Prévention des inondations : Sécurité des barrages et des digues. Décryptage.

Auteur moral
France. Direction générale de la prévention des risques
Auteur secondaire
Résumé
Après quelques définitions et éléments clés liés à la notion d'inondation, l'étude répond aux questions suivantes, organisées selon 4 thématiques : 1.- Les risques d'inondations naturelles : quels sont les risques en France en termes d'inondations d'origine naturelle, où sont-ils les plus importants, et comment le risque d'inondation est-il géré par la puissance publique ? 2.- L'évaluation des risques : comment les pouvoirs publics évaluent-ils et localisent-ils les risques d'inondation avec une cause naturelle ? 3.- L'information du public : comment le public est-il informé et sensibilisé sur les risques d'inondation "naturelle" et comment sa "culture du risque" est-elle développée ? 4.- La prévention des risques : comment les risques d'inondation sont-ils pris en compte dans l'aménagement du territoire et l'urbanisme, et comment la vulnérabilité des biens et des personnes est-elle réduite dans les zones inondables ?
Editeur
MEDDTL (Ministère de l'Ecologie, du Développement durable, des Transports et du Logement))
Descripteur Urbamet
risques naturels ; inondation ; politique publique ; information ; prévention des risques ; évaluation ; zone à risque ; plan de prévention des risques naturels ; barrage ; ouvrage hydraulique ; accident
Descripteur écoplanete
Thème
Ressources - Nuisances ; Aménagement du territoire
Texte intégral
Secrétariat général Source : DGPR Paris, le 24 octobre 2011 Prévention des inondations Sécurité des barrages et des digues Décryptage Eléments Clés ............................................................................................................................. 3 Chiffres clés................................................................................................................................ 3 LES RISQUES D'INONDATIONS NATURELLES................................................................ 7 1. Quels sont les risques en France en termes d'inondations d'origine naturelle? Où sont-ils les plus importants ? ................................................................................................................... 7 2. Comment le risque d'inondation est-il géré par la puissance publique ?............................... 8 L'EVALUATION DES RISQUES ............................................................................................ 9 3. Comment les pouvoirs publics évaluent-ils et localisent-ils les risques d'inondation avec une cause naturelle ? .................................................................................................................. 9 L'INFORMATION DU PUBLIC .............................................................................................. 9 4. Comment le public est-il informé et sensibilisé sur les risques d'inondation « naturelle » ? Comment sa « culture du risque » est-elle développée ? ........................................................... 9 LA PREVENTION DES RISQUES ........................................................................................ 10 5. Comment les risques d'inondation sont-ils pris en compte dans l'aménagement du territoire et l'urbanisme ? ........................................................................................................................ 10 6. Comment la vulnérabilité des biens et des personnes est-elle réduite dans les zones inondables ?.............................................................................................................................. 11 1 7. Combien de communes sont-elles concernées par les PPRNi ? Où en est leur avancement ? .................................................................................................................................................. 12 8. Comment la surveillance et la prévision des inondations sont-elles organisées ? ............... 12 LA GESTION DE L'INONDATION ET DE SES SUITES ................................................... 14 9. Qui est chargé de la préparation et de la gestion de la crise et ses conséquences ? Comment ? ............................................................................................................................... 14 10. Comment le retour d'expérience est-il réalisé après une inondation « naturelle »?........... 14 11. Comment décide-t-on de la reconstruction des bâtiments endommagés ou détruits par l'inondation ?............................................................................................................................ 14 FINANCEMENT ..................................................................................................................... 15 12. Comment sont financées les actions de gestion du risque « inondation »?........................ 15 CONSEQUENCES DU CHANGEMENT CLIMATIQUE SUR LES RISQUES D'INONDATIONS NATURELLES ....................................................................................... 16 13. Quelles sont les conséquences du changement climatique sur le risque « inondation » ? . 16 14. Quelles sont les actions d'adaptation au changement climatique prévues pour la prévention et la gestion des inondations ?................................................................................ 16 PISTES D'AMELIORATION ................................................................................................. 17 15. Quels seront les changements introduits avec la transposition de la directive européenne 2007/60/CE du 23 octobre 2007 relative à l'évaluation et la gestion des risques d'inondation ? .................................................................................................................................................. 17 16. Qu'est-ce que le « Plan Submersions Rapides » (PSR) ? Que prévoit-il ? ........................ 18 SECURITE DES BARRAGES ET DES DIGUES.................................................................. 19 17. A quoi servent les barrages ?.............................................................................................. 19 18. A quoi servent les digues ?................................................................................................. 19 RESPONSABILITES............................................................................................................... 19 19. Qui assure la sécurité des barrages et des digues ? ............................................................ 19 20. Qui exploite les barrages ? Qui gère les digues ?............................................................... 20 21. Quelle est la législation en matière de sécurité des barrages?............................................ 21 22. Quels sont les coûts nécessaires au maintien de la sécurité des barrages et des digues ?.. 21 PREVENTION......................................................................................................................... 22 23. Comment les risques d'accident de barrages et de digues et leurs conséquences sont-ils évalués ? ................................................................................................................................... 22 24. Quelles sont les principales mesures permettant de prévenir les ruptures de barrages et de digues?...................................................................................................................................... 22 INFORMATION ...................................................................................................................... 23 25. Quelles sont les modalités d'information du public sur la question? ................................. 23 EN CAS D'ACCIDENT .......................................................................................................... 23 26. Des accidents relatifs à la sécurité des barrages et des digues sont-ils à déplorer ces dernières années? En France? Dans le reste du monde? .......................................................... 23 27. Quelles sont les mesures prévues en cas d'accident? ......................................................... 23 28. Que se passe-t-il après un accident de digues / barrages? Comment décide-t-on si et comment on reconstruit ces ouvrages ?.................................................................................... 24 POUR ALLER PLUS LOIN .................................................................................................... 24 29. Quelles sont les réflexions en cours au sein de l'Etat sur la sécurité des barrages et des digues ?..................................................................................................................................... 24 Annexe 1 - Les PPRNi ............................................................................................................. 26 Annexe 2 - Les programmes d'action et de prévention des inondations (PAPI) ..................... 27 Annexe 3 ­ Le « Plan Submersions Rapides »......................................................................... 29 Annexe 4 - Obligations pour les exploitants ou gestionnaires de barrages et de digues.......... 32 2 Eléments Clés INONDATIONS Définitions Différentes causes naturelles d'inondations : Crue : augmentation du débit d'un cours d'eau, généralement suite à des précipitations. On distingue les inondations par débordement lent (de plaine) et par débordement rapide (crues rapides ou crues torrentielles). Débordement : lorsqu'un cours d'eau sort du lit dans lequel il coule habituellement (lit « mineur »). Ruissellement : écoulement d'eau dû à des précipitations abondantes qui ne sont pas absorbées par le sol. Le ruissellement peut provoquer des coulées de boue en milieu rural et l'engorgement du réseau d'évacuation pluvial en milieu urbain. Remontée de nappes : lorsque l'eau des nappes souterraines remonte à la surface en raison de précipitations abondantes. Submersion marine : inondation temporaire de la zone côtière par la mer à cause de conditions météorologiques particulières (forte dépression, vent de mer), et/ou de fortes marées. - - Causes non naturelles : ruptures de barrages ou de digues En France : Barrages : 750 barrages de plus de 10 m de haut (296 de plus de 20m et 448 entre 10 et 20m) et plusieurs milliers de taille inférieure. Digues : 8000 km de digues fluviales et plus de 1000 km de digues et autres ouvrages de défense contre la mer ; en tout, 7600 km de digues d'une hauteur supérieure à 1 mètre. Etat de catastrophe naturelle : l'état de catastrophe naturelle est déclaré (arrêté interministériel) lorsqu'un phénomène naturel d'intensité anormale se produit1. Chiffres clés Environ 19 000 communes sont soumises à des degrés divers au risque d'inondation sous ses différentes formes : inondations lentes, crues torrentielles, submersions marines, remontées de nappes, ruissellement urbain ou rural. Les dommages provoqués par les inondations sont de plus en plus importants depuis une cinquantaine d'années, à cause du fort développement urbain qui a pu avoir lieu dans les zones inondables. 1 Cela crée un cadre particulier d'indemnisations. Les biens des personnes physiques et morales autres que l'Etat, qui font l'objet de contrats d'assurance dommages ou perte d'exploitation, sont couverts contre les effets des catastrophes naturelles si celles-ci sont officiellement déclarées par les pouvoirs publics (loi n°82600 du 13 juillet 1982, relative à l'indemnisation des victimes de catastrophes naturelles). 3 Inondations liées à des causes naturelles : En France, entre 1982 et juin 2011 : o 7 inondations majeures (1988 Nîmes, 1992 Vaison-la-Romaine, 1999 Aude, 2002 Gard, 2003 Rhône et 2010 Xynthia et Var), causant plus de 200 victimes et entraînant plus de 6 milliards d'euros de dommages. Une douzaine de catastrophes2 consécutives à des inondations, faisant plus de 250 victimes et plus de 7,2 milliards d'euros de dommages. Près des deux tiers de ces éÎnements concernaient le Sud de la France (environ 4 milliards de dommages et 162 victimes). o - En Europe, plus de 100 grandes inondations entre 1998 et juin 2011 causant la mort de plus de 800 personnes, entraînant le déplacement de plus d'un demi-million de personnes et causant plus de 33 milliards d'euros de dégâts. Inondations liées à la rupture de barrages : 1% des grands barrages rompus dans le monde au cours du dernier siècle3 (50% des accidents sans victimes). Entre 1959 et 1987, trente accidents de barrages dans le monde, faisant 18 000 victimes. o Ex : 1959 - accident du barrage de Malpasset - ce barrage voûte, haut de 66 m, situé en amont de Fréjus (Var), cède suite à des infiltrations d'eau dans le terrain de fondation sur lequel s'appuyait la voûte : 421 morts, 155 immeubles entièrement détruits, mille hectares de terres agricoles ravagés ; au total deux milliards de francs de dégâts. o Ex : 1963 - rupture du barrage de Vajont (Longarone, Italie : un très important glissement de terrain dans la retenue conduit à une immense vague se déversant par-dessus le barrage) : plus de 2000 morts. o Ex : 2006 - rupture du barrage de Tuilières (Dordogne), causant des dégâts matériels importants sur le barrage, mais sans victime. o Ex : 2009 - rupture d'un barrage en périphérie de Djakarta (Indonésie) : une centaine de morts. o Ex : 2011 ­ rupture d'un barrage lors du séisme du 11 mars 2011 au Japon : 8 morts. Inondations en partie liées à des accidents de digues : France : o Ex : 2002 (septembre) et 2003 (décembre) : fortes inondations en Camargue suite à la rupture de digues sur le Rhône : 23 morts (dont 22 dans le département du Gard) et plus d'1,2 milliard d'euros de dégâts en 2002 ; 1 milliard d'euros de dégâts en 2003. o Ex : 2010 (nuit du 28 février) : submersion marine due à la tempête Xynthia, inondation causant le plus grand nombre de victimes depuis au moins 30 ans (53 morts en tout à cause de la tempête, dont 42 liés au phénomène de submersion marine). 2 3 Est considéré comme catastrophe un éÎnement ayant occasionné des dommages matériels estimés à plus de 300 M et/ou plus de 100 victimes. N'ont pas été prises en compte les tempêtes Lothar et Martin en 1999 ainsi que les tempêtes Klaus en 2009, qui ont occasionné des inondations. Ces données portent sur l'ensemble des barrages de plus de 15 m dans le monde, hors Chine. 4 Catastrophes naturelles Ont été concernées par au moins un arrêté Catastrophe Naturelle (arrêté Cat-Nat)4 entre janvier 1982 et juin 2011 : 26 138 communes au titre des inondations et coulées de boue (ICB)5, soit 71% des communes du territoire national ; 598 communes au titre des submersions marines, soit 57% des communes littorales ; 756 communes au titre des remontées de nappes phréatiques. - Risques d'inondation en France et plans de prévention des risques naturels ­ inondations (PPRNi)6 : Environ 10 300 communes sont dotées d'un PPRNi prescrit ou approuÎ (10 329 communes au 1er juillet 2011) : 3 331 communes ont un PPRNi « prescrit » (dont 166 traitant du risque de submersion marine) 6 998 communes ont un PPRNi « approuÎ » (dont 47 concernant le risque de submersion marine) ; Le 17 février 2011, la ministre chargée de l'environnement a annoncé une accélération de l'élaboration des plans de prévention des risques naturels littoraux (PPRNi). 303 communes du littoral ont été jugées prioritaires pour la prescription ou la révision d'un PPRNi, dans l'objectif de réaliser ces plans dans un délai de 3 ans. Répartition des PPRNi au 1° juillet 2011 4 5 6 Chaque arrêté englobe plusieurs éÎnements qui touchent plusieurs communes. Le terme « inondation et coulée de boue » recouvre aussi bien les inondations par débordement de cours d'eau que les ruissellements ou les coulées boueuses. Il n'est donc pas possible par le seul biais de ces arrêtés Cat-Nat d'opérer une distinction entre ces différents phénomènes. Le préfet établit dans chaque département la liste des communes soumises au risque d'inondation - Voir annexe 1 pour la définition et les différentes étapes d'un PPRNi 5 SURVEILLANCE - 21 000 km de cours d'eau font l'objet d'une surveillance par l'Etat sur le territoire métropolitain. Plus de 1 400 stations de mesure hydrométrique permettent de suivre en temps réel les niveaux et débits des cours d'eau surveillés par l'Etat. PREVISION DES CRUES 7 200 communes bénéficient de la prévision des crues élaborée par l'Etat, avec plus de 70% des populations situées en zone inondable. 6 LES RISQUES D'INONDATIONS NATURELLES 1. Quels sont les risques en France en termes d'inondations d'origine naturelle? Où sont-ils les plus importants ? Environ 19 000 communes sont soumises au risque d'inondation naturelle7, soit : suite à de fortes précipitations (augmentation du débit d'un cours d'eau - crue) ou un ruissellement intense, par remontée de nappes phréatiques, dans les zones côtières de la mer, en cas de marées à fort coefficient associées à des conditions météorologiques violentes (vent fort, précipitations importantes, tempête) (« submersion marine »). En cas de débordement de cours d'eau ou de submersion marine, les inondations ont des effets encore plus importants si les ouvrages de protection (digues) cèdent (voir question 17 et suivantes concernant la sécurité des digues). Selon leur localisation et leur ampleur, ces inondations peuvent avoir des conséquences à l'échelle du territoire inondé ou bien au-delà : certaines inondations (par exemple, crues de la Loire ou de la Garonne, inondations de la région parisienne) auraient un impact national : activités économiques d'échelle nationale touchées, voies de communication bloquées... Sur le littoral Le risque de submersion marine lors des très hautes marées concerne essentiellement les terrains situés en dessous du niveau des mers. En cas de rupture de digues, certaines inondations peuvent toucher des zones très vastes gagnées sur la mer (polders). En France, 864 communes côtières sont particulièrement vulnérables à ces risques, et la population qui s'installe sur le littoral est en constante augmentation (9,9 % de la population totale sur environ 4 % du territoire en 2006). Depuis 1982, 57% des communes littorales (soit 589) ont subi des submersions marines entraînant un état de catastrophe naturelle. L'érosion côtière (recul progressif de la limite des plages, notamment à l'occasion des tempêtes) concernerait 24% du littoral métropolitain, soit 1 320 km de côtes. Débordements et ruissellements L'ensemble des communes situées à proximité d'un cours d'eau peut potentiellement subir une inondation par débordement de cours d'eau. Le risque d'inondation par ruissellement est lié aux éÎnements pluvieux, il est beaucoup plus diffus et peut concerner pratiquement l'ensemble du territoire. Depuis 1982, 71% des communes du territoire national (26 073) ont subi des inondations et coulées de boue (ICB) (inondations dues à un débordement ou ruissellement) entraînant un état de catastrophe naturelle. Remontée de nappes Le risque de remontée de nappes dépend de la nature et de la composition du sol : les remontées se produisent lorsqu'il y a des interstices - graviers, sables grossiers... Les roches perméables ou poreuses (aquifères) les plus susceptibles de connaître des phénomènes de remontée de nappes sont composées de craie. Les risques de remontées de nappes sont calculés par secteur pour le territoire français (secteurs délimités en raison de caractéristiques physiques et géologiques homogènes) - Informations disponibles sur le site www.inondationsnappes.fr. 7 Les communes « soumises au risque d'inondation » sont celles que le préfet a identifiées comme telles, dans le dossier départemental sur les risques majeurs (DDRM) ­ voir question 4 7 2. Comment le risque d'inondation est-il géré par la puissance publique ? La gestion du risque d'inondation est partagée entre l'Etat, les collectivités et le citoyen, qui est un acteur essentiel dans la gestion des risques d'inondation. Gérer les risques comporte différentes composantes (voir questions suivantes) : Evaluer et localiser les risques, Informer et sensibiliser le public (développer la « culture du risque »), Prendre en compte les risques d'inondation dans l'aménagement du territoire, Réduire la vulnérabilité des biens et des personnes face aux inondations, Surveiller et prévoir les inondations, Préparer, alerter et gérer la crise, Gérer la suite de la crise et organiser les retours d'expérience. Différents outils sont utilisés pour mettre en oeuvre ces ensembles d'actions, parmi lesquels : Les plans de prévention des risques naturels inondations (PPRNi)8 définissent précisément les risques pour chacune des communes concernées ; ils identifient les zones dans lesquelles les constructions doivent être interdites, et celles dans lesquelles elles doivent respecter des obligations précises (voir question 5 et annexe 1) ; Ils sont élaborés par les préfets, en associant les communes concernées, et soumis à enquête publique. Les programmes d'action et de prévention des inondations (PAPI) (voir annexe 2), et les Plans Grands Fleuves, rassemblent des actions globales (programmes d'études et/ou de travaux), dans les différents domaines de la lutte contre les inondations (prévention, protection, sensibilisation au risque, information préventive, préparation à la gestion de crise...). Ils sont contractualisés entre les collectivités territoriales volontaires et l'Etat qui les subventionne à hauteur de 25 à 50%. Pour la période 2011-2015, l'Etat s'est engagé à financer les projets en cours et à venir, à hauteur de 350 millions d'euros. Un nouvel appel à projets a été lancé le 17 février 2011. - Le Comité d'orientation pour la prévention des risques naturels majeurs (COPRNM), composé de représentants de l'Etat, de collectivités territoriales et de la société civile, est chargé de faire des propositions pour améliorer la politique de prévention des risques naturels majeurs, notamment les inondations. Une « Commission Mixte inondations » (CMi)9 a également été mise en place pour suivre la mise en oeuvre de la transposition de la directive européenne concernant la prévention des inondations (voir question 15) et le déroulement du « plan submersions rapides » (voir question 16 et annexe 3), et pour sélectionner (« labelliser ») les projets de renforcement de digues et les PAPI lancés suite à l'appel à projets du 17 février 2011. Sa première réunion a eu lieu le 12 juillet 2011, et 5 premières actions de prévention contre les inondations y ont été sélectionnées, pour un coût global de 60 millions d'euros (dont une participation de l'Etat de plus de 18 millions d'euros). 8 9 Articles L.562-1 et L.562-8 du code de l'environnement Rassemblant des membres du comité national de l'eau (CNE) et du Comité d'orientation pour la prévention des risques naturels majeurs (COPRNM), ainsi que des experts, des membres de l'Etat et des représentants de la société civile. 8 L'EVALUATION DES RISQUES 3. Comment les pouvoirs publics évaluent-ils et localisent-ils les risques d'inondation avec une cause naturelle ? Le ministère du développement durable élabore des atlas cartographiant les zones inondables (atlas des zones inondables ­ AZI -) du territoire français. Ces atlas sont mis à disposition du public et ils servent aux services de l'Etat pour leurs actions de prévention. De plus, les PPRNi comportent des « cartes d'aléa inondation » et une cartographie des enjeux. L'INFORMATION DU PUBLIC 4. Comment le public est-il informé et sensibilisé sur les risques d'inondation « naturelle » ? Comment sa « culture du risque » est-elle développée ? La population doit être informée de l'existence d'un risque, de ses possibles conséquences, et des mesures à prendre pour s'en prémunir (« culture du risque »). Risques naturels et technologiques : Information des Maires Dans chaque département, le préfet transmet aux maires des communes concernées: La liste des communes concernées par chacun de ces risques dans la préfecture, et le détail des actions mises en place par l'Etat pour les prévenir (dossier départemental des risques majeurs ­ DDRM)10 ; Un ensemble des connaissances précises (cartes...) de l'Etat sur chacun des risques de chaque commune (porter à connaissance ­ PAC)11. - Information des propriétaires et locataires immobiliers Le préfet établit pour les propriétaires d'un bien immobilier situé sur le territoire qui le demandent, un « état des risques » pour ce bien. Depuis le 1er juin 200612, tout vendeur ou bailleur, lors de la vente ou de la location d'un bien immobilier, a l'obligation de : Fournir à l'acheteur ou locataire un « état des risques » du bien datant de moins de 6 mois ; Lui indiquer si le bien a subi des sinistres reconnus comme dus à un état de catastrophe naturelle. Information des citoyens Les maires des communes soumises à des risques naturels ou technologiques doivent informer leurs citoyens de ces risques13, à travers un document d'information 10 11 12 13 Articles L 125-2 et R 125-9 à 14 du code de l'environnement. Le DDRM est réalisé tous les 5 ans par la préfecture. Il est également accessible au grand public en préfecture et dans les communes concernées. Articles L121, R121 Code Urbanisme. Article L 125-5 du code de l'environnement Le maire a l'obligation de mettre en oeuvre les mesures d'information, d'alerte et d'évacuation des 9 communal sur les risques majeurs (DICRIM), qui reprend l'ensemble des informations transmises par la préfecture sur l'état de risques de la commune, ainsi que les mesures mises en place par la mairie en termes de prévention, protection, sauvegarde et alerte en cas de survenance du risque, et les consignes de sécurité individuelle (document librement consultable en mairie). Dans les communes dotées d'un PPRN (prescrit par le préfet) le maire doit organiser des actions de communication (au moins une fois tous les deux ans, avec l'assistance des services de l'Etat - réunion publique communale, dossier dans le bulletin municipal, ...). Information des écoliers Depuis 200414, chaque enfant bénéficie d'une éducation aux risques dans sa formation scolaire (travail mené conjointement par les ministères du développement durable et de l'éducation nationale). Pour plus d'informations, un site Internet spécifique, le « portail des risques naturels » (www.prim.net), créé par le ministère du développement durable, propose des dossiers présentant l'ensemble des risques naturels et la situation de chaque commune de France vis-à-vis de ces risques. Risques d'inondations : Dans les communes soumises au risque d'inondation (identifiées par le préfet)15, le maire recense dans le DICRIM l'emplacement des repères de crues historiques et détermine l'emplacement des repères des plus hautes eaux connues. La pose et la maintenance de ces repères sont à la charge de ces communes. Le maire affiche les risques et les consignes à suivre en cas d'alerte ou de danger dans le lieu qui lui semble le plus pertinent à cet effet16. Les communes les plus exposées peuvent être aidées par le ministère du développement durable pour cette mission d'information (pour la pose des repères de crues passées sur les édifices publics par exemple). LA PREVENTION DES RISQUES 5. Comment les risques d'inondation sont-ils pris en compte dans l'aménagement du territoire et l'urbanisme ? Dans les zones inondables, l'urbanisme et l'aménagement ne doivent pas augmenter la vulnérabilité des biens et des personnes, des activités économiques, du patrimoine culturel et de l'environnement (« enjeux »)17. Toutes les collectivités sont chargées de maîtriser l'urbanisation en prévenant notamment les risques18 : populations au titre de ses pouvoirs de police (articles L.2212-12 5° et 2212-4 du Code général des collectivités territoriales, articles L.125-2, R.125-14 et R.125.11 et suivants du Code de l'environnement). Loi n°2004-811 du 13 août 2004 de modernisation de la sécurité civile : l'article 5 prévoit, dans le cadre de sa scolarité obligatoire, une sensibilisation de tout élève à la prévention des risques et aux missions des services de secours, ainsi qu'un apprentissage des gestes élémentaires de premier secours. Dans le DDRM qui précise les risques naturels et technologiques auxquels sont soumises toutes les communes du département. Inventaire et pose obligatoire des repères de crues : article L.563-3 du Code de l'environnement La loi Grenelle 2 (Loi n° 2010-788 du 12 juillet 2010 portant engagement national pour l'environnement) définit les « enjeux » comme la « santé humaine, l'environnement, les biens, dont le patrimoine culturel, et l'activité économique ». Code de l'urbanisme (pour tous les documents : art. L.121-1 ; PLU : articles L.123-1 et suivants ; SCoT : articles L.122-1 et suivants, et carte communale : L.124-1). Les risques d'inondation sont connus grâce aux 14 15 16 17 18 10 Lors de l'élaboration de leurs documents d'urbanisme (notamment plan local d'urbanisme (PLU) au niveau des communes19) qui définissent les zones où les constructions sont interdites et celles où elles sont autorisées, - Lors de l'instruction et de l'attribution des permis de construire20. L'Etat réalise des contrôles de légalité des PLU et des permis de construire. Au-delà, pour les communes qui ont connu ou risquent de connaître des inondations importantes (identifiées par le préfet), les services de l'Etat (Directions Départementales des Territoires ­ DDT ­ coordonnées par la Direction Régionale de l'Environnement de l'Aménagement et du Logement - DREAL) élaborent sous l'autorité du préfet des Plans de prévention des risques naturels d'inondations (PPRN inondations ou PPRNi) (voir annexe 1). Ces plans peuvent soit interdire les constructions dans certaines zones dangereuses (par exemple si le niveau de l'eau peut dépasser 1 mètre), soit, dans les zones moins dangereuses, définir des prescriptions en termes de construction et d'aménagement intérieur des habitations les rendant moins vulnérables aux inondations. Ces prescriptions peuvent être rendues obligatoires, sur décision du préfet. Les PPRN peuvent également imposer des mesures pour réduire la vulnérabilité des biens, personnes, activités économiques, patrimoine culturel et environnement (« enjeux ») ­ voir question 6. Une fois que le PPRNi est approuÎ, il est annexé au PLU, et ses prescriptions s'imposent au PLU et aux permis de construire (« servitude d'utilité publique »). - 6. Comment la vulnérabilité des biens et des personnes est-elle réduite dans les zones inondables ? Deux types d'actions sont possibles : réduire les caractéristiques (intensité, étendue) de l'inondation d'une part, et réduire les conséquences des inondations sur les personnes, les biens, les activités économiques, le patrimoine culturel et l'environnement (« enjeux ») d'autre part. - Réaliser des travaux et construire des ouvrages pour réduire l'intensité et l'étendue des inondations Des ouvrages (digues, zones d'expansion des crues) peuvent être construits pour protéger les secteurs habités les plus exposés ou pour ralentir l'inondation. Dans certaines configurations, la construction de digues permet notamment de retenir l'eau et de l'orienter en dehors des zones fragiles ou densément peuplées. Mais les digues ne protègent que jusqu'à l'éÏnement pour lequel elles sont dimensionnées. Une rupture de digue entraîne un danger plus grave qu'une inondation naturelle (la sécurité des digues incombe d'abord à leur gestionnaire - voir question 19). Un recensement précis des zones à protéger et une identification des digues destinées à les protéger est en cours afin de garantir une bonne sécurité dans toutes les zones, en renforçant les digues qui le nécessitent et en adaptant si besoin la prévention et la gestion des inondations (« Plan Submersions Rapides », voir question16 et annexe 3). 19 20 documents fournis par le préfet, notamment le « porter à connaissance » (PAC). Voir question 4 Schéma de cohérence territoriale (SCOT) pour les communautés d'agglomération. PLU et SCOT traduisent le projet d'aménagement et de développement durable de la commune ou de l'agglomération. Le maire est responsable des permis de construire (il peut interdire ou soumettre à prescription le permis en application de l'article R.111-2 du Code de l'urbanisme). Il peut néanmoins en déléguer l'instruction aux services de l'Etat (préfecture). 11 - Mieux protéger les personnes, les biens, les activités économiques, le patrimoine culturel et l'environnement (« enjeux ») Les communes organisent de manière préventive la mise en sécurité des biens et des personnes en cas d'inondation. Pour limiter les dommages des biens existants (habitations, activités économiques, réseaux...) en cas d'inondation, les collectivités, les particuliers et les entreprises peuvent réaliser (avec l'aide financière de l'Etat si les travaux sont prescrits par les PPRNi ­ voir question 12 ) des travaux sur les habitations (ex : niveau « refuge » dans l'habitation ou sur le terrain21, mise en place de dispositifs temporaires visant à boucher les ouvertures - « batardeaux »-, utilisation de matériaux résistant mieux à l'eau, mise en place de « clapets anti-retours » empêchant l'eau des réseaux d'assainissement de remonter à l'intérieur des habitations, etc...). En cas de menace grave pour les vies humaines, l'Etat peut proposer et décider la délocalisation des biens exposés qui ne pourraient être protégés. 7. Combien de communes sont-elles concernées par les PPRNi ? Où en est leur avancement ? Sur environ 19 000 communes estimées soumises au risque d'inondation (hors remontée de nappe et hors risque de submersion marine), 10 329 sont couvertes par un PPRNi prescrit ou approuÎ, dont 6 998 ont un PPRNi approuÎ et 3 331 un PPRNi prescrit (contre 1906 communes en fin d'année 2000). En moyenne près de 400 PPRNi sont approuÎs chaque année, et une partie d'entre eux sont régulièrement révisés car les connaissances scientifiques sur le risque d'inondation ont évolué ces dernières années. Suite aux inondations liées à la tempête Xynthia en 2010, 303 communes littorales ont été identifiées comme prioritaires pour l'élaboration ou la révision d'un PPRNi traitant des risques de submersion marine (47 communes sont déjà dotées d'un PPRNi traitant du risque de submersion marine). 8. Comment la surveillance et la prévision des inondations sont-elles organisées ? Prévision des précipitations et surveillance des crues Afin de mieux prévoir les inondations dues au débordement de cours d'eau, la prévision des précipitations et la surveillance des crues sont désormais coordonnées. Suite à la réforme, en 2002, du dispositif d'annonce de crues, 22 services de prévision des crues (SPC) et un service central de coordination opérationnelle et d'appui technique (Service Central d'Hydrométéorologie et d'Appui à la Prévision des Inondations SCHAPI)22 rattaché au ministère du développement durable travaillent en collaboration étroite avec Météo France. Dans chaque bassin23, l'organisation des dispositifs de surveillance, leur cohérence, et le rôle de chacun des acteurs impliqués (Etat, collectivités locales, Météo France), sont définis au sein d'un « schéma directeur de prévision des crues ». 21 Espace intérieur à une construction ou partie de terrain qui se trouvent hors d'eau au moment de l'inondation et qui permet aux sinistrés de se réfugier en attendant les secours. En intérieur, c'est souvent un étage aménagé pour permettre la sauvegarde des personnes. 22 Arrêté du 2 juin 2003 portant création du SCHAPI, J.O du 5 juin 2003 23 Un bassin hydrographique, ou bassin versant, est un ensemble de terres irriguées avec un même réseau 12 Une information homogène est diffusée sur tout le territoire (site internet www.vigicrues.gouv.fr, bulletins de vigilance relayés par les médias nationaux directement et les médias locaux via les préfets). Par ailleurs, un certain nombre de collectivités a développé des outils locaux de prévision et d'alerte, notamment pour les cours d'eau non suivis par l'Etat. Une vigilance à l'échelle de chaque département Pour chaque département, un niveau de vigilance pluie-inondation (ou inondation) est défini pour les 24 heures par Météo France, le SCHAPI et les 22 SPC, qui intègre les risques d'inondations liés aux débordements et au ruissellement. Il prend en compte les risques de fortes précipitations pluvieuses et les informations concernant l'état des bassins versants et des rivières, et localise les risques à l'échelle du département. Une prévision à l'échelle du cours d'eau pour plus de 6300 communes (70% des populations en zone inondable) Pour 21 000 km de cours d'eau, sont organisés par les Services de prévision des crues (SPC) : o o Une surveillance en temps réel par plus de 1400 stations de mesure hydrométrique ; Une prévision des crues à l'échelle de chacun de ces cours d'eau (évaluation des probabilités d'inondation - niveaux des eaux, délais des crues...) grâce aux informations recueillies par les stations et à celles transmises par Météo France ; Des systèmes de vigilance permettant de mettre en garde en temps réel les maires et les préfets, responsables de l'alerte des populations et de la gestion des inondations (carte de vigilance inondations). - o - Un nouveau service d'avertissement infra départemental sur les risques d'inondations rapides liées aux précipitations Un premier service (« Avertissement sur les Pluies Intenses à l'échelle Communale » APIC), actuellement déjà expérimenté (dans le cadre du « Plan Submersions Rapides ­ voir question 16 et annexe 3), sera mis en service par Météo-France à la fin de l'année 2011. Une étude de faisabilité est en cours pour un avertissement complémentaire, qui serait produit par les SPC et le SCHAPI, sur la possibilité de crues soudaines. Anticipation des submersions rapides Depuis le 3 octobre 2011, au niveau de chaque département du littoral, un système d'avertissement spécifique pour les risques de submersion marine (« volet vagues submersion » de la vigilance météorologique) a été mis en place dans le cadre du « Plan Submersions Rapides » (voir question 16 et annexe 3). hydrographique : 1 fleuve et ses affluents. Il y a 12 bassins hydrographiques en France dont 7 en France métropolitaine. 13 LA GESTION DE L'INONDATION ET DE SES SUITES 9. Qui est chargé de la préparation et de la gestion de la crise et ses conséquences ? Comment ? Le maire est responsable de la sécurité des personnes et des biens à l'échelle de sa commune24. Dans les communes soumises à un PPRNi approuÎ (voir annexe 1) et bientôt dans toutes celles où un PPRNi sera prescrit - cf «Plan Submersions Rapides (voir question 16 et annexe 3), il a l'obligation d'élaborer un « plan communal de sauvegarde » (qui prévoit l'anticipation des éÎnements, l'alerte, l'aide et la prise en charge des habitants, l'appui aux services de secours)25 qu'il peut déclencher en cas d'inondation. Si l'inondation a des conséquences dans plusieurs communes d'un même département, le préfet organise la gestion de la crise selon le plan général d'organisation des secours (« dispositif d'organisation de la réponse de la sécurité civile » - dispositif ORSEC départemental) qu'il a élaboré, et il devient directeur des opérations de secours. Lorsque l'inondation a des conséquences sur plusieurs départements, c'est le préfet de la « zone de défense » (zone définie par le ministère de la Défense ; la France est partagée en 7 zones de défense, avec 7 préfets de défense à leur tête) qui devient responsable de la gestion de crise et de l'organisation des opérations de secours (« dispositif Orsec zonal »). Chaque responsable d'établissement scolaire doit également établir un « plan particulier de mise en sûreté » (PPMS) lui permettant de gérer les conséquences directes ou indirectes d'un éÏnement comme l'inondation26. - - - 10. Comment le retour d'expérience est-il réalisé après une inondation « naturelle »? Après toute inondation, il faut avant tout essayer de comprendre ce qui s'est passé afin de tirer les enseignements utiles pour améliorer la gestion des risques correspondants et renforcer, si nécessaire, la chaîne de prévention. Des missions de « retours d'expérience » (REX), portant sur l'inondation, ses causes et ses conséquences, la gestion de la crise et l'efficacité des procédures de prévention (information préventive et PPRNi notamment), systématiquement réalisées, sont confiées aux services de l'Etat (conseil général de l'environnement ou du développement durable ­ CGEDD ­ notamment) ou à des organismes spécialisés (réseau technique du ministère du développement durable, établissements publics, associations...), avec l'appui du ministère du développement durable. 11. Comment décide-t-on de la reconstruction des bâtiments endommagés ou détruits par l'inondation ? Lorsqu'un bâtiment a été construit en respectant la loi, son propriétaire a le droit de le reconstruire à l'identique après un sinistre27. Toutefois, le maire peut interdire ou soumettre à prescription cette reconstruction pour assurer la sécurité des occupants28. Le PPRNi peut de même limiter ou interdire le droit de reconstruire après sinistre, en 24 25 26 27 28 Le maire a l'obligation de mettre en oeuvre les mesures d'information, d'alerte et d'évacuation des populations au titre de ses pouvoirs de police (articles L.2212-12 5° et 2212-4 du Code général des collectivités territoriales, articles L.125-2, R.125-14 et R.125.11 et suivants du Code de l'environnement) Loi n°2004-811 du 13 août 2004 de modernisation de la sécurité civile (dite « LMSC ») Circulaire du ministère de l'éducation nationale de 2002. Article L.111-3 du code de l'urbanisme. Ce, en application des dispositions du PLU ou de l'article R.111-2 du code de l'urbanisme. 14 fonction des risques. Les biens sinistrés à plus de la moitié de leur valeur et indemnisés au titre de la garantie catastrophe naturelle peuvent faire l'objet d'une procédure de délocalisation : le propriétaire peut vendre son bien à l'Etat pour qu'il le fasse démolir, puis utiliser l'argent ainsi perçu pour acheter un bien dans une zone sans risque29. FINANCEMENT 12. Comment sont financées les actions de gestion du risque « inondation »? Depuis 1995, diverses mesures de réduction de la vulnérabilité et de prévention des risques sont financées par le Fonds de Prévention des Risques Naturels Majeurs (FPRNM), ou Fonds Barnier : expropriations ou acquisitions de biens (acquisitions amiables des biens menacés ou sinistrés), évacuations et relogement des personnes exposées, délocalisations, information préventive, élaboration des plans de prévention des risques naturels d'inondation ­ PPRNi30, études de prévention et études de prise en compte des risques dans l'aménagement des collectivités locales concernées par un PPRNi, subvention aux études et travaux de prévention des collectivités territoriales. Ce fonds est alimenté par un prélèvement obligatoire dans le cadre des régimes d'assurances des dommages des particuliers et des entreprises31. Le prélèvement, qui représente environ 150 millions d'euros, a progressivement été augmenté32 depuis 2007 pour répondre à une utilisation de plus en plus large de ce fonds. Les aides financières de l'Etat33 ont été renforcées suite à la tempête Xynthia de février 2010. Elles permettent notamment de subventionner : Pour les collectivités couvertes par un PPRN : o S'il est approuÎ, à 50% les études de prévention, à 50% les travaux, ouvrages et équipements de prévention, à 40% les travaux, ouvrages et équipements de protection ; S'il est prescrit, à 50% les études de prévention, à 40% les travaux, ouvrages et équipements de prévention, à 25% les travaux, ouvrages et équipements de protection. o - Pour les particuliers, à 40% les travaux rendus obligatoires par les PPRN, Pour les entreprises de moins de 20 salariés, à 25% les travaux rendus obligatoires par les PPRN. 29 L.561-3-2° du code de l'environnement. L'Etat achète le bien au propriétaire dans des conditions favorables à ce dernier, car la valeur est estimée sans tenir compte du risque. L'Etat peut ensuite décider d'affecter le bien ainsi acquis à la commune où il est situé. 30 Lois de finances de 1999 et 2006. 31 Prélèvement sur la surprime obligatoire contre le risque de catastrophe naturelle (aujourd'hui de 12%). 32 Il est passé de 4% (50 millions d'euros) en 2007 à 8% en 2008 puis 12% en 2009. 33 Loi n°2003-699 du 30 juillet 2003 relative à la prévention des risques technologiques et naturels et à la réparation des dommages : les mesures relatives aux plans de prévention des risques naturels prévisibles sont codifiées aux articles L.562-1 à L.562-9 du code de l'environnement. 15 CONSEQUENCES DU CHANGEMENT D'INONDATIONS NATURELLES CLIMATIQUE SUR LES RISQUES 13. Quelles sont les conséquences du changement climatique sur le risque « inondation » ? Inondations par débordement et par ruissellement L'impact du changement climatique sur les précipitations extrêmes, et donc sur les inondations par ruissellement, est vraiment difficile à évaluer. Cependant, de nombreux scientifiques34 estiment par exemple que les jours de fortes précipitations pourraient être plus nombreux, y compris dans des zones actuellement très sèches, ce qui pourrait conduire à une augmentation des inondations de ce type. Pour les inondations par débordement de cours d'eau, les incertitudes sont encore plus importantes (on redoute en premier lieu l'augmentation des sécheresses). Des études complémentaires restent à mener afin d'améliorer la connaissance et de savoir si les inondations seraient plus intenses et/ou plus fréquentes sur telle ou telle région. Inondations en zones côtières (augmentation du niveau de la mer) La montée du niveau des mers est une des conséquences probables du changement climatique. Elle est estimée a minima entre 18 et 150 cm à l'échelle globale pour la période 2000 - 210035. L'augmentation du niveau de la mer ne peut être homogène. Elle modifiera les phénomènes d'érosion et le risque d'inondations par submersion marine, notamment pour les côtes les plus basses. Des études sur les conséquences pour le territoire français sont actuellement menées dans les régions les plus touchées par le phénomène, notamment le Nord-Pas-de-Calais ou le Languedoc-Roussillon. Inondations par remontée de nappes Aujourd'hui, on prévoit une baisse de la quantité d'eau dans les nappes souterraines sur la majeure partie de la France, mais le risque par remontées de nappes pourrait cependant augmenter dans certaines zones, notamment le Rhône ou le Rhin (les autres zones restent mal connues). 14. Quelles sont les actions d'adaptation au changement climatique prévues pour la prévention et la gestion des inondations ? Plusieurs actions ont été planifiées (plan national d'adaptation au changement climatique, présenté le 20 juillet 2011), notamment pour le littoral, où le risque de submersion marine risque de s'accroître en raison de la montée du niveau de la mer et de l'augmentation de l'intensité des tempêtes hivernales : 34 35 Dernier rapport du GIEC (2007) ; expérience acquise par des projets français antérieurs, comme le projet IMFREX (Impact des changements anthropiques sur la fréquence des phénomènes extrêmes de vent, de température et de précipitations) Le 4ème rapport du groupe d'experts intergouvernemental sur l'évolution du climat( GIEC) annonce pour la décennie 2090-2099 une élévation du niveau moyen de la mer dans le monde située entre 0,18 et 0,59 m audessus du niveau moyen obserÎ sur la période 1980-1999. Mais les estimations du 4ème rapport du GIEC ne tiennent pas compte des incertitudes liées à la dynamique de la fonte des calottes polaires continentales, c'est pourquoi le GIEC fait remarquer que les valeurs supérieures ne doivent pas être considérées comme des limites maximales pour le niveau moyen des océans. De nouvelles publications plus récentes, et étayées par des observations préoccupantes de l'accélération de la fonte des glaces, concluraient à des élévations de plus d'un mètre. 16 - Améliorer la connaissance sur la fréquence et l'intensité des phénomènes (« aléas ») et les enjeux (pour les infrastructures, habitations, milieux naturels...), par exemple : o lancement de travaux pour une meilleure compréhension et prévision des submersions rapides (cf « Plan Submersions Rapides », voir question 16 et annexe 3) ; o Lancement d'une étude des impacts du changement climatique sur les crues et les inondations à l'échelle des grands bassins versants. Développer l'observation et mettre à disposition de tous l'ensemble des données rassemblées, par exemple à travers la mise en place d'un « observatoire national de la mer et du littoral » visant à améliorer les connaissances sur les risques et les enjeux concernant chaque zone du littoral français ; Généraliser les dispositifs de vigilance et d'alerte, en étendant progressivement les mesures et les modélisations, en priorité sur les zones littorales, et systématiser le retour d'expérience ; Prendre en compte l'impact du changement climatique sur les risques naturels dans les outils de planification de l'urbanisation : o L'aggravation des risques naturels, notamment inondations, devra être prise en compte dans les plans locaux d'urbanisme (PLU) et les schémas de cohérence territoriale (SCOT), afin de décider dès aujourd'hui de ne pas urbaniser ou densifier les zones où les risques augmenteront. o L'évolution des risques d'inondations avec le changement climatique devra également être prise en compte à travers un volet « adaptation au changement climatique » dans les stratégies locales de prévention des inondations mises en place dans le cadre de l'application de la directive européenne de 2007 (voir question 15). Etablir des méthodes pour réduire la vulnérabilité des infrastructures existantes : une méthodologie d'évaluation de la vulnérabilité des réseaux et ouvrages (rails, ponts...) sera établie et diffusée d'ici 2012. - - - - Les travaux (renforcement des infrastructures, construction ou réparation d'ouvrages de protection, déplacement...) pourront ensuite être mis en oeuvre par les collectivités locales, après concertation avec l'ensemble des acteurs concernés. Sur le littoral, certains travaux sont déjà lancés : une route nationale reliant Sète à Marseillan a ainsi été déplacée dans le Languedoc Roussillon, où des dizaines de milliers d'édifices sont menacées par une élévation de 1 mètre du niveau de la mer. PISTES D'AMELIORATION 15. Quels seront les changements introduits avec la transposition de la directive européenne 2007/60/CE du 23 octobre 2007 relative à l'évaluation et la gestion des risques d'inondation ? La directive demande aux Etats membres de mettre en place une planification à long terme pour réduire les conséquences négatives potentielles des inondations sur la santé humaine, l'environnement, le patrimoine culturel et l'activité économique. Tous les types d'inondation sont concernés : débordement des cours d'eau, submersion marine, remontées de nappes, ruissellement, ruptures d'ouvrages. 17 La mise en oeuvre de la directive est cyclique (cycles de 6 ans), et comporte les étapes suivantes : - 1. La réalisation d'une évaluation préliminaire des risques d'inondation (EPRI) dans chaque district hydrographique ­ 9 en métropole et 1 par DOM - (basée sur l'état actuel des connaissances, topographie de la zone, occupation des sols, inondations passées mesures prises pour prévenir les inondations...) avant le 22 décembre 2011 (étape lancée au premier trimestre 2011). De cette étape découle la sélection de territoires présentant un risque d'inondation important. - 2. La cartographie des surfaces inondables et des risques d'inondation pour trois « gammes » d'inondations : fréquentes, moyennes (a minima crue centennale), extrêmes, en indiquant : le niveau que pourrait atteindre l'eau, le débit des crues, les activités économiques pouvant être touchées, les installations pouvant provoquer une pollution, le nombre d'habitants concernés...­ avant le 22 décembre 2013. 3. L'élaboration des plans de gestion des risques d'inondation à l'échelle des districts hydrographiques, fixant les objectifs de gestion des risques d'inondation pour en réduire les conséquences négatives potentielles, et les mesures pour atteindre ces objectifs ­ avant le 22 décembre 2015. - Ces documents sont à réviser et éventuellement mettre à jour tous les six ans. Cette directive est transposée en droit français dans la loi Grenelle 236 qui prévoit l'adoption d'une stratégie nationale d'évaluation et de gestion des risques d'inondation37 (le décret, qui a fait l'objet d'une large consultation de l'ensemble des partenaires, a été signé en mars 201138). Les outils existants à l'échelle des territoires et des grands bassins (PAPI, Plans Grands Fleuves, PPRN, prévision...) font partie des mesures à mettre en oeuvre. 16. Qu'est-ce que le « Plan Submersions Rapides » (PSR) ? Que prévoit-il ? Lancé le 17 février 2011 après une large concertation conduite de juillet 2010 à février 2011, il fait suite aux éÏnements tragiques de la tempête Xynthia du 28 février 2010 sur le littoral atlantique et aux inondations violentes survenues le 15 juin 2010 dans le Var. Les conséquences de Xynthia ont mis en évidence la fragilité de certains ouvrages brisés ou submergés par la mer qui a inondé des zones urbanisées. Les inondations du Var ont également montré la nécessité d'améliorer le dispositif de vigilance et d'alerte. Le PSR vise à mieux planifier les actions à mettre en place et à prévoir leur financement. Il complète ainsi les outils mis en place par la France pour appliquer la directive européenne de 2007 concernant la prévention des inondations (voir question 15) : plans de prévention des risques naturels d'inondation (PPRNi ­ outil réglementaire- voir annexe 1) et programmes d'action et de prévention des inondations (PAPI ­ outil contractuel, qui fait l'objet d'un nouvel appel à projets lancé le 17 février 2011 - voir annexe 2). 36 37 38 Loi n° 2010-788 du 12 juillet 2010 portant engagement national pour l'environnement, publiée le 13 juillet 2009. Actuellement en cours d'élaboration par un groupe de travail, placé sous l'égide du Conseil d'orientation de la prévention des risques naturels majeurs. La mise en place d'une gestion globale du risque inondation s'appuiera sur une réflexion stratégique mettant en regard les objectifs de réduction des conséquences négatives des inondations et les mesures nécessaires pour atteindre ces objectifs. Ceux-ci devront être définis au niveau des territoires : c'est l'objet des stratégies locales prévues par la loi. Une mise en cohérence de ces objectifs est assurée par la stratégie nationale. Décret n° 2011-227 du 2 mars 2011 relatif à l'évaluation et à la gestion des risques d'inondation 18 Ce plan concerne trois types d'actions de prévention : submersions marines, défaillances des digues fluviales ou maritimes, et inondations par ruissellement ou crues soudaines. L'ensemble de ces actions devrait permettre de : maîtriser l'urbanisation dans les zones à risque : renforcement des règles d'urbanisme et élaboration rapide de PPRNi dans les zones prioritaires, renforcer les outils de surveillance, de prévision et d'alerte (notamment pour les submersions marines et les crues soudaines), renforcer la fiabilité des digues (recensement, travaux réalisés pour les digues prioritaires, renforcement des capacités financières et techniques des « gestionnaires » des digues), améliorer la « culture du risque » de la population. SECURITE DES BARRAGES ET DES DIGUES 17. A quoi servent les barrages ? Les barrages sont souvent à vocation multiple. Ils servent à produire de l'électricité (hydroélectricité), mais aussi comme réserve d'eau potable, pour l'irrigation, ou pour réguler le débit du cours d'eau en aval en cas de crue (le barrage stocke une partie de l'eau en amont : « laminage de crues ») ou de sécheresse (le barrage relâche alors de l'eau qu'il avait stockée : « soutien d'étiage »). Une partie des retenues d'eau des barrages est également souvent utilisée pour les loisirs. 18. A quoi servent les digues ? Les digues protègent contre les inondations fluviales en cas de crue ou contre les submersions marines. Ces ouvrages sont la plupart du temps en terre et ne peuvent supporter un niveau d'eau important sur leur sommet. Afin d'éviter que les digues ne se rompent lors de crues exceptionnelles, des déversoirs permettant le passage des eaux peuvent être aménagés. RESPONSABILITES 19. Qui assure la sécurité des barrages et des digues ? Les exploitants ou gestionnaires (voir question 20), qui entretiennent et surveillent les barrages et des digues, sont responsables de leur sécurité. L'Etat (ministère du développement durable) est responsable de leur contrôle par le biais de ses services déconcentrés. Depuis le 1er janvier 2011, tous les ouvrages hydrauliques sont contrôlés par les inspecteurs des Directions Régionales de l'Environnement, de l'Aménagement et du Logement (DREAL)39, afin d'assurer une politique cohérente et unique de surveillance de la sécurité des ouvrages, et de favoriser l'enrichissement des compétences des inspecteurs. 39 Circulaire du 8 juillet 2011. Directions Régionales de l'Industrie, de la Recherche et de l'Environnement (DRIRE) pour les Départements d'Outre Mer ; Services départementaux ­ directions départementales des territoires et de la mer ­ DDTM ­ pour les barrages non concédés, et inspecteurs des DREAL pour les barrages concédés dans les départements de l'Aude et de l'Hérault. 19 Jusqu'à présent, ces agents étaient éparpillés dans plus de 150 services différents. La fréquence et l'organisation des contrôles sont déterminées dans chaque région, selon un plan d'inspection annuel pour 2011 (qui sera, à terme, pluriannuel). L'objectif est d'atteindre des contrôles : - Tous les ans pour les barrages hydroélectriques de plus de 20 mètres de hauteur et les digues les plus importantes (barrages et digues de classe A ­ voir annexe 4) ; - Tous les 5 ans ou tous les 10 ans pour les autres barrages et digues (de classe B et C ­ voir annexe 4). Les inspecteurs bénéficient d'un appui technique de la part d'experts de la direction centrale du ministère du développement durable (direction générale de la prévention des risques) : avis sur des dossiers techniques, participation à des inspections, formations... 20. Qui exploite les barrages ? Qui gère les digues ? Barrages Les barrages hydroélectriques associés à une usine d'une puissance supérieure à 4500 kW font l'objet d'une concession attribuée pour une durée de 75 ans40. Les autres sont, comme les digues, gérés par des gestionnaires41 qui en obtiennent l'autorisation auprès des services de la préfecture. EDF exploite la majorité des barrages hydroélectriques ; la Compagnie Nationale du Rhône (CNR) l'ensemble des barrages et des digues de l'aménagement du Rhône ; la Société Hydro-Electrique du Midi (SHEM ) des barrages importants dans les Pyrénées et le Massif Central. Avec l'ouverture à la concurrence, le nombre d'exploitants va augmenter. Dans le domaine de l'hydraulique agricole, trois Sociétés d'Aménagement Régional (SAR), crées dans les années 1950, exploitent des barrages destinés essentiellement à l'irrigation, mais aussi à l'alimentation en eau potable et en eau industrielle. La majorité des barrages de navigation est gérée par Voies Navigables de France. Enfin, de nombreux barrages ont été construits et sont exploités par des collectivités territoriales ou leurs groupements pour des usages divers, tels que l'alimentation en eau potable, le « laminage » des crues, le « soutien d'étiage » et les plans d'eau de loisirs (voir question 17). Dans de nombreux cas, ces collectivités n'exploitent pas directement leur(s) barrage(s). Elles en confient l'exploitation à des entreprises spécialisées. Digues Les propriétaires de digues (Etat - pour de nombreuses digues importantes le long des grands fleuves et de certaines côtes maritimes -, collectivités locales, associations ou propriétaires priÎs) peuvent, s'ils ne souhaitent pas assurer la gestion de ces ouvrages, la déléguer à des structures spécialisées. Ces « gestionnaires » assurent leur surveillance et leur entretien (lutte contre la Îgétation, réparation de l'érosion due aux crues, repérage et réparation des dégâts causés par les animaux creusant des tunnels (ragondins par exemple). Pour certaines digues, en général les plus petites, il existe parfois plusieurs propriétaires, ou bien le propriétaire n'est pas connu, et l'entretien de la digue n'est pas toujours 40 41 Ils sont régis par la loi sur l'utilisation de l'énergie hydraulique du 16 Octobre 1919. Les nouvelles concessions font l'objet d'une mise en concurrence et sont attribuées pour une durée inférieure. Le terme « gestionnaire » vient d'être juridiquement établi par la loi n° 2010-788 du 12 juillet 2010 portant engagement national pour l'environnement (loi « Grenelle 2 »). 20 assuré. A l'inverse, pour certaines digues anciennes, un entretien est assuré, mais par des personnes n'étant officiellement ni propriétaire, ni exploitant de cette digue. Un recensement des digues est en cours (voir question 16 et annexe 3) afin d'identifier pour chacune, un gestionnaire unique42. 21. Quelle est la législation en matière de sécurité des barrages? La réglementation de la sécurité des ouvrages hydrauliques a été mise à jour, unifiée et renforcée à partir de 2006 (loi du 30 décembre 2006 sur l'eau et les milieux aquatiques43). Les règles sont progressivement harmonisées pour tous les ouvrages hydrauliques, et des obligations sont fixées aux exploitants / gestionnaires, ainsi qu'aux bureaux d'études. Toutes les nouvelles constructions et tous les aménagements majeurs doivent être autorisés par le ministère du développement durable, et des mesures de prévention des risques proportionnées à l'importance de l'ouvrage doivent être mises en place. Pour les barrages les plus importants, sont obligatoires : une étude de dangers, l'avis d'un comité d'experts, un plan particulier d'intervention recensant les actions nécessaires en cas d'accident (voir annexe 4). Pendant la phase d'exploitation, les exploitants doivent réaliser des examens périodiques et en fournir les rapports à l'Etat. Plus les ouvrages sont importants, plus les examens doivent être fréquents et le contenu des rapports précis (« revues de sûreté » pour les plus gros ouvrages ­ classe A). Si les mesures de sécurité sont jugées insuffisantes par le service de contrôle de l'Etat, celui-ci peut exiger un contrôle en dehors de la programmation des contrôles périodiques (« diagnostic de sécurité ») et prescrire des mesures complémentaires, notamment l'abaissement du niveau d'eau dans la retenue. Depuis mai 2011, seuls une quarantaine de bureaux d'études spécialement agréés, afin de mieux garantir leurs compétences44, peuvent désormais intervenir sur la conception et la construction d'un ouvrage (les gestionnaires peuvent continuer à faire appel à d'autres bureaux pour des avis, études, actions liées à l'entretien courant des ouvrages). 22. Quels sont les coûts nécessaires au maintien de la sécurité des barrages et des digues ? Les montants financiers nécessaires à l'entretien des ouvrages hydrauliques sont très variables et dépendent de la nature et de la fonction des ouvrages, mais aussi de leur localisation (des ouvrages en haute altitude ont des contraintes d'accès spécifiques par exemple). Ex : EDF (qui possède la moitié des grands barrages ­ classe A et B ­ de France) 42 43 Obligation issue de la loi Grenelle 2, le décret correspondant devrait paraître en 2012. Loi 2006-1772 développée dans un décret du 11 décembre 2007 (2007-1735) ; Décret du 11 décembre 2007 (2007-1735), principal décret d'application de la loi 2006-1772 du 30 décembre 2006 sur l'eau et les milieux aquatiques ; Il a été précisé par plusieurs arrêtés et circulaires en 2008 et 2009: Arrêté du 29 février 2008 fixant des prescriptions relatives à la sécurité et à la sûreté des ouvrages hydrauliques soumis à la police de l'eau digues et barrages de moins de 4500kW-, publié le 13 mars 2008 ; arrêté du 12 juin 2008 relatif aux études de dangers, publié le 19 juin 2008 , 44 Décret du 11 décembre 2007 (2007-1735) ­ application de la loi 2006-1772 du 30 décembre 2006 sur l'eau et les milieux aquatiques. Arrêté du 18 février 2010 relatif à l'agrément des bureaux d'étude autorisés à intervenir sur ces ouvrages. Arrêté du 07/04/11 portant agrément d'organismes intervenant pour la sécurité des ouvrages hydrauliques, publié au Journal Officiel du 13 mai 2011 (une quarantaine de bureaux agréés). 21 a lancé en 2006-2007 un programme d'investissement de plus de 500 M sur 5 ans pour renforcer son parc hydraulique (ceci sans compter les coûts de fonctionnement, dont les actions de surveillance par exemple). Concernant les digues, le « Plan Submersions Rapides » (lancé en février 2011, voir question 16 et annexe 3) prévoit un programme d'investissement estimé à 1,2 Milliards d'euros, dont 500 M de l'Etat, permettant le confortement d'environ 1200 km de digues de 2011 à 2016. Le Fonds Barnier pourra financer jusqu'à 40 % de ce plan. Des Fonds européens FEDER pourront être mobilisés en complément. Le reste du financement sera assuré par les collectivités territoriales. PREVENTION 23. Comment les risques d'accident de barrages et de digues et leurs conséquences sont-ils évalués ? Surveillance et évaluation des risques d'accidents Tous les barrages et les digues font l'objet d'une surveillance régulière de la part de leurs exploitants ou gestionnaires. En période de crue, les digues sont parcourues en permanence pour repérer tout risque d'inondation. De plus, les barrages les plus importants sont auscultés en permanence grâce à des capteurs qui mesurent leur comportement (mesures de déplacements, de pression d'eau, de débit...). Ces dispositifs permettent de déceler les risques potentiels dus à l'évolution des digues et barrages, et d'anticiper les travaux de confortement nécessaires au cours de leur vie (plusieurs centaines d'années). Evaluation des conséquences d'un accident de barrage ou de digue Certains « atlas des zones inondables (AZI) » ­ voir question 3 - prennent en compte les risques liés aux barrages et digues. Pour les barrages les plus importants45, les pouvoirs publics (préfecture) élaborent un plan particulier d'intervention (PPI), à partir des informations et études transmises par l'exploitant du barrage, afin de déterminer quelles zones seraient touchées, et dans quelle mesure, en cas d'accident du barrage. 24. Quelles sont les principales mesures permettant de prévenir les ruptures de barrages et de digues? Les principaux facteurs qui permettent de minimiser les risques sont : ­ Le lieu : de nombreuses études géologiques sont nécessaires pour Îrifier qu'il soit suffisamment solide pour supporter le poids de l'ouvrage et de l'eau qu'il contiendra, et suffisamment étanche pour qu'il ne soit pas affaibli à la longue par l'action de l'eau. Les matériaux et les techniques : en fonction du lieu choisi, on optimise la nature du barrage (béton ou remblai en terre...). La surveillance et l'entretien à adapter en fonction du type d'ouvrage. Des « déversoirs » suffisamment importants pour permettre d'évacuer des crues extrêmement rares. Ils sont l'indispensable soupape de sécurité ultime avant la vraie catastrophe. ­ ­ ­ 45 101 barrages de plus de 20 mètres de haut et 15 millions de mètres cubes 22 INFORMATION 25. Quelles sont les modalités d'information du public sur la question? L'information du public et des riverains sur les incidents et accidents sur les barrages les digues est développée par l'Etat depuis 2007 (dès 2005 pour les barrages hydroélectriques). Les gestionnaires doivent notamment obligatoirement déclarer tous les « éÎnements importants pour la sûreté hydraulique » (EISH) : rapport à la DREAL concernée après chaque incident (description de l'incident et analyse des causes). Toutes ces informations, rassemblées au niveau national, sont mises à disposition du public par les services déconcentrés de l'Etat (préfets ou DREAL). Les risques propres à chaque ouvrage sont ainsi mieux connus et peuvent être pris , en compte dans les études de danger (voir question 21 et annexe 4). EN CAS D'ACCIDENT 26. Des accidents relatifs à la sécurité des barrages et des digues sont-ils à déplorer ces dernières années? En France? Dans le reste du monde? Au cours du dernier siècle, on estime que près de 1% des grands barrages (plus de 15 mètres) se sont rompus dans le monde (hors Chine). Si environ la moitié de ces ruptures n'ont pas fait de victimes, certaines ont eu des effets dramatiques, tant matériels qu'en termes de vies humaines. Entre 1959 et 1987, trente accidents de barrages ont été recensés dans le monde, faisant 18 000 victimes. En France, l'accident du barrage de Malpasset en 1959 a particulièrement marqué les esprits. Ce barrage voûte, haut de 66 m, situé en amont de Fréjus (Var), céda suite à des infiltrations d'eau dans le terrain de fondation sur lequel s'appuyait la voûte. On dénombra 421 morts, 155 immeubles furent entièrement détruits, mille hectares de terres agricoles ravagés. Les dégâts ont été estimés à deux milliards de francs. En Italie, la catastrophe de Vajont (Longarone), en 1963, a fait plus de deux mille morts à la suite d'un très important glissement de terrain dans la retenue qui a conduit à une immense vague se déversant par dessus le barrage (hauteur du barrage : 265 m). Depuis 1993, des incidents graves sur des barrages de taille moyenne (ex : rupture du barrage de Tulières ­ Dordogne ­ en 2006, lors duquel 5 millions de m3 d'eau ont été déversés), et des ruptures de digues lors des crues (200 km de digues détruits ou endommagés par la tempête Xynthia en février 2010) ont attiré l'attention des pouvoirs publics sur les risques associés à ces ouvrages. C'est pourquoi les pratiques de suivi et de surveillance ont été renforcées pour les barrages de moins de 20 mètres (en1995, puis en 200746, voir question 21) et pour les digues (en 2005 et 2007 voir question 25). 27. Quelles sont les mesures prévues en cas d'accident? Pour tous les barrages et digues Le Maire, responsable de la sécurité des habitants de sa commune, doit en cas de rupture d'une digue ou d'un barrage être informé au plus tôt par le gestionnaire de l'ouvrage. Comme dans les autres situations d'inondations, il peut alors, comme le préfet, décider de l'évacuation des habitants et déclencher l'organisation des secours définie dans un « plan d'organisation de la réponse de la sécurité civile » (plan ORSEC) ou selon un « plan communal de sauvegarde » (obligatoire aujourd'hui pour toutes les communes soumises à un PPRNi approuÎ, voir question 9). 46 Décret n°2007-1735 du 11 décembre 2007, en application de la loi sur l'eau de 2006 23 Pour les 101 barrages les plus importants (plus de 20 mètres de hauteur et plus 15 millions de m3 d'eau) : Alerte de la population En cas d'éÎnement majeur, la population à proximité des 101 grands barrages est avertie au moyen d'une sirène d'alerte spécifique aux ouvrages hydrauliques (installée par l'exploitant) qui émet un son de type " corne de brume " (deux secondes de sirène, suivie des trois secondes de silence, ce pendant au moins deux minutes). Organisation des secours L'organisation des secours aux populations en cas de risque de rupture, est définie dans un plan particulier d'intervention (PPI) élaboré par le préfet compétent47: les modalités de mise en sécurité des personnes sont déclinées (jusqu'à l'évacuation) par zones en fonction de leur exposition au risque. 28. Que se passe-t-il après un accident de digues / barrages? Comment décide-t-on si et comment on reconstruit ces ouvrages ? Si un ouvrage a subi un accident, sa reconstruction ou réparation doit suivre les mêmes procédures d'examen et d'autorisation que dans le cas d'une première construction. Les mêmes critères techniques, de sécurité... sont donc examinés (voir question 21). Pendant cette phase d'examen sur des critères techniques, l'analyse de la nature des causes de l'accident est particulièrement importante (afin de déterminer les possibilités de reconstruire en diminuant les risques). Au final, la décision de reconstruire ou non l'ouvrage sera prise en fonction de ces critères techniques, mais aussi de critères sociaux et économiques : - L' « acceptabilité sociale » (si accident a causé de nombreuses victimes, la reconstruction sera a priori mal perçue par la société). - Les enjeux économiques et politiques (équilibre entre coût de reconstruction, importance politique et sociale de reconstruire l'ouvrage). POUR ALLER PLUS LOIN 29. Quelles sont les réflexions en cours au sein de l'Etat sur la sécurité des barrages et des digues ? De manière générale, les priorités définies par l'Etat pour renforcer la sécurité des barrages et des digues visent à : - Mieux former et organiser les services de l'Etat en charge du contrôle de la sécurité des ouvrages hydrauliques ; - Veiller à la mobilisation des maîtres d'ouvrages et des exploitants sur les questions relatives à la sécurité de leurs barrages et digues, sur le plan des moyens humains comme sur le plan économique ; - Maintenir un haut niveau de compétence des bureaux d'études français et veiller à ce qu'ils jouent un rôle déterminant pour les prestations d'assistance technique aux maîtres d'ouvrages et exploitants ; - Renforcer l'information de la population. 47 Loi de modernisation de la sécurité civile n° 2004-811 du 13 août 2004 24 Différents travaux visant à améliorer la sécurité des barrages sont menés en permanence au sein du Comité français des barrages et réservoirs (CFBR)48 en France, et de la Commission internationale des grands barrages (CIGB) à l'international. De nombreux référentiels de bonnes pratiques sont ainsi réalisés dans ce cadre. Récemment, un groupe de travail du CFBR a rédigé un rapport sur la résistance aux séismes des grands ouvrages (barrages et digues), qui pourra donner lieu à une nouvelle réglementation technique en 2012. Par ailleurs, des pistes d'amélioration ont été définies par le « Plan Submersions Rapides » (voir question 16 et annexe 3) : recensement, identification des digues prioritaires pour mener des travaux de renforcement, identification ou constitution de « gestionnaires » capables d'assumer techniquement et financièrement l'entretien des digues (voir annexe 3 pour détails). Enfin, une réflexion a été menée au sein d'un groupe de travail national rassemblant l'ensemble des experts dans le domaine (Etat, exploitants, bureaux d'étude) pour élaborer un référentiel technique de bonnes pratiques concernant la gestion des digues. Le rapport final sera remis au début de l'année 2012 (un travail est mené au plan international sur le même sujet, afin d'élaborer un référentiel international ­ « International Levee Handbook » - ILH)/ 48 Le CFBR rassemble les gestionnaires et professionnels des plus grands barrages depuis 1926, puis de tous les barrages, et depuis 2011, de certaines digues. 25 Annexe 1 - Les PPRNi Les plans de prévention des risques naturels prévisibles- inondations (PPRNi) ont pour objet de délimiter49 : Les zones de risque fort dans lesquelles l'urbanisation doit être interdite ; Les zones de risques moyens à faibles où les constructions seront soumises à des conditions de réalisation, d'utilisation ou d'exploitation. Dans ces zones, des mesures peuvent être prises pour réduire l'exposition au risque ainsi que la vulnérabilité des biens et des personnes. Ils visent à limiter l'impact, tant pour les vies humaines que pour les dommages aux divers bâtiments et activités, des risques naturels, principalement en limitant l'augmentation du bâti en zone à risques et en préservant des champs d'expansion de crues, ou aussi en prescrivant des mesures de renforcement du bâti existant. 3 étapes : 1. Le PPRNi est « prescrit » par le préfet (arrêté préfectoral qui précise les communes concernées par ce projet de PPRNi); 2. Le PPRNi est élaboré, sous l'autorité du préfet en associant les collectivités locales dans une démarche de concertation. Il est soumis à enquête publique. Le PPRNi est composé de trois documents : a. Un rapport de présentation qui recense les inondations passées, expose les études entreprises, les résultats et les justifications des délimitations des zones et réglementations inscrites dans le règlement et celles rendues obligatoires. b. Un plan de zonage, issu du croisement des aléas (fréquence et intensité des phénomènes) et des enjeux, identifiant des zones inconstructibles ou constructibles sous réserve d'aménagements particuliers ; c. Un règlement décrivant les contraintes de gestion, de construction et/ou d'urbanisme à respecter dans chaque zone. Le PPRNi déterminera par exemple la hauteur du premier plancher d'une habitation nouvelle en zone inondable par rapport au niveau des plus hautes eaux connues ou rendra obligatoire le renforcement des façades amont en cas de chutes de blocs ou d'avalanches. 3. Le PPRNi est approuÎ : il vaut alors « servitude d'utilité publique » : il est opposable aux tiers, doit être annexé au plan local d'urbanisme et les permis de construire doivent respecter ses règles d'urbanisme et de construction. 49 En application de l'article L.562-1 du code de l'environnement 26 Annexe 2 - Les programmes d'action et de prévention des inondations (PAPI) Depuis 2002 (avec un nouvel appel à projets lancé le 17 février 2011), les engagements de l'Etat et des collectivités territoriales pour réaliser des programmes d'études et/ou de travaux de prévention des risques d'inondations50 sont contractualisés au sein de « programmes d'action et de prévention des inondations » (PAPI). Les PAPI sont des outils d'accompagnement fort de la politique de prévention des risques naturels d'inondation, qui complètent les dispositifs réglementaires existants (PPRNi). Ils ont pour objectif de promouvoir une gestion intégrée des risques d'inondation en vue de réduire leurs conséquences dommageables sur la santé humaine, les biens, les activités économiques et l'environnement. Ce sont des programmes d'actions globaux traitant des différents aspects de la lutte contre les inondations: prévention, protection, sensibilisation au risque, information préventive, préparation à la gestion de crise, etc. Portés par les collectivités, ils sont financés par l'Etat à hauteur de 25 ou 50% selon les types d'actions. Les PAPI peuvent concerner les 7 axes de la politique publique de gestion des inondations : o l'amélioration de la connaissance, o l'information et la sensibilisation des populations, o la maîtrise de l'urbanisation et des constructions, o la réduction de la vulnérabilité des biens et personnes, o la surveillance et la prévision des crues et inondations, o l'alerte et la gestion des crises o les travaux de prévention ou de protection (ralentissement dynamique, restauration de digues ou d'ouvrages de protection, adaptation des constructions à l'inondation) Sur la période 2002-2009, 48 PAPI ont ainsi été contractualisés entre l'Etat et des collectivités, pour un montant total de 737 millions d'euros dont 247 millions d'euros de financements de l'Etat et du Fonds de prévention des risques naturels majeurs (FPRNM). Plus d'un quart du territoire est ainsi couvert par des PAPI. Après un bilan mené en 2009 et une large concertation en 2010, un nouvel appel à projets (permanent, sur la période 2011-2015) a été lancé le 17 février 2011, qui intègre désormais explicitement les risques de submersion marine, et prévoit une gouvernance intégrant tous les acteurs concernés, au-delà de la collectivité à l'initiative du PAPI et de l'Etat (autres collectivités, associations...). L'État s'est engagé à financer les projets en cours et ceux qui seront labellisés à hauteur prévisionnelle de 350 M (issus notamment du FPRNM) sur la période 2011-2015. Le cahier des charges de ce nouvel appel à projets détaille le contenu attendu des projets portés par les collectivités et les conditions de leur éligibilité à la labellisation « PAPI », conditionnant le soutien financier prioritaire de l'État. La labellisation sera confiée à des instances partenariales au niveau national ou local regroupant notamment des représentants de l'État et des collectivités locales : au niveau national, Commission Mixte inondations (Cmi). Ce nouvel appel à projet vise à rendre plus cohérentes les actions menées au plan local. Les priorités sont de : 50 Par une approche globale de prévention, dans une perspective de développement durable à l'échelle d'un bassin hydrographique. 27 Faire émerger des stratégies locales explicites au niveau territorial, à l'échelle cohérente en termes de gestion des risques ; Renforcer les capacités des maîtres d'ouvrage Pour chaque projet, une structure pilote (collectivité locale) sera choisie pour piloter les différentes phases du projet rassemblant plusieurs acteurs (diagnostic, élaboration de la stratégie, conception du programme d'actions, mise en oeuvre opérationnelle et évaluation). Elle sera l'interlocuteur entre l'Etat et les acteurs locaux. Optimiser et rationaliser les moyens publics mis à disposition de la réalisation de ces programmes Pour tous les projets candidats à la labellisation PAPI, une analyse des coûts du programme au regard de ses bénéfices attendus pour la réduction de la vulnérabilité des personnes et biens situés en zones inondables devra être réalisée (analyse « coûts-bénéfices »). A travers le renforcement de la gouvernance locale et la préfiguration d'une gouvernance « inondation » globale51, ce nouvel appel à projet facilitera la mise en oeuvre de « plans de prévention du risque inondation » (obligatoires à partir de 2015 en application de la directive européenne inondations de 2003, voir question 15), 51 Partie intégrante de la stratégie nationale de gestion du risque inondation telle qu'elle est définie dans la loi n° 2010-788 du 12 juillet 2010 portant engagement national pour l'environnement (dite loi Grenelle 2) 28 Annexe 3 ­ Le « Plan Submersions Rapides » Adopté le 17 février 2011, ce plan est interministériel : ministère de l'intérieur, des collectivités territoriales et de l'immigration, ministère du budget, des comptes publics et de la réforme de l'Etat, ministère de l'économie, des finances et de l'industrie, ministère du développement durable. Il est piloté par le ministère du développement durable dans le cadre de ses responsabilités en matière de prévention et gestion des risques majeurs. Il propose plusieurs axes de travail, dont les actions principales sont notamment les suivantes : 1. Réduire la vulnérabilité dans les zones menacées (Maîtriser l'urbanisation dans les zones à risques) : Pour les communes littorales : - L'établissement de PPRNi a été reconnu prioritaire pour 300 communes du littoral français. Ils devront être réalisés dans un délai de 3 ans. - Les règles générales d'élaboration des PPRNi seront précisées, en prenant notamment en compte la future hausse du niveau de la mer liée aux changements climatiques. Pour toutes les communes : - Aucune construction de digue ne pourra être autorisée pour ouvrir de nouveaux secteurs à l'urbanisation. - Un délai de 3 ans est fixé entre la prescription et l'approbation du PPRNi52. - A la fin de l'année 2011, l'Etat proposera un référentiel technique officiel qui servira à tous les professionnels (bâtiment, administration, experts) à définir, prescrire ou réaliser les travaux de prévention des risques d'inondation dans l'habitat existant. 2. Améliorer la chaîne prévision, vigilance, alerte : Pour les submersions marines : Depuis le 3 octobre 2011, Météo France, en lien étroit avec le service hydrographique et océanographique de la Marine (SHOM), a mis en place un volet « vagues submersion » de la vigilance météorologique permettant de définir, pour chaque département littoral, un niveau de vigilance (code couleur en vigueur - jaune, orange, rouge) en fonction des prévisions de niveau de mer et de hauteur des vagues (ce, grâce à une amélioration des modèles de prévision des phénomènes de submersion marine, basée sur des données concernant à la fois le milieu marin et le milieu terrestre). Parallèlement, le réseau de cours d'eau surveillés par l'Etat est progressivement étendu vers les secteurs des cours d'eau sous influence marine, comme l'estuaire de la Gironde par exemple, intégré à la mi-octobre 2011. 52 Décret n° 2011-765 du 28 juin 2011 relatif à la procédure d'élaboration, de révision et de modification des plans de prévention des risques naturels prévisibles 29 Pour le ruissellement et les crues soudaines : Météo France mettra en place fin 2011 (après l'expérimentation menée depuis l'été 2011) un service d'avertissement sur les pluies intenses à l'échelle communale ­ APIC (complémentaire du service de vigilance « pluie - inondation » lancé en 2007) afin d'informer en temps réel les communes exposées aux risques d'inondations rapides lorsque les précipitations tombées dans leur voisinage immédiat deviennent exceptionnelles. Pour cela, le réseau de radars hydrométéorologiques (capables de produire des estimations ­ quantité et localisation ­ des taux de pluie instantanés et des cumuls) sera modernisé (24 radars existants) et étendu, ainsi que l'observation au sol associée, grâce à un plan d'investissement de l'Etat de 26 millions d'euros sur la période 2011-2016.Une étude de faisabilité est par ailleurs en cours pour un avertissement complémentaire sur la possibilité de crues soudaines, qui serait produit par les SPC et le SCHAPI. En fonction des avancées techniques et des enjeux concernés, le réseau de cours d'eau surveillés par l'Etat (voir question 8) sera également étendu vers des secteurs à crues rapides (cela a notamment été fait, en priorité, dans le Var - l'Argens, son affluent la Nartuby et le Gapeau ­ en septembre 2010). Enfin, le gouvernement pourra aider les collectivités locales souhaitant se doter d'un dispositif spécifique d'avertissement (soutien technique et financier - possibilité d'aide dans le cadre du Fonds Barnier ­ voir question 12 ­ pour les communes mettant en place un système d'alerte et de surveillance dans le cadre d'une politique de prévention des inondations plus globale). Amélioration du circuit d'alerte : Un travail est en cours pour mettre en place, au niveau départemental (auprès des préfets), des agents capables d'interpréter les données transmises par les structures responsables des prévisions météorologiques et hydrologiques (mission de référent pour la gestion du risque d'inondation), pour pouvoir déclencher les actions à mettre en place en cas de crise (« maillon » supplémentaire dans la chaîne entre ceux chargés des prévisions et les préfectures et collectivités). Le ministère de l'intérieur est également en train de rénover son système d'alerte et d'information des populations (d'ici 2012-2013). 3. Renforcer la fiabilité des digues et systèmes de protection et organiser leur maîtrise d'ouvrage Recensement Le recensement des digues, lancé en 2007 a été accéléré depuis 2010, afin d'identifier des zones à risques importantes, déclarées prioritaires. L'ensemble des éléments pouvant protéger d'une inondation ­ digues, mais aussi dunes ou constructions (« systèmes d'endiguement ») - sont désormais pris en compte (conformément à la loi Grenelle 2). Le recensement est presque acheÎ pour les digues fluviales, et le sera d'ici la fin de l'année pour les digues maritimes. Gestionnaire unique Un travail est également mené pour identifier un gestionnaire unique et compétent pour chaque digue, chargé d'appliquer les différentes obligations garantissant la sécurité. Les projets de renforcement prioritaires seront sélectionnés par la Commission Mixte inondations53 (voir question 2) à partir de l'analyse de chaque situation (zone et nombre de personnes protégées ­ « niveau de protection »-, état de l'ouvrage, pertinence de la digue par rapport à d'autres outils de protection, enjeux économiques ­ coût de construction / rénovation et d'entretien de chaque digue...). 53 Rassemblant des membres du comité national de l'eau (CNE) et du Comité d'orientation pour la prévention des risques naturels majeurs (COPRNM), ainsi que des experts, des membres de l'Etat et des représentants de la société civile. 30 Renforcement des digues et de leur contrôle Au total, 1200 km de digues seront renforcés sur la période 2011-2016, correspondant à une dépense de l'Etat de 500 millions d'euros. Les contrôles des digues seront renforcés: les services de contrôle de la sécurité des ouvrages hydrauliques (barrages et digues) ont été regroupés au sein des DREAL (sauf dans les départements de l'Aude et de l'Hérault voir question 19) et les effectifs ont été augmentés : + 50 postes au sein des services de contrôle de la sécurité des ouvrages hydrauliques (voir question 19) sur la période 20092011. Organisation de la maîtrise d'ouvrage Aujourd'hui, les principaux risques concernent les digues mal entretenues ou d'une dimension insuffisante : elles risquent davantage de rompre en cas de crue. Le plus souvent il s'agit de digues dont les gestionnaires ne sont pas bien identifiés ou manquent de moyens. Une réflexion est en cours afin de garantir l'existence, pour chaque digue, de structures capables d'assumer (capacités financières et techniques) les tâches de gestion, de manière cohérente à l'échelle du territoire concerné. Pour de nombreuses digues, les acteurs locaux ­ associations, propriétaires priÎs, collectivités...- se sont déjà rassemblés pour créer des structures chargées de la gestion, ce qui permet de disposer des moyens financiers et humains nécessaires, et d'agir de manière cohérente et à la bonne échelle, en envisageant les actions sur l'ensemble du cours d'eau. Plus globalement, 3 solutions ont été envisagées (rapports interministériels suite à Xynthia) : créer un établissement public spécialisé dans la gestion des digues, qui interviendrait en appui pour les digues où les moyens de gestion sont insuffisants ; rendre la compétence de gestion et d'entretien des digues obligatoire pour un type de collectivités (communes, départements, régions) ; aménager les règles existantes pour qu'il existe, pour chaque digue un gestionnaire bien identifié et ayant les moyens nécessaires (il pourra le plus souvent s'agir d'association rassemblant collectivités, propriétaires priÎs...). Les conclusions d'un groupe de travail sur le sujet (associations de collectivités, gestionnaires et Etat -pilotage par le sénateur DOLIGE) ont été rendues en février 2011. Un travail complémentaire sera lancé à l'automne 2011. 4. Améliorer la connaissance et la culture du risque : Un programme d'études (« modèle numérique de terrain », ou MNT), mené par l'institut géographique national (IGN), a été lancé mi 2010 pour améliorer les connaissances topographiques des zones à la frontière entre la terre et la mer sur tout le territoire français. Chaque commune concernée par les risques submersion et inondation (dès la prescription d'un PPRNi), devra désormais se doter d'un plan communal de sauvegarde (aujourd'hui, il n'est obligatoire que pour les communes ayant un PPRNi approuÎ). Des actions de sensibilisation et d'information (fête de la mer...) seront organisées pour informer les habitants des risques existants dans leurs communes. 31 Annexe 4 - Obligations pour les exploitants ou gestionnaires de barrages et de digues Depuis 200754, on distingue 4 classes de barrages et de digues (A, B, C, et D)55 en fonction de leur importance (hauteur et le volume d'eau stockée pour les barrages, et hauteur de l'ouvrage et nombre de personnes protégées pour les digues). Pour chacune de ces classes, les obligations d'entretien et de surveillance des exploitants sont précisées (certaines sont communes à toutes les classes). Avant la construction ou la modification d'un ouvrage : - Les exploitants doivent obtenir une autorisation de la part du ministère du développement durable56. Pour les ouvrages les plus importants (barrages de classes A et B, et digues de classes A, B et C), une « étude de dangers »57 est obligatoire. Celle-ci, à la charge de l'exploitant, doit exposer non seulement les risques que présente l'ouvrage en termes de sécurité, mais aussi les mesures mises en place pour prévenir ces risques. - Tout projet et avant-projet d'exécution ou de modification de barrages de grande hauteur (20 mètres ou plus) ou de digue protégeant plus de 1000 habitants (classe A et B) est, de plus, soumis à l'avis d'un comité d'experts de la sécurité des ouvrages hydrauliques (Comité Technique Permanent des Barrages et Ouvrages Hydrauliques (CTPBOH)). - Les plus grands barrages (plus de 20 m de hauteur avec une retenue d'un volume supérieur à 15 millions de m3 ­ soit aujourd'hui 101 barrages en France) doivent être dotés par la préfecture, d'un plan particulier d'intervention (PPI) prévoyant les actions à mener en cas d'accident. 54 55 56 57 Décret du 11 décembre 2007 (2007-1735) Il y a environ 300 barrages de classe A, 300 de classe B, environ 500 de classe C, et plusieurs de dizaines de milliers de classe D. Le recensement des digues est en cours, avec plus de 7700 km de digues dores et déjà identifiées. Cf. Décret du 11 décembre 2007 (2007-1735) et arrêté du 29 février 2008 (publié le 13 mars 2008) fixant des prescriptions relatives à la sécurité et à la sûreté des ouvrages hydrauliques soumis à la police de l'eau (digues et barrages de moins de 4500kW), Cf. Décret du 11 décembre 2007 (2007-1735). L'étude devra être réalisée pour tous les ouvrages existants, et elle sera désormais nécessaire à l'avenir en amont des projets, et à renouveler tous les 10 ans ; Arrêté du 12 juin 2008 définissant le plan de l'étude de dangers des barrages et des digues et en précisant le contenu. 32

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