d?eau de cinq ouvrages
différents en fonction de l?état des stocks et des prévisions météorologiques. Les nouvelles règles
de gestion correspondantes s?affineront progressivement à partir de retours d?expérience partagés
avec toutes les parties prenantes.
Par ailleurs, les améliorations proposées ne permettront pas de répondre aux ordres de grandeur
nécessaires pour faire face, à DOE inchangés, aux sécheresses constatées aujourd?hui, qui seront
de plus en plus fréquentes demain.
Aussi, la seule solution, étudiée pour les principaux usages au chapitre 3, est de réduire les
consommations, ce qui ne peut s?envisager que si tous les acteurs sont sollicités de manière
équitable. La question des droits d?eau anciens serait également à mettre sur la table dans ce
cadre : la recommandation 7A-6 du présent SDAGE recommande d?ailleurs déjà à l?autorité
administrative de réviser les autorisations existantes accordées sans limitation de durée de validité,
ainsi que les autorisations n?ayant pas fait l?objet de limitation en volume prélevé. Les difficultés
rencontrées dans la mise en oeuvre de cette mesure mériteront une analyse précise. La démarche
suppose la mise en place d?une gestion quantitative généralisée, garantissant la transparence des
prélèvements de tous les usages. L?agriculture qui est le premier consommateur net en étiage
avant les centrales nucléaires, pourra s?appuyer sur les recommandations d?adaptation du thème
2 du Varenne agricole de l?eau et de l?adaptation au changement climatique.
Les orientations, en la matière, figurant dans le rapport ne pourront être suivies d?effet que si elles
sont appropriées par un grand nombre d?acteurs. Le comité de bassin, les comités mis en place
par les établissements publics territoriaux de bassin (EPTB), les commissions locales de l?eau et
les instances de concertation des PTGE, devraient jouer un rôle essentiel à condition de
développer des méthodes de travail mobilisant l?intelligence collective des acteurs concernés.
Dominique AUVERLOT
Claude BERNHARD
Alain NEVEÜ
Ingénieur général
des ponts, des eaux
et des forêts
Ingénieur général
des ponts, des eaux
et des forêts
Ingénieur général
des ponts, des eaux
et des forêts
PUBLIÉ
PUBLIÉ
Novembre 2022 Les conditions de mobilisation des retenues
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Annexes
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Novembre 2022 Les conditions de mobilisation des retenues
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Annexe 1 Lettre de mission
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Annexe 2 Liste des personnes rencontrées
Nom Prénom Organisme Fonction
Date de
rencontre
GUTTON Martin
Agence de l?eau
Loire-Bretagne
Directeur
général
10 février, 16
mars, 24 juin
et 13
septembre
2022
BRULÉ Hervé DREAL Centre Directeur
11 février, 24
février, 21
mars et 27
septembre
2022
LOCQUEVILLE Bruno DRAAF Centre Directeur
11 février, 24
février 2022
PITON Pierre DRAAF Centre
Ingénieur
général de
bassin
11 février
2022
CHEVALLIER Alexandre
Ministère de la
transition écologique
/ cabinet
Conseiller
énergie et
climat
17 février
2022
CROSNIER Gilles
MAA/DGPE/SCPE/
sous-direction
performance
environnementale et
valorisation des
territoires
Expert eau
17 février
2022
GARNIER
Claire-
Cécile
MTECT/DGALN/DE
B/EARM/
Bureau de la
ressource en eau et
des milieux
aquatiques
Cheffe de
bureau
17 février et
28 juin 2022
HAZET Charles
MTECT/DGALN/DE
B/ sous-direction de
la protection et de la
gestion de l?eau des
ressources
minérales et des
écosystèmes
aquatiques
Adjoint au
sous-directeur
17 février et
28 juin 2022
LAILHEUGUE François
MTE/DGEC/DE/SD3
/ bureau des
énergies
renouvelables
hydrauliques et
marines
Chargé de
mission
concessions
hydroélectrique
s
17 février, 14
mars 2022
PUBLIÉ
Novembre 2022 Les conditions de mobilisation des retenues
hydroélectriques pour le soutien d?étiage sur le bassin de
Loire-Bretagne
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Nom Prénom Organisme Fonction
Date de
rencontre
VERGOBBI Bénédicte
secrétariat d?Etat à
la biodiversité /
cabinet
conseillère eau,
écosystèmes
aquatiques et
mobilisation
17 février
2022
CHOUMERT Guillaume
Préfecture de la
région Centre ? Val
de Loire /
Secrétariat général
pour les affaires
régionales
Secrétaire
régional adjoint
politiques
publiques
24 février et
27 septembre
2022
AYPHASSORHO Hugues
MTECT/CGEDD/
mission d?inspection
générale territoriale
de Bordeaux
Membre
permanent
11 mars 2022
PLICHON Pierre
MTE/DGEC/DE/SD3
/ bureau des
énergies
renouvelables
hydrauliques et
marines
Adjoint à la
cheffe de
bureau
14 mars 2022
De CHERGÉ Bruno
EDF/division
production et
ingénierie
hydraulique / pôle
énergie
renouvelables
Délégué
relations
institutionnelles
et régulations
15 mars 12
avril, 5 juillet,
9 et 26
septembre
2022
COMBÉMOREL Jean-Paul
EDF/ direction
action régionale
Centre ? Val de
Loire
Directeur action
régionale &
délégué de
bassin
15 mars, 8 et
12 avril, 5
juillet et 9
septembre
2022
LECUNA Sylvain EDF/ 15 mars 2022
LAUGIER Cécile
EDF/direction
production nucléaire
et thermique /
division production
nucléaire
Directrice
environnement
et prospective
15 mars, 12
avril et 5
juillet 2022
TABARY Luc EDF/ Hydro
Chargé de
mission
coordination de
l?eau et
changement
climatique
15 mars, 12
avril, 17 mai,
5 juillet, 9 et
26 septembre
2022
GITTON Claude
MTECT/CGEDD/sec
tion milieux,
ressources et
risques
Membre
permanent
21 mars 2022
PUBLIÉ
Novembre 2022 Les conditions de mobilisation des retenues
hydroélectriques pour le soutien d?étiage sur le bassin de
Loire-Bretagne
Page 79/212
Nom Prénom Organisme Fonction
Date de
rencontre
CAZIN Pascale
DRAAF Nouvelle
Aquitaine
Directrice
adjointe
21 mars 2022
ETCHESSAHAR Séverine
DRAAF Nouvelle
Aquitaine / service
régional d?économie
agricole et
agroalimentaire
21 mars 2022
FEUILLET Christian
DREAL Centre /
service eau
biodiversité risques
naturels et Loire /
département
délégation de bassin
Loire Bretagne
Chef de
département
21 mars et 13
avril 2022
MAILHOS Pascal
Préfecture de la
région Auvergne ?
Rhône-Alpes
Préfet 29 mars 2022
NOARS Françoise
Préfecture de la
région Auvergne ?
Rhône-Alpes
Secrétaire
générale pour
les affaires
régionales
29 mars 2022
NERON Alice
Préfecture de la
région Auvergne ?
Rhône-Alpes /
SGAR
Chargée de
mission bassin,
développement
durable,
environnement
29 mars , 19
et 20 2022
RONDREUX Estelle
DREAL Auvergne ?
Rhône-Alpes
Directrice
adjointe
29 mars 2022
BARTHELEMY Dominique
DREAL Auvergne ?
Rhône-Alpes
Chef adjoint du
service Eau,
hydroélectricité
et nature
29 mars et 19
mai 2022
ROUSSET Guillaume
DRAAF Auvergne ?
Rhône-Alpes
Directeur
adjoint
29 mars et 20
mai 2022
REGAD Jacques
DREAL Nouvelle
Aquitaine
Directeur
adjoint
31 mars 2022
GABRIELLI Pierre-Paul
DREAL Nouvelle
Aquitaine / Service
des risques naturels
et hydrauliques
Chef de service 31 mars 2022
HUART Jean
DREAL Nouvelle
Aquitaine / SRNH /
Département
ouvrages
hydrauliques
Chef de
département
31 mars et 23
mai 2022
GOUPIL Sébastien
DREAL Nouvelle
Aquitaine Service
patrimoine naturel /
Adjoint au chef
de département 31 mars 2022
PUBLIÉ
Novembre 2022 Les conditions de mobilisation des retenues
hydroélectriques pour le soutien d?étiage sur le bassin de
Loire-Bretagne
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Nom Prénom Organisme Fonction
Date de
rencontre
Département eau et
ressources
minérales
GANDRIEAU James
Comité de bassin
Loire-Bretagne /
commission
inondations Plan
Loire
Président 1er avril 2022
DORON Jean-Paul
Comité de bassin
Loire-Bretagne
Vice-président 1er avril 2022
BURLOT Thierry
Comité de bassin
Loire-Bretagne
Président 4 avril 2022
FERRAND Emmanuel
Conseil régional
Auvergne-Rhône-
Alpes
Conseiller
régional
délégué
4 avril et 20
mai 2022
FALON Gérard MAA/CGAAER
Membre
permanent
6 avril 2022
KOSUTH Pascal MET/CGEDD/MRR
Membre
permanent
6 avril 2022
BOISNEAU Philippe
Comité de bassin
Loire-Bretagne /
commission
territoriale Loire
moyenne
Président 6 avril 2022
MERY Yoann
Comité de bassin
Loire-Bretagne
Vice-président 8 avril 2022
CHALOT Marion
Comité de bassin
Loire-Bretagne
Représentante
des
producteurs
d?électricité et
d?hydroélectricit
é
8 avril 2022
DESBORDES Marc
EDF/ direction
opérationnelle Nord
Massif central et
Bretagne
Attaché de
bassin
8 avril, 17 et
19 mai 2022
ORFEUVRE
Jean-
Jacques
Comité de bassin
Loire-Bretagne
Représentant
de France
Nature
Environnement
Auvergne ?
Rhône-Alpes
8 avril 2022
ROUSSET Nathalie
Comité de bassin
Loire-Bretagne /
commission
territoriale Allier -
Loire amont
Présidente
11 avril et 19
mai 2022
PUBLIÉ
Novembre 2022 Les conditions de mobilisation des retenues
hydroélectriques pour le soutien d?étiage sur le bassin de
Loire-Bretagne
Page 81/212
Nom Prénom Organisme Fonction
Date de
rencontre
JOLY Alain MAA/CGAAER
Membre
permanent
11 avril 2022
BERNARD Pierre
EDF/ division
technique générale
Hydro-
météorologue
12 avril 2022
BESNARD Amélie
EDF / division
ingénierie / service
environnement parc
nucléaire
Référente rejets
thermiques 12 avril 2022
GAILHARD Joël
EDF/ division
technique générale
12 avril 2022
LEDEUX Jean-Louis
Comité de bassin
Loire-Bretagne /
commission
territoriale Vienne ?
Creuse
Président 12 avril 2022
COLIN Renaud
Établissement public
Loire / direction
développement et
gestion territorialisée
Directeur 13 avril 2022
LEHMANN Emmanuel
Établissement public
Loire / direction
ressource en eau
Chef du service
des barrages 13 avril 2022
ROSSIGNOL Benoît
Établissement public
Loire / direction
ressource en eau
Directeur
13 avril, 19
mai, 23 juin et
15 septembre
2022
CARTIER Johnny
DREAL Centre /
service eau
biodiversité risques
naturels et Loire
Chef de service 13 avril 2022
De LAPOUGE Vladimir
DREAL Centre /
service eau
biodiversité risques
naturels et Loire /
Délégation de
bassin Loire -
Bretagne
Chargé de
mission
CGRNVES
13 avril 2022
PASQUET Fabien
DREAL Centre /
service hydrométrie
prévision des
étiages crues et
inondations
Chef de service 13 avril 2022
BRIDET
Jean-
François
Conseil régional
Centre ? Val de
Loire
Vice-président
délégué à la
biodiversité aux
parcs naturels
régionaux, à la
14 avril 2022
PUBLIÉ
Novembre 2022 Les conditions de mobilisation des retenues
hydroélectriques pour le soutien d?étiage sur le bassin de
Loire-Bretagne
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Nom Prénom Organisme Fonction
Date de
rencontre
Loire et rivières,
à l?eau, à l?air et
à la condition
animale
DEGUET Gilles
Comité de bassin
Loire-Bretagne
Représentant
de France
Nature
Environnement
Centre Val de
Loire
14 avril 2022
VENDROT Michel
Comité de bassin
Loire-Bretagne
Représentant
de la fédération
France Canoë
Kayak
14 avril 2022
MORARD Valéry
Agence de l?eau
Loire-Bretagne
Directeur
général adjoint 14 avril 2022
SAPPEY Alain
Agence de l?eau
Loire-Bretagne /
direction de
l?évaluation et de la
planification
Chef du service
planification
14 avril et 24
juin 2022
RIEFFEL Jean-Noël
Office français de la
biodiversité /
direction régionale
Centre ? Val de
Loire
Directeur
régional 14 avril 2022
STEINBACH Pierre
Office français de la
biodiversité /
direction régionale
Centre ? Val de
Loire
Chargé de
mission 14 avril 2022
ENGSTRÖM Régine
Préfecture de la
région Centre ? Val
de Loire,
Préfète
coordinatrice de
bassin
14 avril et 27
septembre
2022
COUTURIER Christian
Comité de bassin
Loire-Bretagne/
commission
territoriale Maine-
Loire-Océan
Président 25 avril 2022
BONNEFOUS Nicolas
Comité de bassin
Loire-Bretagne et
CGRNVES
Représentant
de la chambre
d?agriculture de
l?Allier
25 avril et 20
mai 2022
BESSIN Sabine
Comité de bassin
Loire-Bretagne et
CGRNVES
Représentante
de la fédération
départementale
Loire de pêche
et de protection
26 avril 2022
PUBLIÉ
Novembre 2022 Les conditions de mobilisation des retenues
hydroélectriques pour le soutien d?étiage sur le bassin de
Loire-Bretagne
Page 83/212
Nom Prénom Organisme Fonction
Date de
rencontre
du milieu
aquatique
TAUFFLIEB Éric
Comité de bassin
Loire-Bretagne /
commission
planification
Président 4 mai 2022
FELIX Irène
Comité de bassin
Loire-Bretagne
Vice-présidente 4 mai 2022
BALUSSOU Fabienne
Préfecture de la
Haute-Vienne
Préfète 9 mai 2022
NUQ Stéphane
Direction
départementale des
territoires de la
Haute-Vienne
Directeur 9 mai 2022
HULOT Eric
Direction
départementale des
territoires de la
Haute-Vienne
Chef du service
eau
environnement
forêt
9 mai 2022
JANIN Claire
Agence régionale de
santé Centre - Val-
de Loire
Ingénieure
coordonnatrice
des ARS du
bassin Loire-
Bretagne
16 mai et 5
septembre
2022
BRETON Frédéric
Conservatoire
d?espaces naturels
Centre ? Val-de-
Loire
Directeur 16 mai 2022
BARBIERO Céline
EDF/ Hydro / unité
petite hydraulique
17 mai 2022
BOUCARD Florian EDF
Délégué
territorial
Bretagne
Normandie
17 mai 2022
LION Michel
SHEMA (société
hydraulique d?études
et de missions
d?assistance)
Directeur
général
délégué
17 mai 2022
PAGESSE Pierre
Comité de bassin
Loire-Bretagne
Représentant
des communes
rurales
17 mai 2022
SCHUFFENECKER Dominique
Préfecture de la
Loire
Secrétaire
général
19 mai 2022
RÉGNIER Élise
Direction
départementale des
territoires de la Loire
Directrice 19 mai 2022
MOJA Philippe Direction
départementale des
Adjoint au chef
de service 19 mai 2022
PUBLIÉ
Novembre 2022 Les conditions de mobilisation des retenues
hydroélectriques pour le soutien d?étiage sur le bassin de
Loire-Bretagne
Page 84/212
Nom Prénom Organisme Fonction
Date de
rencontre
territoires de la Loire
/ service eau et
environnement
DAUDEL Christophe
DRAAF Auvergne ?
Rhône-Alpes / pôle
transition agricole et
montagne
Chef du pôle 19 mai 2022
RIAUX
Jean-
Michel
Préfecture de la
Loire
Sous-préfet de
Montbrison 19 mai 2022
CABANE Roland
Fédération
départementale de
pêche et de
protection des
milieux aquatiques
de la Loire
président 19 mai 2022
MURGUE Éric
Fédération
départementale de
pêche et de
protection des
milieux aquatiques
de la Loire
directeur 19 mai 2022
ROUSSEL Pierre
Conservatoire des
espaces naturels
d?Auvergne
Vice-président 19 mai 2022
ASTIC Sylvaine
Préfecture de la
Loire
Sous-préfète de
Roanne 19 mai 2022
CHARRETIER Nicolas
Chambre
d?agriculture de la
Loire
élu membre du
bureau 19 mai 2022
CROIZIER Nadine
Chambre
d?agriculture de la
Loire / service
développement des
territoires
Responsable
du service 19 mai 2022
FRÉCHET Daniel
Établissement public
Loire
Président 19 mai 2022
PÉLISSIER Franck
Direction
départementale des
territoires de la Loire
/ service économie
agricole et
développement rural
Adjoint au chef
de service 19 mai 2022
BENOÎT Jérôme
EDF / Groupement
d?usines Loire
Coordinateur
technique 19 mai 2022
SAMOUILLET Jean
EDF / Groupement
d?usines Loire
Responsable 19 mai 2022
PUBLIÉ
Novembre 2022 Les conditions de mobilisation des retenues
hydroélectriques pour le soutien d?étiage sur le bassin de
Loire-Bretagne
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Nom Prénom Organisme Fonction
Date de
rencontre
THUINET Christophe
Établissement public
Loire
Représentant
pour le site de
Villerest
19 mai 2022
CHOPIN Philippe
Préfecture du Puy-
de-Dôme
Préfet 20 mai 2022
LENOBLE Laurent
Préfecture du Puy-
de-Dôme
Secrétaire
général 20 mai 2022
DUPUY Manuelle
Direction
départementale du
Puy-de-Dôme
Directrice
adjointe 20 mai 2022
NICOLAU Nathalie
Direction
départementale du
Puy-de-Dôme /
bureau politique
territoriale de l?eau
Cheffe du
bureau 20 mai 2022
PINEAU Xavier
Direction
départementale du
Puy-de-Dôme /
service eau
environnement forêt
Adjoint à la
cheffe de
service
20 mai 2022
GRAVIER
Marie-
Hélène
DREAL Auvergne ?
Rhône-Alpes /
service eau
hydroélectricité et
nature
Cheffe de
service 20 mai 2022
AUBERGER Éliane
Conservatoire des
espaces naturels
d?Auvergne
Présidente 20 mai 2022
BARBIN Claude
Chambre de
commerce et
d?industrie Puy-de-
Dôme Clermont
Auvergne métropole
président 20 mai 2022
GONZALES César
Conseil
départemental du
Puy-de-Dôme /
direction de
l?aménagement du
territoire
directeur 20 mai 2022
LEMERLE René
Syndicat
intercommunal
d?alimentation en
eau potable de
Basse-Limagne
Président 20 mai 2022
MAZEAU Lucile SAGE Allier aval Animatrice 20 mai 2022
PUBLIÉ
Novembre 2022 Les conditions de mobilisation des retenues
hydroélectriques pour le soutien d?étiage sur le bassin de
Loire-Bretagne
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Nom Prénom Organisme Fonction
Date de
rencontre
MORVAN
Jean-
Pierre
Agence de l?eau
Loire-Bretagne /
délégation Allier ?
Loire amont
directeur 20 mai 2022
NICOLAS Bertrand
Chambre
d?agriculture du Puy-
de-Dôme
Vice-président 20 mai 2022
VIDAL Sébastien
Association pour le
développement de
l?irrigation en
Auvergne
président 20 mai 2022
GRELICHE Éric Limagrain Vice-président 20 mai 2022
ROBERT Maud Limagrain
Responsable
affaires
publiques
20 mai 2022
TARDIF Vincent Limagrain
Directeur
stratégie
nouvelles
filières
20 mai 2022
ARNAUD Baptiste
Syndicat des
irrigants individuels
du Puy-de-Dôme
Président 20 mai 2022
AYMARD Philippe
Syndicat des
irrigants individuels
du Puy-de-Dôme
Vice-président 20 mai 2022
DESHAYES Ludmilla
Chambre
d?agriculture du Puy-
de-Dôme
Ingénieure
irrigation 20 mai 2022
MARTENS Julien
Chambre
d?agriculture de
l?Allier
Technicien
irrigation 20 mai 2022
PICARD Delphine
DRAAF Auvergne ?
Rhône-Alpes /
service économie
agricole
Cheffe du
service 20 mai 2022
DARPHEUILLE-
GAZON
Virginie
Préfecture de la
Creuse
préfète 23 mai 2022
MEROT Bastien
Préfecture de la
Creuse
Secrétaire
général 23 mai 2022
NICOLAY Laetitia
DREAL Nouvelle
Aquitaine/ service
des risques naturels
et hydrauliques
Adjointe au
chef de service 23 mai 2022
RENAUD France Direction
départementale des
Adjointe au
chef de service 23 mai 2022
PUBLIÉ
Novembre 2022 Les conditions de mobilisation des retenues
hydroélectriques pour le soutien d?étiage sur le bassin de
Loire-Bretagne
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Nom Prénom Organisme Fonction
Date de
rencontre
territoires de la
Creuse / service
espace rural,
risques et
environnement
SCHWARTZ Pierre
Direction
départementale des
territoires de la
Creuse
directeur 23 mai 2022
TARDIEU François
INRAE / laboratoire
d?écophysiologie
des plantes sous
stress
environnementaux
Directeur de
recherche
25 mai 2022
AUGEARD Bénédicte
Office français de la
biodiversité /
direction de la
recherche et de
l?appui scientifique
Directrice
adjointe 25 mai 2022
OBLED Loïc
Office français de la
biodiversité /
direction générale
déléguée police,
connaissance,
expertise
Directeur
général
délégué
25 mai 2022
POULET Nicolas
Office français de la
biodiversité ? Institut
de mécanique des
fluides de Toulouse /
pôle de recherche et
développement en
écohydraulique
Chargé de
mission
biodiversité
aquatique
continentale
25 mai 2022
SAGNES Pierre
OFB ? IIMFT / pôle
de recherche et
développement en
écohydraulique
directeur 25 mai 2022
GRYTTEN Isabelle
DREAL Bretagne /
service du
patrimoine naturel
Cheffe du
service
3 juin 2022
PRÉAU
Jean-
Michel
DRAAF Bretagne /
service régional de
l?agri-
environnement, de
la forêt et du bois
Chef du service 3 juin 2022
MARY
Jean-
François
Comité de bassin
Loire-Bretagne/
commission
territoriale Vilaine et
côtiers bretons
Président 3 juin 2022
PUBLIÉ
Novembre 2022 Les conditions de mobilisation des retenues
hydroélectriques pour le soutien d?étiage sur le bassin de
Loire-Bretagne
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Nom Prénom Organisme Fonction
Date de
rencontre
JEGOU Jean-Luc
Établissement public
territorial du bassin
de la Vilaine
Directeur 3 juin 2022
BONNARD Bertrand
Saint-Etienne
Métropole / direction
de l?eau
Directeur
adjoint
21 juin 2022
CRAPSKY Stéphane
Saint-Etienne
Métropole / direction
de l?eau
Directeur 21 juin 2022
PAREDES Frédéric
Saint-Etienne
Métropole / Pôle
action territoriale et
proximité
Directeur
général adjoint 21 juin 2022
SUBTIL
Pierre-
Yves
Saint-Etienne
Métropole / direction
de l?eau
Responsable
des barrages 21 juin 2022
MOATAR Florentina INRAE
Directrice de
recherche 21 juin 2022
GUILBERT Alexandra
MTECT/DGALN/DE
B/EARM/
Bureau de la
politique de l?eau
28 juin 2022
LEQUIEN Alexandra
MTECT/DGALN/DE
B/EARM/
Bureau de la
ressource en eau et
des milieux
aquatiques
Adjointe à la
cheffe de
bureau
28 juin 2022
BURNER Simon
European Rivers
Network (ERN)
France ? SOS Loire
vivante
Directeur 28 juin 2022
EPPLE Roberto
ERN France ? SOS
Loire vivante
Président 28 juin 2022
VEAU Frédéric
Délégation
interministérielle en
charge du suivi des
conclusions du
Varenne agricole de
l?eau et de
l?adaptation au
changement
climatique
Délégué
interministériel
4 juillet 2022
FEUTRY Stéphane
EDF/direction
production nucléaire
et thermique /
5 juillet 2022
PUBLIÉ
Novembre 2022 Les conditions de mobilisation des retenues
hydroélectriques pour le soutien d?étiage sur le bassin de
Loire-Bretagne
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Nom Prénom Organisme Fonction
Date de
rencontre
division production
nucléaire
BONNEFOY Jean-Yves
Syndicat mixte
d?irrigation et de
mise en valeur du
Forez (SMIF)
Président 8 juillet 2022
BROSSE Chantal
Conseil
départemental de la
Loire
Vice-présidente
chargée de
l?agriculture
8 juillet 2022
MICHEL Marc
Conseil
départemental de la
Loire / service
agriculture
8 juillet 2022
PION Julien SMIF Technicien 8 juillet 2022
ROSSIGNEUX Annick SMIF Directrice 8 juillet 2022
GODET Jérémie
Établissement public
territorial du bassin
de la Vienne (EPTB
Vienne)
Président 18 juillet 2022
LORIOT Stéphane EPTB Vienne Directeur 18 juillet 2022
EUDE
Jean-
Claude
Établissement public
Loire
Directeur
général
15 septembre
2022
CADIC Sandrine DREAL Centre
Directrice
régionale
adjointe
16 septembre
2022
CAVARD Nicolas
DREAL Centre /
service hydrométrie
prévision des
étiages crues et
inondations
Adjoint au chef
de service
16 septembre
2022
BLANCHET
Jean-
François
Groupe BRL
Directeur
général
26 septembre
2022
BARRY Philippe
Conseil
départemental de la
Haute-Vienne
Conseiller
départemental
délégué à l?eau
11 octobre
2022
CHUPIN Sylvie
Conseil
départemental de la
Haute-Vienne
Directrice du
cabinet du
président
11 octobre
2022
NANY Sébastien
Conseil
départemental de la
Haute-Vienne
Directeur du
pôle
Développement
11 octobre
2022
PUBLIÉ
Novembre 2022 Les conditions de mobilisation des retenues
hydroélectriques pour le soutien d?étiage sur le bassin de
Loire-Bretagne
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Annexe 3 Les réservoirs de Villerest et de Naussac
Cette annexe décrit le fonctionnement actuel des ouvrages de Naussac et de Villerest et détaille
leurs pistes d?optimisation présentées dans le corps du rapport. Il présente également la manière
dont est organisé le soutien d?étiage et le rôle du Comité de gestion des réservoirs de Naussac et
Villerest et des étiages sévères (CGRNVES).
Mais, avant toute chose, il convient de souligner l?intérêt que représentent ces ouvrages : comme
le souligne l?EPL, Villerest a permis d?écrêter efficacement les crues depuis sa mise en service en
1985. A titre d?exemple, en 2008, au pic de la crue, le barrage a permis de réduire la hauteur d?eau
de près de 2 m à Roanne et de 0,4 m à Tours grâce au stockage de l?eau à l?amont du barrage ce
qui a entraîné une élévation du niveau d?eau d?environ 12 m dans la retenue. La gestion par l?EPL
de Villerest et de Naussac (mis en service en 1983), sous la surveillance du Comité de gestion des
réservoirs de Naussac et Villerest et des étiages sévères (CGRNVES), a de plus permis de soutenir
toutes les périodes d?étiage, y compris les étiages prolongés de 2003 (le plus sévère pour Villerest
depuis 1985) et de 2015 (le plus long pour les 2 barrages depuis 1983).
Le soutien d?étiage assuré par Naussac et Villerest
Les règlements d?eau de ces ouvrages, détenus par l?EPL qui en assure la gestion administrative,
financière et technique, en s?appuyant pour l?exploitation et la surveillance sur un prestataire choisi
par voie d?appel d?offres (actuellement BRL Exploitation), définissent des objectifs du soutien
d?étiage ainsi que les conditions dans lesquelles ce soutien d?étiage est délivré :
soit pour Villerest, dans la Loire :
60 m3/s à Gien99 ;
un débit garanti de 10 m3/s au pied de l?ouvrage100 du 1er décembre au 15 septembre et 8
m3/s le reste du temps ;
et pour Naussac, dans l?Allier :
6 m3/s à Vieille-Brioude101 ;
2 m3/s à l?aval du de la confluence du Donozau102.
Pour ce dernier réservoir, le concessionnaire doit, en outre, « se conformer aux consignes qui lui
seront données par une commission de gestion technique du réservoir de Naussac mises en place
à cet effet »103. La même disposition a été reprise, pour Villerest, dans l?article 6 de son règlement
d?eau. Les règlements d?eau des deux ouvrages prévoient également qu?ils soutiennent les autres
objectifs qui seront fixés par le comité de gestion technique des réservoirs de Naussac et Villerest
(CGTRNV), créé par un arrêté interministériel du 28 février 1978.
En application de ces dispositions, les objectifs de soutien d?étiage (OSE) des deux réservoirs sont
définis par le (CGRNVES) créé par un arrêté du préfet coordonnateur de bassin en date du 7 juillet
2004, qui poursuit, à ce titre, la mission assurée auparavant par le CGTRNV.
Ce comité, présidé par la préfète de bassin ou, par délégation de celle-ci, par le DREAL de bassin,
99 Article 3 du règlement d?eau du barrage de Villerest annexé au décret du 4 mai 1983 l?approuvant
100 Article 6 du règlement d?eau du barrage de Villerest annexé au décret du 4 mai 1983 l?approuvant
101 Article 4 du décret du 6 février1976 déclarant d?utilité publique l?aménagement du réservoir de Naussac,
disposition reprise par l?arrêté du préfet de la Lozère n°94-1923 du 16 novembre 1994
102 Article 5 de l?arrêté du préfet de la Lozère n°94-1923 du 16 novembre 1994
103 Article 14 du cahier des charges annexé au décret du 11 juin 1976 portant concession de l?aménagement et
l?exploitation du réservoir de Naussac.
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Novembre 2022 Les conditions de mobilisation des retenues
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est actuellement composé de :
16 membres représentant l?administration ;
8 membres désignés par le comité de bassin (4 élus représentant des collectivités
territoriales et 4 membres représentant les autres usagers) ;
Le président de l?EPL.
Les décisions du comité modulent les objectifs qui figurent dans les règlements d?eau des ouvrages
au travers de la programmation des lâchures, à la hausse ou à la baisse. Ainsi sur la Loire :
L?OSE au pied du barrage de Villerest a été porté à 12 m3/s, pour sécuriser des captages
d?eau, à destination de l?alimentation en eau potable, dans la nappe d?accompagnement
du fleuve, alors que débit réglementaire pour cet ouvrage est de 10 m3/s jusqu?au 15
septembre puis de 8 m3/s du 15 septembre au 30 novembre. Il convient également de noter
qu?en dessous de 12 m3/s les lâchures effectuées à Villerest ne peuvent pas être turbinée ;
L?OSE à Gien fait l?objet de règles de modulation (entre 50 et 60 m3/s) et de décisions
spécifiques. En août 2022 l?OSE à Gien a été abaissé jusqu?à 38 m3/s.
Les objectifs relatifs à l?Allier et au débit de la Loire à Gien sont régis par des décisions
permanentes du CGRNVES qui ont fixé les valeurs présentées ci-dessus. A l?intérieur de la
fourchette de 50 à 60 m3/s définie par le comité, l?OSE est fixé par la préfète coordonnatrice de
bassin. Si les circonstances l?imposent, le comité délibère pour fixer un OSE en dehors de la
fourchette définie par sa décision permanente.
Les débats, voire les délibérations spécifiques, du comité sont fondées sur les résultats de
projections effectuées par un modèle hydrographique développé par EDF dénommé MORDOR, et
exploité par la DREAL Centre Val-de-Loire. Ce modèle, limité aux bassins de l?Allier et de la Loire
à l?amont de Gien, calcule, sur le fondement d?analyse statistiques, météorologiques et climatiques,
le volume d?eau nécessaire, au jour de la simulation, pour assurer le soutien d?étiage jusqu?à sa fin
prévisible, pour diverses valeurs de l?OSE à Vic-le-Comte sur l?Allier et à Gien sur la Loire. Les
tableaux ainsi produits permettent à la préfète coordinatrice, ou au comité, de fixer l?OSE à Gien
en fonction du volume d?eau mobilisable disponible dans les réservoirs de Naussac et Villerest.
L?EPL détermine les lâchures à opérer, jour par jour, à partir des réservoirs de Naussac et Villerest,
pour respecter les OSE fixés par la préfète de bassin ou le CGRNVES ou figurant dans les
règlements d?eau. Il s?appuie, pour ce faire, sur un modèle, dénommé LOLLA, qui tient compte non
seulement des observations et des prévisions de pluie et de débit à 6 jours mais aussi des temps
de propagation de l?eau entre les réservoirs et les points auxquels sont fixés les OSE à respecter,
ainsi que des incertitudes associées (hydrométrie et météorologie). Les incertitudes avec
lesquelles la pratique opérationnelle du soutien d?étiage doit composer sont :
Structurelles et permanentes, comme celle entachant les mesures de débit aux stations
hydrométriques évaluées en général à 15 % ;
Ponctuelles. Ainsi, mi-août 2022, les passages pluvio-orageux du 14 au 18 août et l?arrêt
de l?irrigation pour le maïs dans le Val d?Allier se sont accompagnés d?une diminution des
prélèvements et d'un rétablissement des débits bien plus forts que ce que prévoyait le
modèle MORDOR, et donc d?une difficulté à ajuster en temps réel les lâchures opérées
depuis Naussac aux OSE en vigueur.
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Figure 17 : Le soutien des débits par les barrages de Villerest et Naussac
Le réservoir de Villerest
Reconnu d?utilité publique par décret d?avril 1977104 au profit de l?institution interdépartementale
pour la protection des vals de Loire105 , le réservoir de Villerest constitue, avec une capacité estivale
maximale de 132,61 Mm3, l?ouvrage principal sur la Loire. Conformément au premier article de ce
décret, il a pour rôle « d?écrêter les crues de la Loire, de soutenir les étiages de ce fleuve et de
permettre éventuellement la production d?énergie hydroélectrique ». Son règlement d?eau a été
approuvé par le décret du 4 mai 1983 déjà cité. La concession de l?aménagement et de
l?exploitation de la chute d?eau de Villerest a ensuite été accordée à EDF en novembre 1984 et
l?ouvrage a été mis en service en 1985.
L?écrêtement des crues
La gestion du réservoir de Villerest opère un compromis entre les objectifs d?écrêtement des crues
et de soutien d?étiage à travers ses règles de gestion qui définissent quatre cotes d?exploitation :
315 m NGF, soit 130 Mm3, du 1er décembre au 14 février ;
314 m NGF, soit 123 Mm3, du 15 février au 31 mai (creux printanier) ;
315,3 m NGF, soit 133 Mm3, du 1er juin au 14 août (période de soutien d?étiage) ;
304 m NGF, soit 68 Mm3, du 15 septembre au 30 novembre (creux automnal).
La cote maximale pouvant être atteinte pour l?écrêtement des crues est de 324 m NGF, soit
235 Mm3. La capacité d?écrêtement pendant le creux automnal est donc de 167 Mm3. Elle est de
112 Mm3 pendant le reste de l?année, la cote étant abaissée à 314 m NGF, voire au-dessous, en
cas de risque de crue, si elle n?y est pas déjà.
Seules les crues supérieures à 1000 m3/s sont écrêtées. D?après les données fournies par l?EPL,
ont été écrêtées par le réservoir de Villerest, depuis sa mise en service :
une unique crue printanière, le 26 avril 1986, avec un volume écrêté de 4,4 Mm3, pour une
cote restant comprise entre 314 et 315 m NGF ;
104 https://www.legifrance.gouv.fr/jorf/id/JORFTEXT000000875675
105 Devenue en 1983 l?Etablissement public pour l?aménagement de la Loire et de ses affluents (EPALA), qui a pris,
à l?été 2001, la dénomination d?Etablissement public Loire.
PUBLIÉ
https://www.legifrance.gouv.fr/jorf/id/JORFTEXT000000875675
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six crues automnales, les 6 novembre 1994, 14 novembre 1996, 22 novembre 2002, 3
décembre 2003, 4 novembre 2008 et 22 novembre 2016 avec des volumes écrêtés
respectivement de 13,6 Mm3, 6 Mm3, 9,2 Mm3, 128,5 Mm3, 71,6 Mm3 et 6 Mm3. La cote
maximale de 324 NGF n?a jamais été atteinte ni même approchée.
La priorité accordée à l?écrêtement des crues
emporte deux conséquences pour le soutien
d?étiage :
Le volume stocké est au maximum de
123 Mm3 jusqu?à la fin du mois de mai. Le
volume cible de 133 Mm3 ne peut être
atteint en juin que si le débit de la Loire le
permet.
Le volume stocké doit être limité à 68 Mm3
à compter du 15 septembre. Des lâchures
peuvent être opérées entre le 15 août et le
15 septembre pour tenir cet objectif au-
delà de celles requises par le soutien
d?étiage à l?Objectif de Gien ou à celui de
Villerest. La capacité à faire face à un
étiage tardif se trouve limitée par ce creux.
Figure 18 : Villerest ? cotes du réservoir
Source : données EPL
Le soutien d?étiage
Le réservoir de Villerest opère un soutien d?étiage pour satisfaire l?un ou l?autre des deux objectifs
suivants de débit dans la Loire, ou les deux simultanément :
12 m3/s au pied de l?ouvrage (au niveau du DOE), suite à la décision prise par le CGTRNV
le 20 mai 1998 ;
de 60 à 45 m3/s à Gien (niveaux intermédiaires entre le DOE (65 m3/s) et le DSA (50 m3/s),
d?une part, entre le DSA et le débit de crise (DCR à 43 m3/s), d?autre part).
Il peut ainsi arriver que des lâchures soient effectuées uniquement pour l?OSE de Villerest, sans
besoin pour Gien. Ce fut le cas entre le 1er mai et le 17 juin 2022.
Lorsque les lâchures servent l?OSE de Gien, elles servent souvent aussi celui de Villerest.
Le remplissage du réservoir
Une telle situation de soutien précoce à l?OSE de Villerest se rencontre les années où l?hiver et le
printemps sont secs avec un débit de la Loire relativement faible. Lors de son remplissage en vue
d?atteindre sa cote touristique d?été, la retenue de Grangent ne délivre alors qu?un débit minimal
dans la Loire conduisant à un débit entrant dans le réservoir de Villerest inférieur à 12 m3/s. Celui-
ci doit alors soutenir l?OSE de Villerest au détriment de son propre remplissage. Cette situation
était déjà intervenue à cinq reprises depuis la mise en service du réservoir : en 1997, 2003, 2006,
2011 et 2022.
En année à hiver et printemps secs, la retenue de Grangent et le réservoir de Villerest sont en
concurrence pour leur remplissage au détriment de ce dernier situé en aval et à l?avantage de la
première située en amont. La cote touristique de Grangent l?emporte alors sur le soutien d?étiage
par Villerest. Des réflexions devraient être engagées en vue de décider comment articuler le
remplissage de ces deux ouvrages, en contexte de changement climatique, dans la perspective
du renouvellement de la concession de Grangent à l?échéance de 2032.
Les ordres de grandeur du fonctionnement du barrage
290
295
300
305
310
315
320
325
330
1/1 1/2 1/3 1/4 1/5 1/6 1/7 1/8 1/9 1/10 1/11 1/12
co
te
e
n
N
G
F
cote d'exploitation cote maximale
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Le soutien apporté par Villerest au débit de la Loire combine donc, dans des proportions très
variables selon les années :
un soutien pour satisfaire l?OSE de Gien ou de Villerest ;
des abaissements du niveau de la retenue pour créer le creux printanier, le creux automnal
ou un creux en cas de risque de crue (abaissement pour crue), ou pour revenir à la cote
maximale après l?avoir dépassée (abaissement de régulation).
Le réservoir de Villerest est en permanence alimenté par la Loire et lâche de l?eau dans le fleuve.
Il n?y a soutien que lorsque les lâchures opérées sont supérieures au débit entrant. Ce dernier
n?étant pas mesuré, le système d?information de l?EPL ne fournit pas directement le soutien apporté
par le réservoir à la Loire. L?EPL calcule donc, a posteriori, un volume consacré au soutien d?étiage
à l?objectif de Gien pour le réservoir de Villerest. Les méthodes utilisées par l?EPL ont varié au fil
du temps et ne sont pas clairement documentées jusqu?en 2015.
Chaque jour pendant la campagne de soutien d?étiage, le volume délivré par l?ouvrage est calculé
par l?EPL en référence à un des deux OSE ci-dessus qui devient l?OSE directeur du jour.
Malheureusement, le système d?information de l?établissement ne conserve ne conserve cette
information que depuis 2021. Il n?est donc pas possible de retracer précisément pour quel objectif
ont été utilisées jusqu?en 2020 les ressources du réservoir ni de mesurer précisément l?impact de
la modulation de l?OSE de Gien.
Pour travailler sur une série temporelle homogène, la mission a effectué une modélisation du
fonctionnement du réservoir à partir des relevés journaliers des niveaux d?eau dans le réservoir
communiqués par l?EPL. Cette modélisation n?a appelé aucune remarque ni de l?EPL ni de la
DREAL Centre-Val de Loire. La lecture de ces informations a été complétée par les éléments issus
des bilans présentés devant le CGTRNV puis le CGRNVES.
Cette modélisation permet de repérer :
les abaissements de l?hiver et du printemps (du 1er janvier au 31 mai), dénommés
abaissement 1 dans le graphique ci-dessous ;
les abaissements de l?été (du 1er juin au 15 septembre) , dénommés abaissement 2 dans
le graphique ci-dessous ;
les abaissements de l?automne (après le 15 septembre en cas de crue), dénommés
abaissement 3 dans le graphique ci-dessous ;
les soutiens, hors abaissement, qu?ils soient à l?OSE de Gien ou à celui de Villerest ;
les écrêtements des crues ;
et les périodes de maintien du niveau dans le réservoir.
Lorsque de l?eau est déstockée pour abaisser le niveau du réservoir, une partie du volume
correspondant peut couvrir un besoin de soutien d?étiage intervenant au même moment.
Notamment entre le 15 août et le 15 septembre pour former le creux automnal. La totalité des
volumes concernés est attribuée, dans ce modèle, à l?abaissement car c?est lui qui commande
l?importance des lâchures effectuées.
Dans cette approche, il apparaît que :
Le débit de la Loire est soutenu chaque année par des déstockages d?eau ;
Les années où ce soutien est limité aux seules exigences d?abaissement du niveau du
réservoir pour la prévention des crues sont très peu nombreuses (2007, 2008, 2010 et
2021) ;
La répartition des volumes entre les abaissements et le soutien est extrêmement variable
selon les années (pluviométrie) et les régimes de modulation des OSE.
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Figure 19 : Villerest ? composantes du soutien du débit de la Loire
Source : analyse mission de données EPL
Cette approche homogène permet des comparaisons interannuelles, dont les deux suivantes :
Le soutien délivré par Villerest ainsi mesuré est d?un ordre de grandeur proche en 1985 (69 Mm3)
et en 2015 (64 Mm3). En 1985 tout le soutien s?est opéré avec un OSE de Gien à 60 m3/s. En 2015,
l?OSE de Gien a, pendant la campagne de soutien, été fixé à 50 m3/s. On peut mesurer, pour
chaque jour de 2015 où un soutien a été délivré à l?OSE de 50 m3/s, le volume supplémentaire qu?il
aurait fallu délivrer pour un OSE à 60. Au total on aboutit à un volume supplémentaire qu?il aurait
fallu délivrer de l?ordre de 97 Mm3. Ce chiffre constitue un minorant du volume supplémentaire qui
aurait été nécessaire si l?OSE avait été maintenu à 60 m3/s pendant toute la campagne, car
l?approche n?identifie pas, parmi les jours d?interruption du soutien, ceux où la modulation a permis
de s?exonérer d?un soutien qu?il aurait fallu assurer avec un OSE à 60 m3/s. Ce volume de 97 Mm3
est très nettement supérieur au volume restant dans le réservoir en fin de campagne (60 Mm3). Il
aurait donc été nécessaire de solliciter fortement le soutien de Naussac à l?OSE de Gien.
Les règles de modulation de l?OSE de Gien n?ont plus été modifiées depuis 2010. Non plus que la
valeur de l?OSE de Villerest. Le soutien apporté par le réservoir de Villerest varie donc depuis cette
date en fonction des conditions climatiques et de la façon dont le CGRNVES et le préfet
coordonnateur de bassin appliquent la modulation.
Sur cette période, on relève que le soutien
automnal (intervenant à partir du 15
septembre une fois le creux formé pour
l?écrêtement des crues) représente en
moyenne 27 % du soutien délivré et a dépassé
les 20 Mm3 à deux reprises en 2017 (36 Mm3)
et 2019 (29 Mm3). Cette importance est à
mettre en relation avec le constat opéré en
partie 1.1.1 d?une extension au mois d?octobre
du régime estival des débits de la Loire et de
ses affluents qui prennent leur source dans le
Massif Central.
Figure 20 : Villerest - évolution du soutien depuis
2006
Source : analyse mission de données EPL
0,00
50,00
100,00
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m
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n
M
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3
Abaissements 1 soutien Abaissements 2 Soutien Abaissements 3
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60,00
80,00
100,00
120,00
vo
lu
m
es
e
n
M
m
3
soutien estival soutien automnal
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On peut également noter une forte augmentation du soutien d?étiage à partir de 2015, sans pouvoir
distinguer la part de celle-ci provenant d?une évolution tendancielle liée au changement climatique
de celle provenant de la variabilité interannuelle.
La modulation des OSE
Le règlement d?eau du barrage de Villerest, approuvé par le décret du 4 mai 1983, fixe à 60 m3/s
l?OSE à Gien. Pendant les premières années d?exploitation du réservoir (1985-1989), l?OSE est
resté fixé à cette valeur quels que soient les besoins de soutien pour le tenir. Le niveau élevé du
soutien assuré en 1989, année sèche mais non exceptionnelle, à hauteur de 252 Mm3 par les deux
réservoirs et le faible remplissage de Naussac à l?issue de l?hiver 1989-1990, ont conduit le
CGTRNV à retenir pour la première fois en 1990 l?idée de déroger temporairement à l?OSE de 60
m3/s à Gien. Celui-ci a effectivement été abandonné le 7 septembre au profit d?une régulation du
débit sortant qui fit descendre le débit à Gien jusqu?à 50 m3/s pendant 8 jours au milieu du mois de
septembre.
Des modulations de l?OSE, décidées en fonction des circonstances, sont intervenues ensuite en
1991, 1997, 2003, 2004 et 2005. A compter de 2006, le CGRNVES s?est doté d?une règle de
modulation de l?OSE de Gien en fonction de la date de démarrage de la campagne de soutien
d?étiage pour Gien et du remplissage du réservoir de Naussac à cette même date. Après avoir été
légèrement simplifiée en 2010, cette règle a pris un caractère permanent depuis 2017.
La modélisation réalisée par la mission permet aussi d?évaluer les jours pendant lesquels les
lâchures effectuées à Villerest ont contribué au soutien de la Loire. A l?intérieur de ces périodes, il
est possible de rattacher chaque jour de soutien d?étiage effectif à l?OSE de Gien en vigueur. Les
données fournies par l?EPL ne permettent pas de distinguer si l?OSE réellement servi est celui de
Gien ou de Villerest. Le calcul qui suit porte donc sur toutes les journées où un soutien a été
effectué quel que soit l?OSE réellement servi.
La répartition des jours en fonctions des OSE varie selon l?approche retenue par le comité de
gestion. Le graphique ci-dessous présente cette répartition en distinguant les périodes mises en
évidence à ce sujet (1989-1990 : pas de modulation de l?OSE, 1991-2005 : des modulations au cas
par cas, 2006-2021 : une règle de modulation).
Figure 21 : Villerest ? soutien délivré par OSE de Gien et OSE moyen
Source : analyse mission sur des données EPL et DREAL
Entre les deux premières périodes, la modulation a diminué le nombre moyen de jours de soutien
et l?OSE moyen pendant ces jours de soutien, donc les volumes lâchés.
La règle de modulation en vigueur depuis 2006 a conduit à la poursuite de la diminution de l?OSE
moyen, descendu à 54,6 sur la période 2006-2021. Cette forte baisse n?a pas empêché que le
50
52
54
56
58
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0
20
40
60
80
1985-1990 1991-2005 2006-2021
O
SE
m
o
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n
m
3
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o
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b
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d
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u
ti
en
OSE à 60 OSE à 55 OSE à 50 OSE à 48 OSE à 45 sans OSE OSE moyen
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nombre de jours faisant l?objet d?un soutien reparte à la hausse.
Pendant les deux premières périodes analysées, le nombre de jours où l?OSE à Gien était fixé à
60 demeurait majoritaire. Depuis 2006, ce nombre de jours est clairement minoritaire (46 %).
Comme il n?a pas été possible de distinguer les jours où le seul OSE servi est celui de Villerest, ils
interviennent dans ces calculs. Or, les valeurs les plus faibles de l?OSE de Gien sont décidées à
des moments où le service de cet OSE est nécessaire. Sur des périodes où seul l?OSE de Villerest
doit être servi, une modulation forte de l?OSE de Gien a peu de chances de prévaloir. Il y a donc
de fortes chances que, sur cette période, les jours de soutien où l?OSE de Gien est à 60 comportent
une part importante des jours de soutien où l?OSE servi est seulement celui de Villerest, à l?exemple
des années 2013 et 2014 où l?OSE de Gien n?a pas été servi. Si on pouvait ne pas les prendre en
compte dans ce calcul, ce pourcentage serait vraisemblablement inférieur. Et l?OSE moyen aussi.
La fixation d?OSE à des valeurs inférieures à 60m3/s traduit une gestion prudente d?un stock limité
face à une situation plus tendue dont la mission relève l?efficacité. Mais cette pratique éloigne de
plus en plus l?OSE réellement servi à Gien de l?objectif figurant au règlement d?eau de l?ouvrage106.
Les pistes d?optimisation
L?optimisation de l?exploitation du réservoir, que la mission considère comme nécessaire dans ce
contexte, conduit à examiner trois sujets :
Comment assurer l?atteinte de la cote estivale de 315,30 m NGF le plus tôt possible ?
Est-il possible d?augmenter la cote estivale ?
Comment répondre au besoin croissant de soutien pendant l?automne tout en maintenant
la priorité à l?écrêtement des crues susceptibles de se produire pendant cette période ?
1) Plusieurs pistes pourraient permettre d?atteindre plus sûrement la cote estivale de
315,30 m NGF dès le début juin
La prévention des crues printanières impose le respect, entre le 15 février et le 31 mai, d?un creux
qui ampute de 10 Mm3 le volume conservé dans le réservoir par rapport aux 133 Mm3 qui devraient,
depuis 1997, être disponibles pour répondre au soutien d?étiage de la période estivale. Or, la
reconstitution de cette marge présente, certaines années, des difficultés.
Figure 22 : Villerest ? respect de la cote d?exploitation estivale
Source : données EPL
106 Selon l?article 3 du règlement d?eau du barrage de Villerest, annexé au décret du 4 mai 1983 l?approuvant : « Du
1er juin au 30 novembre, c?est-à-dire durant la période de soutien des étiages, la gestion a pour objectif,
conjointement avec le barrage de Naussac, d?assurer en permanence à Gien un débit minimal de soixante mètres
cubes tout en limitant la baisse du plan d?eau [...]. »
100
105
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max été cote estivale
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La cote maximale estivale était fixée par le règlement d?eau à 316 m NGF, ce qui correspondait à
un volume de 138 Mm3. Elle a été abaissée à 315,3 m NGF, correspondant à un volume de
132,6 Mm3, à partir de 1997. L?analyse des données qu?elles a fournies à la mission montre que si
la cote estivale de 315,3 m NGF est régulièrement approchée, elle n?a pas été atteinte, avec une
différence notable, à huit reprises depuis le début cette date. Cinq d?entre elles correspondent à
des années à soutien précoce. Trois à des années humides à faibles perspectives de soutien
d?étiage.
Figure 23 : Villerest ? années à soutien précoce
Figure 24 : Villerest ? années humides
Source : données EPL
La question se limite évidemment aux années sèches où se conjuguent :
de faibles débits printaniers encore réduits par le remplissage par EDF de la retenue de
Grangent, située en amont de Villerest, pour l?atteinte de sa cote touristique ;
un soutien précoce à l?OSE de Villerest dès que les débits entrants descendent en-dessous
de 12 m3/s.
De ses analyses et des échanges qu?elle a eues avec le gestionnaire, la mission retient trois pistes
d?amélioration :
La plus immédiate, à la main du CGRNVES, consiste à réévaluer l?OSE au droit de Villerest : le
règlement d?eau du barrage annexé au décret du 4 mai 1983 l?approuvant fixe un débit garanti au
pied de l?ouvrage de 10 m3/s du 1er décembre au 14 septembre puis de 8 m3/s du 15 septembre
au 30 novembre. Le CGTRNV a décidé dès 1987 de relever à 12 et 10 m3/s ces débits puis de
fixer l?OSE à 12 m3/s toute l?année en 1998, « du fait de craintes portant plus sur la qualité des
eaux que sur le niveau d'eau au droit des captages » d?après la motivation figurant au relevé des
décisions permanentes du comité. Cette décision a été prise il y a 24 ans. La situation a pu évoluer
depuis. La mission préconise donc que soit réalisée rapidement, sous l?égide de l?ARS de bassin,
une étude sur les diverses modalités de sécurisations des captages bénéficiant du relèvement de
cet OSE afin de rechercher les moyens qui permettraient de revenir au soutien prévu dans le
règlement d?eau.
La deuxième consiste à coordonner durant les mois de mai et juin la gestion des ouvrages de La
Valette, de Grangent et de Villerest de sorte à pouvoir assurer le meilleur remplissage possible de
chacun en instaurant des règles de priorité entre leurs usages respectifs : la situation idéale
consiste à rechercher à ce que les trois ouvrages soient pleins en même temps au début de la
période d?étiage (ce qui implique que le débit relâché à Villerest ne soit pas supérieur au débit
entrant dans l?ouvrage le plus en amont additionné des apports naturels dans la rivière entre les
barrages). Cette coordination est à étudier au plus vite entre l?EPL et EDF, concessionnaire des
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Volume d'exploitation 2008
2012 2014
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chutes des trois barrages. Ses résultats pourront être repris dans les cahiers des charges des
concessions de Versilhac ? Vendets (pour la Valette), qui arrive à échéance en 2027, et de
Grangent, qui arrive à échéance en 2032.
La troisième consisterait à chercher à profiter d?éventuels épisodes pluvieux qui pourraient
intervenir durant la deuxième quinzaine du mois de mai pour monter dès ce moment-là le niveau
de la retenue107 . Cette modification des consignes d?exploitation devrait pouvoir s?appuyer sur
l?étude hydrologique de la Loire au barrage de Villerest réalisée pour le compte de l?EPL par BRLI
en 2019 : elle devrait cependant être précisée puis soumise à validation du service de contrôle.
Elle entraînerait enfin une révision du règlement d?eau qui dans son article 4 impose une cote
maximale à 314m jusqu?au 31 mai.
2) Augmenter le niveau d?eau de la retenue du 1er juin au 15 septembre ne paraît pas
possible pour deux raisons :
Le décret du 4 mai 1983 approuvant le règlement d'eau du barrage de Villerest prévoyait, à partir
du 1er juin, une remontée de la retenue jusqu?à 316 m NGF (qui ne devait pas être maintenue plus
de 15 jours), ce niveau a été abaissé en 1997 à 315,30 m NGF par le Comité de gestion technique
des réservoirs de Naussac et de Villerest, suite à des demandes formulées par le syndicat des
communes riveraines de la retenue du barrage de Villerest afin de ne pas pénaliser l?accès au
château de la Roche108 situé sur la retenue.
Lorsque le plan d?eau est à la 315,30 m NGF, les calculs les plus récents effectués montrent que
la cote atteinte pour la crue millénale, de 323,83 m NGF, ne dépasse pas le niveau actuel des plus
hautes eaux de 324 m NGF mais il n?existe pas de marges. Un relèvement à 316 m NGF ne paraît
donc pas possible d?un point de vue sûreté.
Le règlement d?eau prévoit néanmoins qu?une remontée à 316 reste possible dans le cas d?années
sèches exceptionnelles (qui pourraient par exemple correspondre aux années où le remplissage
de la retenue de Naussac serait au premier juin inférieur à une valeur à déterminer, par exemple à
50 % de sa capacité). Il est malheureusement peu probable qu?en année sèche exceptionnelle la
Loire offre des ressources permettant d?atteindre la cote 316, alors même qu?en année sèche,
l?atteinte de la cote de 315,30 m NGF appelle les mesures présentées au point précédent.
Si une augmentation était malgré tout envisagée, il conviendrait de mener des études approfondies
afin d?identifier les mesures de renforcement nécessaires pour assurer la stabilité de l?ouvrage avec
une charge hydraulique plus importante.
3) Conserver un volume d?eau plus important dans la retenue du 15 septembre au 15
octobre.
Aujourd?hui, le barrage doit revenir vers un niveau bas, situé à 304 mNGF, pour tenir compte de la
107 Cette montée des eaux dès le 15 mai pourrait s?accompagner des mêmes mesures de précaution vis-à-vis des
crues que celles qui sont prises durant le mois de juin et qui traduisent la priorité accordée à l?écrêtement des crues :
en cas de pluies entre le 1er juin et le 15 août sur le bassin amont dépassant le seuil de 50 mm/24h, il est procédé
à un abaissement du niveau de la retenue à la cote 314 m NGF, conformément au règlement d?eau.
108 En 1997, suite à des demandes formulées par le syndicat des communes riveraines de la retenue du barrage
de Villerest et au vu des conclusions des concertations intervenues à la suite de ces demandes, le comité a émis
un avis favorable pour ramener la cote maximale de 316 à 315,30 m NGF afin de ne pas pénaliser l?accès au
château de la Roche, une remontée à 316 restant possible dans le cas d?années sèches exceptionnelles. Si une
remontée exceptionnelle à la cote 316 est donc règlementairement possible, elle n?a jamais été mise en oeuvre.
L?EPL précise qu?il est en pratique difficile de « prévoir » une situation exceptionnelle, et lorsque la situation est
exceptionnelle du fait de l?absence de précipitations, la ressource n?est pas disponible pour augmenter le stockage.
Le lecteur intéressé pourra voir des images de ce château et de la retenue sur le site suivant :
https://www.youtube.com/watch?v=pl8bmCHSAWk
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https://www.youtube.com/watch?v=pl8bmCHSAWk
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possibilité de crues à partir de mi-septembre alors que dans le futur, l?étiage devrait se prolonger
certaines saisons jusque fin novembre et que les épisodes de crues devraient plutôt se déplacer
vers la fin de l?année.
Ponctuellement, des dérogations peuvent être délivrées pour prolonger de quelques jours la
descente à la cote 304 NGF109. Cette mesure a été mise en oeuvre en 2015 et 2019 (voir graphique
ci-dessous).
Elle se justifie en outre pleinement en année
de sécheresse estivale, quand la baisse du
niveau d?eau du réservoir, sous l?effet du
soutien d?étiage, rejoint la courbe de gestion
aux alentours du 15 septembre en assurant
l?atteinte de la cote 304 m NGF.
Cette souplesse de gestion pourrait devoir être
plus fréquemment sollicitée à l?avenir avec
l?aggravation du changement climatique. Elle
pourrait suffire sans nécessiter une démarche
longue de révision du règlement d?eau.
Au-delà de ces dérogations se pose la
question d?une modification permanente de la
courbe de gestion reportant au 30 septembre,
voir au 15 octobre l?atteinte de la cote 304 m
NGF.
Figure 25 : Villerest ? dérogations de 2015 et 2019
Source : données EPL
Celle-ci présenterait de fait un double intérêt :
? Lorsque la période automnale est particulièrement sèche, le volume d?eau disponible pour
soutenir l?étiage serait plus important fin septembre début octobre ;
? Lors d?une année normale, elle permet au gestionnaire d?électricité de mieux coupler la
production avec les lâchers à effectuer pour abaisser le niveau d?eau dans la retenue.
Une telle modification, sans impact sur le soutien d?étiage estival, ne pourrait reposer que sur une
réévaluation du risque de crue et de son calendrier.
L?étude hydrologique de la Loire au barrage de Villerest, réalisée pour le compte de EPL par BRLI
en 2019, a montré que le risque hydrologique le plus marqué se serait « décalé » entre le 23
octobre et le 22 décembre (risque hydrologique fort) et aurait diminué durant la période du 22 août
au 22 octobre (risque hydrologique modéré). Une prolongation du niveau bas du barrage
semblerait donc possible.
D?un point de vue sûreté, un niveau, compris entre 304 et 314 m NGF, serait admissible car la cote
des Plus Hautes Eaux (324 m NGF) n?est pas atteinte en cas de crue millénale, même avec une
109 « La cote 304 m NGF a été fixée pour permettre l?écrêtement optimum des crues automnales par la retenue de
Villerest. A cette cote, le volume maximum dans la retenue est de 68 Mm3 environ, ce qui représente jusqu?à
53 Mm3 mobilisables pour le soutien d?étiage après le 15 septembre. Pour des raisons de sécurité de l?ouvrage et
à l?aval de celui-ci, il n?est pas possible de maintenir la cote du barrage à une valeur ad hoc supérieure. Un
ajustement éventuel n?est pas totalement à écarter compte tenu de l?évolution de l?hydrologie de la Loire, mais
devrait être étudié puis soumis à validation du service de contrôle et entraînerait enfin une révision du règlement
d?eau (celle-ci pouvant donner l?occasion à d?autres revendications de modifications contraignantes pour le soutien
d?étiage). Toutefois, en cas de sécheresse exceptionnelle et au cas par cas, l?Etablissement conserve la possibilité
de demander des dérogations au CGRNVES pour prolonger la descente à 304 de quelques jours voire semaines,
afin de gérer précautionneusement le volume concerné en période d?étiage sévère. De telles demandes ont été
faites en 2015 et 2019 avec une suite favorable. Les étiages 2015 et 2019 étaient particuliers, le premier par sa
durée et le second par sa sévérité » Source : réponses de l?EPL aux questions de la mission.
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volume d'exploitation 2015 2019
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retenue à 314 m NGF.
Comme le souligne l?EPL, un ajustement éventuel n?est donc pas à écarter compte tenu de
l?évolution de l?hydrologie de la Loire, mais devrait être étudié puis soumis à validation du service
de contrôle et entraînerait enfin une révision du règlement d?eau. Cette étude devrait permettre de
déterminer s?il est possible sans compromettre la fonction d?écrêtement de crues de l?ouvrage de
garder un volume d?eau supplémentaire de quelques millions de mètres cubes entre mi-septembre
et mi-octobre.
D?un point de vue sûreté, le volume écrêtable par le barrage de Villerest, autrement dit la
performance de l?ouvrage ou encore le laminage, est fonction de la cote du plan d?eau. Il s?établit
pour les crues de retour 100 à 10 000 ans à environ :
177 Mm³ lorsque la cote est à 304 m NGF (crues d?automne),
120 Mm³ lorsque la cote est à 314 m NGF (crues de mai)110.
Les performances de l?ouvrage pour une cote à 306 ou 310 m NGF sont évaluées à 158 Mm3, et
138 Mm3 par l?EPL.
La mission souligne par ailleurs que ce même déplacement des crues vers la fin de l?année,
conjugué au rehaussement de la crue décamillénale, pourrait conduire à prolonger la période où
l?ouvrage serait maintenu à sa cote minimale jusqu?à une date qui reste à préciser.
Le réservoir de Naussac
D?une capacité de 185 Mm3, Naussac constitue le principal barrage en amont de l?Allier mais,
contrairement à Villerest, il n?a pas de vocation d?écrêtement des crues. En sus de sa fonction
principale de soutenir le débit d?étiage sur l?Allier, puis sur la Loire, il produit, de manière secondaire,
de l?électricité.
Conçu dans les années 70 comme une réponse aux épisodes de sécheresses particulièrement
sévères observés à l?amont de l?Allier, Naussac a de fait été réalisé en deux temps :
D?abord par la création du réservoir lui-même : l?ouvrage a été déclaré d?utilité publique en
février 1976111, construit de 77 à 1981 et mis en service en 1983. Sa construction ainsi que
son exploitation ont été tout d?abord concédées par le Ministère de l?agriculture en 1976112
pour une durée de vingt-cinq ans à une société d?économie mixte la Société pour la mise
en valeur de la région Auvergne-Limousin, la SOMIVAL. Le ministère de l?agriculture ayant
rejeté en 1992 la demande de renouvellement de la concession au motif que l?EPALA était
pressenti pour gérer l?ouvrage, c?est l?EPL qui, à la fin de la concession, en a repris
l?exploitation en 2003 (après une phase transitoire d?un an durant laquelle la SOMIVAL en
a poursuivi l?exploitation). Enfin, l?Etat a transféré la propriété des aménagements de
Naussac I à l?EPL au premier janvier 2007113 ;
Puis, par la mise en place à partir de 1998 d?un pompage depuis l?Allier, également appelé
Naussac II, afin d?aboutir à un meilleur remplissage de l?ouvrage : EPL créé en novembre
1983 a été chargée de sa réalisation114, et en a confié la maîtrise d?oeuvre, l?assistance à
110 Source pour ces deux chiffres : DREAL Aura. Mail à la mission (17/05/2022)
111 https://www.legifrance.gouv.fr/download/securePrint?token=2Q$i4EKTYF2RcxRCAU@U
112 Décret de concession du 11 juin 1976
113 Arrêté préfectoral du 2 mars 2007 portant constatation du transfert du barrage-réservoir de Naussac et de ses
dépendances du domaine public fluvial de l?Etat dans le domaine public fluvial de l?EPL (E.P. Loire).
https://www.eptb-loire.fr/wp-content/uploads/2013/09/2007-03-02-arrete_061-002-transfert-Naussac-2.pdf
114 Le contrat de plan particulier signé le 13 février 1986 entre l?Etat, l?agence de bassin Loire Bretagne et l?EPALA
prévoyait la réalisation de quatre ouvrages : Serre-de-la-Farre, Chambonchard, le Veurdre et Naussac II.
PUBLIÉ
https://www.legifrance.gouv.fr/download/securePrint?token=2Q$i4EKTYF2RcxRCAU@U
https://www.eptb-loire.fr/wp-content/uploads/2013/09/2007-03-02-arrete_061-002-transfert-Naussac-2.pdf
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la maîtrise d?ouvrage ainsi que la réalisation des études à la SOMIVAL. La SOMIVAL et
l?EPL ont fait le choix, qui constituait une première européenne, d?installer trois pompes
réversibles, dites pompes turbines Deriaz, capables non seulement de remonter l?eau de
l?Allier dans la retenue, mais aussi de produire de l?électricité en sens inverse115. Le décret
de janvier 2000116 portant règlement spécial pour l'utilisation de l'énergie hydraulique de
l'aménagement de Naussac-II (Lozère), précise que, pour le pompage, la puissance
maximale (brute) est de 9 000 kW et, pour le turbinage, de 7 950 kW. Conformément à
l?article 29 de la loi de 1919 relative à l?utilisation de l?énergie hydraulique117, ce décret de
janvier 2000 reconnaît à l?EPL la possibilité d?exploiter l?activité de production
hydroélectrique qui reste accessoire par rapport à l'objectif de régularisation des débits de
l'Allier et de la Loire assigné à l'aménagement de Naussac. Cette autorisation est toutefois
limitée dans le temps : le règlement spécial prend en effet fin le 31 décembre 2034, date
de la fin de l'autorisation de la deuxième phase d'aménagement de Naussac fixée par
l'article 2 de l'arrêté interpréfectoral du 16 novembre 1994 qui déclarait Naussac 2 d'intérêt
général et d'utilité publique 118 . Le contrôle de la construction et de l'exploitation des
installations soumises au règlement spécial est assuré par le service chargé du contrôle
de l'électricité.
Le remplissage de Naussac
Naussac bénéficie de trois sources d?approvisionnement, qui sont certes indépendantes, mais qui,
prenant leur source dans la même zone géographique, connaissent des évolutions de débit
similaires et vont dont toutes les trois être réduites en cas de saison sèche :
Les apports directs gravitaires du Donozau : le Donozau avec un débit moyen estimé de
0,69 m3/s se jette dans la retenue de Naussac, et déverse ainsi en moyenne environ
20 Mm3/an ;
La déviation d?une partie des eaux du Chapeauroux au moyen d?une galerie souterraine.
La dérivation des eaux est aujourd?hui interdite : i) du 1er juillet au 31 août, ii) quand les
lâchures sont effectuées par Naussac, iii) quand la retenue a atteint sa cote d?exploitation.
Le débit réservé à respecter dans le Chapeauroux à l?aval de la dérivation est de 600 l/s.
Le débit maximum dérivable par la prise d?eau est de 12 m3/s. Selon les données de l?EPL,
les volumes stockés à partir de la dérivation du Chapeauroux ont été en moyenne de
40 Mm3/an ;
115 Voir notamment Naussac 2 : mise en oeuvre des pompes turbines Deriaz, Thépot (EPALA), Clérin Sudour
(SOMIVAL), Taulan (Alstom hydro Turbines Neyrpic), La Houille Blanche, 1999. https://www.shf-
lhb.org/articles/lhb/pdf/1999/03/lhb1999032.pdf
116 Décret n°2000-21 du 5 janvier 2000 portant règlement spécial pour l'utilisation de l'énergie hydraulique de
l'aménagement de Naussac-II (Lozère) par l'Etablissement public d'aménagement de la Loire et de ses affluents,
aux fins de production d'électricité. https://www.legifrance.gouv.fr/loda/id/LEGIARTI000006866960/2000-01-
12/#LEGIARTI000006866960
117 Article 29 de la loi de 1919 relative à l?utilisation de l?énergie hydraulique : « Les usines ayant une existence
légale, ainsi que celles qui font partie intégrante d'entreprises déclarées d'utilité publique et pour lesquelles un
règlement spécial sera arrêté par un décret rendu en Conseil d'Etat, ne sont pas soumises aux dispositions des
titres Ier et V de la présente loi. Toutefois, elles supportent la taxe, dont le taux et le mode de recouvrement sont
réglés par les articles 8 et 22 ». https://www.legifrance.gouv.fr/loda/article_lc/LEGIARTI000006847069/1919-10-18
Si l?article premier de la loi stipule que « Nul ne peut disposer de l'énergie des cours d'eau quel que soit leur
classement, sans une concession ou une autorisation de l'Etat », son article 29 établit que les titulaires de droits
fondés en titre sont dispensés de solliciter auprès de l'administration l'autorisation d'établir une prise d'eau aux fins
d'utiliser la force hydraulique. Ainsi, par cet article 29, les dispositions de la seule loi de 1919 ne s'appliquent pas à
ces ouvrages considérés comme « autorisés » sans limite de durée. Néanmoins, ils n'en sont pas moins soumis à
la police de l'eau, à l'instar de toute autre autorisation ». Guide pratique relatif à la police des droits fondés en titre,
DGALN/DEB, https://www.gesteau.fr/sites/default/files/Guide_police_des_droits_fondes_en_titre.pdf
118 Arrêté interpréfectoral Haute Loire et Lozère en date du 16 novembre 1994 déclarant d'intérêt général et d'utilité
publique NAUSSAC 2
PUBLIÉ
https://www.shf-lhb.org/articles/lhb/pdf/1999/03/lhb1999032.pdf
https://www.shf-lhb.org/articles/lhb/pdf/1999/03/lhb1999032.pdf
https://www.legifrance.gouv.fr/loda/id/LEGIARTI000006866960/2000-01-12/#LEGIARTI000006866960
https://www.legifrance.gouv.fr/loda/id/LEGIARTI000006866960/2000-01-12/#LEGIARTI000006866960
https://www.legifrance.gouv.fr/loda/article_lc/LEGIARTI000006847069/1919-10-18
https://www.gesteau.fr/sites/default/files/Guide_police_des_droits_fondes_en_titre.pdf
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Le pompage d?eau dans l?Allier : depuis l?installation des pompes (réversibles), il est
possible de prélever une partie des eaux de l?amont de l?Allier vers la retenue sous un
certain nombre de conditions, et, en particulier, en respectant un débit minimal à l?aval dans
l?Allier de 3 ou de 5 m3/s119 suivant que le remplissage de l?ouvrage est en-dessous (5 m3/s)
ou au-dessus de son niveau d?alerte (3 m3/s). L?eau est amenée, par l?intermédiaire d?un
canal et d?une galerie (340 m et 2,6 m de diamètre), vers un bassin (40 000 m3) créé sur le
Donozau aval. La cote du seuil sur l?Allier est à 888 m NGF, et la hauteur par rapport au
terrain naturel de 2,3 m. Le bassin sur le Donozau se situe 57 m en dessous du plan d?eau
de Naussac. Le dispositif de pompage permettant de remonter l?eau dans le barrage est
constitué de 3 pompes de 5 m3/s (soit un prélèvement maximum de 15 m3/s dans l?Allier)
installées dans un ouvrage souterrain. De fait, l?usine peut pomper au minimum 2 m3/s et
au maximum 12 m3/s en fonction de la hauteur d?eau dans la retenue (cote au barrage
minimum requise pour le pompage de 921 m NGF correspondant à un volume de l?ordre
de 25 M m3). Depuis la mise en service de la station de pompage, le volume moyen pompé
annuellement a été d?environ 20 Mm3, avec une valeur maximum de 74,5 Mm3 en 2006,
année suivant la vidange pour travaux.
Figure 26 : Naussac ? situation du barrage et de ses prises d'eau120
Source : EPL
Le tableau ci-dessous, établi à partir d?éléments transmis par l?EPL ou figurant dans l?état des lieux
de lieux de l?étude HMUC du Haut-allier et de l?Allier aval, illustre les évolutions du remplissage et
des déversements. Notons au passage que la SOMIVAL estimait, en 1993, dans une étude
préalable à la réalisation de Naussac II, que les installations de pompage auraient été utilisées 21
années sur 46 de 1944 à 1991 et auraient permis en moyenne de prélever 36 Mm3 (sur les 300
millions écoulés dans l?Allier annuellement à la hauteur de la prise).
119 Les prélèvements dans l?Allier sont réalisés dans le respect des conditions suivantes :a) débit réservé de l?Allier
de 3 m3/s, b) tout prélèvement sera autorisé dès lors que la cote de remplissage de la retenue de Naussac sera
inférieure à la cote définie dans la courbe d?alerte, c) du 1er novembre au 31 mars, dès lors que la cote de
remplissage de la retenue de Naussac est supérieure ou égale à la cote définie dans la courbe d?alerte, les
prélèvements seront autorisés sous réserve que le débit maintenu dans l?Allier soit de 5 m3/s, d) les variations des
débits prélevés sont limitées de 1 à 5 m3/s par demi-heure, selon le débit restant dans l?Allier, e) le prélèvement est
limité à une valeur maximum de 15 m3/s.
120 Source : Carte page 105. Etude HMUC des SAGE du Haut Allier et de l'Allier aval, RAPPORT DE PHASE 1,
CESAME, https://sage-allier-aval.fr/validation-de-la-phase-detat-des-lieux-de-letude-hmuc-allier-par-les-cle-des-sage-haut-
allier-et-allier-aval/
PUBLIÉ
https://sage-allier-aval.fr/validation-de-la-phase-detat-des-lieux-de-letude-hmuc-allier-par-les-cle-des-sage-haut-allier-et-allier-aval/
https://sage-allier-aval.fr/validation-de-la-phase-detat-des-lieux-de-letude-hmuc-allier-par-les-cle-des-sage-haut-allier-et-allier-aval/
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Tableau 2 : Naussac ? évolutions du remplissage et des déversements
Apports et
déstockages
en Mm3
Apports
Donozau
Apports
Chapeauroux
Apports
pompage
Allier
Apports
totaux
Déstockages
du premier
juillet à fin
novembre
1983-1997 22,6 42,7 0 65,3 63,3
1998-2021 21,8 39 16,8 77,6 65,2
2016-2021 22,2 45,6 17,2 85 70,1
2016 -2019 20,7 52,3 23,0 96,0 77,4
Source : données EPL et étude HMUC Allier phase 1.
Le sujet récurrent depuis la mise en service de l?ouvrage est celui de son remplissage. En effet les
bassins versants du Donozau et du Chapeauroux, seuls dans un premier temps, puis complété par
pompage dans l?Allier, n?assurent pas un remplissage complet de la retenue tous les ans. Les
dispositions de gestion ont été définies pour garantir un remplissage au niveau maximum 8,7
années sur 10 ;
Le graphique ci-dessous confirme que :
Le retour à la cote estivale peut prendre plusieurs années (2000 après le minimum de fin
1997 et 2008 après la vidange de 2005) ;
Le retour à la cote estivale peut être rapide (2020 après une année à 2019 à fort soutien) ;
Un hiver sec, comme en 2021-2022, peut limiter très fortement le remplissage du réservoir,
ce qui contraint alors la gestion du soutien d?étiage.
Naussac - évolution du remplissage du réservoir
Source : données EPL
Pour ménager cette ressource, dont il n?est pas assuré qu?elle puisse être renouvelée dans le
courant de l?hiver qui suit, l?EPL gère le réservoir de Naussac dans une approche pluriannuelle. La
modulation de l?OSE de Gien (depuis 2006) ainsi que de celui de Vic-le-Comte (depuis 1986),
mises en place par le CGRNVES, qui tiennent compte du niveau de remplissage de Naussac au
début de la campagne de soutien d?étiage, constituent un élément majeur de cette gestion visant
à prévenir le risque d?interruption brusque du soutien d?étiage par épuisement des réservoirs.
On observe ainsi que depuis 2007, le volume minimum retenu dans le réservoir, en fin de
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minimum maximum cote estivale
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campagne de soutien d?étiage, est toujours resté supérieur à 85 Mm3.
Le soutien d?étiage
Le réservoir de Naussac opère un soutien d?étiage pour satisfaire l?un ou l?autre des objectifs
suivants de débit dans l?Allier :
2 m3/s au niveau de l?ouvrage ;
5,5 m3/s à la confluence du Chapeauroux, du 15 mai au 15 septembre, pour la pratique
d?activités d?eaux-vives121 (en mai 2022, des lâchures ont été effectuées pour satisfaire ce
seul objectif) ;
6 m3/s à Vieille-Brioude122, (au niveau du débit seuil d?alerte ou DSA) ;
de 14 à 10 m3/s à Vic-le-Comte123 (entre le DSA et le DOE).
Il assure aussi un soutien d?étiage de la Loire, en complément de la retenue de Villerest, lorsque
les ressources de cette dernière ne suffisent pas à répondre à l?objectif de soutien d?étiage à Gien.
Le barrage de Naussac n?a pas de fonction d?écrêtement de crue. L?eau est délivrée à l?Allier par
déstockage du réservoir :
pour soutenir le débit au service d?un ou plusieurs OSE ;
ou pour abaisser le niveau de la retenue, pour inspection, travaux ou pour revenir à la cote
maximale après l?avoir dépassée (abaissement de régulation).
Comme pour Villerest, la mission a effectué une modélisation du fonctionnement du réservoir de
Naussac. Ce travail permet de distinguer, parmi les jours de déstockage :
les jours d?abaissement du niveau pour revenir à la cote estivale après dépassement de
celle-ci ;
les jours d?abaissement du niveau pour motif technique (inspection ou travaux) ;
les jours de soutien d?étiage.
Chaque jour pendant la campagne de soutien d?étiage, le volume délivré par l?ouvrage est calculé
par l?EPL en référence à un des OSE ci-dessus qui devient l?OSE directeur du jour. Comme pour
Villerest, le système d?information de l?établissement ne conserve ne conserve cette information
que depuis 2021. Il n?est donc pas possible de retracer précisément pour quel objectif ont été
utilisées jusqu?en 2020 les ressources du réservoir ni de mesurer précisément l?impact de la
modulation de l?OSE de Vic-le-Comte.
Depuis sa mise en service, le réservoir de Naussac a soutenu le débit de l?Allier tous les ans. En
2005, ce soutien est masqué par les lâchures opérées pour abaisser le niveau d?eau afin d?effectuer
des travaux d?étanchéité. Le compte-rendu de la campagne de soutien d?étiage présenté au
CGRNVES en mars 2006 indique que « du fait de la vidange, le volume déstocké est sensiblement
supérieur aux besoins qui seraient apparus pour le seul soutien d'étiage » mais n?évalue pas la
part du soutien d?étiage dans le volume déstocké. La mission n?a pas pu reconstituer ce chiffre.
Cette année est donc neutralisée dans les analyses suivantes.
Les lâchures opérées depuis Naussac visent la satisfaction de tout ou partie des objectifs de
121 Cet objectif remplace un objectif lié au barrage de Poutès, résultant d?une décision intervenue pour la première
fois en 1991, devenu caduc suite à la transformation de cet ouvrage
122 Objectif réglementaire découlant de la déclaration d?utilité publique de 1976
123 Ce dernier objectif ne découle pas du règlement d?eau du barrage de Naussac mais d?une décision du comité
de gestion technique des réservoirs de Naussac et Villerest intervenue en 1983. Les règles de modulation de cet
objectif sont stabilisées depuis 2002.
PUBLIÉ
Novembre 2022 Les conditions de mobilisation des retenues
hydroélectriques pour le soutien d?étiage sur le bassin de
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soutien d?étiage énumérés ci-dessus, selon l?évolution des débits de l?Allier. Il est arrivé que des
lâchures exceptionnelles interviennent ponctuellement à la demande de certains acteurs124. Quelle
qu?ait été leur motivation, toutes ces lâchures ont contribué à soutenir le débit de l?Allier et de la
Loire. Leur total annuel, hors abaissements, figure dans le graphique ci-dessous.
Figure 27 : Naussac ? volumes annuels déstockés pour le soutien de l'Allier et de la Loire
Source : analyse mission de données EPL
Ces chiffres ne sont pas directement comparables, car les règles de soutien ont évolué au fil du
temps, par la définition de règles de modulation de plusieurs OSE dont principalement ceux de
Gien et de Vic-le-Comte.
La modélisation effectuée par la mission permet d?identifier les jours de soutien effectif au sein
d?une campagne qui peut aussi comporter des jours d?abaissement et d?autres sans déstockage
d?eau ou avec augmentation du stock.
Figure 28 : Naussac ? évolution du nombre de jours de soutien d?étiage
Source : analyse mission de données EPL
L?analyse des moyennes décennales 125 du nombre de jours de soutien effectif pendant les
124 EDF pour diluer les apports lors de la vidange de ses barrages situés sur l?Ance-du-Sud (Saint-Prejet en 1987
et Pouzas en 1989), la Ligue d?Auvergne de canoë-kayak pour une compétition (1987), l?association SOS saumon
Loire-Allier (1993).
125 L?année 2005, au cours de laquelle la vidange du réservoir pour travaux a intégralement masqué le soutien
d?étiage est également neutralisée dans cette approche
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décennies
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campagnes de soutien d?étiage (graphique ci-dessus) fait apparaître une tendance à la hausse
statistiquement significative depuis 1990. Celle-ci s?explique notamment par l?augmentation du
nombre de jours de soutien en septembre et surtout en octobre en cohérence avec le passage à
un régime estivo-automnal sur l?Allier, comme le montre le graphique ci-dessous.
Figure 29 : Naussac ? nombre de jours de soutien par mois
Source : analyse mission de données EPL
Les tiretés correspondent aux décennies incluant l?année 2005 neutralisée
Ce soutien est devenu quasiment permanent en septembre, comme en août. Il est maintenant
aussi fréquent en octobre ? courbe violette sur le graphique ci-dessus ? qu?en juillet, entre 20 et
25 jours par mois en moyenne décennale.
La contribution à l?OSE de Gien
Le réservoir de Naussac peut servir l?objectif de soutien d?étiage de Gien, en renfort du réservoir
de Villerest. Le dépouillement des comptes rendus du CGTRNV puis du CGRNVES fournis par la
DREAL montre que le réservoir de Naussac a été mis directement à contribution pour le soutien
de l?OSE de Gien 7 années depuis sa mise en service (1989, 1997, 1998, 2003, 2005, 2020 et
2022). La modulation de l?OSE de Gien formalisée en 2006, a été complétée en 2011 par la mise
en place de courbes d?alerte à Villerest organisant l?appel à Naussac pour le service de Gien.
Le franchissement de la courbe plancher
interrompt le soutien d?étiage à l?OSE de Gien.
Seul l?OSE du pied du barrage peut encore être
servi. La courbe décroît du 2 juillet au 1er
décembre passant de 86 à 13 Mm3.
Les courbes d?alerte sont définies par rapport à
la courbe plancher en ajoutant à celle-ci des
volumes de 10, 20 et 30 Mm3. Au-dessus de
ces courbes l?OSE de Gien est servi
uniquement par Villerest en fonction du besoin.
Entre les courbes plancher et plancher + 30,
+20 et +10, les débits sortant de Villerest sont
limités respectivement à 24, 20 et 16 m3/s. Si le
service de l?OSE de Gien appelle des débits
supérieurs, ceux-ci sont fournis par Naussac.
Figure 30 : Villerest ? courbes plancher et d?alerte
Source : Données EPL
La contribution du réservoir de Naussac à l?OSE de Gien n?a jamais été très fréquente. Elle l?est
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encore moins depuis 2006. Celle-ci est effet passé :
de 5 années sur 23 de 1983 à 2005 ;
à 2 année sur 17 de 2006 à 2022.
Faute que les OSE directeurs aient été conservés, les informations dont la mission a obtenu
communication de la part de l?EPL ne lui ont pas permis de mesurer sur chacune des 6 campagnes
achevées (de 1989 à 2020), le volume d?eau lâché par Naussac à l?OSE de Gien. Pour l?année
2020, elle a pu évaluer, grâce aux éléments fournis par l?EPL, que ce soutien se situe dans une
fourchette de 432 000 à 864 000 m3. Ce qui représente entre 0,6 et 1,3 % d?un soutien total de
67 Mm3 délivré cette année-là par le réservoir.
Depuis 2010, le réservoir de Naussac est donc, dans la pratique, quasi-exclusivement consacré
au soutien d?étiage sur l?Allier. Comme l?Allier est un affluent de la Loire, on peut considérer que,
même limité aux OSE de l?Allier, le soutien d?étiage procuré par Naussac profite à la Loire.
Cependant, on observe, sur la même période, une nette dégradation du respect du DOE à Cuffy,
sur l?Allier aval, et donc des apports de l?Allier à la Loire pendant les périodes d?étiage. Ce qui
donne une autre mesure de ce repli.
Par ailleurs, l?étude HMUC Haut Allier et Allier aval constate126 que « l?exploitation du barrage de
Naussac et la restitution vers l?aval de débits significatifs (relargage de 70 à 100 millions de m3 au
cours de l?été avec des moyennes mensuelles comprises entre 5 et 10 m3/s selon les années)
augmente significativement le débit de l?Allier en aval par rapport à une situation « naturelle » de
Qmna5. Jusqu?à Vic-le-Comte, le débit en situation de Qmna5 est presque doublé par rapport à
une situation naturelle sans la présence du barrage. A la confluence avec la Loire, le bilan « rejets-
prélèvements » en situation de Qmna5 est presque équilibré. En situation d?étiage marqué, les
apports de Naussac dans la partie haute du bassin versant de l?Allier compensent donc en grande
partie les prélèvements réalisés en aval. » En année sèche, d?après cette étude, l?apport de l?Allier
à la Loire se limiterait donc, en ordre de grandeur, à son débit naturel.
Les pistes d?optimisation
Le changement climatique en cours amène néanmoins à s?interroger sur le fonctionnement de la
retenue de Naussac : comme le souligne l?étude relative à l?Élaboration d'une stratégie d'adaptation
du mode de gestion des barrages de Villerest et Naussac sous l?effet du changement climatique127,
si les cotes d?objectif de remplissage sur Villerest sont atteintes pour l?ensemble des projections,
laissant présager peu d?évolution sur la capacité à remplir le barrage à l?horizon 2050, « a contrario
le remplissage du barrage de Naussac est plus problématique, avec une baisse généralisée du
niveau d?eau moyen dans le barrage. Le barrage de Naussac serait ainsi plus sollicité à l?avenir,
du fait notamment de l?activation plus fréquente, sous l?effet du changement climatique, des règles
de basculement existantes entre Villerest et Naussac, sauf si la modulation de l?OSE de Gien était
encore accentuée pour éviter d?accroître cette sollicitation. L?ouvrage connaîtrait ainsi une baisse
des niveaux d?eau en fin d?étiage (notamment avec une augmentation du nombre d?années où le
barrage serait susceptible d?être vide), et une difficulté à se remplir l?année suivante »128 . De
manière quantitative, les besoins en eau devraient nécessiter des lâchers d'eau trois fois plus
importants en aval de Naussac estimés à 161 Mm3 (contre 57 Mm3 en moyenne aujourd?hui).
Dans ces conditions, la mission estime que l?adaptation au changement climatique de la retenue
126 CESAME études et conseil en environnement, « Etude gestion quantitative avec une analyse Hydrologie Milieux
Usages Climat et élaboration de programmes d?action pour une gestion durable des ressources en eau sur les
territoires des SAGE du haut Allier et de l?Allier aval. Synthèse du rapport de phase 1 », décembre 2021, p 272
127 Voir notamment page 7. Etude d?adaptation du mode de gestion des barrages de Villerest et de Naussac sous
l?effet du changement climatique : phase 4
https://www.eptb-loire.fr/wp-content/uploads/2017/12/Rapport_Phase4_EP_Loire_v3.pdf
128 Ibidem. Voir notamment page 7.
PUBLIÉ
https://www.eptb-loire.fr/wp-content/uploads/2017/12/Rapport_Phase4_EP_Loire_v3.pdf
Novembre 2022 Les conditions de mobilisation des retenues
hydroélectriques pour le soutien d?étiage sur le bassin de
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de Naussac doit conduire à rechercher une optimisation de la gestion pluriannuelle de l?ouvrage
suivant deux axes prioritaires consistant à réduire la consommation d?eau lorsque le réservoir n?est
pas plein et à augmenter son remplissage annuel.
1) Comment réduire la consommation d?eau lorsque le réservoir n?est pas complètement
rempli ?
La modulation des OSE est l?outil le plus puissant de mise en adéquation de la ressource disponible
avec les besoins de soutien d?étiage. Or, comme pour Villerest, on observe que les OSE de
proximité du barrage : confluence du Chapeauroux et Vieille-Brioude échappent à toute modulation,
contrairement à ceux de Vic-le-Comte et de Gien.
En cas d?année à hiver et printemps sec, comme en 2022, un soutien d?étiage précoce pour
satisfaire ces OSE de proximité peut entamer tôt un stock limité, inférieur à 180 Mm3.
Ce sujet est à la main du CGRNVES. La mission préconise donc que soit étudiée sans tarder une
modulation de ces OSE, en fonction du remplissage du réservoir.
2) Comment mieux assurer le remplissage du réservoir ?
Un meilleur remplissage annuel permet en effet de :
répondre plus facilement au besoin moyen de remplissage de la retenue qui devrait croître
d?ici à 2050 ;
et, en année moyenne de soutenir de manière plus importante le débit d?étiage de l?Allier
jusqu?à sa confluence avec la Loire, autrement dit de déstocker un volume d?eau plus
important.
La mission recommande donc à EPL d?explorer toutes les pistes possibles d?augmentation du
remplissage annuel du barrage-réservoir de Naussac et d?examiner notamment la possibilité de
faire appel plus souvent au pompage d?ans l?Allier.
Les conditions météorologiques de l?hiver 2021-2022 et du printemps 2022 n?ont permis de remplir
le barrage que de 14 Mm3 - ce qui est le plus faible remplissage intersaison depuis la mise en
service du barrage en 1983. L?analyse des difficultés rencontrées peut aider à dégager des pistes
de progrès.
La raison principale est liée à la succession d?un hiver puis d?un printemps, tous les deux
particulièrement secs, qui ont conduit à une très forte réduction des trois sources
d?approvisionnement de la retenue :
Alors que la dérivation du Chapeauroux permet de dériver un volume moyen de 40 Mm3,
celui-ci n?a été pour 2021-2022 que de 5 Mm3 ;
Un pompage de 9 Mm3 (en comparaison d?une moyenne annuelle d?environ 20 Mm3) a pu
être réalisé sur l?Allier lors des deux seuls épisodes pluvieux de la saison (mi-mars et fin
avril), comme l?illustre le graphe suivant. Le pompage en mars aurait théoriquement pu être
plus important (4 Mm3) si deux des trois pompes n?avaient pas été indisponibles pour
maintenance et réparation. En dehors de ces épisodes, le niveau de l?Allier à Langogne est
resté inférieur au niveau réglementaire autorisant le pompage (entre 3 et 5 m3/s en fonction
des conditions de remplissage de la retenue) ;
Enfin, les apports naturels du Donozau ont été très faibles en 2022.
PUBLIÉ
Novembre 2022 Les conditions de mobilisation des retenues
hydroélectriques pour le soutien d?étiage sur le bassin de
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Figure 31 : Naussac ? gestion du pompage entre les étiages 2021 et 2022
Source : EPL
La mission a en particulier identifié les pistes suivantes : les études techniques et économiques
correspondantes restent néanmoins à mener. Ces solutions, si leur intérêt était confirmé, lui
paraissent en effet préférables à la création de nouvelles retenues de quelques millions de mètres
cubes en bordure de l?Allier :
Se donner les moyens de prélever et de pomper de l?eau plus rapidement lors d?un épisode
pluvieux : le gain possible serait de 5 à 7 Mm3 sur le premier épisode pluvieux d?importance
de l?hiver. Les pompes de relevage de Naussac ne sont pas aujourd?hui équipées de
dégrilleurs129 : l?absence de colmatage est assurée par le fonctionnement inverse des
pompes (en turbinage) qui conduit à déstocker l?eau130. Dans ces conditions, l?EPL précise
que « lors du premier épisode pluvieux hivernal, le cours d?eau charrie énormément
d?embâcles qui viennent perturber le fonctionnement de la prise d?eau sur l?Allier et
conduisent à des indisponibilités prolongées de l?ensemble de l?usine. Ce constat a conduit
l?Etablissement à prendre le parti de ne pas pomper au début du seul premier épisode
pluvieux hivernal. En théorie, sans cette règle de gestion, il aurait été possible de pomper
jusqu?à 10 Mm3 supplémentaires lors du coup d?eau du 18 mars au 4 avril ». L?EPL ajoute
« qu?en pratique, la probabilité aurait été forte que l?usine soit rapidement rendue
indisponible et que le pompage soit finalement inférieur au pompage observé » : c?est ce
point qui doit être étudié et faire l?objet de mesures adéquates. L?EPL indique également
que sur l?ensemble de l?évènement, le pompage de 10 Mm3 supplémentaire aurait été
théoriquement possible si les 3 conditions suivantes avaient été réunies : un pompage dès
la première heure (~4,5 Mm3), l?utilisation de 2 groupes et un fonctionnement sans
interruption ;
129 Le dégrilleur est l?appareil permettant d?ôter les détritus qui s?accumulent sur la grille d?une prise d?eau.
130 Les trois pompes rejettent, en mode turbinage, leurs eaux dans une seule conduite : « cette structure comporte
des grilles empêchant l?introduction de corps étrangers dans les machines lors du fonctionnement en turbine. Ces
grilles ne disposent pas de dégrilleur mais peuvent être nettoyées à contre-courant au pompage, les détritus étant
évacués par un conduit de chasse en dérivation ». https://www.shf-lhb.org/articles/lhb/pdf/1999/03/lhb1999032.pdf
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https://www.shf-lhb.org/articles/lhb/pdf/1999/03/lhb1999032.pdf
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Figure 32 : Naussac ? débits dans l?Allier lors de l?épisode pluvieux de mi-mars 2021
Source : EPL
Autoriser le remplissage de Naussac par pompage et par dérivation du Chapeauroux en
été en cas d?épisode pluvieux : le gain possible est de plusieurs millions de m3, au moins
5 Mm3 lors de l?épisode pluvieux de début octobre 2021. Les premiers résultats d?Explore
2 à 2070 montrent que les précipitations pourraient être sensiblement les mêmes sur le
bassin mais réparties différemment, avec des épisodes pluvieux pouvant intervenir sur
l?ensemble de l?année. Aujourd?hui, l?utilisation de la dérivation du Chapeauroux et, suivant
les textes, le pompage dans l?Allier sont interdits du premier juillet au respectivement
premier novembre et premier septembre. Ce remplissage doit naturellement s?effectuer
dans le respect des objectifs de débit à l?aval de la dérivation de l?Allier et de celle du
Chapeauroux ;
Revoir la courbe de pompage qui conditionne le déclenchement du pompage en distinguant
si possible les automnes et les hivers annoncés comme devant être secs par Méteo France
des années normales. En année normale et avec un remplissage normal à la fin de l?étiage
2021, il était logique d?ignorer l?épisode pluvieux de fin septembre 2021. Avec un automne
annoncé comme sec, les courbes devraient conduire au déclenchement du pompage dans
l?Allier pour un épisode pluvieux fin septembre. L?EPL précise que la courbe actuelle a été
construite pour permettre un compromis entre exploitation et préservation de la qualité du
milieu naturel. Elle a pour objectif un remplissage complet de la retenue 8,7 années sur 10
en minimisant l?écart de remplissage avec un pompage systématique qui ne serait basé
que sur la courbe alerte. Cette courbe est cependant construite sur les observations du
passé alors que nous sommes engagés dans une transition climatique : l?idée pourrait donc
être de chercher à assurer le remplissage 9,5 années sur dix pour tenir compte de cette
évolution, même si la courbe reste fondée sur les données du passé ;
Etudier la possibilité d?installer sur Naussac une pompe qui pourrait prélever un débit
inférieur à 2 m3/s dans l?Allier (dans le respect des objectifs de débit dans l?Allier à l?aval du
pompage de 3 ou de 5 m3/s). Les pompes actuelles trouvent leur fonctionnement optimal
dans un débit de 5 m3/s et rencontrent des problèmes de cavitation pour des débits
inférieurs à environ 2 m3/s : l?usine actuelle ne peut donc pomper en dessous de 2 m3/s.
Une pompe fonctionnant à 2 m3/s soit lorsque le débit de l?Allier est voisin de 5 m3/s (ce qui
ne permet pas de démarrer les pompes habituelles), soit en complément d?une ou de
plusieurs des pompes actuelles, pendant 2 mois, permettrait un remplissage de 10 Mm3.
L?EPL souligne à juste titre que l?installation d?une pompe de plus faible débit permettrait
en effet d?élargir les capacités de l?usine en pompant une gamme de débit inférieur à 1,5
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Novembre 2022 Les conditions de mobilisation des retenues
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m3/s, mais que l?installation d?un nouveau groupe à Naussac serait techniquement difficile
et très couteuse, alors que les volumes annuels concernés seraient faibles131. La mission
considère toutefois nécessaire de mener les études techniques et économiques
correspondantes dans la perspective de l?évolution du climat à 2050.
La mission souligne, par ailleurs, que dans les premières études relatives à l?aménagement de
Naussac II, il avait été envisagé de remplir la retenue à l?aide de prélèvements effectués dans
d?autres rivières, en captant sur Naussac les eaux du Haut-Allier dans le barrage dit de Lestevénès
et de les dériver dans le réservoir de Naussac par une galerie qui prenait au passage les eaux de
l'Ance du sud, du Grandrieu, du Doumerjas et du Chapeauroux. Dans le temps qui lui était donnée,
la mission n?a pu se prononcer sur la possibilité de capter, dans des conditions environnementales
satisfaisantes, une partie des eaux de l'Ance du sud et du Grandrieu (voire du Doumerjas). Les
eaux de l?Ance du sud sont aujourd?hui utilisées notamment via les barrages de St Préjet et de
Pouzas, pour alimenter l?usine hydroélectrique de Monistrol d?Allier qui exploite également la chute
liée au barrage de Poutès.
Elle soulignera en outre que le pompage doit pouvoir être effectué, si nécessaire, y compris les
jours de forte consommation d?électricité. Par le passé, lorsque l?électricité délivrée aux pompes
était fournie par EDF, le pompage était interdit durant les jours d?effacement de pointe : le contrat
passé avec EDF prévoyait en effet que les pompes ne consomment pas d?électricité durant les 22
jours de pointe de l?année. Le contrat actuel avec Engie prévoit la possibilité de consommer de
l?électricité, moyennant surcoût durant les jours de forte consommation d?électricité, dits jours PP1
et PP2 dans la nouvelle dénomination issue de la mise en place du mécanisme de capacité132.
L?EPL indique d?ailleurs que « si la limitation du pompage lors des jours PP1 et PP2 a bien été
considérée lors de l?élaboration de la courbe de gestion actuelle, pour disposer d?une courbe plus
précautionneuse, l?Etablissement ne s?interdit pas de pomper de telles journées » et ajoute « qu?il
avait été d?ailleurs donné comme consigne à l?exploitant, pour l?exercice 2021-2022, de pomper
quel que soit le tarif de l?électricité ».
La mission recommande enfin fortement à l?EPL (en liaison avec la DREAL) de se rapprocher de
Météo France pour déterminer en fonction des prévisions de cet organisme à trois mois (prévisions
tendancielles) voire à six mois (tendances saisonnières) les conditions de remplissage de
l?ouvrage : dans l?esprit de la mission, et à titre d?exemple, si au premier septembre, le niveau de
l?ouvrage est bas et si les prévisions tendancielles et les tendances saisonnières envisagent des
pluies faibles, il est souhaitable de profiter au maximum de tous les épisodes orageux survenant
dès le mois de septembre et des situations où l?Allier dépasse un débit de 4 voire 3 m3/s pour
remplir au maximum l?ouvrage ce qui peut supposer l?implantation de pompes de remplissages de
plus faible débit et la mise en place de dégrilleurs pour pourvoir profiter d?un épisode pluvieux dès
son démarrage.
La capacité globale du dispositif
a) La capacité actuelle
Les deux réservoirs de Naussac et Villerest sont gérés de manière coordonnée dans le cadre des
131 Réponses de EPL aux questions transmises par la mission le 11 mai 2022.
132 « Le mécanisme de capacité vise à assurer la sécurité d?approvisionnement électrique en France lors des
périodes de pointe hivernale. Il s?appuie sur l?obligation de couverture de la consommation en heure de pointe par
les acteurs obligés et sur la certification et la valorisation des capacités de production et d?effacement. [...] B) Les
acteurs obligés démontrent chaque année qu?ils sont en mesure de couvrir la consommation de leur périmètre
pendant les périodes de pointe hivernale. Pour cela, ils acquièrent un montant équivalent de garanties de capacité.
Les acteurs obligés sont les fournisseurs, ainsi que les gestionnaires de réseau pour leurs pertes et les
consommateurs finals, qui, pour tout ou partie de leur consommation, ne s?approvisionnent pas auprès d?un
fournisseur ». Source RTE. https://www.services-rte.com/fr/decouvrez-nos-offres-de-services/participez-au-
mecanisme-de-capacite.html
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https://www.services-rte.com/fr/decouvrez-nos-offres-de-services/participez-au-mecanisme-de-capacite.html
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règles de gestion qui ont été présentées précédemment. Ils participent d?un dispositif unique de
soutien d?étiage de l?Allier et de la Loire.
Quelle est la capacité globale des deux réservoirs à satisfaire les objectifs de ce dispositif global ?
Ce n?est pas le cumul (317,81 Mm3) des volumes maximum d?exploitation des deux ouvrages de
Naussac (185,20 Mm3) et Villerest (132,61 Mm3). En effet, à l?intérieur du cadre défini par les
caractéristiques techniques de ouvrages, ce sont leurs règles de gestion qui définissent le volume
maximum mobilisable. Ce volume ne peut pas être obtenu par des calculs théoriques. Il se constate
par l?observation des volumes réellement délivrés sur des périodes comportant des contextes
climatiques et hydrologiques suffisamment variés. On observe ainsi que ce volume délivré a évolué
au fil du temps au fur et à mesure de la définition des règles de gestion.
La mission a cherché à estimer ce volume maximum mobilisable, comme le plafond, période par
période, du volume réellement délivré pendant la période de soutien d?étiage. Selon les années
celui-ci :
Se limite au cumul du soutien délivré par Naussac et Villerest ;
Ou voit s?ajouter au cumul du soutien, les volumes déstockés pour abaisser le niveau de
l?un ou l?autre des réservoirs, pendant la période où peut intervenir un soutien d?étiage,
pour inspection, travaux ou, sur Villerest, pour respecter le creux automnal133.
Figure 33 : Réservoirs de Naussac et Villerest ? évolution du volume maximum mobilisable pour le soutien
d?étiage de l?Allier et de la Loire
Source : calculs mission à partir de données EPL
A la lecture du graphique ci-dessus, on retrouve les trois périodes mises en évidence dans l?analyse
des OSE :
La période 1985-1990 qui est celle de la découverte des difficultés d?une gestion
scrupuleusement respectueuse des règlements d?eau : il faudra attendre 5 ans pour
pouvoir remplir à nouveau le réservoir de Naussac après avoir servi l?OSE de Gien à 60
m3/s pendant toute la campagne d?étiage 1989. Cette expérience douloureuse conduit à
l?invention de la modulation de l?OSE de Gien et au lancement du projet de pompage dans
133 Les volumes déstockés pour ramener le niveau d?un réservoir à sa cote maximale en cas de pluie printanière
ou estivale précédant la campagne de soutien d?étiage et ceux déstockés à Villerest en cas de survenue d?un risque
de crue ne sont pas pris en compte dans cette approche. Les volumes d?abaissement de Villerest figurant dans ce
graphique peuvent donc, certaines années être inférieurs à ceux figurant dans le graphique rendant compte des
composantes du soutien du débit de la Loire par le réservoir de Villerest.
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Naussac soutien Villerest soutien Naussac abaissement
Villerest abaissement Volume maximum mobilisable
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l?Allier qui sera mis en service en 1998 ;
La période 1990-2005 qui confirme que le pompage dans l?Allier ne prémunit pas contre
les difficultés de remplissage de Naussac : il faut 3 ans pour retrouver un réservoir rempli
après l?avoir vidangé totalement en 2005 pour y réaliser des travaux d?étanchéité. Cette
durée aurait pu même être plus longue si les années 2007 et 2008 n?avaient pas été des
années humides sollicitant très peu Naussac et pas du tout Villerest. Cette expérience a
débouché sur les règles actuelles de modulation de l?OSE de Gien et d?appel à Naussac
en renfort de Villerest pour le service de cet OSE.
La période actuelle qui dure depuis 2006.
Il est intéressant de noter que le volume maximal délivré sur chacune de ces trois périodes n?a
cessé de baisser :
260 Mm3 en 1989, pendant la 1ère période, entraînant un niveau trop bas du réservoir de
Naussac pour pouvoir le remplir à nouveau avant la campagne suivante de soutien
d?étiage ;
234 Mm3 en 2003, année de sécheresse et de vidange de Naussac pour inspection134,
pendant la seconde période ;
210 Mm3 en 2019, année de sécheresse, pour la période actuelle, qui se décompose en
environ 118 Mm3 en provenance de Villerest et 92 Mm3 en provenance de Naussac135.
Les travaux techniques de Naussac 2 n?ont pas augmenté le volume maximal mobilisable. Ils ont
évité que des règles de gestion encore plus draconiennes ne le fassent baisser encore plus.
Au terme de cette analyse, la mission estime que le volume maximal mobilisable dans les deux
réservoirs, défini par les règles de gestion actuelles, est de l?ordre de 210 Mm3.
Cet ordre de grandeur peut également se retrouver en considérant que le volume mobilisable une
année donnée est la somme de la capacité utile de Villerest136 (environ 120 Mm3) et d?une quantité
en provenance de Naussac égale à son remplissage moyen en période de forte sollicitation du
réservoir137. La dernière période pouvant être prise en référence est 2016-2020 :
La première phase de l?étude HMUC du Haut-Allier et de l?Allier aval indique qu?en
moyenne de 2016 à 2019, le volume prélevé dans le milieu naturel a approché les
100 Mm3/an. Ce chiffre, supérieur aux volumes entrant en moyenne dans le barrage de
1994 à 2019, s?explique par le fait que le réservoir de Naussac avait besoin d?un fort
remplissage durant les années 2016-2019 si bien que la dérivation du Chapeauroux n?a
pas été fermée138 , le remplissage n?a pas été arrêté au milieu de la période de remplissage
et le pompage a été légèrement plus élevé.
De façon plus précise, le remplissage de Naussac entre deux périodes d?étiage a atteint
134 Le volume de 234 Mm3 ne prend pas en compte les lâchures réalisées après la fin de la campagne de soutien
d?étiage pour abaisser le niveau d?eau aux fins d?inspection.
135 Durant le mois d?août 2019, les épisodes pluvieux ont conduit à un remplissage de Villerest d?environ 30 Mm3,
ce fait qu?à la fin de la période d?étiage de 2019, qui est intervenue mi-octobre, il restait encore un peu plus de
50 Mm3 dans la retenue. Impacts socio-économiques du soutien d?étiage de l?allier et de la Loire par les barrages
de Naussac et de Villerest (Période de référence 2019)
136 Définie comme le volume maximum estival (132,61 Mm3) diminué du niveau le plus bas de la courbe plancher
(13 Mm3) en dessous de laquelle le soutien à l?OSE de Gien est interrompu
137 Le remplissage du réservoir est limité par sa cote estivale maximale (185,20 Mm3). Après une campagne de
faible soutien, le complément à stocker en hiver peut être faible ce qui permet de ne pas pomper dans l?Allier voire
de fermer la dérivation à partir du Chapeauroux.
138 « Sur les 30 ans d?exploitation de la dérivation, celle-ci a été fermée environ 15 % du temps pour cause de
retenue de Naussac pleine »,.Valorisation de l?aménagement de Naussac par l?implantation d?une microcentrale
dans le canal de dérivation du Chapeauroux, https://www.eptb-loire.fr/wp-content/uploads/2016/06/Pt-7.pdf
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https://www.eptb-loire.fr/wp-content/uploads/2016/06/Pt-7.pdf
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entre 2016 et 2019, quand il n?a pas été limité par l?atteinte précoce du niveau maximal :
? 20 Mm3 en provenance du Donozau ;
? 52 Mm3 du Chapeauroux (chiffres correspondant à la moyenne 2016-2020);
? 23 Mm3, aujourd?hui en provenance de l?Allier.
Ceci voudrait dire qu?en année moyenne, le remplissage de Naussac pourrait atteindre en ordre
de grandeur 90 Mm3, On retrouve ainsi l?idée que, dans les conditions actuelles et en l?absence de
pluie durant la période d?étiage, le système Naussac Villerest peut déverser environ 210 Mm3 par
an sans compromettre la gestion pluriannuelle de Naussac139.
b) La capacité future
Les propositions effectuées dans le chapitre 2 de mise en place d?une réserve automnale et d?une
amélioration du pompage dans l?Allier pour remplir le réservoir de Naussac permettraient en ordre
de grandeur d?améliorer ce volume maximal mobilisable :
d?environ 30 Mm3 à capacité de remplissage de Villerest inchangée ;
de 10 à 20 Mm3 supplémentaire à partir de Naussac en cas d?amélioration du remplissage
de réservoir.
Ces ordres de grandeur méritent d?être précisés à l?aide d?un modèle hydrologique du bassin dans
une vision pluriannuelle de la gestion des ouvrages et des conditions météorologiques. Cette
modélisation devra prendre en compte la possibilité d?un automne et d?un hiver secs, durant
lesquels le remplissage sera beaucoup plus faible à l?image de celui de 2022 : entre 20 et 40 Mm3
suivant la disponibilité des groupes, la possibilité de prélever de l?eau dans l?Allier en début
d?épisode pluvieux et l?existence ou non d?un pompage possible à faible débit.
Le financement du soutien d?étiage
Le soutien d?étiage assuré par l?EPL n?est pas financé, comme le reste de ses autres missions, par
des contributions de ses membres. Il est financé depuis 2007 par des redevances perçues auprès
des usagers qui prélèvent de l?eau dans la Loire ou l?Allier à l?aval des deux ouvrages. Pour ce faire
l?établissement établit un budget annexe incluant :
les dépenses d?exploitation, d?entretien et d?aménagement, y compris les dotations aux
amortissements, des réservoirs de Naussac (à 100 %) et de Villerest (à 80 % pour tenir
compte de son rôle d?écrêtement des crues financé sur le budget principal de l?EPL) ;
les dépenses opérationnelles du siège (outils et réseaux de mesure et personnels) du siège
à hauteur de 20 %.
Le financement du soutien d?étiage s?appuie sur un double fondement juridique :
la possibilité ouverte par les articles L. 151-36 et L. 151-37 du code rural et de la pêche
maritime de faire participer les bénéficiaires de travaux entrepris par des collectivités ou
groupements de collectivités « aux dépenses de premier établissement, d'entretien et
d'exploitation des ouvrages » réalisés ;
la qualification du soutien d?étiage comme service d?intérêt général au sens de l?article L.
211-7 du code de l?environnement lequel permet aux collectivités, à leur groupements et
aux établissements publics territoriaux de bassin, de mettre en oeuvre les articles L. 151-
36 à L. 151-40 du code rural et de la pêche maritime pour entreprendre l'étude, l'exécution
et l'exploitation de tous travaux, actions, ouvrages ou installations présentant un caractère
d'intérêt général dans le cadre d?un schéma d'aménagement et de gestion des eaux (SAGE)
139 Un déversement de 90 Mm3 deux années de suite
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et visant notamment l?exploitation, l'entretien et l'aménagement d'ouvrages hydrauliques
existants.
Pris sur ces fondements, l?arrêté interpréfectoral du 10 novembre 2006 « déclare d?intérêt général
l?exploitation, l?entretien et l?aménagement par l?Etablissement Public Loire des barrages-réservoirs
de Naussac [... ] et de Villerest [... ], pour le soutien des étiages de l?Allier et de la Loire destiné à
améliorer les possibilités de prélèvement dans ces cours d?eau et leurs nappes
d?accompagnement ». L?EPL souligne que ces rédactions permettent l?intégration de toutes les
dépenses liées à l'exploitation des ouvrages, y compris les dépenses d'investissement ou
d'exploitation peu courantes
Dans ce cadre, la redevance est assise « sur le volume "prélevable" par chaque usager, lui-
même défini comme le plus grand volume prélevé par l'usager au cours des trois dernières
années »140. L?article deux de l?arrêté précise que le produit de la redevance est exclusivement
affecté au financement des dépenses relatives à l?exploitation, l?entretien et l?aménagement
des barrages de Naussac et de Villerest pour le soutien des étiages de l?Allier et de la Loire.
A ces volumes s?appliquent trois coefficients :
un coefficient géographique qui module la redevance en fonction du lieu du prélèvement :
1 en amont du bec de Vienne et 0,5 en aval ;
un coefficient d?étiage qui module la redevance en fonction de la période pendant laquelle
les prélèvements sont effectués : 0,5 pour l?AEP et les usages industriels, 1 pour les
prélèvements pour les usages agricoles ;
et un coefficient dit « d?usage » dont la modulation n?est pas expliquée : 1 pour l?AEP, 0,8
pour l?usages industriel et 0,4 pour l?usage agricole.
Cette redevance payée par 364 usagers fluctue autour de 3,7 M¤ depuis 2007. Le « coût » moyen
par m3 prélevable varie, selon les situations considérées, de 0,2 à 0,5 centimes d?euros. A titre de
comparaison, sur le bassin Adour-Garonne, l?Agence de l?eau estime que la tarification perçue
auprès des usagers est, lorsqu?elle existe, en moyenne de l?ordre de 2,2 c¤/m3 prélevés en
irrigation, 2,4 c¤/m3 prélevé en AEP, et 1,5 c¤/m3 prélevé en industrie. Pour le soutien d?étiage en
provenance des ouvrages hydroélectriques, les dépenses totales (sans intégrer d?éventuelles
subventions publiques), ramenées au m³ mobilisable, varient en Adour Garonne de 0 à 9 c¤/m3
lâché/an, soit une moyenne de l?ordre de 4 c¤/m3 lâché/an
Figure 34 : Soutien d?étiage de l?Allier et de la Loire ? comparaison consommations / redevances par
catégories d?usages
140 Réponses de l?Etablissement public Loire aux questions transmises par la mission le 11 mai 2022.
65%
28%
3%
3% 1%
Répartition des consommations nettes sur 5 mois
d'étiage en 2019
irrigation EDF canaux eau potable autres usages économiques
6%
75%
19%
répartition de la redevance 2021 par catégories
d'usages
usage agricole usage industriel AEP
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Source : données EPL
La mission note que la comparaison entre la répartition de la charge de cette redevance entre
catégories de bénéficiaires141 et celle des consommations nettes d?eau sur les cinq mois d?étiage
de l?année 2019 dans les sous-bassins réalimentés par les réservoirs de Naussac et Villerest142
fait apparaître un écart considérable.
Trois facteurs peuvent expliquer cette distorsion :
Le lissage sur trois ans pour le calcul des redevances ;
L?effet de seuil qui exonère les petits préleveurs (notamment les petits irrigants) de toute
redevance ;
Le coefficient d?usage qui joue à l?inverse de l?impact des prélèvements. S?il devait refléter
les consommations nettes il suivrait une hiérarchie inverse : 1 pour les usages agricoles,
0,3 pour les usages industriels et 0,1 pour l?AEP.
141 Réponses de l?Etablissement public Loire aux questions transmises par la mission le 11 mai 2022.
142 Etablissement public Loire « impacts socio-économiques du soutien d?étiage de l?Allier et de la Loire par les
barrages de Naussac et Villerest (période de référence 2019), rapport final - décembre 2020
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Annexe 4 Le complexe de Montpezat
Elaboré à partir de 1941, l?aménagement de Montpezat a été déclaré d?utilité publique en 1949. Sa
réalisation s?est achevée en 1954. Trois barrages, situés à plus de 1 000 m d?altitude, stockent les
eaux dans 3 retenues :
- le lac naturel d?Issarlès, alimenté par le barrage de la Veyradère ;
- la retenue du barrage de La Palisse, alimenté par la Loire et le Vernazon ;
- la retenue du barrage du Gage, alimenté par le Gage et le Tauron.
Figure 35 : Schéma de l?aménagement de Montpezat
Source : EDF
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Ces 3 réservoirs communiquent entre eux grâce à un réseau de galeries de près de 25 km. L?eau
est acheminée vers l?usine souterraine de Montpezat par l?intermédiaire de ces galeries, se
terminant par une conduite forcée de 1,4 km et de 635 m de dénivelé.
L?aménagement de Montpezat occupe une place particulière au sein du parc hydroélectrique du
bassin Loire Bretagne : avec sa hauteur de chute de 638 m et sa puissance de 132 MWe, il en
constitue en effet l?ouvrage le plus puissant. La valorisation du m3 d?eau ainsi utilisée est donc
particulièrement élevée.
Outre la production d?électricité, le complexe de Montpezat assure également des fonctions
d?amélioration de la qualité des cours d?eau, d?approvisionnement pour l?eau potable et l?irrigation
cruciales pour le développement des territoires du Sud-Ardèche. Ces fonctions sont assurées via
un soutien d?étiage de l?Ardèche via la Fontaulière et un soutien de la Loire.
Sur la Loire amont, EDF doit, au titre du cahier des charges de Montpezat de 1949, un régime
garanti centré autour de 1 m3/s du 15 juin au 15 septembre dans la Loire au Pont de la Borie sur
la commune de Lachapelle-Graillouse. Une convention intervenue en 1984 entre EDF et le
Syndicat départemental d?équipement de l?Ardèche (SDEA) pour la construction du barrage de
Pont-de-Veyrières sur la Fontaulière introduit un soutien d?étiage de l?Ardèche via la Fontaulière du
15 juin au 15 septembre. Le régime de ce soutien d?étiage est défini dans les consignes
d?exploitation de la centrale hydroélectrique. La version en vigueur de ces consignes a été
approuvée par arrêté préfectoral du 6 juillet 1998. Aux termes de celles-ci, le débit délivré sur la
Fontaulière vise à assure un débit sur l?Ardèche à Vogüé compris entre 2,5 et 3,75 m3/s en fonction
du remplissage au 1er juillet des retenues du complexe de Montpezat. La réserve d?eau pour ce
double soutien d?étiage est constituée, à titre principal, sur les retenues du Gage et de La Palisse
(totalité de leur volume utile soit 10,8 Mm3), le lac d?Issarlès y contribuant plus modestement (à
hauteur de 1,3 Mm3) à partir du 1er septembre du fait d?une cote touristique résultant de son arrêté
de classement de 1935. Le soutien d?étiage est assuré prioritairement sur la Loire et, en fonction
des disponibilités, sur l?Ardèche.
EDF assurant en toutes circonstances un débit
d?1 m3/s au Pont de la Borie, le volume délivré sur
la Loire pendant les 3 mois d?étiage (15 juin ? 15
septembre) est de 7,9 Mm3 : une partie provient
des débits entrant dans les ouvrages et le
complément est assuré par prélèvement sur les
retenues de Montpezat. Seul ce complément
constitue un soutien d?étiage au sens strict.
Côté Ardèche, le volume délivré provient
intégralement des retenues de Montpezat ; le
débit étant adapté en fonction du stock dans les
retenues et à l?objectif de débit à Vogüé. Depuis
l?an 2000, le soutien d?étiage au sens strict
s?établit ainsi :
en moyenne à 9,8 Mm3, dont 1 Mm3 pour
la Loire (10 %) et 8,8 Mm3 pour l?Ardèche
(90 %) ;
dans une fourchette comprise entre 4,9 et
12,14 Mm3 au total ;
et dans une fourchette comprise entre 0 et
3,1 Mm3 (soit entre 0 et 27 %) pour la
Loire.
Figure 36 : Montpezat ? volume délivrés à la Loire
en étiage au titre du débit garanti
Figure 37 : Montpezat ? répartition du soutien
d'étiage entre la Loire et l'Ardèche
Données : Source EDF
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soutien d'étiage Loire soutien d'étiage Ardèche
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Lorsqu?on prend en compte l?ensemble de l?eau disponible durant la période estivale en cumulant
l?eau présente au début de l?été dans le stockage et les débits entrants, le volume déversé en
période de soutien d?étiage à partir de Montpezat vers l?Ardèche (8,8 Mm3) est quasiment similaire,
en moyenne, aux volumes assurés à la Loire par le débit garanti dont elle bénéficie (8 Mm3).
PUBLIÉ
Novembre 2022 Les conditions de mobilisation des retenues
hydroélectriques pour le soutien d?étiage sur le bassin de
Loire-Bretagne
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Annexe 5 Evolutions sur longue période des
débits d?été et d?automne
La mission a calculé, à partir des données de la banque Hydro, les débits décennaux mensuels
moyens143 pour les mois de juin à novembre sur les principaux points nodaux du bassin de la Loire.
Le recours à des moyennes décennales présente l?intérêt de limiter l?expression de la variabilité
interannuelle de ces débits.
Seuls quelques points nodaux disposent d?une chronique longue et continu. Lorsqu?elle l?a pu, la
mission a analysé les données des 70 dernières années afin de disposer de 60 moyennes
décennales. Sur certains points elle a dû se contenter de chroniques plus courtes.
Les analyses réalisées mettent en évidence une évolution partagée par l?ensemble de ces points
situés sur la Loire et sur les sous-bassins de ses deux principaux affluents en rive Sud : l?Allier et
la Vienne.
A Montjean, à partir du début des années 2000, le débit mensuel moyen du mois d?octobre rejoint
celui du mois de juillet et se rapproche des débits traditionnellement faibles des mois d?août et
septembre. En outre, le mois de septembre est devenu le mois où les eaux sont les plus basses.
Evolution des débits décennaux mensuels moyens de la Loire à Montjean
Données source Hydroportail
Les parties en tiretés des courbes représentent la période de transition liée à la mise en place du soutien d?étiage
par les réservoirs de Naussac et Villerest.
Une proximité entre les débits de ces quatre mois s?est déjà observée pendant les années 70,
pendant une période plus courte. A cette époque le débit de la Loire n?était pas soutenu.
La convergence actuelle s?en différencie sur trois points :
Sa durée : elle s?observe depuis une vingtaine d?années ;
Le remplacement du mois d?août par le mois de septembre comme mois de plus faibles
débits ;
143 Calculés comme la moyenne sur 10 ans d?un débit mensuel moyen
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Et le niveau inférieur des débits mesurés, alors même qu?ils sont soutenus.
Cette évolution s?observe aussi sur le cours de la Loire en amont de Montjean (à Gien et Nevers)
ainsi que sur le cours de l?Allier (à Vic-le-Comte et à Vieille-Brioude) et sur celui de la Vienne (à
Ingrandes et à Etagnac), en des points nodaux où les débits sont soutenus. Elle s?observe
également sur la Loire à Bas-en-Basset et sur la Creuse à Leugny, en des points nodaux où les
débits ne sont pas soutenus.
Figure 38 : Evolution des débits décennaux
mensuels moyens de la Loire à Gien
Figure 39 : Evolution des débits décennaux
mensuels moyens de la Loire à Nevers
Figure 40 : Evolution des débits décennaux
mensuels moyens de l?Allier à Vic-le-Comte
Figure 41 : Evolution des débits décennaux
mensuels moyens de l?Allier à Vieille-Brioude
Figure 42 : Evolution des débits décennaux
mensuels moyens de la Vienne à Ingrandes
Figure 43 : Evolution des débits décennaux
mensuels moyens de la Vienne à Etagnac
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Figure 44 : Evolution des débits décennaux
mensuels moyens de la Loire à Bas-en-Basset
Figure 45 : Evolution des débits décennaux
mensuels moyens de la Creuse à Leugny
Données source Hydroportail
Les parties en tiretés des courbes représentent la période de transition liée à la mise en place d?un soutien
d?étiage
Cette analyse conduit à penser que cette large partie du bassin de la Loire (le fleuve et tous ses
affluents qui trouvent leur source dans le Massif Central) ont connu une transition d?un régime
estival à un régime estivo-automnal qui s?est installée depuis le début des années 2000. Cette
transition, dans sa double composante : extension au mois d?octobre et baisse des débits, met en
tension la préservation de la qualité des milieux, les usages et le soutien d?étiage.
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Annexe 6 Le changement climatique sur le bassin
Loire-Bretagne
Cadre général de l?évolution du climat
Le Groupe intergouvernemental d?experts sur l?évolution du climat (GIEC) a publié le 9 août 2021
la première partie de son sixième rapport d?évaluation (AR6)1. Dans la lignée des précédentes
publications144, il confirme la réalité et l?intensité des changements climatiques, passés et à venir.
Dans son approche, le GIEC fait état de quatre scénarios socio-économiques « Representative
Concentration Pathway » (RCP) fondés sur diverses hypothèses de développement économique
futur avec ses conséquences sur l?environnement. Les trajectoires RCP sont exprimées en forçage
radiatif (en Watts par mètre carré), c?est à dire la différence entre l?énergie radiative reçue et
l?énergie radiative émise par le système climatique. Les quatre RCP sont nommées en fonction de
l?augmentation du forçage radiatif en 2100 par rapport à l?année 2000 : + 2,6 W.m² pour RCP 2.6,
+ 4,5 W.m² pour RCP 4.5, + 6,0 W.m² pour RCP 6.0 et + 8,5 W.m² pour RCP 8.5.
Figure 46 : Trajectoires RCP
Source : https://climessences.fr/modele-iks/donnees-climatiques/les-trajectoires-rcp
Le RCP2.6 décrit un monde vertueux, très sobre en émissions de gaz à effet de serre, dans lequel
le réchauffement global reste inférieur à 2 °C par rapport aux températures préindustrielles. C'est
le seul parmi les quatre scénarios qui respecterait l'accord international de Paris sur le changement
climatique approuvé en décembre 2015. Le RCP8.5 décrit quant à lui un futur excluant toute
politique de régulation du climat, menant à environ 5 °C de réchauffement global d?ici la fin du
144 On trouvera l?ensemble des contributions du GIEC sur le site www.ipcc.ch
PUBLIÉ
http://www.ipcc.ch/
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siècle. Les scénarios RCP4.5 et RCP6.0 décrivent des voies intermédiaires, dans lesquelles les
émissions continuent de croître pendant quelques décennies, se stabilisent avant la fin du XXIe
siècle, puis décroissent à un rythme plus modéré que dans le RCP2.6.
Figure 47 : Projection de la variation de température moyenne mondiale suivant différents scénarios
Source : GIEC, 1er groupe de travail, 2013
Si l?évolution du climat est un phénomène mondial, les déclinaisons locales sont à préciser à
différents pas de temps et échelles spatiales par des études tenant compte de paramètres comme
la latitude, la proximité d?océans, les vents dominants et le relief. Pour la France, le site Drias les
futurs du climat145 a pour vocation de mettre à disposition des projections climatiques régionalisées
réalisées dans les laboratoires français de modélisation du climat. Sont fournies les projections de
températures, précipitations, nombre de jours de gel, nombre de jours de vague de chaleur, indice
de sécheresse des sols.
Plus précisément, les premières données climatiques mises en ligne sur le portail Drias nommé
«EURO-CORDEX » dataient de 2014 et intégraient les scenarios RCP 4,5 et RCP 8,5 avec des
projections milieu et fin de siècle. Elles sont issues du projet européen du même nom EURO-
CORDEX, qui fournit des projections climatiques à 12 km de résolution sur toute l?Europe. Cet
ensemble est composé de douze simulations, qui ont été corrigées et régionalisées sur une grille
de 8 km de résolution sur la France. Drias 2020 a bénéficié de 6 années de plus que Drias 2014
et comporte davantage de simulations ainsi que des corrections de certaines anomalies. Le
scenario RCP 2,6 a été rajouté mais pas le RCP 6.
Bien entendu, ces projections restent entachées d?incertitudes d?autant plus grandes que l?horizon
vers lequel on se projette est éloigné. Concernant les débits des cours d?eaux, cette incertitude est
particulièrement importante car aux incertitudes climatiques se rajoutent celles liées à
l?écoulements des eaux.
De manière générale, les modèles climatiques montrent que les évolutions en cours sont à peu
près les mêmes jusqu?à l?horizon du milieu de siècle, quels que soient les scénarios du GIEC pris
en compte, les divergences se manifestant significativement qu?au-delà de 2050. Aussi, le choix
est fait dans ce rapport de ne pas se projeter au-delà de cet horizon de milieu de siècle, sachant
que l?impact du changement climatique sera bien plus fort dans la deuxième partie de ce siècle
145 Voir www.drias-climat.fr Initié en 2009 et inscrit au Plan National d?Adaptation au Changement Climatique, le
projet DRIAS « Donner accès aux scénarios climatiques Régionalisés français pour l'Impact et l'Adaptation de nos
Sociétés et environnement » a bénéficié d'un important soutien du ministère en charge du Développement durable.
PUBLIÉ
http://www.drias-climat.fr/
Novembre 2022 Les conditions de mobilisation des retenues
hydroélectriques pour le soutien d?étiage sur le bassin de
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mais dans des proportions aujourd?hui difficiles à quantifier.146
Une évolution des températures qui affecte les ressources en eau et impacte les
consommations
La température est la variable pour laquelle les effets du changement climatique sont les plus
marqués et pour laquelle l?ensemble des simulations climatiques convergent, même si des
différences d?amplitude peuvent être observées entre les différents modèles. Cette augmentation
est déjà en cours et nettement perceptible par tout un chacun notamment du fait des périodes de
canicules à répétition que peut constater ces dernières années en été. Ainsi, à 2,3°C au-dessus
des normales de la période 2020, l?été 2022 s?installe à la deuxième place des étés (juin ? juillet -
août en météorologie) les plus chauds en France métropolitaine depuis le début des mesures en
1900. Il n?est devancé que par l?été 2003 (2,7°C au-dessus des normales).
Evolution des températures moyennes quotidiennes à l?horizon 2041-2070
Source : portail « Drias ? les futurs du climat »
À l?horizon 2050, l?ampleur de la hausse attendue en France dépend de la trajectoire d?évolution
146 Explore 2 donnera davantage de précisions pour la France à cet horizon
PUBLIÉ
Novembre 2022 Les conditions de mobilisation des retenues
hydroélectriques pour le soutien d?étiage sur le bassin de
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des émissions au niveau mondial. Dans le référentiel climatique 2050 RCP4.5, la température
moyenne France augmente de 1,6°C par rapport au référentiel 2000, tandis que l?augmentation
atteint 2°C dans le référentiel 2050 RCP8.5.
Les cartes ci-dessus présentent une projection de la température moyenne quotidienne pour tous
les jours de l?année avec le modèle de Météo France, à moyen terme (2041-2070), pour les trois
scénarios (baisse, stabilisation, non maîtrise des émissions de GES). Les cartes sur la gauche
donnent la situation de référence (période 1976-2005). On observe que le nord-ouest du bassin
est moins touché par la hausse de la température moyenne de l?air, de même que la pointe sud-
est (sauf dans le scénario le plus pessimiste). Ailleurs, sur le sud des Pays de la Loire, le Poitou-
Charentes, le Centre-Val de Loire, la Bourgogne, il faut s?attendre à des hausses plus importantes
(de l?ordre de 2°C).
Selon de nouvelles projections climatiques publiées dans la revue Earth System Dynamics le 4
octobre 2022147, le réchauffement pourrait être jusqu?à 50 % plus intense au cours du siècle que
ce que montraient les précédentes estimations (+ 3,8 °C en 2100 par rapport à 1900 contre +2 °C
précédemment dans le scénario d?émissions « intermédiaires » de GES). Le réchauffement sera,
dans tous les cas, plus fort l?été que l?hiver. Les étés pourraient ainsi être en moyenne 5,10 °C plus
chauds par rapport à 1900, dans le scénario intermédiaire. A titre de comparaison, l?été 2022, le
deuxième plus chaud jamais observé en France après celui de 2003, a marqué un écart de + 4°C
par rapport à 1900. Pour parvenir à ces résultats, les chercheurs ont développé une nouvelle
méthodologie, couplant la dernière génération de modèles de climat aux observations du passé,
au lieu de s?en tenir uniquement aux simulations climatiques. Cette méthodologie a été utilisée
dans le rapport du GIEC publié en août 2021. Mais c?est la première fois que l?exercice est décliné
à l?échelle française. Nous ne disposons cependant pas encore de résultats plus précis découlant
de cette étude à l?échelle du bassin Loire-Bretagne.
L?augmentation des températures extrêmes porte préjudice à l?agriculture tant pour les productions
végétales qu?animales et va dans le sens de demandes d?accès à des ressources en eau pour
limiter les dégâts (irrigation, abreuvement).
Les demandes de consommations d?eau des usagers domestiques (eau potable pour usages
sanitaires, piscines et équipements de loisirs aquatiques) sont aussi accrues lors des fortes
températures, sans compter les besoins pour la sécurité publique (risque incendie).
L?augmentation de la température des eaux fluviales servant de source froide compromet le
refroidissement des CNPE en circuit ouvert (mais sans incidence en cas de refroidissement par
tour aéroréfrigérante ce qui est le cas des centrales de bord de Loire et de la Vienne).
Un certain nombre d?études ont d?ores et déjà mis en évidence l?effet d?une augmentation de la
température sur les peuplements piscicoles148. En effet, la température de l'eau agit directement
et indirectement sur de nombreuses fonctions chimiques (concentration en oxygène dissous,
viscosité, diffusivité) et biologiques (métabolisme des végétaux et animaux). Aussi, l?évolution de
certains caractères physiologiques en réponse à une augmentation de la température de l?eau
engendre des modifications au niveau de la reproduction, de la croissance et des rythmes
saisonniers. En outre, certaines espèces se déplacent le long du cours d?eau en étendant leur
limite supérieure lorsque le déplacement n?est pas contraint par d?autres facteurs comme les seuils
ou les barrages. Ces déplacements entrainent une modification de la composition des
communautés piscicoles avec pour conséquence une variation de la richesse spécifique et du
nombre d?espèces dominantes.
147 Aurélien Ribes et al., An updated assessment of past and future warming over France based on a regional
observational constraint, Earth Syst. Dynam., 13, 1397?1415, 2022.
148 Source : Florence Baptist, Nicolas Poulet & Nirmala Séon-Massin (coordinateurs), 2014. Les poissons d'eau
douce à l'heure du changement climatique : état des lieux et pistes pour l'adaptation. Onema. Collection
Comprendre pour agir. 128 pages.
PUBLIÉ
Novembre 2022 Les conditions de mobilisation des retenues
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Loire-Bretagne
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La qualité des eaux des retenues risque aussi d?être dégradée du fait de l?élévation de température
qui favorise le développement de cyanobactéries dans les eaux stagnantes contenant par ailleurs
de fortes concentrations en nutriments (phénomène d?eutrophisation). Il s?en suit des restrictions
sanitaires à l?usage des eaux de baignade, de consommation d?eau potable voire d?abreuvement
du bétail et de consommation de poisson du fait de la présence de cyanotoxines pouvant conduire
à divers symptômes (gastro-entérite, démangeaisons, rougeurs, conjonctivite, vertiges, altérations
des sensations) 149.
Des périodes sèches plus longues et plus marquées et des épisodes intenses plus
nombreux dans une pluviométrie annuelle équivalente
A l?horizon 2050, selon que les émissions de GES sont plus ou moins maîtrisées, les projections
Drias 2020 aboutissent à une légère augmentation ou une baisse du cumul annuel des
précipitations dans la partie Nord de la France.
Figure 48 : Evolution des précipitations à l?horizon 2041-2070
Source : portail « Drias ? les futurs du climat »
149 Voir www.anses.fr/fr/content/les-cyanobactéries-le-point-en-10-questions
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L?augmentation des températures conduit à davantage de vapeur d?eau contenue dans
l?atmosphère, aussi les modèles indiquent qu?il faut s?attendre à ce qu?il y ait 1 à 3 jours par an
supplémentaires de fortes précipitations (plus de 20 mm/jour). Ces fortes précipitations ruissellent
sur les sols, particulièrement lorsqu?ils sont asséchés en période estivale, au détriment de
l?infiltration et de l?humectation en profondeur des sols. Il faut donc s?attendre à davantage
d?inondations ou coulées de boues à l?avenir.
Figure 55 : Intensité des canicules ? comparaison climat actuel / horizon 2050 RCP4.5
Source : RTE « Futurs énergétiques 2050 »
La durée des évènements chauds tendra également à s?accroitre. Dans certains cas extrêmes, les
vagues de chaleur pourront s?étaler sur plusieurs semaines consécutives exacerbant ainsi les
effets de la sécheresse.
Une hydrologie confrontée à une baisse des débits d?étiage et une augmentation des
températures de l?eau sur des périodes plus étendues
Concernant l?hydrologie dont les prévisions sont plus délicates encore que pour les températures
ou les précipitations, les projections dont nous disposons à l?heure actuelle donnent des résultats
assez contradictoires et donc difficilement exploitables pour les besoins d?une analyse quantitative.
Étude ICC-Hydroqual (Impact du Changement Climatique sur l'hydrosystème
Loire : HYDROlogie, Régime thermique, QUALité des eaux)
Ce projet financé par l?EPL, le Plan Loire Grandeur Nature et le FEDER était mis en oeuvre par
l?Université François Rabelais de Tours, l?UMR150 Sisyphe, le BRGM151 et le CEMAGREF152. Le
rapport a été publié en 2010, il décrit l'évolution des caractéristiques du climat (précipitation et
température) et du régime hydrologique du bassin hydrographique de la Loire en amont de
Montjean au cours du XXIe siècle. Elle prend en compte le seul scénario A1B du 4e rapport du
GIEC (équivalent du RCP 6,0) et se projette en milieu et fin de siècle.
150 Unité mixte de recherche
151 Bureau de recherches géologiques et minières
152 Centre d?étude du machinisme agricole, du génie rural, des eaux et forêts
PUBLIÉ
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ICC-Hydroqual montre une tendance à une diminution de la ressource en eau avec des étiages
plus sévères. Les durées de faibles débits seraient parfois fortement accrues, ces changements
affectant l?ensemble des bassins versants de manière homogène. Cette modification profonde
serait due à l?augmentation des pertes par évapotranspiration et des précipitations totales
globalement à baisse (légère augmentation des précipitations au printemps compensée par une
forte diminution le reste de l?année). Le Plan d?adaptation au changement climatique de l?Agence
de l?eau Loire-Bretagne fait référence aux résultats d?ICC-Hydroqual en mentionnant « une baisse
des débits des cours d?eau tout au long de l?année avec une plus forte proportion en période
estivale. Les débits moyens et les débits d?étiage diminueraient de 25 à 40 %. »
Explore 2070
Porté par la direction de l?eau et de la biodiversité du ministère en charge de l?écologie, ce projet
s?est déroulé de juin 2010 à octobre 2012. Il s?appuie comme ICC-Hydroqual sur le seul scénario
A1B du 4e rapport du GIEC et utilise 7 projections dont 6 sont communes avec celles utilisées par
l?étude ICC-Hydroqual plus une de Météo-France. Explore 2070 produit des données à l?horizon
milieu de siècle seulement (2046-2065). Le calcul de l?évolution des débits (réalisé avec le modèle
hydrologique SIM2 de Météo France et le modèle GR4J d?IRSTEA) est disponible sur 853 stations
en France sur le portail Drias.
L?étude Explore2070 conclut à une baisse globale du débit moyen annuel sur toute la métropole,
à l?exception des affluents rive droite du bas Rhône, sur laquelle les différentes projections sont en
désaccord. La cause prépondérante de cette baisse est l'augmentation significative de
l'évapotranspiration potentielle, trouvée sur tout le territoire par l'ensemble des modèles
climatiques. Cette augmentation, couplée à une baisse des cumuls de précipitations annuelles sur
la majeure partie du territoire, induit une augmentation de l'aridité des bassins versants. Cela
s'accompagne d'une baisse générale de la productivité des bassins versants. Pour une majorité
de points, le débit moyen annuel pourrait baisser de l?ordre de 10 à 40 %.
Le Plan d?adaptation au changement climatique de l?Agence de l?eau Loire-Bretagne fait référence
aux résultats d?Explore2070. Il mentionne que « pour le module, le bassin Loire-Bretagne sera
moins touché par la baisse du débit moyen annuel que les bassins Adour-Garonne et Seine-
Normandie. Il faut pourtant bien voir que les modules des cours d?eau devraient tous baisser, de -
10 à - 40 %. Dans le bassin Loire-Bretagne, le débit d?étiage accuse une baisse plus marquée que
le module, avec des simulations pouvant atteindre -60 % sur certains bassins des Pays de la Loire
ou du Limousin. »
Explore2
ICC-Hydroqual et Explore 2070 remontent à dix ans et sont donc basées sur des données plus
anciennes du GIEC que celles prises en compte par DRIAS 2020 (basé sur GIEC 5). De plus, les
projections hydrologiques ne peuvent pas facilement être mises en regard des données issues de
DRIAS 2020 qui n?inclut pas le scénario RCP 6.0 (équivalent A1B utilisé par ICC et Explore 2070).
Cette situation est en cours d?amélioration avec les nouvelles projections hydrologiques du projet
Explore 2, utilisant les projections climatiques DRIAS 2020. Cependant, une seule méthode de
correction de biais ainsi qu?un seul modèle hydrologique (SIM2 de Météo France) sont disponibles
pour le moment, ce qui ne permet pas d?analyser l?intégralité des sources d'incertitude des
projections hydrologiques. Courant 2023, le projet Explore 2 produira de nouveaux jeux de
données s?appuyant sur une seconde méthode de descente d?échelle ainsi que sur quatre autres
modèles hydrologiques ce qui permettra de mieux cerner les incertitudes associées aux projections
de débits.
Avec les simulations SIM2-DRIAS2020 (Explore 2), on ne dispose pour le moment que
d?indications générales sur l?évolution des débits annuels pour la France et de projections plus
détaillées pour six stations fluviales dont la Loire à Nantes. Ces projections de débits ne tiennent
pas compte des interventions humaines sur les cours d?eau (barrages, prélèvements pour
l?irrigation et autres usages etc.).
PUBLIÉ
Novembre 2022 Les conditions de mobilisation des retenues
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Evolutions du climat dans le bassin Loire-Bretagne
Si l?évolution du climat est un phénomène mondial, les déclinaisons locales sont à préciser à
différents pas de temps et échelles spatiales par des études tenant compte de paramètres comme
la latitude, la proximité d?océans, les vents dominants et le relief. Pour la France, le site Drias - les
futurs du climat 153 a pour vocation de mettre à disposition des projections climatiques
régionalisées réalisées dans les laboratoires français de modélisation du climat. Bien entendu, ces
projections restent entachées d?incertitudes d?autant plus grandes que l?horizon vers lequel on se
projette est éloigné. Concernant les débits des cours d?eaux, cette incertitude est particulièrement
importante car aux incertitudes climatiques se rajoutent celles liées à l?écoulement des eaux.
De manière générale, les modèles climatiques montrent que les évolutions en cours sont à peu
près les mêmes jusqu?à l?horizon du milieu de siècle, quels que soient les scénarios du GIEC pris
en compte, les divergences ne se manifestant significativement qu?au-delà de 2050. Aussi, le choix
est fait dans ce rapport de ne pas se projeter au-delà de cet horizon, sachant que l?impact du
changement climatique sera bien plus fort dans la deuxième partie de ce siècle mais dans des
proportions aujourd?hui difficiles à quantifier.154
Le Plan d?adaptation au changement climatique adopté en avril 2018 par le comité de bassin Loire-
Bretagne155 montre que les effets déjà visibles aujourd?hui dans le bassin vont se poursuivre de
manière inéluctable au cours des prochaines décennies.
Évolution des températures
La température est la variable pour laquelle les effets du changement climatique sont les plus
marqués et pour laquelle l?ensemble des simulations climatiques convergent, même si des
différences d?amplitude peuvent être observées entre les différents modèles. Cette augmentation
est déjà en cours et nettement perceptible par tout un chacun notamment du fait des périodes de
canicules à répétition observées ces dernières années en été. Ainsi, à 2,3°C au-dessus des
normales de la période 1991-2020, l?été 2022 s?installe à la deuxième place des étés (juin ? juillet
? août en météorologie) les plus chauds en France métropolitaine depuis le début des mesures en
1900. Il n?est devancé que par l?été 2003 (2,7°C au-dessus des normales). Météo France indique
qu?en moyenne sur le territoire, la hausse des températures, qui s?est accélérée ces dernières
décennies, a atteint 1,7 °C depuis 1900156.
En Centre-Val de Loire, dans le Loiret, sur la période 1959-2009, on observe une augmentation
des températures annuelles de l?ordre de 0,3°C par décennie. A l?échelle saisonnière, c?est l?été
qui se réchauffe le plus avec des hausses de l?ordre de +0,4 °C par décennie, suivi de près par le
printemps. Dans le Loiret, l?augmentation de température moyenne annuelle sur la période allant
de 1959 à 2017 est de +1,63°C pour l?ensemble de la période, cette évolution étant très
153 Voir www.drias-climat.fr Initié en 2009 et inscrit au Plan National d?Adaptation au Changement Climatique,
le projet DRIAS « Donner accès aux scénarios climatiques Régionalisés français pour l'Impact et l'Adaptation de
nos Sociétés et environnement » a bénéficié d'un important soutien du ministère en charge du Développement
durable.
154 Les simulations d?Explore 2 donneront davantage de précisions pour la France à cet horizon
e155 Agence de l?eau Loire-Bretagne, 2018 - Plan d?adaptation au changement climatique, 76 p
156 https://meteofrance.com/actualites-et-dossiers/actualites/meteo-france-eclaire-le-climat-en-france-jusquen-
2100
PUBLIÉ
http://www.drias-climat.fr/
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significative157.
L?augmentation des températures va réduire sensiblement le manteau neigeux des monts
d?Auvergne. Celui-ci constituait jusqu?alors un réservoir d?eau en tête de bassin alimentant les
cours d?eau jusqu?à la période estivale, au fur-et-à-mesure de la fonte des neiges. En conséquence,
la diminution des débits naturels d?étiage déjà constatée va s?accentuer en milieu de siècle. Il
n?existe cependant pas de modèles précisant l?évolution de l?enneigement dans les monts
d?Auvergne comme cela est le cas pour les Alpes et les Pyrénées.
Les cartes ci-après présentent une projection de la température moyenne quotidienne pour tous
les jours de l?année avec le modèle de Météo-France, à moyen terme (2041-2070), pour les trois
scénarios (baisse, stabilisation, non maîtrise des émissions de GES). Le nord-ouest du bassin
serait moins touché par la hausse de la température moyenne de l?air, de même que la pointe sud-
est (sauf dans le scénario le plus pessimiste). Ailleurs, sur le sud des Pays de la Loire, le Poitou-
Charentes, le Centre-Val de Loire, la Bourgogne, il faut s?attendre à des hausses plus importantes
(de l?ordre de 2°C).
157 HERGOTT François, 2022. Diagnostic de vulnérabilité au changement climatique du Val de Sully (Loiret). LIFE
Natur?Adapt ? Conservatoire d?espaces naturels Centre ? Val de Loire - 106 pages.
PUBLIÉ
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Evolution des températures moyennes quotidiennes à l?horizon 2041-2070
Source : portail « Drias ? les futurs du climat »
Concernant les fortes chaleurs (anomalie de +5°C par rapport aux normales journalières), le bassin
Loire-Bretagne n?est pas le plus touché de la métropole française, avec un gradient nord-ouest/sud-
est. Sur la pointe ouest de la Bretagne, on passerait de moins de 20 jours à potentiellement 20 à
60 jours anormalement chauds selon les scenarios. En Auvergne, on passerait de moins de 60
jours à potentiellement 80 à 120 jours anormalement chauds selon les scenarios. Les extrêmes
chauds deviennent de plus en plus fréquents et plus intenses donnant lieu à de nouveaux records.
Dans le référentiel de climat 2000, le record de juillet 2019 (29,7 °C en moyenne journalière France)
a une probabilité d?apparition très faible (de l?ordre de 1,5 %), alors que la probabilité? d?atteindre
ce niveau de température est nettement plus importante à l?horizon 2050 (~20 % avec RCP4.5 et
~25 % avec RCP8.5), celui-ci étant parfois même dépassé à plusieurs reprises dans l?année.
Comme déjà mentionné en partie 1, selon de nouvelles projections climatiques publiées dans la
revue Earth System Dynamics le 4 octobre 2022, le réchauffement pourrait être jusqu?à 50 % plus
intense au cours du siècle que ce que montraient les précédentes estimations (+ 3,8 °C en 2100
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par rapport à 1900 contre +2 °C précédemment dans le scénario d?émissions « intermédiaires »
de GES). Le réchauffement sera, dans tous les cas, plus fort l?été que l?hiver mais nous ne
disposons pas encore des déclinaisons précises pour le bassin Loire-Bretagne de cette nouvelle
approche.
Les études réalisées par l?INRAE158 et reprises dans une plaquette éditée par l?EPL159 montrent
qu?entre 1963 et 2019, la température de l?eau a en moyenne augmenté de + 0,44 °C par décennie
sur l?ensemble du bassin de la Loire, et que cela va se poursuivre (+2 °C vers 2050).
Le constat est que le réchauffement de l?eau est supérieur à celui de l?air sur la majorité des
tronçons des cours d?eau. Il a atteint jusqu?à + 0,8 °C par décennie sur la partie sud du bassin de
la Loire du fait d?une diminution des débits. Par ailleurs, les plans d?eau de faible profondeur
conduisent à un réchauffement de l?ordre de + 2,3 °C en moyenne pour des cours d?eau en aval.
Évolution des précipitations
A l?horizon 2050, selon que les émissions de GES sont plus ou moins maîtrisées, les projections
Drias 2020 aboutissent à une légère augmentation ou une baisse du cumul annuel des
précipitations sur la majeure partie du bassin. Sur la région Centre-Val de Loire, il est probable que
le cumul des précipitations augmente un peu. Sur la Bretagne, en revanche, le cumul annuel des
précipitations baisse pratiquement partout dans tous les scénarios.
Si en première approximation on peut considérer que les précipitations annuelles vont au final peu
évoluer, certains modèles prévoient cependant une augmentation des précipitations hivernales (de
l?ordre de 10 %) et une diminution en été (de l?ordre de 10 à 20 %). Il y a une plus grande incertitude
sur la modélisation des précipitations que pour les températures futures, avec de grandes
disparités entre les modèles dans la répartition géographique des ratios de précipitations. Les
tendances saisonnières des cumuls de précipitations sont donc à considérer avec précaution.
La relative faible évolution des cumuls de précipitations à l?horizon 2050 s?accompagne cependant
de périodes de sécheresses estivales plus marquées du fait de l?augmentation des températures
qui entraîne une plus forte évaporation des plans d?eau et de l?évapotranspiration des plantes.
L?Observatoire Oracle de Poitou-Charentes a déjà relevé une augmentation de 145 à 291 mm de
l?évapotranspiration potentielle annuelle depuis 1960. Celui des Pays de la Loire montre une
augmentation de 77 à 95 mm depuis 1971.
A l?horizon 2050, on observe que la partie centrale du bassin sera moins touchée par la sécheresse
des sols agricoles 160 que la Bretagne, le Limousin ou l?Auvergne en se basant sur l?indice
sécheresse d'humidité des sols SSWI161.
La comparaison faite par Météo France du cycle annuel d'humidité du sol sur l?Auvergne entre la
période de référence climatique 1961-1990 et les horizons temporels proches (2021-2050) ou
lointains (2071-2100) sur le XXIe siècle (selon un scénario SRES A2) montre un assèchement
important en toute saison. En termes d'impact potentiel pour la végétation et les cultures non
irriguées, cette évolution se traduit par un allongement moyen de la période de sol sec (SWI
158 Voir https://thermie-rivieres.inrae.fr, onglet « Bibliographie thermie en rivière ».
159 EPL, 2022 - Livret N°=11- Températures des eaux du bassin de la Loire et ses affluents : état des lieux des
connaissances, 7 pp, https://bibliocom.eptb-loire.fr/
160 Il convient de distinguer entre la sécheresse météorologique (directement liée aux précipitations), la sécheresse
agricole (qui rend compte de l?humidité à un mètre de profondeur dans les sols) et la sécheresse hydrologique (liée
au débit des cours d?eau et niveau des nappes).
161 SSWI : Standardized Soil Wetness Index est l?indice de sécheresse en termes d'humidité du sol ? sécheresse
« agricole » à différencier du Standardized Precipitation Index (SPI) permettant de mesurer la sécheresse
météorologique (qui repose seulement sur les précipitations).
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inférieur à 0,5) de l'ordre de 2 à 4 mois tandis que la période humide (SWI162 supérieur à 0,9) se
réduit dans les mêmes proportions. On note que l?humidité moyenne du sol en fin de siècle pourrait
correspondre aux situations sèches extrêmes d?aujourd?hui.
Figure 49 : Evolution de la teneur en eau des sols à l?horizon 2055
Figure 56 : Cycle annuel d?humidité du sol en Auvergne
Source : Météo France
162 SWI : Soil Wetness Index est un indice d?humidité des sols qui représente, sur une profondeur d?environ deux
mètres, l?état de la réserve en eau du sol par rapport à? la réserve utile (eau disponible pour l?alimentation des
plantes)
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Évolution des débits
Concernant l?hydrologie dont les prévisions sont plus délicates encore que pour les températures
ou les précipitations, les projections dont nous disposons à l?heure actuelle donnent des résultats
assez contradictoires et donc difficilement exploitables pour les besoins d?une analyse quantitative.
En effet, les deux approches relativement concordantes dont on dispose (ICC Hydroqua et Explore
2070) sont fondées sur des travaux de modélisation nécessitant une actualisation car elles
remontent respectivement à 2010 et 2010-2012. Une démarche nationale en ce sens (Explore 2)
est en cours mais n?aboutira qu?en 2023. Par ailleurs, de nombreuses études HMUC locales sont
lancées ou en cours mais les résultats ne seront disponibles que dans les années à venir. Dans ce
contexte la mission n?a pas disposé de projections récentes sur le bassin.
Dans le cadre d?Explore 2, on dispose pour le moment d?indications générales sur l?évolution des
débits annuels pour la France et de projections plus détaillées pour six stations fluviales dont la
Loire à Nantes. Ces projections de débits ne tiennent pas compte des interventions humaines sur
les cours d?eau (barrages, prélèvements pour l?irrigation et autres usages etc.).
Pour l'instant, les projections de débits d'Explore 2 sont bien moins pessimistes que ceux d'Explore
2070 sur la partie Nord de la France, tandis que celles sur la partie Sud sont similaires. La Loire
se situant dans la zone de transition, on peut s?attendre à ce que les résultats soient assez
différents par rapport à ceux d?Explore 2070.
Plus précisément, on constate pour l'ensemble des couples de modèles que l?évolution des débits
moyens annuels est en légère hausse (jusqu'à +20 %) pour les stations de la moitié Nord de la
France et en diminution (jusqu'à -20 %) pour les stations du Sud de la France, une diminution qui
s'accentue avec les horizons et pour le scénario RCP8.5 (jusqu'à -40 voire -60 %).
On remarque que l'évolution des débits est plutôt stable, avec une légère augmentation pour la
plupart des stations, sauf les stations en moyenne montagne qui connaîtront une légère diminution.
Les observations suivantes peuvent être formulées :
La hausse de l?ETP ne se traduira pas par une hausse équivalente de l?évapotranspiration
réelle, voire se traduira par une légère baisse par rapport à la situation actuelle du fait de
la limitation de l?évaporation des plantes en fonction de l?eau réellement disponible dans le
sol. Ce résultat est à mettre en regard de l?augmentation du stress hydrique de la végétation,
particulièrement en été.
Le contenu en eau du sol va globalement diminuer en dehors de l?hiver et se traduire par
une augmentation conséquente du nombre de jours de sol sec au printemps et en été dans
la plupart des régions françaises.
La quasi disparition de l?équivalent en eau du manteau neigeux disponible au printemps
dans les monts d?Auvergne va renforcer le régime purement pluvial du bassin de la Loire.
L'augmentation attendue des précipitations hivernales contribuera à la recharge des
nappes.
Ces effets restent cependant à quantifier dans la mise en oeuvre détaillée d?Explore2 dans les mois
à venir.
Les résultats sur les débits annuels moyens de milieu de siècle des modélisations Explore 2070 et
SIM2-DRIAS2020 peuvent être comparés :
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Tableau 3 : Comparaison des modélisations Explore 2070 et SIM2-DRIAS2020 (Explore 2)
SIM2-DRIAS2020 RCP4.5 Explore70 A1B (équivalent RCP6.0) SIM2-DRIAS2020 RCP 8,5
Il apparaît une divergence d?appréciation de l?évolution envisageable entre Explore 2070 et SIM2-
DRIAS2020. Il conviendra donc d?attendre les résultats définitifs de la démarche Explore2 pour
statuer sur les résultats à prendre en compte dans les études quantitatives des débits et des stocks
des ressources en eau.
Nous disposons également à ce stade des résultats plus détaillés de SIM2-DRIAS2020 pour la
Loire à Nantes. Les débits moyens annuels sont attendus en légère hausse entre +1 % et + 10 %
pour tous les scénarios et horizons temporels, à l?exception du RCP8.5 en fin de siècle (-2 %). Les
incertitudes entre les modèles sont importantes (bien que moindre que pour la Seine à Paris) et
incluent des variations à la baisse souvent entre -1 et -10 % ou à la hausse jusqu?à +15 à +45 %.
Tableau 4 : SIM2-Drias2020 (Explore 2) - Évolution des débits moyens annuels de la Loire à Nantes par
RCP et horizons temporels
Source : portail « Drias ? les futurs du climat »
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Avec un régime hydrologique pluvial, les débits mensuels maximum de la Loire se produisent en
hiver et les débits minimums en été.
Figure 50 : SIM2-DRIAS2020 (Explore 2) - débits mensuels moyens de la Loire à Nantes reconstitués 1975-
2005
Source : portail « Drias ? les futurs du climat »
En climat futur, comme le montrent les figures suivantes, les évolutions attendues sont plutôt à la
hausse pour les débits d?hiver et de printemps et à la baisse en été et en automne. La baisse des
débits naturels en automne atteint -20 % en RCP 4.5 et -40 % en RCP 8,5 à l?horizon milieu de
siècle. Cependant, le modèle SIM2 de Météo France n'arrive pas à bien simuler les périodes
d'étiage de la Loire aval (peut-être en lien avec les apports de nappes qui sont simplifiés dans le
modèle), il faut donc rester prudent avec ces résultats sur l?évolution des débits naturels (hors
prélèvements et hors soutiens d?étiages) qui restent à confirmer.
Figure 51 : SIM2-DRIAS2020 (Explore 2) ? évolution des débits mensuels moyens de la Loire à Nantes
2021-2050 2041-2070
RCP 2.6
RCP 4.5
RCP 8.5
légende
Chaque graphique présente l?écart entre les débits futurs et la médiane des débits actuels
La courbe rouge présente la médiane des simulations représentées par les autres courbes
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Source : portail « Drias ? les futurs du climat »
2019 : une année sèche emblématique qui pourrait ne plus être exceptionnelle
L?année 2019 se caractérise par une situation de sécheresse prolongée affectant une très large
partie du territoire national, y compris des zones traditionnellement moins touchées, comme le
Massif central et le Nord-Est. Elle fait suite à deux années hydrologiquement sèches qui n?ont pas
permis une recharge hivernale des nappes. La pluviométrie déficitaire en 2019 s?est de plus
accompagnée d?épisodes de canicule en juin et juillet dont les effets ont été particulièrement
brutaux et sévères sur les cours d?eau et les milieux naturels, ainsi que sur les cultures agricoles.
Enfin, la sécheresse s?est poursuivie jusqu?à la fin du mois d?octobre affectant particulièrement des
régions comme l?Auvergne qui s?estimaient jusqu?alors relativement épargnées.
Figure 52 : Juillet à septembre 2019 - déficit
d?humidité des sols
Source : Météo France
Figure 53 : Septembre 2019 ? arrêtés sécheresse
Source : ministère de l?écologie
Cette situation qualifiée d?exceptionnelle dans le climat actuel de début de siècle pourrait devenir
une année normale à l?horizon du milieu de siècle. Il est donc intéressant d?en dresser un retour
d?expérience comme cela a été effectué par un rapport conjoint CGAAER-CGEDD sur l'épisode
caniculaire et la sécheresse 2019163. Un autre rapport du CGEDD a porté plus particulièrement sur
le retour d?expérience sur la gestion de la sécheresse 2019 dans le domaine de l'eau164. L?EPL a
aussi fait réaliser une étude sur les impacts socio-économiques du soutien d?étiage de l?Allier et de
la Loire par les barrages de Naussac et de Villerest, en prenant en référence l?année 2019165.
Ce rapport de l?EPL montre que 2019 a été, depuis 1900, un étiage de la Loire très sévère et
remarquable. Il s?agit en effet d?un étiage :
163 CGAAER-CGEDD, rapport 277225, Retour d'expérience sur l'épisode caniculaire et la sécheresse 2019, 137 p.
164 CGEDD, rapport 012985-01, Retour d?expérience sur la gestion de la sécheresse 2019 dans le domaine de
l'eau, 104 p.
165 EPL, Impacts socio-économiques du soutien d?étiage de l?Allier et de la Loire par les barrages de Naussac et de
Villerest, décembre 2020, 107 p.
PUBLIÉ
Novembre 2022 Les conditions de mobilisation des retenues
hydroélectriques pour le soutien d?étiage sur le bassin de
Loire-Bretagne
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précoce (3ème rang après 1976 et 2011) et long (2ème rang derrière 2011) ;
intense, présentant un QMNA le 7ème plus bas depuis 1900 et le plus bas depuis la
création des réservoirs ;
un déficit par rapport au DOE de près de 300 Mm3 avec soutien d?étiage et qui se placerait
sans ce dernier au deuxième rang après 1949.
La sécheresse de 2019 a conduit à la mise en oeuvre de nombreuses mesures exceptionnelles de
limitation ou de suspension des usages de l?eau.
Peu d?incidents sur la stabilité du réseau de distribution de l?eau (potable et usée) ont été constatés
mais on peut signaler des difficultés d?approvisionnement dans le bassin de la Loire. 84
départements ont connu des arrêtés préfectoraux limitant certains usages (agriculture, industrie,
particuliers).
Quant aux milieux aquatiques, ils ont été perturbés par la sécheresse tout comme les milieux
forestiers qui ont aussi subi les effets des feux de forêts (les surfaces brûlées atteignant une
superficie multipliée par trois depuis 1995). Concernant les milieux aquatiques, la situation 2019 a
été la plus défavorable jamais observée en août depuis la mise en place du réseau Onde (huit
années) qui mesure les assecs dans les cours d?eau.
Concernant l?agriculture, la canicule de 2019 a entraîné une baisse de rendement de 9 % sur le
maïs et d'environ 10 % en blé par rapport à la moyenne quinquennale française. Les canicules
réduisent également la production des vaches laitières et donc l'offre de lait. Le ressenti a été
particulièrement fort dans la profession agricole en Auvergne qui a pris conscience en cette année
particulière que ce territoire n?était pas épargné par le changement climatique.
Le rapport de l?EPL cité plus haut tend à démontrer que le soutien d?étiage assuré par les retenues
de Naussac et de Villerest a permis cependant de limiter les impacts de la sécheresse de 2019.
Grâce à l?eau stockée, ces barrages permettent d?atténuer les conséquences de l?étiage sur les
milieux aquatiques et les activités humaines en fournissant une alimentation continue en eau.
Les deux retenues de Naussac et Villerest ont fourni un soutien d?étiage à hauteur de 209 Mm3 sur
l?ensemble de la période avec un contraste entre les deux ouvrages :
Le soutien par Naussac (94 Mm3 au total) a commencé fin juin pour durer jusqu?à la
seconde quinzaine d?octobre. Le débit a été maintenu quasiment constant entre 10 et 12
m3/s tout au long de l?étiage. Malgré ce soutien, le volume de la retenue est resté bien au-
dessus des volumes de vigilance et plancher.
Le soutien par Villerest (115 Mm3 au total) a commencé fin juin pour durer jusqu?à la
seconde quinzaine d?octobre. Les débits compris au début entre 20 et 30 m3/s ont été
portés de la 3ème semaine d?août jusqu?à la 3ème de septembre entre 35 et 40 m3/s. Grâce
à des entrée importantes d?eau début août les volumes stockés dans la réserve sont restés
assez élevés. Ils ne sont jamais descendus en dessous d?une marge de 30 Mm3 au-dessus
du volume plancher.
Soulignons enfin que les prévisions climatiques sur le bassin Loire Bretagne resteront toujours
entachées de fortes incertitudes, notamment sur les pluies qui résultent d?une confrontation entre
des masses d?air océaniques, méditerranéennes et continentales.
En résumé sur le climat
A grands traits, l?évolution climatique attendue peut se résumer ainsi :
La température de l?air (et plus encore celle des eaux superficielles) est déjà en forte
augmentation. En Centre-Val de Loire, l?augmentation de température moyenne annuelle
sur la période allant de 1959 à 2017 est de +1,63°C, cette évolution étant très
PUBLIÉ
Novembre 2022 Les conditions de mobilisation des retenues
hydroélectriques pour le soutien d?étiage sur le bassin de
Loire-Bretagne
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significative166. Selon de nouvelles projections climatiques publiées dans la revue Earth
System Dynamics le 4 octobre 2022, le réchauffement pourrait être jusqu?à 50 % plus
intense au cours du siècle que ce que montraient les précédentes estimations (+ 3,8 °C en
2100 par rapport à 1900 contre +2 °C précédemment dans le scénario d?émissions
« intermédiaires » de GES). Le réchauffement sera, dans tous les cas, plus fort l?été que
l?hiver ;
L?évolution annuelle des précipitations pourrait rester assez inchangée sauf en Bretagne
où une diminution est à attendre. La répartition annuelle des précipitations devrait continuer
à évoluer avec davantage de sécheresses estivales et un renforcement des pluies en hiver ;
Les projections de débits moyens annuels restent encore à affiner avec Explore 2,
cependant les prévisions vont dans le sens d?une relative stabilité, voire une légère
augmentation sur le bassin Loire-Bretagne y compris à l?estuaire de la Loire ;
La répartition de ces débits durant l?année devrait évoluer : tous les modèles prédisent une
baisse des débits d?étiage (en particulier sous l?influence de l?évapotranspiration qui va
augmenter avec la température) et leur extension à l?automne, les débits hivernaux
pourraient à l?inverse être plus importants.
166 HERGOTT François, 2022. Diagnostic de vulnérabilité au changement climatique du Val de Sully (Loiret). LIFE
Natur?Adapt ? Conservatoire d?espaces naturels Centre-Val de Loire - 106 pages.
PUBLIÉ
Novembre 2022 Les conditions de mobilisation des retenues
hydroélectriques pour le soutien d?étiage sur le bassin de
Loire-Bretagne
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Annexe 7 Les conditions de mobilisation des
retenues hydroélectriques
Le parc hydroélectrique du bassin Loire-Bretagne (hors le cas particulier de l?usine marémotrice
de La Rance qui n?entre pas dans le périmètre de ce rapport) produit en moyenne 1,5 TWh et est
capable de mobiliser quasi instantanément une puissance électrique de 660 MW. Cette puissance
est, de plus, mobilisable à n?importe quel moment en hiver par jour de grand froid, tant qu?il subsiste
de l?eau dans les barrages. Les difficultés observées sur le parc nucléaire en 2022 et sur
l?approvisionnement en gaz (qui permet de faire tourner les centrales à gaz productrices
d?électricité) montrent combien cette ressource peut être précieuse. Elle le sera d?autant plus dans
le futur dans un parc de production d?électricité avec de plus en plus d?énergies renouvelables qui,
dépendant du temps, ne sont que partiellement mobilisables au moment de la pointe. Cette
richesse doit ainsi être préservée.
Depuis des décennies, les retenues hydroélectriques ont, outre la production d?électricité, de
multiples fonctions secondaires : l?alimentation en eau potable, l?irrigation, la protection contre les
crues, l?aménagement touristique, le soutien d?étiage, et bien sûr la préservation des milieux
naturels, préoccupation renforcée par la DCE et la LEMA. Elles conduisent à un partage de l?eau
variable selon les ouvrages, leur localisation et leur histoire. Ce partage de l?eau est remis en
question par l?évolution importante du changement climatique, avec eux tendances principales :
un débit moyen annuel à l?estuaire de la Loire qui pourrait, à 2070, être voisin de celui
d?aujourd?hui ;
un débit naturel en période estivale plus faible de 20 à 40 %.
Le potentiel résiduel disponible sur le bassin Loire-Bretagne
La présentation des dispositifs de soutien d?étiage effectuée en première partie montre que les
retenues hydroélectriques présentes sur le bassin Loire-Bretagne sont déjà très fortement
mobilisées pour le soutien d?étiage. C?est le cas des 7 concessions de la Vienne et de ses affluents
(Mauldre et Taurion), du complexe de Montpezat, de la concession de Teillet-Argenty sur le Cher,
et de celles de Guerlédan et de Saint-Michel ? Saint-Herbot en Bretagne.
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Les seules retenues, ayant un volume utile
significatif, non encore engagées dans le
soutien d?étiage, sont :
Le complexe de Lavalette ? La
Chapelette, propriété de la métropole
de Saint-Etienne, situé sur le Lignon du
Velay dont les chutes d?eau sont
concédées à EDF ;
Le barrage de Grangent, concédé à
EDF, situé en amont de Villerest sur la
Loire167.
Enfin deux retenues ne sont encore que très
partiellement engagées dans le soutien
d?étiage. Il s?agit :
du complexe Les Fades ? Queuille sur
la Sioule ;
et des trois retenues situées sur la
Creuse dans le département de l?Indre :
Eguzon, Roche-au-Moine et Roche-
bat-l?Aigle.
La question d?une plus forte implication des
retenues hydroélectriques dans le soutien
d?étiage se pose différemment pour ces trois
catégories de retenues.
Principaux réservoirs et retenues sur l?Allier et la
Loire amont
Elle ne peut être étudiée qu?en tenant compte de trois paramètres importants :
2) la durée pendant laquelle la retenue est susceptible d?être engagée dans le soutien
d?étiage ;
3) la part du volume utile de la retenue qui est consacrée au soutien d?étiage pendant la
période où elle y est engagée ;
4) les autres engagements, hors la production d?électricité, qui peuvent contraindre sa
capacité à assurer le soutien d?étiage.
a) Les durées d?engagement dans le soutien d?étiage
Dans ce domaine on observe des situations très différentes :
La convention de soutien d?étiage de la Vienne engage EDF à fournir le soutien d?étiage
nécessaire à tout moment dans l?année ;
De même, les retenues du complexe de Montpezat sont tenues de faire bénéficier la Loire
d?un régime garanti toute l?année.
D?autres dispositifs ne couvrent qu?une partie de l?année : le graphique ci-après présente les durées
pendant lesquelles certaines retenues hydroélectriques sont engagées dans le soutien d?étiage.
167 Une partie du volume utile de Grangent est toutefois réservé en été au bénéfice du canal du Forez au cas où la
part du débit réservé qui lui revient serait insuffisante.
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Figure 54 : Retenues EDF ? plages de soutien d?étiage
Source : données EDF
b) La part du volume utile engagé
Assez souvent, une partie seulement du volume utile de la retenue est explicitement engagée dans
le soutien d?étiage. Cette part est très variable sur le bassin :
Figure 55 : Retenues EDF ? part du volume utile engagée dans le soutien d'étiage
Source : données EDF
Dans d?autres cas, l?engagement ne s?appuie pas sur un volume explicite.
La convention de soutien d?étiage de la Vienne liste l?ensemble des retenues et de leur volume
utile qui peuvent être engagés (moyennant la contrainte de cote estivale du lac de Vassivière) dans
le dispositif.
c) Les cotes touristiques
D?autres contraintes pesant sur des retenues peuvent limiter, temporairement, le soutien d?étiage
auquel elles sont engagées ou celui qu?elles pourraient éventuellement délivrer. C?est notamment
le cas des cotes touristiques qui vont fortement limiter le soutien d?étiage pendant toute la saison
estivale. Ces dernières pèsent d?autant plus sur la gestion de la retenue qu?elles durent longtemps.
4/2
6/3
5/4
5/5
4/6
4/7
3/8
2/9
2/10
1/11
1/12
31/12
Rochebut Saint-Michel -
Saint-Herbot
Les Fades
convention CA03
Montpezat
Ardèche
ca
le
n
d
ri
er
barrages
0%
10%
20%
30%
40%
50%
60%
70%
80%
90%
100%
Rochebut Saint-Michel - Saint-
Herbot
Montpezat Grangent canal du
Forez
Les Fades
convention CA03
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Sur cet aspect, la situation est aussi assez variée :
Figure 56 : Retenues EDF ? périodes de cotes touristiques
Source : données EDF
Pendant qu?une retenue respecte une cote touristique, elle ne peut assurer un soutien d?étiage que
dans la limite du marnage admissible au regard de la cote à respecter. Deux exemples illustrent ce
point :
Le lac de Vassivière voit son volume utilisable pour le soutien d?étiage de la Vienne se
réduire de 96,34 Mm3 à 27,57 Mm3, entre le 1er avril et le 1er septembre, ce dernier chiffre
correspondant au volume situé entre la cote touristique (649,8 m NGF) et celle résultant
d?un marnage de 2,8 m ;
La retenue de Grangent réserve ainsi 3,5 Mm3 au bénéfice du canal du Forez, volume
correspondant au marnage d?1 m associé à la cote touristique.
La capacité d?une retenue hydroélectrique engagée dans le respect d?une cote touristique à délivrer
un soutien d?étiage durant cette période est d?autant plus important que le marnage admissible est
plus élevé.
Le cadre juridique
a) Au regard du droit des concessions
L?adoption en février 2014 par l?Union européenne d?une directive spécifique consacrée aux
concessions168 et sa transposition dans le droit français ont fortement contraint les possibilités de
modification des contrats de concession hydroélectrique existante. Dans le droit français, les
concessions hydroélectriques relèvent désormais de la troisième partie du code de la commande
publique (Article. L.3000-1 et suivants) qui codifie la transposition 169 de la directive sur les
concessions170 et du code de l?énergie dont le titre II du livre V prévoit des dispositions spécifiques
aux concessions hydroélectriques.
168 Directive 2014/23/UE du Parlement européen et du Conseil du 26 février 2014 sur l?attribution de contrats de
concession, https://eur-lex.europa.eu/legalcontent/FR/TXT/PDF/?uri=CELEX:32014L0023&from=FR
169 Ordonnance n° 2016-65 du 29 janvier 2016 relative aux contrats de concession
https://www.legifrance.gouv.fr/loda/id/JORFTEXT000031939947/
170 Directive 2014/23/UE du Parlement européen et du Conseil du 26 février 2014 sur l?attribution de contrats de
concession, https://www.legifrance.gouv.fr/jorf/id/JORFTEXT000030590222
15/3
30/4
15/6
31/7
15/9
31/10
Vassivière Issarlès Eguzon Grangent Guerlédan
ca
le
n
d
ri
er
barrages
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https://eur-lex.europa.eu/legalcontent/FR/TXT/PDF/?uri=CELEX:32014L0023&from=FR
https://www.legifrance.gouv.fr/loda/id/JORFTEXT000031939947/
https://www.legifrance.gouv.fr/jorf/id/JORFTEXT000030590222
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Loire-Bretagne
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Dans le cas le plus simple, un soutien d?étiage, sous forme d?obligation de débit à respecter à l?aval
de l?ouvrage et éventuellement associé à un volume d?eau, a été prévu par le cahier des charges
de la concession. La délivrance de ce débit garanti à l?aval de l?ouvrage (alors que le débit réservé
est réglementairement limité au débit entrant) ne donne lieu à aucune indemnisation du
concessionnaire ni aucune convention. C?est le cas, par exemple, de la concession de Teillet-
Argenty sur le Cher qui impose au concessionnaire de délivrer un débit garanti appuyé sur un
volume minimum lui-même garanti. Une telle approche simple, mais rigide, peut être mise en défaut
par le changement climatique, lorsque le calcul ayant servi à établir le montant du débit garanti
escompte des volumes entrant dans la retenue à des niveaux qui ne peuvent plus être atteints en
année sèche.
Sans débit garanti imposé par la concession, voire même avec un tel débit (cas du complexe Les
Fades ? Queuille sur la Sioule), le débit à l?aval de l?ouvrage peut ne pas être suffisant pour
satisfaire l?ensemble des usages de l?eau, notamment durant les périodes sèches, que ce soient
le tourisme, l?agriculture, l?alimentation en eau potable, les sports d?eau vive, ou encore les lâchers
d?eau ponctuels pour motifs environnementaux, ce qui conduit à des demandes (supplémentaires)
de soutien d?étiage.
Si, au-delà du débit réservé ou du débit garanti, la possibilité d?un soutien d?étiage (supplémentaire)
a été explicitement prévue par le cahier des charges de la concession, il est possible de rédiger
une convention de soutien d?étiage171 précisant les conditions de mobilisation effective ainsi que
les conditions d?indemnisation du concessionnaire, dans le respect des dispositions contenues
dans le contrat de concession.
Si le soutien d?étiage n?a pas été prévu à l?origine et n?est pas inscrit dans le cahier des charges de
la concession, il est malgré tout possible de le mettre en oeuvre avec des conventions conclues
avec le concessionnaire, qui vont donc au-delà des prescriptions du cahier des charges. Ceci
suppose une négociation avec le concessionnaire pour définir ses conditions d?indemnisation.
Dans ce cas, la mise en place du soutien d?étiage ne doit pas entrer en contradiction avec le cahier
des charges. S?il y a contradiction avec le cahier des charges, une modification de ce dernier
pourrait être nécessaire. Or, le code de la commande publique encadre désormais très strictement
les modifications des concessions. Une idée principale ressort de l?analyse très précise menée par
la DGEC172 sur ce point : une modification du contrat de concession entraîne une résiliation du
contrat actuel puis une réattribution de la concession à l?issue d?une procédure de mise en
concurrence, sauf si cette modification correspond à une liste extrêmement restreinte de
dérogations prévues exhaustivement par l?article 36 du décret relatif aux contrats de
concessions173 (codifié dans les articles R. 3135-1 à R.3135-9 du code de la commande publique)
et qu?il semble difficile d?utiliser pour justifier de la mise en oeuvre d?un plus grand soutien de débit
d?étiage. Des ajustements limités174 sont néanmoins possibles dans le cadre de discussions avec
le concessionnaire actuel et dans le respect naturellement du droit européen et français des
concessions, si la modification du contrat de concession n?est pas substantielle (art. R. 3135-7 du
code de la commande publique) ou si elle est de faible montant (R. 3135-8 du code de la
commande publique).Toutefois, la possibilité d?apporter des modifications à des concessions déjà
échues apparaît très fragile car ces concessions sont prorogées aux conditions antérieures de leur
cahier des charges. Par ailleurs, l'opportunité de telles modifications est réduite par le fait qu?un
171 Une convention de soutien d?étiage est un engagement contractuel passé entre le concessionnaire, les
représentants ou établissements publics locaux de l?État (Préfets - DREAL, Agences de l?Eau, etc.), les collectivités
(EPTB, etc.) et les bénéficiaires du soutien d?étiage qui définissent les conditions de mobilisation de volumes en
complément de ceux mobilisés dans le cadre des obligations réglementaires. Ces conditions comprennent la
période concernée par le soutien d?étiage, les volumes et débits minimaux/moyens/maximaux mobilisables et les
modalités opérationnelles d?interaction entre les acteurs concernés.
172 Note relative aux modifications des contrats de concession d?énergie hydraulique, DGEC.
173 https://www.legifrance.gouv.fr/loda/article_lc/LEGIARTI000031965249/2022-09-26
174 Conformément à l?article R3135-8 du code de la commande publique relatif aux modifications de faible montant.
PUBLIÉ
https://www.legifrance.gouv.fr/loda/article_lc/LEGIARTI000031965249/2022-09-26
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nouveau contrat devrait, en théorie, être conclu à brève échéance.
Dans tous les cas, il n?est pas possible de modifier la nature globale du contrat sans remettre ce
dernier en concurrence (art. L.3135-1 de la commande publique). La très grande majorité des
objets principaux des contrats de concessions hydrauliques sont la production d?électricité.
L?affectation au soutien d?étiage par convention au-delà de ce que prévoit le cahier des charges
d?une ressource représentant plus de 20 % du volume utilisable d?une concession hydroélectrique
est souvent citée comme susceptible de remettre en cause l?objet principal des ouvrages
concernés et nécessite un examen approfondi de l?impact sur le système électrique. Même s?il
donne un premier ordre de grandeur, ce chiffre de de 20 % n?a qu?une valeur indicative. La
détermination du pourcentage acceptable (voire de la durée pendant laquelle il est engagé) pour
un objet second comme le soutien d?étiage, doit s?appuyer sur une étude approfondie, au cas par
cas, pour chaque concession.
L?article L. 214-9 du code de l?environnement permet également par déclaration d'utilité publique,
après enquête publique, de mobiliser l?eau d?une retenue concédée ou autorisée par la loi du 16
octobre 1919 pour du soutien d?étiage. Cette mobilisation est possible à condition que l'affectation
de tout ou partie du débit artificiel soit compatible avec la destination de l'aménagement, avec le
maintien d'un approvisionnement assurant la sécurité du système électrique et avec l'équilibre
financier du contrat de concession. Le concessionnaire doit de plus être indemnisé.
b) Au regard du code de l?environnement
Pour qu?une retenue hydroélectrique soit mobilisée pour un soutien d?étiage, il faut que le
concessionnaire soit sollicité par un acteur souhaitant en bénéficier.
Sur le bassin quatre situations ont pu être relevées :
un soutien d?étiage inscrit comme obligation de la concession par l?Etat, autorité
concédante (cas le plus fréquent) ;
un soutien d?étiage qui bénéficie au concessionnaire lui-même pour une autre de ses
activités (cas de la Vienne) ;
un soutien au bénéfice de la profession agricole dans le cadre d?une convention passée
avec le concessionnaire (cas de la Sioule et de la Creuse) ;
un soutien délivré au bénéfice d?un établissement public territorial de bassin (EPTB) auquel
ses collectivités membres ont confié cette compétence (cas de l?Aulne).
La direction de l?eau et de la biodiversité considère que le soutien d?étiage constitue une dimension
de la gestion des milieux aquatiques et la prévention des inondations (GEMAPI) définie à l?article
211-7 du code de l?environnement, même si celui-ci ne la cite pas expressément. Il s?agit donc
d?une compétence des intercommunalités qui peuvent la déléguer à un EPTB.
Le soutien d?étiage opéré sur le bassin de l?Aulne applique tous les principes énumérés ci-dessus :
Le bénéficiaire est un EPTB ;
La prestation, prévue au cahier des charges de la concession, est définie dans le cadre
d?une convention passée entre le bénéficiaire et le concessionnaire ;
Cette prestation est rémunérée par le bénéficiaire.
L?inscription du soutien d?étiage dans le cahier des charges des futures
concessions
Si, pour le moment, en France, une quarantaine de concessions hydroélectriques sont arrivées à
PUBLIÉ
Novembre 2022 Les conditions de mobilisation des retenues
hydroélectriques pour le soutien d?étiage sur le bassin de
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échéance et sont désormais exploitées dans le cadre du régime dit des « délais glissants »175, qui
permet de les proroger aux conditions antérieures, une seule concession176 se trouve dans ce cas
dans le bassin Loire Bretagne. Par contre, plusieurs concessions arrivent à échéance dans les
prochaines années sur ce bassin : citons notamment celles de Peyrat le Château ? Faux la
Montagne (décembre 2026), de Versilhac ? Vendets (barrage de la Valette) (décembre 2027), de
Monpezat (décembre 2028), de Grangent (décembre 2032), d?Eguzon et de la Roche-au-Moine
(décembre 2032), de Montlarron (décembre 2033) ?
Les textes actuels, modifiés par la loi sur la transition énergétique pour la croissance verte de 2015,
prévoient que l?attribution d'une concession d'énergie hydraulique est désormais effectuée dans le
cadre d?une procédure d?appel d?offres177. La démarche d?écoute GEDRE (Gestion équilibrée et
durable de la ressource en eau), qui peut être organisée par l?Etat préalablement à l?avis de
concession en application de l?article R.521-4 du code de l?énergie, permet de définir les attentes
des parties prenantes concernant la ressource en eau, parmi lesquelles le soutien d?étiage. Les
différents enjeux soulevés lors de cette démarche pourront alors être traduits lors du
renouvellement par des dispositions spécifiques dans le cahier des charges de la future concession.
L?article 43 du modèle actuel de cahier des charges (approuvé par le décret d?avril 2016) prévoit
ainsi la conclusion de conventions liées au soutien d?étiage : « le concessionnaire conclut avec
l?Etat, l?agence de l?eau et l?organisme chargé du soutien d?étiage une convention précisant les
modalités techniques, et, le cas échéant, financières de ce soutien » (art.43).
Aucun avis d?appel public à la concurrence pour le renouvellement des concessions
hydroélectriques n?a cependant été lancé depuis l?ouverture en octobre 2015 d?un précontentieux
par la Commission européenne portant sur la position dominante d?EDF, sur le fondement des
articles 102 et 106 du Traité sur le fonctionnement de l'Union européenne dit TFUE. Compte tenu
de ce précontentieux, le lancement des procédures de renouvellement est suspendu à un accord
entre la Commission et les autorités françaises 178 : les procédures de renouvellement des
concessions pourraient être modifiées en conséquence, si nécessaire. Une fois engagée, la
procédure actuelle dure au minimum quatre ou cinq ans.
La conciliation du soutien d?étiage avec la priorité à accorder à la production
électrique
Indépendamment du cahier des charges de la concession, l?augmentation du soutien d?étiage doit
s?intégrer dans la gestion des retenues hydroélectriques dont la production d?électricité reste la
priorité. La compatibilité de ces deux objectifs pose des difficultés et conduit à un certain nombre
de considérants importants :
175 L?article L. 521-16 du code de l'énergie prévoit en effet que : « La procédure de renouvellement des concessions
est fixée par un décret en Conseil d'Etat. Au plus tard trois ans avant l'expiration de la concession, l'autorité
administrative prend la décision soit de mettre définitivement fin à la concession à la date normale de son expiration,
soit d'instituer une concession nouvelle à compter de l'expiration .La nouvelle concession doit être instituée au plus
tard le jour de l'expiration du titre en cours, c'est-à-dire soit à la date normale d'expiration, soit si le dernier alinéa
est mis en oeuvre à la nouvelle date déterminée selon les dispositions de cet alinéa. A défaut, pour assurer la
continuité de l'exploitation, ce titre est prorogé aux conditions antérieures jusqu'au moment où est délivrée la
nouvelle concession. »
176 il s?agit de la concession de Chatain et Monteillard, correspondant au barrage de Lavaud Gelade sur le Taurion.
Déficitaire par essence, puisque le barrage ne comprend pas d?usine hydroélectrique (et donc de recettes), elle se
poursuit dans le cadre du régime dit des « délais glissants ».
177 Voir notamment les articles R.521-1 et suivants du code de l?énergie ainsi que la troisième partie du code de la
commande publique : l'octroi d'une concession d'énergie hydraulique est en effet précédé d'une publicité et d'une
mise en concurrence selon les modalités prévues par la troisième partie du code de la commande publique, sous
réserve des dispositions prévues par les articles du code de l?énergie.
178 Voir notamment Compte de commerce 914 « Renouvellement des concessions hydroélectriques » Note
d?analyse de l?exécution budgétaire 2020, Cour des Comptes https://www.ccomptes.fr/sites/default/files/2021-
04/NEB-2020-Renouvellement-concessions-hydroelectriques.pdf
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https://www.ccomptes.fr/sites/default/files/2021-04/NEB-2020-Renouvellement-concessions-hydroelectriques.pdf
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hydroélectriques pour le soutien d?étiage sur le bassin de
Loire-Bretagne
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Le soutien d?étiage et le système énergétique ont des besoins différents (volume, débit,
calendrier) : les règles de déstockage pour le soutien d?étiage n?ont aucune raison d?être
synchrones avec les besoins du système électrique : pour répondre aux besoins du réseau
électrique (désormais européen), les ouvrages vont devoir relâcher de l?eau principalement
en hiver, mais aussi lors des périodes de tension du réseau, tandis que le soutien d?étiage
intervient principalement de juin à octobre. Dans certains cas, le soutien ne peut être
turbiné (débit trop faible?). En règle générale, les volumes affectés au soutien d?étiage
pénalisent donc l?atteinte de l?optimum énergétique des aménagements concernés ;
Dans l?idéal, une retenue hydroélectrique engagée dans un soutien d?étiage devrait être
pleine au début de la campagne, qui se situe en général début juin (voir les exemples ci-
avant). Le réseau électrique peut néanmoins faire fortement appel en février aux retenues
hydroélectriques pour répondre à la demande électrique et éviter des délestages. Le record
d?appel de puissance sur le réseau électrique en France, avec 102 GW, est intervenu le 8
février 2012 à 19h dans le cadre d?une vague de froid d?une ampleur exceptionnelle qui a
sollicité fortement toutes les énergies (électricité, gaz). Dans la pratique, l?augmentation du
remplissage des retenues hydroélectriques pour le soutien d?étiage pourra ainsi
commencer à partir du mois de mars, voire en avril certaines années179, ce qui ne permettra
pas forcément de garantir un plein remplissage en juin. L?année 2022 a ainsi montré, certes
sur un autre bassin, qu?il était malheureusement illusoire d?espérer atteindre tous les ans
la côte nécessaire pour le tourisme et l?économie locale sur le barrage de Serre-Ponçon
malgré la mise en place d?une gestion exceptionnelle dès la fin février ! Cette difficulté à
atteindre la cote touristique risque malheureusement de se renouveler compte tenu de
l?évolution du climat et des moindres débits printaniers.
Le volume d?eau à provisionner pour le soutien d?étiage doit être dimensionné au plus juste
et ne doit pas être surestimé, sous peine de pénaliser la production électrique. Le volume
délivré pour le soutien d?étiage bénéficie des éventuelles pluies estivales. Il est donc distinct
du volume provisionné chaque année dans ce but. Cela étant, le poids exercé sur l?activité
hydroélectrique est d?autant plus important que le stock constitué est conséquent. Dès lors
que l?aménagement suit une courbe de stockage, sa flexibilité et sa disponibilité pour la
production hydroélectrique sont obérées (avec des risques de déversés au printemps en
cas d?apports subits et importants si l?aménagement est sur une courbe haute de remontée),
que le stock constitué serve ou non au soutien d?étiage.
L?augmentation de la part dédiée au soutien d?étiage dans un réservoir a un impact négatif
double sur la production d?électricité :
? lié, d?une part, aux volumes directement lâchés dans le cadre du soutien du débit
d?étiage ;
? lié, d?autre part, à la constitution et à la garantie du stock qui peut devenir
structurante (perte de flexibilité en amont de la campagne de soutien d?étiage et
limitation prématurée des turbinés énergétiques au printemps). Cette «
désoptimisation » énergétique n?est pas évaluée dans le cadre du présent rapport
et nécessite des calculs utilisant les modèles de gestion de réservoirs.
Dans la doctrine de la DGEC, ce coût économique ne doit pas être supporté par l?exploitant
hydroélectrique - ce qui pourrait remettre en cause l?équilibre économique du contrat de
concession ? mais par le bénéficiaire du service rendu. Il peut reposer principalement sur
deux modalités de calcul : le préjudice énergétique (manque à gagner lié à la contrainte de
gestion sur la valorisation énergétique de l?ouvrage) ou le partage des charges (répartition
des charges d?exploitation communes de fonctionnement de l?ouvrage au prorata des
volumes affectés aux différents usages). La deuxième méthode est plus couramment
appliquée aujourd?hui. Elle ne peut pas être utilisée pour indemniser la perte résultant de
179 Voir en particulier le rapport de la CRE de juin 2022 relative à la vague de froid de début avril 2022 : Analyse et
enseignements sur le pic de prix sur l?enchère journalière pour le 4 avril 2022
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la mise en place d?une réserve d?eau et de la réduction de flexibilité de l?utilisation de
l?ouvrage qui en résulte lorsque la réserve n?est pas mobilisée, cas correspondant aux
propositions de ce rapport.
Les situations observées sur le bassin Loire-Bretagne résultent des discussions intervenues par le
passé sur chaque ouvrage. Elles recouvrent une grande variété de situations : gratuité du service
rendu (lorsqu?il a été intégré sans contrepartie dans le contrat de concession ou avec des
contreparties versées au moment de la construction de l?ouvrage (cas de la Fontaulière sur
l?Ardèche)), avec une rémunération mixte (parts fixe et variable) ou avec une rémunération
uniquement variable.
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Annexe 8 Liste des transferts d?eau entre sous-bassins
La mission n?a pas pu obtenir auprès des administrations de bassin une liste complète des
transferts d?eau entre sous-bassins au sein du bassin Loire-Bretagne. Elle a relevé les transferts
suivants concernant le bassin de la Loire :
Du bassin de la Loire vers le bassin du Rhône : 220 Mm3/an180
Par le complexe de Montpezat, alimenté par des eaux provenant du Lac d?Issarlès, du barrage de
La Palisse situé sur la Loire, et des barrages du Gage et de la Veyradère situés sur les affluents
de la Loire dont ils portent le nom, qui rejette l?eau turbinée dans la Fontaulière, affluent du Rhône
via l?Ardèche.
Durant la période de basses eaux, le soutien d?étiage en faveur de l?Ardèche s?élève, en moyenne,
à 8,8 Mm3.
Du bassin du Rhône vers le bassin de la Loire :
Par le système d?alimentation en eau potable du syndicat mixte des eaux des Monts du Lyonnais
et de la basse vallée du Gier, qui dessert 75 communes situées pour partie dans le bassin de la
Loire, alimenté à hauteur de près de 6 Mm3/an181 à partir des captages de l?Île du Grand Gravier
dans la nappe d?accompagnement du Rhône situés sur la commune de Grigny. La part de l?eau
distribuée vers le bassin de la Loire n?est pas précisée dans les documents dont la mission a pu
prendre connaissance.
Du sous-bassin de la Loire vers celui de l?Allier : 4 Mm3/an182
Par le barrage des Pradeaux, alimenté par des eaux provenant du ruisseau de l?Enfer, affluent de
la Loire via l?Ance-du-Nord, qui rejette l?eau turbinée dans le Gandrif, affluent de l?Allier via la Dore.
Du sous-bassin de la Loire vers celui du Cher : 4,4 Mm3/an183
Par deux systèmes d?alimentation en eau potable :
Celui de la communauté d?agglomération Bourges Plus, alimenté en partie par des
captages dans la nappe d?accompagnement de la Loire situés sur l?Île du Lac dans la
commune d?Herry, qui rejette ses eaux dans l?Yèvre, affluent du Cher ;
Celui du Syndicat mixte des eaux des régions Sud et Est de Bourges (SMERSE), alimenté
en partie par des captages dans la nappe d?accompagnement de la Loire situés sur l?Île
Boyard, dans la commune de Ménétréol-sous-Sancerre, qui rejette ses eaux dans le bassin
du Cher.
180 Haute-Loire, le Département, « Schéma d?aménagement et de gestion des eaux du bassin Loire amont, PAGD
synthèse de l?état des lieux », validée par la CLE le 8 juillet 2015
181 Syndicat mixte des eaux des Monts du Lyonnais et de la basse vallée du Gier (SIEMLY), « Rapport annuel sur
le prix et la qualité du service public d?eau potable », 2019
182 Haute-Loire, le Département, « Schéma d?aménagement et de gestion des eaux du bassin Loire amont, PAGD
synthèse de l?état des lieux », validée par la CLE le 8 juillet 2015
183 Communauté d?agglomération Bourges Plus, « Rapport sur le prix et la qualité du service ? Service de l?eau
2021 »
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Du sous-bassin de l?Allier vers celui du Cher :
Par le système d?alimentation en eau potable du SAEP de la vallée de Germigny, alimenté en
partie par des captages dans le nappe d?accompagnement de l?Allier à hauteur de 0,8 Mm3/an,
dont une partie des rejets s?effectue vers l?Auron, affluent du Cher via l?Yèvre.
Par l?interconnexion des réseaux d?alimentation en eau potable du département de l?Allier assurée
par le Syndicat mixte des eaux de l?Allier184 ou par des interconnexions directes entre syndicats.
Celles-ci permettent notamment au SIVOM de la Région minière185 d?importer entre 565 000 et
585 000 m3/an186 de syndicats d?eau situés dans le sous-bassin de l?Allier (SIVOM Rive gauche de
l?Allier, SIVOM Sioule et Bouble, SIVOM Sioule et Morge).
Du sous-bassin de la Creuse vers celui du Cher : 1 à 1,5 Mm3/an187
Par le système d?alimentation en eau potable géré par le syndicat intercommunal d?alimentation en
eau potable de la Rozeille188, qui dessert 50 communes du département pour partie situées dans
le sous-bassin du Cher, alimenté principalement par la retenue de Beissat, située sur la Rozeille,
affluent de la Creuse.
Du sous-bassin de la Creuse vers celui de la Vienne : 9,7 Mm3/an189
Par le système d?alimentation en eau potable de Limoges Métropole, alimenté principalement par :
le barrage du Mazeaud situé sur la Couze, affluent de la Creuse via la Gartempe,
l?étang de Gouillet situé sur le Ritord, principal affluent de la Couze,
et l?étang de la Couzille, situé sur le Vincou, affluent de la Creuse via la Gartempe,
qui rejette ses eaux dans la Vienne.
184 https://www.smea.fr/
185 http://sivom-regionminiere.fr/index.html
186 SIVOM Région Minière, « Rapport annuel sur le prix et la qualité du service public d?eau potable ? exercice
2021 »
187 EPTB Vienne, « Etat initial du schéma d?aménagement et de gestion des eaux du bassin de la Creuse », validé
le 9 février 2021 par la Commission Locale de l?Eau
188 https://siaeprozeille.fr/fr/
189 Limoges Métropole, communauté urbaine, « Rapport annuel 2021 sur le prix et la qualité du service public de
l?eau »,
PUBLIÉ
https://www.smea.fr/
http://sivom-regionminiere.fr/index.html
https://siaeprozeille.fr/fr/
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Annexe 9 Eléments d?analyse sur l?idée de
construction de nouveaux grands réservoirs
Plusieurs interlocuteurs rencontrés par la mission lui ont fait part de leur demande de voir le projet
de construction d?un ou plusieurs nouveaux grands réservoirs être porté et financé par l?Etat pour
répondre aux enjeux de l?eau sur le bassin Loire-Bretagne dans le contexte du changement
climatique. Pourtant, aucun des acteurs consultés par la mission190 ne lui a fait part de projets
possibles, à l?exception bien entendu des grands projets qui ont été écartés par le passé pour des
raisons qui restent toujours valables.
Sur ce sujet, la mission considère nécessaire de souligner les points suivants :
? La construction de réservoirs destinés principalement au soutien d?étiage relève désormais
de la compétence des collectivités territoriales dans le cadre de la GEMAPI191 . L?Etat
pourra accompagner les projets des collectivités compétentes. Il n?a plus en l?état actuel
des textes vocation à porter et à financer un tel projet comme cela avait été fait dans le
passé par le ministère en charge de l?agriculture. Ce sont les EPTB qui sont, selon l?article
L 211-7 du code de l?environnement, les porteurs privilégiés des ouvrages à réaliser dans
le cadre de la GEMAPI ;
? Le bassin de la Loire a la chance de bénéficier de l?existence d?une structure, l?EPL, qui
dispose d?une riche expérience de la manière de gérer de tels réservoirs. Le cadre dans
lequel seraient gérés les débits à l?aval de l?ouvrage en période d?étiage reste toutefois à
préciser ;
? Un grand réservoir de plusieurs dizaines de millions de m3 peut, en général, être équipé
pour produire de l?électricité. Les travaux préparatoires de l?Union française de l?électricité
(UFE) pour l?étude de connaissance du potentiel hydroélectrique réalisée par la DGEC en
2013192 concluent à l?existence d?un potentiel de création de nouveaux ouvrages, sur la
partie Loire-Bretagne de l?ancienne région Auvergne, très limité193 dans le cadre des règles
de protection environnementale issue de la LEMA. D?après les éléments recueillis par la
mission auprès d?EDF la démarche d?actualisation du potentiel hydroélectrique en cours
confirme ce très faible potentiel ;
? Des usages sont antagonistes : un grand réservoir de soutien d?étiage peut, à titre
accessoire, produire de l?électricité mais il ne peut pas assurer de surcroît une cote
touristique ;
? Tout nouveau grand réservoir devra prendre en compte, dans sa gestion, les risques, dans
un contexte climatique et hydrologique en évolution et soumis à des incertitudes notables,
de ne pas pouvoir être rempli chaque année et de devoir faire face à des étiages prolongés.
Ses règles de gestion auront donc toute chance, comme c?est le cas pour les réservoirs de
Naussac, de limiter son volume réellement mobilisable à un niveau sensiblement inférieur
à son volume théorique ;
? Compte tenu des tensions actuelles autour de la gestion de l?eau, un projet de grand
190 Y compris les ingénieurs de Somival Ingénierie, dont certains avaient participé, au sein de la Somival (qui a été
racheté par la société Gaudriot aux débuts des années 2000 et qui a donné naissance en 2019 à une Société
Coopérative de Production, la Somival Ingénierie, en 2019) à la réalisation d?une étude du potentiel hydroélectrique
du bassin.
191 Cf analyse juridiques de la partie 3.1.2.2
192 Setec Energy Solutions, « Etude de convergence du potentiel hydroélectrique français ? rapport de synthèse
impact du classement des cours d?eau », octobre 2013
193 Puissance évaluée à 68 MW, soit moins du double de celle du barrage de Grangent
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réservoir connaitra de vives oppositions. Force est de constater que depuis une
quarantaine d?années, les ouvrages envisagés sur cette partie du territoire, notamment les
barrages de Chambonchard et du Serre de la Farre, n?ont pas été réalisés.
La mission souligne enfin que la réalisation d?un projet de construction d?un grand réservoir, quel
que soit son emplacement sur le bassin, prendrait de nombreuses années pour les études et la
concertation préalable (au moins une dizaine voire une quinzaine d?années). Comme il n?existe
encore aucun porteur de projet et que les sites propices sont à l?évidence difficiles à identifier,
l?espérance de voir un tel ouvrage se réaliser est à une échéance encore plus lointaine (2040, voire
2050). De plus, quel que soit le calendrier envisagé, il sera toujours soumis à des aléas qui pourront
en retarder la réalisation. L?hypothèse de la construction d?un tel barrage ne doit donc en aucun
cas retarder les efforts nécessaires sur le bassin de maîtrise de la consommation d?eau et la mise
en place de la gestion quantitative.
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Annexe 10 Eléments sur les prélèvements d?eau
Les projections hydrologiques à l?horizon du
milieu du siècle laissent présager des
réductions des débits naturels de l?ordre de 20
à 40 % en période de basses eaux.
La réduction prévisible des débits naturels de
ces périodes se traduirait, à prélèvements
constants, par une diminution encore plus
rapide des débits réels comme l?illustre le
graphique ci-contre194. Pour un prélèvement de
40, le débit mesuré passerait de 60, pour un
débit naturel initial de 100, à 40 soit -33 %, pour
une réduction du débit naturel de 20 %, et de 60
à 20 soit -67 %, pour une réduction du débit
naturel de 40 %.
Figure 57 : Effet de la baisse des débits naturels sur
les débits réels en fonction des prélèvements
La loi sur l'eau et les milieux aquatiques (LEMA) promulguée le 30 décembre 2006195 en application
de la directive cadre européenne sur l?eau (DCE) d?octobre 2000 introduit la reconnaissance du
droit à l'eau pour tous et la prise en compte de l'adaptation au changement climatique dans la
gestion des ressources en eau. Elle s?inscrit dans l?objectif de rétablir - ou de maintenir lorsque
c?est déjà le cas - le bon état des milieux aquatiques.
Le SDAGE est l?outil principal de mise en oeuvre de la DCE, ainsi l?article L.212-1 du code de
l?environnement indique que le SDAGE fixe des orientations fondamentales, déclinées en
dispositions, permettant de satisfaire aux principes d?une gestion équilibrée et durable de la
ressource en eau. Ces règles de gestion sont définies en réponse aux objectifs de qualité et de
quantité des eaux définis pour chaque masse d?eau du bassin.
La DCE affiche une grande ambition environnementale en fixant pour objectif emblématique le bon
état des eaux dès 2015. Pour autant elle n?oublie pas les réalités financières puisque l?atteinte du
bon état est notamment soumise à des critères de réalisme économique : c?est la notion de coûts
disproportionnés pour les industriels, les agriculteurs et les collectivités territoriales qui peut, le cas
échéant, justifier la fixation d?objectifs moins stricts ou plus éloignés dans le temps.
On rejoint ainsi la notion de gestion équilibrée et durable de la ressource en eau, précisée par
l?article L. 211-1 du code de l?environnement (issu de l?article 20 de la LEMA) qui prend en compte
les adaptations nécessaires au changement climatique et vise à assurer (sans ordre de priorité
particulier196) :
la prévention des inondations et la préservation des écosystèmes aquatiques, des sites et
194 Ce graphique théorique se lit comme suit : pour un débit naturel initial de 100, le débit mesuré (courbe bleue)
décroît linéairement de 100 à 0 lorsque les prélèvements augmentent de 0 à 100. Si le débit naturel diminue de
20 %, le débit mesuré (courbe orange) décroit de 80 à 0 avec les prélèvements et il n?est plus possible d?avoir des
prélèvements supérieurs à 80. Si le débit naturel diminue de 40 %, le débit mesuré (courbe grise) décroit de 60 à
0 avec les prélèvements et il n?est plus possible d?avoir des prélèvements supérieurs à 60. Pour un taux initial de
prélèvement de 40 %, le débit mesuré s?établit à 60 si le débit naturel est à 100 (courbe bleue). Pour ce même
volume de prélèvements, le débit mesuré s?établit à 40 pour un débit naturel réduit de 20 % (courbe orange), et à
20 pour un débit naturel réduit de 40% (courbe grise). Le taux de prélèvement augmente, à prélèvements constants,
de 40 % à 50 % ou aux 2/3. Et le débit mesuré diminue d?1/3 ou des 2/3. A prélèvements constants, la réduction
des débits mesurés est donc bien plus forte que celle des débits naturels.
195 LOI n° 2006-1772 du 30 décembre 2006 sur l'eau et les milieux aquatiques
196 Dans l?article L211-1 du code de l?environnement, la liste est numérotée mais cela ne doit pas être interprété
comme un ordre de priorité des usages.
0
10
20
30
40
50
60
70
80
90
100
0 10 20 30 40 50 60 70 80 90 100
d
éb
it
m
és
u
ré
prélèvements
DN initial DN -20% DN-40%
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des zones humides [...] ;
la protection des eaux et la lutte contre toute pollution [...] ;
la restauration de la qualité de ces eaux et leur régénération ;
le développement, la mobilisation, la création et la protection de la ressource en eau ;
la valorisation de l'eau comme ressource économique et, en particulier, pour le
développement de la production d'électricité d'origine renouvelable ainsi que la répartition
de cette ressource ;
la promotion d'une politique active de stockage de l'eau pour un usage partagé de l'eau
permettant de garantir l'irrigation, élément essentiel de la sécurité de la production agricole
et du maintien de l'étiage des rivières, et de subvenir aux besoins des populations locales ;
la promotion d'une utilisation efficace, économe et durable de la ressource en eau,
notamment par le développement de la réutilisation des eaux usées traitées et de
l'utilisation des eaux de pluie en remplacement de l'eau potable ;
le rétablissement de la continuité écologique au sein des bassins hydrographiques.
Le même article du code de l?environnement précise la notion de gestion équilibrée et durable en
fixant des priorités et tout d?abord la satisfaction des exigences de la santé, de la salubrité publique,
de la sécurité civile et de l?alimentation en eau potable de la population.
La gestion équilibrée et durable doit ensuite permettre de satisfaire ou concilier lors des différents
usages, activités ou travaux, les exigences :
1) de la vie biologique du milieu récepteur et spécialement de la faune piscicole et
conchylicole,
2) de la conservation et du libre écoulement des eaux et de la protection contre les
inondations,
3) de l?agriculture, des pêches et cultures marines, de la pêche en eau douce, de l?industrie,
de la production d?énergie, en particulier pour assurer la sécurité? du système électrique,
des transports, du tourisme, de la protection des sites, des loisirs et des sports nautiques,
ainsi que de toutes autres activités humaines légalement exercées.
Sur le bassin Loire-Bretagne et sur l?axe Loire-Allier soutenu par Naussac et Villerest, les
consommations nettes d?eau à l?étiage sont dues à l?irrigation pour plus de la moitié et au
refroidissement des centrales nucléaires pour environ un quart197.
Face aux tensions sur les usages de l?eau dans un contexte de raréfaction, il est précisé dans le
propos introductif du SDAGE Loire Bretagne 2022-2027 que « tout au long de la préparation du
SDAGE, le comité de bassin Loire-Bretagne a eu le souci constant d?émettre des préconisations
et des dispositions réalistes, c?est-à-dire ne rendant pas incompatible l?atteinte du bon état des
eaux avec l?exercice des activités agricoles et industrielles, ou encore avec celui de la production
d?électricité d?origine hydraulique. »
197 Voir partie 1.1.2
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Annexe 11 L?agriculture dans le bassin Loire-
Bretagne
L?agriculture occupe une place économique importante dans le bassin Loire-
Bretagne
L?état des lieux du SDAGE adopté fin 2019 montre qu?en légère hausse depuis 2010 (+2 %), la
production de la branche agricole du bassin Loire Bretagne représente en 2016 un total d?environ
20,8 milliards d?euros, soit près de 32 % de la production nationale. La production se répartit à 60 %
pour la production animale et 40 % pour la production végétale. Le secteur agricole emploie environ
215 000 personnes au sein de 110 000 exploitations.
La production végétale est concentrée sur le centre du bassin, dans les régions Centre Val de Loire
et Pays de la Loire qui comptabilisent plus de la moitié de la production végétale du bassin en 2016.
Les cultures de céréales et d?oléo-protéagineux y occupent une place majoritaire.
En production animale, les élevages laitiers sont concentrés principalement en Bretagne et dans
les Pays de la Loire (50 % de la production nationale est issue de ces deux régions). La filière «
bovin viande » est localisée dans le centre ouest du bassin. On assiste à la poursuite de la baisse
du cheptel de porcs sur l?ensemble du bassin Loire-Bretagne entre 2010 et 2016, avec une hausse
des effectifs par exploitation, notamment à l?ouest du bassin (augmentation de 13 % en Bretagne
et de 6 % en Pays de la Loire). La Bretagne occupe le 1er rang des treize régions françaises pour
la production porcine avec 5 500 exploitations en 2015, et un cheptel estimé à 7,04 millions de
têtes en 2016. Le constat n?est pas le même pour ce qui est de l?évolution des élevages de volailles
(volailles de chair, poules pondeuses?) où l?on a assisté entre 2010 et 2016 à une augmentation
des effectifs sur une majeure partie du bassin, à l?exception de la région Centre-Val de Loire.
Figure 58 : Production brute animale et végétale du bassin Loire-Bretagne
Source : AELB ? Etat des lieux du bassin Loire-Bretagne
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L?industrie agroalimentaire constitue le premier employeur industriel du bassin Loire-Bretagne avec
150 000 emplois.
L?agriculture est le premier consommateur d?eau du bassin Loire-Bretagne
En période d?étiage, les analyses de la première partie du rapport montrent que l?irrigation occupe
la première place des usages avec plus de 50 % des consommations nettes (différence entre le
volume prélevé et le volume restitué au milieu naturel, principalement dans une grande partie
centrale et sud-ouest du bassin). L?alimentation en eau des élevages constitue également un
prélèvement significatif en région Pays de la Loire et Bretagne essentiellement. Des prélèvements
unitaires importants en eau de surface pour l?irrigation s?exercent le long des grands axes fluviaux
ainsi que dans quelques grandes nappes souterraines, calcaires de Beauce et calcaires du
Jurassique.
Figure 59 : Volumes consommés à l?étiage 2013 par usage et par territoire des commissions territoriales
Source : AELB - Etat des lieux du bassin Loire Bretagne
L?irrigation est limitée sur le bassin Loire-Bretagne mais se développe face au
changement climatique
L?irrigation ne représente que 5 % de la surface agricole utile mais s?est renforcée
ces dernières années
Seulement environ 5 % de la surface agricole utile du bassin Loire-Bretagne est aujourd?hui irriguée
soit environ 505 000 ha. L?évolution est variable suivant les départements du bassin depuis l?année
2000 avec une relative stabilisation entre 2000 et 2010 et une augmentation contrastée depuis.
Historiquement, on constate une forte densité de prélèvements, qui s?étale des Pays de la Loire à
la Beauce, en Champagne Berrichonne, le long des axes Loire ? Allier, et dans le Forez.
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Figure 60 : Densité de prélèvements pour l?irrigation en 2019
Source : AELB
Les zones irriguées se développent logiquement là où se croisent des zones agricoles de grande
culture ou de maraichage avec une situation de faibles pluies efficaces (quantité d?eau de pluie
disponible après évapotranspiration)
Figure 61 : Pluies efficaces moyennes sur le bassin Loire-Bretagne
Source : AELB
Les données de l?agence de l?eau montrent que la majeure partie de la hausse globale des
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prélèvements sur l?axe Pays de la Loire ? Beauce est due à l?irrigation qui continue de se
développer depuis 20 ans. Une augmentation des prélèvements pour l?irrigation est aussi notable
en Auvergne sur l?axe Allier entre Clermont-Ferrand (Limagne) et Moulins d?une part et la plaine du
Forez au Nord-Est de Saint Etienne d?autre part.
Figure 62 : Evolution 1999-2019 des prélèvements pour l?irrigation
Source : AELB
Figure 63 : Evolution 1999-2019 des prélèvements pour l?irrigation par SAGE
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Source : AELB
On constate une hausse de plus de 10 000 m3/an associée aux SAGE nappe de Beauce, Authion,
Sèvre Nantaise, Auzance, Vertonne et cours d?eau côtiers ou encore Logne, Boulogne, Ognon et
lac de Grand Lieu.
Néanmoins, les efforts mis en oeuvre, notamment grâce au Sdage, permettent d?observer depuis
ces 10 dernières années (2009 ? 2019 d?après les données disponibles) que l?évolution des
prélèvements liés à l?irrigation dans la Sarthe et le Maine-et-Loire sont à la baisse. De plus, des
baisses significatives sont mises en avant sur le marais Poitevin et la Champagne Berrichonne.
Figure 64 : Evolution 2009-2019 des prélèvements pour l?irrigation
Source : AELB
Ces tendances sont également observables à l?échelle des Sage, avec notamment une baisse
davantage marquée au droit des SAGE Sarthe aval, Sèvre niortaise et Marais Poitevin, ou encore
Clain.
L?augmentation des prélèvements au droit du SAGE Beauce peut s?expliquer par le manque de
précipitations des dernières années, dû à des sécheresses de plus en plus marquées. En effet,
278 millions de m3 ont été prélevés au droit du SAGE en 2020, ce qui représente le plus fort
prélèvement depuis au moins ces 12 dernières années et l?augmentation synchrone des volumes
autorisés. Cependant, les nappes profondes ne sont pas directement dans le champ de la mission
qui s?intéresse aux écoulements superficiels.
Sur cette dernière période, on note aussi une augmentation des prélèvements pour l?irrigation sur
le territoire du SAGE Allier aval. L?étude HMUC Haut Allier Allier aval confirme198 que, à l?échelle
de sa zone d?étude, « les prélèvements pour l'irrigation représentent des volumes importants. Les
ordres de grandeur sont de 37 Mm3/an en année moyenne et 52 Mm3/an en année sèche
quinquennale. En année exceptionnelle, telle que 2019, les prélèvements peuvent être plus
importants (estimation de la profession agricole pour 2019 : environ 57,2 M. de m3) »
198 CESAME études et conseil en environnement, « Etude gestion quantitative avec une analyse Hydrologie Milieux
Usages Climat et élaboration de programmes d?action pour une gestion durable des ressources en eau sur les
territoires des SAGE du haut Allier et de l?Allier aval. Synthèse du rapport de phase 1 », décembre 2021, p 208
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Figure 65 : Evolution 2009-2019 des prélèvements pour l?irrigation par SAGE
Source : AELB
Globalement, l?état des lieux du SDAGE établi en 2019 ne met cependant pas en évidence
d?évolution significative des consommations d?eau pour l?irrigation sur l?ensemble du bassin depuis
20 ans même si elles fluctuent suivant les étés plus ou moins secs. Ces chiffres sont basés sur les
déclarations des irrigants soumis à redevance auprès de l?agence de l?eau qui n?interviennent que
pour des volumes supérieurs à 10 000 m3/an. Elles ne tiennent donc pas compte des prélèvements
des irrigants non soumis à cette obligation de déclaration.
Cette relative faible évolution de l?irrigation peut aussi s?expliquer par des orientations de politiques
publiques199 : découplage partiel des aides PAC, y compris des aides spécifiques aux cultures
irriguées (le maïs principalement), et la mise en oeuvre de manière plus systématiques de
restrictions d?usages pour contribuer à l?atteinte des objectifs nouveaux de la directive cadre
européenne sur l?eau en matière de gestion qualitative et quantitative de la ressource en eau. De
plus, ce changement de contexte politique se fait dans un environnement économique peu propice
aux cultures irriguées puisque depuis plusieurs années, les évolutions des différentiels de prix entre
maïs et blé sont plus favorables au blé, culture d?hiver qui est peu irriguée en comparaison du maïs.
L?inquiétude du monde agricole face aux sécheresses des dernières années et les
199 S. Loubier, M. Campardon, S. Morardet, L?irrigation diminue-t-elle en France ? premiers enseignements du
recensement agricole de 2010, INRAE « Sciences Eaux & Territoires », 2013/2 N° 11, p. 12-19
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projections climatiques futures
Mais face aux sécheresses estivales à répétitions et aux projections du changement climatique qui
va renforcer les températures et l?évapotranspiration et donc le déficit hydrologique, la profession
agricole est fortement préoccupée par l?accès à l?eau comme l?ont montré notamment les débats
en comité de l?eau lors de l?adoption du SDAGE 2022-2027.
Cette inquiétude n?est pas spécifique au bassin Loire-Bretagne, comme le mentionne le rapport
conjoint du CGEDD et du CGAAER « Changement climatique, eau, agriculture » publié en juillet
2020 200 . Il indique que partout les productions agricoles et agroalimentaires sont fortement
impactées par le changement climatique qui conduit à des épisodes de grêle, des pluies
diluviennes et à des sécheresses déjà perceptibles qui vont s?accentuer dans les années à venir,
dans un contexte de tension plus forte d?accès à la ressource et de partage de l?eau entre les
usagers.
En effet, les rendements chutent suite au stress hydrique prolongé. Ainsi, en 2022, à la différence
des cultures d?hiver récoltées au début de l?été qui ont été assez peu affectées, les cultures de
printemps ont pâti des stress hydriques et thermiques liés à la sécheresse et aux températures
élevées ; leurs rendements sont en forte baisse, notamment pour le maïs non irrigué comme le
montrent les figures suivantes. 201 Les prairies sont aussi affectées, avec des rendements inférieurs
de 30 % par rapport à la moyenne des 5 dernières années, sans compter la perte de production
de lait des vaches soumises à la canicule.
Figure 66 : Estimations au 1/09/2022 de l?évolution des rendements du maïs grain irrigué et non irrigué
Source : Agreste
Un retard dans la prise de conscience des enjeux sur l?eau en amont du bassin
L?organisation mise en place par les agriculteurs pour la gestion de l?eau apparait différenciée
suivant les territoires sur le bassin Loire-Bretagne. En Vendée ou en Beauce, les enjeux ont été
200 Rapport CGAAER 19056-CGEDD 012819-01, « Changement climatique, eau, agriculture : quelles trajectoires
d?ici 2020 ? », juillet 2020, 333 p.
201 Agreste Infos Rapides ? Grandes cultures ? sept. 2022 - n°2022 ? 111
.
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bien identifiés depuis longtemps et une gestion collective est déjà opérationnelle avec des outils
de suivi quantitatif de la ressource. En amont de bassin, la prise de conscience a été plus tardive,
en réaction aux sécheresses récentes notamment de 2019, et il y avait jusqu?à présent peu
d?initiatives collectives et une quasi absence de gestion quantitative. Des initiatives existent
cependant de mobilisation de ressources existantes comme sur le bassin de la Sioule, où une
réquisition a été mise en place par l?Etat en 2019 à la demande de la Chambre d?agriculture de
l?Allier, qui en a supporté le coût, pour bénéficier de 300 000 m3 d?eau pour l?irrigation par
déstockage du barrage des Fades. À partir de 2020, une convention de soutien d?étiage, plafonnée
à 4,8 Mm3, au bénéfice de l?agriculture a été établie entre EDF et la Chambre d?agriculture.
L?indemnisation du concessionnaire est effectuée selon la méthode du coût de partage des
charges.
Dans le Puy-de-Dôme, un PTGE et un SAGE sont maintenant lancés qui vont déboucher sur la
définition d?un volume prélevable sur la base d?une étude HMUC. Il faudra mettre en place un
OUGC pour porter les projets collectifs et solliciter des financements européens.
A ce stade, des démarches concertées sont engagées dans les territoires pour
dégager des pistes d?adaptation et d?amélioration de l?accès à la ressource en
eau pour l?agriculture
Face aux évolutions climatiques touchant l?agriculture, le rapport conjoint CGEDD-CGAAER
« Changement climatique, eau et agriculture » conclut que « la réponse au changement climatique
nécessite un changement de modèle agricole, plus économe en eau et protecteur des sols et,
partout où cela est possible, il est favorable au renforcement de la ressource en eau pour l?irrigation,
dans le respect du renouvellement de la ressource et du bon état des milieux. »
C?est dans cette optique que s?est engagée la démarche du Varenne agricole de l?eau et de
l?adaptation au changement climatique, qui a livré ses conclusions début février 2022. La
profession agricole du bassin Loire-Bretagne a participé à ces travaux, notamment les chambres
d?agriculture qui ont réalisé à cette occasion des diagnostics territoriaux en matière d?adaptation202.
Ils permettent d?identifier les points de vulnérabilité des productions territoire par territoire, mais
également les nouvelles opportunités liées aux évolutions climatiques. Ce travail a été mené en
concertation étroite avec les Conseils régionaux, DRAAF, DREAL, Agences de l?eau, organismes
de recherche et instituts techniques. Plus précisément, dans chaque région, des filières de
production emblématiques ont été identifiées qui ont été étudiées dans un territoire bien identifié.
La vulnérabilité au changement climatique de chaque couple « productions / régions agricoles » a
été débattue en région et soumise à une analyse atouts, faiblesses, opportunités, risques (AFOM).
Des leviers d?action d?adaptation (évolutions des systèmes de productions, équipements, outils de
prédiction, génétique et sélection variétale, infrastructures locales...) sont ainsi d?ores-et-déjà
identifiés pour renforcer la pérennité des productions locales. Ce travail à l?échelle fine de la petite
région agricole permet également de montrer des opportunités de développement de nouvelles
productions ou de nouveaux modes de production. Il a permis d?initier des plans d?action
d?adaptation des systèmes agricoles au changement climatique qui s?inscrivent dans les
orientations du Varenne sur l?eau et l?adaptation au changement climatique.
Cependant, face au constat de l?aggravation des déficits hydriques en été, ces travaux débouchent
en général sur l?expression d?un besoin de sécuriser l?accès à l?eau pendant les périodes de
sécheresses par la création de nouvelles retenues, l?irrigation apparaissant comme une
« assurance sécheresse ». La quantification des ces besoins nécessite des études type HMUC et
une concertation préalable (PTGE, SAGE), dans le respect des dispositions du SDAGE, portant
sur l?ensemble des usages à l ?échelle des territoires.
202 Les diagnostics territoriaux réalisés par les chambres d?agriculture dans le cadre de la thématique 2 du
Varenne de l?eau et du changement climatique sont téléchargeables à l?adresse : https://rd-
agri.fr/external_data/varenne/thematique2/VARENNE%20GT2%20-%20Diagnostics%20territoriaux.zip
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Ces démarches qui prennent plusieurs années ne sont pas finalisées à ce stade. Nous ne
disposons donc pas encore de données chiffrées consensuelles sur les besoins en eau pour
l'agriculture à l?horizon 2050.
A court terme, on peut envisager un accroissement très limité des prélèvements, voire la création
de volumes supplémentaires d?eau dans des retenues de quelques millions de m3 à définir dans le
cadre de démarches concertées territoriales. Le préfet de la région AURA a ainsi lancé un
programme «100 retenues pour la région » d?ici fin 2022 comme une des actions phares de sa
stratégie eau-air-sol. 21 retenues sont identifiées dans ce cadre en Allier, 16 dans le Puy-de-Dôme,
21 dans la Loire et 17 en Haute-Loire.
Mais globalement et à moyen terme, à l?horizon du milieu de siècle, il ne sera pas possible
d?étendre les surfaces irriguées. Il faudra renforcer les pratiques agricoles déjà engagées moins
consommatrices d?eau et des prélèvements dans le cadre d?une gestion collective (OUGC) pouvant
englober des retenues nouvelles créés conformément à la démarche du Varenne de l?eau et de
l?adaptation au changement climatique.
Exemple des besoins exprimés par la coopérative Limagrain sur le territoire de la
Limagne Val d?Allier
A l?occasion d?une rencontre lors d?un déplacement en Auvergne et dans une note transmise
ensuite à la mission (Cf. annexe 12), la coopérative Limagrain203 a fait état d?un besoin de 20 Mm3
supplémentaire pour l?irrigation. Ce volume serait nécessaire afin de maintenir le dynamisme du
territoire de la Limagne, territoire au sols fertiles mais de climat sec, et en particulier de développer
une nouvelle filière de production de légumes de pleins champs. Il est précisé dans cette note que
des projets collectifs de retenues d?eau, sur la plaine de Limagne, dont certains déjà engagés,
pourront pallier l?urgence de la situation, devenant dramatique avec les épisodes de sècheresse.
Il est également mentionné que la coopérative a la volonté de réfléchir de manière concertée avec
les autres acteurs dans une vision multiusage. La note conclut en indiquant que cette réflexion à
l?échelle locale devra être couplée à une vision plus globale sur la construction de grands ouvrages
incluant notre indépendance énergétique aux énergies fossiles et déterminant la pertinence de
créer des barrages hydroélectriques.
Si l?on comprend bien l?importance économique et d?emploi que représente une coopérative aussi
dynamique que Limagrain, et que l?on ne peut qu?encourager la volonté de démarche collective
pour la gestion de l?eau, il reste cependant à fonder la demande de volumes supplémentaires d?eau
pour l?irrigation sur des études quantitatives et prospectives de type HMUC qui restent à produire.
A court terme, il est sans doute possible de créer en Limagne des retenues de substitution à
hauteur de quelques millions de m3, avec des financements de la part de la coopérative et de ses
adhérents, avec l?accompagnement du programme « 100 retenues » du Préfet AURA204.
La création d?une ou plusieurs grandes retenues multiusage telles qu?évoquées par Limagrain
nécessiterait une démarche plus large, l?identification de sites propices et un plan de financement.
Il faudra des études, de la concertation et donc un temps long sans garantie d?aboutissement.
L?exemple de la retenue de la Sep sur la Morge qui ne s?est pas remplie en 2019205 montre qu?il
faut attacher une grande importance aux prévisions hydrologiques, le tout n?étant pas de créer des
ouvrages encore faut-il s?assurer de la possibilité de leur remplissage en années sèches dans le
nouveau contexte climatique.
203 Limagrain est une coopérative agricole et un groupe semencier international détenus par près de 1 500
agriculteurs installés en Limagne Val d?Allier. Présent dans 57 pays et rassemblant plus de 9 000 collaborateurs, le
Groupe réalise un chiffre d?affaires de 1 984 M¤ auxquels s?ajoutent 680 M¤ de chiffre d?affaires des activités
réalisées conjointement avec ses partenaires stratégiques. Pour plus de précisions consulter limagrain.com
204 Trois projets concrets de bassines sont ainsi en cours en plaine de Limagne
205 Ce barrage de 4,7 Million de m3, édifié en 1994, est conçu pour permettre l?irrigation des cultures de la Limagne,
en aval, sur près de deux milles hectares. En fin de printemps 2019, il ne s?est rempli qu?à 30 % et était vidé mi-
août, rendant la situation critique pour les 200 agriculteurs bénéficiaires.
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En contrepartie de la création de volumes supplémentaires pour l?irrigation, un renforcement de
l?adaptation de la production agricole aux nouvelles conditions climatiques sera inévitable, ici
comme ailleurs. D?une part, pour en faciliter l?acceptabilité par les autres usagers et, d?autre part,
car l?irrigation ne pourra pas être étendue à toutes les surfaces, d?autant plus que la Limagne,
bénéficiant notamment du soutien d?étiage du barrage de Naussac, a déjà atteint un niveau de
l?ordre de 15 % de la surface agricole utile irriguée (contre 5 % en moyenne dans le bassin Loire-
Bretagne).
Les conclusions du Varenne de l?eau et du changement climatique
Ce cas particulier de la Limagne ne peut que s?inscrire dans la démarche générale et les
conclusions, produites début février 2022, du Varenne sur l?eau et de l?adaptation au changement
climatique :
? le besoin de recherche et d?innovation,
? la mobilisation de voies d?adaptation des pratiques agricole aux conditions de sécheresse
? les pistes très encadrées d?amélioration de l?accès à la ressource en eau.
Le cadre et les conclusions du Varenne sur l?eau et du changement climatique sont rappelés ci-
après.
Les Assises de l?Eau ont permis d?engager fin 2018 ? début 2019 une première concertation avec
l?ensemble des acteurs de l?eau sur les conséquences du changement climatique. Voulue par le
Président de la République, la démarche du Varenne sur l?eau et de l?adaptation au changement
climatique a été lancée le 28 mai 2021 par le ministre de l?Agriculture et de l?Alimentation et la
secrétaire d?État chargée de la Biodiversité. 1400 participants issus de 520 organismes (chambres
d?agriculture, ONG, agences de l?eau, instituts techniques et de recherche, ?) ont pris part aux
travaux206 afin de structurer une série de réponses concrètes face au changement climatique, en
tenant compte de l?importance stratégique de la production agricole et alimentaire pour le pays,
renforcée encore par les récentes crises sanitaires et du conflit en Ukraine207.
Les conclusions qui ont été livrées début février 2022 sont structurées autour de 3 thématiques :
1. Se doter d?outils d?anticipation (notamment lancement du projet Explore2) et de
protection assurantielle de l?agriculture,
2. Renforcer la résilience de l?agriculture en agissant notamment sur les sols, les
variétés, les pratiques d?élevage et de cultures, les infrastructures agro-
écologiques et l?efficience de l?irrigation de l?eau,
3. Accéder à une vision partagée et raisonnée de l?accès aux ressources en eau
mobilisables pour l?agriculture à long terme.
En complément des mesures du plan France 2030, deux lignes supplémentaires sont déployées
dès 2022 : 100 millions d?euros pour financer l?acquisition d?équipements et de matériels innovants,
et 100 millions d?euros pour la mise en place d?un appel à projet pour le soutien à l?innovation afin
206 La Confédération Paysanne, la Fédération Nationale d?Agriculture Biologique, France Nature Environnement, le
Réseau Action Climat et UFC-Que Choisir n?ont pas souhaité participer à cette consultation dont elles ne partagent
ni les attendus ni les conclusions.
207 La France reste un grand producteur agroalimentaire à l?échelle européenne et mondiale. Au deuxième rang
au début des années 2000, elle est désormais en 2020 le sixième exportateur mondial après les États-Unis, le
Pays-Bas, l?Allemagne, la Chine et le Brésil. Sur la même période, le déficit global de la balance commerciale de
la France a été multiplié par six tandis que l?excédent agroalimentaire s?est maintenu autour de 8 milliards d?euros
en moyenne.
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d?accélérer la transition des filières agricoles et alimentaires. Sur cette deuxième enveloppe, une
part ira au soutien aux investissements dans les projets collectifs pour l?amélioration ou la création
d?infrastructures hydrauliques en particulier mobilisant les technologies les plus innovantes. Cela
concerne le pilotage intelligent des stockages, l?expérimentation pour récupérer les pluies en hiver,
la réutilisation des eaux usées.
Un délégué interministériel en charge du suivi des actions et travaux engagés dans le cadre du
Varenne a été nommé fin avril 2022208 pour une durée de 3 ans. Placé auprès des ministres en
charge de l?Environnement et de l?Agriculture, il devra s?assurer du déploiement de l?ensemble des
mesures arbitrées en conclusion du Varenne et de coordonner l?action commune des services de
l?État au service d?une politique ambitieuse en termes d?adaptation de l?agriculture au changement
climatique et d?accès aux ressources en eau mobilisables pour l?agriculture sur le long terme.
Les pistes de la mobilisation de la recherche, de l?innovation et du transfert
La connaissance du phénomène du changement climatique en lui-même mobilise la communauté
scientifique internationale, elle fait régulièrement l?objet de synthèse grâce aux travaux du GIEC. Il
est important que les acteurs agricoles disposent des meilleures déclinaisons des modèles
climatiques en France, à différentes échelles du territoire. L?actualisation et la mise à disposition
du public des prospectives hydrologiques d?Explore2070 est par exemple attendue en 2023 avec
le projet Explore2. En termes de connaissance de la ressource en eau existante, il est prévu aussi
dans le cadre du Varenne, d?allouer 13 M¤ à un inventaire exhaustif des retenues existantes.
Les acteurs agricoles peuvent s?appuyer sur les résultats issus de la recherche agronomique face
au changement climatique, développés principalement au sein de l?INRAE, de laboratoires
universitaires et des instituts techniques agricoles. Le transfert des connaissances et innovations
pourra être adapté aux contextes locaux pour les différentes productions agricoles grâce à
l?expertise technique des chambres d?agriculture qui donnent des conseils aux agriculteurs. Les
nouvelles connaissances sont aussi à transmettre par la mobilisation de l?enseignement agricole
(lycées agricoles, écoles d?ingénieurs) tant en formation initiale que continue.
Le Varenne de l?eau et de l?adaptation au changement climatique va aussi dans le sens d?une prise
en compte de ces bases scientifiques nouvelles dans les évolutions de la réglementation (par
exemple pour mieux utiliser l?eau disponible en hiver ou fixer la répartition en période de
sécheresse) et des politiques publiques (par exemple en développant un nouveau système
assurantiel ou des aides ciblées).
Les pistes du renforcement de la résilience de l?agriculture
Face aux étiages de plus en plus sévères et au nécessaire partage de l?eau entre les différents
usages, il convient, dans la logique de la thématique 2 du Varenne, de s?interroger en premier lieu
sur l?adaptation des systèmes agricoles à une disponibilité en eau plus réduite en explorant toutes
les solutions qui vont permettre leur meilleure résilience.
Déjà, l?agriculture est à situer dans le cadre d?une gestion intégrée de la ressource en eau à une
échelle plus large que celle d?une exploitation, afin de pouvoir prendre en compte les interactions
avec l?ensemble des milieux et des autres acteurs concernés, sans oublier de mobiliser les
solutions fondées sur la nature permettant la rétention en eau dans les hydrosystèmes naturels.
Ensuite, plus spécifiquement à l?activité agricole, il s?agit d?envisager un panel de solutions
208 La mission a échangé le 4 juillet 2022 avec le Préfet Frédéric Veau, nommé délégué interministériel en charge
du suivi des actions et travaux engagés dans le cadre du Varenne
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agronomiques mais aussi génétiques et technologiques209.
Solutions agronomiques et de pratiques culturales
L?agroécologie210 qui mise sur le bon fonctionnement de l?écosystème des sols constitue une
réponse de base à l?adaptation de l?agriculture au changement climatique. L'agriculture de
conservation des sols (ACS) 211 , encore peu développée en France, est un ensemble de
techniques culturales destinées à maintenir et améliorer le potentiel agronomique des sols, tout en
conservant une production régulière et performante sur les plans technique et économique. Elle
permet une moindre consommation d?eau et d?intrants212 par :
? la réduction voire la suppression du travail du sol,
? la diversification des espèces végétales et l?allongement des rotations,
? une couverture permanente du sol par les cultures intermédiaires.
Les cultures intermédiaires contribuent à recharger les sols en matière organique213, les rendant
ainsi plus fertiles et aptes à retenir l?eau, tout en limitant les risques d?érosion lors des fortes
précipitations.
Il existe aussi différentes stratégies culturales pour limiter au-moins partiellement les effets des
sécheresses : l?esquive en privilégiant la culture pendant les périodes humides (notamment les
cultures d?hiver ou les variétés précoces), l?évitement en privilégiant des plantes dont le système
racinaire est plus développé (typiquement luzerne ou sorgho) ou la tolérance en intégrant dans la
rotation des plantes plus résistantes à la sécheresse (tournesol ou sorgho).
La diversification (intra et interspécifique) des cultures est un facteur de réduction de vulnérabilité
face aux bio agresseurs. Elle permet aussi que les cultures ne soient pas impactées
simultanément et au même degré lorsque survient un aléa climatique comme une sécheresse. Par
ailleurs, semer dans les prairies un mélange associant des légumineuses qui fixent l?azote de l?air
(luzerne ou trèfle) à des graminées permet de réduire l?apport d?engrais azoté dans les rotations.
L?agroforesterie qui se rapproche des solutions fondées sur la nature, en associant arbres, cultures
ou animaux sur une même parcelle agricole, en bordure ou en plein champ214 , permet une
meilleure utilisation des ressources naturelles du milieu : la lumière, l?eau et les engrais sont
prélevés plus efficacement grâce à un étagement des cultures, des systèmes racinaires de
profondeurs variées, une occupation du sol permanente. La création d?un microclimat sur la
parcelle protège également les cultures et les animaux des stress thermiques et hydriques.
209 Cf. rapport CGAAER 21045, Parangonnage sur les techniques et pratiques innovantes de gestion de l?eau en
agriculture, mars 2022, 190 p.
210 D ?après https://dicoagroecologie.fr/encyclopedie/agroecologie/ , l?agroécologie vise à promouvoir des systèmes
alimentaires viables respectueux des hommes et de leur environnement. Ces systèmes engagent des modes de
productions agricoles et des filières valorisant les potentialités écologiques, économiques et sociales d?un territoire.
Leur développement s?appuie sur des approches transdisciplinaires réunissant professionnels du Monde agricole,
211 http://www.fao.org/ag/Ca/fr/index.html
212 L?ACS se différencie de l?agriculture biologique en ne renonçant pas totalement aux intrants (pesticides
notamment le glyphosate pour le contrôle des adventices, engrais). Elle requiert cependant moins de travail du sol
et donc moins d?énergie fossile que l?agriculture biologique. Le rapport CGAAER-CGEDD « Changement climatique,
eau, agriculture : quelles trajectoires d?ici 2020 ? », de juillet 2020, souligne qu?une convergence entre ACS et
agriculture biologique offrirait le plus grand intérêt (p. 234)
213 Source : Stocker du carbone dans les sols français. Quel potentiel au regard de l'objectif 4 pour 1 000 et à quel
coût ?, INRAE, juillet 2019. Étude réalisée pour l'ADEME et le ministère en charge de l'agriculture
214 Ces pratiques comprennent les systèmes agro-sylvicoles mais aussi sylvopastoraux, les pré-vergers (animaux
pâturant sous des vergers de fruitiers).
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L?agrivoltaïsme est également un système étagé qui associe une production d'électricité
photovoltaïque et une production agricole au-dessous de cette même surface. La coexistence de
panneaux solaires et de cultures implique un partage de la lumière entre ces deux types de
production, l'ombre apportée par les panneaux pouvant favoriser des cultures ou productions
animales. Ces pratiques sont encore peu répandues en France.215
Dans le cas des animaux d?élevage, les impacts associés au changement climatique varient selon
les espèces, les races ou les systèmes d?élevage. Ils sont pour l?essentiel liés à la hausse des
températures dont les conséquences sont multiples : augmentation de la consommation d?eau,
baisse des performances de production et de reproduction, baisse de la qualité des aliments,
altération de l?état de santé, baisse de la longévité et accélération des réformes. La sécheresse
agit également sur la disponibilité et la qualité des fourrages. Une partie des réponses va dépendre
de facteurs génétiques des animaux.
En cas de sécheresse tarissant les points d?eau naturels ou du fait d?une qualité bactériologique /
chimique de l?eau insuffisante, l?abreuvement du bétail est réalisé en tout ou partie avec de l?eau
du réseau public d?eau potable. Cela induit une tension avec l?approvisionnement en eau potable
des populations humaines 216 et un coût supplémentaire pour l?éleveur. De surcroit,
l?acheminement de l?eau potable à partir du réseau vers les prés au moyen de citernes tractées
peut représenter une lourde charge de travail pour les éleveurs, acceptable à titre exceptionnel
mais non soutenable si la situation devait se généraliser chaque été.
Solutions génétiques et de sélection variétale
Le changement climatique va se traduire par une recomposition des zones agro-climatiques de
telle sorte que, sur un territoire donné, certaines cultures deviendront difficiles voire impossibles à
cultiver alors que d?autres le deviendront. Dans cette logique, on peut utiliser des variétés issues
de régions plus arides pour les grandes cultures ou les cépages de vigne par exemple.
Il en va de même pour les productions animales pour la résistance au stress thermique ou au
parasitisme, dans la mesure où il est possible d?exploiter les données collectées dans les
conditions climatiques qui préfigurent celles qui devraient exister en France métropolitaine dans
les prochaines décennies. Cela donne des leviers d?anticipation d?évolution des populations
bovines laitières (Holstein, Montbéliarde, Brune) et allaitantes (Charolais et Limousin). La sélection
animale permet par ailleurs de doter toutes les filières des outils les plus performants pour adapter
la génétique des animaux à leurs conditions de production.
Depuis 1950, la génétique et la sélection variétale des grandes cultures sont essentiellement
orientées vers l?augmentation des rendements maximaux et non spécifiquement vers la résistance
à la sécheresse. On pourrait donc a priori espérer des progrès de la sélection génétique et variétale
pour résister mieux à l?avenir aux sécheresses. Mais c?est un processus lent et coûteux qui, en
dépit des progrès réalisés, nécessite de l?ordre de 10 ans pour développer une nouvelle variété
végétale.
La physiologie des plantes constitue cependant en elle-même une limite, dans la mesure où la
diminution de la transpiration des feuilles en agissant sur la fermeture des stomates (pour
augmenter la résistance au stress hydrique) revient à réduire la photosynthèse et donc la
croissance et la production de biomasse (et donc le rendement). Il n?est pas évident qu?au final des
variétés sélectionnées pour leurs gènes de résistance aux sécheresses soient un meilleur choix
pour l'agriculteur face aux variétés existantes sélectionnées pour leurs forts rendements potentiels.
215 Ademe, I Care & Consult, Ceresco, Cétiac, 2021. Caractériser les projets photovoltaïques sur terrains agricoles
et l'agrivoltaïsme, Résumé exécutif de l?étude, 28 p ? disponible sur le site de l?Ademe
216 En moyenne, une Unité Gros Bétail (UGB) consomme 70 l/jour mais quand la température dépasse 25°C une
vache laitière boira de l?ordre de 140 l/Jour soit une consommation équivalente à celle d?un habitant (tous usages
confondus).
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Certes, le rendement de ces dernières chute en situation de sécheresse mais reste néanmoins à
des niveaux satisfaisants. Cela résulte du fait que les sélectionneurs ont testé les variétés à fort
rendement dans différentes conditions y compris les plus défavorables en stress hydrique. Les
entreprises de sélection végétale ont ainsi d?ores-et-déjà à leur catalogue des variétés bien
adaptées au stress hydrique comme par exemple LG Hydraneo217 pour le maïs développé par
Limagrain sur la base de travaux réalisés en commun avec l?INRAE218. A cet égard, le maïs pourra
rester une culture d?intérêt même si elle fait souvent l?objet de critiques notamment pour ses
besoins en eau219 , s?agissant d?une culture de printemps qui nécessite des apports en eau
importants en juillet au moment de la floraison, en pleine période d?étiage.
Certains agriculteurs se tournent vers le sorgho, notamment en Touraine voire en Beauce220 .
Destiné à l?alimentation animale avec aussi des perspectives de valorisation en agroalimentaire, il
représente moins de 5 % des grandes cultures en France mais se développe avec le réchauffement
climatique. S?il accuse des rendements moindres en année normale, en comparaison du maïs, il
dispose d?un enracinement plus profond et d?une structure foliaire limitant la perte d?eau. Cela lui
permet, en année sèche, de mieux résister au stress hydrique sans irrigation (tout en étant
cependant sensible aux températures extrêmes lors de la floraison en juillet). Ses performances
pourraient certainement encore être améliorées par la sélection variétale qui a été moins
développée par les semenciers que pour le maïs. Il ne s?agit toutefois pas d?une plante « miracle »
qui pourrait se substituer systématiquement au maïs sans précautions, mais plutôt d?une alternative
parmi d?autres à envisager pour l?adaptation des productions au changement climatique.
Solutions technologiques pour la gestion de l?eau et l?irrigation
Des progrès très importants ont été réalisés ces dernières décennies pour permettre une
agriculture de précision par l'utilisation de la géolocalisation, de la télédétection, des capteurs, de
la communication, de l'automatisation et de l'intelligence artificielle. Ils peuvent contribuer de façon
significative à une évolution des systèmes vers l?agroécologie. Pour la gestion de l?eau et en
particulier de l?irrigation, ces nouvelles technologies connectées permettent d'apporter, avec l?aide
d?outils d?aide à la décision, la bonne dose au bon moment en fonction des besoins de la plante,
de l'historique des apports et même des prévisions localisées de pluviométrie. D?une façon
générale, on estime que les capteurs et outils d?aide à la décision (OAD) permettent un gain de 15
à 40 % sur l?eau effectivement transpirée par la culture par rapport à l?eau entrant dans la parcelle221.
Des économies d?eau sont possibles en adoptant un système d?irrigation potentiellement plus
efficient, en passant par exemple de l?irrigation par aspersion à l?irrigation localisée (goutte à goutte).
217 Voir https://www.limagrain-europe.com/fr/hydraneo
218 R. Chapuis & al., 2012, Resiliences to water deficit in a phenotyping platform and in the field: How related are
they in maize? Europ. J. Agronomy 42 (2012) 59?67
219 L?extension de la culture de maïs est souvent critiquée aussi par l?uniformisation des paysages et la perte de
biodiversité qu?elle induit.
220 Le Parisien, 2022, « Le sorgho africain s?enracine », 02/08/2022, 2 pp.
221 C. Serra Wittling, B. Molle, B. Cheviron. « Modernization of irrigation systems in France: what potential water
savings at plot level ? ». Sciences Eaux & Territoires, INRAE, 2020
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https://www.limagrain-europe.com/fr/hydraneo
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Tableau 5 : Evaluation des économies d?eau par modernisation des systèmes d?irrigation
Paradoxalement, en optant pour du matériel d?arrosage localisé type goutte à goutte (plutôt réservé
aux cultures pérennes comme l?arboriculture), il n?y a de gain important par rapport au matériel
d?irrigation par aspersion qu?en période de déficit hydrique modéré. En période très sèche, lorsque
la réserve utile du sol est vidée, l?eau arrivant au sol est utilisée de même manière quel que soit le
système d?irrigation222 . Cependant, l?irrigation localisée n?est pas soumise à l?évaporation des
gouttelettes d?eau des asperseurs dans l?atmosphère, sans bénéfice pour la plante, ce qui peut
représenter 15 % de pertes les journées très chaudes223. Il faut ainsi éviter d?irriguer entre 11h-15h
en plein soleil avec ce type de matériel.
Envisager l?irrigation déficitaire ou de résilience en visant un optimum économique
et non une production maximale
Une piste importante d?économie d?eau en irrigation consiste à ne délivrer que des quantités
limitées d?eau à la plante, sans viser le rendement théorique maximum mais plutôt une stabilité de
production dans un contexte d?aléas climatique. L?irrigation déficitaire ou de résilience consiste à
n'irriguer une culture que lors des étapes de croissance sensibles à la sécheresse, par exemple
juste avant la floraison du maïs mais sans apports ensuite. En raisonnant sur un besoin en eau de
la plante de 6 mm/ jours pendant 15 jours en juillet et une réserve utile du sol de 50 mm disponible
fin juin, on arrive à un apport par irrigation limité à 50 mm (à comparer aux 200 mm qui sont l?ordre
de grandeur des apports traditionnels par irrigation réalisés pour le maïs). Le prix de l?eau constitue
un facteur important de prise de décision dans ce rationnement volontaire des apports.
Cette approche vise à donner du poids à la régularité des revenus et à revenir vers davantage
d?efficience et de sobriété en se basant sur une étude de rentabilité de l?exploitation agricole. Des
contrats de transition avec les OUGC en place pourraient permettre de promouvoir ce type de
pratique. De même une modulation de la tarification de l?eau avec une incitation économique aux
faibles consommations d?eau par hectare peut être un outil d?incitation à la promotion de l?irrigation
de résilience
Cependant, les économies d'eau à l'échelle de la parcelle n'impliquent pas nécessairement des
économies d'eau à long terme à l'échelle du territoire 224 . En effet, l'adoption d'équipements
d'irrigation plus efficaces peut conduire à une augmentation des prélèvements d'eau en raison de
changements dans le choix des cultures et des schémas de rotation des cultures, ou à l'extension
des surfaces irriguées. Pour parvenir à réduire les prélèvements d'eau, l'amélioration de l'efficacité
de l'irrigation ne doit pas dispenser du contrôle de la quantité d'eau que les agriculteurs sont
autorisés à prélever. Ces garanties peuvent être apportées par la mise en place d?une gestion
collective de l?eau agricole.
222 C. Serra Wittling, B. Molle, B. Cheviron. « Modernization of irrigation systems in France: what potential water
savings at plot level ? ». Sciences Eaux & Territoires, INRAE, 2020
223 P. Ruelle, JC. Mailhol, B. Iltier, Évaluation des pertes par évaporation lors des irrigations par aspersion en
condition de fort déficit hydrique, Ingénieries N°38, 06/2004, p. 13-20
224 GRAFTON, R.Q., WILLIAMS, J., PERRY, C.J., MOLLE, F., UDALL, B., GARRICK, D., RINGLER, C., WHEELER,
S.A., ALLEN, R.G., WANG, Y., STEDUTO, P., 2018, The paradox of irrigation efficiency. Higher efficiency rarely
reduces water consumption, Science, vol.361, p.748-750.
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Les pistes très encadrées d?accès de l?agriculture à la ressource en eau
La thématique 3 du Varenne prend acte que la réponse au changement climatique nécessite un
changement de modèle agricole, plus économe en eau et protecteur des sols, mais également
que, partout où cela est possible, il est envisageable de rendre la ressource en eau plus disponible
pour l?irrigation, dans le respect du bon état des milieux, en privilégiant, notamment par des
financements incitatifs et un accompagnement adapté, les retenues de substitution, les démarches
de gestion collective de l?eau ou en développant les techniques innovantes de réutilisation des
eaux usées traitées ou de recharge de nappes.
Les retenues de substitution
Il s?agit d?ouvrages artificiels permettant de substituer des volumes prélevés en période de basses
eaux à des volumes prélevés en période de hautes eaux. « Les retenues de substitution permettent
de stocker l?eau par des prélèvements anticipés ne mettant pas en péril les équilibres
hydrologiques, elles viennent en remplacement de prélèvements existants »225. Les prélèvements
peuvent être réalisés soit dans les eaux de surface, soit dans les eaux souterraines. Ces retenues
sont obligatoirement étanches et déconnectées du milieu naturel (cours d?eau, nappe, eaux de
ruissellement/fossé/drainage) en dehors de la période de remplissage prévue. Ces retenues de
substitution peuvent être de deux types : les retenues collinaires et les « bassines ».
Le développement éventuel des retenues collinaires est lié au potentiel topographique du sol, à
l?étanchéité naturelle du sol, à la taille du bassin versant qui doit être suffisante, et au montant des
investissements conditionnant la rentabilité? de l?ouvrage.
Quant aux « bassines », ce sont des ouvrages de stockage d?eau, creusés, terrassés et dont le
fond est étanchéifié à l?aide d?une géo-membrane. Elles sont remplies par pompage actif l?hiver
dans les rivières ou la nappe phréatique.226
Les réserves de substitution présentent un certain nombre d?avantages : pour l?environnement,
celui de diminuer la pression sur le milieu naturel en été, en évitant l?aggravation des étiages
naturels des cours d?eau ou les baisses piézométriques de la nappe ; pour les irrigants, celui de
sécuriser l?apport d?eau, l?eau des retenues de substitution déconnectées des cours d?eau et
nappes n?étant pas soumise aux mesures de limitation temporaire des usages de l?eau (arrêtés
sécheresse).
Ces retenues ne sont cependant pas exemptes d?inconvénients comme la perte de quantités d?eau
par évaporation, une détérioration de la qualité de l?eau par eutrophisation et un coût
d?investissement élevé. Elles font l?objet de vifs mouvements de contestations de la part
d?associations de protection de la nature notamment dans le département des Deux-Sèvres, avec
une forte médiatisation et des recours en justice pour empêcher leur réalisation227.
L?instruction du gouvernement du 7 mai 2019 limite les financements aux ouvrages de substitution
pour l?irrigation agricole inscrits dans un Projet de Territoire pour la Gestion de l?Eau (PTGE)
approuvé par le préfet coordonnateur de bassin ou le préfet référent. Dans le cadre du SDAGE,
l?agence de l?eau Loire-Bretagne accompagne les études et travaux de création de retenues de
substitution à un taux maximum de 70 % uniquement dans les territoires en déficit quantitatif ayant
défini des volumes prélevables, qui, par définition, sont plus faibles que les volumes prélevés
225 Instruction du Gouvernement du 7 mai 2019 relative au projet de territoire pour la gestion de l?eau et reprise du
guide juridique de la construction de retenues de 2011.
226 Pour pouvoir être considéré comme une retenue de substitution, un ouvrage qui intercepterait des écoulements
doit impérativement être équipé? d?un dispositif de contournement garantissant qu?au-delà? de son volume et en
dehors de la période autorisée pour le prélèvement, toutes les eaux arrivant en amont de l?ouvrage ou à la prise
d?eau sont transmises à l?aval, sans retard et sans altération.
227 Cf. Le Monde Mag, 2 avril 2022- Dans les Deux Sèvres, les méga-bassines font déborder le vase.
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autorisés. Seules sont aidées, par l?AELB, les retenues collectives avec gestion des prélèvements
par un OUGC.
A titre d?exemple, lors d?un déplacement en Auvergne et dans une note transmise ensuite à la
mission (Cf. annexe 12), la coopérative Limagrain 228 a fait état d?un besoin de 20 Mm3
supplémentaires pour l?irrigation sur la plaine de la Limagne, au-delà des effets attendus du
développement de variétés plus tolérantes au stress hydrique ainsi que de pratiques permettant
d?augmenter la rétention d?eau dans les sols. Ce volume serait nécessaire afin de maintenir le
dynamisme du territoire de la Limagne, territoire aux sols fertiles mais de climat sec, et en particulier
de développer une nouvelle filière de production de légumes de pleins champs. Il est précisé dans
cette note que des projets collectifs de retenues d?eau, sur la plaine de Limagne, dont certains déjà
engagés, pourront pallier l?urgence de la situation, face aux épisodes de sècheresse. Il est
également mentionné que la coopérative a la volonté de réfléchir de manière concertée avec les
autres acteurs dans une vision multiusage. La note conclut en indiquant que cette réflexion à
l?échelle locale devra être couplée à une vision plus globale sur la construction de grands ouvrages
incluant notre indépendance énergétique aux énergies fossiles et déterminant la pertinence de
créer des barrages hydroélectriques.
La réutilisation des eaux usées traitées
La réutilisation des eaux usées traitées (REUT) apparait comme une ressource insuffisamment
exploitée mais soumise, du fait des risques sanitaires, à des contraintes techniques,
règlementaires et socio-économiques 229 . L?arrêté du 2/08/2010 fixe des règles pour le suivi
qualitatif hebdomadaire, la traçabilité des volumes utilisés et des contraintes supplémentaires pour
l?irrigation. Le nouveau règlement européen du 25/02/2020 applicable à partir du 20/06/2023 va
renforcer ce niveau d?exigence sur les niveaux de qualité de l?eau. Il impose l?établissement d?un
plan de gestion des risques précisant l?organisation, les barrières suivant les usages? Dans le
cadre des conclusions du Varenne, il est prévu un article législatif dans le code de la santé publique
sur la REUT en industrie agroalimentaire. Alors qu?aujourd?hui on ne peut utiliser que des eaux
issues du milieu, il deviendrait possible d?utiliser les eaux usées pour certains usages en
agroalimentaire mais les eaux usées ne doivent en aucun cas entrer en contact avec les produits
alimentaires.
Dans le bassin Loire-Bretagne, on peut signaler le cas de l?association syndicale autorisée, l?ASA,
de Limagne Noire, qui recycle une partie des eaux usées de la ville de Clermont-Ferrand depuis
1998 pour l?irrigation de 750 ha répartis sur 50 exploitations.
La recharge artificielle des nappes et les réservoirs enterrés
La recharge artificielle de nappes (RAN) consiste à infiltrer ou à injecter, directement ou
indirectement dans une nappe des eaux de surface de provenances variées en utilisant la nappe
comme un réservoir de stockage. D?un point de vue réglementaire, la RAN relève de la directive
européenne sur les eaux souterraines230 . En France, elle est soumise à autorisation (rubrique
2.3.2.0. « Rejet » de la nomenclature) avec réalisation d?une étude d?impact. La réutilisation des
eaux usées traitées pour la RAN n?est actuellement pas autorisée en France, sauf arrêté préfectoral
spécifique.
228 Limagrain est une coopérative agricole et un groupe semencier international détenus par près de 1 500
agriculteurs installés en Limagne Val d?Allier. Présent dans 57 pays et rassemblant plus de 9 000 collaborateurs, le
Groupe réalise un chiffre d?affaires de 1 984 M¤ auxquels s?ajoutent 680 M¤ de chiffre d?affaires des activités
réalisées conjointement avec ses partenaires stratégiques. Pour plus de précisions consulter limagrain.com
229 Terre-net, « Irrigation : quel avenir pour la réutilisation des eaux usées ? », Nicolas Mahey, 15/09/2020, Terre-
net Média
230 Directive 2006/118/CE du parlement européen et du conseil du 12 décembre 2006 sur la protection des eaux
souterraines contre la pollution et la détérioration
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Une étude du BRGM231 compte 87 sites de recharge artificielle en France, dont une cinquantaine
sont actifs ou l?ont été par le passé. La plupart ont un objectif quantitatif d?alimentation en eau pour
un usage d?eau potable. Cette étude indique que la recharge artificielle de nappe présente un
certain nombre d?avantages par rapport à un stockage en surface, comme la limitation des pertes
d?eau par évaporation, le maintien de la disponibilité des terrains au-dessus de la zone de stockage
pour des usages urbains ou ruraux, les capacités d?épuration des eaux par le sol et le sous-sol...
La mission conjointe CGAAER-CGEDD « Changement climatique, eau, agriculture » de juillet 2020
conclut que d?une façon générale, la RAN peut constituer un procédé intéressant pour une gestion
active des eaux souterraines et leur contribution au « panier de solutions » à promouvoir pour faire
face aux effets du changement climatique. Ce sont donc des solutions qui peuvent s?envisager en
alternative de bassines, sans doute d?acceptabilité sociale plus facile.
Signalons aussi une innovation sous forme de réservoirs d?eau enterrés plein de sables
(REEPS)232, système permettant de stocker de l?eau dans une bassine enterrée, étanchéifiées par
une géo-membrane, remplie de sable et recouverte en surface d?une couche de terre. Le principe
est le même que pour une bassine de substitution mais l?eau est stockée dans les interstices du
sable, comme dans une nappe souterraine. L?avantage est l?absence d?évaporation en été, la
préservation de la qualité et de la température de l?eau et, sans doute, une meilleure acceptabilité
et pérennité même si le coût est supérieur.
La généralisation de la gestion quantitative de l?eau avec une gouvernance
adaptée
Les conclusions de la thématique 3 du Varenne renforcent le rôle des projets de territoire pour la
gestion de l?eau (PTGE) qui avaient été instaurés par les Assises de l?Eau comme cadre de
concertation locale entre les différents usages de l?eau avant toute création de nouvelle retenue.
Elles prévoient un renforcement du rôle du préfet coordonnateur dans le pilotage de ces
démarches, notamment pour maitriser les dérives de calendrier et avec une possibilité d?arbitrage
de sa part en cas de blocage.
L?instruction complémentaire correspondante destinée aux préfets coordonnateurs est en chantier
mais ne devrait pas aboutir avant fin 2022. Le décret n° 2021-795 du 23 juin 2021 relatif à la gestion
quantitative de la ressource en eau et à la gestion des situations de crise liées à la sécheresse a
été complété suite au Varenne par le décret 2022-1078 du 29 juillet 2022 relatif à la gestion
quantitative de la ressource en dehors de la période de basses eaux. Les préfets coordonnateurs
de bassin pourront déterminer ainsi un volume prélevable non seulement en étiage233, mais aussi
en hautes eaux, compte tenu des statistiques hydrologiques, permettant de déterminer les débits
nécessaires au fonctionnement du cours d?eau tout au long de la période de hautes eaux, le cas
échéant complétées par les résultats d?études relatives aux effets prévisibles du changement
climatique. Ce volume prélevable hivernal serait utilisable pour capter l'eau excédentaire pour la
stocker au moins jusqu?à l'été suivant. Un travail méthodologique, attendu d?ici fin 2022, a été confié
à l?INRAE et à l?OFB, pour évaluer ces volumes prélevables en hiver.
Le Varenne mentionne également une meilleure mobilisation des retenues existantes de toute
nature qu?il s?agisse des grands ouvrages hydrauliques existants : réservoirs hydroélectriques (la
présente mission s?inscrit en application de cette disposition dans le cas du bassin Loire-Bretagne),
ouvrages en gestion de VNF ou autres retenues existantes peu ou non utilisées. La mesure 12 des
231 Caballero et al., 2018, « Faisabilité de la recharge artificielle dans le bassin Rhône-Méditerranée-Corse :
contexte et analyse cartographique » rapport final BRGM-RP 67534-FR, 162 p.
232 Le Monde, 23/04/2022, « En Ardèche, une ?nappe phréatique artificielle ? contre les coupures d?eau. Il s?agit d?un
système conçu et breveté par un ingénieur français installé à Madagascar, Thierry Labrosse, lauréat du concours
Lépine en 2011 pour son invention.
233 A cette période d?étiage où les tensions sont maximales, le décret de 2021 confie au préfet le soin d?encadrer la
détermination du volume prélevable
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conclusions du Varenne prévoit ainsi d?ici fin 2022 :
le lancement d?un inventaire exhaustif des retenues d?eau en France (supérieures à 0,1
hectare) et un suivi des volumes stockés par méthodes satellitaires en lien avec le Centre
National d?Études Spatiales (CNES) pour une mise à disposition avant la fin 2022 (200 K¤
pour l?inventaire et 1M¤ via la mobilisation du PIA) ;
le lancement d?un appel à manifestation d'intérêts pour la sélection d?une dizaine de
territoires pilotes pour explorer les voies de remobilisation des volumes stockés non
utilisés.
Des interlocuteurs de la mission ont mentionné leurs préoccupations quant à l?existence de
nombreux étangs ou plans d?eau privés mal entretenus, voire quasiment abandonnés, en Haute-
Vienne et en Creuse. Si ces petites retenues peu ou non utilisées peuvent constituer une piste de
mobilisation quantitative éventuelle de ressources en eau, elles posent souvent un problème de
qualité de la ressource. En effet, ces eaux dormantes atteignent des températures élevées en été
et donnent lieu au développement de cyanobactéries, avec un fort impact sur les cours d?eaux
avec lesquels ces étangs sont en général directement connectés. L?inventaire des retenues d?eau
permettra de les identifier et d?engager des opérations de sensibilisation des propriétaires pouvant
conduire à une gestion renouvelée après mise aux normes ou à leur effacement.
Sur un territoire de la taille d?un SAGE ou d?un PTGE, l?idée générale est qu?il est possible d?avoir
une approche multiusage partagée entre tous les acteurs, de mettre en place une organisation
rigoureuse assurant une connaissance globale et parfaite des débits des cours d?eau et niveaux
des nappes ainsi que de tous les prélèvements sur la base d?études HMUC, gages d?une gestion
confiante, réactive et concertée. Dans ces conditions, les acteurs devraient accepter a priori plus
facilement le fait qu?il ne peut pas y avoir d?assurance totale de voir leurs besoins individuels
satisfaits, car les efforts de tous sont connus et considérés comme équitablement répartis234.
La mission recommande d?étendre à l?ensemble du bassin l?utilisation des outils de gestion
quantitative de l?eau
Cependant, les PTGE resteront de nature contractuelle et ne vaudront pas autorisation de création
de nouvelles retenues. Les conclusions du Varenne pourront être intégrés aux SDAGE à l?initiative
des comités de bassin. Comme le SDAGE Loire-Bretagne vient d?être révisé en mars 2022, cette
éventualité ne sera possible que par une nouvelle révision et n?est donc pas à l?ordre du jour dans
l?immédiat.235
234 On peut citer cependant comme contre-exemple que deux bassines ont été vandalisées fin juillet 2022 en
Vendée par un collectif anonyme d?opposants alors qu?elles avaient fait l?objet de démarches concertées et étaient
parfaitement autorisées.
235 La FNSEA et la coopération agricole ont déposé un recours gracieux contre le nouveau SDAGE Loire ? Bretagne
qui « restreint leur usage de l?eau ». Ce recours ayant été rejeté par la préfète coordonnatrice de bassin, ces
organisations envisagent de saisir le tribunal administratif.
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Annexe 12 Contribution de la coopérative
Limagrain
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Si la première pile nucléaire a divergé en France à Fontenay aux Roses en décembre 1948, le
premier réacteur nucléaire produisant de l?électricité a été installé sur les bords de la Loire, à
Chinon en 1963. Il a fonctionné pendant dix ans avec une puissance de 70 MWe et a donné
naissance ensuite à la filière graphite gaz (UNGG) et aux réacteurs de Chinon, de Saint-Laurent
et de Bugey. Aujourd?hui, douze réacteurs nucléaires, d?une filière différente dite à eau pressurisée,
sont présents sur la Loire : depuis l?amont vers l?aval, les deux réacteurs de Belleville de 1 300
MWe, les quatre réacteurs de Dampierre de 900 MWe, les deux réacteurs de Saint-Laurent de 900
MWe et enfin, les quatre réacteurs de 900 MWe de Chinon. Si on ajoute les deux réacteurs de
Civaux de 1 450 MWe, le bassin Loire Bretagne accueille ainsi, en nombre, le quart du parc
nucléaire français (56 réacteurs).
Ces réacteurs ont une double interaction avec le fleuve : ils prélèvent et consomment de l?eau afin
d?évacuer une partie de la chaleur produite par le réacteur et ils vont également rejeter, après
dilution, des effluents radioactifs dans le fleuve.
Ces opérations, en particulier les rejets d?effluents radioactifs, ne peuvent cependant être réalisées
que si le débit dans la Loire est suffisant : jusqu?à ce jour, y compris durant l?été 2022, aucune perte
environnementale de production sur le bassin Loire Bretagne, justifiée par une limite règlementaire
en échauffement ou en débit, n?a été constatée236.
Figure 67 : Les centrales nucléaires et les principales retenues du bassin de la Loire
236 Pour l?ensemble de ce paragraphe, voir le volet Prélèvements d?eau et rejets de l?édition 2020 du guide très
complet publié par EDF sur les « Centrales Nucléaires et leur environnement »
https://www.edf.fr/sites/default/files/contrib/groupe-edf/producteur-industriel/nucleaire/ENVIRONNEMENT/guide_2020_-
_centrales_nucleaires_et_environnement.pdf
PUBLIÉ
https://www.edf.fr/sites/default/files/contrib/groupe-edf/producteur-industriel/nucleaire/ENVIRONNEMENT/guide_2020_-_centrales_nucleaires_et_environnement.pdf
https://www.edf.fr/sites/default/files/contrib/groupe-edf/producteur-industriel/nucleaire/ENVIRONNEMENT/guide_2020_-_centrales_nucleaires_et_environnement.pdf
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Source : EDF
1°) Les prélèvements et la consommation d?eau des centrales nucléaires
Une centrale nucléaire de production d?électricité produit de l?électricité mais aussi de la chaleur
qui doit également être évacuée237. Si un réacteur de 900 MWe, présent en bord de mer, a besoin,
à cette fin, d?un débit d?environ 40 m3/s pour évacuer la chaleur en circuit ouvert dans la mer, les
centrales du bassin Loire Bretagne évacuent, au contraire, cette chaleur dans l?atmosphère : ils
bénéficient pour cela d?aéroréfrigérants qui permettent d?évacuer l?essentiel de la chaleur dans
l?atmosphère sous forme de vapeur d?eau (non radioactive). Le débit d?eau prélevée n?est plus alors
que d?environ 2 m3/s par réacteur : 30 à 40 % de ce débit est évaporé dans l?atmosphère environ
0,67 m3/s pour un 900 MWe et 0,75 m3/s pour un 1 300 MWe) ; le reste, 60 à 70 %, retourne à la
rivière.
Figure 68 : Schéma d?un centre de production nucléaire avec un circuit fermé238
Source : EDF
On estime, dans ce cas, que la chaleur apportée au fleuve représente environ 2 à 4 % de la chaleur
produite par le réacteur. De fait, l?augmentation de température entre l?amont et l?aval d?un centre
de production nucléaire est strictement encadré comme le montre le tableau de consignes ci-
dessous : elle doit être inférieure à 1°C pour un site nucléaire de la vallée de la Loire (voire 1,5 °C
si le débit est important et si la température de l?eau est inférieure à 15 °C). En pratique,
l?échauffement est limité à quelques dixièmes de degrés en aval du rejet après mélange.
237 Il existe donc un circuit spe cifique permettant de refroidir la vapeur d?eau du circuit secondaire qui entraî ne la
turbine et arrive ensuite dans le condenseur
238 https://www.edf.fr/sites/default/files/contrib/groupe-edf/producteur-
industriel/nucleaire/ENVIRONNEMENT/guide_2020_-_centrales_nucleaires_et_environnement.pdf
PUBLIÉ
https://www.edf.fr/sites/default/files/contrib/groupe-edf/producteur-industriel/nucleaire/ENVIRONNEMENT/guide_2020_-_centrales_nucleaires_et_environnement.pdf
https://www.edf.fr/sites/default/files/contrib/groupe-edf/producteur-industriel/nucleaire/ENVIRONNEMENT/guide_2020_-_centrales_nucleaires_et_environnement.pdf
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Les deux réacteurs nucléaires de Civaux bénéficient d?un aéroréfrigérant supplémentaire sur le
circuit de restitution de l?eau qui permet de refroidir les eaux rejetées : dès lors que la température
de la Vienne dépasse les 25 °C, l?augmentation de température liée à la centrale de Civaux doit
être quasi-nulle.
Tableau 6 : Centrales nucléaires ? prélèvements et augmentation de la température de l?eau rejetée
Centrale Augmentation de la température Prélèvements
Belleville
(Loire)
Si D < 100m3/s et Taval < 15°C : ?T < 1,5°C
Sinon : ?T ? 1°C
Prélèvement ? 10,5m3/s
Restriction possible à 2,5m3/s
si le débit à Gien est inférieur
à 43m3/s.
Chinon
(Loire)
Si D < 100m3/s et Taval < 15°C : ?T < 1,5°C
Sinon : ?T ? 1°C
Prélèvement ? 8,6m3/s
Dampierre
(Loire)
Si D < 100m3/s et Taval < 15°C : ?T < 1,5°C
Sinon : ?T ? 1°C
Prélèvement ? 12,3 m3/s
Restriction possible à 3m3/s si
le débit à Gien est inférieur à
43m3/s.
St Laurent
(Loire)
Si D < 100m3/s et Taval < 15°C : ?T < 1,5°C
Sinon : ?T ? 1°C
Prélèvement ? 7m3/s
Restriction possible à 1,5m3/s
si le débit à Blois est inférieur
à 46m3/
Civaux
(Vienne)
Si Tamont < 25°C : ?T ? 2°C et Taval ? 25°C
En cas d?étiage hivernal sévère (du 01/11
au 30/04) : si Tamont < 25°C : 2<?T ? 3°C
et Taval ? 25°C
Sinon : ?T = 0°
Prélèvement ? 6m3/s
Evaporation ? 1,7m3/s
Daval ? 10m3/s
légende D : débit Daval : débit à l?aval de la centrale
Tamont : température de l?eau à l?amont de la centrale
Taval : température de l?eau à l?aval de la centrale
?T : augmentation de la température de l?eau autorisée
Les prélèvements nécessaires au refroidissement réalisés par les 12 réacteurs nucléaires sur la
Loire constituent le premier facteur d?usage de l?eau par leur quantité : en moyenne annuelle de
2011 à 2021, les 12 réacteurs nucléaires présents sur la Loire ont prélevé 643 Mm3/an. Mais,
l?essentiel de ces prélèvements, en moyenne 74 %, est restitué au fleuve 239 si bien que le
prélèvement net annuel moyen, dû essentiellement à l?évaporation de l?eau à l?intérieur des
aéroréfrigérants, sur cette période a été de 168 Mm3.
Cette consommation est plus faible sur la seule période d?étiage prise ici de juillet à octobre,
période privilégiée par l?exploitant pour les actions d?entretien et de maintenance : elle s?est en effet
239 Sur l?ensemble de l?année 2019, 74 % de l?eau ainsi prélevée sur les centrales de bord de Loire a été restitué
au fleuve.
PUBLIÉ
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élevée à 50 Mm3 d'eau en 2019 (26 % de la consommation annuelle d?eau de refroidissement) et
40 Mm3 en 2020 millions (20 % de la consommation annuelle d?eau de refroidissement). Pour la
Vienne, les deux centrales nucléaires de Civaux ont consommé 15 Mm3 en 2019 (42 % de sa
consommation annuelle d?eau de refroidissement) et 9,8 Mm3 en 2020 (32 % de sa consommation
annuelle d?eau de refroidissement).
Conformément aux préconisations du SDAGE Loire-Bretagne et afin d?économiser l?eau en période
critique, c'est à dire lorsque la Loire atteint le débit de crise de 43 m3/s au point nodal de Gien, le
préfet coordonnateur peut, toute mesure de soutien d'étiage ayant été épuisée, demander à ce
que le prélèvement moyen journalier réalisé soit limité au minimum requis pour le maintien de la
sûreté des installations, soit 3 m3/s au maximum sur Dampierre et 2,5 m3/s pour Belleville240. Ce
seuil est de 46 m3/s à Blois pour Saint-Laurent et de 54 m3/s à Langeais pour Chinon.
2°) Les rejets radioactifs sont strictement encadrés par l?autorité de sûreté
nucléaire
Une centrale nucléaire de production d?électricité rejette également des effluents radioactifs241 en
quantité limitée dans la rivière dans le cadre des autorisations qui lui sont accordées par l?autorité
de sûreté nucléaire242. Les effluents radioactifs liquides représentent un volume d'environ 11 000
m3 par an et par réacteur (auxquels on pourrait ajouter également les exhaures (non radioactifs)
de la salle des machines : environ 55 000 m3).
Ces opérations ne peuvent se faire que si la concentration en produits radioactifs dans la rivière
reste inférieure aux seuils fixés et que si le débit est suffisant pour assurer une dilution suffisante.
De plus, lorsque le débit à Gien devient trop faible (inférieure à 100 m3/s), une coordination des
rejets entre les différentes centrales est assurée de façon à éviter que les rejets ne se superposent
et amènent à des concentrations excessives. Enfin, en?dessous d?un certain seuil propre à chaque
centre nucléaire de production d?électricité, les rejets sont interdits, comme le montre le tableau ci-
dessous : 30 m3/s à Dampierre et Belleville, 46 m3/s pour Saint-Laurent et 54 m3/s pour Chinon.
Tableau 7 : Centrales nucléaires ? rejet des effluents radioactifs en fonction des débits
Débits Contraintes sur les rejets
Débit Loire à Gien atteint 100 m3/s Mise en oeuvre de la de la pré- coordination des
rejets pilotée par le CNPE de Saint-Laurent
Débit Loire à Gien atteint 60 m3/s Coordination des rejets pilotée par le CNPE de
Saint-Laurent avec déclaration à l'ASN
240 https://www.asn.fr/l-asn-reglemente/bulletin-officiel-de-l-asn/installations-nucleaires/decisions-
individuelles/decision-n-2011-dc-0211-de-l-asn-du-3-mars-2011
241 Si la quantite de tritium rejete e de pend uniquement de la quantite d?e lectricite produite, celle des autres effluents va
de pendre de la modulation de la production des re acteurs. Une augmentation des transitoires de production conduira
donc a une augmentation de la production des effluents. Voir sur ce point
https://www.edf.fr/sites/default/files/contrib/groupe-edf/producteur-
industriel/nucleaire/ENVIRONNEMENT/guide_2020_-_centrales_nucleaires_et_environnement.pdf
242 Le De cret d?Autorisation de Cre ation d?un Centre de production nucle aire d?e lectricite , CNPE, couvre les aspects
su rete et protection du public et de l?environnement. Ce de cret est comple te par deux de cisions de l'Autorite de su rete
nucle aire, l?une fixant les limites de rejets d?effluents, l?autre les modalite s de rejets. Apre s instruction et validation par
le Colle ge ASN, la de cision limites est homologue es par un arre te du ministre en charge de la su rete nucle aire et publie es
au Journal Officiel pour mise en application. Ces de cisions pre voient les rejets des effluents chimiques et radiochimiques
ainsi que les rejets thermiques. Elles pre voient notamment la poursuite des rejets radioactifs en situations d'e tiage (voir
tableau pre ce dent). Dans le cas particulier de la Loire, il est mis en place une coordination des rejets liquides en pe riode
d?e tiage. A cela s?ajoute les re gles ge ne rales d?exploitation re dige es par l?exploitant et valide es par l?ASN. Par ailleurs,
une centrale dispose d?autorisations de livre es par l?ASN ou le pre fet pour les installations relevant des re glementations.
PUBLIÉ
https://www.asn.fr/l-asn-reglemente/bulletin-officiel-de-l-asn/installations-nucleaires/decisions-individuelles/decision-n-2011-dc-0211-de-l-asn-du-3-mars-2011
https://www.asn.fr/l-asn-reglemente/bulletin-officiel-de-l-asn/installations-nucleaires/decisions-individuelles/decision-n-2011-dc-0211-de-l-asn-du-3-mars-2011
https://www.edf.fr/sites/default/files/contrib/groupe-edf/producteur-industriel/nucleaire/ENVIRONNEMENT/guide_2020_-_centrales_nucleaires_et_environnement.pdf
https://www.edf.fr/sites/default/files/contrib/groupe-edf/producteur-industriel/nucleaire/ENVIRONNEMENT/guide_2020_-_centrales_nucleaires_et_environnement.pdf
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Page 185/212
Débit Loire < 54 m3/s à l'amont du CNPE de
Chinon (Décision ASN modalités n°2015-DC-
0528 du 20/10/2015)
Arrêt des rejets
Débit Loire < 46 m3/s à l'amont du CNPE de
Saint-Laurent (Décision ASN modalités
n°2015-DC-0499 du 19/02/2015)
Arrêt des rejets
Débit Loire < 30 m3/s à l'amont du CNPE de
Dampierre (Décision ASN modalités n°2011-
DC-0211 du 3/03/2011) et à l'amont du CNPE
de Belleville (Décision ASN modalités
n°2014-DC-0413 du 16/01/2014)
Arrêt des rejets
Pour un débit à Gien inférieur à 60 m3/s, les sites Val de Loire mettent en place une coordination
des rejets. Le retour d?expérience accumulé depuis plus de 30 ans sur les quatre sites nucléaires
montre que ce débit est sans impact sur le fonctionnement des réacteurs.
Lors de l?étiage 2020 et 2022, au cours duquel l?Objectif de Soutien d?Etiage (OSE) à Gien a
progressivement été abaissé jusqu?à 45 m3/s, le site de Chinon a observé à plusieurs reprises un
débit inférieur à 54 m3/s, empêchant les rejets d?effluents radioactifs, sans impact toutefois, sur le
fonctionnement global du CNPE. La durée cumulée pendant laquelle les rejets n?ont pu être
réalisés était de l?ordre de 9 jours.
Notons enfin que le développement des énergies renouvelables conduira progressivement à des
besoins de flexibilités accrus des différents moyens contribuant au mix énergétique (production,
consommation, stockage). Après l?hydraulique, les centrales nucléaires, principaux moyens de
production pilotable, contribuent déjà notablement et pourraient contribuer encore plus à cette
flexibilité. Le nombre de variations de puissance que des réacteurs du parc nucléaire français
seraient amenés à réaliser en une année devrait augmenter (de 15 baisses en moyenne par an et
par réacteur à une fourchette allant de 50 à 120 suivant les scénarios d?évolution de la demande
et du parc nucléaire à horizon 2040). Pour autant, la flexibilité du parc nucléaire français n?est pas
récente, et la comparaison des effluents émis par des réacteurs très manoeuvrés dans le passé
avec ceux émis par des réacteurs exploités en continu et à pleine charge montre que le volume
d?eau rejetée y est plus élevé d?environ 20 %, ce qui conduit à un besoin de disposer de plus de
périodes dans l?année où les rejets sont possibles. L?augmentation des périodes où les rejets des
CNPE de la Loire sont contraints par la coordination des rejets en Loire, aurait donc un impact sur
les capacités de manoeuvrabilité, sauf si des capacités temporaires de stockage étaient rendues
disponibles comme ce fut le cas en 2022.
PUBLIÉ
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Annexe 14 Les économies d?eau possibles sur les
canaux de VNF243
Sur le Bassin de la Loire, les canaux de VNF n?assurent plus aujourd?hui de transport de
marchandises, mais permettent des activités de plaisance (péniches-hôtels, bateaux de location,
bateaux promenades et plaisance privée) pour des retombées économiques244 d?environ 20 M¤
par an : sur les canaux du Briare et nord du canal Latéral, l?activité « péniches hôtels » en génère
3 M¤ à elle seule. Ils servent aussi d?approvisionnement en eau pour l?agriculture245 ).
Figure 69 : Canaux VNF sur le bassin de la Loire
Source : VNF
Ce réseau, géré par la Direction Territoriale Centre Bourgogne (DTCB) de VNF, est constitué
243 Cette annexe provient d?une note transmise à la mission par VNF
244 Les retombées économiques sur un territoire correspondent aux ressources résultants de l'activité et perçues
par les acteurs économiques du territoire (restaurants, sites touristiques, ?). Elles prennent en compte les sources
de retombées (opérateurs, clientèle et personnel à bord) ainsi que les bénéficiaires (entreprises, individus et
collectivités). Les données chiffrées sont issues d?une étude nationale sur les retombées économiques par filière
du tourisme fluvial territorialisées ensuite par itinéraire en fonction des trafics présents. Voir notamment :
https://www.vnf.fr/vnf/rntf-2020-vnf-devoile-sa-nouvelle-etude-sur-les-retombees-economiques-du-tourisme-
fluvial/
245 Plusieurs associations d?irrigants ont attaqué en justice l?arrêté Préfectoral d?autorisation des Lorrains de Juillet
2019, en cela qu?il oblige à ne pas dépasser un volume de prélèvement de 34 millions de m3 d?Avril à Octobre
(recours perdu).
PUBLIÉ
https://www.vnf.fr/vnf/rntf-2020-vnf-devoile-sa-nouvelle-etude-sur-les-retombees-economiques-du-tourisme-fluvial/
https://www.vnf.fr/vnf/rntf-2020-vnf-devoile-sa-nouvelle-etude-sur-les-retombees-economiques-du-tourisme-fluvial/
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d?amont en aval :
du canal de Roanne à Digoin (CRD), qui s?étend sur 56 km et comporte 10 écluses ;
de la partie ouest de canal du Centre (CC), à cheval sur les bassins de Rhône et de la
Loire, sur 65km ;
du canal latéral à Loire (CLL) qui s?étend dans sa partie sud entre Digoin et Nevers sur 106
km (20 écluses) et au nord de Nevers à Briare sur 90 km (17 écluses), et 17 km d?annexes
hydrauliques (dont embranchements) ;
de la partie sud canal du Nivernais (CN), à cheval entre les bassins Seine et Loire (35
écluses), 67km, dont une partie est gérée par le Conseil départemental de la Nièvre sur
51km (dans le cadre d?une concession) et par VNF sur une longueur de 16km ;
de la partie sud du canal de Briare, à cheval sur les bassins de la Seine et de la Loire, sur
16km ; (26 écluses).
Ces différents canaux ont prélevé, pour les années 2018 à 2021, un volume total annuel moyen246
d?environ 144 Mm3 (dont environ 120 Mm3 sur .la période de mai à novembre). Sur ce volume,
80 Mm3 (dont un peu plus de 30 Mm3 de juin à octobre) ont été prélevés à Roanne pour alimenter
le canal de Roanne à Digoin puis la branche Sud du canal latéral à la Loire, et un peu plus de
50 Mm3 prélevés dans l?Allier à Cuffy, via la rigole des Lorrains pour alimenter la branche nord du
canal latéral à la Loire (dont 20 Mm3 de juin à octobre en 2019 et 2020 (30,4 en 2018)).
En cas d?été particulièrement sec, la navigation peut être interdite ou réduite. Ce fut notamment le
cas en 2019 et 2022.
Cinq pistes sont possibles pour diminuer la consommation d?eau :
1°) réduire les fuites sur certains biefs de canaux :
Les pertes en eau d?un canal sont de 3 types :
par « infiltration » de façon diffuse le long de l?itinéraire et qui tendent à augmenter si des
travaux de défenses de berges ne sont pas réalisés de façon régulière (gestion
patrimoniale)
localisées, bien identifiées et suivies
par évaporation (pertes sèches).
Les pertes par infiltration sont liées à la nature des terrains traversés ainsi qu?à leur mode de
réalisation (18-19ème siècles). La mise au gabarit dit « Freycinet » des canaux à compter des
années 1890 a été réalisée par réhaussement des berges et élargissements : la majorité des fuites
constatées actuellement sont liées aux parties supérieures du canal, par une insuffisance
d?étanchéité entre les parties inférieures et supérieures des berges. Par ailleurs, le vieillissement
de l?infrastructure aggrave la perte d?étanchéité au niveau des berges et du plafond.
Ces pertes par infiltration le long des biefs sont estimées à près de 11 Mm3 par an pour les canaux
de Roanne à Digoin et latéral à la Loire. Cette estimation résulte de l?extrapolation de mesures de
246 Les données présentées ci-dessus résultent des mesures de prélèvements effectuées sur les sites concernés
(Roanne, Lorrains, Briare). Il est important d?indiquer que les mesures figurant dans la banques de données
publique des prélèvements sont différentes et plus élevées (259 M de m3) Ceci s?explique par le fait qu?à ce jour le
paiement de la redevance prélèvement auprès des agences s?effectue sur certains sites par l?application d?un forfait
(1,54 million de m3 au Km de canal) et sur la base du réel mesuré sur les sites de Roanne, des Lorrains et de Briare.
Pour l?exemple ce calcul au forfait conduit à une déclaration de 98 millions de m3 pour le prélèvement effectué sur
la rivière Arroux à Gueugnon qui permet d?alimenter la branche « Loire » du canal du Centre alors même que le
prélèvement réel estimé représente environ 20 millions de m3. La DTCB est engagé dans une démarche visant à
supprimer cette application du forfait pour une déclaration a réel de l?ensemble des prélèvements.
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pertes effectuées durant la basse saison. Pour le canal du Centre et du Briare il n?existe pas de
mesures à ce jour. Une étude récente réalisée par BRL ingénierie sur le canal du Centre estimait
les pertes par infiltration à 25 % de la consommation totale.
Des travaux d?environ 10 M¤ seraient nécessaires pour traiter les secteurs les plus sensibles sur
les 80 km de la partie nord du canal latéral à la Loire où sont constatées des pertes diffuses. Pour
le canal de Roanne à Digoin, ces travaux nécessitent un investissement de 500 k¤ par an sur 10
ans. Ces travaux portent également sur les ponts canaux, dont le coût de régénération est estimé
à 1,5 M¤.
Sur le canal de Briare enfin, les fuites intéressant le versant Loire touchent principalement le bief
de partage pour lequel des travaux sont estimés à environ 1 M¤. Enfin, Les pertes sur le canal du
Centre sont principalement diffuses sur les biefs en remblai et ouvrages de gestion hydraulique.
Le montant des travaux peut être estimés 2 M¤.
Les pertes localisées le canal de Roanne à Digoin, déterminant pour l?alimentation en eau de la
partie sud du canal Latéral à Loire, présente des biefs très fuyards, notamment le bief d?Artaix
d?une longueur d?environ 20 km (environ 0,8m3/s soit environ 17 Mm3/an). Une étude a été confiée
à ISL Ingénierie pour déterminer un programme d?actions visant à améliorer le rendement
hydraulique du canal de Roanne à Digoin. Le coût de régénération de ce bief est aujourd?hui estimé
à 6 M¤. Sur le canal latéral à la Loire, le bief du Guétin présente des pertes importantes (pertes
de près de 200 l/s, soit 12 Mm3/an) dans un environnement karstique complexe. Les travaux de
traitement du cuvelage y sont estimés à 5,5 M¤ Sur les autres biefs du canal de Roanne à Digoin,
un programme de régénération de 500 k¤ par an sur 10 ans est envisagé. Il porte également sur
les ponts canaux, dont le coût de régénération est estimé à 1,5 M¤.
Tableau 8 : Canaux VNF ? estimation des fuites et du coût des travaux nécessaires
Itinéraire Fuites
linéaire
Fuites
importantes
Cout travaux
linéaire (en M¤)
Cout travaux fuites
importantes (M¤)
Roanne à Digoin 11 M de m3 17 M de m3 6,5 6
Latéral à la Loire 12 M de m3 10 5 ,5
Briare A estimer 1
Centre A estimer 2
Source : VNF
Signalons, toutefois que les volumes générés par les fuites représentent des pertes pour les
barrages à l?amont qui doivent les compenser, mais ne sont pas totalement perdus pour les milieux.
Une étude plus précise de type « bilan environnemental hydrologique » serait nécessaire pour
valider un apport potentiel des nappes d?accompagnement par les fuites des infrastructures des
canaux (exemple de la synergie entre le canal de Bourgogne et la vallée de l?Ouche, où les fuites
du canal ont un rôle potentiel dans la limitation de la tension hydrique du bassin versant).
Les pertes par évaporation sont estimées dans la littérature à 2 % de la consommation totale
(donnée reprise dans l?étude BRL sur le canal du Centre de 2019).
2°) Retrouver les capacités de rétention des barrages d?alimentation :
L?alimentation du canal du Briare est composée de plusieurs barrages-réservoirs dont les plus
importants sont le Bourdon (situé sur le bassin Seine mais qui alimente le bief de partage, donc en
partie le versant Loire) et Grand Rue sur le bassin Loire (bassin de la Trézée). Le volume théorique
total du système est de 17 millions de m3.
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Au cours des dernières années, l?impossibilité d?exploiter le barrage de Grand Rue, dont la cote de
retenue normale a été abaissée pour des raisons de sécurité a eu pour conséquence la sur-
sollicitation de l?usine élévatoire et du barrage du Bourdon. Dans le cas le plus défavorable, le
prélèvement sur la Loire à Briare a pu atteindre un maximum de 8,9 Mm3/an. Les simulations
réalisées dans le cadre des études de mise en conformité des ouvrages montrent qu?un
remplissage optimal des ouvrages de Grand Rue et Bourdon permettrait quasiment de ne plus
avoir recours à l?usage de l?usine élévatoire (réduction de la consommation d?une part, et
amélioration du soutien d?étiage de la Trézée, donc de la Loire d?autre part).
Les travaux de remise en état de la retenue de Grand Rue sont aujourd?hui estimés à 8 M¤ et ceux
du barrage du Bourdon (sur le versant Seine mais important pour l?alimentation du Briare) à 13, 5
M¤. S?y ajoutent des travaux sur les rigoles d?alimentation de Saint Privé et des pompes pour 5 M¤.
L?ensemble de ces travaux permettrait de réduire le prélèvement en Loire à Briare à 300 000 m3
par an à comparer aux 4 Mm3 en moyenne actuelle. Cette reconstitution des capacités de stockage
permettrait d?utiliser principalement l?usine élévatoire au printemps et de n?utiliser à partir de
juin/juillet que les barrages réservoirs évitant de pomper dans la Loire à Briare.
3°) La réduction des consommations agricoles :
En 2020, des interdictions de prélèvement agricoles ont été décidées au cours de la période
estivale afin de maintenir autant que possible la navigation. Mais réduire les prélèvements agricoles
effectués à partir des installations fluviales semble aujourd?hui d?autant plus difficile que les
événements de stress hydriques et donc les tensions avec la profession agricole se multiplient. Un
travail conjoint avec les services de l?Etat, les usagers est ainsi nécessaire.
4°) La modernisation de la gestion hydraulique :
En l?état actuel, l?alimentation en eau est effectuée par des interventions manuelles opérées par
les agents de VNF depuis chaque ouvrage de prise d?eau. Cette gestion manuelle, difficile et
pénible pour les agents qui en ont la charge, conduit à maintenir un niveau d?eau supérieur au
niveau légal pour les biefs (notamment les plus fuyards) afin d?éviter les problèmes d?abaissement
du mouillage aux conséquences fâcheuses pour la navigation. Le projet de modernisation engagé
par VNF et pour les 10 prochaines années devrait permettre d?instrumenter le réseau et
d?automatiser ou de télégérer l?ensemble des ouvrages au profit d?une consommation optimale de
la ressource en eau.
Le canal du Loing a été modernisé en 2015. Dans ce cadre, les niveaux d?eau des biefs sont
ajustés de façon automatiques, le fonctionnement des ouvrages hydrauliques étant asservis au
respect des cotes d?exploitation. Le bilan des consommations ante et post modernisation fait
apparaitre sur ce canal des gains de consommation de 15 à 20 %.
5°) L?abaissement des cotes d?exploitation :
L?abaissement devrait permettre de réduire les pertes en biefs, en partie haute des digues compte
tenu de leur état structurel. Cet abaissement peut être envisagé :
Soit par un abaissement du plafond des biefs en conservant le mouillage actuel. Ceci
nécessite la réalisation d?opérations de dragage permettant de récupérer des capacités de
stockage réduite au fil des années par les différents phénomènes d?apports sédimentaires.
Dans ce cas, les modalités d?exploitation de la navigation sont conservées, mais impliquent
un investissement conséquent en coût de dragage (enjeu des filières de destination des
sédiments en externe), estimé à environ 1M¤/an247 ;
247 Pour un linéaire cumulé d'environ 50km, hors de zones de dragages récurrents (croisement canal/rivière)
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Soit par un abaissement des biefs par réduction du mouillage qui engendre une
dégradation des conditions de navigation et donc de l?offre de service, avec comme
conséquence des enjeux socio-économiques connexes (ex : impossibilité de maintenir le
trafic péniches-hôtels avec une cale identique).
Selon les premiers essais réalisés sur des biefs du canal latéral à la Loire, les gains en
consommation pourraient représenter 15 % (chiffre qui sera à confirmer par de prochains essais),
ce qui est effectivement important et pourrait conduire à diminuer les prélèvements de l?ordre de
20 millions de m3 (pour une profondeur d?eau à 1,60m sur le périmètre des canaux concernés par
le bassin versant Loire contre une hauteur de 2,20 m actuellement).
L?application de cette mesure nécessite des aménagements d?ouvrages dont les impacts financiers
restent à chiffrer : réduction du débit des vannes d?alimentation, restructurations des ouvrages pour
assurer les sorties d?eau liées aux débits réservés ou l?abaissement des seuils fixes (déversoirs)
sur le réseau.
Elle présente des impacts dont le rétrécissement de la largeur de la voie d?eau limitant le
croisement et le stationnement des usagers dans les biefs, une potentielle augmentation de la
température de l?eau augmentant la prolifération des plantes aquatiques et néfaste pour la faune
aquatique
Au total, les économies globales en volume d?eau seraient environ de 60 Mm3 (70 % du volume)
pour un montant approximatif 110M¤.
Tableau 9 : Canaux VNF ? récapitulatif du coût des travaux et des économies d?eau associées
Source : VNF
volume (Mm3) Coûts (M¤) observations
Réduction des fuites 40 31 Montants CRD et CLL
Capacités de rétention 7 27 barrages réservoirs et système alimentaire
Modernisation Gestion hydraulique 20 42 modernisation GH ouvrages et système alimentaire
Abaissement côte d'exploitation 20 10 (hors montant adaptation organes GH)
Total 87 110
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Annexe 15 L?alimentation en eau potable sur le
bassin Loire-Bretagne
L?AEP est un usage prioritaire aux consommations globalement stabilisées dans
le bassin
Évolution des consommations en eau potable
L?alimentation en eau potable représente près de 22 % des prélèvements bruts du bassin en 2013,
soit 959 Millions de m3 par an. Malgré l?augmentation de 7 % de la population entre 2007 et 2013,
l?état des lieux 2019 du SDAGE indique une légère baisse des prélèvements. Cela peut s?expliquer
par les économies d?eau réalisées par les consommateurs, notamment du fait de l?augmentation
constante du prix de l?eau sur la même période248.
Si l?on tient compte du fait que 80 % de l?eau urbaine prélevée est rejetée dans le milieu, la
consommation nette n?est alors que de 192 Millions de m3 (soit 10 % des volumes annuels
consommés) dont 48 Millions de m3 pendant les mois d?étiage (soit 6 % des volumes de cette
période). Les volumes consommés en étiage pour l?AEP ne sont majoritaires qu?en Bretagne. Dans
les grandes régions céréalières, la part de l?alimentation en eau potable est très faible voire peu
significative en étiage.
Volumes consommés à l?étiage en 2013 par usages et territoires
Source : Etat des lieux SDAGE, 2019
Comme le montre la figure suivante, les grandes agglomérations du bassin génèrent les plus fortes
densités de prélèvements liées à l?eau potable, notamment le long des grands axes fluviaux.
248 Le prix moyen de l?eau pour un foyer du bassin consommant 120 m3/an s?élève à 4,21 ¤/m3 en 2015, ce qui
représente une augmentation de 2,2 % par an depuis 2010 (source : État des lieux du SDAGE 2019)
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Figure 70 : AEP ? densité de prélèvements par bassin versant de masse d?eau en 2019
Source AELB
Évolution passée et à venir de la population et des consommations
La population de Loire-Bretagne a augmenté globalement de 7 % entre 2006 et 2015. Cette
évolution conditionne a priori celle de la consommation d?eau potable, cependant sans
proportionnalité stricte du fait des économies d?eau qui peuvent être réalisées par les ménages et
les industries consommatrices. Au final, les prélèvements liés à l?eau potable sont en légère baisse
à l?échelle du bassin sur cette période.
Le bassin est en effet caractérisé par la juxtaposition de zones très peuplées et en croissance avec
des zones moins peuplées et en décroissance. On assiste depuis plusieurs années à un
déplacement de la population principalement vers l?ouest du bassin : sur la période 2006-2015, les
taux de croissance démographiques y sont supérieurs à la moyenne du bassin. Ainsi, la
commission territoriale Loire aval et côtiers vendéens est marquée par une croissance
démographique de plus de 15 % sur cette même période contre 7 % en moyenne. À l?opposé, le
centre et l?est du bassin sont globalement marqués par une diminution de la population.
Les projections démographiques de l?INSEE à l?horizon 2050 font état d?une augmentation de la
population dans tous les départements du bassin, particulièrement en Pays de la Loire, Bretagne
et Auvergne-Rhône-Alpes (0,5 % par an)249.
249 INSEE, 2017, « D?ici 2050, la population augmenterait dans toute les régions de métropole », INSEE Première
n°1652- juin 2017, 4 p.
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Figure 71 : Croissance annuelle moyenne de la population entre 2013 et 2050
Source : INSEE
Malgré ces perspectives d?évolution démographique, on peut estimer que les tendances observées
ces dernières années vont globalement se maintenir d?ici 2050, à savoir une relative baisse des
consommations individuelles d?eau potable compensant l?augmentation de la population.
Néanmoins la Bretagne, une partie du marais Poitevin, la Beauce, et l?amont du bassin le long des
axes Loire et Allier, ont des tendances à la hausse des consommations. La population de Nantes
Métropole a augmenté de 1,4 % par an depuis 2013 et les projections font état d?une progression
de 100 000 habitants d?ici 2030 ce qui va entrainer inévitablement une augmentation significative
des consommations dans ce cas précis.
Organisation de l?alimentation en eau potable dans le bassin
Le bassin Loire-Bretagne compte 2 100 services d?eau potable et 4 500 services d?assainissement
collectif, desservant une population d?environ 13 millions d?habitants. La distribution de l?eau
potable et la récupération des eaux usées se fait par des réseaux enterrés représentant près de
366 000 km de canalisations.
On compte près de 6000 points de captage, 95 % étant alimentés par de l?eau souterraine et 5 %
par de l?eau superficielle. Les prises d?eau superficielle assurent cependant 44 % des débits
notamment pour les grandes agglomérations250.
Les prises d?eau superficielle se situent majoritairement dans l?ouest du bassin Loire-Bretagne, là
où les ressources en eau souterraine sont plus limitées et où la population est la plus dense. En
Bretagne, l?alimentation en eau potable est assurée à 25 % seulement par les eaux souterraines,
les 75 % restants étant issus des eaux superficielles (cours d?eau et retenues). Les parties centrale
et amont du bassin sont par contre majoritairement desservies par de l?eau souterraine. Les
250 Saint-Etienne, Roanne, Limoges et l?essentiel des agglomérations en Bretagne sont alimentés par des retenues.
Nantes, Bourges, Montluçon, Vierzon sont alimentés par des prélèvements dans les cours d?eau ou en nappe
d?accompagnement.
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ressources de faible débit sont multiples à l?amont du bassin. Au contraire, les forages au débit
plus conséquent sont observés sur la partie centrale du bassin, en raison des différences de
contexte géologique.
Des abandons de captages liés à la qualité de l?eau
Entre 2000 et 2013, près de 970 captages AEP ont été abandonnés, soit une moyenne de 2
captages par an et par département251 . Ces captages représentent 6 % du volume total de la
production en eau potable du bassin. Les problèmes de qualité sont la première cause d?abandon
mais seuls 22 % des captages le sont pour pollution diffuse (nitrates, pesticides). L?arsenic,
d?origine naturelle, qui présente un véritable risque sanitaire pour les populations, est responsable
de 8 % des abandons, notamment en Auvergne.
Figure 72 : AEP ? répartition des causes d?abandon des 970 captages entre 2000 et 2013
Source : ARS de bassin Centre-Val de Loire
Des difficultés d?approvisionnement sont rencontrées en étiage
A l?étiage, certaines zones sont de plus en plus en tension, notamment les communes touristiques
dont la population augmente fortement en été. En effet, en période estivale, les augmentations de
population sont particulièrement importantes sur certaines villes touristiques du littoral, induisant
des journées de pics de consommation d?eau potable sensiblement dans les mêmes proportions.
A titre d?exemple extrême, en hiver, Damgan en Sud Morbihan affiche une population de 1.700
habitants. Au plus haut de l'été, elle peut atteindre 25 à 30.000 habitants avec seize campings et
près de 3000 résidences secondaires.
Quoique ces situations soient anticipées et bien gérées par les services des eaux (retenues
collectives, interconnexions des réseaux), on atteint les limites de soutenabilité en année sèche
comme en 2022. En Bretagne, de manière générale, de grandes retenues multiusage ont été
réalisées au siècle dernier, avec priorité pour l?alimentation en eau potable (barrages de Guerlédan,
de Saint-Michel, de la Rance). Conjuguée à une bonne interconnexion des réseaux, la situation y
est ainsi globalement maitrisée à l?heure actuelle. Cependant, les évolutions démographiques et
l?impact du changement climatique conduisent à prévoir des tensions d?ici 2030 à l?exception du
251 ARS-Agence de l?eau Loire-Bretagne, 2013- Plaquette « Captages d?alimentation en eau potable dans le bassin
Loire-Bretagne », 19 p.
Administratif
9%
Quantité
15%
Economique
23%
Technique
12%
nitrates-
pesticides
22%
arsenic
8%
autres
paramètres
11%
Qualité
41%
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Finistère252. En Côte d?Armor, on constate une augmentation des consommations de 10 % par an
ces dernières années, le besoin supplémentaire d?ici 2030 est estimé à 6,5 Mm3 en Ille-et-Vilaine
et à 4,2 Mm3 dans le Morbihan.
Figure 73 : AEP ? évolution 1999-2019 des prélèvements à l?étiage par bassin versant de masse d?eau
Source : AELB
Tensions entre alimentation en eau potable des populations et abreuvement du
bétail
Dans certaines zones d?élevage, une tension apparaît entre approvisionnement pour les besoins
des populations et abreuvement du bétail qui est en partie réalisé par prélèvements sur le réseau
d?eau potable, surtout en été253 . L?état des lieux 2019 du SDAGE Loire-Bretagne pose pour
l?ensemble du bassin, un ratio de 60 % de prélèvements sur le milieu et 40 % sur le réseau public.
Il s?agit cependant d?un ratio annuel, il est probable qu?en période estivale la sollicitation du réseau
pour l?abreuvement soit encore plus importante.
Des coupures d?approvisionnement certaines années
Les difficultés d?approvisionnement en été peuvent conduire à des coupures d?eau sur le réseau
public. Ainsi à l?étiage 2020, 1,5 % des habitants des axes Loire et Allier ont connu des interruptions
de desserte en eau potable sans solutions rapides de substitutions. Au cours de l'été 2019, des
agglomérations du bassin avaient déjà été soumises à des restrictions. Il a fallu recourir à des
captages abandonnés pour des questions de qualité ce qui a entrainé une dégradation de la qualité
de l?eau brute arrivant dans les usines de traitement. Les interconnexions n?apportent une solution
que si la commune de secours n?est pas confrontée à la même difficulté. Certaines communes
rurales ont dû être approvisionnées par camions citernes. Au final, il n?y a pas eu de coupures du
service de l?eau mais la fragilité de l?alimentation en eau potable a été mise en évidence
252 Cf Compagnie d?Aménagement des Coteaux de Gascogne, 2021- Étude sur la gestion quantitative de la
ressource en eau en Bretagne, 216 p.
253 Quand la température dépasse 25 ?C, une vache laitière consomme autant d?eau qu?un habitant (tous usages
confondus) et les territoires ruraux en amont de bassins comptent souvent plus de vaches que d?habitants.
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particulièrement sur le bassin du Cher (Montluçon, Vierzon), de la Creuse (Guéret), le sud du
département de l?Indre, en Maine et Loire, en Eure et Loire. Du fait de la remontée du bouchon
vaseux à l?estuaire de la Loire jusqu?au niveau de la station de traitement d?eau potable,
l?approvisionnement en eau de l?agglomération de Nantes a été mise en alerte. Une inquiétude
similaire liée à la remontée d?un bouchon vaseux existe sur le fleuve Charente pour l?usine de
Coulonge-sur-Charente qui alimente la ville de La Rochelle.
Le cas particulier de la métropole de Saint-Etienne qui dispose de ressources en eau
potable dont une partie pourrait être redistribuée
L?agglomération de Saint-Etienne (120 000 habitants) dispose d?une grande sécurisation par les
retenues du Pas de Riot (sur le Furan) et le complexe de Lavalette / La Chapelette (sur le Lignon
du Velay), dont les capacités de stockage cumulées excèdent 43 Mm3. Elle a accès par convention
avec EDF qui exploite ces retenues sur le plan hydroélectrique à un minimum de 24 Mm3 d?eau
annuel pour un volume d?eau traitée distribuée de 18 Mm3 maximum par an. Il y aurait ainsi une
marge de l?ordre de 6 Mm3 par an mobilisable pour d?autres usages notamment pour des
interconnexions de secours au bénéfice d?autres collectivités.
Cette situation d?excédent de ressources par rapport aux besoins en eau potable constitue
cependant une exception dans le décor.
Les actions à engager pour la maitrîse de l?eau potable
Réviser les schémas directeurs et les périmètres de protection avec le soutien de
l?Agence de l?Eau
Si les communes sont compétentes en matière de distribution d'eau potable 254 , le pilotage
stratégique de l?AEP est assuré par les schémas départementaux d?alimentation en eau potable
(SDAEP) qui sont une compétence du préfet. Ces SDAEP sont à réviser en fonction de l?évolution
des situations en tenant compte du changement climatique. Les Agences Régionales de Santé
(ARS) sont en charge des autorisations de prélèvements, du suivi de la qualité des eaux distribuées
et, dans une moindre mesure, de celle des eaux brutes.
Les captages bénéficient désormais en grande partie d?un périmètre de protection défini sur la
base d?une étude hydrogéologique qui mentionne également les débits prélevables. Mais ces
débits ont été établis avec les données anciennes sans projection sur les évolutions futures de
niveaux des nappes et des débits des cours d?eau, en lien avec le changement climatique255. Aussi,
afin de sécuriser la ressource, les ARS invitent les distributeurs d?eau à anticiper des plans de
gestion de la sécurité sanitaire des eaux (PGSSE) qui seront rendus obligatoires à partir de juillet
2027256. Le changement climatique est bien entendu à intégrer dans l?approche globale de ces
plans qui pourront utilement s?appuyer sur des études HMUC.
Les objectifs du SDAGE pour l?eau destinée à la consommation humaine prévoient :
? En priorité lutter contre les pertes d?eau prélevée, traitée et acheminée par des réseaux
vieillissants, souvent mal connus et insuffisamment entretenus ;
254 Article L2224-7-1 du Code général des collectivités territoriales
255 Certaines études hydrogéologiques datent des années 1980-1990 et n?ont pas été actualisées malgré les
évolutions constatées.
256 La directive 2020/2184 relative à la qualité des eaux de consommation humaine, rend obligatoire la mise en
place des PGSSE au travers des articles 7 à 10, tout en laissant une certaine latitude aux États membres. On
pourra consulter le guide « Initier, mettre en place, faire vivre un PGSSE » publié en 2021 par l?Association
Scientifique et Technique de l?Eau et de l?Environnement (ASTEE), consultable en ligne https://solidarites-
sante.gouv.fr/IMG/pdf/guide_pgsse-2.pdf
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? Encourager les actions d?économie d?eau ;
? Mobiliser les ressources de façon raisonnée et équilibrée pour satisfaire de nouveaux
besoins ;
? Achever la mise en place des périmètres de protection de captages (PPC) et accélérer la
mise en oeuvre des prescriptions des déclarations d?utilité publique.
Dans la mesure 6E du SDAGE, il est indiqué que la configuration géologique du bassin Loire-
Bretagne permet de disposer de ressources souterraines de bonne qualité dont certaines sont
naturellement protégées et donc peu ou pas affectées par les pollutions anthropiques. Il convient
de conserver ce patrimoine, tant en qualité qu?en quantité, en maitrisant la réalisation de nouveaux
ouvrages de prélèvement et en dédiant préférentiellement son exploitation à l?alimentation en eau
potable par adduction publique. Cette préservation du patrimoine existant est d?autant plus
importante dans un contexte de changement climatique. Par ailleurs, il est nécessaire que les
collectivités bénéficiant de cette ressource renforcent les actions d?économies d?eau et mènent des
campagnes d?information pour que ces ressources ne soient pas gaspillées, notamment en période
de sècheresse ou de pénurie.
La mesure 7A-5- Économiser l?eau dans les réseaux d?eau potable précise que, conformément à
l?article L. 2224-7-1 du code général des collectivités territoriales, de manière à rationaliser leurs
prélèvements et à mieux lutter contre les fuites dans les réseaux, les communes et
intercommunalités en charge de la distribution de l?eau potable élaborent un schéma de distribution
d?eau potable, comprenant notamment une étude patrimoniale exhaustive du réseau et des
ouvrages ainsi qu'un programme d'action précisant les équipements et travaux à conduire pour
détecter les fuites et garantir le renouvellement du réseau. Il est recommandé, particulièrement
dans les secteurs où la ressource est déficitaire (ZRE) et là où les prélèvements sont plafonnés en
période de basses eaux à leur niveau actuel, de réaliser un schéma directeur d?alimentation en
eau potable plus global, visant également à sécuriser l'approvisionnement en eau, en prenant en
compte, dans un contexte de changement climatique, la ressource en eau disponible, la dynamique
des populations et les objectifs de bon état des eaux.
Maîtriser les fuites et développer le renouvellement des réseaux
En Loire-Bretagne, les réseaux d?eau potable ont été posés majoritairement après les années 1960
et le matériau principal est le PVC257. Aujourd?hui, le rendement moyen de ces réseaux est estimé
à 81 % ce qui signifie que 19 % de l'eau potable produite repart au milieu naturel et n?arrive pas au
robinet. L?objectif du SDAGE est que le rendement primaire des réseaux d?eau potable dépasse
les valeurs de 75 % en zone rurale et de 85 % en zone urbaine258. Dans les zones rurales où le
linéaire de réseau est important pour un nombre d?abonné réduit, un rendement moindre peut être
accepté sous réserve que l?indice linéaire de perte soit très faible. Si des progrès peuvent encore
être accomplis, la situation des réseaux du bassin Loire-Bretagne est plutôt satisfaisante dans le
cadre national comme le montre la figure suivante 259:
257 Alain Husson, A. Vacelet, Anne Emmanuelle Stricker, Eddy Renaud, Yves Le Gat, et al.. Construction d?un
dispositif permanent d?évaluation du patrimoine des réseaux d?eau potable aux échelles nationale et de bassin :
rapport d?avancement 2017. [Rapport de recherche] Irstea. 2017, pp.50.
258 Tout service ayant un rendement supérieur à 85 % est considéré comme conforme aux exigences
réglementaires. En effet, l?objectif n?est pas d?atteindre un taux ce zéro fuites ce qui n?est que difficilement atteint
même pour des réseaux neufs et très coûteux à maintenir dans la durée.
259 OFB-SIPEA ? Rapport de l?Observatoire des services publics d?eau et d?assainissement, panorama des services
et de leur performance en 2020, juin 2022, 80 pp.
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Figure 74 : AEP ? rendement moyen du réseau de distribution en métropole en 2020
Source : OFB
Diverses mesures sont envisageables pour maîtriser les fuites : diviser le réseau d'eau potable en
plusieurs secteurs, mettre en place des équipements de comptage et de télégestion pour un
meilleur suivi des volumes d'eau et la localisation plus rapide des fuites sur le réseau. La
sectorisation permet d'économiser l'eau en diminuant les volumes perdus sur le réseau d'eau
potable. Elle réduit ainsi les prélèvements d'eau dans les milieux aquatiques. En plus de l'intérêt
environnemental, l'intérêt économique est là avec des coûts de traitement de l'eau potable et
d'acheminement réduits.
L?Agence de l?Eau estime en 2019 que déjà près de 26 millions de m³ d?eau potable ont pu être
économisés dans le cadre de son 10ème programme d?action. L?amélioration de la connaissance
patrimoniale et la pose d?équipements facilitant la lutte contre les fuites des réseaux d?alimentation
en eau potable ont en effet constitué la priorité pour les actions mises en oeuvre au cours du 10e
programme. 76 millions d?euros ont été employés pour financer près de 102 millions d?euros
d?études et de travaux. 500 études patrimoniales ont permis d?améliorer la connaissance des
réseaux des collectivités, principalement rurales et à l?est du bassin Loire-Bretagne. 7 500
compteurs de sectorisation, plus de 6 500 prélocalisateurs acoustiques et 380 régulateurs de
pression ont été financés dans le cadre de 1 072 opérations d?équipement optimisant la gestion
patrimoniale. Un appel à projets a été lancé sur les territoires les plus sensibles du bassin, classés
en zone de répartition des eaux (ZRE). 76 opérations de remplacement de conduites identifiées
comme fuyardes par les collectivités ont pu ainsi être aidées. 332 kilomètres de réseaux de
distribution ont été financés. Cette action s?est prolongée en 2021, dans le cadre du plan France
Relance, avec une enveloppe de 38 Millions ¤ attribuée à l?Agence de l?Eau pour un appel à projets
destiné aux collectivités situées en zone de revitalisation rurale (ZRR). Il vise les travaux permettant
d?assurer l?alimentation en eau potable des collectivités et le renouvellement des conduites de
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distribution d?eau potable fuyardes ou relarguant du chlorure de vinyle monomère.
Concernant le renouvellement des canalisations, le taux de renouvellement des réseaux n?est pas
disponible à l?échelle départementale sur le portail de l'observatoire des données sur les services
publics d'eau et d'assainissement SISPEA. Sur la base des données régionales, il apparaît que ce
taux est plutôt élevé en Bretagne et AURA, dans une moindre mesure en Pays de Loire et Nouvelle
Aquitaine et faible en Centre-Val de Loire, comme le montre la figure suivante :
Figure 75 : AEP ? taux moyen de renouvellement des réseaux par région en 2020
Source : OFB
Des programmes de renouvellement du réseau sont à réaliser dans les situations de canalisations
les plus anciennes pour réduire les risques de fuites.
Sécuriser l?approvisionnement en développant l?intercommunalité des services d?eau
et les interconnexions de réseaux
La sécurisation de l?approvisionnement en eau potable passe par le développement des
intercommunalités avec transfert de la compétence communale et par la mise en place de
syndicats d?eau potable. Ces regroupements permettent de dégager des moyens techniques et
humains pour la gestion des infrastructures et les investissements à réaliser. Ils facilitent la mise
en place d'interconnexions, là où la fragilité d'un captage peut être compensée par un autre.
Comme le montre la figure suivante, la situation est contrastée sur le bassin Loire-Bretagne,
certains départements ont opéré de larges regroupements des services publics d?eau potable
(dans l?Ouest du bassin) alors que d?autres conservent une gestion très répartie (Limousin, Centre-
Val-de-Loire, Auvergne hormis Puy-de -Dôme) moins sécurisante.
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Figure 76 : AEP ? les services publics en 2020
Source : OFB
Mettre en place une tarification incitative de l?eau
Les abonnés au service public de l?eau sont sensibles au prix de l?eau et tendent à limiter leur
consommation pour réduire la facture. L?état des lieux 2019 du SDAGE Loire-Bretagne indique que
la facture moyenne pour un foyer du bassin consommant 120 m3/an s?élève à 4,12 euros/m3 en
2015 (dont 2,02 ¤/m3 pour la part assainissement et 2,1 ¤/m3 pour l?eau potable), soit près de 494
euros par an, un peu plus de 41 euros par mois. Elle s?élevait à 3,64 euros/m3 en 2010 ce qui
correspond à une augmentation de 13 % en 5 ans ce qui peut expliquer en partie la maitrise des
consommations constatée dans le bassin.
Depuis la fin des années 1990, on évoque en effet de manière récurrente la nécessité de mettre
en place des tarifications incitatives comme un outil de gestion de la demande, permettant
notamment de rétablir l?équilibre entre offre et demande dans les bassins déficitaires. La DCE
intègre pleinement ce principe en imposant que les tarifications pratiquées soient rendues
incitatives à partir de fin 2010. En France, le cadre législatif a progressivement évolué en ce sens
avec les lois sur l?eau de 1992 et de 2006 qui encadrent notamment le montant de la partie fixe de
la tarification (30 % allant à 40 % maximum pour les communes rurales et exemption pour les
communes touristiques) et impose un montant calculé en fonction du volume réellement
consommé (sauf pour les très petites communes où le tarif forfaitaire reste autorisé). Des
tarifications progressives sont particulièrement incitatives à la maitrise des consommations
domestiques (le prix au m3 augmente par seuils de consommations, avec par exemple un premier
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palier à 80 m d?eau consommée).260
La tarification incitative de l?eau a été mise en avant lors des Assises de l?eau en 2019, elle est à
mettre en place à l?initiative de chaque autorité distributrice d?eau potable.
260 Ainsi Henri Smets, 2011, « La tarification progressive de l?eau », éditions Johannet, 170 pp., propose une
tarification à trois tranches : 1) prix réduit, 2) prix normal et 3) prix renforcé. La majorité des usagers se retrouverait
dans la tranche 2. La taille de la tranche 1 est choisie de manière à ce que la consommation de la majorité des
abonnés individuels soit supérieure au plafond de cette tranche. De même, le plafond de la tranche 2 ne sera
dépassé que par une minorité d?abonnés domestiques. Le tarif renforcé de la tranche 3 est destiné à favoriser les
économies d?eau.
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Annexe 16 Les solutions fondées sur la nature
Le concept des solutions fondées sur la nature est reconnu pour répondre au
défi de la gestion de l?eau
Le concept de solution fondée sur la nature (SFN) a émergé, sous l?impulsion de l?Union
Internationale pour la Conservation de la Nature (UICN), lors de la conférence des Parties de la
Convention-cadre des Nations Unies sur les changements climatiques (CCNUCC) en 2009, à
Copenhague.
C?est à l?issue de la COP21 en 2015, puis en 2016, à l?occasion du Congrès mondial de la nature,
que la place des SFN dans l?atteinte des objectifs de développement durable et notamment dans
l?action climatique a été réellement reconnue au niveau international, à la fois dans l?Accord de
Paris, mais aussi grâce à l?adoption de leur définition par l?Assemblée des Nations Unies pour
l?environnement (ANUE). D?après celle-ci, une SFN doit satisfaire à deux exigences principales :
? contribuer de façon directe à un défi de société identifié, autre que celui de la conservation
de la biodiversité ;
? s?appuyer sur les écosystèmes et présenter des bénéfices pour la biodiversité.
En l?occurrence, le défi sociétal qui nous concerne est la gestion de l?eau pour se prémunir des
sécheresses estivales dans le cadre du changement climatique. Pour y répondre, les SFN ne
s?appuient pas sur des ouvrages ou aménagements hydrauliques classiques (canalisations,
barrages, forages, ?) qualifiés de solutions « grises » (comme le béton) mais sur les
fonctionnalités des milieux humides.
Les SFN se déclinent en trois types d?actions, qui peuvent être mobilisées seules ou en
combinaison dans les territoires :
la préservation d?écosystèmes fonctionnels et en bon état écologique ;
l?amélioration de la gestion d?écosystèmes pour une utilisation durable par les activités
humaines ;
la restauration d?écosystèmes dégradés ou la création d?écosystèmes.
Ces actions rejoignent les notions d?ingénierie écologique et d?agroécologie déjà évoquées dans
les pistes de renforcement de la résilience de l?agriculture (cf. 3.3.1 ci-avant), elles réservent une
place essentielle à la préservation et à la conservation des processus naturels.
En France, le Plan National d?Adaptation au Changement Climatique (PNACC 2) et le Plan
Biodiversité (2018) promeuvent l?utilisation des SFN. Le Comité français de l?UICN est impliqué
dans le projet Life intégré ARTISAN, piloté par l?OFB, qui participe à la mise en oeuvre de ces plans.
Les SFN trouvent de nombreuses applications dans le domaine de la gestion de l?eau, qu?il s?agisse
d?en préserver la qualité ou de réduire les risques naturels inhérents (inondations, crues ou encore
sécheresse) et apportent de nombreux co-bénéfices (tourisme, paysage, bien-être, activités
économiques durables?) sans compter la conservation de la biodiversité qui est leur objectif
premier261 . Elles sont souvent présentées comme une alternative économiquement viable et
durable, moins coûteuse à long terme que des investissements technologiques ou la construction
et l?entretien d?infrastructures grises. Des SFN jouant sur l?occupation du sol (haies,
désimperméabilisation de zones urbaines, revégétalisation?), vont favoriser la retenue de l?eau
261 Voir fiche pratique France Nature Environnement « Que peut faire ma commune pour assurer la qualité de
l?eau », novembre 2020, 2 pp.., téléchargeable sur www.fne.asso.fr/publications/assurer-la-qualité-de-
leau-que-peut-faire-ma-commune
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Novembre 2022 Les conditions de mobilisation des retenues
hydroélectriques pour le soutien d?étiage sur le bassin de
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de pluie, l?humidité dans le sol, l?infiltration dans le sous-sol et donc la recharge des aquifères,
contribuant ainsi au débit des cours d?eau et à la pérennité des écosystèmes aquatiques associés
(faune et flore), en période d?étiage.
L?action 11 des Assises de l?Eau en 2019 fait aussi explicitement référence au renforcement de
l?utilisation des SFN pour préserver les rivières et milieux humides, avec un pôle d?animation placé
sous l?égide de l?OFB. Les travaux du Varenne sur l?eau et l?adaptation au changement climatique
évoquent également les SFN comme facteurs de résilience de l?agriculture face au changement
climatique262.
Enfin, les programmes d?intervention des agences de l?eau soutiennent les mesures d?adaptation
dont celles fondées sur la nature pour la restauration des milieux aquatiques ou la gestion des
eaux pluviales (mesures 1A263 et 1D du SDAGE Loire-Bretagne).
L?EPL, propriétaire de 650 ha dans la Nièvre sur le site du Veurdre, envisage un projet de
développement intégré multiusage qui s?inscrit dans cette logique. L?objectif poursuivi est
d?optimiser l?expansion des crues et de développer une capacité de stockage naturel de l?eau pour
la restituer en période de sécheresse, favoriser la biodiversité et préserver l?environnement du site,
tout en valorisant et agissant de manière résiliente sur l?habitat et le patrimoine culturel. Une étude
d?opportunité et de faisabilité du projet est inscrite au budget 2022 de l?EPL.
Le moyen de favoriser l?infiltration par le biais des SFN peut s?inscrire dans le domaine de la gestion
de la recharge des aquifères. Ce sujet a été traité dès la fin des années 1970 avec la mise en
oeuvre de recharges artificielles dans un but d?optimiser la production d?eau pour l?alimentation en
eau potable, du point de vue économique et énergétique. On s ?éloigne néanmoins alors des SFN
pour se rapprocher des solutions « grises », plus technologiques.
Les zones humides présentent de nombreux avantages pour la gestion de l?eau
Les zones humides étant des milieux fragiles, les activités humaines doivent y être maitrisées voire
interdites : constructions, remblaiement, drainage... Afin de les protéger de l?artificialisation, les
zones humides doivent être classées zones « N » (zone naturelle ou forestière) ou « A » (zone
agricole) dans le PLU. Un élevage extensif est souvent compatible avec les zones humides, en
particulier les prairies inondables. Les agriculteurs peuvent bénéficier d?aides à travers les Mesures
agroenvironnementales et climatiques (MAEC) de la PAC.
Les SFN sont aussi adaptées à la gestion des eaux pluviales en ville
Pour la gestion des eaux pluviales en ville, les SFN se développent en remplacement partiel des
techniques « classiques » cherchant à maitriser totalement le cycle de l?eau par des infrastructures
grises comme les canalisations, les cuves enterrées, les réservoirs et le génie civil. Ces solutions
alternatives fondées sur la nature, favorisent l?infiltration et l?épuration des eaux à la parcelle et la
multifonctionnalité des ouvrages de gestion des eaux pluviales. Les aménagements végétalisés
peuvent prendre plusieurs formes en ville, comme des noues, des jardins de pluie, des mares, ou
des espaces verts qui font office de zone de récupération d?eau. Ce «100 % infiltration à la parcelle
» est déjà à l?oeuvre dans plusieurs collectivités comme par exemple à Nantes, avec l?éco-quartier
de la Bottière-Chènaie qui est totalement perméable à la pluie. Multiplier la nature en quantité? et
en qualité? dans les espaces urbains permet non seulement de mieux gérer le ruissellement mais
262 Rapport de la thématique 2 du Varenne sur l?eau et l?adaptation au changement climatique, partie 2.4.2
« Agriculture de résilience, exemples, perspectives, enseignement »
263 « La préservation et la restauration d?éléments tels que le bocage, les haies, les bosquets, la ripisylve, les zones
enherbées, les mares, les zones humides, le sol, les têtes de bassin versant, les talus, les prairies, les couverts
végétaux hivernaux, les espaces boisés constituent des leviers transversaux d?une gestion intégrée de la ressource
en eau, permettant d?agir sur la qualité des eaux, la disponibilité de la ressource en eau et les fonctionnalités des
milieux aquatiques. »
PUBLIÉ
Novembre 2022 Les conditions de mobilisation des retenues
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aussi d?être utile lors des périodes de canicule pour faire de l?ombre et rafraichir l?atmosphère264.
La mesure 3D1 du SDAGE Loire-Bretagne « Prévenir et réduire le ruissellement et la pollution des
eaux pluviales » fait appel aux techniques alternatives au « tout tuyau » (espaces verts infiltrants,
noues enherbées, chaussées drainantes, bassins d?infiltration, toitures végétalisées stockantes,
puits et tranchées d?infiltration...) en privilégiant les SFN.
Les SFN pâtissent du manque d?évaluation quantitative de leurs impacts sur la
recharge des nappes ou l?alimentation des cours d?eau
Marie Pettenati et Nathalie Dörfliger (BRGM), indiquent dans leur article « Des Solutions
d?infiltration et de recharge des aquifères fondées sur la Nature pour adapter la gestion de la
ressource en eau aux impacts du changement climatique » 265 que favoriser le maintien de zones
humides naturelles ou créer des zones humides pourrait être plus durable et plus économique que
des infrastructures grises traditionnelles telles que des barrages ou retenues d?eau. Il est précisé
cependant que peu de travaux existent à ce jour sur l?impact des SFN sur les eaux souterraines
tant du point de vue de la quantité (recharge) que de la qualité et des écosystèmes associés.
La question de l?impact quantitatif des SFN sur la disponibilité des ressources en eau n?est en effet
pas évidente. Ainsi, le passage d?une prairie à une forêt entraîne une diminution de la recharge
des eaux souterraines, alors qu?une conversion en terre agricole peut conduire paradoxalement à
une augmentation de la recharge, pour un même contexte climatique et une même position dans
un bassin-versant. Une végétation avec des racines profondes (arbres fruitiers, 15 à 20 m de
profondeur), en tête de bassin-versant entraîne plutôt une réduction de la recharge des eaux
souterraines, celle-ci pouvant être réduite à zéro.
Mais il ne faut pas oublier que ces SFN rendent aussi des services écosystémiques (réduction de
l?érosion des sols et de l?entraînement des polluants vers les nappes ou les cours d?eau ;
contribution à la diversité des écosystèmes et des paysages), même si elles ne favorisent pas
forcément la disponibilité de l?eau sur un territoire car les couverts végétaux augmentent finalement
l?évapotranspiration.
La difficulté de l?évaluation de l?impact des SFN réside dans le fait qu?elles génèrent des bénéfices
multiples, souvent non marchands. L?évaluation doit également être réalisée à une échelle
territoriale suffisamment globale et ne pas se limiter à l?aire immédiate d?un projet local (l?impact
local peut être négligeable mais sensible à une échelle plus large). Lorsqu?ils sont mal perçus par
certains décideurs ou évalués dans le cadre d?approches sectorielles ou territoriales trop étroites,
les bénéfices peuvent être négligés et les enjeux associés délaissés.
Concernant l?évaluation du volet hydrologique, on peut citer le projet Hydrindic piloté par
l?INRAE266, en cours de finalisation et qui comprend le SAGE du Blavet comme un des sites pilotes.
Il vise à développer un indicateur hydrologique notamment pour les bureaux d?études et les
gestionnaires d?espaces naturels qui réalisent des projets de restauration/création de zones
humides (déblaiement, suppression de drains souterrains, modification des apports en eau, etc.).
Quelques années après la restauration ou la création de zones humides, cet indicateur permettra
de s?assurer que la trajectoire correspond bien à l?objectif visé sur le plan hydrologique.
De fait, le bilan des actions de l?Agence de l?eau Loire Bretagne ne mentionne aucun état quantitatif
264 Article de Marc Barra, Agence régionale de la biodiversité d?Ile-de-France « Évaluation de l?efficience des
services écosystémiques : comparaison des solutions grises et vertes pour la gestion des eaux pluviales », dans
le rapport 2019 de l?ONERC au premier ministre et au parlement cité plus haut
265 Observatoire National sur les effets du changement climatique (ONERC), 2019 « Des SFN pour s?adapter au
changement climatique », Rapport au premier ministre et au parlement, La Documentation Française, 306 pp.
266 Hydrindic associe l?OFB, l?UMS PatriNat OFB-CNRS-MNHN, le bureau d?étude Biotope, L?UPR LESSEM
(INRAE, Université Grenoble-Alpes) et le CEN Savoie.
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de l?impact des SFN sur la ressource en eau. Cette situation est dommageable pour leur pleine
reconnaissance par les acteurs locaux et pour objectiver leur plus large déploiement.
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Annexe 17 Glossaire des sigles et acronymes
Acronyme Signification
AELB Agence de l?eau Loire-Bretagne
AFOM Analyse atouts, faiblesses, opportunités, menaces
ANUE Assemblée des Nations Unies pour l'environnement
ASN Autorité de sûreté nucléaire
BRGM Bureau de recherches géologiques et minières
CCNUCC Convention cadre des Nations Unies sur les changements
climatiques
CEMAGREF Centre d?étude du machinisme agricole, du génie rural, des
eaux et forêts
CGAAER Conseil général de l'alimentation, de l'agriculture et des
espaces ruraux
CGEDD Conseil général de l'environnement et du développement
durable
CLE Commission locale de l?eau
CNPE Centre nucléaire de production d?électricité
DCE Directive cadre sur l?eau
DCR Débit de crise
DGEC Direction générale de l'énergie et du climat
DIG Déclaration d?intérêt général
DOE Débit d?objectif d?étiage
DRAAF Direction régionale de l'alimentation, de l'agriculture et de la
forêt
DSA Débit de seuil d?alerte
EDF Electricité de France
EnR Energie renouvelable
IGEDD Inspection générale de l?environnement et du développement
durable
GW Giga Watt (unité de puissance)
GWh Giga Watt heure (unité de consommation électrique)
HMUC Analyses Hydrologie, Milieux, Usages et Climat
LEMA Loi sur l?eau et les milieux aquatiques
MAEC Mesures agroenvironnementales et climatiques
M¤ Million d?euros
Mm3 Million de m3
MW Méga Watt (unité de puissance)
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Acronyme Signification
MWe Méga Watt électrique (puissance électrique moindre de la
puissance dans des proportions dépendantes de la technologie
de production)
MWh Méga Watt heure (unité de consommation électrique)
MTE Ministère de la transition énergétique
MTECT Ministère de la transition écologique et de la cohésion des
territoires
OSE Objectif de soutien d?étiage
OUGC Organisme unique de gestion collective
PNACC Plan National d?Adaptation au Changement Climatique
PTGE Projet de territoire pour la gestion de l'eau
RTE Réseau de transport d'électricité
SAGE Schéma d?aménagement et de gestion des eaux
SDAGE Schéma directeur d?aménagement et de gestion des eaux
SFN Solution fondée sur la nature
SHEMA Société Hydraulique d'Etudes et de Missions d'Assistance
SIAEP Syndicat intercommunal d'alimentation en eau potable
SMIF Syndicat Mixte d'Irrigation et de Mise en Valeur du Forez,
SOMIVAL Société pour la mise en valeur de la région Auvergne-Limousin
STEP Station de transfert d?énergie par pompage
TFUE Traité sur le fonctionnement de l'Union européenne
UICN Union Internationale pour la Conservation de la Nature
UMR Unité mixte de recherche
VNF Voies navigables de France
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Annexe 18 Table des illustrations
Figure 1 : Dispositifs de soutien d?étiage impliquant des concessions hydroélectriques ........ 13
Figure 2 : Contributions des dispositifs au soutien d'étiage sur le bassin Loire-Bretagne ...... 13
Figure 3 : Villerest ? modulation de l'OSE de Gien ....................................................................... 16
Figure 4 : Naussac ? évolution du remplissage du réservoir ....................................................... 18
Figure 5 : Naussac et Villerest ? volume maximum mobilisable ................................................. 19
Figure 6 : Dispositif de soutien d?étiage de la Vienne ................................................................... 20
Figure 7 : Retenues EDF ? débits garantis et conventionnés ..................................................... 23
Figure 8 : Evolution des débits décennaux mensuels moyens à Montjean............................... 24
Figure 9 : Répartition des consommations d'eau à l?étiage ......................................................... 25
Figure 10 : Evolution de la satisfaction des DOE sur les principaux sous-bassins sur les trois
périodes 1991-2000, 2001-2010 et 2011-2020.............................................................................. 27
Figure 11 : Respect des DOE sur la décennie 2011-2020 .......................................................... 28
Figure 12 : Principaux réservoirs et retenues sur l?Allier et la Loire amont ............................... 33
Figure 13 : Naussac et Villerest ? OSE de proximité .................................................................... 36
Figure 14 : Grangent gestion actuelle et proposition mission ...................................................... 38
Figure 15 : Lavalette ? gestion actuelle et proposition mission ................................................... 40
Figure 16 : Les Fades - gestion actuelle et proposition mission ................................................. 41
Tableau 1 : Volume nécessaire pour respecter en 2050 un OSE à Gien du 1er juin au 31
décembre ............................................................................................................................................. 52
Figure 17 : Le soutien des débits par les barrages de Villerest et Naussac ............................. 92
Figure 18 : Villerest ? cotes du réservoir ........................................................................................ 93
Figure 19 : Villerest ? composantes du soutien du débit de la Loire .......................................... 95
Figure 20 : Villerest - évolution du soutien depuis 2006 ............................................................... 95
Figure 21 : Villerest ? soutien délivré par OSE de Gien et OSE moyen .................................... 96
Figure 22 : Villerest ? respect de la cote d?exploitation estivale .................................................. 97
Figure 23 : Villerest ? années à soutien précoce .......................................................................... 98
Figure 24 : Villerest ? années humides ........................................................................................... 98
Figure 25 : Villerest ? dérogations de 2015 et 2019 ................................................................... 100
Figure 26 : Naussac ? situation du barrage et de ses prises d'eau .......................................... 103
Tableau 2 : Naussac ? évolutions du remplissage et des déversements ................................ 104
Figure 27 : Naussac ? volumes annuels déstockés pour le soutien de l'Allier et de la Loire 106
Figure 28 : Naussac ? évolution du nombre de jours de soutien d?étiage ............................... 106
Figure 29 : Naussac ? nombre de jours de soutien par mois .................................................... 107
Figure 30 : Villerest ? courbes plancher et d?alerte ..................................................................... 107
Figure 31 : Naussac ? gestion du pompage entre les étiages 2021 et 2022 .......................... 110
Figure 32 : Naussac ? débits dans l?Allier lors de l?épisode pluvieux de mi-mars 2021 ........ 111
Figure 33 : Réservoirs de Naussac et Villerest ? évolution du volume maximum mobilisable
pour le soutien d?étiage de l?Allier et de la Loire .......................................................................... 113
Figure 34 : Soutien d?étiage de l?Allier et de la Loire ? comparaison consommations /
redevances par catégories d?usages ............................................................................................. 116
Figure 35 : Schéma de l?aménagement de Montpezat ............................................................... 118
Figure 36 : Montpezat ? volume délivrés à la Loire en étiage au titre du débit garanti ......... 119
Figure 37 : Montpezat ? répartition du soutien d'étiage entre la Loire et l'Ardèche ............... 119
PUBLIÉ
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Figure 38 : Evolution des débits décennaux mensuels moyens de la Loire à Gien ............... 122
Figure 39 : Evolution des débits décennaux mensuels moyens de la Loire à Nevers .......... 122
Figure 40 : Evolution des débits décennaux mensuels moyens de l?Allier à Vic-le-Comte .. 122
Figure 41 : Evolution des débits décennaux mensuels moyens de l?Allier à Vieille-Brioude 122
Figure 42 : Evolution des débits décennaux mensuels moyens de la Vienne à Ingrandes .. 122
Figure 43 : Evolution des débits décennaux mensuels moyens de la Vienne à Etagnac ..... 122
Figure 44 : Evolution des débits décennaux mensuels moyens de la Loire à Bas-en-Basset
............................................................................................................................................................. 123
Figure 45 : Evolution des débits décennaux mensuels moyens de la Creuse à Leugny ...... 123
Figure 46 : Trajectoires RCP .......................................................................................................... 124
Figure 47 : Projection de la variation de température moyenne mondiale suivant différents
scénarios ............................................................................................................................................ 125
Figure 48 : Evolution des précipitations à l?horizon 2041-2070 ................................................. 128
Figure 55 : Intensité des canicules ? comparaison climat actuel / horizon 2050 RCP4.5 .... 129
Evolution des températures moyennes quotidiennes à l?horizon 2041-2070 .......................... 133
Figure 49 : Evolution de la teneur en eau des sols à l?horizon 2055 ........................................ 135
Figure 56 : Cycle annuel d?humidité du sol en Auvergne ........................................................... 135
Tableau 3 : Comparaison des modélisations Explore 2070 et SIM2-DRIAS2020 (Explore 2)
............................................................................................................................................................. 137
Tableau 4 : SIM2-Drias2020 (Explore 2) - Évolution des débits moyens annuels de la Loire à
Nantes par RCP et horizons temporels ......................................................................................... 137
Figure 50 : SIM2-DRIAS2020 (Explore 2) - débits mensuels moyens de la Loire à Nantes
reconstitués 1975-2005 ................................................................................................................... 138
Figure 51 : SIM2-DRIAS2020 (Explore 2) ? évolution des débits mensuels moyens de la
Loire à Nantes ................................................................................................................................... 138
Figure 52 : Juillet à septembre 2019 - déficit d?humidité des sols ............................................ 139
Figure 53 : Septembre 2019 ? arrêtés sécheresse ..................................................................... 139
Principaux réservoirs et retenues sur l?Allier et la Loire amont ................................................. 143
Figure 54 : Retenues EDF ? plages de soutien d?étiage ............................................................ 144
Figure 55 : Retenues EDF ? part du volume utile engagée dans le soutien d'étiage ............ 144
Figure 56 : Retenues EDF ? périodes de cotes touristiques ..................................................... 145
Figure 57 : Effet de la baisse des débits naturels sur les débits réels en fonction des
prélèvements ..................................................................................................................................... 155
Figure 58 : Production brute animale et végétale du bassin Loire-Bretagne .......................... 157
Figure 59 : Volumes consommés à l?étiage 2013 par usage et par territoire des commissions
territoriales ......................................................................................................................................... 158
Figure 60 : Densité de prélèvements pour l?irrigation en 2019 .................................................. 159
Figure 61 : Pluies efficaces moyennes sur le bassin Loire-Bretagne....................................... 159
Figure 62 : Evolution 1999-2019 des prélèvements pour l?irrigation ........................................ 160
Figure 63 : Evolution 1999-2019 des prélèvements pour l?irrigation par SAGE ..................... 160
Figure 64 : Evolution 2009-2019 des prélèvements pour l?irrigation ........................................ 161
Figure 65 : Evolution 2009-2019 des prélèvements pour l?irrigation par SAGE ..................... 162
Figure 66 : Estimations au 1/09/2022 de l?évolution des rendements du maïs grain irrigué et
non irrigué .......................................................................................................................................... 163
Tableau 5 : Evaluation des économies d?eau par modernisation des systèmes d?irrigation 171
Figure 67 : Les centrales nucléaires et les principales retenues du bassin de la Loire ........ 181
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Figure 68 : Schéma d?un centre de production nucléaire avec un circuit fermé ..................... 182
Tableau 6 : Centrales nucléaires ? prélèvements et augmentation de la température de l?eau
rejetée ................................................................................................................................................. 183
Tableau 7 : Centrales nucléaires ? rejet des effluents radioactifs en fonction des débits .... 184
Figure 69 : Canaux VNF sur le bassin de la Loire ....................................................................... 186
Tableau 8 : Canaux VNF ? estimation des fuites et du coût des travaux nécessaires.......... 188
Tableau 9 : Canaux VNF ? récapitulatif du coût des travaux et des économies d?eau
associées ........................................................................................................................................... 190
Figure 70 : AEP ? densité de prélèvements par bassin versant de masse d?eau en 2019 .. 192
Figure 71 : Croissance annuelle moyenne de la population entre 2013 et 2050 ................... 193
Figure 72 : AEP ? répartition des causes d?abandon des 970 captages entre 2000 et 2013
............................................................................................................................................................. 194
Figure 73 : AEP ? évolution 1999-2019 des prélèvements à l?étiage par bassin versant de
masse d?eau ...................................................................................................................................... 195
Figure 74 : AEP ? rendement moyen du réseau de distribution en métropole en 2020 ....... 198
Figure 75 : AEP ? taux moyen de renouvellement des réseaux par région en 2020 ............ 199
Figure 76 : AEP ? les services publics en 2020 .......................................................................... 200
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Sommaire
Résumé
Liste des recommandations
Introduction
1 Un bassin déjà sous tension qui doit s?adapter rapidement au changement climatique
1.1 Un bassin disposant de plusieurs dispositifs de soutien d?étiage
1.1.1 Le soutien d?étage assuré par l?EPL sous l?égide du CGRNVES
1.1.1.1 La modulation des objectifs de soutien d?étiage
1.1.1.2 Le soutien de l?Allier et de la Loire
1.1.1.3 Une gestion prudente
1.1.2 Le soutien d?étiage assuré par EDF sur la Vienne
1.1.3 Les autres soutiens d?étiage assurés par des retenues hydroélectriques
1.2 Une réduction déjà significative des débits naturels qui ne permet plus de tenir les DOE sur une partie du bassin malgré le soutien d?étiage
1.2.1 L?évolution des débits d?été et d?automne
1.2.2 Les consommations d?eau à l?étiage
1.2.3 Les DOE ne sont déjà plus tenus 8 années sur 10 sur une partie du bassin
1.3 D?ici 2050, la baisse des débits naturels à l?étiage va s?amplifier sous l?effet du changement climatique
1.4 L?évolution des écosystèmes doit être anticipée et accompagnée
2 La contribution des retenues hydroélectriques à un nouveau modèle du soutien d?étiage sur le bassin Loire Bretagne
2.1 Mobiliser des retenues hydroélectriques pour le soutien d?étiage
2.2 Mobiliser de nouvelles retenues en complément d?une optimisation de Naussac et Villerest sur le secteur Allier ? Loire amont
2.2.1 Optimiser la gestion de Naussac et Villerest
2.2.2 Maximiser l?utilisation de Villerest par un appel éventuel à Grangent et Lavalette en automne
2.2.2.1 Le barrage de Grangent
2.2.2.2 Le complexe Lavalette ? La Chapelette
2.2.3 Atténuer les contraintes de la gestion pluriannuelle de Naussac par une mobilisation des Fades sur la Sioule
2.2.4 La modification de l?équilibre entre les soutiens d?étiage de la Loire et de l?Ardèche par les ouvrages de Montpezat ne répondrait pas aux ordres de grandeur
2.2.4.1 Le soutien d?étiage par Montpezat
2.2.4.2 La création d?une STEP
2.2.5 En conclusion sur l?Allier et la Loire amont
2.2.5.1 Conforter l?EPL dans son rôle de pivot de la gestion opérationnelle et de caisse de financement du soutien d?étiage
2.2.5.2 Adapter la gouvernance du dispositif
2.3 Préserver le soutien d?étiage de la Vienne
2.4 Adapter les dispositifs locaux au changement climatique
2.4.1 Le cas du Cher : l?adoption souhaitable d?objectifs de soutien d?étiage variables
2.4.2 Le cas de la Creuse : une situation de déséquilibre qui risque de s?aggraver
2.4.3 Le cas du Blavet : des améliorations possibles du règlement d?eau
3 Le changement climatique renforce la nécessité d?une gestion quantitative à l?échelle du bassin
3.1 Les ressources actuellement mobilisées pour le soutien d?étiage ne suffiront pas à satisfaire les DOE, ni à court ni à moyen terme
3.1.1 Les conclusions pouvant être tirées des ordres de grandeur disponibles
3.1.1.1 Les calculs présentés par la mission en 1ère partie de ce rapport
3.1.1.2 L?étude d?adaptation du mode de gestion des barrages de Villerest et de Naussac sous l?effet du changement climatique réalisée par l?EPL
3.1.1.3 Les projections du modèle MORDOR au 31 mai 2022
3.1.1.4 Les constats de la mission
3.1.2 La nécessité d?une étude globale à l?échelle du bassin de la Loire
3.1.3 Tous les leviers d?action doivent être mobilisés
3.2 Une maîtrise progressive des consommations s?impose pour sécuriser les usages et assurer la qualité des milieux
3.2.1 La maîtrise des prélèvements agricoles en application des conclusions du Varenne agricole de l?eau et du changement climatique
3.2.1.1 L?agriculture en Loire-Bretagne occupe une place économique de premier plan et figure comme consommateur d?eau majeur
3.2.1.2 L?irrigation est limitée sur le bassin Loire-Bretagne mais se développe face au changement climatique.
3.2.1.3 Le monde agricole est inquiet face aux sécheresses des dernières années et projections climatiques futures
3.2.1.4 Un retard dans la prise de conscience des enjeux sur l?eau en amont du bassin
3.2.1.5 Des démarches concertées sont engagées dans les territoires pour dégager des pistes d?adaptation de l?accès à la ressource en eau pour l?agriculture
3.2.2 Les pistes très encadrées d?accès de l?agriculture à la ressource en eau
3.2.2.1 Les retenues de substitution
3.2.2.2 Autres pistes de mobilisation de ressources
3.2.2.3 La généralisation de la gestion quantitative de l?eau avec une gouvernance adaptée
3.2.3 L?évolution de la consommation d?eau des centrales nucléaires en fonction des futurs contextes énergétiques envisageables mérite d?être étudiée
3.2.3.1 Les consommations d?eau des centrales nucléaires
3.2.3.2 La dilution des effluents
3.2.4 Des travaux permettraient d?importantes économies d?eau sur les canaux de VNF
3.2.5 La nécessité d?ambitieux programmes de sécurisation et d?économie sur l?alimentation en eau potable
3.2.5.1 L?AEP est un usage prioritaire aux consommations globalement stabilisées dans le bassin
3.2.5.2 Des difficultés d?approvisionnement sont rencontrées en étiage
3.2.5.3 Les actions à engager pour la maîtrise de l?eau potable
3.2.6 La nécessité d?une démarche globale
3.3 Les avantages des solutions fondées sur la nature doivent être mieux évalués pour soutenir leur plus large déploiement
3.4 La révision des DOE doit accompagner ces évolutions
Conclusion
Annexes
Annexe 1 Lettre de mission
Annexe 2 Liste des personnes rencontrées
Annexe 3 Les réservoirs de Villerest et de Naussac
Annexe 4 Le complexe de Montpezat
Annexe 5 Evolutions sur longue période des débits d?été et d?automne
Annexe 6 Le changement climatique sur le bassin Loire-Bretagne
Annexe 7 Les conditions de mobilisation des retenues hydroélectriques
Annexe 8 Liste des transferts d?eau entre sous-bassins
Annexe 9 Eléments d?analyse sur l?idée de construction de nouveaux grands réservoirs
Annexe 10 Eléments sur les prélèvements d?eau
Annexe 11 L?agriculture dans le bassin Loire-Bretagne
Annexe 12 Contribution de la coopérative Limagrain
Annexe 13 Les besoins et la consommation d?eau des centrales nucléaires
Annexe 14 Les économies d?eau possibles sur les canaux de VNF
Annexe 15 L?alimentation en eau potable sur le bassin Loire-Bretagne
Annexe 16 Les solutions fondées sur la nature
Annexe 17 Glossaire des sigles et acronymes
Annexe 18 Table des illustrations
INVALIDE) (ATTENTION: OPTION n : citons notamment celles
de Peyrat le Château ? Faux la Montagne (décembre 2026), de Versilhac ? Vendets (barrage de Lavalette)
(décembre 2027), de Monpezat (décembre 2028), de Grangent (décembre 2032), d?Eguzon et de la Roche-au-
Moine (décembre 2032), de Montlarron (décembre 2033) ?
PUBLIÉ
https://eur-lex.europa.eu/legalcontent/FR/TXT/PDF/?uri=CELEX:32014L0023&from=FR
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hydroélectriques pour le soutien d?étiage sur le bassin de
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renouvellement par des dispositions spécifiques dans le cahier des charges de la future concession.
L?article 43 du modèle actuel de cahier des charges45 prévoit ainsi la conclusion de conventions
liées au soutien d?étiage : « le concessionnaire conclut avec l?Etat, l?agence de l?eau et l?organisme
chargé du soutien d?étiage une convention précisant les modalités techniques, et, le cas échéant,
financières de ce soutien ».
Aucun avis d?appel public à la concurrence pour le renouvellement des concessions
hydroélectriques n?a cependant été lancé depuis l?ouverture en octobre 2015 d?un précontentieux
par la Commission européenne portant sur la position dominante d?EDF, sur le fondement des
articles 102 et 106 du Traité sur le fonctionnement de l'Union européenne dit TFUE. Compte tenu
de ce précontentieux, le lancement des procédures de renouvellement des concessions est
suspendu à un accord entre la Commission et les autorités françaises46.
Indépendamment du cahier des charges de la concession, l?augmentation du soutien d?étiage doit
s?intégrer dans la gestion des retenues hydroélectriques dont la production d?électricité reste la
priorité. La compatibilité de ces deux objectifs pose des difficultés et conduit à un certain nombre
de considérants importants :
Le soutien d?étiage et le système énergétique ont des besoins différents (volume, débit,
calendrier) et doivent être optimisés de manière conjointe. En règle générale, les volumes
affectés au soutien d?étiage pénalisent l?atteinte de l?optimum énergétique des
aménagements concernés ;
Dans l?idéal, une retenue hydroélectrique engagée dans un soutien d?étiage devrait être
pleine au début de la campagne, qui se situe en général début juin. Dans la pratique, le
remplissage des retenues hydroélectriques pour le soutien d?étiage commence à partir du
mois de mars, ce qui ne permet pas forcément de garantir un plein remplissage en juin.
Le volume d?eau à provisionner pour le soutien d?étiage doit être dimensionné au plus juste
et ne doit pas être surestimé, sous peine de pénaliser la production électrique.
L?augmentation de la part dédiée au soutien d?étiage dans un réservoir a un impact négatif
double sur la production d?électricité lié, d?une part, aux volumes directement lâchés dans
le cadre du soutien du débit d?étiage et, d?autre part, à la constitution et à la garantie du
stock pour le soutien d?étiage qui peut devenir structurante (perte de flexibilité en amont de
la campagne de soutien d?étiage et limitation prématurée des turbinés énergétiques au
printemps). Cette « désoptimisation » énergétique n?est pas évaluée dans le cadre du
présent rapport et nécessite des calculs utilisant les modèles de gestion de réservoirs.
Dans la doctrine de la direction générale de l?énergie et du climat (DGEC), ce coût
économique ne doit pas être supporté par l?exploitant hydroélectrique ? ce qui pourrait
remettre en cause l?équilibre économique du contrat de concession ? mais par le
bénéficiaire du service rendu.
Pour qu?une retenue hydroélectrique soit mobilisée pour un soutien d?étiage, il faut que le
concessionnaire soit sollicité par un acteur souhaitant en bénéficier. La direction de l?eau et de la
biodiversité considère que le soutien d?étiage constitue une dimension de la gestion des milieux
aquatiques et la prévention des inondations (GEMAPI) définie à l?article 211-7 du code de
l?environnement, même si celui-ci ne la cite pas expressément. Il s?agit donc d?une compétence
des intercommunalités qui peuvent la déléguer à un EPTB.
45 Décret n° 2016-530 du 27 avril 2016 relatif aux concessions d'énergie hydraulique et approuvant le modèle de
cahier des charges applicable à ces concessions https://www.legifrance.gouv.fr/loda/id/JORFTEXT000032471614
46 Voir notamment Compte de commerce 914 « Renouvellement des concessions hydroélectriques » Note
d?analyse de l?exécution budgétaire 2020, Cour des Comptes https://www.ccomptes.fr/sites/default/files/2021-
04/NEB-2020-Renouvellement-concessions-hydroelectriques.pdf
PUBLIÉ
https://www.legifrance.gouv.fr/loda/id/JORFTEXT000032471614
https://www.ccomptes.fr/sites/default/files/2021-04/NEB-2020-Renouvellement-concessions-hydroelectriques.pdf
https://www.ccomptes.fr/sites/default/files/2021-04/NEB-2020-Renouvellement-concessions-hydroelectriques.pdf
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2.2 Mobiliser de nouvelles retenues en complément d?une
optimisation de Naussac et Villerest sur le secteur Allier ? Loire
amont
Plus de 200 Mm3 ont été déstockés par les deux réservoirs de Naussac et Villerest en 2019. C?est
le troisième volume le plus élevé après celui de 1989 qui dépassait 250 Mm3 (avant modulation
des OSE) et celui de 2003 qui s?établissait à 235 Mm3. Malgré son importance, attestée par ces
chiffres, ce soutien d?étiage ne permet plus d?ores et déjà de satisfaire l?ensemble des usages en
équilibre avec le bon fonctionnement des milieux aquatiques, sur l?Allier aval et la Loire moyenne
(les DOE ne sont déjà plus respectés 8 années sur 10).
Jusqu?à présent les usages les plus prioritaires ont pu être assurés, chaque année, malgré une
modulation toujours plus forte des OSE conduisant à des débits soutenus inférieurs, à Gien, aux
seuils d?alerte (50 m3/s), voire au seuil d?alerte renforcé (45 m3/s) et s?approchant, en 2022, du
débit de crise (43 m3/s). Dans ces circonstances, où le soutien d?étiage rencontre ses limites,
interviennent des arrêtés préfectoraux limitant les usages.
Les analyses de la première partie soulignent que :
Le réservoir de Naussac est confronté au risque, avéré en 2022, d?un remplissage
seulement partiel en début de campagne de soutien d?étiage, que le changement
climatique devrait accroître fortement ;
Le réservoir de Villerest peut également ne pas être plein en début de période en raison
d?un débit sortant supérieur au débit entrant à la fin du printemps ;
La gestion prudente des réservoirs conduit à ce que demeurent, en fin de campagne, des
volumes relativement importants : au moins 39 Mm3 à Villerest depuis 2004 et 85 Mm3 à
Naussac depuis 2007.
Les analyses de la première partie montrent que le volume manquant pour revenir au respect des
DOE sur la Loire moyenne47, 8 années sur 10, est de l?ordre de 27 Mm3. La différence entre le
volume minimum de fin de campagne dans le réservoir de Villerest (39 Mm3) et celui en dessous
duquel le soutien à l?OSE de Gien n?est plus assuré (13 Mm3) est équivalent : 26 Mm3.
La mission a cherché prioritairement à définir les moyens de mieux mobiliser, en année sèche, les
volumes de Villerest et de Naussac, tout en conservant une gestion prudente visant à éviter toute
interruption du soutien d?étiage avant la fin de la campagne, que la mission estime entièrement
justifiée. Les débits naturels reconstitués à Gien, utilisés par la DREAL de bassin et l?EPL, ont
atteint en 2022, sur trois semaines (fin juillet ? mi-août), des niveaux compris entre 20 et 25 m3/s.
Si le soutien d?étiage venait à s?interrompe, un retour brusque à de tels niveaux entraînerait
vraisemblablement, outre l?impact sur le milieu naturel, des ruptures d?approvisionnement en eau
potable ainsi que des restrictions dans le fonctionnement des centrales nucléaires.
L?approche suivie combine deux dimensions :
Optimiser la gestion des deux réservoirs, en ayant bien à l?esprit que le volume mobilisable
à partir des réservoirs de Naussac et Villerest est déterminé par leurs règles de gestion qui
le limitent actuellement, dans la pratique, à 210 Mm3 ;
Utiliser les ressources des retenues de Grangent et Lavalette pour Villerest et des Fades
pour Naussac, en garantie automnale, pour maximiser l?utilisation des réservoirs en année
sèche, sans risque d?interruption du soutien d?étiage.
47 A Onzain
PUBLIÉ
Novembre 2022 Les conditions de mobilisation des retenues
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2.2.1 Optimiser la gestion de Naussac et Villerest
En général, en année sèche, le soutien d?étiage
démarre à des dates précoces avant que les deux
réservoirs n?aient achevé leur remplissage. Ce
soutien précoce les empêche d?y arriver. Il sert à
respecter les objectifs de soutien d?étiage à l?aval
immédiat des ouvrages : l?OSE du pied du
barrage pour Villerest et les OSE du confluent
avec le Chapeauroux et de Vieille-Brioude pour
Naussac. Contrairement à ceux de Gien et de
Vic-le-Comte, ces OSE de proximité ne sont pas
modulés. De plus, l?OSE de pied de barrage à
Villerest a été relevé par le CGRNVES, en 1998,
au-dessus des exigences du règlement d?eau du
barrage, pour des raisons qui mériteraient d?être
réexaminées.
La modulation de l?OSE de Villerest en dessous
de 12m3/s se traduirait par une légère perte de
production électrique (correspondant à une perte
de puissance de quelques MW), car un débit
inférieur à ce seuil ne peut pas être turbiné dans
les installations actuelles. Pour l?éviter, EDF
indique qu?il faudrait envisager d'équiper l'usine
d'un groupe adéquat, sous réserve que cela soit
techniquement faisable et économiquement
viable.
Figure 13 : Naussac et Villerest ? OSE de
proximité
Schéma mission
Dans une vision globale du devenir de l?ouvrage et de la mise en place de la réserve automnale,
l?Agence de l?eau pourrait participer au financement d?un investissement qui, dans un but
d?optimisation du soutien d?étiage, permettrait de maintenir la production d?électricité.
Ce sujet des OSE de proximité est à la main du CGRNVES et peut faire l?objet de décisions assez
rapides.
(CGRNVES) : Moduler les objectifs de soutien d?étiage de proximité de
Naussac (confluence du Chapeauroux et Vieille Brioude) et de Villerest (pied du barrage)
Sur Naussac, diverses mesures techniques peuvent être envisagées pour améliorer le remplissage
du réservoir :
augmenter les volumes d?eau prélevés par pompage dans l?Allier ;
autoriser le remplissage de Naussac par pompage et par dérivation du Chapeauroux en
été en cas d?épisode pluvieux ;
Ces mesures sont détaillées dans l?annexe 3 relative à Naussac et Villerest.
PUBLIÉ
Novembre 2022 Les conditions de mobilisation des retenues
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(EPL) : Explorer toutes les pistes d?augmentation du remplissage annuel
du barrage-réservoir de Naussac et, en particulier, la possibilité de faire appel plus souvent
au pompage dans l?Allier.
Sur Villerest, et à une échelle plus retreinte, la mission considère qu?il est possible d?optimiser le
fonctionnement du barrage en vue du soutien d?étiage sur deux points :
une légère anticipation sur le mois de mai de la remontée à la cote maximale pour se
donner plus de chance de l?atteindre ;
et la conservation d?un volume d?eau plus important dans la retenue du 15 septembre au
15 octobre.
Ces deux possibilités, développées en annexe 3, mettent en jeu l?articulation de l?écrêtement des
crues et du soutien d?étiage. Elles supposent un aménagement du règlement d?eau et passent
donc par des études détaillées à réaliser par l?EPL pour pouvoir en soumettre le projet au service
de contrôle (DREAL AURA).
Ces améliorations supposent, dans certains cas, la réalisation d?investissements. D?autres peuvent
intervenir par modification des règles de gestion. Il est dès lors souhaitable que ces dernières
fassent l?objet d?un processus d?amélioration continue fondée sur des retours d?expérience
réguliers.
2.2.2 Maximiser l?utilisation de Villerest par un appel éventuel à Grangent
et Lavalette en automne
Deux grandes retenues, aux statuts différents, existent à l?amont de Villerest : Grangent et
Lavalette. La mission propose de les utiliser pour contribuer au soutien d?étiage de la Loire après
la saison touristique donc du 15 septembre au 30 novembre48.
2.2.2.1 Le barrage de Grangent
La vocation première du barrage de Grangent, construit entre 1955 et 1957 et concédé à EDF en
octobre 1960 jusqu?au 31 décembre 2032, réside dans la production d?électricité (avec une
puissance maximale brute de 38,4 MW et une production énergétique moyenne annuelle d?environ
120 GWh). Mais il a également une fonction touristique49 et d?alimentation en eau du canal du
Forez (qui prélève environ 38 Mm3 en moyenne annuelle dont 3,5 Mm3 du premier juin au quinze
septembre). La gestion de l?ouvrage est faite pour que la retenue soit à son niveau maximum au
1er juin, ce qui certaines années, comme en 2022, peut pénaliser le remplissage de Villerest (voir
1.1.1.3). Ensuite, elle délivre à l?aval, du 1er juin au 15 septembre, un débit réservé (partagé entre
la Loire et le canal du Forez50 ) en fonction des entrants au niveau de Bas-en-Basset, tout en
maintenant le niveau de la retenue dans la frange du mètre supérieur pour la fonction touristique.
48 La période de soutien d?étiage définie par le règlement d?eau du barrage de Villerest s?arrête au 30 novembre.
Les rares années où la campagne de soutien d?étiage se prolonge sur le mois de décembre, une prolongation de
la réservation au-delà du 30 novembre pourrait être négociée avec le concessionnaire.
49 Celle-ci conduit à conserver la cote du barrage du 1 juin au 15 septembre au plus près de 420 m NGF (en pratique
entre 419,80 m NGF et 419,98 m NGF).
50 Les règles de partage sont fixées par l?arrêté du préfet de la Loire n°2014283-0011 en date du 10 octobre 2014
PUBLIÉ
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Son volume total est de 57,4 Mm3, mais, du fait du culot de l?ouvrage, sa capacité utile51 n?est que
de 26 Mm3. Du 1er juin au 15 septembre, au-delà du débit réservé, l?ouvrage n?a aucune capacité
disponible pour du soutien d?étiage, hors alimentation du canal du Forez. La capacité utile minimale
recouvrée au 15 septembre est comprise entre 26 et 22,5 Mm3, selon que la réserve prévue pour
le canal du Forez a été entièrement utilisée ou pas du tout. Elle peut même être inférieure en année
très sèche où le Syndicat mixte d'irrigation et de mise en valeur du Forez (SMIF) appelle durant
l?été un volume d?eau supplémentaire, en se fondant sur le droit d?eau figurant dans le décret de
1863 concédant le canal du Forez. Ce fut le cas en 2022.
Dans ces conditions, la mission propose de réserver, en ordre de grandeur, un peu plus de 40 %
de cette capacité, soit environ 10 Mm3, de mi-septembre à fin novembre, pour un éventuel
remplissage complémentaire du réservoir de Villerest afin d?éviter le risque d?interruption du soutien
d?étiage à l?OSE de Gien par ce dernier.
Figure 14 : Grangent gestion actuelle et proposition mission
gestion actuelle
proposition mission
Source : calculs mission à partir de données EDF
Il apparaît en effet à la mission préférable pour le soutien d?étiage de la Loire et de l?Allier de
mobiliser d?abord durant l?année les retenues de Naussac et de Villerest dont les eaux sont avant
tout destinés au soutien d?étiage, plutôt que celles de Grangent, qui ont une valorisation supérieure
pour la collectivité puisqu?elles peuvent apporter un soutien d?étiage comparable et qu?elles
produisent une quantité d?électricité plus importante.
Cette réserve automnale ne change rien à l?obligation du concessionnaire de remplir la retenue à
son maximum pour le 1er juin. Elle est, sous cet aspect, sans impact sur la production d?électricité
au printemps. Cette réserve fait par contre peser une contrainte qui peut entraîner à partir du 15
septembre une perte pour le concessionnaire : celui-ci dispose cependant encore du reste de la
retenue, soit a minima 12,5 Mm3. Cette contrainte sera d?autant plus importante que la réservation
sera maintenue longtemps. Afin de ne pas handicaper inutilement la production électrique et de
limiter le coût de la compensation, cette réservation devra être annulée ou réduite le plus tôt
possible, dès lors que la situation climatique particulière de l?année en cours et la modulation
possible des OSE à l?automne montreront qu?elle s?avère inutile ou trop élevée (ce qui devrait être
51 En dehors de l?étiage, le fonctionnement usuel constaté ces dernières années correspond à l?exploitation d?une
frange d?environ 10 m (entre 410 et 420 m NGF), soit 26 Mm3 (sur les 28,9 Mm3 utiles de la retenue compte tenu
du culot non exploitable de 28,1 Mm3). En effet, un abaissement de la cote en-dessous de 410 m NGF pourrait
conduire à une dégradation de la qualité de l?eau surtout en fonction de rythme éventuel d?abaissement (tel que
pourrait être celui nécessaire à du soutien d?étiage conséquent par exemple à 10 m3/s, soit env. 1 Mm3/jour).
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le plus souvent le cas). Le coût de cette réservation devrait donc être relativement limité. Il devra
être précisé dans la cadre de la négociation de la convention qui permettra de mettre en oeuvre
cette réservation, sans attendre l?échéance de la concession en 2032.
2.2.2.2 Le complexe Lavalette ? La Chapelette
Plus à l?amont, sur le Lignon du Velay, les deux barrages de Lavalette et de la Chapelette ont pour
rôle principal l?alimentation en eau potable de la région stéphanoise. Le barrage de Lavalette, mis
en service en 1914, et rehaussé en 1949, a une capacité de 41 Mm3. Les chutes d?eau des deux
ouvrages ont été équipées d?usines hydroélectriques. Ces usines ont été concédées à EDF en
1952. Compte tenu des caractéristiques techniques des ouvrages, le volume turbinable par l?usine
de Versilhac correspond à la partie supérieure de la retenue, soit un volume utile hydroélectrique
de 30 Mm3. Les 11 Mm3 de la partie basse peuvent, si besoin, être délivrés à l?aval pour
l?alimentation en eau potable, mais sans être turbinés. La convention signée en 1955 entre EDF et
la ville de Saint-Etienne stipule que du 1er octobre au 31 mars, un volume d?eau de 11 Mm3 est
réservé pour la ville, et que du 1er avril au 30 septembre, ce volume d?eau s?élève à 20 Mm3 (sous
réserve du remplissage de la retenue). Alors que la population stéphanoise était en croissance
régulière, un avenant à la convention, signé de 1971, a prévu que, sur demande de la ville, ces
volumes d?eau pouvaient être augmentés. La croissance démographique ayant été à cette époque
fortement surévaluée, les volumes réservés n?ont pas eu besoin d?être augmentés.
Le schéma d?aménagement des eaux du bassin du Lignon du Velay, approuvé en 2021, indique
qu?en année plutôt haute, les eaux ainsi prélevées dans la retenue sont de l?ordre de 14,2 Mm3,
principalement en été, dont 11,2 millions sont exportés au-delà du bassin. Hors année
exceptionnelle52, le prélèvement maximal opéré sur Lavalette pour l?alimentation en eau potable
de Saint-Etienne (9,2 Mm3) et pour d?autres collectivités de la Haute-Loire et de la Loire (5,4 Mm3)
reste inférieur à 15 Mm3.
Les informations communiquées par Saint Etienne Métropole à la mission indiquent que, de 2003
à 2021, le volume présent dans la retenue au 30 septembre53 se situe entre 20 et 31 Mm3, ce qui
correspond à une quantité d?eau utilisable pour la production d?électricité comprise entre 9 et 20
Mm3 . En 2022, le volume disponible au 1er octobre était de 17,9 Mm3. Ce niveau inférieur à la
fourchette habituelle est dû à des éclusées d?environ 6 Mm3 réalisées par EDF au mois de mai
pour atteindre la cote touristique du barrage de Grangent. Elles ont conduit à un niveau bas,
inférieur à 30 Mm3 au 1er juin mais compatible avec la convention signée avec la métropole. En
réaction à cette situation, Saint-Etienne Métropole a estimé nécessaire, pour préserver la
ressource disponible pour son alimentation en eau potable en 2023, de demander à EDF de
relever à :
15 Mm3, du 1er octobre 2022 au 31 mars 2023, le volume réservé hivernal ;
25 Mm3, du 1er avril au 30 septembre 2023, le volume réservé estival.
Cette réservation supplémentaire, qui est spécifique à l?année 2023, limite de facto la production
d?électricité possible pendant l?hiver 2022-2023, période où l?équilibre entre l?offre et la demande
électrique va être particulièrement tendu.
Dans ces conditions, la mission estime qu?une capacité de l?ordre de 5 Mm3 devrait pouvoir y être
réservée pour un éventuel remplissage complémentaire du réservoir de Villerest à partir du 30
septembre, dans les mêmes conditions que celles proposées pour Grangent. Sous réserve d?une
52 Années (2017 et 2020) où des travaux sur la seconde grande retenue de Saint Etienne Métropole (barrage du
Pas de Riot sur le Furan) ont conduit à des prélèvements sur Lavalette pouvant atteindre jusqu?à 14,4 Mm3.
53 Le volume résiduel en fin de campagne est le bilan du stock provisionné en début d?été, des apports estivaux
(aléatoires) et de la consommation réelle (variable d?une année sur l?autre).
PUBLIÉ
Novembre 2022 Les conditions de mobilisation des retenues
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négociation aboutie avec Saint-Etienne Métropole, cette réservation pourrait faire l?objet d?une
convention spécifique entre l?EPL, EDF, Saint-Etienne Métropole et l?autorité concédante, assurant
un équilibre entre alimentation en eau potable, production d?électricité et soutien d?étiage, sans
attendre l?échéance de la concession en 2027.
Figure 15 : Lavalette ? gestion actuelle et proposition mission
gestion actuelle
54
proposition mission
Source : calculs mission à partir de données Saint-Etienne Métropole
A la différence de ce qui a été proposé sur Grangent, la constitution, sur cette retenue, d?une
réserve au bénéfice de Villerest aurait un double impact sur le concessionnaire :
Elle l?obligerait à assurer un remplissage plus élevé de la retenue au 1er avril (25 Mm3 au
lieu de 20). La mission observe toutefois que jusqu?à présent, y compris en 2022, EDF a
rempli la retenue entre 26 et 36 Mm3, soit bien au-dessus de la réserve dont bénéficie
Saint-Etienne Métropole ;
Elle limiterait sa capacité à produire de l?électricité à l?automne.
Le coût de cette réservation devrait donc, logiquement, être supérieur à celui d?un même volume
à Grangent. Afin de ne pas handicaper inutilement la production électrique, cette réservation devra
être annulée le plus tôt possible, dès lors qu?elle s?avèrera inutile (ce qui devrait être le plus souvent
le cas).
Au total, la mission estime possible de réserver, dans ces deux retenues, un volume de l?ordre de
15 Mm3 à l?automne, au-delà respectivement du 15 et du 30 septembre, pour sécuriser la gestion
du réservoir de Villerest face au risque d?interruption du soutien d?étiage pendant cette période. La
prise en compte de ces volumes complémentaires dans la gestion du réservoir, par une révision
des courbes planchers et d?alerte, et dans les modélisations MORDOR, conduirait à une
consommation plus systématique, en année moyenne à sèche, de l?eau contenue dans Villerest
sans remettre en cause la gestion prudente dont fait preuve le CGRNVES.
2.2.3 Atténuer les contraintes de la gestion pluriannuelle de Naussac par
une mobilisation des Fades sur la Sioule
Comme présenté en partie 1, les ouvrages des Fades et de Queuille sur la Sioule délivrent un
54 Rappel : sur une capacité de 41 Mm3, seuls 30 Mm3 sont utilisables pour produire de l?électricité
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réserve AEP électricité
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réserve AEP réserve Villerest électricité
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double soutien d?étiage :
à hauteur de 2,5 m3/s au titre d?un régime garanti, obligation de la concession ;
pour un débit complémentaire d?au maximum 0,7 m3/s, du 1er juin au 30 septembre, dans
le cadre d?une convention signée en 2020 avec la Chambre d?agriculture de l?Allier.
Ainsi, si la capacité utile des deux ouvrages est de 58,9 Mm3, leur capacité utile estivale est plus
faible et a été estimée par EDF à 46 Mm3, une fois décomptés les volumes provisionnés pour les
débits garantis et le soutien agricole. En pratique, le volume utile sur lequel pourrait être imputé un
soutien d?étiage automnal serait toutefois moindre. La gestion printanière a, en effet, pour objectifs
de provisionner le volume estival nécessaire au soutien d?étiage (env. 13 Mm3, cf. supra), mais
aussi de produire au mieux des besoins énergétiques.
Dans ces conditions, la mission estime qu?une capacité de l?ordre de 15 Mm3 pourrait être mobilisée
pour garantir un soutien d?étiage de l?Allier aval, puis de la Loire, en automne, au cas où le réservoir
de Naussac risquerait de voir son niveau descendre en-dessous d?une cote rendant son
remplissage pour l?année suivante trop incertain mais aussi dans le cas où le réservoir de Villerest
serait épuisé. Comme pour Villerest, la prise en compte de ces volumes complémentaires dans la
gestion du réservoir, conduirait à une consommation plus systématique, en année moyenne à
sèche, de l?eau contenue dans Naussac sans remettre en cause la gestion prudente dont fait
preuve le CGRNVES.
Figure 16 : Les Fades - gestion actuelle et proposition mission
gestion actuelle
proposition mission
Source : calculs mission à partir de données EDF
Ce soutien d?étiage supplémentaire en provenance de Naussac est toutefois limité par la capacité
annuelle de remplissage de ce réservoir qui a été voisine de 90 à 100 Mm3 sur les années 2016-
2019, ce qui renforce l?intérêt de l?augmenter (cf. annexe 3). Compte tenu de cette limitation, il est
possible que certaines années, cette réserve ne permette de déverser plus d?eau qu?à partir de
Villerest.
La création d?une telle réserve devra donc s?accompagner, dans la gestion du réservoir de Naussac,
de l?introduction de courbes d?alerte, à l?instar de celle existant sur Villerest, organisant l?appel à
cette réserve en fonction du niveau du réservoir et de l?évolution prévue de celui-ci dans une vision
pluriannuelle.
Comme pour Lavalette, la création d?une telle réserve aura un double impact sur la production
d?électricité : au printemps pour assurer un remplissage plus élevé de la retenue et à l?automne,
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débit garanti réserve CA03 réserve Naussac électricité
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tant que la réservation n?est pas levée. Afin de ne pas handicaper inutilement la production
électrique, cette réservation devra être annulée ou réduite le plus tôt possible, dès lors qu?elle
s?avèrera inutile ou trop élevée (ce qui devrait être le plus souvent le cas).
La mission souligne également qu?il serait possible d?augmenter la production d?électricité, de
quelques MW, en plaçant une turbine sur la conduite correspondant au débit garanti de 2,5 m3/s.
Ces eaux ne peuvent en effet pas être turbinées actuellement lorsqu?elles sont relâchées. Un tel
projet ne permettrait de compenser ni la perte économique subie par le concessionnaire ni la perte
énergétique. Par contre, le bilan énergétique serait plus faiblement dégradé. Les études et le
chiffrage sont néanmoins à réaliser par EDF. Dans une vision globale du devenir de l?ouvrage et
de la mise en place de la réserve automnale, l?Agence de l?eau pourrait participer au financement
de l?investissement.
2.2.4 La modification de l?équilibre entre les soutiens d?étiage de la Loire
et de l?Ardèche par les ouvrages de Montpezat ne répondrait pas aux
ordres de grandeur
L?aménagement de Montpezat, décrit en annexe 4, est le plus important du bassin pour la
production d?électricité.
2.2.4.1 Le soutien d?étiage par Montpezat
Le complexe de Montpezat délivre un double soutien d?étiage :
un débit garanti de 1 m3/s sur la Loire résultant des obligations du cahier des charges de
la concession55 ;
un soutien sur l?Ardèche découlant de la convention intervenue en 1984 entre EDF et le
Syndicat mixte d?équipement de l?Ardèche pour la construction du barrage de Pont-de-
Veyrières sur la Fontaulière.
Le soutien d?étiage de la Loire est prioritaire par rapport à celui de l?Ardèche. Comme nous l?avons
vu au 1.1.3, compte tenu des montants respectifs du débit garanti sur la Loire et de l?OSE à Voguë
sur l?Ardèche, si le soutien d?étiage au sens strict à partir de Montpezat, est principalement délivré
vers l?Ardèche (entre 73 % et 100 % selon les années, en pratique), le volume déversé pendant
cette période, vers l?Ardèche (8,8 Mm3) est quasiment similaire, en moyenne, aux volumes assurés
à la Loire par le débit garanti dont elle bénéficie (8 Mm3).
Cependant les modalités de soutien sont très différentes :
Sur la Loire, il est versé de manière continue via un débit garanti de 1 000 litres par seconde,
assuré principalement (entre 60 et 100 % selon les années et en moyenne à 88 %) par le
débit naturel du fleuve et accessoirement par le soutien d?étiage ;
Tandis que, sur l?Ardèche, les règles pesant sur le bassin de démodulation de la Fontaulière
permettent une plus grande variabilité. Le débit d?objectif peut en effet être modulé en
concertation avec les bénéficiaires du soutien ce qui, pour la mission, constitue une très
bonne pratique pour préserver le stock (notamment s?il n?est pas maximum au début de
l?étiage en année sèche) et/ou allonger la période de soutien jusqu?au 31 octobre, ce qui
est fréquemment mis en oeuvre.
La priorité accordée à la Loire par le débit garanti risque de conduire, sous l?effet du changement
55 Cahier des charges annexé à la loi 43-99 du 21 mars 1949 concédant à EDF les travaux d?aménagement de la
chute de Montpezat.
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climatique, à une modification progressive du partage du soutien d?étiage au détriment de l?Ardèche
au fur et à mesure que diminuera le débit naturel de la Loire amont en été. Une baisse de 20 %
des débits naturels, par rapport à la période 2000-2021, conduirait, en moyenne, à multiplier par
1,4 le soutien d?étiage de la Loire afin d?assurer le débit de 1 m3/s imposé au pont de la Borie. Une
baisse de 40 % à la multiplier par 2,8. Dans tous les cas ceci réduira le volume pouvant servir au
soutien d?étiage de l?Ardèche.
Une révision du partage des eaux, en été, entre la Loire et l?Ardèche, évoquée par certains acteurs,
ne pourrait porter que sur un nombre très restreint de millions de m3 (nettement inférieur à 5). En
effet, en 2016, la Loire a bénéficié de 3 Mm3 sur le volume maximum disponible de 12 Mm3. Une
nouvelle règle de répartition ne pourrait être établie qu?en tenant compte des contraintes
rencontrées par les acteurs de l?Ardèche et de la Loire ainsi que des effets prévisibles du
changement climatique.
Au final, le complexe de Montpezat ne saurait apporter une sécurisation du soutien d?étiage par
Villerest comparable à celle envisagée pour Grangent et Lavalette.
2.2.4.2 La création d?une STEP
Les stations de transfert d?énergie par pompage (STEP) consistent en un ensemble de deux
réservoirs d?eau situés à deux niveaux différents (avec typiquement un dénivelé d?au moins 100 m)
entre lesquels se trouve l?usine hydro-électrique. En passant du réservoir supérieur au réservoir
inférieur, l?eau alimente la turbine de l?usine comme dans un barrage classique et peut ainsi
produire de l?électricité durant les heures de pointe. Elle est remontée par un système de pompage
situé également dans l?usine durant les heures creuses.
L?association European Rivers Network (ERN) France ? SOS Loire Vivante préconise de créer une
STEP sur Montpezat.
Cette solution n?a pas trouvé, pour le moment, de localisation possible sur Montpezat : la distance
géographique qui sépare les bassins supérieurs du Gage et de La Palisse du bassin de
démodulation de la Fontaulière (voir schéma en annexe) ne permet pas d?envisager un tel
fonctionnement à partir des bassins existants.
Ainsi, si la création d?une STEP constitue une solution a priori intéressante, la mission ne voit pas
comment elle peut être appliquée à l?usine de Montpezat.
Plus généralement, sur le reste du bassin Loire-Bretagne, les hauteurs de chute rencontrées
limitent la puissance et donc l?intérêt d?éventuelles STEP.
2.2.5 En conclusion sur l?Allier et la Loire amont
Ce sont les capacités disponibles sur les bassins de la Loire amont et de l?Allier, bien plus que les
besoins pouvant être projetés à moyen terme, qui déterminent les possibilités de renforcer et
sécuriser le soutien d?étiage de l?Allier et de la Loire assuré par Naussac et Villerest.
Les investigations de la mission la conduisent à proposer, après discussions techniques avec EDF,
Saint-Etienne Métropole, l?EPL, la DREAL et l?AELB :
de mobiliser à cet effet les trois retenues hydroélectriques existantes pour réserver à
l?automne un volume d?environ 30 Mm3 au-delà du soutien que deux d?entre elles peuvent
déjà procurer (Sioule par les Fades ? Queuille et canal du Forez par Grangent) ;
de moduler les OSE de proximité de Naussac (confluence du Chapeauroux et Vieille-
Brioude) et de Villerest (pied du barrage) ;
PUBLIÉ
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et d?explorer toutes les pistes possibles d?augmentation du remplissage annuel du barrage-
réservoir de Naussac.
Les capacités correspondantes sont limitées :
environ 15 Mm3 en amont de Villerest ;
environ 15 Mm3, sur l?Allier aval en complément de Naussac.
La répartition ainsi proposée du volume total de la réserve automnale entre ces trois ouvrages doit
rester indicative aux yeux de la mission tant que le concessionnaire de la chute d?eau est le même
sur les trois ouvrages : c?est à lui de la déterminer chaque année en fonction de l?état des stocks
présent sur chaque ouvrage au mois de mai. Suivant la répartition choisie par le concessionnaire,
cette réserve automnale représenterait, si elle était effectivement utilisée comme soutien d?étiage,
une perte d?électricité à la pointe de 10 à 14 GWh56, soit une perte57 d?environ 2 à 3 M¤ (pour un
MWh égal à 200 ¤) en partie compensée par la production d?une même quantité d?électricité à un
moment où les prix seraient plus faibles.
Même si ces volumes apparaissent modestes au regard des volumes utiles des deux réservoirs
de Naussac et Villerest, ils sont significatifs et susceptibles d?avoir un effet de levier, en favorisant
une utilisation plus complète des volumes contenus dans les réservoirs, par une sécurité apportée
face au risque d?interruption du soutien d?étiage à l?automne. La mission estime qu?ils sont
susceptibles d?augmenter d?autant le volume maximum mobilisable actuellement limité dans le
pratique à 210 Mm3 et donc de le porter entre 240 et 250 Mm3.
Pour la mission, il s?agit de passer d?une approche prudente à une approche prudentielle, assise
sur la garantie apportée par la réservation de ces volumes dans les trois retenues.
Cette approche conduit à minimiser l?impact potentiel sur la production hydroélectrique, la
réservation ayant toute chance d?être plus souvent annulée qu?utilisée : elle ne devrait être appelée
en effet que dans le cas d?un automne sec, succédant à un été sec (voire également un printemps
qui n?aurait pas permis de remplir totalement les ouvrages).
Afin de minimiser l?impact de la mise en place de cette réserve sur la production électrique la
mission considère de plus que :
Le remplissage des ouvrages, pour aboutir aux réserves mentionnées ci-dessus, ne doit
commencer qu?après la période hivernale durant laquelle les réserves hydroélectriques
sont régulièrement appelées pour faire face à la demande de pointe ;
Le volume de soutien assurantiel pour la campagne de soutien d?étiage pourra être ajusté
par exemple à la fin du mois de mai pour tenir compte du remplissage réel des ouvrages
(sans s?éloigner notablement cependant des volumes envisagés) ;
Il est souhaitable de pouvoir renoncer, au plus tôt au cours de la campagne, à cette réserve
automnale, ou la réduire, s?il s?avère qu?elle ne sera pas nécessaire, ce qui permettra de
limiter la contrainte énergétique et l?indemnisation correspondante ;
Le volume ainsi réservé doit être considéré comme un volume total en laissant toute
latitude au concessionnaire pour le répartir entre les trois ouvrages ;
Ce volume pourra être revu à la baisse une année donnée, avant le début de la période
d?étiage en cas de besoins exceptionnels en énergie et puissance à la pointe,
56 Les puissances des ouvrages concernés sont de 22 MW pour Lavalette (Vershilac-Vendets), 38,4 MW pour
Grangent et 46 MW pour les Fades-Queuille.
57 Ce montant ne couvre pas la perte de valeur de la production liée à la mise en place de cette réserve.
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correspondant par exemple à une indisponibilité programmée du parc nucléaire ou à une
rupture probable de l?approvisionnement en gaz ;
L?indemnisation du concessionnaire, pour la perte correspondant à la mise en place de la
réserve, devra être versée même si le soutien d?étiage n?est pas mis en oeuvre. Toutefois,
comme cela se pratique actuellement sur certains soutiens en Adour Garonne,
l?indemnisation sera réduite si cette réserve est levée avant la fin de la période. Les
déversements éventuels devront eux aussi être indemnisés.
2.2.5.1 Conforter l?EPL dans son rôle de pivot de la gestion opérationnelle et de caisse
de financement du soutien d?étiage
La gestion opérationnelle des réservoirs de Naussac et Villerest est assurée par l?EPL. L?appel aux
volumes réservés dans les retenues de Grangent et Lavalette, pour le réservoir de Villerest, et à la
retenue des Fades pour le réservoir de Naussac, ne peut reposer que sur un dialogue en fonction
de l?évolution du niveau de chacun des réservoirs entre l?EPL et le ou les propriétaire et
concessionnaire des ouvrages correspondants qui ont la responsabilité des lâchers à l?aval de leur
barrage. C?est à lui qu?il reviendra d?annuler les réservations ou d?appeler auprès d?EDF tout ou
partie des volumes réservés.
La proposition de la mission ne peut techniquement être mise en oeuvre que dans le cadre d?une
convention entre l?EPL, EDF, Saint-Etienne Métropole pour Lavalette, et l?autorité concédante
conformément aux éléments juridiques présentés au point 2.1.3 ci-avant. Celle-ci pourra
avantageusement s?inspirer des conventions en vigueur sur le bassin Adour-Garonne58, signée
entre l?EPTB, l?Agence de l?eau, EDF, l?Etat et définissant les rôles de chacun.
Cette garantie aura un coût : la constitution de cette réserve entraîne en effet une perte pour le
concessionnaire, qui doit être indemnisé, même en année où elle ne sera pas consommée. La
rémunération devra de plus être d'autant plus forte que la réserve sera levée tardivement : si la
réserve venait à être levée au quinze septembre, la rémunération devrait être faible (correspondant
à la perte résultant des contraintes de cote sur les Fades et Lavalette jusqu?à cette date). Le prix
de la prestation devra être négocié avec EDF pour les retenues de Grangent et des Fades, avec
EDF et Saint-Etienne métropole pour la retenue de Lavalette.
L?EPL finance le coût du soutien d?étiage assuré par les réservoirs de Naussac et Villerest par des
redevances perçues auprès des bénéficiaires dans le cadre d?un arrêté inter-préfectoral du 10
novembre 2006 qui « déclare d?intérêt général l?exploitation, l?entretien et l?aménagement par
l?Etablissement Public Loire des barrages-réservoirs de Naussac [... ] et de Villerest [... ], pour le
soutien des étiages de l?Allier et de la Loire destiné à améliorer les possibilités de prélèvement
dans ces cours d?eau et leurs nappes d?accompagnement ». Les fondements juridiques et les
modalités pratiques de ce mode de financement sont détaillés en annexe 3.
Le coût de ces réservations peut-il être financé dans ce cadre ? La mission considère, en première
analyse, que oui, pour les raisons suivantes :
Les réservations visent, dans une démarche prudentielle, à permettre d?utiliser plus
complètement l?eau contenue dans les deux réservoirs en garantissant autrement le
gestionnaire vis-à-vis du risque d?interruption brutale du service rendu pour le soutien
d?étiage. Les dépenses correspondantes peuvent donc être considérées comme faisant
58 Voir notamment le contrat de coopération provisoire signé en vue de la mobilisation de réserves d?Edf pour le
soutien d?étiage signée le premier juillet 2020
https://www.lagaronne.com/sites/default/files/upload/contrat_edf_2020_2021_2022_du_1er_juillet_2020_allege_p
our_site.pdf ou la convention spécifique relative au bassin du Lot signée le 23 août 2019
https://www.lagaronne.com/sites/default/files/upload/20190823_convention_specifique_lot.pdf
PUBLIÉ
https://www.lagaronne.com/sites/default/files/upload/contrat_edf_2020_2021_2022_du_1er_juillet_2020_allege_pour_site.pdf
https://www.lagaronne.com/sites/default/files/upload/contrat_edf_2020_2021_2022_du_1er_juillet_2020_allege_pour_site.pdf
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partie des coûts d?exploitation des réservoirs et être prises en compte dans le budget
annexe de l?EPL.
Ces dépenses d?exploitation complémentaires peuvent être répercutées sur les
bénéficiaires dans le cadre de la déclaration d?intérêt général de 2006. Car elles améliorent
bien leur capacité de prélèvement dans l?Allier ou la Loire, chaque année par effet de levier
sur l?optimisation de la gestion de Naussac et Villerest, et exceptionnellement par
complément de soutien d?étiage.
La charge pesant sur chaque bénéficiaire n?est pas fondée sur le coût du prélèvement
opéré l?année en cours mais sur un volume prélevable représentant la capacité de
prélèvement dont il bénéficie grâce à l?existence du dispositif dans son ensemble. Ainsi, le
coût d?exploitation de Villerest est répercuté sur tous les bénéficiaires, y compris ceux du
Val d?Allier qui ne prélèvent pas d?eau provenant de ce réservoir. De la même façon, le coût
de Naussac est répercuté sur tous les bénéficiaires, y compris ceux situés sur la Loire à
l?amont du bec d?Allier qui ne prélèvent pas d?eau provenant de ce réservoir. Lorsque de
manière exceptionnelle, la retenue des Fades déversera de l?eau, le coût correspondant,
qui participera du dispositif d?ensemble, pourra être répercuté sur tous les bénéficiaires, y
compris ceux situés sur l?Allier à l?amont de la confluence de la Sioule comme ceux situés
sur la Loire à l?amont du bec d?Allier.
La possibilité de financer ces réservations dans la cadre de la déclaration d?intérêt général (DIG)
actuelle gagnerait à être vérifiée par une analyse juridique plus poussée. Au cas où ce ne serait
pas possible, une nouvelle DIG pourrait être prise. Cela offrirait l?occasion de supprimer les
distorsions d?imputation entre bénéficiaires relevées par la mission59.
Le dispositif proposé par la mission peut être mis en place de manière progressive et à court terme,
les conventions relatives à chaque retenue pouvant être conclues indépendamment les unes des
autres.
2.2.5.2 Adapter la gouvernance du dispositif
La gouvernance du dispositif de soutien d?étiage de l?Allier et la Loire par l?EPL est organisé autour
du CGRNVES, présidé par la préfète coordonnatrice de bassin.
La mission a recueilli de nombreux témoignages de satisfaction quant au travail de ce comité, y
compris pendant une année aussi difficile que 2022, et quant au pilotage assuré par la préfète de
bassin avec son appui.
La mission considère que cette gouvernance présente deux caractéristiques fortes qu?il faut
absolument préserver :
1) Elle articule, au sein du même comité, gestion courante et gestion de crise. Cette
articulation doit être absolument maintenue car la performance des administrations en
charge de la gestion de crise est fondée sur une expérience, des connaissances et des
compétences techniques qui ne peuvent être acquises et entretenues que par une
articulation constante à la gestion courante.
2) Elle associe toutes les parties prenantes représentées au comité de bassin. Cette
association des parties prenantes, dans toute leur diversité, est une condition essentielle
de l?efficacité d?un processus d?amélioration continue des règles et pratiques de gestion par
retour d?expérience tel que proposé par la mission. Elle est aussi une condition essentielle
de l?acceptabilité sociale des mesures de gestion de crise.
59 Voir Annexe 3
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La gouvernance constituée autour du CGRNVES gagnerait sans doute à évoluer. L?extension des
responsabilités de l?EPL découlant des propositions de la mission pourrait fournir l?occasion d?une
telle évolution.
Dans cet esprit, la mission recommande de mieux distinguer la gestion courante, de la compétence
du président de l?EPL, sur la base de règles préétablies et validées par le CGRNVES, et la gestion
de crise, de la compétence de la préfète de bassin, en conservant au CGRNVES une pluralité de
fonctions adaptée :
Définir de nouvelles règles de gestion de Villerest et de Naussac pour tenir compte des
novations qui pourraient suivre la remise de ce rapport : modulation des OSE de proximité,
optimisation du remplissage des réservoirs et prise en compte des réserves automnales
constituées dans les retenues hydroélectriques de Grangent, Lavalette et des Fades ;
Conseiller le président de l?EPL pour l?amélioration continue des règles pratiques de gestion
des réservoirs et de l?appel aux réserves complémentaires ;
Conseiller la préfète de bassin pour la gestion de crise.
La mise en place de la réserve automnale que la mission propose repose sur une idée simple. Sa
mise en oeuvre, qui conduit à coordonner la gestion, durant une grande partie de l?année, des
réserves d?eau de cinq ouvrages différents, en fonction de l?état des stocks et des prévisions
météorologiques, soulèvera diverses difficultés qui seront surmontées par retours d?expérience
successifs. Le CGRNVES doit jouer un rôle central d?association de toutes les parties prenantes à
l?affinement des nouvelles règles de gestion en fonction de l?expérience acquise, en veillant à
préserver la fonction énergétique de l?ensemble.
(EPL) : Etudier, en lien avec EDF et Saint-Etienne Métropole, la
possibilité de réserver la disponibilité, à l?automne, d?environ 30 Mm3 d?eau dans les
retenues de Grangent, Lavalette et des Fades en appui de Naussac et Villerest.
2.3 Préserver le soutien d?étiage de la Vienne
Le dispositif de soutien d?étiage de la Vienne est présenté en partie 1.1.2.
La mission constate que ce dispositif a prouvé son efficacité, y compris durant les étés secs de
2019 et de 2022 qui pourraient préfigurer ceux du milieu de siècle. Son efficacité repose sur EDF
qui en est, à la fois, le fournisseur et le bénéficiaire principal, et qui exploite l?ensemble des
aménagements mis à contribution en procédant aux ajustements opérationnel en temps réel. La
préserver passe par le maintien de cette unité y compris après l?échéance des concessions en
cours, dont notamment celle de Peyrat-le-Château60 en 2026.
La mission a pris connaissance avec intérêt des études de l?influence du changement climatique
sur les ressources en eau sur le bassin de la Vienne, présentées par Antea lors du séminaire sur
l?eau et le climat organisé par l?EPTB de la Vienne en juin 2022. Elle ne peut qu?encourager les
acteurs à poursuivre leurs travaux en vue d?évaluer la robustesse du dispositif face au changement
climatique
Elle constate aussi que ce dispositif s?appuie sur un ensemble de retenues, dont la capacité utile
totale de 134,5 Mm3 est limitée à 65,7 Mm3 du 1er avril au 31 août par la cote touristique du lac de
Vassivière, et que ce dispositif puissant peut, certaines années délivrer un soutien d?étiage d?un
60 La concession de Peyrat-le-Château inclut le lac de Vassivière et les barrages de Chammet et Faux-la-Montagne
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ordre de grandeur comparable à celui délivré par Villerest ou par Naussac. La Vienne constitue par
ailleurs un affluent important de la Loire. Son DOE de 30 m3/s à Nouâtre représente 36 % du DOE
de 83 m3/s de la Loire à Langeais juste à l?amont du bec de Vienne. La mission invite l?AELB à
évaluer, dans le cadre de son étude HMUC globale sur le bassin de la Loire, l?impact du soutien
d?étiage de la Vienne sur la Loire aval ainsi que l?intérêt et l?opportunité d?une prise en compte
d?objectifs situés sur la Loire aval par ce dispositif.
2.4 Adapter les dispositifs locaux au changement climatique
La mission n?a pas étudié en détail les 4 dispositifs locaux existants.
Le dispositif de soutien d?étiage de l?Aulne par les retenues de Saint-Michel et Saint-Herbot
applique tous les principes des législations actuelles61 et est géré par objectif de soutien d?étiage.
Il apparaît, à première vue, capable de s?adapter aux évolutions climatiques attendues.
2.4.1 Le cas du Cher : l?adoption souhaitable d?objectifs de soutien
d?étiage variables
Le dispositif de soutien du Cher à partir des retenues de Rochebut et Prat repose sur un débit
garanti du 1er juin au 30 novembre appuyé sur un volume garanti au 1er juin. Il est défini dans le
cahier des charges de 2013 de la concession de Teillet-Argenty. Malgré le caractère récent de ces
dispositions et des alertes antérieures à sa dernière formalisation62, ce dispositif se révèle déjà
inadapté63 :
Le débit garanti ne peut être tenu durant toute la période d?étiage que si les apports naturels
sont suffisants, ce qui n?est déjà plus assuré et risque d?être de moins en moins le cas dans
le futur. Des dérogations préfectorales sont dès lors régulièrement nécessaires ;
Le besoin d?un soutien d?étiage jusqu?au 15 décembre exprimé par les collectivités
territoriales excède la période d?engagement (1er juin ? 30 novembre) prévue dans le cadre
de la concession.
Le déséquilibre entre les ressources disponibles et les consommations d?eau sur le bassin du Cher
est quelque peu atténué par les transferts d?eau, détaillés en annexe 8, dont il bénéficie à partir de
la Loire, de l?Allier et de la Creuse. Mais ceci ne permet pas de répondre à tous les besoins.
Suite à une expérimentation réalisée en 2020 et 2021, EDF a proposé aux collectivités territoriales
situées à l?aval du barrage une adaptation du dispositif par voie conventionnelle qu?elles n?ont pas
acceptée.
La mission considère que cette situation fournit un exemple très convaincant du fait que le
changement climatique rend caduques les approches en termes de débits et volumes garantis sur
une longue période et calculés sur une situation antérieure considérée comme une référence stable.
Une gestion par OSE modulables aux objectifs de Montluçon et Vierzon serait sans doute bien plus
61 Voir point 2.1
62 Fin mai 2011, constatant que le remplissage de Rochebut était incomplet, le CGRNVES avait recommandé
d?envisager une réduction précoce du débit délivré de façon à minimiser le risque d?avoir à réduire encore plus
fortement ce soutien si la sévérité de l?étiage se prolongeait et se confirmait
63 Voir présentation plus détaillée au 1.1.3.
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adaptée64.
Le Cher fait partie du périmètre institutionnel de l?EPL et de son périmètre en tant qu?EPTB. L?EPL
porte, en outre, les études des schémas d?aménagement et de gestion des eaux (SAGE) Cher
amont et Cher aval. Il pourrait donc utilement apporter à ses membres situés dans le bassin du
Cher l?appui de son expérience des OSE pour trouver une solution plus adaptée à la situation.
La mission recommande que, conformément au cahier des charges de la concession et en lien
avec la révision du SAGE Cher amont, soit définie en concertation avec l?ensemble des parties
prenantes, une solution de gestion par lâchers et OSE modulables en fonction du volume contenu
dans la retenue et des prévisions météorologiques65 de façon à pouvoir assurer un soutien des
débits jusqu?à la fin de la période d?étiage.
Un soutien d?étiage supplémentaire à celui prévu par le cahier des charges de la concession devra
donner lieu à indemnisation du concessionnaire.
2.4.2 Le cas de la Creuse : une situation de déséquilibre qui risque de
s?aggraver
Aucune demande de mise en place d?un dispositif de soutien d?étiage à plus large échelle que la
convention passée par le syndicat des irrigants de l?Indre avec EDF n?a été reçue par la mission.
Pour autant la question pourrait se poser.
Pendant la décennie 2011-2020, les DOE aux points nodaux de ce cours d?eau (Glénic dans la
Creuse et Leugny dans la Vienne) n?ont été respectés qu?une année sur deux. Ceci révèle une
situation de déséquilibre qui a été confirmée en 2019 par les difficultés rencontrées par certaines
collectivités dans leur alimentation en eau potable. Or, le bassin de la Creuse transfère à partir de
la Creuse et de la Gartempe une partie de son eau vers des sous-bassins voisins (Vienne et Cher)
pour y assurer une partie de leur alimentation en eau potable (voir annexe 8). Ce déséquilibre ne
pourra que s?aggraver sous l?effet du changement climatique.
Sept barrages hydroélectriques sont situés sur la Creuse :
quatre dans le département de la Creuse, sur l?amont du cours d?eau : Confolent,
Champsanglard, Les Chezelles et l?Âge, pour un volume utile total de 6,2 Mm3 ;
trois dans le département de l?Indre : Eguzon, Roche-au-Moine et Roche-bat-l?Aigle, pour
un volume utile total de 25,6 Mm3.
Le barrage d?Eguzon représente à lui seul 70 % du volume utile cumulé amont aval, avec 22,1 Mm3.
Son règlement d?eau, approuvé en juin 2013 à l?occasion du renouvellement de la concession, a
été révisé en juillet 2019. La retenue est aujourd?hui fortement contrainte :
64 D'après le retour d?expérience de l?été 2019 et les avis des préleveurs d'eau potable du département, les
prélèvements pour l?alimentation des usines de production d?eau potable ainsi que des installations industrielles et
agricoles ne sont pas impactés si le débit délivré à l?aval de Rochebut/Prat reste supérieur ou égal à 60 % du débit
actuellement garanti. C?est également le cas pour ce qui concerne la ville de Vierzon, dont le Cher est la seule
source d?alimentation en eau potable. La fédération de pêche souligne cependant qu?un faible débit délivré
conjugué à une température des eaux élevée pendant la période estivale peut entraîner une baisse de la qualité
de l?eau avec un effet potentiel sur la population piscicole et souhaite par conséquent que le passage à un tel débit
intervienne le plus tard possible dans la saison (pas avant septembre-octobre). Note DREAL Auvergne Rhône Alpes
du18 mai 2022 transmise à la mission.
65 Cette solution pourrait reposer sur un débit faible au début de la période d?étiage (correspondant à des apports
naturels faibles) de façon à ne pas vider l?ouvrage en cas d?absence d?apports naturels durant toute la saison, et
de revoir cette courbe à la hausse ou à la baisse en fonction des apports naturels constatés ainsi que des prévisions
météorologiques.
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Elle doit respecter une cote touristique du 1er juillet au 31 août avec un marnage admissible
de 1m ;
Elle est exploitée au printemps de manière à favoriser la reproduction des sandres et des
gardons en lien avec la fédération de l?Indre pour la pêche et la protection des milieux
aquatiques (FDPPMA) ;
Elle peut enfin fournir un soutien d?étiage dans le cadre d?une convention passée avec les
irrigants de l?Indre (dans le cadre de la contrainte touristique évoquée ci-dessus).
Plusieurs barrages, sans exploitation pour la production d?électricité, sont également situés dans
le sous-bassin de la Gartempe.
Les difficultés d?alimentation en eau potable observées en 2019 montrent que ce bassin peut être
confronté à des déficits de ressource. L?étude HMUC et la révision du SAGE Creuse, actuellement
en cours, devraient permettre de préciser les problématiques de ce sous bassin, notamment les
besoins pour les milieux, la répartition fine entre usages et également sa sensibilité aux effets du
changement climatique.
La mise en place d?un soutien d?étiage plus ambitieux pourrait ainsi être étudiée par les collectivités
territoriales concernées avec l?appui de l?EPTB Vienne qui pilote déjà des études prospectives sur
ce bassin.
2.4.3 Le cas du Blavet : des améliorations possibles du règlement d?eau
La concession de Guerlédan intègre trois fonctions accessoires : la limitation des inondations sur
le territoire aval, et en particulier sur la commune de Pontivy, un soutien d?étiage pour assurer les
besoins en eau potable et pour la vie piscicole et le développement du tourisme estival.
Mais, de fait, ces trois contraintes (dont certaines sont contradictoires : le soutien d?étiage ne
permet pas de maintenir la cote touristique en année d?étiage sévère lorsque les débits sont faibles)
réduisent très fortement le potentiel de production électrique de la retenue. Le concessionnaire a
donc souligné auprès de la mission que la rentabilité de la concession de Guerlédan n?était plus
assurée.
Une triple voie d?amélioration semble possible sur cette retenue consistant d?une part à chercher à
mieux protéger les populations à l?aval contre les inondations, à accroître l?amplitude du marnage
de la retenue et à mieux concilier les enjeux de soutien d?étiage avec ceux du tourisme.
La mission considère que son règlement d?eau pourrait ainsi être revu, sans attendre l?échéance
de la concession en 2048, à la lumière du retour d?expérience des années d?exploitation depuis le
renouvellement de 2008, au vu de l?hydrologie actuelle et future sur le bassin ainsi qu?en
considérant les projections des besoins en eau potable et en écrêtement de crue. La réalisation du
creux hivernal préventif pourrait être adaptée suivant le débit entrant dans la retenue et plus
généralement suivant l?hydrologie et les prévisions météorologiques sur le bassin. La modulation
du débit délivré à l?aval mériterait également être étudiée. L?analyse, à engager par les collectivités
territoriales compétentes, pourrait ainsi porter sur la faisabilité de remplacer le régime garanti par
un système d?OSE modulables en fonction des enjeux, d?alimentation en eau potable, mais aussi
de vie piscicole et de biodiversité aquatique. Une telle étude devrait comporter une approche
socioéconomique sur les différents services rendus par le barrage : production électrique, soutien
d?étiage, protection contre les inondations.
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3 Le changement climatique renforce la nécessité d?une
gestion quantitative à l?échelle du bassin
La présente partie tente d?estimer les ordres de grandeur des déséquilibres auxquels il va falloir
faire collectivement face et explore, au-delà des améliorations pouvant être apportées au dispositif
de soutien d?étiage de l?Allier et de la Loire présentées en partie 2, les divers moyens d?action
possibles : maîtrise des prélèvements, amélioration de la rétention et du stockage de l?eau,
évolution des objectifs réglementaires.
3.1 Les ressources actuellement mobilisées pour le soutien d?étiage
ne suffiront pas à satisfaire les DOE, ni à court ni à moyen terme
3.1.1 Les conclusions pouvant être tirées des ordres de grandeur
disponibles
En l?absence d?une étude prospective globale faisant référence pour l?ensemble des parties
prenantes, comme il en existe sur d?autres bassins, trois sources permettent de mieux appréhender
les ordres de grandeur des quantités d?eau nécessaires sur le bassin de la Loire pour faire face au
changement climatique.
3.1.1.1 Les calculs présentés par la mission en 1ère partie de ce rapport
Les ordres de grandeur, pour recouvrer une capacité à respecter, 8 années sur 10, les DOE du
SDAGE 2022-2027, issus des analyses de la première partie, sont :
57 millions de m3 à Montjean, 23 millions de m3 à Gien (DOE de 65 m3/s) et 19 millions de
m3 à Cuffy, immédiatement, pour recouvrer, à DOE inchangés, la satisfaction huit années
sur dix des DOE, dans les conditions de la décennie 2011-2020 ;
270 millions de m3 à Montjean, 160 millions de m3 à Gien (DOE de 65 m3/s) et 65 millions
de m3 à Cuffy à l?horizon du milieu du siècle, à DOE inchangés, si l?on considère qu?une
année équivalente à 2019 pourrait se produire plus de deux fois chaque décennie.
Il s?agit de quantités d?eau supplémentaires à verser au-delà du soutien d?étiage déjà assuré
l?année correspondante.
3.1.1.2 L?étude d?adaptation du mode de gestion des barrages de Villerest et de
Naussac sous l?effet du changement climatique réalisée par l?EPL66
Cette étude conclut qu?à l?horizon du milieu du siècle, les besoins de soutien d?étiage à Gien pour
satisfaire un OSE de 60 m3/s huit années sur dix du 1er juin au 31 décembre, appelleraient un
soutien d?étiage de 350 Mm3, soit 200 Mm3 supplémentaires par rapport à la période 2001-2014,
en moyenne sur 13 projections climatiques testées. De plus, 10 projections sur 13 concluent à un
volume nécessaire supérieur au volume total des deux réservoirs.
Les mêmes calculs montrent qu?un objectif à Gien de 50 m3/s pourrait être tenu huit années sur dix
au milieu du siècle avec un soutien d?étiage de 239 Mm3 : tous les modèles donnent cette fois un
volume nécessaire inférieur au volume total des deux réservoirs.
66 Design Hydraulique et Energie ? EPL, « Etude d?adaptation du mode de gestion des barrages de Villerest et de
Naussac sous l?effet du changement climatique ? Phase 4 Elaboration d?une stratégie d?adaptation du mode de
gestion des barrages », 15 avril 2017
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Tableau 1 : Volume nécessaire pour respecter en 2050 un OSE à Gien du 1er juin au 31 décembre
Année
moyenne
Scénario quinquennal (1/5)
OSE à Gien égal à 60 m3/s 238 350
OSE à Gien égal à 50 m3/s 153 239
Ces calculs théoriques ne prennent pas en compte la dynamique de gestion, en situation, de la
ressource disponible tenant compte du double risque de prolongation automnal de l?étiage et de
non remplissage de Naussac pour la prochaine campagne.
Ces résultats dépendent naturellement des hypothèses d?évolution des prélèvements qui sont
retenues et qui sont présentées dans le volume deux de l?étude.
3.1.1.3 Les projections du modèle MORDOR au 31 mai 2022
Ces projections faisaient état d?un besoin respectivement de 288 Mm3 (dans le cas d?une année
sèche de probabilité 1/10) et de 371 Mm3 (dans le cas d?une année très sèche de probabilité 1/20)
pour répondre à un OSE à Gien de 50 m3/s jusqu?à la fin de l?année.
3.1.1.4 Les constats de la mission
La question centrale pour juger de la soutenabilité de ces divers ordres de grandeur est de pouvoir
estimer quel sera le volume réellement mobilisable à partir des deux réservoirs à l?avenir.
La première partie a établi que, dans les règles de gestion actuelles, le volume mobilisable
maximum, compte tenu des risques de non-remplissage des réservoirs et d?interruption du soutien
d?étiage à l?automne, est de 210 Mm3. Les propositions présentées dans la partie précédente
doivent permettre de porter ce volume maximum mobilisable à environ 240 Mm3, voire 250 Mm3
lorsqu?on prend en compte les améliorations possibles du remplissage de Naussac (cf. annexe 3).
Ceci rehausse la capacité du dispositif à faire face à un plus grand nombre de situations climatiques
et hydrologiques. Mais pas à toutes.
Au terme de ses analyses, et compte tenu des calculs dont elle dispose, la mission tire les
conclusions suivantes de la confrontation des divers ordres de grandeur présentés ci-dessus :
1) Le dispositif de soutien d?étiage de l?Allier et de la Loire, renforcé comme le propose la
mission, pourrait permettre en théorie de servir un OSE à Gien de l?ordre de 50 m3/s, non
seulement en année moyenne à l?horizon 2050, mais aussi en année sèche quinquennale,
si les réservoirs sont remplis à la fin du printemps, alors que le dispositif actuel ne le
permettrait pas ;
2) Même avec les améliorations proposées, ce dispositif restera en difficulté en cas d?année
sèche de probabilité 1/10 ou de succession d?années sèches, hiver inclus, empêchant le
plein remplissage de Naussac ;
3) L?écart aux DOE actuels n?a aucune chance de se résorber du seul fait des améliorations
proposées.
3.1.2 La nécessité d?une étude globale à l?échelle du bassin de la Loire
Ces diverses approches ne fournissent pas une référence partagée. Les études HMUC qui se
lancent actuellement sur divers sous-bassins fourniront des indications localisées lorsqu?elles
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seront achevées, mais pas cette vision globale. Pour l?obtenir, il apparaît indispensable que soit
menée, à l?échelle du bassin de la Loire (le fleuve et tous ses affluents), une étude prospective de
même nature, permettant de disposer d?ordres de grandeur, partagés par tous les acteurs. La
définition du cahier des charges d?une telle étude, a été engagée. Ce travail doit être rapidement
mené à terme et complété par la définition des conditions de réalisation d?une telle étude (maîtrise
d?ouvrage, cahier des charges, dispositif de pilotage, rôle du conseil scientifique du comité de
bassin, modalités d?articulation aux études HMUC locales, etc.).
L?un des rôles du conseil scientifique pourrait consister à définir les modalités d?articulation des
études HMUC locales avec l?étude HMUC globale de façon à assurer une cohérence d?ensemble
des approches méthodologiques, voire des résultats, et à identifier les raisons des discordances
possibles. Il pourrait aussi se prononcer sur la manière de prendre en compte les principaux
résultats de la démarche Explore 2 dans les études HMUC en cours ou existantes. Il pourrait enfin
tenter d?apprécier l?ampleur des incertitudes liées aux modélisations employées.
(AELB) : Effectuer une étude prospective globale sur la totalité du
bassin de la Loire, servant de cadre de cohérence à l?ensemble des études de même nature
financées par l?agence sur de nombreux sous-bassins et prenant en compte les résultats
disponibles d?Explore 2. Impliquer le conseil scientifique du comité de bassin, en cours
d?installation, dans la définition, le pilotage et l?exploitation de cette étude.
3.1.3 Tous les leviers d?action doivent être mobilisés
La solution, éprouvée, pour répondre au changement climatique, toutes choses égales par ailleurs,
resterait la modulation des OSE, c?est-à-dire la baisse des débits effectifs sur l?Allier et la Loire
moyenne. Cette pratique n?est pas sans risques. On ne peut pas compter uniquement sur elle pour
assurer la satisfaction de tous les usages. Encore moins pour assurer le bon état des milieux.
Plusieurs interlocuteurs rencontrés par la mission lui ont fait part de leur demande de voir le projet
de construction d?un ou plusieurs nouveaux grands réservoirs être porté et financé par l?Etat pour
répondre aux enjeux de l?eau sur le bassin Loire-Bretagne dans le contexte du changement
climatique. Pour des raisons détaillées en annexe 9, la mission estime que cette idée doit prendre
en compte plusieurs enseignements tirés des analyses présentées aux chapitres précédents et
qu?elle ne constitue qu?une hypothèse soumise à de forts aléas.
Il faut donc s?intéresser à tous les leviers d?action disponibles, pour recouvrer un équilibre entre le
bon état des milieux et l?ensemble des usages, à savoir :
la réduction des consommations nettes sur une période d?étiage étendue67 ;
et la révision des DOE, en lien avec l?évolution inéluctable des milieux.
La réduction des consommations en période d?étiage ne peut s?envisager que si tous les acteurs
sont sollicités de manière équitable. La mission a exploré cette perspective pour les principaux
usages en période d?étiage sur la bassin Loire-Bretagne mis en évidence au point 1.2.2 : agriculture,
énergie, canaux et eau potable.
67 A l?occasion des Assises de l?eau, le Gouvernement a retenu, en juillet 2019, « un objectif de réduction des pré-
lèvements d?eau de 10 % en 5 ans et de 25 % en 15 ans »
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3.2 Une maîtrise progressive des consommations s?impose pour
sécuriser les usages et assurer la qualité des milieux
La loi sur l'eau et les milieux aquatiques (LEMA) promulguée le 30 décembre 200668 en application
de la DCE d?octobre 2000 introduit la reconnaissance du droit à l'eau pour tous et la prise en
compte de l'adaptation au changement climatique dans la gestion des ressources en eau. Elle
s?inscrit dans l?objectif de rétablir - ou de maintenir lorsque c?est déjà le cas - le bon état des milieux
aquatiques.
Le SDAGE est l?outil principal de mise en oeuvre de la DCE, ainsi l?article L.212-1 du code de
l?environnement indique que le SDAGE fixe des orientations fondamentales, déclinées en
dispositions, permettant de satisfaire aux principes d?une gestion équilibrée et durable de la
ressource en eau. Ces règles de gestion sont définies en réponse aux objectifs de qualité et de
quantité des eaux définis pour chaque masse d?eau du bassin.
La DCE affiche une grande ambition environnementale en fixant pour objectif emblématique le bon
état des eaux dès 2015. Pour autant elle n?oublie pas les réalités financières puisque l?atteinte du
bon état est notamment soumise à des critères de réalisme économique : c?est la notion de coûts
disproportionnés pour les industriels, les agriculteurs et les collectivités territoriales qui peut, le cas
échéant, justifier la fixation d?objectifs moins stricts ou plus éloignés dans le temps.
On rejoint ainsi la notion de gestion équilibrée et durable de la ressource en eau, précisée par
l?article L. 211-1 du code de l?environnement (issu de l?article 20 de la LEMA) qui prend en compte
les adaptations nécessaires au changement climatique et vise à assurer en particulier les usages
économiques, notamment pour le développement de la production d'électricité d'origine
renouvelable, ainsi que la promotion d'une politique active de stockage de l'eau pour un usage
partagé permettant de garantir l'irrigation.
Le même article du code de l?environnement précise la notion de gestion équilibrée et durable en
fixant des priorités et tout d?abord la satisfaction des exigences de la santé, de la salubrité publique,
de la sécurité civile et de l?alimentation en eau potable de la population. Viennent ensuite d?autres
usages, à concilier avec la vie biologique et la protection contre les inondations, comme
l?agriculture, l?industrie, la production d?énergie, le transport, le tourisme, les loisirs et sports
nautiques.
Ces éléments sont détaillés en annexe 10.
Face aux tensions sur les usages de l?eau dans un contexte de raréfaction, il est précisé dans le
propos introductif du SDAGE Loire Bretagne 2022-2027 que « tout au long de la préparation du
SDAGE, le comité de bassin Loire-Bretagne a eu le souci constant d?émettre des préconisations
et des dispositions réalistes, c?est-à-dire ne rendant pas incompatible l?atteinte du bon état des
eaux avec l?exercice des activités agricoles et industrielles, ou encore avec celui de la production
d?électricité d?origine hydraulique. »
3.2.1 La maîtrise des prélèvements agricoles en application des
conclusions du Varenne agricole de l?eau et du changement
climatique
3.2.1.1 L?agriculture en Loire-Bretagne occupe une place économique de premier
plan et figure comme consommateur d?eau majeur
68 LOI n° 2006-1772 du 30 décembre 2006 sur l'eau et les milieux aquatiques
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L?état des lieux du SDAGE adopté fin 2019 montre qu?en légère hausse depuis 2010 (+2 %), la
production de la branche agricole du bassin Loire Bretagne représente en 2016 un total d?environ
20,8 milliards d?euros, soit près de 32 % de la production nationale. La production se répartit à 60 %
pour la production animale et 40 % pour la production végétale. Le secteur agricole emploie environ
215 000 personnes au sein de 110 000 exploitations. L?industrie agroalimentaire constitue le
premier employeur industriel du bassin Loire-Bretagne avec 150 000 emplois.
Les analyses de la première partie montrent qu?en période d?étiage, l?irrigation occupe la première
place des usages avec plus de 50 % des consommations nettes (différence entre le volume prélevé
et le volume restitué au milieu naturel), principalement dans une grande partie centrale et sud-
ouest du bassin. L?alimentation en eau des élevages constitue également un prélèvement
significatif en région Pays de la Loire et Bretagne essentiellement. Des prélèvements unitaires
importants en eau de surface pour l?irrigation s?exercent le long des grands axes fluviaux ainsi que
dans quelques grandes nappes souterraines, calcaires de Beauce et calcaires du Jurassique.
3.2.1.2 L?irrigation est limitée sur le bassin Loire-Bretagne mais se développe
face au changement climatique.
Seulement environ 5 % de la surface agricole utile du bassin Loire-Bretagne est aujourd?hui irriguée
soit environ 505 000 ha. L?évolution est variable suivant les départements du bassin depuis l?année
2000 avec une relative stabilisation entre 2000 et 2010 et une augmentation contrastée depuis.
Historiquement, on constate une forte densité de prélèvements, qui s?étale des Pays de la Loire à
la Beauce, en Champagne Berrichonne, le long des axes Loire ? Allier et dans le Forez. Les zones
irriguées se développent logiquement là où se croisent des zones agricoles de grande culture ou
de maraîchage avec une situation de faibles pluies efficaces (quantité d?eau de pluie disponible
après évapotranspiration).
La majeure partie de la hausse globale des prélèvements sur l?axe Pays de la Loire ? Beauce est
due à l?irrigation qui continue de se développer depuis 20 ans. Une augmentation des prélèvements
pour l?irrigation est aussi notable en Auvergne sur l?axe Allier entre Clermont-Ferrand et Moulins
(Limagne), d?une part, et sur la plaine du Forez au Nord-Est de Saint Etienne, d?autre part.
Néanmoins, les efforts mis en oeuvre, notamment grâce au SDAGE, permettent d?observer depuis
ces 10 dernières années (2009 ? 2019 d?après les données disponibles) que l?évolution des
prélèvements liés à l?irrigation dans la Sarthe et le Maine-et-Loire sont à la baisse.
En contre-point, des baisses significatives sont mises en avant sur le marais Poitevin et la
Champagne Berrichonne.
Ces évolutions sont détaillées en annexe 11
3.2.1.3 Le monde agricole est inquiet face aux sécheresses des dernières
années et projections climatiques futures
Face aux sécheresses estivales à répétitions et aux projections du changement climatique qui va
renforcer les températures et l?évapotranspiration et donc le déficit hydrologique, la profession
agricole est fortement préoccupée par l?accès à l?eau comme l?ont montré notamment les débats
en comité de bassin lors de l?adoption du SDAGE 2022-2027. Ainsi, en 2022, à la différence des
cultures d?hiver récoltées au début de l?été qui ont été assez peu affectées, les cultures de
printemps ont pâti des stress hydriques et thermiques liés à la sécheresse et aux températures
élevées ; leurs rendements sont en forte baisse, notamment pour le maïs non irrigué. Les prairies
sont aussi affectées, avec des rendements inférieurs de 30 % par rapport à la moyenne des 5
dernières années, sans compter la perte de production de lait des vaches soumises à la canicule.
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A titre d?exemple, lors d?un déplacement en Auvergne et dans une note transmise ensuite à la
mission (Cf. note en annexe 12), la coopérative Limagrain69 fait état d?un besoin de 20 Mm3
supplémentaires pour l?irrigation sur la plaine de la Limagne. Sont envisagés des projets collectifs
de retenues d?eau, dont certains déjà engagés, pour pallier l?urgence de la situation face aux
épisodes de sècheresse. La coopérative a la volonté de réfléchir de manière concertée avec les
autres acteurs dans une vision multiusage. La note conclut en indiquant que « cette réflexion à
l?échelle locale devra être couplée à une vision plus globale sur la construction de grands ouvrages
incluant notre indépendance énergétique aux énergies fossiles et déterminant la pertinence de
créer des barrages hydroélectriques ».
3.2.1.4 Un retard dans la prise de conscience des enjeux sur l?eau en amont du
bassin
Si en Vendée ou en Beauce, les enjeux ont été bien identifiés depuis longtemps et une gestion
collective est déjà opérationnelle avec des outils de suivi quantitatif de la ressource, en amont de
bassin, la prise de conscience a été plus tardive avec peu d?initiatives collectives et une quasi
absence de gestion quantitative, à l?exception du département de l?Allier70. La prise de conscience
s?est cependant enclenchée en réaction aux sécheresses récentes notamment de 2019.
Des initiatives existent cependant de mobilisation de ressources existantes comme sur le bassin
de la Sioule, où une convention de soutien d?étiage, plafonnée à 4,8 Mm3 réservés sur la retenue
des Fades au bénéfice de l?agriculture, a été passée en 2020 par EDF avec la Chambre
d?agriculture de l?Allier : l?indemnisation du concessionnaire est effectuée selon la méthode du coût
de partage des charges.
Dans le Puy-de-Dôme, un projet de territoire pour la gestion de l'eau (PTGE) et un SAGE sont
maintenant lancés qui vont déboucher sur la définition d?un volume prélevable sur la base d?une
étude HMUC. Il faudra mettre en place un organisme unique de gestion collective (OUGC) pour
porter les projets collectifs et solliciter des financements européens.
3.2.1.5 Des démarches concertées sont engagées dans les territoires pour
dégager des pistes d?adaptation de l?accès à la ressource en eau pour
l?agriculture
Le Varenne sur l?eau et l?adaptation au changement climatique, a conclu début février 2022, que la
réponse au changement climatique nécessite un changement de modèle agricole, plus économe
en eau et protecteur des sols. Il est favorable également au renforcement de la ressource en eau
pour l?irrigation, dans le respect du renouvellement de la ressource et du bon état des milieux. La
profession agricole du bassin Loire-Bretagne a participé à ces travaux, notamment les chambres
d?agriculture qui ont réalisé à cette occasion des diagnostics territoriaux en matière d?adaptation71.
Ils permettent d?identifier les points de vulnérabilité des productions, territoire par territoire, mais
également les nouvelles opportunités liées aux évolutions climatiques. Ce travail a été mené en
concertation étroite avec les Conseils régionaux, DRAAF, DREAL, Agences de l?eau, organismes
69 Limagrain est une coopérative agricole et un groupe semencier international détenus par près de 1 500
agriculteurs installés en Limagne Val d?Allier. Présent dans 57 pays et rassemblant plus de 9 000 collaborateurs, le
Groupe réalise un chiffre d?affaires de 1 984 M¤ auxquels s?ajoutent 680 M¤ de chiffre d?affaires des activités
réalisées conjointement avec ses partenaires stratégiques. Pour plus de précisions consulter limagrain.com
70 La Chambre d?Agriculture de l?Allier a été désignée comme Organisme Unique de Gestion Collective de l?eau
pour l?irrigation agricole en 2008 sur tout le département.
71 Les diagnostics territoriaux réalisés par les chambres d?agriculture dans le cadre de la thématique 2 du
Varenne de l?eau et du changement climatique sont téléchargeables à l?adresse : https://rd-
agri.fr/external_data/varenne/thematique2/VARENNE%20GT2%20-%20Diagnostics%20territoriaux.zip
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https://rd-agri.fr/external_data/varenne/thematique2/VARENNE%20GT2%20-%20Diagnostics%20territoriaux.zip
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de recherche et instituts techniques. Des filières de production emblématiques ont été identifiées
qui ont été étudiées dans un territoire bien identifié. La vulnérabilité au changement climatique de
chaque couple « productions / régions agricoles » a été débattue en région et soumise à une
analyse atouts, faiblesses, opportunités, menaces (AFOM).
Des leviers d?action d?adaptation (évolutions des systèmes de production, équipements, outils de
prédiction, génétique et sélection variétale, infrastructures locales...) sont ainsi d?ores et déjà
identifiés pour renforcer la pérennité des productions locales. Ce travail à l?échelle fine de la petite
région agricole permet également de montrer des opportunités de développement de nouvelles
productions ou de nouveaux modes de production. Il a permis d?initier des plans d?action
d?adaptation des systèmes agricoles au changement climatique qui s?inscrivent dans les
orientations du Varenne sur l?eau.
Cependant, face au constat de l?aggravation des déficits hydriques en été, ces travaux débouchent
en général sur l?expression d?un besoin de sécuriser l?accès à l?eau pendant les périodes de
sécheresse par la création de nouvelles retenues, l?irrigation apparaissant comme une « assurance
sécheresse ». La quantification des ces besoins nécessite des études type HMUC et une
concertation préalable (PTGE, SAGE), dans le respect des dispositions du SDAGE, portant sur
l?ensemble des usages à l ?échelle des territoires.
Ces démarches qui prennent plusieurs années ne sont pas finalisées à ce stade. Seul un PTGE
est approuvé sur le bassin Loire-Bretagne (PTGE Sèvre-Niortaise et Mignon) et 13 autres sont en
cours de concertation en septembre 2022. Nous ne disposons donc pas encore de données
chiffrées consensuelles sur les besoins en eau pour l'agriculture à l?horizon 2050.
A court terme, on peut envisager un accroissement très limité des prélèvements, voire la création
de volumes supplémentaires d?eau dans des retenues de quelques millions de m3 à définir dans le
cadre de démarches concertées territoriales. Le préfet de la région AURA a ainsi lancé un
programme «100 retenues pour la région » d?ici fin 2022 comme une des actions phares de sa
stratégie eau-air-sol. 21 projets de retenues sont identifiés dans ce cadre en Allier, 16 dans le Puy-
de-Dôme, 21 dans la Loire et 17 en Haute-Loire.
Mais globalement et à un terme plus ou moins rapproché selon les régions agricoles, il ne sera pas
possible d?étendre les surfaces irriguées. Il faudra renforcer les pratiques agricoles déjà engagées
moins consommatrices d?eau et des prélèvements dans le cadre d?une gestion collective (OUGC)
pouvant englober des retenues nouvelles créés conformément à la démarche du Varenne de l?eau
et de l?adaptation au changement climatique. Il faudra aussi accompagner la profession vers des
modèles d?agriculture non irriguée ou seulement très partiellement irriguée compatibles avec le
changement climatique. Mais dans l?immédiat, une mise en place de la gestion quantitative de l?eau
et le suivi des prélèvements apparaissent indispensables à la mission.
3.2.2 Les pistes très encadrées d?accès de l?agriculture à la ressource en
eau
La thématique 3 du Varenne a repris les conclusions du rapport CGAAER -CGEDD « Changement
climatique, eau, agriculture » 72 de juillet 2020. Il est acté que la réponse au changement climatique
nécessite un changement de modèle agricole, plus économe en eau et protecteur des sols, mais
également que, partout où cela est possible, il est envisageable de rendre la ressource en eau plus
disponible pour l?irrigation, dans le respect du bon état des milieux, en privilégiant, notamment par
des financements incitatifs et un accompagnement adapté, les retenues de substitution, les
démarches de gestion collective de l?eau ou en développant les techniques innovantes de
72 Rapport du CGAAER / CGEDD - Changement climatique, eau et agriculture d?ici 2050,
https://agriculture.gouv.fr/rapport-du-cgaaer-cgedd-changement-climatique-eau-et-agriculture-dici-2050
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réutilisation des eaux usées traitées ou de recharge de nappes.
3.2.2.1 Les retenues de substitution
Il s?agit d?ouvrages artificiels permettant de substituer des volumes prélevés en période de hautes
eaux à des volumes prélevés en période de basses eaux. « Les retenues de substitution
permettent de stocker l?eau par des prélèvements anticipés ne mettant pas en péril les équilibres
hydrologiques, elles viennent en remplacement de prélèvements existants »73. Les prélèvements
peuvent être réalisés dans les eaux de surface ou dans les eaux souterraines. Ces retenues sont
obligatoirement étanches et déconnectées du milieu naturel (cours d?eau, nappe, eaux de
ruissellement/fossé/drainage) en dehors de la période de remplissage prévue.
On distingue entre les retenues collinaires et les « bassines ». Les retenues collinaires sont
conditionnées à la topographie et à l?étanchéité naturelle du sol, à la taille du bassin versant qui
doit être suffisante, et au montant des investissements conditionnant la rentabilité de l?ouvrage.
Quant aux « bassines », ce sont des ouvrages de stockage d?eau, creusés, terrassés et dont le
fond est étanchéifié à l?aide d?une géo-membrane. Elles sont remplies par pompage actif l?hiver
dans les rivières ou la nappe phréatique.74
Les retenues de substitution présentent un certain nombre d?avantages : pour l?environnement,
celui de diminuer la pression sur le milieu naturel en été, en évitant l?aggravation des étiages
naturels des cours d?eau ou les baisses piézométriques de la nappe ; pour les irrigants, celui de
sécuriser l?apport d?eau, l?eau des retenues de substitution déconnectées des cours d?eau et
nappes n?étant pas soumise aux mesures de limitation temporaire des usages de l?eau (arrêtés
sécheresse).
Elles ne sont cependant pas exemptes d?inconvénients comme la perte de quantités d?eau par
évaporation, une détérioration de la qualité de l?eau par eutrophisation et un coût d?investissement
élevé. Elles font l?objet de vifs mouvements de contestations de la part d?associations de protection
de la nature notamment dans le département des Deux-Sèvres, avec une forte médiatisation et
des recours en justice pour empêcher leur réalisation75.
L?instruction du gouvernement du 7 mai 2019 limite les financements aux ouvrages de substitution
pour l?irrigation agricole inscrits dans un PTGE approuvé par le préfet coordonnateur de bassin ou
le préfet référent. Dans le cadre du SDAGE, l?agence de l?eau Loire-Bretagne accompagne les
études et travaux de création de retenues de substitution à un taux maximum de 70 % uniquement
dans les territoires en déficit quantitatif ayant défini des volumes prélevables, qui, par définition,
sont plus faibles que les volumes prélevés autorisés. Seules sont aidées, par l?AELB, les retenues
collectives avec gestion des prélèvements par un OUGC.
3.2.2.2 Autres pistes de mobilisation de ressources
La réutilisation des eaux usées traitées (REUT) apparaît comme une ressource insuffisamment
exploitée mais soumise, du fait des risques sanitaires, à des contraintes techniques,
73 Instruction du Gouvernement du 7 mai 2019 relative au projet de territoire pour la gestion de l?eau et reprise du
guide juridique de la construction de retenues de 2011.
74 Pour pouvoir être considéré comme une retenue de substitution, un ouvrage qui intercepterait des écoulements
doit impérativement être équipé? d?un dispositif de contournement garantissant qu?au-delà? de son volume et en
dehors de la période autorisée pour le prélèvement, toutes les eaux arrivant en amont de l?ouvrage ou à la prise
d?eau sont transmises à l?aval, sans retard et sans altération.
75 Cf Le Monde Mag, 2 avril 2022- Dans les Deux Sèvres, les méga-bassines font déborder le vase.
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règlementaires et socio-économiques76. Dans le bassin Loire-Bretagne, on peut signaler le cas de
l?association syndicale autorisée, l?ASA, de Limagne Noire, qui recycle une partie des eaux usées
de la ville de Clermont-Ferrand depuis 1998 pour l?irrigation de 750 ha répartis sur 50 exploitations.
La recharge artificielle de nappes (RAN) consiste à infiltrer ou à injecter, directement ou
indirectement dans une nappe des eaux de surface de provenances variées en utilisant la nappe
comme un réservoir de stockage. Elle peut s?envisager en alternative de bassines, sans doute
d?acceptabilité sociale plus facile.
3.2.2.3 La généralisation de la gestion quantitative de l?eau avec une
gouvernance adaptée
Les conclusions de la thématique 3 du Varenne renforcent le rôle des PTGE qui avaient été
instaurés par les Assises de l?Eau comme cadre de concertation locale entre les différents usages
de l?eau avant toute création de nouvelle retenue. Elles prévoient un renforcement du rôle du préfet
coordonnateur dans le pilotage de ces démarches, notamment pour maitriser les dérives de
calendrier et avec une possibilité d?arbitrage de sa part en cas de blocage.
Une instruction complémentaire destinée aux préfets coordonnateurs est en chantier mais ne
devrait pas aboutir avant fin 2022. Les préfets coordonnateurs de bassin pourront déterminer un
volume prélevable non seulement en étiage77 , mais aussi en hautes eaux, compte tenu des
statistiques hydrologiques, permettant de déterminer les débits nécessaires au fonctionnement du
cours d?eau tout au long de la période de hautes eaux, le cas échéant complétées par les résultats
d?études relatives aux effets prévisibles du changement climatique. Ce volume prélevable hivernal
serait utilisable pour capter l'eau excédentaire pour la stocker au moins jusqu?à l'été suivant. Un
travail méthodologique, attendu d?ici fin 2022, a été confié à l?INRAE et à l?OFB, pour évaluer ces
volumes prélevables en hiver.
Le Varenne mentionne également une meilleure mobilisation des retenues existantes de toute
nature qu?il s?agisse des grands ouvrages hydrauliques existants : réservoirs hydroélectriques (la
présente mission s?inscrit en application de cette disposition dans le cas du bassin Loire-Bretagne),
ouvrages en gestion de VNF ou autres retenues existantes peu ou non utilisées.
Des interlocuteurs de la mission ont mentionné leurs préoccupations quant à l?existence de
nombreux étangs ou plans d?eau privés mal entretenus, voire quasiment abandonnés, en Haute-
Vienne et en Creuse. S?ils peuvent constituer une piste de mobilisation de ressources en eau, ils
posent souvent un problème de qualité de la ressource (températures élevées en été,
développement de cyanobactéries, connexion directe avec les cours d?eaux). Un inventaire des
retenues d?eau permettra de les identifier et d?engager des opérations de sensibilisation des
propriétaires pouvant conduire à une gestion renouvelée après mise aux normes ou à leur
effacement.
Sur un territoire de la taille d?un SAGE ou d?un PTGE, l?idée générale est qu?il est possible d?avoir
une approche multiusage partagée entre tous les acteurs, de mettre en place une organisation
rigoureuse assurant une connaissance globale et parfaite des débits des cours d?eau et niveaux
76 Terre-net, « Irrigation : quel avenir pour la réutilisation des eaux usées ? », Nicolas Mahey, 15/09/2020, Terre-net
Média
77 Le décret n° 2021-795 du 23 juin 2021 relatif à la gestion quantitative de la ressource en eau et à la gestion des
situations de crise liées à la sécheresse a été complété suite au Varenne par le décret 2022-1078 du 29 juillet 2022
relatif à la gestion quantitative de la ressource en dehors de la période de basses eaux. A cette période d?étiage
où les tensions sont maximales, le décret de 2021 confie au préfet le soin d?encadrer la détermination du volume
prélevable
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des nappes ainsi que de tous les prélèvements sur la base d?études HMUC, gages d?une gestion
confiante, réactive et concertée. Dans ces conditions, les acteurs devraient accepter a priori plus
facilement le fait qu?il ne peut pas y avoir d?assurance totale de voir leurs besoins individuels
satisfaits, car les efforts de tous sont connus et considérés comme équitablement répartis78.
La mission recommande d?étendre à l?ensemble du bassin l?utilisation des outils de gestion
quantitative de l?eau
Cependant, les PTGE resteront de nature contractuelle et ne vaudront pas autorisation de création
de nouvelles retenues. Les conclusions du Varenne pourront être intégrés aux SDAGE à l?initiative
des comités de bassin. Comme le SDAGE Loire-Bretagne vient d?être révisé en mars 2022, cette
éventualité ne sera possible que par une nouvelle révision et n?est donc pas à l?ordre du jour dans
l?immédiat.79
3.2.3 L?évolution de la consommation d?eau des centrales nucléaires en
fonction des futurs contextes énergétiques envisageables mérite
d?être étudiée
Les réacteurs nucléaires (12 sur la Loire, 2 sur la Vienne) présents sur les bords de la Loire ont
une double interaction avec le fleuve : ils prélèvent et consomment de l?eau afin d?évacuer une
partie de la chaleur produite par le réacteur et ils rejettent également des effluents radioactifs dans
le fleuve. Ces opérations, en particulier les rejets d?effluents radioactifs, ne peuvent cependant être
réalisées que si le débit dans la Loire est suffisant pour assurer leur dilution. Jusqu?à ce jour, y
compris durant l?été 2022, aucune perte environnementale de production sur le bassin Loire
Bretagne, justifiée par une limite règlementaire en échauffement ou en débit, n?a été constatée80.
3.2.3.1 Les consommations d?eau des centrales nucléaires
Les centrales nucléaires du bassin Loire-Bretagne bénéficient d?aéroréfrigérants qui permettent
d?évacuer l?essentiel de la chaleur dans l?atmosphère sous forme de vapeur d?eau (non radioactive).
On estime que la chaleur apportée au fleuve représente environ 2 à 4 % de la chaleur produite par
le réacteur. De fait, l?augmentation de température entre l?amont et l?aval d?un centre de production
nucléaire est strictement encadrée : elle doit être inférieure à 1°C pour un site nucléaire de la vallée
de la Loire (voire 1,5 °C si le débit est important et si la température de l?eau est inférieure à 15 °C).
En pratique, l?échauffement est limité à quelques dixièmes de degrés en aval du rejet après
mélange81.
Les prélèvements bruts nécessaires au refroidissement réalisés par les 12 réacteurs nucléaires
78 On peut citer cependant comme contre-exemple que deux bassines ont été vandalisées fin juillet 2022 en Vendée
par un collectif anonyme d?opposants alors qu?elles avaient fait l?objet de démarches concertées et étaient
parfaitement autorisées.
79 La FNSEA et la coopération agricole ont déposé un recours gracieux contre le nouveau SDAGE Loire ? Bretagne
qui « restreint leur usage de l?eau ». Ce recours ayant été rejeté par la préfète coordonnatrice de bassin, ces
organisations envisagent de saisir le tribunal administratif.
80 Pour l?ensemble de ce paragraphe forcément succinct, voir le volet Prélèvements d?eau et rejets de l?édition 2020
du guide très complet publié par EDF sur les « Centrales Nucléaires et leur environnement ».
https://www.edf.fr/sites/default/files/contrib/groupe-edf/producteur-
industriel/nucleaire/ENVIRONNEMENT/guide_2020_-_centrales_nucleaires_et_environnement.pdf
81 Le CNPE de Civaux bénéficie d?un aéroréfrigérant supplémentaire sur le circuit de restitution de l?eau qui permet
de refroidir les eaux rejetées : dès lors que la température de la Vienne dépasse les 25 °C, l?augmentation de
température liée à la centrale de Civaux doit être quasi-nulle.
PUBLIÉ
https://www.edf.fr/sites/default/files/contrib/groupe-edf/producteur-industriel/nucleaire/ENVIRONNEMENT/guide_2020_-_centrales_nucleaires_et_environnement.pdf
https://www.edf.fr/sites/default/files/contrib/groupe-edf/producteur-industriel/nucleaire/ENVIRONNEMENT/guide_2020_-_centrales_nucleaires_et_environnement.pdf
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sur la Loire constituent le premier facteur d?usage de l?eau par leur quantité : en moyenne annuelle
de 2011 à 2021, ils ont prélevé 643 Mm3/an82. Mais, l?essentiel de ces prélèvements, 74 % en
moyenne, est restitué au fleuve83 si bien que le prélèvement net annuel moyen, dû essentiellement
à l?évaporation de l?eau à l?intérieur des aéroréfrigérants, sur cette période n?a été que de 168 Mm3.
Le programme de maintenance du parc nucléaire prévoit l?arrêt des réacteurs pour maintenance
préférentiellement durant l?été compte tenu de la demande plus faible d?électricité, ce qui limite de
fait la consommation d?eau pendant cette période. Cette consommation d?eau, mesurée sur la
seule période d?étiage prise ici de juillet à octobre, s?est en effet élevée à 50 Mm3 en 2019 (26 %
de la consommation annuelle nette d?eau de refroidissement) et 40 Mm3 en 2020 (20 % de la
consommation nette annuelle d?eau de refroidissement). Pour la Vienne, les 2 réacteurs nucléaires
de Civaux ont consommé 15 Mm3 en 2019 (42 % de sa consommation nette annuelle d?eau de
refroidissement) et 9,8 Mm3 en 2020 (32 % de sa consommation nette annuelle d?eau de
refroidissement).
Il est difficile de se prononcer sur le fonctionnement des réacteurs nucléaires et donc sur l?évolution
de leur consommation d?eau durant la période estivale dans le futur. Celui-ci sera influencé par le
fort développement prévu des énergies renouvelables (éolien, notamment en mer, et solaire) qui
conduira progressivement à des besoins de flexibilité accrus des différents moyens contribuant au
mix énergétique (production, consommation, stockage) et qui entraînera un moindre besoin de
production des centrales nucléaires durant l?été. A l?inverse, l?augmentation attendue des usages
de l?électricité notamment pour les pompes à chaleur et la mobilité électrique ainsi que, dans le
cadre du marché européen de l?électricité, la fermeture en Europe des centrales au charbon et au
lignite ainsi que des centrales nucléaires en Allemagne, peut conduire à un besoin plus important
d?électricité nucléaire en été. Ce besoin serait encore accentué par un moindre recours aux
centrales à gaz dans un contexte de réduction des émissions de gaz à effet de serre et de tension
sur ce marché. De plus, la plus forte récurrence des événements caniculaires montre le caractère
stratégique de la production électrique d?origine nucléaire lorsque les conditions climatiques
estivales s?avèrent exceptionnelles et que la production par les énergies renouvelables (EnR)
variables (éolien, solaire) se révèle insuffisante. Début août 2022, le fonctionnement d?un certain
nombre de centrales nucléaires a ainsi été maintenu jusque mi-septembre, dans un cadre
temporaire fixé par l?Autorité de sûreté nucléaire84, afin de garantir la sécurité du système électrique
à court terme ainsi que la sécurité d'approvisionnement en électricité pour la fin de l?année.
3.2.3.2 La dilution des effluents
Un centre nucléaire de production d?électricité, un CNPE, rejette également des effluents
radioactifs85 en quantité limitée dans la rivière86 dans le cadre des autorisations qui lui sont
accordées par l?autorité de sûreté nucléaire (ASN). Ces opérations ne peuvent se faire que si la
82 Impacts socio-économiques du soutien d?étiage de l?Allier et de la Loire par les barrages de Naussac et de
Villerest (période de référence 2019) Rapport final décembre 2020, EPL http://oaidoc.eau-loire-bretagne.fr/exl-
doc/doc00035896.pdf
83 Sur l?ensemble de l?année 2019, 74 % de l?eau ainsi prélevée sur les centrales de bord de Loire a été restitué au
fleuve.
84 Arrêté du 5 août 2022 portant homologation de la décision n° 2022-DC-0739 de l'Autorité de sûreté nucléaire du
4 août 2022.
85 Si la quantité de tritium rejetée dépend uniquement de la quantité d?électricité produite, celle des autres effluents
va dépendre de la modulation de la production des réacteurs. Une augmentation des transitoires de production
conduira donc à une augmentation de la production des effluents.
86 Les effluents radioactifs liquides représentent un volume d'environ 11 000 m3 par an et par réacteur (auxquels
on pourrait ajouter également les exhaures (non radioactifs) de la salle des machines : environ 55 000 m3).
PUBLIÉ
http://oaidoc.eau-loire-bretagne.fr/exl-doc/doc00035896.pdf
http://oaidoc.eau-loire-bretagne.fr/exl-doc/doc00035896.pdf
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concentration en produits radioactifs dans la rivière reste inférieure aux seuils fixés87 et que si le
débit est suffisant pour assurer leur dilution. De plus, lorsque le débit à Gien devient trop
faible (inférieur à 100 m3/s), une coordination des rejets entre les différentes centrales est assurée
de façon à éviter que les rejets ne se superposent et amènent à des concentrations excessives.
Enfin, en dessous d?un certain seuil propre à chaque CNPE, les rejets sont interdits : 30 m3/s à
Dampierre et Belleville, 46 m3/s pour Saint-Laurent et 54 m3/s pour Chinon. Pour un débit à Gien
inférieur à 60 m3/s, les sites du Val de Loire sont en phase de coordination des rejets. Le retour
d?expérience accumulé depuis plus de 30 ans sur les quatre sites nucléaires montre que ce débit
est sans impact sur le fonctionnement des tranches.
Lors de l?étiage 2020, au cours duquel l?OSE à Gien a progressivement été abaissé jusqu?à 45
m3/s, le site de Chinon a observé à plusieurs reprises un débit inférieur à 54 m3/s, empêchant les
rejets d?effluents radioactifs, sans impact toutefois, sur le fonctionnement global du CNPE. La durée
cumulée pendant laquelle les rejets n?ont pu être réalisés était de l?ordre de 9 jours. Une situation
similaire s?est produite en 2022.
L?expérience acquise en matière de flexibilité du parc nucléaire français montre que le volume des
effluents radioactifs liquides émis par des réacteurs très manoeuvrés est plus élevé d?environ 20 %
à ceux émis par des réacteurs exploités en continu, ce qui conduit à un besoin de disposer de plus
de périodes dans l?année où leurs rejets sont possibles, ou de plus de capacités de stockage
temporaire sur site88.
La mission recommande qu?EDF étudie, en liaison avec RTE, l?impact de l?évolution de la demande
électrique, du besoin de flexibilité du mix électrique (européen) et de la programmation des arrêts
de tranche sur les consommations d?eau en période estivale des centrales nucléaires des bords
de Loire et de la Vienne.
3.2.4 Des travaux permettraient d?importantes économies d?eau sur les
canaux de VNF
Sur le bassin de la Loire, les canaux de VNF n?assurent plus aujourd?hui de transport de
marchandises, mais permettent des activités de plaisance (péniches-hôtels, bateaux de location,
bateaux promenades et plaisance privée) pour des retombées économiques89 d?environ 20 M¤ par
an : sur les canaux du Briare et nord du canal latéral à la Loire, l?activité « péniches hôtels » en
génère 3 M¤ à elle seule. Ils servent aussi d?approvisionnement en eau pour l?agriculture90 ).
87 Un certain nombre de ces valeurs sont données dans le guide publié par EDF sur les « Centrales Nucléaires et
leur environnement ».
88 Le lecteur pourra consulter sur ce sujet le volet Prélèvements d?eau et rejets de l?édition 2020 du guide très
complet publié par EDF sur les « Centrales Nucléaires et leur environnement ».
https://www.edf.fr/sites/default/files/contrib/groupe-edf/producteur-
industriel/nucleaire/ENVIRONNEMENT/guide_2020_-_centrales_nucleaires_et_environnement.pdf
89 Les retombées économiques sur un territoire correspondent aux ressources résultants de l'activité et perçues
par les acteurs économiques du territoire (restaurants, sites touristiques, ?). Elles prennent en compte les sources
de retombées (opérateurs, clientèle et personnel à bord) ainsi que les bénéficiaires (entreprises, individus et
collectivités). Les données chiffrées sont issues d?une étude nationale sur les retombées économiques par filière
du tourisme fluvial territorialisées ensuite par itinéraire en fonction des trafics présents. Voir notamment :
https://www.vnf.fr/vnf/rntf-2020-vnf-devoile-sa-nouvelle-etude-sur-les-retombees-economiques-du-tourisme-
fluvial/
90 Plusieurs associations d?irrigants ont attaqué en justice l?arrêté Préfectoral d?autorisation des Lorrains de Juillet
2019, en cela qu?il oblige à ne pas dépasser un volume de prélèvement de 34 millions de m3 d?Avril à Octobre
(recours perdu).
PUBLIÉ
https://www.edf.fr/sites/default/files/contrib/groupe-edf/producteur-industriel/nucleaire/ENVIRONNEMENT/guide_2020_-_centrales_nucleaires_et_environnement.pdf
https://www.edf.fr/sites/default/files/contrib/groupe-edf/producteur-industriel/nucleaire/ENVIRONNEMENT/guide_2020_-_centrales_nucleaires_et_environnement.pdf
https://www.vnf.fr/vnf/rntf-2020-vnf-devoile-sa-nouvelle-etude-sur-les-retombees-economiques-du-tourisme-fluvial/
https://www.vnf.fr/vnf/rntf-2020-vnf-devoile-sa-nouvelle-etude-sur-les-retombees-economiques-du-tourisme-fluvial/
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Ces différents canaux, représentés sur une carte en annexe 14, ont prélevé, pour les années 2018
à 2021, un volume total annuel moyen d?environ 144 Mm3 et sur la période de mai à novembre un
volume moyen d?environ 120 Mm3. Environ 80 Mm3 (dont un peu plus de 30 Mm3 de juin à octobre)
ont ainsi été prélevés à Roanne pour alimente le canal de Roanne à Digoin, et un peu plus de
50 Mm3 dans l?Allier à Cuffy, via la rigole des Lorrains, dont 20 Mm3 de juin à octobre en 2019 et
2020 (30,4 en 2018).
En cas d?été particulièrement sec, la navigation peut être interdite ou réduite. Ce fut notamment le
cas en 2019 et 2022.
Cinq pistes sont possibles pour diminuer la consommation d?eau : réduire les fuites sur certains
biefs de canaux, restaurer les capacités de stockage des barrages d?alimentation du canal de
Briare, réduire les consommations agricoles issues de prélèvements dans les canaux, moderniser
la gestion hydraulique et abaisser des cotes d?exploitation.
VNF a ainsi indiqué à la mission que les économies globales en volume d?eau ainsi réalisées
pourraient s?élever à environ 60 Mm3 chaque année pour un montant de travaux estimé en
première approximation de 110 M¤.
La mission recommande que VNF réalise des études en vue de dégager les solutions les plus
pertinentes pour réduire les besoins en eau des canaux et propose, en liaison avec l?AELB, les
plans de financement correspondants
Dans le cadre de la mise en place d?une gestion quantitative globale, l?Agence de l?eau pourrait
engager un travail similaire avec le SMIF d?identification des économies d?eau possibles sur le
canal du Forez. Celui?ci, alimenté depuis la retenue de Grangent, représente une infrastructure
vitale pour la plaine du Forez : il fournit en effet de l?eau pour l?irrigation, pour l?alimentation en eau
potable (en particulier pour la ville de Feurs) et pour les industriels. Il permet de plus le remplissage
en hiver des étangs présents dans le secteur de Mornand-en-Forez et de Saint-Paul-d?Uzore. Les
volumes prélevés par le canal ont été en moyenne annuelle, de 1989 à 2013, de 38,5 Mm³, dont
les trois quarts en période estivale (avril-septembre).
3.2.5 La nécessité d?ambitieux programmes de sécurisation et d?économie
sur l?alimentation en eau potable
3.2.5.1 L?AEP est un usage prioritaire aux consommations globalement
stabilisées dans le bassin
Si l?on tient compte du fait que 80 % de l?eau urbaine prélevée est rejetée dans le milieu, la
consommation nette en eau potable du bassin est de 192 Mm3 (soit 10 % des volumes annuels
consommés) dont 48 Mm3 pendant les mois d?étiage (soit 6 % des volumes de cette période). Les
grandes agglomérations génèrent les plus fortes densités de prélèvements, notamment le long des
grands axes fluviaux. Malgré l?augmentation de 7% de la population entre 2007 et 2015, l?état des
lieux 2019 du SDAGE indique une légère baisse des prélèvements. Cela peut s?expliquer par les
économies d?eau réalisées par les consommateurs, notamment du fait de l?augmentation constante
du prix de l?eau sur la même période. Les volumes consommés en étiage pour l?AEP ne sont
majoritaires qu?en Bretagne.
3.2.5.2 Des difficultés d?approvisionnement sont rencontrées en étiage
A l?étiage, certaines zones sont en tension, notamment les communes touristiques dont la
population augmente fortement en été. En Bretagne les évolutions démographiques et l?impact du
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changement climatique conduisent à prévoir des tensions d?ici 2030 à l?exception du Finistère91.
Dans certaines zones d?élevage, une tension apparaît entre approvisionnement pour les besoins
des populations et abreuvement du bétail qui est en partie réalisé par des prélèvements sur le
réseau d?eau potable, surtout en été92.
Au cours de l'été 201993, des agglomérations du bassin avaient déjà été soumises à des restrictions.
Il a fallu recourir à des captages abandonnés pour des questions de qualité ce qui a entraîné une
dégradation de la qualité de l?eau brute arrivant dans les usines de traitement.
3.2.5.3 Les actions à engager pour la maîtrise de l?eau potable
Différentes actions sont envisageables pour la maîtrise de l?eau potable, à savoir :
réviser les SDAEP dans une perspective d?adaptation au changement climatique ;
anticiper la réalisation de plans de gestion de la sécurité sanitaire des eaux (PGSSE) en
intégrant les effets du changement climatique et en s?appuyant sur les études HMUC ;
maitriser les fuites et développer le renouvellement des réseaux ;
sécuriser l?approvisionnement en développant l?intercommunalité des services d?eau et les
interconnexions de réseaux ;
mettre en place une tarification incitative de l?eau.
Ces actions sont présentées de manière plus détaillée en annexe 15.
La mission recommande une généralisation, dans l?ensemble du bassin, d?une révision des SDAEP
dans la perspective du changement climatique afin de guider les efforts de sécurisation de
l?alimentation en eau potable et de maîtrise des consommations à entreprendre par les collectivités
compétentes.
3.2.6 La nécessité d?une démarche globale
La réduction des consommations nettes en période d?étiage ne sera pas facile. Elle se heurtera
aux demandes de chaque catégorie d?usager de bénéficier d?une ressource sécurisée, voire de
plus d?eau, pour faire face au changement climatique sans changer fondamentalement ses modes
de production ou ses habitudes de consommation, et à la tentation de chacun de reporter sur les
autres les efforts à consentir. Pour la mission, la seule voie qui peut être suivie en la matière est
de solliciter tous les acteurs, sans exception, de manière équitable.
91 Cf. Compagnie d?Aménagement des Coteaux de Gascogne, 2021- Étude sur la gestion quantitative de la
ressource en eau en Bretagne, 216 p.
92 Quand la température dépasse 25°C, une vache laitière consomme autant d?eau qu?un habitant (tous usages
confondus) et les territoires ruraux en amont de bassins comptent souvent plus de vaches que d?habitants.
93 La mission n?a pas pu établir un bilan complet pour la sécheresse de printemps et d?été 2022. Elle a été bien
anticipée par les services d?état, les collectivités locales et distributeurs d?eau. Même si la situation a été très tendue,
l?ARS de bassin n?a ainsi pas eu à déplorer de coupures particulières de la distribution d?eau.
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(préfète coordonnatrice de bassin) : Engager toutes les catégories
d?usagers dans des programmes concrets de réduction de leurs consommations nettes
d?eau en période d?étiage (juin-octobre), dont notamment : 1) La profession agricole dans la
généralisation, sur l?ensemble du bassin, de l?utilisation des outils de gestion quantitative
de l?eau, 2) EDF dans l?étude, en liaison avec RTE, de l?impact de l?évolution de la demande,
du besoin de flexibilité du mix électrique et de la programmation des arrêts de tranche sur
les consommations d?eau en période estivale de ses centrales nucléaires, 3) Voies
Navigables de France dans les études nécessaires pour dégager les solutions les plus
pertinentes pour réduire les besoins en eau de ses canaux , 4) Les collectivités compétentes
pour l?alimentation en eau potable dans des actions de sécurisation des ressources, de
réduction des fuites et de maîtrise des consommations.
(AELB) : Accompagner financièrement les programmes de réduction
des consommations d?eau en période d?étiage dans le cadre des programmes de l?agence.
3.3 Les avantages des solutions fondées sur la nature doivent être
mieux évalués pour soutenir leur plus large déploiement
Une solution fondée sur la nature (SFN)94 doit contribuer de façon directe à un défi de société
identifié, autre que celui de la conservation de la biodiversité et s?appuyer sur les écosystèmes et
présenter des bénéfices pour la biodiversité. Le défi sociétal qui nous concerne est la gestion de
l?eau pour se prémunir des sécheresses estivales dans le cadre du changement climatique. Pour
y répondre, les SFN ne s?appuient pas sur des ouvrages ou aménagements hydrauliques
classiques (canalisations, barrages, forages, ?) qualifiés de solutions « grises » (comme le béton)
mais sur les fonctionnalités des milieux humides. Les SFN rejoignent les notions d?ingénierie
écologique et d?agroécologie déjà évoquées dans les pistes de renforcement de la résilience de
l?agriculture (cf. 3.2.2 ci-avant), elles réservent une place essentielle à la préservation et à la
conservation des processus naturels.
L?action 11 des Assises de l?Eau en 2019 fait explicitement référence au renforcement de
l?utilisation des SFN pour préserver les rivières et milieux humides, avec un pôle d?animation placé
sous l?égide de l?OFB. Les travaux du Varenne sur l?eau et l?adaptation au changement climatique
évoquent également les SFN comme facteurs de résilience de l?agriculture face au changement
climatique 95 . Les programmes d?intervention des agences de l?eau soutiennent les mesures
d?adaptation dont celles fondées sur la nature pour la restauration des milieux aquatiques ou la
gestion des eaux pluviales (mesures 1A et 1D du SDAGE Loire-Bretagne).
L?EPL, propriétaire de 650 ha dans la Nièvre sur le site du Veurdre, envisage un projet de
94 Le concept de SFN a émergé, sous l?impulsion de l?Union Internationale pour la Conservation de la Nature
(UICN), lors de la conférence des Parties de la Convention-cadre des Nations Unies sur les changements
climatiques (CCNUCC) en 2009, à Copenhague. C?est à l?issue de la COP21 en 2015, puis en 2016, à l?occasion
du Congrès mondial de la nature, que la place des SFN dans l?atteinte des objectifs de développement durable et
notamment dans l?action climatique a été réellement reconnue au niveau international
95 Rapport de la thématique 2 du Varenne sur l?eau et l?adaptation au changement climatique, partie 2.4.2
« Agriculture de résilience, exemples, perspectives, enseignement »
PUBLIÉ
Novembre 2022 Les conditions de mobilisation des retenues
hydroélectriques pour le soutien d?étiage sur le bassin de
Loire-Bretagne
Page 66/212
développement intégré multiusage qui s?inscrit dans cette logique. L?objectif poursuivi est
d?optimiser l?expansion des crues et de développer une capacité de stockage naturel de l?eau pour
la restituer en période de sécheresse, favoriser la biodiversité et préserver l?environnement du site,
tout en valorisant et agissant de manière résiliente sur l?habitat et le patrimoine culturel. Une étude
d?opportunité et de faisabilité du projet est inscrite au budget 2022 de l?EPL.
Cependant, malgré leurs avantages évidents en matière de préservation du milieu naturel, l?impact
quantitatif des SFN sur la disponibilité des ressources en eau n?est pas évident. Ainsi, le passage
d?une prairie à une forêt entraîne une diminution de la recharge des eaux souterraines, alors qu?une
conversion en terre agricole peut conduire paradoxalement à une augmentation de la recharge,
pour un même contexte climatique et une même position dans un bassin-versant. Une végétation
avec des racines profondes (arbres fruitiers, 15 à 20 m de profondeur), en tête de bassin-versant
entraîne plutôt une réduction de la recharge des eaux souterraines.
De fait, le bilan des actions de l?Agence de l?eau Loire Bretagne ne mentionne aucun état quantitatif
de l?impact des SFN sur la ressource en eau. Cette situation est dommageable pour leur pleine
reconnaissance par les acteurs locaux et pour soutenir leur plus large déploiement.
(AELB) : Mettre en place, avec l?appui du conseil scientifique du comité
de bassin, des bilans quantitatifs de la gestion de la ressource en eau des solutions fondées
sur la nature et, en particulier, une évaluation des capacités de stockage d?eau des zones
humides.
3.4 La révision des DOE doit accompagner ces évolutions
Dans son considérant 19, la directive cadre sur l?eau96, subordonne les mesures relatives à la
quantité à l?objectif d?une bonne qualité des eaux. La gestion du soutien d?étiage doit donc
contribuer au maintien ou à la reconquête de la qualité des eaux. Ceci a trois implications majeures :
1) Les objectifs de soutien d?étiage, qui sont fixés en fonction de l?eau disponible dans les
stockages pour fournir une quantité d?eau suffisante, notamment pour l?alimentation en eau
potable, durant toute la période de soutien d?étiage, doivent chercher à tenir compte de
l?état des milieux et doivent respecter en particulier les débits minimum biologiques (DMB)
(même si l?exemple du Cher97 montre que cet objectif n?est pas toujours atteignable) ;
2) Les objectifs de soutien d?étiage ne peuvent pas viser simplement à préserver les usages
sans s?intéresser à la qualité des eaux et à la réduction des prélèvements ;
3) Les objectifs de soutien d?étiage devraient être en relation avec les DOE qui, selon le
SDAGE Loire-Bretagne, correspondent au « débit moyen mensuel en période de basses
eaux d?étiage au-dessus duquel il est considéré que, dans la zone nodale, l?ensemble des
usages est possible en équilibre avec le bon fonctionnement du milieu aquatique ».
Ces deux notions (OSE et DOE) correspondant à des réalités différentes : respectivement des
objectifs de débit instantané destinés à gérer au quotidien le débit d?étiage et un objectif de débit
mensuel moyen. Il ne saurait de fait y avoir de relation directe entre elles : fixer et tenir un OSE, en
un point nodal, à la valeur du DOE de ce point, revient à assurer son respect 10 années sur 10, ce
96 https://eur-lex.europa.eu/legal-content/FR/TXT/PDF/?uri=CELEX:02000L0060-20141120&from=EN
97 Un débit de 1,55 m3/s à l?aval de Treillet-Argenty pendant toute la période d?étiage conduit à vider la retenue en
année sèche avant qu?elle ne se finisse.
PUBLIÉ
https://eur-lex.europa.eu/legal-content/FR/TXT/PDF/?uri=CELEX:02000L0060-20141120&from=EN
Novembre 2022 Les conditions de mobilisation des retenues
hydroélectriques pour le soutien d?étiage sur le bassin de
Loire-Bretagne
Page 67/212
qui appellerait à le réviser à la hausse. Force est de constater que sur le bassin Loire-Bretagne, il
y a une déconnexion de plus en plus affirmée entre le DOE et les objectifs de gestion. A l?inverse,
si, comme c?est le cas actuellement dans la gestion opérationnelle des OSE du soutien de la Loire
et de ses affluents prenant leur source dans le Massif central, le soutien d?étiage n?assure plus le
respect des DOE 8 années sur 10, on ne peut pas se contenter de constater l?écart sans réagir.
Un plan d?actions devrait être élaboré et mis en oeuvre pour recouvrer un équilibre entre le bon état
des milieux et l?ensemble des usages.
Dans un contexte de changement climatique, c?est un équilibre évolutif qu?il faut essayer d?atteindre,
en acceptant l?incertitude qui pèse nécessairement sur la cible à atteindre (niveau et échéance).
Sur les cours d?eau soutenus, le soutien d?étiage, pour respecter la DCE, doit se donner aussi pour
objectif d?aider les milieux à évoluer, ou à migrer, au rythme qui peut être le leur, selon les leçons
qui pourront être tirées de démarches comme le Life Natur?Adapt.
A l?horizon du milieu du siècle, les milieux ne seront plus ceux que nous avons connus dans la
période (1976 ? 2012) qui a servi de référence pour l?établissement des DOE du SDAGE. Et ce
quel que soit l?effort qui sera consenti sur les usages et les prélèvements, ne serait-ce que du fait
de la poursuite de l?augmentation des températures de l?air et de l?eau et de l?évolution des débits
naturels et de leur variabilité. Les débits assurant le bon état de milieux substantiellement
transformés n?ont aucune chance de correspondre aux DOE actuels établis sur des données
hydrologiques passées.
On retrouve ici, sur le cas particulier du changement climatique, l?idée que le bon état des eaux de
surface, demandé par la directive cadre sur l?eau, doit être conçu dans une vision dynamique de
la rivière et de ses écosystèmes98. Outre les orientations et les pistes mentionnées ci-avant, il
convient donc d?engager, en vue du prochain SDAGE, un travail de révision des DOE du bassin
de la Loire intégrant la perspective du changement climatique. Les études HMUC engagées sur
les différents sous-bassins ainsi que l?étude HMUC globale à l?échelle du bassin de la Loire
mentionnée au 3.1.2 doivent contribuer à préparer cette révision.
Ce travail serait facilité par une mise à jour de la directive cadre sur l?eau visant à lui faire prendre
en compte le changement climatique ainsi que les politiques européennes de prévention et
d?adaptation qui ont été progressivement développées depuis sa promulgation en 2000. Ces
travaux européens gagneront à être éclairés par des travaux de terrain les anticipant. La direction
de l?eau et de la biodiversité du ministère de la transition écologique devrait, dans cet esprit,
accompagner les acteurs du bassin dans cette démarche. Les définitions européennes et
nationales actuelles du bon état et des réseaux de référence ne sauraient être invoquées pour
s?exonérer de ce travail indispensable.
(Comité de bassin, AELB et DEB) : Engager une démarche de révision
des débits objectifs d?étiage (DOE) du bassin Loire-Bretagne dans la perspective du
prochain SDAGE.
Dans le cadre de ce rapport, cette recommandation s?adresse aux DOE du seul bassin Loire-
98 Les enjeux pour l?application de la DCE portent sur la compréhension de la dynamique des écosystèmes,
l?approfondissement des connaissances relatives aux eaux souterraines, un important développement de
l?écotoxicologie et une approche de l?économie de l?eau. Cf. Les enjeux de recherche liés à la directive-cadre
européenne sur l?eau, Pierre-Alain Roche, Gilles Billen, Jean-Paul Bravard, Henri Décamps, Didier Pennequin, Eric
Vindimian, Jean-Gabriel Wasson,
https://www.researchgate.net/publication/248548325_Les_enjeux_de_recherche_lies_a_la_directive-
cadre_europeenne_sur_l?eau
PUBLIÉ
https://www.researchgate.net/publication/248548325_Les_enjeux_de_recherche_lies_a_la_directive-cadre_europeenne_sur_l?eau
https://www.researchgate.net/publication/248548325_Les_enjeux_de_recherche_lies_a_la_directive-cadre_europeenne_sur_l?eau
Novembre 2022 Les conditions de mobilisation des retenues
hydroélectriques pour le soutien d?étiage sur le bassin de
Loire-Bretagne
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Bretagne d?autant plus que la définition des DOE varie, de fait, selon les différents bassins. La
problématique leur est cependant commune : le bassin Adour-Garonne va ainsi mener un chantier
sur la prise en compte de l'impact du changement climatique dans les DOE. L?accompagnement
de la DEB devrait bénéficier à ces deux démarches.
PUBLIÉ
Novembre 2022 Les conditions de mobilisation des retenues
hydroélectriques pour le soutien d?étiage sur le bassin de
Loire-Bretagne
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Conclusion
Dans la lignée des Assises de l?eau et du Varenne agricole de l?eau et de l?adaptation au
changement climatique, les ministres chargés de l?agriculture, de l?énergie et de l?environnement
ont confié, en février 2022, au CGAAER et à l?IGEDD une mission d?expertise sur les conditions
de mobilisation des retenues hydroélectriques pour le soutien d?étiage sur le bassin de la Loire.
Le sujet posé se trouve au croisement de diverses politiques publiques :
La politique de l?énergie;
La politique nationale de l?eau déclinée territorialement par les politiques des collectivités
compétentes en matière d?alimentation en eau potable d?assainissement ainsi que de
gestion des milieux aquatiques et de prévention des inondations (GEMAPI), dans le cadre
d?une nécessaire solidarité amont ? aval ;
La politique agricole ;
Les politiques de développement économique et touristique des collectivités territoriales.
Certaines de ces politiques, dont notamment le développement de l?énergie hydroélectrique,
relèvent de l?Etat. D?autres de la compétence des collectivités territoriales, dont notamment le
soutien d?étiage dans le cadre de la GEMAPI. Par ailleurs, la gestion du soutien d?étiage s?opère
soit dans un cadre de gestion courante à la main des collectivités, en année normale, soit dans le
cadre d?une gestion de crise assurée par l?Etat, en année de sécheresse, comme celle que nous
venons de connaître. La mobilisation des retenues hydroélectriques repose, avant toute chose, sur
le concessionnaire de l?ouvrage qui doit respecter son cahier des charges ainsi que le règlement
d?eau arrêtés par l?Etat. Le soutien d?étiage articule donc, dans cette double dimension, répartition
des compétences et passage d?une gestion courante à une gestion de crise, les compétences de
l?Etat et celles des collectivités avec les responsabilités du concessionnaire.
Les retenues hydroélectriques sont déjà largement mobilisées dans des dispositifs de soutien
d?étiage bénéficiant à la Loire amont, à quatre de ses affluents (Cher, Creuse, Vienne et Sioule) et
à deux fleuves côtiers bretons (Aulne et Blavet). Le plus important de ces dispositifs est celui de la
Vienne. Les autres sont des dispositifs locaux. Le principal dispositif présent sur le bassin est
cependant celui consacré au soutien de l?Allier et de la Loire, géré par l?Etablissement public Loire
(EPL) à partir des réservoirs de Naussac et Villerest, pour lequel la production d?électricité n?est
qu?une mission secondaire.
Les ressources de retenues, faisant l?objet d?une concession hydroélectrique, encore mobilisables
sur le bassin pour du soutien d?étiage (aux Fades, à Grangent et à Lavalette) peuvent apporter un
complément appréciable mais limité (30 Mm3) au dispositif de soutien de l?Allier et de la Loire
reposant sur Naussac et Villerest, dont le volume maximum mobilisable plafonne actuellement à
210 Mm3.
Les propositions formulées par la mission visent dans l?immédiat à optimiser le dispositif existant
de soutien de l?Allier et de la Loire, le renforcer par une mobilisation assurantielle d?une partie des
ressources des trois retenues de Grangent, Lavalette et des Fades, dont l?impact sur la production
hydroélectrique devrait être limité et adapter les autres dispositifs, plus locaux, rencontrant déjà
des difficultés que le changement climatique ne fera qu?aggraver.
Ces recommandations s?adressent donc à une pluralité d?acteurs, dont au premier chef des
collectivités territoriales, et pas seulement à l?Etat et à ses services ou établissements publics. Si
ces propositions sont, en apparence, simples, leur mise en oeuvre pourra se révéler délicate,
notamment pour la réservation automnale constituée dans les retenues de Grangent, Lavalette et
PUBLIÉ
Novembre 2022 Les conditions de mobilisation des retenues
hydroélectriques pour le soutien d?étiage sur le bassin de
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des Fades qui conduit à coordonner la gestion durant l?année des retenues d?eau de cinq ouvrages
différents en fonction de l?état des stocks et des prévisions météorologiques. Les nouvelles règles
de gestion correspondantes s?affineront progressivement à partir de retours d?expérience partagés
avec toutes les parties prenantes.
Par ailleurs, les améliorations proposées ne permettront pas de répondre aux ordres de grandeur
nécessaires pour faire face, à DOE inchangés, aux sécheresses constatées aujourd?hui, qui seront
de plus en plus fréquentes demain.
Aussi, la seule solution, étudiée pour les principaux usages au chapitre 3, est de réduire les
consommations, ce qui ne peut s?envisager que si tous les acteurs sont sollicités de manière
équitable. La question des droits d?eau anciens serait également à mettre sur la table dans ce
cadre : la recommandation 7A-6 du présent SDAGE recommande d?ailleurs déjà à l?autorité
administrative de réviser les autorisations existantes accordées sans limitation de durée de validité,
ainsi que les autorisations n?ayant pas fait l?objet de limitation en volume prélevé. Les difficultés
rencontrées dans la mise en oeuvre de cette mesure mériteront une analyse précise. La démarche
suppose la mise en place d?une gestion quantitative généralisée, garantissant la transparence des
prélèvements de tous les usages. L?agriculture qui est le premier consommateur net en étiage
avant les centrales nucléaires, pourra s?appuyer sur les recommandations d?adaptation du thème
2 du Varenne agricole de l?eau et de l?adaptation au changement climatique.
Les orientations, en la matière, figurant dans le rapport ne pourront être suivies d?effet que si elles
sont appropriées par un grand nombre d?acteurs. Le comité de bassin, les comités mis en place
par les établissements publics territoriaux de bassin (EPTB), les commissions locales de l?eau et
les instances de concertation des PTGE, devraient jouer un rôle essentiel à condition de
développer des méthodes de travail mobilisant l?intelligence collective des acteurs concernés.
Dominique AUVERLOT
Claude BERNHARD
Alain NEVEÜ
Ingénieur général
des ponts, des eaux
et des forêts
Ingénieur général
des ponts, des eaux
et des forêts
Ingénieur général
des ponts, des eaux
et des forêts
PUBLIÉ
PUBLIÉ
Novembre 2022 Les conditions de mobilisation des retenues
hydroélectriques pour le soutien d?étiage sur le bassin de
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Annexes
PUBLIÉ
Novembre 2022 Les conditions de mobilisation des retenues
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Annexe 1 Lettre de mission
PUBLIÉ
Novembre 2022 Les conditions de mobilisation des retenues
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Novembre 2022 Les conditions de mobilisation des retenues
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Annexe 2 Liste des personnes rencontrées
Nom Prénom Organisme Fonction
Date de
rencontre
GUTTON Martin
Agence de l?eau
Loire-Bretagne
Directeur
général
10 février, 16
mars, 24 juin
et 13
septembre
2022
BRULÉ Hervé DREAL Centre Directeur
11 février, 24
février, 21
mars et 27
septembre
2022
LOCQUEVILLE Bruno DRAAF Centre Directeur
11 février, 24
février 2022
PITON Pierre DRAAF Centre
Ingénieur
général de
bassin
11 février
2022
CHEVALLIER Alexandre
Ministère de la
transition écologique
/ cabinet
Conseiller
énergie et
climat
17 février
2022
CROSNIER Gilles
MAA/DGPE/SCPE/
sous-direction
performance
environnementale et
valorisation des
territoires
Expert eau
17 février
2022
GARNIER
Claire-
Cécile
MTECT/DGALN/DE
B/EARM/
Bureau de la
ressource en eau et
des milieux
aquatiques
Cheffe de
bureau
17 février et
28 juin 2022
HAZET Charles
MTECT/DGALN/DE
B/ sous-direction de
la protection et de la
gestion de l?eau des
ressources
minérales et des
écosystèmes
aquatiques
Adjoint au
sous-directeur
17 février et
28 juin 2022
LAILHEUGUE François
MTE/DGEC/DE/SD3
/ bureau des
énergies
renouvelables
hydrauliques et
marines
Chargé de
mission
concessions
hydroélectrique
s
17 février, 14
mars 2022
PUBLIÉ
Novembre 2022 Les conditions de mobilisation des retenues
hydroélectriques pour le soutien d?étiage sur le bassin de
Loire-Bretagne
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Nom Prénom Organisme Fonction
Date de
rencontre
VERGOBBI Bénédicte
secrétariat d?Etat à
la biodiversité /
cabinet
conseillère eau,
écosystèmes
aquatiques et
mobilisation
17 février
2022
CHOUMERT Guillaume
Préfecture de la
région Centre ? Val
de Loire /
Secrétariat général
pour les affaires
régionales
Secrétaire
régional adjoint
politiques
publiques
24 février et
27 septembre
2022
AYPHASSORHO Hugues
MTECT/CGEDD/
mission d?inspection
générale territoriale
de Bordeaux
Membre
permanent
11 mars 2022
PLICHON Pierre
MTE/DGEC/DE/SD3
/ bureau des
énergies
renouvelables
hydrauliques et
marines
Adjoint à la
cheffe de
bureau
14 mars 2022
De CHERGÉ Bruno
EDF/division
production et
ingénierie
hydraulique / pôle
énergie
renouvelables
Délégué
relations
institutionnelles
et régulations
15 mars 12
avril, 5 juillet,
9 et 26
septembre
2022
COMBÉMOREL Jean-Paul
EDF/ direction
action régionale
Centre ? Val de
Loire
Directeur action
régionale &
délégué de
bassin
15 mars, 8 et
12 avril, 5
juillet et 9
septembre
2022
LECUNA Sylvain EDF/ 15 mars 2022
LAUGIER Cécile
EDF/direction
production nucléaire
et thermique /
division production
nucléaire
Directrice
environnement
et prospective
15 mars, 12
avril et 5
juillet 2022
TABARY Luc EDF/ Hydro
Chargé de
mission
coordination de
l?eau et
changement
climatique
15 mars, 12
avril, 17 mai,
5 juillet, 9 et
26 septembre
2022
GITTON Claude
MTECT/CGEDD/sec
tion milieux,
ressources et
risques
Membre
permanent
21 mars 2022
PUBLIÉ
Novembre 2022 Les conditions de mobilisation des retenues
hydroélectriques pour le soutien d?étiage sur le bassin de
Loire-Bretagne
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Nom Prénom Organisme Fonction
Date de
rencontre
CAZIN Pascale
DRAAF Nouvelle
Aquitaine
Directrice
adjointe
21 mars 2022
ETCHESSAHAR Séverine
DRAAF Nouvelle
Aquitaine / service
régional d?économie
agricole et
agroalimentaire
21 mars 2022
FEUILLET Christian
DREAL Centre /
service eau
biodiversité risques
naturels et Loire /
département
délégation de bassin
Loire Bretagne
Chef de
département
21 mars et 13
avril 2022
MAILHOS Pascal
Préfecture de la
région Auvergne ?
Rhône-Alpes
Préfet 29 mars 2022
NOARS Françoise
Préfecture de la
région Auvergne ?
Rhône-Alpes
Secrétaire
générale pour
les affaires
régionales
29 mars 2022
NERON Alice
Préfecture de la
région Auvergne ?
Rhône-Alpes /
SGAR
Chargée de
mission bassin,
développement
durable,
environnement
29 mars , 19
et 20 2022
RONDREUX Estelle
DREAL Auvergne ?
Rhône-Alpes
Directrice
adjointe
29 mars 2022
BARTHELEMY Dominique
DREAL Auvergne ?
Rhône-Alpes
Chef adjoint du
service Eau,
hydroélectricité
et nature
29 mars et 19
mai 2022
ROUSSET Guillaume
DRAAF Auvergne ?
Rhône-Alpes
Directeur
adjoint
29 mars et 20
mai 2022
REGAD Jacques
DREAL Nouvelle
Aquitaine
Directeur
adjoint
31 mars 2022
GABRIELLI Pierre-Paul
DREAL Nouvelle
Aquitaine / Service
des risques naturels
et hydrauliques
Chef de service 31 mars 2022
HUART Jean
DREAL Nouvelle
Aquitaine / SRNH /
Département
ouvrages
hydrauliques
Chef de
département
31 mars et 23
mai 2022
GOUPIL Sébastien
DREAL Nouvelle
Aquitaine Service
patrimoine naturel /
Adjoint au chef
de département 31 mars 2022
PUBLIÉ
Novembre 2022 Les conditions de mobilisation des retenues
hydroélectriques pour le soutien d?étiage sur le bassin de
Loire-Bretagne
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Nom Prénom Organisme Fonction
Date de
rencontre
Département eau et
ressources
minérales
GANDRIEAU James
Comité de bassin
Loire-Bretagne /
commission
inondations Plan
Loire
Président 1er avril 2022
DORON Jean-Paul
Comité de bassin
Loire-Bretagne
Vice-président 1er avril 2022
BURLOT Thierry
Comité de bassin
Loire-Bretagne
Président 4 avril 2022
FERRAND Emmanuel
Conseil régional
Auvergne-Rhône-
Alpes
Conseiller
régional
délégué
4 avril et 20
mai 2022
FALON Gérard MAA/CGAAER
Membre
permanent
6 avril 2022
KOSUTH Pascal MET/CGEDD/MRR
Membre
permanent
6 avril 2022
BOISNEAU Philippe
Comité de bassin
Loire-Bretagne /
commission
territoriale Loire
moyenne
Président 6 avril 2022
MERY Yoann
Comité de bassin
Loire-Bretagne
Vice-président 8 avril 2022
CHALOT Marion
Comité de bassin
Loire-Bretagne
Représentante
des
producteurs
d?électricité et
d?hydroélectricit
é
8 avril 2022
DESBORDES Marc
EDF/ direction
opérationnelle Nord
Massif central et
Bretagne
Attaché de
bassin
8 avril, 17 et
19 mai 2022
ORFEUVRE
Jean-
Jacques
Comité de bassin
Loire-Bretagne
Représentant
de France
Nature
Environnement
Auvergne ?
Rhône-Alpes
8 avril 2022
ROUSSET Nathalie
Comité de bassin
Loire-Bretagne /
commission
territoriale Allier -
Loire amont
Présidente
11 avril et 19
mai 2022
PUBLIÉ
Novembre 2022 Les conditions de mobilisation des retenues
hydroélectriques pour le soutien d?étiage sur le bassin de
Loire-Bretagne
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Nom Prénom Organisme Fonction
Date de
rencontre
JOLY Alain MAA/CGAAER
Membre
permanent
11 avril 2022
BERNARD Pierre
EDF/ division
technique générale
Hydro-
météorologue
12 avril 2022
BESNARD Amélie
EDF / division
ingénierie / service
environnement parc
nucléaire
Référente rejets
thermiques 12 avril 2022
GAILHARD Joël
EDF/ division
technique générale
12 avril 2022
LEDEUX Jean-Louis
Comité de bassin
Loire-Bretagne /
commission
territoriale Vienne ?
Creuse
Président 12 avril 2022
COLIN Renaud
Établissement public
Loire / direction
développement et
gestion territorialisée
Directeur 13 avril 2022
LEHMANN Emmanuel
Établissement public
Loire / direction
ressource en eau
Chef du service
des barrages 13 avril 2022
ROSSIGNOL Benoît
Établissement public
Loire / direction
ressource en eau
Directeur
13 avril, 19
mai, 23 juin et
15 septembre
2022
CARTIER Johnny
DREAL Centre /
service eau
biodiversité risques
naturels et Loire
Chef de service 13 avril 2022
De LAPOUGE Vladimir
DREAL Centre /
service eau
biodiversité risques
naturels et Loire /
Délégation de
bassin Loire -
Bretagne
Chargé de
mission
CGRNVES
13 avril 2022
PASQUET Fabien
DREAL Centre /
service hydrométrie
prévision des
étiages crues et
inondations
Chef de service 13 avril 2022
BRIDET
Jean-
François
Conseil régional
Centre ? Val de
Loire
Vice-président
délégué à la
biodiversité aux
parcs naturels
régionaux, à la
14 avril 2022
PUBLIÉ
Novembre 2022 Les conditions de mobilisation des retenues
hydroélectriques pour le soutien d?étiage sur le bassin de
Loire-Bretagne
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Nom Prénom Organisme Fonction
Date de
rencontre
Loire et rivières,
à l?eau, à l?air et
à la condition
animale
DEGUET Gilles
Comité de bassin
Loire-Bretagne
Représentant
de France
Nature
Environnement
Centre Val de
Loire
14 avril 2022
VENDROT Michel
Comité de bassin
Loire-Bretagne
Représentant
de la fédération
France Canoë
Kayak
14 avril 2022
MORARD Valéry
Agence de l?eau
Loire-Bretagne
Directeur
général adjoint 14 avril 2022
SAPPEY Alain
Agence de l?eau
Loire-Bretagne /
direction de
l?évaluation et de la
planification
Chef du service
planification
14 avril et 24
juin 2022
RIEFFEL Jean-Noël
Office français de la
biodiversité /
direction régionale
Centre ? Val de
Loire
Directeur
régional 14 avril 2022
STEINBACH Pierre
Office français de la
biodiversité /
direction régionale
Centre ? Val de
Loire
Chargé de
mission 14 avril 2022
ENGSTRÖM Régine
Préfecture de la
région Centre ? Val
de Loire,
Préfète
coordinatrice de
bassin
14 avril et 27
septembre
2022
COUTURIER Christian
Comité de bassin
Loire-Bretagne/
commission
territoriale Maine-
Loire-Océan
Président 25 avril 2022
BONNEFOUS Nicolas
Comité de bassin
Loire-Bretagne et
CGRNVES
Représentant
de la chambre
d?agriculture de
l?Allier
25 avril et 20
mai 2022
BESSIN Sabine
Comité de bassin
Loire-Bretagne et
CGRNVES
Représentante
de la fédération
départementale
Loire de pêche
et de protection
26 avril 2022
PUBLIÉ
Novembre 2022 Les conditions de mobilisation des retenues
hydroélectriques pour le soutien d?étiage sur le bassin de
Loire-Bretagne
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Nom Prénom Organisme Fonction
Date de
rencontre
du milieu
aquatique
TAUFFLIEB Éric
Comité de bassin
Loire-Bretagne /
commission
planification
Président 4 mai 2022
FELIX Irène
Comité de bassin
Loire-Bretagne
Vice-présidente 4 mai 2022
BALUSSOU Fabienne
Préfecture de la
Haute-Vienne
Préfète 9 mai 2022
NUQ Stéphane
Direction
départementale des
territoires de la
Haute-Vienne
Directeur 9 mai 2022
HULOT Eric
Direction
départementale des
territoires de la
Haute-Vienne
Chef du service
eau
environnement
forêt
9 mai 2022
JANIN Claire
Agence régionale de
santé Centre - Val-
de Loire
Ingénieure
coordonnatrice
des ARS du
bassin Loire-
Bretagne
16 mai et 5
septembre
2022
BRETON Frédéric
Conservatoire
d?espaces naturels
Centre ? Val-de-
Loire
Directeur 16 mai 2022
BARBIERO Céline
EDF/ Hydro / unité
petite hydraulique
17 mai 2022
BOUCARD Florian EDF
Délégué
territorial
Bretagne
Normandie
17 mai 2022
LION Michel
SHEMA (société
hydraulique d?études
et de missions
d?assistance)
Directeur
général
délégué
17 mai 2022
PAGESSE Pierre
Comité de bassin
Loire-Bretagne
Représentant
des communes
rurales
17 mai 2022
SCHUFFENECKER Dominique
Préfecture de la
Loire
Secrétaire
général
19 mai 2022
RÉGNIER Élise
Direction
départementale des
territoires de la Loire
Directrice 19 mai 2022
MOJA Philippe Direction
départementale des
Adjoint au chef
de service 19 mai 2022
PUBLIÉ
Novembre 2022 Les conditions de mobilisation des retenues
hydroélectriques pour le soutien d?étiage sur le bassin de
Loire-Bretagne
Page 84/212
Nom Prénom Organisme Fonction
Date de
rencontre
territoires de la Loire
/ service eau et
environnement
DAUDEL Christophe
DRAAF Auvergne ?
Rhône-Alpes / pôle
transition agricole et
montagne
Chef du pôle 19 mai 2022
RIAUX
Jean-
Michel
Préfecture de la
Loire
Sous-préfet de
Montbrison 19 mai 2022
CABANE Roland
Fédération
départementale de
pêche et de
protection des
milieux aquatiques
de la Loire
président 19 mai 2022
MURGUE Éric
Fédération
départementale de
pêche et de
protection des
milieux aquatiques
de la Loire
directeur 19 mai 2022
ROUSSEL Pierre
Conservatoire des
espaces naturels
d?Auvergne
Vice-président 19 mai 2022
ASTIC Sylvaine
Préfecture de la
Loire
Sous-préfète de
Roanne 19 mai 2022
CHARRETIER Nicolas
Chambre
d?agriculture de la
Loire
élu membre du
bureau 19 mai 2022
CROIZIER Nadine
Chambre
d?agriculture de la
Loire / service
développement des
territoires
Responsable
du service 19 mai 2022
FRÉCHET Daniel
Établissement public
Loire
Président 19 mai 2022
PÉLISSIER Franck
Direction
départementale des
territoires de la Loire
/ service économie
agricole et
développement rural
Adjoint au chef
de service 19 mai 2022
BENOÎT Jérôme
EDF / Groupement
d?usines Loire
Coordinateur
technique 19 mai 2022
SAMOUILLET Jean
EDF / Groupement
d?usines Loire
Responsable 19 mai 2022
PUBLIÉ
Novembre 2022 Les conditions de mobilisation des retenues
hydroélectriques pour le soutien d?étiage sur le bassin de
Loire-Bretagne
Page 85/212
Nom Prénom Organisme Fonction
Date de
rencontre
THUINET Christophe
Établissement public
Loire
Représentant
pour le site de
Villerest
19 mai 2022
CHOPIN Philippe
Préfecture du Puy-
de-Dôme
Préfet 20 mai 2022
LENOBLE Laurent
Préfecture du Puy-
de-Dôme
Secrétaire
général 20 mai 2022
DUPUY Manuelle
Direction
départementale du
Puy-de-Dôme
Directrice
adjointe 20 mai 2022
NICOLAU Nathalie
Direction
départementale du
Puy-de-Dôme /
bureau politique
territoriale de l?eau
Cheffe du
bureau 20 mai 2022
PINEAU Xavier
Direction
départementale du
Puy-de-Dôme /
service eau
environnement forêt
Adjoint à la
cheffe de
service
20 mai 2022
GRAVIER
Marie-
Hélène
DREAL Auvergne ?
Rhône-Alpes /
service eau
hydroélectricité et
nature
Cheffe de
service 20 mai 2022
AUBERGER Éliane
Conservatoire des
espaces naturels
d?Auvergne
Présidente 20 mai 2022
BARBIN Claude
Chambre de
commerce et
d?industrie Puy-de-
Dôme Clermont
Auvergne métropole
président 20 mai 2022
GONZALES César
Conseil
départemental du
Puy-de-Dôme /
direction de
l?aménagement du
territoire
directeur 20 mai 2022
LEMERLE René
Syndicat
intercommunal
d?alimentation en
eau potable de
Basse-Limagne
Président 20 mai 2022
MAZEAU Lucile SAGE Allier aval Animatrice 20 mai 2022
PUBLIÉ
Novembre 2022 Les conditions de mobilisation des retenues
hydroélectriques pour le soutien d?étiage sur le bassin de
Loire-Bretagne
Page 86/212
Nom Prénom Organisme Fonction
Date de
rencontre
MORVAN
Jean-
Pierre
Agence de l?eau
Loire-Bretagne /
délégation Allier ?
Loire amont
directeur 20 mai 2022
NICOLAS Bertrand
Chambre
d?agriculture du Puy-
de-Dôme
Vice-président 20 mai 2022
VIDAL Sébastien
Association pour le
développement de
l?irrigation en
Auvergne
président 20 mai 2022
GRELICHE Éric Limagrain Vice-président 20 mai 2022
ROBERT Maud Limagrain
Responsable
affaires
publiques
20 mai 2022
TARDIF Vincent Limagrain
Directeur
stratégie
nouvelles
filières
20 mai 2022
ARNAUD Baptiste
Syndicat des
irrigants individuels
du Puy-de-Dôme
Président 20 mai 2022
AYMARD Philippe
Syndicat des
irrigants individuels
du Puy-de-Dôme
Vice-président 20 mai 2022
DESHAYES Ludmilla
Chambre
d?agriculture du Puy-
de-Dôme
Ingénieure
irrigation 20 mai 2022
MARTENS Julien
Chambre
d?agriculture de
l?Allier
Technicien
irrigation 20 mai 2022
PICARD Delphine
DRAAF Auvergne ?
Rhône-Alpes /
service économie
agricole
Cheffe du
service 20 mai 2022
DARPHEUILLE-
GAZON
Virginie
Préfecture de la
Creuse
préfète 23 mai 2022
MEROT Bastien
Préfecture de la
Creuse
Secrétaire
général 23 mai 2022
NICOLAY Laetitia
DREAL Nouvelle
Aquitaine/ service
des risques naturels
et hydrauliques
Adjointe au
chef de service 23 mai 2022
RENAUD France Direction
départementale des
Adjointe au
chef de service 23 mai 2022
PUBLIÉ
Novembre 2022 Les conditions de mobilisation des retenues
hydroélectriques pour le soutien d?étiage sur le bassin de
Loire-Bretagne
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Nom Prénom Organisme Fonction
Date de
rencontre
territoires de la
Creuse / service
espace rural,
risques et
environnement
SCHWARTZ Pierre
Direction
départementale des
territoires de la
Creuse
directeur 23 mai 2022
TARDIEU François
INRAE / laboratoire
d?écophysiologie
des plantes sous
stress
environnementaux
Directeur de
recherche
25 mai 2022
AUGEARD Bénédicte
Office français de la
biodiversité /
direction de la
recherche et de
l?appui scientifique
Directrice
adjointe 25 mai 2022
OBLED Loïc
Office français de la
biodiversité /
direction générale
déléguée police,
connaissance,
expertise
Directeur
général
délégué
25 mai 2022
POULET Nicolas
Office français de la
biodiversité ? Institut
de mécanique des
fluides de Toulouse /
pôle de recherche et
développement en
écohydraulique
Chargé de
mission
biodiversité
aquatique
continentale
25 mai 2022
SAGNES Pierre
OFB ? IIMFT / pôle
de recherche et
développement en
écohydraulique
directeur 25 mai 2022
GRYTTEN Isabelle
DREAL Bretagne /
service du
patrimoine naturel
Cheffe du
service
3 juin 2022
PRÉAU
Jean-
Michel
DRAAF Bretagne /
service régional de
l?agri-
environnement, de
la forêt et du bois
Chef du service 3 juin 2022
MARY
Jean-
François
Comité de bassin
Loire-Bretagne/
commission
territoriale Vilaine et
côtiers bretons
Président 3 juin 2022
PUBLIÉ
Novembre 2022 Les conditions de mobilisation des retenues
hydroélectriques pour le soutien d?étiage sur le bassin de
Loire-Bretagne
Page 88/212
Nom Prénom Organisme Fonction
Date de
rencontre
JEGOU Jean-Luc
Établissement public
territorial du bassin
de la Vilaine
Directeur 3 juin 2022
BONNARD Bertrand
Saint-Etienne
Métropole / direction
de l?eau
Directeur
adjoint
21 juin 2022
CRAPSKY Stéphane
Saint-Etienne
Métropole / direction
de l?eau
Directeur 21 juin 2022
PAREDES Frédéric
Saint-Etienne
Métropole / Pôle
action territoriale et
proximité
Directeur
général adjoint 21 juin 2022
SUBTIL
Pierre-
Yves
Saint-Etienne
Métropole / direction
de l?eau
Responsable
des barrages 21 juin 2022
MOATAR Florentina INRAE
Directrice de
recherche 21 juin 2022
GUILBERT Alexandra
MTECT/DGALN/DE
B/EARM/
Bureau de la
politique de l?eau
28 juin 2022
LEQUIEN Alexandra
MTECT/DGALN/DE
B/EARM/
Bureau de la
ressource en eau et
des milieux
aquatiques
Adjointe à la
cheffe de
bureau
28 juin 2022
BURNER Simon
European Rivers
Network (ERN)
France ? SOS Loire
vivante
Directeur 28 juin 2022
EPPLE Roberto
ERN France ? SOS
Loire vivante
Président 28 juin 2022
VEAU Frédéric
Délégation
interministérielle en
charge du suivi des
conclusions du
Varenne agricole de
l?eau et de
l?adaptation au
changement
climatique
Délégué
interministériel
4 juillet 2022
FEUTRY Stéphane
EDF/direction
production nucléaire
et thermique /
5 juillet 2022
PUBLIÉ
Novembre 2022 Les conditions de mobilisation des retenues
hydroélectriques pour le soutien d?étiage sur le bassin de
Loire-Bretagne
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Nom Prénom Organisme Fonction
Date de
rencontre
division production
nucléaire
BONNEFOY Jean-Yves
Syndicat mixte
d?irrigation et de
mise en valeur du
Forez (SMIF)
Président 8 juillet 2022
BROSSE Chantal
Conseil
départemental de la
Loire
Vice-présidente
chargée de
l?agriculture
8 juillet 2022
MICHEL Marc
Conseil
départemental de la
Loire / service
agriculture
8 juillet 2022
PION Julien SMIF Technicien 8 juillet 2022
ROSSIGNEUX Annick SMIF Directrice 8 juillet 2022
GODET Jérémie
Établissement public
territorial du bassin
de la Vienne (EPTB
Vienne)
Président 18 juillet 2022
LORIOT Stéphane EPTB Vienne Directeur 18 juillet 2022
EUDE
Jean-
Claude
Établissement public
Loire
Directeur
général
15 septembre
2022
CADIC Sandrine DREAL Centre
Directrice
régionale
adjointe
16 septembre
2022
CAVARD Nicolas
DREAL Centre /
service hydrométrie
prévision des
étiages crues et
inondations
Adjoint au chef
de service
16 septembre
2022
BLANCHET
Jean-
François
Groupe BRL
Directeur
général
26 septembre
2022
BARRY Philippe
Conseil
départemental de la
Haute-Vienne
Conseiller
départemental
délégué à l?eau
11 octobre
2022
CHUPIN Sylvie
Conseil
départemental de la
Haute-Vienne
Directrice du
cabinet du
président
11 octobre
2022
NANY Sébastien
Conseil
départemental de la
Haute-Vienne
Directeur du
pôle
Développement
11 octobre
2022
PUBLIÉ
Novembre 2022 Les conditions de mobilisation des retenues
hydroélectriques pour le soutien d?étiage sur le bassin de
Loire-Bretagne
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Annexe 3 Les réservoirs de Villerest et de Naussac
Cette annexe décrit le fonctionnement actuel des ouvrages de Naussac et de Villerest et détaille
leurs pistes d?optimisation présentées dans le corps du rapport. Il présente également la manière
dont est organisé le soutien d?étiage et le rôle du Comité de gestion des réservoirs de Naussac et
Villerest et des étiages sévères (CGRNVES).
Mais, avant toute chose, il convient de souligner l?intérêt que représentent ces ouvrages : comme
le souligne l?EPL, Villerest a permis d?écrêter efficacement les crues depuis sa mise en service en
1985. A titre d?exemple, en 2008, au pic de la crue, le barrage a permis de réduire la hauteur d?eau
de près de 2 m à Roanne et de 0,4 m à Tours grâce au stockage de l?eau à l?amont du barrage ce
qui a entraîné une élévation du niveau d?eau d?environ 12 m dans la retenue. La gestion par l?EPL
de Villerest et de Naussac (mis en service en 1983), sous la surveillance du Comité de gestion des
réservoirs de Naussac et Villerest et des étiages sévères (CGRNVES), a de plus permis de soutenir
toutes les périodes d?étiage, y compris les étiages prolongés de 2003 (le plus sévère pour Villerest
depuis 1985) et de 2015 (le plus long pour les 2 barrages depuis 1983).
Le soutien d?étiage assuré par Naussac et Villerest
Les règlements d?eau de ces ouvrages, détenus par l?EPL qui en assure la gestion administrative,
financière et technique, en s?appuyant pour l?exploitation et la surveillance sur un prestataire choisi
par voie d?appel d?offres (actuellement BRL Exploitation), définissent des objectifs du soutien
d?étiage ainsi que les conditions dans lesquelles ce soutien d?étiage est délivré :
soit pour Villerest, dans la Loire :
60 m3/s à Gien99 ;
un débit garanti de 10 m3/s au pied de l?ouvrage100 du 1er décembre au 15 septembre et 8
m3/s le reste du temps ;
et pour Naussac, dans l?Allier :
6 m3/s à Vieille-Brioude101 ;
2 m3/s à l?aval du de la confluence du Donozau102.
Pour ce dernier réservoir, le concessionnaire doit, en outre, « se conformer aux consignes qui lui
seront données par une commission de gestion technique du réservoir de Naussac mises en place
à cet effet »103. La même disposition a été reprise, pour Villerest, dans l?article 6 de son règlement
d?eau. Les règlements d?eau des deux ouvrages prévoient également qu?ils soutiennent les autres
objectifs qui seront fixés par le comité de gestion technique des réservoirs de Naussac et Villerest
(CGTRNV), créé par un arrêté interministériel du 28 février 1978.
En application de ces dispositions, les objectifs de soutien d?étiage (OSE) des deux réservoirs sont
définis par le (CGRNVES) créé par un arrêté du préfet coordonnateur de bassin en date du 7 juillet
2004, qui poursuit, à ce titre, la mission assurée auparavant par le CGTRNV.
Ce comité, présidé par la préfète de bassin ou, par délégation de celle-ci, par le DREAL de bassin,
99 Article 3 du règlement d?eau du barrage de Villerest annexé au décret du 4 mai 1983 l?approuvant
100 Article 6 du règlement d?eau du barrage de Villerest annexé au décret du 4 mai 1983 l?approuvant
101 Article 4 du décret du 6 février1976 déclarant d?utilité publique l?aménagement du réservoir de Naussac,
disposition reprise par l?arrêté du préfet de la Lozère n°94-1923 du 16 novembre 1994
102 Article 5 de l?arrêté du préfet de la Lozère n°94-1923 du 16 novembre 1994
103 Article 14 du cahier des charges annexé au décret du 11 juin 1976 portant concession de l?aménagement et
l?exploitation du réservoir de Naussac.
PUBLIÉ
Novembre 2022 Les conditions de mobilisation des retenues
hydroélectriques pour le soutien d?étiage sur le bassin de
Loire-Bretagne
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est actuellement composé de :
16 membres représentant l?administration ;
8 membres désignés par le comité de bassin (4 élus représentant des collectivités
territoriales et 4 membres représentant les autres usagers) ;
Le président de l?EPL.
Les décisions du comité modulent les objectifs qui figurent dans les règlements d?eau des ouvrages
au travers de la programmation des lâchures, à la hausse ou à la baisse. Ainsi sur la Loire :
L?OSE au pied du barrage de Villerest a été porté à 12 m3/s, pour sécuriser des captages
d?eau, à destination de l?alimentation en eau potable, dans la nappe d?accompagnement
du fleuve, alors que débit réglementaire pour cet ouvrage est de 10 m3/s jusqu?au 15
septembre puis de 8 m3/s du 15 septembre au 30 novembre. Il convient également de noter
qu?en dessous de 12 m3/s les lâchures effectuées à Villerest ne peuvent pas être turbinée ;
L?OSE à Gien fait l?objet de règles de modulation (entre 50 et 60 m3/s) et de décisions
spécifiques. En août 2022 l?OSE à Gien a été abaissé jusqu?à 38 m3/s.
Les objectifs relatifs à l?Allier et au débit de la Loire à Gien sont régis par des décisions
permanentes du CGRNVES qui ont fixé les valeurs présentées ci-dessus. A l?intérieur de la
fourchette de 50 à 60 m3/s définie par le comité, l?OSE est fixé par la préfète coordonnatrice de
bassin. Si les circonstances l?imposent, le comité délibère pour fixer un OSE en dehors de la
fourchette définie par sa décision permanente.
Les débats, voire les délibérations spécifiques, du comité sont fondées sur les résultats de
projections effectuées par un modèle hydrographique développé par EDF dénommé MORDOR, et
exploité par la DREAL Centre Val-de-Loire. Ce modèle, limité aux bassins de l?Allier et de la Loire
à l?amont de Gien, calcule, sur le fondement d?analyse statistiques, météorologiques et climatiques,
le volume d?eau nécessaire, au jour de la simulation, pour assurer le soutien d?étiage jusqu?à sa fin
prévisible, pour diverses valeurs de l?OSE à Vic-le-Comte sur l?Allier et à Gien sur la Loire. Les
tableaux ainsi produits permettent à la préfète coordinatrice, ou au comité, de fixer l?OSE à Gien
en fonction du volume d?eau mobilisable disponible dans les réservoirs de Naussac et Villerest.
L?EPL détermine les lâchures à opérer, jour par jour, à partir des réservoirs de Naussac et Villerest,
pour respecter les OSE fixés par la préfète de bassin ou le CGRNVES ou figurant dans les
règlements d?eau. Il s?appuie, pour ce faire, sur un modèle, dénommé LOLLA, qui tient compte non
seulement des observations et des prévisions de pluie et de débit à 6 jours mais aussi des temps
de propagation de l?eau entre les réservoirs et les points auxquels sont fixés les OSE à respecter,
ainsi que des incertitudes associées (hydrométrie et météorologie). Les incertitudes avec
lesquelles la pratique opérationnelle du soutien d?étiage doit composer sont :
Structurelles et permanentes, comme celle entachant les mesures de débit aux stations
hydrométriques évaluées en général à 15 % ;
Ponctuelles. Ainsi, mi-août 2022, les passages pluvio-orageux du 14 au 18 août et l?arrêt
de l?irrigation pour le maïs dans le Val d?Allier se sont accompagnés d?une diminution des
prélèvements et d'un rétablissement des débits bien plus forts que ce que prévoyait le
modèle MORDOR, et donc d?une difficulté à ajuster en temps réel les lâchures opérées
depuis Naussac aux OSE en vigueur.
PUBLIÉ
Novembre 2022 Les conditions de mobilisation des retenues
hydroélectriques pour le soutien d?étiage sur le bassin de
Loire-Bretagne
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Figure 17 : Le soutien des débits par les barrages de Villerest et Naussac
Le réservoir de Villerest
Reconnu d?utilité publique par décret d?avril 1977104 au profit de l?institution interdépartementale
pour la protection des vals de Loire105 , le réservoir de Villerest constitue, avec une capacité estivale
maximale de 132,61 Mm3, l?ouvrage principal sur la Loire. Conformément au premier article de ce
décret, il a pour rôle « d?écrêter les crues de la Loire, de soutenir les étiages de ce fleuve et de
permettre éventuellement la production d?énergie hydroélectrique ». Son règlement d?eau a été
approuvé par le décret du 4 mai 1983 déjà cité. La concession de l?aménagement et de
l?exploitation de la chute d?eau de Villerest a ensuite été accordée à EDF en novembre 1984 et
l?ouvrage a été mis en service en 1985.
L?écrêtement des crues
La gestion du réservoir de Villerest opère un compromis entre les objectifs d?écrêtement des crues
et de soutien d?étiage à travers ses règles de gestion qui définissent quatre cotes d?exploitation :
315 m NGF, soit 130 Mm3, du 1er décembre au 14 février ;
314 m NGF, soit 123 Mm3, du 15 février au 31 mai (creux printanier) ;
315,3 m NGF, soit 133 Mm3, du 1er juin au 14 août (période de soutien d?étiage) ;
304 m NGF, soit 68 Mm3, du 15 septembre au 30 novembre (creux automnal).
La cote maximale pouvant être atteinte pour l?écrêtement des crues est de 324 m NGF, soit
235 Mm3. La capacité d?écrêtement pendant le creux automnal est donc de 167 Mm3. Elle est de
112 Mm3 pendant le reste de l?année, la cote étant abaissée à 314 m NGF, voire au-dessous, en
cas de risque de crue, si elle n?y est pas déjà.
Seules les crues supérieures à 1000 m3/s sont écrêtées. D?après les données fournies par l?EPL,
ont été écrêtées par le réservoir de Villerest, depuis sa mise en service :
une unique crue printanière, le 26 avril 1986, avec un volume écrêté de 4,4 Mm3, pour une
cote restant comprise entre 314 et 315 m NGF ;
104 https://www.legifrance.gouv.fr/jorf/id/JORFTEXT000000875675
105 Devenue en 1983 l?Etablissement public pour l?aménagement de la Loire et de ses affluents (EPALA), qui a pris,
à l?été 2001, la dénomination d?Etablissement public Loire.
PUBLIÉ
https://www.legifrance.gouv.fr/jorf/id/JORFTEXT000000875675
Novembre 2022 Les conditions de mobilisation des retenues
hydroélectriques pour le soutien d?étiage sur le bassin de
Loire-Bretagne
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six crues automnales, les 6 novembre 1994, 14 novembre 1996, 22 novembre 2002, 3
décembre 2003, 4 novembre 2008 et 22 novembre 2016 avec des volumes écrêtés
respectivement de 13,6 Mm3, 6 Mm3, 9,2 Mm3, 128,5 Mm3, 71,6 Mm3 et 6 Mm3. La cote
maximale de 324 NGF n?a jamais été atteinte ni même approchée.
La priorité accordée à l?écrêtement des crues
emporte deux conséquences pour le soutien
d?étiage :
Le volume stocké est au maximum de
123 Mm3 jusqu?à la fin du mois de mai. Le
volume cible de 133 Mm3 ne peut être
atteint en juin que si le débit de la Loire le
permet.
Le volume stocké doit être limité à 68 Mm3
à compter du 15 septembre. Des lâchures
peuvent être opérées entre le 15 août et le
15 septembre pour tenir cet objectif au-
delà de celles requises par le soutien
d?étiage à l?Objectif de Gien ou à celui de
Villerest. La capacité à faire face à un
étiage tardif se trouve limitée par ce creux.
Figure 18 : Villerest ? cotes du réservoir
Source : données EPL
Le soutien d?étiage
Le réservoir de Villerest opère un soutien d?étiage pour satisfaire l?un ou l?autre des deux objectifs
suivants de débit dans la Loire, ou les deux simultanément :
12 m3/s au pied de l?ouvrage (au niveau du DOE), suite à la décision prise par le CGTRNV
le 20 mai 1998 ;
de 60 à 45 m3/s à Gien (niveaux intermédiaires entre le DOE (65 m3/s) et le DSA (50 m3/s),
d?une part, entre le DSA et le débit de crise (DCR à 43 m3/s), d?autre part).
Il peut ainsi arriver que des lâchures soient effectuées uniquement pour l?OSE de Villerest, sans
besoin pour Gien. Ce fut le cas entre le 1er mai et le 17 juin 2022.
Lorsque les lâchures servent l?OSE de Gien, elles servent souvent aussi celui de Villerest.
Le remplissage du réservoir
Une telle situation de soutien précoce à l?OSE de Villerest se rencontre les années où l?hiver et le
printemps sont secs avec un débit de la Loire relativement faible. Lors de son remplissage en vue
d?atteindre sa cote touristique d?été, la retenue de Grangent ne délivre alors qu?un débit minimal
dans la Loire conduisant à un débit entrant dans le réservoir de Villerest inférieur à 12 m3/s. Celui-
ci doit alors soutenir l?OSE de Villerest au détriment de son propre remplissage. Cette situation
était déjà intervenue à cinq reprises depuis la mise en service du réservoir : en 1997, 2003, 2006,
2011 et 2022.
En année à hiver et printemps secs, la retenue de Grangent et le réservoir de Villerest sont en
concurrence pour leur remplissage au détriment de ce dernier situé en aval et à l?avantage de la
première située en amont. La cote touristique de Grangent l?emporte alors sur le soutien d?étiage
par Villerest. Des réflexions devraient être engagées en vue de décider comment articuler le
remplissage de ces deux ouvrages, en contexte de changement climatique, dans la perspective
du renouvellement de la concession de Grangent à l?échéance de 2032.
Les ordres de grandeur du fonctionnement du barrage
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295
300
305
310
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325
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co
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N
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cote d'exploitation cote maximale
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Novembre 2022 Les conditions de mobilisation des retenues
hydroélectriques pour le soutien d?étiage sur le bassin de
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Le soutien apporté par Villerest au débit de la Loire combine donc, dans des proportions très
variables selon les années :
un soutien pour satisfaire l?OSE de Gien ou de Villerest ;
des abaissements du niveau de la retenue pour créer le creux printanier, le creux automnal
ou un creux en cas de risque de crue (abaissement pour crue), ou pour revenir à la cote
maximale après l?avoir dépassée (abaissement de régulation).
Le réservoir de Villerest est en permanence alimenté par la Loire et lâche de l?eau dans le fleuve.
Il n?y a soutien que lorsque les lâchures opérées sont supérieures au débit entrant. Ce dernier
n?étant pas mesuré, le système d?information de l?EPL ne fournit pas directement le soutien apporté
par le réservoir à la Loire. L?EPL calcule donc, a posteriori, un volume consacré au soutien d?étiage
à l?objectif de Gien pour le réservoir de Villerest. Les méthodes utilisées par l?EPL ont varié au fil
du temps et ne sont pas clairement documentées jusqu?en 2015.
Chaque jour pendant la campagne de soutien d?étiage, le volume délivré par l?ouvrage est calculé
par l?EPL en référence à un des deux OSE ci-dessus qui devient l?OSE directeur du jour.
Malheureusement, le système d?information de l?établissement ne conserve ne conserve cette
information que depuis 2021. Il n?est donc pas possible de retracer précisément pour quel objectif
ont été utilisées jusqu?en 2020 les ressources du réservoir ni de mesurer précisément l?impact de
la modulation de l?OSE de Gien.
Pour travailler sur une série temporelle homogène, la mission a effectué une modélisation du
fonctionnement du réservoir à partir des relevés journaliers des niveaux d?eau dans le réservoir
communiqués par l?EPL. Cette modélisation n?a appelé aucune remarque ni de l?EPL ni de la
DREAL Centre-Val de Loire. La lecture de ces informations a été complétée par les éléments issus
des bilans présentés devant le CGTRNV puis le CGRNVES.
Cette modélisation permet de repérer :
les abaissements de l?hiver et du printemps (du 1er janvier au 31 mai), dénommés
abaissement 1 dans le graphique ci-dessous ;
les abaissements de l?été (du 1er juin au 15 septembre) , dénommés abaissement 2 dans
le graphique ci-dessous ;
les abaissements de l?automne (après le 15 septembre en cas de crue), dénommés
abaissement 3 dans le graphique ci-dessous ;
les soutiens, hors abaissement, qu?ils soient à l?OSE de Gien ou à celui de Villerest ;
les écrêtements des crues ;
et les périodes de maintien du niveau dans le réservoir.
Lorsque de l?eau est déstockée pour abaisser le niveau du réservoir, une partie du volume
correspondant peut couvrir un besoin de soutien d?étiage intervenant au même moment.
Notamment entre le 15 août et le 15 septembre pour former le creux automnal. La totalité des
volumes concernés est attribuée, dans ce modèle, à l?abaissement car c?est lui qui commande
l?importance des lâchures effectuées.
Dans cette approche, il apparaît que :
Le débit de la Loire est soutenu chaque année par des déstockages d?eau ;
Les années où ce soutien est limité aux seules exigences d?abaissement du niveau du
réservoir pour la prévention des crues sont très peu nombreuses (2007, 2008, 2010 et
2021) ;
La répartition des volumes entre les abaissements et le soutien est extrêmement variable
selon les années (pluviométrie) et les régimes de modulation des OSE.
PUBLIÉ
Novembre 2022 Les conditions de mobilisation des retenues
hydroélectriques pour le soutien d?étiage sur le bassin de
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Figure 19 : Villerest ? composantes du soutien du débit de la Loire
Source : analyse mission de données EPL
Cette approche homogène permet des comparaisons interannuelles, dont les deux suivantes :
Le soutien délivré par Villerest ainsi mesuré est d?un ordre de grandeur proche en 1985 (69 Mm3)
et en 2015 (64 Mm3). En 1985 tout le soutien s?est opéré avec un OSE de Gien à 60 m3/s. En 2015,
l?OSE de Gien a, pendant la campagne de soutien, été fixé à 50 m3/s. On peut mesurer, pour
chaque jour de 2015 où un soutien a été délivré à l?OSE de 50 m3/s, le volume supplémentaire qu?il
aurait fallu délivrer pour un OSE à 60. Au total on aboutit à un volume supplémentaire qu?il aurait
fallu délivrer de l?ordre de 97 Mm3. Ce chiffre constitue un minorant du volume supplémentaire qui
aurait été nécessaire si l?OSE avait été maintenu à 60 m3/s pendant toute la campagne, car
l?approche n?identifie pas, parmi les jours d?interruption du soutien, ceux où la modulation a permis
de s?exonérer d?un soutien qu?il aurait fallu assurer avec un OSE à 60 m3/s. Ce volume de 97 Mm3
est très nettement supérieur au volume restant dans le réservoir en fin de campagne (60 Mm3). Il
aurait donc été nécessaire de solliciter fortement le soutien de Naussac à l?OSE de Gien.
Les règles de modulation de l?OSE de Gien n?ont plus été modifiées depuis 2010. Non plus que la
valeur de l?OSE de Villerest. Le soutien apporté par le réservoir de Villerest varie donc depuis cette
date en fonction des conditions climatiques et de la façon dont le CGRNVES et le préfet
coordonnateur de bassin appliquent la modulation.
Sur cette période, on relève que le soutien
automnal (intervenant à partir du 15
septembre une fois le creux formé pour
l?écrêtement des crues) représente en
moyenne 27 % du soutien délivré et a dépassé
les 20 Mm3 à deux reprises en 2017 (36 Mm3)
et 2019 (29 Mm3). Cette importance est à
mettre en relation avec le constat opéré en
partie 1.1.1 d?une extension au mois d?octobre
du régime estival des débits de la Loire et de
ses affluents qui prennent leur source dans le
Massif Central.
Figure 20 : Villerest - évolution du soutien depuis
2006
Source : analyse mission de données EPL
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soutien estival soutien automnal
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Novembre 2022 Les conditions de mobilisation des retenues
hydroélectriques pour le soutien d?étiage sur le bassin de
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On peut également noter une forte augmentation du soutien d?étiage à partir de 2015, sans pouvoir
distinguer la part de celle-ci provenant d?une évolution tendancielle liée au changement climatique
de celle provenant de la variabilité interannuelle.
La modulation des OSE
Le règlement d?eau du barrage de Villerest, approuvé par le décret du 4 mai 1983, fixe à 60 m3/s
l?OSE à Gien. Pendant les premières années d?exploitation du réservoir (1985-1989), l?OSE est
resté fixé à cette valeur quels que soient les besoins de soutien pour le tenir. Le niveau élevé du
soutien assuré en 1989, année sèche mais non exceptionnelle, à hauteur de 252 Mm3 par les deux
réservoirs et le faible remplissage de Naussac à l?issue de l?hiver 1989-1990, ont conduit le
CGTRNV à retenir pour la première fois en 1990 l?idée de déroger temporairement à l?OSE de 60
m3/s à Gien. Celui-ci a effectivement été abandonné le 7 septembre au profit d?une régulation du
débit sortant qui fit descendre le débit à Gien jusqu?à 50 m3/s pendant 8 jours au milieu du mois de
septembre.
Des modulations de l?OSE, décidées en fonction des circonstances, sont intervenues ensuite en
1991, 1997, 2003, 2004 et 2005. A compter de 2006, le CGRNVES s?est doté d?une règle de
modulation de l?OSE de Gien en fonction de la date de démarrage de la campagne de soutien
d?étiage pour Gien et du remplissage du réservoir de Naussac à cette même date. Après avoir été
légèrement simplifiée en 2010, cette règle a pris un caractère permanent depuis 2017.
La modélisation réalisée par la mission permet aussi d?évaluer les jours pendant lesquels les
lâchures effectuées à Villerest ont contribué au soutien de la Loire. A l?intérieur de ces périodes, il
est possible de rattacher chaque jour de soutien d?étiage effectif à l?OSE de Gien en vigueur. Les
données fournies par l?EPL ne permettent pas de distinguer si l?OSE réellement servi est celui de
Gien ou de Villerest. Le calcul qui suit porte donc sur toutes les journées où un soutien a été
effectué quel que soit l?OSE réellement servi.
La répartition des jours en fonctions des OSE varie selon l?approche retenue par le comité de
gestion. Le graphique ci-dessous présente cette répartition en distinguant les périodes mises en
évidence à ce sujet (1989-1990 : pas de modulation de l?OSE, 1991-2005 : des modulations au cas
par cas, 2006-2021 : une règle de modulation).
Figure 21 : Villerest ? soutien délivré par OSE de Gien et OSE moyen
Source : analyse mission sur des données EPL et DREAL
Entre les deux premières périodes, la modulation a diminué le nombre moyen de jours de soutien
et l?OSE moyen pendant ces jours de soutien, donc les volumes lâchés.
La règle de modulation en vigueur depuis 2006 a conduit à la poursuite de la diminution de l?OSE
moyen, descendu à 54,6 sur la période 2006-2021. Cette forte baisse n?a pas empêché que le
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OSE à 60 OSE à 55 OSE à 50 OSE à 48 OSE à 45 sans OSE OSE moyen
PUBLIÉ
Novembre 2022 Les conditions de mobilisation des retenues
hydroélectriques pour le soutien d?étiage sur le bassin de
Loire-Bretagne
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nombre de jours faisant l?objet d?un soutien reparte à la hausse.
Pendant les deux premières périodes analysées, le nombre de jours où l?OSE à Gien était fixé à
60 demeurait majoritaire. Depuis 2006, ce nombre de jours est clairement minoritaire (46 %).
Comme il n?a pas été possible de distinguer les jours où le seul OSE servi est celui de Villerest, ils
interviennent dans ces calculs. Or, les valeurs les plus faibles de l?OSE de Gien sont décidées à
des moments où le service de cet OSE est nécessaire. Sur des périodes où seul l?OSE de Villerest
doit être servi, une modulation forte de l?OSE de Gien a peu de chances de prévaloir. Il y a donc
de fortes chances que, sur cette période, les jours de soutien où l?OSE de Gien est à 60 comportent
une part importante des jours de soutien où l?OSE servi est seulement celui de Villerest, à l?exemple
des années 2013 et 2014 où l?OSE de Gien n?a pas été servi. Si on pouvait ne pas les prendre en
compte dans ce calcul, ce pourcentage serait vraisemblablement inférieur. Et l?OSE moyen aussi.
La fixation d?OSE à des valeurs inférieures à 60m3/s traduit une gestion prudente d?un stock limité
face à une situation plus tendue dont la mission relève l?efficacité. Mais cette pratique éloigne de
plus en plus l?OSE réellement servi à Gien de l?objectif figurant au règlement d?eau de l?ouvrage106.
Les pistes d?optimisation
L?optimisation de l?exploitation du réservoir, que la mission considère comme nécessaire dans ce
contexte, conduit à examiner trois sujets :
Comment assurer l?atteinte de la cote estivale de 315,30 m NGF le plus tôt possible ?
Est-il possible d?augmenter la cote estivale ?
Comment répondre au besoin croissant de soutien pendant l?automne tout en maintenant
la priorité à l?écrêtement des crues susceptibles de se produire pendant cette période ?
1) Plusieurs pistes pourraient permettre d?atteindre plus sûrement la cote estivale de
315,30 m NGF dès le début juin
La prévention des crues printanières impose le respect, entre le 15 février et le 31 mai, d?un creux
qui ampute de 10 Mm3 le volume conservé dans le réservoir par rapport aux 133 Mm3 qui devraient,
depuis 1997, être disponibles pour répondre au soutien d?étiage de la période estivale. Or, la
reconstitution de cette marge présente, certaines années, des difficultés.
Figure 22 : Villerest ? respect de la cote d?exploitation estivale
Source : données EPL
106 Selon l?article 3 du règlement d?eau du barrage de Villerest, annexé au décret du 4 mai 1983 l?approuvant : « Du
1er juin au 30 novembre, c?est-à-dire durant la période de soutien des étiages, la gestion a pour objectif,
conjointement avec le barrage de Naussac, d?assurer en permanence à Gien un débit minimal de soixante mètres
cubes tout en limitant la baisse du plan d?eau [...]. »
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La cote maximale estivale était fixée par le règlement d?eau à 316 m NGF, ce qui correspondait à
un volume de 138 Mm3. Elle a été abaissée à 315,3 m NGF, correspondant à un volume de
132,6 Mm3, à partir de 1997. L?analyse des données qu?elles a fournies à la mission montre que si
la cote estivale de 315,3 m NGF est régulièrement approchée, elle n?a pas été atteinte, avec une
différence notable, à huit reprises depuis le début cette date. Cinq d?entre elles correspondent à
des années à soutien précoce. Trois à des années humides à faibles perspectives de soutien
d?étiage.
Figure 23 : Villerest ? années à soutien précoce
Figure 24 : Villerest ? années humides
Source : données EPL
La question se limite évidemment aux années sèches où se conjuguent :
de faibles débits printaniers encore réduits par le remplissage par EDF de la retenue de
Grangent, située en amont de Villerest, pour l?atteinte de sa cote touristique ;
un soutien précoce à l?OSE de Villerest dès que les débits entrants descendent en-dessous
de 12 m3/s.
De ses analyses et des échanges qu?elle a eues avec le gestionnaire, la mission retient trois pistes
d?amélioration :
La plus immédiate, à la main du CGRNVES, consiste à réévaluer l?OSE au droit de Villerest : le
règlement d?eau du barrage annexé au décret du 4 mai 1983 l?approuvant fixe un débit garanti au
pied de l?ouvrage de 10 m3/s du 1er décembre au 14 septembre puis de 8 m3/s du 15 septembre
au 30 novembre. Le CGTRNV a décidé dès 1987 de relever à 12 et 10 m3/s ces débits puis de
fixer l?OSE à 12 m3/s toute l?année en 1998, « du fait de craintes portant plus sur la qualité des
eaux que sur le niveau d'eau au droit des captages » d?après la motivation figurant au relevé des
décisions permanentes du comité. Cette décision a été prise il y a 24 ans. La situation a pu évoluer
depuis. La mission préconise donc que soit réalisée rapidement, sous l?égide de l?ARS de bassin,
une étude sur les diverses modalités de sécurisations des captages bénéficiant du relèvement de
cet OSE afin de rechercher les moyens qui permettraient de revenir au soutien prévu dans le
règlement d?eau.
La deuxième consiste à coordonner durant les mois de mai et juin la gestion des ouvrages de La
Valette, de Grangent et de Villerest de sorte à pouvoir assurer le meilleur remplissage possible de
chacun en instaurant des règles de priorité entre leurs usages respectifs : la situation idéale
consiste à rechercher à ce que les trois ouvrages soient pleins en même temps au début de la
période d?étiage (ce qui implique que le débit relâché à Villerest ne soit pas supérieur au débit
entrant dans l?ouvrage le plus en amont additionné des apports naturels dans la rivière entre les
barrages). Cette coordination est à étudier au plus vite entre l?EPL et EDF, concessionnaire des
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chutes des trois barrages. Ses résultats pourront être repris dans les cahiers des charges des
concessions de Versilhac ? Vendets (pour la Valette), qui arrive à échéance en 2027, et de
Grangent, qui arrive à échéance en 2032.
La troisième consisterait à chercher à profiter d?éventuels épisodes pluvieux qui pourraient
intervenir durant la deuxième quinzaine du mois de mai pour monter dès ce moment-là le niveau
de la retenue107 . Cette modification des consignes d?exploitation devrait pouvoir s?appuyer sur
l?étude hydrologique de la Loire au barrage de Villerest réalisée pour le compte de l?EPL par BRLI
en 2019 : elle devrait cependant être précisée puis soumise à validation du service de contrôle.
Elle entraînerait enfin une révision du règlement d?eau qui dans son article 4 impose une cote
maximale à 314m jusqu?au 31 mai.
2) Augmenter le niveau d?eau de la retenue du 1er juin au 15 septembre ne paraît pas
possible pour deux raisons :
Le décret du 4 mai 1983 approuvant le règlement d'eau du barrage de Villerest prévoyait, à partir
du 1er juin, une remontée de la retenue jusqu?à 316 m NGF (qui ne devait pas être maintenue plus
de 15 jours), ce niveau a été abaissé en 1997 à 315,30 m NGF par le Comité de gestion technique
des réservoirs de Naussac et de Villerest, suite à des demandes formulées par le syndicat des
communes riveraines de la retenue du barrage de Villerest afin de ne pas pénaliser l?accès au
château de la Roche108 situé sur la retenue.
Lorsque le plan d?eau est à la 315,30 m NGF, les calculs les plus récents effectués montrent que
la cote atteinte pour la crue millénale, de 323,83 m NGF, ne dépasse pas le niveau actuel des plus
hautes eaux de 324 m NGF mais il n?existe pas de marges. Un relèvement à 316 m NGF ne paraît
donc pas possible d?un point de vue sûreté.
Le règlement d?eau prévoit néanmoins qu?une remontée à 316 reste possible dans le cas d?années
sèches exceptionnelles (qui pourraient par exemple correspondre aux années où le remplissage
de la retenue de Naussac serait au premier juin inférieur à une valeur à déterminer, par exemple à
50 % de sa capacité). Il est malheureusement peu probable qu?en année sèche exceptionnelle la
Loire offre des ressources permettant d?atteindre la cote 316, alors même qu?en année sèche,
l?atteinte de la cote de 315,30 m NGF appelle les mesures présentées au point précédent.
Si une augmentation était malgré tout envisagée, il conviendrait de mener des études approfondies
afin d?identifier les mesures de renforcement nécessaires pour assurer la stabilité de l?ouvrage avec
une charge hydraulique plus importante.
3) Conserver un volume d?eau plus important dans la retenue du 15 septembre au 15
octobre.
Aujourd?hui, le barrage doit revenir vers un niveau bas, situé à 304 mNGF, pour tenir compte de la
107 Cette montée des eaux dès le 15 mai pourrait s?accompagner des mêmes mesures de précaution vis-à-vis des
crues que celles qui sont prises durant le mois de juin et qui traduisent la priorité accordée à l?écrêtement des crues :
en cas de pluies entre le 1er juin et le 15 août sur le bassin amont dépassant le seuil de 50 mm/24h, il est procédé
à un abaissement du niveau de la retenue à la cote 314 m NGF, conformément au règlement d?eau.
108 En 1997, suite à des demandes formulées par le syndicat des communes riveraines de la retenue du barrage
de Villerest et au vu des conclusions des concertations intervenues à la suite de ces demandes, le comité a émis
un avis favorable pour ramener la cote maximale de 316 à 315,30 m NGF afin de ne pas pénaliser l?accès au
château de la Roche, une remontée à 316 restant possible dans le cas d?années sèches exceptionnelles. Si une
remontée exceptionnelle à la cote 316 est donc règlementairement possible, elle n?a jamais été mise en oeuvre.
L?EPL précise qu?il est en pratique difficile de « prévoir » une situation exceptionnelle, et lorsque la situation est
exceptionnelle du fait de l?absence de précipitations, la ressource n?est pas disponible pour augmenter le stockage.
Le lecteur intéressé pourra voir des images de ce château et de la retenue sur le site suivant :
https://www.youtube.com/watch?v=pl8bmCHSAWk
PUBLIÉ
https://www.youtube.com/watch?v=pl8bmCHSAWk
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possibilité de crues à partir de mi-septembre alors que dans le futur, l?étiage devrait se prolonger
certaines saisons jusque fin novembre et que les épisodes de crues devraient plutôt se déplacer
vers la fin de l?année.
Ponctuellement, des dérogations peuvent être délivrées pour prolonger de quelques jours la
descente à la cote 304 NGF109. Cette mesure a été mise en oeuvre en 2015 et 2019 (voir graphique
ci-dessous).
Elle se justifie en outre pleinement en année
de sécheresse estivale, quand la baisse du
niveau d?eau du réservoir, sous l?effet du
soutien d?étiage, rejoint la courbe de gestion
aux alentours du 15 septembre en assurant
l?atteinte de la cote 304 m NGF.
Cette souplesse de gestion pourrait devoir être
plus fréquemment sollicitée à l?avenir avec
l?aggravation du changement climatique. Elle
pourrait suffire sans nécessiter une démarche
longue de révision du règlement d?eau.
Au-delà de ces dérogations se pose la
question d?une modification permanente de la
courbe de gestion reportant au 30 septembre,
voir au 15 octobre l?atteinte de la cote 304 m
NGF.
Figure 25 : Villerest ? dérogations de 2015 et 2019
Source : données EPL
Celle-ci présenterait de fait un double intérêt :
? Lorsque la période automnale est particulièrement sèche, le volume d?eau disponible pour
soutenir l?étiage serait plus important fin septembre début octobre ;
? Lors d?une année normale, elle permet au gestionnaire d?électricité de mieux coupler la
production avec les lâchers à effectuer pour abaisser le niveau d?eau dans la retenue.
Une telle modification, sans impact sur le soutien d?étiage estival, ne pourrait reposer que sur une
réévaluation du risque de crue et de son calendrier.
L?étude hydrologique de la Loire au barrage de Villerest, réalisée pour le compte de EPL par BRLI
en 2019, a montré que le risque hydrologique le plus marqué se serait « décalé » entre le 23
octobre et le 22 décembre (risque hydrologique fort) et aurait diminué durant la période du 22 août
au 22 octobre (risque hydrologique modéré). Une prolongation du niveau bas du barrage
semblerait donc possible.
D?un point de vue sûreté, un niveau, compris entre 304 et 314 m NGF, serait admissible car la cote
des Plus Hautes Eaux (324 m NGF) n?est pas atteinte en cas de crue millénale, même avec une
109 « La cote 304 m NGF a été fixée pour permettre l?écrêtement optimum des crues automnales par la retenue de
Villerest. A cette cote, le volume maximum dans la retenue est de 68 Mm3 environ, ce qui représente jusqu?à
53 Mm3 mobilisables pour le soutien d?étiage après le 15 septembre. Pour des raisons de sécurité de l?ouvrage et
à l?aval de celui-ci, il n?est pas possible de maintenir la cote du barrage à une valeur ad hoc supérieure. Un
ajustement éventuel n?est pas totalement à écarter compte tenu de l?évolution de l?hydrologie de la Loire, mais
devrait être étudié puis soumis à validation du service de contrôle et entraînerait enfin une révision du règlement
d?eau (celle-ci pouvant donner l?occasion à d?autres revendications de modifications contraignantes pour le soutien
d?étiage). Toutefois, en cas de sécheresse exceptionnelle et au cas par cas, l?Etablissement conserve la possibilité
de demander des dérogations au CGRNVES pour prolonger la descente à 304 de quelques jours voire semaines,
afin de gérer précautionneusement le volume concerné en période d?étiage sévère. De telles demandes ont été
faites en 2015 et 2019 avec une suite favorable. Les étiages 2015 et 2019 étaient particuliers, le premier par sa
durée et le second par sa sévérité » Source : réponses de l?EPL aux questions de la mission.
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volume d'exploitation 2015 2019
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retenue à 314 m NGF.
Comme le souligne l?EPL, un ajustement éventuel n?est donc pas à écarter compte tenu de
l?évolution de l?hydrologie de la Loire, mais devrait être étudié puis soumis à validation du service
de contrôle et entraînerait enfin une révision du règlement d?eau. Cette étude devrait permettre de
déterminer s?il est possible sans compromettre la fonction d?écrêtement de crues de l?ouvrage de
garder un volume d?eau supplémentaire de quelques millions de mètres cubes entre mi-septembre
et mi-octobre.
D?un point de vue sûreté, le volume écrêtable par le barrage de Villerest, autrement dit la
performance de l?ouvrage ou encore le laminage, est fonction de la cote du plan d?eau. Il s?établit
pour les crues de retour 100 à 10 000 ans à environ :
177 Mm³ lorsque la cote est à 304 m NGF (crues d?automne),
120 Mm³ lorsque la cote est à 314 m NGF (crues de mai)110.
Les performances de l?ouvrage pour une cote à 306 ou 310 m NGF sont évaluées à 158 Mm3, et
138 Mm3 par l?EPL.
La mission souligne par ailleurs que ce même déplacement des crues vers la fin de l?année,
conjugué au rehaussement de la crue décamillénale, pourrait conduire à prolonger la période où
l?ouvrage serait maintenu à sa cote minimale jusqu?à une date qui reste à préciser.
Le réservoir de Naussac
D?une capacité de 185 Mm3, Naussac constitue le principal barrage en amont de l?Allier mais,
contrairement à Villerest, il n?a pas de vocation d?écrêtement des crues. En sus de sa fonction
principale de soutenir le débit d?étiage sur l?Allier, puis sur la Loire, il produit, de manière secondaire,
de l?électricité.
Conçu dans les années 70 comme une réponse aux épisodes de sécheresses particulièrement
sévères observés à l?amont de l?Allier, Naussac a de fait été réalisé en deux temps :
D?abord par la création du réservoir lui-même : l?ouvrage a été déclaré d?utilité publique en
février 1976111, construit de 77 à 1981 et mis en service en 1983. Sa construction ainsi que
son exploitation ont été tout d?abord concédées par le Ministère de l?agriculture en 1976112
pour une durée de vingt-cinq ans à une société d?économie mixte la Société pour la mise
en valeur de la région Auvergne-Limousin, la SOMIVAL. Le ministère de l?agriculture ayant
rejeté en 1992 la demande de renouvellement de la concession au motif que l?EPALA était
pressenti pour gérer l?ouvrage, c?est l?EPL qui, à la fin de la concession, en a repris
l?exploitation en 2003 (après une phase transitoire d?un an durant laquelle la SOMIVAL en
a poursuivi l?exploitation). Enfin, l?Etat a transféré la propriété des aménagements de
Naussac I à l?EPL au premier janvier 2007113 ;
Puis, par la mise en place à partir de 1998 d?un pompage depuis l?Allier, également appelé
Naussac II, afin d?aboutir à un meilleur remplissage de l?ouvrage : EPL créé en novembre
1983 a été chargée de sa réalisation114, et en a confié la maîtrise d?oeuvre, l?assistance à
110 Source pour ces deux chiffres : DREAL Aura. Mail à la mission (17/05/2022)
111 https://www.legifrance.gouv.fr/download/securePrint?token=2Q$i4EKTYF2RcxRCAU@U
112 Décret de concession du 11 juin 1976
113 Arrêté préfectoral du 2 mars 2007 portant constatation du transfert du barrage-réservoir de Naussac et de ses
dépendances du domaine public fluvial de l?Etat dans le domaine public fluvial de l?EPL (E.P. Loire).
https://www.eptb-loire.fr/wp-content/uploads/2013/09/2007-03-02-arrete_061-002-transfert-Naussac-2.pdf
114 Le contrat de plan particulier signé le 13 février 1986 entre l?Etat, l?agence de bassin Loire Bretagne et l?EPALA
prévoyait la réalisation de quatre ouvrages : Serre-de-la-Farre, Chambonchard, le Veurdre et Naussac II.
PUBLIÉ
https://www.legifrance.gouv.fr/download/securePrint?token=2Q$i4EKTYF2RcxRCAU@U
https://www.eptb-loire.fr/wp-content/uploads/2013/09/2007-03-02-arrete_061-002-transfert-Naussac-2.pdf
Novembre 2022 Les conditions de mobilisation des retenues
hydroélectriques pour le soutien d?étiage sur le bassin de
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la maîtrise d?ouvrage ainsi que la réalisation des études à la SOMIVAL. La SOMIVAL et
l?EPL ont fait le choix, qui constituait une première européenne, d?installer trois pompes
réversibles, dites pompes turbines Deriaz, capables non seulement de remonter l?eau de
l?Allier dans la retenue, mais aussi de produire de l?électricité en sens inverse115. Le décret
de janvier 2000116 portant règlement spécial pour l'utilisation de l'énergie hydraulique de
l'aménagement de Naussac-II (Lozère), précise que, pour le pompage, la puissance
maximale (brute) est de 9 000 kW et, pour le turbinage, de 7 950 kW. Conformément à
l?article 29 de la loi de 1919 relative à l?utilisation de l?énergie hydraulique117, ce décret de
janvier 2000 reconnaît à l?EPL la possibilité d?exploiter l?activité de production
hydroélectrique qui reste accessoire par rapport à l'objectif de régularisation des débits de
l'Allier et de la Loire assigné à l'aménagement de Naussac. Cette autorisation est toutefois
limitée dans le temps : le règlement spécial prend en effet fin le 31 décembre 2034, date
de la fin de l'autorisation de la deuxième phase d'aménagement de Naussac fixée par
l'article 2 de l'arrêté interpréfectoral du 16 novembre 1994 qui déclarait Naussac 2 d'intérêt
général et d'utilité publique 118 . Le contrôle de la construction et de l'exploitation des
installations soumises au règlement spécial est assuré par le service chargé du contrôle
de l'électricité.
Le remplissage de Naussac
Naussac bénéficie de trois sources d?approvisionnement, qui sont certes indépendantes, mais qui,
prenant leur source dans la même zone géographique, connaissent des évolutions de débit
similaires et vont dont toutes les trois être réduites en cas de saison sèche :
Les apports directs gravitaires du Donozau : le Donozau avec un débit moyen estimé de
0,69 m3/s se jette dans la retenue de Naussac, et déverse ainsi en moyenne environ
20 Mm3/an ;
La déviation d?une partie des eaux du Chapeauroux au moyen d?une galerie souterraine.
La dérivation des eaux est aujourd?hui interdite : i) du 1er juillet au 31 août, ii) quand les
lâchures sont effectuées par Naussac, iii) quand la retenue a atteint sa cote d?exploitation.
Le débit réservé à respecter dans le Chapeauroux à l?aval de la dérivation est de 600 l/s.
Le débit maximum dérivable par la prise d?eau est de 12 m3/s. Selon les données de l?EPL,
les volumes stockés à partir de la dérivation du Chapeauroux ont été en moyenne de
40 Mm3/an ;
115 Voir notamment Naussac 2 : mise en oeuvre des pompes turbines Deriaz, Thépot (EPALA), Clérin Sudour
(SOMIVAL), Taulan (Alstom hydro Turbines Neyrpic), La Houille Blanche, 1999. https://www.shf-
lhb.org/articles/lhb/pdf/1999/03/lhb1999032.pdf
116 Décret n°2000-21 du 5 janvier 2000 portant règlement spécial pour l'utilisation de l'énergie hydraulique de
l'aménagement de Naussac-II (Lozère) par l'Etablissement public d'aménagement de la Loire et de ses affluents,
aux fins de production d'électricité. https://www.legifrance.gouv.fr/loda/id/LEGIARTI000006866960/2000-01-
12/#LEGIARTI000006866960
117 Article 29 de la loi de 1919 relative à l?utilisation de l?énergie hydraulique : « Les usines ayant une existence
légale, ainsi que celles qui font partie intégrante d'entreprises déclarées d'utilité publique et pour lesquelles un
règlement spécial sera arrêté par un décret rendu en Conseil d'Etat, ne sont pas soumises aux dispositions des
titres Ier et V de la présente loi. Toutefois, elles supportent la taxe, dont le taux et le mode de recouvrement sont
réglés par les articles 8 et 22 ». https://www.legifrance.gouv.fr/loda/article_lc/LEGIARTI000006847069/1919-10-18
Si l?article premier de la loi stipule que « Nul ne peut disposer de l'énergie des cours d'eau quel que soit leur
classement, sans une concession ou une autorisation de l'Etat », son article 29 établit que les titulaires de droits
fondés en titre sont dispensés de solliciter auprès de l'administration l'autorisation d'établir une prise d'eau aux fins
d'utiliser la force hydraulique. Ainsi, par cet article 29, les dispositions de la seule loi de 1919 ne s'appliquent pas à
ces ouvrages considérés comme « autorisés » sans limite de durée. Néanmoins, ils n'en sont pas moins soumis à
la police de l'eau, à l'instar de toute autre autorisation ». Guide pratique relatif à la police des droits fondés en titre,
DGALN/DEB, https://www.gesteau.fr/sites/default/files/Guide_police_des_droits_fondes_en_titre.pdf
118 Arrêté interpréfectoral Haute Loire et Lozère en date du 16 novembre 1994 déclarant d'intérêt général et d'utilité
publique NAUSSAC 2
PUBLIÉ
https://www.shf-lhb.org/articles/lhb/pdf/1999/03/lhb1999032.pdf
https://www.shf-lhb.org/articles/lhb/pdf/1999/03/lhb1999032.pdf
https://www.legifrance.gouv.fr/loda/id/LEGIARTI000006866960/2000-01-12/#LEGIARTI000006866960
https://www.legifrance.gouv.fr/loda/id/LEGIARTI000006866960/2000-01-12/#LEGIARTI000006866960
https://www.legifrance.gouv.fr/loda/article_lc/LEGIARTI000006847069/1919-10-18
https://www.gesteau.fr/sites/default/files/Guide_police_des_droits_fondes_en_titre.pdf
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hydroélectriques pour le soutien d?étiage sur le bassin de
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Le pompage d?eau dans l?Allier : depuis l?installation des pompes (réversibles), il est
possible de prélever une partie des eaux de l?amont de l?Allier vers la retenue sous un
certain nombre de conditions, et, en particulier, en respectant un débit minimal à l?aval dans
l?Allier de 3 ou de 5 m3/s119 suivant que le remplissage de l?ouvrage est en-dessous (5 m3/s)
ou au-dessus de son niveau d?alerte (3 m3/s). L?eau est amenée, par l?intermédiaire d?un
canal et d?une galerie (340 m et 2,6 m de diamètre), vers un bassin (40 000 m3) créé sur le
Donozau aval. La cote du seuil sur l?Allier est à 888 m NGF, et la hauteur par rapport au
terrain naturel de 2,3 m. Le bassin sur le Donozau se situe 57 m en dessous du plan d?eau
de Naussac. Le dispositif de pompage permettant de remonter l?eau dans le barrage est
constitué de 3 pompes de 5 m3/s (soit un prélèvement maximum de 15 m3/s dans l?Allier)
installées dans un ouvrage souterrain. De fait, l?usine peut pomper au minimum 2 m3/s et
au maximum 12 m3/s en fonction de la hauteur d?eau dans la retenue (cote au barrage
minimum requise pour le pompage de 921 m NGF correspondant à un volume de l?ordre
de 25 M m3). Depuis la mise en service de la station de pompage, le volume moyen pompé
annuellement a été d?environ 20 Mm3, avec une valeur maximum de 74,5 Mm3 en 2006,
année suivant la vidange pour travaux.
Figure 26 : Naussac ? situation du barrage et de ses prises d'eau120
Source : EPL
Le tableau ci-dessous, établi à partir d?éléments transmis par l?EPL ou figurant dans l?état des lieux
de lieux de l?étude HMUC du Haut-allier et de l?Allier aval, illustre les évolutions du remplissage et
des déversements. Notons au passage que la SOMIVAL estimait, en 1993, dans une étude
préalable à la réalisation de Naussac II, que les installations de pompage auraient été utilisées 21
années sur 46 de 1944 à 1991 et auraient permis en moyenne de prélever 36 Mm3 (sur les 300
millions écoulés dans l?Allier annuellement à la hauteur de la prise).
119 Les prélèvements dans l?Allier sont réalisés dans le respect des conditions suivantes :a) débit réservé de l?Allier
de 3 m3/s, b) tout prélèvement sera autorisé dès lors que la cote de remplissage de la retenue de Naussac sera
inférieure à la cote définie dans la courbe d?alerte, c) du 1er novembre au 31 mars, dès lors que la cote de
remplissage de la retenue de Naussac est supérieure ou égale à la cote définie dans la courbe d?alerte, les
prélèvements seront autorisés sous réserve que le débit maintenu dans l?Allier soit de 5 m3/s, d) les variations des
débits prélevés sont limitées de 1 à 5 m3/s par demi-heure, selon le débit restant dans l?Allier, e) le prélèvement est
limité à une valeur maximum de 15 m3/s.
120 Source : Carte page 105. Etude HMUC des SAGE du Haut Allier et de l'Allier aval, RAPPORT DE PHASE 1,
CESAME, https://sage-allier-aval.fr/validation-de-la-phase-detat-des-lieux-de-letude-hmuc-allier-par-les-cle-des-sage-haut-
allier-et-allier-aval/
PUBLIÉ
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https://sage-allier-aval.fr/validation-de-la-phase-detat-des-lieux-de-letude-hmuc-allier-par-les-cle-des-sage-haut-allier-et-allier-aval/
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Tableau 2 : Naussac ? évolutions du remplissage et des déversements
Apports et
déstockages
en Mm3
Apports
Donozau
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totaux
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du premier
juillet à fin
novembre
1983-1997 22,6 42,7 0 65,3 63,3
1998-2021 21,8 39 16,8 77,6 65,2
2016-2021 22,2 45,6 17,2 85 70,1
2016 -2019 20,7 52,3 23,0 96,0 77,4
Source : données EPL et étude HMUC Allier phase 1.
Le sujet récurrent depuis la mise en service de l?ouvrage est celui de son remplissage. En effet les
bassins versants du Donozau et du Chapeauroux, seuls dans un premier temps, puis complété par
pompage dans l?Allier, n?assurent pas un remplissage complet de la retenue tous les ans. Les
dispositions de gestion ont été définies pour garantir un remplissage au niveau maximum 8,7
années sur 10 ;
Le graphique ci-dessous confirme que :
Le retour à la cote estivale peut prendre plusieurs années (2000 après le minimum de fin
1997 et 2008 après la vidange de 2005) ;
Le retour à la cote estivale peut être rapide (2020 après une année à 2019 à fort soutien) ;
Un hiver sec, comme en 2021-2022, peut limiter très fortement le remplissage du réservoir,
ce qui contraint alors la gestion du soutien d?étiage.
Naussac - évolution du remplissage du réservoir
Source : données EPL
Pour ménager cette ressource, dont il n?est pas assuré qu?elle puisse être renouvelée dans le
courant de l?hiver qui suit, l?EPL gère le réservoir de Naussac dans une approche pluriannuelle. La
modulation de l?OSE de Gien (depuis 2006) ainsi que de celui de Vic-le-Comte (depuis 1986),
mises en place par le CGRNVES, qui tiennent compte du niveau de remplissage de Naussac au
début de la campagne de soutien d?étiage, constituent un élément majeur de cette gestion visant
à prévenir le risque d?interruption brusque du soutien d?étiage par épuisement des réservoirs.
On observe ainsi que depuis 2007, le volume minimum retenu dans le réservoir, en fin de
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minimum maximum cote estivale
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campagne de soutien d?étiage, est toujours resté supérieur à 85 Mm3.
Le soutien d?étiage
Le réservoir de Naussac opère un soutien d?étiage pour satisfaire l?un ou l?autre des objectifs
suivants de débit dans l?Allier :
2 m3/s au niveau de l?ouvrage ;
5,5 m3/s à la confluence du Chapeauroux, du 15 mai au 15 septembre, pour la pratique
d?activités d?eaux-vives121 (en mai 2022, des lâchures ont été effectuées pour satisfaire ce
seul objectif) ;
6 m3/s à Vieille-Brioude122, (au niveau du débit seuil d?alerte ou DSA) ;
de 14 à 10 m3/s à Vic-le-Comte123 (entre le DSA et le DOE).
Il assure aussi un soutien d?étiage de la Loire, en complément de la retenue de Villerest, lorsque
les ressources de cette dernière ne suffisent pas à répondre à l?objectif de soutien d?étiage à Gien.
Le barrage de Naussac n?a pas de fonction d?écrêtement de crue. L?eau est délivrée à l?Allier par
déstockage du réservoir :
pour soutenir le débit au service d?un ou plusieurs OSE ;
ou pour abaisser le niveau de la retenue, pour inspection, travaux ou pour revenir à la cote
maximale après l?avoir dépassée (abaissement de régulation).
Comme pour Villerest, la mission a effectué une modélisation du fonctionnement du réservoir de
Naussac. Ce travail permet de distinguer, parmi les jours de déstockage :
les jours d?abaissement du niveau pour revenir à la cote estivale après dépassement de
celle-ci ;
les jours d?abaissement du niveau pour motif technique (inspection ou travaux) ;
les jours de soutien d?étiage.
Chaque jour pendant la campagne de soutien d?étiage, le volume délivré par l?ouvrage est calculé
par l?EPL en référence à un des OSE ci-dessus qui devient l?OSE directeur du jour. Comme pour
Villerest, le système d?information de l?établissement ne conserve ne conserve cette information
que depuis 2021. Il n?est donc pas possible de retracer précisément pour quel objectif ont été
utilisées jusqu?en 2020 les ressources du réservoir ni de mesurer précisément l?impact de la
modulation de l?OSE de Vic-le-Comte.
Depuis sa mise en service, le réservoir de Naussac a soutenu le débit de l?Allier tous les ans. En
2005, ce soutien est masqué par les lâchures opérées pour abaisser le niveau d?eau afin d?effectuer
des travaux d?étanchéité. Le compte-rendu de la campagne de soutien d?étiage présenté au
CGRNVES en mars 2006 indique que « du fait de la vidange, le volume déstocké est sensiblement
supérieur aux besoins qui seraient apparus pour le seul soutien d'étiage » mais n?évalue pas la
part du soutien d?étiage dans le volume déstocké. La mission n?a pas pu reconstituer ce chiffre.
Cette année est donc neutralisée dans les analyses suivantes.
Les lâchures opérées depuis Naussac visent la satisfaction de tout ou partie des objectifs de
121 Cet objectif remplace un objectif lié au barrage de Poutès, résultant d?une décision intervenue pour la première
fois en 1991, devenu caduc suite à la transformation de cet ouvrage
122 Objectif réglementaire découlant de la déclaration d?utilité publique de 1976
123 Ce dernier objectif ne découle pas du règlement d?eau du barrage de Naussac mais d?une décision du comité
de gestion technique des réservoirs de Naussac et Villerest intervenue en 1983. Les règles de modulation de cet
objectif sont stabilisées depuis 2002.
PUBLIÉ
Novembre 2022 Les conditions de mobilisation des retenues
hydroélectriques pour le soutien d?étiage sur le bassin de
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soutien d?étiage énumérés ci-dessus, selon l?évolution des débits de l?Allier. Il est arrivé que des
lâchures exceptionnelles interviennent ponctuellement à la demande de certains acteurs124. Quelle
qu?ait été leur motivation, toutes ces lâchures ont contribué à soutenir le débit de l?Allier et de la
Loire. Leur total annuel, hors abaissements, figure dans le graphique ci-dessous.
Figure 27 : Naussac ? volumes annuels déstockés pour le soutien de l'Allier et de la Loire
Source : analyse mission de données EPL
Ces chiffres ne sont pas directement comparables, car les règles de soutien ont évolué au fil du
temps, par la définition de règles de modulation de plusieurs OSE dont principalement ceux de
Gien et de Vic-le-Comte.
La modélisation effectuée par la mission permet d?identifier les jours de soutien effectif au sein
d?une campagne qui peut aussi comporter des jours d?abaissement et d?autres sans déstockage
d?eau ou avec augmentation du stock.
Figure 28 : Naussac ? évolution du nombre de jours de soutien d?étiage
Source : analyse mission de données EPL
L?analyse des moyennes décennales 125 du nombre de jours de soutien effectif pendant les
124 EDF pour diluer les apports lors de la vidange de ses barrages situés sur l?Ance-du-Sud (Saint-Prejet en 1987
et Pouzas en 1989), la Ligue d?Auvergne de canoë-kayak pour une compétition (1987), l?association SOS saumon
Loire-Allier (1993).
125 L?année 2005, au cours de laquelle la vidange du réservoir pour travaux a intégralement masqué le soutien
d?étiage est également neutralisée dans cette approche
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R² = 0,8428
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décennies
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campagnes de soutien d?étiage (graphique ci-dessus) fait apparaître une tendance à la hausse
statistiquement significative depuis 1990. Celle-ci s?explique notamment par l?augmentation du
nombre de jours de soutien en septembre et surtout en octobre en cohérence avec le passage à
un régime estivo-automnal sur l?Allier, comme le montre le graphique ci-dessous.
Figure 29 : Naussac ? nombre de jours de soutien par mois
Source : analyse mission de données EPL
Les tiretés correspondent aux décennies incluant l?année 2005 neutralisée
Ce soutien est devenu quasiment permanent en septembre, comme en août. Il est maintenant
aussi fréquent en octobre ? courbe violette sur le graphique ci-dessus ? qu?en juillet, entre 20 et
25 jours par mois en moyenne décennale.
La contribution à l?OSE de Gien
Le réservoir de Naussac peut servir l?objectif de soutien d?étiage de Gien, en renfort du réservoir
de Villerest. Le dépouillement des comptes rendus du CGTRNV puis du CGRNVES fournis par la
DREAL montre que le réservoir de Naussac a été mis directement à contribution pour le soutien
de l?OSE de Gien 7 années depuis sa mise en service (1989, 1997, 1998, 2003, 2005, 2020 et
2022). La modulation de l?OSE de Gien formalisée en 2006, a été complétée en 2011 par la mise
en place de courbes d?alerte à Villerest organisant l?appel à Naussac pour le service de Gien.
Le franchissement de la courbe plancher
interrompt le soutien d?étiage à l?OSE de Gien.
Seul l?OSE du pied du barrage peut encore être
servi. La courbe décroît du 2 juillet au 1er
décembre passant de 86 à 13 Mm3.
Les courbes d?alerte sont définies par rapport à
la courbe plancher en ajoutant à celle-ci des
volumes de 10, 20 et 30 Mm3. Au-dessus de
ces courbes l?OSE de Gien est servi
uniquement par Villerest en fonction du besoin.
Entre les courbes plancher et plancher + 30,
+20 et +10, les débits sortant de Villerest sont
limités respectivement à 24, 20 et 16 m3/s. Si le
service de l?OSE de Gien appelle des débits
supérieurs, ceux-ci sont fournis par Naussac.
Figure 30 : Villerest ? courbes plancher et d?alerte
Source : Données EPL
La contribution du réservoir de Naussac à l?OSE de Gien n?a jamais été très fréquente. Elle l?est
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encore moins depuis 2006. Celle-ci est effet passé :
de 5 années sur 23 de 1983 à 2005 ;
à 2 année sur 17 de 2006 à 2022.
Faute que les OSE directeurs aient été conservés, les informations dont la mission a obtenu
communication de la part de l?EPL ne lui ont pas permis de mesurer sur chacune des 6 campagnes
achevées (de 1989 à 2020), le volume d?eau lâché par Naussac à l?OSE de Gien. Pour l?année
2020, elle a pu évaluer, grâce aux éléments fournis par l?EPL, que ce soutien se situe dans une
fourchette de 432 000 à 864 000 m3. Ce qui représente entre 0,6 et 1,3 % d?un soutien total de
67 Mm3 délivré cette année-là par le réservoir.
Depuis 2010, le réservoir de Naussac est donc, dans la pratique, quasi-exclusivement consacré
au soutien d?étiage sur l?Allier. Comme l?Allier est un affluent de la Loire, on peut considérer que,
même limité aux OSE de l?Allier, le soutien d?étiage procuré par Naussac profite à la Loire.
Cependant, on observe, sur la même période, une nette dégradation du respect du DOE à Cuffy,
sur l?Allier aval, et donc des apports de l?Allier à la Loire pendant les périodes d?étiage. Ce qui
donne une autre mesure de ce repli.
Par ailleurs, l?étude HMUC Haut Allier et Allier aval constate126 que « l?exploitation du barrage de
Naussac et la restitution vers l?aval de débits significatifs (relargage de 70 à 100 millions de m3 au
cours de l?été avec des moyennes mensuelles comprises entre 5 et 10 m3/s selon les années)
augmente significativement le débit de l?Allier en aval par rapport à une situation « naturelle » de
Qmna5. Jusqu?à Vic-le-Comte, le débit en situation de Qmna5 est presque doublé par rapport à
une situation naturelle sans la présence du barrage. A la confluence avec la Loire, le bilan « rejets-
prélèvements » en situation de Qmna5 est presque équilibré. En situation d?étiage marqué, les
apports de Naussac dans la partie haute du bassin versant de l?Allier compensent donc en grande
partie les prélèvements réalisés en aval. » En année sèche, d?après cette étude, l?apport de l?Allier
à la Loire se limiterait donc, en ordre de grandeur, à son débit naturel.
Les pistes d?optimisation
Le changement climatique en cours amène néanmoins à s?interroger sur le fonctionnement de la
retenue de Naussac : comme le souligne l?étude relative à l?Élaboration d'une stratégie d'adaptation
du mode de gestion des barrages de Villerest et Naussac sous l?effet du changement climatique127,
si les cotes d?objectif de remplissage sur Villerest sont atteintes pour l?ensemble des projections,
laissant présager peu d?évolution sur la capacité à remplir le barrage à l?horizon 2050, « a contrario
le remplissage du barrage de Naussac est plus problématique, avec une baisse généralisée du
niveau d?eau moyen dans le barrage. Le barrage de Naussac serait ainsi plus sollicité à l?avenir,
du fait notamment de l?activation plus fréquente, sous l?effet du changement climatique, des règles
de basculement existantes entre Villerest et Naussac, sauf si la modulation de l?OSE de Gien était
encore accentuée pour éviter d?accroître cette sollicitation. L?ouvrage connaîtrait ainsi une baisse
des niveaux d?eau en fin d?étiage (notamment avec une augmentation du nombre d?années où le
barrage serait susceptible d?être vide), et une difficulté à se remplir l?année suivante »128 . De
manière quantitative, les besoins en eau devraient nécessiter des lâchers d'eau trois fois plus
importants en aval de Naussac estimés à 161 Mm3 (contre 57 Mm3 en moyenne aujourd?hui).
Dans ces conditions, la mission estime que l?adaptation au changement climatique de la retenue
126 CESAME études et conseil en environnement, « Etude gestion quantitative avec une analyse Hydrologie Milieux
Usages Climat et élaboration de programmes d?action pour une gestion durable des ressources en eau sur les
territoires des SAGE du haut Allier et de l?Allier aval. Synthèse du rapport de phase 1 », décembre 2021, p 272
127 Voir notamment page 7. Etude d?adaptation du mode de gestion des barrages de Villerest et de Naussac sous
l?effet du changement climatique : phase 4
https://www.eptb-loire.fr/wp-content/uploads/2017/12/Rapport_Phase4_EP_Loire_v3.pdf
128 Ibidem. Voir notamment page 7.
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https://www.eptb-loire.fr/wp-content/uploads/2017/12/Rapport_Phase4_EP_Loire_v3.pdf
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hydroélectriques pour le soutien d?étiage sur le bassin de
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de Naussac doit conduire à rechercher une optimisation de la gestion pluriannuelle de l?ouvrage
suivant deux axes prioritaires consistant à réduire la consommation d?eau lorsque le réservoir n?est
pas plein et à augmenter son remplissage annuel.
1) Comment réduire la consommation d?eau lorsque le réservoir n?est pas complètement
rempli ?
La modulation des OSE est l?outil le plus puissant de mise en adéquation de la ressource disponible
avec les besoins de soutien d?étiage. Or, comme pour Villerest, on observe que les OSE de
proximité du barrage : confluence du Chapeauroux et Vieille-Brioude échappent à toute modulation,
contrairement à ceux de Vic-le-Comte et de Gien.
En cas d?année à hiver et printemps sec, comme en 2022, un soutien d?étiage précoce pour
satisfaire ces OSE de proximité peut entamer tôt un stock limité, inférieur à 180 Mm3.
Ce sujet est à la main du CGRNVES. La mission préconise donc que soit étudiée sans tarder une
modulation de ces OSE, en fonction du remplissage du réservoir.
2) Comment mieux assurer le remplissage du réservoir ?
Un meilleur remplissage annuel permet en effet de :
répondre plus facilement au besoin moyen de remplissage de la retenue qui devrait croître
d?ici à 2050 ;
et, en année moyenne de soutenir de manière plus importante le débit d?étiage de l?Allier
jusqu?à sa confluence avec la Loire, autrement dit de déstocker un volume d?eau plus
important.
La mission recommande donc à EPL d?explorer toutes les pistes possibles d?augmentation du
remplissage annuel du barrage-réservoir de Naussac et d?examiner notamment la possibilité de
faire appel plus souvent au pompage d?ans l?Allier.
Les conditions météorologiques de l?hiver 2021-2022 et du printemps 2022 n?ont permis de remplir
le barrage que de 14 Mm3 - ce qui est le plus faible remplissage intersaison depuis la mise en
service du barrage en 1983. L?analyse des difficultés rencontrées peut aider à dégager des pistes
de progrès.
La raison principale est liée à la succession d?un hiver puis d?un printemps, tous les deux
particulièrement secs, qui ont conduit à une très forte réduction des trois sources
d?approvisionnement de la retenue :
Alors que la dérivation du Chapeauroux permet de dériver un volume moyen de 40 Mm3,
celui-ci n?a été pour 2021-2022 que de 5 Mm3 ;
Un pompage de 9 Mm3 (en comparaison d?une moyenne annuelle d?environ 20 Mm3) a pu
être réalisé sur l?Allier lors des deux seuls épisodes pluvieux de la saison (mi-mars et fin
avril), comme l?illustre le graphe suivant. Le pompage en mars aurait théoriquement pu être
plus important (4 Mm3) si deux des trois pompes n?avaient pas été indisponibles pour
maintenance et réparation. En dehors de ces épisodes, le niveau de l?Allier à Langogne est
resté inférieur au niveau réglementaire autorisant le pompage (entre 3 et 5 m3/s en fonction
des conditions de remplissage de la retenue) ;
Enfin, les apports naturels du Donozau ont été très faibles en 2022.
PUBLIÉ
Novembre 2022 Les conditions de mobilisation des retenues
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Figure 31 : Naussac ? gestion du pompage entre les étiages 2021 et 2022
Source : EPL
La mission a en particulier identifié les pistes suivantes : les études techniques et économiques
correspondantes restent néanmoins à mener. Ces solutions, si leur intérêt était confirmé, lui
paraissent en effet préférables à la création de nouvelles retenues de quelques millions de mètres
cubes en bordure de l?Allier :
Se donner les moyens de prélever et de pomper de l?eau plus rapidement lors d?un épisode
pluvieux : le gain possible serait de 5 à 7 Mm3 sur le premier épisode pluvieux d?importance
de l?hiver. Les pompes de relevage de Naussac ne sont pas aujourd?hui équipées de
dégrilleurs129 : l?absence de colmatage est assurée par le fonctionnement inverse des
pompes (en turbinage) qui conduit à déstocker l?eau130. Dans ces conditions, l?EPL précise
que « lors du premier épisode pluvieux hivernal, le cours d?eau charrie énormément
d?embâcles qui viennent perturber le fonctionnement de la prise d?eau sur l?Allier et
conduisent à des indisponibilités prolongées de l?ensemble de l?usine. Ce constat a conduit
l?Etablissement à prendre le parti de ne pas pomper au début du seul premier épisode
pluvieux hivernal. En théorie, sans cette règle de gestion, il aurait été possible de pomper
jusqu?à 10 Mm3 supplémentaires lors du coup d?eau du 18 mars au 4 avril ». L?EPL ajoute
« qu?en pratique, la probabilité aurait été forte que l?usine soit rapidement rendue
indisponible et que le pompage soit finalement inférieur au pompage observé » : c?est ce
point qui doit être étudié et faire l?objet de mesures adéquates. L?EPL indique également
que sur l?ensemble de l?évènement, le pompage de 10 Mm3 supplémentaire aurait été
théoriquement possible si les 3 conditions suivantes avaient été réunies : un pompage dès
la première heure (~4,5 Mm3), l?utilisation de 2 groupes et un fonctionnement sans
interruption ;
129 Le dégrilleur est l?appareil permettant d?ôter les détritus qui s?accumulent sur la grille d?une prise d?eau.
130 Les trois pompes rejettent, en mode turbinage, leurs eaux dans une seule conduite : « cette structure comporte
des grilles empêchant l?introduction de corps étrangers dans les machines lors du fonctionnement en turbine. Ces
grilles ne disposent pas de dégrilleur mais peuvent être nettoyées à contre-courant au pompage, les détritus étant
évacués par un conduit de chasse en dérivation ». https://www.shf-lhb.org/articles/lhb/pdf/1999/03/lhb1999032.pdf
PUBLIÉ
https://www.shf-lhb.org/articles/lhb/pdf/1999/03/lhb1999032.pdf
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Figure 32 : Naussac ? débits dans l?Allier lors de l?épisode pluvieux de mi-mars 2021
Source : EPL
Autoriser le remplissage de Naussac par pompage et par dérivation du Chapeauroux en
été en cas d?épisode pluvieux : le gain possible est de plusieurs millions de m3, au moins
5 Mm3 lors de l?épisode pluvieux de début octobre 2021. Les premiers résultats d?Explore
2 à 2070 montrent que les précipitations pourraient être sensiblement les mêmes sur le
bassin mais réparties différemment, avec des épisodes pluvieux pouvant intervenir sur
l?ensemble de l?année. Aujourd?hui, l?utilisation de la dérivation du Chapeauroux et, suivant
les textes, le pompage dans l?Allier sont interdits du premier juillet au respectivement
premier novembre et premier septembre. Ce remplissage doit naturellement s?effectuer
dans le respect des objectifs de débit à l?aval de la dérivation de l?Allier et de celle du
Chapeauroux ;
Revoir la courbe de pompage qui conditionne le déclenchement du pompage en distinguant
si possible les automnes et les hivers annoncés comme devant être secs par Méteo France
des années normales. En année normale et avec un remplissage normal à la fin de l?étiage
2021, il était logique d?ignorer l?épisode pluvieux de fin septembre 2021. Avec un automne
annoncé comme sec, les courbes devraient conduire au déclenchement du pompage dans
l?Allier pour un épisode pluvieux fin septembre. L?EPL précise que la courbe actuelle a été
construite pour permettre un compromis entre exploitation et préservation de la qualité du
milieu naturel. Elle a pour objectif un remplissage complet de la retenue 8,7 années sur 10
en minimisant l?écart de remplissage avec un pompage systématique qui ne serait basé
que sur la courbe alerte. Cette courbe est cependant construite sur les observations du
passé alors que nous sommes engagés dans une transition climatique : l?idée pourrait donc
être de chercher à assurer le remplissage 9,5 années sur dix pour tenir compte de cette
évolution, même si la courbe reste fondée sur les données du passé ;
Etudier la possibilité d?installer sur Naussac une pompe qui pourrait prélever un débit
inférieur à 2 m3/s dans l?Allier (dans le respect des objectifs de débit dans l?Allier à l?aval du
pompage de 3 ou de 5 m3/s). Les pompes actuelles trouvent leur fonctionnement optimal
dans un débit de 5 m3/s et rencontrent des problèmes de cavitation pour des débits
inférieurs à environ 2 m3/s : l?usine actuelle ne peut donc pomper en dessous de 2 m3/s.
Une pompe fonctionnant à 2 m3/s soit lorsque le débit de l?Allier est voisin de 5 m3/s (ce qui
ne permet pas de démarrer les pompes habituelles), soit en complément d?une ou de
plusieurs des pompes actuelles, pendant 2 mois, permettrait un remplissage de 10 Mm3.
L?EPL souligne à juste titre que l?installation d?une pompe de plus faible débit permettrait
en effet d?élargir les capacités de l?usine en pompant une gamme de débit inférieur à 1,5
PUBLIÉ
Novembre 2022 Les conditions de mobilisation des retenues
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m3/s, mais que l?installation d?un nouveau groupe à Naussac serait techniquement difficile
et très couteuse, alors que les volumes annuels concernés seraient faibles131. La mission
considère toutefois nécessaire de mener les études techniques et économiques
correspondantes dans la perspective de l?évolution du climat à 2050.
La mission souligne, par ailleurs, que dans les premières études relatives à l?aménagement de
Naussac II, il avait été envisagé de remplir la retenue à l?aide de prélèvements effectués dans
d?autres rivières, en captant sur Naussac les eaux du Haut-Allier dans le barrage dit de Lestevénès
et de les dériver dans le réservoir de Naussac par une galerie qui prenait au passage les eaux de
l'Ance du sud, du Grandrieu, du Doumerjas et du Chapeauroux. Dans le temps qui lui était donnée,
la mission n?a pu se prononcer sur la possibilité de capter, dans des conditions environnementales
satisfaisantes, une partie des eaux de l'Ance du sud et du Grandrieu (voire du Doumerjas). Les
eaux de l?Ance du sud sont aujourd?hui utilisées notamment via les barrages de St Préjet et de
Pouzas, pour alimenter l?usine hydroélectrique de Monistrol d?Allier qui exploite également la chute
liée au barrage de Poutès.
Elle soulignera en outre que le pompage doit pouvoir être effectué, si nécessaire, y compris les
jours de forte consommation d?électricité. Par le passé, lorsque l?électricité délivrée aux pompes
était fournie par EDF, le pompage était interdit durant les jours d?effacement de pointe : le contrat
passé avec EDF prévoyait en effet que les pompes ne consomment pas d?électricité durant les 22
jours de pointe de l?année. Le contrat actuel avec Engie prévoit la possibilité de consommer de
l?électricité, moyennant surcoût durant les jours de forte consommation d?électricité, dits jours PP1
et PP2 dans la nouvelle dénomination issue de la mise en place du mécanisme de capacité132.
L?EPL indique d?ailleurs que « si la limitation du pompage lors des jours PP1 et PP2 a bien été
considérée lors de l?élaboration de la courbe de gestion actuelle, pour disposer d?une courbe plus
précautionneuse, l?Etablissement ne s?interdit pas de pomper de telles journées » et ajoute « qu?il
avait été d?ailleurs donné comme consigne à l?exploitant, pour l?exercice 2021-2022, de pomper
quel que soit le tarif de l?électricité ».
La mission recommande enfin fortement à l?EPL (en liaison avec la DREAL) de se rapprocher de
Météo France pour déterminer en fonction des prévisions de cet organisme à trois mois (prévisions
tendancielles) voire à six mois (tendances saisonnières) les conditions de remplissage de
l?ouvrage : dans l?esprit de la mission, et à titre d?exemple, si au premier septembre, le niveau de
l?ouvrage est bas et si les prévisions tendancielles et les tendances saisonnières envisagent des
pluies faibles, il est souhaitable de profiter au maximum de tous les épisodes orageux survenant
dès le mois de septembre et des situations où l?Allier dépasse un débit de 4 voire 3 m3/s pour
remplir au maximum l?ouvrage ce qui peut supposer l?implantation de pompes de remplissages de
plus faible débit et la mise en place de dégrilleurs pour pourvoir profiter d?un épisode pluvieux dès
son démarrage.
La capacité globale du dispositif
a) La capacité actuelle
Les deux réservoirs de Naussac et Villerest sont gérés de manière coordonnée dans le cadre des
131 Réponses de EPL aux questions transmises par la mission le 11 mai 2022.
132 « Le mécanisme de capacité vise à assurer la sécurité d?approvisionnement électrique en France lors des
périodes de pointe hivernale. Il s?appuie sur l?obligation de couverture de la consommation en heure de pointe par
les acteurs obligés et sur la certification et la valorisation des capacités de production et d?effacement. [...] B) Les
acteurs obligés démontrent chaque année qu?ils sont en mesure de couvrir la consommation de leur périmètre
pendant les périodes de pointe hivernale. Pour cela, ils acquièrent un montant équivalent de garanties de capacité.
Les acteurs obligés sont les fournisseurs, ainsi que les gestionnaires de réseau pour leurs pertes et les
consommateurs finals, qui, pour tout ou partie de leur consommation, ne s?approvisionnent pas auprès d?un
fournisseur ». Source RTE. https://www.services-rte.com/fr/decouvrez-nos-offres-de-services/participez-au-
mecanisme-de-capacite.html
PUBLIÉ
https://www.services-rte.com/fr/decouvrez-nos-offres-de-services/participez-au-mecanisme-de-capacite.html
https://www.services-rte.com/fr/decouvrez-nos-offres-de-services/participez-au-mecanisme-de-capacite.html
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règles de gestion qui ont été présentées précédemment. Ils participent d?un dispositif unique de
soutien d?étiage de l?Allier et de la Loire.
Quelle est la capacité globale des deux réservoirs à satisfaire les objectifs de ce dispositif global ?
Ce n?est pas le cumul (317,81 Mm3) des volumes maximum d?exploitation des deux ouvrages de
Naussac (185,20 Mm3) et Villerest (132,61 Mm3). En effet, à l?intérieur du cadre défini par les
caractéristiques techniques de ouvrages, ce sont leurs règles de gestion qui définissent le volume
maximum mobilisable. Ce volume ne peut pas être obtenu par des calculs théoriques. Il se constate
par l?observation des volumes réellement délivrés sur des périodes comportant des contextes
climatiques et hydrologiques suffisamment variés. On observe ainsi que ce volume délivré a évolué
au fil du temps au fur et à mesure de la définition des règles de gestion.
La mission a cherché à estimer ce volume maximum mobilisable, comme le plafond, période par
période, du volume réellement délivré pendant la période de soutien d?étiage. Selon les années
celui-ci :
Se limite au cumul du soutien délivré par Naussac et Villerest ;
Ou voit s?ajouter au cumul du soutien, les volumes déstockés pour abaisser le niveau de
l?un ou l?autre des réservoirs, pendant la période où peut intervenir un soutien d?étiage,
pour inspection, travaux ou, sur Villerest, pour respecter le creux automnal133.
Figure 33 : Réservoirs de Naussac et Villerest ? évolution du volume maximum mobilisable pour le soutien
d?étiage de l?Allier et de la Loire
Source : calculs mission à partir de données EPL
A la lecture du graphique ci-dessus, on retrouve les trois périodes mises en évidence dans l?analyse
des OSE :
La période 1985-1990 qui est celle de la découverte des difficultés d?une gestion
scrupuleusement respectueuse des règlements d?eau : il faudra attendre 5 ans pour
pouvoir remplir à nouveau le réservoir de Naussac après avoir servi l?OSE de Gien à 60
m3/s pendant toute la campagne d?étiage 1989. Cette expérience douloureuse conduit à
l?invention de la modulation de l?OSE de Gien et au lancement du projet de pompage dans
133 Les volumes déstockés pour ramener le niveau d?un réservoir à sa cote maximale en cas de pluie printanière
ou estivale précédant la campagne de soutien d?étiage et ceux déstockés à Villerest en cas de survenue d?un risque
de crue ne sont pas pris en compte dans cette approche. Les volumes d?abaissement de Villerest figurant dans ce
graphique peuvent donc, certaines années être inférieurs à ceux figurant dans le graphique rendant compte des
composantes du soutien du débit de la Loire par le réservoir de Villerest.
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Naussac soutien Villerest soutien Naussac abaissement
Villerest abaissement Volume maximum mobilisable
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hydroélectriques pour le soutien d?étiage sur le bassin de
Loire-Bretagne
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l?Allier qui sera mis en service en 1998 ;
La période 1990-2005 qui confirme que le pompage dans l?Allier ne prémunit pas contre
les difficultés de remplissage de Naussac : il faut 3 ans pour retrouver un réservoir rempli
après l?avoir vidangé totalement en 2005 pour y réaliser des travaux d?étanchéité. Cette
durée aurait pu même être plus longue si les années 2007 et 2008 n?avaient pas été des
années humides sollicitant très peu Naussac et pas du tout Villerest. Cette expérience a
débouché sur les règles actuelles de modulation de l?OSE de Gien et d?appel à Naussac
en renfort de Villerest pour le service de cet OSE.
La période actuelle qui dure depuis 2006.
Il est intéressant de noter que le volume maximal délivré sur chacune de ces trois périodes n?a
cessé de baisser :
260 Mm3 en 1989, pendant la 1ère période, entraînant un niveau trop bas du réservoir de
Naussac pour pouvoir le remplir à nouveau avant la campagne suivante de soutien
d?étiage ;
234 Mm3 en 2003, année de sécheresse et de vidange de Naussac pour inspection134,
pendant la seconde période ;
210 Mm3 en 2019, année de sécheresse, pour la période actuelle, qui se décompose en
environ 118 Mm3 en provenance de Villerest et 92 Mm3 en provenance de Naussac135.
Les travaux techniques de Naussac 2 n?ont pas augmenté le volume maximal mobilisable. Ils ont
évité que des règles de gestion encore plus draconiennes ne le fassent baisser encore plus.
Au terme de cette analyse, la mission estime que le volume maximal mobilisable dans les deux
réservoirs, défini par les règles de gestion actuelles, est de l?ordre de 210 Mm3.
Cet ordre de grandeur peut également se retrouver en considérant que le volume mobilisable une
année donnée est la somme de la capacité utile de Villerest136 (environ 120 Mm3) et d?une quantité
en provenance de Naussac égale à son remplissage moyen en période de forte sollicitation du
réservoir137. La dernière période pouvant être prise en référence est 2016-2020 :
La première phase de l?étude HMUC du Haut-Allier et de l?Allier aval indique qu?en
moyenne de 2016 à 2019, le volume prélevé dans le milieu naturel a approché les
100 Mm3/an. Ce chiffre, supérieur aux volumes entrant en moyenne dans le barrage de
1994 à 2019, s?explique par le fait que le réservoir de Naussac avait besoin d?un fort
remplissage durant les années 2016-2019 si bien que la dérivation du Chapeauroux n?a
pas été fermée138 , le remplissage n?a pas été arrêté au milieu de la période de remplissage
et le pompage a été légèrement plus élevé.
De façon plus précise, le remplissage de Naussac entre deux périodes d?étiage a atteint
134 Le volume de 234 Mm3 ne prend pas en compte les lâchures réalisées après la fin de la campagne de soutien
d?étiage pour abaisser le niveau d?eau aux fins d?inspection.
135 Durant le mois d?août 2019, les épisodes pluvieux ont conduit à un remplissage de Villerest d?environ 30 Mm3,
ce fait qu?à la fin de la période d?étiage de 2019, qui est intervenue mi-octobre, il restait encore un peu plus de
50 Mm3 dans la retenue. Impacts socio-économiques du soutien d?étiage de l?allier et de la Loire par les barrages
de Naussac et de Villerest (Période de référence 2019)
136 Définie comme le volume maximum estival (132,61 Mm3) diminué du niveau le plus bas de la courbe plancher
(13 Mm3) en dessous de laquelle le soutien à l?OSE de Gien est interrompu
137 Le remplissage du réservoir est limité par sa cote estivale maximale (185,20 Mm3). Après une campagne de
faible soutien, le complément à stocker en hiver peut être faible ce qui permet de ne pas pomper dans l?Allier voire
de fermer la dérivation à partir du Chapeauroux.
138 « Sur les 30 ans d?exploitation de la dérivation, celle-ci a été fermée environ 15 % du temps pour cause de
retenue de Naussac pleine »,.Valorisation de l?aménagement de Naussac par l?implantation d?une microcentrale
dans le canal de dérivation du Chapeauroux, https://www.eptb-loire.fr/wp-content/uploads/2016/06/Pt-7.pdf
PUBLIÉ
https://www.eptb-loire.fr/wp-content/uploads/2016/06/Pt-7.pdf
Novembre 2022 Les conditions de mobilisation des retenues
hydroélectriques pour le soutien d?étiage sur le bassin de
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entre 2016 et 2019, quand il n?a pas été limité par l?atteinte précoce du niveau maximal :
? 20 Mm3 en provenance du Donozau ;
? 52 Mm3 du Chapeauroux (chiffres correspondant à la moyenne 2016-2020);
? 23 Mm3, aujourd?hui en provenance de l?Allier.
Ceci voudrait dire qu?en année moyenne, le remplissage de Naussac pourrait atteindre en ordre
de grandeur 90 Mm3, On retrouve ainsi l?idée que, dans les conditions actuelles et en l?absence de
pluie durant la période d?étiage, le système Naussac Villerest peut déverser environ 210 Mm3 par
an sans compromettre la gestion pluriannuelle de Naussac139.
b) La capacité future
Les propositions effectuées dans le chapitre 2 de mise en place d?une réserve automnale et d?une
amélioration du pompage dans l?Allier pour remplir le réservoir de Naussac permettraient en ordre
de grandeur d?améliorer ce volume maximal mobilisable :
d?environ 30 Mm3 à capacité de remplissage de Villerest inchangée ;
de 10 à 20 Mm3 supplémentaire à partir de Naussac en cas d?amélioration du remplissage
de réservoir.
Ces ordres de grandeur méritent d?être précisés à l?aide d?un modèle hydrologique du bassin dans
une vision pluriannuelle de la gestion des ouvrages et des conditions météorologiques. Cette
modélisation devra prendre en compte la possibilité d?un automne et d?un hiver secs, durant
lesquels le remplissage sera beaucoup plus faible à l?image de celui de 2022 : entre 20 et 40 Mm3
suivant la disponibilité des groupes, la possibilité de prélever de l?eau dans l?Allier en début
d?épisode pluvieux et l?existence ou non d?un pompage possible à faible débit.
Le financement du soutien d?étiage
Le soutien d?étiage assuré par l?EPL n?est pas financé, comme le reste de ses autres missions, par
des contributions de ses membres. Il est financé depuis 2007 par des redevances perçues auprès
des usagers qui prélèvent de l?eau dans la Loire ou l?Allier à l?aval des deux ouvrages. Pour ce faire
l?établissement établit un budget annexe incluant :
les dépenses d?exploitation, d?entretien et d?aménagement, y compris les dotations aux
amortissements, des réservoirs de Naussac (à 100 %) et de Villerest (à 80 % pour tenir
compte de son rôle d?écrêtement des crues financé sur le budget principal de l?EPL) ;
les dépenses opérationnelles du siège (outils et réseaux de mesure et personnels) du siège
à hauteur de 20 %.
Le financement du soutien d?étiage s?appuie sur un double fondement juridique :
la possibilité ouverte par les articles L. 151-36 et L. 151-37 du code rural et de la pêche
maritime de faire participer les bénéficiaires de travaux entrepris par des collectivités ou
groupements de collectivités « aux dépenses de premier établissement, d'entretien et
d'exploitation des ouvrages » réalisés ;
la qualification du soutien d?étiage comme service d?intérêt général au sens de l?article L.
211-7 du code de l?environnement lequel permet aux collectivités, à leur groupements et
aux établissements publics territoriaux de bassin, de mettre en oeuvre les articles L. 151-
36 à L. 151-40 du code rural et de la pêche maritime pour entreprendre l'étude, l'exécution
et l'exploitation de tous travaux, actions, ouvrages ou installations présentant un caractère
d'intérêt général dans le cadre d?un schéma d'aménagement et de gestion des eaux (SAGE)
139 Un déversement de 90 Mm3 deux années de suite
PUBLIÉ
Novembre 2022 Les conditions de mobilisation des retenues
hydroélectriques pour le soutien d?étiage sur le bassin de
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et visant notamment l?exploitation, l'entretien et l'aménagement d'ouvrages hydrauliques
existants.
Pris sur ces fondements, l?arrêté interpréfectoral du 10 novembre 2006 « déclare d?intérêt général
l?exploitation, l?entretien et l?aménagement par l?Etablissement Public Loire des barrages-réservoirs
de Naussac [... ] et de Villerest [... ], pour le soutien des étiages de l?Allier et de la Loire destiné à
améliorer les possibilités de prélèvement dans ces cours d?eau et leurs nappes
d?accompagnement ». L?EPL souligne que ces rédactions permettent l?intégration de toutes les
dépenses liées à l'exploitation des ouvrages, y compris les dépenses d'investissement ou
d'exploitation peu courantes
Dans ce cadre, la redevance est assise « sur le volume "prélevable" par chaque usager, lui-
même défini comme le plus grand volume prélevé par l'usager au cours des trois dernières
années »140. L?article deux de l?arrêté précise que le produit de la redevance est exclusivement
affecté au financement des dépenses relatives à l?exploitation, l?entretien et l?aménagement
des barrages de Naussac et de Villerest pour le soutien des étiages de l?Allier et de la Loire.
A ces volumes s?appliquent trois coefficients :
un coefficient géographique qui module la redevance en fonction du lieu du prélèvement :
1 en amont du bec de Vienne et 0,5 en aval ;
un coefficient d?étiage qui module la redevance en fonction de la période pendant laquelle
les prélèvements sont effectués : 0,5 pour l?AEP et les usages industriels, 1 pour les
prélèvements pour les usages agricoles ;
et un coefficient dit « d?usage » dont la modulation n?est pas expliquée : 1 pour l?AEP, 0,8
pour l?usages industriel et 0,4 pour l?usage agricole.
Cette redevance payée par 364 usagers fluctue autour de 3,7 M¤ depuis 2007. Le « coût » moyen
par m3 prélevable varie, selon les situations considérées, de 0,2 à 0,5 centimes d?euros. A titre de
comparaison, sur le bassin Adour-Garonne, l?Agence de l?eau estime que la tarification perçue
auprès des usagers est, lorsqu?elle existe, en moyenne de l?ordre de 2,2 c¤/m3 prélevés en
irrigation, 2,4 c¤/m3 prélevé en AEP, et 1,5 c¤/m3 prélevé en industrie. Pour le soutien d?étiage en
provenance des ouvrages hydroélectriques, les dépenses totales (sans intégrer d?éventuelles
subventions publiques), ramenées au m³ mobilisable, varient en Adour Garonne de 0 à 9 c¤/m3
lâché/an, soit une moyenne de l?ordre de 4 c¤/m3 lâché/an
Figure 34 : Soutien d?étiage de l?Allier et de la Loire ? comparaison consommations / redevances par
catégories d?usages
140 Réponses de l?Etablissement public Loire aux questions transmises par la mission le 11 mai 2022.
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Répartition des consommations nettes sur 5 mois
d'étiage en 2019
irrigation EDF canaux eau potable autres usages économiques
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répartition de la redevance 2021 par catégories
d'usages
usage agricole usage industriel AEP
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hydroélectriques pour le soutien d?étiage sur le bassin de
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Source : données EPL
La mission note que la comparaison entre la répartition de la charge de cette redevance entre
catégories de bénéficiaires141 et celle des consommations nettes d?eau sur les cinq mois d?étiage
de l?année 2019 dans les sous-bassins réalimentés par les réservoirs de Naussac et Villerest142
fait apparaître un écart considérable.
Trois facteurs peuvent expliquer cette distorsion :
Le lissage sur trois ans pour le calcul des redevances ;
L?effet de seuil qui exonère les petits préleveurs (notamment les petits irrigants) de toute
redevance ;
Le coefficient d?usage qui joue à l?inverse de l?impact des prélèvements. S?il devait refléter
les consommations nettes il suivrait une hiérarchie inverse : 1 pour les usages agricoles,
0,3 pour les usages industriels et 0,1 pour l?AEP.
141 Réponses de l?Etablissement public Loire aux questions transmises par la mission le 11 mai 2022.
142 Etablissement public Loire « impacts socio-économiques du soutien d?étiage de l?Allier et de la Loire par les
barrages de Naussac et Villerest (période de référence 2019), rapport final - décembre 2020
PUBLIÉ
Novembre 2022 Les conditions de mobilisation des retenues
hydroélectriques pour le soutien d?étiage sur le bassin de
Loire-Bretagne
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Annexe 4 Le complexe de Montpezat
Elaboré à partir de 1941, l?aménagement de Montpezat a été déclaré d?utilité publique en 1949. Sa
réalisation s?est achevée en 1954. Trois barrages, situés à plus de 1 000 m d?altitude, stockent les
eaux dans 3 retenues :
- le lac naturel d?Issarlès, alimenté par le barrage de la Veyradère ;
- la retenue du barrage de La Palisse, alimenté par la Loire et le Vernazon ;
- la retenue du barrage du Gage, alimenté par le Gage et le Tauron.
Figure 35 : Schéma de l?aménagement de Montpezat
Source : EDF
PUBLIÉ
Novembre 2022 Les conditions de mobilisation des retenues
hydroélectriques pour le soutien d?étiage sur le bassin de
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Ces 3 réservoirs communiquent entre eux grâce à un réseau de galeries de près de 25 km. L?eau
est acheminée vers l?usine souterraine de Montpezat par l?intermédiaire de ces galeries, se
terminant par une conduite forcée de 1,4 km et de 635 m de dénivelé.
L?aménagement de Montpezat occupe une place particulière au sein du parc hydroélectrique du
bassin Loire Bretagne : avec sa hauteur de chute de 638 m et sa puissance de 132 MWe, il en
constitue en effet l?ouvrage le plus puissant. La valorisation du m3 d?eau ainsi utilisée est donc
particulièrement élevée.
Outre la production d?électricité, le complexe de Montpezat assure également des fonctions
d?amélioration de la qualité des cours d?eau, d?approvisionnement pour l?eau potable et l?irrigation
cruciales pour le développement des territoires du Sud-Ardèche. Ces fonctions sont assurées via
un soutien d?étiage de l?Ardèche via la Fontaulière et un soutien de la Loire.
Sur la Loire amont, EDF doit, au titre du cahier des charges de Montpezat de 1949, un régime
garanti centré autour de 1 m3/s du 15 juin au 15 septembre dans la Loire au Pont de la Borie sur
la commune de Lachapelle-Graillouse. Une convention intervenue en 1984 entre EDF et le
Syndicat départemental d?équipement de l?Ardèche (SDEA) pour la construction du barrage de
Pont-de-Veyrières sur la Fontaulière introduit un soutien d?étiage de l?Ardèche via la Fontaulière du
15 juin au 15 septembre. Le régime de ce soutien d?étiage est défini dans les consignes
d?exploitation de la centrale hydroélectrique. La version en vigueur de ces consignes a été
approuvée par arrêté préfectoral du 6 juillet 1998. Aux termes de celles-ci, le débit délivré sur la
Fontaulière vise à assure un débit sur l?Ardèche à Vogüé compris entre 2,5 et 3,75 m3/s en fonction
du remplissage au 1er juillet des retenues du complexe de Montpezat. La réserve d?eau pour ce
double soutien d?étiage est constituée, à titre principal, sur les retenues du Gage et de La Palisse
(totalité de leur volume utile soit 10,8 Mm3), le lac d?Issarlès y contribuant plus modestement (à
hauteur de 1,3 Mm3) à partir du 1er septembre du fait d?une cote touristique résultant de son arrêté
de classement de 1935. Le soutien d?étiage est assuré prioritairement sur la Loire et, en fonction
des disponibilités, sur l?Ardèche.
EDF assurant en toutes circonstances un débit
d?1 m3/s au Pont de la Borie, le volume délivré sur
la Loire pendant les 3 mois d?étiage (15 juin ? 15
septembre) est de 7,9 Mm3 : une partie provient
des débits entrant dans les ouvrages et le
complément est assuré par prélèvement sur les
retenues de Montpezat. Seul ce complément
constitue un soutien d?étiage au sens strict.
Côté Ardèche, le volume délivré provient
intégralement des retenues de Montpezat ; le
débit étant adapté en fonction du stock dans les
retenues et à l?objectif de débit à Vogüé. Depuis
l?an 2000, le soutien d?étiage au sens strict
s?établit ainsi :
en moyenne à 9,8 Mm3, dont 1 Mm3 pour
la Loire (10 %) et 8,8 Mm3 pour l?Ardèche
(90 %) ;
dans une fourchette comprise entre 4,9 et
12,14 Mm3 au total ;
et dans une fourchette comprise entre 0 et
3,1 Mm3 (soit entre 0 et 27 %) pour la
Loire.
Figure 36 : Montpezat ? volume délivrés à la Loire
en étiage au titre du débit garanti
Figure 37 : Montpezat ? répartition du soutien
d'étiage entre la Loire et l'Ardèche
Données : Source EDF
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soutien d'étiage Loire soutien d'étiage Ardèche
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Lorsqu?on prend en compte l?ensemble de l?eau disponible durant la période estivale en cumulant
l?eau présente au début de l?été dans le stockage et les débits entrants, le volume déversé en
période de soutien d?étiage à partir de Montpezat vers l?Ardèche (8,8 Mm3) est quasiment similaire,
en moyenne, aux volumes assurés à la Loire par le débit garanti dont elle bénéficie (8 Mm3).
PUBLIÉ
Novembre 2022 Les conditions de mobilisation des retenues
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Annexe 5 Evolutions sur longue période des
débits d?été et d?automne
La mission a calculé, à partir des données de la banque Hydro, les débits décennaux mensuels
moyens143 pour les mois de juin à novembre sur les principaux points nodaux du bassin de la Loire.
Le recours à des moyennes décennales présente l?intérêt de limiter l?expression de la variabilité
interannuelle de ces débits.
Seuls quelques points nodaux disposent d?une chronique longue et continu. Lorsqu?elle l?a pu, la
mission a analysé les données des 70 dernières années afin de disposer de 60 moyennes
décennales. Sur certains points elle a dû se contenter de chroniques plus courtes.
Les analyses réalisées mettent en évidence une évolution partagée par l?ensemble de ces points
situés sur la Loire et sur les sous-bassins de ses deux principaux affluents en rive Sud : l?Allier et
la Vienne.
A Montjean, à partir du début des années 2000, le débit mensuel moyen du mois d?octobre rejoint
celui du mois de juillet et se rapproche des débits traditionnellement faibles des mois d?août et
septembre. En outre, le mois de septembre est devenu le mois où les eaux sont les plus basses.
Evolution des débits décennaux mensuels moyens de la Loire à Montjean
Données source Hydroportail
Les parties en tiretés des courbes représentent la période de transition liée à la mise en place du soutien d?étiage
par les réservoirs de Naussac et Villerest.
Une proximité entre les débits de ces quatre mois s?est déjà observée pendant les années 70,
pendant une période plus courte. A cette époque le débit de la Loire n?était pas soutenu.
La convergence actuelle s?en différencie sur trois points :
Sa durée : elle s?observe depuis une vingtaine d?années ;
Le remplacement du mois d?août par le mois de septembre comme mois de plus faibles
débits ;
143 Calculés comme la moyenne sur 10 ans d?un débit mensuel moyen
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Et le niveau inférieur des débits mesurés, alors même qu?ils sont soutenus.
Cette évolution s?observe aussi sur le cours de la Loire en amont de Montjean (à Gien et Nevers)
ainsi que sur le cours de l?Allier (à Vic-le-Comte et à Vieille-Brioude) et sur celui de la Vienne (à
Ingrandes et à Etagnac), en des points nodaux où les débits sont soutenus. Elle s?observe
également sur la Loire à Bas-en-Basset et sur la Creuse à Leugny, en des points nodaux où les
débits ne sont pas soutenus.
Figure 38 : Evolution des débits décennaux
mensuels moyens de la Loire à Gien
Figure 39 : Evolution des débits décennaux
mensuels moyens de la Loire à Nevers
Figure 40 : Evolution des débits décennaux
mensuels moyens de l?Allier à Vic-le-Comte
Figure 41 : Evolution des débits décennaux
mensuels moyens de l?Allier à Vieille-Brioude
Figure 42 : Evolution des débits décennaux
mensuels moyens de la Vienne à Ingrandes
Figure 43 : Evolution des débits décennaux
mensuels moyens de la Vienne à Etagnac
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Figure 44 : Evolution des débits décennaux
mensuels moyens de la Loire à Bas-en-Basset
Figure 45 : Evolution des débits décennaux
mensuels moyens de la Creuse à Leugny
Données source Hydroportail
Les parties en tiretés des courbes représentent la période de transition liée à la mise en place d?un soutien
d?étiage
Cette analyse conduit à penser que cette large partie du bassin de la Loire (le fleuve et tous ses
affluents qui trouvent leur source dans le Massif Central) ont connu une transition d?un régime
estival à un régime estivo-automnal qui s?est installée depuis le début des années 2000. Cette
transition, dans sa double composante : extension au mois d?octobre et baisse des débits, met en
tension la préservation de la qualité des milieux, les usages et le soutien d?étiage.
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Annexe 6 Le changement climatique sur le bassin
Loire-Bretagne
Cadre général de l?évolution du climat
Le Groupe intergouvernemental d?experts sur l?évolution du climat (GIEC) a publié le 9 août 2021
la première partie de son sixième rapport d?évaluation (AR6)1. Dans la lignée des précédentes
publications144, il confirme la réalité et l?intensité des changements climatiques, passés et à venir.
Dans son approche, le GIEC fait état de quatre scénarios socio-économiques « Representative
Concentration Pathway » (RCP) fondés sur diverses hypothèses de développement économique
futur avec ses conséquences sur l?environnement. Les trajectoires RCP sont exprimées en forçage
radiatif (en Watts par mètre carré), c?est à dire la différence entre l?énergie radiative reçue et
l?énergie radiative émise par le système climatique. Les quatre RCP sont nommées en fonction de
l?augmentation du forçage radiatif en 2100 par rapport à l?année 2000 : + 2,6 W.m² pour RCP 2.6,
+ 4,5 W.m² pour RCP 4.5, + 6,0 W.m² pour RCP 6.0 et + 8,5 W.m² pour RCP 8.5.
Figure 46 : Trajectoires RCP
Source : https://climessences.fr/modele-iks/donnees-climatiques/les-trajectoires-rcp
Le RCP2.6 décrit un monde vertueux, très sobre en émissions de gaz à effet de serre, dans lequel
le réchauffement global reste inférieur à 2 °C par rapport aux températures préindustrielles. C'est
le seul parmi les quatre scénarios qui respecterait l'accord international de Paris sur le changement
climatique approuvé en décembre 2015. Le RCP8.5 décrit quant à lui un futur excluant toute
politique de régulation du climat, menant à environ 5 °C de réchauffement global d?ici la fin du
144 On trouvera l?ensemble des contributions du GIEC sur le site www.ipcc.ch
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http://www.ipcc.ch/
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siècle. Les scénarios RCP4.5 et RCP6.0 décrivent des voies intermédiaires, dans lesquelles les
émissions continuent de croître pendant quelques décennies, se stabilisent avant la fin du XXIe
siècle, puis décroissent à un rythme plus modéré que dans le RCP2.6.
Figure 47 : Projection de la variation de température moyenne mondiale suivant différents scénarios
Source : GIEC, 1er groupe de travail, 2013
Si l?évolution du climat est un phénomène mondial, les déclinaisons locales sont à préciser à
différents pas de temps et échelles spatiales par des études tenant compte de paramètres comme
la latitude, la proximité d?océans, les vents dominants et le relief. Pour la France, le site Drias les
futurs du climat145 a pour vocation de mettre à disposition des projections climatiques régionalisées
réalisées dans les laboratoires français de modélisation du climat. Sont fournies les projections de
températures, précipitations, nombre de jours de gel, nombre de jours de vague de chaleur, indice
de sécheresse des sols.
Plus précisément, les premières données climatiques mises en ligne sur le portail Drias nommé
«EURO-CORDEX » dataient de 2014 et intégraient les scenarios RCP 4,5 et RCP 8,5 avec des
projections milieu et fin de siècle. Elles sont issues du projet européen du même nom EURO-
CORDEX, qui fournit des projections climatiques à 12 km de résolution sur toute l?Europe. Cet
ensemble est composé de douze simulations, qui ont été corrigées et régionalisées sur une grille
de 8 km de résolution sur la France. Drias 2020 a bénéficié de 6 années de plus que Drias 2014
et comporte davantage de simulations ainsi que des corrections de certaines anomalies. Le
scenario RCP 2,6 a été rajouté mais pas le RCP 6.
Bien entendu, ces projections restent entachées d?incertitudes d?autant plus grandes que l?horizon
vers lequel on se projette est éloigné. Concernant les débits des cours d?eaux, cette incertitude est
particulièrement importante car aux incertitudes climatiques se rajoutent celles liées à
l?écoulements des eaux.
De manière générale, les modèles climatiques montrent que les évolutions en cours sont à peu
près les mêmes jusqu?à l?horizon du milieu de siècle, quels que soient les scénarios du GIEC pris
en compte, les divergences se manifestant significativement qu?au-delà de 2050. Aussi, le choix
est fait dans ce rapport de ne pas se projeter au-delà de cet horizon de milieu de siècle, sachant
que l?impact du changement climatique sera bien plus fort dans la deuxième partie de ce siècle
145 Voir www.drias-climat.fr Initié en 2009 et inscrit au Plan National d?Adaptation au Changement Climatique, le
projet DRIAS « Donner accès aux scénarios climatiques Régionalisés français pour l'Impact et l'Adaptation de nos
Sociétés et environnement » a bénéficié d'un important soutien du ministère en charge du Développement durable.
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http://www.drias-climat.fr/
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mais dans des proportions aujourd?hui difficiles à quantifier.146
Une évolution des températures qui affecte les ressources en eau et impacte les
consommations
La température est la variable pour laquelle les effets du changement climatique sont les plus
marqués et pour laquelle l?ensemble des simulations climatiques convergent, même si des
différences d?amplitude peuvent être observées entre les différents modèles. Cette augmentation
est déjà en cours et nettement perceptible par tout un chacun notamment du fait des périodes de
canicules à répétition que peut constater ces dernières années en été. Ainsi, à 2,3°C au-dessus
des normales de la période 2020, l?été 2022 s?installe à la deuxième place des étés (juin ? juillet -
août en météorologie) les plus chauds en France métropolitaine depuis le début des mesures en
1900. Il n?est devancé que par l?été 2003 (2,7°C au-dessus des normales).
Evolution des températures moyennes quotidiennes à l?horizon 2041-2070
Source : portail « Drias ? les futurs du climat »
À l?horizon 2050, l?ampleur de la hausse attendue en France dépend de la trajectoire d?évolution
146 Explore 2 donnera davantage de précisions pour la France à cet horizon
PUBLIÉ
Novembre 2022 Les conditions de mobilisation des retenues
hydroélectriques pour le soutien d?étiage sur le bassin de
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des émissions au niveau mondial. Dans le référentiel climatique 2050 RCP4.5, la température
moyenne France augmente de 1,6°C par rapport au référentiel 2000, tandis que l?augmentation
atteint 2°C dans le référentiel 2050 RCP8.5.
Les cartes ci-dessus présentent une projection de la température moyenne quotidienne pour tous
les jours de l?année avec le modèle de Météo France, à moyen terme (2041-2070), pour les trois
scénarios (baisse, stabilisation, non maîtrise des émissions de GES). Les cartes sur la gauche
donnent la situation de référence (période 1976-2005). On observe que le nord-ouest du bassin
est moins touché par la hausse de la température moyenne de l?air, de même que la pointe sud-
est (sauf dans le scénario le plus pessimiste). Ailleurs, sur le sud des Pays de la Loire, le Poitou-
Charentes, le Centre-Val de Loire, la Bourgogne, il faut s?attendre à des hausses plus importantes
(de l?ordre de 2°C).
Selon de nouvelles projections climatiques publiées dans la revue Earth System Dynamics le 4
octobre 2022147, le réchauffement pourrait être jusqu?à 50 % plus intense au cours du siècle que
ce que montraient les précédentes estimations (+ 3,8 °C en 2100 par rapport à 1900 contre +2 °C
précédemment dans le scénario d?émissions « intermédiaires » de GES). Le réchauffement sera,
dans tous les cas, plus fort l?été que l?hiver. Les étés pourraient ainsi être en moyenne 5,10 °C plus
chauds par rapport à 1900, dans le scénario intermédiaire. A titre de comparaison, l?été 2022, le
deuxième plus chaud jamais observé en France après celui de 2003, a marqué un écart de + 4°C
par rapport à 1900. Pour parvenir à ces résultats, les chercheurs ont développé une nouvelle
méthodologie, couplant la dernière génération de modèles de climat aux observations du passé,
au lieu de s?en tenir uniquement aux simulations climatiques. Cette méthodologie a été utilisée
dans le rapport du GIEC publié en août 2021. Mais c?est la première fois que l?exercice est décliné
à l?échelle française. Nous ne disposons cependant pas encore de résultats plus précis découlant
de cette étude à l?échelle du bassin Loire-Bretagne.
L?augmentation des températures extrêmes porte préjudice à l?agriculture tant pour les productions
végétales qu?animales et va dans le sens de demandes d?accès à des ressources en eau pour
limiter les dégâts (irrigation, abreuvement).
Les demandes de consommations d?eau des usagers domestiques (eau potable pour usages
sanitaires, piscines et équipements de loisirs aquatiques) sont aussi accrues lors des fortes
températures, sans compter les besoins pour la sécurité publique (risque incendie).
L?augmentation de la température des eaux fluviales servant de source froide compromet le
refroidissement des CNPE en circuit ouvert (mais sans incidence en cas de refroidissement par
tour aéroréfrigérante ce qui est le cas des centrales de bord de Loire et de la Vienne).
Un certain nombre d?études ont d?ores et déjà mis en évidence l?effet d?une augmentation de la
température sur les peuplements piscicoles148. En effet, la température de l'eau agit directement
et indirectement sur de nombreuses fonctions chimiques (concentration en oxygène dissous,
viscosité, diffusivité) et biologiques (métabolisme des végétaux et animaux). Aussi, l?évolution de
certains caractères physiologiques en réponse à une augmentation de la température de l?eau
engendre des modifications au niveau de la reproduction, de la croissance et des rythmes
saisonniers. En outre, certaines espèces se déplacent le long du cours d?eau en étendant leur
limite supérieure lorsque le déplacement n?est pas contraint par d?autres facteurs comme les seuils
ou les barrages. Ces déplacements entrainent une modification de la composition des
communautés piscicoles avec pour conséquence une variation de la richesse spécifique et du
nombre d?espèces dominantes.
147 Aurélien Ribes et al., An updated assessment of past and future warming over France based on a regional
observational constraint, Earth Syst. Dynam., 13, 1397?1415, 2022.
148 Source : Florence Baptist, Nicolas Poulet & Nirmala Séon-Massin (coordinateurs), 2014. Les poissons d'eau
douce à l'heure du changement climatique : état des lieux et pistes pour l'adaptation. Onema. Collection
Comprendre pour agir. 128 pages.
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Novembre 2022 Les conditions de mobilisation des retenues
hydroélectriques pour le soutien d?étiage sur le bassin de
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La qualité des eaux des retenues risque aussi d?être dégradée du fait de l?élévation de température
qui favorise le développement de cyanobactéries dans les eaux stagnantes contenant par ailleurs
de fortes concentrations en nutriments (phénomène d?eutrophisation). Il s?en suit des restrictions
sanitaires à l?usage des eaux de baignade, de consommation d?eau potable voire d?abreuvement
du bétail et de consommation de poisson du fait de la présence de cyanotoxines pouvant conduire
à divers symptômes (gastro-entérite, démangeaisons, rougeurs, conjonctivite, vertiges, altérations
des sensations) 149.
Des périodes sèches plus longues et plus marquées et des épisodes intenses plus
nombreux dans une pluviométrie annuelle équivalente
A l?horizon 2050, selon que les émissions de GES sont plus ou moins maîtrisées, les projections
Drias 2020 aboutissent à une légère augmentation ou une baisse du cumul annuel des
précipitations dans la partie Nord de la France.
Figure 48 : Evolution des précipitations à l?horizon 2041-2070
Source : portail « Drias ? les futurs du climat »
149 Voir www.anses.fr/fr/content/les-cyanobactéries-le-point-en-10-questions
PUBLIÉ
Novembre 2022 Les conditions de mobilisation des retenues
hydroélectriques pour le soutien d?étiage sur le bassin de
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L?augmentation des températures conduit à davantage de vapeur d?eau contenue dans
l?atmosphère, aussi les modèles indiquent qu?il faut s?attendre à ce qu?il y ait 1 à 3 jours par an
supplémentaires de fortes précipitations (plus de 20 mm/jour). Ces fortes précipitations ruissellent
sur les sols, particulièrement lorsqu?ils sont asséchés en période estivale, au détriment de
l?infiltration et de l?humectation en profondeur des sols. Il faut donc s?attendre à davantage
d?inondations ou coulées de boues à l?avenir.
Figure 55 : Intensité des canicules ? comparaison climat actuel / horizon 2050 RCP4.5
Source : RTE « Futurs énergétiques 2050 »
La durée des évènements chauds tendra également à s?accroitre. Dans certains cas extrêmes, les
vagues de chaleur pourront s?étaler sur plusieurs semaines consécutives exacerbant ainsi les
effets de la sécheresse.
Une hydrologie confrontée à une baisse des débits d?étiage et une augmentation des
températures de l?eau sur des périodes plus étendues
Concernant l?hydrologie dont les prévisions sont plus délicates encore que pour les températures
ou les précipitations, les projections dont nous disposons à l?heure actuelle donnent des résultats
assez contradictoires et donc difficilement exploitables pour les besoins d?une analyse quantitative.
Étude ICC-Hydroqual (Impact du Changement Climatique sur l'hydrosystème
Loire : HYDROlogie, Régime thermique, QUALité des eaux)
Ce projet financé par l?EPL, le Plan Loire Grandeur Nature et le FEDER était mis en oeuvre par
l?Université François Rabelais de Tours, l?UMR150 Sisyphe, le BRGM151 et le CEMAGREF152. Le
rapport a été publié en 2010, il décrit l'évolution des caractéristiques du climat (précipitation et
température) et du régime hydrologique du bassin hydrographique de la Loire en amont de
Montjean au cours du XXIe siècle. Elle prend en compte le seul scénario A1B du 4e rapport du
GIEC (équivalent du RCP 6,0) et se projette en milieu et fin de siècle.
150 Unité mixte de recherche
151 Bureau de recherches géologiques et minières
152 Centre d?étude du machinisme agricole, du génie rural, des eaux et forêts
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Novembre 2022 Les conditions de mobilisation des retenues
hydroélectriques pour le soutien d?étiage sur le bassin de
Loire-Bretagne
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ICC-Hydroqual montre une tendance à une diminution de la ressource en eau avec des étiages
plus sévères. Les durées de faibles débits seraient parfois fortement accrues, ces changements
affectant l?ensemble des bassins versants de manière homogène. Cette modification profonde
serait due à l?augmentation des pertes par évapotranspiration et des précipitations totales
globalement à baisse (légère augmentation des précipitations au printemps compensée par une
forte diminution le reste de l?année). Le Plan d?adaptation au changement climatique de l?Agence
de l?eau Loire-Bretagne fait référence aux résultats d?ICC-Hydroqual en mentionnant « une baisse
des débits des cours d?eau tout au long de l?année avec une plus forte proportion en période
estivale. Les débits moyens et les débits d?étiage diminueraient de 25 à 40 %. »
Explore 2070
Porté par la direction de l?eau et de la biodiversité du ministère en charge de l?écologie, ce projet
s?est déroulé de juin 2010 à octobre 2012. Il s?appuie comme ICC-Hydroqual sur le seul scénario
A1B du 4e rapport du GIEC et utilise 7 projections dont 6 sont communes avec celles utilisées par
l?étude ICC-Hydroqual plus une de Météo-France. Explore 2070 produit des données à l?horizon
milieu de siècle seulement (2046-2065). Le calcul de l?évolution des débits (réalisé avec le modèle
hydrologique SIM2 de Météo France et le modèle GR4J d?IRSTEA) est disponible sur 853 stations
en France sur le portail Drias.
L?étude Explore2070 conclut à une baisse globale du débit moyen annuel sur toute la métropole,
à l?exception des affluents rive droite du bas Rhône, sur laquelle les différentes projections sont en
désaccord. La cause prépondérante de cette baisse est l'augmentation significative de
l'évapotranspiration potentielle, trouvée sur tout le territoire par l'ensemble des modèles
climatiques. Cette augmentation, couplée à une baisse des cumuls de précipitations annuelles sur
la majeure partie du territoire, induit une augmentation de l'aridité des bassins versants. Cela
s'accompagne d'une baisse générale de la productivité des bassins versants. Pour une majorité
de points, le débit moyen annuel pourrait baisser de l?ordre de 10 à 40 %.
Le Plan d?adaptation au changement climatique de l?Agence de l?eau Loire-Bretagne fait référence
aux résultats d?Explore2070. Il mentionne que « pour le module, le bassin Loire-Bretagne sera
moins touché par la baisse du débit moyen annuel que les bassins Adour-Garonne et Seine-
Normandie. Il faut pourtant bien voir que les modules des cours d?eau devraient tous baisser, de -
10 à - 40 %. Dans le bassin Loire-Bretagne, le débit d?étiage accuse une baisse plus marquée que
le module, avec des simulations pouvant atteindre -60 % sur certains bassins des Pays de la Loire
ou du Limousin. »
Explore2
ICC-Hydroqual et Explore 2070 remontent à dix ans et sont donc basées sur des données plus
anciennes du GIEC que celles prises en compte par DRIAS 2020 (basé sur GIEC 5). De plus, les
projections hydrologiques ne peuvent pas facilement être mises en regard des données issues de
DRIAS 2020 qui n?inclut pas le scénario RCP 6.0 (équivalent A1B utilisé par ICC et Explore 2070).
Cette situation est en cours d?amélioration avec les nouvelles projections hydrologiques du projet
Explore 2, utilisant les projections climatiques DRIAS 2020. Cependant, une seule méthode de
correction de biais ainsi qu?un seul modèle hydrologique (SIM2 de Météo France) sont disponibles
pour le moment, ce qui ne permet pas d?analyser l?intégralité des sources d'incertitude des
projections hydrologiques. Courant 2023, le projet Explore 2 produira de nouveaux jeux de
données s?appuyant sur une seconde méthode de descente d?échelle ainsi que sur quatre autres
modèles hydrologiques ce qui permettra de mieux cerner les incertitudes associées aux projections
de débits.
Avec les simulations SIM2-DRIAS2020 (Explore 2), on ne dispose pour le moment que
d?indications générales sur l?évolution des débits annuels pour la France et de projections plus
détaillées pour six stations fluviales dont la Loire à Nantes. Ces projections de débits ne tiennent
pas compte des interventions humaines sur les cours d?eau (barrages, prélèvements pour
l?irrigation et autres usages etc.).
PUBLIÉ
Novembre 2022 Les conditions de mobilisation des retenues
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Loire-Bretagne
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Evolutions du climat dans le bassin Loire-Bretagne
Si l?évolution du climat est un phénomène mondial, les déclinaisons locales sont à préciser à
différents pas de temps et échelles spatiales par des études tenant compte de paramètres comme
la latitude, la proximité d?océans, les vents dominants et le relief. Pour la France, le site Drias - les
futurs du climat 153 a pour vocation de mettre à disposition des projections climatiques
régionalisées réalisées dans les laboratoires français de modélisation du climat. Bien entendu, ces
projections restent entachées d?incertitudes d?autant plus grandes que l?horizon vers lequel on se
projette est éloigné. Concernant les débits des cours d?eaux, cette incertitude est particulièrement
importante car aux incertitudes climatiques se rajoutent celles liées à l?écoulement des eaux.
De manière générale, les modèles climatiques montrent que les évolutions en cours sont à peu
près les mêmes jusqu?à l?horizon du milieu de siècle, quels que soient les scénarios du GIEC pris
en compte, les divergences ne se manifestant significativement qu?au-delà de 2050. Aussi, le choix
est fait dans ce rapport de ne pas se projeter au-delà de cet horizon, sachant que l?impact du
changement climatique sera bien plus fort dans la deuxième partie de ce siècle mais dans des
proportions aujourd?hui difficiles à quantifier.154
Le Plan d?adaptation au changement climatique adopté en avril 2018 par le comité de bassin Loire-
Bretagne155 montre que les effets déjà visibles aujourd?hui dans le bassin vont se poursuivre de
manière inéluctable au cours des prochaines décennies.
Évolution des températures
La température est la variable pour laquelle les effets du changement climatique sont les plus
marqués et pour laquelle l?ensemble des simulations climatiques convergent, même si des
différences d?amplitude peuvent être observées entre les différents modèles. Cette augmentation
est déjà en cours et nettement perceptible par tout un chacun notamment du fait des périodes de
canicules à répétition observées ces dernières années en été. Ainsi, à 2,3°C au-dessus des
normales de la période 1991-2020, l?été 2022 s?installe à la deuxième place des étés (juin ? juillet
? août en météorologie) les plus chauds en France métropolitaine depuis le début des mesures en
1900. Il n?est devancé que par l?été 2003 (2,7°C au-dessus des normales). Météo France indique
qu?en moyenne sur le territoire, la hausse des températures, qui s?est accélérée ces dernières
décennies, a atteint 1,7 °C depuis 1900156.
En Centre-Val de Loire, dans le Loiret, sur la période 1959-2009, on observe une augmentation
des températures annuelles de l?ordre de 0,3°C par décennie. A l?échelle saisonnière, c?est l?été
qui se réchauffe le plus avec des hausses de l?ordre de +0,4 °C par décennie, suivi de près par le
printemps. Dans le Loiret, l?augmentation de température moyenne annuelle sur la période allant
de 1959 à 2017 est de +1,63°C pour l?ensemble de la période, cette évolution étant très
153 Voir www.drias-climat.fr Initié en 2009 et inscrit au Plan National d?Adaptation au Changement Climatique,
le projet DRIAS « Donner accès aux scénarios climatiques Régionalisés français pour l'Impact et l'Adaptation de
nos Sociétés et environnement » a bénéficié d'un important soutien du ministère en charge du Développement
durable.
154 Les simulations d?Explore 2 donneront davantage de précisions pour la France à cet horizon
e155 Agence de l?eau Loire-Bretagne, 2018 - Plan d?adaptation au changement climatique, 76 p
156 https://meteofrance.com/actualites-et-dossiers/actualites/meteo-france-eclaire-le-climat-en-france-jusquen-
2100
PUBLIÉ
http://www.drias-climat.fr/
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significative157.
L?augmentation des températures va réduire sensiblement le manteau neigeux des monts
d?Auvergne. Celui-ci constituait jusqu?alors un réservoir d?eau en tête de bassin alimentant les
cours d?eau jusqu?à la période estivale, au fur-et-à-mesure de la fonte des neiges. En conséquence,
la diminution des débits naturels d?étiage déjà constatée va s?accentuer en milieu de siècle. Il
n?existe cependant pas de modèles précisant l?évolution de l?enneigement dans les monts
d?Auvergne comme cela est le cas pour les Alpes et les Pyrénées.
Les cartes ci-après présentent une projection de la température moyenne quotidienne pour tous
les jours de l?année avec le modèle de Météo-France, à moyen terme (2041-2070), pour les trois
scénarios (baisse, stabilisation, non maîtrise des émissions de GES). Le nord-ouest du bassin
serait moins touché par la hausse de la température moyenne de l?air, de même que la pointe sud-
est (sauf dans le scénario le plus pessimiste). Ailleurs, sur le sud des Pays de la Loire, le Poitou-
Charentes, le Centre-Val de Loire, la Bourgogne, il faut s?attendre à des hausses plus importantes
(de l?ordre de 2°C).
157 HERGOTT François, 2022. Diagnostic de vulnérabilité au changement climatique du Val de Sully (Loiret). LIFE
Natur?Adapt ? Conservatoire d?espaces naturels Centre ? Val de Loire - 106 pages.
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Evolution des températures moyennes quotidiennes à l?horizon 2041-2070
Source : portail « Drias ? les futurs du climat »
Concernant les fortes chaleurs (anomalie de +5°C par rapport aux normales journalières), le bassin
Loire-Bretagne n?est pas le plus touché de la métropole française, avec un gradient nord-ouest/sud-
est. Sur la pointe ouest de la Bretagne, on passerait de moins de 20 jours à potentiellement 20 à
60 jours anormalement chauds selon les scenarios. En Auvergne, on passerait de moins de 60
jours à potentiellement 80 à 120 jours anormalement chauds selon les scenarios. Les extrêmes
chauds deviennent de plus en plus fréquents et plus intenses donnant lieu à de nouveaux records.
Dans le référentiel de climat 2000, le record de juillet 2019 (29,7 °C en moyenne journalière France)
a une probabilité d?apparition très faible (de l?ordre de 1,5 %), alors que la probabilité? d?atteindre
ce niveau de température est nettement plus importante à l?horizon 2050 (~20 % avec RCP4.5 et
~25 % avec RCP8.5), celui-ci étant parfois même dépassé à plusieurs reprises dans l?année.
Comme déjà mentionné en partie 1, selon de nouvelles projections climatiques publiées dans la
revue Earth System Dynamics le 4 octobre 2022, le réchauffement pourrait être jusqu?à 50 % plus
intense au cours du siècle que ce que montraient les précédentes estimations (+ 3,8 °C en 2100
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Novembre 2022 Les conditions de mobilisation des retenues
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par rapport à 1900 contre +2 °C précédemment dans le scénario d?émissions « intermédiaires »
de GES). Le réchauffement sera, dans tous les cas, plus fort l?été que l?hiver mais nous ne
disposons pas encore des déclinaisons précises pour le bassin Loire-Bretagne de cette nouvelle
approche.
Les études réalisées par l?INRAE158 et reprises dans une plaquette éditée par l?EPL159 montrent
qu?entre 1963 et 2019, la température de l?eau a en moyenne augmenté de + 0,44 °C par décennie
sur l?ensemble du bassin de la Loire, et que cela va se poursuivre (+2 °C vers 2050).
Le constat est que le réchauffement de l?eau est supérieur à celui de l?air sur la majorité des
tronçons des cours d?eau. Il a atteint jusqu?à + 0,8 °C par décennie sur la partie sud du bassin de
la Loire du fait d?une diminution des débits. Par ailleurs, les plans d?eau de faible profondeur
conduisent à un réchauffement de l?ordre de + 2,3 °C en moyenne pour des cours d?eau en aval.
Évolution des précipitations
A l?horizon 2050, selon que les émissions de GES sont plus ou moins maîtrisées, les projections
Drias 2020 aboutissent à une légère augmentation ou une baisse du cumul annuel des
précipitations sur la majeure partie du bassin. Sur la région Centre-Val de Loire, il est probable que
le cumul des précipitations augmente un peu. Sur la Bretagne, en revanche, le cumul annuel des
précipitations baisse pratiquement partout dans tous les scénarios.
Si en première approximation on peut considérer que les précipitations annuelles vont au final peu
évoluer, certains modèles prévoient cependant une augmentation des précipitations hivernales (de
l?ordre de 10 %) et une diminution en été (de l?ordre de 10 à 20 %). Il y a une plus grande incertitude
sur la modélisation des précipitations que pour les températures futures, avec de grandes
disparités entre les modèles dans la répartition géographique des ratios de précipitations. Les
tendances saisonnières des cumuls de précipitations sont donc à considérer avec précaution.
La relative faible évolution des cumuls de précipitations à l?horizon 2050 s?accompagne cependant
de périodes de sécheresses estivales plus marquées du fait de l?augmentation des températures
qui entraîne une plus forte évaporation des plans d?eau et de l?évapotranspiration des plantes.
L?Observatoire Oracle de Poitou-Charentes a déjà relevé une augmentation de 145 à 291 mm de
l?évapotranspiration potentielle annuelle depuis 1960. Celui des Pays de la Loire montre une
augmentation de 77 à 95 mm depuis 1971.
A l?horizon 2050, on observe que la partie centrale du bassin sera moins touchée par la sécheresse
des sols agricoles 160 que la Bretagne, le Limousin ou l?Auvergne en se basant sur l?indice
sécheresse d'humidité des sols SSWI161.
La comparaison faite par Météo France du cycle annuel d'humidité du sol sur l?Auvergne entre la
période de référence climatique 1961-1990 et les horizons temporels proches (2021-2050) ou
lointains (2071-2100) sur le XXIe siècle (selon un scénario SRES A2) montre un assèchement
important en toute saison. En termes d'impact potentiel pour la végétation et les cultures non
irriguées, cette évolution se traduit par un allongement moyen de la période de sol sec (SWI
158 Voir https://thermie-rivieres.inrae.fr, onglet « Bibliographie thermie en rivière ».
159 EPL, 2022 - Livret N°=11- Températures des eaux du bassin de la Loire et ses affluents : état des lieux des
connaissances, 7 pp, https://bibliocom.eptb-loire.fr/
160 Il convient de distinguer entre la sécheresse météorologique (directement liée aux précipitations), la sécheresse
agricole (qui rend compte de l?humidité à un mètre de profondeur dans les sols) et la sécheresse hydrologique (liée
au débit des cours d?eau et niveau des nappes).
161 SSWI : Standardized Soil Wetness Index est l?indice de sécheresse en termes d'humidité du sol ? sécheresse
« agricole » à différencier du Standardized Precipitation Index (SPI) permettant de mesurer la sécheresse
météorologique (qui repose seulement sur les précipitations).
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inférieur à 0,5) de l'ordre de 2 à 4 mois tandis que la période humide (SWI162 supérieur à 0,9) se
réduit dans les mêmes proportions. On note que l?humidité moyenne du sol en fin de siècle pourrait
correspondre aux situations sèches extrêmes d?aujourd?hui.
Figure 49 : Evolution de la teneur en eau des sols à l?horizon 2055
Figure 56 : Cycle annuel d?humidité du sol en Auvergne
Source : Météo France
162 SWI : Soil Wetness Index est un indice d?humidité des sols qui représente, sur une profondeur d?environ deux
mètres, l?état de la réserve en eau du sol par rapport à? la réserve utile (eau disponible pour l?alimentation des
plantes)
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Évolution des débits
Concernant l?hydrologie dont les prévisions sont plus délicates encore que pour les températures
ou les précipitations, les projections dont nous disposons à l?heure actuelle donnent des résultats
assez contradictoires et donc difficilement exploitables pour les besoins d?une analyse quantitative.
En effet, les deux approches relativement concordantes dont on dispose (ICC Hydroqua et Explore
2070) sont fondées sur des travaux de modélisation nécessitant une actualisation car elles
remontent respectivement à 2010 et 2010-2012. Une démarche nationale en ce sens (Explore 2)
est en cours mais n?aboutira qu?en 2023. Par ailleurs, de nombreuses études HMUC locales sont
lancées ou en cours mais les résultats ne seront disponibles que dans les années à venir. Dans ce
contexte la mission n?a pas disposé de projections récentes sur le bassin.
Dans le cadre d?Explore 2, on dispose pour le moment d?indications générales sur l?évolution des
débits annuels pour la France et de projections plus détaillées pour six stations fluviales dont la
Loire à Nantes. Ces projections de débits ne tiennent pas compte des interventions humaines sur
les cours d?eau (barrages, prélèvements pour l?irrigation et autres usages etc.).
Pour l'instant, les projections de débits d'Explore 2 sont bien moins pessimistes que ceux d'Explore
2070 sur la partie Nord de la France, tandis que celles sur la partie Sud sont similaires. La Loire
se situant dans la zone de transition, on peut s?attendre à ce que les résultats soient assez
différents par rapport à ceux d?Explore 2070.
Plus précisément, on constate pour l'ensemble des couples de modèles que l?évolution des débits
moyens annuels est en légère hausse (jusqu'à +20 %) pour les stations de la moitié Nord de la
France et en diminution (jusqu'à -20 %) pour les stations du Sud de la France, une diminution qui
s'accentue avec les horizons et pour le scénario RCP8.5 (jusqu'à -40 voire -60 %).
On remarque que l'évolution des débits est plutôt stable, avec une légère augmentation pour la
plupart des stations, sauf les stations en moyenne montagne qui connaîtront une légère diminution.
Les observations suivantes peuvent être formulées :
La hausse de l?ETP ne se traduira pas par une hausse équivalente de l?évapotranspiration
réelle, voire se traduira par une légère baisse par rapport à la situation actuelle du fait de
la limitation de l?évaporation des plantes en fonction de l?eau réellement disponible dans le
sol. Ce résultat est à mettre en regard de l?augmentation du stress hydrique de la végétation,
particulièrement en été.
Le contenu en eau du sol va globalement diminuer en dehors de l?hiver et se traduire par
une augmentation conséquente du nombre de jours de sol sec au printemps et en été dans
la plupart des régions françaises.
La quasi disparition de l?équivalent en eau du manteau neigeux disponible au printemps
dans les monts d?Auvergne va renforcer le régime purement pluvial du bassin de la Loire.
L'augmentation attendue des précipitations hivernales contribuera à la recharge des
nappes.
Ces effets restent cependant à quantifier dans la mise en oeuvre détaillée d?Explore2 dans les mois
à venir.
Les résultats sur les débits annuels moyens de milieu de siècle des modélisations Explore 2070 et
SIM2-DRIAS2020 peuvent être comparés :
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Novembre 2022 Les conditions de mobilisation des retenues
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Tableau 3 : Comparaison des modélisations Explore 2070 et SIM2-DRIAS2020 (Explore 2)
SIM2-DRIAS2020 RCP4.5 Explore70 A1B (équivalent RCP6.0) SIM2-DRIAS2020 RCP 8,5
Il apparaît une divergence d?appréciation de l?évolution envisageable entre Explore 2070 et SIM2-
DRIAS2020. Il conviendra donc d?attendre les résultats définitifs de la démarche Explore2 pour
statuer sur les résultats à prendre en compte dans les études quantitatives des débits et des stocks
des ressources en eau.
Nous disposons également à ce stade des résultats plus détaillés de SIM2-DRIAS2020 pour la
Loire à Nantes. Les débits moyens annuels sont attendus en légère hausse entre +1 % et + 10 %
pour tous les scénarios et horizons temporels, à l?exception du RCP8.5 en fin de siècle (-2 %). Les
incertitudes entre les modèles sont importantes (bien que moindre que pour la Seine à Paris) et
incluent des variations à la baisse souvent entre -1 et -10 % ou à la hausse jusqu?à +15 à +45 %.
Tableau 4 : SIM2-Drias2020 (Explore 2) - Évolution des débits moyens annuels de la Loire à Nantes par
RCP et horizons temporels
Source : portail « Drias ? les futurs du climat »
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Avec un régime hydrologique pluvial, les débits mensuels maximum de la Loire se produisent en
hiver et les débits minimums en été.
Figure 50 : SIM2-DRIAS2020 (Explore 2) - débits mensuels moyens de la Loire à Nantes reconstitués 1975-
2005
Source : portail « Drias ? les futurs du climat »
En climat futur, comme le montrent les figures suivantes, les évolutions attendues sont plutôt à la
hausse pour les débits d?hiver et de printemps et à la baisse en été et en automne. La baisse des
débits naturels en automne atteint -20 % en RCP 4.5 et -40 % en RCP 8,5 à l?horizon milieu de
siècle. Cependant, le modèle SIM2 de Météo France n'arrive pas à bien simuler les périodes
d'étiage de la Loire aval (peut-être en lien avec les apports de nappes qui sont simplifiés dans le
modèle), il faut donc rester prudent avec ces résultats sur l?évolution des débits naturels (hors
prélèvements et hors soutiens d?étiages) qui restent à confirmer.
Figure 51 : SIM2-DRIAS2020 (Explore 2) ? évolution des débits mensuels moyens de la Loire à Nantes
2021-2050 2041-2070
RCP 2.6
RCP 4.5
RCP 8.5
légende
Chaque graphique présente l?écart entre les débits futurs et la médiane des débits actuels
La courbe rouge présente la médiane des simulations représentées par les autres courbes
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Source : portail « Drias ? les futurs du climat »
2019 : une année sèche emblématique qui pourrait ne plus être exceptionnelle
L?année 2019 se caractérise par une situation de sécheresse prolongée affectant une très large
partie du territoire national, y compris des zones traditionnellement moins touchées, comme le
Massif central et le Nord-Est. Elle fait suite à deux années hydrologiquement sèches qui n?ont pas
permis une recharge hivernale des nappes. La pluviométrie déficitaire en 2019 s?est de plus
accompagnée d?épisodes de canicule en juin et juillet dont les effets ont été particulièrement
brutaux et sévères sur les cours d?eau et les milieux naturels, ainsi que sur les cultures agricoles.
Enfin, la sécheresse s?est poursuivie jusqu?à la fin du mois d?octobre affectant particulièrement des
régions comme l?Auvergne qui s?estimaient jusqu?alors relativement épargnées.
Figure 52 : Juillet à septembre 2019 - déficit
d?humidité des sols
Source : Météo France
Figure 53 : Septembre 2019 ? arrêtés sécheresse
Source : ministère de l?écologie
Cette situation qualifiée d?exceptionnelle dans le climat actuel de début de siècle pourrait devenir
une année normale à l?horizon du milieu de siècle. Il est donc intéressant d?en dresser un retour
d?expérience comme cela a été effectué par un rapport conjoint CGAAER-CGEDD sur l'épisode
caniculaire et la sécheresse 2019163. Un autre rapport du CGEDD a porté plus particulièrement sur
le retour d?expérience sur la gestion de la sécheresse 2019 dans le domaine de l'eau164. L?EPL a
aussi fait réaliser une étude sur les impacts socio-économiques du soutien d?étiage de l?Allier et de
la Loire par les barrages de Naussac et de Villerest, en prenant en référence l?année 2019165.
Ce rapport de l?EPL montre que 2019 a été, depuis 1900, un étiage de la Loire très sévère et
remarquable. Il s?agit en effet d?un étiage :
163 CGAAER-CGEDD, rapport 277225, Retour d'expérience sur l'épisode caniculaire et la sécheresse 2019, 137 p.
164 CGEDD, rapport 012985-01, Retour d?expérience sur la gestion de la sécheresse 2019 dans le domaine de
l'eau, 104 p.
165 EPL, Impacts socio-économiques du soutien d?étiage de l?Allier et de la Loire par les barrages de Naussac et de
Villerest, décembre 2020, 107 p.
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précoce (3ème rang après 1976 et 2011) et long (2ème rang derrière 2011) ;
intense, présentant un QMNA le 7ème plus bas depuis 1900 et le plus bas depuis la
création des réservoirs ;
un déficit par rapport au DOE de près de 300 Mm3 avec soutien d?étiage et qui se placerait
sans ce dernier au deuxième rang après 1949.
La sécheresse de 2019 a conduit à la mise en oeuvre de nombreuses mesures exceptionnelles de
limitation ou de suspension des usages de l?eau.
Peu d?incidents sur la stabilité du réseau de distribution de l?eau (potable et usée) ont été constatés
mais on peut signaler des difficultés d?approvisionnement dans le bassin de la Loire. 84
départements ont connu des arrêtés préfectoraux limitant certains usages (agriculture, industrie,
particuliers).
Quant aux milieux aquatiques, ils ont été perturbés par la sécheresse tout comme les milieux
forestiers qui ont aussi subi les effets des feux de forêts (les surfaces brûlées atteignant une
superficie multipliée par trois depuis 1995). Concernant les milieux aquatiques, la situation 2019 a
été la plus défavorable jamais observée en août depuis la mise en place du réseau Onde (huit
années) qui mesure les assecs dans les cours d?eau.
Concernant l?agriculture, la canicule de 2019 a entraîné une baisse de rendement de 9 % sur le
maïs et d'environ 10 % en blé par rapport à la moyenne quinquennale française. Les canicules
réduisent également la production des vaches laitières et donc l'offre de lait. Le ressenti a été
particulièrement fort dans la profession agricole en Auvergne qui a pris conscience en cette année
particulière que ce territoire n?était pas épargné par le changement climatique.
Le rapport de l?EPL cité plus haut tend à démontrer que le soutien d?étiage assuré par les retenues
de Naussac et de Villerest a permis cependant de limiter les impacts de la sécheresse de 2019.
Grâce à l?eau stockée, ces barrages permettent d?atténuer les conséquences de l?étiage sur les
milieux aquatiques et les activités humaines en fournissant une alimentation continue en eau.
Les deux retenues de Naussac et Villerest ont fourni un soutien d?étiage à hauteur de 209 Mm3 sur
l?ensemble de la période avec un contraste entre les deux ouvrages :
Le soutien par Naussac (94 Mm3 au total) a commencé fin juin pour durer jusqu?à la
seconde quinzaine d?octobre. Le débit a été maintenu quasiment constant entre 10 et 12
m3/s tout au long de l?étiage. Malgré ce soutien, le volume de la retenue est resté bien au-
dessus des volumes de vigilance et plancher.
Le soutien par Villerest (115 Mm3 au total) a commencé fin juin pour durer jusqu?à la
seconde quinzaine d?octobre. Les débits compris au début entre 20 et 30 m3/s ont été
portés de la 3ème semaine d?août jusqu?à la 3ème de septembre entre 35 et 40 m3/s. Grâce
à des entrée importantes d?eau début août les volumes stockés dans la réserve sont restés
assez élevés. Ils ne sont jamais descendus en dessous d?une marge de 30 Mm3 au-dessus
du volume plancher.
Soulignons enfin que les prévisions climatiques sur le bassin Loire Bretagne resteront toujours
entachées de fortes incertitudes, notamment sur les pluies qui résultent d?une confrontation entre
des masses d?air océaniques, méditerranéennes et continentales.
En résumé sur le climat
A grands traits, l?évolution climatique attendue peut se résumer ainsi :
La température de l?air (et plus encore celle des eaux superficielles) est déjà en forte
augmentation. En Centre-Val de Loire, l?augmentation de température moyenne annuelle
sur la période allant de 1959 à 2017 est de +1,63°C, cette évolution étant très
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significative166. Selon de nouvelles projections climatiques publiées dans la revue Earth
System Dynamics le 4 octobre 2022, le réchauffement pourrait être jusqu?à 50 % plus
intense au cours du siècle que ce que montraient les précédentes estimations (+ 3,8 °C en
2100 par rapport à 1900 contre +2 °C précédemment dans le scénario d?émissions
« intermédiaires » de GES). Le réchauffement sera, dans tous les cas, plus fort l?été que
l?hiver ;
L?évolution annuelle des précipitations pourrait rester assez inchangée sauf en Bretagne
où une diminution est à attendre. La répartition annuelle des précipitations devrait continuer
à évoluer avec davantage de sécheresses estivales et un renforcement des pluies en hiver ;
Les projections de débits moyens annuels restent encore à affiner avec Explore 2,
cependant les prévisions vont dans le sens d?une relative stabilité, voire une légère
augmentation sur le bassin Loire-Bretagne y compris à l?estuaire de la Loire ;
La répartition de ces débits durant l?année devrait évoluer : tous les modèles prédisent une
baisse des débits d?étiage (en particulier sous l?influence de l?évapotranspiration qui va
augmenter avec la température) et leur extension à l?automne, les débits hivernaux
pourraient à l?inverse être plus importants.
166 HERGOTT François, 2022. Diagnostic de vulnérabilité au changement climatique du Val de Sully (Loiret). LIFE
Natur?Adapt ? Conservatoire d?espaces naturels Centre-Val de Loire - 106 pages.
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Annexe 7 Les conditions de mobilisation des
retenues hydroélectriques
Le parc hydroélectrique du bassin Loire-Bretagne (hors le cas particulier de l?usine marémotrice
de La Rance qui n?entre pas dans le périmètre de ce rapport) produit en moyenne 1,5 TWh et est
capable de mobiliser quasi instantanément une puissance électrique de 660 MW. Cette puissance
est, de plus, mobilisable à n?importe quel moment en hiver par jour de grand froid, tant qu?il subsiste
de l?eau dans les barrages. Les difficultés observées sur le parc nucléaire en 2022 et sur
l?approvisionnement en gaz (qui permet de faire tourner les centrales à gaz productrices
d?électricité) montrent combien cette ressource peut être précieuse. Elle le sera d?autant plus dans
le futur dans un parc de production d?électricité avec de plus en plus d?énergies renouvelables qui,
dépendant du temps, ne sont que partiellement mobilisables au moment de la pointe. Cette
richesse doit ainsi être préservée.
Depuis des décennies, les retenues hydroélectriques ont, outre la production d?électricité, de
multiples fonctions secondaires : l?alimentation en eau potable, l?irrigation, la protection contre les
crues, l?aménagement touristique, le soutien d?étiage, et bien sûr la préservation des milieux
naturels, préoccupation renforcée par la DCE et la LEMA. Elles conduisent à un partage de l?eau
variable selon les ouvrages, leur localisation et leur histoire. Ce partage de l?eau est remis en
question par l?évolution importante du changement climatique, avec eux tendances principales :
un débit moyen annuel à l?estuaire de la Loire qui pourrait, à 2070, être voisin de celui
d?aujourd?hui ;
un débit naturel en période estivale plus faible de 20 à 40 %.
Le potentiel résiduel disponible sur le bassin Loire-Bretagne
La présentation des dispositifs de soutien d?étiage effectuée en première partie montre que les
retenues hydroélectriques présentes sur le bassin Loire-Bretagne sont déjà très fortement
mobilisées pour le soutien d?étiage. C?est le cas des 7 concessions de la Vienne et de ses affluents
(Mauldre et Taurion), du complexe de Montpezat, de la concession de Teillet-Argenty sur le Cher,
et de celles de Guerlédan et de Saint-Michel ? Saint-Herbot en Bretagne.
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Les seules retenues, ayant un volume utile
significatif, non encore engagées dans le
soutien d?étiage, sont :
Le complexe de Lavalette ? La
Chapelette, propriété de la métropole
de Saint-Etienne, situé sur le Lignon du
Velay dont les chutes d?eau sont
concédées à EDF ;
Le barrage de Grangent, concédé à
EDF, situé en amont de Villerest sur la
Loire167.
Enfin deux retenues ne sont encore que très
partiellement engagées dans le soutien
d?étiage. Il s?agit :
du complexe Les Fades ? Queuille sur
la Sioule ;
et des trois retenues situées sur la
Creuse dans le département de l?Indre :
Eguzon, Roche-au-Moine et Roche-
bat-l?Aigle.
La question d?une plus forte implication des
retenues hydroélectriques dans le soutien
d?étiage se pose différemment pour ces trois
catégories de retenues.
Principaux réservoirs et retenues sur l?Allier et la
Loire amont
Elle ne peut être étudiée qu?en tenant compte de trois paramètres importants :
2) la durée pendant laquelle la retenue est susceptible d?être engagée dans le soutien
d?étiage ;
3) la part du volume utile de la retenue qui est consacrée au soutien d?étiage pendant la
période où elle y est engagée ;
4) les autres engagements, hors la production d?électricité, qui peuvent contraindre sa
capacité à assurer le soutien d?étiage.
a) Les durées d?engagement dans le soutien d?étiage
Dans ce domaine on observe des situations très différentes :
La convention de soutien d?étiage de la Vienne engage EDF à fournir le soutien d?étiage
nécessaire à tout moment dans l?année ;
De même, les retenues du complexe de Montpezat sont tenues de faire bénéficier la Loire
d?un régime garanti toute l?année.
D?autres dispositifs ne couvrent qu?une partie de l?année : le graphique ci-après présente les durées
pendant lesquelles certaines retenues hydroélectriques sont engagées dans le soutien d?étiage.
167 Une partie du volume utile de Grangent est toutefois réservé en été au bénéfice du canal du Forez au cas où la
part du débit réservé qui lui revient serait insuffisante.
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Novembre 2022 Les conditions de mobilisation des retenues
hydroélectriques pour le soutien d?étiage sur le bassin de
Loire-Bretagne
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Figure 54 : Retenues EDF ? plages de soutien d?étiage
Source : données EDF
b) La part du volume utile engagé
Assez souvent, une partie seulement du volume utile de la retenue est explicitement engagée dans
le soutien d?étiage. Cette part est très variable sur le bassin :
Figure 55 : Retenues EDF ? part du volume utile engagée dans le soutien d'étiage
Source : données EDF
Dans d?autres cas, l?engagement ne s?appuie pas sur un volume explicite.
La convention de soutien d?étiage de la Vienne liste l?ensemble des retenues et de leur volume
utile qui peuvent être engagés (moyennant la contrainte de cote estivale du lac de Vassivière) dans
le dispositif.
c) Les cotes touristiques
D?autres contraintes pesant sur des retenues peuvent limiter, temporairement, le soutien d?étiage
auquel elles sont engagées ou celui qu?elles pourraient éventuellement délivrer. C?est notamment
le cas des cotes touristiques qui vont fortement limiter le soutien d?étiage pendant toute la saison
estivale. Ces dernières pèsent d?autant plus sur la gestion de la retenue qu?elles durent longtemps.
4/2
6/3
5/4
5/5
4/6
4/7
3/8
2/9
2/10
1/11
1/12
31/12
Rochebut Saint-Michel -
Saint-Herbot
Les Fades
convention CA03
Montpezat
Ardèche
ca
le
n
d
ri
er
barrages
0%
10%
20%
30%
40%
50%
60%
70%
80%
90%
100%
Rochebut Saint-Michel - Saint-
Herbot
Montpezat Grangent canal du
Forez
Les Fades
convention CA03
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Sur cet aspect, la situation est aussi assez variée :
Figure 56 : Retenues EDF ? périodes de cotes touristiques
Source : données EDF
Pendant qu?une retenue respecte une cote touristique, elle ne peut assurer un soutien d?étiage que
dans la limite du marnage admissible au regard de la cote à respecter. Deux exemples illustrent ce
point :
Le lac de Vassivière voit son volume utilisable pour le soutien d?étiage de la Vienne se
réduire de 96,34 Mm3 à 27,57 Mm3, entre le 1er avril et le 1er septembre, ce dernier chiffre
correspondant au volume situé entre la cote touristique (649,8 m NGF) et celle résultant
d?un marnage de 2,8 m ;
La retenue de Grangent réserve ainsi 3,5 Mm3 au bénéfice du canal du Forez, volume
correspondant au marnage d?1 m associé à la cote touristique.
La capacité d?une retenue hydroélectrique engagée dans le respect d?une cote touristique à délivrer
un soutien d?étiage durant cette période est d?autant plus important que le marnage admissible est
plus élevé.
Le cadre juridique
a) Au regard du droit des concessions
L?adoption en février 2014 par l?Union européenne d?une directive spécifique consacrée aux
concessions168 et sa transposition dans le droit français ont fortement contraint les possibilités de
modification des contrats de concession hydroélectrique existante. Dans le droit français, les
concessions hydroélectriques relèvent désormais de la troisième partie du code de la commande
publique (Article. L.3000-1 et suivants) qui codifie la transposition 169 de la directive sur les
concessions170 et du code de l?énergie dont le titre II du livre V prévoit des dispositions spécifiques
aux concessions hydroélectriques.
168 Directive 2014/23/UE du Parlement européen et du Conseil du 26 février 2014 sur l?attribution de contrats de
concession, https://eur-lex.europa.eu/legalcontent/FR/TXT/PDF/?uri=CELEX:32014L0023&from=FR
169 Ordonnance n° 2016-65 du 29 janvier 2016 relative aux contrats de concession
https://www.legifrance.gouv.fr/loda/id/JORFTEXT000031939947/
170 Directive 2014/23/UE du Parlement européen et du Conseil du 26 février 2014 sur l?attribution de contrats de
concession, https://www.legifrance.gouv.fr/jorf/id/JORFTEXT000030590222
15/3
30/4
15/6
31/7
15/9
31/10
Vassivière Issarlès Eguzon Grangent Guerlédan
ca
le
n
d
ri
er
barrages
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https://eur-lex.europa.eu/legalcontent/FR/TXT/PDF/?uri=CELEX:32014L0023&from=FR
https://www.legifrance.gouv.fr/loda/id/JORFTEXT000031939947/
https://www.legifrance.gouv.fr/jorf/id/JORFTEXT000030590222
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Dans le cas le plus simple, un soutien d?étiage, sous forme d?obligation de débit à respecter à l?aval
de l?ouvrage et éventuellement associé à un volume d?eau, a été prévu par le cahier des charges
de la concession. La délivrance de ce débit garanti à l?aval de l?ouvrage (alors que le débit réservé
est réglementairement limité au débit entrant) ne donne lieu à aucune indemnisation du
concessionnaire ni aucune convention. C?est le cas, par exemple, de la concession de Teillet-
Argenty sur le Cher qui impose au concessionnaire de délivrer un débit garanti appuyé sur un
volume minimum lui-même garanti. Une telle approche simple, mais rigide, peut être mise en défaut
par le changement climatique, lorsque le calcul ayant servi à établir le montant du débit garanti
escompte des volumes entrant dans la retenue à des niveaux qui ne peuvent plus être atteints en
année sèche.
Sans débit garanti imposé par la concession, voire même avec un tel débit (cas du complexe Les
Fades ? Queuille sur la Sioule), le débit à l?aval de l?ouvrage peut ne pas être suffisant pour
satisfaire l?ensemble des usages de l?eau, notamment durant les périodes sèches, que ce soient
le tourisme, l?agriculture, l?alimentation en eau potable, les sports d?eau vive, ou encore les lâchers
d?eau ponctuels pour motifs environnementaux, ce qui conduit à des demandes (supplémentaires)
de soutien d?étiage.
Si, au-delà du débit réservé ou du débit garanti, la possibilité d?un soutien d?étiage (supplémentaire)
a été explicitement prévue par le cahier des charges de la concession, il est possible de rédiger
une convention de soutien d?étiage171 précisant les conditions de mobilisation effective ainsi que
les conditions d?indemnisation du concessionnaire, dans le respect des dispositions contenues
dans le contrat de concession.
Si le soutien d?étiage n?a pas été prévu à l?origine et n?est pas inscrit dans le cahier des charges de
la concession, il est malgré tout possible de le mettre en oeuvre avec des conventions conclues
avec le concessionnaire, qui vont donc au-delà des prescriptions du cahier des charges. Ceci
suppose une négociation avec le concessionnaire pour définir ses conditions d?indemnisation.
Dans ce cas, la mise en place du soutien d?étiage ne doit pas entrer en contradiction avec le cahier
des charges. S?il y a contradiction avec le cahier des charges, une modification de ce dernier
pourrait être nécessaire. Or, le code de la commande publique encadre désormais très strictement
les modifications des concessions. Une idée principale ressort de l?analyse très précise menée par
la DGEC172 sur ce point : une modification du contrat de concession entraîne une résiliation du
contrat actuel puis une réattribution de la concession à l?issue d?une procédure de mise en
concurrence, sauf si cette modification correspond à une liste extrêmement restreinte de
dérogations prévues exhaustivement par l?article 36 du décret relatif aux contrats de
concessions173 (codifié dans les articles R. 3135-1 à R.3135-9 du code de la commande publique)
et qu?il semble difficile d?utiliser pour justifier de la mise en oeuvre d?un plus grand soutien de débit
d?étiage. Des ajustements limités174 sont néanmoins possibles dans le cadre de discussions avec
le concessionnaire actuel et dans le respect naturellement du droit européen et français des
concessions, si la modification du contrat de concession n?est pas substantielle (art. R. 3135-7 du
code de la commande publique) ou si elle est de faible montant (R. 3135-8 du code de la
commande publique).Toutefois, la possibilité d?apporter des modifications à des concessions déjà
échues apparaît très fragile car ces concessions sont prorogées aux conditions antérieures de leur
cahier des charges. Par ailleurs, l'opportunité de telles modifications est réduite par le fait qu?un
171 Une convention de soutien d?étiage est un engagement contractuel passé entre le concessionnaire, les
représentants ou établissements publics locaux de l?État (Préfets - DREAL, Agences de l?Eau, etc.), les collectivités
(EPTB, etc.) et les bénéficiaires du soutien d?étiage qui définissent les conditions de mobilisation de volumes en
complément de ceux mobilisés dans le cadre des obligations réglementaires. Ces conditions comprennent la
période concernée par le soutien d?étiage, les volumes et débits minimaux/moyens/maximaux mobilisables et les
modalités opérationnelles d?interaction entre les acteurs concernés.
172 Note relative aux modifications des contrats de concession d?énergie hydraulique, DGEC.
173 https://www.legifrance.gouv.fr/loda/article_lc/LEGIARTI000031965249/2022-09-26
174 Conformément à l?article R3135-8 du code de la commande publique relatif aux modifications de faible montant.
PUBLIÉ
https://www.legifrance.gouv.fr/loda/article_lc/LEGIARTI000031965249/2022-09-26
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nouveau contrat devrait, en théorie, être conclu à brève échéance.
Dans tous les cas, il n?est pas possible de modifier la nature globale du contrat sans remettre ce
dernier en concurrence (art. L.3135-1 de la commande publique). La très grande majorité des
objets principaux des contrats de concessions hydrauliques sont la production d?électricité.
L?affectation au soutien d?étiage par convention au-delà de ce que prévoit le cahier des charges
d?une ressource représentant plus de 20 % du volume utilisable d?une concession hydroélectrique
est souvent citée comme susceptible de remettre en cause l?objet principal des ouvrages
concernés et nécessite un examen approfondi de l?impact sur le système électrique. Même s?il
donne un premier ordre de grandeur, ce chiffre de de 20 % n?a qu?une valeur indicative. La
détermination du pourcentage acceptable (voire de la durée pendant laquelle il est engagé) pour
un objet second comme le soutien d?étiage, doit s?appuyer sur une étude approfondie, au cas par
cas, pour chaque concession.
L?article L. 214-9 du code de l?environnement permet également par déclaration d'utilité publique,
après enquête publique, de mobiliser l?eau d?une retenue concédée ou autorisée par la loi du 16
octobre 1919 pour du soutien d?étiage. Cette mobilisation est possible à condition que l'affectation
de tout ou partie du débit artificiel soit compatible avec la destination de l'aménagement, avec le
maintien d'un approvisionnement assurant la sécurité du système électrique et avec l'équilibre
financier du contrat de concession. Le concessionnaire doit de plus être indemnisé.
b) Au regard du code de l?environnement
Pour qu?une retenue hydroélectrique soit mobilisée pour un soutien d?étiage, il faut que le
concessionnaire soit sollicité par un acteur souhaitant en bénéficier.
Sur le bassin quatre situations ont pu être relevées :
un soutien d?étiage inscrit comme obligation de la concession par l?Etat, autorité
concédante (cas le plus fréquent) ;
un soutien d?étiage qui bénéficie au concessionnaire lui-même pour une autre de ses
activités (cas de la Vienne) ;
un soutien au bénéfice de la profession agricole dans le cadre d?une convention passée
avec le concessionnaire (cas de la Sioule et de la Creuse) ;
un soutien délivré au bénéfice d?un établissement public territorial de bassin (EPTB) auquel
ses collectivités membres ont confié cette compétence (cas de l?Aulne).
La direction de l?eau et de la biodiversité considère que le soutien d?étiage constitue une dimension
de la gestion des milieux aquatiques et la prévention des inondations (GEMAPI) définie à l?article
211-7 du code de l?environnement, même si celui-ci ne la cite pas expressément. Il s?agit donc
d?une compétence des intercommunalités qui peuvent la déléguer à un EPTB.
Le soutien d?étiage opéré sur le bassin de l?Aulne applique tous les principes énumérés ci-dessus :
Le bénéficiaire est un EPTB ;
La prestation, prévue au cahier des charges de la concession, est définie dans le cadre
d?une convention passée entre le bénéficiaire et le concessionnaire ;
Cette prestation est rémunérée par le bénéficiaire.
L?inscription du soutien d?étiage dans le cahier des charges des futures
concessions
Si, pour le moment, en France, une quarantaine de concessions hydroélectriques sont arrivées à
PUBLIÉ
Novembre 2022 Les conditions de mobilisation des retenues
hydroélectriques pour le soutien d?étiage sur le bassin de
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échéance et sont désormais exploitées dans le cadre du régime dit des « délais glissants »175, qui
permet de les proroger aux conditions antérieures, une seule concession176 se trouve dans ce cas
dans le bassin Loire Bretagne. Par contre, plusieurs concessions arrivent à échéance dans les
prochaines années sur ce bassin : citons notamment celles de Peyrat le Château ? Faux la
Montagne (décembre 2026), de Versilhac ? Vendets (barrage de la Valette) (décembre 2027), de
Monpezat (décembre 2028), de Grangent (décembre 2032), d?Eguzon et de la Roche-au-Moine
(décembre 2032), de Montlarron (décembre 2033) ?
Les textes actuels, modifiés par la loi sur la transition énergétique pour la croissance verte de 2015,
prévoient que l?attribution d'une concession d'énergie hydraulique est désormais effectuée dans le
cadre d?une procédure d?appel d?offres177. La démarche d?écoute GEDRE (Gestion équilibrée et
durable de la ressource en eau), qui peut être organisée par l?Etat préalablement à l?avis de
concession en application de l?article R.521-4 du code de l?énergie, permet de définir les attentes
des parties prenantes concernant la ressource en eau, parmi lesquelles le soutien d?étiage. Les
différents enjeux soulevés lors de cette démarche pourront alors être traduits lors du
renouvellement par des dispositions spécifiques dans le cahier des charges de la future concession.
L?article 43 du modèle actuel de cahier des charges (approuvé par le décret d?avril 2016) prévoit
ainsi la conclusion de conventions liées au soutien d?étiage : « le concessionnaire conclut avec
l?Etat, l?agence de l?eau et l?organisme chargé du soutien d?étiage une convention précisant les
modalités techniques, et, le cas échéant, financières de ce soutien » (art.43).
Aucun avis d?appel public à la concurrence pour le renouvellement des concessions
hydroélectriques n?a cependant été lancé depuis l?ouverture en octobre 2015 d?un précontentieux
par la Commission européenne portant sur la position dominante d?EDF, sur le fondement des
articles 102 et 106 du Traité sur le fonctionnement de l'Union européenne dit TFUE. Compte tenu
de ce précontentieux, le lancement des procédures de renouvellement est suspendu à un accord
entre la Commission et les autorités françaises 178 : les procédures de renouvellement des
concessions pourraient être modifiées en conséquence, si nécessaire. Une fois engagée, la
procédure actuelle dure au minimum quatre ou cinq ans.
La conciliation du soutien d?étiage avec la priorité à accorder à la production
électrique
Indépendamment du cahier des charges de la concession, l?augmentation du soutien d?étiage doit
s?intégrer dans la gestion des retenues hydroélectriques dont la production d?électricité reste la
priorité. La compatibilité de ces deux objectifs pose des difficultés et conduit à un certain nombre
de considérants importants :
175 L?article L. 521-16 du code de l'énergie prévoit en effet que : « La procédure de renouvellement des concessions
est fixée par un décret en Conseil d'Etat. Au plus tard trois ans avant l'expiration de la concession, l'autorité
administrative prend la décision soit de mettre définitivement fin à la concession à la date normale de son expiration,
soit d'instituer une concession nouvelle à compter de l'expiration .La nouvelle concession doit être instituée au plus
tard le jour de l'expiration du titre en cours, c'est-à-dire soit à la date normale d'expiration, soit si le dernier alinéa
est mis en oeuvre à la nouvelle date déterminée selon les dispositions de cet alinéa. A défaut, pour assurer la
continuité de l'exploitation, ce titre est prorogé aux conditions antérieures jusqu'au moment où est délivrée la
nouvelle concession. »
176 il s?agit de la concession de Chatain et Monteillard, correspondant au barrage de Lavaud Gelade sur le Taurion.
Déficitaire par essence, puisque le barrage ne comprend pas d?usine hydroélectrique (et donc de recettes), elle se
poursuit dans le cadre du régime dit des « délais glissants ».
177 Voir notamment les articles R.521-1 et suivants du code de l?énergie ainsi que la troisième partie du code de la
commande publique : l'octroi d'une concession d'énergie hydraulique est en effet précédé d'une publicité et d'une
mise en concurrence selon les modalités prévues par la troisième partie du code de la commande publique, sous
réserve des dispositions prévues par les articles du code de l?énergie.
178 Voir notamment Compte de commerce 914 « Renouvellement des concessions hydroélectriques » Note
d?analyse de l?exécution budgétaire 2020, Cour des Comptes https://www.ccomptes.fr/sites/default/files/2021-
04/NEB-2020-Renouvellement-concessions-hydroelectriques.pdf
PUBLIÉ
https://www.ccomptes.fr/sites/default/files/2021-04/NEB-2020-Renouvellement-concessions-hydroelectriques.pdf
https://www.ccomptes.fr/sites/default/files/2021-04/NEB-2020-Renouvellement-concessions-hydroelectriques.pdf
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hydroélectriques pour le soutien d?étiage sur le bassin de
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Le soutien d?étiage et le système énergétique ont des besoins différents (volume, débit,
calendrier) : les règles de déstockage pour le soutien d?étiage n?ont aucune raison d?être
synchrones avec les besoins du système électrique : pour répondre aux besoins du réseau
électrique (désormais européen), les ouvrages vont devoir relâcher de l?eau principalement
en hiver, mais aussi lors des périodes de tension du réseau, tandis que le soutien d?étiage
intervient principalement de juin à octobre. Dans certains cas, le soutien ne peut être
turbiné (débit trop faible?). En règle générale, les volumes affectés au soutien d?étiage
pénalisent donc l?atteinte de l?optimum énergétique des aménagements concernés ;
Dans l?idéal, une retenue hydroélectrique engagée dans un soutien d?étiage devrait être
pleine au début de la campagne, qui se situe en général début juin (voir les exemples ci-
avant). Le réseau électrique peut néanmoins faire fortement appel en février aux retenues
hydroélectriques pour répondre à la demande électrique et éviter des délestages. Le record
d?appel de puissance sur le réseau électrique en France, avec 102 GW, est intervenu le 8
février 2012 à 19h dans le cadre d?une vague de froid d?une ampleur exceptionnelle qui a
sollicité fortement toutes les énergies (électricité, gaz). Dans la pratique, l?augmentation du
remplissage des retenues hydroélectriques pour le soutien d?étiage pourra ainsi
commencer à partir du mois de mars, voire en avril certaines années179, ce qui ne permettra
pas forcément de garantir un plein remplissage en juin. L?année 2022 a ainsi montré, certes
sur un autre bassin, qu?il était malheureusement illusoire d?espérer atteindre tous les ans
la côte nécessaire pour le tourisme et l?économie locale sur le barrage de Serre-Ponçon
malgré la mise en place d?une gestion exceptionnelle dès la fin février ! Cette difficulté à
atteindre la cote touristique risque malheureusement de se renouveler compte tenu de
l?évolution du climat et des moindres débits printaniers.
Le volume d?eau à provisionner pour le soutien d?étiage doit être dimensionné au plus juste
et ne doit pas être surestimé, sous peine de pénaliser la production électrique. Le volume
délivré pour le soutien d?étiage bénéficie des éventuelles pluies estivales. Il est donc distinct
du volume provisionné chaque année dans ce but. Cela étant, le poids exercé sur l?activité
hydroélectrique est d?autant plus important que le stock constitué est conséquent. Dès lors
que l?aménagement suit une courbe de stockage, sa flexibilité et sa disponibilité pour la
production hydroélectrique sont obérées (avec des risques de déversés au printemps en
cas d?apports subits et importants si l?aménagement est sur une courbe haute de remontée),
que le stock constitué serve ou non au soutien d?étiage.
L?augmentation de la part dédiée au soutien d?étiage dans un réservoir a un impact négatif
double sur la production d?électricité :
? lié, d?une part, aux volumes directement lâchés dans le cadre du soutien du débit
d?étiage ;
? lié, d?autre part, à la constitution et à la garantie du stock qui peut devenir
structurante (perte de flexibilité en amont de la campagne de soutien d?étiage et
limitation prématurée des turbinés énergétiques au printemps). Cette «
désoptimisation » énergétique n?est pas évaluée dans le cadre du présent rapport
et nécessite des calculs utilisant les modèles de gestion de réservoirs.
Dans la doctrine de la DGEC, ce coût économique ne doit pas être supporté par l?exploitant
hydroélectrique - ce qui pourrait remettre en cause l?équilibre économique du contrat de
concession ? mais par le bénéficiaire du service rendu. Il peut reposer principalement sur
deux modalités de calcul : le préjudice énergétique (manque à gagner lié à la contrainte de
gestion sur la valorisation énergétique de l?ouvrage) ou le partage des charges (répartition
des charges d?exploitation communes de fonctionnement de l?ouvrage au prorata des
volumes affectés aux différents usages). La deuxième méthode est plus couramment
appliquée aujourd?hui. Elle ne peut pas être utilisée pour indemniser la perte résultant de
179 Voir en particulier le rapport de la CRE de juin 2022 relative à la vague de froid de début avril 2022 : Analyse et
enseignements sur le pic de prix sur l?enchère journalière pour le 4 avril 2022
PUBLIÉ
Novembre 2022 Les conditions de mobilisation des retenues
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la mise en place d?une réserve d?eau et de la réduction de flexibilité de l?utilisation de
l?ouvrage qui en résulte lorsque la réserve n?est pas mobilisée, cas correspondant aux
propositions de ce rapport.
Les situations observées sur le bassin Loire-Bretagne résultent des discussions intervenues par le
passé sur chaque ouvrage. Elles recouvrent une grande variété de situations : gratuité du service
rendu (lorsqu?il a été intégré sans contrepartie dans le contrat de concession ou avec des
contreparties versées au moment de la construction de l?ouvrage (cas de la Fontaulière sur
l?Ardèche)), avec une rémunération mixte (parts fixe et variable) ou avec une rémunération
uniquement variable.
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Annexe 8 Liste des transferts d?eau entre sous-bassins
La mission n?a pas pu obtenir auprès des administrations de bassin une liste complète des
transferts d?eau entre sous-bassins au sein du bassin Loire-Bretagne. Elle a relevé les transferts
suivants concernant le bassin de la Loire :
Du bassin de la Loire vers le bassin du Rhône : 220 Mm3/an180
Par le complexe de Montpezat, alimenté par des eaux provenant du Lac d?Issarlès, du barrage de
La Palisse situé sur la Loire, et des barrages du Gage et de la Veyradère situés sur les affluents
de la Loire dont ils portent le nom, qui rejette l?eau turbinée dans la Fontaulière, affluent du Rhône
via l?Ardèche.
Durant la période de basses eaux, le soutien d?étiage en faveur de l?Ardèche s?élève, en moyenne,
à 8,8 Mm3.
Du bassin du Rhône vers le bassin de la Loire :
Par le système d?alimentation en eau potable du syndicat mixte des eaux des Monts du Lyonnais
et de la basse vallée du Gier, qui dessert 75 communes situées pour partie dans le bassin de la
Loire, alimenté à hauteur de près de 6 Mm3/an181 à partir des captages de l?Île du Grand Gravier
dans la nappe d?accompagnement du Rhône situés sur la commune de Grigny. La part de l?eau
distribuée vers le bassin de la Loire n?est pas précisée dans les documents dont la mission a pu
prendre connaissance.
Du sous-bassin de la Loire vers celui de l?Allier : 4 Mm3/an182
Par le barrage des Pradeaux, alimenté par des eaux provenant du ruisseau de l?Enfer, affluent de
la Loire via l?Ance-du-Nord, qui rejette l?eau turbinée dans le Gandrif, affluent de l?Allier via la Dore.
Du sous-bassin de la Loire vers celui du Cher : 4,4 Mm3/an183
Par deux systèmes d?alimentation en eau potable :
Celui de la communauté d?agglomération Bourges Plus, alimenté en partie par des
captages dans la nappe d?accompagnement de la Loire situés sur l?Île du Lac dans la
commune d?Herry, qui rejette ses eaux dans l?Yèvre, affluent du Cher ;
Celui du Syndicat mixte des eaux des régions Sud et Est de Bourges (SMERSE), alimenté
en partie par des captages dans la nappe d?accompagnement de la Loire situés sur l?Île
Boyard, dans la commune de Ménétréol-sous-Sancerre, qui rejette ses eaux dans le bassin
du Cher.
180 Haute-Loire, le Département, « Schéma d?aménagement et de gestion des eaux du bassin Loire amont, PAGD
synthèse de l?état des lieux », validée par la CLE le 8 juillet 2015
181 Syndicat mixte des eaux des Monts du Lyonnais et de la basse vallée du Gier (SIEMLY), « Rapport annuel sur
le prix et la qualité du service public d?eau potable », 2019
182 Haute-Loire, le Département, « Schéma d?aménagement et de gestion des eaux du bassin Loire amont, PAGD
synthèse de l?état des lieux », validée par la CLE le 8 juillet 2015
183 Communauté d?agglomération Bourges Plus, « Rapport sur le prix et la qualité du service ? Service de l?eau
2021 »
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Novembre 2022 Les conditions de mobilisation des retenues
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Du sous-bassin de l?Allier vers celui du Cher :
Par le système d?alimentation en eau potable du SAEP de la vallée de Germigny, alimenté en
partie par des captages dans le nappe d?accompagnement de l?Allier à hauteur de 0,8 Mm3/an,
dont une partie des rejets s?effectue vers l?Auron, affluent du Cher via l?Yèvre.
Par l?interconnexion des réseaux d?alimentation en eau potable du département de l?Allier assurée
par le Syndicat mixte des eaux de l?Allier184 ou par des interconnexions directes entre syndicats.
Celles-ci permettent notamment au SIVOM de la Région minière185 d?importer entre 565 000 et
585 000 m3/an186 de syndicats d?eau situés dans le sous-bassin de l?Allier (SIVOM Rive gauche de
l?Allier, SIVOM Sioule et Bouble, SIVOM Sioule et Morge).
Du sous-bassin de la Creuse vers celui du Cher : 1 à 1,5 Mm3/an187
Par le système d?alimentation en eau potable géré par le syndicat intercommunal d?alimentation en
eau potable de la Rozeille188, qui dessert 50 communes du département pour partie situées dans
le sous-bassin du Cher, alimenté principalement par la retenue de Beissat, située sur la Rozeille,
affluent de la Creuse.
Du sous-bassin de la Creuse vers celui de la Vienne : 9,7 Mm3/an189
Par le système d?alimentation en eau potable de Limoges Métropole, alimenté principalement par :
le barrage du Mazeaud situé sur la Couze, affluent de la Creuse via la Gartempe,
l?étang de Gouillet situé sur le Ritord, principal affluent de la Couze,
et l?étang de la Couzille, situé sur le Vincou, affluent de la Creuse via la Gartempe,
qui rejette ses eaux dans la Vienne.
184 https://www.smea.fr/
185 http://sivom-regionminiere.fr/index.html
186 SIVOM Région Minière, « Rapport annuel sur le prix et la qualité du service public d?eau potable ? exercice
2021 »
187 EPTB Vienne, « Etat initial du schéma d?aménagement et de gestion des eaux du bassin de la Creuse », validé
le 9 février 2021 par la Commission Locale de l?Eau
188 https://siaeprozeille.fr/fr/
189 Limoges Métropole, communauté urbaine, « Rapport annuel 2021 sur le prix et la qualité du service public de
l?eau »,
PUBLIÉ
https://www.smea.fr/
http://sivom-regionminiere.fr/index.html
https://siaeprozeille.fr/fr/
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hydroélectriques pour le soutien d?étiage sur le bassin de
Loire-Bretagne
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Annexe 9 Eléments d?analyse sur l?idée de
construction de nouveaux grands réservoirs
Plusieurs interlocuteurs rencontrés par la mission lui ont fait part de leur demande de voir le projet
de construction d?un ou plusieurs nouveaux grands réservoirs être porté et financé par l?Etat pour
répondre aux enjeux de l?eau sur le bassin Loire-Bretagne dans le contexte du changement
climatique. Pourtant, aucun des acteurs consultés par la mission190 ne lui a fait part de projets
possibles, à l?exception bien entendu des grands projets qui ont été écartés par le passé pour des
raisons qui restent toujours valables.
Sur ce sujet, la mission considère nécessaire de souligner les points suivants :
? La construction de réservoirs destinés principalement au soutien d?étiage relève désormais
de la compétence des collectivités territoriales dans le cadre de la GEMAPI191 . L?Etat
pourra accompagner les projets des collectivités compétentes. Il n?a plus en l?état actuel
des textes vocation à porter et à financer un tel projet comme cela avait été fait dans le
passé par le ministère en charge de l?agriculture. Ce sont les EPTB qui sont, selon l?article
L 211-7 du code de l?environnement, les porteurs privilégiés des ouvrages à réaliser dans
le cadre de la GEMAPI ;
? Le bassin de la Loire a la chance de bénéficier de l?existence d?une structure, l?EPL, qui
dispose d?une riche expérience de la manière de gérer de tels réservoirs. Le cadre dans
lequel seraient gérés les débits à l?aval de l?ouvrage en période d?étiage reste toutefois à
préciser ;
? Un grand réservoir de plusieurs dizaines de millions de m3 peut, en général, être équipé
pour produire de l?électricité. Les travaux préparatoires de l?Union française de l?électricité
(UFE) pour l?étude de connaissance du potentiel hydroélectrique réalisée par la DGEC en
2013192 concluent à l?existence d?un potentiel de création de nouveaux ouvrages, sur la
partie Loire-Bretagne de l?ancienne région Auvergne, très limité193 dans le cadre des règles
de protection environnementale issue de la LEMA. D?après les éléments recueillis par la
mission auprès d?EDF la démarche d?actualisation du potentiel hydroélectrique en cours
confirme ce très faible potentiel ;
? Des usages sont antagonistes : un grand réservoir de soutien d?étiage peut, à titre
accessoire, produire de l?électricité mais il ne peut pas assurer de surcroît une cote
touristique ;
? Tout nouveau grand réservoir devra prendre en compte, dans sa gestion, les risques, dans
un contexte climatique et hydrologique en évolution et soumis à des incertitudes notables,
de ne pas pouvoir être rempli chaque année et de devoir faire face à des étiages prolongés.
Ses règles de gestion auront donc toute chance, comme c?est le cas pour les réservoirs de
Naussac, de limiter son volume réellement mobilisable à un niveau sensiblement inférieur
à son volume théorique ;
? Compte tenu des tensions actuelles autour de la gestion de l?eau, un projet de grand
190 Y compris les ingénieurs de Somival Ingénierie, dont certains avaient participé, au sein de la Somival (qui a été
racheté par la société Gaudriot aux débuts des années 2000 et qui a donné naissance en 2019 à une Société
Coopérative de Production, la Somival Ingénierie, en 2019) à la réalisation d?une étude du potentiel hydroélectrique
du bassin.
191 Cf analyse juridiques de la partie 3.1.2.2
192 Setec Energy Solutions, « Etude de convergence du potentiel hydroélectrique français ? rapport de synthèse
impact du classement des cours d?eau », octobre 2013
193 Puissance évaluée à 68 MW, soit moins du double de celle du barrage de Grangent
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Novembre 2022 Les conditions de mobilisation des retenues
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réservoir connaitra de vives oppositions. Force est de constater que depuis une
quarantaine d?années, les ouvrages envisagés sur cette partie du territoire, notamment les
barrages de Chambonchard et du Serre de la Farre, n?ont pas été réalisés.
La mission souligne enfin que la réalisation d?un projet de construction d?un grand réservoir, quel
que soit son emplacement sur le bassin, prendrait de nombreuses années pour les études et la
concertation préalable (au moins une dizaine voire une quinzaine d?années). Comme il n?existe
encore aucun porteur de projet et que les sites propices sont à l?évidence difficiles à identifier,
l?espérance de voir un tel ouvrage se réaliser est à une échéance encore plus lointaine (2040, voire
2050). De plus, quel que soit le calendrier envisagé, il sera toujours soumis à des aléas qui pourront
en retarder la réalisation. L?hypothèse de la construction d?un tel barrage ne doit donc en aucun
cas retarder les efforts nécessaires sur le bassin de maîtrise de la consommation d?eau et la mise
en place de la gestion quantitative.
PUBLIÉ
Novembre 2022 Les conditions de mobilisation des retenues
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Annexe 10 Eléments sur les prélèvements d?eau
Les projections hydrologiques à l?horizon du
milieu du siècle laissent présager des
réductions des débits naturels de l?ordre de 20
à 40 % en période de basses eaux.
La réduction prévisible des débits naturels de
ces périodes se traduirait, à prélèvements
constants, par une diminution encore plus
rapide des débits réels comme l?illustre le
graphique ci-contre194. Pour un prélèvement de
40, le débit mesuré passerait de 60, pour un
débit naturel initial de 100, à 40 soit -33 %, pour
une réduction du débit naturel de 20 %, et de 60
à 20 soit -67 %, pour une réduction du débit
naturel de 40 %.
Figure 57 : Effet de la baisse des débits naturels sur
les débits réels en fonction des prélèvements
La loi sur l'eau et les milieux aquatiques (LEMA) promulguée le 30 décembre 2006195 en application
de la directive cadre européenne sur l?eau (DCE) d?octobre 2000 introduit la reconnaissance du
droit à l'eau pour tous et la prise en compte de l'adaptation au changement climatique dans la
gestion des ressources en eau. Elle s?inscrit dans l?objectif de rétablir - ou de maintenir lorsque
c?est déjà le cas - le bon état des milieux aquatiques.
Le SDAGE est l?outil principal de mise en oeuvre de la DCE, ainsi l?article L.212-1 du code de
l?environnement indique que le SDAGE fixe des orientations fondamentales, déclinées en
dispositions, permettant de satisfaire aux principes d?une gestion équilibrée et durable de la
ressource en eau. Ces règles de gestion sont définies en réponse aux objectifs de qualité et de
quantité des eaux définis pour chaque masse d?eau du bassin.
La DCE affiche une grande ambition environnementale en fixant pour objectif emblématique le bon
état des eaux dès 2015. Pour autant elle n?oublie pas les réalités financières puisque l?atteinte du
bon état est notamment soumise à des critères de réalisme économique : c?est la notion de coûts
disproportionnés pour les industriels, les agriculteurs et les collectivités territoriales qui peut, le cas
échéant, justifier la fixation d?objectifs moins stricts ou plus éloignés dans le temps.
On rejoint ainsi la notion de gestion équilibrée et durable de la ressource en eau, précisée par
l?article L. 211-1 du code de l?environnement (issu de l?article 20 de la LEMA) qui prend en compte
les adaptations nécessaires au changement climatique et vise à assurer (sans ordre de priorité
particulier196) :
la prévention des inondations et la préservation des écosystèmes aquatiques, des sites et
194 Ce graphique théorique se lit comme suit : pour un débit naturel initial de 100, le débit mesuré (courbe bleue)
décroît linéairement de 100 à 0 lorsque les prélèvements augmentent de 0 à 100. Si le débit naturel diminue de
20 %, le débit mesuré (courbe orange) décroit de 80 à 0 avec les prélèvements et il n?est plus possible d?avoir des
prélèvements supérieurs à 80. Si le débit naturel diminue de 40 %, le débit mesuré (courbe grise) décroit de 60 à
0 avec les prélèvements et il n?est plus possible d?avoir des prélèvements supérieurs à 60. Pour un taux initial de
prélèvement de 40 %, le débit mesuré s?établit à 60 si le débit naturel est à 100 (courbe bleue). Pour ce même
volume de prélèvements, le débit mesuré s?établit à 40 pour un débit naturel réduit de 20 % (courbe orange), et à
20 pour un débit naturel réduit de 40% (courbe grise). Le taux de prélèvement augmente, à prélèvements constants,
de 40 % à 50 % ou aux 2/3. Et le débit mesuré diminue d?1/3 ou des 2/3. A prélèvements constants, la réduction
des débits mesurés est donc bien plus forte que celle des débits naturels.
195 LOI n° 2006-1772 du 30 décembre 2006 sur l'eau et les milieux aquatiques
196 Dans l?article L211-1 du code de l?environnement, la liste est numérotée mais cela ne doit pas être interprété
comme un ordre de priorité des usages.
0
10
20
30
40
50
60
70
80
90
100
0 10 20 30 40 50 60 70 80 90 100
d
éb
it
m
és
u
ré
prélèvements
DN initial DN -20% DN-40%
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des zones humides [...] ;
la protection des eaux et la lutte contre toute pollution [...] ;
la restauration de la qualité de ces eaux et leur régénération ;
le développement, la mobilisation, la création et la protection de la ressource en eau ;
la valorisation de l'eau comme ressource économique et, en particulier, pour le
développement de la production d'électricité d'origine renouvelable ainsi que la répartition
de cette ressource ;
la promotion d'une politique active de stockage de l'eau pour un usage partagé de l'eau
permettant de garantir l'irrigation, élément essentiel de la sécurité de la production agricole
et du maintien de l'étiage des rivières, et de subvenir aux besoins des populations locales ;
la promotion d'une utilisation efficace, économe et durable de la ressource en eau,
notamment par le développement de la réutilisation des eaux usées traitées et de
l'utilisation des eaux de pluie en remplacement de l'eau potable ;
le rétablissement de la continuité écologique au sein des bassins hydrographiques.
Le même article du code de l?environnement précise la notion de gestion équilibrée et durable en
fixant des priorités et tout d?abord la satisfaction des exigences de la santé, de la salubrité publique,
de la sécurité civile et de l?alimentation en eau potable de la population.
La gestion équilibrée et durable doit ensuite permettre de satisfaire ou concilier lors des différents
usages, activités ou travaux, les exigences :
1) de la vie biologique du milieu récepteur et spécialement de la faune piscicole et
conchylicole,
2) de la conservation et du libre écoulement des eaux et de la protection contre les
inondations,
3) de l?agriculture, des pêches et cultures marines, de la pêche en eau douce, de l?industrie,
de la production d?énergie, en particulier pour assurer la sécurité? du système électrique,
des transports, du tourisme, de la protection des sites, des loisirs et des sports nautiques,
ainsi que de toutes autres activités humaines légalement exercées.
Sur le bassin Loire-Bretagne et sur l?axe Loire-Allier soutenu par Naussac et Villerest, les
consommations nettes d?eau à l?étiage sont dues à l?irrigation pour plus de la moitié et au
refroidissement des centrales nucléaires pour environ un quart197.
Face aux tensions sur les usages de l?eau dans un contexte de raréfaction, il est précisé dans le
propos introductif du SDAGE Loire Bretagne 2022-2027 que « tout au long de la préparation du
SDAGE, le comité de bassin Loire-Bretagne a eu le souci constant d?émettre des préconisations
et des dispositions réalistes, c?est-à-dire ne rendant pas incompatible l?atteinte du bon état des
eaux avec l?exercice des activités agricoles et industrielles, ou encore avec celui de la production
d?électricité d?origine hydraulique. »
197 Voir partie 1.1.2
PUBLIÉ
Novembre 2022 Les conditions de mobilisation des retenues
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Annexe 11 L?agriculture dans le bassin Loire-
Bretagne
L?agriculture occupe une place économique importante dans le bassin Loire-
Bretagne
L?état des lieux du SDAGE adopté fin 2019 montre qu?en légère hausse depuis 2010 (+2 %), la
production de la branche agricole du bassin Loire Bretagne représente en 2016 un total d?environ
20,8 milliards d?euros, soit près de 32 % de la production nationale. La production se répartit à 60 %
pour la production animale et 40 % pour la production végétale. Le secteur agricole emploie environ
215 000 personnes au sein de 110 000 exploitations.
La production végétale est concentrée sur le centre du bassin, dans les régions Centre Val de Loire
et Pays de la Loire qui comptabilisent plus de la moitié de la production végétale du bassin en 2016.
Les cultures de céréales et d?oléo-protéagineux y occupent une place majoritaire.
En production animale, les élevages laitiers sont concentrés principalement en Bretagne et dans
les Pays de la Loire (50 % de la production nationale est issue de ces deux régions). La filière «
bovin viande » est localisée dans le centre ouest du bassin. On assiste à la poursuite de la baisse
du cheptel de porcs sur l?ensemble du bassin Loire-Bretagne entre 2010 et 2016, avec une hausse
des effectifs par exploitation, notamment à l?ouest du bassin (augmentation de 13 % en Bretagne
et de 6 % en Pays de la Loire). La Bretagne occupe le 1er rang des treize régions françaises pour
la production porcine avec 5 500 exploitations en 2015, et un cheptel estimé à 7,04 millions de
têtes en 2016. Le constat n?est pas le même pour ce qui est de l?évolution des élevages de volailles
(volailles de chair, poules pondeuses?) où l?on a assisté entre 2010 et 2016 à une augmentation
des effectifs sur une majeure partie du bassin, à l?exception de la région Centre-Val de Loire.
Figure 58 : Production brute animale et végétale du bassin Loire-Bretagne
Source : AELB ? Etat des lieux du bassin Loire-Bretagne
PUBLIÉ
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L?industrie agroalimentaire constitue le premier employeur industriel du bassin Loire-Bretagne avec
150 000 emplois.
L?agriculture est le premier consommateur d?eau du bassin Loire-Bretagne
En période d?étiage, les analyses de la première partie du rapport montrent que l?irrigation occupe
la première place des usages avec plus de 50 % des consommations nettes (différence entre le
volume prélevé et le volume restitué au milieu naturel, principalement dans une grande partie
centrale et sud-ouest du bassin). L?alimentation en eau des élevages constitue également un
prélèvement significatif en région Pays de la Loire et Bretagne essentiellement. Des prélèvements
unitaires importants en eau de surface pour l?irrigation s?exercent le long des grands axes fluviaux
ainsi que dans quelques grandes nappes souterraines, calcaires de Beauce et calcaires du
Jurassique.
Figure 59 : Volumes consommés à l?étiage 2013 par usage et par territoire des commissions territoriales
Source : AELB - Etat des lieux du bassin Loire Bretagne
L?irrigation est limitée sur le bassin Loire-Bretagne mais se développe face au
changement climatique
L?irrigation ne représente que 5 % de la surface agricole utile mais s?est renforcée
ces dernières années
Seulement environ 5 % de la surface agricole utile du bassin Loire-Bretagne est aujourd?hui irriguée
soit environ 505 000 ha. L?évolution est variable suivant les départements du bassin depuis l?année
2000 avec une relative stabilisation entre 2000 et 2010 et une augmentation contrastée depuis.
Historiquement, on constate une forte densité de prélèvements, qui s?étale des Pays de la Loire à
la Beauce, en Champagne Berrichonne, le long des axes Loire ? Allier, et dans le Forez.
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Figure 60 : Densité de prélèvements pour l?irrigation en 2019
Source : AELB
Les zones irriguées se développent logiquement là où se croisent des zones agricoles de grande
culture ou de maraichage avec une situation de faibles pluies efficaces (quantité d?eau de pluie
disponible après évapotranspiration)
Figure 61 : Pluies efficaces moyennes sur le bassin Loire-Bretagne
Source : AELB
Les données de l?agence de l?eau montrent que la majeure partie de la hausse globale des
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prélèvements sur l?axe Pays de la Loire ? Beauce est due à l?irrigation qui continue de se
développer depuis 20 ans. Une augmentation des prélèvements pour l?irrigation est aussi notable
en Auvergne sur l?axe Allier entre Clermont-Ferrand (Limagne) et Moulins d?une part et la plaine du
Forez au Nord-Est de Saint Etienne d?autre part.
Figure 62 : Evolution 1999-2019 des prélèvements pour l?irrigation
Source : AELB
Figure 63 : Evolution 1999-2019 des prélèvements pour l?irrigation par SAGE
PUBLIÉ
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Source : AELB
On constate une hausse de plus de 10 000 m3/an associée aux SAGE nappe de Beauce, Authion,
Sèvre Nantaise, Auzance, Vertonne et cours d?eau côtiers ou encore Logne, Boulogne, Ognon et
lac de Grand Lieu.
Néanmoins, les efforts mis en oeuvre, notamment grâce au Sdage, permettent d?observer depuis
ces 10 dernières années (2009 ? 2019 d?après les données disponibles) que l?évolution des
prélèvements liés à l?irrigation dans la Sarthe et le Maine-et-Loire sont à la baisse. De plus, des
baisses significatives sont mises en avant sur le marais Poitevin et la Champagne Berrichonne.
Figure 64 : Evolution 2009-2019 des prélèvements pour l?irrigation
Source : AELB
Ces tendances sont également observables à l?échelle des Sage, avec notamment une baisse
davantage marquée au droit des SAGE Sarthe aval, Sèvre niortaise et Marais Poitevin, ou encore
Clain.
L?augmentation des prélèvements au droit du SAGE Beauce peut s?expliquer par le manque de
précipitations des dernières années, dû à des sécheresses de plus en plus marquées. En effet,
278 millions de m3 ont été prélevés au droit du SAGE en 2020, ce qui représente le plus fort
prélèvement depuis au moins ces 12 dernières années et l?augmentation synchrone des volumes
autorisés. Cependant, les nappes profondes ne sont pas directement dans le champ de la mission
qui s?intéresse aux écoulements superficiels.
Sur cette dernière période, on note aussi une augmentation des prélèvements pour l?irrigation sur
le territoire du SAGE Allier aval. L?étude HMUC Haut Allier Allier aval confirme198 que, à l?échelle
de sa zone d?étude, « les prélèvements pour l'irrigation représentent des volumes importants. Les
ordres de grandeur sont de 37 Mm3/an en année moyenne et 52 Mm3/an en année sèche
quinquennale. En année exceptionnelle, telle que 2019, les prélèvements peuvent être plus
importants (estimation de la profession agricole pour 2019 : environ 57,2 M. de m3) »
198 CESAME études et conseil en environnement, « Etude gestion quantitative avec une analyse Hydrologie Milieux
Usages Climat et élaboration de programmes d?action pour une gestion durable des ressources en eau sur les
territoires des SAGE du haut Allier et de l?Allier aval. Synthèse du rapport de phase 1 », décembre 2021, p 208
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Figure 65 : Evolution 2009-2019 des prélèvements pour l?irrigation par SAGE
Source : AELB
Globalement, l?état des lieux du SDAGE établi en 2019 ne met cependant pas en évidence
d?évolution significative des consommations d?eau pour l?irrigation sur l?ensemble du bassin depuis
20 ans même si elles fluctuent suivant les étés plus ou moins secs. Ces chiffres sont basés sur les
déclarations des irrigants soumis à redevance auprès de l?agence de l?eau qui n?interviennent que
pour des volumes supérieurs à 10 000 m3/an. Elles ne tiennent donc pas compte des prélèvements
des irrigants non soumis à cette obligation de déclaration.
Cette relative faible évolution de l?irrigation peut aussi s?expliquer par des orientations de politiques
publiques199 : découplage partiel des aides PAC, y compris des aides spécifiques aux cultures
irriguées (le maïs principalement), et la mise en oeuvre de manière plus systématiques de
restrictions d?usages pour contribuer à l?atteinte des objectifs nouveaux de la directive cadre
européenne sur l?eau en matière de gestion qualitative et quantitative de la ressource en eau. De
plus, ce changement de contexte politique se fait dans un environnement économique peu propice
aux cultures irriguées puisque depuis plusieurs années, les évolutions des différentiels de prix entre
maïs et blé sont plus favorables au blé, culture d?hiver qui est peu irriguée en comparaison du maïs.
L?inquiétude du monde agricole face aux sécheresses des dernières années et les
199 S. Loubier, M. Campardon, S. Morardet, L?irrigation diminue-t-elle en France ? premiers enseignements du
recensement agricole de 2010, INRAE « Sciences Eaux & Territoires », 2013/2 N° 11, p. 12-19
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projections climatiques futures
Mais face aux sécheresses estivales à répétitions et aux projections du changement climatique qui
va renforcer les températures et l?évapotranspiration et donc le déficit hydrologique, la profession
agricole est fortement préoccupée par l?accès à l?eau comme l?ont montré notamment les débats
en comité de l?eau lors de l?adoption du SDAGE 2022-2027.
Cette inquiétude n?est pas spécifique au bassin Loire-Bretagne, comme le mentionne le rapport
conjoint du CGEDD et du CGAAER « Changement climatique, eau, agriculture » publié en juillet
2020 200 . Il indique que partout les productions agricoles et agroalimentaires sont fortement
impactées par le changement climatique qui conduit à des épisodes de grêle, des pluies
diluviennes et à des sécheresses déjà perceptibles qui vont s?accentuer dans les années à venir,
dans un contexte de tension plus forte d?accès à la ressource et de partage de l?eau entre les
usagers.
En effet, les rendements chutent suite au stress hydrique prolongé. Ainsi, en 2022, à la différence
des cultures d?hiver récoltées au début de l?été qui ont été assez peu affectées, les cultures de
printemps ont pâti des stress hydriques et thermiques liés à la sécheresse et aux températures
élevées ; leurs rendements sont en forte baisse, notamment pour le maïs non irrigué comme le
montrent les figures suivantes. 201 Les prairies sont aussi affectées, avec des rendements inférieurs
de 30 % par rapport à la moyenne des 5 dernières années, sans compter la perte de production
de lait des vaches soumises à la canicule.
Figure 66 : Estimations au 1/09/2022 de l?évolution des rendements du maïs grain irrigué et non irrigué
Source : Agreste
Un retard dans la prise de conscience des enjeux sur l?eau en amont du bassin
L?organisation mise en place par les agriculteurs pour la gestion de l?eau apparait différenciée
suivant les territoires sur le bassin Loire-Bretagne. En Vendée ou en Beauce, les enjeux ont été
200 Rapport CGAAER 19056-CGEDD 012819-01, « Changement climatique, eau, agriculture : quelles trajectoires
d?ici 2020 ? », juillet 2020, 333 p.
201 Agreste Infos Rapides ? Grandes cultures ? sept. 2022 - n°2022 ? 111
.
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bien identifiés depuis longtemps et une gestion collective est déjà opérationnelle avec des outils
de suivi quantitatif de la ressource. En amont de bassin, la prise de conscience a été plus tardive,
en réaction aux sécheresses récentes notamment de 2019, et il y avait jusqu?à présent peu
d?initiatives collectives et une quasi absence de gestion quantitative. Des initiatives existent
cependant de mobilisation de ressources existantes comme sur le bassin de la Sioule, où une
réquisition a été mise en place par l?Etat en 2019 à la demande de la Chambre d?agriculture de
l?Allier, qui en a supporté le coût, pour bénéficier de 300 000 m3 d?eau pour l?irrigation par
déstockage du barrage des Fades. À partir de 2020, une convention de soutien d?étiage, plafonnée
à 4,8 Mm3, au bénéfice de l?agriculture a été établie entre EDF et la Chambre d?agriculture.
L?indemnisation du concessionnaire est effectuée selon la méthode du coût de partage des
charges.
Dans le Puy-de-Dôme, un PTGE et un SAGE sont maintenant lancés qui vont déboucher sur la
définition d?un volume prélevable sur la base d?une étude HMUC. Il faudra mettre en place un
OUGC pour porter les projets collectifs et solliciter des financements européens.
A ce stade, des démarches concertées sont engagées dans les territoires pour
dégager des pistes d?adaptation et d?amélioration de l?accès à la ressource en
eau pour l?agriculture
Face aux évolutions climatiques touchant l?agriculture, le rapport conjoint CGEDD-CGAAER
« Changement climatique, eau et agriculture » conclut que « la réponse au changement climatique
nécessite un changement de modèle agricole, plus économe en eau et protecteur des sols et,
partout où cela est possible, il est favorable au renforcement de la ressource en eau pour l?irrigation,
dans le respect du renouvellement de la ressource et du bon état des milieux. »
C?est dans cette optique que s?est engagée la démarche du Varenne agricole de l?eau et de
l?adaptation au changement climatique, qui a livré ses conclusions début février 2022. La
profession agricole du bassin Loire-Bretagne a participé à ces travaux, notamment les chambres
d?agriculture qui ont réalisé à cette occasion des diagnostics territoriaux en matière d?adaptation202.
Ils permettent d?identifier les points de vulnérabilité des productions territoire par territoire, mais
également les nouvelles opportunités liées aux évolutions climatiques. Ce travail a été mené en
concertation étroite avec les Conseils régionaux, DRAAF, DREAL, Agences de l?eau, organismes
de recherche et instituts techniques. Plus précisément, dans chaque région, des filières de
production emblématiques ont été identifiées qui ont été étudiées dans un territoire bien identifié.
La vulnérabilité au changement climatique de chaque couple « productions / régions agricoles » a
été débattue en région et soumise à une analyse atouts, faiblesses, opportunités, risques (AFOM).
Des leviers d?action d?adaptation (évolutions des systèmes de productions, équipements, outils de
prédiction, génétique et sélection variétale, infrastructures locales...) sont ainsi d?ores-et-déjà
identifiés pour renforcer la pérennité des productions locales. Ce travail à l?échelle fine de la petite
région agricole permet également de montrer des opportunités de développement de nouvelles
productions ou de nouveaux modes de production. Il a permis d?initier des plans d?action
d?adaptation des systèmes agricoles au changement climatique qui s?inscrivent dans les
orientations du Varenne sur l?eau et l?adaptation au changement climatique.
Cependant, face au constat de l?aggravation des déficits hydriques en été, ces travaux débouchent
en général sur l?expression d?un besoin de sécuriser l?accès à l?eau pendant les périodes de
sécheresses par la création de nouvelles retenues, l?irrigation apparaissant comme une
« assurance sécheresse ». La quantification des ces besoins nécessite des études type HMUC et
une concertation préalable (PTGE, SAGE), dans le respect des dispositions du SDAGE, portant
sur l?ensemble des usages à l ?échelle des territoires.
202 Les diagnostics territoriaux réalisés par les chambres d?agriculture dans le cadre de la thématique 2 du
Varenne de l?eau et du changement climatique sont téléchargeables à l?adresse : https://rd-
agri.fr/external_data/varenne/thematique2/VARENNE%20GT2%20-%20Diagnostics%20territoriaux.zip
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Ces démarches qui prennent plusieurs années ne sont pas finalisées à ce stade. Nous ne
disposons donc pas encore de données chiffrées consensuelles sur les besoins en eau pour
l'agriculture à l?horizon 2050.
A court terme, on peut envisager un accroissement très limité des prélèvements, voire la création
de volumes supplémentaires d?eau dans des retenues de quelques millions de m3 à définir dans le
cadre de démarches concertées territoriales. Le préfet de la région AURA a ainsi lancé un
programme «100 retenues pour la région » d?ici fin 2022 comme une des actions phares de sa
stratégie eau-air-sol. 21 retenues sont identifiées dans ce cadre en Allier, 16 dans le Puy-de-Dôme,
21 dans la Loire et 17 en Haute-Loire.
Mais globalement et à moyen terme, à l?horizon du milieu de siècle, il ne sera pas possible
d?étendre les surfaces irriguées. Il faudra renforcer les pratiques agricoles déjà engagées moins
consommatrices d?eau et des prélèvements dans le cadre d?une gestion collective (OUGC) pouvant
englober des retenues nouvelles créés conformément à la démarche du Varenne de l?eau et de
l?adaptation au changement climatique.
Exemple des besoins exprimés par la coopérative Limagrain sur le territoire de la
Limagne Val d?Allier
A l?occasion d?une rencontre lors d?un déplacement en Auvergne et dans une note transmise
ensuite à la mission (Cf. annexe 12), la coopérative Limagrain203 a fait état d?un besoin de 20 Mm3
supplémentaire pour l?irrigation. Ce volume serait nécessaire afin de maintenir le dynamisme du
territoire de la Limagne, territoire au sols fertiles mais de climat sec, et en particulier de développer
une nouvelle filière de production de légumes de pleins champs. Il est précisé dans cette note que
des projets collectifs de retenues d?eau, sur la plaine de Limagne, dont certains déjà engagés,
pourront pallier l?urgence de la situation, devenant dramatique avec les épisodes de sècheresse.
Il est également mentionné que la coopérative a la volonté de réfléchir de manière concertée avec
les autres acteurs dans une vision multiusage. La note conclut en indiquant que cette réflexion à
l?échelle locale devra être couplée à une vision plus globale sur la construction de grands ouvrages
incluant notre indépendance énergétique aux énergies fossiles et déterminant la pertinence de
créer des barrages hydroélectriques.
Si l?on comprend bien l?importance économique et d?emploi que représente une coopérative aussi
dynamique que Limagrain, et que l?on ne peut qu?encourager la volonté de démarche collective
pour la gestion de l?eau, il reste cependant à fonder la demande de volumes supplémentaires d?eau
pour l?irrigation sur des études quantitatives et prospectives de type HMUC qui restent à produire.
A court terme, il est sans doute possible de créer en Limagne des retenues de substitution à
hauteur de quelques millions de m3, avec des financements de la part de la coopérative et de ses
adhérents, avec l?accompagnement du programme « 100 retenues » du Préfet AURA204.
La création d?une ou plusieurs grandes retenues multiusage telles qu?évoquées par Limagrain
nécessiterait une démarche plus large, l?identification de sites propices et un plan de financement.
Il faudra des études, de la concertation et donc un temps long sans garantie d?aboutissement.
L?exemple de la retenue de la Sep sur la Morge qui ne s?est pas remplie en 2019205 montre qu?il
faut attacher une grande importance aux prévisions hydrologiques, le tout n?étant pas de créer des
ouvrages encore faut-il s?assurer de la possibilité de leur remplissage en années sèches dans le
nouveau contexte climatique.
203 Limagrain est une coopérative agricole et un groupe semencier international détenus par près de 1 500
agriculteurs installés en Limagne Val d?Allier. Présent dans 57 pays et rassemblant plus de 9 000 collaborateurs, le
Groupe réalise un chiffre d?affaires de 1 984 M¤ auxquels s?ajoutent 680 M¤ de chiffre d?affaires des activités
réalisées conjointement avec ses partenaires stratégiques. Pour plus de précisions consulter limagrain.com
204 Trois projets concrets de bassines sont ainsi en cours en plaine de Limagne
205 Ce barrage de 4,7 Million de m3, édifié en 1994, est conçu pour permettre l?irrigation des cultures de la Limagne,
en aval, sur près de deux milles hectares. En fin de printemps 2019, il ne s?est rempli qu?à 30 % et était vidé mi-
août, rendant la situation critique pour les 200 agriculteurs bénéficiaires.
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En contrepartie de la création de volumes supplémentaires pour l?irrigation, un renforcement de
l?adaptation de la production agricole aux nouvelles conditions climatiques sera inévitable, ici
comme ailleurs. D?une part, pour en faciliter l?acceptabilité par les autres usagers et, d?autre part,
car l?irrigation ne pourra pas être étendue à toutes les surfaces, d?autant plus que la Limagne,
bénéficiant notamment du soutien d?étiage du barrage de Naussac, a déjà atteint un niveau de
l?ordre de 15 % de la surface agricole utile irriguée (contre 5 % en moyenne dans le bassin Loire-
Bretagne).
Les conclusions du Varenne de l?eau et du changement climatique
Ce cas particulier de la Limagne ne peut que s?inscrire dans la démarche générale et les
conclusions, produites début février 2022, du Varenne sur l?eau et de l?adaptation au changement
climatique :
? le besoin de recherche et d?innovation,
? la mobilisation de voies d?adaptation des pratiques agricole aux conditions de sécheresse
? les pistes très encadrées d?amélioration de l?accès à la ressource en eau.
Le cadre et les conclusions du Varenne sur l?eau et du changement climatique sont rappelés ci-
après.
Les Assises de l?Eau ont permis d?engager fin 2018 ? début 2019 une première concertation avec
l?ensemble des acteurs de l?eau sur les conséquences du changement climatique. Voulue par le
Président de la République, la démarche du Varenne sur l?eau et de l?adaptation au changement
climatique a été lancée le 28 mai 2021 par le ministre de l?Agriculture et de l?Alimentation et la
secrétaire d?État chargée de la Biodiversité. 1400 participants issus de 520 organismes (chambres
d?agriculture, ONG, agences de l?eau, instituts techniques et de recherche, ?) ont pris part aux
travaux206 afin de structurer une série de réponses concrètes face au changement climatique, en
tenant compte de l?importance stratégique de la production agricole et alimentaire pour le pays,
renforcée encore par les récentes crises sanitaires et du conflit en Ukraine207.
Les conclusions qui ont été livrées début février 2022 sont structurées autour de 3 thématiques :
1. Se doter d?outils d?anticipation (notamment lancement du projet Explore2) et de
protection assurantielle de l?agriculture,
2. Renforcer la résilience de l?agriculture en agissant notamment sur les sols, les
variétés, les pratiques d?élevage et de cultures, les infrastructures agro-
écologiques et l?efficience de l?irrigation de l?eau,
3. Accéder à une vision partagée et raisonnée de l?accès aux ressources en eau
mobilisables pour l?agriculture à long terme.
En complément des mesures du plan France 2030, deux lignes supplémentaires sont déployées
dès 2022 : 100 millions d?euros pour financer l?acquisition d?équipements et de matériels innovants,
et 100 millions d?euros pour la mise en place d?un appel à projet pour le soutien à l?innovation afin
206 La Confédération Paysanne, la Fédération Nationale d?Agriculture Biologique, France Nature Environnement, le
Réseau Action Climat et UFC-Que Choisir n?ont pas souhaité participer à cette consultation dont elles ne partagent
ni les attendus ni les conclusions.
207 La France reste un grand producteur agroalimentaire à l?échelle européenne et mondiale. Au deuxième rang
au début des années 2000, elle est désormais en 2020 le sixième exportateur mondial après les États-Unis, le
Pays-Bas, l?Allemagne, la Chine et le Brésil. Sur la même période, le déficit global de la balance commerciale de
la France a été multiplié par six tandis que l?excédent agroalimentaire s?est maintenu autour de 8 milliards d?euros
en moyenne.
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d?accélérer la transition des filières agricoles et alimentaires. Sur cette deuxième enveloppe, une
part ira au soutien aux investissements dans les projets collectifs pour l?amélioration ou la création
d?infrastructures hydrauliques en particulier mobilisant les technologies les plus innovantes. Cela
concerne le pilotage intelligent des stockages, l?expérimentation pour récupérer les pluies en hiver,
la réutilisation des eaux usées.
Un délégué interministériel en charge du suivi des actions et travaux engagés dans le cadre du
Varenne a été nommé fin avril 2022208 pour une durée de 3 ans. Placé auprès des ministres en
charge de l?Environnement et de l?Agriculture, il devra s?assurer du déploiement de l?ensemble des
mesures arbitrées en conclusion du Varenne et de coordonner l?action commune des services de
l?État au service d?une politique ambitieuse en termes d?adaptation de l?agriculture au changement
climatique et d?accès aux ressources en eau mobilisables pour l?agriculture sur le long terme.
Les pistes de la mobilisation de la recherche, de l?innovation et du transfert
La connaissance du phénomène du changement climatique en lui-même mobilise la communauté
scientifique internationale, elle fait régulièrement l?objet de synthèse grâce aux travaux du GIEC. Il
est important que les acteurs agricoles disposent des meilleures déclinaisons des modèles
climatiques en France, à différentes échelles du territoire. L?actualisation et la mise à disposition
du public des prospectives hydrologiques d?Explore2070 est par exemple attendue en 2023 avec
le projet Explore2. En termes de connaissance de la ressource en eau existante, il est prévu aussi
dans le cadre du Varenne, d?allouer 13 M¤ à un inventaire exhaustif des retenues existantes.
Les acteurs agricoles peuvent s?appuyer sur les résultats issus de la recherche agronomique face
au changement climatique, développés principalement au sein de l?INRAE, de laboratoires
universitaires et des instituts techniques agricoles. Le transfert des connaissances et innovations
pourra être adapté aux contextes locaux pour les différentes productions agricoles grâce à
l?expertise technique des chambres d?agriculture qui donnent des conseils aux agriculteurs. Les
nouvelles connaissances sont aussi à transmettre par la mobilisation de l?enseignement agricole
(lycées agricoles, écoles d?ingénieurs) tant en formation initiale que continue.
Le Varenne de l?eau et de l?adaptation au changement climatique va aussi dans le sens d?une prise
en compte de ces bases scientifiques nouvelles dans les évolutions de la réglementation (par
exemple pour mieux utiliser l?eau disponible en hiver ou fixer la répartition en période de
sécheresse) et des politiques publiques (par exemple en développant un nouveau système
assurantiel ou des aides ciblées).
Les pistes du renforcement de la résilience de l?agriculture
Face aux étiages de plus en plus sévères et au nécessaire partage de l?eau entre les différents
usages, il convient, dans la logique de la thématique 2 du Varenne, de s?interroger en premier lieu
sur l?adaptation des systèmes agricoles à une disponibilité en eau plus réduite en explorant toutes
les solutions qui vont permettre leur meilleure résilience.
Déjà, l?agriculture est à situer dans le cadre d?une gestion intégrée de la ressource en eau à une
échelle plus large que celle d?une exploitation, afin de pouvoir prendre en compte les interactions
avec l?ensemble des milieux et des autres acteurs concernés, sans oublier de mobiliser les
solutions fondées sur la nature permettant la rétention en eau dans les hydrosystèmes naturels.
Ensuite, plus spécifiquement à l?activité agricole, il s?agit d?envisager un panel de solutions
208 La mission a échangé le 4 juillet 2022 avec le Préfet Frédéric Veau, nommé délégué interministériel en charge
du suivi des actions et travaux engagés dans le cadre du Varenne
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agronomiques mais aussi génétiques et technologiques209.
Solutions agronomiques et de pratiques culturales
L?agroécologie210 qui mise sur le bon fonctionnement de l?écosystème des sols constitue une
réponse de base à l?adaptation de l?agriculture au changement climatique. L'agriculture de
conservation des sols (ACS) 211 , encore peu développée en France, est un ensemble de
techniques culturales destinées à maintenir et améliorer le potentiel agronomique des sols, tout en
conservant une production régulière et performante sur les plans technique et économique. Elle
permet une moindre consommation d?eau et d?intrants212 par :
? la réduction voire la suppression du travail du sol,
? la diversification des espèces végétales et l?allongement des rotations,
? une couverture permanente du sol par les cultures intermédiaires.
Les cultures intermédiaires contribuent à recharger les sols en matière organique213, les rendant
ainsi plus fertiles et aptes à retenir l?eau, tout en limitant les risques d?érosion lors des fortes
précipitations.
Il existe aussi différentes stratégies culturales pour limiter au-moins partiellement les effets des
sécheresses : l?esquive en privilégiant la culture pendant les périodes humides (notamment les
cultures d?hiver ou les variétés précoces), l?évitement en privilégiant des plantes dont le système
racinaire est plus développé (typiquement luzerne ou sorgho) ou la tolérance en intégrant dans la
rotation des plantes plus résistantes à la sécheresse (tournesol ou sorgho).
La diversification (intra et interspécifique) des cultures est un facteur de réduction de vulnérabilité
face aux bio agresseurs. Elle permet aussi que les cultures ne soient pas impactées
simultanément et au même degré lorsque survient un aléa climatique comme une sécheresse. Par
ailleurs, semer dans les prairies un mélange associant des légumineuses qui fixent l?azote de l?air
(luzerne ou trèfle) à des graminées permet de réduire l?apport d?engrais azoté dans les rotations.
L?agroforesterie qui se rapproche des solutions fondées sur la nature, en associant arbres, cultures
ou animaux sur une même parcelle agricole, en bordure ou en plein champ214 , permet une
meilleure utilisation des ressources naturelles du milieu : la lumière, l?eau et les engrais sont
prélevés plus efficacement grâce à un étagement des cultures, des systèmes racinaires de
profondeurs variées, une occupation du sol permanente. La création d?un microclimat sur la
parcelle protège également les cultures et les animaux des stress thermiques et hydriques.
209 Cf. rapport CGAAER 21045, Parangonnage sur les techniques et pratiques innovantes de gestion de l?eau en
agriculture, mars 2022, 190 p.
210 D ?après https://dicoagroecologie.fr/encyclopedie/agroecologie/ , l?agroécologie vise à promouvoir des systèmes
alimentaires viables respectueux des hommes et de leur environnement. Ces systèmes engagent des modes de
productions agricoles et des filières valorisant les potentialités écologiques, économiques et sociales d?un territoire.
Leur développement s?appuie sur des approches transdisciplinaires réunissant professionnels du Monde agricole,
211 http://www.fao.org/ag/Ca/fr/index.html
212 L?ACS se différencie de l?agriculture biologique en ne renonçant pas totalement aux intrants (pesticides
notamment le glyphosate pour le contrôle des adventices, engrais). Elle requiert cependant moins de travail du sol
et donc moins d?énergie fossile que l?agriculture biologique. Le rapport CGAAER-CGEDD « Changement climatique,
eau, agriculture : quelles trajectoires d?ici 2020 ? », de juillet 2020, souligne qu?une convergence entre ACS et
agriculture biologique offrirait le plus grand intérêt (p. 234)
213 Source : Stocker du carbone dans les sols français. Quel potentiel au regard de l'objectif 4 pour 1 000 et à quel
coût ?, INRAE, juillet 2019. Étude réalisée pour l'ADEME et le ministère en charge de l'agriculture
214 Ces pratiques comprennent les systèmes agro-sylvicoles mais aussi sylvopastoraux, les pré-vergers (animaux
pâturant sous des vergers de fruitiers).
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L?agrivoltaïsme est également un système étagé qui associe une production d'électricité
photovoltaïque et une production agricole au-dessous de cette même surface. La coexistence de
panneaux solaires et de cultures implique un partage de la lumière entre ces deux types de
production, l'ombre apportée par les panneaux pouvant favoriser des cultures ou productions
animales. Ces pratiques sont encore peu répandues en France.215
Dans le cas des animaux d?élevage, les impacts associés au changement climatique varient selon
les espèces, les races ou les systèmes d?élevage. Ils sont pour l?essentiel liés à la hausse des
températures dont les conséquences sont multiples : augmentation de la consommation d?eau,
baisse des performances de production et de reproduction, baisse de la qualité des aliments,
altération de l?état de santé, baisse de la longévité et accélération des réformes. La sécheresse
agit également sur la disponibilité et la qualité des fourrages. Une partie des réponses va dépendre
de facteurs génétiques des animaux.
En cas de sécheresse tarissant les points d?eau naturels ou du fait d?une qualité bactériologique /
chimique de l?eau insuffisante, l?abreuvement du bétail est réalisé en tout ou partie avec de l?eau
du réseau public d?eau potable. Cela induit une tension avec l?approvisionnement en eau potable
des populations humaines 216 et un coût supplémentaire pour l?éleveur. De surcroit,
l?acheminement de l?eau potable à partir du réseau vers les prés au moyen de citernes tractées
peut représenter une lourde charge de travail pour les éleveurs, acceptable à titre exceptionnel
mais non soutenable si la situation devait se généraliser chaque été.
Solutions génétiques et de sélection variétale
Le changement climatique va se traduire par une recomposition des zones agro-climatiques de
telle sorte que, sur un territoire donné, certaines cultures deviendront difficiles voire impossibles à
cultiver alors que d?autres le deviendront. Dans cette logique, on peut utiliser des variétés issues
de régions plus arides pour les grandes cultures ou les cépages de vigne par exemple.
Il en va de même pour les productions animales pour la résistance au stress thermique ou au
parasitisme, dans la mesure où il est possible d?exploiter les données collectées dans les
conditions climatiques qui préfigurent celles qui devraient exister en France métropolitaine dans
les prochaines décennies. Cela donne des leviers d?anticipation d?évolution des populations
bovines laitières (Holstein, Montbéliarde, Brune) et allaitantes (Charolais et Limousin). La sélection
animale permet par ailleurs de doter toutes les filières des outils les plus performants pour adapter
la génétique des animaux à leurs conditions de production.
Depuis 1950, la génétique et la sélection variétale des grandes cultures sont essentiellement
orientées vers l?augmentation des rendements maximaux et non spécifiquement vers la résistance
à la sécheresse. On pourrait donc a priori espérer des progrès de la sélection génétique et variétale
pour résister mieux à l?avenir aux sécheresses. Mais c?est un processus lent et coûteux qui, en
dépit des progrès réalisés, nécessite de l?ordre de 10 ans pour développer une nouvelle variété
végétale.
La physiologie des plantes constitue cependant en elle-même une limite, dans la mesure où la
diminution de la transpiration des feuilles en agissant sur la fermeture des stomates (pour
augmenter la résistance au stress hydrique) revient à réduire la photosynthèse et donc la
croissance et la production de biomasse (et donc le rendement). Il n?est pas évident qu?au final des
variétés sélectionnées pour leurs gènes de résistance aux sécheresses soient un meilleur choix
pour l'agriculteur face aux variétés existantes sélectionnées pour leurs forts rendements potentiels.
215 Ademe, I Care & Consult, Ceresco, Cétiac, 2021. Caractériser les projets photovoltaïques sur terrains agricoles
et l'agrivoltaïsme, Résumé exécutif de l?étude, 28 p ? disponible sur le site de l?Ademe
216 En moyenne, une Unité Gros Bétail (UGB) consomme 70 l/jour mais quand la température dépasse 25°C une
vache laitière boira de l?ordre de 140 l/Jour soit une consommation équivalente à celle d?un habitant (tous usages
confondus).
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Certes, le rendement de ces dernières chute en situation de sécheresse mais reste néanmoins à
des niveaux satisfaisants. Cela résulte du fait que les sélectionneurs ont testé les variétés à fort
rendement dans différentes conditions y compris les plus défavorables en stress hydrique. Les
entreprises de sélection végétale ont ainsi d?ores-et-déjà à leur catalogue des variétés bien
adaptées au stress hydrique comme par exemple LG Hydraneo217 pour le maïs développé par
Limagrain sur la base de travaux réalisés en commun avec l?INRAE218. A cet égard, le maïs pourra
rester une culture d?intérêt même si elle fait souvent l?objet de critiques notamment pour ses
besoins en eau219 , s?agissant d?une culture de printemps qui nécessite des apports en eau
importants en juillet au moment de la floraison, en pleine période d?étiage.
Certains agriculteurs se tournent vers le sorgho, notamment en Touraine voire en Beauce220 .
Destiné à l?alimentation animale avec aussi des perspectives de valorisation en agroalimentaire, il
représente moins de 5 % des grandes cultures en France mais se développe avec le réchauffement
climatique. S?il accuse des rendements moindres en année normale, en comparaison du maïs, il
dispose d?un enracinement plus profond et d?une structure foliaire limitant la perte d?eau. Cela lui
permet, en année sèche, de mieux résister au stress hydrique sans irrigation (tout en étant
cependant sensible aux températures extrêmes lors de la floraison en juillet). Ses performances
pourraient certainement encore être améliorées par la sélection variétale qui a été moins
développée par les semenciers que pour le maïs. Il ne s?agit toutefois pas d?une plante « miracle »
qui pourrait se substituer systématiquement au maïs sans précautions, mais plutôt d?une alternative
parmi d?autres à envisager pour l?adaptation des productions au changement climatique.
Solutions technologiques pour la gestion de l?eau et l?irrigation
Des progrès très importants ont été réalisés ces dernières décennies pour permettre une
agriculture de précision par l'utilisation de la géolocalisation, de la télédétection, des capteurs, de
la communication, de l'automatisation et de l'intelligence artificielle. Ils peuvent contribuer de façon
significative à une évolution des systèmes vers l?agroécologie. Pour la gestion de l?eau et en
particulier de l?irrigation, ces nouvelles technologies connectées permettent d'apporter, avec l?aide
d?outils d?aide à la décision, la bonne dose au bon moment en fonction des besoins de la plante,
de l'historique des apports et même des prévisions localisées de pluviométrie. D?une façon
générale, on estime que les capteurs et outils d?aide à la décision (OAD) permettent un gain de 15
à 40 % sur l?eau effectivement transpirée par la culture par rapport à l?eau entrant dans la parcelle221.
Des économies d?eau sont possibles en adoptant un système d?irrigation potentiellement plus
efficient, en passant par exemple de l?irrigation par aspersion à l?irrigation localisée (goutte à goutte).
217 Voir https://www.limagrain-europe.com/fr/hydraneo
218 R. Chapuis & al., 2012, Resiliences to water deficit in a phenotyping platform and in the field: How related are
they in maize? Europ. J. Agronomy 42 (2012) 59?67
219 L?extension de la culture de maïs est souvent critiquée aussi par l?uniformisation des paysages et la perte de
biodiversité qu?elle induit.
220 Le Parisien, 2022, « Le sorgho africain s?enracine », 02/08/2022, 2 pp.
221 C. Serra Wittling, B. Molle, B. Cheviron. « Modernization of irrigation systems in France: what potential water
savings at plot level ? ». Sciences Eaux & Territoires, INRAE, 2020
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Tableau 5 : Evaluation des économies d?eau par modernisation des systèmes d?irrigation
Paradoxalement, en optant pour du matériel d?arrosage localisé type goutte à goutte (plutôt réservé
aux cultures pérennes comme l?arboriculture), il n?y a de gain important par rapport au matériel
d?irrigation par aspersion qu?en période de déficit hydrique modéré. En période très sèche, lorsque
la réserve utile du sol est vidée, l?eau arrivant au sol est utilisée de même manière quel que soit le
système d?irrigation222 . Cependant, l?irrigation localisée n?est pas soumise à l?évaporation des
gouttelettes d?eau des asperseurs dans l?atmosphère, sans bénéfice pour la plante, ce qui peut
représenter 15 % de pertes les journées très chaudes223. Il faut ainsi éviter d?irriguer entre 11h-15h
en plein soleil avec ce type de matériel.
Envisager l?irrigation déficitaire ou de résilience en visant un optimum économique
et non une production maximale
Une piste importante d?économie d?eau en irrigation consiste à ne délivrer que des quantités
limitées d?eau à la plante, sans viser le rendement théorique maximum mais plutôt une stabilité de
production dans un contexte d?aléas climatique. L?irrigation déficitaire ou de résilience consiste à
n'irriguer une culture que lors des étapes de croissance sensibles à la sécheresse, par exemple
juste avant la floraison du maïs mais sans apports ensuite. En raisonnant sur un besoin en eau de
la plante de 6 mm/ jours pendant 15 jours en juillet et une réserve utile du sol de 50 mm disponible
fin juin, on arrive à un apport par irrigation limité à 50 mm (à comparer aux 200 mm qui sont l?ordre
de grandeur des apports traditionnels par irrigation réalisés pour le maïs). Le prix de l?eau constitue
un facteur important de prise de décision dans ce rationnement volontaire des apports.
Cette approche vise à donner du poids à la régularité des revenus et à revenir vers davantage
d?efficience et de sobriété en se basant sur une étude de rentabilité de l?exploitation agricole. Des
contrats de transition avec les OUGC en place pourraient permettre de promouvoir ce type de
pratique. De même une modulation de la tarification de l?eau avec une incitation économique aux
faibles consommations d?eau par hectare peut être un outil d?incitation à la promotion de l?irrigation
de résilience
Cependant, les économies d'eau à l'échelle de la parcelle n'impliquent pas nécessairement des
économies d'eau à long terme à l'échelle du territoire 224 . En effet, l'adoption d'équipements
d'irrigation plus efficaces peut conduire à une augmentation des prélèvements d'eau en raison de
changements dans le choix des cultures et des schémas de rotation des cultures, ou à l'extension
des surfaces irriguées. Pour parvenir à réduire les prélèvements d'eau, l'amélioration de l'efficacité
de l'irrigation ne doit pas dispenser du contrôle de la quantité d'eau que les agriculteurs sont
autorisés à prélever. Ces garanties peuvent être apportées par la mise en place d?une gestion
collective de l?eau agricole.
222 C. Serra Wittling, B. Molle, B. Cheviron. « Modernization of irrigation systems in France: what potential water
savings at plot level ? ». Sciences Eaux & Territoires, INRAE, 2020
223 P. Ruelle, JC. Mailhol, B. Iltier, Évaluation des pertes par évaporation lors des irrigations par aspersion en
condition de fort déficit hydrique, Ingénieries N°38, 06/2004, p. 13-20
224 GRAFTON, R.Q., WILLIAMS, J., PERRY, C.J., MOLLE, F., UDALL, B., GARRICK, D., RINGLER, C., WHEELER,
S.A., ALLEN, R.G., WANG, Y., STEDUTO, P., 2018, The paradox of irrigation efficiency. Higher efficiency rarely
reduces water consumption, Science, vol.361, p.748-750.
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Les pistes très encadrées d?accès de l?agriculture à la ressource en eau
La thématique 3 du Varenne prend acte que la réponse au changement climatique nécessite un
changement de modèle agricole, plus économe en eau et protecteur des sols, mais également
que, partout où cela est possible, il est envisageable de rendre la ressource en eau plus disponible
pour l?irrigation, dans le respect du bon état des milieux, en privilégiant, notamment par des
financements incitatifs et un accompagnement adapté, les retenues de substitution, les démarches
de gestion collective de l?eau ou en développant les techniques innovantes de réutilisation des
eaux usées traitées ou de recharge de nappes.
Les retenues de substitution
Il s?agit d?ouvrages artificiels permettant de substituer des volumes prélevés en période de basses
eaux à des volumes prélevés en période de hautes eaux. « Les retenues de substitution permettent
de stocker l?eau par des prélèvements anticipés ne mettant pas en péril les équilibres
hydrologiques, elles viennent en remplacement de prélèvements existants »225. Les prélèvements
peuvent être réalisés soit dans les eaux de surface, soit dans les eaux souterraines. Ces retenues
sont obligatoirement étanches et déconnectées du milieu naturel (cours d?eau, nappe, eaux de
ruissellement/fossé/drainage) en dehors de la période de remplissage prévue. Ces retenues de
substitution peuvent être de deux types : les retenues collinaires et les « bassines ».
Le développement éventuel des retenues collinaires est lié au potentiel topographique du sol, à
l?étanchéité naturelle du sol, à la taille du bassin versant qui doit être suffisante, et au montant des
investissements conditionnant la rentabilité? de l?ouvrage.
Quant aux « bassines », ce sont des ouvrages de stockage d?eau, creusés, terrassés et dont le
fond est étanchéifié à l?aide d?une géo-membrane. Elles sont remplies par pompage actif l?hiver
dans les rivières ou la nappe phréatique.226
Les réserves de substitution présentent un certain nombre d?avantages : pour l?environnement,
celui de diminuer la pression sur le milieu naturel en été, en évitant l?aggravation des étiages
naturels des cours d?eau ou les baisses piézométriques de la nappe ; pour les irrigants, celui de
sécuriser l?apport d?eau, l?eau des retenues de substitution déconnectées des cours d?eau et
nappes n?étant pas soumise aux mesures de limitation temporaire des usages de l?eau (arrêtés
sécheresse).
Ces retenues ne sont cependant pas exemptes d?inconvénients comme la perte de quantités d?eau
par évaporation, une détérioration de la qualité de l?eau par eutrophisation et un coût
d?investissement élevé. Elles font l?objet de vifs mouvements de contestations de la part
d?associations de protection de la nature notamment dans le département des Deux-Sèvres, avec
une forte médiatisation et des recours en justice pour empêcher leur réalisation227.
L?instruction du gouvernement du 7 mai 2019 limite les financements aux ouvrages de substitution
pour l?irrigation agricole inscrits dans un Projet de Territoire pour la Gestion de l?Eau (PTGE)
approuvé par le préfet coordonnateur de bassin ou le préfet référent. Dans le cadre du SDAGE,
l?agence de l?eau Loire-Bretagne accompagne les études et travaux de création de retenues de
substitution à un taux maximum de 70 % uniquement dans les territoires en déficit quantitatif ayant
défini des volumes prélevables, qui, par définition, sont plus faibles que les volumes prélevés
225 Instruction du Gouvernement du 7 mai 2019 relative au projet de territoire pour la gestion de l?eau et reprise du
guide juridique de la construction de retenues de 2011.
226 Pour pouvoir être considéré comme une retenue de substitution, un ouvrage qui intercepterait des écoulements
doit impérativement être équipé? d?un dispositif de contournement garantissant qu?au-delà? de son volume et en
dehors de la période autorisée pour le prélèvement, toutes les eaux arrivant en amont de l?ouvrage ou à la prise
d?eau sont transmises à l?aval, sans retard et sans altération.
227 Cf. Le Monde Mag, 2 avril 2022- Dans les Deux Sèvres, les méga-bassines font déborder le vase.
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Novembre 2022 Les conditions de mobilisation des retenues
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autorisés. Seules sont aidées, par l?AELB, les retenues collectives avec gestion des prélèvements
par un OUGC.
A titre d?exemple, lors d?un déplacement en Auvergne et dans une note transmise ensuite à la
mission (Cf. annexe 12), la coopérative Limagrain 228 a fait état d?un besoin de 20 Mm3
supplémentaires pour l?irrigation sur la plaine de la Limagne, au-delà des effets attendus du
développement de variétés plus tolérantes au stress hydrique ainsi que de pratiques permettant
d?augmenter la rétention d?eau dans les sols. Ce volume serait nécessaire afin de maintenir le
dynamisme du territoire de la Limagne, territoire aux sols fertiles mais de climat sec, et en particulier
de développer une nouvelle filière de production de légumes de pleins champs. Il est précisé dans
cette note que des projets collectifs de retenues d?eau, sur la plaine de Limagne, dont certains déjà
engagés, pourront pallier l?urgence de la situation, face aux épisodes de sècheresse. Il est
également mentionné que la coopérative a la volonté de réfléchir de manière concertée avec les
autres acteurs dans une vision multiusage. La note conclut en indiquant que cette réflexion à
l?échelle locale devra être couplée à une vision plus globale sur la construction de grands ouvrages
incluant notre indépendance énergétique aux énergies fossiles et déterminant la pertinence de
créer des barrages hydroélectriques.
La réutilisation des eaux usées traitées
La réutilisation des eaux usées traitées (REUT) apparait comme une ressource insuffisamment
exploitée mais soumise, du fait des risques sanitaires, à des contraintes techniques,
règlementaires et socio-économiques 229 . L?arrêté du 2/08/2010 fixe des règles pour le suivi
qualitatif hebdomadaire, la traçabilité des volumes utilisés et des contraintes supplémentaires pour
l?irrigation. Le nouveau règlement européen du 25/02/2020 applicable à partir du 20/06/2023 va
renforcer ce niveau d?exigence sur les niveaux de qualité de l?eau. Il impose l?établissement d?un
plan de gestion des risques précisant l?organisation, les barrières suivant les usages? Dans le
cadre des conclusions du Varenne, il est prévu un article législatif dans le code de la santé publique
sur la REUT en industrie agroalimentaire. Alors qu?aujourd?hui on ne peut utiliser que des eaux
issues du milieu, il deviendrait possible d?utiliser les eaux usées pour certains usages en
agroalimentaire mais les eaux usées ne doivent en aucun cas entrer en contact avec les produits
alimentaires.
Dans le bassin Loire-Bretagne, on peut signaler le cas de l?association syndicale autorisée, l?ASA,
de Limagne Noire, qui recycle une partie des eaux usées de la ville de Clermont-Ferrand depuis
1998 pour l?irrigation de 750 ha répartis sur 50 exploitations.
La recharge artificielle des nappes et les réservoirs enterrés
La recharge artificielle de nappes (RAN) consiste à infiltrer ou à injecter, directement ou
indirectement dans une nappe des eaux de surface de provenances variées en utilisant la nappe
comme un réservoir de stockage. D?un point de vue réglementaire, la RAN relève de la directive
européenne sur les eaux souterraines230 . En France, elle est soumise à autorisation (rubrique
2.3.2.0. « Rejet » de la nomenclature) avec réalisation d?une étude d?impact. La réutilisation des
eaux usées traitées pour la RAN n?est actuellement pas autorisée en France, sauf arrêté préfectoral
spécifique.
228 Limagrain est une coopérative agricole et un groupe semencier international détenus par près de 1 500
agriculteurs installés en Limagne Val d?Allier. Présent dans 57 pays et rassemblant plus de 9 000 collaborateurs, le
Groupe réalise un chiffre d?affaires de 1 984 M¤ auxquels s?ajoutent 680 M¤ de chiffre d?affaires des activités
réalisées conjointement avec ses partenaires stratégiques. Pour plus de précisions consulter limagrain.com
229 Terre-net, « Irrigation : quel avenir pour la réutilisation des eaux usées ? », Nicolas Mahey, 15/09/2020, Terre-
net Média
230 Directive 2006/118/CE du parlement européen et du conseil du 12 décembre 2006 sur la protection des eaux
souterraines contre la pollution et la détérioration
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Une étude du BRGM231 compte 87 sites de recharge artificielle en France, dont une cinquantaine
sont actifs ou l?ont été par le passé. La plupart ont un objectif quantitatif d?alimentation en eau pour
un usage d?eau potable. Cette étude indique que la recharge artificielle de nappe présente un
certain nombre d?avantages par rapport à un stockage en surface, comme la limitation des pertes
d?eau par évaporation, le maintien de la disponibilité des terrains au-dessus de la zone de stockage
pour des usages urbains ou ruraux, les capacités d?épuration des eaux par le sol et le sous-sol...
La mission conjointe CGAAER-CGEDD « Changement climatique, eau, agriculture » de juillet 2020
conclut que d?une façon générale, la RAN peut constituer un procédé intéressant pour une gestion
active des eaux souterraines et leur contribution au « panier de solutions » à promouvoir pour faire
face aux effets du changement climatique. Ce sont donc des solutions qui peuvent s?envisager en
alternative de bassines, sans doute d?acceptabilité sociale plus facile.
Signalons aussi une innovation sous forme de réservoirs d?eau enterrés plein de sables
(REEPS)232, système permettant de stocker de l?eau dans une bassine enterrée, étanchéifiées par
une géo-membrane, remplie de sable et recouverte en surface d?une couche de terre. Le principe
est le même que pour une bassine de substitution mais l?eau est stockée dans les interstices du
sable, comme dans une nappe souterraine. L?avantage est l?absence d?évaporation en été, la
préservation de la qualité et de la température de l?eau et, sans doute, une meilleure acceptabilité
et pérennité même si le coût est supérieur.
La généralisation de la gestion quantitative de l?eau avec une gouvernance
adaptée
Les conclusions de la thématique 3 du Varenne renforcent le rôle des projets de territoire pour la
gestion de l?eau (PTGE) qui avaient été instaurés par les Assises de l?Eau comme cadre de
concertation locale entre les différents usages de l?eau avant toute création de nouvelle retenue.
Elles prévoient un renforcement du rôle du préfet coordonnateur dans le pilotage de ces
démarches, notamment pour maitriser les dérives de calendrier et avec une possibilité d?arbitrage
de sa part en cas de blocage.
L?instruction complémentaire correspondante destinée aux préfets coordonnateurs est en chantier
mais ne devrait pas aboutir avant fin 2022. Le décret n° 2021-795 du 23 juin 2021 relatif à la gestion
quantitative de la ressource en eau et à la gestion des situations de crise liées à la sécheresse a
été complété suite au Varenne par le décret 2022-1078 du 29 juillet 2022 relatif à la gestion
quantitative de la ressource en dehors de la période de basses eaux. Les préfets coordonnateurs
de bassin pourront déterminer ainsi un volume prélevable non seulement en étiage233, mais aussi
en hautes eaux, compte tenu des statistiques hydrologiques, permettant de déterminer les débits
nécessaires au fonctionnement du cours d?eau tout au long de la période de hautes eaux, le cas
échéant complétées par les résultats d?études relatives aux effets prévisibles du changement
climatique. Ce volume prélevable hivernal serait utilisable pour capter l'eau excédentaire pour la
stocker au moins jusqu?à l'été suivant. Un travail méthodologique, attendu d?ici fin 2022, a été confié
à l?INRAE et à l?OFB, pour évaluer ces volumes prélevables en hiver.
Le Varenne mentionne également une meilleure mobilisation des retenues existantes de toute
nature qu?il s?agisse des grands ouvrages hydrauliques existants : réservoirs hydroélectriques (la
présente mission s?inscrit en application de cette disposition dans le cas du bassin Loire-Bretagne),
ouvrages en gestion de VNF ou autres retenues existantes peu ou non utilisées. La mesure 12 des
231 Caballero et al., 2018, « Faisabilité de la recharge artificielle dans le bassin Rhône-Méditerranée-Corse :
contexte et analyse cartographique » rapport final BRGM-RP 67534-FR, 162 p.
232 Le Monde, 23/04/2022, « En Ardèche, une ?nappe phréatique artificielle ? contre les coupures d?eau. Il s?agit d?un
système conçu et breveté par un ingénieur français installé à Madagascar, Thierry Labrosse, lauréat du concours
Lépine en 2011 pour son invention.
233 A cette période d?étiage où les tensions sont maximales, le décret de 2021 confie au préfet le soin d?encadrer la
détermination du volume prélevable
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conclusions du Varenne prévoit ainsi d?ici fin 2022 :
le lancement d?un inventaire exhaustif des retenues d?eau en France (supérieures à 0,1
hectare) et un suivi des volumes stockés par méthodes satellitaires en lien avec le Centre
National d?Études Spatiales (CNES) pour une mise à disposition avant la fin 2022 (200 K¤
pour l?inventaire et 1M¤ via la mobilisation du PIA) ;
le lancement d?un appel à manifestation d'intérêts pour la sélection d?une dizaine de
territoires pilotes pour explorer les voies de remobilisation des volumes stockés non
utilisés.
Des interlocuteurs de la mission ont mentionné leurs préoccupations quant à l?existence de
nombreux étangs ou plans d?eau privés mal entretenus, voire quasiment abandonnés, en Haute-
Vienne et en Creuse. Si ces petites retenues peu ou non utilisées peuvent constituer une piste de
mobilisation quantitative éventuelle de ressources en eau, elles posent souvent un problème de
qualité de la ressource. En effet, ces eaux dormantes atteignent des températures élevées en été
et donnent lieu au développement de cyanobactéries, avec un fort impact sur les cours d?eaux
avec lesquels ces étangs sont en général directement connectés. L?inventaire des retenues d?eau
permettra de les identifier et d?engager des opérations de sensibilisation des propriétaires pouvant
conduire à une gestion renouvelée après mise aux normes ou à leur effacement.
Sur un territoire de la taille d?un SAGE ou d?un PTGE, l?idée générale est qu?il est possible d?avoir
une approche multiusage partagée entre tous les acteurs, de mettre en place une organisation
rigoureuse assurant une connaissance globale et parfaite des débits des cours d?eau et niveaux
des nappes ainsi que de tous les prélèvements sur la base d?études HMUC, gages d?une gestion
confiante, réactive et concertée. Dans ces conditions, les acteurs devraient accepter a priori plus
facilement le fait qu?il ne peut pas y avoir d?assurance totale de voir leurs besoins individuels
satisfaits, car les efforts de tous sont connus et considérés comme équitablement répartis234.
La mission recommande d?étendre à l?ensemble du bassin l?utilisation des outils de gestion
quantitative de l?eau
Cependant, les PTGE resteront de nature contractuelle et ne vaudront pas autorisation de création
de nouvelles retenues. Les conclusions du Varenne pourront être intégrés aux SDAGE à l?initiative
des comités de bassin. Comme le SDAGE Loire-Bretagne vient d?être révisé en mars 2022, cette
éventualité ne sera possible que par une nouvelle révision et n?est donc pas à l?ordre du jour dans
l?immédiat.235
234 On peut citer cependant comme contre-exemple que deux bassines ont été vandalisées fin juillet 2022 en
Vendée par un collectif anonyme d?opposants alors qu?elles avaient fait l?objet de démarches concertées et étaient
parfaitement autorisées.
235 La FNSEA et la coopération agricole ont déposé un recours gracieux contre le nouveau SDAGE Loire ? Bretagne
qui « restreint leur usage de l?eau ». Ce recours ayant été rejeté par la préfète coordonnatrice de bassin, ces
organisations envisagent de saisir le tribunal administratif.
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Annexe 12 Contribution de la coopérative
Limagrain
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Si la première pile nucléaire a divergé en France à Fontenay aux Roses en décembre 1948, le
premier réacteur nucléaire produisant de l?électricité a été installé sur les bords de la Loire, à
Chinon en 1963. Il a fonctionné pendant dix ans avec une puissance de 70 MWe et a donné
naissance ensuite à la filière graphite gaz (UNGG) et aux réacteurs de Chinon, de Saint-Laurent
et de Bugey. Aujourd?hui, douze réacteurs nucléaires, d?une filière différente dite à eau pressurisée,
sont présents sur la Loire : depuis l?amont vers l?aval, les deux réacteurs de Belleville de 1 300
MWe, les quatre réacteurs de Dampierre de 900 MWe, les deux réacteurs de Saint-Laurent de 900
MWe et enfin, les quatre réacteurs de 900 MWe de Chinon. Si on ajoute les deux réacteurs de
Civaux de 1 450 MWe, le bassin Loire Bretagne accueille ainsi, en nombre, le quart du parc
nucléaire français (56 réacteurs).
Ces réacteurs ont une double interaction avec le fleuve : ils prélèvent et consomment de l?eau afin
d?évacuer une partie de la chaleur produite par le réacteur et ils vont également rejeter, après
dilution, des effluents radioactifs dans le fleuve.
Ces opérations, en particulier les rejets d?effluents radioactifs, ne peuvent cependant être réalisées
que si le débit dans la Loire est suffisant : jusqu?à ce jour, y compris durant l?été 2022, aucune perte
environnementale de production sur le bassin Loire Bretagne, justifiée par une limite règlementaire
en échauffement ou en débit, n?a été constatée236.
Figure 67 : Les centrales nucléaires et les principales retenues du bassin de la Loire
236 Pour l?ensemble de ce paragraphe, voir le volet Prélèvements d?eau et rejets de l?édition 2020 du guide très
complet publié par EDF sur les « Centrales Nucléaires et leur environnement »
https://www.edf.fr/sites/default/files/contrib/groupe-edf/producteur-industriel/nucleaire/ENVIRONNEMENT/guide_2020_-
_centrales_nucleaires_et_environnement.pdf
PUBLIÉ
https://www.edf.fr/sites/default/files/contrib/groupe-edf/producteur-industriel/nucleaire/ENVIRONNEMENT/guide_2020_-_centrales_nucleaires_et_environnement.pdf
https://www.edf.fr/sites/default/files/contrib/groupe-edf/producteur-industriel/nucleaire/ENVIRONNEMENT/guide_2020_-_centrales_nucleaires_et_environnement.pdf
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Source : EDF
1°) Les prélèvements et la consommation d?eau des centrales nucléaires
Une centrale nucléaire de production d?électricité produit de l?électricité mais aussi de la chaleur
qui doit également être évacuée237. Si un réacteur de 900 MWe, présent en bord de mer, a besoin,
à cette fin, d?un débit d?environ 40 m3/s pour évacuer la chaleur en circuit ouvert dans la mer, les
centrales du bassin Loire Bretagne évacuent, au contraire, cette chaleur dans l?atmosphère : ils
bénéficient pour cela d?aéroréfrigérants qui permettent d?évacuer l?essentiel de la chaleur dans
l?atmosphère sous forme de vapeur d?eau (non radioactive). Le débit d?eau prélevée n?est plus alors
que d?environ 2 m3/s par réacteur : 30 à 40 % de ce débit est évaporé dans l?atmosphère environ
0,67 m3/s pour un 900 MWe et 0,75 m3/s pour un 1 300 MWe) ; le reste, 60 à 70 %, retourne à la
rivière.
Figure 68 : Schéma d?un centre de production nucléaire avec un circuit fermé238
Source : EDF
On estime, dans ce cas, que la chaleur apportée au fleuve représente environ 2 à 4 % de la chaleur
produite par le réacteur. De fait, l?augmentation de température entre l?amont et l?aval d?un centre
de production nucléaire est strictement encadré comme le montre le tableau de consignes ci-
dessous : elle doit être inférieure à 1°C pour un site nucléaire de la vallée de la Loire (voire 1,5 °C
si le débit est important et si la température de l?eau est inférieure à 15 °C). En pratique,
l?échauffement est limité à quelques dixièmes de degrés en aval du rejet après mélange.
237 Il existe donc un circuit spe cifique permettant de refroidir la vapeur d?eau du circuit secondaire qui entraî ne la
turbine et arrive ensuite dans le condenseur
238 https://www.edf.fr/sites/default/files/contrib/groupe-edf/producteur-
industriel/nucleaire/ENVIRONNEMENT/guide_2020_-_centrales_nucleaires_et_environnement.pdf
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https://www.edf.fr/sites/default/files/contrib/groupe-edf/producteur-industriel/nucleaire/ENVIRONNEMENT/guide_2020_-_centrales_nucleaires_et_environnement.pdf
https://www.edf.fr/sites/default/files/contrib/groupe-edf/producteur-industriel/nucleaire/ENVIRONNEMENT/guide_2020_-_centrales_nucleaires_et_environnement.pdf
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Les deux réacteurs nucléaires de Civaux bénéficient d?un aéroréfrigérant supplémentaire sur le
circuit de restitution de l?eau qui permet de refroidir les eaux rejetées : dès lors que la température
de la Vienne dépasse les 25 °C, l?augmentation de température liée à la centrale de Civaux doit
être quasi-nulle.
Tableau 6 : Centrales nucléaires ? prélèvements et augmentation de la température de l?eau rejetée
Centrale Augmentation de la température Prélèvements
Belleville
(Loire)
Si D < 100m3/s et Taval < 15°C : ?T < 1,5°C
Sinon : ?T ? 1°C
Prélèvement ? 10,5m3/s
Restriction possible à 2,5m3/s
si le débit à Gien est inférieur
à 43m3/s.
Chinon
(Loire)
Si D < 100m3/s et Taval < 15°C : ?T < 1,5°C
Sinon : ?T ? 1°C
Prélèvement ? 8,6m3/s
Dampierre
(Loire)
Si D < 100m3/s et Taval < 15°C : ?T < 1,5°C
Sinon : ?T ? 1°C
Prélèvement ? 12,3 m3/s
Restriction possible à 3m3/s si
le débit à Gien est inférieur à
43m3/s.
St Laurent
(Loire)
Si D < 100m3/s et Taval < 15°C : ?T < 1,5°C
Sinon : ?T ? 1°C
Prélèvement ? 7m3/s
Restriction possible à 1,5m3/s
si le débit à Blois est inférieur
à 46m3/
Civaux
(Vienne)
Si Tamont < 25°C : ?T ? 2°C et Taval ? 25°C
En cas d?étiage hivernal sévère (du 01/11
au 30/04) : si Tamont < 25°C : 2<?T ? 3°C
et Taval ? 25°C
Sinon : ?T = 0°
Prélèvement ? 6m3/s
Evaporation ? 1,7m3/s
Daval ? 10m3/s
légende D : débit Daval : débit à l?aval de la centrale
Tamont : température de l?eau à l?amont de la centrale
Taval : température de l?eau à l?aval de la centrale
?T : augmentation de la température de l?eau autorisée
Les prélèvements nécessaires au refroidissement réalisés par les 12 réacteurs nucléaires sur la
Loire constituent le premier facteur d?usage de l?eau par leur quantité : en moyenne annuelle de
2011 à 2021, les 12 réacteurs nucléaires présents sur la Loire ont prélevé 643 Mm3/an. Mais,
l?essentiel de ces prélèvements, en moyenne 74 %, est restitué au fleuve 239 si bien que le
prélèvement net annuel moyen, dû essentiellement à l?évaporation de l?eau à l?intérieur des
aéroréfrigérants, sur cette période a été de 168 Mm3.
Cette consommation est plus faible sur la seule période d?étiage prise ici de juillet à octobre,
période privilégiée par l?exploitant pour les actions d?entretien et de maintenance : elle s?est en effet
239 Sur l?ensemble de l?année 2019, 74 % de l?eau ainsi prélevée sur les centrales de bord de Loire a été restitué
au fleuve.
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élevée à 50 Mm3 d'eau en 2019 (26 % de la consommation annuelle d?eau de refroidissement) et
40 Mm3 en 2020 millions (20 % de la consommation annuelle d?eau de refroidissement). Pour la
Vienne, les deux centrales nucléaires de Civaux ont consommé 15 Mm3 en 2019 (42 % de sa
consommation annuelle d?eau de refroidissement) et 9,8 Mm3 en 2020 (32 % de sa consommation
annuelle d?eau de refroidissement).
Conformément aux préconisations du SDAGE Loire-Bretagne et afin d?économiser l?eau en période
critique, c'est à dire lorsque la Loire atteint le débit de crise de 43 m3/s au point nodal de Gien, le
préfet coordonnateur peut, toute mesure de soutien d'étiage ayant été épuisée, demander à ce
que le prélèvement moyen journalier réalisé soit limité au minimum requis pour le maintien de la
sûreté des installations, soit 3 m3/s au maximum sur Dampierre et 2,5 m3/s pour Belleville240. Ce
seuil est de 46 m3/s à Blois pour Saint-Laurent et de 54 m3/s à Langeais pour Chinon.
2°) Les rejets radioactifs sont strictement encadrés par l?autorité de sûreté
nucléaire
Une centrale nucléaire de production d?électricité rejette également des effluents radioactifs241 en
quantité limitée dans la rivière dans le cadre des autorisations qui lui sont accordées par l?autorité
de sûreté nucléaire242. Les effluents radioactifs liquides représentent un volume d'environ 11 000
m3 par an et par réacteur (auxquels on pourrait ajouter également les exhaures (non radioactifs)
de la salle des machines : environ 55 000 m3).
Ces opérations ne peuvent se faire que si la concentration en produits radioactifs dans la rivière
reste inférieure aux seuils fixés et que si le débit est suffisant pour assurer une dilution suffisante.
De plus, lorsque le débit à Gien devient trop faible (inférieure à 100 m3/s), une coordination des
rejets entre les différentes centrales est assurée de façon à éviter que les rejets ne se superposent
et amènent à des concentrations excessives. Enfin, en?dessous d?un certain seuil propre à chaque
centre nucléaire de production d?électricité, les rejets sont interdits, comme le montre le tableau ci-
dessous : 30 m3/s à Dampierre et Belleville, 46 m3/s pour Saint-Laurent et 54 m3/s pour Chinon.
Tableau 7 : Centrales nucléaires ? rejet des effluents radioactifs en fonction des débits
Débits Contraintes sur les rejets
Débit Loire à Gien atteint 100 m3/s Mise en oeuvre de la de la pré- coordination des
rejets pilotée par le CNPE de Saint-Laurent
Débit Loire à Gien atteint 60 m3/s Coordination des rejets pilotée par le CNPE de
Saint-Laurent avec déclaration à l'ASN
240 https://www.asn.fr/l-asn-reglemente/bulletin-officiel-de-l-asn/installations-nucleaires/decisions-
individuelles/decision-n-2011-dc-0211-de-l-asn-du-3-mars-2011
241 Si la quantite de tritium rejete e de pend uniquement de la quantite d?e lectricite produite, celle des autres effluents va
de pendre de la modulation de la production des re acteurs. Une augmentation des transitoires de production conduira
donc a une augmentation de la production des effluents. Voir sur ce point
https://www.edf.fr/sites/default/files/contrib/groupe-edf/producteur-
industriel/nucleaire/ENVIRONNEMENT/guide_2020_-_centrales_nucleaires_et_environnement.pdf
242 Le De cret d?Autorisation de Cre ation d?un Centre de production nucle aire d?e lectricite , CNPE, couvre les aspects
su rete et protection du public et de l?environnement. Ce de cret est comple te par deux de cisions de l'Autorite de su rete
nucle aire, l?une fixant les limites de rejets d?effluents, l?autre les modalite s de rejets. Apre s instruction et validation par
le Colle ge ASN, la de cision limites est homologue es par un arre te du ministre en charge de la su rete nucle aire et publie es
au Journal Officiel pour mise en application. Ces de cisions pre voient les rejets des effluents chimiques et radiochimiques
ainsi que les rejets thermiques. Elles pre voient notamment la poursuite des rejets radioactifs en situations d'e tiage (voir
tableau pre ce dent). Dans le cas particulier de la Loire, il est mis en place une coordination des rejets liquides en pe riode
d?e tiage. A cela s?ajoute les re gles ge ne rales d?exploitation re dige es par l?exploitant et valide es par l?ASN. Par ailleurs,
une centrale dispose d?autorisations de livre es par l?ASN ou le pre fet pour les installations relevant des re glementations.
PUBLIÉ
https://www.asn.fr/l-asn-reglemente/bulletin-officiel-de-l-asn/installations-nucleaires/decisions-individuelles/decision-n-2011-dc-0211-de-l-asn-du-3-mars-2011
https://www.asn.fr/l-asn-reglemente/bulletin-officiel-de-l-asn/installations-nucleaires/decisions-individuelles/decision-n-2011-dc-0211-de-l-asn-du-3-mars-2011
https://www.edf.fr/sites/default/files/contrib/groupe-edf/producteur-industriel/nucleaire/ENVIRONNEMENT/guide_2020_-_centrales_nucleaires_et_environnement.pdf
https://www.edf.fr/sites/default/files/contrib/groupe-edf/producteur-industriel/nucleaire/ENVIRONNEMENT/guide_2020_-_centrales_nucleaires_et_environnement.pdf
Novembre 2022 Les conditions de mobilisation des retenues
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Débit Loire < 54 m3/s à l'amont du CNPE de
Chinon (Décision ASN modalités n°2015-DC-
0528 du 20/10/2015)
Arrêt des rejets
Débit Loire < 46 m3/s à l'amont du CNPE de
Saint-Laurent (Décision ASN modalités
n°2015-DC-0499 du 19/02/2015)
Arrêt des rejets
Débit Loire < 30 m3/s à l'amont du CNPE de
Dampierre (Décision ASN modalités n°2011-
DC-0211 du 3/03/2011) et à l'amont du CNPE
de Belleville (Décision ASN modalités
n°2014-DC-0413 du 16/01/2014)
Arrêt des rejets
Pour un débit à Gien inférieur à 60 m3/s, les sites Val de Loire mettent en place une coordination
des rejets. Le retour d?expérience accumulé depuis plus de 30 ans sur les quatre sites nucléaires
montre que ce débit est sans impact sur le fonctionnement des réacteurs.
Lors de l?étiage 2020 et 2022, au cours duquel l?Objectif de Soutien d?Etiage (OSE) à Gien a
progressivement été abaissé jusqu?à 45 m3/s, le site de Chinon a observé à plusieurs reprises un
débit inférieur à 54 m3/s, empêchant les rejets d?effluents radioactifs, sans impact toutefois, sur le
fonctionnement global du CNPE. La durée cumulée pendant laquelle les rejets n?ont pu être
réalisés était de l?ordre de 9 jours.
Notons enfin que le développement des énergies renouvelables conduira progressivement à des
besoins de flexibilités accrus des différents moyens contribuant au mix énergétique (production,
consommation, stockage). Après l?hydraulique, les centrales nucléaires, principaux moyens de
production pilotable, contribuent déjà notablement et pourraient contribuer encore plus à cette
flexibilité. Le nombre de variations de puissance que des réacteurs du parc nucléaire français
seraient amenés à réaliser en une année devrait augmenter (de 15 baisses en moyenne par an et
par réacteur à une fourchette allant de 50 à 120 suivant les scénarios d?évolution de la demande
et du parc nucléaire à horizon 2040). Pour autant, la flexibilité du parc nucléaire français n?est pas
récente, et la comparaison des effluents émis par des réacteurs très manoeuvrés dans le passé
avec ceux émis par des réacteurs exploités en continu et à pleine charge montre que le volume
d?eau rejetée y est plus élevé d?environ 20 %, ce qui conduit à un besoin de disposer de plus de
périodes dans l?année où les rejets sont possibles. L?augmentation des périodes où les rejets des
CNPE de la Loire sont contraints par la coordination des rejets en Loire, aurait donc un impact sur
les capacités de manoeuvrabilité, sauf si des capacités temporaires de stockage étaient rendues
disponibles comme ce fut le cas en 2022.
PUBLIÉ
Novembre 2022 Les conditions de mobilisation des retenues
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Annexe 14 Les économies d?eau possibles sur les
canaux de VNF243
Sur le Bassin de la Loire, les canaux de VNF n?assurent plus aujourd?hui de transport de
marchandises, mais permettent des activités de plaisance (péniches-hôtels, bateaux de location,
bateaux promenades et plaisance privée) pour des retombées économiques244 d?environ 20 M¤
par an : sur les canaux du Briare et nord du canal Latéral, l?activité « péniches hôtels » en génère
3 M¤ à elle seule. Ils servent aussi d?approvisionnement en eau pour l?agriculture245 ).
Figure 69 : Canaux VNF sur le bassin de la Loire
Source : VNF
Ce réseau, géré par la Direction Territoriale Centre Bourgogne (DTCB) de VNF, est constitué
243 Cette annexe provient d?une note transmise à la mission par VNF
244 Les retombées économiques sur un territoire correspondent aux ressources résultants de l'activité et perçues
par les acteurs économiques du territoire (restaurants, sites touristiques, ?). Elles prennent en compte les sources
de retombées (opérateurs, clientèle et personnel à bord) ainsi que les bénéficiaires (entreprises, individus et
collectivités). Les données chiffrées sont issues d?une étude nationale sur les retombées économiques par filière
du tourisme fluvial territorialisées ensuite par itinéraire en fonction des trafics présents. Voir notamment :
https://www.vnf.fr/vnf/rntf-2020-vnf-devoile-sa-nouvelle-etude-sur-les-retombees-economiques-du-tourisme-
fluvial/
245 Plusieurs associations d?irrigants ont attaqué en justice l?arrêté Préfectoral d?autorisation des Lorrains de Juillet
2019, en cela qu?il oblige à ne pas dépasser un volume de prélèvement de 34 millions de m3 d?Avril à Octobre
(recours perdu).
PUBLIÉ
https://www.vnf.fr/vnf/rntf-2020-vnf-devoile-sa-nouvelle-etude-sur-les-retombees-economiques-du-tourisme-fluvial/
https://www.vnf.fr/vnf/rntf-2020-vnf-devoile-sa-nouvelle-etude-sur-les-retombees-economiques-du-tourisme-fluvial/
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d?amont en aval :
du canal de Roanne à Digoin (CRD), qui s?étend sur 56 km et comporte 10 écluses ;
de la partie ouest de canal du Centre (CC), à cheval sur les bassins de Rhône et de la
Loire, sur 65km ;
du canal latéral à Loire (CLL) qui s?étend dans sa partie sud entre Digoin et Nevers sur 106
km (20 écluses) et au nord de Nevers à Briare sur 90 km (17 écluses), et 17 km d?annexes
hydrauliques (dont embranchements) ;
de la partie sud canal du Nivernais (CN), à cheval entre les bassins Seine et Loire (35
écluses), 67km, dont une partie est gérée par le Conseil départemental de la Nièvre sur
51km (dans le cadre d?une concession) et par VNF sur une longueur de 16km ;
de la partie sud du canal de Briare, à cheval sur les bassins de la Seine et de la Loire, sur
16km ; (26 écluses).
Ces différents canaux ont prélevé, pour les années 2018 à 2021, un volume total annuel moyen246
d?environ 144 Mm3 (dont environ 120 Mm3 sur .la période de mai à novembre). Sur ce volume,
80 Mm3 (dont un peu plus de 30 Mm3 de juin à octobre) ont été prélevés à Roanne pour alimenter
le canal de Roanne à Digoin puis la branche Sud du canal latéral à la Loire, et un peu plus de
50 Mm3 prélevés dans l?Allier à Cuffy, via la rigole des Lorrains pour alimenter la branche nord du
canal latéral à la Loire (dont 20 Mm3 de juin à octobre en 2019 et 2020 (30,4 en 2018)).
En cas d?été particulièrement sec, la navigation peut être interdite ou réduite. Ce fut notamment le
cas en 2019 et 2022.
Cinq pistes sont possibles pour diminuer la consommation d?eau :
1°) réduire les fuites sur certains biefs de canaux :
Les pertes en eau d?un canal sont de 3 types :
par « infiltration » de façon diffuse le long de l?itinéraire et qui tendent à augmenter si des
travaux de défenses de berges ne sont pas réalisés de façon régulière (gestion
patrimoniale)
localisées, bien identifiées et suivies
par évaporation (pertes sèches).
Les pertes par infiltration sont liées à la nature des terrains traversés ainsi qu?à leur mode de
réalisation (18-19ème siècles). La mise au gabarit dit « Freycinet » des canaux à compter des
années 1890 a été réalisée par réhaussement des berges et élargissements : la majorité des fuites
constatées actuellement sont liées aux parties supérieures du canal, par une insuffisance
d?étanchéité entre les parties inférieures et supérieures des berges. Par ailleurs, le vieillissement
de l?infrastructure aggrave la perte d?étanchéité au niveau des berges et du plafond.
Ces pertes par infiltration le long des biefs sont estimées à près de 11 Mm3 par an pour les canaux
de Roanne à Digoin et latéral à la Loire. Cette estimation résulte de l?extrapolation de mesures de
246 Les données présentées ci-dessus résultent des mesures de prélèvements effectuées sur les sites concernés
(Roanne, Lorrains, Briare). Il est important d?indiquer que les mesures figurant dans la banques de données
publique des prélèvements sont différentes et plus élevées (259 M de m3) Ceci s?explique par le fait qu?à ce jour le
paiement de la redevance prélèvement auprès des agences s?effectue sur certains sites par l?application d?un forfait
(1,54 million de m3 au Km de canal) et sur la base du réel mesuré sur les sites de Roanne, des Lorrains et de Briare.
Pour l?exemple ce calcul au forfait conduit à une déclaration de 98 millions de m3 pour le prélèvement effectué sur
la rivière Arroux à Gueugnon qui permet d?alimenter la branche « Loire » du canal du Centre alors même que le
prélèvement réel estimé représente environ 20 millions de m3. La DTCB est engagé dans une démarche visant à
supprimer cette application du forfait pour une déclaration a réel de l?ensemble des prélèvements.
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Novembre 2022 Les conditions de mobilisation des retenues
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pertes effectuées durant la basse saison. Pour le canal du Centre et du Briare il n?existe pas de
mesures à ce jour. Une étude récente réalisée par BRL ingénierie sur le canal du Centre estimait
les pertes par infiltration à 25 % de la consommation totale.
Des travaux d?environ 10 M¤ seraient nécessaires pour traiter les secteurs les plus sensibles sur
les 80 km de la partie nord du canal latéral à la Loire où sont constatées des pertes diffuses. Pour
le canal de Roanne à Digoin, ces travaux nécessitent un investissement de 500 k¤ par an sur 10
ans. Ces travaux portent également sur les ponts canaux, dont le coût de régénération est estimé
à 1,5 M¤.
Sur le canal de Briare enfin, les fuites intéressant le versant Loire touchent principalement le bief
de partage pour lequel des travaux sont estimés à environ 1 M¤. Enfin, Les pertes sur le canal du
Centre sont principalement diffuses sur les biefs en remblai et ouvrages de gestion hydraulique.
Le montant des travaux peut être estimés 2 M¤.
Les pertes localisées le canal de Roanne à Digoin, déterminant pour l?alimentation en eau de la
partie sud du canal Latéral à Loire, présente des biefs très fuyards, notamment le bief d?Artaix
d?une longueur d?environ 20 km (environ 0,8m3/s soit environ 17 Mm3/an). Une étude a été confiée
à ISL Ingénierie pour déterminer un programme d?actions visant à améliorer le rendement
hydraulique du canal de Roanne à Digoin. Le coût de régénération de ce bief est aujourd?hui estimé
à 6 M¤. Sur le canal latéral à la Loire, le bief du Guétin présente des pertes importantes (pertes
de près de 200 l/s, soit 12 Mm3/an) dans un environnement karstique complexe. Les travaux de
traitement du cuvelage y sont estimés à 5,5 M¤ Sur les autres biefs du canal de Roanne à Digoin,
un programme de régénération de 500 k¤ par an sur 10 ans est envisagé. Il porte également sur
les ponts canaux, dont le coût de régénération est estimé à 1,5 M¤.
Tableau 8 : Canaux VNF ? estimation des fuites et du coût des travaux nécessaires
Itinéraire Fuites
linéaire
Fuites
importantes
Cout travaux
linéaire (en M¤)
Cout travaux fuites
importantes (M¤)
Roanne à Digoin 11 M de m3 17 M de m3 6,5 6
Latéral à la Loire 12 M de m3 10 5 ,5
Briare A estimer 1
Centre A estimer 2
Source : VNF
Signalons, toutefois que les volumes générés par les fuites représentent des pertes pour les
barrages à l?amont qui doivent les compenser, mais ne sont pas totalement perdus pour les milieux.
Une étude plus précise de type « bilan environnemental hydrologique » serait nécessaire pour
valider un apport potentiel des nappes d?accompagnement par les fuites des infrastructures des
canaux (exemple de la synergie entre le canal de Bourgogne et la vallée de l?Ouche, où les fuites
du canal ont un rôle potentiel dans la limitation de la tension hydrique du bassin versant).
Les pertes par évaporation sont estimées dans la littérature à 2 % de la consommation totale
(donnée reprise dans l?étude BRL sur le canal du Centre de 2019).
2°) Retrouver les capacités de rétention des barrages d?alimentation :
L?alimentation du canal du Briare est composée de plusieurs barrages-réservoirs dont les plus
importants sont le Bourdon (situé sur le bassin Seine mais qui alimente le bief de partage, donc en
partie le versant Loire) et Grand Rue sur le bassin Loire (bassin de la Trézée). Le volume théorique
total du système est de 17 millions de m3.
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Au cours des dernières années, l?impossibilité d?exploiter le barrage de Grand Rue, dont la cote de
retenue normale a été abaissée pour des raisons de sécurité a eu pour conséquence la sur-
sollicitation de l?usine élévatoire et du barrage du Bourdon. Dans le cas le plus défavorable, le
prélèvement sur la Loire à Briare a pu atteindre un maximum de 8,9 Mm3/an. Les simulations
réalisées dans le cadre des études de mise en conformité des ouvrages montrent qu?un
remplissage optimal des ouvrages de Grand Rue et Bourdon permettrait quasiment de ne plus
avoir recours à l?usage de l?usine élévatoire (réduction de la consommation d?une part, et
amélioration du soutien d?étiage de la Trézée, donc de la Loire d?autre part).
Les travaux de remise en état de la retenue de Grand Rue sont aujourd?hui estimés à 8 M¤ et ceux
du barrage du Bourdon (sur le versant Seine mais important pour l?alimentation du Briare) à 13, 5
M¤. S?y ajoutent des travaux sur les rigoles d?alimentation de Saint Privé et des pompes pour 5 M¤.
L?ensemble de ces travaux permettrait de réduire le prélèvement en Loire à Briare à 300 000 m3
par an à comparer aux 4 Mm3 en moyenne actuelle. Cette reconstitution des capacités de stockage
permettrait d?utiliser principalement l?usine élévatoire au printemps et de n?utiliser à partir de
juin/juillet que les barrages réservoirs évitant de pomper dans la Loire à Briare.
3°) La réduction des consommations agricoles :
En 2020, des interdictions de prélèvement agricoles ont été décidées au cours de la période
estivale afin de maintenir autant que possible la navigation. Mais réduire les prélèvements agricoles
effectués à partir des installations fluviales semble aujourd?hui d?autant plus difficile que les
événements de stress hydriques et donc les tensions avec la profession agricole se multiplient. Un
travail conjoint avec les services de l?Etat, les usagers est ainsi nécessaire.
4°) La modernisation de la gestion hydraulique :
En l?état actuel, l?alimentation en eau est effectuée par des interventions manuelles opérées par
les agents de VNF depuis chaque ouvrage de prise d?eau. Cette gestion manuelle, difficile et
pénible pour les agents qui en ont la charge, conduit à maintenir un niveau d?eau supérieur au
niveau légal pour les biefs (notamment les plus fuyards) afin d?éviter les problèmes d?abaissement
du mouillage aux conséquences fâcheuses pour la navigation. Le projet de modernisation engagé
par VNF et pour les 10 prochaines années devrait permettre d?instrumenter le réseau et
d?automatiser ou de télégérer l?ensemble des ouvrages au profit d?une consommation optimale de
la ressource en eau.
Le canal du Loing a été modernisé en 2015. Dans ce cadre, les niveaux d?eau des biefs sont
ajustés de façon automatiques, le fonctionnement des ouvrages hydrauliques étant asservis au
respect des cotes d?exploitation. Le bilan des consommations ante et post modernisation fait
apparaitre sur ce canal des gains de consommation de 15 à 20 %.
5°) L?abaissement des cotes d?exploitation :
L?abaissement devrait permettre de réduire les pertes en biefs, en partie haute des digues compte
tenu de leur état structurel. Cet abaissement peut être envisagé :
Soit par un abaissement du plafond des biefs en conservant le mouillage actuel. Ceci
nécessite la réalisation d?opérations de dragage permettant de récupérer des capacités de
stockage réduite au fil des années par les différents phénomènes d?apports sédimentaires.
Dans ce cas, les modalités d?exploitation de la navigation sont conservées, mais impliquent
un investissement conséquent en coût de dragage (enjeu des filières de destination des
sédiments en externe), estimé à environ 1M¤/an247 ;
247 Pour un linéaire cumulé d'environ 50km, hors de zones de dragages récurrents (croisement canal/rivière)
PUBLIÉ
Novembre 2022 Les conditions de mobilisation des retenues
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Soit par un abaissement des biefs par réduction du mouillage qui engendre une
dégradation des conditions de navigation et donc de l?offre de service, avec comme
conséquence des enjeux socio-économiques connexes (ex : impossibilité de maintenir le
trafic péniches-hôtels avec une cale identique).
Selon les premiers essais réalisés sur des biefs du canal latéral à la Loire, les gains en
consommation pourraient représenter 15 % (chiffre qui sera à confirmer par de prochains essais),
ce qui est effectivement important et pourrait conduire à diminuer les prélèvements de l?ordre de
20 millions de m3 (pour une profondeur d?eau à 1,60m sur le périmètre des canaux concernés par
le bassin versant Loire contre une hauteur de 2,20 m actuellement).
L?application de cette mesure nécessite des aménagements d?ouvrages dont les impacts financiers
restent à chiffrer : réduction du débit des vannes d?alimentation, restructurations des ouvrages pour
assurer les sorties d?eau liées aux débits réservés ou l?abaissement des seuils fixes (déversoirs)
sur le réseau.
Elle présente des impacts dont le rétrécissement de la largeur de la voie d?eau limitant le
croisement et le stationnement des usagers dans les biefs, une potentielle augmentation de la
température de l?eau augmentant la prolifération des plantes aquatiques et néfaste pour la faune
aquatique
Au total, les économies globales en volume d?eau seraient environ de 60 Mm3 (70 % du volume)
pour un montant approximatif 110M¤.
Tableau 9 : Canaux VNF ? récapitulatif du coût des travaux et des économies d?eau associées
Source : VNF
volume (Mm3) Coûts (M¤) observations
Réduction des fuites 40 31 Montants CRD et CLL
Capacités de rétention 7 27 barrages réservoirs et système alimentaire
Modernisation Gestion hydraulique 20 42 modernisation GH ouvrages et système alimentaire
Abaissement côte d'exploitation 20 10 (hors montant adaptation organes GH)
Total 87 110
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Annexe 15 L?alimentation en eau potable sur le
bassin Loire-Bretagne
L?AEP est un usage prioritaire aux consommations globalement stabilisées dans
le bassin
Évolution des consommations en eau potable
L?alimentation en eau potable représente près de 22 % des prélèvements bruts du bassin en 2013,
soit 959 Millions de m3 par an. Malgré l?augmentation de 7 % de la population entre 2007 et 2013,
l?état des lieux 2019 du SDAGE indique une légère baisse des prélèvements. Cela peut s?expliquer
par les économies d?eau réalisées par les consommateurs, notamment du fait de l?augmentation
constante du prix de l?eau sur la même période248.
Si l?on tient compte du fait que 80 % de l?eau urbaine prélevée est rejetée dans le milieu, la
consommation nette n?est alors que de 192 Millions de m3 (soit 10 % des volumes annuels
consommés) dont 48 Millions de m3 pendant les mois d?étiage (soit 6 % des volumes de cette
période). Les volumes consommés en étiage pour l?AEP ne sont majoritaires qu?en Bretagne. Dans
les grandes régions céréalières, la part de l?alimentation en eau potable est très faible voire peu
significative en étiage.
Volumes consommés à l?étiage en 2013 par usages et territoires
Source : Etat des lieux SDAGE, 2019
Comme le montre la figure suivante, les grandes agglomérations du bassin génèrent les plus fortes
densités de prélèvements liées à l?eau potable, notamment le long des grands axes fluviaux.
248 Le prix moyen de l?eau pour un foyer du bassin consommant 120 m3/an s?élève à 4,21 ¤/m3 en 2015, ce qui
représente une augmentation de 2,2 % par an depuis 2010 (source : État des lieux du SDAGE 2019)
PUBLIÉ
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Figure 70 : AEP ? densité de prélèvements par bassin versant de masse d?eau en 2019
Source AELB
Évolution passée et à venir de la population et des consommations
La population de Loire-Bretagne a augmenté globalement de 7 % entre 2006 et 2015. Cette
évolution conditionne a priori celle de la consommation d?eau potable, cependant sans
proportionnalité stricte du fait des économies d?eau qui peuvent être réalisées par les ménages et
les industries consommatrices. Au final, les prélèvements liés à l?eau potable sont en légère baisse
à l?échelle du bassin sur cette période.
Le bassin est en effet caractérisé par la juxtaposition de zones très peuplées et en croissance avec
des zones moins peuplées et en décroissance. On assiste depuis plusieurs années à un
déplacement de la population principalement vers l?ouest du bassin : sur la période 2006-2015, les
taux de croissance démographiques y sont supérieurs à la moyenne du bassin. Ainsi, la
commission territoriale Loire aval et côtiers vendéens est marquée par une croissance
démographique de plus de 15 % sur cette même période contre 7 % en moyenne. À l?opposé, le
centre et l?est du bassin sont globalement marqués par une diminution de la population.
Les projections démographiques de l?INSEE à l?horizon 2050 font état d?une augmentation de la
population dans tous les départements du bassin, particulièrement en Pays de la Loire, Bretagne
et Auvergne-Rhône-Alpes (0,5 % par an)249.
249 INSEE, 2017, « D?ici 2050, la population augmenterait dans toute les régions de métropole », INSEE Première
n°1652- juin 2017, 4 p.
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Novembre 2022 Les conditions de mobilisation des retenues
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Figure 71 : Croissance annuelle moyenne de la population entre 2013 et 2050
Source : INSEE
Malgré ces perspectives d?évolution démographique, on peut estimer que les tendances observées
ces dernières années vont globalement se maintenir d?ici 2050, à savoir une relative baisse des
consommations individuelles d?eau potable compensant l?augmentation de la population.
Néanmoins la Bretagne, une partie du marais Poitevin, la Beauce, et l?amont du bassin le long des
axes Loire et Allier, ont des tendances à la hausse des consommations. La population de Nantes
Métropole a augmenté de 1,4 % par an depuis 2013 et les projections font état d?une progression
de 100 000 habitants d?ici 2030 ce qui va entrainer inévitablement une augmentation significative
des consommations dans ce cas précis.
Organisation de l?alimentation en eau potable dans le bassin
Le bassin Loire-Bretagne compte 2 100 services d?eau potable et 4 500 services d?assainissement
collectif, desservant une population d?environ 13 millions d?habitants. La distribution de l?eau
potable et la récupération des eaux usées se fait par des réseaux enterrés représentant près de
366 000 km de canalisations.
On compte près de 6000 points de captage, 95 % étant alimentés par de l?eau souterraine et 5 %
par de l?eau superficielle. Les prises d?eau superficielle assurent cependant 44 % des débits
notamment pour les grandes agglomérations250.
Les prises d?eau superficielle se situent majoritairement dans l?ouest du bassin Loire-Bretagne, là
où les ressources en eau souterraine sont plus limitées et où la population est la plus dense. En
Bretagne, l?alimentation en eau potable est assurée à 25 % seulement par les eaux souterraines,
les 75 % restants étant issus des eaux superficielles (cours d?eau et retenues). Les parties centrale
et amont du bassin sont par contre majoritairement desservies par de l?eau souterraine. Les
250 Saint-Etienne, Roanne, Limoges et l?essentiel des agglomérations en Bretagne sont alimentés par des retenues.
Nantes, Bourges, Montluçon, Vierzon sont alimentés par des prélèvements dans les cours d?eau ou en nappe
d?accompagnement.
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ressources de faible débit sont multiples à l?amont du bassin. Au contraire, les forages au débit
plus conséquent sont observés sur la partie centrale du bassin, en raison des différences de
contexte géologique.
Des abandons de captages liés à la qualité de l?eau
Entre 2000 et 2013, près de 970 captages AEP ont été abandonnés, soit une moyenne de 2
captages par an et par département251 . Ces captages représentent 6 % du volume total de la
production en eau potable du bassin. Les problèmes de qualité sont la première cause d?abandon
mais seuls 22 % des captages le sont pour pollution diffuse (nitrates, pesticides). L?arsenic,
d?origine naturelle, qui présente un véritable risque sanitaire pour les populations, est responsable
de 8 % des abandons, notamment en Auvergne.
Figure 72 : AEP ? répartition des causes d?abandon des 970 captages entre 2000 et 2013
Source : ARS de bassin Centre-Val de Loire
Des difficultés d?approvisionnement sont rencontrées en étiage
A l?étiage, certaines zones sont de plus en plus en tension, notamment les communes touristiques
dont la population augmente fortement en été. En effet, en période estivale, les augmentations de
population sont particulièrement importantes sur certaines villes touristiques du littoral, induisant
des journées de pics de consommation d?eau potable sensiblement dans les mêmes proportions.
A titre d?exemple extrême, en hiver, Damgan en Sud Morbihan affiche une population de 1.700
habitants. Au plus haut de l'été, elle peut atteindre 25 à 30.000 habitants avec seize campings et
près de 3000 résidences secondaires.
Quoique ces situations soient anticipées et bien gérées par les services des eaux (retenues
collectives, interconnexions des réseaux), on atteint les limites de soutenabilité en année sèche
comme en 2022. En Bretagne, de manière générale, de grandes retenues multiusage ont été
réalisées au siècle dernier, avec priorité pour l?alimentation en eau potable (barrages de Guerlédan,
de Saint-Michel, de la Rance). Conjuguée à une bonne interconnexion des réseaux, la situation y
est ainsi globalement maitrisée à l?heure actuelle. Cependant, les évolutions démographiques et
l?impact du changement climatique conduisent à prévoir des tensions d?ici 2030 à l?exception du
251 ARS-Agence de l?eau Loire-Bretagne, 2013- Plaquette « Captages d?alimentation en eau potable dans le bassin
Loire-Bretagne », 19 p.
Administratif
9%
Quantité
15%
Economique
23%
Technique
12%
nitrates-
pesticides
22%
arsenic
8%
autres
paramètres
11%
Qualité
41%
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Loire-Bretagne
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Finistère252. En Côte d?Armor, on constate une augmentation des consommations de 10 % par an
ces dernières années, le besoin supplémentaire d?ici 2030 est estimé à 6,5 Mm3 en Ille-et-Vilaine
et à 4,2 Mm3 dans le Morbihan.
Figure 73 : AEP ? évolution 1999-2019 des prélèvements à l?étiage par bassin versant de masse d?eau
Source : AELB
Tensions entre alimentation en eau potable des populations et abreuvement du
bétail
Dans certaines zones d?élevage, une tension apparaît entre approvisionnement pour les besoins
des populations et abreuvement du bétail qui est en partie réalisé par prélèvements sur le réseau
d?eau potable, surtout en été253 . L?état des lieux 2019 du SDAGE Loire-Bretagne pose pour
l?ensemble du bassin, un ratio de 60 % de prélèvements sur le milieu et 40 % sur le réseau public.
Il s?agit cependant d?un ratio annuel, il est probable qu?en période estivale la sollicitation du réseau
pour l?abreuvement soit encore plus importante.
Des coupures d?approvisionnement certaines années
Les difficultés d?approvisionnement en été peuvent conduire à des coupures d?eau sur le réseau
public. Ainsi à l?étiage 2020, 1,5 % des habitants des axes Loire et Allier ont connu des interruptions
de desserte en eau potable sans solutions rapides de substitutions. Au cours de l'été 2019, des
agglomérations du bassin avaient déjà été soumises à des restrictions. Il a fallu recourir à des
captages abandonnés pour des questions de qualité ce qui a entrainé une dégradation de la qualité
de l?eau brute arrivant dans les usines de traitement. Les interconnexions n?apportent une solution
que si la commune de secours n?est pas confrontée à la même difficulté. Certaines communes
rurales ont dû être approvisionnées par camions citernes. Au final, il n?y a pas eu de coupures du
service de l?eau mais la fragilité de l?alimentation en eau potable a été mise en évidence
252 Cf Compagnie d?Aménagement des Coteaux de Gascogne, 2021- Étude sur la gestion quantitative de la
ressource en eau en Bretagne, 216 p.
253 Quand la température dépasse 25 ?C, une vache laitière consomme autant d?eau qu?un habitant (tous usages
confondus) et les territoires ruraux en amont de bassins comptent souvent plus de vaches que d?habitants.
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particulièrement sur le bassin du Cher (Montluçon, Vierzon), de la Creuse (Guéret), le sud du
département de l?Indre, en Maine et Loire, en Eure et Loire. Du fait de la remontée du bouchon
vaseux à l?estuaire de la Loire jusqu?au niveau de la station de traitement d?eau potable,
l?approvisionnement en eau de l?agglomération de Nantes a été mise en alerte. Une inquiétude
similaire liée à la remontée d?un bouchon vaseux existe sur le fleuve Charente pour l?usine de
Coulonge-sur-Charente qui alimente la ville de La Rochelle.
Le cas particulier de la métropole de Saint-Etienne qui dispose de ressources en eau
potable dont une partie pourrait être redistribuée
L?agglomération de Saint-Etienne (120 000 habitants) dispose d?une grande sécurisation par les
retenues du Pas de Riot (sur le Furan) et le complexe de Lavalette / La Chapelette (sur le Lignon
du Velay), dont les capacités de stockage cumulées excèdent 43 Mm3. Elle a accès par convention
avec EDF qui exploite ces retenues sur le plan hydroélectrique à un minimum de 24 Mm3 d?eau
annuel pour un volume d?eau traitée distribuée de 18 Mm3 maximum par an. Il y aurait ainsi une
marge de l?ordre de 6 Mm3 par an mobilisable pour d?autres usages notamment pour des
interconnexions de secours au bénéfice d?autres collectivités.
Cette situation d?excédent de ressources par rapport aux besoins en eau potable constitue
cependant une exception dans le décor.
Les actions à engager pour la maitrîse de l?eau potable
Réviser les schémas directeurs et les périmètres de protection avec le soutien de
l?Agence de l?Eau
Si les communes sont compétentes en matière de distribution d'eau potable 254 , le pilotage
stratégique de l?AEP est assuré par les schémas départementaux d?alimentation en eau potable
(SDAEP) qui sont une compétence du préfet. Ces SDAEP sont à réviser en fonction de l?évolution
des situations en tenant compte du changement climatique. Les Agences Régionales de Santé
(ARS) sont en charge des autorisations de prélèvements, du suivi de la qualité des eaux distribuées
et, dans une moindre mesure, de celle des eaux brutes.
Les captages bénéficient désormais en grande partie d?un périmètre de protection défini sur la
base d?une étude hydrogéologique qui mentionne également les débits prélevables. Mais ces
débits ont été établis avec les données anciennes sans projection sur les évolutions futures de
niveaux des nappes et des débits des cours d?eau, en lien avec le changement climatique255. Aussi,
afin de sécuriser la ressource, les ARS invitent les distributeurs d?eau à anticiper des plans de
gestion de la sécurité sanitaire des eaux (PGSSE) qui seront rendus obligatoires à partir de juillet
2027256. Le changement climatique est bien entendu à intégrer dans l?approche globale de ces
plans qui pourront utilement s?appuyer sur des études HMUC.
Les objectifs du SDAGE pour l?eau destinée à la consommation humaine prévoient :
? En priorité lutter contre les pertes d?eau prélevée, traitée et acheminée par des réseaux
vieillissants, souvent mal connus et insuffisamment entretenus ;
254 Article L2224-7-1 du Code général des collectivités territoriales
255 Certaines études hydrogéologiques datent des années 1980-1990 et n?ont pas été actualisées malgré les
évolutions constatées.
256 La directive 2020/2184 relative à la qualité des eaux de consommation humaine, rend obligatoire la mise en
place des PGSSE au travers des articles 7 à 10, tout en laissant une certaine latitude aux États membres. On
pourra consulter le guide « Initier, mettre en place, faire vivre un PGSSE » publié en 2021 par l?Association
Scientifique et Technique de l?Eau et de l?Environnement (ASTEE), consultable en ligne https://solidarites-
sante.gouv.fr/IMG/pdf/guide_pgsse-2.pdf
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? Encourager les actions d?économie d?eau ;
? Mobiliser les ressources de façon raisonnée et équilibrée pour satisfaire de nouveaux
besoins ;
? Achever la mise en place des périmètres de protection de captages (PPC) et accélérer la
mise en oeuvre des prescriptions des déclarations d?utilité publique.
Dans la mesure 6E du SDAGE, il est indiqué que la configuration géologique du bassin Loire-
Bretagne permet de disposer de ressources souterraines de bonne qualité dont certaines sont
naturellement protégées et donc peu ou pas affectées par les pollutions anthropiques. Il convient
de conserver ce patrimoine, tant en qualité qu?en quantité, en maitrisant la réalisation de nouveaux
ouvrages de prélèvement et en dédiant préférentiellement son exploitation à l?alimentation en eau
potable par adduction publique. Cette préservation du patrimoine existant est d?autant plus
importante dans un contexte de changement climatique. Par ailleurs, il est nécessaire que les
collectivités bénéficiant de cette ressource renforcent les actions d?économies d?eau et mènent des
campagnes d?information pour que ces ressources ne soient pas gaspillées, notamment en période
de sècheresse ou de pénurie.
La mesure 7A-5- Économiser l?eau dans les réseaux d?eau potable précise que, conformément à
l?article L. 2224-7-1 du code général des collectivités territoriales, de manière à rationaliser leurs
prélèvements et à mieux lutter contre les fuites dans les réseaux, les communes et
intercommunalités en charge de la distribution de l?eau potable élaborent un schéma de distribution
d?eau potable, comprenant notamment une étude patrimoniale exhaustive du réseau et des
ouvrages ainsi qu'un programme d'action précisant les équipements et travaux à conduire pour
détecter les fuites et garantir le renouvellement du réseau. Il est recommandé, particulièrement
dans les secteurs où la ressource est déficitaire (ZRE) et là où les prélèvements sont plafonnés en
période de basses eaux à leur niveau actuel, de réaliser un schéma directeur d?alimentation en
eau potable plus global, visant également à sécuriser l'approvisionnement en eau, en prenant en
compte, dans un contexte de changement climatique, la ressource en eau disponible, la dynamique
des populations et les objectifs de bon état des eaux.
Maîtriser les fuites et développer le renouvellement des réseaux
En Loire-Bretagne, les réseaux d?eau potable ont été posés majoritairement après les années 1960
et le matériau principal est le PVC257. Aujourd?hui, le rendement moyen de ces réseaux est estimé
à 81 % ce qui signifie que 19 % de l'eau potable produite repart au milieu naturel et n?arrive pas au
robinet. L?objectif du SDAGE est que le rendement primaire des réseaux d?eau potable dépasse
les valeurs de 75 % en zone rurale et de 85 % en zone urbaine258. Dans les zones rurales où le
linéaire de réseau est important pour un nombre d?abonné réduit, un rendement moindre peut être
accepté sous réserve que l?indice linéaire de perte soit très faible. Si des progrès peuvent encore
être accomplis, la situation des réseaux du bassin Loire-Bretagne est plutôt satisfaisante dans le
cadre national comme le montre la figure suivante 259:
257 Alain Husson, A. Vacelet, Anne Emmanuelle Stricker, Eddy Renaud, Yves Le Gat, et al.. Construction d?un
dispositif permanent d?évaluation du patrimoine des réseaux d?eau potable aux échelles nationale et de bassin :
rapport d?avancement 2017. [Rapport de recherche] Irstea. 2017, pp.50.
258 Tout service ayant un rendement supérieur à 85 % est considéré comme conforme aux exigences
réglementaires. En effet, l?objectif n?est pas d?atteindre un taux ce zéro fuites ce qui n?est que difficilement atteint
même pour des réseaux neufs et très coûteux à maintenir dans la durée.
259 OFB-SIPEA ? Rapport de l?Observatoire des services publics d?eau et d?assainissement, panorama des services
et de leur performance en 2020, juin 2022, 80 pp.
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Figure 74 : AEP ? rendement moyen du réseau de distribution en métropole en 2020
Source : OFB
Diverses mesures sont envisageables pour maîtriser les fuites : diviser le réseau d'eau potable en
plusieurs secteurs, mettre en place des équipements de comptage et de télégestion pour un
meilleur suivi des volumes d'eau et la localisation plus rapide des fuites sur le réseau. La
sectorisation permet d'économiser l'eau en diminuant les volumes perdus sur le réseau d'eau
potable. Elle réduit ainsi les prélèvements d'eau dans les milieux aquatiques. En plus de l'intérêt
environnemental, l'intérêt économique est là avec des coûts de traitement de l'eau potable et
d'acheminement réduits.
L?Agence de l?Eau estime en 2019 que déjà près de 26 millions de m³ d?eau potable ont pu être
économisés dans le cadre de son 10ème programme d?action. L?amélioration de la connaissance
patrimoniale et la pose d?équipements facilitant la lutte contre les fuites des réseaux d?alimentation
en eau potable ont en effet constitué la priorité pour les actions mises en oeuvre au cours du 10e
programme. 76 millions d?euros ont été employés pour financer près de 102 millions d?euros
d?études et de travaux. 500 études patrimoniales ont permis d?améliorer la connaissance des
réseaux des collectivités, principalement rurales et à l?est du bassin Loire-Bretagne. 7 500
compteurs de sectorisation, plus de 6 500 prélocalisateurs acoustiques et 380 régulateurs de
pression ont été financés dans le cadre de 1 072 opérations d?équipement optimisant la gestion
patrimoniale. Un appel à projets a été lancé sur les territoires les plus sensibles du bassin, classés
en zone de répartition des eaux (ZRE). 76 opérations de remplacement de conduites identifiées
comme fuyardes par les collectivités ont pu ainsi être aidées. 332 kilomètres de réseaux de
distribution ont été financés. Cette action s?est prolongée en 2021, dans le cadre du plan France
Relance, avec une enveloppe de 38 Millions ¤ attribuée à l?Agence de l?Eau pour un appel à projets
destiné aux collectivités situées en zone de revitalisation rurale (ZRR). Il vise les travaux permettant
d?assurer l?alimentation en eau potable des collectivités et le renouvellement des conduites de
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distribution d?eau potable fuyardes ou relarguant du chlorure de vinyle monomère.
Concernant le renouvellement des canalisations, le taux de renouvellement des réseaux n?est pas
disponible à l?échelle départementale sur le portail de l'observatoire des données sur les services
publics d'eau et d'assainissement SISPEA. Sur la base des données régionales, il apparaît que ce
taux est plutôt élevé en Bretagne et AURA, dans une moindre mesure en Pays de Loire et Nouvelle
Aquitaine et faible en Centre-Val de Loire, comme le montre la figure suivante :
Figure 75 : AEP ? taux moyen de renouvellement des réseaux par région en 2020
Source : OFB
Des programmes de renouvellement du réseau sont à réaliser dans les situations de canalisations
les plus anciennes pour réduire les risques de fuites.
Sécuriser l?approvisionnement en développant l?intercommunalité des services d?eau
et les interconnexions de réseaux
La sécurisation de l?approvisionnement en eau potable passe par le développement des
intercommunalités avec transfert de la compétence communale et par la mise en place de
syndicats d?eau potable. Ces regroupements permettent de dégager des moyens techniques et
humains pour la gestion des infrastructures et les investissements à réaliser. Ils facilitent la mise
en place d'interconnexions, là où la fragilité d'un captage peut être compensée par un autre.
Comme le montre la figure suivante, la situation est contrastée sur le bassin Loire-Bretagne,
certains départements ont opéré de larges regroupements des services publics d?eau potable
(dans l?Ouest du bassin) alors que d?autres conservent une gestion très répartie (Limousin, Centre-
Val-de-Loire, Auvergne hormis Puy-de -Dôme) moins sécurisante.
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Figure 76 : AEP ? les services publics en 2020
Source : OFB
Mettre en place une tarification incitative de l?eau
Les abonnés au service public de l?eau sont sensibles au prix de l?eau et tendent à limiter leur
consommation pour réduire la facture. L?état des lieux 2019 du SDAGE Loire-Bretagne indique que
la facture moyenne pour un foyer du bassin consommant 120 m3/an s?élève à 4,12 euros/m3 en
2015 (dont 2,02 ¤/m3 pour la part assainissement et 2,1 ¤/m3 pour l?eau potable), soit près de 494
euros par an, un peu plus de 41 euros par mois. Elle s?élevait à 3,64 euros/m3 en 2010 ce qui
correspond à une augmentation de 13 % en 5 ans ce qui peut expliquer en partie la maitrise des
consommations constatée dans le bassin.
Depuis la fin des années 1990, on évoque en effet de manière récurrente la nécessité de mettre
en place des tarifications incitatives comme un outil de gestion de la demande, permettant
notamment de rétablir l?équilibre entre offre et demande dans les bassins déficitaires. La DCE
intègre pleinement ce principe en imposant que les tarifications pratiquées soient rendues
incitatives à partir de fin 2010. En France, le cadre législatif a progressivement évolué en ce sens
avec les lois sur l?eau de 1992 et de 2006 qui encadrent notamment le montant de la partie fixe de
la tarification (30 % allant à 40 % maximum pour les communes rurales et exemption pour les
communes touristiques) et impose un montant calculé en fonction du volume réellement
consommé (sauf pour les très petites communes où le tarif forfaitaire reste autorisé). Des
tarifications progressives sont particulièrement incitatives à la maitrise des consommations
domestiques (le prix au m3 augmente par seuils de consommations, avec par exemple un premier
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palier à 80 m d?eau consommée).260
La tarification incitative de l?eau a été mise en avant lors des Assises de l?eau en 2019, elle est à
mettre en place à l?initiative de chaque autorité distributrice d?eau potable.
260 Ainsi Henri Smets, 2011, « La tarification progressive de l?eau », éditions Johannet, 170 pp., propose une
tarification à trois tranches : 1) prix réduit, 2) prix normal et 3) prix renforcé. La majorité des usagers se retrouverait
dans la tranche 2. La taille de la tranche 1 est choisie de manière à ce que la consommation de la majorité des
abonnés individuels soit supérieure au plafond de cette tranche. De même, le plafond de la tranche 2 ne sera
dépassé que par une minorité d?abonnés domestiques. Le tarif renforcé de la tranche 3 est destiné à favoriser les
économies d?eau.
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Annexe 16 Les solutions fondées sur la nature
Le concept des solutions fondées sur la nature est reconnu pour répondre au
défi de la gestion de l?eau
Le concept de solution fondée sur la nature (SFN) a émergé, sous l?impulsion de l?Union
Internationale pour la Conservation de la Nature (UICN), lors de la conférence des Parties de la
Convention-cadre des Nations Unies sur les changements climatiques (CCNUCC) en 2009, à
Copenhague.
C?est à l?issue de la COP21 en 2015, puis en 2016, à l?occasion du Congrès mondial de la nature,
que la place des SFN dans l?atteinte des objectifs de développement durable et notamment dans
l?action climatique a été réellement reconnue au niveau international, à la fois dans l?Accord de
Paris, mais aussi grâce à l?adoption de leur définition par l?Assemblée des Nations Unies pour
l?environnement (ANUE). D?après celle-ci, une SFN doit satisfaire à deux exigences principales :
? contribuer de façon directe à un défi de société identifié, autre que celui de la conservation
de la biodiversité ;
? s?appuyer sur les écosystèmes et présenter des bénéfices pour la biodiversité.
En l?occurrence, le défi sociétal qui nous concerne est la gestion de l?eau pour se prémunir des
sécheresses estivales dans le cadre du changement climatique. Pour y répondre, les SFN ne
s?appuient pas sur des ouvrages ou aménagements hydrauliques classiques (canalisations,
barrages, forages, ?) qualifiés de solutions « grises » (comme le béton) mais sur les
fonctionnalités des milieux humides.
Les SFN se déclinent en trois types d?actions, qui peuvent être mobilisées seules ou en
combinaison dans les territoires :
la préservation d?écosystèmes fonctionnels et en bon état écologique ;
l?amélioration de la gestion d?écosystèmes pour une utilisation durable par les activités
humaines ;
la restauration d?écosystèmes dégradés ou la création d?écosystèmes.
Ces actions rejoignent les notions d?ingénierie écologique et d?agroécologie déjà évoquées dans
les pistes de renforcement de la résilience de l?agriculture (cf. 3.3.1 ci-avant), elles réservent une
place essentielle à la préservation et à la conservation des processus naturels.
En France, le Plan National d?Adaptation au Changement Climatique (PNACC 2) et le Plan
Biodiversité (2018) promeuvent l?utilisation des SFN. Le Comité français de l?UICN est impliqué
dans le projet Life intégré ARTISAN, piloté par l?OFB, qui participe à la mise en oeuvre de ces plans.
Les SFN trouvent de nombreuses applications dans le domaine de la gestion de l?eau, qu?il s?agisse
d?en préserver la qualité ou de réduire les risques naturels inhérents (inondations, crues ou encore
sécheresse) et apportent de nombreux co-bénéfices (tourisme, paysage, bien-être, activités
économiques durables?) sans compter la conservation de la biodiversité qui est leur objectif
premier261 . Elles sont souvent présentées comme une alternative économiquement viable et
durable, moins coûteuse à long terme que des investissements technologiques ou la construction
et l?entretien d?infrastructures grises. Des SFN jouant sur l?occupation du sol (haies,
désimperméabilisation de zones urbaines, revégétalisation?), vont favoriser la retenue de l?eau
261 Voir fiche pratique France Nature Environnement « Que peut faire ma commune pour assurer la qualité de
l?eau », novembre 2020, 2 pp.., téléchargeable sur www.fne.asso.fr/publications/assurer-la-qualité-de-
leau-que-peut-faire-ma-commune
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de pluie, l?humidité dans le sol, l?infiltration dans le sous-sol et donc la recharge des aquifères,
contribuant ainsi au débit des cours d?eau et à la pérennité des écosystèmes aquatiques associés
(faune et flore), en période d?étiage.
L?action 11 des Assises de l?Eau en 2019 fait aussi explicitement référence au renforcement de
l?utilisation des SFN pour préserver les rivières et milieux humides, avec un pôle d?animation placé
sous l?égide de l?OFB. Les travaux du Varenne sur l?eau et l?adaptation au changement climatique
évoquent également les SFN comme facteurs de résilience de l?agriculture face au changement
climatique262.
Enfin, les programmes d?intervention des agences de l?eau soutiennent les mesures d?adaptation
dont celles fondées sur la nature pour la restauration des milieux aquatiques ou la gestion des
eaux pluviales (mesures 1A263 et 1D du SDAGE Loire-Bretagne).
L?EPL, propriétaire de 650 ha dans la Nièvre sur le site du Veurdre, envisage un projet de
développement intégré multiusage qui s?inscrit dans cette logique. L?objectif poursuivi est
d?optimiser l?expansion des crues et de développer une capacité de stockage naturel de l?eau pour
la restituer en période de sécheresse, favoriser la biodiversité et préserver l?environnement du site,
tout en valorisant et agissant de manière résiliente sur l?habitat et le patrimoine culturel. Une étude
d?opportunité et de faisabilité du projet est inscrite au budget 2022 de l?EPL.
Le moyen de favoriser l?infiltration par le biais des SFN peut s?inscrire dans le domaine de la gestion
de la recharge des aquifères. Ce sujet a été traité dès la fin des années 1970 avec la mise en
oeuvre de recharges artificielles dans un but d?optimiser la production d?eau pour l?alimentation en
eau potable, du point de vue économique et énergétique. On s ?éloigne néanmoins alors des SFN
pour se rapprocher des solutions « grises », plus technologiques.
Les zones humides présentent de nombreux avantages pour la gestion de l?eau
Les zones humides étant des milieux fragiles, les activités humaines doivent y être maitrisées voire
interdites : constructions, remblaiement, drainage... Afin de les protéger de l?artificialisation, les
zones humides doivent être classées zones « N » (zone naturelle ou forestière) ou « A » (zone
agricole) dans le PLU. Un élevage extensif est souvent compatible avec les zones humides, en
particulier les prairies inondables. Les agriculteurs peuvent bénéficier d?aides à travers les Mesures
agroenvironnementales et climatiques (MAEC) de la PAC.
Les SFN sont aussi adaptées à la gestion des eaux pluviales en ville
Pour la gestion des eaux pluviales en ville, les SFN se développent en remplacement partiel des
techniques « classiques » cherchant à maitriser totalement le cycle de l?eau par des infrastructures
grises comme les canalisations, les cuves enterrées, les réservoirs et le génie civil. Ces solutions
alternatives fondées sur la nature, favorisent l?infiltration et l?épuration des eaux à la parcelle et la
multifonctionnalité des ouvrages de gestion des eaux pluviales. Les aménagements végétalisés
peuvent prendre plusieurs formes en ville, comme des noues, des jardins de pluie, des mares, ou
des espaces verts qui font office de zone de récupération d?eau. Ce «100 % infiltration à la parcelle
» est déjà à l?oeuvre dans plusieurs collectivités comme par exemple à Nantes, avec l?éco-quartier
de la Bottière-Chènaie qui est totalement perméable à la pluie. Multiplier la nature en quantité? et
en qualité? dans les espaces urbains permet non seulement de mieux gérer le ruissellement mais
262 Rapport de la thématique 2 du Varenne sur l?eau et l?adaptation au changement climatique, partie 2.4.2
« Agriculture de résilience, exemples, perspectives, enseignement »
263 « La préservation et la restauration d?éléments tels que le bocage, les haies, les bosquets, la ripisylve, les zones
enherbées, les mares, les zones humides, le sol, les têtes de bassin versant, les talus, les prairies, les couverts
végétaux hivernaux, les espaces boisés constituent des leviers transversaux d?une gestion intégrée de la ressource
en eau, permettant d?agir sur la qualité des eaux, la disponibilité de la ressource en eau et les fonctionnalités des
milieux aquatiques. »
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aussi d?être utile lors des périodes de canicule pour faire de l?ombre et rafraichir l?atmosphère264.
La mesure 3D1 du SDAGE Loire-Bretagne « Prévenir et réduire le ruissellement et la pollution des
eaux pluviales » fait appel aux techniques alternatives au « tout tuyau » (espaces verts infiltrants,
noues enherbées, chaussées drainantes, bassins d?infiltration, toitures végétalisées stockantes,
puits et tranchées d?infiltration...) en privilégiant les SFN.
Les SFN pâtissent du manque d?évaluation quantitative de leurs impacts sur la
recharge des nappes ou l?alimentation des cours d?eau
Marie Pettenati et Nathalie Dörfliger (BRGM), indiquent dans leur article « Des Solutions
d?infiltration et de recharge des aquifères fondées sur la Nature pour adapter la gestion de la
ressource en eau aux impacts du changement climatique » 265 que favoriser le maintien de zones
humides naturelles ou créer des zones humides pourrait être plus durable et plus économique que
des infrastructures grises traditionnelles telles que des barrages ou retenues d?eau. Il est précisé
cependant que peu de travaux existent à ce jour sur l?impact des SFN sur les eaux souterraines
tant du point de vue de la quantité (recharge) que de la qualité et des écosystèmes associés.
La question de l?impact quantitatif des SFN sur la disponibilité des ressources en eau n?est en effet
pas évidente. Ainsi, le passage d?une prairie à une forêt entraîne une diminution de la recharge
des eaux souterraines, alors qu?une conversion en terre agricole peut conduire paradoxalement à
une augmentation de la recharge, pour un même contexte climatique et une même position dans
un bassin-versant. Une végétation avec des racines profondes (arbres fruitiers, 15 à 20 m de
profondeur), en tête de bassin-versant entraîne plutôt une réduction de la recharge des eaux
souterraines, celle-ci pouvant être réduite à zéro.
Mais il ne faut pas oublier que ces SFN rendent aussi des services écosystémiques (réduction de
l?érosion des sols et de l?entraînement des polluants vers les nappes ou les cours d?eau ;
contribution à la diversité des écosystèmes et des paysages), même si elles ne favorisent pas
forcément la disponibilité de l?eau sur un territoire car les couverts végétaux augmentent finalement
l?évapotranspiration.
La difficulté de l?évaluation de l?impact des SFN réside dans le fait qu?elles génèrent des bénéfices
multiples, souvent non marchands. L?évaluation doit également être réalisée à une échelle
territoriale suffisamment globale et ne pas se limiter à l?aire immédiate d?un projet local (l?impact
local peut être négligeable mais sensible à une échelle plus large). Lorsqu?ils sont mal perçus par
certains décideurs ou évalués dans le cadre d?approches sectorielles ou territoriales trop étroites,
les bénéfices peuvent être négligés et les enjeux associés délaissés.
Concernant l?évaluation du volet hydrologique, on peut citer le projet Hydrindic piloté par
l?INRAE266, en cours de finalisation et qui comprend le SAGE du Blavet comme un des sites pilotes.
Il vise à développer un indicateur hydrologique notamment pour les bureaux d?études et les
gestionnaires d?espaces naturels qui réalisent des projets de restauration/création de zones
humides (déblaiement, suppression de drains souterrains, modification des apports en eau, etc.).
Quelques années après la restauration ou la création de zones humides, cet indicateur permettra
de s?assurer que la trajectoire correspond bien à l?objectif visé sur le plan hydrologique.
De fait, le bilan des actions de l?Agence de l?eau Loire Bretagne ne mentionne aucun état quantitatif
264 Article de Marc Barra, Agence régionale de la biodiversité d?Ile-de-France « Évaluation de l?efficience des
services écosystémiques : comparaison des solutions grises et vertes pour la gestion des eaux pluviales », dans
le rapport 2019 de l?ONERC au premier ministre et au parlement cité plus haut
265 Observatoire National sur les effets du changement climatique (ONERC), 2019 « Des SFN pour s?adapter au
changement climatique », Rapport au premier ministre et au parlement, La Documentation Française, 306 pp.
266 Hydrindic associe l?OFB, l?UMS PatriNat OFB-CNRS-MNHN, le bureau d?étude Biotope, L?UPR LESSEM
(INRAE, Université Grenoble-Alpes) et le CEN Savoie.
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de l?impact des SFN sur la ressource en eau. Cette situation est dommageable pour leur pleine
reconnaissance par les acteurs locaux et pour objectiver leur plus large déploiement.
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Annexe 17 Glossaire des sigles et acronymes
Acronyme Signification
AELB Agence de l?eau Loire-Bretagne
AFOM Analyse atouts, faiblesses, opportunités, menaces
ANUE Assemblée des Nations Unies pour l'environnement
ASN Autorité de sûreté nucléaire
BRGM Bureau de recherches géologiques et minières
CCNUCC Convention cadre des Nations Unies sur les changements
climatiques
CEMAGREF Centre d?étude du machinisme agricole, du génie rural, des
eaux et forêts
CGAAER Conseil général de l'alimentation, de l'agriculture et des
espaces ruraux
CGEDD Conseil général de l'environnement et du développement
durable
CLE Commission locale de l?eau
CNPE Centre nucléaire de production d?électricité
DCE Directive cadre sur l?eau
DCR Débit de crise
DGEC Direction générale de l'énergie et du climat
DIG Déclaration d?intérêt général
DOE Débit d?objectif d?étiage
DRAAF Direction régionale de l'alimentation, de l'agriculture et de la
forêt
DSA Débit de seuil d?alerte
EDF Electricité de France
EnR Energie renouvelable
IGEDD Inspection générale de l?environnement et du développement
durable
GW Giga Watt (unité de puissance)
GWh Giga Watt heure (unité de consommation électrique)
HMUC Analyses Hydrologie, Milieux, Usages et Climat
LEMA Loi sur l?eau et les milieux aquatiques
MAEC Mesures agroenvironnementales et climatiques
M¤ Million d?euros
Mm3 Million de m3
MW Méga Watt (unité de puissance)
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Acronyme Signification
MWe Méga Watt électrique (puissance électrique moindre de la
puissance dans des proportions dépendantes de la technologie
de production)
MWh Méga Watt heure (unité de consommation électrique)
MTE Ministère de la transition énergétique
MTECT Ministère de la transition écologique et de la cohésion des
territoires
OSE Objectif de soutien d?étiage
OUGC Organisme unique de gestion collective
PNACC Plan National d?Adaptation au Changement Climatique
PTGE Projet de territoire pour la gestion de l'eau
RTE Réseau de transport d'électricité
SAGE Schéma d?aménagement et de gestion des eaux
SDAGE Schéma directeur d?aménagement et de gestion des eaux
SFN Solution fondée sur la nature
SHEMA Société Hydraulique d'Etudes et de Missions d'Assistance
SIAEP Syndicat intercommunal d'alimentation en eau potable
SMIF Syndicat Mixte d'Irrigation et de Mise en Valeur du Forez,
SOMIVAL Société pour la mise en valeur de la région Auvergne-Limousin
STEP Station de transfert d?énergie par pompage
TFUE Traité sur le fonctionnement de l'Union européenne
UICN Union Internationale pour la Conservation de la Nature
UMR Unité mixte de recherche
VNF Voies navigables de France
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Annexe 18 Table des illustrations
Figure 1 : Dispositifs de soutien d?étiage impliquant des concessions hydroélectriques ........ 13
Figure 2 : Contributions des dispositifs au soutien d'étiage sur le bassin Loire-Bretagne ...... 13
Figure 3 : Villerest ? modulation de l'OSE de Gien ....................................................................... 16
Figure 4 : Naussac ? évolution du remplissage du réservoir ....................................................... 18
Figure 5 : Naussac et Villerest ? volume maximum mobilisable ................................................. 19
Figure 6 : Dispositif de soutien d?étiage de la Vienne ................................................................... 20
Figure 7 : Retenues EDF ? débits garantis et conventionnés ..................................................... 23
Figure 8 : Evolution des débits décennaux mensuels moyens à Montjean............................... 24
Figure 9 : Répartition des consommations d'eau à l?étiage ......................................................... 25
Figure 10 : Evolution de la satisfaction des DOE sur les principaux sous-bassins sur les trois
périodes 1991-2000, 2001-2010 et 2011-2020.............................................................................. 27
Figure 11 : Respect des DOE sur la décennie 2011-2020 .......................................................... 28
Figure 12 : Principaux réservoirs et retenues sur l?Allier et la Loire amont ............................... 33
Figure 13 : Naussac et Villerest ? OSE de proximité .................................................................... 36
Figure 14 : Grangent gestion actuelle et proposition mission ...................................................... 38
Figure 15 : Lavalette ? gestion actuelle et proposition mission ................................................... 40
Figure 16 : Les Fades - gestion actuelle et proposition mission ................................................. 41
Tableau 1 : Volume nécessaire pour respecter en 2050 un OSE à Gien du 1er juin au 31
décembre ............................................................................................................................................. 52
Figure 17 : Le soutien des débits par les barrages de Villerest et Naussac ............................. 92
Figure 18 : Villerest ? cotes du réservoir ........................................................................................ 93
Figure 19 : Villerest ? composantes du soutien du débit de la Loire .......................................... 95
Figure 20 : Villerest - évolution du soutien depuis 2006 ............................................................... 95
Figure 21 : Villerest ? soutien délivré par OSE de Gien et OSE moyen .................................... 96
Figure 22 : Villerest ? respect de la cote d?exploitation estivale .................................................. 97
Figure 23 : Villerest ? années à soutien précoce .......................................................................... 98
Figure 24 : Villerest ? années humides ........................................................................................... 98
Figure 25 : Villerest ? dérogations de 2015 et 2019 ................................................................... 100
Figure 26 : Naussac ? situation du barrage et de ses prises d'eau .......................................... 103
Tableau 2 : Naussac ? évolutions du remplissage et des déversements ................................ 104
Figure 27 : Naussac ? volumes annuels déstockés pour le soutien de l'Allier et de la Loire 106
Figure 28 : Naussac ? évolution du nombre de jours de soutien d?étiage ............................... 106
Figure 29 : Naussac ? nombre de jours de soutien par mois .................................................... 107
Figure 30 : Villerest ? courbes plancher et d?alerte ..................................................................... 107
Figure 31 : Naussac ? gestion du pompage entre les étiages 2021 et 2022 .......................... 110
Figure 32 : Naussac ? débits dans l?Allier lors de l?épisode pluvieux de mi-mars 2021 ........ 111
Figure 33 : Réservoirs de Naussac et Villerest ? évolution du volume maximum mobilisable
pour le soutien d?étiage de l?Allier et de la Loire .......................................................................... 113
Figure 34 : Soutien d?étiage de l?Allier et de la Loire ? comparaison consommations /
redevances par catégories d?usages ............................................................................................. 116
Figure 35 : Schéma de l?aménagement de Montpezat ............................................................... 118
Figure 36 : Montpezat ? volume délivrés à la Loire en étiage au titre du débit garanti ......... 119
Figure 37 : Montpezat ? répartition du soutien d'étiage entre la Loire et l'Ardèche ............... 119
PUBLIÉ
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Figure 38 : Evolution des débits décennaux mensuels moyens de la Loire à Gien ............... 122
Figure 39 : Evolution des débits décennaux mensuels moyens de la Loire à Nevers .......... 122
Figure 40 : Evolution des débits décennaux mensuels moyens de l?Allier à Vic-le-Comte .. 122
Figure 41 : Evolution des débits décennaux mensuels moyens de l?Allier à Vieille-Brioude 122
Figure 42 : Evolution des débits décennaux mensuels moyens de la Vienne à Ingrandes .. 122
Figure 43 : Evolution des débits décennaux mensuels moyens de la Vienne à Etagnac ..... 122
Figure 44 : Evolution des débits décennaux mensuels moyens de la Loire à Bas-en-Basset
............................................................................................................................................................. 123
Figure 45 : Evolution des débits décennaux mensuels moyens de la Creuse à Leugny ...... 123
Figure 46 : Trajectoires RCP .......................................................................................................... 124
Figure 47 : Projection de la variation de température moyenne mondiale suivant différents
scénarios ............................................................................................................................................ 125
Figure 48 : Evolution des précipitations à l?horizon 2041-2070 ................................................. 128
Figure 55 : Intensité des canicules ? comparaison climat actuel / horizon 2050 RCP4.5 .... 129
Evolution des températures moyennes quotidiennes à l?horizon 2041-2070 .......................... 133
Figure 49 : Evolution de la teneur en eau des sols à l?horizon 2055 ........................................ 135
Figure 56 : Cycle annuel d?humidité du sol en Auvergne ........................................................... 135
Tableau 3 : Comparaison des modélisations Explore 2070 et SIM2-DRIAS2020 (Explore 2)
............................................................................................................................................................. 137
Tableau 4 : SIM2-Drias2020 (Explore 2) - Évolution des débits moyens annuels de la Loire à
Nantes par RCP et horizons temporels ......................................................................................... 137
Figure 50 : SIM2-DRIAS2020 (Explore 2) - débits mensuels moyens de la Loire à Nantes
reconstitués 1975-2005 ................................................................................................................... 138
Figure 51 : SIM2-DRIAS2020 (Explore 2) ? évolution des débits mensuels moyens de la
Loire à Nantes ................................................................................................................................... 138
Figure 52 : Juillet à septembre 2019 - déficit d?humidité des sols ............................................ 139
Figure 53 : Septembre 2019 ? arrêtés sécheresse ..................................................................... 139
Principaux réservoirs et retenues sur l?Allier et la Loire amont ................................................. 143
Figure 54 : Retenues EDF ? plages de soutien d?étiage ............................................................ 144
Figure 55 : Retenues EDF ? part du volume utile engagée dans le soutien d'étiage ............ 144
Figure 56 : Retenues EDF ? périodes de cotes touristiques ..................................................... 145
Figure 57 : Effet de la baisse des débits naturels sur les débits réels en fonction des
prélèvements ..................................................................................................................................... 155
Figure 58 : Production brute animale et végétale du bassin Loire-Bretagne .......................... 157
Figure 59 : Volumes consommés à l?étiage 2013 par usage et par territoire des commissions
territoriales ......................................................................................................................................... 158
Figure 60 : Densité de prélèvements pour l?irrigation en 2019 .................................................. 159
Figure 61 : Pluies efficaces moyennes sur le bassin Loire-Bretagne....................................... 159
Figure 62 : Evolution 1999-2019 des prélèvements pour l?irrigation ........................................ 160
Figure 63 : Evolution 1999-2019 des prélèvements pour l?irrigation par SAGE ..................... 160
Figure 64 : Evolution 2009-2019 des prélèvements pour l?irrigation ........................................ 161
Figure 65 : Evolution 2009-2019 des prélèvements pour l?irrigation par SAGE ..................... 162
Figure 66 : Estimations au 1/09/2022 de l?évolution des rendements du maïs grain irrigué et
non irrigué .......................................................................................................................................... 163
Tableau 5 : Evaluation des économies d?eau par modernisation des systèmes d?irrigation 171
Figure 67 : Les centrales nucléaires et les principales retenues du bassin de la Loire ........ 181
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Novembre 2022 Les conditions de mobilisation des retenues
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Figure 68 : Schéma d?un centre de production nucléaire avec un circuit fermé ..................... 182
Tableau 6 : Centrales nucléaires ? prélèvements et augmentation de la température de l?eau
rejetée ................................................................................................................................................. 183
Tableau 7 : Centrales nucléaires ? rejet des effluents radioactifs en fonction des débits .... 184
Figure 69 : Canaux VNF sur le bassin de la Loire ....................................................................... 186
Tableau 8 : Canaux VNF ? estimation des fuites et du coût des travaux nécessaires.......... 188
Tableau 9 : Canaux VNF ? récapitulatif du coût des travaux et des économies d?eau
associées ........................................................................................................................................... 190
Figure 70 : AEP ? densité de prélèvements par bassin versant de masse d?eau en 2019 .. 192
Figure 71 : Croissance annuelle moyenne de la population entre 2013 et 2050 ................... 193
Figure 72 : AEP ? répartition des causes d?abandon des 970 captages entre 2000 et 2013
............................................................................................................................................................. 194
Figure 73 : AEP ? évolution 1999-2019 des prélèvements à l?étiage par bassin versant de
masse d?eau ...................................................................................................................................... 195
Figure 74 : AEP ? rendement moyen du réseau de distribution en métropole en 2020 ....... 198
Figure 75 : AEP ? taux moyen de renouvellement des réseaux par région en 2020 ............ 199
Figure 76 : AEP ? les services publics en 2020 .......................................................................... 200
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Sommaire
Résumé
Liste des recommandations
Introduction
1 Un bassin déjà sous tension qui doit s?adapter rapidement au changement climatique
1.1 Un bassin disposant de plusieurs dispositifs de soutien d?étiage
1.1.1 Le soutien d?étage assuré par l?EPL sous l?égide du CGRNVES
1.1.1.1 La modulation des objectifs de soutien d?étiage
1.1.1.2 Le soutien de l?Allier et de la Loire
1.1.1.3 Une gestion prudente
1.1.2 Le soutien d?étiage assuré par EDF sur la Vienne
1.1.3 Les autres soutiens d?étiage assurés par des retenues hydroélectriques
1.2 Une réduction déjà significative des débits naturels qui ne permet plus de tenir les DOE sur une partie du bassin malgré le soutien d?étiage
1.2.1 L?évolution des débits d?été et d?automne
1.2.2 Les consommations d?eau à l?étiage
1.2.3 Les DOE ne sont déjà plus tenus 8 années sur 10 sur une partie du bassin
1.3 D?ici 2050, la baisse des débits naturels à l?étiage va s?amplifier sous l?effet du changement climatique
1.4 L?évolution des écosystèmes doit être anticipée et accompagnée
2 La contribution des retenues hydroélectriques à un nouveau modèle du soutien d?étiage sur le bassin Loire Bretagne
2.1 Mobiliser des retenues hydroélectriques pour le soutien d?étiage
2.2 Mobiliser de nouvelles retenues en complément d?une optimisation de Naussac et Villerest sur le secteur Allier ? Loire amont
2.2.1 Optimiser la gestion de Naussac et Villerest
2.2.2 Maximiser l?utilisation de Villerest par un appel éventuel à Grangent et Lavalette en automne
2.2.2.1 Le barrage de Grangent
2.2.2.2 Le complexe Lavalette ? La Chapelette
2.2.3 Atténuer les contraintes de la gestion pluriannuelle de Naussac par une mobilisation des Fades sur la Sioule
2.2.4 La modification de l?équilibre entre les soutiens d?étiage de la Loire et de l?Ardèche par les ouvrages de Montpezat ne répondrait pas aux ordres de grandeur
2.2.4.1 Le soutien d?étiage par Montpezat
2.2.4.2 La création d?une STEP
2.2.5 En conclusion sur l?Allier et la Loire amont
2.2.5.1 Conforter l?EPL dans son rôle de pivot de la gestion opérationnelle et de caisse de financement du soutien d?étiage
2.2.5.2 Adapter la gouvernance du dispositif
2.3 Préserver le soutien d?étiage de la Vienne
2.4 Adapter les dispositifs locaux au changement climatique
2.4.1 Le cas du Cher : l?adoption souhaitable d?objectifs de soutien d?étiage variables
2.4.2 Le cas de la Creuse : une situation de déséquilibre qui risque de s?aggraver
2.4.3 Le cas du Blavet : des améliorations possibles du règlement d?eau
3 Le changement climatique renforce la nécessité d?une gestion quantitative à l?échelle du bassin
3.1 Les ressources actuellement mobilisées pour le soutien d?étiage ne suffiront pas à satisfaire les DOE, ni à court ni à moyen terme
3.1.1 Les conclusions pouvant être tirées des ordres de grandeur disponibles
3.1.1.1 Les calculs présentés par la mission en 1ère partie de ce rapport
3.1.1.2 L?étude d?adaptation du mode de gestion des barrages de Villerest et de Naussac sous l?effet du changement climatique réalisée par l?EPL
3.1.1.3 Les projections du modèle MORDOR au 31 mai 2022
3.1.1.4 Les constats de la mission
3.1.2 La nécessité d?une étude globale à l?échelle du bassin de la Loire
3.1.3 Tous les leviers d?action doivent être mobilisés
3.2 Une maîtrise progressive des consommations s?impose pour sécuriser les usages et assurer la qualité des milieux
3.2.1 La maîtrise des prélèvements agricoles en application des conclusions du Varenne agricole de l?eau et du changement climatique
3.2.1.1 L?agriculture en Loire-Bretagne occupe une place économique de premier plan et figure comme consommateur d?eau majeur
3.2.1.2 L?irrigation est limitée sur le bassin Loire-Bretagne mais se développe face au changement climatique.
3.2.1.3 Le monde agricole est inquiet face aux sécheresses des dernières années et projections climatiques futures
3.2.1.4 Un retard dans la prise de conscience des enjeux sur l?eau en amont du bassin
3.2.1.5 Des démarches concertées sont engagées dans les territoires pour dégager des pistes d?adaptation de l?accès à la ressource en eau pour l?agriculture
3.2.2 Les pistes très encadrées d?accès de l?agriculture à la ressource en eau
3.2.2.1 Les retenues de substitution
3.2.2.2 Autres pistes de mobilisation de ressources
3.2.2.3 La généralisation de la gestion quantitative de l?eau avec une gouvernance adaptée
3.2.3 L?évolution de la consommation d?eau des centrales nucléaires en fonction des futurs contextes énergétiques envisageables mérite d?être étudiée
3.2.3.1 Les consommations d?eau des centrales nucléaires
3.2.3.2 La dilution des effluents
3.2.4 Des travaux permettraient d?importantes économies d?eau sur les canaux de VNF
3.2.5 La nécessité d?ambitieux programmes de sécurisation et d?économie sur l?alimentation en eau potable
3.2.5.1 L?AEP est un usage prioritaire aux consommations globalement stabilisées dans le bassin
3.2.5.2 Des difficultés d?approvisionnement sont rencontrées en étiage
3.2.5.3 Les actions à engager pour la maîtrise de l?eau potable
3.2.6 La nécessité d?une démarche globale
3.3 Les avantages des solutions fondées sur la nature doivent être mieux évalués pour soutenir leur plus large déploiement
3.4 La révision des DOE doit accompagner ces évolutions
Conclusion
Annexes
Annexe 1 Lettre de mission
Annexe 2 Liste des personnes rencontrées
Annexe 3 Les réservoirs de Villerest et de Naussac
Annexe 4 Le complexe de Montpezat
Annexe 5 Evolutions sur longue période des débits d?été et d?automne
Annexe 6 Le changement climatique sur le bassin Loire-Bretagne
Annexe 7 Les conditions de mobilisation des retenues hydroélectriques
Annexe 8 Liste des transferts d?eau entre sous-bassins
Annexe 9 Eléments d?analyse sur l?idée de construction de nouveaux grands réservoirs
Annexe 10 Eléments sur les prélèvements d?eau
Annexe 11 L?agriculture dans le bassin Loire-Bretagne
Annexe 12 Contribution de la coopérative Limagrain
Annexe 13 Les besoins et la consommation d?eau des centrales nucléaires
Annexe 14 Les économies d?eau possibles sur les canaux de VNF
Annexe 15 L?alimentation en eau potable sur le bassin Loire-Bretagne
Annexe 16 Les solutions fondées sur la nature
Annexe 17 Glossaire des sigles et acronymes
Annexe 18 Table des illustrations
INVALIDE)