Utilisation des recettes des outils de fiscalité "carbone" en faveur de la transition écologique juste
FINK, Meike ;LIMOUSIN, Lorelei
Auteur moral
Agence de l'environnement et de la maîtrise de l'énergie (France)
;France. Ministère de la transition écologique et solidaire
;Réseau Action Climat - France
Auteur secondaire
Résumé
Au moment même où le monde a décidé de se diriger vers une trajectoire climatique de 1,5° C, la baisse des prix des énergies fossiles a complètement annihilé les effets incitatifs de l'ensemble des outils qui visent à donner un prix aux émissions de gaz à effet de serre. Les économies générées pour les ménages et entreprises par la baisse du prix des fossiles ont dépassé en 2015 le poids financier ajouté par la composante carbone. La première partie de ce rapport fait la synthèse des recommandations du Réseau Action Climat. Différents outils carbone, ainsi que l'utilisation de leurs recettes, sont ensuite détaillés. Enfin, l'utilisation des recettes de ces outils de la fiscalité carbone pour une transition juste est proposée.
Editeur
réseau Action Climat France
Descripteur Urbamet
fiscalité
;entreprise
;analyse économique
;transition écologique
Descripteur écoplanete
fiscalité environnementale
Thème
Environnement - Paysage
Texte intégral
Utilisation
des recettes des
outils de fiscalité
« carbone »
en faveur
de la transition
écologique juste
Mars 2016
Rédaction:
Meike Fink || Responsable « Transition climatique juste »
Réseau Action Climat (RAC-F)
Lorelei Limousin II Responsable Transport et climat
Réseau Action Climat
Soutien:
Publication réalisée avec le soutien de l?Ademe
et du Ministère de la Transition écologique et solidaire.
Les auteurs sont seuls responsables du contenu
de cette publication, qui ne reflète pas nécessairement
l?opinion des financeurs et des entreprises analysées.
Les financeurs ne sont pas responsables de l?usage
qui pourrait être fait des informations qui y sont contenues.
Dessin :
David Cochard
Mise en page:
Christian Mattiucci
ISBN 978-2-919083-14-5
MINISTÈRE
DE LA TRANSITION
ÉCOLOGIQUE
ET SOLIDAIRE
Utilisation des recettes des outils 4
de fiscalité « carbone » en faveur
de la transition écologique juste
Synthèse 5
Nos recommandations pour une taxe carbone
à la hauteur de l?urgence climatique dont
les recettes permettent d?accélérer la transition
Les recettes des outils de fiscalité 7
« carbone » au service de la transition
écologique juste
Composante carbone 7
Analyse crit ique de l ?uti l isation actuelle 8
et prévue des recettes
Vente aux enchères des quotas CO2 9
du marché carbone européen
Analyse crit ique de l ?uti l isation actuelle 9
des recettes
Prix plancher carbone sur l?électricité en France 10
Est-ce qu?il faut un outil de rattrapage 10
entre la composante carbone et le prix des quotas
pour les installations ETS en France ?
Util isation des recettes théoriques 11
Comment utiliser les recettes 12
des dispositifs carbone pour accélérer
la transition écologique juste ?
Création d?un fonds « Transition juste » 14
via le système des quotas CO2 européens
Accompagner les reconversions 14
professionnelles de la transition écologique
Les territoires 16
Les entreprises 16
Les secteursd?activité 17
Mobil ité durable 17
Les outi ls pour combattre la précarité 17
énergétique
? Le chèque énergie 17
? Le programme «Habiter mieux» de l ?Anah 18
? L?audit énergétique gratuit 20
4
Au moment même où le monde a décidé de se diriger vers une
trajectoire climatique de1,5° C, la baisse des prix des énergies
fossiles a complètement annihilé les effets incitatifs de l?en-
semble des outils qui visent à donner un prix aux émissions de
gaz à effet de serre.
Les économies générées pour les ménages et entreprises par la
baisse du prix des fossiles ont dépassé en2015 le poids financier
ajouté par la composante carbone1. De plus, le prix des quotas
CO2 du marché européen a également enregistré des baisses
record, chutant à un taux d?environ 5¤ / t CO2.
Tant que les prix des fossiles restent au niveau actuel, le signal
prix carbone n?existe donc plus. Les conséquences ne sont pas
négligeables si on considère que les outils « carbone » sont un
élément clé pour baliser le chemin de la transition écologique.
Pour répondre à cette situation et rétablir un signal prix, il est
primordial que le gouvernement français accélère la trajectoire
d?augmentation de la composante carbone sans tarder pour
compenser au moins en partie la baisse des prix des fossiles.
Par ailleurs, les travaux de la commission Rocard2 et le rapport
Quinet3 méritent aussi une mise à jour. Le gouvernement devrait
lancer au plus vite une réflexion sur une nouvelle valeur titulaire
du carbone. Une valeur qui doit être en cohérence avec un scé-
nario plus ambitieux et qui corresponde à une trajectoire 1,5° C
pour la France. Cette réflexion devrait par ailleurs prendre en
compte la variabilité des prix des énergies fossiles.
Si l?on veut qu?une augmentation de la taxe carbone soit, au-
delà de sa nécessité écologique, acceptable socialement, les
recettes doivent être utilisées pour accélérer la dynamique de
la transition et la rendre plus juste. Il s?agit de rehausser et
de pérenniser les budgets des programmes de rénovation, de
lancer des appels à projet pour la construction des infrastruc-
tures durables, de renforcer les dispositifs qui soutiennent les
ménages en situation de précarité énergétique et d?appuyer des
initiatives de reconversion des secteurs fragilisés par la transi-
tion écologique etc.
Dans la première partie de ce rapport nous présentons une syn-
thèse de nos recommandations. Différents outils carbone, ainsi
que l?utilisation de leurs recettes, sont ensuite détaillés. Enfin, vous
trouverez nos propositions pour l?utilisation des recettes de ces
outils de la fiscalité carbone pour une transition juste.
Utilisation des recettes
des outils de fiscalité
« carbone » en faveur
de la transition
écologique juste
1. CGDD (2016) « L?impact, pour les ménages, d?une composante
carbone dans le prix des énergies fossiles », le point sur n°255:
Note de conjoncture de l?INSEE (mars 2016, C. Bortoli et K. Milin)
intitulée « Qui a bénéficié de la chute du prix du pétrole ? »
Malgré cette tendance, certains ménages ont subi une perte
budgétaire du fait de structures de consommations énergétiques
élevées et contraintes.
2. www.developpement-durable.gouv.fr/IMG/pdf/01-18.pdf
3. www.ladocumentationfrancaise.fr/rapports-publics/094000195/
5
1 ? Accélérer la trajectoire de la composante carbone pour
contrebalancer la baisse des prix d?énergie et pour créer des
recettes additionnelles afin de financer des investissements
de la transition écologique juste.
2 ? Mettre en place un comité pour réévaluer la valeur carbone
au vu des dernières connaissances scientifiques du climat et
et en cohérence avec les contraintes posées par l?Accord de
Paris (trajectoire 1,5° C) qui prendra en compte la variabilité
des prix des énergies fossiles.
3 ? Introduire un outil de « rattrapage » qui permette de com-
bler l?écart des prix carbone à l?échelle de la France pour
les entreprises. Les entreprises soumises au marché euro-
péen des quotas de CO2 paient actuellement un prix de
5¤ / t CO2 et sont exemptées du paiement de la composante
carbone alors que l?écart entre ces deux prix carbone s?ac-
croît chaque année. Ainsi, certaines entreprises françaises
paient aujourd?hui un prix carbone de 5¤ / t CO2 et d?autres
paient 30,5¤ / t CO2. Aussi les entreprises des secteurs les plus
exposés au commerce international sont exemptées de tout
taxation carbone. Un «rattrapage» du prix carbone devrait
donc être accompagné d?une réflexion sur la mise en place
d?un mécanisme d?ajustement carbone aux frontières.
4 ? Utilisation des recettes de cet outil de rattrapage entre
les deux prix carbone (ETS et composante carbone) et une
grande partie de celles de la vente aux enchères des quotas
CO2 européens en faveur des investissements dans des tech-
nologies d?efficacité énergétique, d?énergies renouvelables
et de procédés innovants des entreprises et pour faciliter la
reconversion des salariés des secteurs privés qui sont / seront
affectés par la transition écologique.
5 ? Création à partir de 2020 d?un Fonds pour la transition juste
en Europe (accompagnement de la reconversion des salariés
des secteurs fragilisés) qui seraient alimentés par les revenus
de la mise aux enchères des quotas CO2 du système européen
d?échange de quotas CO2 « mis de côté » pour la période 2021-30.
6 ? Affecter la totalité des recettes de la composante carbone
au Compte d?affectation spéciale « Transition énergétique »
et pas uniquement l?augmentation d?une année à l?autre.
Synthèse
Nos recommandations
pour une taxe carbone
à la hauteur de l?urgence
climatique dont les recettes
permettent d?accélérer
la transition écologique juste
6
? l?élargissement du chèque énergie: mettre à disposition
1,9Md ¤ supplémentaires par an pour rehausser le mon-
tant du chèque à 600¤ par ménage4 pour combler « l?écart
énergétique5 » ;
? l?élargissement du financement du programme Habiter
mieux de l?Anah (Agence nationale pour l?amélioration de
l?habitat): nous proposons d?accorder à l?Anah une partie
pérenne des recettes de la composante carbone (environ
1,6Md ¤ par an) afin d?augmenter le nombre des rénova-
tions pour ainsi respecter les objectifs de la loi relative à la
transition énergétique et la croissance verte, de permettre
de rehausser la performance des rénovations, d?améliorer
la rémunération de l?ingénierie technique, sociale et finan-
cière et de trouver des solutions adaptées aux ménages les
plus pauvres ;
? le financement des audits obligatoires dans le cadre du
dispositif Habiter mieux. Pour chaque chantier engagé, il
faut compter 700 ¤ pour un accompagnement des opéra-
teurs de l?Anah, ce qui inclut l?audit énergétique et la visite
post-chantier.
4. Aujourd?hui le financement du chèque énergie dans sa forme
actuelle est assuré via le programme345: Service public
de l?énergie via l?autorisation d?engagement « Protection
des consommateurs en situation de précarité énergétique.
Il faudra donc affecter une partie des recettes de la composante
carbone au programme345.
5. Selon l?Observatoire national de la précarité énergétique (ONPE)
la réduction de la facture énergétique permettrait aux ménages
de sortir de leur situation de précarité énergétique.
7 ? Créer des autorisations de dépenses supplémentaires dans
le Compte d?affectation spéciale « Transition énergétique »
afin de pouvoir utiliser des recettes de la composante car-
bone en faveur de la transition écologique juste pour:
? une allocation de 150M ¤ par an des recettes de la com-
posante carbone à un Fonds pour les reconversions pro-
fessionnelles dans le cadre de la transition écologique.
Ce fonds permettra notamment de financer en parallèle
aux contrats de transition écologique, des processus de
développement de projets collectifs de reconversion com-
patibles avec les principes de la transition écologique à
l?échelle d?un territoire ;
? la création pour les collectivités d?une dotation générale
de fonctionnement dédiée à l?énergie et au climat, en com-
plément des dotations globales de financement: Affec-
tation à partir de2018 de 600M ¤ par an pour mettre à
disposition des moyens nécessaires pour la mise en oeuvre
des politiques climat énergie à l?échelle locale ;
? la mise en place d?un appel à projet annuel (ou tri annuel)
sur les solutions de « mobilité active » à l?échelle des col-
lectivités: Ces appels à projet de 200Mio¤ par an (ou de
600Mio ¤ tous les 3ans) s?adresseront à toutes les collecti-
vités locales, pour le développement de projets favorables
au vélo et à la marche à pied ;
7
Les recettes de la composante carbone française sont estimées
à 0,3Md ¤ en 2014, 2,3Md ¤ en 2015, 4Md ¤ en 2016, 5,9Md ¤
en 2017 et 7,8Md ¤ en 20188.
Aujourd?hui, la baisse des prix des énergies fossiles rend néces-
saire et faisable une accélération de la trajectoire de la com-
posante carbone.
Le Plan climat9 du gouvernement rendu public le 6juillet 2017
prévoit par ailleurs une accélération de la trajectoire de la com-
posante carbone qui devrait ainsi se situer à 86¤ / tCO2 en2022.
D?ici2022 la composante carbone triplera donc son prix. Il s?agit
d?une évolution souhaitable pour rendre l?utilisation des énergies
fossiles plus onéreuse. Cependant, pour être socialement accep-
table, les recettes supplémentaires qui en résulteront devront
être utilisées en faveur des ménages vulnérables face à l?augmen-
tation des prix d?énergie et en faveur des salariés des secteurs
d?activités fragilisés par les politiques de la transition écologique.
6. 22¤ / t CO2 en 2016, 39¤ en 2018, 47,5¤ en 2019, 56¤ en 2020
et 100¤ en 2030
7. www.developpement-durable.gouv.fr/La-fiscalite-carbone.html
8. www.senat.fr/rap/a15-230/a15-2305.html
9. www.ecologique-solidaire.gouv.fr/lancement-du-plan-climat
Composante carbone
La taxe carbone ou plus précisément la composante carbone
est une partie « cachée » des taxes sur l?énergie (TICPE). En 2014
elle représentait un taux initial de 7¤ / t CO2. Cette année-là, le
niveau de la TICPE globale est resté par ailleurs inchangé (sauf
pour le gaz en raison de sa plus faible taxation antérieure) car
la hausse induite par la partie carbone a été compensée par une
baisse équivalente de la TICPE.
Cette entrée en vigueur timide et « cachée » explique que son
existence ait été largement ignorée.
Une trajectoire d?évolution du taux de la composante carbone6
a été fixée et progressivement inscrite dans les Lois de finances,
et la Loi sur la Transition énergétique et la croissance verte.
Cette trajectoire se base sur des valeurs carbone identifiées par
le rapport Quinet et la Commission Rocard en2009-2010 qui
visait avant tout à donner un signal prix carbone permettant de
respecter les objectifs européens pour2020 et l?objectif climat
pour2050 (-60 à 80 % des émissions de GES). Avec l?accord de
Paris et l?engagement de rester sur une trajectoire climatique
largement en dessous de 2° C, ce prix doit être plus ambitieux
et il faut donc rapidement mettre à jour cette valeur titulaire.
Par exemple la Suède applique déjà la valeur française prévue
pour 20307.
Les recettes des outils
de fiscalité « carbone »
au service
de la transition
écologique juste
8
Impact sur les ménages et entrepr ises
Une analyse du Commissariat Général au Développement Durable
(CGDD) montre qu?en 2016, l?effet moyen de l?introduction de la
composante carbone sur la facture énergétique des ménages est
de 83 ¤ (3 % de la facture 2013). L?effet de cette mesure varie selon
la situation du ménage (type d?énergie de chauffage, mode de dé-
tention de véhicule, composition du ménage, localisation, etc.)10.
En parallèle la hausse progressive de la composante carbone a
été accompagnée d?une baisse significative du prix de pétrole:
alors que le baril de Brent valait 112 $ (82 ¤) en juin 2014, il oscille
depuis début 2016 autour de 40 $ (36 ¤).
Ainsi en2015, les ménages ont pu faire une économie directe
de 10,5Md ¤ par rapport à 2013 et les entreprises 14,2Md ¤11.
Des calculs du Ministère de l?écologie montrent que les écono-
mies engendrées par la baisse du prix de pétrole depuis 2013 ont
procuré un gain de pouvoir d?achat de 450¤ / an aux ménages
qui dépasse ainsi l?impact moyen de la composante carbone
(83¤ / an) et même l?impact le plus élevé pour des situations les
plus défavorables (176¤ / an pour des couples avec enfant en
milieu rural qui se chauffent au fioul domestique et qui ont des
véhicule essence et gazole). Même le poids financier additionnel
d?environ 40¤ / an par ménage en cas d?une accélération de la
trajectoire serait donc encore surcompensé.
A titre de comparaison, une différence de prix du pétrole de
40¤ / baril12 équivaut à la mise en place d?un prix carbone de
100¤ / t CO2. Actuellement le prix du carbone est de 22¤ / t CO2
en 2016.
L?analyse de l?impact pour les entreprises s?avère plus compliquée.
Pour certains types d?entreprises l?effet est nul car elles sont exemp-
tées : les entreprises soumises à l?EU-ETS (car elles sont soumises
au prix de CO2 européen), les industries intensives en énergies
soumises à un risque important de fuite du carbone (ibid), et les
entreprises exonérées totalement ou partiellement de « TIC »
(transports routiers, taxis, pêche, agriculture?).
A l?heure actuelle il manque une analyse récente et approfon-
die des impacts sur les entreprises du tertiaire et les entreprises
industrielles non intensives en énergie. Les travaux qui avaient été
réalisés par le Comité « trajectoires2020-2050 vers une trajectoire
sobre en carbone », sous la présidence de Christian de Perthuis
(2012) estimaient que la mise en place d?une taxe carbone « sans
recyclage des revenus » (le produit de la taxe allait simplement
alléger le solde des Finances publiques) conduisait à une baisse
de l?activité économique et de l?emploi. En revanche, l?impact
était jugé favorable en cas de recyclage sous forme de baisse de
la part employeur des cotisations sociales, l?effet étant accru avec
un recyclage « hybride », combinant baisse de ces charges et sou-
tien à l?innovation13. Cette conclusion avait conforté l?utilisation
d?une partie des recettes de la composante carbone (4Md ¤ en
2016) en faveur du financement du CICE (Crédit d?impôt pour la
compétitivité et l?emploi) avec des effets qui restent cependant
en-deçà des attentes selon les analyses récentes14. Ce financement
s?arrêtera cependant en2017 car les recettes de la composante car-
bone seront d?ores et déjà orientées vers un compte d?affectation
spéciale « transition énergétique15 ».
De plus, le CICE cible la totalité des entreprises, même celles
qui ne sont pas concernées par la taxe carbone française. De
manière générale, une analyse des impacts de la composante
carbone sur les PME/TPE est donc nécessaire.
Analyse crit ique de l ?uti l isation actuelle
et prévue des recettes
L?utilisation des recettes manque de lisibilité et montre une
inversion entre contribuables et bénéficiaires. La part des
ménages dans le coût du dispositif est d?environ deux tiers16.
Cependant les trois quarts des recettes en 2016 (3Md ¤ ) ont
été utilisées pour le financement du CICE ? Crédit d?impôt com-
pétitivité et emplois, c?est-à-dire au profit des entreprises. Par
ailleurs, ce financement n?a été conditionné à aucun critère
environnemental et montre des résultats peu encourageants à
la fois concernant le maintien ou la création d?emploi et l?aug-
mentation de la compétitivité des entreprises françaises17.
Les recettes de la composante carbone ne financeront par ail-
leurs plus le CICE en2017.
La hausse d?une année à l?autre des recettes de la composante
carbone (1,4 Md en 2017) est allouée au compte d?affectation
spécial (CAS) « Transition énergétique18 » .
Les autres recettes de ce CAS viennent de la fiscalité électrique
(taxe intérieure sur la consommation finale d?électricité, ou
contribution au service public de l?électricité ? CSPE ; 5 252M ¤),
la taxe intérieure sur la consommation de gaz naturel (TICGN ;
30M ¤ en 2017), la taxe intérieure de consommation sur les
10. CGDD (2016) « L?impact, pour les ménages, d?une composante
carbone dans le prix des énergies fossiles », le point sur n° 255
11. Note de conjoncture de l?INSEE (mars 2016, C.Bortoli et K.Milin)
intitulée « Qui a bénéficié de la chute du prix du pétrole ? »
12. Soit l?écart entre le prix du pétrole qui prévalait jusqu?à la mi-2014
et son niveau à l?automne 2016.
13. www.developpement-durable.gouv.fr/Le-comite-pour-l-economie-
verte.html
14. Ducoudré, Heyer, Plane (2016) « CICE et pacte de responsabilité:
une évaluation selon la position dans le cycle », OFCE 2016/2
N° 146 pages5-42
Rapport spécial de la mission « Remboursements et
dégrèvements », Marie-France Beaufils (13 juillet 2016)
« CICE: Le rendez-vous manqué de la compétitivité ? »
15. Article 5: www.legifrance.gouv.fr/affichTexte.do?cidTexte=JORFTE
XT000031733082&categorieLien=id
16. Rapport n°1428 : Examen de la première partie du PLF 2014 ;
rapporteur général Christian Eckert : http://www.assemblee-
nationale.fr/14/rapports/r1428-tII.asp#P6749_1242130
17. « CICE: le rendez-vous manqué de la compétitivité ? », Rapport
d?information de Mme Marie-France Beaufils, fait au nom
de la commission des finances n° 789 (2015-2016) - 13juillet 2016
www.senat.fr/notice-rapport/2015/r15-789-notice.html /
Ducoudré, Heyer, Plane (2016) « Cice et pacte de responsabilité:
une évaluation selon la position dans le cycle », OFCE 2016/2
N° 146 pages 5-42
18. Article5 : www.legifrance.gouv.fr/affichTexte.do?cidTexte=JORFTE
XT000031733082&categorieLien=id
A l?avenir, il nous paraît indispensable que les recettes soient
entièrement affectées à des objectifs qui permettent d?accélérer la
transition écologique.
9
houilles, les lignites et les cokes (TICC) pour 14M ¤ en2017 et
d?une fraction de 1,2 % de la taxe intérieure de consommation
sur les produits énergétiques (TICPE ; 368 M¤ en 2017).
Les recettes de la composante carbone doivent « équilibrer » le
compte au vu des charges de service public de l?énergie au titre
de2017 évaluées à 5 679M ¤ par la Commission de régulation de
l?énergie (CRE) dans sa délibération du 13juillet 2016 qui seront
supportées par le CAS « Transition énergétique ».
Ce CAS « Transition énergétique » assure ainsi le financement des
charges de service public de l?énergie : les tarifs d?achats des éner-
gies renouvelables en cours, les dépenses des études préalables aux
lancements d?appels d?offre pour le développement d?énergies
renouvelables, les annuités de remboursement de la dette d?EDF
et les remboursements et dégrèvements au titre de la taxe inté-
rieure sur la consommation finale d?électricité notamment pour
les entreprises électro intensives19.
Vente aux enchères
des quotas CO2 du marché
carbone européen
Aujourd?hui, le prix des quotas CO2 du marché européen se situe
autour de 5¤ / t CO2. Le marché se caractérise par des problèmes
structurels20 qui ne seront pas résolus par les préconisations issues
de la réforme du système EU ETS (EU emissions trading system)21.
L?objectif d?une réduction de 21 % en2020 des émissions de gaz
à effet de serre des installations soumises au système des quotas
a d?ores et déjà été atteint en2014.
Ce résultat a priori positif n?est cependant pas dû à l?ambition de
l?outil mais largement à une diminution de l?activité industrielle
suite à la crise économique de2008, des impacts croisés d?autres
politiques climat énergie sur les émissions de gaz à effet de serre
qui ont été mal anticipés (notamment la directive énergies re-
nouvelables et efficacité énergétique), la fongibilité des quotas
européens avec d?autres marchés carbone et une réduction du
« cap » des émissions trop peu ambitieuse. Ces effets cumulés ont
entraîné un déséquilibre grandissant entre l?offre et la demande
de quotas, en surplus de quasiment 2Md de quotas?
Un autre problème structurel qui n?est que partiellement amé-
lioré depuis 2013 est l?allocation gratuite des quotas qui dépassent
encore les émissions de CO2 réelles des installations avec des profits
d?aubaine nets pour les installations concernées22.
L?idée de mettre en place un prix corridor pour le marché euro-
péen développée dans le cadre de la mission Canfin/Grandjean/
Mestrallet23, qui est défendue par le gouvernement français
à Bruxelles, pourrait représenter une solution pour réhausser
durablement le prix24.
Son adoption souhaitable demandera donc encore des efforts de
négociation importants dont l?issue est inconnue.
Analyse crit ique de l ?uti l isation actuelle
des recettes
Les recettes de la mise aux enchères des quotas CO2 ont rapporté
à la France 219M ¤ en 2013, 215M ¤ en2014 et environ 250M ¤
en 2015. Ces recettes sont affectées à l?Anah dans la limite de
550M ¤ / an25. Pour 2017, l?Anah affiche des recettes potentielles
de 323M¤ (ce qui est questionnable au vu de la récente baisse
du prix). Cependant, la contribution des quotas CO2 au budget
total de l?Anah de 823M ¤ est importante26.
Les recettes de la vente des quotas sont affectées à l?Anah et
pas spécifiquement au programme « Habiter mieux » qui pour-
tant permet de lier les sujets de la transition énergétique et la
protection des ménages précaires.
Nous portons deux critiques fondamentales par rapport à l?utilisation
des recettes de la composante carbone:
1 ? La totalité des recettes de la composante carbone devrait être
allouée au CA « Transition énergétique » et pas uniquement la
hausse d?une année à l?autre. La différence est considérable et
augmente d?année en année ? elle se situe entre 1,4 et 5,9Md ¤
pour 2017.
2 ? L?utilisation des recettes de la composante carbone via le
CAS « Transition énergétique » devrait se concentrer sur des
programmes et projets au coeur de la transition écologique juste
afin d?accélérer la transition et la rendre plus equitable : une hausse
du chèque énergie et des aides à la rénovation en particulier pour
des ménages en situation de précarité, la mise en place d?appels
à projet pour la création d?infrastructures compatibles avec la
transition écologique, un soutien aux secteurs fragilisés par le
prix carbone et une dotation climat pour les collectivités ? acteur
majeur de la mise en oeuvre des politiques de la transition.
19. Code de douanes Article266 quinquies C : www.legifrance.gouv.
fr/affichCodeArticle.do?cidTexte=LEGITEXT000006071570&idArticl
e=LEGIARTI000028447811
20. Cash Investigation « Climat: le grand bluff des multinationales »
et « Quotas carbone: un business en béton pour Lafarge » ;
mardi 24mai à 20 h 55 sur France2.
« La surallocation de quotas gratuits, un facteur de réduction
linéaire trop faible, une mauvaise prise en compte des effets
économiques et des interactions avec d?autres outils climat-
énergie. »
21. www.consilium.europa.eu/fr/policies/climate-change/reform-eu-ets/
22. Jalard, Alberole (2015) « Système européen d?échange de quotas
(EU ETS) et allocation gratuite: identifier les mécanismes efficaces
à l?horizon 2030 », Etude climat n° 51
23. Canfin, Grandjean, Mestrallet (2016) « Propositions pour des
prix carbone alignés avec l?accord de Paris », rapport remis à
Ségolène Royal. www.developpement-durable.gouv.fr/Les-actions-
engagees-sur-le-prix.html
24. Stiglitz, Stern (2017) « Report of the High-Level Commission
on Carbon Prices » ; Carbon Pricing Leadership Coalition
25. MEEDE (2015) « Document de politique transversale ? Projet de loi
de finances pour la lutte contre le changement climatique »
26. www.anah.fr/qui-sommes-nous/budget-2016
10
Cependant, celui-ci ne répond que partiellement aux enjeux de
la performance énergétique, de la protection des 5,8millions de
ménages précaires27 et de la montée en puissance du nombre
des rénovations. Pour respecter les objectifs de la loi de Tran-
sition écologique, il faut envisager certains changements pour
rehausser sa pertinence et son ambition.
Il faut qu?un budget renforcé et pluriannuel soit assuré, afin
de garantir la mise en place de stratégies de rénovation à long
terme. Au vu de l?importance dans le budget global de l?Anah
des revenus de la mise aux enchères des quotas CO2, la poten-
tielle volatilité du prix de ces quotas européens est incompatible
avec un tel engagement.
Globalement, au vu de l?instabilité du prix des quotas, il n?existe
aujourd?hui aucune évaluation officielle des revenus pour les
années à venir. Une publication de l?I4CE montre qu?avec un prix
à la hausse atteignant 31 ¤ en 2030, la vente aux enchères des
quotas pour la France produirait 15Md ¤ de recettes entre2015
et203028. Dans ce contexte, il faut noter que les projections de prix
ont jusqu?ici été systématiquement inférieures aux prix réalisés29.
Nous préconisons un inversement de l?utilisation des recettes
entre la vente aux enchères des quotas CO2 du marché euro-
péen dont les recettes viennent des entreprises et celles de la
composante carbone dont les recettes viennent essentiellement
des ménages (2/3des recettes).
Il paraît plus pertinent qu?une partie des recettes de la compo-
sante carbone alimentent le programme Habiter mieux et que
l?argent de la vente aux enchères revienne aux entreprises pour
soutenir les investissements dans les technologies de la transi-
tion écologique (efficacité énergétique, énergies renouvelables
et nouveaux procédés) et des processus de reconversion.
Aussi les recettes de la vente aux enchères de quotas CO2 ne
permettent pas d?augmenter le budget de l?Anah, augmen-
tation pourtant jugée nécessaire pour répondre aux objectifs
de rénovation.
L?article5 de la loi LTECV fixe le nombre de rénovations de
logements occupés par des ménages en précarité dans le parc
de logements privé à 120 000. L?objectif d?Habituer mieux pour
2017 est de 100 000rénovations auquel il faut ajouter 20 %.
Par ailleurs le budget alloué au programme Habiter mieux
diminue par logement rénové. Si on était encore à environ
10 000¤ par logement pour les années2015 et2016 on passe à
8 500¤ par logement pour l?année 2017 ce qui pose la question
de la qualité des rénovation et de la performance énergétique
post travaux.
Il est par ailleurs primordial que l?Anah se positionne avec son
programme « Habiter mieux » davantage comme pilier de la
transition énergétique, en rappelant qu?une réduction de 25 %
de la consommation énergétique post-travaux n?est qu?un seuil
minimum et en affirmant que l?objectif est d?atteindre le niveau
BBC en une fois ou par étapes chaque fois que possible.
Afin d?assurer une performance énergétique élevée post tra-
vaux et une protection des ménages précaires et vulnérables, la
prime « Habiter Mieux » mérite d?être augmentée pour les plus
modestes par la création d?une 3ecatégorie qui correspondrait au
seuil de ressource des ménages pauvres, qui n?ont souvent accès
ni à l?emprunt bancaire ni à l?éco-PTZ, et pour lesquels elle est
capitale dans le bouclage du plan de financement des travaux.
Ceci est important car l?éco prêt à taux zéro « Habiter mieux »
sans conditions de ressources, censé donner une réponse à la
problématique du reste à charge, n?est pas encore opération-
nel. Pour débloquer cette situation il faut dès maintenant un
engagement des banques commerciales en faveur de l?action
de la lutte contre la précarité énergétique.
Aussi la rémunération de l?ingénierie technique, sociale et finan-
cière pour accompagner les ménages bénéficiaires du programme
« Habiter Mieux » doit mieux prendre en compte le temps néces-
saire accru d?accompagnement des ménages les plus modestes.
Prix plancher carbone sur l?électricité
en France
Un prix plancher carbone de 30¤ / t CO2 aurait dû être mis en
place au 1erjanvier 2017 sur le secteur électrique français, cepen-
dant uniquement sur les centrales au charbon suite au rapport
Canfin / Grandjean / Mestrallet30 publié en juillet2016 qui avait
été commandité par la Ministre de l?écologie.
Mais sous pression des salariés des centrales au charbon soute-
nus par les syndicats et certaines collectivités, le gouvernement
a annulé l?amendement prévu par le projet de loi de finances
rectificative qui visait à supprimer l?exonération de TICC dont
bénéficient les centrales électriques au charbon.
L?annonce de la mise en place de cette mesure climatique n?était
pas accompagnée de mesures de reconversion adéquates. Aussi
les délais de mise en oeuvre ne permettaient pas d?aboutir à un
début de réflexion pour un projet alternatif. Dans ces circons-
tances ces oppositions à la fois des salariés, des syndicats et des
collectivités concernées sont compréhensibles.
27. Selon les résultats d?une étude de l?ADEME et du Centre
Scientifique et Technique du Bâtiment (CSTB) basée
sur la dernière Enquête nationale sur le logement de 2013
(portant sur la période 2007 ? 2012), 5,8millions de ménages
sont en situation de précarité énergétique en France au regard
d?au moins un des indicateurs définis par l?ONPE, soit 12,2millions
d?individus et plus de 20 % des ménages.
Communiqué de l?Ademe du 15 juin 2016.
28. Vaidyula, Alberola (2016) « Recycler les revenus issus des politiques
de tarification carbone : transformer les coûts en opportunités », I4CE
29. Canfin, Grandjean, Mestrallet (2016) « Propositions pour des prix
carbone alignés avec l?accord de Paris » rapport remis à Ségolène
Royal, page 31. www.developpement-durable.gouv.fr/Les-actions-
engagees-sur-le-prix.html
30. Canfin, Grandjean, Mestrallet (2016) « Propositions pour des
prix carbone alignés avec l?accord de Paris », rapport remis à
Ségolène Royal. www.developpement-durable.gouv.fr/Les-actions-
engagees-sur-le-prix.html
11
Nous sommes convaincus que la transition juste socialement
est possible. Elle nécessite cependant un certain nombre de
prérequis31, dont le premier concerne un soutien pour les recon-
versions des secteurs et personnes qui devront nécessairement
voir leurs métiers profondément évoluer.
Est-ce qu?il faut un outil
de rattrapage entre la composante
carbone et le prix des quotas
pour les installations ETS en France ?
Aujourd?hui, les entreprises françaises soumises au marché
européen des quotas de CO2 sont exemptées du paiement de
la composante carbone alors que l?écart entre ces deux prix
carbone s?accroît chaque année.
Ainsi, certaines entreprises françaises payent actuellement un
prix carbone de 5¤ / t CO2 et d?autres payent 30,5¤ / t CO2.
La mise en place d?un outil de « rattrapage » permettrait de
combler cet écart à l?échelle de la France pour les entreprises
concernées.
Un tel dispositif se justifie au vu du traitement inégal entre les
acteurs économiques et les ménages face à l?évolution du prix
carbone et compte tenu de la situation de blocage européen.
Il s?agit également d?une opportunité pour mobiliser des recettes
supplémentaires pour faire avancer la transition énergétique
et contrebalancer le manque d?investissement dans les secteurs
industriels dû au faible prix du carbone du marché européen.
Util isation des recettes théoriques
Pour un prix du marché européen ETS qui reste stable autour
de 7¤ / t CO2, le manque à gagner pour les années2016-2020
(qui représente l?écart entre le prix du marché et celui de la
composante carbone) serait de 14,8Md ¤. Il pourrait être affecté
à moderniser le tissu industriel en France.
Le rapport de la mission Canfin / Grandjean / Mestrallet montre
bien l?impact d?un prix de 30¤ / t CO2 sur la rentabilité de certains
secteurs d?activité32. Ainsi, plutôt qu?enlever tout poids financier
supplémentaire lié à des prix carbone, notamment par l?alloca-
tion gratuite, il serait plus pertinent d?accompagner financière-
ment leur transformation, là où c?est possible, notamment par
l?emploi de technologies performantes d?efficacité énergétique
en les rendant ainsi plus performantes et compétitives.
31. Le Climat Action Network - Europe propose la mise en place
d?un fonds européen pour une transition écologique juste lié
au système du marché de quotas CO2 européen qui devrait servir
à soutenir la reconversion et la création d?emplois alternatifs.
Ce fonds serait abondé par la mise aux enchères de 100millions
de quotas entre2021 et2030.
32. Canfin, Grandjean, Mestrallet (2016) « Propositions pour des prix
carbone alignés avec l?accord de Paris », rapport remis
à Ségolène Royal, page 42
12
Comment utiliser
les recettes
des dispositifs carbone
pour accélérer
la transition
écologique juste ?
33. IC4E (2015) « Panorama des financements énergie-climat en France »
www.i4ce.org/go_project/panorama-financements-climat-france/
34. La Cour des comptes souligne, dans un rapport publié
en novembre 2016, le poids prépondérant des dépenses fiscales
défavorables à l?environnement. Non seulement celles-ci
sont largement supérieures aux dépenses fiscales favorables
à l?environnement mais elles se sont accrues ces dernières années.
L?Etat finance donc davantage la pollution que les solutions
environnementales et climatiques via son système fiscal.
Si on tient compte du différentiel de taxation entre le gazole
et l?essence (6,11Md¤ en2015), le total des dépenses fiscales
défavorables au développement durable s?élève alors,
selon la Cour des comptes, à 13 Md¤ en 2015, contre moins
de 5Md¤ en faveur de l?environnement.C?est sans compter
d?autres niches fiscales accordées à des secteurs très émetteurs
de gaz à effet de serre comme le transport aérien qui bénéficie
d?une exemption de taxe totale sur le carburant équivalant
à 2 825milliards d?euros en2015.
Bénéficiant avant tout aux personnes les plus aisées et contraire
au principe de pollueur-payeur, cette niche fiscale est
une aberration. Cour des comptes (2016) « L?efficience
des dépenses fiscales relatives au développement durable »
www.ccomptes.fr/Accueil/Publications/Publications/L-efficience-
des-depenses-fiscales-relatives-au-developpement-durable /
Stratégie nationale bas carbone (SNBC) ;
page 133 « Evaluation macro-économique » www.developpement-
durable.gouv.fr/Strategie-nationale-bas-carbone.html
Les recettes de la fiscalité carbone doivent être utilisées pour
rendre la transition écologique plus juste et socialement
acceptable.
Les recettes doivent à la fois servirservir à :
1? accélérer la transition (via des appels à projet pour des in-
frastructures durables, via une pérennisation des aides à la
rénovation performante etc.) ;
2? soutenir les ménages, salariés et entreprises fragilisés par les
politiques de la transition écologique ; et
3? fournir des ressources supplémentaires aux collectivités ?
acteur clé de la mise en oeuvre des politiques climat énergie.
Les besoins de financements publics pour la transition écolo-
gique sont importants33.
Il ne sera pas possible de couvrir la totalité des besoins d?inves-
tissements pour la transition écologique via les recettes des ou-
tils carbone mais elles peuvent néanmoins rehausser et péren-
niser les budgets de certains programmes. En parallèle il s?agit
aussi d?arrêter de financer les fausses solutions, de supprimer
les niches aux énergies fossiles34 et de stimuler l?investissement
privé des entreprises et des ménages.
Nous proposons d?utiliser les recettes de la mise en vente aux en-
chères des quotas CO2 du système européen pour faciliter les inves-
tissements des entreprises dans des solutions techniques et orga-
nisationnelles compatibles avec la transition écologique et pour
soutenir des projets de reconversions des entreprises affectées
par des politiques climatiques. Ainsi le prix carbone payé par les
acteurs privés leur revient sous forme de « solutions climatiques ».
De la même manière nous proposons d?utiliser les recettes de
la composante carbone pour enrichir les programmes d?appui
aux ménages en situation de précarité énergétique et en faveur
de programmes et projets qui développent et soutiennent des
solutions concernant le réchauffement climatique comme les
infrastructures durables qui profitent avant tout aux ménages.
Fonds pour
des reconversions
professionnelles
Territoires
Mobilité
Chèque énergie
Habiter mieux
Audit énergétique
gratuit
Total
Recettes
Résultat net1
2018
150M¤
600M¤
200 M¤
1,9 Md¤
1,6 Md¤
250 Md¤
4,7 Md¤
7,8 Md¤
3,1 Md¤
2019
150M¤
600M¤
200 M¤
1,9 Md¤
1,6 Md¤
250 Md¤
4,7 Md¤
9,3 Md¤
4,6 Md¤
2020
150M¤
600M¤
200 M¤
1,9 Md¤
1,6 Md¤
250 Md¤
4,7 Md¤
10,8 Md¤
6,1 Md¤
13
1. Ce tableau ne reflète pas les recettes potentielles d?une sortie des niches aux énergies fossiles.
2. Avec un prix du quota européen à 7¤ / t CO2 et la trajectoire actuelle de la composante carbone
Composante carbone
(les recettes de
la trajectoire actuelle
selon la loi relative
à la transition énergétique
et de la croissance verte)
Vente aux enchères
des quotas
Outil de rattrapage
quotas
CO2 / composante
carbone
TOTAL
2017
5,9Md¤
323M¤ (en 2017)
2,1Md¤
? 8Md¤
2018
7,8Md¤
323M¤ (en 2017)
2,9Md¤
? 11Md¤
2019
? 9,3Md¤
323M¤ (en 2017)
3,7Md¤
? 13,3Md¤
2020
? 10,8Md¤
323M¤ (en 2017)
4,5Md¤
? 15,6Md¤
autre
Estimation
I4CE: 15Md¤
entre 2015
et 2030
Estimation
RAC:
14,8Md¤
entre 2016
et 2020 2.
Recettes «carbone» théoriquement mobil isables 1
1. Ce résultat permet de garantir le maintien des engagements de financements dans le cadre
du Compte d?affectation spéciale Transition énergétique.
Propositions d?uti l isation des recettes de la composante carbone
Une partie des recettes pourra également être affectée à des
programmes spécifiques à l?attention des PME/TPE qui payent
la composante carbone contrairement aux grandes entreprises,
très consommatrices d?énergie qui sont exemptées.
Au vu des nouvelles utilisations des recettes de la composante
carbone il faut allouer la totalité des recettes de la composante
carbone au Compte d?affectation spéciale « Transition écolo-
gique » pour atteindre l?équilibre dès 2017.
14
Création d?un fonds
« Transition juste » via le système
des quotas CO2 européen
Le secteur du charbon emploie encore 233 000personnes en
Europe. La transition énergétique menée à l?échelle européenne
et dans les pays européens se poursuit à des vitesses différentes.
Elle amènera un certain nombre de ces emplois à disparaitre dans
les années à venir. A l?exception de l?Allemagne, la majorité de
ces salariés se trouve dans des pays ayant un PIB en dessous de la
moyenne européenne. Pour rendre la transition écologique ac-
ceptable à l?échelle européenne ces pays ont besoin d?un soutien
européen pour accompagner les reconversions et pour financer les
mesures de soutien aux travailleurs dans les régions et les localités
affectées par la transition via un Fonds pour la transition juste35.
Sur le modèle du fonds pour l?innovation et du fonds pour la
modernisation des systèmes énergétiques dans les pays membres
à plus faible revenu, ces fonds seraient alimentés par les quotas
de CO2 qui seront « mis de côté » pour les nouveaux entrants dans
la 4epériode entre 2021 et 2030. Les revenus de leur mise aux
enchères resteront à l?échelle européenne pour alimenter diffé-
rents fonds. Ainsi des financements de 12 à 31Md ¤ pourront être
levés sur la période 2021-2030 selon le pourcentage des quotas
« mis de côté » et l?évolution du prix du quota CO2.
Le Fonds pour la transition juste pourra être alimenté en partie
par les fonds structurels. Ce fonds a d?ailleurs été validé par un
vote du parlement européen du 15février 2017. C?est main-
tenant au Conseil européen de valider ce vote et rendre ainsi
effective cette mesure positive.
Vente aux enchères
des quotas CO2
L?outil de rattrapage
2017-2030
15Md¤ 1
323 M¤ en 2017
2017-2020
14Md¤ 2
Propositions d?uti l isation des recettes de la vente aux enchères des quotas CO2
français et de l ?outi l de rattrapage à mettre en place
? Financement d?un amortissement accéléré
sur des équipements de la transition écologique ;
? Financement des solutions de la reconversion /
formation continue des salariés des secteurs privés
qui sont / seront affectés par la transition écologique ;
? Création à l?échelle européenne d?un Fonds
pour la transition juste qui serait abondé par la vente
aux enchères des quotas CO2 du système ETS mis de côté
pour la période 2021-30)
1. Calcul de l?I4CE pour un prix de 30¤ / t CO2 en 2030 : Vaidyula, Alberola (2016) « Recycler les revenus
issus des politiques de tarification carbone : transformer les coûts en opportunités », I4CE
2. Calcul du Réseau Action Climat pour un prix du marché carbone à 7¤ / t CO2.
Proposition
La France doit s?engager à défendre à Bruxelles la créationd?un
Fonds pour la transition juste en Europe.
Ce fonds sera alimenté par les revenus de la mise aux enchères des
quotas CO2 du système européen d?échange de quotas CO2 « mis de
côté » pour la période 2021-30.
35. ETUC (2016) « Demand to set up a Just Transition Fund - Priority
paper on Climate and Energy policies »; 24 / 11 / 2016
36. Rapport spécial de la mission « Remboursements
et dégrèvements », Marie-France Beaufils (13 juillet 2016)
« CICE: Le rendez-vous manqué de la compétitivité ? »
37. Le CICE et le Pacte de responsabilité sont des outils du Pacte
nationale pour la compétitivité et l?emploi
38. Ducoudré, Heyer, Plane (2016) « CICE et pacte de responsabilité:
une évaluation selon la position dans le cycle », OFCE 2016/2
N° 146 pages 5-42
Accompagner les reconversions
professionnelles de la transition
écologique
Nombreux sont les économistes qui plaident en faveur d?un
double dividende. Il consiste à utiliser les recettes fiscales éco-
logiques pour baisser les cotisations sociales, l?objectif étant de
diminuer le coût du travail pour créer des emplois et donner un
nouveau souffle à l?activité économique du pays.
Même si le CICE (Crédit d?impôt pour la compétitivité et l?emploi)
a été mis en place dans cette logique, sa récente évaluation est
décevante. « Le CICE peine [?] à démontrer tant sa pertinence
dans sa forme que son efficacité sur le fond. Véritable saupou-
drage, ses résultats semblent sujets à caution36 ».
Les coûts du CICE et du Pacte de responsabilité37 sont farami-
neux pour une création d?emplois relativement faible: à l?hori-
zon2017, ces dispositifs représentent une baisse des prélève-
ments sur les entreprises de 41Md ¤ par an, dont 29milliards
sont assis sur les salaires. Cette baisse est principalement finan-
cée par une réduction de la dépense publique (une partie des
50milliards d?économies prévues sur la période2015-17), mais
aussi par une augmentation de 10Md ¤ de la fiscalité (hausse
de la TVA et de la fiscalité écologique). Ainsi, jusqu?en2016, une
partie importante des recettes de la composante carbone était
allouée au financement du CICE (4Md ¤ en2016) sans aucune
contrepartie écologique ou promesse de création d?emplois.
Comme le précise l?étude de l?OFCE38, « ce financement des mesures
majoritairement par des économies sur la dépense de l?Etat est sus-
ceptible de peser plus défavorablement sur l?activité et l?emploi ».
Une critique fondamentale concernant la capacité créatrice
d?emplois des dispositifs du pacte de compétitivité réside dans
l?hypothèse de la possibilité d?une « substitution capital-tra-
vail ». Une baisse du « coût du travail » inciterait à freiner l?auto-
matisation et la robotisation: on emploierait plus de travail
(moins cher) et moins de capital.
15
Les territoires
On ne peut qu?approuver les enveloppes accordées par le gou-
vernement aux territoires en faveur de la transition écologique.
Cependant, la logique d?appel à projets40 ne permet pas aux
territoires de disposer de budgets pérennes et maîtrisés. Ces
enveloppes financent quasi systématiquement l?investissement
alors que les territoires ont des besoins croissants en ingénierie
(frais de fonctionnement). Plutôt que de financer des projets
phares sur un nombre limité de territoires dans une logique
d?« irrigation au goutte à goutte », il vaudrait mieux maîtriser
et surtout pérenniser les financements41.
Mais les décisions récentes sont loin d?aller dans ce sens: en2014
l?Etat a décidé une baisse des dotations aux collectivités de
28Md ¤ (en cumulé) sur la période 2014-201742. Ceci, alors que
dans le même temps, notamment via la loi NOTRe et la loi sur
la transition écologique et la croissance verte, les compétences
des collectivités se sont élargies. Beaucoup de collectivités se
trouvent donc dans des situations financières très difficiles et
ne sont pas en mesure ni d?assurer l?ingénierie par manque de
financements de fonctionnement ni de mettre en place des
investissements pour placer leurs territoires sur la trajectoire
de la transition écologique.
Pour faire face à ces défis, la mutualisation des services voire de
l?ingénierie est une première solution pour faire des économies.
Mais il serait également intéressant de formaliser une dotation
générale de fonctionnement dédiée à l?énergie et au climat et
au développement de l?économie circulaire, en complément
des dotations globales de financement en faveur des collec-
tivités qui mettent en place des politiques climat43. Cela irait
dans la logique de l?accroissement des compétences des EPCI et
des Régions, et leur permettrait de réaliser efficacement et de
manière cohérente leurs projets (comme les nouveaux PCAET
ou le PLPD). Un tel budget permettrait aux territoires d?assurer
une visibilité sur leurs projets et leurs recrutements, et de mieux
structurer leurs projets. Pour l?État, c?est l?assurance de voir les
compétences renforcées et de mieux maîtriser ses dépenses.
L?idée de la mise en place d?une telle dotation est soutenue
par de nombreux acteurs: ARF, ADCF, Urbaine, AFCCRE, RARE,
FLAME, AMF, RAC, l?UNAF, WWF, CFTC, FNH. La proposition a été
votée par le Sénat le 16 décembre2016 dans le cadre du projet
de loi de finances rectificative pour2017 mais a été supprimée
4jours plus tard par l?Assemblée.
Rien ne garantit que les entreprises fassent le choix d?utiliser les
baisses de « charges » pour la création d?emploi. D?autres utili-
sations semblent plus probables, comme le rétablissement des
marges, la distribution de dividendes, etc. La meilleure preuve
en a été donnée par le Medef lui-même avec son refus systé-
matique de la moindre garantie de création d?emplois, comme
contrepartie au CICE et au Pacte de responsabilité39.
Plutôt qu?utiliser les recettes de la fiscalité carbone pour baisser le
coût du travail nous recommandons d?investir l?argent dans des
outils qui permettent de stimuler l?activité dans les secteurs de la
transition écologique (la rénovation énergétique des bâtiments,
les industries de l?économie circulaire, les infrastructures de trans-
port durable etc.) et ainsi la création d?emplois.
Aussi nous plaidons en faveur de l?utilisation d?une partie des
recettes pour accompagner les transitions professionnelles des
salariés des secteurs fragilisés par la transition écologique. Le plan
climat du gouvernement présenté en juillet 2017 prévoit la créa-
tion des «contrats de transition écologique»: «Pour tous les salariés
dont l?emploi est directement menacé par la transition à moyen
terme, comme c?est le cas dans la production d?énergies fossiles,
nous mettrons en place des contrats de transition écologique. Ces
contrats associeront les parties prenantes (salariés, collectivités
territoriales, entreprises, État) dans la recherche d?un objectif com-
mun de reclassement optimal pour les salariés, en utilisant et en
faisant évoluer les outils existants.»
39. Michel Husson (2014) « Erreur méthodologique et tromperies
idéologiques: les créations d?emplois estimées par le Medef en
échange d?une liquidation sans précédent de la condition salariale
sont révélatrices de la ?pensée économique? qui nous gouverne »
www.regards.fr/economie/creations-d-emploisles-
comptes,7942#nb1
40. Appels à projet transport en commun en site propre:
www.developpement-durable.gouv.fr/Les-resultats-de-l-appel-a-
projets.html
Appel à projet Territoires à énergie positive:
www.territoires-energie-positive.fr/actualites/212-laureats-
recompenses-par-l-appel-a-projets-territoires-a-energie-positive-
pour-la-croissante-verte
41. RAC-F (2016) « Nouvelles compétences climat-énergie »,
RAC-F (2015) « Transition énergétique: Comment financer
les solutions de mobilité ? »
42. Cette baisse a été en partie atténuée par l?augmentation
d?autres outils de financements à l?attention des collectivités.
43. Ainsi selon l?Amorce les coûts des actions du PCAET sous maitrise
d?ouvrage EPCI sont de10 à 100¤ par habitant et par an
et le coût de l?élaboration et de l?animation du PCAET sont
de 1 à 2¤ par habitant et par an.
Proposition
Nous proposons d?allouer 150M¤ par an des recettes de la composante
carbone à un Fonds pour les reconversions professionnelles dans le
cadre de la transition écologique. Ce fonds permettra notamment
de financer en parallèle aux contrats de transition écologique, des
processus de développement de projets collectifs de reconversion
professionnelle compatibles avec les principes de la transition
écologique à l?échelle d?un territoire.
Proposition
Affecter une partie des recettes de la composante carbone (600M ¤
par an à partir de 2018) à la création d?une dotation générale de
fonctionnement dédiée à l?énergie et au climat, en complément des
dotations globales de financement.
Cette dotation devra s?inscrire comme ligne de dépense dans le
Compte d?affectation spéciale « Transition énergétique ».
16
Les entreprises
Pour accélérer la transition écologique des entreprises en
France, notamment dans le secteur industriel, nous proposons
la mise en place d?un « outil de rattrapage » pour les installations
françaises soumises au système ETS. Il obligerait ces entreprises
à s?acquitter de la différence entre le taux de la composante
carbone 30,5¤ / t CO2 en 2017 (dont elles sont exemptées ac-
tuellement) et celui des quotas payés via le marché européen ;
environ 5¤ / t CO2. On mettrait ainsi fin à l?injustice entre dif-
férents acteurs économiques ? ceux qui sont exemptés de la
composante carbone et notamment les PME/TPE qui payent la
composante carbone au même niveau que les ménages.
Aussi avec un prix carbone à 30¤ / t CO2 il paraît crucial de réflé-
chir sur la mise en place d?une taxe d?ajustement carbone aux
frontières ; ne serait-ce que pour les secteurs les plus exposés à
la compétitivité internationale. Une discussion a été entamée
au niveau européen dans la cadre de la réforme du système ETS
contre un arrêt de l?allocation gratuite des quotas.
En contrepartie et pour éviter une baisse de compétitivité par rap-
port aux entreprises en Europe et dans le monde qui ne sont pas
soumises au même prix carbone, une grande partie des recettes
de la vente aux enchères de quotas44 et de « l?outil de rattrapage »
reviendrait à ces entreprises pour permettre des investissements
cohérents avec les objectifs de la transition écologique.
Pour avoir une idée de l?éligibilité des investissements ? il y a
notamment article8 de la directive européenne sur l?efficacité
énergétique qui rend obligatoire des audits énergétiques tous
les 4 ans pour les grandes entreprises. Ces audits fournissent
une liste de recommandations portant sur des mesures d?effica-
cité énergétique, classées en fonction du volume d?économies
d?énergie réalisables et de la durée de retour sur investissement.
L?audit permet donc aux entreprises de connaître les mesures
à mettre en oeuvre pour satisfaire leurs objectifs d?économies
d?énergie sectoriels et individuels, et les investissements que
ces mesures nécessitent. Nous proposons de mettre en place un
financement comparable à celui de la banque allemande kfW45
en faveur des entreprises concernées par la directive mais aussi
des PME/TPE pour faciliter ces investissements.
Ces investissements permettraient par ailleurs, grâce à une dimi-
nution de la consommation énergétique, de diminuer le poids
budgétaire des taxes carbone.
Les secteurs d?activité
Mobil ité durable
Développer une mobilité cohérente avec les objectifs de la tran-
sition écologique se joue en grande partie dans les territoires. Il
est donc primordial de mettre à disposition des collectivités des
moyens financiers pour assurer des investissements, mais aussi
l?ingénierie nécessaire pour accompagner les projets, leur main-
tenance, leur mise en oeuvre et la communication auprès des
habitants. Nous proposons ainsi une dotation générale de fonc-
tionnement dédiée à l?énergie et au climat, en complément des
dotations globales de financement (voir chapitre « territoires »).
Proposition
Allocation des recettes de la vente aux enchères des quotas
et de l?outil de rattrapage entre le prix du marché européen et
la trajectoire de la composante carbone (à mettre en place) aux
entreprises françaises :
? pour financer des investissements ambitieux d?efficacité
énergétique, des innovations technologiques et des énergies
renouvelables via un programme comparable à celui de la KfW.
Vente aux enchères de quotas : environ 15Md¤ entre 2015 et 20301.
Recettes de « l?outil de rattrapage » : environ 14 Md¤ entre 2016
et 20202.
1. Calcul de l?I4CE pour un prix de 30¤ / t CO2 en 2030: Vaidyula, Alberola
(2016) « Recycler les revenus issus des politiques de tarification carbone:
transformer les coûts en opportunités », I4CE
2. Calcul du Réseau Action Climat pour un prix du marché carbone à
7¤ / t CO2.
44. Aujourd?hui ses recettes sont allouées à l?Anah pour
le programme Habiter mieux mais nous proposons de basculer
ce versement vers les recettes de la composante carbone.
45. ? www.kfw.de/inlandsfoerderung/Unternehmen/Energie-Umwelt/
F%C3%B6rderprodukte/EE-Produktion-292-293/
KfW-Energieeffizienzprogramm :
Ce programme finance des investissements d?efficacité énergétique
à partir d?une augmentation de l?efficacité énergétique d?au moins 10 % ;
Le programme finance jusqu?à 100 % des coûts d?investissement.
Globalement les montants vont jusqu?à 25 M¤ par projet.
? www.kfw.de/inlandsfoerderung/Unternehmen/Energie-
Umwelt/Finanzierungsangebote/Finanzierungsinitiative-
Energiewende-(291)/
KfW-Finanzierungsinitiative Energiewende pour les grandes
entreprises:
des crédits syndiqués pour des projets dans le cadre de la « transition
énergétique » La KfW contribue à des crédits directs d?autres
banques avec une part de 50 % maximum et représente globalement
entre 15 - 100M¤ par projet. L?offre de la KfW s?aligne sur l?offre
négociée avec l?autre banque.
Ce programme finance les éléments suivants :
? la rénovation et la construction de bâtiments en respect
de la réglementation thermique en place ;
? des investissements d?efficacité énergétique s?ils représentent
une augmentation de l?efficacité énergétique d?au moins 10 % ;
? des investissements innovants qui permettent de développer
une nouvelle technologie d?efficacité énergétique, de stockage
d?énergie etc ;
? des énergies renouvelables ;
? d?autres investissements dans le domaine de l?énergie et du climat.
17
Concernant le financement des infrastructures (investissement
et fonctionnement), la majeure partie profite à des moyens
défavorables au climat (80% des 371Md ¤ en faveur de la route
et seulement 7 % en faveur du ferroviaire). Il est donc nécessaire
d?inverser cette tendance, notamment pour permettre aux col-
lectivités de répondre à la demande croissante d?un accès à une
mobilité plus durable.
Il est également important de faciliter l?accès aux ménages pré-
caires ou vulnérables à des solutions de mobilité plus propres
et moins émettrices de gaz à effet de serre. La mise en place
de Zones à circulation restreinte peut avoir un impact sur des
ménages précaires dépendants de leur voiture, qui n?ont pas
les moyens d?acquérir un véhicule moins émetteur. La prime à
la reconversion pour des ménages non imposables pour l?achat
d?un véhicule d?occasion (Norme Euro5 ou6) de 500¤ est lar-
gement insuffisante. La clé de la transition du secteur de la
mobilité est donc dans les mains des collectivités, qui devront
identifier les problématiques spécifiques de leur territoire et
proposer des solutions adaptées. Les besoins financiers pour
répondre à ces défis sont énormes46.
Le s out i l s pour combat t re l a p réca r i té
énergétique
? Le chèque énergie
La Loi de transition énergétique prévoit le remplacement pro-
gressif des tarifs sociaux de l?électricité et du gaz par un chèque
énergie. Ce chèque énergie permettra aux ménages aux revenus
modestes de payer une partie de leurs factures d?énergie, en
particulier l?électricité et le gaz.
Par ailleurs, même si le chèque énergie permet de couvrir d?autres
sources d?énergie (ce qui était une des principales critiques des
tarifs sociaux qui se limitent aux énergies du réseau), cela ne sera
pas forcément efficient pour certaines d?entre elles, comme pour
le bois. De nombreux ménages en précarité se chauffent avec
du mauvais matériel et du bois de mauvaise qualité. De plus, ils
s?approvisionnent au noir, une aide ne serait donc pas mobilisée47.
Si l?élargissement à 4millions de ménages du chèque énergie
est une avancée48, le montant moyen de 125 ¤49 par an reste
cependant largement insuffisant.
L?analyse par l?ONPE50 de « l?écart énergétique » (la réduction
de la facture énergétique qui permettrait la sortie des ménages
de la situation de précarité énergétique) identifie un montant
qui varie entre 526 et 735 ¤ selon la méthodologie appliquée51.
Le maximum de l?aide via le chèque énergie (227 ¤) se situe
largement en dessous de ces montants.
La facture énergétique pour le logement était en moyenne de
1 800¤ par an de 2012 à201452, un montant de 600¤ serait un
minimum pour soulager les ménages modestes en cohérence
avec l?analyse de l?ONPE.
Aussi la mise en place du chèque énergie pénalisera une partie
des ménages qui perçoivent aujourd?hui le tarif de première né-
cessité (TPN) pour l?électricité et le tarif spécial de solidarité (TSS)
pour le gaz cumulé. Selon le Parisien53 environ 1,3million de
Français auraient moins d?argent qu?auparavant. Ces ménages
qui ont droit au TPN pour l?électricité mais se chauffent au gaz
touchent en moyenne 220¤ par an. Avec le chèque énergie, le
montant tomberait à 150¤ voire à 70¤.
Le chèque énergie permettra de traiter l?urgence de l?accès
à l?énergie. Mais il n?aura de sens que dans un ensemble de
mesures, qui viendront renforcer les actions sur les causes de
la précarité énergétique, notamment pour aider les ménages
concernés à avoir des logements bien isolés. Pour rappel, 1¤
investi pour un logement mieux isolé, c?est 0,42¤ d?économie
sur les dépenses de santé54.
Nous proposons donc d?augmenter le montant moyen du chèque
énergie de 125¤ à600¤ par an en accord avec l?analyse des conclu-
sions de l?ONPE concernant l?écart énergétique pour limiter les
situations de privation (énergie, eau et santé).Proposition
Pour le secteur du transport, nous proposons l?utilisation de 200M ¤
pour le lancement d?un appel à projet en 2017 qui sera renouvelé
chaque année, dédié à faire émerger des « mobilités actives ». Cet
appel à projet s?adressera à toutes les collectivités locales, pour le
développement de projets favorables au vélo et à la marche à pied.
46. RAC-F (2015) « Transition énergétique: Comment financer
les solutions de mobilité ? »
47. Une idée intéressante: l?AMAP bois dans la Drôme, où
en échange d?un coup de main pour la gestion du bois, le ménage
repart avec du bois. Pour le propriétaire forestier, ça pourrait
donner lieu à une exonération par exemple, s?il laisse l?AMAP
gérer sa parcelle. www.dryade26.org/2.html
En complément, une aide publique pourrait financer l?installation
d?équipement performant (matériel + travaux), ouverte
uniquement pour les ménages impliqués dans l?AMAP, couplant
subvention et micro-crédit. Les ménages ont ainsi accès à un bois
de meilleure qualité d?une forêt mieux gérée et mieux
utilisé dans des équipements pertinents..
48. Les tarifs sociaux actuels ne concernent que 3millions de ménages.
49. Le montant de l?aide varie de 48 ¤ à 227 ¤ en fonction du Revenu
Fiscal de Référence (RFR) du ménage et de son nombre d?Unité
de Consommation (UC).
50. Bernard, Teissier (2016) « Analyse de la précarité énergétique
à la lumière de l?Enquête Nationale Logement (ENL) 2013 », ONPE
51. Dans le cas du TEE_3D (Taux d?Effort Énergétique + les 3dernières
déciles), l?écart énergétique correspond à la diminution de
la facture nécessaire afin que leurs Taux d?Effort Énergétique
(TEE) redescendent sous le seuil de 10 %. Dans le cas des BRDE
(Bas revenus / dépense énergétique élevée), cet écart correspond
à la diminution de la facture à la charge des ménages en situation
de précarité énergétique leurs permettant d?atteindre
une dépense énergétique égale à la médiane des dépenses,
toutes choses égales par ailleurs.
52. CGDD/SOeS (2015) « Bilan énergétique de la France 2014 »
53. www.leparisien.fr/economie/1-3-million-de-francais-penalises-par-
le-cheque-energie-22-11-2016-6358848.php
54. Verco, Cambridge Economics (2014) « Building the Future:
The economic and fiscal impacts of making homes energy efficient »
18
? Le programme « Habiter mieux » de l ?Anah
On compte en France environ 7,5millions de « passoires éner-
gétiques », c?est à dire des logements d?un niveau de perfor-
manceF ouG. Sur les 6millions de ménages en situation de
précarité énergétique, 2,6millions vivent dans ces logements
énergivores. Leur rénovation est donc une priorité.
Les objectifs de rénovations énergétiques dans la loi de tran-
sition énergétique sont ambitieux, car ils doivent concerner:
? 500 000logements par an à compter de2017, dont au moins
la moitié est occupée par des ménages aux revenus modestes,
visant ainsi une baisse de 15 % de la précarité énergétique
d?ici à 2020 ;
? tous les bâtiments privés résidentiels dont la consommation en
énergie primaire est supérieure à 330kWh ep / m2.an d?ici à2025.
Actuellement, les outils financiers existants manquent clairement
de coordination pour répondre à la fois aux enjeux de perfor-
mance énergétique, de protection des 5,8 millions de ménages
précaires55 et de montée en puissance du nombre des rénovations.
Le programme Habiter mieux est le seul programme qui traite
à la fois le sujet de la rénovation énergétique avec un objectif
global de réduction des consommations énergétiques et de la
lutte contre la précarité énergétique.
Même si l?objectif de l?Anah de passer en2017 à 100 000rénova-
tions par an est en soit louable et ambitieux, il n?est pas encore
en accord avec les objectifs de la loi transition énergétique.
L?article5 de la loi LTECV demande un nombre de rénovations de
logements occupés par des ménages en précarité dans le parc de
logements privé de 120 000 ; il faut ajouter au moins 20 %. Par
ailleurs le budget alloué au programme Habiter mieux diminue
par logement rénové. Si on était encore à environ 10 000¤ par
logement pour les années2015 et2016 on passe à 8 500¤ par
logement pour l?année 2017 ce qui pose la question de la qualité
des rénovation et de la performance énergétique post travaux.
La mise en place en 2016 d?un éco prêt à taux zéro « Habiter
mieux »56 sans condition de ressources pour couvrir la totalité
du reste à charge pour les bénéficiaires du programme Habiter
mieux pourrait représenter une réelle aide pour débloquer des
dossiers. Cependant, à l?heure actuelle, malgré les promesses
politiques, il n?est pas encore opérationnel. Le bilan statistique
des Eco-PTZ pour2015 montre que ce dispositif n?était jusqu?ici
pas adapté aux ménages modestes.
En effet, le rapport relève que le revenu fiscal de référence
(RFR) moyen des bénéficiaires de prêts émis en 2015 est de
32 153¤ et que seuls 8 % des bénéficiaires appartiennent aux
trois premiers déciles57.
La limitation de la prime à 10% des travaux58 représente par
contre un inconvénient pour les ménages qui effectuent des
travaux pour un montant limité ce qui concerne notamment les
ménages les plus pauvres et donc vulnérables. Même s?ils ont
droit à une prime de 2 000¤, s?ils n?effectuent pas de travaux
pour 10 000¤, leur prime est limitée à 1 000¤.
Une des faiblesses du programme Habiter mieux est de ne pas
s?adresser aux 3,5millions de ménages locataires en précarité éner-
gétique. D?autres outils sont nécessaires pour s?adresser à ce public.
Un réel danger par rapport à la pérennité du budget du pro-
gramme Habiter mieux émerge de l?allocation des recettes de
la mise aux enchères des quotas CO2. Ils ont rapporté à la France
219M ¤ en 2013, 215M¤ en 2014 et environ 250M¤ en 2015. Ces
recettes sont affectées à l?Anah dans la limite de 550M ¤ / an59.
Pour 2017, l?Anah affiche des recettes potentielles de 323 M¤.
La contribution des quotas CO2 au budget total d?Habiter mieux
qui est de 832M¤ est donc importante60. Cela peut poser ques-
tion, au regard de l?évolution du prix des quotas.
Il nous semble important de pérenniser et rehausser le budget
de l?Anah pour augmenter à la fois le nombre de rénovations,
leur performance et le niveau d?aide pour les ménages les plus
précaires.
Proposition
Nous proposons de mettre à disposition par an 1,9Md¤ supplémentaires
pour rehausser le montant du chèque à 600¤ par ménage. Cet argent
pourrait être prélevé sur les recettes de la composante carbone.
Aujourd?hui le financement du chèque énergie1 dans sa forme
actuelle est assuré via le programme 345: Service public de l?énergie
via l?autorisation d?engagement « Protection des consommateurs en
situation de précarité énergétique. Il faudra donc affecter une partie
des recettes de la composante carbone au programm345 ou ajouter
des dépenses au profit du chèque énergie à la liste des dépenses
éligibles du Compte d?affectation spécial « transition énergétique ».
Aussi il faut éviter des situations ou des éligibles perdent un soutien
dans le passage des tarifs sociaux vers le chèque énergie, ce qui serait
le cas d?environ 1,3millions de personnes.
1. Annexe budgétaire du PLF 2017 ? n° 345: Service public de l?énergie
55. Sur les 250 000logements à rénover occupés par des ménages
précaires, 130 000 sont des logements sociaux. Les rénovations
de logements du parc privé concernés par cet objectif se limitent
donc à 120 000.
56. www.precarite-energie.org/Lancement-de-l-eco-pret-Habiter.html
57. ONPE (2016) « Les chiffres-clés de la précarité énergétique »,
Édition n°2 - Novembre 2016
58. www.anah.fr/actualites/detail/actualite/2016-ce-quil-y-a-de-
nouveau-pour-habiter-mieux/
59. MEEDE (2015) « Document de politique transversale ? Projet de loi
de finances pour la lutte contre le changement climatique »
60. www.anah.fr/qui-sommes-nous/budget-2016
www.anah.fr/actualites/detail/actualite/budget-2017-des-objectifs-
tres-ambitieux/
19
Avec le budget actuel, le programme « Habiter mieux » ne per-
met pas de répondre à la fois aux enjeux de performance éner-
gétique, de protection des 5,8millions de ménages précaires61
et de montée en puissance du nombre des rénovations. Pour
respecter les objectifs de la loi de Transition énergétique, il
faut envisager certains changements pour hausser sa stabilité
et son ambition:
? il est nécessaire d?assurer un budget renforcé et pluriannuel
afin de garantir la mise en place de stratégies de rénovation à
long terme. Au regard de l?importance dans le budget global
de l?Anah des revenus de la mise aux enchères des quotas CO2,
la volatilité du prix de ces quotas européens se marie mal avec
un tel engagement ;
? il est primordial qu?avec son programme « Habiter mieux »,
l?Anah se positionne davantage comme pilier de la transition
énergétique, en rappelant qu?une réduction de 25 % de la
consommation énergétique post-travaux n?est qu?un seuil
minimum et en affirmant que l?objectif est d?atteindre le
niveau BBC en une fois ou par étapes chaque fois que possible.
Une évaluation d?un échantillon des rénovations effectuées via
le programme « Habiter mieux » montre un gain énergétique
moyen de 38 %62. Mais aucun logement ne passe en classe A,
seulement 2 % sont en classeB et 15 % enC. La grande majorité
reste dans les classes énergivores D-G. Le fait de devoir finan-
cer une partie des travaux par un apport personnel entraînant
un gain énergétique constaté inférieur au gain énergétique
potentiel, le pourcentage d?aide via le programme « Habiter
mieux » doit être modulable à la hausse pour les ménages les
plus précaires. Même si l?éco PTZ « habiter mieux » ? quand il
sera opérationnel ? est accessible sans condition de ressources
et permet de faire des travaux en plusieurs étapes, des ménages
avec des revenus faibles, voire irréguliers, ne sont pas en mesure
d?assurer le remboursement d?un prêt.
? Rendre l ?audit énergét ique obl igatoire gratuit
Les ménages ayant des revenus modestes, éligibles aux aides
de l?Anah dans la cadre du programme Habiter mieux, sont
obligés de dépenser 700¤ avant le début des travaux et même
la validation de leur dossier par l?Anah pour payer l?accompa-
gnement par un opérateur de l?Anah et l?audit énergétique
obligatoire qui sert à définir les types de travaux à engager.
Bien que la quasi totalité de cet argent est remboursé si les
travaux sont engagés, pour des ménages modestes à faibles
revenus, débourser une telle somme représente un frein majeur
de passage à l?action. Afin d?augmenter le nombre de chantiers,
nous recommandons de rendre gratuit cet audit énergétique
obligatoire dans le cadre du programme Habiter mieux.
Proposition
Nous proposons d?accorder à l?Anah, dès 2017, une partie pérenne
des recettes de la composante carbone (environ 1,6M d¤) afin de
permettre de rehausser la performance des rénovations, d?améliorer
la rémunération de l?ingénierie technique, sociale et financière et
de trouver des solutions adaptées aux ménages les plus pauvres.
Pour les ménages les plus précaires, il faut que le programme « Habiter
mieux » reste souple pour être compatible avec l?auto-rénovation
(accompagnée) et pour ajuster le niveau de l?aide à la hausse afin de
viser un maximum de gain énergétique pour chaque chantier.
Suite à la mise en place du fond de garantie pour la rénovation
énergétique en août2016, il faut maintenant que l?éco prêt à taux
zéro « Habiter mieux » soit rendu opérationnel rapidement pour
donner une réponse à la problématique du reste à charge. Ce qui
demande notamment un engagement des banques commerciales de
soutenir l?action en faveur de la lutte contre la précarité énergétique.
Proposition
Nous proposons de rendre gratuit les audits énergétiques
obligatoires dans le cadre du dispositif Habiter mieux. Pour chaque
chantier engagé il faut compter 700¤ pour accompagnement par
les opérateurs de l?Anah ce qui inclut l?audit énergétique et la visite
post-chantier. Même si l?argent est remboursé en grande partie si les
travaux sont engagés, l?avance représente un blocage notable pour
des ménages modestes. Pour les audits des 2,6 millions de logements
prioritaires d?ici 2025 il faudra prévoir 1,8 Md¤; environ 250 M¤ par
an à moduler selon le nombre de chantiers engagés.
61. Selon les résultats d?une étude de l?ADEME et du Centre
Scientifique et Technique du Bâtiment (CSTB) basée sur
la dernière Enquête nationale sur le logement de 2013 (portant
sur la période 2007 ? 2012), 5,8millions de ménages sont
en situation de précarité énergétique en France au regard
d?au moins un des indicateurs définis par l?ONPE1,
soit 12,2millions d?individus et plus de 20% des ménages.
Communiqué de l?Ademe du 15 juin 2016
62. Anah (2015) « Evaluation du Programme ?Habiter Mieux?
Etude 1: Synthèse de l?enquête auprès des propriétaires
occupants », N°1 janvier 2015
www.anah.fr/mediatheque/publications/publication/media/
Mediatheque/voir-publication/2778/
Cette publication Utilisation des recettes
des outils de la fiscalité « carbone » en
faveur de la transition écologique juste
plaide en faveur d?un renforcement des
outils existants comme la composante car-
bone sous condition que les recettes soient
utilisées pour accélérer la dynamique de la
transition et la rendre plus juste. Il s?agit de
rehausser et de pérenniser les budgets des programmes de
rénovation, de lancer des appels à projet pour la construc-
tion des infrastructures durables, de renforcer les disposi-
tifs qui soutiennent les ménages en situation de précarité
énergétique, d?appuyer des initiatives de reconversion
des secteurs fragilisés par la transition écologique, etc.
Pour en savoir plus sur le sujet : www.reseauactionclimat.org
Les aides
au transport
aérien
dommageables
au climat
et injustes
Améliorer
l?efficacité
des outils
de lutte contre
la précarité
énergétique
une exigence
pour éviter
une transition
écologique
à deux vitesses !
Les reconversions
professionnelles
clés de réussite
d?une transition
écologique juste
Rendre la sortie
du « piège diesel »
socialement,
écologiquement
et économique-
ment acceptable
RAC-F
Réseau Action Climat-France
est une association spécialisée
sur le thème des changements
climatiques, regroupant
19 associations nationales de défense
de l?environnement, de solidarité
internationale,d?usagers
des transports et d?alternatives
énergétiques.
Le RAC-F est le représentant français
du Climate Action Network (CAN)
fort de 1 100 associations membres
dans le monde.
Les missions du RAC sont :
? Informer sur les changements
climatiques et ses enjeux.
? Suivre les engagements
et les actions de l?État
et des collectivités locales
en ce qui concerne la lutte contre
les changements climatiques.
? Dénoncer les lobbies et les États
qui ralentissent ou affaiblissent
l?action internationale.
? Proposer des politiques publiques
cohérentes avec les engagements
internationaux de la France.
Nous contacter
Réseau Action Climat-France
Mundo-m,
47 avenue Pasteur, 93100 Montreuil, France
Tel : 01 48 58 83 92 @ : contact@reseauactionclimat.org
www.reseauactionclimat.org
Tw : @RACFrance
Facebook : www.facebook.com/ReseauActionClimat
Vous pouvez soutenir le travail
du Réseau Action Climat en suivant
ce l ien :
https://reseauactionclimat.org/faire-un-don/
Le Réseau Action Climat fédère les associations impliquées dans la lutte contre les changements climatiques.
Les opinions et les avis qui y sont exprimés sont uniquement ceux du RAC-F. Ils n?engagent ni la responsabilité ni la position de ces partenaires.
L?accord de Paris de 2015 nous a apporté un nouveau cap
pour l?action climatique mondiale : maintenir l?augmenta-
tion de la température mondiale sur une trajectoire à 1,5°C.
Même si les scénarios 1,5°C font encore défaut, nous
savons que les politiques climatiques actuellement en
place ne suffiront pas pour respecter cet engagement.
L?urgence climatique nous impose donc, en France
comme ailleurs, d?augmenter nos efforts en rehaussant
nos objectifs et en renforçant les outils existants de la
transition écologique.
Mais l?urgence ne doit pas nous amener à négliger le
lien entre la transition écologique et son acceptabilité
sociale. Les politiques climatiques nécessaires ne seront
désirables que si elles participent à un véritable projet
de société qui prend en compte les besoins spécifiques
des ménages vulnérables et les impacts sur les activités
de certains secteurs fragilisés.
Bien que la transition écologique ne puisse pas résoudre
certaines injustices à l?origine des inégalités sociales
(l?écart entre les salaires, la répartition inéquitable du
patrimoine, etc.), nous devons veiller collectivement à ce
que les mesures de la transition écologique contribuent
au progrès social pour tous.
Les ménages vulnérables doivent être les premiers béné-
ficiaires des acquis de la transition écologique, notam-
ment des politiques de lutte contre la précarité éner-
gétique, pour que cette dernière soit désirable et juste.
Les salariés des secteurs d?activités fragilisés par les poli-
tiques climatiques devront être accompagnés d?une
manière anticipée pour trouver un nouvel emploi dans
les secteurs de la transition à salaire et qualification au
moins équivalents.
ISBN 978-2-919083-14-5
Concil ier transit ion écologique et justice sociale : analyses et propositions