Mission sur la transparence, l'information et la participation de tous à la gestion des risques majeurs, technologiques ou naturels

COURANT, Frédéric ; BISCAY, Jean-Frédéric ; BOUTILLET, Damien ; RIZZA, Caroline ; VINET, Freddy ; WEISS, Karine ; SIMONE, Maryline ; DEHAYS, Julie

Auteur moral
France. Ministère de la transition écologique et solidaire ; France. Conseil général de l'environnement et du développement durable
Auteur secondaire
Résumé
<div style="text-align: justify;">Plusieurs catastrophes naturelles en métropole ou dans nos territoires ultra-marins illustrent la réalité et la violence des aléas climatiques dans un contexte où le dérèglement climatique va vraisemblablement accroître leur répétition et leur intensité. Par ailleurs, les travaux menés à la suite de l'incendie des sites de Lubrizol et de Normandie Logistique à Rouen, ont conclu à la nécessité d'élargir les démarches de participation pour aller vers plus d'implication des populations et de moderniser les dispositifs d'information et d'acculturation du public aux risques industriels. Dans ce contexte, lancée par la ministre de la Transition écologique, la mission recommande notamment : de mettre en place un évènement national annuel, fédérateur et mobilisateur sur les risques ; de développer et adapter la plateforme « Géorisques » pour en faire le site de référence de la culture du risque ; de créer des unités mobiles pour aller à la rencontre des habitants et leur permettre une expérience physique et sensorielle des risques ; d'inciter les maires à désigner un référent unique « risques » ; de créer un grand concours national annuel qui encouragera les communes à réaliser des actions dans le domaine de la prévention des risques et de la résilience des territoires et valorisera ainsi les démarches volontaristes. Cette mission répond à la fois à un enjeu de protection des populations et à un enjeu de sensibilisation aux conséquences tangibles du réchauffement climatique.</div>
Editeur
Ministère de la transition écologique
Descripteur Urbamet
risques naturels ; risques industriels ; information ; participation
Descripteur écoplanete
culture du risque ; gestion du risque ; information du public ; risque technologique
Thème
Ressources - Nuisances
Texte intégral
technologiques ou naturels P établi par Frédéric COURANT (Président de la mission) - Jean-Frédéric BISCAY Damien BOUTILLET - Caroline RIZZA - Freddy VINET - Karine WEISS avec le concours de Maryline SIMONÉ (CGEDD) - Julie DEHAYS U Juin 2021 B LI É MissionMission sur la transparence, et la sur la transparence, l'information participation de tous à la gestion des de tous l'information et la participation risques majeurs, technologiques ou naturels à la gestion des risques majeurs, La mission, confiee par Barbara POMPILI, ministre de la Transition ecologique, a Fred COURANT, est composee de : Fred COURANT President de la mission Journaliste, fondateur et co-animateur de l'emission « C'est pas sorcier » Jean-Frédéric BISCAY Lieutenant-colonel des sapeurs-pompiers du centre d'essai et de recherche de Valabre Damien BOUTILLET Chef du departement de Defense et gestion de crise de France Televisions Caroline RIZZA Maîtresse de conferences en sciences de l'information et de la communication a I3-Telecom Paris, IPParis Freddy VINET Professeur de geographie a l'Universite Paul Valery Montpellier 3, Co-directeur du Master « gestion des catastrophes et risques naturels » Karine WEISS Professeure de psychologie sociale et environnementale a l'Universite de Nîmes La mission a beneficie du concours de : Maryline SIMONÉ Inspectrice generale de l'administration du developpement durable du Conseil general de l'environnement et du developpement durable Julie DEHAYS Etudiante a l'Institut d'etudes politiques de Grenoble Stagiaire au Conseil general de l'environnement et du developpement durable Rapport n° 013606-01 Mission sur la transparence, l'information et la participation de tous a la gestion des risques majeurs, technologiques ou naturels Page 2/68 PUBLIÉ Sommaire Résumé ........................................................................................................................................................ 6 Liste des recommandations............................................................................................................... 10 Introduction ............................................................................................................................................ 11 1 Un contexte de « risques » omniprésents................................................................................ 12 1.1 Qu'est-ce que la culture du risque ? .................................................................................................12 1.2 Culture du risque : une notion peu consensuelle .......................................................................13 1.3 De quels risques parle-t-on ? ..............................................................................................................13 1.4 De multiples enjeux pour les populations .....................................................................................14 1.5 Une législation dense, élaborée en réaction à des évènements ...........................................15 2 Des constats partagés ..................................................................................................................... 17 2.1 Connaissance et conscience du risque : une équation difficile .............................................17 2.2 Une défiance réciproque entre l'État et les citoyens.................................................................18 2.3 Les maires : une place majeure, mais délicate.............................................................................18 2.4 Une culture scientifique et environnementale défaillante .....................................................20 2.5 Une absence de partage et de mutualisation des expériences et initiatives ...................21 3 Une richesse d'acteurs et de pratiques .................................................................................... 23 3.1 Des acteurs et des actions efficaces .....................................................................................................23 3.1.1 Des parties prenantes mobilisées ..........................................................................................23 3.1.2 De nombreuses pratiques impulsées par l'État, les collectivités, les associations ...................................................................................................................................24 3.1.3 L'expérience en Outre-mer ......................................................................................................26 3.1.4 Quelques dispositifs à l'étranger............................................................................................27 3.2 Pourquoi la culture du risque a-t-elle du mal à s'installer en France ? .............................28 3.2.1 Des obligations réglementaires non respectées ou mal appliquées ........................28 Rapport n° 013606-01 Mission sur la transparence, l'information et la participation de tous a la gestion des risques majeurs, technologiques ou naturels Page 3/68 PUBLIÉ 3.2.2 Des citoyens sous-représentés dans les instances locales d'information .............29 3.2.3 Des outils numériques trop peu « vulgarisés » et une communication peu lisible ................................................................................................................................................31 3.2.4 Un pilotage national perçu comme flou ..............................................................................31 4 Conscience et résilience : dédramatiser, former, éduquer, innover ............................. 32 4.1 Un socle commun de connaissances, une approche globale du risque et une dynamique nationale à lancer ............................................................................................................32 4.1.1 Impulser une dynamique nationale pour changer de regard sur les risques ......32 4.1.2 Une culture du risque pérenne et accessible à tous, dès l'école primaire .............33 4.1.3 Une culture du risque globale, numérique, ludique et attractive .............................34 4.1.4 Aller vers le public et lui faire « toucher du doigt » le risque .....................................35 4.1.5 Vulgariser les résultats de la recherche ..............................................................................36 4.2 Des élus locaux en première ligne : comment mieux les accompagner ? .........................37 4.2.1 Développer la sensibilisation et la formation des élus .................................................37 4.2.2 Des citoyens engagés et un élu référent..............................................................................38 4.2.3 Positiver le risque et valoriser la résilience d'un territoire ........................................39 4.3 Mieux utiliser la complémentarité des médias ...........................................................................40 4.4 Certains métiers à impliquer davantage ........................................................................................43 4.5 Fédérer, partager et généraliser les bonnes initiatives territoriales .................................44 4.6 L'alerte, une forme d'information à intégrer dans la culture du risque ............................45 4.7 Une temporalité des actions « chaque chose en son temps » ................................................47 Conclusion................................................................................................................................................ 48 Annexes ..................................................................................................................................................... 50 1 Lettre de mission.............................................................................................................................. 51 2 Guide d'entretien ............................................................................................................................. 54 3 Lois et outils règlementaires ....................................................................................................... 55 4 Des communautés expertes en ligne affiliées et non-affiliées aux instances étatiques.............................................................................................................................................. 58 Rapport n° 013606-01 Mission sur la transparence, l'information et la participation de tous a la gestion des risques majeurs, technologiques ou naturels Page 4/68 PUBLIÉ 5 Mission interrégionale inondation arc méditerranéen (MIIAM) ................................... 60 6 Liste des personnes rencontrées................................................................................................ 61 7 Glossaire des sigles et acronymes .............................................................................................. 64 Rapport n° 013606-01 Mission sur la transparence, l'information et la participation de tous a la gestion des risques majeurs, technologiques ou naturels Page 5/68 PUBLIÉ Résumé Catastrophes naturelles et incidents industriels sont des illustrations largement mediatisees de risques potentiels pour les personnes et les biens. Cette forte mediatisation entraîne la perception d'une frequence et d'une intensite croissantes de ces evenements. Pourtant, les populations exposees semblent encore insuffisamment impliquees dans la prevention des risques. Dans ce contexte, cette mission, centree sur la question de la « culture du risque » et souhaitee par la ministre de la transition ecologique, vise a comprendre comment limiter les expositions des populations a ces risques, mieux les informer et les associer aux actions de prevention. La culture du risque et son appropriation restent complexes, tant ce concept revet des acceptions diverses - culture de crise, culture de la securite, conscience du risque, culture de la prevention, etc. ainsi qu'une image negative et anxiogene, notamment avec de nouveaux risques vecus au quotidien (terroristes, sanitaires, cyber). Dans le domaine des risques, les enjeux sont multiples : ils s'expriment en termes de securite puisqu'un Français sur 4 est expose a au moins un risque naturel, en termes economiques avec 9 millions d'emplois concernes par d'eventuels debordements de cours d'eau et 850 000 emplois par des submersions marines, en termes environnementaux avec la necessaire reparation des erreurs du passe et une maîtrise de l'amenagement du territoire, en termes sanitaires a travers les effets des incidents sur la sante des citoyens, et enfin en termes democratiques par les enjeux qui imposent aux decideurs d'entendre la parole du public et la prendre en compte. Pour repondre a ces enjeux, une legislation dense, souvent elaboree en reaction a des evenements, repond en partie seulement aux besoins d'une plus grande prevention elaboree par l'Etat et ses services, par les collectivites, le monde economique et les associations ainsi qu'a la necessite d'elargir les demarches de participation du public pour devenir « acteur de sa propre securite ». La mission a ainsi releve, dans la partie 2, de grands constats partages et argumentes par l'ensemble des personnes qu'elle a auditionnees : L'equation difficile entre connaissance, conscience et comportements ; Une defiance reciproque entre l'Etat, les experts et les citoyens ; Une place majeure, delicate et ambigue des maires ; Un manque de culture scientifique et environnementale ; Une meconnaissance du lieu dans lequel on vit et des risques potentiellement presents ; Une absence de partage et de mutualisation des experiences et initiatives. Comme mentionne dans la partie 3, de nombreux acteurs se sont mobilises au fil du temps et des evenements. Ils interviennent generalement sur l'ensemble de la chaîne de la crise - de la prevention a la gestion, en passant par la vigilance et l'alerte. L'Etat, les collectivites et etablissements publics, les services de secours - sapeurs-pompiers, SAMU, etc. -, les professionnels et les associations sont impliques dans cette volonte de sensibilisation aux risques aupres des populations et multiplient les initiatives tout en regrettant que les actions ne soient pas mieux planifiees et coordonnees, que ce soit par manque de temps ou de moyens. Pourtant, des dispositifs reglementaires ont fait leurs preuves et fonctionnent : plan d'actions de prevention des inondations (PAPI), document departemental des risques majeurs (DDRM) ou plan communal de Rapport n° 013606-01 Mission sur la transparence, l'information et la participation de tous a la gestion des risques majeurs, technologiques ou naturels Page 6/68 PUBLIÉ sauvegarde (PCS). Mais, au-dela de ces outils, les initiatives territoriales et locales sont abondantes, qu'elles soient mises en oeuvre par les collectivites ou par des associations nationales deployees localement, comme la Croix-Rouge ou la protection civile. D'autres associations citoyennes renforcent la prevention « traditionnelle » grace a des actions, notamment a travers les medias sociaux. Comme en metropole, l'experience de l'outre-mer demontre la dualite entre fatalisme et resignation face a des evenements exceptionnels. Plethore d'initiatives existent pour entretenir la memoire et s'acculturer aux risques, avec une reelle prise de conscience d'un changement climatique qui accentue la recurrence des faits. Les actions de sensibilisation, de pedagogie et d'information adaptees et diversifiees dans les departements et territoires d'outre-mer, certes a renforcer, permettent d'enraciner la culture du risque. Meme si les comparaisons internationales sont toujours delicates, tant par des gouvernances, une geographie, une histoire et des risques differents, l'experience de pays exposes peut renseigner sur la transposabilite d'initiatives : l'interconnaissance favorisee en Nouvelle-Zelande ou la boîte a outils proposee en Suisse sont autant de sources d'inspiration interessantes. Malgre certains succes, le travail reste considerable, d'aucuns allant jusqu'a decrire la culture du risque comme « un echec collectif ». En effet, des obligations reglementaires sont encore mal respectees ou mal appliquees. Le document d'information communal sur les risques majeurs (DICRIM), avec l'objectif de renseigner les habitants d'une commune sur les risques existants, reste souvent indigeste et confidentiel. L'information acheteur-locataire (IAL) ne remplit pas, a ce stade, l'objectif initial de renseigner un acheteur ou un locataire de tout bien immobilier situe dans une zone a risque. Quasiment toutes les auditions ont aussi mis en exergue une formation des elus a developper. Pour ceux qui ont ete exposes a des evenements tragiques, ils doivent « cultiver le traumatisme et en faire une force et une opportunite » et « mettre la colere au service du collectif ». Parallelement, les citoyens sont encore trop souvent sous-representes dans les instances locales d'informations, comme les commissions de suivi de site (CSS). La volonte est la , mais la methode fait defaut. La conference riveraine de la commune de Feyzin montre sa pertinence qu'il conviendrait de generaliser. Les commissions locales d'information (CLI) mises en oeuvre dans le secteur nucleaire seraient egalement a privilegier pour democratiser l'information sur les sites Seveso. Par ailleurs, les outils numeriques sont encore trop peu utilises par l'Etat dans un paysage confus de la communication sur les risques, ce qui accentue le manque de lisibilite de l'information. Enfin, un pilotage national perçu comme flou vient completer ces manquements criants d'une culture du risque, pourtant prompte a s'essaimer sur tous les territoires. Au vu de tous ces constats, la partie 4 du present rapport est dediee a des propositions et solutions concretes (11 recommandations) visant a dedramatiser, former, eduquer et innover. Tout d'abord, pour changer de regard sur les risques, une dynamique nationale, federatrice et mobilisatrice, doit etre impulsee aupres des differents publics, en proposant, autour de la Journee internationale pour la reduction des risques de catastrophe (13 octobre), des moments de sensibilisation et d'acculturation partout en France. Cette operation devra s'installer dans le temps et se decliner localement sur les territoires et leur environnement. Rapport n° 013606-01 Mission sur la transparence, l'information et la participation de tous a la gestion des risques majeurs, technologiques ou naturels Page 7/68 PUBLIÉ Une occasion, non seulement de faire connaître les initiatives deja experimentees et de les dupliquer dans d'autres regions, mais aussi de rendre audible l'experience de grands temoins « elus », deja confrontes a des crises (Recommandation n°1). L'education des enfants est un point fondamental, aussi bien parce qu'ils sont de futurs adultes potentiellement confrontes a des risques qu'ils auront appris a connaître, que parce qu'ils constituent des vecteurs forts de l'information au sein des familles. Cet apprentissage en milieu scolaire, aujourd'hui pratique de maniere inegale, pourrait etre compense par la mise a disposition d'un kit pedagogique. Des ressources facilement accessibles ­ telechargeables sur une plateforme ­ pourraient etre destinees aux acteurs de la prevention et aux communautes educatives (Recommandation n°2). Malgre un paysage numerique multiple, voire confus, « Georisques », gere par le ministere de la Transition ecologique, est juge pertinent pour devenir le site de reference, participatif. Il devra cependant gagner en attractivite, en etant agremente d'un nom plus seduisant, d'une mascotte sympathique (type Bison fute), en proposant des contenus adaptes a differents publics et ludiques ­ propositions d'« escape game » et utilisation de la realite virtuelle -, chacun pouvant contribuer en diffusant par exemple des elements de memoire (Recommandation n°3). En metropole comme en outre-mer, la mission a releve l'existence d'outils de simulation ou de maquettes interactives qui remportent un succes incontestable aupres des populations. « Mieux que des mots, ils permettent de comprendre dans son corps les dangers, les reflexes et les bons comportements ». La creation d'unites mobiles pour aller a la rencontre des habitants permettrait cette experience physique et sensorielle des risques, tout en otant le cote anxiogene (Recommandation 4). De meme, dans le souci de mieux exploiter nos connaissances actuelles sur les risques, il conviendrait de vulgariser les resultats des travaux de recherche, nombreux dans ce domaine, aupres du grand public (Recommandation 5). Les elus locaux en general, et les maires en particulier, conservent de fait une proximite et une credibilite appreciable. Pour mieux communiquer, faire du risque une opportunite et un sujet politique volontariste d'amenagement du territoire et engager une demarche collective avec les habitants, une sensibilisation et une formation a ces enjeux semblent indispensables (Recommandation n°6). Des solutions existent pour mener a bien des actions de prevention : citoyen « sentinelle », reserve communale de sauvegarde, service civique universel ou elu delegue. En appui des maires, un interlocuteur « risques » aupres des partenaires et de la population viendrait utilement ameliorer la transmission d'informations. Ce referent serait designe par le maire (Recommandation n°7). Souligner le dynamisme et l'attractivite de son territoire passe par une reconnaissance des demarches mises en oeuvre. La creation d'un concours environnemental national type « Les trophees eco actions » des Eco Maires, viendrait ainsi recompenser les efforts entrepris en matiere de prevention des risques et de resilience des territoires (Recommandation n°8). La communication via les medias sociaux prend tout son sens lorsqu'il s'agit d'informer sur les risques. Les institutions se restreignent encore aujourd'hui a une forme traditionnelle qui exclut de fait une interaction avec les citoyens. Par crainte ou par meconnaissance, l'Etat peine a informer, echanger et debattre sur ces nouveaux canaux. Etre present de maniere reguliere pour distiller des messages de prevention, trouver la complementarite des differents supports, developper des collaborations avec des communautes et eviter la propagation de rumeurs, tels sont aujourd'hui les enjeux d'une communication efficiente (Recommandation n°9). Rapport n° 013606-01 Mission sur la transparence, l'information et la participation de tous a la gestion des risques majeurs, technologiques ou naturels Page 8/68 PUBLIÉ La mission a juge egalement utile de rappeler la responsabilite des professionnels de la construction. Reparer les erreurs du passe ou amenager un nouveau quartier devrait faire l'objet d'une attention toute particuliere. Il faut continuer de sensibiliser fortement et de former les metiers du batiment aux solutions preventives et developper cette offre pour sortir d'une reconstruction a l'identique post sinistre (Recommandation n°10). Pour reflechir et mettre en oeuvre ces differentes recommandations, la mission preconise une structure nationale multirisques qui viendrait coordonner l'action de l'Etat, encourager les initiatives territoriales et definir une feuille de route decidee en interministeriel. Parallelement, la mission interregionale inondation arc mediterraneen (MIIAM) pourrait etre declinee, egalement en multirisques, dans chaque zone de defense, chacune priorisant ses champs d'action selon les risques presents sur son perimetre (Recommandation n°11). Pour finir, plus l'alerte est fiable, simple et facilement reconnaissable, plus la reaction est adaptee. Or, la multiplicite des alertes entraîne un effet de banalisation du danger, d'ou la necessite d'avoir une charte commune des alertes au plan national, connue et reconnue de tous (Recommandation n°12). Avec l'objectif de limiter drames humains et dégâts matériels, ces recommandations ont l'ambition de répondre à ce défi, de façon concrète et pragmatique, et d'en faire un sujet mobilisateur et source d'intelligence collective. Des solutions immédiates sont proposées pour mieux connaître notre environnement naturel et technologique et anticiper notre avenir, soumis à l'accélération du changement climatique. Rapport n° 013606-01 Mission sur la transparence, l'information et la participation de tous a la gestion des risques majeurs, technologiques ou naturels Page 9/68 PUBLIÉ Liste des recommandations Recommandation 1. Instaurer un évènement national annuel, fédérateur et mobilisateur. ........................................................................................................................................... 33 Recommandation 2. Élaborer un « kit » pédagogique national et téléchargeable......... 34 Recommandation 3. Développer et adapter la plateforme « Géorisques » pour en faire le site de référence de la culture du risque........................................................................ 35 Recommandation 4. Créer des unités mobiles pour aller à la rencontre des habitants et leur permettre une expérience physique et sensorielle des risques. ............................ 36 Recommandation 5. Encourager la valorisation des résultats des projets de recherche sur les risques via des supports pédagogiques et grand public. ..................... 37 Recommandation 6. Sensibiliser les élus, développer leur sens de l'anticipation de crise et mettre en oeuvre une formation approfondie adaptée à chaque territoire. ..... 38 Recommandation 7. Inciter les maires à désigner un référent unique « risques ». ...... 39 Recommandation 8. Créer un concours environnemental national et annuel à destination des communes. ............................................................................................................... 40 Recommandation 9. Mieux utiliser la complémentarité des médias historiques et médias sociaux afin de s'assurer que les messages sont diffusés par tous les canaux et reçus par l'ensemble de la population et saisir l'opportunité offerte par les médias sociaux pour interagir avec les citoyens. ...................................................................................... 43 Recommandation 10. Sensibiliser et former les métiers du bâtiment aux solutions intégrant des mesures préventives. Développer une offre permettant de s'affranchir du principe de reconstruction à l'identique post sinistre. ..................................................... 43 Recommandation 11. Dupliquer la mission inter-régionale inondations de l'arc méditerranéen dans tous les États-majors de zone de défense dans un format « multirisques ». Envisager une structure nationale interministérielle « multirisques » destinée à coordonner les actions de prévention des risques. ............ 45 Recommandation 12. Mettre en place un dispositif d'alerte aux populations, charté, connu et reconnu de tous, délivrant des informations de contexte et de prudence au plus proche des évènements. ............................................................................................................ 46 Rapport n° 013606-01 Mission sur la transparence, l'information et la participation de tous a la gestion des risques majeurs, technologiques ou naturels Page 10/68 PUBLIÉ Introduction Les consequences dramatiques d'une tempete, d'une inondation, d'un seisme ou d'un accident industriel laissent des traces indelebiles sur les personnes directement touchees, mais s'estompent trop rapidement dans la memoire collective. En octobre 2020, les inondations dans les Alpes-Maritimes et, en septembre 2019, l'accident industriel de Rouen ont certes marque les esprits, mais pour combien de temps ? Qu'en retiendrons-nous et quelles leçons saurons-nous en tirer ? C'est notamment ce qu'interroge la notion de « culture du risque ». Entree dans le langage courant, elle ne fait pas forcement sens aupres du grand public. Cette semantique, largement utilisee dans la litterature scientifique, d'expertise, legislative, etc., couvre, en effet, un champ trop large pour etre apprehende de façon intelligible. Malgre une abondante litterature sur la culture du risque, la forte recurrence d'evenements majeurs et la multitude des acteurs concernes, le developpement des bonnes pratiques reste aujourd'hui difficile. Il se heurte, en effet, a une forme d'optimisme face au risque, qui se developpe aussi bien en comparaison aux autres personnes dans la meme situation (« je suis moins a risque que les autres ») que par une sous-estimation du danger (« ça n'est jamais arrive ici »). A ces biais d'appreciation du risque s'ajoutent une defiance vis-a-vis de la parole de l'Etat ainsi qu'un manque de credibilite du discours scientifique, amplifie pendant la crise sanitaire de la Covid-19. La profusion des outils, des pratiques et des acteurs, associee a leur manque d'homogeneite, semble d'ailleurs creer une confusion autour des risques et de leur apprehension par les differents acteurs et par la societe civile. Des lors, comment reussir la diffusion d'une information sur les risques ? Comment la rendre la plus accessible et plus visible ? Comment mieux se souvenir et comment mieux integrer les gestes qui sauvent ? A l'heure des nouvelles technologies, comment utiliser positivement les medias sociaux ? Dans une societe de l'image et de l'immediatete de l'information, comment reussir a communiquer sur ce sujet de fond ? Comment soutenir les elus dans leurs responsabilites ? Comment faire d'une catastrophe une opportunite pour son territoire ? Voici quelques-unes des nombreuses questions que la mission s'est posee et auxquelles elle a tente de repondre tout en faisant des propositions concretes afin de moderniser cette « culture du risque ». Elle a ainsi : pose un diagnostic avec les parties prenantes pour redefinir les enjeux et attentes, en examinant la pertinence des dispositifs existants, identifie les outils et canaux les plus efficaces pour sensibiliser le grand public, propose des pistes participatives et mobilisatrices, formule des propositions de dispositifs nationaux ou territoriaux. Pour ce faire, la mission a procede a l'audition d'une cinquantaine de personnes et responsables de structures. Les echanges ont ete conduits sur la base d'un guide d'entretien (annexe 2) en approfondissant chaque aspect de la « culture du risque » en fonction des competences de chacun. La mission renvoie a l'abondante litterature sur les risques qui a ete largement diffusee depuis une vingtaine d'annee a travers la communication scientifique, les rapports parlementaires, les rapports d'inspection, les retours d'experience, etc. Elle s'est concentree prioritairement sur les propositions de recommandations pragmatiques et concretes pour developper une culture du risque dans laquelle nous deviendrions tous acteurs (elus, citoyens, professionnels, associations, etc.). Rapport n° 013606-01 Mission sur la transparence, l'information et la participation de tous a la gestion des risques majeurs, technologiques ou naturels Page 11/68 PUBLIÉ 1 Un contexte de « risques » omniprésents 1.1 Qu'est-ce que la culture du risque ? Le risque correspond a la probabilite d'apparition d'un alea et potentiellement d'un dommage selon l'exposition a un danger. Inclure cette notion de dommage provoque une image negative du risque qui entraîne la peur. Face a cette emotion, le risque et ses consequences sont souvent minimises. Il devient alors pertinent de parler de risque perçu, afin de mieux comprendre comment les populations sont susceptibles de l'integrer dans leur quotidien. Les catastrophes dites « naturelles » ne sont pas une fatalite : si l'alea est naturel, ce sont les consequences sur les enjeux, humains, materiels et de plus en plus nombreux sur les territoires, qui entraînent la catastrophe. Aussi, plus la population et ses constructions sont vulnerables, plus le risque est eleve et la catastrophe dramatique. En outre, une population qui n'est pas en capacite de se proteger est d'autant plus vulnerable face a l'alea. Cette equation « Risque = (Alea x Vulnerabilite x Enjeux) ­ capacites/prevention » est egalement valable pour les catastrophes technologiques 1 . Cette distinction entre alea et risque est fondamentale, mais est-elle suffisamment expliquee et comprise ? Certes nous ne pouvons pas controler l'alea, en revanche nous pouvons agir, a de nombreux niveaux et bien en amont de la crise, pour en limiter les impacts. La « culture du risque » peut donc s'entendre a la fois comme la prise de conscience du risque, et l'ensemble des connaissances permettant aux acteurs et aux citoyens d'anticiper les impacts d'une situation et d'adopter des comportements adaptes en cas de catastrophe. Elle doit se fabriquer, se façonner ; elle doit aussi s'enseigner, s'apprendre. Les termes « culture » et « risque », plutot bien compris separement et qui font partie du langage courant, s'averent flous et ambigus des qu'ils sont associes. La signification de la « culture du risque » reste donc vague pour la grande majorite des individus : « La culture du risque ne parle qu'aux personnes impliquées mais pas aux citoyens ». 1Croquis risque technologique https://www.kartable.fr/ressources/geographie/cours/les-societes-face-auxrisques/52338 Rapport n° 013606-01 Mission sur la transparence, l'information et la participation de tous a la gestion des risques majeurs, technologiques ou naturels Page 12/68 PUBLIÉ 1.2 Culture du risque : une notion peu consensuelle Interrogés sur la notion-même de « culture du risque », les acteurs auditionnés donnent des réponses variées. Certains y voient une culture de crise, une culture de la sécurité, une culture de la précaution, d'autres préfèrent parler de conscience du risque, de perception du risque, de prise en compte du risque, ou encore de culture de la prévention. Lorsque l'expression « culture du risque » est utilisée, elle est souvent perçue comme technocratique et surtout anxiogène. Un élu nous livre : « Quand on parle du risque, on est systématiquement sur la défensive ». Beaucoup s'accordent à dire que cette notion, compréhensible quasi uniquement par les professionnels « ne parle pas au grand public, ni même à tous les élus » et qu'« elle veut tout et rien dire ». Pour certains, l'expression « culture du risque » incite même à « entretenir un risque alors qu'il faut le dominer, le maîtriser ». Par ailleurs, le terme de culture revet un aspect normatif, puisque la culture est, de fait, socialement partagee. La memoire collective, mais aussi les habitudes, doivent etre integrees dans cette notion de culture. On observe que, sur certains territoires ou le risque a une probabilite d'occurrence et une recurrence importantes, les populations sont mieux preparees a y faire face, et en ont, de fait, une meilleure connaissance. La question de cette culture du risque se pose donc avec plus d'acuite lorsqu'on s'interesse a des evenements rares, mais dont l'intensite peut provoquer des degats substantiels. C'est d'ailleurs cette rarete des evenements qui rend difficile l'appropriation du risque dans le quotidien. L'importance des degats potentiels, et en particulier les atteintes a la sphere privee et la mise en danger des personnes, ajoute un caractere dramatique qui est susceptible d'engendrer une resistance face a toute information mettant le danger en exergue. Cependant, tout connaître sur tous les risques est a la fois utopique et inutile, tant les informations sont abondantes et peu pertinentes si elles ne sont pas ancrees sur le territoire. Aussi, le niveau et le type d'informations a transmettre, et l'implication souhaitee des populations restent des points de reflexion primordiaux dans la perspective de l'amelioration de la culture du risque. 1.3 De quels risques parle-t-on ? Les risques majeurs sont multiples 2 : naturels, technologiques, mais aussi terroristes, sanitaires et cyber. Le perimetre de la mission a ete defini dans la lettre de commande de la ministre3 uniquement sur le champ des risques technologiques et naturels (eux-memes multiples) qui rappelle les catastrophes naturelles recemment survenues en metropole (dans l'Aude en 2018 et dans les Alpes-Maritimes en 2020) et en Outre-mer (tempete Irma en 2017, ainsi que l'accident industriel a Rouen en 2019. Le risque nucleaire a ete aborde, a la marge, a la fois pour reconnaître un savoir-faire en la matiere et pour aborder une problematique bien identifiee, celle de la pedagogie necessaire lors des campagnes de distribution des comprimes d'iode4. A ce stade, rappelons que la problematique retenue par la mission est bien celle de la sensibilisation et de la prevention. La gestion de la crise n'entre pas dans son champ, meme si l'ensemble des acteurs de la chaine globale de la securite participe a l'acculturation aux risques aupres des populations par l'interdependance et la complementarite de leurs missions sur le territoire (prevention, vigilance, alerte, crise et gestion). 2 3 4 https://www.gouvernement.fr/risques Cf annexe 1 La prochaine campagne de distribution des pastilles d'iode aura lieu en 2022 Mission sur la transparence, l'information et la participation de tous a la gestion des risques majeurs, technologiques ou naturels Page 13/68 Rapport n° 013606-01 PUBLIÉ 1.4 De multiples enjeux pour les populations La prévention et la gestion de tous les risques constituent des enjeux de sécurité des personnes et des biens mais aussi économiques et environnementaux. Ces enjeux peuvent se juxtaposer (sécurité + économique) si l'on évoque particulièrement les risques industriels. Des enjeux de sécurité : A travers les dispositifs de surveillance ou de vigilance, de prevision et d'alerte, les populations doivent etre informees d'un danger par tout moyen de diffusion adapte a chaque type de phenomene, puisqu'1 français sur 4 est expose a au moins un risque naturel en France (soit 2/3 des communes). 1 377 sites industriels sont soumis en France a la directive Seveso. 520 sites sont soumis a un plan de prevention des risques technologiques (PPRT) visant la protection, en moyenne, de pres de 35 000 personnes habitants a proximite5 de chacun de ces sites. 17,1 millions d'habitants permanents sont exposes aux differentes consequences des inondations par debordement de cours d'eau, dont 16,8 millions en metropole. 1,4 million d'habitants sont exposes au risque de submersions marines et, dans ces zones, 20% des habitations sont de plain-pied. Des enjeux économiques : Selon des chiffres de 2019 et pour ne parler que de risques naturels, plus de 9 millions d'emplois sont exposes aux debordements de cours d'eau et plus de 850 000 emplois aux submersions marines. De nombreux emplois donc susceptibles d'etre temporairement non assures ou stoppes avec les consequences que l'on sait pour les salaries. En 2015, on compte de 1,2 a 1,6 milliard d'euros de dommages assures, 1 166 reconnaissances Cat Nat, 74% au titre des inondations, 1 005 communes concernees. En 2016, 2,4 milliards d'euros de dommages ont ete assures, 3 175 sinistres reconnus Cat Nat dont 98% au titre des inondations, avec 3 006 communes concernees. En 2018, les catastrophes naturelles survenues en France ont coute 1,8 milliard d'euros aux assurances6, ce qui place l'annee 2018 au quatrieme rang des annees les plus sinistrees depuis 19467. Des enjeux d'aménagement du territoire et environnementaux : La reparation des erreurs du passe, la maîtrise de l'amenagement du territoire et l'integration des risques dans cet amenagement, la renovation adaptee des batiments dans des zones potentiellement a risques, la diminution de la vulnerabilite des zones urbanisees ou industrialisees, tels sont les enjeux environnementaux auxquels sont confrontes l'Etat et les collectivites locales. Par ailleurs, un telescopage entre risque naturels et risques technologiques est aujourd'hui observe. En effet, l'acceleration des changements climatiques pourrait favoriser des accidents industriels dus a des aleas naturels. Les inondations, par exemple, contribueraient a la multiplication de rejets de matieres polluantes. De la meme maniere, de fortes chaleurs genereraient des incendies avec d'importants dommages materiels et forcement des pertes d'exploitation et d'emplois pour les entreprises. Dans cette hypothese, les enjeux environnementaux et economiques sont, de fait, lies. 5 6 7 La notion de proximite s'entend ici comme se trouvant dans les zones de prescriptions des PPRT. Sources Caisse centrale de reassurance https://www.actu-environnement.com/ae/news/Catastrophes-naturelles-France-2018-1-8-milliard-euros32943.php4 Rapport n° 013606-01 Mission sur la transparence, l'information et la participation de tous a la gestion des risques majeurs, technologiques ou naturels Page 14/68 PUBLIÉ Il est a noter que 300 a 350 etablissements dits « Seveso » sur 1 377 (soit 20 a 25%) sont situes dans une zone inondable connue8. Des enjeux sanitaires : Concernant les risques industriels notamment, les Français sont attaches aujourd'hui a la transparence des informations qui leur sont communiquees et expriment fortement le besoin de connaître a la fois le type de produits utilises et entreposes dans les entreprises mais aussi d'etre informes des effets sur leur sante en cas de sinistre. Le triste souvenir du nuage de Tchernobyl, qui se serait arrete aux frontieres de notre pays, reste tres present ; il reste souvent evoque comme un exemple de discredit de l'information officielle sur les dangers sanitaires encourus en cas de catastrophe. Des enjeux démocratiques : Nous avons franchi depuis plusieurs annees une etape importante souvent qualifiee de « democratie participative », qui implique, de la part des decideurs et acteurs, la prise en compte de la parole de nos concitoyens. Concertation, consultation, participation, coconstruction, implication sont des principes que l'on retrouve dans les textes internationaux9 et nationaux10 mais qui restent imparfaitement appliques et utilises. Un Français sur trois ignore s'il vit a proximite d'un site classe Seveso11, et les trois quarts des personnes interrogees ne savent pas ce qu'elles doivent faire en cas d'accident12. Néanmoins, malgré le dicton « Mieux vaut prévenir que guérir » et comme souvent évoqué dans d'autres secteurs d'activité, la prévention reste en France le « parent pauvre » de nos politiques publiques qui nous oblige à gérer les crises, à engager d'importantes dépenses, à réparer les dégâts subis et surtout à déplorer des pertes humaines. Et pourtant, 1 investi dans la prévention permet d'économiser 7 dans la crise13. La compréhension des enjeux est donc bien là. Il reste à rendre accessible cette connaissance au plus grand nombre. 1.5 Une législation dense, élaborée en réaction à des évènements L'information des citoyens sur les risques naturels et technologiques majeurs auxquels ils peuvent etre confrontes dans certaines zones du territoire metropolitain et en outre-mer, et y compris sur les mesures de sauvegarde qui les concernent, est un droit inscrit dans le code de l'environnement aux articles L. 125-2, L. 125-5 et L. 563-3 et R. 125-9 a R. 125-27.2. Des 1987, la loi relative a l'organisation de la securite civile stipule que toute la population doit avoir acces a l'information preventive sur les risques majeurs. La loi de modernisation de la securite civile de 2004 va encore plus loin puisque la sensibilisation devient l'affaire de tous. 8 Rapport du delegue aux risques majeurs 2017/2017 Convention d'Aarhus sur l'acces a l'information environnementale notamment en matiere d'environnement, signee le 25 juin 1998 99 Charte de l'environnement - Article 7 : Toute personne a le droit, dans les conditions et les limites definies par la loi, d'acceder aux informations relatives a l'environnement detenues par les autorites publiques et de participer a l'elaboration des decisions publiques ayant une incidence sur l'environnement. 10 11 12 13 Selon un sondage Odoxa pour Fiducial du 25 octobre 2019 Source IRMa DEAL Guyane http://www.guyane.developpement-durable.gouv.fr/IMG/pdf/rm4_cyclegestionrisque.pdf Mission sur la transparence, l'information et la participation de tous a la gestion des risques majeurs, technologiques ou naturels Page 15/68 Rapport n° 013606-01 PUBLIÉ La mission n'a pas souhaite, dans ses recommandations, renforcer ou modifier la loi. Elle semble deja complexe a respecter et de nouvelles obligations, notamment pour les collectivites, ne correspondent pas aux attentes des parties-prenantes car elles ne garantissent ni effectivite ni efficacite. La culture du risque, comme deja evoque, doit surtout se propager davantage grace a des operations de terrain, visibles et participatives. Le tableau en annexe 3 rappelle les nombreux textes et réglementations votés et mis en oeuvre depuis 1987 ainsi que les documents opérationnels principaux dont la responsabilité incombe à l'État, aux préfets ou aux collectivités. Rapport n° 013606-01 Mission sur la transparence, l'information et la participation de tous a la gestion des risques majeurs, technologiques ou naturels Page 16/68 PUBLIÉ 2 Des constats partagés La mission a releve de grands constats partages par une majorite des acteurs auditionnes. 2.1 Connaissance et conscience du risque : une équation difficile Le risque etant marque par l'incertitude, notamment en termes de recurrence, de localisation, de temporalite ou de dangerosite de l'evenement, la connaissance de catastrophes passees ne permet pas d'anticiper les evenements futurs. Si elle n'est pas toujours suffisante, cette connaissance est cependant necessaire comme base d'une memoire collective qui doit etre activee pour qu'une conscience du risque soit possible. « Les gens savent qu'il y a eu une crue de la seine en 1910 mais n'ont pas conscience d'être concernés et ne savent pas ce qu'il faut faire ». Cette connaissance se heurte egalement aux modes de vie impliquant une mobilite croissante des personnes, lesquelles ne partagent plus la memoire des lieux et des evenements. En outre, les amenagements (par exemple, la construction de digues) ou l'evolution des reglementations (par exemple, les constructions parasismiques ou hors zones inondables) entraînent l'illusion d'une mise en securite des populations. D'aucuns evoquent le deni, alors que le risque est pourtant souvent connu, mais d'une part, les individus ne se sentent pas directement concernes, et d'autre part, le calcul coutbenefices de la mise en oeuvre de comportements de prevention se heurte a la faible probabilite d'occurrence d'un evenement catastrophique et a la minimisation de ses consequences. C'est pourquoi, plutot que s'appuyer sur la connaissance d'un risque diffus, il semble pertinent de questionner le « risque personnel perçu », c'est-a-dire le point auquel les individus se sentent personnellement en danger face a un risque dans leur environnement proche. C'est sur cette base que pourra s'appuyer le developpement d'une culture du risque socialement et territorialement ancree. Enfin, on evoque souvent les comportements « inadaptes » des individus face au risque. Plutot que s'arreter sur ce constat, il semble pertinent de s'interroger sur les raisons de certains comportements : pourquoi traverser un gue lors d'une crue majeure ? Pourquoi aller chercher ses enfants a l'ecole malgre une consigne opposee, simple et connue ? Il apparaît que les informations donnees sont parfois contradictoires et que certaines consignes sont difficiles a suivre, pour des raisons souvent jugees non rationnelles. Les motivations a agir doivent etre prises en compte et confrontees a la connaissance des risques afin de savoir comment mieux communiquer sur les comportements attendus, mieux informer sur les aleas et ainsi favoriser la mise en securite des biens et des personnes. En résumé : La connaissance d'un risque n'entraîne pas systematiquement de comportements preventifs de la part des personnes exposees. Que ce soit avant ou durant une crise, la meconnaissance des caracteristiques des situations a risque (par exemple, la rapidite d'une crue eclair) empeche la mise en oeuvre des comportements de prevention et de protection attendus, ce qui entraîne des difficultes dans la gestion de crise. La culture du risque doit passer par une meilleure communication sur les specificites des risques presents sur les territoires et des comportements a integrer pour y faire face. Elle doit prendre en compte la vulnerabilite des populations, ainsi que leurs capacites a agir et leurs motivations a mettre en oeuvre ces comportements. Rapport n° 013606-01 Mission sur la transparence, l'information et la participation de tous a la gestion des risques majeurs, technologiques ou naturels Page 17/68 PUBLIÉ 2.2 Une défiance réciproque entre l'État et les citoyens « Si défiance il y a eu à Rouen, c'est d'abord celle des autorités à l'encontre de la population. Celle-ci demeure, dans l'imaginaire des services de l'État comme chez nombre d'experts, fondamentalement irrationnelle, sujette à des réactions émotives, peu douée de raison en situation de crise. »14. Moderniser la culture du risque en France oblige aussi a revoir et (re)penser les crises passees pour mieux comprendre ce qui n'a pas fonctionne ou aurait pu mieux fonctionner. Comme souligne par certains de nos interlocuteurs, a l'instar de chercheurs et praticiens du domaine de la culture du risque et des crises, l'idee demeure forte en France que le citoyen doit etre avant tout protege. Il y aurait une conception archaîque de la gestion des risques et de la crise ou l'Etat est le seul garant de la securite de sa population. Paradoxalement, la popularite croissante de la notion de « résilience des populations » tend a promouvoir un citoyen « acteur de sa propre sécurité »15 mais dans une logique individuelle de preparation a un evenement majeur. De leur cote, les citoyens desormais familiers et utilisateurs avertis d'outils numeriques de plus en plus performants et leur permettant de mieux s'informer, se former, se faire entendre, voire s'organiser en communautes, deviennent eux-memes, et a leur maniere, experts. Ils interrogent la parole des sachants et des pouvoirs publics, la defient parfois, comme en temoigne la crise sanitaire de la Covid-19 ou l'incendie de Lubrizol en 2019. En résumé : Le numerique et plus precisement les medias sociaux ne sont pas les « fautifs » d'une telle defiance et doivent etre saisis en tant qu'opportunites pour moderniser la culture du risque (cf. partie 4.3). Les medias sociaux constituent un point de cristallisation d'un double decalage sur lequel il faut desormais agir : d'une part, parce que l'Etat et ses institutions en ont une utilisation inadaptee, notamment en matiere de prevention et de communication sur les risques ; d'autre part, parce qu'ils permettent une organisation citoyenne (en amont et lors d'un evenement) et sa prise en compte. La question de la confiance numerique entre l'Etat, ses institutions et les citoyens est au coeur de cet enjeu. 2.3 Les maires : une place majeure, mais délicate La proximite des maires avec les habitants et leur connaissance du territoire leur conferent legitimite et credibilite pour sensibiliser les populations sur les risques auxquels elles sont exposees. De fait, en étant les acteurs les plus proches des citoyens, ils sont des messagers incontournables et constituent des pivots de la culture du risque au niveau local. « Le maire conserve la meilleure côte auprès des citoyens. Le passage des informations par le maire reste prioritaire et écouté. En France, c'est dans les communes que la démocratie participative a le plus progressé » Leur position est cependant délicate et parfois ambigüe : apres la catastrophe Xynthia, en 2010, Borraz , Olivier (2019). « Lubrizol : pourquoi la « gestion de crise » a la française est depassee », The Conversation, oct. 2019, https://theconversation.com/lubrizol-pourquoi-la-gestion-de-crise-a-la-francaise-est-depassee-124648 14 15 Loi de modernisation de la securite civile (2004) https://www.legifrance.gouv.fr/loda/id/JORFTEXT000000804612/ Mission sur la transparence, l'information et la participation de tous a la gestion des risques majeurs, technologiques ou naturels Page 18/68 Rapport n° 013606-01 PUBLIÉ Daniel Canepa, alors president de l'association du corps prefectoral resumait deja la situation ainsi : « Les maires, qui sont les premiers responsables, sont soumis aux pressions de leurs électeurs et rechignent à adopter une culture du risque »16. Les enjeux economiques (depreciation supposee des biens immobiliers pour les habitants, essor du tourisme) ou electoraux peuvent entraîner des reticences a renforcer la visibilite des zones a risques sur une commune. En outre, il a ete mentionne qu'« en réalité, l'aménagement du territoire se fait sur des impératifs techniques et économiques, et la prévention des risques vient après, en mode correctif ou curatif. Sauf cas particulier, la place du risque n'est pas majeure dans les prises de décision des maires ». Cette marque de desinteret se traduit souvent, selon les propos entendus, par un manque crucial de sensibilisation et de formation des maires. Les documents reglementaires - plan communal de sauvegarde et DICRIM - qu'ils doivent s'approprier restent souvent, pour eux, une obligation de pure forme sans y percevoir leur importance, a la fois dans leur elaboration et leur utilisation. Certains elus auditionnes ont mentionne leur meconnaissance initiale avant d'etre confrontes a un risque majeur et avouent que leur experience, souvent dramatique, les a obliges a prendre des orientations volontaristes en matiere de culture du risque. La maîtrise du sujet leur a permis d'obtenir une plus grande credibilite et confiance de la part de leurs concitoyens. Pour ces differentes raisons, la mission reitere le constat que faisait deja le rapport du Senat en 2015 : « Une culture de résilience qui ne progresse pas assez vite et la difficulté des élus locaux à faire partager la culture du risque ... De trop nombreuses collectivités négligent l'information préventive, allant parfois jusqu'à un déni du risque »17. Une meilleure sensibilisation et formation des elus semble etre la solution pour les aider a mieux informer leurs concitoyens et faire passer les bons messages. (Cf partie 4.2.1). En résumé : La culture du risque, qui devrait passer par la connaissance de son environnement, est sousdeveloppee dans les territoires. Globalement, les elus locaux s'investissent peu sur ce sujet, et de fait, s'informent et se forment peu. Les obligations reglementaires en matiere d'information ne sont pas respectees ou mal appliquees, comme avec le document d'information communal sur les risques majeurs (DICRIM), une piece pourtant essentielle du dispositif d'information des populations. (Cf partie 3.2.1). Enfin, ce desinteret pour la culture du risque se traduit par l'absence d'exercices de crise avec les populations, exercices qui, selon la grande majorite des personnes auditionnees, sont fondamentaux pour sensibiliser et preparer la population a la survenance d'une crise. Rapport d'information du Senat, « Xynthia, 5 ans apres : pour une veritable culture du risque dans les territoires », Juin 2015, p. 28, https://www.senat.fr/rap/r14-536/r14-5361.pdf 16 Rapport d'information du Senat, « Xynthia, 5 ans apres : pour une veritable culture du risque dans les territoires », Juin 2015, p. 64, https://www.senat.fr/rap/r14-536/r14-5361.pdf 17 Rapport n° 013606-01 Mission sur la transparence, l'information et la participation de tous a la gestion des risques majeurs, technologiques ou naturels Page 19/68 PUBLIÉ 2.4 Une culture scientifique et environnementale défaillante La mission se permet aussi d'affirmer que « La culture du risque fait plus globalement partie intégrante de notre culture scientifique et environnementale ». En effet, elle ne doit pas se limiter a dresser une liste de risques naturels et technologiques sur un territoire, mais correspondre a une connaissance globale de chaque risque : ses origines, ses caracteristiques, ses impacts, son environnement et son evolution dans le temps. La repetition des catastrophes naturelles et l'augmentation de leur intensite, liees au changement climatique, devraient nous inciter plus encore a developper notre culture scientifique et environnementale, comme le souligne justement le rapport de la Croix-Rouge « La capacité des populations à se protéger, à intégrer dans leur mode de vie les réflexes et comportements adaptés dépend d'une acculturation profonde des personnes et des populations aux risques et à la connaissance de leur environnement. La transition écologique en cours rend particulièrement urgente cette évolution. »18. Selon l'association des entreprises de Port-Jerome et de sa region (AEPJR), tous les dirigeants d'entreprises gagneraient a s'impliquer plus fortement dans cette sensibilisation du risque industriel grace a des actions de bons sens : visites pedagogiques des lieux pour une meilleure connaissance des activites et de ses process, relations de confiance a instaurer entre les industriels et les elus notamment : « Les interventions ne sont absolument pas coûteuses même si elles prennent un peu de temps et c'est du gagnant/gagnant pour tout le monde ». « Le risque zéro n'existe pas » Cette culture scientifique et environnementale permettrait aussi de developper, chez nos concitoyens, la conscience que « le risque zéro n'existe pas ». La culture du risque n'a pas pour vocation d'eliminer les risques, mais d'apprendre a vivre avec et a en diminuer les impacts. « Les solutions fondées sur la nature » La mission insiste aussi sur le fait que cette « culture scientifique du risque » doit permettre de replacer chaque risque dans son environnement pour precisement y trouver des solutions afin de diminuer les impacts de ces risques. Ce sont notamment les solutions fondees sur la nature (SFN)19. Elles sont definies par l'union internationale pour la conservation de la nature (UICN) comme « les actions visant à protéger, gérer de manière durable et restaurer des écosystèmes naturels ou modifiés pour relever directement les défis de société de manière efficace et adaptative, tout en assurant le bienêtre humain et en produisant des bénéfices pour la biodiversité ». Ces solutions fondees sur la nature permettent d'inventer de nouvelles parades aux risques naturels et d'encourager la resilience des territoires. On peut ici citer l'exemplarite du travail realise par l'architecte Eric Daniel-Lacombe pour rehabiliter un quartier en zone inondable en tenant compte des caracteristiques naturelles du site20. 18 19 Strategie 2020/2025 de la Croix-Rouge française, p.36. Rapport parlementaire « terres d'eau, terres d'avenir » http://www.cgedd.developpementdurable.gouv.fr/IMG/pdf/rapport_cle29b523.pdf 20 https://www.edl-architecte.com/inondations Mission sur la transparence, l'information et la participation de tous a la gestion des risques majeurs, technologiques ou naturels Page 20/68 Rapport n° 013606-01 PUBLIÉ « Changer de regard sur les risques et la façon d'en parler »21 Dans le meme esprit, afin de sortir du deni et de depasser le catastrophisme, certaines actions proposent de changer de regard sur les risques, notamment en mettant en valeur les benefices que nous procure la nature, et ainsi, de se reapproprier notre environnement. Cette façon positive d'apprehender le sujet, sans focaliser sur le risque, cree une dynamique interessante dans la mesure ou elle permet plus facilement de susciter l'interet des citoyens et de mesurer les benefices a agir et faire de la prevention. En résumé : La deficience de culture scientifique touche une grande partie de la population, y compris certains decideurs, au profit d'une « culture » administrative et reglementaire (meme si la reglementation est appuyee sur des approches de travaux scientifiques). Cette carence de culture et d'approche scientifique, au plus haut niveau de la chaîne de decision, a des repercussions evidentes sur notre aptitude a comprendre, prevenir et nous preparer aux crises. La « culture du risque » qui devrait etre consideree et transmise comme une « culture scientifique » accessible et comprehensible par tous, se traduit dans les faits par une profusion de textes reglementaires et d'obligations, souvent difficilement comprehensibles. Cette situation n'encourage pas les citoyens a s'interroger, comprendre, et se premunir des risques qui les entourent. 2.5 Une absence de partage et de mutualisation des expériences et initiatives Plusieurs rapports sur la culture du risque, notamment ceux du CEREMA22 et du CEPRI23 etablissent le meme constat : de tres nombreuses actions ont ete initiees depuis une dizaine d'annees, notamment dans le domaine des risques naturels. Ces actions de sensibilisation prennent des formes tres variees et deja innovantes. On peut constater que les supports interactifs (simulateurs, outils visuels dynamiques, maquettes pedagogiques...) et les videos sont les formats les plus utilises. Les supports papiers et les journees de sensibilisation aux risques tiennent egalement une place preponderante et proposent des contenus varies (activites ludiques, temoignages, conferences, etc.). Les applications mobiles sont aussi en developpement. Les campagnes de sensibilisation, les commemorations ou encore les concours occupent une place moins importante. Les porteurs de ces projets sont egalement divers, ce qui reflete une mobilisation des acteurs pour le developpement de la culture du risque, notamment les collectivites locales et les associations. On observe donc une montee en puissance encourageante de ces initiatives. Toutefois, en portant un regard global et comparatif sur ces actions, plusieurs constats s'imposent : Elles ont des difficultes a s'ancrer dans le temps et sont souvent ponctuelles. Ce manque de perennite est surtout du a un manque de moyens dedies : les structures, notamment les associations, qui portent ces initiatives, doivent s'engager dans une longue course aux subventions ou financer sur leurs fonds propres. 21 22 Rapport Cerema, « Culture du risque : recueil et analyse d'actions innovantes en France », mai 2019, p.29 « Recueil et analyse d'actions innovantes en France », mai 2019 https://www.cerema.fr/system/files/documents/2020/02/culture_risque_v3_0.pdf « Rapport panorama des outils de sensibilisation », decembre 2020 http://www.cgedd.developpementdurable.gouv.fr/IMG/pdf/rapport_cle29b523.pdf 23 Rapport n° 013606-01 Mission sur la transparence, l'information et la participation de tous a la gestion des risques majeurs, technologiques ou naturels Page 21/68 PUBLIÉ Elles sont heterogenes en termes de contenus et de niveau de vulgarisation. Il serait souhaitable qu'il y ait des echanges d'experiences entre les initiatives qui marchent et celles qui marchent moins bien. Elles manquent d'evaluation ; il est donc souvent difficile d'estimer la portee et l'efficacite de ces actions sur la population. Developper des methodes et outils d'evaluation permettrait de cibler les actions les plus efficaces, tout en maintenant la diversite des formats. Elles sont inegalement reparties sur le territoire. Seules les collectivites territoriales tres mobilisees ou ayant deja connu des catastrophes s'investissent reellement, dans la duree, dans des actions et evenements de sensibilisation ou de prevention. En résumé : Qualitativement et quantitativement, les actions de culture du risque necessitent plus d'echanges d'experiences, d'evaluation et de mutualisation des moyens. Autrement dit, « un dispositif qui permettrait de mettre en place une stratégie globale d'accompagnement sur le long terme ». Rapport n° 013606-01 Mission sur la transparence, l'information et la participation de tous a la gestion des risques majeurs, technologiques ou naturels Page 22/68 PUBLIÉ 3 Une richesse d'acteurs et de pratiques 3.1 Des acteurs et des actions efficaces 3.1.1 Des parties prenantes mobilisées La prise en compte du risque, de la prevention a sa gestion n'est pas nouvelle. Des acteurs se sont multiplies, impliques fortement, coordonnes et mis en reseau, et ont compris les enjeux et la necessite d'une communication de leurs actions a destination des populations. L'État : A travers des lois successives et des obligations reglementaires (cf. annexe 3), l'Etat assume ses responsabilites qu'il delegue pour certaines a ses services deconcentres, mais aussi aux differents services de secours. L'Etat s'est egalement dote de sites internet qui delivrent de multiples informations. Les prefectures, sur leurs sites internet respectifs, mentionnent les differents plans reglementaires des communes concernees par les differents risques, comme les PAPI, PPR, et bien sur le DDRM. On peut regretter toutefois la difficulte d'acces a ces documents sur ces sites tant leur arborescence est heterogene. Les services de secours : Ils assurent en France et sur la totalite du territoire la distribution des secours. Les maires comme les prefets ou le 1er ministre disposent d'un pouvoir de police qui garantit cette distribution des secours rigoureusement organisee et assure la coordination des differents acteurs participant a la gestion de crise ou de catastrophe. Si les services departementaux d'incendie assurent le commandement des operations de secours, d'autres services peuvent concourir aux operations de secours. C'est le cas des forces de police ou de gendarmerie, ainsi que des SAMU qui sont mobilisables sur des operations d'envergure. Les forces armees peuvent egalement etre appelees a y participer ; elles sont souvent tres utiles en soutien materiel mais aussi humain. Si, par le passe, ces collaborations etaient parfois complexes a construire, elles ont pleinement ete integrees dans la reponse de securite civile. Les evenements de Xynthia ou du Var en 2010, ceux relativement recents comme les attentats de Paris ou de Nice, ou toujours d'actualite comme la Covid-19, ont clairement demontre le role utile de chacun. Paradoxalement, si ces catastrophes ont produit des drames humains qu'il nous faut maintenir dans les memoires, elles ont façonne l'esprit des acteurs et ont contribue a une meilleure collaboration des services. Il est a souligner que l'ensemble de ces differents services de secours s'engage egalement vers une meilleure prise en compte de la prevention du risque. Les collectivités et établissements publics : Des maires et elus, confrontes a des evenements, ont veritablement mesure l'importance de la culture du risque et la defendent, meme si « chacun fait ce qu'il peut, quand il peut » (Cf. point 2.3). Malgre une forme initiale de reticence due a des raisons politiques et economiques notamment, ils ont initie des demarches volontaristes et constructives aupres leurs concitoyens et mettent tout en oeuvre pour eviter de nouveaux drames. Ce sont de veritables « porte-paroles » de la cause aupres de leurs homologues. Les professionnels : Le secteur assurantiel a su prendre des initiatives interessantes en matiere d'information preventive a Rapport n° 013606-01 Mission sur la transparence, l'information et la participation de tous a la gestion des risques majeurs, technologiques ou naturels Page 23/68 PUBLIÉ destination de sa clientele. Certaines utilisent les nouvelles technologies pour diffuser des messages de prevention et d'alerte quand d'autres sont partenaires de manifestations locales. La fédération française de l'assurance (FFA) étudie également la faisabilité d'actions de sensibilisation et de formation aux risques naturels spécifiquement à destination des professionnels de la construction. Les entreprises du secteur industriel ont pris conscience, dans une grande majorité, de la nécessité d'informer les populations vivant à proximité de leurs établissements sur les risques qu'ils présentent. Les associations : Elles sont nombreuses et structurees qu'elles soient locales, territoriales et nationales, voire europeennes et internationales. Elles sont force de propositions mais leurs actions restent souvent conditionnees aux moyens humains et financiers dont elles disposent. Cette mobilisation a tous les niveaux des secteurs d'activites, de leurs disciplines et des competences, doit rester le fondement de la prevention des risques, chacun apportant sa pierre a l'edifice. Le travail en equipe-projet pluridisciplinaire doit etre encourage, car indispensable pour concevoir des actions adaptees, ciblees et efficaces. 3.1.2 De nombreuses pratiques impulsées par l'État, les collectivités, les associations Les pratiques et dispositifs existants ont prouve leur efficacite. En effet, tous les acteurs cites ci-dessus ont impulse des actions de sensibilisation visant a reduire la vulnerabilite de la population en cas d'evenement majeur. A travers les auditions, mais aussi grace au rapport du CEREMA intitule « Culture du risque. Recueil et analyse d'actions innovantes en France » publie en mai 201924, la mission a recense quelques pratiques pertinentes a differents niveaux, du national au territorial, qui meritent d'etre soulignees. Les bonnes pratiques impulsées par les différents échelons : Au plan national, le ministere de la Transition ecologique, en lien avec le ministere de l'Interieur et Meteo France, lance, chaque annee depuis 2017, d'aout a octobre la campagne de prevention face au risque d'inondation, dans 15 departements de l'arc mediterraneen concernes par des episodes de type "pluies intenses mediterraneennes". L'objectif est de faire connaître les comportements qui sauvent. C'est aussi l'occasion d'expliquer les conditions des episodes pluvieux mediterraneens leurs consequences en matiere de precipitations, de ruissellement et d'inondation, ainsi que les dispositifs de vigilance. Cette campagne s'appuie notamment sur la diffusion de videos, d'affiches et de plaquettes intitulees « les 8 bons comportements en cas de pluies mediterraneennes intenses »25. En s'appuyant sur des outils identiques, le ministere de la Transition ecologique, associe au ministere de l'Interieur et au ministere de l'Agriculture et de l'alimentation, a lance une campagne nationale de sensibilisation et de prevention des risques de feux de foret intitulee « Feux de foret, s'en prevenir et s'en proteger »26. Citons enfin l'initiative du gouvernement qui a lance une serie de tutoriels videos pour sensibiliser a la prevention des risques majeurs (inondation, feu de foret, avalanches, etc.) et acquerir les bons comportements27. 24 25 26 27 Culture du risque (cerema.fr) https://www.ecologie.gouv.fr/pluie-inondation-se-proteger-connaitre-bons-comportements https://www.ecologie.gouv.fr/prevention-des-feux-foret https://www.gouvernement.fr/risques/tutos-risques Mission sur la transparence, l'information et la participation de tous a la gestion des risques majeurs, technologiques ou naturels Page 24/68 Rapport n° 013606-01 PUBLIÉ Au plan régional, egalement lancee en 2017, la mission interregionale inondation de l'arc mediterraneen co-pilotee par l'etat-major de zone de defense sud et la DREAL PACA est une experimentation inedite qui a pour but d'ameliorer l'information et la sensibilisation aux risques inondation, d'assurer la coherence zonale de la mise en oeuvre operationnelle et de renforcer la coordination interregionale de l'arc mediterraneen28. Au plan départemental, en Charente-Maritime (17), la prefecture a organise en septembre 2017 l'exercice « EVAC 17 » avec pour objectif de « tester la chaîne d'alerte, la réactivité et la coordination des différents acteurs de la sécurité du département ». Une evacuation des campings dans la Presqu'île d'Arvert a ete simulee, mais aussi et surtout, cet exercice a ete valorise par la realisation d'une video, permettant de partager un retour d'experience avec les acteurs concernes, mais egalement disponible au grand public, puisqu'elle est visualisable sur Youtube29. Cet exemple est une source d'inspiration pour la recommandation n°1. Au plan territorial (EPCI ou syndicats de bassin), evoquons les programmes d'actions de prevention des inondations (PAPI) lances en 2002. Construits par les collectivites ou les syndicats de bassin dans le cadre d'un appel d'offre de l'Etat, puis approuves par des instances partenariales, ils sont finances par l'ensemble des echelons concernes (Etat, Conseil regional, Conseil departemental, etablissement public de cooperation intercommunale). Ces programmes, qui ont pour but de mettre en oeuvre la politique globale des inondations pensee a l'echelle d'un bassin de risque, prevoient des moyens pour la gestion de l'alea, la reduction de la vulnerabilite du territoire (habitants, biens, infrastructures), mais aussi pour la diffusion de la culture du risque. Au plan local, les bonnes pratiques sont legion. La ville de Nantes a mis en place en 2006 et 2012 une campagne d'information visant a developper la culture du risque aupres des agents de la ville afin de les preparer a la gestion d'une crise30. Pour pallier le manque de personnel disponible en dehors des horaires d'ouverture des services municipaux, chaque annee la mairie a lance des appels a volontaires acceptant d'etre sollicites la nuit, le week-end ou les jours feries en cas de crise. Suite a ces appels a volontaires, la mairie comptait 900 agents volontaires dans ces « annuaires de crise » avec une mise a disposition d'outils d'information. Cet exemple peut servir d'appui aux recommandations n°5 et 6. Des communautés expertes en ligne affiliées et non-affiliées aux instances étatiques : les entretiens conduits dans le cadre de la mission soulignent l'importance aujourd'hui attribuee a l'association VISOV (cf. annexe 4) et au role qu'elle joue en termes de prevention et de diffusion de l'information vers les citoyens. L'association VISOV (loi 1901) a ete fondee en 2014. Sa mission est de « fournir un soutien technique, methodologique et des renforts operationnels lors d'actions menees sur les medias sociaux dans le cadre de la gestion de l'urgence et de crise de securite civile »31. Il s'agit d'une association citoyenne desormais affiliee et reconnue par les instances etatiques qui propose une activite de suivi, tri et remontee d'informations pertinentes issues des medias sociaux aux institutions partenaires sur l'ensemble de la chaine operationnelle de gestion de crise : PC Communal, SDIS, Prefecture, Etat-major Zonal, COGIC au Ministere de l'Interieur. De notre point de vue, les VISOV effectuent une partie importante du travail de veille des medias sociaux et constituent un relai pertinent et credible vers les citoyens permettant de decharger les institutions quant au traitement et a l'apport de l'information circulant sur les medias sociaux lors d'un evenement. D'autres communautes expertes citoyennes meritent aussi d'etre mentionnees pour leur travail de documentation sur un evenement passe ou en cours, comme la communaute Wikipedia qui a, depuis 28 29 30 31 http://www.paca.developpement-durable.gouv.fr/mission-interregionale-r2229.html EVAC 17 - YouTube Developpement de la culture du risque aupres des agents de la ville de Nantes | risques-majeurs.info www.visov.org Mission sur la transparence, l'information et la participation de tous a la gestion des risques majeurs, technologiques ou naturels Page 25/68 Rapport n° 013606-01 PUBLIÉ le debut de la crise sanitaire, joue un role significatif dans la lutte sur la desinformation32. Le media social collaboratif agrege et publie des informations verifiees et pertinentes. Mais, avant d'etre une encyclopedie generaliste, Wikipedia est utilisee par les internautes comme un moyen d'obtenir de l'information sur un evenement en cours ou recent. L'encyclopedie en ligne donne par ailleurs lieu a de nombreux echanges entre les contributeurs, que l'on retrouve dans les onglets « discussions » presents pour chacune des pages Wikipedia (cf. par ex. Bubendorff et Rizza, 2021)33. A ce titre, cette communaute citoyenne experte non-affiliee peut jouer un role significatif dans la communication vers les citoyens sur les risques majeurs d'un territoire, sur la documentation relative a ces risques, et enfin dans le cas d'un incident majeur sur le faire-sens de l'evenement en cours. 3.1.3 L'expérience en Outre-mer Les departements et territoires ultramarins sont fortement exposes a certains risques (seismes, tsunamis, cyclones, volcans) peu presents ou absents en metropole. Ils ont subi dans leur histoire recente des catastrophes naturelles comme les cyclones Hugo en 1989 en Martinique, Luis aux Antilles en 1995 et plus recemment Irma en 2017 a Saint-Barthelemy et Saint-Martin, et les seismes des Saintes en Guadeloupe en 2004. Enfin, Mayotte constitue un territoire marque, depuis 2018, par un phenomene volcano-sismique, entrainant sur l'île une serie de seismes d'amplitude faible a moderee. On peut egalement evoquer des evenements anciens plus marquants comme l'explosion de la montagne pelee en 1902 en Martinique qui fit 30 000 morts dans la partie Nord de l'île. Ces territoires appartiennent a des zones geographiques ou les phenomenes naturels sont nombreux, par ailleurs ouverts sur des differentes formes de societes (monde hispano americain, culture pacifique ou asiatique en Polynesie). Ils sont par nature des terrains d'experiences de la culture du risque, marques par d'autres influences culturelles. Les recherches sur la perception des risques dans ces territoires montrent une dualite qui peut apparaitre contradictoire. D'un cote, les societes insulaires laissent transparaitre une sorte de fatalisme, de « resignation » face aux manifestations extremes de la nature. De l'autre, ces societes regorgent d'initiatives promptes a maintenir la memoire des risques et a mobiliser les acteurs et la population pour des actions de prevention. Les departements d'outre-mer sont riches de bonnes pratiques en matiere de culture du risque. Citonsen quelques-unes : Le plan seisme aux Antilles a pour objectif de developper la prevention du risque sismique. Il est programme sur 30 ans (2007-2037). Il comporte des mesures dites « materielles » de construction et de renforcement parasismiques du bati public existant et des mesures dites « immaterielles », de sensibilisation et d'information preventive de la population et des elus au risque sismique et a la gestion de crise. Un volet concerne en particulier la sensibilisation des professionnels de la construction. Il est essentiel, en effet, que la culture du risque irrigue chez ce type d'acteurs qui sont a l'origine de l'« offre preventive » en matiere de construction parasismique34. Dans le cadre de ce plan, la DEAL Guadeloupe organise la semaine SISMIK et la DEAL Martinique la semaine REPLIK qui mobilisent les populations autour d'evenements de sensibilisation et de prevention. Voir l'audition du President de la Fondation Wikipedia France par le CSA dans le cadre de la lutte contre la desinformation relative a la crise sanitaire 32 Bubendorff, Sandrine et Rizza, Caroline (2021). « Wikipedia face a la crise de Covid-19 ». Les annales des Mines, juin 2021 33 34 http://www.planseisme.fr/-Espace-Plan-Seisme-Antilles-.html Mission sur la transparence, l'information et la participation de tous a la gestion des risques majeurs, technologiques ou naturels Page 26/68 Rapport n° 013606-01 PUBLIÉ Dans la Caraîbe, la journee annuelle « Caribewave » regroupe chaque annee, depuis 2013, 48 pays sous l'egide de l'UNESCO. L'exercice a pour but de faire progresser les efforts de preparation aux tsunamis dans les Caraîbes et les regions adjacentes. Il est ouvert a differents types de participants (de la prefecture de zone a l'ecole primaire)35. Le principe d'une telle journee n'est pas de tout organiser sous la forme d'un « exercice national » controle par les pouvoirs publics, mais de fournir des scenarios, des cadres d'actions et des outils pedagogiques. Les departements et collectivites des Antilles se sont egalement engages dans une campagne de balisage des lieux de refuge en cas de tsunami. Les itineraires vers les lieux de refuge sont accessibles via la plateforme et l'application Exploit36. Dans l'ocean indien, l'île de la Reunion et la Croix-Rouge ont developpe un outil regional d'intervention PIROI. Il s'agit d'un vaste programme d'acculturation et de gestion des risques de catastrophes particulierement destine au jeune public. Pendant deux ans, la delegation interministerielle aux risques majeurs outremer (DIRMOM 2019-2021) a mene des actions de coordination et de developpement de la connaissance du risque dans les DOM et les COM37. 3.1.4 Quelques dispositifs à l'étranger Les comparaisons internationales sont toujours delicates tant les contextes nationaux sont differents. Toutefois, l'experience de pays exposes aux risques naturels et technologiques peut nous renseigner sur la pertinence des mesures de developpement de la culture du risque. La mission a consulte plusieurs experts a l'etranger. Elle a aussi beneficie de l'appoint de l'AFPCN qui a sollicite son reseau a l'etranger. Il n'est pas possible ici de decrire le contexte et toutes les actions mises en oeuvre dans ces pays. On en extraira quelques « bonnes pratiques » qui peuvent etre transposables. La Nouvelle Zélande est exposee a de nombreux aleas, dont, par ordre decroissant d'importance : seismes, tsunamis et volcanisme. La faible population (4,5 millions d'habitants en 2020) explique que tous les acteurs de la gestion des risques se connaissent. Cette interconnaissance favorise en particulier la construction de projets de recherche appliques a la resilience des territoires38. La prevention au niveau gouvernemental est geree par la National Emergency Management Agency (NEMA)39. La NEMA mene des campagnes de prevention dans les medias, en particulier le « shake out », exercice annuel de prevention des seismes ou des tsunamis dont le millesime 2020 a reuni 680 000 personnes soit 15% de la population40. A l'echelle locale, les « councils » mettent en oeuvre la politique. Les ecoles le font de façon spontanee avec des exercices anti sismiques en plus du « shake out » national. En Suisse, la plateforme PLANAT illustre bien l'importance structurante accordee a la culture du risque dans ce pays41. Son slogan est : « Nous sommes une société compétente face aux risques. Nous gérons sciemment les risques liés aux dangers naturels en anticipant l'avenir ». Le document sur la strategie 35 36 37 38 https://www.tsunamizone.org/caribewave/ https://exploit.univ-montp3.fr/ https://www.stmartinweek.fr/wp-content/uploads/2021/02/RA_DIRMOM_311220_VDEF.pdf https://www.mbie.govt.nz/science-and-technology/science-and-innovation/funding-information-andopportunities/investment-funds/national-science-challenges/ https://resiliencechallenge.nz/ 39 40 41 https://www.civildefence.govt.nz/about/about-nema/ Les personnes interessees s'inscrivaient prealablement sur le Portail : https://getready.govt.nz/ Informations communiquees par l'AFPCN Mission sur la transparence, l'information et la participation de tous a la gestion des risques majeurs, technologiques ou naturels Page 27/68 Rapport n° 013606-01 PUBLIÉ 2018 « Gestion des risques lies aux dangers naturels » fait une place majeure a la culture du risque en soulignant que la Suisse est exposee a de nombreux dangers mais fait du debat autour des risques une priorite societale. L'acceptabilite des risques est debattue et les mesures a prendre sont priorisees. « En Suisse, tout le monde peut être affecté par des dangers naturels - c'est pourquoi chacune et chacun doit participer à leur gestion ». Les personnes et les entreprises sont impliquees de meme que, bien sur, les autorites, la sphere politique mais aussi les assurances, les organisations professionnelles pour des « standard de qualite » en matiere de protection. Le portail PLANAT42 propose une interessante boîte a outils "Dialogue risques" : elle apporte aux collectivites et aux citoyens une aide a la planification et a la mise en oeuvre de l'information sur les dangers naturels. Divers ressources et conseils pratiques prets a l'emploi peuvent etre telecharges a la rubrique « Dialogue sur les risques ». Le portail « dangers naturels » decrit les risques, les cartographies (en temps reel), indique les gestes a suivre, et rappelle les evenements historiques. Le Japon avec sa forte densite de population et une situation geographique particuliere est un pays tres expose aux risques naturels. Encore recente, la catastrophe nucleaire de Fukushima (2011) a resulte d'un « effet domino » (seisme/tsunami/accident industriel). Le Japon est pourtant l'un des pays les mieux prepares sur les risques. Leur gestion est directement assuree par le cabinet du Premier Ministre. Confronte regulierement a des evenements, le Japon a compris depuis longtemps le benefice de la prevention et investi massivement dans le champ des technologies de pointe et integre une politique de reduction des risques de catastrophe (RCC) dans toutes les domaines, la considerant comme un effet de croissance economique. Le Japon a mis en oeuvre, il y a quelques annees, le concept « Mieux reconstruire » alliant recherche et developpement et protection des personnes les plus fragiles -enfants, handicapes et seniors - en investissant dans des systemes preventifs high tech en ayant pris en compte, au prealable, leur point de vue. A l'instar de certains acteurs auditionnes, le Japon parle de culture de la securite, plus positif et rassurant, que de culture du risque. 3.2 Pourquoi la culture du risque a-t-elle du mal à s'installer en France ? Malgre de nombreuses bonnes pratiques, la culture du risque reste consideree comme « un échec collectif ». Cette vision negative peut s'expliquer par la difficulte d'atteindre la population : l'information n'est pas toujours pensee du point de vue des usagers, elle utilise des formes et des moyens trop heterogenes pour atteindre l'objectif d'une culture commune, et enfin elle a du mal a evoluer pour s'adapter aux differents publics vises. Au-dela des remarques formulees supra dans les constats partages, la mission souleve d'autres points faibles. 3.2.1 Des obligations réglementaires non respectées ou mal appliquées Pour illustrer les dysfonctionnements concernant les obligations reglementaires, voici deux exemples souvent cites : Le DICRIM (document d'information communal sur les risques majeurs) et l'IAL (Information des Acquereurs et des Locataires). Le DICRIM, realise par le maire, a pour objectif d'informer les habitants de l'ensemble des risques majeurs existant sur sa commune et repertories dans le document departemental des risques majeurs (DDRM), et il doit integrer les mesures de prevention, de protection et de sauvegarde mises en oeuvre face a ces risques. Or, ce document est encore trop souvent inexistant, alors qu'il est obligatoire pour toutes les communes soumises a un plan de prevention des risques (naturels, miniers ou technologiques). Lorsqu'il existe, son mode de distribution ne permet que rarement aux habitants d'en avoir connaissance, et l'heterogeneite des documents pose la question des 42 https://www.dangers-naturels.ch/home/evenements-passes/evenements-historiques.html Mission sur la transparence, l'information et la participation de tous a la gestion des risques majeurs, technologiques ou naturels Page 28/68 Rapport n° 013606-01 PUBLIÉ formats choisis, d'autant plus que leur forme (longueur, vocabulaire, mise en forme) les rend peu intelligibles par les citoyens qui ont reussi a y avoir acces. Il a ete egalement pointe du doigt un « Manque de moyens des collectivités pour mettre à jour leur DICRIM et le faire connaître ». L'IAL est l'obligation d'information de l'acheteur ou du locataire de tout bien immobilier (bati et non-bati) situe en zone de sismicite ou/et dans un plan de prevention des risques prescrit ou approuve. Les auditions conduisent a constater que cet « etat des risques » ne remplit pas ses objectifs d'information et de prevention. Dans le cas d'une vente, il intervient trop tard, c'est-a-dire generalement au moment de la signature de la promesse de vente. Il ne permet donc pas a l'acquereur de prendre sa decision d'achat en toute connaissance de cause. Dans le cas d'une location, cette obligation d'etat des risques, est peu respectee, notamment lorsque le bail est signe entre deux particuliers, sans l'intervention d'une agence immobiliere. L'administration a mis en place, en fevrier 2021, un nouveau service numerique nomme « ERRIAL43 » (etat des risques reglementes pour l'information des acquereurs et des locataires) accessible sur le site « Georisques », qui permet d'evaluer simplement et rapidement les risques qui concernent un bien. Ce service d'information a destination des particuliers s'inscrit dans la continuite de la politique publique en matiere de prevention des risques et se veut comme un nouvel outil favorisant la sensibilisation aux risques et l'acces a la donnee publique. Il conviendrait de le faire largement connaître aupres de la population. De façon generale, nous constatons que les dispositifs reglementaires sont encore peu ou mal connus de la population et qu'ils n'offrent qu'une perception partielle des risques qu'elle encourt. 3.2.2 Des citoyens sous-représentés dans les instances locales d'information Des progres sensibles ont ete faits ces dernieres annees pour associer les citoyens dans les instances reglementaires et des experimentations locales ont ete tentees par certaines parties prenantes. Neanmoins, il est clairement observe que les commissions de suivi de site (CSS) n'obtiennent que peu ou pas le succes escompte chez les citoyens ou leurs representants. Le formalisme et la rigidite de ces rencontres, leur tenue dans des lieux « intimidants » ne laissent pas beaucoup de spontaneite, voire de convivialite a cette demarche pourtant interessante. La gouvernance est egalement pointee du doigt et apparait effectivement desequilibree - « les CSS sont trop étatiques, figés et rigides » - puisque les representants de l'Etat sont en nombre, au regard de quelques citoyens, qui se sentent « inutiles » et « pas à leur place ». On peut se poser legitimement la question de savoir si cette instance doit etre assuree par le Prefet. Etant donne leur niveau de proximite avec nos concitoyens. Il pourrait etre envisage de proposer aux maires d'organiser une reunion publique annuelle pour faire un point d'etape. Ou peut-etre faut-il reflechir a un college supplementaire d'une CSS comprenant des habitants tires au sort ? La conference riveraine mise en oeuvre depuis 2007 44 par l'ancien maire de Feyzin et president d'Amaris, Yves Blein, constitue un exemple contradictoire, qui prouve que ce type de commission peut prendre des formes plus impliquantes pour les citoyens : elle semble veritablement correspondre aux attentes des citoyens et plus particulierement, comme son nom l'indique, des riverains. Composee 43 44 https://errial.georisques.gouv.fr/#/ https://www.ville-feyzin.fr/je-veux/je-veux-3/conference-riveraine Video explicative realisee par la mairie de Feyzin https://www.dailymotion.com/video/x1nayz6 Rapport n° 013606-01 Mission sur la transparence, l'information et la participation de tous a la gestion des risques majeurs, technologiques ou naturels Page 29/68 PUBLIÉ d'elus, d'industriels et de citoyens volontaires, cette conference citoyenne est plus equilibree que les instances organisees par les prefets. L'exemple spécifique du nucléaire et des commissions locales d'information A l'initiative des conseils generaux, les premieres commissions locales d'information (CLI) ont ete mises en place en 1981 autour de la plupart des installations nucleaires. Elles ont ete renforcees, en application de la loi du 13 juin 2006 (loi dite « TSN »), par le decret n°2008-251 du 12 mars 200845 qui definissait leur gouvernance, leur composition et leur fonctionnement. Les CLI ont vu leurs pouvoirs renforces avec la loi n°2015-992 du 17 aout 2015 relative a la « Transition energetique pour la croissance verte », avec notamment la possibilite de demander a l'exploitant d'organiser des visites de terrain de l'installation a des riverains. Elles disposent aujourd'hui d'une grande latitude pour organiser leur propre activite et sont composees de representants des collectivites territoriales, de parlementaires, de representants du monde economique, d'associations, de syndicats et de personnalites qualifiees, des services de l'Etat et des representants de l'autorite de surete nucleaire. Presidees par le president du Conseil departemental ou un elu designe par ses membres, les CLI ont l'obligation d'organiser une fois par an, une réunion publique, ouverte au public et à la presse. Leurs travaux sont diffusés sous une forme accessible et au plus grand nombre. Repondant aux attentes des participants, le fonctionnement des CLI pourrait être dupliqué pour les CSS. L'échec de la campagne de distribution des comprimés d'iode (2019) L'efficacite de l'information preventive des populations, en matiere de risque nucleaire, doit toutefois etre relativisee par l'echec de la campagne de distribution de comprimes d'iode de 2019, ciblant les populations dans un rayon de 10 a 20 km d'une centrale nucleaire. « Sur les 2,2 millions de riverains ciblés, seuls 550 000 sont allés chercher leurs comprimés en pharmacie », regrette l'ANCCLI, soit seulement 25 % des habitants concernes. Rappelons qu'en cas d'accident nucleaire, la prise de comprimes d'iode stable protege la thyroîde de l'iode radioactif qui pourrait etre rejete dans l'environnement. La thyroîde va absorber l'iode stable jusqu'a saturation, et ne pourra donc plus assimiler l'iode radioactif qui serait eventuellement respire ou ingere. Detenir ces comprimes chez soi fait donc parti des comportements de prevention indispensables pour se proteger en cas d'accident nucleaire. Comment expliquer ce taux d'échec de 75 % alors que 5,5 M ont été investis dans la campagne pour envoyer, à domicile, des courriers et des fascicules d'information ainsi que les bons de retrait en pharmacie ? Est-ce en raison d'un désintérêt des populations ou de la méthode employée ? Pour l'association nationale des comités et commissions locales d'information (ANCCLI), il faut impliquer concrètement les populations en s'appuyant sur les mairies pour la distribution des comprimés d'iode et pour la sensibilisation au risque d'accident nucléaire : un nouveau témoignage en faveur du rôle central que devraient jouer les élus locaux dans l'information et la prévention des risques majeurs. 45 https://www.anccli.org/wp-content/uploads/2014/06/D%C3%A9cret-CLI-du_12_mars_2008.pdf Mission sur la transparence, l'information et la participation de tous a la gestion des risques majeurs, technologiques ou naturels Page 30/68 Rapport n° 013606-01 PUBLIÉ 3.2.3 Des outils numériques trop peu « vulgarisés » et une communication peu lisible Internet est aujourd'hui le support devenu incontournable pour diffuser la culture du risque. Or, nous constatons une multiplicite de sites web qui traitent des risques naturels et technologiques, sous differents angles, et a destination de differents publics. Ce foisonnement d'informations, de documents reglementaires et de produits cartographiques est certes louable, mais paradoxalement, contribue aussi a rendre l'information complexe, technique et diffuse. Dans ce paysage confus de l'information sur les risques, l'initiative d'un site web de reference - le site « Georisques » -, relevant de la responsabilite de l'Etat, semble parfaitement pertinent. Toutefois, comme le souligne le rapport du CGEDD46 d'avril 2020, le site « Georisques » peine a affirmer sa place dans ce paysage. « Il souffre d'un défaut de notoriété lié pour partie à la relative complexité de son utilisation, un déficit de pédagogie et de clarté des explications, une ergonomie de navigation encore limitée ». Ce rapport souligne aussi la relative mefiance a l'egard d'informations venant de l'Etat plutot que d'une commune. Il conviendrait de developper et d'adapter vraiment la plateforme « Georisques » pour en faire le site de reference de la culture du risque, avec plus de contenus de vulgarisation, ludiques et attractifs (cf. partie 4.1.3). 3.2.4 Un pilotage national perçu comme flou « Il faut décomplexifier le système, le repenser, le reconstruire et démocratiser le sujet ». Au niveau national, la question des risques naturels et technologiques peut etre consideree comme bicephale, puisque la prevention (integrant la vigilance) est une competence du ministere de la Transition ecologique, et la gestion de crise (y compris l'alerte) est celle du ministere de l'Interieur. De fait, cette organisation rend difficile la coordination des actions. Sur de nombreux sujets, comme sur celui-ci, le role de l'Etat doit repondre aux attentes de clarification, d'impulsion et federer avec un pilotage plus decentralise pour casser cet effet « silo » descendant et favoriser les informations montantes. https://cgedd.documentation.developpement-durable.gouv.fr/documents/Affaires-0011562/012890-01_rapportpublie.pdf;jsessionid=96413F48A865B758633EC3A76EDEA5DD 46 Rapport n° 013606-01 Mission sur la transparence, l'information et la participation de tous a la gestion des risques majeurs, technologiques ou naturels Page 31/68 PUBLIÉ 4 Conscience et résilience : dédramatiser, former, éduquer, innover 4.1 Un socle commun de connaissances, une approche globale du risque et une dynamique nationale à lancer Acquerir les bons reflexes et les comportements adaptes en prevision d'un risque est evidemment indispensable. Une population informee et ayant integre les bons reflexes est une population moins exposee et moins sensible aux risques. Mais l'apprentissage des gestes qui sauvent n'est qu'un des aspects de la culture du risque. Apprendre a agir, bien en amont d'un risque, par exemple en adaptant le bati et l'urbanisme aux aleas environnementaux, qu'ils soient naturels ou technologiques, fait egalement partie integrante de cette culture. Si nous connaissons le « fonctionnement » de notre environnement, nous pouvons nous y adapter et composer avec lui pour prevenir et anticiper les catastrophes. Nous pouvons aussi trouver dans cet environnement de nouvelles solutions, concretes et efficaces, pour rendre le territoire plus resilient, notamment grace aux « solutions fondees sur la nature ». La culture du risque est une connaissance en profondeur des interactions entre les manifestations de la nature et les choix d'amenagement du territoire (risques naturels). C'est une « culture generale » de notre environnement (au sens large, naturel et industriel) qui se nourrit aussi des experiences du passe, et progresse grace aux avancees des connaissances scientifiques et technologiques. Comme toute culture, elle trouve progressivement son ancrage dans les esprits et les comportements, grace a la transmission des savoirs et des experiences. Cela prend du temps, d'ou l'importance de la transmettre des le plus jeune age et de la rendre accessible a tous. Certes, cette « culture de l'environnement » a des specificites en fonction des territoires, de leur histoire et des risques differents qui les menacent. Cependant, elle fait aussi appel a un socle commun de connaissances, notamment en raison de l'evolution des risques lies a la crise climatique qui touche chaque territoire et necessite une adaptation et une anticipation permanentes. Enfin, nous sommes de plus en plus mobiles et itinerants, et il est necessaire d'avoir egalement une connaissance des risques que nous sommes susceptibles de rencontrer, au gre de nos deplacements et de nos voyages. 4.1.1 Impulser une dynamique nationale pour changer de regard sur les risques A l'issue des auditions, la mission s'est forgee la conviction que cette culture du risque et de l'environnement doit etre impulsee par une dynamique nationale, afin de sensibiliser toute la population, jeunes et moins jeunes, elus, decideurs ou simples citoyens. Il est propose d'instaurer chaque annee, autour du 13 octobre, (date designee par l'assemblee generale des Nations Unies « Journee internationale pour la reduction des risques de catastrophe ») une semaine de sensibilisation et d'acculturation aux risques naturels et technologiques, partout en France. Le choix du nom de cet evenement est important. Il doit etre positif, transmettre l'idee que nous ne sommes pas victimes mais acteurs de notre environnement et de ses aleas. C'est un travail a realiser avec des specialistes de la communication. Rapport n° 013606-01 Mission sur la transparence, l'information et la participation de tous a la gestion des risques majeurs, technologiques ou naturels Page 32/68 PUBLIÉ Cette operation nationale, destinee a s'installer dans le temps, est declinee sur chaque territoire en fonction des risques presents. Elle est organisee en partenariat avec les elus, les industriels, les associations, etc. A l'image de la semaine « Replik » en Martinique et «Sismik » en Guadeloupe, ou encore la « semaine des risques industriels » a Port-Jerome-sur-Seine, cet evenement proposera differentes animations et actions gratuites, ouvertes a tous : des concours dans les ecoles et des ateliers pedagogiques dans les ecoles et les communes, des visites de sites industriels, des conferences, des exercices pour le grand public, des expositions, des spectacles, etc. La transmission intergénérationnelle est également l'un des meilleurs vecteurs en matière de culture du risque. Les témoignages des générations passées à travers leurs récits sont au coeur d'une communication pertinente sur le risque. Pour raviver cette mémoire collective, un projet pedagogique «memoire d'un cyclone» tout a fait interessant a ete initie cette annee a La Reunion47. L'idee aussi de « patrimonialiser » certains sites, a l'instar, pourquoi pas, du « loto du patrimoine » engagerait a la fois l'Etat, les collectivites et leurs habitants. La aussi, l'objectif de raviver la memoire permettrait de comprendre la sensibilite ancienne d'un site et de rappeler sa vulnerabilite toujours d'actualite. Le spectacle vivant et, de façon generale, les creations artistiques sont des canaux efficaces de diffusion de l'information preventive. Ainsi, la mission propose de lancer un appel a projets a destination du monde culturel sur la sensibilisation aux risques. La mission propose aussi que l'evenement soit pilote et parraine par des « ambassadeurs », c'est-a-dire des elus locaux et des personnalites qui ont ete confrontes a une catastrophe et sont engages dans la prevention des risques. De par leurs experiences « vecues », ils disposent d'une credibilite et leur parole est influente aupres des elus locaux et de l'opinion. Cette semaine serait organisee en partenariat avec les medias nationaux et regionaux et pourrait se conclure par une grande emission televisee. Qui fait quoi ? Dans l'organisation de cette journee, il est important que l'Etat se pose non pas en organisateur central, meme s'il initie l'operation, mais en coordonnateur et en facilitateur, comme c'est le cas dans les exemples de journees citees dans ce rapport. Chaque territoire, en lien avec les structures et associations existantes, sera autonome dans le choix des evenements et actions de sensibilisation. Recommandation 1. Instaurer un évènement national annuel, fédérateur et mobilisateur. 4.1.2 Une culture du risque pérenne et accessible à tous, dès l'école primaire La sensibilisation a la culture du risque des le plus jeune age a ete soulignee a de tres nombreuses reprises. D'une part, il est fondamental de sensibiliser les enfants pour qu'ils deviennent des adultes mieux prepares et plus resilients face aux risques. D'autre part, il est demontre que les enfants sont des relais precieux et efficaces pour sensibiliser leurs parents et leurs proches. 47 http://www.reunion.gouv.fr/raviver-la-memoire-collective-a7450.html Mission sur la transparence, l'information et la participation de tous a la gestion des risques majeurs, technologiques ou naturels Page 33/68 Rapport n° 013606-01 PUBLIÉ La sensibilisation en milieu scolaire et periscolaire est donc une priorite et passe forcement par la formation aux premiers secours et bons gestes qui doit rester, au college, un apprentissage dans lequel s'inscrivent differents objectifs : de solidarite, de pedagogie sur l'environnement et donc de culture du risque. Toutefois, la mission constate que cette sensibilisation en milieu scolaire se realise actuellement de façon inegale et sporadique selon les territoires. Les enseignants, notamment en primaire, manquent de ressources pedagogiques adaptees, la solution etant souvent de faire appel a des intervenants exterieurs (sapeurs-pompiers notamment souvent sollicites). La mission estime qu'il est primordial d'encourager et d'accompagner les enseignants dans leur demarche de sensibilisation aux risques, en renforçant et en harmonisant l'arsenal des ressources pedagogiques, et en les rendant accessibles a tous sur l'ensemble du territoire, de façon simple et gratuite. Ces ressources seront aussi librement utilisables par tous les acteurs de la prevention et par les communes soucieuses d'informer leurs habitants. Il est propose un kit pedagogique ayant pour vocation la diffusion d'un socle commun de connaissances sur l'ensemble des risques qui touchent les territoires français, compose de differents supports, euxmemes adaptes a differents ages : une serie de videos de « vulgarisation » traitant de chaque type de risque, construite autour de 3 axes : le phenomene/ses impacts/les conduites a tenir. des livres adaptes a differents ages. Signalons que des prototypes ont deja ete realises sur certains territoires et qu'ils pourraient aisement servir de modele (Exemple en Guyane). des cahiers de jeux et d'activites pour les enfants (Exemple : realisation par la MIIAM). Qui fait quoi ? La production : Il est preconise qu'ils soient produits par le Reseau Canope (ex CNDP), editeur de ressources pedagogiques publiques dependant du ministere de l'Education nationale en s'appuyant sur le savoir-faire de l'IFFO-RME. La diffusion : Elles seront telechargeables sur la plateforme numerique « Georisques », devant faire l'objet d'un developpement notamment en ce qui concerne ses contenus educatifs. Ces supports pedagogiques devront etre libres de droit et accessibles en « open source ». Recommandation 2. Élaborer un « kit » pédagogique national et téléchargeable. 4.1.3 Une culture du risque globale, numérique, ludique et attractive Les pistes d'amelioration du site « Georisques » sont largement et concretement detaillees dans le rapport du conseil general de l'environnement et du developpement durable (CGEDD) d'avril 202048. La recommandation de la mission se focalise sur les points suivants : Faire de « Georisques » la plateforme de reference sur la culture du risque. Le site doit proposer https://cgedd.documentation.developpement-durable.gouv.fr/documents/Affaires-0011562/012890-01_rapportpublie.pdf;jsessionid=96413F48A865B758633EC3A76EDEA5DD 48 Rapport n° 013606-01 Mission sur la transparence, l'information et la participation de tous a la gestion des risques majeurs, technologiques ou naturels Page 34/68 PUBLIÉ des contenus adaptes a differents publics (citoyens, elus, professionnels des risques, etc.), donc proposer plusieurs niveaux de lecture avec des acces differencies en fonction du type de recherche. Pour le « grand public », il doit proposer des contenus educatifs et ludiques, integrant notamment le kit pedagogique (recommandation n°2), mais aussi des logiciels permettant de simuler un alea a un endroit choisi. La technologie de la « realite virtuelle » donne aux utilisateurs une vision plus concrete et realiste des risques auxquels ils pourraient etre exposes. Ces outils contribuent indeniablement a la « prise de conscience ». Dans le meme esprit, cette plateforme pourrait proposer des « escape games », immergeant les utilisateurs dans des scenarios de crise et lui permettant de se mettre en action de prevention ou de gestion de crise, a l'instar de l'initiative de la DREAL Nouvelle-Aquitaine 49 . La sensibilisation aux risques majeurs doit utiliser differentes technologies susceptibles de rendre l'apprentissage ludique et recreatif. Donner un nom plus attractif et moins technique a la plateforme, incitant tous les citoyens a se l'approprier et a s'y referer. La relative defiance a l'egard d'une information verticale provenant de l'Etat nous incite d'autant plus a aller dans ce sens. Le site deviendrait plus populaire, par exemple, s'il etait incarne par une « mascotte » qui inspire confiance et sympathie au public. Ce travail est a developper avec des specialistes de la communication. Faire de « Georisques » un site participatif, chacun pouvant apporter sa contribution notamment pour diffuser des elements de memoire (photos / temoignages ...). La plateforme pourrait par exemple proposer un grand concours national de collecte de documents et temoignages divers relatant des phenomenes naturels ou technologiques exceptionnels et contribuant ainsi a la memoire et la culture du risque. Qui fait quoi ? Le site « Georisques », a l'initiative du ministere de la transition ecologique, pourrait evoluer grace au travail conjoint des directions centrales (direction generale de la prevention des risques et direction de la communication). Recommandation 3. Développer et adapter la plateforme « Géorisques » pour en faire le site de référence de la culture du risque. 4.1.4 Aller vers le public et lui faire « toucher du doigt » le risque Il existe actuellement, en France metropolitaine et en outre-mer, plusieurs outils de simulation permettant de mettre les personnes en situation et de ressentir physiquement l'impact d'un phenomene naturel : table vibrante simulant les secousses d'un seisme, demonstrateur inondation qui permet de ressentir la force de l'eau sur une porte de voiture ou de garage ... La mission interregionale inondation de l'arc mediterraneen (MIIAM) utilise depuis 3 ans ce type de demonstrateur de la DGPR qu'elle fait circuler sur la zone de defense sud. Elle dresse un bilan tres positif de ces outils d'information preventive et de mise en situation pour prendre conscience des risques. http://www.nouvelle-aquitaine.developpement-durable.gouv.fr/escape-game-sur-les-risques-naturels-moder4642.html 49 Rapport n° 013606-01 Mission sur la transparence, l'information et la participation de tous a la gestion des risques majeurs, technologiques ou naturels Page 35/68 PUBLIÉ « Mieux que des mots, ils permettent de comprendre dans son corps les dangers, les réflexes et les bons comportements. Ils sont des outils très utiles pour préparer la population à faire face aux évènements ». Face au succes incontestable de ces demonstrateurs aupres du public, La MIIAM souligne que leur usage merite d'etre largement developpe et generalise sur l'ensemble du territoire français. La conception de ces demonstrateurs (lourd et couteux) necessiterait toutefois d'etre adaptee afin de faciliter leur transport et de multiplier ainsi leurs deplacements. Par ailleurs, il existe des maquettes interactives illustrant le deroulement de phenomenes naturels ou de leurs impacts (exemples : deformation des structures sous l'effet d'un seisme ou fonctionnement et reactivite d'un bassin versant...). Les retours d'experience de la MIIAM demontrent egalement la « forte efficacité de ces maquettes thématiques pour sensibiliser le jeune public mais aussi les adultes ». Demonstrateurs mecaniques, simulateurs virtuels, procedes immersifs, maquettes interactives ... sont autant d'outils qui ont demontre leur efficacite pour eveiller la conscience du risque et acquerir les bons comportements. Par consequent, la mission propose de developper et de mutualiser ces experiences, afin de concevoir des unites mobiles - sortes de petites caravanes itinerantes ­ qui sillonneraient la France pour aller a la rencontre de la population, sur les places des villes et villages, dans les ecoles, les entreprises ou encore lors de tournees des plages. Qui fait quoi ? Ce dispositif pourrait se mettre en place en s'appuyant sur le savoir-faire d'associations comme « Les petits debrouillards » qui, depuis presque 10 ans, ont mis en place le « Science Tour », un dispositif itinerant de diffusion de la culture scientifique qui s'appuie sur douze camions sillonnant l'ensemble des territoires tout au long de l'annee. Cette operation pourrait etre soutenue par la federation nationale des sapeurs-pompiers et toutes structures presentes sur l'ensemble du territoire national (Croix-Rouge, SNSM, Securite civile etc.). Il pourrait etre finance, en partie, par des partenaires et sponsors (compagnies d'assurance, federations professionnelles, ministeres, etc.). Recommandation 4. Créer des unités mobiles pour aller à la rencontre des habitants et leur permettre une expérience physique et sensorielle des risques. 4.1.5 Vulgariser les résultats de la recherche Les projets de recherche sur les risques naturels et technologiques sont nombreux. Le ministere de la Transition ecologique a finance lui-meme plusieurs programmes de recherche depuis 20 ans sur les risques. L'Agence Nationale de la Recherche (ANR) et les assureurs entre autres financent la recherche. Il ressort de l'evaluation de ces programmes que les projets de recherche souffrent d'un manque de diffusion des resultats aupres des acteurs de la prevention et du grand public. Certains projets de recherche ont inscrit dans leur financement un volet valorisation qui permet de faire connaitre les resultats de la recherche aupres des acteurs locaux, des habitants des zones a risque. C'est particulierement judicieux lorsque le projet de recherche porte sur un retour d'experience post Rapport n° 013606-01 Mission sur la transparence, l'information et la participation de tous a la gestion des risques majeurs, technologiques ou naturels Page 36/68 PUBLIÉ evenement (comme les projets de l'appel a Projet OURAGAN de l'ANR en 2018 qui portaient sur le cyclone Irma aux Antilles en 2017)50. Les chercheurs pourraient etre davantage des mediateurs de la connaissance sur les risques et pallier le manque de confiance du public envers les autorites administratives. Leurs recherches seraient publiees via divers supports : storymaps, atlas, site internet, interview de chercheurs, videos, participation a des reunions publiques, etc. Qui fait quoi ? L'ANR ou les financeurs de la recherche doivent etre incites a developper cet aspect en incluant dans les appels a projets un volet « valorisation grand public » lorsque le projet s'y prete. Recommandation 5. Encourager la valorisation des résultats des projets de recherche sur les risques via des supports pédagogiques et grand public. 4.2 Des élus locaux en première ligne : comment mieux les accompagner ? 4.2.1 Développer la sensibilisation et la formation des élus D'apres les temoignages de certaines personnes auditionnees, on ne peut que militer en faveur d'une veritable formation des elus dans le domaine des risques et des crises. En effet, le maire meconnait souvent les risques auxquels est confrontee sa commune et il est pourtant consacre legalement comme directeur des operations de secours (DOS) en cas de crise. La loi en fait aussi le premier responsable des dysfonctionnements qui peuvent intervenir lors de la gestion d'une crise. Enfin, il est susceptible de donner l'alerte a ses administres. Certains elus soulignent cette incoherence. Mais, au-dela d'une vision legale dans un contexte de judiciarisation de nos societes, il semble necessaire que l'elu connaisse les grands objectifs de la culture du risque et de la gestion de crise. Il doit s'approprier une methodologie dans sa façon de decider et d'agir dans une situation extreme. L'acculturation au risque des elus doit se faire a deux niveaux : sensibilisation et formation. Beaucoup de maires ne communiquent pas sur les risques aupres de leur population car ils maitrisent mal ou peu le sujet. Il faut donc les sensibiliser a la presence de risques sur leurs territoires et a leurs responsabilites en matiere d'information des populations par des actions simples et faciles a mettre en oeuvre. Il est propose d'experimenter sur plusieurs departements des webinaires de sensibilisation proposant notamment des exercices de mise en situation comme ceux proposes par le conseil departemental de Haute-Garonne51. Ces webinaires pourraient egalement permettre des echanges d'experiences entre elus avec le temoignage de maires ayant deja ete confrontes aux risques et aux crises. Les recits de ces On citera l'exemple du projet Tirex (retour d'experience sur le cyclone Irma a Saint Martin https://tirex.univmontp3.fr/) dont le volet valorisation et dissemination s'exprime entre autre par une synthese a l'usage des decideurs https://fr.calameo.com/read/006591530b5bdb6016ed1?page=1 50 https://www.atd31.fr/fr/former-les-elus/nos-formations/cycles-de-formation/cycle-securite-publique/mainteniroperationnel-son-plan-communal-de-sauvegarde.html 51 Rapport n° 013606-01 Mission sur la transparence, l'information et la participation de tous a la gestion des risques majeurs, technologiques ou naturels Page 37/68 PUBLIÉ experiences vecues ont deja montre toute leur efficacite. Une fois sensibilises, les elus peuvent engager une formation approfondie a la fois sur la connaissance des risques, leurs typologies et la façon dont on doit les integrer dans l'organisation territoriale, notamment grace au plan communal de sauvegarde (PCS). Le DICRIM devrait aussi faire l'objet d'une attention particuliere, notamment dans son elaboration et sa communication, tant il est realise aujourd'hui davantage par obligation que par necessite. Ces formations pourraient s'articuler autour de modules dedies a chaque type de risque. L'elu choisirait alors la formation la plus adaptee a son territoire. Qui fait quoi ? Les acteurs pilotes dans ce domaine pourraient etre des associations d'elus - association des maires de France (AMF) ou association nationale des elus du littoral (ANEL) - des associations comme l'AFPCN, qui a deja mene des projets de sensibilisation ou bien des ecoles specialisees comme l'ecole nationale superieure des officiers de sapeurs-pompiers (ENSOSP) qui dispose d'une chaire de gestion de crise, ou encore l'ecole d'application de securite civile de l'entente Valabre (ECASC) qui dispose d'un centre de formation utilisant tres largement la simulation virtuelle. Des associations comme le Cypres (centre d'information pour la prevention des risques majeurs), l'IFFO-RME ou encore le centre national de la fonction publique territoriale (CNFPT) sont egalement des organismes qui disposent de nombreux outils pour repondre a un tel besoin. Un cahier des charges des contenus de formation pourrait etre produit et valide par la DGPR et la DGSCGC. Le financement pourrait etre apporte par la caisse des depots et consignation ou s'appuyer sur un organisme collecteur des participations des communes et du financement de l'Etat. Recommandation 6. Sensibiliser les élus, développer leur sens de l'anticipation de crise et mettre en oeuvre une formation approfondie adaptée à chaque territoire. 4.2.2 Des citoyens engagés et un élu référent Dans un cadre associatif ou a titre individuel, les Français sont fortement engages pour defendre des causes, s'investir pour la chose publique, exprimer leur solidarite ou concilier vie professionnelle et convictions a travers des fonctions electives, du benevolat ou des emplois « citoyens ». Deja present sur notre territoire, le reseau des citoyens « sentinelles » 52 , demarche volontaire et benevole, a ete cree pour signaler une atteinte a la nature. En lien avec des associations nationales ou territoriales, il pourrait etre envisage de reproduire cet outil avec des benevoles attentifs a leur environnement et soucieux de relayer des messages de conduite a tenir, de vigilance a avoir ou d'eventuels messages d'alerte. La loi de la modernisation de la sécurité civile autorise, depuis 2004, les collectivités à créer une réserve communale de sécurité civile, bien trop peu mise en oeuvre, pour que des citoyens deviennent des maillons essentiels pour la protection des biens et des personnes, notamment face aux risques Créé en 2015 par la Fédération Rhône-Alpes de protection de la nature (FRAPNA) Mission sur la transparence, l'information et la participation de tous a la gestion des risques majeurs, technologiques ou naturels Page 38/68 52 Rapport n° 013606-01 PUBLIÉ majeurs. Les maires peuvent ainsi mobiliser des moyens humains complémentaires aux agents municipaux lors d'évènements exceptionnels et surtout en prévention. « Le budget de la réserve n'est pas une dépense mais un investissement ». Ce dispositif pourrait être utilisé notamment pour diffuser l'information et la distribution du DICRIM. Le service civique53 pourrait également contribuer à aider les collectivités à mettre en oeuvre leur politique de prévention des risques majeurs grâce à cet engagement volontaire au service de l'intérêt général et ouvert aux jeunes de 16-25 ans54. Pour completer ces differentes demarches citoyennes et parce que les elus ont souvent temoigne d'un chaînon manquant entre l'Etat et les maires, il pourrait etre propose aux ediles qu'un elu referent soit systematiquement nomme par le maire. Cette fonction par delegation existe deja dans les moyennes et importantes communes (en nombre d'habitants) mais reste inexistante pour les plus petites. Sur 35 497 communes, 34 479 ont moins de 10 000 habitants (18 582 communes ont moins de 500 habitants55). Qui fait quoi ? Les prefets pourraient etre a l'initiative d'une reunion departementale destinee a inciter les maires a prendre l'initiative d'une designation d'un referent unique « risques ». Un travail de concertation prealable pourrait etre realise avec les associations d'elus au niveau national et departemental. Recommandation 7. Inciter les maires à désigner un référent unique « risques ». 4.2.3 Positiver le risque et valoriser la résilience d'un territoire Comment attendre, des maires et des elus locaux, plus d'engagement dans la prise en compte des risques et dans l'information des populations ? Comment faire en sorte qu'ils se forment mieux et qu'ils deploient ou stimulent les actions de prevention sur leurs territoires ? Faut-il les contraindre en leur imposant de nouvelles obligations reglementaires, ou faut-il les encourager en valorisant les communes qui s'engagent dans de reelles actions de prevention et de resilience ? Ces questions ont souvent ete abordees lors de nos auditions et les avis sont partages. Toutefois, un constat semble s'imposer. Les textes reglementaires actuels fixant les obligations des maires en matiere de prevention des risques ne sont que peu, ou pas, respectes dans une grande majorite des communes pour les raisons evoquees plus haut. Faut-il alors imposer de nouveaux textes reglementaires, au risque qu'ils ne soient pas mieux appliques ou proposer une demarche positive, valorisante et incitative, a l'instar de certains labels environnementaux et patrimoniaux, ou de concours nationaux qui semblent avoir fait leurs preuves ? En effet, les labels « Plus beaux villages de France », « Petite cite de caractere », « Pavillon bleu », « Villes et villages fleuris », etc. donnent aux communes qui les arborent des images positives et attractives. Ils ont notamment permis a ces communes d'augmenter leur frequentation touristique, de façon notoire. Au niveau local, ces labels ont aussi un effet mobilisateur au sein des populations concernees qui 53 54 55 https://www.service-civique.gouv.fr/ Depuis 2010, 500 000 jeunes ont effectue un service civique. Association des maires de France https://www.amf.asso.fr/page-statistiques/36010 Mission sur la transparence, l'information et la participation de tous a la gestion des risques majeurs, technologiques ou naturels Page 39/68 Rapport n° 013606-01 PUBLIÉ n'hesitent pas a s'engager pour acquerir et conserver ces precieuses « distinctions » qui apportent notoriete, developpement economique et un indeniable sentiment de fierte collective. Toutefois, ces labels posent la question de savoir par qui et comment ils sont attribues, et au prix de quelles obligations contraignantes pour les communes qui les acquierent et doivent les conserver ? Parallelement, il existe aussi des grands concours nationaux, comme les « Trophees eco-actions » crees par l'association Eco-Maires, pour récompenser l'innovation et l'exemplarité des collectivités locales en matière de protection de l'environnement et de développement durable tout en affirmant leur rôle incontournable dans ces domaines. Par consequent, la mission preconise la creation d'un grand concours national annuel qui encouragera les communes a realiser des actions dans le domaine de la prevention des risques et de la resilience des territoires et valorisera ainsi les demarches volontaristes. Plusieurs criteres permettraient de selectionner les communes laureates, en tenant compte des actions d'acculturation et de prevention, des choix d'urbanisme et d'amenagement du territoire, de l'engagement des elus dans la formation, etc. Chaque commune pourrait ainsi mobiliser scolaires, etudiants, artistes, artisans et entreprises locales, pour participer a ce challenge et demontrer son engagement dans une strategie de prevention et de resilience. Un grand concours national, relaye tout au long de l'annee par les medias sociaux et traditionnels, pour acceder au titre de « Ville ou village resilient ». Qui fait quoi ? L'association nationale et internationale des maires et elus locaux pour le developpement durable (Les Eco Maires) pourrait apporter son savoir-faire et son experience pour mettre en place ce grand concours, en partenariat avec le ministere de la Transition ecologique et d'autres associations d'elus locaux. Recommandation 8. Créer un concours environnemental national et annuel à destination des communes. 4.3 Mieux utiliser la complémentarité des médias Renforcer la pratique des médias sociaux au sein des services de l'État : Parmi les constats partages presentes dans la partie 1, la defiance mutuelle entre l'Etat et ses institutions et les citoyens a ete fortement mentionnee. L'evenement majeur, ou la crise, en tant que moment fortement marque par des incertitudes, est un revelateur de la defiance des citoyens envers les politiques en charge de l'administration du pays, ou, autrement formule, de la competence ou l'incompetence de l'Etat et de ses institutions a gerer l'evenement (Bergeron et al, 202056 ; Borraz, 200857). Cela nous amene a la necessite de travailler sur cette confiance pour favoriser la co-construction et la diffusion d'une culture du risque partagee. Deux aspects doivent etre pris en consideration : Bergeron, Henri ; Borraz, Olivier ; Castel, Patrick et Dedieu, François (2020). Covid-19 : une crise organisationnelle, Presses de Sciences Po, octobre 2020 56 57 Borraz, Olivier (2008). Les politiques du risque. Presses de Sciences Po. : Paris Mission sur la transparence, l'information et la participation de tous a la gestion des risques majeurs, technologiques ou naturels Page 40/68 Rapport n° 013606-01 PUBLIÉ Tout d'abord, en ce qui concerne le format de la communication institutionnelle, les institutions françaises se restreignent encore bien souvent a la forme traditionnelle du communique de presse qui exclut de fait toute possible interaction avec les citoyens, voire qui les tient a l'ecart. Cette « culture du communique de presse » (Borraz, 2019)58 positionne les institutions etatiques aux antipodes de la communication plus horizontale permise par les medias sociaux et desormais attendue par des citoyens (Bubendorff & Rizza, a venir)59. Ensuite, on constate l'absence des autorites sur les medias sociaux en dehors des evenements majeurs. Ainsi, une utilisation quotidienne constituerait pour les institutions etatiques a la fois un moyen de se familiariser a ces outils et a leurs modes de communication et d'interactions et un vecteur d'apprivoisement et d'acculturation des citoyens a cette communication emanant des instances etatiques. Ainsi, certains auditeurs precisent que les instances etatiques doivent communiquer et interagir avec les citoyens (et communautes de citoyens) regulierement pour faire leur place sur les medias sociaux, s'acculturer a cette forme nouvelle de communication et voir leur parole porter lorsque cela sera necessaire. Par ce moyen, les citoyens et les communautes de citoyens deviennent eux-memes relai d'une information verifiee. Les médias sociaux, une chance pour la diffusion de l'information et l'interaction avec les citoyens : Les medias sociaux sont des plateformes ou applications Web 2.0. qui permettent a leurs utilisateurs de creer du contenu en ligne, de l'echanger, de le consommer et d'interagir avec d'autres utilisateurs ou leur environnement en temps reel. Ces dernieres annees, l'utilisation des medias sociaux a considerablement augmente et sa nature a change en devenant plus collaborative notamment lors d'evenements (Reuter et al., 2020)60. Les medias sociaux permettent a leurs utilisateurs de communiquer et d'interagir de manieres differentes et souvent combinees : la creation et diffusion d'informations, la gestion des relations, la communication et l'expression de soi. Sur la base de ces activites, on peut distinguer (Reuter et al., 2011)61 : Les wikis (par ex. Wikipedia) : pour la collecte d'informations et la creation de connaissances selon une logique collaborative ; Les blogs et micro-blogs (par ex. Twitter) : pour la publication d'informations et/ou l'expression de soi ; Les reseaux sociaux (par ex. Facebook) : pour la gestion des relations, l'expression de soi et la communication, ainsi que la collecte d'informations ; Les systemes de partage et d'indexation de contenu (par ex. Instagram, Youtube, TikTok): pour la creation et l'echange d'informations multimedia (photos, videos). Il faut egalement ajouter les plates-formes animees par des communautes de volontaires (par ex. Waze) qui permettent la cartographie collaborative, la contribution sur site et a distance, ainsi que le Borraz , Olivier (2019). « Lubrizol : pourquoi la « gestion de crise » a la française est depassee », The Conversation, oct. 2019, https://theconversation.com/lubrizol-pourquoi-la-gestion-de-crise-a-la-francaise-est-depassee-124648 58 Bubendorff Sandrine et Rizza Caroline (a venir). « La communication institutionnelle de crise a l'heure des medias sociaux : quelle place pour les citoyens ? ». Etude de Communication. Soumis 59 Reuter, C., Kaufhol, M.-A., Spahr, F., Spielhofer, T., & Hahne, A. S. (2020). Emergency service staff and social medias ­ A comparative empirical study of the attitude by emergency services staff in Europe in 2014 and 2017. International Journal of Disaster Risk Reduction 61 Reuter, C., Marx, A., & Pipek, V. (2011, mai). Social software as an infrastructure for crisis Management ­ a case study about current practice and potential usage. Proceedings of the 8th International ISCRAM Conference. 60 Rapport n° 013606-01 Mission sur la transparence, l'information et la participation de tous a la gestion des risques majeurs, technologiques ou naturels Page 41/68 PUBLIÉ partenariat public-prive-citoyen. Les portails communautaires d'amateurs meteo comme Infoclimat62 ou meteociel63 sont consultes par des milliers de personnes par jour en France et peuvent etre des vecteurs de vulgarisation des phenomenes naturels et d'information en temps reel. Ainsi, comme cela a ete souligne precedemment dans ce rapport, les medias sociaux constituent un element cle de la modernisation et de la co-construction de la culture du risque aujourd'hui : ils constituent a la fois un espace public virtuel ou de nombreuses informations, echanges et debats ont lieu et, en complement des medias historiques, un canal de diffusion de l'information selon un format plus « horizontal » en ce sens qu'ils soutiennent l'echange avec les citoyens ou entre citoyens. Un de nos auditeurs souligne a ce propos « le citoyen parle au citoyen ». Par ailleurs, afin d'eviter la propagation de rumeurs et de « stopper » toute campagne de desinformation, il est necessaire d'etre present sur les medias sociaux d'une maniere quotidienne et d'interagir avec les citoyens, en d'autres termes « faire sa place » sur ces medias afin d'y acquerir une legitimite de paroles et d'etre relaye par les citoyens eux-memes. Pour ce faire, il faudra : Jouer sur la complementarite des medias sociaux dont chaque categorie (Twitter, Facebook, Instagram, TikTok, etc.) a son propre public ; S'adapter aux codes de ces medias et a leurs methodes de communication : les medias sociaux impliquent une communication plus horizontale avec le citoyen c'est-a-dire une interaction directe. Ci-contre, capture d'ecran de la page Twitter de la Gendarmerie des Vosges pour annoncer des controles routiers a venir ­ on notera le nombre de mentions j'aime (8505), de retweets (743) et le commentaire humoristique du Prefet de Meurthe-etMoselle (Reference a l'interprete Manau de la chanson « la Vallee de Dana »). 62 63 https://www.infoclimat.fr/ https://www.meteociel.fr/ Mission sur la transparence, l'information et la participation de tous a la gestion des risques majeurs, technologiques ou naturels Page 42/68 Rapport n° 013606-01 PUBLIÉ En matiere de prevention, ne pas hesiter a publier des messages de maniere reguliere en mobilisant des visuels uniformises et deja connus ; ci-contre exemple de visuel « prets-a-twitter » diffuses et/ou relayes par les VISOV : la vigilance meteo est datee, tandis que les gestes a mettre en oeuvre sont generiques. Developper des collaborations avec des « youtubeurs », « influenceurs », graffeurs (Street Art), des groupes de jeunes (Love Army, Equipe Smile) pour toucher le public jeune. Recommandation 9. Mieux utiliser la complémentarité des médias historiques et médias sociaux afin de s'assurer que les messages sont diffusés par tous les canaux et reçus par l'ensemble de la population et saisir l'opportunité offerte par les médias sociaux pour interagir avec les citoyens. 4.4 Certains métiers à impliquer davantage La sensibilisation à la prévention des risques doit aussi passer par les professionnels de la construction et globalement par l'implication des métiers de l'aménagement du territoire et de l'urbanisme. La prévention des risques est souvent vue comme une démarche ex post : on aménage les territoires, on construit des bâtiments, mais on s'interroge après sur la façon de les adapter au risque. Si la démarche idéale est pratiquée en théorie pour le risque sismique où les recommandations parasismiques sont en général appliquées, ce n'est pas le cas pour d'autres risques comme l'inondation. Malgré quelques expériences d'aménagement qui ont fait leur preuve (cf quartier Matra à Romorantin64), cette adaptation reste marginale faute de prise de conscience de la part des professions concernées ou faute de connaissance des offres préventives dans les solutions de construction et de reconstruction des bâtiments. Qui fait quoi ? Les fédérations professionnelles - fédération du bâtiment (FFB), confédération des artisans et des petites entreprises du bâtiment (CAPEB) - pourraient diffuser une information à leurs adhérents et les former systématiquement sur la prévention des risques en particulier l'inondation pour qu'ils puissent, après un sinistre, proposer des solutions de reconstruction ou de réhabilitation adaptées au risque. Recommandation 10. Sensibiliser et former les métiers du bâtiment aux solutions intégrant des mesures préventives. Développer une offre permettant de s'affranchir du principe de reconstruction à l'identique post sinistre. Article Liberation, 27 juin 2016 https://www.liberation.fr/france/2016/06/27/inondations-un-quartier-touchemais-pas-coule_1461787/ 64 Rapport n° 013606-01 Mission sur la transparence, l'information et la participation de tous a la gestion des risques majeurs, technologiques ou naturels Page 43/68 PUBLIÉ 4.5 Fédérer, partager et généraliser les bonnes initiatives territoriales Comme evoque dans la partie 2.2.5, le pilotage national semble aujourd'hui eloigne, donc perçu comme flou aux acteurs qui sont dans l'operationnel. Meme si « les petits ruisseaux font les grandes rivieres », les nombreuses et bonnes initiatives presentes sur les territoires, evoquees par les personnes auditionnees, sont diluees et vecues par les acteurs comme une mise en oeuvre de moyens pour peu de resultats. La mission s'est donc penchee sur la question d'une structure interministerielle qui engloberait risques majeurs et risques technologiques a l'instar du Secretariat general a la mer (SGMer) de son Comite interministeriel a la mer (CIMer) ou de la Delegation de la securite et de la circulation routieres (DSCR) et de son Comite interministeriel de la securite routiere (CISR). L'exemple de la securite routiere a ete evoque maintes fois lors des auditions. Le Secretariat general aux Risques Majeurs pourrait : Coordonner l'action de l'Etat et encourager les actions decentralisees mises en oeuvre par les acteurs locaux ; Evaluer ces actions et exercer une reflexion prospective ; Preparer les comites interministeriels des risques majeurs et veiller a l'execution de la feuille de route et des decisions prises. Sous l'autorite du Premier ministre, en collaboration avec les ministeres et organismes concernes, le comite interministeriel des risques majeurs serait charge de fixer les orientations nationales et definirait les differentes actions a mener au niveau national et prendrait toute mesure pour generaliser les bonnes pratiques territoriales, en renforçant notamment les moyens humains et materiels. Alors faut-il creer une nouvelle structure interministerielle avec un rattachement a definir ? Ou s'appuyer sur une structure existante en revoyant son perimetre et sa gouvernance ? Laquelle ? Le COPRNM est cite par certains : « C'est lui qu'il faut mettre en valeur. Le transformer en « tous les risques » et le rendre plus opérationnel ». « C'est un organisme qui a été oublié qui est très important aujourd'hui ». Selon d'autres, l'IRMa meriterait de s'etendre au niveau national. La DGPR pourrait egalement etre renforcee dans ses prerogatives. La question merite d'etre posee. Cote territoire, la mission interregionale inondation arc mediterraneen (MIIAM)65 porte une dynamique sur la culture du risque inondation regionale a l'echelle de 23 departements de la zone de defense Sud (ci-dessous en jaune) sur la prevention des risques inondations. Cette mission, sous la direction du prefet de la zone de defense sud et copilotee par la DREAL Provence Alpes Cote-d'Azur et l'etat-major de zone (cf zones de defense actuelles en metropole ci-contre), a pour objectif d'ameliorer les dispositifs de prevention des risques inondations et de mettre en oeuvre des actions coherentes sur son perimetre en creant des partenariats operationnels. 65 Cf. annexe 5 Mission sur la transparence, l'information et la participation de tous a la gestion des risques majeurs, technologiques ou naturels Page 44/68 Rapport n° 013606-01 PUBLIÉ Pour cela, elle facilite un travail interministeriel et multi-partenarial en favorisant notamment les synergies entre les acteurs de la prevention et de la protection civile. La MIIAM a ainsi developpe de nombreuses experimentations et actions sur la culture du risque. Recommandation 11. Dupliquer la mission inter-régionale inondations de l'arc méditerranéen dans tous les États-majors de zone de défense dans un format « multirisques ». Envisager une structure nationale interministérielle « multirisques » destinée à coordonner les actions de prévention des risques. 4.6 L'alerte, une forme d'information à intégrer dans la culture du risque Quand alerte et information doivent s'associer pour ne faire plus qu'un : Pour le dictionnaire Larousse « l'alerte » est « un signal qui prévient d'un danger imminent » tandis que « l'information » est « une action d'informer quelqu'un, un groupe, de le tenir au courant des évènements ». Or, aujourd'hui l'alerte évolue pour devenir informative, afin de permettre aux citoyens d'agir vite et de façon adaptée à la situation. Lorsqu'une alerte est declenchee, le besoin de comprendre une situation pour se proteger est primordial. Si l'individu comprend ce qu'il se passe, il est plus a meme d'agir. Aussi, meme si on peut considerer l'alerte comme etant en dehors du champ de la culture du risque, elle se situe dans le prolongement direct de la communication preventive et de la mise en vigilance, et peut constituer une forme d'information permettant d'anticiper les conduites a adopter lors de futurs evenements. La culture s'inscrivant dans le temps long, elle doit en effet etre integree tout au long du processus de la gestion des risques, de la prevention a la reconstruction, en passant par la mise en protection des biens et des personnes. Ce principe d'alerter en informant est d'ailleurs en partie prevu dans le point 3 de l'article R. 732-20 du code de la securite interieure, puisque « Les mesures destinées à informer la population » comprennent : La mise a disposition permanente d'informations sur l'etat de vigilance qui a pour objet de prevenir ou de signaler certains risques naturels ou technologiques ou certaines menaces ; L'emission sur tout ou partie du territoire soit d'un message d'alerte, soit du signal national d'alerte, soit de l'un et de l'autre ; La diffusion, repetee tout au long de l'evenement, de consignes de comportement et de securite a observer par la population ; L'emission soit d'un message de fin d'alerte, soit du signal national de fin d'alerte, soit de l'un et de l'autre. Lors d'un cyclone, par exemple, la mise en vigilance doit comporter, en plus des consignes de comportement et de securite, des elements explicatifs du phenomene, de sa trajectoire, etc. Ensuite, la mise en alerte pourra, selon le canal utilise, renforcer ces informations. En effet, lors de son relais sur les medias traditionnels (television, radio), le message pourra etre largement informatif et reprendre l'ensemble des elements de contexte. Au contraire, la transmission de l'alerte sur Smartphone (via SMS geolocalise ou Cell-broadcast66 devra etre concise et ne delivrer que l'information essentielle pour une action immediate. 66 Terminologie française : diffusion cellulaire Mission sur la transparence, l'information et la participation de tous a la gestion des risques majeurs, technologiques ou naturels Page 45/68 Rapport n° 013606-01 PUBLIÉ La nécessité d'avoir une charte commune aux informations sur le risque, de la prévention à l'alerte : comment insuffler une culture du risque sans un socle commun de connaissances incluant un code visuel et sonore identique sur l'ensemble du territoire ? Les documents d'information et de communication doivent être repérables au premier coup d'oeil et éviter de ressembler à des publicités. Ainsi, par exemple, des touristes venant du Nord de la France et se rendant dans le Sud pourraient tout de suite identifier que la plaquette sur les feux de forêt est bien une documentation officielle identique à celle qu'ils ont sur le risque inondation de leur secteur de résidence habituel. De même, les alertes relevant du gouvernement devraient toutes être basées sur la même logique afin que les citoyens appréhendent immédiatement le danger et puissent l'identifier, en particulier lorsqu'il s'agit de messages transmis sur les médias. Le bon moment pour l'alerte Il n'est pas toujours évident, pour le décideur, de juger du moment opportun pour déclencher l'alerte, en particulier lorsqu'il s'agit d'événements à cinétique rapide, comme les crues rapides dans des régions où elles sont récurrentes (épisodes cévenols ou méditerranéens). Cependant, ce type d'alerte, trop répétée et souvent étendue à un territoire trop large, peut engendrer une forme de banalisation des messages, les rendant peu lisibles. Le déclenchement d'une alerte aux populations doit rester exceptionnel et concerner un danger grave et imminent. Cela implique des critères de déclenchement précis, à définir en fonction des risques et des outils de surveillance disponibles. Le déclenchement peut être national ou sur un bassin de population potentiellement menacé. Sur ce dernier point, une approche ciblée sur l'impact du nombre de personnes et la zone concernée est donc nécessaire. Les SMS géolocalisés et le Cell-broadcast permettent de gérer l'alerte sur un maillage territorial précis. En revanche, l'utilisation des médias traditionnels ne pourra concerner qu'un maillage plus large, basé soit sur les anciennes régions administratives sur lesquelles sont encore calqués les bassins de diffusion des médias, soit sur les zones d'émissions des émetteurs de radio et de télédiffusions (soit près de 20 000 sites répartis sur l'ensemble du territoire et l'outre-mer). Radio, télé, téléphonie, etc., ces antennes permettent de toucher facilement une population sur un territoire donné. Ils sont les relais des médias audiovisuels qui sont des vecteurs d'information des populations. Relayer efficacement les alertes informatives aux populations Les alertes informatives aux populations doivent obligatoirement passer par des canaux précis. Le code de la sécurité intérieure le prévoit d'ailleurs dans l'article R 732-25 : « Les mesures d'alerte ont pour objet d'avertir la population de la nécessité de se mettre immédiatement à l'abri du danger et de se porter à l'écoute de l'un des programmes nationaux ou locaux de radio ou de télévision des sociétés nationales de programme Radio France, France Télévisions et son réseau en outre-mer et, le cas échéant, d'autres services de radiodiffusion sonore et de télévision dont la liste est fixée dans les conditions prévues au 1° de l'article R. 732-23 ». Ce fonctionnement permet de garantir aux populations qu'une alerte diffusée par le service public est fiable. La modernisation de l'alerte, actuellement en cours, intègre cette diffusion dans les programmes de service public, ainsi que par messages sur Smartphones. Elle permettra aux populations de mieux comprendre ce qu'il se passe ; et l'intégration du message d'alerte dans un dispositif global d'information autour de la culture du risque devrait permettre de mieux adapter les comportements au danger. Recommandation 12. Mettre en place un dispositif d'alerte aux populations, charté, connu et reconnu de tous, délivrant des informations de contexte et de prudence au plus proche des évènements. Rapport n° 013606-01 Mission sur la transparence, l'information et la participation de tous a la gestion des risques majeurs, technologiques ou naturels Page 46/68 PUBLIÉ 4.7 Une temporalité des actions « chaque chose en son temps » La culture correspond à un temps long, mais elle doit passer, sur le court terme, par des actions qui rendent les citoyens acteurs et des messages de prévention formulés avec pédagogie et régulièrement répétés. Il est alors proposé un calendrier précisant les court, moyen et long termes pour la mise en oeuvre des recommandations citées dans ce document. Recommandations Un évènement national, fédérateur et mobilisateur (chaque année autour du 13 octobre) Elaboration d'un « kit » pédagogique national et téléchargeable Développer et adapter la plateforme « Géorisques » pour en faire le site de référence Création d'unités mobiles pour une expérience physique et sensorielle des risques Encourager la valorisation des résultats des projets de recherche via des supports pédagogiques et grand public Sensibilisation et formation des élus locaux Désignation par le maire d'un référent « risques » Création d'un concours environnemental national Mieux utiliser les média sociaux pour diffuser des messages et interagir avec les citoyens Sensibilisation et formation des professionnels du secteur du bâtiment Dupliquer la mission interrégionale de l'arc méditerranéen Réflexion sur une structure nationale interministérielle Mise en place d'un dispositif d'alerte « charté » connu et reconnu de tous 2021 2022 2023 2024 Mise en oeuvre immediate et perennite dans le temps Elaboration de l'action puis mise en oeuvre dans l'annee indiquee Rapport n° 013606-01 Mission sur la transparence, l'information et la participation de tous a la gestion des risques majeurs, technologiques ou naturels Page 47/68 PUBLIÉ Conclusion La mission de six mois a porté sur la transparence, l'information et la participation de tous à la gestion des risques majeurs, technologiques ou naturels. Malgré un temps contraint et des conditions particulières liées à la crise sanitaire, sa volonté a été de comprendre les ressorts de la culture du risque en France en auditionnant le plus d'acteurs possible afin d'entendre et de comprendre la réalité et l'expérience de ces parties prenantes, leur souhait d'aller plus loin et d'agir plus vite. Cela a été mentionné à maintes reprises : les hommes et les femmes dévoués à la prévention des risques technologiques et naturels en France sont nombreux et forment un tissu riche d'expériences et d'initiatives encourageantes dans toutes les sphères de notre société. Des défis subsistent encore : reconstruire une confiance mutuelle entre nos citoyens et leurs institutions, redéfinir une politique de sensibilisation et d'information attractive adaptée aux différents publics, s'acculturer au numérique et notamment aux médias sociaux, former systématiquement nos élus locaux, assurer la coordination et la pérennité des actions dans le temps... Les recommandations proposées ont l'ambition de répondre à ces défis d'une manière concrète, simple et facilement mise en oeuvre, l'objectif ultime étant de limiter les conséquences humaines, matérielles (dont financières) et psychologiques pour les populations affectées. Nous avons la conviction que la culture du risque peut devenir un sujet particulièrement mobilisateur, source d'intelligence collective, si elle s'inscrit dans une approche pédagogique globale et positive ouverte sur l'avenir. En conclusion de ce rapport nous formulons de nos voeux que cette nouvelle culture du risque encourage et engage les publics vers une meilleure connaissance de leur environnement naturel et technologique, de leurs attraits et de leurs menaces, en créant du lien, en transmettant la mémoire du territoire et en innovant par des actions au présent. « Dans la vie, rien n'est à craindre, tout est à comprendre » Marie Curie Physicienne, Scientifique (1867 - 1934) Rapport n° 013606-01 Mission sur la transparence, l'information et la participation de tous a la gestion des risques majeurs, technologiques ou naturels Page 48/68 PUBLIÉ Frédéric COURANT Jean-Frédéric BISCAY Damien BOUTILLET Caroline RIZZA Freddy VINET Karine WEISS Maryline SIMONÉ Julie DEHAYS Les membres de la mission remercient toutes les personnes auditionnées, pour leur disponibilité et leur contribution à ce rapport. Rapport n° 013606-01 Mission sur la transparence, l'information et la participation de tous a la gestion des risques majeurs, technologiques ou naturels Page 49/68 PUBLIÉ Annexes Rapport n° 013606-01 Mission sur la transparence, l'information et la participation de tous a la gestion des risques majeurs, technologiques ou naturels Page 50/68 PUBLIÉ 1 Lettre de mission Rapport n° 013606-01 Mission sur la transparence, l'information et la participation de tous a la gestion des risques majeurs, technologiques ou naturels Page 51/68 PUBLIÉ Rapport n° 013606-01 Mission sur la transparence, l'information et la participation de tous a la gestion des risques majeurs, technologiques ou naturels Page 52/68 PUBLIÉ Rapport n° 013606-01 Mission sur la transparence, l'information et la participation de tous a la gestion des risques majeurs, technologiques ou naturels Page 53/68 PUBLIÉ 2 Guide d'entretien Rapport n° 013606-01 Mission sur la transparence, l'information et la participation de tous a la gestion des risques majeurs, technologiques ou naturels Page 54/68 PUBLIÉ 3 Lois et outils règlementaires Intitulé Texte de référence Loi n° 87-565 du 22 juillet 1987 Abrogee par la loi du 13 aout 2004 Loi n°95-101 du 2 fevrier 1995 Objectifs Lois Rédaction et mise en oeuvre Commentaire Loi relative a l'organisation de la securite civile, a la protection de la foret contre l'incendie et a la prevention des risques majeurs Loi Barnier Organiser la securite civile en France et instaurer le droit a l'information preventive du public Renforcer la protection de l'environnement Etat Etat Toute la population doit avoir acces a l'information preventive sur les risques majeurs. Instauration des PPR. Creation du fonds de prevention des risques naturels majeurs. Loi « risques » Loi n°2003-699 du 30 juillet 2003 Renforcer la prevention des risques technologiques et naturels et la reparation des dommages. Etat Promulguee suite a l'explosion sur le site AZF a Toulouse le 21 septembre 2001. Creation des PPRT La securite civile doit Etat etre l'affaire de tous (sensibilisation des populations, apprentissage generalise des gestes de secours, nouvel elan pour le volontariat chez les pompiers, redefinition du role des associations, ...) Loi de modernisation de la securite civile Loi n° 2004-811 du 13 aout 2004 Mobiliser l'ensemble des competences impliquees dans la prevention et l'organisation des secours concernant les risques technologiques, naturels ou de nature terroriste Documents réglementaires Dossier departemental sur les risques majeurs (DDRM) Decret du 11 octobre 1990 Recenser des informations sur l'ensemble des risques majeurs a l'echelle du departement Prefet Article R. 125-11 du CE « Le DDRM comprend la liste de l'ensemble des communes mentionnees a l'article R. 125-10 avec l'enumeration et la description des risques majeurs auxquels chacune de ces communes est exposee, l'enonce de leurs consequences previsibles pour les personnes, les biens et l'environnement, la chronologie des evenements et des accidents connus et significatifs de l'existence de ces risques et l'expose des mesures generales de prevention, de protection et de sauvegarde prevues par les autorites publiques dans le departement pour en limiter les effets. Il est mis a jour, en tant que de besoin, dans un delai qui Rapport n° 013606-01 Mission sur la transparence, l'information et la participation de tous a la gestion des risques majeurs, technologiques ou naturels Page 55/68 PUBLIÉ ne peut exceder cinq ans. Transmission d'information aux maires (TIM) Decret du 11 octobre 1990 Transmettre les informations aux maires concernant les risques majeurs sur leur commune Prefet Article R. 125-11 « Le prefet adresse aux maires des communes les informations contenues dans les documents mentionnes a l'article R. 125-10 interessant le territoire de chacune d'elles, les cartographies existantes des zones exposees ainsi que la liste des arretes portant constatation de l'etat de catastrophe naturelle. » Plan de Prevention des risques naturels previsibles (PPRN) Loi n°95-101 du 02 fevrier 1995 Delimiter les zones exposees aux risques et reglementer l'utilisation des sols. Il peut etre rendu obligatoire par le prefet lorsque le territoire est soumis a un risque naturel important reconnu par des faits historiques. Plan de prevention des risques d'inondation (PPRI) Plan de prevention des risques miniers (PPRM) Plan de prevention des risques technologiques (PPRT) Loi n°2003-699 du 30 juillet 2003 Prefet en concertation avec les collectivites. Loi n°95-101 du 02 fevrier 1995 Loi du 30 mars 1999 Prefet en concertation avec les collectivites. Obligatoire autour des installations Seveso seuil haut. Concerne plus de 800 communes et 16 000 logements. En fevrier 2020, 385 ont ete approuves sur les 390 a elaborer. Programme d'Actions de Prevention des Inondations (PAPI) Lances en 2002 Promouvoir une gestion integree des risques d'inondation en vue de reduire leurs consequences dommageables sur la sante humaines, les biens, les activites economiques et l'environnement Redige par les collectivites ou les syndicats de bassin et approuve par le prefet Finance par tous les echelons etatiques (Etat, Region, Departement, agglomeration) Plan communal de sauvegarde (PCS) Loi 2004-811 du 13 aout 2004 Article L. 731-3 du Code de la securite interieure Preparer et organiser la commune pour faire face aux situations d'urgence Maire Toutes les communes dotees d'un plan de prevention doivent realiser un PCS. Il doit contenir le DICRIM revise au maximum tous les 5 ans. Document d'information communal sur les risques majeurs (DICRIM) Decret du 11 octobre 1990 Et articles R. 125-11, 12 et 14 du code de l'environnement Informer les populations sur l'ensemble des risques majeurs a l'echelle communale. Communiquer sur les bons gestes et consignes de securite Maire Le DICRIM doit etre obligatoirement realise lorsque la commune est concernee par un PPR. Peut etre realise volontairement sans PPR. 28 000 communes sont concernees par un PPR. A ce jour, environ 9 000 Prefet en concertation avec les collectivites. Realise et approuve par le prefet en concertation avec les collectivites. Le maire est charge de sa bonne application (annexion au PLU, carte communale). Il comporte une note de presentation, les documents graphiques et le reglement. Les mairies doivent le mettre a disposition du public Rapport n° 013606-01 Mission sur la transparence, l'information et la participation de tous a la gestion des risques majeurs, technologiques ou naturels Page 56/68 PUBLIÉ communes l'ont realise. Le maire doit communiquer son existence par un avis affiche pendant au moins deux mois a la mairie. Reperes de crues Article R. 563-12 du Code de l'environnement. Recensement des crues historiques d'une commune afin d'installer et maintenir des reperes dans les espaces publics et prives indiquant les plus hautes eaux connues (PHEC) Information des acquereurs et des locataires (IAL) de biens en zones a risques Loi n°2003-699 du 30 juillet 2003 Informer les acheteurs ou les locataires des plans de prevention Vendeurs/ bailleurs Deux obligations sont codifiees a l'article L. 125-5 du code de l'environnement (article 77 de la loi) : - Une 1ere obligation d'information sur les risques technologiques et naturels affectant tout ou partie du bien immobilier - Une 2eme obligation d'information sur les sinistres resultant de catastrophes technologiques ou naturelles reconnues ayant affecte en tout ou partie l'immeuble bati concerne. Maire Depuis 2003 Rapport n° 013606-01 Mission sur la transparence, l'information et la participation de tous a la gestion des risques majeurs, technologiques ou naturels Page 57/68 PUBLIÉ 4 Des communautés expertes en ligne affiliées et non-affiliées aux instances étatiques Parmi les associations citoyennes desormais affiliee et reconnue par les instances etatiques, l'association VISOV (loi 1901) a ete fondee en 2014. Sa mission est de « fournir un soutien technique, methodologique et des renforts operationnels lors d'actions menees sur les medias sociaux dans le cadre de la gestion de l'urgence et de crise de securite civile » 67 . Inspiree des Virtual Operations Support Teams (VOST) a l'international l'association VISOV en est la version francophone. Les VISOV proposent une activite de suivi, tri et remontee d'informations pertinentes issues des medias sociaux aux institutions partenaires sur l'ensemble de la chaine operationnelle de gestion de crise : PC Communal, SDIS, Prefecture, Etat-major Zonal, COGIC au Ministere de l'Interieur. L'activite des VISOV recoupe deux types de temporalite qui recouvrent a la fois le quotidien et l'evenement majeur (Batard, 2021)68 : Le quotidien, caracterise par une « veille active » lors de laquelle les volontaires echangent dans des salles Whatsapp thematiques (par exemple : « volontaire », « meteo ») toute information publiee sur internet et pouvant interesser d'autres volontaires (evenement a suivre, faits mineurs, debut de crise, etc.) ; L'activation qui precede un evenement majeur lorsqu'il est anticipe ou bien lors de l'evenement lorsqu'il est soudain, pendant laquelle les VISOV sont mobilises a la demande (ou pas) d'une institution ou organisation officielle de securite civile. A cette occasion une salle WhatsApp dite ESOV (Équipe de Soutien Opérationnel Virtuel) rassemble les volontaires disponibles en ligne et au minimum un tableur partage est cree (une cartographie collaborative peut egalement l'etre) pour faire remonter toute information jugee importante aupres des institutionnels ayant active les VISOV. Les travaux de recherche menes sur la question des volontaires virtuels en gestion de crise ainsi que les entretiens menes dans le cadre de la mission soulignent l'importance aujourd'hui attribuee a l'association VISOV ainsi que le role qu'elle joue en termes de prevention et de diffusion de l'information vers les citoyens lorsqu'elle est activee. De notre point de vue, les VISOV effectuent une partie importante du travail de veille des medias sociaux et constituent un relai pertinent et credible vers les citoyens permettant de decharger les institutions en charge et de les soutenir quant dans le traitement et l'apport de l'information circulant sur les medias sociaux lors d'un evenement. D'autres communautes expertes citoyennes meritent d'etre aussi d'etre mentionnees pour leur travail de documentation sur un evenement passe ou en cours comme la communaute Wikipedia qui a depuis le debut de la crise sanitaire joue un role significatif dans la lutte sur a desinformation (voir l'audition du President de la Fondation Wikipedia France par le CSA dans le cadre de la lutte contre la desinformation relative a la crise sanitaire). Par des mecanismes propres a la plateforme et des regles mises en place par la communaute wikipedienne, le media social collaboratif agrege et publie des informations verifiees et pertinentes. Wikipedia est ainsi une encyclopedie collaborative en ligne alimentee par les contributions des internautes. Elle constitue une experience inedite en termes d'ouverture a la participation d'internautes a la redaction de contenu. Depuis 2003, le site est consulte avant tout pour ses articles concernant des evenements d'actualite. Mais avant d'etre une encyclopedie generaliste, Wikipedia est utilisee par les internautes comme un moyen d'obtenir de l'information sur un evenement en cours ou recent : c'est un lieu en ligne incontournable, quelle que soit l'actualite (deces d'une personnalite celebre ou autre evenement d'actualite). L'encyclopedie en ligne donne par www.visov.org Batard, Robin (2021). « Les medias sociaux, vecteurs d'integration des initiatives citoyennes en gestion de crise », these de doctorat en Sciences de l'Information et de la Communication, I3-Telecom Paris (UMR9217) et IMT-Mines Albi, soutenance le 25 juin 2021. 67 68 Rapport n° 013606-01 Mission sur la transparence, l'information et la participation de tous a la gestion des risques majeurs, technologiques ou naturels Page 58/68 PUBLIÉ ailleurs lieu a de nombreux echanges entre les contributeurs, que l'on retrouve dans les onglets « discussions » presents pour chacune des pages Wikipedia (par ex. Bubendorff et Rizza, 2021)69. A ce titre, cette communaute citoyenne experte non-affiliee joue peut jouer un role significatif dans la communication vers les citoyens sur les risques majeurs d'un territoire, sur la documentation relative a ces risques, et enfin dans le cas d'un incident majeur sur le faire-sens de l'evenement en cours. Bubendorff, Sandrine et Rizza, Caroline (2021). « Wikipedia face a la crise de Covid-19 ». Les annales des Mines, juin 2021 69 Rapport n° 013606-01 Mission sur la transparence, l'information et la participation de tous a la gestion des risques majeurs, technologiques ou naturels Page 59/68 PUBLIÉ 5 Mission interrégionale inondation arc méditerranéen (MIIAM) Rapport n° 013606-01 Mission sur la transparence, l'information et la participation de tous a la gestion des risques majeurs, technologiques ou naturels PUBLIÉ Page 60/68 6 Liste des personnes rencontrées NOM Acharian Allione PRÉNOM Celine Gregory ORGANISME Autorite de surete nucleaire Federation nationale des sapeurspompiers IRMa IFFO-RME CEPRI Ministere de l'Interieur FONCTION Directrice de la communication President DATE DE RENCONTRE 04.06.2021 18.02.2021 Airenti Bazin Beaufils Bernier Bernard Daniele Marie-France Michael Blein Bouillon de Choudun Collard DanielLacombe Debar Delalonde Delrieu Delcamp Doroszczuk Durand Durandau Druez Faytre Galichet Yves Christophe Henri Eric Eric Anne Jean-Claude Andre Christophe Bernard Pierre-Andre Emmanuelle Yvelyne Ludovic Olivier AMARIS Mairie de Barentin IRMa VISOV Bureau d'architecture EDL Meteo France ANCCLI UNALCI FFA Autorite de surete nucleaire Seine-Maritime PUCA ANCCLI Institut Paris Region Agence numerique de la securite civile IRMa Vice-President Vice-Presidente Presidente Lieutenant-colonel de sapeur-pompier Charge de mission a l'Etatmajor interministeriel de la Zone de defense nord President Maire et President de l'association des petites villes de France Membre du conseil d'administration President Architecte Directrice generale adjointe President Co-president Directeur general adjoint President Prefet Secretaire permanente adjointe presidente de la CLI du centre de stockage de la Manche Responsable des etudes risques Lieutenant-Colonel, charge de mission Pole offre de services et partenariats Directeur 16.03.2021 18.03.2021 05.02.2021 17.02.2021 18.02.2021 03.03.2021 16.03.2021 18.03.2021 01.04.2021 19.03.2021 23.03.2021 15.04.2021 30.02.2021 04.06.2021 02.02.2021 12.03.2021 23.03.2021 08.04.2021 24.02.2021 Giannocaro François 16.03.2021 Rapport n° 013606-01 Mission sur la transparence, l'information et la participation de tous à la gestion des risques majeurs, technologiques ou naturels Page 61/68 PUBLIÉ Guilbert Celine Federation nationale des sapeurspompiers Chargee du developpement des competences, des profils et de l'innovation Ancien président de la Commission d'Orientation de la Recherche et de l'Expertise de l'Ineris (CORE) Charge de mission risque nucleaire Chef de bureau d'analyse et de gestion des risques Direction generale de la securite civile et de la gestion de crises Co-presidente President Deleguee generale Directeur des operations pour la prevision Depute de la 2eme circonscription Membre du conseil d'administration, charge des risques, ancien depute-maire de Chatelaillon-Plage Directeur Directrice de la communication Maire Tresoriere et secretaire adjointe Directrice de projets a la delegation interministerielle aux risques majeurs outremer Directeur general adjoint 18.02.2021 Hayotte Gerald 17.03.2021 Hérard Hocdé Serge Yves MARN Ministere de l'interieur 25.03.2021 16.03.2021 Janisset Kert Lair Lalaurette Larive Léonard Josiane Christian Christine François Michel Jean-Louis UNALCI AFPCN ANEL Meteo France Ariege ANEL 15.04.2021 07.04.2021 18.02.2021 19.03.2021 16.02.2021 18.02.2021 Lheureux Morin Menassi Merel Montacer Yves Pauline Eric Odile Ilham ANCCLI Meteo France Trebes UNALCI Ministere de la Transition ecologique Communaute d'agglo du pays d'Arles / Crau / Eaux Camargue / Montagnette Ministere de la Transition ecologique CNRS AFPCN Association des maires de France (AMF) FFA IRMa 23.03.2021 19.03.2021 17.02.2021 15.04.2021 23.03.2021 Montagnier Andre 11.02.2021 Mortier Musquet November Nussbaum Oberlé Penet Perrotin Frederic Gael Valerie Roland Sylviane Stephane Gerard Delegue interministeriel aux risques majeurs outre-mer Hacker citoyen Directrice de recherche Secretaire general Chargee des missions de prevention des pollutions et des inondations Delegue general adjoint President 23.03.2021 17.03.2021 11.02.2021 07.04.2021 08.04.2021 30.02.2021 16.03.2021 Rapport n° 013606-01 Mission sur la transparence, l'information et la participation de tous à la gestion des risques majeurs, technologiques ou naturels Page 62/68 PUBLIÉ Peskine Petit Petrault Pierron Prudhon Rabat Reghezza Helene Jean-Philippe Françoise Sylvette Philippe Florance Magali PUCA AEPJR Ministere de l'education nationale IFFOR-ME France Chimie FNP Directrice President Sous-directrice de l'action Educative - DGESCO Presidente Directeur des affaires techniques Chargee de la jeunesse, de la prevention et de l'education du citoyen face aux risques Maître de conferences en geographie Directrice du Centre de formation sur l'environnement et la societe (CERES) Directeur de l'environnement et des situations d'urgence Chef de bureau de la sante et de l'action sociale - DGESCO Officier sapeur-pompiers du Rhone, membre de l'IRMa Historien Presidente directrice generale Conseillere aupres du President Membre du conseil d'administration Directeur de l'urgence et des operations de secours President Commissaire Deputee de la 2eme circonscription Pilote le reseau « Risques et Impacts Industriels » Chargee de la mission d'ecoute et d'appui Ancien Maire Administrateur general 12.03.2021 16.04.2021 22.04.2021 18.03.2021 14.06.2021 18.02.2021 12.02.2021 Rivière Rogeon Sapet Sauzeau Schwarz Soubelet Taboulot Testa Thuriot Tourjansky Tuffnell Vastel Verrhiest Weiss Zyltman Olivier Benoît Benoît Thierry Virginie Veronique Serge Philippe Denis Laure Frederique Ginette Ghislaine Jean-Claude Marc Autorite de surete nucleaire Ministere de l'education nationale IRMa Universite de Poitiers Meteo France FNP IRMa Croix-Rouge COPRNM Autorité de sureté nucléaire CharenteMaritime France nature environnement (FNE) MIIAM Notre-Dame de Gravenchon Croix-Rouge 04.06.2021 22.04.2021 16.03.2021 14.04.2021 19.03.2021 18.02.2021 16.03.2021 05.03.2021 01.04.2021 04.06.2021 19.02.2021 04.02.2021 12.02.2021 19.03.2021 05.03.2021 Rapport n° 013606-01 Mission sur la transparence, l'information et la participation de tous à la gestion des risques majeurs, technologiques ou naturels Page 63/68 PUBLIÉ 7 Glossaire des sigles et acronymes ACRONYME AEPJR AFPCN AMF ANEL CAPEB CAT NAT CEPRI CEREMA CGDD CGEDD CIMer CISR CLI CNDP CNPT COGIC COM COPRNM CSS DAC DDRM DDT DDTM DGPR DGSCGC DICOM DICRIM DIRMOM DOM SIGNIFICATION Association des entreprises de Port-Jérôme et de sa région Association française pour la prévention des catastrophes naturelles Association des maires de France Association nationale des élus du littoral Confédération des artisans et des petites entreprises du bâtiment Catastrophe naturelle Centre européen de prévention de risque d'inondation Centre d'études et d'expertise sur les risques, l'environnement, la mobilité et l'aménagement Commissariat général au développement durable Conseil général de l'environnement et du développement durable Comité interministériel à la mer Comité interministériel de la sécurité routière Commission locale d'information Commission nationale du débat public Centre National de la Fonction Publique Territoriale Centre opérationnel de gestion interministérielle des crises Collectivités d'outre-mer Conseil d'orientation pour la prévention des risques naturels majeurs Commission de suivi de site Direction de l'administration centrale Document départemental des risques majeurs Direction départementale des territoires Direction départementale des territoires et de la mer Direction générale de la prévention des risques Direction générale de la sécurité civile et de la gestion des crises Direction de la communication Document d'information communale sur les risques majeurs Délégation interministérielle aux risques majeurs outre-mer Départements d'outre-mer Rapport n° 013606-01 Mission sur la transparence, l'information et la participation de tous à la gestion des risques majeurs, technologiques ou naturels Page 64/68 PUBLIÉ DOS DREAL DSCR ECASC ECO MAIRES ENSOSP EPCI ERRIAL FFA FFB FNE IAL ICPE IFFO-RME IRMa MIIAM MTE NEMA ONG PACA PAPI PCS PLU PPR PPRI PPRL PPRN PPRT RGA SDIS SFN SGMer Rapport n° 013606-01 Directeur des opérations de secours Direction régionale de l'environnement, de l'aménagement et du logement Délégation de la sécurité et de la circulation routière Ecole d'application de sécurité civile Association nationale et internationale des maires et élus locaux pour le développement durable Ecole nationale supérieure des officiers de sapeurs-pompiers Etablissement public de coopération intercommunale Etat des risques réglementés pour l'information des acquéreurs et des locataires Fédération française de l'assurance Fédération française du bâtiment France nature environnement Information acheteur locataire Installations classées pour la protection de l'environnement Institut français des formateurs risques majeurs et protection de l'environnement Institut des risques majeurs Mission interrégionale inondation de l'arc méditerranéen Ministère de la transition écologique National Emergency Management Agency Organisation non gouvernementale Provence-Alpes-Côte d'Azur Plan d'actions de prévention des inondations Plan communal de sauvegarde Plan local d'urbanisme Plan de prévention des risques Plan de prévention des risques inondations Plan de prévention des risques littoraux Plan de prévention des risques naturels Plan de prévention des risques technologiques Retrait gonglement des argiles Service départemental d'incendie et de secours Solutions fondées sur la nature Secrétariat général à la mer Mission sur la transparence, l'information et la participation de tous à la gestion des risques majeurs, technologiques ou naturels Page 65/68 PUBLIÉ SNSM UICN UNESCO Société nationale des sauveteurs en mer Union internationale pour la conservation de la nature Organisation des Nations Unies pour l'éducation, la science et la culture Rapport n° 013606-01 Mission sur la transparence, l'information et la participation de tous à la gestion des risques majeurs, technologiques ou naturels Page 66/68 PUBLIÉ PUBLIÉ PUBLIÉ (ATTENTION: OPTION ge 33/68 Rapport n° 013606-01 PUBLIÉ La sensibilisation en milieu scolaire et periscolaire est donc une priorite et passe forcement par la formation aux premiers secours et bons gestes qui doit rester, au college, un apprentissage dans lequel s'inscrivent differents objectifs : de solidarite, de pedagogie sur l'environnement et donc de culture du risque. Toutefois, la mission constate que cette sensibilisation en milieu scolaire se realise actuellement de façon inegale et sporadique selon les territoires. Les enseignants, notamment en primaire, manquent de ressources pedagogiques adaptees, la solution etant souvent de faire appel a des intervenants exterieurs (sapeurs-pompiers notamment souvent sollicites). La mission estime qu'il est primordial d'encourager et d'accompagner les enseignants dans leur demarche de sensibilisation aux risques, en renforçant et en harmonisant l'arsenal des ressources pedagogiques, et en les rendant accessibles a tous sur l'ensemble du territoire, de façon simple et gratuite. Ces ressources seront aussi librement utilisables par tous les acteurs de la prevention et par les communes soucieuses d'informer leurs habitants. Il est propose un kit pedagogique ayant pour vocation la diffusion d'un socle commun de connaissances sur l'ensemble des risques qui touchent les territoires français, compose de differents supports, euxmemes adaptes a differents ages : une serie de videos de « vulgarisation » traitant de chaque type de risque, construite autour de 3 axes : le phenomene/ses impacts/les conduites a tenir. des livres adaptes a differents ages. Signalons que des prototypes ont deja ete realises sur certains territoires et qu'ils pourraient aisement servir de modele (Exemple en Guyane). des cahiers de jeux et d'activites pour les enfants (Exemple : realisation par la MIIAM). Qui fait quoi ? La production : Il est preconise qu'ils soient produits par le Reseau Canope (ex CNDP), editeur de ressources pedagogiques publiques dependant du ministere de l'Education nationale en s'appuyant sur le savoir-faire de l'IFFO-RME. La diffusion : Elles seront telechargeables sur la plateforme numerique « Georisques », devant faire l'objet d'un developpement notamment en ce qui concerne ses contenus educatifs. Ces supports pedagogiques devront etre libres de droit et accessibles en « open source ». Recommandation 2. Élaborer un « kit » pédagogique national et téléchargeable. 4.1.3 Une culture du risque globale, numérique, ludique et attractive Les pistes d'amelioration du site « Georisques » sont largement et concretement detaillees dans le rapport du conseil general de l'environnement et du developpement durable (CGEDD) d'avril 202048. La recommandation de la mission se focalise sur les points suivants : Faire de « Georisques » la plateforme de reference sur la culture du risque. Le site doit proposer https://cgedd.documentation.developpement-durable.gouv.fr/documents/Affaires-0011562/012890-01_rapportpublie.pdf;jsessionid=96413F48A865B758633EC3A76EDEA5DD 48 Rapport n° 013606-01 Mission sur la transparence, l'information et la participation de tous a la gestion des risques majeurs, technologiques ou naturels Page 34/68 PUBLIÉ des contenus adaptes a differents publics (citoyens, elus, professionnels des risques, etc.), donc proposer plusieurs niveaux de lecture avec des acces differencies en fonction du type de recherche. Pour le « grand public », il doit proposer des contenus educatifs et ludiques, integrant notamment le kit pedagogique (recommandation n°2), mais aussi des logiciels permettant de simuler un alea a un endroit choisi. La technologie de la « realite virtuelle » donne aux utilisateurs une vision plus concrete et realiste des risques auxquels ils pourraient etre exposes. Ces outils contribuent indeniablement a la « prise de conscience ». Dans le meme esprit, cette plateforme pourrait proposer des « escape games », immergeant les utilisateurs dans des scenarios de crise et lui permettant de se mettre en action de prevention ou de gestion de crise, a l'instar de l'initiative de la DREAL Nouvelle-Aquitaine 49 . La sensibilisation aux risques majeurs doit utiliser differentes technologies susceptibles de rendre l'apprentissage ludique et recreatif. Donner un nom plus attractif et moins technique a la plateforme, incitant tous les citoyens a se l'approprier et a s'y referer. La relative defiance a l'egard d'une information verticale provenant de l'Etat nous incite d'autant plus a aller dans ce sens. Le site deviendrait plus populaire, par exemple, s'il etait incarne par une « mascotte » qui inspire confiance et sympathie au public. Ce travail est a developper avec des specialistes de la communication. Faire de « Georisques » un site participatif, chacun pouvant apporter sa contribution notamment pour diffuser des elements de memoire (photos / temoignages ...). La plateforme pourrait par exemple proposer un grand concours national de collecte de documents et temoignages divers relatant des phenomenes naturels ou technologiques exceptionnels et contribuant ainsi a la memoire et la culture du risque. Qui fait quoi ? Le site « Georisques », a l'initiative du ministere de la transition ecologique, pourrait evoluer grace au travail conjoint des directions centrales (direction generale de la prevention des risques et direction de la communication). Recommandation 3. Développer et adapter la plateforme « Géorisques » pour en faire le site de référence de la culture du risque. 4.1.4 Aller vers le public et lui faire « toucher du doigt » le risque Il existe actuellement, en France metropolitaine et en outre-mer, plusieurs outils de simulation permettant de mettre les personnes en situation et de ressentir physiquement l'impact d'un phenomene naturel : table vibrante simulant les secousses d'un seisme, demonstrateur inondation qui permet de ressentir la force de l'eau sur une porte de voiture ou de garage ... La mission interregionale inondation de l'arc mediterraneen (MIIAM) utilise depuis 3 ans ce type de demonstrateur de la DGPR qu'elle fait circuler sur la zone de defense sud. Elle dresse un bilan tres positif de ces outils d'information preventive et de mise en situation pour prendre conscience des risques. http://www.nouvelle-aquitaine.developpement-durable.gouv.fr/escape-game-sur-les-risques-naturels-moder4642.html 49 Rapport n° 013606-01 Mission sur la transparence, l'information et la participation de tous a la gestion des risques majeurs, technologiques ou naturels Page 35/68 PUBLIÉ « Mieux que des mots, ils permettent de comprendre dans son corps les dangers, les réflexes et les bons comportements. Ils sont des outils très utiles pour préparer la population à faire face aux évènements ». Face au succes incontestable de ces demonstrateurs aupres du public, La MIIAM souligne que leur usage merite d'etre largement developpe et generalise sur l'ensemble du territoire français. La conception de ces demonstrateurs (lourd et couteux) necessiterait toutefois d'etre adaptee afin de faciliter leur transport et de multiplier ainsi leurs deplacements. Par ailleurs, il existe des maquettes interactives illustrant le deroulement de phenomenes naturels ou de leurs impacts (exemples : deformation des structures sous l'effet d'un seisme ou fonctionnement et reactivite d'un bassin versant...). Les retours d'experience de la MIIAM demontrent egalement la « forte efficacité de ces maquettes thématiques pour sensibiliser le jeune public mais aussi les adultes ». Demonstrateurs mecaniques, simulateurs virtuels, procedes immersifs, maquettes interactives ... sont autant d'outils qui ont demontre leur efficacite pour eveiller la conscience du risque et acquerir les bons comportements. Par consequent, la mission propose de developper et de mutualiser ces experiences, afin de concevoir des unites mobiles - sortes de petites caravanes itinerantes ­ qui sillonneraient la France pour aller a la rencontre de la population, sur les places des villes et villages, dans les ecoles, les entreprises ou encore lors de tournees des plages. Qui fait quoi ? Ce dispositif pourrait se mettre en place en s'appuyant sur le savoir-faire d'associations comme « Les petits debrouillards » qui, depuis presque 10 ans, ont mis en place le « Science Tour », un dispositif itinerant de diffusion de la culture scientifique qui s'appuie sur douze camions sillonnant l'ensemble des territoires tout au long de l'annee. Cette operation pourrait etre soutenue par la federation nationale des sapeurs-pompiers et toutes structures presentes sur l'ensemble du territoire national (Croix-Rouge, SNSM, Securite civile etc.). Il pourrait etre finance, en partie, par des partenaires et sponsors (compagnies d'assurance, federations professionnelles, ministeres, etc.). Recommandation 4. Créer des unités mobiles pour aller à la rencontre des habitants et leur permettre une expérience physique et sensorielle des risques. 4.1.5 Vulgariser les résultats de la recherche Les projets de recherche sur les risques naturels et technologiques sont nombreux. Le ministere de la Transition ecologique a finance lui-meme plusieurs programmes de recherche depuis 20 ans sur les risques. L'Agence Nationale de la Recherche (ANR) et les assureurs entre autres financent la recherche. Il ressort de l'evaluation de ces programmes que les projets de recherche souffrent d'un manque de diffusion des resultats aupres des acteurs de la prevention et du grand public. Certains projets de recherche ont inscrit dans leur financement un volet valorisation qui permet de faire connaitre les resultats de la recherche aupres des acteurs locaux, des habitants des zones a risque. C'est particulierement judicieux lorsque le projet de recherche porte sur un retour d'experience post Rapport n° 013606-01 Mission sur la transparence, l'information et la participation de tous a la gestion des risques majeurs, technologiques ou naturels Page 36/68 PUBLIÉ evenement (comme les projets de l'appel a Projet OURAGAN de l'ANR en 2018 qui portaient sur le cyclone Irma aux Antilles en 2017)50. Les chercheurs pourraient etre davantage des mediateurs de la connaissance sur les risques et pallier le manque de confiance du public envers les autorites administratives. Leurs recherches seraient publiees via divers supports : storymaps, atlas, site internet, interview de chercheurs, videos, participation a des reunions publiques, etc. Qui fait quoi ? L'ANR ou les financeurs de la recherche doivent etre incites a developper cet aspect en incluant dans les appels a projets un volet « valorisation grand public » lorsque le projet s'y prete. Recommandation 5. Encourager la valorisation des résultats des projets de recherche sur les risques via des supports pédagogiques et grand public. 4.2 Des élus locaux en première ligne : comment mieux les accompagner ? 4.2.1 Développer la sensibilisation et la formation des élus D'apres les temoignages de certaines personnes auditionnees, on ne peut que militer en faveur d'une veritable formation des elus dans le domaine des risques et des crises. En effet, le maire meconnait souvent les risques auxquels est confrontee sa commune et il est pourtant consacre legalement comme directeur des operations de secours (DOS) en cas de crise. La loi en fait aussi le premier responsable des dysfonctionnements qui peuvent intervenir lors de la gestion d'une crise. Enfin, il est susceptible de donner l'alerte a ses administres. Certains elus soulignent cette incoherence. Mais, au-dela d'une vision legale dans un contexte de judiciarisation de nos societes, il semble necessaire que l'elu connaisse les grands objectifs de la culture du risque et de la gestion de crise. Il doit s'approprier une methodologie dans sa façon de decider et d'agir dans une situation extreme. L'acculturation au risque des elus doit se faire a deux niveaux : sensibilisation et formation. Beaucoup de maires ne communiquent pas sur les risques aupres de leur population car ils maitrisent mal ou peu le sujet. Il faut donc les sensibiliser a la presence de risques sur leurs territoires et a leurs responsabilites en matiere d'information des populations par des actions simples et faciles a mettre en oeuvre. Il est propose d'experimenter sur plusieurs departements des webinaires de sensibilisation proposant notamment des exercices de mise en situation comme ceux proposes par le conseil departemental de Haute-Garonne51. Ces webinaires pourraient egalement permettre des echanges d'experiences entre elus avec le temoignage de maires ayant deja ete confrontes aux risques et aux crises. Les recits de ces On citera l'exemple du projet Tirex (retour d'experience sur le cyclone Irma a Saint Martin https://tirex.univmontp3.fr/) dont le volet valorisation et dissemination s'exprime entre autre par une synthese a l'usage des decideurs https://fr.calameo.com/read/006591530b5bdb6016ed1?page=1 50 https://www.atd31.fr/fr/former-les-elus/nos-formations/cycles-de-formation/cycle-securite-publique/mainteniroperationnel-son-plan-communal-de-sauvegarde.html 51 Rapport n° 013606-01 Mission sur la transparence, l'information et la participation de tous a la gestion des risques majeurs, technologiques ou naturels Page 37/68 PUBLIÉ experiences vecues ont deja montre toute leur efficacite. Une fois sensibilises, les elus peuvent engager une formation approfondie a la fois sur la connaissance des risques, leurs typologies et la façon dont on doit les integrer dans l'organisation territoriale, notamment grace au plan communal de sauvegarde (PCS). Le DICRIM devrait aussi faire l'objet d'une attention particuliere, notamment dans son elaboration et sa communication, tant il est realise aujourd'hui davantage par obligation que par necessite. Ces formations pourraient s'articuler autour de modules dedies a chaque type de risque. L'elu choisirait alors la formation la plus adaptee a son territoire. Qui fait quoi ? Les acteurs pilotes dans ce domaine pourraient etre des associations d'elus - association des maires de France (AMF) ou association nationale des elus du littoral (ANEL) - des associations comme l'AFPCN, qui a deja mene des projets de sensibilisation ou bien des ecoles specialisees comme l'ecole nationale superieure des officiers de sapeurs-pompiers (ENSOSP) qui dispose d'une chaire de gestion de crise, ou encore l'ecole d'application de securite civile de l'entente Valabre (ECASC) qui dispose d'un centre de formation utilisant tres largement la simulation virtuelle. Des associations comme le Cypres (centre d'information pour la prevention des risques majeurs), l'IFFO-RME ou encore le centre national de la fonction publique territoriale (CNFPT) sont egalement des organismes qui disposent de nombreux outils pour repondre a un tel besoin. Un cahier des charges des contenus de formation pourrait etre produit et valide par la DGPR et la DGSCGC. Le financement pourrait etre apporte par la caisse des depots et consignation ou s'appuyer sur un organisme collecteur des participations des communes et du financement de l'Etat. Recommandation 6. Sensibiliser les élus, développer leur sens de l'anticipation de crise et mettre en oeuvre une formation approfondie adaptée à chaque territoire. 4.2.2 Des citoyens engagés et un élu référent Dans un cadre associatif ou a titre individuel, les Français sont fortement engages pour defendre des causes, s'investir pour la chose publique, exprimer leur solidarite ou concilier vie professionnelle et convictions a travers des fonctions electives, du benevolat ou des emplois « citoyens ». Deja present sur notre territoire, le reseau des citoyens « sentinelles » 52 , demarche volontaire et benevole, a ete cree pour signaler une atteinte a la nature. En lien avec des associations nationales ou territoriales, il pourrait etre envisage de reproduire cet outil avec des benevoles attentifs a leur environnement et soucieux de relayer des messages de conduite a tenir, de vigilance a avoir ou d'eventuels messages d'alerte. La loi de la modernisation de la sécurité civile autorise, depuis 2004, les collectivités à créer une réserve communale de sécurité civile, bien trop peu mise en oeuvre, pour que des citoyens deviennent des maillons essentiels pour la protection des biens et des personnes, notamment face aux risques Créé en 2015 par la Fédération Rhône-Alpes de protection de la nature (FRAPNA) Mission sur la transparence, l'information et la participation de tous a la gestion des risques majeurs, technologiques ou naturels Page 38/68 52 Rapport n° 013606-01 PUBLIÉ majeurs. Les maires peuvent ainsi mobiliser des moyens humains complémentaires aux agents municipaux lors d'évènements exceptionnels et surtout en prévention. « Le budget de la réserve n'est pas une dépense mais un investissement ». Ce dispositif pourrait être utilisé notamment pour diffuser l'information et la distribution du DICRIM. Le service civique53 pourrait également contribuer à aider les collectivités à mettre en oeuvre leur politique de prévention des risques majeurs grâce à cet engagement volontaire au service de l'intérêt général et ouvert aux jeunes de 16-25 ans54. Pour completer ces differentes demarches citoyennes et parce que les elus ont souvent temoigne d'un chaînon manquant entre l'Etat et les maires, il pourrait etre propose aux ediles qu'un elu referent soit systematiquement nomme par le maire. Cette fonction par delegation existe deja dans les moyennes et importantes communes (en nombre d'habitants) mais reste inexistante pour les plus petites. Sur 35 497 communes, 34 479 ont moins de 10 000 habitants (18 582 communes ont moins de 500 habitants55). Qui fait quoi ? Les prefets pourraient etre a l'initiative d'une reunion departementale destinee a inciter les maires a prendre l'initiative d'une designation d'un referent unique « risques ». Un travail de concertation prealable pourrait etre realise avec les associations d'elus au niveau national et departemental. Recommandation 7. Inciter les maires à désigner un référent unique « risques ». 4.2.3 Positiver le risque et valoriser la résilience d'un territoire Comment attendre, des maires et des elus locaux, plus d'engagement dans la prise en compte des risques et dans l'information des populations ? Comment faire en sorte qu'ils se forment mieux et qu'ils deploient ou stimulent les actions de prevention sur leurs territoires ? Faut-il les contraindre en leur imposant de nouvelles obligations reglementaires, ou faut-il les encourager en valorisant les communes qui s'engagent dans de reelles actions de prevention et de resilience ? Ces questions ont souvent ete abordees lors de nos auditions et les avis sont partages. Toutefois, un constat semble s'imposer. Les textes reglementaires actuels fixant les obligations des maires en matiere de prevention des risques ne sont que peu, ou pas, respectes dans une grande majorite des communes pour les raisons evoquees plus haut. Faut-il alors imposer de nouveaux textes reglementaires, au risque qu'ils ne soient pas mieux appliques ou proposer une demarche positive, valorisante et incitative, a l'instar de certains labels environnementaux et patrimoniaux, ou de concours nationaux qui semblent avoir fait leurs preuves ? En effet, les labels « Plus beaux villages de France », « Petite cite de caractere », « Pavillon bleu », « Villes et villages fleuris », etc. donnent aux communes qui les arborent des images positives et attractives. Ils ont notamment permis a ces communes d'augmenter leur frequentation touristique, de façon notoire. Au niveau local, ces labels ont aussi un effet mobilisateur au sein des populations concernees qui 53 54 55 https://www.service-civique.gouv.fr/ Depuis 2010, 500 000 jeunes ont effectue un service civique. Association des maires de France https://www.amf.asso.fr/page-statistiques/36010 Mission sur la transparence, l'information et la participation de tous a la gestion des risques majeurs, technologiques ou naturels Page 39/68 Rapport n° 013606-01 PUBLIÉ n'hesitent pas a s'engager pour acquerir et conserver ces precieuses « distinctions » qui apportent notoriete, developpement economique et un indeniable sentiment de fierte collective. Toutefois, ces labels posent la question de savoir par qui et comment ils sont attribues, et au prix de quelles obligations contraignantes pour les communes qui les acquierent et doivent les conserver ? Parallelement, il existe aussi des grands concours nationaux, comme les « Trophees eco-actions » crees par l'association Eco-Maires, pour récompenser l'innovation et l'exemplarité des collectivités locales en matière de protection de l'environnement et de développement durable tout en affirmant leur rôle incontournable dans ces domaines. Par consequent, la mission preconise la creation d'un grand concours national annuel qui encouragera les communes a realiser des actions dans le domaine de la prevention des risques et de la resilience des territoires et valorisera ainsi les demarches volontaristes. Plusieurs criteres permettraient de selectionner les communes laureates, en tenant compte des actions d'acculturation et de prevention, des choix d'urbanisme et d'amenagement du territoire, de l'engagement des elus dans la formation, etc. Chaque commune pourrait ainsi mobiliser scolaires, etudiants, artistes, artisans et entreprises locales, pour participer a ce challenge et demontrer son engagement dans une strategie de prevention et de resilience. Un grand concours national, relaye tout au long de l'annee par les medias sociaux et traditionnels, pour acceder au titre de « Ville ou village resilient ». Qui fait quoi ? L'association nationale et internationale des maires et elus locaux pour le developpement durable (Les Eco Maires) pourrait apporter son savoir-faire et son experience pour mettre en place ce grand concours, en partenariat avec le ministere de la Transition ecologique et d'autres associations d'elus locaux. Recommandation 8. Créer un concours environnemental national et annuel à destination des communes. 4.3 Mieux utiliser la complémentarité des médias Renforcer la pratique des médias sociaux au sein des services de l'État : Parmi les constats partages presentes dans la partie 1, la defiance mutuelle entre l'Etat et ses institutions et les citoyens a ete fortement mentionnee. L'evenement majeur, ou la crise, en tant que moment fortement marque par des incertitudes, est un revelateur de la defiance des citoyens envers les politiques en charge de l'administration du pays, ou, autrement formule, de la competence ou l'incompetence de l'Etat et de ses institutions a gerer l'evenement (Bergeron et al, 202056 ; Borraz, 200857). Cela nous amene a la necessite de travailler sur cette confiance pour favoriser la co-construction et la diffusion d'une culture du risque partagee. Deux aspects doivent etre pris en consideration : Bergeron, Henri ; Borraz, Olivier ; Castel, Patrick et Dedieu, François (2020). Covid-19 : une crise organisationnelle, Presses de Sciences Po, octobre 2020 56 57 Borraz, Olivier (2008). Les politiques du risque. Presses de Sciences Po. : Paris Mission sur la transparence, l'information et la participation de tous a la gestion des risques majeurs, technologiques ou naturels Page 40/68 Rapport n° 013606-01 PUBLIÉ Tout d'abord, en ce qui concerne le format de la communication institutionnelle, les institutions françaises se restreignent encore bien souvent a la forme traditionnelle du communique de presse qui exclut de fait toute possible interaction avec les citoyens, voire qui les tient a l'ecart. Cette « culture du communique de presse » (Borraz, 2019)58 positionne les institutions etatiques aux antipodes de la communication plus horizontale permise par les medias sociaux et desormais attendue par des citoyens (Bubendorff & Rizza, a venir)59. Ensuite, on constate l'absence des autorites sur les medias sociaux en dehors des evenements majeurs. Ainsi, une utilisation quotidienne constituerait pour les institutions etatiques a la fois un moyen de se familiariser a ces outils et a leurs modes de communication et d'interactions et un vecteur d'apprivoisement et d'acculturation des citoyens a cette communication emanant des instances etatiques. Ainsi, certains auditeurs precisent que les instances etatiques doivent communiquer et interagir avec les citoyens (et communautes de citoyens) regulierement pour faire leur place sur les medias sociaux, s'acculturer a cette forme nouvelle de communication et voir leur parole porter lorsque cela sera necessaire. Par ce moyen, les citoyens et les communautes de citoyens deviennent eux-memes relai d'une information verifiee. Les médias sociaux, une chance pour la diffusion de l'information et l'interaction avec les citoyens : Les medias sociaux sont des plateformes ou applications Web 2.0. qui permettent a leurs utilisateurs de creer du contenu en ligne, de l'echanger, de le consommer et d'interagir avec d'autres utilisateurs ou leur environnement en temps reel. Ces dernieres annees, l'utilisation des medias sociaux a considerablement augmente et sa nature a change en devenant plus collaborative notamment lors d'evenements (Reuter et al., 2020)60. Les medias sociaux permettent a leurs utilisateurs de communiquer et d'interagir de manieres differentes et souvent combinees : la creation et diffusion d'informations, la gestion des relations, la communication et l'expression de soi. Sur la base de ces activites, on peut distinguer (Reuter et al., 2011)61 : Les wikis (par ex. Wikipedia) : pour la collecte d'informations et la creation de connaissances selon une logique collaborative ; Les blogs et micro-blogs (par ex. Twitter) : pour la publication d'informations et/ou l'expression de soi ; Les reseaux sociaux (par ex. Facebook) : pour la gestion des relations, l'expression de soi et la communication, ainsi que la collecte d'informations ; Les systemes de partage et d'indexation de contenu (par ex. Instagram, Youtube, TikTok): pour la creation et l'echange d'informations multimedia (photos, videos). Il faut egalement ajouter les plates-formes animees par des communautes de volontaires (par ex. Waze) qui permettent la cartographie collaborative, la contribution sur site et a distance, ainsi que le Borraz , Olivier (2019). « Lubrizol : pourquoi la « gestion de crise » a la française est depassee », The Conversation, oct. 2019, https://theconversation.com/lubrizol-pourquoi-la-gestion-de-crise-a-la-francaise-est-depassee-124648 58 Bubendorff Sandrine et Rizza Caroline (a venir). « La communication institutionnelle de crise a l'heure des medias sociaux : quelle place pour les citoyens ? ». Etude de Communication. Soumis 59 Reuter, C., Kaufhol, M.-A., Spahr, F., Spielhofer, T., & Hahne, A. S. (2020). Emergency service staff and social medias ­ A comparative empirical study of the attitude by emergency services staff in Europe in 2014 and 2017. International Journal of Disaster Risk Reduction 61 Reuter, C., Marx, A., & Pipek, V. (2011, mai). Social software as an infrastructure for crisis Management ­ a case study about current practice and potential usage. Proceedings of the 8th International ISCRAM Conference. 60 Rapport n° 013606-01 Mission sur la transparence, l'information et la participation de tous a la gestion des risques majeurs, technologiques ou naturels Page 41/68 PUBLIÉ partenariat public-prive-citoyen. Les portails communautaires d'amateurs meteo comme Infoclimat62 ou meteociel63 sont consultes par des milliers de personnes par jour en France et peuvent etre des vecteurs de vulgarisation des phenomenes naturels et d'information en temps reel. Ainsi, comme cela a ete souligne precedemment dans ce rapport, les medias sociaux constituent un element cle de la modernisation et de la co-construction de la culture du risque aujourd'hui : ils constituent a la fois un espace public virtuel ou de nombreuses informations, echanges et debats ont lieu et, en complement des medias historiques, un canal de diffusion de l'information selon un format plus « horizontal » en ce sens qu'ils soutiennent l'echange avec les citoyens ou entre citoyens. Un de nos auditeurs souligne a ce propos « le citoyen parle au citoyen ». Par ailleurs, afin d'eviter la propagation de rumeurs et de « stopper » toute campagne de desinformation, il est necessaire d'etre present sur les medias sociaux d'une maniere quotidienne et d'interagir avec les citoyens, en d'autres termes « faire sa place » sur ces medias afin d'y acquerir une legitimite de paroles et d'etre relaye par les citoyens eux-memes. Pour ce faire, il faudra : Jouer sur la complementarite des medias sociaux dont chaque categorie (Twitter, Facebook, Instagram, TikTok, etc.) a son propre public ; S'adapter aux codes de ces medias et a leurs methodes de communication : les medias sociaux impliquent une communication plus horizontale avec le citoyen c'est-a-dire une interaction directe. Ci-contre, capture d'ecran de la page Twitter de la Gendarmerie des Vosges pour annoncer des controles routiers a venir ­ on notera le nombre de mentions j'aime (8505), de retweets (743) et le commentaire humoristique du Prefet de Meurthe-etMoselle (Reference a l'interprete Manau de la chanson « la Vallee de Dana »). 62 63 https://www.infoclimat.fr/ https://www.meteociel.fr/ Mission sur la transparence, l'information et la participation de tous a la gestion des risques majeurs, technologiques ou naturels Page 42/68 Rapport n° 013606-01 PUBLIÉ En matiere de prevention, ne pas hesiter a publier des messages de maniere reguliere en mobilisant des visuels uniformises et deja connus ; ci-contre exemple de visuel « prets-a-twitter » diffuses et/ou relayes par les VISOV : la vigilance meteo est datee, tandis que les gestes a mettre en oeuvre sont generiques. Developper des collaborations avec des « youtubeurs », « influenceurs », graffeurs (Street Art), des groupes de jeunes (Love Army, Equipe Smile) pour toucher le public jeune. Recommandation 9. Mieux utiliser la complémentarité des médias historiques et médias sociaux afin de s'assurer que les messages sont diffusés par tous les canaux et reçus par l'ensemble de la population et saisir l'opportunité offerte par les médias sociaux pour interagir avec les citoyens. 4.4 Certains métiers à impliquer davantage La sensibilisation à la prévention des risques doit aussi passer par les professionnels de la construction et globalement par l'implication des métiers de l'aménagement du territoire et de l'urbanisme. La prévention des risques est souvent vue comme une démarche ex post : on aménage les territoires, on construit des bâtiments, mais on s'interroge après sur la façon de les adapter au risque. Si la démarche idéale est pratiquée en théorie pour le risque sismique où les recommandations parasismiques sont en général appliquées, ce n'est pas le cas pour d'autres risques comme l'inondation. Malgré quelques expériences d'aménagement qui ont fait leur preuve (cf quartier Matra à Romorantin64), cette adaptation reste marginale faute de prise de conscience de la part des professions concernées ou faute de connaissance des offres préventives dans les solutions de construction et de reconstruction des bâtiments. Qui fait quoi ? Les fédérations professionnelles - fédération du bâtiment (FFB), confédération des artisans et des petites entreprises du bâtiment (CAPEB) - pourraient diffuser une information à leurs adhérents et les former systématiquement sur la prévention des risques en particulier l'inondation pour qu'ils puissent, après un sinistre, proposer des solutions de reconstruction ou de réhabilitation adaptées au risque. Recommandation 10. Sensibiliser et former les métiers du bâtiment aux solutions intégrant des mesures préventives. Développer une offre permettant de s'affranchir du principe de reconstruction à l'identique post sinistre. Article Liberation, 27 juin 2016 https://www.liberation.fr/france/2016/06/27/inondations-un-quartier-touchemais-pas-coule_1461787/ 64 Rapport n° 013606-01 Mission sur la transparence, l'information et la participation de tous a la gestion des risques majeurs, technologiques ou naturels Page 43/68 PUBLIÉ 4.5 Fédérer, partager et généraliser les bonnes initiatives territoriales Comme evoque dans la partie 2.2.5, le pilotage national semble aujourd'hui eloigne, donc perçu comme flou aux acteurs qui sont dans l'operationnel. Meme si « les petits ruisseaux font les grandes rivieres », les nombreuses et bonnes initiatives presentes sur les territoires, evoquees par les personnes auditionnees, sont diluees et vecues par les acteurs comme une mise en oeuvre de moyens pour peu de resultats. La mission s'est donc penchee sur la question d'une structure interministerielle qui engloberait risques majeurs et risques technologiques a l'instar du Secretariat general a la mer (SGMer) de son Comite interministeriel a la mer (CIMer) ou de la Delegation de la securite et de la circulation routieres (DSCR) et de son Comite interministeriel de la securite routiere (CISR). L'exemple de la securite routiere a ete evoque maintes fois lors des auditions. Le Secretariat general aux Risques Majeurs pourrait : Coordonner l'action de l'Etat et encourager les actions decentralisees mises en oeuvre par les acteurs locaux ; Evaluer ces actions et exercer une reflexion prospective ; Preparer les comites interministeriels des risques majeurs et veiller a l'execution de la feuille de route et des decisions prises. Sous l'autorite du Premier ministre, en collaboration avec les ministeres et organismes concernes, le comite interministeriel des risques majeurs serait charge de fixer les orientations nationales et definirait les differentes actions a mener au niveau national et prendrait toute mesure pour generaliser les bonnes pratiques territoriales, en renforçant notamment les moyens humains et materiels. Alors faut-il creer une nouvelle structure interministerielle avec un rattachement a definir ? Ou s'appuyer sur une structure existante en revoyant son perimetre et sa gouvernance ? Laquelle ? Le COPRNM est cite par certains : « C'est lui qu'il faut mettre en valeur. Le transformer en « tous les risques » et le rendre plus opérationnel ». « C'est un organisme qui a été oublié qui est très important aujourd'hui ». Selon d'autres, l'IRMa meriterait de s'etendre au niveau national. La DGPR pourrait egalement etre renforcee dans ses prerogatives. La question merite d'etre posee. Cote territoire, la mission interregionale inondation arc mediterraneen (MIIAM)65 porte une dynamique sur la culture du risque inondation regionale a l'echelle de 23 departements de la zone de defense Sud (ci-dessous en jaune) sur la prevention des risques inondations. Cette mission, sous la direction du prefet de la zone de defense sud et copilotee par la DREAL Provence Alpes Cote-d'Azur et l'etat-major de zone (cf zones de defense actuelles en metropole ci-contre), a pour objectif d'ameliorer les dispositifs de prevention des risques inondations et de mettre en oeuvre des actions coherentes sur son perimetre en creant des partenariats operationnels. 65 Cf. annexe 5 Mission sur la transparence, l'information et la participation de tous a la gestion des risques majeurs, technologiques ou naturels Page 44/68 Rapport n° 013606-01 PUBLIÉ Pour cela, elle facilite un travail interministeriel et multi-partenarial en favorisant notamment les synergies entre les acteurs de la prevention et de la protection civile. La MIIAM a ainsi developpe de nombreuses experimentations et actions sur la culture du risque. Recommandation 11. Dupliquer la mission inter-régionale inondations de l'arc méditerranéen dans tous les États-majors de zone de défense dans un format « multirisques ». Envisager une structure nationale interministérielle « multirisques » destinée à coordonner les actions de prévention des risques. 4.6 L'alerte, une forme d'information à intégrer dans la culture du risque Quand alerte et information doivent s'associer pour ne faire plus qu'un : Pour le dictionnaire Larousse « l'alerte » est « un signal qui prévient d'un danger imminent » tandis que « l'information » est « une action d'informer quelqu'un, un groupe, de le tenir au courant des évènements ». Or, aujourd'hui l'alerte évolue pour devenir informative, afin de permettre aux citoyens d'agir vite et de façon adaptée à la situation. Lorsqu'une alerte est declenchee, le besoin de comprendre une situation pour se proteger est primordial. Si l'individu comprend ce qu'il se passe, il est plus a meme d'agir. Aussi, meme si on peut considerer l'alerte comme etant en dehors du champ de la culture du risque, elle se situe dans le prolongement direct de la communication preventive et de la mise en vigilance, et peut constituer une forme d'information permettant d'anticiper les conduites a adopter lors de futurs evenements. La culture s'inscrivant dans le temps long, elle doit en effet etre integree tout au long du processus de la gestion des risques, de la prevention a la reconstruction, en passant par la mise en protection des biens et des personnes. Ce principe d'alerter en informant est d'ailleurs en partie prevu dans le point 3 de l'article R. 732-20 du code de la securite interieure, puisque « Les mesures destinées à informer la population » comprennent : La mise a disposition permanente d'informations sur l'etat de vigilance qui a pour objet de prevenir ou de signaler certains risques naturels ou technologiques ou certaines menaces ; L'emission sur tout ou partie du territoire soit d'un message d'alerte, soit du signal national d'alerte, soit de l'un et de l'autre ; La diffusion, repetee tout au long de l'evenement, de consignes de comportement et de securite a observer par la population ; L'emission soit d'un message de fin d'alerte, soit du signal national de fin d'alerte, soit de l'un et de l'autre. Lors d'un cyclone, par exemple, la mise en vigilance doit comporter, en plus des consignes de comportement et de securite, des elements explicatifs du phenomene, de sa trajectoire, etc. Ensuite, la mise en alerte pourra, selon le canal utilise, renforcer ces informations. En effet, lors de son relais sur les medias traditionnels (television, radio), le message pourra etre largement informatif et reprendre l'ensemble des elements de contexte. Au contraire, la transmission de l'alerte sur Smartphone (via SMS geolocalise ou Cell-broadcast66 devra etre concise et ne delivrer que l'information essentielle pour une action immediate. 66 Terminologie française : diffusion cellulaire Mission sur la transparence, l'information et la participation de tous a la gestion des risques majeurs, technologiques ou naturels Page 45/68 Rapport n° 013606-01 PUBLIÉ La nécessité d'avoir une charte commune aux informations sur le risque, de la prévention à l'alerte : comment insuffler une culture du risque sans un socle commun de connaissances incluant un code visuel et sonore identique sur l'ensemble du territoire ? Les documents d'information et de communication doivent être repérables au premier coup d'oeil et éviter de ressembler à des publicités. Ainsi, par exemple, des touristes venant du Nord de la France et se rendant dans le Sud pourraient tout de suite identifier que la plaquette sur les feux de forêt est bien une documentation officielle identique à celle qu'ils ont sur le risque inondation de leur secteur de résidence habituel. De même, les alertes relevant du gouvernement devraient toutes être basées sur la même logique afin que les citoyens appréhendent immédiatement le danger et puissent l'identifier, en particulier lorsqu'il s'agit de messages transmis sur les médias. Le bon moment pour l'alerte Il n'est pas toujours évident, pour le décideur, de juger du moment opportun pour déclencher l'alerte, en particulier lorsqu'il s'agit d'événements à cinétique rapide, comme les crues rapides dans des régions où elles sont récurrentes (épisodes cévenols ou méditerranéens). Cependant, ce type d'alerte, trop répétée et souvent étendue à un territoire trop large, peut engendrer une forme de banalisation des messages, les rendant peu lisibles. Le déclenchement d'une alerte aux populations doit rester exceptionnel et concerner un danger grave et imminent. Cela implique des critères de déclenchement précis, à définir en fonction des risques et des outils de surveillance disponibles. Le déclenchement peut être national ou sur un bassin de population potentiellement menacé. Sur ce dernier point, une approche ciblée sur l'impact du nombre de personnes et la zone concernée est donc nécessaire. Les SMS géolocalisés et le Cell-broadcast permettent de gérer l'alerte sur un maillage territorial précis. En revanche, l'utilisation des médias traditionnels ne pourra concerner qu'un maillage plus large, basé soit sur les anciennes régions administratives sur lesquelles sont encore calqués les bassins de diffusion des médias, soit sur les zones d'émissions des émetteurs de radio et de télédiffusions (soit près de 20 000 sites répartis sur l'ensemble du territoire et l'outre-mer). Radio, télé, téléphonie, etc., ces antennes permettent de toucher facilement une population sur un territoire donné. Ils sont les relais des médias audiovisuels qui sont des vecteurs d'information des populations. Relayer efficacement les alertes informatives aux populations Les alertes informatives aux populations doivent obligatoirement passer par des canaux précis. Le code de la sécurité intérieure le prévoit d'ailleurs dans l'article R 732-25 : « Les mesures d'alerte ont pour objet d'avertir la population de la nécessité de se mettre immédiatement à l'abri du danger et de se porter à l'écoute de l'un des programmes nationaux ou locaux de radio ou de télévision des sociétés nationales de programme Radio France, France Télévisions et son réseau en outre-mer et, le cas échéant, d'autres services de radiodiffusion sonore et de télévision dont la liste est fixée dans les conditions prévues au 1° de l'article R. 732-23 ». Ce fonctionnement permet de garantir aux populations qu'une alerte diffusée par le service public est fiable. La modernisation de l'alerte, actuellement en cours, intègre cette diffusion dans les programmes de service public, ainsi que par messages sur Smartphones. Elle permettra aux populations de mieux comprendre ce qu'il se passe ; et l'intégration du message d'alerte dans un dispositif global d'information autour de la culture du risque devrait permettre de mieux adapter les comportements au danger. Recommandation 12. Mettre en place un dispositif d'alerte aux populations, charté, connu et reconnu de tous, délivrant des informations de contexte et de prudence au plus proche des évènements. Rapport n° 013606-01 Mission sur la transparence, l'information et la participation de tous a la gestion des risques majeurs, technologiques ou naturels Page 46/68 PUBLIÉ 4.7 Une temporalité des actions « chaque chose en son temps » La culture correspond à un temps long, mais elle doit passer, sur le court terme, par des actions qui rendent les citoyens acteurs et des messages de prévention formulés avec pédagogie et régulièrement répétés. Il est alors proposé un calendrier précisant les court, moyen et long termes pour la mise en oeuvre des recommandations citées dans ce document. Recommandations Un évènement national, fédérateur et mobilisateur (chaque année autour du 13 octobre) Elaboration d'un « kit » pédagogique national et téléchargeable Développer et adapter la plateforme « Géorisques » pour en faire le site de référence Création d'unités mobiles pour une expérience physique et sensorielle des risques Encourager la valorisation des résultats des projets de recherche via des supports pédagogiques et grand public Sensibilisation et formation des élus locaux Désignation par le maire d'un référent « risques » Création d'un concours environnemental national Mieux utiliser les média sociaux pour diffuser des messages et interagir avec les citoyens Sensibilisation et formation des professionnels du secteur du bâtiment Dupliquer la mission interrégionale de l'arc méditerranéen Réflexion sur une structure nationale interministérielle Mise en place d'un dispositif d'alerte « charté » connu et reconnu de tous 2021 2022 2023 2024 Mise en oeuvre immediate et perennite dans le temps Elaboration de l'action puis mise en oeuvre dans l'annee indiquee Rapport n° 013606-01 Mission sur la transparence, l'information et la participation de tous a la gestion des risques majeurs, technologiques ou naturels Page 47/68 PUBLIÉ Conclusion La mission de six mois a porté sur la transparence, l'information et la participation de tous à la gestion des risques majeurs, technologiques ou naturels. Malgré un temps contraint et des conditions particulières liées à la crise sanitaire, sa volonté a été de comprendre les ressorts de la culture du risque en France en auditionnant le plus d'acteurs possible afin d'entendre et de comprendre la réalité et l'expérience de ces parties prenantes, leur souhait d'aller plus loin et d'agir plus vite. Cela a été mentionné à maintes reprises : les hommes et les femmes dévoués à la prévention des risques technologiques et naturels en France sont nombreux et forment un tissu riche d'expériences et d'initiatives encourageantes dans toutes les sphères de notre société. Des défis subsistent encore : reconstruire une confiance mutuelle entre nos citoyens et leurs institutions, redéfinir une politique de sensibilisation et d'information attractive adaptée aux différents publics, s'acculturer au numérique et notamment aux médias sociaux, former systématiquement nos élus locaux, assurer la coordination et la pérennité des actions dans le temps... Les recommandations proposées ont l'ambition de répondre à ces défis d'une manière concrète, simple et facilement mise en oeuvre, l'objectif ultime étant de limiter les conséquences humaines, matérielles (dont financières) et psychologiques pour les populations affectées. Nous avons la conviction que la culture du risque peut devenir un sujet particulièrement mobilisateur, source d'intelligence collective, si elle s'inscrit dans une approche pédagogique globale et positive ouverte sur l'avenir. En conclusion de ce rapport nous formulons de nos voeux que cette nouvelle culture du risque encourage et engage les publics vers une meilleure connaissance de leur environnement naturel et technologique, de leurs attraits et de leurs menaces, en créant du lien, en transmettant la mémoire du territoire et en innovant par des actions au présent. « Dans la vie, rien n'est à craindre, tout est à comprendre » Marie Curie Physicienne, Scientifique (1867 - 1934) Rapport n° 013606-01 Mission sur la transparence, l'information et la participation de tous a la gestion des risques majeurs, technologiques ou naturels Page 48/68 PUBLIÉ Frédéric COURANT Jean-Frédéric BISCAY Damien BOUTILLET Caroline RIZZA Freddy VINET Karine WEISS Maryline SIMONÉ Julie DEHAYS Les membres de la mission remercient toutes les personnes auditionnées, pour leur disponibilité et leur contribution à ce rapport. Rapport n° 013606-01 Mission sur la transparence, l'information et la participation de tous a la gestion des risques majeurs, technologiques ou naturels Page 49/68 PUBLIÉ Annexes Rapport n° 013606-01 Mission sur la transparence, l'information et la participation de tous a la gestion des risques majeurs, technologiques ou naturels Page 50/68 PUBLIÉ 1 Lettre de mission Rapport n° 013606-01 Mission sur la transparence, l'information et la participation de tous a la gestion des risques majeurs, technologiques ou naturels Page 51/68 PUBLIÉ Rapport n° 013606-01 Mission sur la transparence, l'information et la participation de tous a la gestion des risques majeurs, technologiques ou naturels Page 52/68 PUBLIÉ Rapport n° 013606-01 Mission sur la transparence, l'information et la participation de tous a la gestion des risques majeurs, technologiques ou naturels Page 53/68 PUBLIÉ 2 Guide d'entretien Rapport n° 013606-01 Mission sur la transparence, l'information et la participation de tous a la gestion des risques majeurs, technologiques ou naturels Page 54/68 PUBLIÉ 3 Lois et outils règlementaires Intitulé Texte de référence Loi n° 87-565 du 22 juillet 1987 Abrogee par la loi du 13 aout 2004 Loi n°95-101 du 2 fevrier 1995 Objectifs Lois Rédaction et mise en oeuvre Commentaire Loi relative a l'organisation de la securite civile, a la protection de la foret contre l'incendie et a la prevention des risques majeurs Loi Barnier Organiser la securite civile en France et instaurer le droit a l'information preventive du public Renforcer la protection de l'environnement Etat Etat Toute la population doit avoir acces a l'information preventive sur les risques majeurs. Instauration des PPR. Creation du fonds de prevention des risques naturels majeurs. Loi « risques » Loi n°2003-699 du 30 juillet 2003 Renforcer la prevention des risques technologiques et naturels et la reparation des dommages. Etat Promulguee suite a l'explosion sur le site AZF a Toulouse le 21 septembre 2001. Creation des PPRT La securite civile doit Etat etre l'affaire de tous (sensibilisation des populations, apprentissage generalise des gestes de secours, nouvel elan pour le volontariat chez les pompiers, redefinition du role des associations, ...) Loi de modernisation de la securite civile Loi n° 2004-811 du 13 aout 2004 Mobiliser l'ensemble des competences impliquees dans la prevention et l'organisation des secours concernant les risques technologiques, naturels ou de nature terroriste Documents réglementaires Dossier departemental sur les risques majeurs (DDRM) Decret du 11 octobre 1990 Recenser des informations sur l'ensemble des risques majeurs a l'echelle du departement Prefet Article R. 125-11 du CE « Le DDRM comprend la liste de l'ensemble des communes mentionnees a l'article R. 125-10 avec l'enumeration et la description des risques majeurs auxquels chacune de ces communes est exposee, l'enonce de leurs consequences previsibles pour les personnes, les biens et l'environnement, la chronologie des evenements et des accidents connus et significatifs de l'existence de ces risques et l'expose des mesures generales de prevention, de protection et de sauvegarde prevues par les autorites publiques dans le departement pour en limiter les effets. Il est mis a jour, en tant que de besoin, dans un delai qui Rapport n° 013606-01 Mission sur la transparence, l'information et la participation de tous a la gestion des risques majeurs, technologiques ou naturels Page 55/68 PUBLIÉ ne peut exceder cinq ans. Transmission d'information aux maires (TIM) Decret du 11 octobre 1990 Transmettre les informations aux maires concernant les risques majeurs sur leur commune Prefet Article R. 125-11 « Le prefet adresse aux maires des communes les informations contenues dans les documents mentionnes a l'article R. 125-10 interessant le territoire de chacune d'elles, les cartographies existantes des zones exposees ainsi que la liste des arretes portant constatation de l'etat de catastrophe naturelle. » Plan de Prevention des risques naturels previsibles (PPRN) Loi n°95-101 du 02 fevrier 1995 Delimiter les zones exposees aux risques et reglementer l'utilisation des sols. Il peut etre rendu obligatoire par le prefet lorsque le territoire est soumis a un risque naturel important reconnu par des faits historiques. Plan de prevention des risques d'inondation (PPRI) Plan de prevention des risques miniers (PPRM) Plan de prevention des risques technologiques (PPRT) Loi n°2003-699 du 30 juillet 2003 Prefet en concertation avec les collectivites. Loi n°95-101 du 02 fevrier 1995 Loi du 30 mars 1999 Prefet en concertation avec les collectivites. Obligatoire autour des installations Seveso seuil haut. Concerne plus de 800 communes et 16 000 logements. En fevrier 2020, 385 ont ete approuves sur les 390 a elaborer. Programme d'Actions de Prevention des Inondations (PAPI) Lances en 2002 Promouvoir une gestion integree des risques d'inondation en vue de reduire leurs consequences dommageables sur la sante humaines, les biens, les activites economiques et l'environnement Redige par les collectivites ou les syndicats de bassin et approuve par le prefet Finance par tous les echelons etatiques (Etat, Region, Departement, agglomeration) Plan communal de sauvegarde (PCS) Loi 2004-811 du 13 aout 2004 Article L. 731-3 du Code de la securite interieure Preparer et organiser la commune pour faire face aux situations d'urgence Maire Toutes les communes dotees d'un plan de prevention doivent realiser un PCS. Il doit contenir le DICRIM revise au maximum tous les 5 ans. Document d'information communal sur les risques majeurs (DICRIM) Decret du 11 octobre 1990 Et articles R. 125-11, 12 et 14 du code de l'environnement Informer les populations sur l'ensemble des risques majeurs a l'echelle communale. Communiquer sur les bons gestes et consignes de securite Maire Le DICRIM doit etre obligatoirement realise lorsque la commune est concernee par un PPR. Peut etre realise volontairement sans PPR. 28 000 communes sont concernees par un PPR. A ce jour, environ 9 000 Prefet en concertation avec les collectivites. Realise et approuve par le prefet en concertation avec les collectivites. Le maire est charge de sa bonne application (annexion au PLU, carte communale). Il comporte une note de presentation, les documents graphiques et le reglement. Les mairies doivent le mettre a disposition du public Rapport n° 013606-01 Mission sur la transparence, l'information et la participation de tous a la gestion des risques majeurs, technologiques ou naturels Page 56/68 PUBLIÉ communes l'ont realise. Le maire doit communiquer son existence par un avis affiche pendant au moins deux mois a la mairie. Reperes de crues Article R. 563-12 du Code de l'environnement. Recensement des crues historiques d'une commune afin d'installer et maintenir des reperes dans les espaces publics et prives indiquant les plus hautes eaux connues (PHEC) Information des acquereurs et des locataires (IAL) de biens en zones a risques Loi n°2003-699 du 30 juillet 2003 Informer les acheteurs ou les locataires des plans de prevention Vendeurs/ bailleurs Deux obligations sont codifiees a l'article L. 125-5 du code de l'environnement (article 77 de la loi) : - Une 1ere obligation d'information sur les risques technologiques et naturels affectant tout ou partie du bien immobilier - Une 2eme obligation d'information sur les sinistres resultant de catastrophes technologiques ou naturelles reconnues ayant affecte en tout ou partie l'immeuble bati concerne. Maire Depuis 2003 Rapport n° 013606-01 Mission sur la transparence, l'information et la participation de tous a la gestion des risques majeurs, technologiques ou naturels Page 57/68 PUBLIÉ 4 Des communautés expertes en ligne affiliées et non-affiliées aux instances étatiques Parmi les associations citoyennes desormais affiliee et reconnue par les instances etatiques, l'association VISOV (loi 1901) a ete fondee en 2014. Sa mission est de « fournir un soutien technique, methodologique et des renforts operationnels lors d'actions menees sur les medias sociaux dans le cadre de la gestion de l'urgence et de crise de securite civile » 67 . Inspiree des Virtual Operations Support Teams (VOST) a l'international l'association VISOV en est la version francophone. Les VISOV proposent une activite de suivi, tri et remontee d'informations pertinentes issues des medias sociaux aux institutions partenaires sur l'ensemble de la chaine operationnelle de gestion de crise : PC Communal, SDIS, Prefecture, Etat-major Zonal, COGIC au Ministere de l'Interieur. L'activite des VISOV recoupe deux types de temporalite qui recouvrent a la fois le quotidien et l'evenement majeur (Batard, 2021)68 : Le quotidien, caracterise par une « veille active » lors de laquelle les volontaires echangent dans des salles Whatsapp thematiques (par exemple : « volontaire », « meteo ») toute information publiee sur internet et pouvant interesser d'autres volontaires (evenement a suivre, faits mineurs, debut de crise, etc.) ; L'activation qui precede un evenement majeur lorsqu'il est anticipe ou bien lors de l'evenement lorsqu'il est soudain, pendant laquelle les VISOV sont mobilises a la demande (ou pas) d'une institution ou organisation officielle de securite civile. A cette occasion une salle WhatsApp dite ESOV (Équipe de Soutien Opérationnel Virtuel) rassemble les volontaires disponibles en ligne et au minimum un tableur partage est cree (une cartographie collaborative peut egalement l'etre) pour faire remonter toute information jugee importante aupres des institutionnels ayant active les VISOV. Les travaux de recherche menes sur la question des volontaires virtuels en gestion de crise ainsi que les entretiens menes dans le cadre de la mission soulignent l'importance aujourd'hui attribuee a l'association VISOV ainsi que le role qu'elle joue en termes de prevention et de diffusion de l'information vers les citoyens lorsqu'elle est activee. De notre point de vue, les VISOV effectuent une partie importante du travail de veille des medias sociaux et constituent un relai pertinent et credible vers les citoyens permettant de decharger les institutions en charge et de les soutenir quant dans le traitement et l'apport de l'information circulant sur les medias sociaux lors d'un evenement. D'autres communautes expertes citoyennes meritent d'etre aussi d'etre mentionnees pour leur travail de documentation sur un evenement passe ou en cours comme la communaute Wikipedia qui a depuis le debut de la crise sanitaire joue un role significatif dans la lutte sur a desinformation (voir l'audition du President de la Fondation Wikipedia France par le CSA dans le cadre de la lutte contre la desinformation relative a la crise sanitaire). Par des mecanismes propres a la plateforme et des regles mises en place par la communaute wikipedienne, le media social collaboratif agrege et publie des informations verifiees et pertinentes. Wikipedia est ainsi une encyclopedie collaborative en ligne alimentee par les contributions des internautes. Elle constitue une experience inedite en termes d'ouverture a la participation d'internautes a la redaction de contenu. Depuis 2003, le site est consulte avant tout pour ses articles concernant des evenements d'actualite. Mais avant d'etre une encyclopedie generaliste, Wikipedia est utilisee par les internautes comme un moyen d'obtenir de l'information sur un evenement en cours ou recent : c'est un lieu en ligne incontournable, quelle que soit l'actualite (deces d'une personnalite celebre ou autre evenement d'actualite). L'encyclopedie en ligne donne par www.visov.org Batard, Robin (2021). « Les medias sociaux, vecteurs d'integration des initiatives citoyennes en gestion de crise », these de doctorat en Sciences de l'Information et de la Communication, I3-Telecom Paris (UMR9217) et IMT-Mines Albi, soutenance le 25 juin 2021. 67 68 Rapport n° 013606-01 Mission sur la transparence, l'information et la participation de tous a la gestion des risques majeurs, technologiques ou naturels Page 58/68 PUBLIÉ ailleurs lieu a de nombreux echanges entre les contributeurs, que l'on retrouve dans les onglets « discussions » presents pour chacune des pages Wikipedia (par ex. Bubendorff et Rizza, 2021)69. A ce titre, cette communaute citoyenne experte non-affiliee joue peut jouer un role significatif dans la communication vers les citoyens sur les risques majeurs d'un territoire, sur la documentation relative a ces risques, et enfin dans le cas d'un incident majeur sur le faire-sens de l'evenement en cours. Bubendorff, Sandrine et Rizza, Caroline (2021). « Wikipedia face a la crise de Covid-19 ». Les annales des Mines, juin 2021 69 Rapport n° 013606-01 Mission sur la transparence, l'information et la participation de tous a la gestion des risques majeurs, technologiques ou naturels Page 59/68 PUBLIÉ 5 Mission interrégionale inondation arc méditerranéen (MIIAM) Rapport n° 013606-01 Mission sur la transparence, l'information et la participation de tous a la gestion des risques majeurs, technologiques ou naturels PUBLIÉ Page 60/68 6 Liste des personnes rencontrées NOM Acharian Allione PRÉNOM Celine Gregory ORGANISME Autorite de surete nucleaire Federation nationale des sapeurspompiers IRMa IFFO-RME CEPRI Ministere de l'Interieur FONCTION Directrice de la communication President DATE DE RENCONTRE 04.06.2021 18.02.2021 Airenti Bazin Beaufils Bernier Bernard Daniele Marie-France Michael Blein Bouillon de Choudun Collard DanielLacombe Debar Delalonde Delrieu Delcamp Doroszczuk Durand Durandau Druez Faytre Galichet Yves Christophe Henri Eric Eric Anne Jean-Claude Andre Christophe Bernard Pierre-Andre Emmanuelle Yvelyne Ludovic Olivier AMARIS Mairie de Barentin IRMa VISOV Bureau d'architecture EDL Meteo France ANCCLI UNALCI FFA Autorite de surete nucleaire Seine-Maritime PUCA ANCCLI Institut Paris Region Agence numerique de la securite civile IRMa Vice-President Vice-Presidente Presidente Lieutenant-colonel de sapeur-pompier Charge de mission a l'Etatmajor interministeriel de la Zone de defense nord President Maire et President de l'association des petites villes de France Membre du conseil d'administration President Architecte Directrice generale adjointe President Co-president Directeur general adjoint President Prefet Secretaire permanente adjointe presidente de la CLI du centre de stockage de la Manche Responsable des etudes risques Lieutenant-Colonel, charge de mission Pole offre de services et partenariats Directeur 16.03.2021 18.03.2021 05.02.2021 17.02.2021 18.02.2021 03.03.2021 16.03.2021 18.03.2021 01.04.2021 19.03.2021 23.03.2021 15.04.2021 30.02.2021 04.06.2021 02.02.2021 12.03.2021 23.03.2021 08.04.2021 24.02.2021 Giannocaro François 16.03.2021 Rapport n° 013606-01 Mission sur la transparence, l'information et la participation de tous à la gestion des risques majeurs, technologiques ou naturels Page 61/68 PUBLIÉ Guilbert Celine Federation nationale des sapeurspompiers Chargee du developpement des competences, des profils et de l'innovation Ancien président de la Commission d'Orientation de la Recherche et de l'Expertise de l'Ineris (CORE) Charge de mission risque nucleaire Chef de bureau d'analyse et de gestion des risques Direction generale de la securite civile et de la gestion de crises Co-presidente President Deleguee generale Directeur des operations pour la prevision Depute de la 2eme circonscription Membre du conseil d'administration, charge des risques, ancien depute-maire de Chatelaillon-Plage Directeur Directrice de la communication Maire Tresoriere et secretaire adjointe Directrice de projets a la delegation interministerielle aux risques majeurs outremer Directeur general adjoint 18.02.2021 Hayotte Gerald 17.03.2021 Hérard Hocdé Serge Yves MARN Ministere de l'interieur 25.03.2021 16.03.2021 Janisset Kert Lair Lalaurette Larive Léonard Josiane Christian Christine François Michel Jean-Louis UNALCI AFPCN ANEL Meteo France Ariege ANEL 15.04.2021 07.04.2021 18.02.2021 19.03.2021 16.02.2021 18.02.2021 Lheureux Morin Menassi Merel Montacer Yves Pauline Eric Odile Ilham ANCCLI Meteo France Trebes UNALCI Ministere de la Transition ecologique Communaute d'agglo du pays d'Arles / Crau / Eaux Camargue / Montagnette Ministere de la Transition ecologique CNRS AFPCN Association des maires de France (AMF) FFA IRMa 23.03.2021 19.03.2021 17.02.2021 15.04.2021 23.03.2021 Montagnier Andre 11.02.2021 Mortier Musquet November Nussbaum Oberlé Penet Perrotin Frederic Gael Valerie Roland Sylviane Stephane Gerard Delegue interministeriel aux risques majeurs outre-mer Hacker citoyen Directrice de recherche Secretaire general Chargee des missions de prevention des pollutions et des inondations Delegue general adjoint President 23.03.2021 17.03.2021 11.02.2021 07.04.2021 08.04.2021 30.02.2021 16.03.2021 Rapport n° 013606-01 Mission sur la transparence, l'information et la participation de tous à la gestion des risques majeurs, technologiques ou naturels Page 62/68 PUBLIÉ Peskine Petit Petrault Pierron Prudhon Rabat Reghezza Helene Jean-Philippe Françoise Sylvette Philippe Florance Magali PUCA AEPJR Ministere de l'education nationale IFFOR-ME France Chimie FNP Directrice President Sous-directrice de l'action Educative - DGESCO Presidente Directeur des affaires techniques Chargee de la jeunesse, de la prevention et de l'education du citoyen face aux risques Maître de conferences en geographie Directrice du Centre de formation sur l'environnement et la societe (CERES) Directeur de l'environnement et des situations d'urgence Chef de bureau de la sante et de l'action sociale - DGESCO Officier sapeur-pompiers du Rhone, membre de l'IRMa Historien Presidente directrice generale Conseillere aupres du President Membre du conseil d'administration Directeur de l'urgence et des operations de secours President Commissaire Deputee de la 2eme circonscription Pilote le reseau « Risques et Impacts Industriels » Chargee de la mission d'ecoute et d'appui Ancien Maire Administrateur general 12.03.2021 16.04.2021 22.04.2021 18.03.2021 14.06.2021 18.02.2021 12.02.2021 Rivière Rogeon Sapet Sauzeau Schwarz Soubelet Taboulot Testa Thuriot Tourjansky Tuffnell Vastel Verrhiest Weiss Zyltman Olivier Benoît Benoît Thierry Virginie Veronique Serge Philippe Denis Laure Frederique Ginette Ghislaine Jean-Claude Marc Autorite de surete nucleaire Ministere de l'education nationale IRMa Universite de Poitiers Meteo France FNP IRMa Croix-Rouge COPRNM Autorité de sureté nucléaire CharenteMaritime France nature environnement (FNE) MIIAM Notre-Dame de Gravenchon Croix-Rouge 04.06.2021 22.04.2021 16.03.2021 14.04.2021 19.03.2021 18.02.2021 16.03.2021 05.03.2021 01.04.2021 04.06.2021 19.02.2021 04.02.2021 12.02.2021 19.03.2021 05.03.2021 Rapport n° 013606-01 Mission sur la transparence, l'information et la participation de tous à la gestion des risques majeurs, technologiques ou naturels Page 63/68 PUBLIÉ 7 Glossaire des sigles et acronymes ACRONYME AEPJR AFPCN AMF ANEL CAPEB CAT NAT CEPRI CEREMA CGDD CGEDD CIMer CISR CLI CNDP CNPT COGIC COM COPRNM CSS DAC DDRM DDT DDTM DGPR DGSCGC DICOM DICRIM DIRMOM DOM SIGNIFICATION Association des entreprises de Port-Jérôme et de sa région Association française pour la prévention des catastrophes naturelles Association des maires de France Association nationale des élus du littoral Confédération des artisans et des petites entreprises du bâtiment Catastrophe naturelle Centre européen de prévention de risque d'inondation Centre d'études et d'expertise sur les risques, l'environnement, la mobilité et l'aménagement Commissariat général au développement durable Conseil général de l'environnement et du développement durable Comité interministériel à la mer Comité interministériel de la sécurité routière Commission locale d'information Commission nationale du débat public Centre National de la Fonction Publique Territoriale Centre opérationnel de gestion interministérielle des crises Collectivités d'outre-mer Conseil d'orientation pour la prévention des risques naturels majeurs Commission de suivi de site Direction de l'administration centrale Document départemental des risques majeurs Direction départementale des territoires Direction départementale des territoires et de la mer Direction générale de la prévention des risques Direction générale de la sécurité civile et de la gestion des crises Direction de la communication Document d'information communale sur les risques majeurs Délégation interministérielle aux risques majeurs outre-mer Départements d'outre-mer Rapport n° 013606-01 Mission sur la transparence, l'information et la participation de tous à la gestion des risques majeurs, technologiques ou naturels Page 64/68 PUBLIÉ DOS DREAL DSCR ECASC ECO MAIRES ENSOSP EPCI ERRIAL FFA FFB FNE IAL ICPE IFFO-RME IRMa MIIAM MTE NEMA ONG PACA PAPI PCS PLU PPR PPRI PPRL PPRN PPRT RGA SDIS SFN SGMer Rapport n° 013606-01 Directeur des opérations de secours Direction régionale de l'environnement, de l'aménagement et du logement Délégation de la sécurité et de la circulation routière Ecole d'application de sécurité civile Association nationale et internationale des maires et élus locaux pour le développement durable Ecole nationale supérieure des officiers de sapeurs-pompiers Etablissement public de coopération intercommunale Etat des risques réglementés pour l'information des acquéreurs et des locataires Fédération française de l'assurance Fédération française du bâtiment France nature environnement Information acheteur locataire Installations classées pour la protection de l'environnement Institut français des formateurs risques majeurs et protection de l'environnement Institut des risques majeurs Mission interrégionale inondation de l'arc méditerranéen Ministère de la transition écologique National Emergency Management Agency Organisation non gouvernementale Provence-Alpes-Côte d'Azur Plan d'actions de prévention des inondations Plan communal de sauvegarde Plan local d'urbanisme Plan de prévention des risques Plan de prévention des risques inondations Plan de prévention des risques littoraux Plan de prévention des risques naturels Plan de prévention des risques technologiques Retrait gonglement des argiles Service départemental d'incendie et de secours Solutions fondées sur la nature Secrétariat général à la mer Mission sur la transparence, l'information et la participation de tous à la gestion des risques majeurs, technologiques ou naturels Page 65/68 PUBLIÉ SNSM UICN UNESCO Société nationale des sauveteurs en mer Union internationale pour la conservation de la nature Organisation des Nations Unies pour l'éducation, la science et la culture Rapport n° 013606-01 Mission sur la transparence, l'information et la participation de tous à la gestion des risques majeurs, technologiques ou naturels Page 66/68 PUBLIÉ PUBLIÉ PUBLIÉ INVALIDE) (ATTENTION: OPTION rester, au college, un apprentissage dans lequel s'inscrivent differents objectifs : de solidarite, de pedagogie sur l'environnement et donc de culture du risque. Toutefois, la mission constate que cette sensibilisation en milieu scolaire se realise actuellement de façon inegale et sporadique selon les territoires. Les enseignants, notamment en primaire, manquent de ressources pedagogiques adaptees, la solution etant souvent de faire appel a des intervenants exterieurs (sapeurs-pompiers notamment souvent sollicites). La mission estime qu'il est primordial d'encourager et d'accompagner les enseignants dans leur demarche de sensibilisation aux risques, en renforçant et en harmonisant l'arsenal des ressources pedagogiques, et en les rendant accessibles a tous sur l'ensemble du territoire, de façon simple et gratuite. Ces ressources seront aussi librement utilisables par tous les acteurs de la prevention et par les communes soucieuses d'informer leurs habitants. Il est propose un kit pedagogique ayant pour vocation la diffusion d'un socle commun de connaissances sur l'ensemble des risques qui touchent les territoires français, compose de differents supports, euxmemes adaptes a differents ages : une serie de videos de « vulgarisation » traitant de chaque type de risque, construite autour de 3 axes : le phenomene/ses impacts/les conduites a tenir. des livres adaptes a differents ages. Signalons que des prototypes ont deja ete realises sur certains territoires et qu'ils pourraient aisement servir de modele (Exemple en Guyane). des cahiers de jeux et d'activites pour les enfants (Exemple : realisation par la MIIAM). Qui fait quoi ? La production : Il est preconise qu'ils soient produits par le Reseau Canope (ex CNDP), editeur de ressources pedagogiques publiques dependant du ministere de l'Education nationale en s'appuyant sur le savoir-faire de l'IFFO-RME. La diffusion : Elles seront telechargeables sur la plateforme numerique « Georisques », devant faire l'objet d'un developpement notamment en ce qui concerne ses contenus educatifs. Ces supports pedagogiques devront etre libres de droit et accessibles en « open source ». Recommandation 2. Élaborer un « kit » pédagogique national et téléchargeable. 4.1.3 Une culture du risque globale, numérique, ludique et attractive Les pistes d'amelioration du site « Georisques » sont largement et concretement detaillees dans le rapport du conseil general de l'environnement et du developpement durable (CGEDD) d'avril 202048. La recommandation de la mission se focalise sur les points suivants : Faire de « Georisques » la plateforme de reference sur la culture du risque. Le site doit proposer https://cgedd.documentation.developpement-durable.gouv.fr/documents/Affaires-0011562/012890-01_rapportpublie.pdf;jsessionid=96413F48A865B758633EC3A76EDEA5DD 48 Rapport n° 013606-01 Mission sur la transparence, l'information et la participation de tous a la gestion des risques majeurs, technologiques ou naturels Page 34/68 PUBLIÉ des contenus adaptes a differents publics (citoyens, elus, professionnels des risques, etc.), donc proposer plusieurs niveaux de lecture avec des acces differencies en fonction du type de recherche. Pour le « grand public », il doit proposer des contenus educatifs et ludiques, integrant notamment le kit pedagogique (recommandation n°2), mais aussi des logiciels permettant de simuler un alea a un endroit choisi. La technologie de la « realite virtuelle » donne aux utilisateurs une vision plus concrete et realiste des risques auxquels ils pourraient etre exposes. Ces outils contribuent indeniablement a la « prise de conscience ». Dans le meme esprit, cette plateforme pourrait proposer des « escape games », immergeant les utilisateurs dans des scenarios de crise et lui permettant de se mettre en action de prevention ou de gestion de crise, a l'instar de l'initiative de la DREAL Nouvelle-Aquitaine 49 . La sensibilisation aux risques majeurs doit utiliser differentes technologies susceptibles de rendre l'apprentissage ludique et recreatif. Donner un nom plus attractif et moins technique a la plateforme, incitant tous les citoyens a se l'approprier et a s'y referer. La relative defiance a l'egard d'une information verticale provenant de l'Etat nous incite d'autant plus a aller dans ce sens. Le site deviendrait plus populaire, par exemple, s'il etait incarne par une « mascotte » qui inspire confiance et sympathie au public. Ce travail est a developper avec des specialistes de la communication. Faire de « Georisques » un site participatif, chacun pouvant apporter sa contribution notamment pour diffuser des elements de memoire (photos / temoignages ...). La plateforme pourrait par exemple proposer un grand concours national de collecte de documents et temoignages divers relatant des phenomenes naturels ou technologiques exceptionnels et contribuant ainsi a la memoire et la culture du risque. Qui fait quoi ? Le site « Georisques », a l'initiative du ministere de la transition ecologique, pourrait evoluer grace au travail conjoint des directions centrales (direction generale de la prevention des risques et direction de la communication). Recommandation 3. Développer et adapter la plateforme « Géorisques » pour en faire le site de référence de la culture du risque. 4.1.4 Aller vers le public et lui faire « toucher du doigt » le risque Il existe actuellement, en France metropolitaine et en outre-mer, plusieurs outils de simulation permettant de mettre les personnes en situation et de ressentir physiquement l'impact d'un phenomene naturel : table vibrante simulant les secousses d'un seisme, demonstrateur inondation qui permet de ressentir la force de l'eau sur une porte de voiture ou de garage ... La mission interregionale inondation de l'arc mediterraneen (MIIAM) utilise depuis 3 ans ce type de demonstrateur de la DGPR qu'elle fait circuler sur la zone de defense sud. Elle dresse un bilan tres positif de ces outils d'information preventive et de mise en situation pour prendre conscience des risques. http://www.nouvelle-aquitaine.developpement-durable.gouv.fr/escape-game-sur-les-risques-naturels-moder4642.html 49 Rapport n° 013606-01 Mission sur la transparence, l'information et la participation de tous a la gestion des risques majeurs, technologiques ou naturels Page 35/68 PUBLIÉ « Mieux que des mots, ils permettent de comprendre dans son corps les dangers, les réflexes et les bons comportements. Ils sont des outils très utiles pour préparer la population à faire face aux évènements ». Face au succes incontestable de ces demonstrateurs aupres du public, La MIIAM souligne que leur usage merite d'etre largement developpe et generalise sur l'ensemble du territoire français. La conception de ces demonstrateurs (lourd et couteux) necessiterait toutefois d'etre adaptee afin de faciliter leur transport et de multiplier ainsi leurs deplacements. Par ailleurs, il existe des maquettes interactives illustrant le deroulement de phenomenes naturels ou de leurs impacts (exemples : deformation des structures sous l'effet d'un seisme ou fonctionnement et reactivite d'un bassin versant...). Les retours d'experience de la MIIAM demontrent egalement la « forte efficacité de ces maquettes thématiques pour sensibiliser le jeune public mais aussi les adultes ». Demonstrateurs mecaniques, simulateurs virtuels, procedes immersifs, maquettes interactives ... sont autant d'outils qui ont demontre leur efficacite pour eveiller la conscience du risque et acquerir les bons comportements. Par consequent, la mission propose de developper et de mutualiser ces experiences, afin de concevoir des unites mobiles - sortes de petites caravanes itinerantes ­ qui sillonneraient la France pour aller a la rencontre de la population, sur les places des villes et villages, dans les ecoles, les entreprises ou encore lors de tournees des plages. Qui fait quoi ? Ce dispositif pourrait se mettre en place en s'appuyant sur le savoir-faire d'associations comme « Les petits debrouillards » qui, depuis presque 10 ans, ont mis en place le « Science Tour », un dispositif itinerant de diffusion de la culture scientifique qui s'appuie sur douze camions sillonnant l'ensemble des territoires tout au long de l'annee. Cette operation pourrait etre soutenue par la federation nationale des sapeurs-pompiers et toutes structures presentes sur l'ensemble du territoire national (Croix-Rouge, SNSM, Securite civile etc.). Il pourrait etre finance, en partie, par des partenaires et sponsors (compagnies d'assurance, federations professionnelles, ministeres, etc.). Recommandation 4. Créer des unités mobiles pour aller à la rencontre des habitants et leur permettre une expérience physique et sensorielle des risques. 4.1.5 Vulgariser les résultats de la recherche Les projets de recherche sur les risques naturels et technologiques sont nombreux. Le ministere de la Transition ecologique a finance lui-meme plusieurs programmes de recherche depuis 20 ans sur les risques. L'Agence Nationale de la Recherche (ANR) et les assureurs entre autres financent la recherche. Il ressort de l'evaluation de ces programmes que les projets de recherche souffrent d'un manque de diffusion des resultats aupres des acteurs de la prevention et du grand public. Certains projets de recherche ont inscrit dans leur financement un volet valorisation qui permet de faire connaitre les resultats de la recherche aupres des acteurs locaux, des habitants des zones a risque. C'est particulierement judicieux lorsque le projet de recherche porte sur un retour d'experience post Rapport n° 013606-01 Mission sur la transparence, l'information et la participation de tous a la gestion des risques majeurs, technologiques ou naturels Page 36/68 PUBLIÉ evenement (comme les projets de l'appel a Projet OURAGAN de l'ANR en 2018 qui portaient sur le cyclone Irma aux Antilles en 2017)50. Les chercheurs pourraient etre davantage des mediateurs de la connaissance sur les risques et pallier le manque de confiance du public envers les autorites administratives. Leurs recherches seraient publiees via divers supports : storymaps, atlas, site internet, interview de chercheurs, videos, participation a des reunions publiques, etc. Qui fait quoi ? L'ANR ou les financeurs de la recherche doivent etre incites a developper cet aspect en incluant dans les appels a projets un volet « valorisation grand public » lorsque le projet s'y prete. Recommandation 5. Encourager la valorisation des résultats des projets de recherche sur les risques via des supports pédagogiques et grand public. 4.2 Des élus locaux en première ligne : comment mieux les accompagner ? 4.2.1 Développer la sensibilisation et la formation des élus D'apres les temoignages de certaines personnes auditionnees, on ne peut que militer en faveur d'une veritable formation des elus dans le domaine des risques et des crises. En effet, le maire meconnait souvent les risques auxquels est confrontee sa commune et il est pourtant consacre legalement comme directeur des operations de secours (DOS) en cas de crise. La loi en fait aussi le premier responsable des dysfonctionnements qui peuvent intervenir lors de la gestion d'une crise. Enfin, il est susceptible de donner l'alerte a ses administres. Certains elus soulignent cette incoherence. Mais, au-dela d'une vision legale dans un contexte de judiciarisation de nos societes, il semble necessaire que l'elu connaisse les grands objectifs de la culture du risque et de la gestion de crise. Il doit s'approprier une methodologie dans sa façon de decider et d'agir dans une situation extreme. L'acculturation au risque des elus doit se faire a deux niveaux : sensibilisation et formation. Beaucoup de maires ne communiquent pas sur les risques aupres de leur population car ils maitrisent mal ou peu le sujet. Il faut donc les sensibiliser a la presence de risques sur leurs territoires et a leurs responsabilites en matiere d'information des populations par des actions simples et faciles a mettre en oeuvre. Il est propose d'experimenter sur plusieurs departements des webinaires de sensibilisation proposant notamment des exercices de mise en situation comme ceux proposes par le conseil departemental de Haute-Garonne51. Ces webinaires pourraient egalement permettre des echanges d'experiences entre elus avec le temoignage de maires ayant deja ete confrontes aux risques et aux crises. Les recits de ces On citera l'exemple du projet Tirex (retour d'experience sur le cyclone Irma a Saint Martin https://tirex.univmontp3.fr/) dont le volet valorisation et dissemination s'exprime entre autre par une synthese a l'usage des decideurs https://fr.calameo.com/read/006591530b5bdb6016ed1?page=1 50 https://www.atd31.fr/fr/former-les-elus/nos-formations/cycles-de-formation/cycle-securite-publique/mainteniroperationnel-son-plan-communal-de-sauvegarde.html 51 Rapport n° 013606-01 Mission sur la transparence, l'information et la participation de tous a la gestion des risques majeurs, technologiques ou naturels Page 37/68 PUBLIÉ experiences vecues ont deja montre toute leur efficacite. Une fois sensibilises, les elus peuvent engager une formation approfondie a la fois sur la connaissance des risques, leurs typologies et la façon dont on doit les integrer dans l'organisation territoriale, notamment grace au plan communal de sauvegarde (PCS). Le DICRIM devrait aussi faire l'objet d'une attention particuliere, notamment dans son elaboration et sa communication, tant il est realise aujourd'hui davantage par obligation que par necessite. Ces formations pourraient s'articuler autour de modules dedies a chaque type de risque. L'elu choisirait alors la formation la plus adaptee a son territoire. Qui fait quoi ? Les acteurs pilotes dans ce domaine pourraient etre des associations d'elus - association des maires de France (AMF) ou association nationale des elus du littoral (ANEL) - des associations comme l'AFPCN, qui a deja mene des projets de sensibilisation ou bien des ecoles specialisees comme l'ecole nationale superieure des officiers de sapeurs-pompiers (ENSOSP) qui dispose d'une chaire de gestion de crise, ou encore l'ecole d'application de securite civile de l'entente Valabre (ECASC) qui dispose d'un centre de formation utilisant tres largement la simulation virtuelle. Des associations comme le Cypres (centre d'information pour la prevention des risques majeurs), l'IFFO-RME ou encore le centre national de la fonction publique territoriale (CNFPT) sont egalement des organismes qui disposent de nombreux outils pour repondre a un tel besoin. Un cahier des charges des contenus de formation pourrait etre produit et valide par la DGPR et la DGSCGC. Le financement pourrait etre apporte par la caisse des depots et consignation ou s'appuyer sur un organisme collecteur des participations des communes et du financement de l'Etat. Recommandation 6. Sensibiliser les élus, développer leur sens de l'anticipation de crise et mettre en oeuvre une formation approfondie adaptée à chaque territoire. 4.2.2 Des citoyens engagés et un élu référent Dans un cadre associatif ou a titre individuel, les Français sont fortement engages pour defendre des causes, s'investir pour la chose publique, exprimer leur solidarite ou concilier vie professionnelle et convictions a travers des fonctions electives, du benevolat ou des emplois « citoyens ». Deja present sur notre territoire, le reseau des citoyens « sentinelles » 52 , demarche volontaire et benevole, a ete cree pour signaler une atteinte a la nature. En lien avec des associations nationales ou territoriales, il pourrait etre envisage de reproduire cet outil avec des benevoles attentifs a leur environnement et soucieux de relayer des messages de conduite a tenir, de vigilance a avoir ou d'eventuels messages d'alerte. La loi de la modernisation de la sécurité civile autorise, depuis 2004, les collectivités à créer une réserve communale de sécurité civile, bien trop peu mise en oeuvre, pour que des citoyens deviennent des maillons essentiels pour la protection des biens et des personnes, notamment face aux risques Créé en 2015 par la Fédération Rhône-Alpes de protection de la nature (FRAPNA) Mission sur la transparence, l'information et la participation de tous a la gestion des risques majeurs, technologiques ou naturels Page 38/68 52 Rapport n° 013606-01 PUBLIÉ majeurs. Les maires peuvent ainsi mobiliser des moyens humains complémentaires aux agents municipaux lors d'évènements exceptionnels et surtout en prévention. « Le budget de la réserve n'est pas une dépense mais un investissement ». Ce dispositif pourrait être utilisé notamment pour diffuser l'information et la distribution du DICRIM. Le service civique53 pourrait également contribuer à aider les collectivités à mettre en oeuvre leur politique de prévention des risques majeurs grâce à cet engagement volontaire au service de l'intérêt général et ouvert aux jeunes de 16-25 ans54. Pour completer ces differentes demarches citoyennes et parce que les elus ont souvent temoigne d'un chaînon manquant entre l'Etat et les maires, il pourrait etre propose aux ediles qu'un elu referent soit systematiquement nomme par le maire. Cette fonction par delegation existe deja dans les moyennes et importantes communes (en nombre d'habitants) mais reste inexistante pour les plus petites. Sur 35 497 communes, 34 479 ont moins de 10 000 habitants (18 582 communes ont moins de 500 habitants55). Qui fait quoi ? Les prefets pourraient etre a l'initiative d'une reunion departementale destinee a inciter les maires a prendre l'initiative d'une designation d'un referent unique « risques ». Un travail de concertation prealable pourrait etre realise avec les associations d'elus au niveau national et departemental. Recommandation 7. Inciter les maires à désigner un référent unique « risques ». 4.2.3 Positiver le risque et valoriser la résilience d'un territoire Comment attendre, des maires et des elus locaux, plus d'engagement dans la prise en compte des risques et dans l'information des populations ? Comment faire en sorte qu'ils se forment mieux et qu'ils deploient ou stimulent les actions de prevention sur leurs territoires ? Faut-il les contraindre en leur imposant de nouvelles obligations reglementaires, ou faut-il les encourager en valorisant les communes qui s'engagent dans de reelles actions de prevention et de resilience ? Ces questions ont souvent ete abordees lors de nos auditions et les avis sont partages. Toutefois, un constat semble s'imposer. Les textes reglementaires actuels fixant les obligations des maires en matiere de prevention des risques ne sont que peu, ou pas, respectes dans une grande majorite des communes pour les raisons evoquees plus haut. Faut-il alors imposer de nouveaux textes reglementaires, au risque qu'ils ne soient pas mieux appliques ou proposer une demarche positive, valorisante et incitative, a l'instar de certains labels environnementaux et patrimoniaux, ou de concours nationaux qui semblent avoir fait leurs preuves ? En effet, les labels « Plus beaux villages de France », « Petite cite de caractere », « Pavillon bleu », « Villes et villages fleuris », etc. donnent aux communes qui les arborent des images positives et attractives. Ils ont notamment permis a ces communes d'augmenter leur frequentation touristique, de façon notoire. Au niveau local, ces labels ont aussi un effet mobilisateur au sein des populations concernees qui 53 54 55 https://www.service-civique.gouv.fr/ Depuis 2010, 500 000 jeunes ont effectue un service civique. Association des maires de France https://www.amf.asso.fr/page-statistiques/36010 Mission sur la transparence, l'information et la participation de tous a la gestion des risques majeurs, technologiques ou naturels Page 39/68 Rapport n° 013606-01 PUBLIÉ n'hesitent pas a s'engager pour acquerir et conserver ces precieuses « distinctions » qui apportent notoriete, developpement economique et un indeniable sentiment de fierte collective. Toutefois, ces labels posent la question de savoir par qui et comment ils sont attribues, et au prix de quelles obligations contraignantes pour les communes qui les acquierent et doivent les conserver ? Parallelement, il existe aussi des grands concours nationaux, comme les « Trophees eco-actions » crees par l'association Eco-Maires, pour récompenser l'innovation et l'exemplarité des collectivités locales en matière de protection de l'environnement et de développement durable tout en affirmant leur rôle incontournable dans ces domaines. Par consequent, la mission preconise la creation d'un grand concours national annuel qui encouragera les communes a realiser des actions dans le domaine de la prevention des risques et de la resilience des territoires et valorisera ainsi les demarches volontaristes. Plusieurs criteres permettraient de selectionner les communes laureates, en tenant compte des actions d'acculturation et de prevention, des choix d'urbanisme et d'amenagement du territoire, de l'engagement des elus dans la formation, etc. Chaque commune pourrait ainsi mobiliser scolaires, etudiants, artistes, artisans et entreprises locales, pour participer a ce challenge et demontrer son engagement dans une strategie de prevention et de resilience. Un grand concours national, relaye tout au long de l'annee par les medias sociaux et traditionnels, pour acceder au titre de « Ville ou village resilient ». Qui fait quoi ? L'association nationale et internationale des maires et elus locaux pour le developpement durable (Les Eco Maires) pourrait apporter son savoir-faire et son experience pour mettre en place ce grand concours, en partenariat avec le ministere de la Transition ecologique et d'autres associations d'elus locaux. Recommandation 8. Créer un concours environnemental national et annuel à destination des communes. 4.3 Mieux utiliser la complémentarité des médias Renforcer la pratique des médias sociaux au sein des services de l'État : Parmi les constats partages presentes dans la partie 1, la defiance mutuelle entre l'Etat et ses institutions et les citoyens a ete fortement mentionnee. L'evenement majeur, ou la crise, en tant que moment fortement marque par des incertitudes, est un revelateur de la defiance des citoyens envers les politiques en charge de l'administration du pays, ou, autrement formule, de la competence ou l'incompetence de l'Etat et de ses institutions a gerer l'evenement (Bergeron et al, 202056 ; Borraz, 200857). Cela nous amene a la necessite de travailler sur cette confiance pour favoriser la co-construction et la diffusion d'une culture du risque partagee. Deux aspects doivent etre pris en consideration : Bergeron, Henri ; Borraz, Olivier ; Castel, Patrick et Dedieu, François (2020). Covid-19 : une crise organisationnelle, Presses de Sciences Po, octobre 2020 56 57 Borraz, Olivier (2008). Les politiques du risque. Presses de Sciences Po. : Paris Mission sur la transparence, l'information et la participation de tous a la gestion des risques majeurs, technologiques ou naturels Page 40/68 Rapport n° 013606-01 PUBLIÉ Tout d'abord, en ce qui concerne le format de la communication institutionnelle, les institutions françaises se restreignent encore bien souvent a la forme traditionnelle du communique de presse qui exclut de fait toute possible interaction avec les citoyens, voire qui les tient a l'ecart. Cette « culture du communique de presse » (Borraz, 2019)58 positionne les institutions etatiques aux antipodes de la communication plus horizontale permise par les medias sociaux et desormais attendue par des citoyens (Bubendorff & Rizza, a venir)59. Ensuite, on constate l'absence des autorites sur les medias sociaux en dehors des evenements majeurs. Ainsi, une utilisation quotidienne constituerait pour les institutions etatiques a la fois un moyen de se familiariser a ces outils et a leurs modes de communication et d'interactions et un vecteur d'apprivoisement et d'acculturation des citoyens a cette communication emanant des instances etatiques. Ainsi, certains auditeurs precisent que les instances etatiques doivent communiquer et interagir avec les citoyens (et communautes de citoyens) regulierement pour faire leur place sur les medias sociaux, s'acculturer a cette forme nouvelle de communication et voir leur parole porter lorsque cela sera necessaire. Par ce moyen, les citoyens et les communautes de citoyens deviennent eux-memes relai d'une information verifiee. Les médias sociaux, une chance pour la diffusion de l'information et l'interaction avec les citoyens : Les medias sociaux sont des plateformes ou applications Web 2.0. qui permettent a leurs utilisateurs de creer du contenu en ligne, de l'echanger, de le consommer et d'interagir avec d'autres utilisateurs ou leur environnement en temps reel. Ces dernieres annees, l'utilisation des medias sociaux a considerablement augmente et sa nature a change en devenant plus collaborative notamment lors d'evenements (Reuter et al., 2020)60. Les medias sociaux permettent a leurs utilisateurs de communiquer et d'interagir de manieres differentes et souvent combinees : la creation et diffusion d'informations, la gestion des relations, la communication et l'expression de soi. Sur la base de ces activites, on peut distinguer (Reuter et al., 2011)61 : Les wikis (par ex. Wikipedia) : pour la collecte d'informations et la creation de connaissances selon une logique collaborative ; Les blogs et micro-blogs (par ex. Twitter) : pour la publication d'informations et/ou l'expression de soi ; Les reseaux sociaux (par ex. Facebook) : pour la gestion des relations, l'expression de soi et la communication, ainsi que la collecte d'informations ; Les systemes de partage et d'indexation de contenu (par ex. Instagram, Youtube, TikTok): pour la creation et l'echange d'informations multimedia (photos, videos). Il faut egalement ajouter les plates-formes animees par des communautes de volontaires (par ex. Waze) qui permettent la cartographie collaborative, la contribution sur site et a distance, ainsi que le Borraz , Olivier (2019). « Lubrizol : pourquoi la « gestion de crise » a la française est depassee », The Conversation, oct. 2019, https://theconversation.com/lubrizol-pourquoi-la-gestion-de-crise-a-la-francaise-est-depassee-124648 58 Bubendorff Sandrine et Rizza Caroline (a venir). « La communication institutionnelle de crise a l'heure des medias sociaux : quelle place pour les citoyens ? ». Etude de Communication. Soumis 59 Reuter, C., Kaufhol, M.-A., Spahr, F., Spielhofer, T., & Hahne, A. S. (2020). Emergency service staff and social medias ­ A comparative empirical study of the attitude by emergency services staff in Europe in 2014 and 2017. International Journal of Disaster Risk Reduction 61 Reuter, C., Marx, A., & Pipek, V. (2011, mai). Social software as an infrastructure for crisis Management ­ a case study about current practice and potential usage. Proceedings of the 8th International ISCRAM Conference. 60 Rapport n° 013606-01 Mission sur la transparence, l'information et la participation de tous a la gestion des risques majeurs, technologiques ou naturels Page 41/68 PUBLIÉ partenariat public-prive-citoyen. Les portails communautaires d'amateurs meteo comme Infoclimat62 ou meteociel63 sont consultes par des milliers de personnes par jour en France et peuvent etre des vecteurs de vulgarisation des phenomenes naturels et d'information en temps reel. Ainsi, comme cela a ete souligne precedemment dans ce rapport, les medias sociaux constituent un element cle de la modernisation et de la co-construction de la culture du risque aujourd'hui : ils constituent a la fois un espace public virtuel ou de nombreuses informations, echanges et debats ont lieu et, en complement des medias historiques, un canal de diffusion de l'information selon un format plus « horizontal » en ce sens qu'ils soutiennent l'echange avec les citoyens ou entre citoyens. Un de nos auditeurs souligne a ce propos « le citoyen parle au citoyen ». Par ailleurs, afin d'eviter la propagation de rumeurs et de « stopper » toute campagne de desinformation, il est necessaire d'etre present sur les medias sociaux d'une maniere quotidienne et d'interagir avec les citoyens, en d'autres termes « faire sa place » sur ces medias afin d'y acquerir une legitimite de paroles et d'etre relaye par les citoyens eux-memes. Pour ce faire, il faudra : Jouer sur la complementarite des medias sociaux dont chaque categorie (Twitter, Facebook, Instagram, TikTok, etc.) a son propre public ; S'adapter aux codes de ces medias et a leurs methodes de communication : les medias sociaux impliquent une communication plus horizontale avec le citoyen c'est-a-dire une interaction directe. Ci-contre, capture d'ecran de la page Twitter de la Gendarmerie des Vosges pour annoncer des controles routiers a venir ­ on notera le nombre de mentions j'aime (8505), de retweets (743) et le commentaire humoristique du Prefet de Meurthe-etMoselle (Reference a l'interprete Manau de la chanson « la Vallee de Dana »). 62 63 https://www.infoclimat.fr/ https://www.meteociel.fr/ Mission sur la transparence, l'information et la participation de tous a la gestion des risques majeurs, technologiques ou naturels Page 42/68 Rapport n° 013606-01 PUBLIÉ En matiere de prevention, ne pas hesiter a publier des messages de maniere reguliere en mobilisant des visuels uniformises et deja connus ; ci-contre exemple de visuel « prets-a-twitter » diffuses et/ou relayes par les VISOV : la vigilance meteo est datee, tandis que les gestes a mettre en oeuvre sont generiques. Developper des collaborations avec des « youtubeurs », « influenceurs », graffeurs (Street Art), des groupes de jeunes (Love Army, Equipe Smile) pour toucher le public jeune. Recommandation 9. Mieux utiliser la complémentarité des médias historiques et médias sociaux afin de s'assurer que les messages sont diffusés par tous les canaux et reçus par l'ensemble de la population et saisir l'opportunité offerte par les médias sociaux pour interagir avec les citoyens. 4.4 Certains métiers à impliquer davantage La sensibilisation à la prévention des risques doit aussi passer par les professionnels de la construction et globalement par l'implication des métiers de l'aménagement du territoire et de l'urbanisme. La prévention des risques est souvent vue comme une démarche ex post : on aménage les territoires, on construit des bâtiments, mais on s'interroge après sur la façon de les adapter au risque. Si la démarche idéale est pratiquée en théorie pour le risque sismique où les recommandations parasismiques sont en général appliquées, ce n'est pas le cas pour d'autres risques comme l'inondation. Malgré quelques expériences d'aménagement qui ont fait leur preuve (cf quartier Matra à Romorantin64), cette adaptation reste marginale faute de prise de conscience de la part des professions concernées ou faute de connaissance des offres préventives dans les solutions de construction et de reconstruction des bâtiments. Qui fait quoi ? Les fédérations professionnelles - fédération du bâtiment (FFB), confédération des artisans et des petites entreprises du bâtiment (CAPEB) - pourraient diffuser une information à leurs adhérents et les former systématiquement sur la prévention des risques en particulier l'inondation pour qu'ils puissent, après un sinistre, proposer des solutions de reconstruction ou de réhabilitation adaptées au risque. Recommandation 10. Sensibiliser et former les métiers du bâtiment aux solutions intégrant des mesures préventives. Développer une offre permettant de s'affranchir du principe de reconstruction à l'identique post sinistre. Article Liberation, 27 juin 2016 https://www.liberation.fr/france/2016/06/27/inondations-un-quartier-touchemais-pas-coule_1461787/ 64 Rapport n° 013606-01 Mission sur la transparence, l'information et la participation de tous a la gestion des risques majeurs, technologiques ou naturels Page 43/68 PUBLIÉ 4.5 Fédérer, partager et généraliser les bonnes initiatives territoriales Comme evoque dans la partie 2.2.5, le pilotage national semble aujourd'hui eloigne, donc perçu comme flou aux acteurs qui sont dans l'operationnel. Meme si « les petits ruisseaux font les grandes rivieres », les nombreuses et bonnes initiatives presentes sur les territoires, evoquees par les personnes auditionnees, sont diluees et vecues par les acteurs comme une mise en oeuvre de moyens pour peu de resultats. La mission s'est donc penchee sur la question d'une structure interministerielle qui engloberait risques majeurs et risques technologiques a l'instar du Secretariat general a la mer (SGMer) de son Comite interministeriel a la mer (CIMer) ou de la Delegation de la securite et de la circulation routieres (DSCR) et de son Comite interministeriel de la securite routiere (CISR). L'exemple de la securite routiere a ete evoque maintes fois lors des auditions. Le Secretariat general aux Risques Majeurs pourrait : Coordonner l'action de l'Etat et encourager les actions decentralisees mises en oeuvre par les acteurs locaux ; Evaluer ces actions et exercer une reflexion prospective ; Preparer les comites interministeriels des risques majeurs et veiller a l'execution de la feuille de route et des decisions prises. Sous l'autorite du Premier ministre, en collaboration avec les ministeres et organismes concernes, le comite interministeriel des risques majeurs serait charge de fixer les orientations nationales et definirait les differentes actions a mener au niveau national et prendrait toute mesure pour generaliser les bonnes pratiques territoriales, en renforçant notamment les moyens humains et materiels. Alors faut-il creer une nouvelle structure interministerielle avec un rattachement a definir ? Ou s'appuyer sur une structure existante en revoyant son perimetre et sa gouvernance ? Laquelle ? Le COPRNM est cite par certains : « C'est lui qu'il faut mettre en valeur. Le transformer en « tous les risques » et le rendre plus opérationnel ». « C'est un organisme qui a été oublié qui est très important aujourd'hui ». Selon d'autres, l'IRMa meriterait de s'etendre au niveau national. La DGPR pourrait egalement etre renforcee dans ses prerogatives. La question merite d'etre posee. Cote territoire, la mission interregionale inondation arc mediterraneen (MIIAM)65 porte une dynamique sur la culture du risque inondation regionale a l'echelle de 23 departements de la zone de defense Sud (ci-dessous en jaune) sur la prevention des risques inondations. Cette mission, sous la direction du prefet de la zone de defense sud et copilotee par la DREAL Provence Alpes Cote-d'Azur et l'etat-major de zone (cf zones de defense actuelles en metropole ci-contre), a pour objectif d'ameliorer les dispositifs de prevention des risques inondations et de mettre en oeuvre des actions coherentes sur son perimetre en creant des partenariats operationnels. 65 Cf. annexe 5 Mission sur la transparence, l'information et la participation de tous a la gestion des risques majeurs, technologiques ou naturels Page 44/68 Rapport n° 013606-01 PUBLIÉ Pour cela, elle facilite un travail interministeriel et multi-partenarial en favorisant notamment les synergies entre les acteurs de la prevention et de la protection civile. La MIIAM a ainsi developpe de nombreuses experimentations et actions sur la culture du risque. Recommandation 11. Dupliquer la mission inter-régionale inondations de l'arc méditerranéen dans tous les États-majors de zone de défense dans un format « multirisques ». Envisager une structure nationale interministérielle « multirisques » destinée à coordonner les actions de prévention des risques. 4.6 L'alerte, une forme d'information à intégrer dans la culture du risque Quand alerte et information doivent s'associer pour ne faire plus qu'un : Pour le dictionnaire Larousse « l'alerte » est « un signal qui prévient d'un danger imminent » tandis que « l'information » est « une action d'informer quelqu'un, un groupe, de le tenir au courant des évènements ». Or, aujourd'hui l'alerte évolue pour devenir informative, afin de permettre aux citoyens d'agir vite et de façon adaptée à la situation. Lorsqu'une alerte est declenchee, le besoin de comprendre une situation pour se proteger est primordial. Si l'individu comprend ce qu'il se passe, il est plus a meme d'agir. Aussi, meme si on peut considerer l'alerte comme etant en dehors du champ de la culture du risque, elle se situe dans le prolongement direct de la communication preventive et de la mise en vigilance, et peut constituer une forme d'information permettant d'anticiper les conduites a adopter lors de futurs evenements. La culture s'inscrivant dans le temps long, elle doit en effet etre integree tout au long du processus de la gestion des risques, de la prevention a la reconstruction, en passant par la mise en protection des biens et des personnes. Ce principe d'alerter en informant est d'ailleurs en partie prevu dans le point 3 de l'article R. 732-20 du code de la securite interieure, puisque « Les mesures destinées à informer la population » comprennent : La mise a disposition permanente d'informations sur l'etat de vigilance qui a pour objet de prevenir ou de signaler certains risques naturels ou technologiques ou certaines menaces ; L'emission sur tout ou partie du territoire soit d'un message d'alerte, soit du signal national d'alerte, soit de l'un et de l'autre ; La diffusion, repetee tout au long de l'evenement, de consignes de comportement et de securite a observer par la population ; L'emission soit d'un message de fin d'alerte, soit du signal national de fin d'alerte, soit de l'un et de l'autre. Lors d'un cyclone, par exemple, la mise en vigilance doit comporter, en plus des consignes de comportement et de securite, des elements explicatifs du phenomene, de sa trajectoire, etc. Ensuite, la mise en alerte pourra, selon le canal utilise, renforcer ces informations. En effet, lors de son relais sur les medias traditionnels (television, radio), le message pourra etre largement informatif et reprendre l'ensemble des elements de contexte. Au contraire, la transmission de l'alerte sur Smartphone (via SMS geolocalise ou Cell-broadcast66 devra etre concise et ne delivrer que l'information essentielle pour une action immediate. 66 Terminologie française : diffusion cellulaire Mission sur la transparence, l'information et la participation de tous a la gestion des risques majeurs, technologiques ou naturels Page 45/68 Rapport n° 013606-01 PUBLIÉ La nécessité d'avoir une charte commune aux informations sur le risque, de la prévention à l'alerte : comment insuffler une culture du risque sans un socle commun de connaissances incluant un code visuel et sonore identique sur l'ensemble du territoire ? Les documents d'information et de communication doivent être repérables au premier coup d'oeil et éviter de ressembler à des publicités. Ainsi, par exemple, des touristes venant du Nord de la France et se rendant dans le Sud pourraient tout de suite identifier que la plaquette sur les feux de forêt est bien une documentation officielle identique à celle qu'ils ont sur le risque inondation de leur secteur de résidence habituel. De même, les alertes relevant du gouvernement devraient toutes être basées sur la même logique afin que les citoyens appréhendent immédiatement le danger et puissent l'identifier, en particulier lorsqu'il s'agit de messages transmis sur les médias. Le bon moment pour l'alerte Il n'est pas toujours évident, pour le décideur, de juger du moment opportun pour déclencher l'alerte, en particulier lorsqu'il s'agit d'événements à cinétique rapide, comme les crues rapides dans des régions où elles sont récurrentes (épisodes cévenols ou méditerranéens). Cependant, ce type d'alerte, trop répétée et souvent étendue à un territoire trop large, peut engendrer une forme de banalisation des messages, les rendant peu lisibles. Le déclenchement d'une alerte aux populations doit rester exceptionnel et concerner un danger grave et imminent. Cela implique des critères de déclenchement précis, à définir en fonction des risques et des outils de surveillance disponibles. Le déclenchement peut être national ou sur un bassin de population potentiellement menacé. Sur ce dernier point, une approche ciblée sur l'impact du nombre de personnes et la zone concernée est donc nécessaire. Les SMS géolocalisés et le Cell-broadcast permettent de gérer l'alerte sur un maillage territorial précis. En revanche, l'utilisation des médias traditionnels ne pourra concerner qu'un maillage plus large, basé soit sur les anciennes régions administratives sur lesquelles sont encore calqués les bassins de diffusion des médias, soit sur les zones d'émissions des émetteurs de radio et de télédiffusions (soit près de 20 000 sites répartis sur l'ensemble du territoire et l'outre-mer). Radio, télé, téléphonie, etc., ces antennes permettent de toucher facilement une population sur un territoire donné. Ils sont les relais des médias audiovisuels qui sont des vecteurs d'information des populations. Relayer efficacement les alertes informatives aux populations Les alertes informatives aux populations doivent obligatoirement passer par des canaux précis. Le code de la sécurité intérieure le prévoit d'ailleurs dans l'article R 732-25 : « Les mesures d'alerte ont pour objet d'avertir la population de la nécessité de se mettre immédiatement à l'abri du danger et de se porter à l'écoute de l'un des programmes nationaux ou locaux de radio ou de télévision des sociétés nationales de programme Radio France, France Télévisions et son réseau en outre-mer et, le cas échéant, d'autres services de radiodiffusion sonore et de télévision dont la liste est fixée dans les conditions prévues au 1° de l'article R. 732-23 ». Ce fonctionnement permet de garantir aux populations qu'une alerte diffusée par le service public est fiable. La modernisation de l'alerte, actuellement en cours, intègre cette diffusion dans les programmes de service public, ainsi que par messages sur Smartphones. Elle permettra aux populations de mieux comprendre ce qu'il se passe ; et l'intégration du message d'alerte dans un dispositif global d'information autour de la culture du risque devrait permettre de mieux adapter les comportements au danger. Recommandation 12. Mettre en place un dispositif d'alerte aux populations, charté, connu et reconnu de tous, délivrant des informations de contexte et de prudence au plus proche des évènements. Rapport n° 013606-01 Mission sur la transparence, l'information et la participation de tous a la gestion des risques majeurs, technologiques ou naturels Page 46/68 PUBLIÉ 4.7 Une temporalité des actions « chaque chose en son temps » La culture correspond à un temps long, mais elle doit passer, sur le court terme, par des actions qui rendent les citoyens acteurs et des messages de prévention formulés avec pédagogie et régulièrement répétés. Il est alors proposé un calendrier précisant les court, moyen et long termes pour la mise en oeuvre des recommandations citées dans ce document. Recommandations Un évènement national, fédérateur et mobilisateur (chaque année autour du 13 octobre) Elaboration d'un « kit » pédagogique national et téléchargeable Développer et adapter la plateforme « Géorisques » pour en faire le site de référence Création d'unités mobiles pour une expérience physique et sensorielle des risques Encourager la valorisation des résultats des projets de recherche via des supports pédagogiques et grand public Sensibilisation et formation des élus locaux Désignation par le maire d'un référent « risques » Création d'un concours environnemental national Mieux utiliser les média sociaux pour diffuser des messages et interagir avec les citoyens Sensibilisation et formation des professionnels du secteur du bâtiment Dupliquer la mission interrégionale de l'arc méditerranéen Réflexion sur une structure nationale interministérielle Mise en place d'un dispositif d'alerte « charté » connu et reconnu de tous 2021 2022 2023 2024 Mise en oeuvre immediate et perennite dans le temps Elaboration de l'action puis mise en oeuvre dans l'annee indiquee Rapport n° 013606-01 Mission sur la transparence, l'information et la participation de tous a la gestion des risques majeurs, technologiques ou naturels Page 47/68 PUBLIÉ Conclusion La mission de six mois a porté sur la transparence, l'information et la participation de tous à la gestion des risques majeurs, technologiques ou naturels. Malgré un temps contraint et des conditions particulières liées à la crise sanitaire, sa volonté a été de comprendre les ressorts de la culture du risque en France en auditionnant le plus d'acteurs possible afin d'entendre et de comprendre la réalité et l'expérience de ces parties prenantes, leur souhait d'aller plus loin et d'agir plus vite. Cela a été mentionné à maintes reprises : les hommes et les femmes dévoués à la prévention des risques technologiques et naturels en France sont nombreux et forment un tissu riche d'expériences et d'initiatives encourageantes dans toutes les sphères de notre société. Des défis subsistent encore : reconstruire une confiance mutuelle entre nos citoyens et leurs institutions, redéfinir une politique de sensibilisation et d'information attractive adaptée aux différents publics, s'acculturer au numérique et notamment aux médias sociaux, former systématiquement nos élus locaux, assurer la coordination et la pérennité des actions dans le temps... Les recommandations proposées ont l'ambition de répondre à ces défis d'une manière concrète, simple et facilement mise en oeuvre, l'objectif ultime étant de limiter les conséquences humaines, matérielles (dont financières) et psychologiques pour les populations affectées. Nous avons la conviction que la culture du risque peut devenir un sujet particulièrement mobilisateur, source d'intelligence collective, si elle s'inscrit dans une approche pédagogique globale et positive ouverte sur l'avenir. En conclusion de ce rapport nous formulons de nos voeux que cette nouvelle culture du risque encourage et engage les publics vers une meilleure connaissance de leur environnement naturel et technologique, de leurs attraits et de leurs menaces, en créant du lien, en transmettant la mémoire du territoire et en innovant par des actions au présent. « Dans la vie, rien n'est à craindre, tout est à comprendre » Marie Curie Physicienne, Scientifique (1867 - 1934) Rapport n° 013606-01 Mission sur la transparence, l'information et la participation de tous a la gestion des risques majeurs, technologiques ou naturels Page 48/68 PUBLIÉ Frédéric COURANT Jean-Frédéric BISCAY Damien BOUTILLET Caroline RIZZA Freddy VINET Karine WEISS Maryline SIMONÉ Julie DEHAYS Les membres de la mission remercient toutes les personnes auditionnées, pour leur disponibilité et leur contribution à ce rapport. Rapport n° 013606-01 Mission sur la transparence, l'information et la participation de tous a la gestion des risques majeurs, technologiques ou naturels Page 49/68 PUBLIÉ Annexes Rapport n° 013606-01 Mission sur la transparence, l'information et la participation de tous a la gestion des risques majeurs, technologiques ou naturels Page 50/68 PUBLIÉ 1 Lettre de mission Rapport n° 013606-01 Mission sur la transparence, l'information et la participation de tous a la gestion des risques majeurs, technologiques ou naturels Page 51/68 PUBLIÉ Rapport n° 013606-01 Mission sur la transparence, l'information et la participation de tous a la gestion des risques majeurs, technologiques ou naturels Page 52/68 PUBLIÉ Rapport n° 013606-01 Mission sur la transparence, l'information et la participation de tous a la gestion des risques majeurs, technologiques ou naturels Page 53/68 PUBLIÉ 2 Guide d'entretien Rapport n° 013606-01 Mission sur la transparence, l'information et la participation de tous a la gestion des risques majeurs, technologiques ou naturels Page 54/68 PUBLIÉ 3 Lois et outils règlementaires Intitulé Texte de référence Loi n° 87-565 du 22 juillet 1987 Abrogee par la loi du 13 aout 2004 Loi n°95-101 du 2 fevrier 1995 Objectifs Lois Rédaction et mise en oeuvre Commentaire Loi relative a l'organisation de la securite civile, a la protection de la foret contre l'incendie et a la prevention des risques majeurs Loi Barnier Organiser la securite civile en France et instaurer le droit a l'information preventive du public Renforcer la protection de l'environnement Etat Etat Toute la population doit avoir acces a l'information preventive sur les risques majeurs. Instauration des PPR. Creation du fonds de prevention des risques naturels majeurs. Loi « risques » Loi n°2003-699 du 30 juillet 2003 Renforcer la prevention des risques technologiques et naturels et la reparation des dommages. Etat Promulguee suite a l'explosion sur le site AZF a Toulouse le 21 septembre 2001. Creation des PPRT La securite civile doit Etat etre l'affaire de tous (sensibilisation des populations, apprentissage generalise des gestes de secours, nouvel elan pour le volontariat chez les pompiers, redefinition du role des associations, ...) Loi de modernisation de la securite civile Loi n° 2004-811 du 13 aout 2004 Mobiliser l'ensemble des competences impliquees dans la prevention et l'organisation des secours concernant les risques technologiques, naturels ou de nature terroriste Documents réglementaires Dossier departemental sur les risques majeurs (DDRM) Decret du 11 octobre 1990 Recenser des informations sur l'ensemble des risques majeurs a l'echelle du departement Prefet Article R. 125-11 du CE « Le DDRM comprend la liste de l'ensemble des communes mentionnees a l'article R. 125-10 avec l'enumeration et la description des risques majeurs auxquels chacune de ces communes est exposee, l'enonce de leurs consequences previsibles pour les personnes, les biens et l'environnement, la chronologie des evenements et des accidents connus et significatifs de l'existence de ces risques et l'expose des mesures generales de prevention, de protection et de sauvegarde prevues par les autorites publiques dans le departement pour en limiter les effets. Il est mis a jour, en tant que de besoin, dans un delai qui Rapport n° 013606-01 Mission sur la transparence, l'information et la participation de tous a la gestion des risques majeurs, technologiques ou naturels Page 55/68 PUBLIÉ ne peut exceder cinq ans. Transmission d'information aux maires (TIM) Decret du 11 octobre 1990 Transmettre les informations aux maires concernant les risques majeurs sur leur commune Prefet Article R. 125-11 « Le prefet adresse aux maires des communes les informations contenues dans les documents mentionnes a l'article R. 125-10 interessant le territoire de chacune d'elles, les cartographies existantes des zones exposees ainsi que la liste des arretes portant constatation de l'etat de catastrophe naturelle. » Plan de Prevention des risques naturels previsibles (PPRN) Loi n°95-101 du 02 fevrier 1995 Delimiter les zones exposees aux risques et reglementer l'utilisation des sols. Il peut etre rendu obligatoire par le prefet lorsque le territoire est soumis a un risque naturel important reconnu par des faits historiques. Plan de prevention des risques d'inondation (PPRI) Plan de prevention des risques miniers (PPRM) Plan de prevention des risques technologiques (PPRT) Loi n°2003-699 du 30 juillet 2003 Prefet en concertation avec les collectivites. Loi n°95-101 du 02 fevrier 1995 Loi du 30 mars 1999 Prefet en concertation avec les collectivites. Obligatoire autour des installations Seveso seuil haut. Concerne plus de 800 communes et 16 000 logements. En fevrier 2020, 385 ont ete approuves sur les 390 a elaborer. Programme d'Actions de Prevention des Inondations (PAPI) Lances en 2002 Promouvoir une gestion integree des risques d'inondation en vue de reduire leurs consequences dommageables sur la sante humaines, les biens, les activites economiques et l'environnement Redige par les collectivites ou les syndicats de bassin et approuve par le prefet Finance par tous les echelons etatiques (Etat, Region, Departement, agglomeration) Plan communal de sauvegarde (PCS) Loi 2004-811 du 13 aout 2004 Article L. 731-3 du Code de la securite interieure Preparer et organiser la commune pour faire face aux situations d'urgence Maire Toutes les communes dotees d'un plan de prevention doivent realiser un PCS. Il doit contenir le DICRIM revise au maximum tous les 5 ans. Document d'information communal sur les risques majeurs (DICRIM) Decret du 11 octobre 1990 Et articles R. 125-11, 12 et 14 du code de l'environnement Informer les populations sur l'ensemble des risques majeurs a l'echelle communale. Communiquer sur les bons gestes et consignes de securite Maire Le DICRIM doit etre obligatoirement realise lorsque la commune est concernee par un PPR. Peut etre realise volontairement sans PPR. 28 000 communes sont concernees par un PPR. A ce jour, environ 9 000 Prefet en concertation avec les collectivites. Realise et approuve par le prefet en concertation avec les collectivites. Le maire est charge de sa bonne application (annexion au PLU, carte communale). Il comporte une note de presentation, les documents graphiques et le reglement. Les mairies doivent le mettre a disposition du public Rapport n° 013606-01 Mission sur la transparence, l'information et la participation de tous a la gestion des risques majeurs, technologiques ou naturels Page 56/68 PUBLIÉ communes l'ont realise. Le maire doit communiquer son existence par un avis affiche pendant au moins deux mois a la mairie. Reperes de crues Article R. 563-12 du Code de l'environnement. Recensement des crues historiques d'une commune afin d'installer et maintenir des reperes dans les espaces publics et prives indiquant les plus hautes eaux connues (PHEC) Information des acquereurs et des locataires (IAL) de biens en zones a risques Loi n°2003-699 du 30 juillet 2003 Informer les acheteurs ou les locataires des plans de prevention Vendeurs/ bailleurs Deux obligations sont codifiees a l'article L. 125-5 du code de l'environnement (article 77 de la loi) : - Une 1ere obligation d'information sur les risques technologiques et naturels affectant tout ou partie du bien immobilier - Une 2eme obligation d'information sur les sinistres resultant de catastrophes technologiques ou naturelles reconnues ayant affecte en tout ou partie l'immeuble bati concerne. Maire Depuis 2003 Rapport n° 013606-01 Mission sur la transparence, l'information et la participation de tous a la gestion des risques majeurs, technologiques ou naturels Page 57/68 PUBLIÉ 4 Des communautés expertes en ligne affiliées et non-affiliées aux instances étatiques Parmi les associations citoyennes desormais affiliee et reconnue par les instances etatiques, l'association VISOV (loi 1901) a ete fondee en 2014. Sa mission est de « fournir un soutien technique, methodologique et des renforts operationnels lors d'actions menees sur les medias sociaux dans le cadre de la gestion de l'urgence et de crise de securite civile » 67 . Inspiree des Virtual Operations Support Teams (VOST) a l'international l'association VISOV en est la version francophone. Les VISOV proposent une activite de suivi, tri et remontee d'informations pertinentes issues des medias sociaux aux institutions partenaires sur l'ensemble de la chaine operationnelle de gestion de crise : PC Communal, SDIS, Prefecture, Etat-major Zonal, COGIC au Ministere de l'Interieur. L'activite des VISOV recoupe deux types de temporalite qui recouvrent a la fois le quotidien et l'evenement majeur (Batard, 2021)68 : Le quotidien, caracterise par une « veille active » lors de laquelle les volontaires echangent dans des salles Whatsapp thematiques (par exemple : « volontaire », « meteo ») toute information publiee sur internet et pouvant interesser d'autres volontaires (evenement a suivre, faits mineurs, debut de crise, etc.) ; L'activation qui precede un evenement majeur lorsqu'il est anticipe ou bien lors de l'evenement lorsqu'il est soudain, pendant laquelle les VISOV sont mobilises a la demande (ou pas) d'une institution ou organisation officielle de securite civile. A cette occasion une salle WhatsApp dite ESOV (Équipe de Soutien Opérationnel Virtuel) rassemble les volontaires disponibles en ligne et au minimum un tableur partage est cree (une cartographie collaborative peut egalement l'etre) pour faire remonter toute information jugee importante aupres des institutionnels ayant active les VISOV. Les travaux de recherche menes sur la question des volontaires virtuels en gestion de crise ainsi que les entretiens menes dans le cadre de la mission soulignent l'importance aujourd'hui attribuee a l'association VISOV ainsi que le role qu'elle joue en termes de prevention et de diffusion de l'information vers les citoyens lorsqu'elle est activee. De notre point de vue, les VISOV effectuent une partie importante du travail de veille des medias sociaux et constituent un relai pertinent et credible vers les citoyens permettant de decharger les institutions en charge et de les soutenir quant dans le traitement et l'apport de l'information circulant sur les medias sociaux lors d'un evenement. D'autres communautes expertes citoyennes meritent d'etre aussi d'etre mentionnees pour leur travail de documentation sur un evenement passe ou en cours comme la communaute Wikipedia qui a depuis le debut de la crise sanitaire joue un role significatif dans la lutte sur a desinformation (voir l'audition du President de la Fondation Wikipedia France par le CSA dans le cadre de la lutte contre la desinformation relative a la crise sanitaire). Par des mecanismes propres a la plateforme et des regles mises en place par la communaute wikipedienne, le media social collaboratif agrege et publie des informations verifiees et pertinentes. Wikipedia est ainsi une encyclopedie collaborative en ligne alimentee par les contributions des internautes. Elle constitue une experience inedite en termes d'ouverture a la participation d'internautes a la redaction de contenu. Depuis 2003, le site est consulte avant tout pour ses articles concernant des evenements d'actualite. Mais avant d'etre une encyclopedie generaliste, Wikipedia est utilisee par les internautes comme un moyen d'obtenir de l'information sur un evenement en cours ou recent : c'est un lieu en ligne incontournable, quelle que soit l'actualite (deces d'une personnalite celebre ou autre evenement d'actualite). L'encyclopedie en ligne donne par www.visov.org Batard, Robin (2021). « Les medias sociaux, vecteurs d'integration des initiatives citoyennes en gestion de crise », these de doctorat en Sciences de l'Information et de la Communication, I3-Telecom Paris (UMR9217) et IMT-Mines Albi, soutenance le 25 juin 2021. 67 68 Rapport n° 013606-01 Mission sur la transparence, l'information et la participation de tous a la gestion des risques majeurs, technologiques ou naturels Page 58/68 PUBLIÉ ailleurs lieu a de nombreux echanges entre les contributeurs, que l'on retrouve dans les onglets « discussions » presents pour chacune des pages Wikipedia (par ex. Bubendorff et Rizza, 2021)69. A ce titre, cette communaute citoyenne experte non-affiliee joue peut jouer un role significatif dans la communication vers les citoyens sur les risques majeurs d'un territoire, sur la documentation relative a ces risques, et enfin dans le cas d'un incident majeur sur le faire-sens de l'evenement en cours. Bubendorff, Sandrine et Rizza, Caroline (2021). « Wikipedia face a la crise de Covid-19 ». Les annales des Mines, juin 2021 69 Rapport n° 013606-01 Mission sur la transparence, l'information et la participation de tous a la gestion des risques majeurs, technologiques ou naturels Page 59/68 PUBLIÉ 5 Mission interrégionale inondation arc méditerranéen (MIIAM) Rapport n° 013606-01 Mission sur la transparence, l'information et la participation de tous a la gestion des risques majeurs, technologiques ou naturels PUBLIÉ Page 60/68 6 Liste des personnes rencontrées NOM Acharian Allione PRÉNOM Celine Gregory ORGANISME Autorite de surete nucleaire Federation nationale des sapeurspompiers IRMa IFFO-RME CEPRI Ministere de l'Interieur FONCTION Directrice de la communication President DATE DE RENCONTRE 04.06.2021 18.02.2021 Airenti Bazin Beaufils Bernier Bernard Daniele Marie-France Michael Blein Bouillon de Choudun Collard DanielLacombe Debar Delalonde Delrieu Delcamp Doroszczuk Durand Durandau Druez Faytre Galichet Yves Christophe Henri Eric Eric Anne Jean-Claude Andre Christophe Bernard Pierre-Andre Emmanuelle Yvelyne Ludovic Olivier AMARIS Mairie de Barentin IRMa VISOV Bureau d'architecture EDL Meteo France ANCCLI UNALCI FFA Autorite de surete nucleaire Seine-Maritime PUCA ANCCLI Institut Paris Region Agence numerique de la securite civile IRMa Vice-President Vice-Presidente Presidente Lieutenant-colonel de sapeur-pompier Charge de mission a l'Etatmajor interministeriel de la Zone de defense nord President Maire et President de l'association des petites villes de France Membre du conseil d'administration President Architecte Directrice generale adjointe President Co-president Directeur general adjoint President Prefet Secretaire permanente adjointe presidente de la CLI du centre de stockage de la Manche Responsable des etudes risques Lieutenant-Colonel, charge de mission Pole offre de services et partenariats Directeur 16.03.2021 18.03.2021 05.02.2021 17.02.2021 18.02.2021 03.03.2021 16.03.2021 18.03.2021 01.04.2021 19.03.2021 23.03.2021 15.04.2021 30.02.2021 04.06.2021 02.02.2021 12.03.2021 23.03.2021 08.04.2021 24.02.2021 Giannocaro François 16.03.2021 Rapport n° 013606-01 Mission sur la transparence, l'information et la participation de tous à la gestion des risques majeurs, technologiques ou naturels Page 61/68 PUBLIÉ Guilbert Celine Federation nationale des sapeurspompiers Chargee du developpement des competences, des profils et de l'innovation Ancien président de la Commission d'Orientation de la Recherche et de l'Expertise de l'Ineris (CORE) Charge de mission risque nucleaire Chef de bureau d'analyse et de gestion des risques Direction generale de la securite civile et de la gestion de crises Co-presidente President Deleguee generale Directeur des operations pour la prevision Depute de la 2eme circonscription Membre du conseil d'administration, charge des risques, ancien depute-maire de Chatelaillon-Plage Directeur Directrice de la communication Maire Tresoriere et secretaire adjointe Directrice de projets a la delegation interministerielle aux risques majeurs outremer Directeur general adjoint 18.02.2021 Hayotte Gerald 17.03.2021 Hérard Hocdé Serge Yves MARN Ministere de l'interieur 25.03.2021 16.03.2021 Janisset Kert Lair Lalaurette Larive Léonard Josiane Christian Christine François Michel Jean-Louis UNALCI AFPCN ANEL Meteo France Ariege ANEL 15.04.2021 07.04.2021 18.02.2021 19.03.2021 16.02.2021 18.02.2021 Lheureux Morin Menassi Merel Montacer Yves Pauline Eric Odile Ilham ANCCLI Meteo France Trebes UNALCI Ministere de la Transition ecologique Communaute d'agglo du pays d'Arles / Crau / Eaux Camargue / Montagnette Ministere de la Transition ecologique CNRS AFPCN Association des maires de France (AMF) FFA IRMa 23.03.2021 19.03.2021 17.02.2021 15.04.2021 23.03.2021 Montagnier Andre 11.02.2021 Mortier Musquet November Nussbaum Oberlé Penet Perrotin Frederic Gael Valerie Roland Sylviane Stephane Gerard Delegue interministeriel aux risques majeurs outre-mer Hacker citoyen Directrice de recherche Secretaire general Chargee des missions de prevention des pollutions et des inondations Delegue general adjoint President 23.03.2021 17.03.2021 11.02.2021 07.04.2021 08.04.2021 30.02.2021 16.03.2021 Rapport n° 013606-01 Mission sur la transparence, l'information et la participation de tous à la gestion des risques majeurs, technologiques ou naturels Page 62/68 PUBLIÉ Peskine Petit Petrault Pierron Prudhon Rabat Reghezza Helene Jean-Philippe Françoise Sylvette Philippe Florance Magali PUCA AEPJR Ministere de l'education nationale IFFOR-ME France Chimie FNP Directrice President Sous-directrice de l'action Educative - DGESCO Presidente Directeur des affaires techniques Chargee de la jeunesse, de la prevention et de l'education du citoyen face aux risques Maître de conferences en geographie Directrice du Centre de formation sur l'environnement et la societe (CERES) Directeur de l'environnement et des situations d'urgence Chef de bureau de la sante et de l'action sociale - DGESCO Officier sapeur-pompiers du Rhone, membre de l'IRMa Historien Presidente directrice generale Conseillere aupres du President Membre du conseil d'administration Directeur de l'urgence et des operations de secours President Commissaire Deputee de la 2eme circonscription Pilote le reseau « Risques et Impacts Industriels » Chargee de la mission d'ecoute et d'appui Ancien Maire Administrateur general 12.03.2021 16.04.2021 22.04.2021 18.03.2021 14.06.2021 18.02.2021 12.02.2021 Rivière Rogeon Sapet Sauzeau Schwarz Soubelet Taboulot Testa Thuriot Tourjansky Tuffnell Vastel Verrhiest Weiss Zyltman Olivier Benoît Benoît Thierry Virginie Veronique Serge Philippe Denis Laure Frederique Ginette Ghislaine Jean-Claude Marc Autorite de surete nucleaire Ministere de l'education nationale IRMa Universite de Poitiers Meteo France FNP IRMa Croix-Rouge COPRNM Autorité de sureté nucléaire CharenteMaritime France nature environnement (FNE) MIIAM Notre-Dame de Gravenchon Croix-Rouge 04.06.2021 22.04.2021 16.03.2021 14.04.2021 19.03.2021 18.02.2021 16.03.2021 05.03.2021 01.04.2021 04.06.2021 19.02.2021 04.02.2021 12.02.2021 19.03.2021 05.03.2021 Rapport n° 013606-01 Mission sur la transparence, l'information et la participation de tous à la gestion des risques majeurs, technologiques ou naturels Page 63/68 PUBLIÉ 7 Glossaire des sigles et acronymes ACRONYME AEPJR AFPCN AMF ANEL CAPEB CAT NAT CEPRI CEREMA CGDD CGEDD CIMer CISR CLI CNDP CNPT COGIC COM COPRNM CSS DAC DDRM DDT DDTM DGPR DGSCGC DICOM DICRIM DIRMOM DOM SIGNIFICATION Association des entreprises de Port-Jérôme et de sa région Association française pour la prévention des catastrophes naturelles Association des maires de France Association nationale des élus du littoral Confédération des artisans et des petites entreprises du bâtiment Catastrophe naturelle Centre européen de prévention de risque d'inondation Centre d'études et d'expertise sur les risques, l'environnement, la mobilité et l'aménagement Commissariat général au développement durable Conseil général de l'environnement et du développement durable Comité interministériel à la mer Comité interministériel de la sécurité routière Commission locale d'information Commission nationale du débat public Centre National de la Fonction Publique Territoriale Centre opérationnel de gestion interministérielle des crises Collectivités d'outre-mer Conseil d'orientation pour la prévention des risques naturels majeurs Commission de suivi de site Direction de l'administration centrale Document départemental des risques majeurs Direction départementale des territoires Direction départementale des territoires et de la mer Direction générale de la prévention des risques Direction générale de la sécurité civile et de la gestion des crises Direction de la communication Document d'information communale sur les risques majeurs Délégation interministérielle aux risques majeurs outre-mer Départements d'outre-mer Rapport n° 013606-01 Mission sur la transparence, l'information et la participation de tous à la gestion des risques majeurs, technologiques ou naturels Page 64/68 PUBLIÉ DOS DREAL DSCR ECASC ECO MAIRES ENSOSP EPCI ERRIAL FFA FFB FNE IAL ICPE IFFO-RME IRMa MIIAM MTE NEMA ONG PACA PAPI PCS PLU PPR PPRI PPRL PPRN PPRT RGA SDIS SFN SGMer Rapport n° 013606-01 Directeur des opérations de secours Direction régionale de l'environnement, de l'aménagement et du logement Délégation de la sécurité et de la circulation routière Ecole d'application de sécurité civile Association nationale et internationale des maires et élus locaux pour le développement durable Ecole nationale supérieure des officiers de sapeurs-pompiers Etablissement public de coopération intercommunale Etat des risques réglementés pour l'information des acquéreurs et des locataires Fédération française de l'assurance Fédération française du bâtiment France nature environnement Information acheteur locataire Installations classées pour la protection de l'environnement Institut français des formateurs risques majeurs et protection de l'environnement Institut des risques majeurs Mission interrégionale inondation de l'arc méditerranéen Ministère de la transition écologique National Emergency Management Agency Organisation non gouvernementale Provence-Alpes-Côte d'Azur Plan d'actions de prévention des inondations Plan communal de sauvegarde Plan local d'urbanisme Plan de prévention des risques Plan de prévention des risques inondations Plan de prévention des risques littoraux Plan de prévention des risques naturels Plan de prévention des risques technologiques Retrait gonglement des argiles Service départemental d'incendie et de secours Solutions fondées sur la nature Secrétariat général à la mer Mission sur la transparence, l'information et la participation de tous à la gestion des risques majeurs, technologiques ou naturels Page 65/68 PUBLIÉ SNSM UICN UNESCO Société nationale des sauveteurs en mer Union internationale pour la conservation de la nature Organisation des Nations Unies pour l'éducation, la science et la culture Rapport n° 013606-01 Mission sur la transparence, l'information et la participation de tous à la gestion des risques majeurs, technologiques ou naturels Page 66/68 PUBLIÉ PUBLIÉ PUBLIÉ INVALIDE)

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