A la découverte de la qualité de nos rivières : synthèse de la conférence du 27 mars 2012.-
REBILLARD, JP
Auteur moral
Agence de l'eau Adour-Garonne
Auteur secondaire
Résumé
Synthèse de la conférence sur la qualité des cours d'eau organisé par l'Agence de l'ean Adour-Garonne le 27 mars 2012. Jean-Pierre Rébillard a expliqué le travail de l'agence de l'eau concernant le suivi de la qualité des rivières, les méthodes et étapes du suivi ainsi que l'interprétation des données.
Descripteur Urbamet
qualité de l'eau
;cours d'eau
;rivière
Descripteur écoplanete
Thème
Ressources - Nuisances
Texte intégral
L?Agence a organisé une confé-
rence sur la découverte de la
qualité des rivières, le 27 mars
2012, conduite par Jean-Pierre
Rebillard, docteur en éco-toxi-
cologie, responsable du suivi et
de la connaissance des milieux
aquatiques à l?Agence.
Elle s?inscrit dans le cadre de
?L?eau ? L?expo? réalisée en
partenariat avec la Ville de
Toulouse et visible au Muséum
jusqu?à la fi n de l?année 2012.
Un public divers (étudiants ou
scolaires, bureaux d?études,
représentants de l?administra-
tion, acteurs de l?eau, grand
public, personnel de l?Agence)
a pu découvrir, pendant plus
de deux heures, pourquoi,
comment et dans quels buts
l?Agence suit depuis de nom-
breuses années la qualité des
eaux superfi cielles (rivières, lacs
et littoral) du grand Sud-Ouest.
SYNTHÈSE DE LA CONFÉRENCE
DU 27 MARS 2012
À la découverte de la qualité de nos rivières 02
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SYNTHÈSE DE LA CONFÉRENCE
DU 27 MARS 2012
QUE TROUVE-T-ON
DANS L?EAU DES RIVIÈRES ?
MÉTHODES ET ÉTAPES DE SUIVI
DE LA QUALITÉ DES EAUX SUPERFICIELLES
Le suivi de la qualité des milieux aquatiques du grand Sud-Ouest (20 % du territoire national) est l?une des
missions de l?Agence.
Depuis le début du 20e siècle, les activités humaines génèrent d?importantes quantités de produits
chimiques qui transitent dans les milieux aquatiques. D?origine ponctuelle ou di? use, ces produits peuvent
se regrouper en quatre grandes familles :
origine naturelle : des molécules présentes naturellement dans
l?environnement (métaux de la couche terrestre) peuvent se retrouver,
suite au phénomène d?érosion, dans l?eau. Il en est de même pour
certaines molécules émises par des incendies de forêt (cas des
hydrocarbures aromatiques polycycliques (HAP)) ;
origine urbaine : toutes les substances que nous utilisons dans notre
quotidien et qui se retrouvent au ? nal dans l?eau (nettoyants ménagers,
médicaments, lessive, engrais, pesticides) ;
origine industrielle : les entreprises émettent des polluants de nature
di? érente en fonction des domaines d?activités concernés ;
origine agricole : les produits utilisés pour fertiliser les sols ou pour maîtriser le développement de
certains insectes ou plantes se retrouvent dans les écosystèmes aquatiques. Parmi ces molécules, on peut
citer les nitrates et les pesticides.
Entre 1930 et le début des années 2000, la production mondiale de substances chimiques est passée d?un
million de tonnes à 400 millions de tonnes par an.
LES RÉSEAUX DE SURVEILLANCE
Les premiers réseaux d?observation des milieux aquatiques datent de 1930. Ils s?intéressaient au
suivi de l?état quantitatif des rivières. Les premiers réseaux1 de suivi de la qualité n?ont débuté
qu?au début des années 70.
Pour garantir la cohérence des observations, les règles appliquées sont communes à tous les sites
de mesures (protocoles identiques, paramètres obligatoires, fréquence commune d?analyses).
Il existe plusieurs types de réseaux en Adour-Garonne :
les réseaux patrimoniaux déterminent l?état général et les tendances de la qualité des cours d?eau ;
les réseaux d?usages contrôlent l?aptitude des milieux aquatiques à une utilisation particulière (baignade,
pêche, ...) ;
les réseaux d?impacts permettent d?évaluer et suivre l?impact des activités polluantes et la dégradation
de la qualité.
La dé? nition de ces réseaux est soumise à un encadrement réglementaire (européen et national).
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1Un réseau est un regroupement structuré de sites de mesures dans un objectif de connaissance.
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À la découverte de la qualité de nos rivières
PRÉLEVER ET ANALYSER
L?Agence s?appuie sur des partenaires privés (bureaux d?études, laboratoires) ou publics (collectivités, parcs, syndicats,
laboratoires, organismes de recherches) pour réaliser les prélèvements. Dans la majorité des cas, les échantillons d?eau
correspondent à des prélèvements ponctuels et manuels, nécessitant l?utilisation de récipients adaptés (seau, bouteille à
clapet). Le transport des échantillons doit respecter la chaîne du froid (4°C).
La majorité des analyses sont réalisées au laboratoire et concernent :
la physicochimie classique : formes de l?azote et du phosphore, matières organiques, calcaire?,
les micropolluants organiques (pesticides, hydrocarbures) et minéraux.
Les niveaux de concentration obtenus sont de l?ordre du mg/l pour les nitrates, du µg/l pour les pesticides et du ng/l pour
les médicaments.
Concernant les relevés biologiques, les di? érentes espèces de la faune (invertébrés, poissons) et de la ? ore (diatomées,
macrophytes) présentes dans l?eau sont prélevées. La phase laboratoire consiste à identi? er et compter les espèces
prélevées sur le terrain.
DES RÉSEAUX QUI ÉVOLUENT
Bassin Adour-Garonne
04
2%2%6%23%26%43%
TYPES
DE MILIEU
NOMBRE
DE SITES
SUIVIS
FRÉQUENCE
ANNUELLE
DE SUIVI
DÉBUT
DU SUIVI
RIVIÈRES
120 000 KM 1 600 6 à 12 1971
LACS
4 000 KM 100 4 2007
LITTORAL
400 KM 23 6 à 12 2007
SUIVI DE LA QUALITÉ DES EAUX SUPERFICIELLES
SUR LE BASSIN ADOUR-GARONNE
À la découverte de la qualité de nos rivières
FOCUS un exemple de suivi de la qualité biologique
Les relevés de faune et ? ore sont de plus en
plus fréquents et permettent d?évaluer l?état
écologique des rivières prôné par la directive
cadre sur l?eau : de 290 stations suivies
en 2010 à 1160 prévues dès 2013.
Les communautés prises en comptes
se sont diversi? ées. Si, historiquement,
l?inventaire des invertébrés aquatiques
a été mis en oeuvre, les suivis
concernant les poissons, les diatomées
et encore plus récemment les
macrophytes et le phytoplancton sont
progressivement apparus au ? l des ans.
Les invertébrés benthiques(1) montrent
que 70 % des stations présentent une bonne
qualité biologique.
(1) Insectes aquatiques, larves, mollusques, vers, crustacés vivant en
fond de rivière. Très sensibles aux modi? cations, même temporaires, de
leur environnement. Leur dénombrement et leur détermination permettent
d?évaluer la qualité biologique de l?eau au travers d?une note synthétique de 0 à 20.
Le nombre de sites de prélèvements et d?analyses a
considérablement augmenté à partir de 2001 avec la mise
en oeuvre de la directive cadre européenne sur l?eau (DCE) : le
nombre de sites a été multiplié par six (1500 sites actuellement)
et celui des analyses par vingt (1 000 000 d?analyses en 2011).
Le nombre de paramètres suivis (60 entre 1971 et 1990) atteint
600 au début des années 2000. Le budget consacré à ces
suivis est passé d?un coût moyen de 2 M¤/an avant les
années 2000 à 6 M¤/an depuis 2007.
Invertébrés : Très bon état Bon état État moyen État médiocre Mauvais état Très bon état Bon état État moyen État médiocre Mauvais état Très bon état Bon état État moyen État médiocre Mauvais état Très bon état Bon état État moyen État médiocre Mauvais état Très bon état Bon état État moyen État médiocre Mauvais état Très bon état Bon état État moyen État médiocre Mauvais état
INTERPRÉTER ET RENDRE
LES DONNÉES ACCESSIBLES
L?interprétation des données repose pour chaque paramètre sur des valeurs seuils. Cinq classes de qualité
(très bonne, bonne, moyenne, médiocre et mauvaise) sont dé? nies, associées chacune à un code couleur
(bleu, vert, jaune, orange et rouge).
La convention d?Aarhus (1998), puis la directive cadre européenne
sur l?eau (2000) et la loi sur l?eau et les milieux aquatiques (2006)
ont donné une nouvelle impulsion pour :
moderniser l?organisation des connaissances dans le domaine
de l?eau,
favoriser la consultation des données pour les acteurs de l?eau,
développer l?accès du public à l?information détenue par les
autorités publiques en matière d?environnement.
C?est pour répondre à ces besoins que le système d?information sur
l?eau (SIE) a été mis en place pour coordonner les actions visant à
gérer les données publiques sur l?eau et les milieux aquatiques de
façon cohérente, e? cace et lisible par le plus grand nombre. Les
données sont accessibles sur www.eaufrance.fr ou sur le portail
du bassin Adour-Garonne (http://adour-garonne.eaufrance.fr/).
QUARANTE ANS DE DONNÉES
L?exploitation des données obtenues depuis quarante ans mettent en avant une diminution signi? cative de
la pollution des rivières par les matières organiques, le phosphore et l?ammonium. Cette amélioration est à
rapprocher de la mise en oeuvre dès 1991 de la directive ?eaux résiduaires urbaines? et de l?action combinée
des collectivités, de l?Agence et des services de l?État dans ce domaine depuis plus de trente ans.
EVOLUTION DE LA QUALITÉ DE L?EAU DES RIVIÈRES SUR 300 STATIONS IDENTIQUES (1971/2009)
Ammonium Matières organiques (DBO5)Phosphore
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Très bon état Bon état État moyen État médiocre Mauvais état Très bon état Bon état État moyen État médiocre Mauvais état Très bon état Bon état État moyen État médiocre Mauvais état Très bon état Bon état État moyen État médiocre Mauvais état Très bon état Bon état État moyen État médiocre Mauvais état Très bon état Bon état État moyen État médiocre Mauvais état
1971
2009
1971
20092009
1971
2009
À la découverte de la qualité de nos rivières
ÉVOLUTION DES CONCENTRATIONS EN NITRATES DE 1971 À 2009 SUR 300 STATIONS DU BASSIN ADOUR-GARONNE
Les concentrations en nitrates, après une hausse entre 1971 et le début des années 1990, ont tendance à se stabiliser, voire
à diminuer légèrement. La mise en oeuvre de la directive nitrate de 1991, traduite concrètement par la mise en place de
bandes enherbées, de cultures pièges à nitrates et par la diminution des apports d?engrais, est très certainement à l?origine
de cette baisse enregistrée depuis 1992.
PRODUITS PHYTOSANITAIRES
Le pesticide le plus fréquemment détecté sur le bassin est un herbicide (glyphosate). C?est le produit le plus vendu sur
le bassin Adour-Garonne. Bien qu?interdits d?utilisation depuis 2003, des produits comme le diuron et l?atrazine étaient
encore détectés en 2009.
06
Concentrations
en mg/l
60
50
40
30
20
10
0
Bassin de la Charente
Bassin Adour-Garonne
Bassin du Lot
L?EXEMPLE DU CONTRAT DE LAC DE PARENTIS
À la ? n des années 1980, le lac de Parentis (dans les Landes) présentait les symptômes
typiques d?eutrophisation (développements récurrents et massifs d?algues) liés à des apports
excessifs en phosphore depuis 1948 via son principal tributaire : le ruisseau des forges.
En 1988, un contrat de lac signé par les gestionnaires
du plan d?eau et l?Agence plani? a des travaux de
réduction des pollutions domestiques et la lutte
contre les pollutions industrielles, dont le phosphore
est issu.
La construction de la station d?épuration biologique,
la mise en place d?une production industrielle
de charbon actif et le traitement spéci? que du
phosphore ont entraîné une nette amélioration de la
qualité de l?eau du ruisseau et du lac.
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À la découverte de la qualité de nos rivières
À la découverte de la qualité de nos rivières
ÉCHANGES
AVEC LA SALLE
Lors des échanges avec la salle, les questions posées ont permis d?aborder plusieurs points complémentaires.
ACTEURS DE L?EAU :
DES MISSIONS COMPLÉMENTAIRES, DES ENJEUX DIFFÉRENTS
La DCE invite tous les acteurs à améliorer la qualité des milieux
aquatiques.
En matière de surveillance des milieux , les missions de l?Agence obéissent
à des normes environnementales, celles des agences régionales de santé
(ARS) à un objectif de santé publique. Les enjeux se croisent mais chaque
établissement a une ? nalité propre. L?Agence n?intervient pas en gestion
de crise et ne peut pas envisager d?augmenter la fréquence des mesures
pour réduire les risques. Une telle mesure exigerait une logistique lourde,
une organisation importante et un budget considérable. Aussi faut-il
trouver un compromis entre les obligations réglementaires et le
budget consacré aux réseaux de surveillance.
Les mesures de routine ne permettent pas de prévenir la contamination des milieux aquatiques.
Dans le cadre d?un suivi intégratif, il sera possible de déceler des pics de mauvaise qualité de l?eau.
L?Agence peut surveiller un périmètre dé? ni, un captage d?eau potable précis, une zone agricole donnée, ...
Elle intervient en complément de la réglementation sanitaire, agricole et environnementale des services de
l?Etat, en proposant un soutien technique, scienti? que et ? nancier aux porteurs de projets locaux (aides aux
industriels, aux syndicats d?eau potable, aux agriculteurs, etc.).
Les industriels et les traiteurs d?eau obéissent à la réglementation et au code de la santé, qui prévoit des
contrôles continus. Les stations d?alerte mises en place mesurent la teneur en oxygène de l?eau, sa turbidité,
etc. a? n d?éviter qu?une pollution accidentelle de l?eau brute n?atteigne l?eau potable. Une telle surveillance
nécessite des analyses quotidiennes.
VERS UNE AMÉLIORATION DE LA QUALITÉ DE L?EAU
EN ADOUR-GARONNE ?
Consciente que l?obligation de résultat de la DCE, qui prévoit un objectif de bon état écologique des eaux
pour 2015, pourrait être di? cile à atteindre, l?Agence tend à anticiper.
Depuis 2007, elle développe ses réseaux, augmente les paramètres, change les fréquences, suit les lacs et le
littoral, etc. Elle suit les métaux lourds dans l?eau, les sédiments et les mousses aquatiques.
Le diagnostic de l?état des milieux aquatiques met en
avant deux problématiques prioritaires et complexes :
restaurer le fonctionnement des cours d?eau et réduire
les pollutions di? uses.
La DCE comprend des mesures de base réglementaires
et des mesures d?accompagnement. Aussi faudra-t-il
réévaluer les objectifs et les résultats obtenus selon les
actions menées au niveau national, l?engagement des
partenaires et la pression réglementaire des services de
l?Etat.
La DCE comprend un deuxième cycle prévoyant de réduire encore et toujours les pollutions, ainsi que
des actions réglementaires complémentaires. Parallèlement à l?évolution de l?état des milieux, il s?agira de
montrer aux autorités européennes que les acteurs locaux ont fait leur maximum.
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www.eau-adour-garonne.fr
90 rue du Férétra
31078 Toulouse Cedex 04
tél. 05 61 36 37 38
fax 05 61 36 37 28
Les suivis réalisés permettent d?établir le niveau
de pollution des eaux en confrontant les concen-
trations en polluants à des seuils de qualité
(= normes de qualité environnementale). A l?ave-
nir le recours à la discipline de l?écotoxicologie
devrait permettre de mieux caractériser l?impact
des substances chimiques sur les organismes
vivants dans l?eau et/ou les sédiments. Cela se
traduira par l?utilisation de bioessais (exposition
d?une population d?organismes aquatiques à un
polluant pour estimer les concentrations provo-
quant un e? et toxique) ou de bio-marqueurs
(réponse adaptative d?un organisme par une sé-
rie de mécanismes biologiques à l?exposition de
polluants)
Actuellement, les sites sont échantillonnés, au
mieux chaque mois ou chaque saison, selon le
type de masse d?eau considéré. Dans un futur
proche, le recours à des outils intégratifs de
pollution permettra de capter l?ensemble du ? ux
de pollution pendant un temps donné. Leur dé-
ploiement en routine à l?échelle de l?ensemble du
territoire se heurte encore à quelques problèmes
techniques et de nombreux actes de vandalisme.
L?Agence suit également des pollutions an-
ciennes (cadmium et polychlorobiphényls) du
fait d?un niveau de contamination important et
d?un faible taux de dégradation de ces produits.
Le suivi de contaminants émergents comme
les médicaments devrait s?intensi? er très pro-
chainement.
Il est important d?ajouter que l?amélioration de
la qualité des milieux aquatiques dépend du
débit des rivières, très variable dans le grand
Sud-Ouest. Cette particularité territoriale devra
être précisée dans le cadre de la DCE, dont les exi-
gences ignorent l?aspect quantitatif des milieux
aquatiques.
PERSPECTIVES
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