Projet de classement des Monts de Sery dans les Ardennes (08). Rapport à la commission supérieure des sites, perspectives et paysages du 29 septembre 2022

BRENTRUP, Serge

Auteur moral
France. Inspection générale de l'environnement et du développement durable (IGEDD)
Auteur secondaire
Résumé
<div style="text-align: justify;">Les Monts de Sery, situés sur la commune éponyme et sur la commune de Justine-Herbigny dans les Ardennes, au sud-ouest de Charleville-Mézières, présentent une mosaïque remarquable de paysages boisés, naturels ou cultivés. La présence de nombreux talus dans l'espace agricole constitue une curiosité, ainsi que les cultures organisées en terrasse sur les monts. Afin de préserver et mettre en valeur le site, en partie inscrit depuis 1992 sur 55 hectares, le présent rapport propose de donner un avis favorable au classement, sur la base du critère pittoresque et sur une surface de plus de 500 hectares.</div>
Editeur
IGEDD
Descripteur Urbamet
avis ; classement ; site ; paysage rural ; zone à caractère pittoresque
Descripteur écoplanete
commission supérieure des sites ; site classe ; paysage en terrasses ; culture en terrasse
Thème
Environnement - Paysage
Texte intégral
Rapport à la commission supérieure des sites, perspectives et paysages du 29 septembre 2022 Projet de classement des Monts de Sery dans les Ardennes (08) P 29 Septembre 2022 U Serge BRENTRUP Inspecteur général de l'administration du développement durable B Rapport IGEDD n° 013776-02 établi par LI É SERY ARDENNES SERY SERY Carte de localisation des différents monts composants les « Monts de Sery », source : DREAL Grand Est · Étude patrimoniale et plan de gestion du territoire des Monts de Sery Atelier des paysages quotidiens, A Ciel Ouvert, 2020 Page 2 / 15 Rapport à la commission supérieure des sites, perspectives et paysages du 29 septembre 2022 Rapport IGEDD n°013776-02 PUBLIÉ 1. Contexte historique et évolution du paysage Aux XIIe et XIIIe siècles, Sery est composé de deux agglomérations aux statuts différents : la Vieille Ville (partie basse) et la Ville Haute (comprenant le bourg, la place, la moinerie). Les pentes du mont sont alors aménagées en terrasses pour la culture. Au XVIIIe siècle, le territoire autour de la commune de Sery présente un environnement très ouvert, composé de champs et de prairies servant à nourrir une population répartie dans les nombreuses fermes, villages et châteaux environnants. Sery bâtit son économie agricole sur une polyculture (blé, seigle, avoine, vigne, arbres fruitiers et chanvre) associée à l'élevage (ovins et bovins, en extensif). Les chènevières1 assurent un important revenu jusqu'au début du XIXe siècle. La vigne y est cultivée jusqu'en 1975. Des prairies humides soulignent les cours inférieurs du Plumion et du ruisseau de La Vaux. Une série de châteaux, dont certains sont aujourd'hui protégés au titre des monuments historiques, jalonne un territoire rural. Au XIXe siècle, Sery compte une population de 1 000 à 1 200 habitants. La carte d'Etatmajor, sur la base du cadastre napoléonien montre que le paysage n'a pas fondamentalement changé jusqu'à nos jours. Les boisements couvrent irrégulièrement la plaine au nord de la butte. Au sud-est de la commune, le bois qui composait alors une grande étendue, est progressivement morcelé en plusieurs parties. A la fin des années 1920, la division parcellaire est poussée à l'extrême, témoignage des partages successifs des propriétés qui s'appliquent aussi bien sur les terrains pentus que sur les terres en plaine. Elle montre également que pratiquement tous les finages2 sont utilisés pour la culture ou l'élevage. Le système de culture en terrasse est typique de la région et forme des talus appelés «orles3». Les parcelles épousent la forme accidentée du sol, révélant la topographie en courbes et contre-courbes. Le village de Sery conserve son enveloppe et sa forme d'origine. Le Mont de Sery, à l'instar de l'ensemble des monts, est alors un espace totalement ouvert et cultivé. Seule, sa partie sommitale est ponctuée d'arbres, contrairement à celle des autres monts qui est totalement dégagée. Photo du village de Sery - années 1950 et périmètre du site inscrit, source : DREAL Grand Est · Étude patrimoniale et plan de gestion du territoire des Monts de Sery · A Ciel Ouvert, Atelier des paysages quotidiens Il y a peu d'évolution jusqu'au milieu du XXe siècle, les parcelles conservent leur petite taille et le village de Sery évolue peu, sans expansion urbaine. On constate un exode rural qui se poursuit jusqu'aux années 1990. Les paysages conservent leur physionomie du début du XXe siècle : un parcellaire à taille humaine avec des cultures en terrasses, un réseau de haies et de talus qui épouse la topographie, des vergers et des parcelles de prairies où paissent les vaches. La situation du village au pied du mont offre une dualité intéressante entre système bâti et système agricole. A la fin du XXe siècle, les impacts du remembrement de 1965 sur la maille parcellaire (dont la trame 1 2 Champs où croît le chanvre. Le finage correspond à l'étendue d'un territoire villageois. Très souvent, il regroupe plusieurs terroirs permettant une diversification des ressources. En Europe, les limites des finages médiévaux se sont souvent transformées en limites de communes. 3 Ligne continue limitant la partie normalement utilisée de la surface topographique, origine « ourlet ». Rapport IGEDD n°013776-02 Rapport à la commission supérieure des sites, perspectives et paysages du 29 septembre 2022 Page 3 / 15 PUBLIÉ s'agrandit) se font sentir. La refonte des structures foncières (remembrement, drainage et modernisation des pratiques agraires) permet une large augmentation des terres labourables et une meilleure rationalisation des espaces, principalement dans la plaine, tandis que les boqueteaux et les bandes boisées disparaissent ou perdent de leur emprise. On assiste progressivement à l'établissement d'un paysage contrasté entre les espaces ouverts aux grandes cultures et les espaces humides où subsistent des prairies, quelques haies et des espaces boisés, mais ces mutations ne s'opèrent pas de la même manière quand les terres s'élèvent. Les versants abrupts des monts sont peu à peu délaissés par les pratiques ancestrales de cultures et de pâturage. Les derniers troupeaux d'ovins à parcourir les flancs des Monts de Sery remontent à 1970, ce qui se traduit par l'enfrichement des terrains les plus ingrats. Toutefois, les orles sont toujours présents sur les différents versants des Monts et résistent à la simplification du remembrement. On note une relative stabilisation de l'enfrichement depuis les années 1980, avec toutefois une très grande transformation de la mosaïque agraire suite au remembrement de 2013 sur la commune de Sery, avec notamment un agrandissement marqué du maillage en zones de grandes cultures et l'arasement de certains orles. Plans de cadastre de 1957 et de 2016 (d'après carte IGN), source : DREAL Grand Est · Étude patrimoniale et plan de gestion du territoire des Monts de Sery · A Ciel Ouvert, Atelier des paysages quotidiens, 2020 Le Mont Sery, vue côté sud, photo Serge Brentrup, mars 2021 Page 4 / 15 Rapport à la commission supérieure des sites, perspectives et paysages du 29 septembre 2022 Rapport IGEDD n° 013776-02 PUBLIÉ Le découpage du sol est ici une composante indéniable du paysage, il organise l'espace agricole. Jusqu'aux années 1980, le découpage en lanières, fin et méthodique, est très lisible. Les formes géométriques des parcelles ont fortement évolué et aujourd'hui, le parcellaire des Monts de Sery se distingue peu de celui carroyant la plaine. En comparant la photo aérienne de 1957 à celle de 2016 (ci-avant), la simplification du motif est probante et questionne l'identité paysagère des monts. Respectivement : vue lointaine côté sud sur le mont Sery, vue des terrasses à l'ouest, vues des terrasses avec éoliennes au sud-ouest, photos SB, mars 2021 Rapport IGEDD n°013776-02 Rapport à la commission supérieure des sites, perspectives et paysages du 29 septembre 2022 Page 5 / 15 PUBLIÉ Les Monts de Sery sont qualifiés de « territoire du Haut Porcien situé dans le grand arc humide » dans l'atlas des paysages de l'ancienne région Champagne-Ardennes. Ce territoire épouse en effet les contours des rebords du bassin parisien, paysage calcaire de transition qui annonce les piémonts du massif schisteux des Ardennes. L'eau est très présente dans le Porcien sous forme d'affluents de l'Aisne. Les paysages montrent des caractères multiples hérités des figures de chacune de ses grandes entités. Le sol perd peu à peu son caractère humide qui s'atténue à l'approche des crêtes pré-ardennaises. Les Monts de Sery, comme les monts des Chappes, de Chatillon, de Soirmont ou d'Olivet forment une série de croupes aux contours sinueux, en résonnance avec les formes des plaines septentrionales de la Champagne crayeuse. Il s'agit d'un paysage agricole, autrefois territoire de polycultures propice à l'élevage. Aujourd'hui, les terres labourées et semées ont pris possession des meilleurs espaces et sont dominantes dans le paysage des plaines. Céréales et oléagineux se partagent le territoire et accueillent encore des pâturages occupés majoritairement par des troupeaux de bovins. Le grand cadre paysager s'apparente à une mosaïque de motifs cloisonnés par un parcellaire rationalisé mais qui conserve par endroits des lanières, héritage de divisions séculaires et de pratiques agricoles spécifiques. Photographie aérienne, DREAL Grand Est · Étude patrimoniale et plan de gestion du territoire des Monts de Sery · A Ciel Ouvert, Atelier des paysages quotidiens, 2020 2. Le site classé 2.1. Les critères Site inscrit par arrêté du 12 juin 1992, Le Mont Sery couvre, avec ses abords, des propriétés privées et communales sur une surface de 55 hectares. Le sommet et ses piémonts ont motivé la protection, souhaitée dès 1988 à l'initiative des élus de la commune de Sery et des services de l'État sur la base de l'étude de 1989 réalisée par le bureau d'études Geogram4. Le périmètre du site inscrit a été limité au secteur d'un camp romain « considérant qu'il constituait une entité répondant pleinement aux critères d'éligibilité », selon la commission des sites des Ardennes de janvier 1990. L'argumentaire mettait en exergue l'intérêt historique, caractérisé par l'occupation romaine, le mythe celtique du feu et le caractère pittoresque du mont. 4 Bureau d'études spécialisé en urbanisme, environnement et aménagement Page 6 / 15 Rapport à la commission supérieure des sites, perspectives et paysages du 29 septembre 2022 Rapport IGEDD n° 013776-02 PUBLIÉ Le rapport esquissait également des orientations de gestion, notamment, la préservation de la coiffe arborée du Mont de Sery et des talus, l'arrêt du retournement des prairies et leur transformation en champs cultivés, la lutte contre l'abandon des surfaces en herbe dévorées par la friche faute de pâturage ou de fauchage, ainsi que l'interdiction de toute forme d'urbanisation même légère. Source Atlas des patrimoines + carte de délimitation du site inscrit du Mont Sery et abords, source : DREAL Grand Est · Étude patrimoniale et plan de gestion du territoire des Monts de Sery · A Ciel Ouvert, atelier des paysages quotidiens, 2020 En 1991, Yves Chauleur, inspecteur général de la construction au conseil général des ponts et chaussées, insistait également sur le fait que « le site du Mont Sery ne pouvant être dissocié de son socle naturel qui en permet la découverte depuis la RD10 et le village de Sery, il convient d'étendre la protection aux terrains situés au nord et au sud du site à protéger ». Ces observations restent d'actualité, même si les velléités d'extension de l'urbanisation n'ont pas été concrétisées. En février 2019, le site est mentionné sur la liste indicative des sites majeurs restant à classer, sous le nom de « Mont Sery et ses abords ». L'étude de pré-classement lancée par la DREAL Grand-Est en 2020 avait identifié les critères pittoresque, historique, voire scientifique. En effet, l'intérêt archéologique du site est reconnu (lieu de culte solaire dès l'époque celtique, traces gauloises encore visibles, passage de la voie romaine Reims-Charleville au pied du mont, etc.). Pourtant, à ce jour, si le site a été étudié, aucune fouille archéologique n'a été effectuée sur les Monts de Sery, même si l'appellation « camp romain » est largement diffusée localement, comme le rappelle le panneau à l'entrée du site. Les seules traces encore visibles aujourd'hui sont constituées des levées de terre supportant les anciennes palissades qui constituaient son enceinte. Le lieu n'est cependant associé à aucun événement marquant de l'histoire. Quant au critère scientifique, si le site constitue un refuge important pour la faune et la flore5, l'intérêt scientifique, déjà reconnu par la ZNIEFF, n'équivaut et ne dépasse pas la valeur esthétique de ce site. Le critère pittoresque est, quant à lui, une valeur fondamentale du site qui s'exprime par la mosaïque de milieux naturels (riches en orchidées, oiseaux et insectes), boisés et agricoles. Malgré un effacement progressif dû à une mécanisation agricole et à l'enfrichement, les talus s'inscrivent dans un ensemble dont la signature particulière témoigne de pratiques agricoles séculaires. Photographiés et médiatisés, ils contribuent à la promotion de la région. 5 Les insectes, et plus particulièrement les papillons, sont très diversifiés tels l'Aurore, la Belle-dame, le Vulcain, le Demi-deuil, l'Azuré de la Bugrane, le Demi-argus ou encore le Thécla de la ronce, l'Azuré des nerpruns, le Tristan ou le Gazé. Les oiseaux sont également bien représentés, richesse attestée par la présence d'une ZNIEFF, fréquentée par des rapaces, des oiseaux des milieux ouverts ou plus forestiers. Rapport IGEDD n°013776-02 Rapport à la commission supérieure des sites, perspectives et paysages du 29 septembre 2022 Page 7 / 15 PUBLIÉ Au Mont Sery, la concentration des talus dans l'espace cultivé est une curiosité qui magnifie le travail des champs et le relief. Dans l'espace enfriché, ces talus aujourd'hui fragilisés participent à l'expressivité de ce paysage et contribuent à intensifier le caractère pittoresque du paysage. 2.2. La problématique éolienne La question de l'éolien autour du site proposé à classer est un vrai sujet, l'implantation d'un parc éolien à Novion-Corny au nord-est du Mont Sery, comprenant initialement cinq éoliennes, aurait une incidence non négligeable dans le paysage. Le sujet des énergies renouvelables divise les élus relativement aux subventions qu'ils perçoivent selon qu'ils accueillent les éoliennes ou non. Le classement pourrait être clairement un frein au développement des parcs éoliens pour le maire d'Inaumont, alors que les maires de Sery et Justine-Herbigny sont, eux, clairement opposés aux éoliennes. Saisie en mai 2019 sur l'installation d'un parc éolien à Novion-Corny, l'autorité environnementale a émis « des réserves au regard des aspects liés au paysage et au cadre de vie » dans son avis du 19 juillet 2019. Le rapport du commissaire enquêteur le 20 décembre 2019 fut, lui, « très défavorable à l'implantation de cinq éoliennes » à six kilomètres du Mont Sery. Le préfet des Ardennes a refusé de délivrer l'autorisation environnementale pour l'exploitation du parc éolien le 14 décembre 20206. Ce refus a fait l'objet d'un recours gracieux par Edf-Renouvelables rejeté par le préfet des Ardennes le 31 mars 2021. Un recours contentieux a alors été déposé le 14 avril 2021. Le mémoire en défense du ministère (DAJ) du 9 mars 2022, évoque notamment le porter atteinte au paysage, en rappelant la co-visibilité des monts avec les éoliennes depuis la table d'orientation le long de la D35 à l'Ouest de Sery, depuis la D3 au Sud de Sery et depuis la cote de Sainfoin où l'on constate que la ligne des futures éoliennes constitue un point d'appel fort à l'horizon au sein d'un paysage pour l'instant vierge de toute éolienne. Parc Novion-Corny initialement projeté Parcs éoliens existants SITE A CLASSER Carte de l'appréciation du périmètre au regard du diagnostic, source : DREAL Grand Est · Étude patrimoniale et plan de gestion du territoire des Monts de Sery · A Ciel Ouvert, atelier des paysages quotidiens, 2020, complété SB 6 Arrêté n ° 2020-778 portant refus d'une demande d'autorisation environnementale d'exploiter une installation de production d'électricité utilisant l'énergie mécanique du vent nommée Parc éolien de Novion-Corny déposée par la société SAS Parc éolien de NovionCorny sur le territoire de la commune de Novion-Porcien (08270) du 14.12.2020 Page 8 / 15 Rapport à la commission supérieure des sites, perspectives et paysages du 29 septembre 2022 Rapport IGEDD n° 013776-02 PUBLIÉ L'implantation de ces cinq éoliennes à seulement six kilomètres du mont, si elle était autorisée, aura une incidence non négligeable sur le paysage, notamment par « l'effet d'encerclement du site », au regard des éoliennes présentes au sud et à l'ouest. A cet égard, une instance de classement pourrait être envisagée au vu des délais de classement du site, le dossier de recours étant en effet en instruction à la cour d'appel de Nancy depuis le mois d'avril 2021. 2.3. Le périmètre Se limiter au périmètre inscrit ne permet pas d'englober l'étendue du motif des talus et des terrasses qui façonnent ce paysage remarquable en relation directe avec le mont et dont l'évolution conditionne la qualité paysagère de l'ensemble. Le périmètre proposé dans la pré-étude de classement se déclinait sur cinq territoires, présents dans le dossier suivant cinq « hypothèses7 ». Le chargé d'étude avait alors proposé d'intégrer dans le classement deux secteurs, identifiés 4 et 5 sur la carte ci-après, pensés initialement comme un « écrin au futur site classé ». Cette intégration a provoqué une réaction vive des élus et a fait débat au sein même des services déconcentrés (DREAL GE et DDT). La visite d'inspection de mars 2021 a permis de vérifier que les terrasses sont en effet essentiellement situées dans les trois premiers secteurs, de même que les orles et la ZNIEFF. Pour cette raison, les deux élus de Sery et de Justine-Herbigny ont proposé un périmètre correspondant à l'hypothèse 3 (les cinq Monts et la partie nord de la péninsule), en cohérence avec le paysage, qui inclut les terrasses et les talus et bien évidemment le mont inscrit depuis 1992. SITE INSCRIT 4 5 SERY Carte des différentes hypothèses de protection proposée au classement avec limite du site inscrit, source : étude préalable réalisée par « A Ciel Ouvert » Atelier des paysages quotidiens pour la DREAL Grand-Est, 2020 7 Hypothèse 1. Les Trois Monts. Cohérence paysagère : 3 buttes en continuité, périmètre proposé lors de l'inscription par l'inspecteur général en 1991. Hypothèse 2. Les Cinq Monts. Cohérence : 5 buttes dépassant 170m NGF et formant l'amphithéâtre. Hypothèse 3 retenue. Les Cinq Monts et la partie nord de la péninsule. Cohérence : les orles, la ZNIEFF. Hypothèse 4. Les Cinq Monts et toute la Péninsule. Cohérence : les orles encore très denses, la ZNIEFF, les vues, et le relief pris dans sa globalité avec effet de vis-à-vis et belvédère total. Hypothèse 5. Tout l'archipel des Monts. Cohérence paysagère : extension à tout l'archipel des Monts dans une cohérence complète du territoire façonné par ces buttes témoins. Rapport IGEDD n°013776-02 Rapport à la commission supérieure des sites, perspectives et paysages du 29 septembre 2022 Page 9 / 15 PUBLIÉ site inscrit Périmètre de classement présenté à l'enquête publique de novembre 2021, source : étude préalable réalisée par « A Ciel Ouvert » Atelier des paysages quotidiens pour la DREAL Grand-Est, 2020 3. L'enquête publique et les consultations L'enquête publique a été ouverte par arrêté préfectoral du 31 août 2021 et s'est déroulée du 27 septembre au 27 octobre 2021. Elle a été confiée à monsieur Alain Corniquet, commissaire enquêteur. Un dossier d'enquête et un registre ont été mis à disposition du public dans les mairies de Sery et de Justine-Herbigny. Le dossier était également disponible sur le site de la préfecture des Ardennes. L'avis d'ouverture a été affiché sur les panneaux d'affichage officiels des communes et en différents points du site. Il a également fait l'objet de parutions dans « L'Ardennais » et « L'Union Ardennes ». Le commissaire enquêteur a effectué cinq permanences dans les mairies de Sery et de Justine-Herbigny. Durant l'enquête, 283 avis ont été exprimés sur les registres, par courrier ou mail émanant de particuliers, d'associations, de propriétaires et d'agriculteurs. La très grande majorité (239) sont des avis favorables au classement. Les avis défavorables l'ont été par des agriculteurs au sujet d'impacts potentiels sur leur activité ou par des particuliers inquiets des effets du classement sur leur propriété. Plusieurs demandes de diminution ou d'extension du périmètre ont été formulées. Après examen, la DREAL a proposé d'accepter le retrait d'une partie des parcelles ZP 32 et 36 sur la commune de Sery, notamment au regard de la constructibilité de ces deux parcelles. Le commissaire enquêteur a rendu un avis favorable au classement le 23 novembre 2021, sans réserve ni recommandations. La commission départementale de la nature, des paysages et des sites (CDNPS) des Ardennes (15 mars 2022) a émis un avis favorable unanime au projet de classement avec un périmètre excluant une partie des parcelles ZP 32 et 36 sur la commune de Sery. Les consultations des différents services, organismes et collectivités ont été effectuées. L'agence des Ardennes de l'office français de la biodiversité, l'office national des forêts, le centre régional de la propriété forestière, le conseil départemental des Ardennes, la communauté de communes des Crêtes Préardennaises, la direction régionale des affaires culturelles Grand-Est (DRAC) et la direction régionale de l'alimentation, de l'agriculture et de la forêt du Grand-Est (DRAAF) sollicités, n'ont pas émis d'avis. L'unité départementale de l'architecture et du patrimoine, la direction départementale des territoires des Ardennes et le conservatoire d'espaces naturels de Champagne-Ardenne ont donné un avis favorable. Page 10 / 15 Rapport à la commission supérieure des sites, perspectives et paysages du 29 septembre 2022 Rapport IGEDD n° 013776-02 PUBLIÉ La chambre d'agriculture des Ardennes et l'association foncière de Sery ont rendu un avis défavorable. Le Conseil régional Grand-Est a exprimé un avis favorable. Le conseil municipal de Sery (4 octobre 2021) et celui de Justine-Herbigny (17 juin 2021) ont émis un avis favorable unanime. Périmètre de classement retenu après l'enquête publique avec suppression partielle des parcelles ZP 32 et 36, source : DREAL Grand-Est, mai 2022 4. Les orientations de gestion 4.1. La gestion du territoire des Monts de Sery Une étude patrimoniale et un document de gestion du territoire des Monts de Sery8 ont été réalisés par « l'Atelier des paysages quotidiens A ciel ouvert », en 2020. Le plan de gestion a identifié plusieurs enjeux et objectifs résumés ainsi dans le dossier : préserver la qualité du patrimoine visuel orchestré par les Monts de Sery restaurer des ouvertures sur le grand paysage depuis les versants enfrichés préserver et renforcer la valeur écologique du site renforcer la signalisation relative au site classé protéger les talus sur les versants cultivés remettre en scène les terrasses sur les versants enfrichés veiller à la compatibilité des petites interventions courantes avec la qualité des paysages des Monts maîtriser l'évolution des silhouettes bâties des villages environnants protéger et mieux valoriser les points de vue vers les Monts depuis le village de Sery éviter l'encerclement des horizons des monts par les aménagements éoliens poursuivre la maîtrise des terrains à enjeux veiller à la compatibilité de l'accueil des manifestations et des usages réguliers avec les enjeux paysagers et écologiques. L'inscription dans les documents de planification (PLUI, Scot), des aires visuelles, des points de vue et des 8 Seul le cahier 1- diagnostic du territoire, enjeux, propositions de périmètre de protection a été transmis à l'enquête publique et non le document « plan de gestion ». Rapport IGEDD n°013776-02 Rapport à la commission supérieure des sites, perspectives et paysages du 29 septembre 2022 Page 11 / 15 PUBLIÉ panoramas les plus remarquables afin qu'ils soient mieux pris en compte dans les évolutions des paysages est donc fortement recommandée. Des OAP (orientations d'aménagement et de programmation) sectorielles pourraient également être formulées pour cadrer avec davantage de précisions un certain nombre de prescriptions. En outre, la recommandation formulée dans le document de gestion portant sur le maintien des orles est l'une des plus importantes. En effet, dans l'espace cultivé des Monts, les talus participent pleinement à la valeur pittoresque - et historique - de ce paysage agricole. Bien que leur compatibilité avec les pratiques mécanisées actuelles soulève des questions dans le monde agricole, il semble indispensable de les préserver et de les entretenir au risque de voir les Monts perdre une grande partie de leur identité et de leur intérêt. Renforcer la sensibilisation des propriétaires et des exploitants agricoles aux enjeux de qualité paysagère, écologique et patrimoniale que représente la préservation des orles, est un enjeu fort dans le cadre du classement de ce site. 4.2. La gestion des milieux pastoraux thermophiles Le conservatoire d'espaces naturels de Champagne-Ardenne a élaboré à la demande de la DREAL GrandEst, sur des fonds partagés avec le FEDER, une nouvelle étude livrée en octobre 2020, relative à la gestion des milieux pastoraux thermophiles. Cette étude a été réalisée du fait de l'obsolescence du premier plan de gestion réalisé sur les monts de Sery en 20009, afin de constituer une note technique d'accompagnement de la commune et de la communauté de commune pour la gestion des milieux pastoraux thermophiles, dans le cadre du futur classement du site. Ce document de gestion répond à deux problématiques : les enjeux biologiques liés aux habitats de milieux pastoraux thermophiles du site et les mesures de gestion à mettre en place pour répondre à ces enjeux. Il se résume dans le tableau suivant qui présente la stratégie de gestion adoptée sur les Monts de Sery en reprenant synthétiquement les objectifs à long terme, les objectifs opérationnels et les actions présentés dans cette notice. Synthèse des orientations de gestion engagées sur le parcellaire conventionné avec le CENCA, source : étude d'Adrien BERTONI et Thomas LORICH - octobre 2020 9 Étude du plan de gestion COLLERY Y. et DUBIEF L., 2000 Page 12 / 15 Rapport à la commission supérieure des sites, perspectives et paysages du 29 septembre 2022 Rapport IGEDD n° 013776-02 PUBLIÉ 5. Conclusion En conclusion, le rapporteur propose à votre commission : d'émettre un avis favorable au projet de classement des Monts de Sery, pour la reconnaissance d'un site d'intérêt national pour la beauté de ses paysages, malgré le remembrement de 2013. Le lien fort et étroit entre les terrasses et les Monts de Sery justifie encore pleinement le classement ; d'émettre cet avis sur la base du critère pittoresque, qui trouve tout son sens dans ce paysage remarquable ; de retenir le périmètre proposé par la DREAL, périmètre cohérent et qui fait consensus ; d'envisager une instance de classement au vu des délais de classement du site, le dossier de recours étant en effet en instruction à la cour d'appel de Nancy depuis le mois d'avril 2021. de retenir le nom de « site classé des Monts de Sery ». - - - Serge BRENTRUP Rapport IGEDD n°013776-02 Rapport à la commission supérieure des sites, perspectives et paysages du 29 septembre 2022 Page 13 / 15 PUBLIÉ ANNEXE 1 Page 14 / 15 Rapport à la commission supérieure des sites, perspectives et paysages du 29 septembre 2022 Rapport IGEDD n° 013776-02 PUBLIÉ ANNEXE 2 Rapport IGEDD n°013776-02 Rapport à la commission supérieure des sites, perspectives et paysages du 29 septembre 2022 Page 15 / 15 PUBLIÉ

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